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A A
1
W M I PRA NANPAD
1
1
T
L S
LYINGS
1
~ ~
~ ~
~
~
~
P ~
~
~
~
~
RIC
EDELM NN
~
OLIVIER
HUMBERT
~
~
~
Dr
CHRISTOPHE M SSIN
~
~
~
~
Introduction 1
~
d'Arnaud Desjardins
1
~
~
L TABLE RONDE
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ollection Les hemins de la Sagesse
dirige par Vronique Loiseleur
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Swmi rajnnpad
et
l s
lyings
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wmi
Pra nnpad
et
l s
lyings
par
RIC EDELMANN
OLIVIER HUMBERT
Dr
HRISTOPHE
MASSIN
Introduction
d Arnaud
esjardins
La
Table Ronde
7 rue Corneille Paris
e
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ditions de
La
Table Ronde Paris 2000.
ISBN
2-7103-0975-0.
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SOMM IRE
INTRODUCTION
ArnaudDesjardins
LE POINT DE VUE DU PHILOSOPHE 3
ric Ede mann
LE POINT DE VUE
DU
PSYCHOTHR PEUTE 87
Olivier Humbert
LE
POINT
DE VUE
DU PSYCHI TRE 35
r
hristophe
Massin
CONCLUSION
7
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INTRODU TION
RN UD DESJ RDINS
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Introduit en France
l
y a quelque vingt-cinq ans, le mot
anglais lying s est peu
peu
rpandu sinon dans le
grand
public,
du
moins dans
un
certain public concern soit
par
les
proccupations spirituelles soit par les diffrentes mthodes
de
psychothrapie.
n agit d une pratique particulire, mais en vrit trs simple,
intgre dans son enseignement par un matre hindou tradi
tionnel
et
non pas d une innovation destine
se rpandre lar
gement comme ce fut le cas par exemple de la mditation
transcendantale
de
Maharishi Mahesh
Yogi. Swmi
Prajnnpad,
par
s naissance Yogeshvar Chattopodhyaya, tait
un brahmane bengali qui avait reu
une
double formation,
vedantique classique et scientifique moderne. Aprs avoir
enseign les mathmatiques et la physique au Kashi Vidyapith
un collge hindou
de
Bnars, Yogeshvar Chattopadhyaya,
devenu Swmi Prajnnpad
la
mort de
son propre gourou
Nirlamba Swmi, s tait install dans le petit ashram de celui
ci
Channa prs de urdwan au Bengale.
Swmi
Prajnnpad, Daniel Roumanoff a consacr
une
thse univer
sitaire sous la direction
de
l indianiste Michel
Hulin
(rvise
et publie sous le titre Svmi Prajnnpad La Table Ronde),
lequel a bien voulu prfacer
un
tome
de
la traduction fran
aise des lettres du Swmi
ses lves indiens ou franais La
Vritdu bonheur
d. l Originel). Swmi Prajnnpad, Swmiji
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12 SWMI PRAJNNPAD ET LES
LYINGS
pour ses familiers, a galement suscit l intrt
du
philosophe
Andr Comte-Sponville qui, aprs avoir prfac
un
autre tome
des lettres
en
question
Les Yeux ouverts, d.
l Originel), a crit
lui-mme
un
petit ouvrage sur ce sage qu il admire, mme sans
l avoir personnellement rencontr
(De l autre ct du
dsespoir,
d.
l Originel).
Swmi Prajnnpad n a jamais
eu
un trs grand nombre de
disciples mais un Franais,
Daniel
Roumanoff, l a rencon
tr
en
1959 et a peu peu
introduit
auprs de lui quelques
amis. J ai moi-mme sjourn
pour
la premire fois auprs
de
Swmiji l ashram Channa
au
printemps
de
1965.
C tait
la
fois
un
aboutissement
et
un
nouveau dpart.
L aboutissement de seize annes
de
recherche qui avaient
commenc en 1949 avec les Groupes
Gurdjieff
anims,
juste aprs la mort de
M. Gudjiefflui-mme,
par quelques
uns de ses plus proches disciples. Pendant dix ans, ma pre
mire pouse Denise Desjardins et moi-mme avons assi
dment
suivi
cet
enseignement
pour
lequel j exprime au
passage
une dette de gratitude
sincre.
J ai
appris
pendant
ces annes beaucoup
de
vrits prcieuses concernant la pr
sence soi-mme, la connaissance de soi, la possibilit d in
troduire
une
conscience nouvelle dans la mcanicit des jeux
d actions et de ractions de nos diffrentes fonctions. Et je
n ai rien vu dans ces Groupes
de
choquant
ou
de
scandaleux
contrairement
certaines
rumeurs qui ont abondamment
circul.
Si,
pendant
onze mois
de
sjour au Sanatorium des
tu
diants,
en 1949-1950, je
m tais beaucoup intress, sous
l influence
de
certains malades mdecins internes des
hpi
taux psychiatriques, aux littratures psychologique
et
psy
chanalytique, tous mes intrts s taient par la suite centrs
sur ce
qu on
appelle parfois spiritualit parfois sotrisme et
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INTRODU TION
IJ
toutes mes lectures en franais
ou en
anglais taient consa
cres ce type d ouvrage.
En 1958,
un
sjour prolong dans une abbaye de Trappistes
m avait fait dcouvrir un aspect du christianisme qui tait
rest pour moi jusque-l peu connu et, en 1959, Denise et
moi avons rencontr
pour la
premire fois
la
clbre sainte
bengalie M Anandamayi.
ette
rencontre fut la fois bou
leversante et dcisive. Notre intrt volua peu peu de l en
seignement de Gurdjieff vers la sagesse hindoue tradition
nelle. Nous fimes en Inde, anne aprs anne, de nombreuses
rencontres jusqu
un
nouveau sjour en 1965, l occasion
du tournage pour la tlvision franaise de films sur
l s matres
tibtains, au cours duquel Swmi Prajnnpad est entr dans
notre existence o il devait jouer le rle dcisif.
Certes, j ai compris assez vite auprs de Swmi Prajnnpad
que le pass
dont
tous les enseignements spirituels nous
appellent tre libre ne pouvait pas tre une vague entit
opposer au futur mais
mon
propre pass individuel intime,
ma propre enfance, ma propre petite enfance, rejoignant par
l toute une part de la recherche psychologique contempo
raine. Mais quel ne fut pas
mon
tonnement lorsqu en 1966,
Swmi Prajnnpad ayant bien voulu accepter l invitation de
s s lves franais
et
sjourner six mois dans une maison avec
jardin Bourg-La-Reine, j entendis un matin de trs bonne
heure des pleurs et des gmissements maner de la chambre
o
celui-ci rsidait
et o
il donnait s s entretiens.Je n obtins
d abord que quelques explications succinctes, Swmiji m ayant
seulement
dit
qu il avait aid Denise exprimer des mo-
tions infantiles refoules to xpress repressed childish mo-
tions). Swmiji veilla ensuite ce que ces sances d expres-
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I4 SWMI PRAJNNPAD ET LES LYINGS
sion aient lieu lorsque personne ne pouvait
en
avoir un cho.
C est peu
peu
que je compris que Swmi Prajnnpad avait
propos autrefois ses lves indiens
et
aujourd hui cer-
tains des Franais
de
s allonger auprs
de
lui comme on s al-
longe sur le divan
chez
le psychanalyste, cette diffrence
qu il s agissait
d un
petit
matelas pos
mme
le sol,
et
d es-
sayer d entrer
en
contact avec les mcanismes profonds, plus
ou moins refouls,
du
psychisme.
Il
s agissait de ce
que la
tradition
hindoue appelle les empreintes,
samskra et
les
dynamismes latents,
vsana.
La
terminologie habituelle des
indianistes utilise
plutt le
terme
subconscient qu incons-
cient,
bien
que
le
mondialement
clbre indianiste
Mircea
Eliade
n ait pas hsit crire dans
son imposant
ouvrage
sur
le yoga :
Les
yogis connaissaient
la
psychanalyse deux
mille ans avant
Freud.
Si l enseignement de Swmi Prajnnpad pouvait tre consi-
dr
comme
trs complet, trs labor, nourri
la
fois
de
sa
formation scientifique moderne
et
de sa culture de brahmane
rudit,
sans
parler mme de son
propre
accomplissement
personnel,
la
thorie des lyings tait on ne peut plus simple.
Elle reposait
sur
ce
que
Freud, dans les premiers temps
de
la
psychanalyse,
dnommait
ce que nous traduisons
en
fran-
ais par abraction, raction loigne, ragir aujourd hui
un vnement ancien.
Les
dveloppements ultrieurs
de la
psychanalyse
n ont
gure
jou
de
rle dans
mon
propre che-
minement
auprs de Swmiji.
Nanmoins,
il interprtait,
par exemple, la pulsion de mort comme tendance
de
retour
l quilibre. Swmiji employait des termes comme expres-
sion des motions et passage l acte ( la diffrence du vcu
conscient des motions dans la mditation classique
o
l im-
mobilit
de
la
posture est primordiale) mais il ramenait tou-
jours l motion
la reprsentation,
la
vision objective.
L origine
de
l motion (depuis
la
tentative
de
nier ce qui est
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INTRODUCTION
s
jusqu
la
fascination) est une reprsentation fausse, errone
de la ralit ( penser
, thinking
au lieu de voir ).
L motion est
un
aspect de chitta le psychisme incluant l in
conscient. Le lying avait
pour
but d exprimer l motion
latente, de la faire sortir, de lui faire prendre forme. Seule la
forme permet de voir
.
Seule
la
connaissance libre
et
la
connaissance vient
du
fait
de
voir.
C est pourquoi le lying, expression d motion, est inspa
rable de la connaissance qu il permet de provoquer
et,
en
aucun cas, ne se rsume une expression simple, une abrac
tion pure, isole
de
la comprhension
du
processus. Lying
et
connaissance forment une unit insparable et isoler le
lying de la connaissance n aurait plus rien voir avec le lying.
Le danger
est
de ne considrer le lying que comme
une
exploration de l inconscient ,
un
voyage exotique travers
des vies antrieures , une catharsis . L abraction des
affects soulage pourun temps car la pression interne est rel
che mais elle ne libre pas et la difficult demeure la mme,
irrsolue.
Il
en
est ainsi
pour tout
lying qui n aboutirait pas
une connaissance. En d autres termes, le lying est une tech
nique qui permet, par l expression des motions, de donner
une forme aux reprsentations errones que nous nous fai
sons du monde.
Et
sur cette forme l est possible de travailler.
Un lying
russi
est une reprsentation qui est dissoute.
C est l que Swmi Prajnnpad rejoint Freud. Mais celui-ci
craignait les abractions violentes (notamment les femmes
qui lui tombaient dans les bras ) et, en consquence, l a assez
vite ramen la cure la parole, au dtriment de toute forme
d expression par l action. Swmiji encourageait l expression
sans restriction dans le cadre de la sance de lying et du lieu
o
elle se droulait, insistant par contre sur la tentative de
contrle lorsque les circonstances le demandent.
Le
trans
fert et les projections
du
pass sur Swmiji, parfois mme
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16
SWMI PRAJNNPAD ET LES LYINGS
des gestes agressifs son gard, taient admis dans le contexte
strict
du lying
lui-mme.
Une
fois pass l tonnement de dcouvrir qu un matre
traditionnel
hindou
pouvait aider des disciples pleurer, si
ce n est pas crier, en revivant des souvenirs enfouis, j ai fini
par
accepter
une
proposition
que
Swmiji m avait faite
et
j ai
pass prs de
lui
trois mois d affile,
en
1967, consacrs ce
travail parfois laborieux et ingrat de plonge dans
la
mmoire
lointaine pour
retrouver la fois l intensit des motions et
la
vivacit
de
souvenirs parfois
compltement
oublis la
surface de la conscience. Mais, et
je
n insisterai jamais trop,
pour
moi-mme,
comme pour
les
Indiens
et
Franais
que
Swmi Prajnnpad avait bien voulu prendre
en
charge, cette
expression des motions refoules tait totalement associe
et intgre l ensemble de la dmarche qu il nous proposait
et insparable de celui-ci.
Deux ans avant la
mort
de Swmi Prajnnpad, envisageant
avec
lui
l volution de mon activit, nous avons prvu que
j allais
mettre
fin
ma
profession de
producteur
et
de
rali
sateur
la
tlvision
et,
la demande insistante
de
quelques
lecteurs de
mes
premiers livres, fonder
en
France un lieu o
je
transmettrais ce
que
j avais
moi-mme
reu travers mes
propres annes de recherche et de rencontres et, avant tout,
auprs
de
lui.
Dans
un endroit
recul
de l Auvergne, au
lieudit
Le
Bost
,je me
suis donc install fin 1974, un mois avant que
Swmi Prajnnpad
r
abandonne son corps physique
,
selon
l expression
hindoue
classique.
Je
n envisageais pas
de
faire
faire
rapidement
des lyings
aux
uns et aux autres, jusqu au
moment o une personne sjournant en ce lieu et sevre de
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18/235
INTRODUCTION
ses points d appuis
et
de ses distractions habituelles, com
mena tre submerge, chaque fois qu elle demeurait seule
dans sa chambre, par les souvenirs dchirants de son enfance
pendant la dernire guerre.
Et
c est ainsi que commena au
Bost le premier lying.
Nous avons en France utilis ce terme anglais qui signifie
tout simplement tre couch, tre allong. Pendant des
annes, aucun des Indiens proches de Swmiji n avait utilis
ce
mot
mais, comme les Franais avaient constat
que
Swmiji utilisait le mot sitting tre assis, pour dsigner les
rencontres en tte--tte avec lui, nous avons tout naturel
lement utilis le mot lying pour ces sances o nous tions
allongs.
Au
Bost, Denise et moi-mme avons donc guid
dans cette dmarche un certain nombre de personnes, d ge,
de sexe de formation diffrents. Pour elle comme pour moi,
le lying tait une part prcieuse de notre chemin auprs de
Swmi Prajnnpad et indissolublement associ notre rela
tion avec lui, au souvenir si vivant que nous conservions de
ces annes de sjours rpts au Bengale. Certaines personnes
n ont pas eu la discrtion que Swmiji exigeait de nous
et
le
bouche oreille a commenc faire circuler l information
que, chez Arnaud Desjardins, on pratiquait une sorte de
psychanalyse sauvage
et
bon march. Pire encore, il
tait non seulement question de retrouver des souvenirs d en
fance mais aussi d tranges souvenirs, revcus avec
un
got
surprenant de certitude
et
que pourtant rien ne pouvait expli-
quer dans l existence actuelle- autrement dit ce qu un hindou
aurait interprt comme une rminiscence d existence ant
rieure. Ces lyings, au Bost, des psychiatres et des psycho
logues en ont vcu, retrouvant, dans le contexte particuli
rement intense
d un petit
ashram isol dans le centre de
l Auvergne, des souvenirs que leur propre analyse didactique
n avait jamais ramens la surface. Nous persistions alors
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19/235
18 SWMI PRAJNNPAD ET LES LYINGS
considrer le lying uniquement comme
un
aspect particulier
d une voie traditionnelle transmis par un matre hindou.
L origine de
la
technique est l application de ce que
Swmiji avait dcouvert des thories freudiennes, alors que,
dans la pratique orientale habituelle, l accent
est
mis avant
tout
sur
la
mditation
,
sur
l assise silencieuse. Les
mo-
tions latentes se manifestent sous forme
de
sensations lors
de
sances
de
mditations, sans acting out sans expres
sion extrieure. Qyelle ne fut pas ma surprise lorsque, dans
un dernier ouvrage sur Les nouvelles thrapies du clbre
auteur belge Pierre Daco, aprs ses deux best-sellers sur
la
psychologie
et
la
psychanalyse,
j ai
dcouvert deux pages,
tout
fait amicales d ailleurs,
sur
le lying. Ainsi, selon cet
auteur, ce fragment
d une
dmarche indissociable pour nous
de l enseignement gnral de Swmi Prajnnpad apparais
sait comme pouvant tre extrait de cet engagement dans ce
que Swmiji lui-mme dnommait l adhyatma yoga rattach
l
advata vednta
et
pouvait tre interprt comme une psy
chothrapie
part
entire. Personnellement,
je
me
suis
xpl -
qu
en
partie
sur
cette approche particulire dans le tome
II
de
la
Recherche du soi Le Vedanta et 11nconscient au cha-
pitre
Chitta shuddhi la
purification
du psychisme
,
et
Denise Desjardins a publi plusieurs ouvrages tmoignant
de
sa propre exprience acquise auprs
de
Swmiji puis tra
vers l aide qu elle apporte
d autres depuis plus
de
vingt ans.
Peu peu, le terme lying s est rpandu hors du petit groupe
qui frquentait le Bost. Il est
mme
revenu nos oreilles que
certaines personnes, sans aucune relation directe
ou
indirecte
avec Swmi Prajnnpad, utilisaient ce terme pour satisfaire
leurs patients.
Nous
avons donc cru ncessaire de dposer
5/20/2018 Swami Prajnanpad et les lyings.pdf
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INTRODUCTION
9
l'appellation lying afin d'viter des confusions et les risques
inhrents une pratique srieuse, grave, o l'amateurisme
comporterait certainement des dangers. Ce terme doit
demeurer consacr une transmission relevant de Swmi
Prajnnpad
et
faisant partie de l'ensemble de son enseigne
ment.
Au
il
des annes, des personnes de plus
en
plus
nom
breuses s'tant intresses nos activits, j'ai t amen, ne
serait-ce que pour dissiper certains malentendus, crire des
textes qui pouvaient servir de rfrence, publier d'autres
ouvrages.
Une
demande s'est accrue et, aprs des annes de
pratique, certains familiers
du
Bost
ont
t
en
mesure de
prendre la responsabilit de faire faire eux-mmes des lyings.
Ceux-ci taient rservs des personnes engages sur la voie
proposs par Denise
et
par moi-mme
et
dont tmoignaient
les livres que publiait de son ct Daniel Roumanoff(Svmi
Prajnnpad tomes
I, II et
III,
d.
de La Table
Ronde
;
Psychanalyse et s gesse orientale une lecture indienne de l in-
conscient d. L'Originel). Depuis 1974, les dbuts de l'ash
ram
du
Bost
et
la
mort
de
Swmi Prajnnpad, vingt-six ans
se sont couls apportant invitablement des changements,
une volution. O Ielques centres se sont crs en relation
intime avec le Bost (qui est aujourd'hui l'ashram d'Hauteville
en Basse-Ardche) o des lyings peuvent tre accomplis en
situation rsidentielle, c'est--dire au
il
de sjours
d une
semaine
un
mois suivant les cas.
Chacun apporte
cette pratique son exprience, sa sensi
bilit, sa spcificit. Peu peu le lying prend son indpen
dance
par
rapport aux souvenirs intimes et intensment
vivants que Denise et moi-mme avions conservs de nos
sjours au in fond du Bengale, dans un cadre de total dpay
sement et un contexte vedantique. Mais tous ceux qui, lon
guement forms dans cette ligne, assument cette responsa
bilit, sont imprgns des paroles de Swmi Prajnnpad
et
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21/235
20
SWMI PRAJNNPAD
ET
LES LYINGS
de
l esprit
de
son enseignement. Afin que les personnes int
resses puissent se faire une ide, non pas seulement du lying
auprs de Swmi
Prajnnpad
mais de ce qu est devenue
aujourd hui cette pratique, j ai
demand
trois d entre eux
de
porter leur propre tmoignage. Certaines diffrences dans
l approche s y rvlent
clairement
mme
si l esprit fonda
mental est le mme. D une manire gnrale, certains rap-
prochements superficiels peuvent tre faits avec telle ou telle
cole
de
psychothrapie contemporaine, thrapie primale de
Janov, bionergie, rebirth, Gestalt.
l origine,
la
pratique du
lying n tait certes pas destine des personnes psychique
ment
fragiles mais au contraire
des candidats pouvant s ap
puyer
sur une
structure intrieure et dsireux
de
poursuivre
plus
profondment
la dmarche de connaissance de soi. Le
fait de revivre avec toute l intensit de leur charge affective
des situations traumatiques de la petite enfance n a en soi
rien d original. Ce qui est original c est l insertion d une telle
pratique dans une voie qui se prsente comme traditionnelle
et
qu incarnait
un
matre
du
nom
de Swmi Prajnnpad, lui
mme disciple
de
Nirlamba Swmi, lui-mme disciple d un
certain Soham Swmi. Compte tenu
de
la spcificit
et de
la puissance
de
cette dmarche, il importe que le terme mme
de
lying
ne
soit pas abusivement utilis
par
des personnes
qui
n auraient
pas, pendant des annes, approfondi la
dmarche propose par Swmi Prajnnpad avec tout ce qu elle
comporte d exigences radicales
et
tout ce qu elle demande
d engagement, de courage et de persvrance. Le lying
r
tant
pas
une thrapie moderne parmi
d autres beaucoup plus
clbres, il n y a pas d cole
de
formation au lying, avec un
cursus formalis
et
un diplme. Ce qui rend
un
pratiquant
qualifi
pour
exercer cette activit, c est sa maturit person
nelle, les preuves existentielles intimes qu il a traverses, sa
comprhension et son exprience de la voie spirituelle dans
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22/235
INTRODUCTION
2
son ensemble, quitte
pour
lui inventer de nouvelles
formes ou les modifier
tout en
restant dans le cadre gn
ral, en ne perdant jamais de vue le but poursuivi : la lib
ration des reprsentations mentales. Nous nous trouvons
dans le cadre traditionnel de la relation matre-disciple, de
la filiation, de la transmission, thmes qui
ont
travers les
sicles
et
que j ai moi-mme abords dans L Ami spirituel
Les rgles ne sont pas celles qui rgissent la pratique de la
psychanalyse et de la psychothrapie individuelle ou en
groupe. Mais la voie a elle aussi sa rigueur, son thique, ses
impratifs. Et, surtout, son anciennet, ses deux trois mil
lnaires d exprience. Elle constitue
un
tout organique et
cohrent dont aucun aspect ne peut tre isol du contexte
sans que l essentiel soit perdu.
Il est grave d employer la lgre des termes aussi impor
tants qu veil
ou
libration. Swmi Prajnnpad mon-
trait le chemin de la non-dualit (advata}, impliquant l ef
facement progressif de l gocentrisme, de la conscience
individuelle limite, spare
et
sparante.
Demeurent
une
vision mais il n y a plus un ego spar qui voit, une coute
mais il n y a plus quelqu un qui coute, une compassion
mais il n y a plus un sujet qui aime un objet. Nous rejoignons
l l ide bouddhiste de l absence (et pas seulement de la pr
sence) ou de l observation sans un observateur. C est dans
ce contexte
non
dualiste qu est n,
en
Inde, le lying.
Et
ce
contexte
est
bien tranger la mentalit moderne, mme
religieuse, donnant souvent lieu des incomprhensions et
des jugements critiques faute d une ralisation personnelle
de cette rosion de l ego au profit de la communion.
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23/235
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LE PO NT E
VUE
U
PHILOSOPHE
RI
EDELM NN
5/20/2018 Swami Prajnanpad et les lyings.pdf
25/235
ric Edelmann
est
n
le
6 mai
1952 Paris. Docteur
en philosophie
avec
une thse sur
le
sujet :
l homme
intrieur en Orient et en Occident diri
ge par
le
professeur Guy
Bugault. au dpartement
de sciences
des
reli
gions
l universit
Sorbonne
Paris
IV.
Il
a
rencontr
Arnaud
Desjardins
en
1974 et s est engag auprs de lui comme lve sur la voie de l adhyatma
yoga
Une
dmarche
personnelle de lyings .
sous forme
de nombreuses
retraites
chelonnes
sur six annes. l a conduit partir de 1984 accom-
pagner
lui-mme
d'autres
personnes dans
ce
travail
d introspection. Il
anime actuellement au
Qubec
un
centre
dans
la
ligne de l enseignement
qui
lui a
t
transmis. celle
d une
voie de croissance intrieure. de connais
sance de soi et d ouverture
la vie
spirituelle. ric Edelmann est l auteur
de
plusieurs
ouvrages:
L Homme et
sa
Ralisation
(Beauchesne. 1980)
et
aux ditions
de
a Table
Ronde :
Mtaphysique pour un
passant (1982) ;
tclairs d ternit ( 1990) ; Plus on est de sages. plus on rit (
1990)
.
5/20/2018 Swami Prajnanpad et les lyings.pdf
26/235
Telle est la ruse d'une imagination vive que,
si elle
conoit quelque joie, elle
cre
aussitt un tre porteur de
cette joie ; ou si dans la nuit,
elle
suscite quelque frayeur
on aura vite fait de prendre un buisson pour un ours.
SHAKESPEARE,
e
Songe d une nu t d t,
V 1.
Accordez une attention entire
ce qui chez vous
est l'tat brut, primitif,
draisonnable
peu aimable tota
lement infantile, et vous mrirez. La maturit de l'esprit
et du cur est essentielle. Elle vient sans effort quand on
a supprim
le
principal obstacle -l'inattention,
le
manque
de
vigilance
; dans
la conscience vous
vous dveloppez.
.
NIRSARGADATTA
MAHARAJ.
Si
l'on regarde
de
prs
les
diffrentes voies traditionnelles
de transformation, on peut constater qu'elles proposent tou
jours, d'une faon ou d'une autre, un travail de purification du
psychisme
ou de l'inconscient.
En
effet, en tant
que
sciences
de l'tre,
ces
voies
incluent ncessairement une dmarche de
connaissance
de
soi. Dans l' dhy tm yog propos par Swmi
Prajnnpad
et
Arnaud Desjardins, l est en particulier ques
tion du lying une approche directe
de
l'inconscient. Cette
approche peut tre l'objetde nombreux malentendus, que l'on
s'intresse la spiritualit en gnral ou que l'on
se
considre
comme engag dans cette voie spcifique.
Il existe dj un matriel important consacr au lying dans
les ouvrages
publis par des disciples directs de Swmiji mais
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26 SWMI PRAJNNPAD ET LES
LYINGS
pour aborder ce thme
je
vais surtout m appuyer sur
mon
exprience
du
lying, d abord
en
tant
que pratiquant, puis
en
tant
qu accompagnateur.
Sur le plan thorique autant que pratique, les choses sont
tonnamment simples.
Lying est un terme anglais choisi par
les disciples
de
Swmi
Prajnnpad
et
qui
signifie :
tre
allong ( la diffrence
de l entretien
assis
ou sitting .
L instruction donne par Swmiji est la suivante : Exprimez
ce qui a t rprim. Ces quelques mots laisseront sur leur
faim ceux qui sont friands de mthodes sophistiques ou de
grandes constructions intellectuelles.
Les termes dans lesquels je m exprime pour parler
du
lying
pourront paratre certains gards trop logieux.
La
raison
en
est qu il s agit tout simplement d une pratique qui m mer
veille encore aujourd hui. Les lyings
m ont
t
trs utiles
un moment donn de
mon
parcours
et
je leur dois beaucoup.
Ils ont eu
comme
premier mrite
de
me mettre
en
face de
ma ralit brute, commencer par la peur. Les lyings sont
en
effet
une
tude dans le vif,
pour
ne
pas dire une tude
vif.
Leur
aspect
abrupt et
radical
interdit de
se complaire
bien longtemps dans les illusions
et
les mensonges.
C est un
avantage apprciable.
Il ne s agit pas cependant de faire ici la promotion
du
lying
et
de laisser entendre que celui-ci
est la
panace universelle
(la mthode efficace que
tout
le monde attendait
pour
enfin
se dbarrasser de la souffrance)
ni
mme qu il
est un
passage
oblig sur la voie. Il
est
important de souligner que dans les
trois
tomes des
Chemins
de
la
agesse
rdigs par
Arnaud
Desjardins partir de ses notes d entretiens avec son matre
entre 1968
et
1972
et
rcemment rdits
en
un volume, il
n est fait allusion au lying que sur une page dans
un
ouvrage
qui
en
comporte cinq cent vingt-cinq
Le
premier danger consiste se laisser fasciner par
e
que
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LE POINT DE
VUE
DU PHILOSOPHE 7
le lying
peut
ventuellement comporter de spectaculaire
en
oubliant que c est la pratique seule qui est le vritable garant
du
progrs. La parole de Swmiji : Vous ne pouvez bondir
de l anormal au supranormal est parfois utilise, sous le
couvert d une fausse humilit, comme
un
prtexte
pour
accorder la priorit la dimension psychologique l exclu
sion d une dmarche vers l veil. Le raisonnement est le sui
vant:
Je suis anormal, nvros, mal dans ma peau, et,
tant
que les lyings ne m ont pas libr de ce qui
me
drange, ce
n est mme pas la peine de tenter d aborder quoi que ce soit
d autre. Ceux qui mettent le lying en pralable toute pra
tique ont recours l argument selon lequel leurs blocages
leur interdisent d appliquer l enseignement spirituel pro-
prement dit.
Cette
attitude revient vouloir mettre la char
rue avant les bufs: la comprhension de l enseignement
et
son application concrte dans le prsent sont relgues
au second plan. Bien souvent cette attitude est un subter
fuge pour esquiver un effort rel dans le prsent
et
le lying
est considr tort comme une solution de facilit.
De
toute
faon, il n est pas souhaitable que les lyings interviennent
trop tt. Il
faut du temps pour cerner avec prcision les
points d achoppement et pour constater qu ils rsistent
notre tentative de pratique.
Il
faut aussi un minimum de
structure intrieure pour supporter l exprience elle-mme
et
pour tre capable ensuite de la mettre profit.
J ai
dj
vu des personnes non prpares considrer leur exprience
de lying comme traumatisante. Loin d tre aides s ouvrir
et s abandonner, elles envisagent alors la voie avant
tout
comme une menace
et
restent partir de l sur leurs gardes,
de peur d tre nouveau confrontes une exprience aussi
brutale.
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28 SWMI PRAJNNPAD ET LES LYINGS
U
GESTE INTRIEUR P S UNE TECHNIQUE
Faisant partie d une voie totale, le lying ne peut pas tre
considr comme un objet isol que l on pourrait ramener
une manipulation technique applicable en dehors de son
contexte d origine.
Il
est
mme
plutt une non-technique,
ce qui apparat bien mystrieux du point de vue de la men-
talit moderne. L entendement ordinaire est l aise avec des
catgories fixes
et
une mthodologie bien dfinie,
or
avec le
lying, l
est plutt
question de fluidit, de souplesse
int-
rieure, de non-rsistance, de non-mental. C est une approche
fminine caractrise par la rceptivit plutt qu une approche
fonde uniquement sur l action
ou
une attitude volontariste.
Qyand l s agit d aborder une attitude intrieure, un geste
subtil accomplir, l est plus ais de le dsigner par une image
ou
une
mtaphore
que de
se lancer dans de longues des
criptions. Ainsi on peut dire
par
exemple que le lying est une
opration chirurgicale sans anesthsie. Sans anesthsie parce
qu il rclame
de
s exposer ce que
l on
considre comme
douloureux et dplaisant.
La
souffrance est sa matire pre
mire et l convient de l accueillir dans un tat de vulnra
bilit consciente et dlibre. l oppos, l anesthsie signifie
l absence
de
toute ouverture, de
tout
ressenti. Comme
une opration chirurgicale, le lying est direct
et
incisif.
Il
va
droit la source
d un
dysfonctionnement.
Cette
interven
tion, si elle est approprie, mne la restauration d un qui
libre et contribue une nouvelle circulation de l nergie qui
nous anime.
La
mtaphore s arrte l en
e
sens qu une inter
vention chirurgicale est
hautement
technique alors que le
lying r est pas une technique applicable de l extrieur. L tre
mme
du
chirurgien n est pas impliqu dans l acte chirurgi
cal alors qu il en est
tout autrement
dans le cas du lying.
D autre part, la personne qui fait
un
lying
r
est pas un patient
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LE
POINT DE
VUE
DU PHILOSOPHE 29
mais contribue au contraire activement au processus.
Loin
d tre endormi, il est
la
fine pointe de
la
vigilance.
L LYING
INTGR
L S DH N > > ASCSE)
Le lying n tant pas un objet part
et
ne pouvant pas tre
considr comme une simple technique de rgression
ou
une
catharsis, il est important de le resituer dans une perspective
plus large. L emprunt deux autres traditions spirituelles
peut nous aider, par analogie, nous orienter vers cette vision
largie. Si l on examine
tout
d abord
la
tradition
du
yoga, le
yoga en
tant
que voie complte de transformation tel qu il
peut encore tre pratiqu en Inde, et
non pas comme un exer
i eadapt pour des Occidentaux,
on
constate qu avant mme
la
pratique des postures
asanas},
une srie de conditions
pralables sont requises. Ces conditions, d'une exigence
extrme,
sont
regroupes sous le
nom de
y m
et
niyama,
c est--dire les rfrnements et les disciplines. Les rfrne
ments correspondent au code thique qui se trouve la base
de toutes les grandes religions. Ils correspondent une morale
universelle. Les disciplines comprennent la purification ext
rieure et intrieure, le contentement et l quanimit, l ascse
ou
l austrit, l tude des critures sacres (rptition de for
mules et approfondissement
de la
mtaphysique) et enfin
l abandon complet Dieu Selon Patanjali, il ne s agit l que
des deux premires tapes.
Dans le Vajrayana, le bouddhisme dans sa forme tibtaine,
on
peut remarquer que la retraite traditionnelle exige aussi
de la part du postulant des pratiques prliminaires : cent mille
prosternations compltes accompagnes de la rptition
du
mantra de prise de refuge (une marque de confiance envers
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30 SWMI PRAJNNPAD ET LES LYINGS
les matres de la ligne remontant jusqu au Bouddha), cent
mille offrandes du mandala de l univers, cent mille rpti
tions
du
mantra de
ajrasattva
titre de purification
et
cent
mille rptitions
du
texte
du
guru-yoga (pour favoriser la
dvotion
et
l abandon au guide spirituel).
Ceci
tant
pos,
l
peut
paratre incongru de vouloir abor
der
directement les exercices du yoga
ou
les visualisations de
divinits tantriques en supprimant les tapes prparatoires.
De
la
mme
faon, vouloir aborder le lying brle-pour
point sans tenir compte de l ensemble
de la
voie
adhyatma
yog
est dnu de sens.
Il
faut dj une bonne comprhen
sion des principes
de l enseignement
et
une
certaine
vrification personnelle
pour
tre en mesure d aborder sai
nement la question du lying
et
envisager de le pratiquer. En
mme temps - et cela peut sembler contradictoire
-le
recours
aux deux traditions
du
yoga
et du
Vajrayana ne veut aucu
nement illustrer le fait que le lying soit une pratique sot
rique rserve quelques disciples particulirement dous.
C est mme le contraire.
Le
lying est en quelque sorte rserv
ceux qui sont incapables de mettre l enseignement en pra
tique parce qu ils sont freins par des voiles motionnels gros
siers.
Avant de
proposer
un
de
ses disciples
de
faire des
lyings, Swmi Prajnnpad lui avait
dit
: Prenant votre fai
blesse en considration, Swmiji fera quelque chose
pour
vous.
Le
lying n est pas
un
must,
l
intervient du fait de
la prise
en
compte des faiblesses propres chacun.
TRE
NIM
P R
L
FEU S CR
Afin de resituer le lying dans son contexte,
un
autre point
essentiel doit tre mentionn.
premire vue l peut paratre
trs loign du sujet mais l est pourtant ncessaire de remon-
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LE
POINT DE VUE
DU
PHILOSOPHE JI
ter nettement en amont
pour
traiter
du
lying dans sa juste
perspective.
Au point de dpart de toute dmarche, il y a une demande.
A priori, cette
demande
est
de
nature spirituelle dans la
mesure o
l on
s adresse un guide
lui-mme
initi dans
une
voie
traditionnelle
de
sagesse.
La
nature de cette
demande est fondamentale car elle donne
tout
son sens la
recherche entreprise. Son sens, cela veut
dire
autant la
signification relle de cette recherche que son orientation
concrte. Pour avancer, il faut qu il y ait
non
seulement un
moteur mais aussi un carburant, une aspiration, une moti
vation.
Cette
intention
intime est
de l ordre
du
feu, de
la
flamme. Au risque d noncer un truisme, on
peut
dire que
les chemins de la sagesse sont pour ceux qui ont en eux la
fibre mystique.
La
transformation intrieure est une affaire
de
passion et
de combustion. L ascse,
la
sadhana a
d ailleurs souvent t compare l intensit du feu qui
la
fois chauffe, claire et dtruit. Le mot sanscrit tapas aust
rit, renvoie aussi la notion d chauffement. Irina Tweedie
a racont son cheminement auprs d un matre soufi
en Inde
et
elle a intitul son rcit
L Abme de Feu.
Aprs avoir ren
contr son matre Shams de Tabriz, le grand mystique soufi
Djalal-ud-dn Rm a dclar :J tais cru, puis je fus cuit
et
enfin consum. Shams veut dire soleil. Shunryu Suzuki
Roshi a affirm que le zen de Dogen consiste vivre chaque
moment dans une combustion totale
et
Ramana Maharshi
a pu comparer les disciples des bches de bois, du char
bon ou de la poudre canon. La maturit
du
disciple est
donc proportionnelle sa capacit se laisser consumer.
Cette maturation implique bien entendu le facteur temps,
de telle sorte qu il est possible que la vritable demande soit
enfouie dans la profondeur, cache derrire
d autres
demandes, relatives et conditionnelles.
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32
SWMI PRAJNNPAD ET LES LYINGS
Sa Baba de Shirdi, un saint rput pour ses miracles, avait
coutume de dire en parlant de ceux qui venaient le trouver :
Je
leur donne ce qu ils me demandent en attendant qu ils
me demandent ce que j ai leur donner. En ce qui concerne
le lying, il faut se garder des compromis car cela dsamorce
la base son efficacit. L ego ne peut pas faire de lying
et
le
lying n est pas au service de l ego. En approchant une voie
comme
l
adhyatma yoga qui tient compte de la dimension
psychologique
et
qui propose ventuellement une possibi
lit d investigation directe de l inconscient, il est ais de se
mprendre sur l enjeu de la voie, car celle-ci n a pas pour
fonction premire
de
redresser ce qui
est
tordu.
Tout en
accompagnant en lying certains lves, Swmi Prajnnpad
a affirm clairement qu il n tait pas
un
psychanalyste pour
des patients : Swmiji is not a
psycho n list
or the patients
Et, toute proportion garde, la personne qui entreprend des
lyings ne le fait pas auprs d un psychothrapeute m is auprs
d un responsable lui-mme engag depuis longtemps sur la
VOle.
Pour que les lyings soient fructueux, il faut que le prati
quant soit rellement engag
un
autre niveau, qu il soit
anim
par
une ardeur relle. Sa motivation trouve alors un
point d appui dans le sentiment
et
il est prt
rpondre aux
exigences qu impose son cheminement. La question n est
plus dans ce cas de faire
ou
de ne pas faire de lyings mais
bien plutt de savoir si l on est engag ou pas. L efficacit
des lyings - si ceux-ci sont entrepris
-dpend
beaucoup de
cette toile de fond car l engagement est plus
un
tat int
rieur qu une dcision ponctuelle. tre engag
est
un tat
comparable l tat amoureux, condition, bien sr, d en
tendre cette expression comme dnue de
tout
sentimenta
lisme
ou
romantisme spirituel.
Le candidat
au lying
est
avant tout un amoureux de la
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LE
POINT DE
VUE
DU PHILOSOPHE
vrit, du matre et de l enseignement, les trois formant
un
tout indissociable.
LE
TEST
E
CONFI NCE
Si la question de la confiance et de l abandon est centrale
en
ce
qui concerne la relation au matre, elle l est tout autant
en ce qui concerne
la
pratique
du
lying.
La
confiance et
l abandon sont lis :il ne peut pas y avoir d abandon sans
confiance
et
lorsque la confiance est l, elle appelle automa
tiquement l abandon. cet gard, le lying a le mrite de nous
mettre au pied du mur.
Il
constitue
un
test
implacable de
notre capacit faire confiance et nous abandonner. Cette
double capacit peut tre illustre par
un
incident rel sur
venu au milieu du Pacifique pendant
l
Seconde Guerre mon
diale. Un matelot tait tomb la mer sans que l quipage
du navire s en aperoive. Neufheures aprs sa disparition, la
marin est port manquant.
Le
commandant dcide alors
de
faire demi-tour pour tenter de le retrouver. Et ils ont russi
le retrouver: au bout
de
dix-huit heures, le matelot tait
toujours au milieu de l Ocan en train
de
faire la planche
Remettre le lying dans son contexte implique aussi de rap
peler que la sadhana est une stratgie consciente qui vise
roder les stratgies mcaniques de dfense
et
de protection.
Le
lying, dans ce cas, participe activement au dmantle
ment
du
mental
parce qu il oblige une entire soumis
sion aux normes du vrai. Il nous apprend reconnatre que
l on ne peut jamais tre plus
fort que
la Vrit. ruth
(vrit) tait
un
mot important dans le vocabulaire de Swmi
Prajnnpad et Platon mentionnait quant lui la beaut du
vrai
.
Dans le cadre du lying, une motion, aussi ngative
et intense soit-elle, est toujours belle si elle est vcue authen-
5/20/2018 Swami Prajnanpad et les lyings.pdf
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34
SWMI PRAJNNPAD ET LES
LYINGS
tiquement. La pratique
du
lying
se
situe alors dans l axe de
la
voie. ~ n d on pratique, affirme Daniel Morin, on est
dans l axe
du
cur du matre.
Tout
est ainsi align :le
matre, la voie, la pratique.
En un
sens, le lying n est qu un
cas d espce, une parenthse par rapport au cours normal de
l existence mais certainement pas une parenthse
par
rap
port
la
pratique elle-mme.
UNE LU IDIT S NS
COMPROMISSION
Vadhyatma
yog
est une voie de connaissance, c est--dire
qu elle accorde une place prpondrante la
vision ( com
mencer par la vision
de
nos mcanismes), la vigilance, la
conscience, la comprhension, la discrimination. Vaccent est
mis sur ce que Swmiji appelait : Sa Majest
la
Lucidit.
La
dmarche est d une prcision extrme et c est sans doute
ce que souligne le Christ quand il parle de la porte troite
ou
quand les Upanishads comparent
l
voie au
fil
du rasoir
Le troisime patriarche du Tch an, Seng-T san, crit dans le
Sin sin ming:
S en loigne-t-on de l paisseur d un cheveu,
c est comme un gouffre profond qui spare le ciel et l terre.
Le film Apollo 13 pourrait nous
en
donner une version
moderne:
les cosmonautes cherchent rintgrer
l atmo-
sphre terrestre. Si l angle d approche de
la
capsule est trop
ouvert, ils vont tre satelliss par la Terre sans espoir de retour,
et
si l angle est trop ferm, ils vont exploser sous le choc de
l impact.
La
marge de manuvre est
donc
extrmement
rduite. Les proportions, nous est-il expliqu, correspondent
celles-ci : si la Terre a la taille
d un
ballon
de
basket-hall,
et
cinq mtres de l, la
Lune
est reprsente
par
une balle
de tennis, l angle d approche adquat ne correspond qu
l paisseur
d une
feuille de papier. Il faut, on s en doute, une
5/20/2018 Swami Prajnanpad et les lyings.pdf
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LE POINT DE VUE
DU
PHILOSOPHE 35
grande prcision pour entrer dans un tel couloir
Et
il
est
aussi difficile, appliqu notre cas concret, de comprendre
quoi
peut
bien correspondre une telle prcision.
L'un des mrites
du
lying est de nous pousser dans le pas
sage oblig car s'il y a mille faons de dire non il n'y en
a qu'une de
dire
oui
L'ego cherche toujours
un
com-
promis et est sans cesse la recherche d'alternatives or le
lying nous place dans une situation qui nous
dit:
pas d'es
quive Pas d'autre option
Notre situation n'est pas sans rappeler Mulla Nasrudin
qui, perdu dans le dsert, tombe dans un prcipice mais par
vient s'agripper l'extrmit d'une branche dpassant
de
la paroi abrupte. Suspendu au-dessus
du
vide, il appelle au
secours
et
implore
Dieu quand
soudain une voix venue de
nulle
part
se fait entendre
et
lui
dit:
Lche prise Et
Nasrudin se met alors crier : Y
aurait
pas quelqu'un
d'autre?
L PURIFIC TION P R L
TOURBILLON
Le lying correspond
chitta shuddi la purification de chitta
le psychisme incluant
la
mmoire inconsciente. Ce travail
est un fragment de la voie qui comprend galement vedanta
vijnana
la science du
vedanta manonasha
la destruction
du
mental et vasanakshaya l'rosion des propensions et des
dsirs. Ces quatre piliers ne sont cependant pas tanches les
uns par rapport aux autres de telle sorte que les lyings, tout
en n'tant qu'un aspect de la voie, ont aussi une incidence
sur les trois autres domaines.
Qgoi qu'il en soit, quand on entre dans le concret de l'ex
primentation, on s'aperoit que la connaissance de soi est
bien souvent une srie de mauvaises nouvelles
Mme
si la
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37/235
36 SWMI PRAJNNPAD
ET
LES LYINGS
dmarche
est
fondamentalement lumineuse, il n'en reste pas
moins que la voie est aussi ressentie comme une source d ir
ritation parce que l'ego prfre souffrir que disparatre
en
tant
qu'entit spare. L'enjeu du lying est, entre autres, celui
de
la remise
en
cause de l'ego, l'instar de
la
remise en cause de
l'lve
par
le
guru
Swmiji
se
proposait
d arracher
les
masques et Socrate se comparait un poisson-torpille prt
foncer sur l'lve pour lui enlever ses opinions.
Dans
son
livre
Socrate et
le sage
indien Cheminement
vers la
sagesse
le Dr
Roger Gode , grand connaisseur de
la
civilisation hellnique
et lui-mme disciple de Sri Krishna
Menon
(Atmananda)
crit :
On
attend
naturellement
du
sage qu'il communique
par la parole,
par
son attitude, par sa simple prsence, tous
ceux qui l'entourent,
la
paix et l'amour dsintress qu'il porte
en
lui. Mais,
en
fait, les effets bnfiques dont il est
la
source
inductrice se manifestent rarement par des changements ext
rieurs d un caractre spectaculaire.
Une transformation-
une
orientation
nouvelle- est opre d abord dans les champs
profonds
de
la
vie intrieure. Seul celui
qui
la subit dans l'in
tensit de son tre ralise la puissance, la durabilit, l'ampleur
de cette transformation dcisive. Alentour de ce foyer
et
en
consquence de ses
stimulations
actives, des tendances en
germe dans l'inconscient de la psych croissent, s'exaltent
et
puisent ainsi leur virulence. [
...
]
L'entourage
d un
libr-vivant est bien autre chose qu'un
paradis terrestre.
Le
jardin
o
il rgne dans le silence et par
la parole ressemble
plutt
une
fort des tropiques
o
pros
prent, entre l'ombre pleine de prils
et le
soleil, de vigou
reuses et parfois intoxicantes floraisons.
On
aurait tort de s'y
laisser couler dans une lthargique quitude. Il y faut tra
vailler sans relche, solliciter avec constance
la
lumire, arra
cher les vgtations pernicieuses. Plongs dans le champ
d'nergie qui mane d'un homme libr, les individus subis-
5/20/2018 Swami Prajnanpad et les lyings.pdf
38/235
LE POINT DE VUE DU PHILOSOPHE
7
sent donc un renforcement gnral de leurs complexes psy
chiques, ils peuvent, dans ce lieu de cure, dgorger leurs tares
avec leurs erreurs, prparant ainsi l affranchissement final.
Ces phnomnes s apparentent aux drames qu entrane le
processus d abraction, mais ils revtent un caractre beau
coup moins spasmodique ; leur action s tend parfois sur des
annes.
Tandis que le sage offre tous, quitablement, la pos
sibilit de s affranchir par la dcouverte de l intriorit ultime,
c est chacun de ses auditeurs qu il revient de procder au
dpouillement ncessaire; il sarclera avec soin le jardin de
sa psych qu illumine un soleil
trop
ardent, les
herbes
toxiques seront arraches ds leur apparition
et
les pousses
favorables entretenues, stimules (Les Belles Lettres, 1972,
pages 31-32).
Dans ce passage, Roger Godel souligne bien sr l aspect
invitable d une purification de notre psychisme. Il men
tionne
en
particulier les drames qu entrane le processus
d abraction, c est--dire les grandes crises motionnelles,
les remous intrieurs inhrents la dmarche elle-mme. Or
le lying intervient prcisment pour ractualiser et intensifier
un tel processus. Il densifie
et
acclre la purification.
la
diffrence d autres mthodes traditionnelles
de
purification
qui s apparentent une lente dcantation, le lying procde
l oppos
en
ramenant brusquement la surface
tout
ce qui
est latent. Pour obtenir une eau claire dans un aquarium, on
peut laisser reposer toutes les particules au fond du bocal.
On
peut aussi crer dans l eau un tourbillon central
et
finale
ment en
extirper toutes les impurets.
Le
lying nous permet de voir la loupe ce que l on ne veut
pas voir, il nous ramne aux faits. Par cette exploration on
peut se rendre compte que
non
seulement les faits sont nis,
mais que le refus lui-mme est refus. C est dj une
pre-
5/20/2018 Swami Prajnanpad et les lyings.pdf
39/235
8 SWMI PRAJNNPAD
ET LES
LYINGS
mire tape
importante
que de parvenir contacter cette
immense nergie de refus.Tant que le refus reste cach, toute
autre tentative de pratique correspond vouloir enjamber
notre ralit du moment, l o l'on
est
rellement situ. Je
vois souvent des personnes pleines de
bonne
volont qui
s'vertuent vouloir badigeonner une couche de oui
sur
un
norme
paquet
de non Selon une image emprunte
au zen, un tas de fumier recouvert de neige reste toujours un
tas de fumier.
L LYING
NE
RPOND PAS
UX EXIGENCES DE L EGO
La distinction que faisait Swmiji entre le disciple
et
le
patient s'applique l'attitude gnrale par rapport la voie
mais elle est particulirement significative
en
ce qui concerne
le lying. Arnaud complte cette distinction en ajoutant la
notion de client, avec ses exigences, ce qui souligne
un
degr
supplmentaire de confusion dans la manire dont nous abor
dons la voie, le matre ou mme le lying. Il est trs ais de se
considrer comme un lve plutt que comme un patient ou
un client. Mais lorsqu'on aborde concrtement la pratique du
lying, on s'aperoit qu'il est au contraire trs facile de tomber,
un
moment ou
un autre, dans le pige d'une mentalit de
patient, ou mme de client.
La
tentation peut tre grande de
vouloir tre simplement rconfort, de chercher se laisser
porter
et
de compter sur l'exprience de l'accompagnateur en
lui laissant le soin de faire le travail notre place. O Ii n'a pas
connu de tels moments de paresse ou de lchet ?
La
mentalit
du
client
est
un
autre type d'obstacle. Elle
est fonde sur
une
attitude de revendication, voire d'agres
sivit qui s'exprime non seulement
par
: O I'est-ce que le
5/20/2018 Swami Prajnanpad et les lyings.pdf
40/235
LE POINT DE VUE DU
PHILOSOPHE
39
lying
v m apporter ?
mais aussi
par
:
0.11
est-ce que le
lying
doit
m apporter
? Il
est alors plus question d obtenir
que de perdre - et d obtenir ce que l ego exige - e qui est
la garantie de grandes dconvenues.
En
effet, e n est pas
l ego de poser ses exigences, d imposer sa loi. Ce genre d at
tentes entrane des frustrations qui ne favorisent pas l ou
verture
et place le pratiquant dans une position de conflit. Il
en vient s en vouloir, se condamner
en
ayant une impres
sion d chec et d incapacit. Ou alors il s en prend l ac
compagnateur, l accusant d incomptence, ou la mthode
qu il met en doute quand
e
n est pas la voie elle-mme.
Tout cela rsulte d une incomprhension de dpart car la
question n est pas de savoir ce que le lying va m apporter
mais bien plutt de savoir ce que
je
suis
prt
apporter,
livrer dans le lying. C est donc une attitude totalement inverse
qui est requise. Le lying ne
peut
pas rpondre nos exi
gences ; c est nous de rpondre aux siennes. En d autres
termes, il ne faut pas chercher gagner mais perdre (
Il
faut enlever
tout
ce qui n est pas vous
disait Swmi
Prajnnpad). Cela suppose d aller consciemment au-devant
de grands drangements, c est--dire de ne pas se figer dans
une recherche de buts tablis par le mental ni de fixer
l avance l itinraire par lequel on doit passer.
L C DRE PROPICE UX LYINCiS
La
mentalit du client peut dborder du processus de
lying lui-mme en essayant de marchander les conditions
dans lesquelles les lyings doivent
se
drouler, en discutant
ou en cherchant amnager la rgle
du centre ou de l ash
ram.
Le
cadre idal
du
lying est
un
centre,
un
ashram, lieux
de retraite propices au recueillement
et
aux prises de
5/20/2018 Swami Prajnanpad et les lyings.pdf
41/235
40 SWMI PRAJNNPAD ET
LES
LYINGS
conscience. En effet, lorsque les lyings se droulent dans le
cadre trs particulier
d un
lieu de retraite,
un
ensemble de
dispositions propres
au
recueillement et aux prises de
conscience peut gnrer des ractions. Il est pour certains
difficile de raliser quel point tout est reli. Dans le cadre
d un sjour de lyings, une absence de soumission certaines
conditions simples {ne serait-ce que les horaires ou des cir
constances matrielles particulires) est prjudiciable un
autre abandon pourtant beaucoup plus dlicat oprer. Si
l on refuse qu un inconfort lger vienne perturber nos habi
tudes,
comment
serait-on en mesure d affronter les grands
inconforts qu engendre momentanment une remise en
cause radicale.
Une
personne qui considre que
tout
lui est d ou qui
traite les objets avec ngligence va certainement aborder le
lying vec l mme attitude d esprit, c est--dire, par exemple,
avec une certaine avidit quant aux rsultats ou au contraire
avec dsinvolture.
En
ce domaine,
on
peut constater quel point les prju
gs prvalants dans notre socit ne nous prdisposent pas
aborder de manire juste
un
travail sur soi tel que le lying
et
il faut dployer la fois une grande vigilance
et
une grande
nergie pour ne pas se laisser contaminer subrepticement par
la mentalit ambiante.
Il
est pour cela important de souli
gner le cadre traditionnel dans lequel s insre le lying
et
de
rappeler qu il appartient une voie vedantique enseigne et
transmise dans des conditions qui appartiennent plus l Inde
ternelle qu une mode particulire. Le lying ne s insre en
aucun cas dans ce qu Yvan Amar a pu appeler la course la
stagesse .
5/20/2018 Swami Prajnanpad et les lyings.pdf
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LE POINT DE
VUE
DU
PHILOSOPHE
s LLONGER D NS
UNE PERSPECTIVE VERTIC LE
Pour prciser la nature du lying, il est ncessaire d abor
der un thme qui est la source de nombreuses confusions
et qui concerne la distinction entre le psychologique et
le spirituel
De nos jours, il devient difficile de s y retrou
ver : des enseignants
de mditation ou des disciples
d une
voie traditionnelle sont
en mme
temps psychologues ou
psychothrapeutes, certains psychothrapeutes font appel
des pratiques qui relvent de mthodes traditionnelles sans
tre pour autant eux-mmes engags auprs d un matre ...
De
plus, certains livres de haute qualit se situent
la
fron
tire entre les deux approches ; je pense en particulier celui
de Jack Kornfield, Prils etPromesses
de
la vie spirituelle
(d.
de La Table Ronde, 1998). Jack Kornfield a reu une for
mation de moine bouddhiste
en
Thalande, en Birmanie
et
en Inde. l est
par
ailleurs titulaire d un doctorat de psycho
logie clinique
et
coanime des sminaires de mditation avec
Stanislas Grof, l un des fondateurs de la psychologie trans
personnelle.
On
pourrait citer aussi
Mark
Epstein, psychothrapeute
New York
et
bouddhiste. l est l auteur de
Penses sanspen-
seur: une
psychothrapie dans
une perspective bouddhique
(d.
Calmann-Lvy) ; ouvrage comportant
un
avant-propos
du
Dala Lama et de cet autre ouvrage au titre vocateur Going
to pieces without alling apart Tomber en morceaux sans
s effondrer.
Le
livre du psychiatre Jacques Vigne, Le Matre
et
le thrapeute est aussi trs instructif cet gard {d. Albin
Michel, 1991).
Qyant au lying, qui entre progressivement dans le domaine
public, il a parfois t class dans le registre des nouvelles
thrapies ce qui est bien videmment l marque d une incom-
5/20/2018 Swami Prajnanpad et les lyings.pdf
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42 SWMI PRAJNNPAD ET LES LYINGS
prhension. Il y a bien des annes de cela, Arnaud Desjardins
nous avait mis en garde en dclarant : Si vous retirez le cri
primai
la
thrapie primale, que reste-t-il ? Rien. Si vous
retirez le lying
la
voie propose par Swmi Prajnnpad, que
reste-t-il?
Tout.
(Voir Le
ri
prima , d Arthur Janov, d.
Flammarion,
1975.
La
thrapie primale
est
fonde sur le
revcu motionnel d une scne majeure de l enfance.)
Au e c
par
exemple, quatre-vingts diffrentes sortes
de
psychothrapies sont officiellement rpertories et il est
clair que le lying ne
peut
pas en constituer la quatre-vingt
unime.
Tout en
tant trs large, l histoire
de
la psychologie
concerne essentiellement
la
psukh,
le psychisme.
De
la psy
chologie analytique, synthtique, humaniste (le Mouvement
du Potentiel humain) la psychologie holistique, transper
sonnelle, il n y a, en essence, aucun changement qualitatif,
ou
en d autres termes, de passage au
pneuma,
l Esprit.
En
dpit des apparences, il n y a pas ici de fondu-enchan qui
partirait du psychologique
pour
aboutir au spirituel. D un
point
de
vue radical,
psukh
relve toujours
du
monde des
formes (les formes que prend la conscience) alors que pneuma
relve du sans-forme,
de la
conscience inaffecte.
Il
y a ici
rupture qualitative totale. Du point de vue de la dmarche
concrte, il est vident qu il n est pas question de faire abs
traction de la dimension psychologique mais la faon dont
elle
est
aborde est diffrente. Pour rsumer,
on
peut
dire
que
la
psychologie consiste rsoudre les problmes alors
que la dmarche intrieure consiste plutt cesser d en crer.
Le mental est lui-mme le problme. partir de l, il ne fait
que vaporiser des problmes.
La dmarche ne consiste donc pas tenter
de
supprimer
au
coup
par
coup chaque difficult existentielle. L histoire
suivante illustre cette erreur courante. Au sicle dernier en
Russie, il y avait
un
lieu spirituel rput, l ermitage d Optimo.
5/20/2018 Swami Prajnanpad et les lyings.pdf
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LE POINT DE VUE
DU
PHILOSOPHE
4
Un starets y rsidait,
un directeur
spirituel d une grande
envergure. Beaucoup
de monde
venait le voir pour recevoir
des conseils
ou
des instructions.
Il
y avait en particlier parmi
les visiteurs, une paysanne qui venait rgulirement le consul
ter au
sujet
de ses dindons. Comment
s en occuper
?
Comment
les soigner
?
..
Il
rpondait toutes ses questions
avec
une
grande patience mais son entourage tait intrigu
et on
finit
par
lui demander
de
quoi il retournait.
Il rpon-
dit : Toute sa vie est dans les dindons.
Il est trs facile d tre polaris
par
ses dindons
et
de perdre
de vue l essentiel.
Aucune dmarche psychologique, quelle qu elle soit,
ne
cherche
radiquer le mental alors
que
le lying fait partie
d une stratgie visant trs prcisment cet objectif.
Le
lying peut grandement contribuer nous faire raliser
que le problme est
un
artefact,
une
construction mentale.
En un
sens,
on peut
dire que le lying -
au moment o
il se
droule - ne pulvrise pas le problme mais l ego
Le
lying aborde les choses dans
une
perspective verticale
mais il ne propose pas exclusivement la stricte rsolution
horizontale
d une
problmatique. Denise Desjardins a
cou-
tume
de
dire que le lying n est pas fait
pour
voir votre
peur
des souris
et
des araignes
7
ce que Gurdjieff aurait
nomm
nos piqres
de
puces . Mme si ces effets thrapeutiques
sont vidents, le lying nous introduit
tout
autre chose.
Hujwiri,
un
soufi afghan du
XIe
sicle, a crit : Si
un
saint
ermite,
un
habitu des cavernes, se rend dans
une
taverne, il
transforme
cette taverne
en
caverne. Si
un
habitu
des
tavernes se rend dans une caverne, il transforme cette caverne
en
taverne
De faon identique, si notre approche du lying
est
de l ordre
de
la psychologie linaire, toute possibilit
de
dimension verticale est
ramene
une horizontale (et les
rsultats
sont
alors quelconques).
Mais
si la perspective
est
5/20/2018 Swami Prajnanpad et les lyings.pdf
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44
SWMI
PRAJNNPAD ET LES LYINGS
verticale, alors chaque point
de
l horizontale est transcend
et
s
transforme lui-mme en verticale.
Aligne avec la voie, tout en tant un fragment de celle
ci, l essence du lying n est donc pas
de
rorganiser le dessin
qui
figure sur le chandail mais
de
contribuer en effilocher
la
trame
en
tirant
sur les mailles les unes aprs les autres.
Il
y a en dfinitive deux aspects essentiels qui distinguent le
lying
de
toute forme
de
psychothrapie.
Le
premier est que
l intention initiale est totalement diffrente. D emble, le propos
est de gurir
d une
maladie appele l ego. Aucune approche
psychologique ou thrapeutique n a pour
but une
telle remise
en
cause.
Mme
avec des expressions comme psychologie de
l tre, expriences paroxystiques
ou
ralisation de soi,
Abraham Maslow ne parle pas de la mme ralit.
Le
second pont doit tre abord avec beaucoup de prudence
et
de pudeur.
Il
est fondamental.
Ce
travail particulier sur l in
conscient s inscrit, au sein
de
la voie, dans
un
courant subtil,
une
nergie spirituelle qui, bien qu tant
une
influence invi
sible, produit des effets nanmoins tangibles. Les mystiques
musulmans la
nomment
baraka, d autres emploieraient
peut-tre le terme de bndiction >> Olroi qu il en soit, cette
influence est au cur d une filiation qui ne s improvise pas
et
qui rpond des critres extrmement prcis. Il est fort pro
bable qu en l absence de cette aide subtile les rsultats obte
nus
par
les lyings seraient rduits
et
les chances d en venir
un
jour
une
radication du mental quasiment nulles.
NOS POURQUOI
SONT
IEN SOUV NT
DES REFUS DGUISS
En
dfinitive, il n est pas question d aboutir une sorte de
querelle d cole entre les tenants de la psychologie
et
ceux de
5/20/2018 Swami Prajnanpad et les lyings.pdf
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LE
POINT DE
VUE
DU PHILOSOPHE 45
la mtapsychologie
ce
dernier terme est le titre d un ouvrage
de Freud mais il ne
se rfre videmment pas la conscience
absolue,
l tman
en tant qu au-del de la psych).
Il faut se garder de tomber dans deux attitudes extrmes.
Tout
d abord celle qui consiste ne prendre le lying que
comme une mthode visant dmonter des mcanismes psy
chologiques, exprimer des motions et dcouvrir des trau
matismes infantiles. On risque alors de s enliser dans une
pente psychologisante qui conduit trop souvent couper
les cheveux en
quatre.
Le lying ne rpond pas une recherche effrne du pour
quoi . Si le pourquoi
est
lgitime un moment donn -
lorsqu il mane de la
buddhi,
c est--dire de l intelligence
objective,
en
revanche l obsession
du
pourquoi n est qu un
refus dguis. Sous les apparences
d une
juste cause (la
connaissance, la conscience, etc.), cette obsession rpond
une exigence
du
mental
et
comporte un sous-entendu per
nicieux : lorsque
je
saurai pourquoi,
je
ne souffrirai plus .
L intention relle n est plus alors la recherche de ce qui
est
et
sa reconnaissance mais bien plutt seulement de faire dis
paratre ce que l on n aime pas.
Le
lying ne peut pas tre au
service de ce genre de subterfuge ou de manipulation.
L autre extrme consiste aborder d une manire toute
thorique le
vedanta
qui est l un des grands systmes de l Inde
classique traitant de la connaissance suprme.
On
pourrait
appeler cela
un
vedanta
pur
et dur mais il ne faut pas
confondre le
vedanta
hindou traditionnel
et
le vedantisme
de certains puristes occidentaux. Dans ce cas, les lyings ne
sont vus qu avec beaucoup de condescendance.
Il
y a l une
mode - et aussi une grande prtention - ne vouloir abor
der les choses que du point de vue ultime et ddaigner ce
que M Anandamayi a crment appel le rcurage de la
mare
.
Cette attitude correspond la plupart
du
temps une
5/20/2018 Swami Prajnanpad et les lyings.pdf
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6 SWMI PRAJNNPAD ET LES LYINGS
coupure,
une
protection qui consiste se rfugier dans une
stratosphre philosophique.
Il
convient cet gard de ne pas
oublier cet avertissement de Karfield GrafDrckheim: Si
on
ne travaille pas sur notre ombre, c est notre ombre qui
nous travaille
En
ralit ces deux attitudes antagonistes
ont
un
point
commun. Elles procdent d une domination de l intellect ou
de l intellectualisme sur le cur. I.:intellect est entendu ici dans
un sens pjoratif car e terme n est pas synonyme d intelligence
-loin de l. Il n est pas intelligent de tourner sans fin dans les
mandres labyrinthiques de la psych et il n est pas intelligent
non
plus
de
jongler avec des concepts
pour
ne
pas tre
en
contact avec nos affects, ainsi qu avec une ralit plus profonde.
Lorsqu elle est aborde d une manire juste, l exprience
du lying remet naturellement les choses en place. Elle nous
prmunit des ruses de l intellect en cdant la place l intel
ligence
du
cur. Dans le lying, il est question d tre, de
connatre
et
non pas d analyser ni d interprter.
On
parvient
un
face face avec les faits dans leur vrit. En effet, l vi
dence n a besoin d aucune laboration. I.:expression popu
laire ni vu ni connu voque ce qui nous chappe. Avec le
lying, l inverse, on voit et on connat.
Cette connaissance ne concerne pas seulement la vision
de faits passs, ni mme de certains mcanismes psycholo
giques mais aussi
d un
autre ordre de ralit.
On
pourra y
revenir plus loin.
L
LYINCi NE
s UTOPRESCRIT
P S
Avant d aborder avec plus
de
prcisions le processus lui
mme, il faut encore souligner deux points importants. D un
point de vue concret, il n est pas possible de s auto-prescrire
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LE
POINT DE
VUE
DU
PHILOSOPHE
7
le lying.
Celui-ci
doit
tre
recommand par une personne
autorise
car
il est trs difficile d avoir, par
soi-mme,
les
bons critres d apprciation. Souvent la personne qui prouve
un
malaise motionnel
ou
une difficult dans sa vie pense
que c est une indication suffisante
pour
entreprendre
un
tel
travail.
En
ralit la question
doit
tre examine plus fond.
Il
est aussi
commun
de
considrer que si notre pratique
de
l enseignement rencontre
un
obstacle, il faut automatique
ment se tourner vers le lying pour le dissiper. Mais il se peut
que cet obstacle dans la pratique soit d une comprhen
sion insuffisante de l enseignement lui-mme et,
par voie
de
consquence,
une
mise
en
application
inadquate de
ce
dernier.
D autre part, certaines motions tenaces
et
perturbantes
ne justifient pas ncessairement une plonge dans les pro
fondeurs de l inconscient. Elles peuvent relever d une couche
plus superficielle qui
peut tre
examine avec
une intelli
gence acre.
Le lying n est pas
une mthode
qui s offre ceux qui ont
simplement le dsir
de
la pratiquer. Il faut pouvoir rpondre
des conditions prcises.
S CRIFIER L SOUFFR NCE
Dans un
tout autre registre, le second
point important
considrer est que le lying relve du domaine du sacr, sans
qu il faille pour autant l entourer d une aura. Il n est pas non
plus question
de
s enorgueillir
au
sujet
d une
pratique qui
concernerait quelques privilgis.
Le
lying est avant
tout
sacr parce que
l on
entre dans le sanctuaire intrieur
pour
aller la rencontre de sa vrit. C est dans
un
esprit religieux
5/20/2018 Swami Prajnanpad et les lyings.pdf
49/235
48
SWMI PRAJNNPAD ET LES
LYINGS
qu'il faut donc l'aborder et non pas comme s'il s'agissait d'une
quelconque activit profane.
On
sait qu'il y a
un
lien entre
les termes sacr
et
sacrifice
. Il
va falloir sacrifier beaucoup : l'image que l'on
se fait de soi-mme, les tabous et les valeurs morales derrire
lesquels
on
se rfugie.
Et
finalement, il va falloir sacrifier la
souffrance elle-mme, ce
qui
est d'une grande difficult
contrairement ce que
l'on
pourrait croire.
L'ide admise est qu'on ne veut pas de la souffrance et que
l'on est prt
tout
pour s'en dbarrasser. Il est surprenant de
constater quel point il n'en est pas ainsi. Gurdjieff a dj
insist sur cet aspect que rsume trs prcisment l'anecdote
suivante. Andr Rochette, form lui aussi
par Arnaud et
Denise Desjardins
et
qui a accompagn des personnes en
lying, a eu un
jour
l'intuition, pendant une sance, d'annon
cer la personne qui travaillait
avec
lui: Voil j'ai en quelque
sorte
un
pouvoir miraculeux.
Il
suffit que vous disiez imm
diatement oui votre souffrance
pour
qu'elle disparaisse
totalement.
La
personne a cri
un
immense non
,
comme
si sa survie en dpendait. Le lendemain,
Andr
a renouvel
l'exprience avec quelqu'un d'autre.
Il
lui a t rpondu cette
fois: Bon, d'accord, mais pas
tout tout
de suite
diffrents degrs, cette attitude est commune tous.
Andrew Cohen remarque que Pour dcouvrir en quoi cela
consiste
de
cesser de lutter, il faut tre
prt
examiner
en
premier lieu, de trs prs, les raisons qui font qu'on ne cesse
de lutter.
Non
seulement on lutte pour empcher des senti
ments de flicit, des souvenirs heureux et des expriences
agrables de disparatre, mais on lutte aussi
pour
maintenir
la peur, et tel
ou
tel tat morbide ou malheureux.
On
lutte
pour
retenir ce qui
est
agrable
tout
comme
on
lutte
pour
retenir ce qui est douloureux. C'est une faon aveugle, mca
nique et trs conditionne de s'accrocher ce qui nous est
5/20/2018 Swami Prajnanpad et les lyings.pdf
50/235
LE
POINT
DE VUE
DU
PHILOSOPHE
9
familier. La
libert n a
pas
d histoire, d.
Altess, 1998,
pages 52-53.)
Le
lying est un sacrifice
en
ce sens qu il faut donner beau
coup un niveau pour commencer recevoir un autre. Le
premier geste consiste donc payer le prix fort, le reste arrive
par
surcrot.
En
mme temps, cela n a rien voir avec
une
attitude mercantile, un marchandage. Ce qui
est
sacrifi en
premier lieu reprsente videmment ce qui compte le plus
nos propres yeux mais il ne s agit pas d un sacrifice tel qu on
le conoit d habitude puisque cela nous permet d accder
un bienfait d un or re suprieur. D un point de vue, le lying
consiste perdre : perdre nos illusions, nos prjugs, nos
identifications, nos souffrances. Sous un autre angle, on peut
dire aussi l exact
oppos:
il n y a au contraire rien perdre
et
tout gagner.
Le lying tant sacr il convient de l aborder avec une atti
tude de respect et d humilit. Jadis, il tait naturel de faire
une gnuflexion lorsqu on entrait dans une glise. Au risque
de choquer,
je
considre que la situation
est
identique.
Il
est
appropri d tre dans une attitude intrieure de soumission
et de le manifester symboliquement par
un
geste concret tel
qu une prosternation, un pranam. Il est souhaitable que ce
geste ne rponde pas
une
rgle dicte de l extrieur mais
soit plutt la rponse un sentiment profond devant la gran
deur
et
la gravit de l enjeu. Certains considrent peut-tre
que
e
point particulier est une question de sensibilit per-
sonnelle.
J y
vois plutt une question de maturit.
J ai t amen un jour voquer cette possibilit de pranam
avec une personne qui entrait dans la pice de lying avec une
sorte d inconscience
et de dsinvolture.
Je
sentais que cela
lui aurait dj donn l occasion de commencer se rassem
bler et se recueillir:
autrement
dit, d aborder les choses
dans de meilleures dispositions. Elle me rpondit avec le plus
5/20/2018 Swami Prajnanpad et les lyings.pdf
51/235
50 SWMI PRAJNNPAD ET LES LYINGS
grand srieux : Mais si
je
fais
un
pranam cela va me prendre
trente secondes sur mon temps de lying J'ai les plus grands
doutes quant la qualit des lyings que peut effectuer une
personne accroche ce genre de point de vue. Bien sr, cette
rponse
est
caricaturale mais elle est en mme temps
significative
et
lourde d'incomprhension.
La pratique
du
lying
peut
tre trs facilement dsacrali
se voire banalise. Cette mentalit
est
prjudiciable au
bon
droulement du processus
et
fait partie des obstructions qu'il
est ncessaire de dpasser pour avancer vers des tats de
conscience plus profonds.
PROFONDE DTENTE ET MOBILIS TION
INTENSE
DE L TRE
Le lying concerne le psychisme
en
tant que rceptacle des
impressions passes. Pour une grande part, celui-ci est en
effet
un
magasin souvenirs.
hitta
en
sanscrit
inclut
la
mmoire inconsciente et
celle-ci peut tre alors sollicite ad
quatement
afin de passer
du plan
inconscient au plan
conscient. Les textes bouddhiques parlent
d
alayavijnana
que l on traduit par
conscience de trfonds
. Cette
conscience comporte toutes sortes de dpts qui peuvent tre
ramens
la
surface
et
fournir ainsi
un
matriel important.
Les samsk ras (qu'on les appelle tendances innes, pro
pensions, racines inconscientes, rsidus subconscients etc.)
sont au cur de ce travail d'anamnse. La force de ces impr
gnations provient
tout
d abord d'une cristallisation
du
fait
de la puissance
du
refus. Le refus
produit
une sorte de
conglation
de
l'nergie
et
fixe ainsi
la
situation refuse
au fin
fond
de la conscie