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CANTON DE VAUD DÉPARTEMENT DE LA FORMATION, DE LA JEUNESSE ET DE LA CULTURE (DFJC) SERVICE DES AFFAIRES CULTURELLES dp • n°43–2011 SUR LES TRACES DE CHARLES LE TéMéRAIRE Château de Grandson

Sur les traces de Charles le Téméraire

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Château de Grandson

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Page 1: Sur les traces de Charles le Téméraire

CANTON DE VAUD DÉPARTEMENT DE LA FORMATION, DE LA JEUNESSE ET DE LA CULTURE (DFJC) SERVICE DES AFFAIRES CULTURELLES dp • n°43–2011

SUR LES TRACES DE CHARLES LE TéMéRAIRE

Château de Grandson

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Ce dossier pédagogique a été conçu pour une utilisation durant la première année du se-condaire I (12 ans), voire durant le début de la deuxième année, selon les indications du Plan d’études romand (PER). Il peut également être utilisé, avec quelques adaptations, pour les classes de dernières années du niveau primaire.Ce dossier s’adresse aux enseignant-e-s d’histoire qui étudient avec leurs élèves la nais-sance de la Confédération suisse en général et l’aventure de Charles le Téméraire dans nos contrées en particulier. Il a pour objectif d’être un complément au cours d’histoire et met surtout l’accent sur la bataille de Grandson, tout en permettant la visite interactive du château.

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SOMMAIRE

INFOS PRATIQUES POUR LES ÉCOLES ..................................................................2LE CHâTEAU DE GRANDSON EN QUELQUES MOTS ..............................................5PLAN DU CHâTEAU ................................................................................................6

PRÉPARER LA VISITE .............................................................................................7 A la veille des guerres de Bourgogne : contexte historique et géographique.. 7 Les acteurs de l’Histoire ...................................................................................11 Armes et armures de la fin du XVe siècle.........................................................14 Les guerres de Bourgogne sous la loupe : déroulement et conséquences ...15

DANS LES MÉANDRES DU CHâTEAU ...................................................................18 Portraits de ducs ...............................................................................................19 Armes et armures au château de Grandson ...................................................19 Gros plan sur les guerres de Bourgogne et la bataille de Grandson .............20 Un surprenant trésor ........................................................................................21

RACONTER L’HISTOIRE AUTREMENT ..................................................................22 La bataille de Grandson en sept cases ............................................................22 Un parchemin pour raconter la bataille de Grandson ....................................23 Pour aller plus loin ............................................................................................24 Le trésor « croqué » par le chroniqueur ...........................................................24 Corrigé des activités en classe .........................................................................26

BIBLIOGRAPHIE ET WEBOGRAPHIE SÉLECTIVES .......................................................... 27

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INFOS PRATIQUES POUR LES ÉCOLES

Château de Grandson Place du Château CH – 1422 Grandson www.chateau-grandson.ch [email protected] Tél. + 41 (0) 24 445 29 26 Fax + 41 (0) 24 445 42 89

Horaires Ouvert tous les jours Avril-octobre 08h30-18h00 Novembre-mars 08h30-17h00

Fermetures annuelles : le 25 décembre et le 1er janvier.

Tarifs Ecoles, enfants jusqu’à 16 ans Fr. 5.- Enseignant-e (un-e par classe) Gratuit Accompagnant-e classe Fr. 5.- Etudiants, apprentis, AVS, AI Fr. 10.- Adultes Fr. 12.- Groupes adultes (dès 10 pers.) Fr. 10.- Familles (2 adultes + 1-2 enfants) Fr. 28.-

Visite guidée pour groupe, supplément Fr. 75.- Visites guidées en français, allemand, anglais, italien, espagnol, russe.

Animations Février : soirées de la Saint-Valentin au château Mai : Journée internationale des musées Août : Fête médiévale Décembre : Marché de Noël Ateliers thématiques, sur inscription au minimum 7 jours avant. Durée des activités : de 45 minutes à 1h30. Activités modulables pour les écoles : cinq ateliers thématiques (la visite guidée – la chasse au trésor – la quête médiévale – l’atelier d’écriture – le mini-atelier d’écriture) proposent aux écoliers de tous âges des activités originales qui sont autant d’occasions d’approfondir leurs connaissances et de partir à la découverte du château de Grandson et de son histoire. Il est toujours possible de s’inscrire pour un atelier lié à l’exposition temporaire en cours. Pour en savoir plus : www.chateau-grandson.ch ou +41 (0)24 445 29 26.

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FONDATION DU CHÂTEAU DE GRANDSON

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Les petits (5-11 ans) ont également la possibilité de fêter leur anni- versaire dans l’une des salles du château. Pour plus de renseignements sur ces événements : www.chateau-grandson.ch.

A savoir L’annonce de la visite de classe au musée est indispensable. Inscription, au moins une semaine avant la visite, au +41 (0)24 445 29 26. Une boutique est à disposition des écoles, de même qu’une cafétéria. Sauf exception, on ne peut pas pique-niquer à l’intérieur du château, ni à la cafétéria, mais par beau temps, plusieurs espaces extérieurs (terrasses, etc.) sont prévus à cet effet.

L’enseignant-e devra accompagner ses élèves durant toute la durée de la visite pour des raisons de sécurité et de responsabilité.

Il est vivement conseillé à l’enseignant-e de visiter le musée avant de s’y rendre avec sa classe.

Le présent dossier pédagogique est téléchargeable sur www.ecole-musee.vd.ch et www.chateau-grandson.ch/files/dossier_pedagogique.pdf ou disponible pour les enseignant-e-s en version papier à l’entrée du musée. Les enseignant-e-s veilleront à apporter des copies du dossier pédagogique pour leurs élèves.

Accès En bus Par car postal. Arrêt à Grandson, place du Château. Voir les horaires sur www.carpostal.ch.

En train De toutes les gares de Suisse, jusqu’à Yverdon-les-Bains. Voir les horaires sur www.cff.ch.

Devant la gare d’Yverdon, prendre un car postal jusqu’à Grandson. Arrêt : place du Château. Pour les horaires Yverdon-Grandson, taper Grandson sur www.carpostal.ch

En bateau Débarcadère de Grandson, à 15 minutes à pied du château. Voir le site de la Société de Navigation sur les Lacs de Neuchâtel et Morat : www.navig.ch.

En voiture Au carrefour des grands axes de communication routiers, Grandson est desservie par l’autoroute A5 qui longe la rive nord du lac de Neuchâtel. De Genève-aéroport à Yverdon-les-Bains, le trajet en voi- ture prend une heure environ. Depuis Bâle ou Zurich, il faut compter deux heures environ.

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Parking Vaste parking privé gratuit pour voitures à 200 mètres du château.

Accès pour les personnes à mobilité réduite Le château ne dispose pas d’ascenseur. La seule partie du château accessible aux personnes à mobilité réduite ou en chaise roulante est le Musée de l’auto- mobile. Le bâtiment du Châtelet, où se trouvent la caisse, la bou- tique et le café-bar, est également accessible pour les personnes à mobilité réduite ou en chaise roulante.

Veuillez annoncer votre visite à l’avance à la réception.

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A : entrée principaleB : caisse / accueil

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LE CHâTEAU DE GRANDSON EN QUELQUES MOTS

Le château de Grandson est un monument historique d’importance nationale qui accueille chaque année près de 60 000 visiteurs suisses et étrangers. Avec sa construc-tion de 24 600 m3 (12 000 m2 de façades et 700 mètres de remparts), il est, après Chillon, le deuxième château suisse par son volume construit. L’exploitation du monument, pro-priété depuis le 1er août 1983 de la Fondation pour l’art, la culture et l’histoire, basée à Winterthour, revient à la Fondation du château de Grandson.

La construction primitive d’un château roman est attestée par un acte de 1050, mais il n’en subsiste que de rares vestiges. L’essentiel du monument remonte à 1260-1280, quand le plus célèbre dynaste de Grandson, Othon 1er, le reconstruisit dans sa forme actuelle.

A l’extinction de la lignée des sires de Grandson avec la mort d’Othon III en 1397, fief et château passent à la maison de Savoie, puis aux comtes de Chalon, alliés du duc de Bourgogne.

A l’aube des guerres de Bourgogne, Louis de Chalon remanie la forteresse, qui a néanmoins un destin militaire malheureux : elle succombe à tous ses sièges. Le châ-teau est encore notablement renforcé après l’incendie de Grandson en 1466. Mais les Confédérés, lors de leur première expédition en Pays de Vaud, s’en emparent en 1475 et le dernier comte de Chalon, Hugues, trouve la mort dans la bataille.

Témoin de la célèbre bataille de Grandson, qui oppose en 1476 Charles le Téméraire aux Confédérés, le château permet de revivre ce passé mémorable.

Le monument offre au public les expositions suivantes : armes et armures anciennes, arbalètes, pièces d’artillerie et maquettes de bataille, musée régional et lacustre, de même que la collection d’automobiles anciennes (Oldtimer) avec la célèbre Rolls Royce blanche de Greta Garbo et la limousine Austin de Winston Churchill.

Un diaporama (en français, allemand ou anglais) retrace toute l’histoire du château depuis le Moyen Age et dans le contexte européen, en passant bien sûr par la bataille de Grandson.

Pour faire vivre le monument, la Fondation et les Amis du château de Grandson orga-nisent différentes manifestations tout au long de l’année dont les principales sont : la Fête médiévale au mois d’août, le Marché de Noël en décembre ou encore les soirées de la Saint-Valentin en février.

Les expositions temporaires et les animations ponctuelles – à l’instar de la Journée internationale des musées – principalement destinées aux familles et aux enfants, viennent enrichir l’offre muséale existante.

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PLAN DU CHâTEAU

1. Entrée / 2. Chapelle / 3. Salle de torture / 4. Vestibule / 5. Escalier et palier / 6. Salle des Chevaliers 7. Musée régional pro Grandson / 8. Musée lacustre / 9. Galerie / 10. Vestibule et corridor / 10. Diaporama / 11. Salle Renaissance / 12. Salle d’armes / 13. Salle des trésors des guerres de Bourgogne / 14. Accès tour-escalier / 15 à 19. Salle des banquets et Musée de l’automobile / 20 à 25. Chemin de ronde / 26. Salle des Baillis et Expo 25 ans / 27. Musée régional et sortie

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: les numéros en couleur se réfèrent aux activités proposées dès la page 18 du présent dossier pédagogique

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PRÉPARER LA VISITE

Le nom de Charles le Téméraire résonne avec un écho particulier à Grandson, en raison de la célèbre bataille qui vit sa défaite face aux Confédérés. Pourquoi cette région a-t-elle été le théâtre des guerres de Bourgogne ? Comment ces dernières se sont-elles déroulées et quelles en ont été les conséquences ? C’est notamment à ces questions que se propose de répondre le présent dossier pédagogique.

L’enseignant-e peut diviser les élèves en trois groupes pour traiter les thèmes suivants : contexte général des guerres de Bourgogne, protagonistes et armes/armures. Les élèves mettront ensuite leurs connaissances en commun pour aborder la question du déroule-ment et des conséquences des guerres de Bourgogne, thème central de la visite au châ-teau de Grandson.

A la veille des guerres de Bourgogne : contexte historique et géographique

La BourgogneEn quelque cent ans, la Bourgogne devient l’un des Etats les plus puissants d’Europe. Du milieu du XIVe au milieu du XVe siècle, ses ducs successifs tentent d’en faire un Etat indé-pendant, constituant ainsi une menace pour la France, à l’ouest, et pour le Saint Empire, à l’est.

A l’origine, la frontière entre ces deux grandes puissances traverse les territoires bour-guignons : le duché de Bourgogne originel dépend du royaume de France, tandis que la Franche-Comté relève du Saint Empire.

Le roi de France, Jean le Bon, tente d’annexer la Bourgogne au royaume de France. Il doit y renoncer face à la résistance de ce duché. Il place à sa tête son quatrième fils, Philippe le Hardi, en 1363.

Au cours des décennies, l’Etat bourguignon s’étend de façon importante, mais aboutit à une étroite bande morcelée, composée de territoires disparates. Entre 1363 et 1477, sont acquis aléatoirement, à la suite de conquêtes militaires, d’héritages, de mariages ou d’achat : la Flandre, le Luxembourg, des seigneuries néerlandaises, l’évêché de Liège, puis les duchés de Gueldre et de Lorraine.

Par conséquent, l’Etat bourguignon manque d’unité et le pouvoir dynastique des ducs est souvent contesté de l’intérieur, par de grandes villes comme Bruxelles ou Lille. Pour y remédier, Charles le Téméraire vise notamment à établir une armée permanente de mer-cenaires et à centraliser l’administration bourguignonne.

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Les territoires bourguignons de 1363 à 1477.Carte tirée de Charles le Téméraire (1433-1477). Catalogue d’exposition, Musée Historique de Berne, p. 25.

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Les ConfédérésAu milieu d’une Europe composée de royaumes et de principautés, la Confédération pré-sente la particularité d’être formée de cantons. A la veille des guerres de Bourgogne, elle en compte huit : Uri, Schwytz, Unterwald, Lucerne, Zoug, Glaris, Zurich et Berne.

La Confédération des huit cantons en 1474.Carte tirée de Les guerres de Bourgogne, Coll. L’histoire militaire dans le terrain 4, p. 6.

Grâce à sa position stratégique et à sa capacité militaire, son alliance est recherchée par les grandes puissances européennes. Pour contrer les volontés d’expansion de Charles le Téméraire, les Confédérés et la France s’unissent.

Dès 1469, la menace se rapproche de Berne : au nord, la Bourgogne devient sa voisine directe, recevant en gage du duc d’Autriche des territoires d’Alsace et du Rhin supérieur. A l’ouest, seule direction où Berne pourrait se développer, le Pays de Vaud appartient à la Savoie, alliée des Bourguignons…

Intervient alors le roi de France, Louis XI : afin d’affaiblir le duc de Bourgogne, il pousse l’Autriche à renverser ses alliances et lui fait conclure, en 1474, une « Paix perpétuelle » avec les Confédérés.

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ACTIvITéS poUR pRépARER LA vISITE

Après avoir communiqué la matière nécessaire aux élèves, l’enseignant-e peut proposer plusieurs activités.

Sur un axe chronologique allant du milieu du XIVe à la fin du XVe siècle, les élèves indiquent :

• les rois de France avant, pendant et après les guerres de Bourgogne ;• les dates de règne des ducs de Bourgogne ;• l’entrée des cantons dans la Confédération.

Par un schéma, les élèves indiquent quelles sont les forces en présence à la veille des guerres de Bourgogne, et quels sont leurs alliés. Doivent figurer : Les Confédérés / La France / Charles le Téméraire / Berne / Le Saint Empire / Sigismond / Uri, Schwytz, Unterwald / La Bourgogne / Louis XI / Glaris, Zoug / Frédéric III / Lucerne / La Savoie / Zurich / L’Autriche / Fribourg, Soleure.

Voir le corrigé de ces exercices en page 26 .

Sur une carte géographique, les élèves colorient le duché de Bourgogne, mettant en évidence son évolution au cours du temps.

Les élèves indiquent par quels moyens l’Etat bourguignon s’est agrandi et commen-tent son apparence.

A l’aide de la carte précédente, les élèves se mettent dans la peau de Charles le Téméraire et imaginent quels territoires ils pourraient conquérir pour agrandir l’Etat bourguignon.

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Les acteurs de l’Histoire

En 1476, le duc de Bourgogne Charles le Téméraire est mis en déroute à Grandson. Qui était-il et quels aspects de sa personnalité a retenu l’Histoire ? Qui étaient son entourage et ses adversaires ?

Charles le Téméraire (1433-1477)Charles naît à Dijon en 1433. Très lié à sa mère, il est éduqué aux Pays-Bas et reçoit une solide culture classique. De caractère intransigeant, il est en conflit avec son père qui le tient longtemps à l’écart du pouvoir. Charles a pour parrain le futur roi de France Louis XI, proche de son père, mais qui deviendra pour lui un sérieux adversaire. Il est marié trois fois : une première fois à l’âge de 7 ans, à la fille du roi de France, mais celle-ci meurt jeune ; puis, en 1454, à Isabelle de Bourbon qui lui donne son unique enfant ; enfin, en 1468, à Marguerite d’York.

Charles devient duc de Bourgogne en 1467, à la mort de son père, et le reste durant dix ans. Puissant et ambitieux, il espère faire de son Etat un royaume indépendant. Il cherche aussi à marier sa fille à Maximilien de Habsbourg, fils de l’empereur. Mais dès 1474 commence une série noire qui conduit Charles à sa perte : il est tué en 1477 à Nancy, à l’issue des guerres de Bourgogne (voir dans quelles circonstances ci-après, page 17).

Généalogie de Charles le Téméraire.Tirée de Charles le Téméraire (1433-1477). Catalogue d’exposition, Musée Historique de Berne, p. 20.

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Les parents de Charles le TémérairePhilippe le Bon (1396-1467), troisième duc de Bourgogne, épouse en troisièmes noces Isabelle de Portugal (1397-1471). Elle donne naissance à Charles en 1433, après deux gar-çons morts en bas âge. Philippe le Bon, puis son fils, viseront à devenir roi, mais l’empereur ne réalisera jamais leur vœu.

Le roi de France Louis XI (1423-1483)Louis XI est le parrain de Charles le Téméraire. Il devient roi de France en 1461 et s’oppose à son filleul, craignant la montée en puissance de l’Etat bourguignon. Afin de l’affaiblir, il se rapproche des Confédérés et leur fait signer une « Paix perpétuelle » avec l’Autriche. Habile diplomate, ne respectant pas les règles, Louis XI n’apporte pas son soutien aux Confédérés lorsque le duc de Bourgogne les attaque en Pays de Vaud… En 1477, à la mort de Charles, il obtient le duché de Bourgogne et la Picardie.

L’empereur Frédéric III (1415-1493)Frédéric III, à la tête du Saint Empire, tente de freiner l’expansion bourguignonne. Il n’ac-corde jamais au duc de Bourgogne le titre de roi auquel celui-ci aspire, mais accepte dès 1473 des pourparlers dans le but de marier la fille de Charles le Téméraire, Marie de Bourgogne, à son propre fils, Maximilien de Habsbourg. L’année suivante, l’empereur et le duc de Bourgogne deviennent momentanément adversaires lors de combats dans la vallée du Rhin inférieur. Puis une paix est conclue et le mariage de leurs enfants se concrétise.

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ACTIvITéS poUR pRépARER LA vISITE

A l’aide des sites internet www.dhs.ch ou www.wikipedia.fr, ou en consultant leur manuel scolaire, les élèves recréent l’arbre généalogique de Charles le Téméraire.

Les élèves peuvent également dresser la « carte d’identité » des différents prota-gonistes, selon le modèle ci-contre, comprenant également une « photo » (portrait).

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CHARLES LE TéMéRAIRE

Année de naissance : Lieu de naissance : Nom du père : Nom de la mère : Filleul de : Marié à : 1) ….......... 2) ….......... 3) …..........Père de : Arrière-grand-père de :Duc de Bourgogne de ….......... à …..........Année de décès : Lieu du décès : Devise : Traits de caractère :

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pHILIppE LE Bon

Père de : Marié à : Duc de Bourgogne de ….......... à …..........Devise :Créateur de l’ordre de chevalerie de ….......... en …..........

LoUIS XI

Roi de France de ….......... à …..........Parrain de : Fait signer la « Paix perpétuelle » entre ….......... et ….......... A l’issue des guerres de Bourgogne, obtient : Traits de caractère :

FRéDéRIC III

Empereur du Saint Empire de ….......... à …..........Père de : Marie son fils à ….......... PHOTO

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Armes et armures de la fin du XVe siècle

L’armée des Confédérés

Cette armée de milice, constituée d’hommes bien entraînés, dispose de grands effectifs. Sa force réside dans son infanterie légère, très mobile. Pour contrer les charges de cavalerie, le « carré suisse » adopte la formation défensive dite du « hérisson » : au centre, des halle-bardiers, et autour, des lanciers pourvus d’armes de 5 à 6 mètres de longueur.

L’armée bourguignonneFace à eux, les troupes de Charles le Téméraire sont formées de mercenaires. Son artillerie est moderne, puissante et en outre richement décorée. Le duc de Bourgogne dispose aussi d’une cavalerie nombreuse, à l’équipement coûteux.

Les armuresA l’époque des guerres de Bourgogne, les armures sont formées de plaques articulées en fer ou en acier. Apparues en Italie à la fin du XIVe siècle, elles offrent une meilleure pro-tection contre les projectiles d’artillerie que les cottes de maille. Perfectionnées par les armuriers de Milan, les armures se présentent comme des assemblages complètement fermés au début du XVe siècle.

Les chevaux sont également revêtus d’armures adaptées, qui à la fois les protègent et leur permettent d’être moins effrayés lors des assauts.

Plusieurs corps de métiers interviennent dans la réalisation d’une cuirasse, de l’armurier aux doreurs, en passant par les graveurs et les polisseurs : certaines armures d’apparat sont de véritables produits de luxe, réservés à l’élite. Aux XVe et XVIe siècles, les armures de style antiquisant sont très en vogue : Charles le Téméraire, qui avait reçu une culture classique, les admirait sans doute.

Le « carré suisse », détail de la maquette présentée au château de Grandson.

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L’artillerieL’artillerie est utilisée en Europe depuis le XIVe siècle. Ses munitions sont des boulets en pierre ou en fer. A l’origine, elle n’est pas très performante : le chargement par la bouche, c’est-à-dire par l’ouverture, ne permet qu’une cadence lente et son transport est laborieux.

Vers 1450, l’artillerie gagne en efficacité grâce à différentes améliorations : les boîtes à poudre, fixées à l’arrière du tube, permettent un précieux gain de temps lors du charge-ment, tandis que les tourillons servent à modifier facilement la portée du tir. L’artillerie bourguignonne est alors la meilleure d’Europe. Son point faible demeure la difficulté de manœuvrer en campagne, malgré l’apparition des affûts dotés d’un châssis sur roues : il faut vingt-quatre chevaux pour atteler une bombarde ! Le manque de mobilité, notamment dans les rotations latérales, sera particulièrement handicapant pour Charles le Téméraire contre les Confédérés.

ACTIvITéS poUR pRépARER LA vISITE

Les élèves se documentent sur les différentes armes en usage à la fin du XVe siècle (par exemple sur www.wikipedia.fr), qu’ils auront l’occasion de voir au château de Grandson : arbalètes, hallebardes, piques, canons, bombardes, couleuvrines, affûts…

Ils arment ainsi les deux camps opposés – Bourguignons et Confédérés – et ima-ginent le type de bataille qui aura lieu ; ils réfléchissent aux avantages et inconvé-nients techniques des différents types d’armes.

Les guerres de Bourgogne sous la loupe : déroulement et conséquences

La menace bourguignonneCharles le Téméraire cherche donc à unifier son duché et à l’agrandir jusqu’à la Méditerranée ; il renforce son influence sur la Savoie, au sud, à laquelle appartient le Pays de Vaud.

Les Confédérés déclarent la guerre à Charles le Téméraire le 25 octobre 1474. Ils battent les Bourguignons une première fois à Héricourt. L’année suivante, les Bernois envahissent le Pays de Vaud et s’emparent de plusieurs villes, dont Morat et Grandson, commettant pillages et exactions.

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Le trajet de Charles le Téméraire en 1476.Carte tirée de Les guerres de Bourgogne, Coll. L’histoire militaire dans le terrain 4, p. 10.

L’année 1476 Début 1476, le duc de Bourgogne contre-attaque : à la tête de 20 000 hommes, il marche sur le Pays de Vaud de ses alliés savoyards, via le col de Jougne, afin de le libérer des Confédérés. Il s’empare d’Yverdon, puis du bourg et du château de Grandson, dont il fait noyer ou pendre la garnison bernoise.

Les Confédérés longent le lac de Neuchâtel pour porter secours aux Bernois. Ils ren-contrent les armées bourguignonnes par surprise vers Concise le 2 mars, les mettent en déroute et pillent leur camp, qui livre un fantastique butin aux vainqueurs.

N’ayant perdu que peu de soldats, le duc se replie à Lausanne et forme une nouvelle armée. Des pièces d’artillerie sont obtenues en fondant des cloches d’église et de la vais-selle ! Charles le Téméraire s’empare de Morat, mais les Confédérés le battent le 22 juin ; il parvient à s’échapper.

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ACTIvITéS poUR pRépARER LA vISITE

Sur la base des cartes géographiques vues en classe, les élèves formulent des hypothèses pour expliquer pourquoi Berne attaque le Pays de Vaud.

Sur des cartes géographiques, les élèves retracent l’itinéraire de Charles le Téméraire, de son départ de Lorraine début 1476 à sa fin à Nancy, le 5 janvier 1477.

Les élèves imaginent le déroulement de la bataille de Grandson et en dressent un plan sur une carte régionale ; la maquette et le diaporama qu’ils verront au château leur permettront de confronter leurs idées à la réalité.

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La fin du duc et les conséquences des guerres de BourgogneLe 5 janvier 1477, Charles le Téméraire tombe lors de la bataille de Nancy. Il est tué inco-gnito et dépouillé par des pilleurs de cadavres : s’il avait été reconnu, il aurait sans doute été gardé en vie dans le but d’obtenir une rançon…

Qu’advient-il de son héritage ? La France et l’Autriche des Habsbourg sont les grandes gagnantes en termes d’accroissement territorial : la première obtient le duché de Bourgogne et la Picardie, tandis qu’à la seconde reviennent la Franche-Comté, le Luxembourg et les Pays-Bas.

Les Confédérés n’acquièrent que peu de territoires : Berne reçoit Cerlier et Aigle, ainsi que Morat, Grandson, Orbe et Echallens, en bailliage commun avec Fribourg. Ils obtiennent par contre de grandes sommes d’argent, en rendant contre écus le Pays de Vaud à la Savoie et en pillant le camp bourguignon. En outre, ils accroissent leur réputation militaire : les sou-verains européens feront de plus en plus appel aux soldats suisses comme mercenaires.

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DANS LES MÉANDRES DU CHâTEAU

La visite du château est centrée sur la question du déroulement et des conséquences des guerres de Bourgogne. Elle permet également aux élèves de découvrir un nouveau thème : le trésor pris aux Bourguignons.

Le cas échéant, les élèves peuvent aussi vérifier ou compléter les autres thèmes traités en classe (contexte général ; acteurs ; armes/armures).

Le parcours s’effectue suivant le plan du château (voir p. 6). Selon le temps à disposition, l’enseignant-e conseillera aux élèves de monter directement de la salle d’armes (12) au chemin de ronde (20). La descente à la salle des banquets et au Musée de l’atomobile (15 à 19) est superflue, car aucun des thèmes n’y est traité.

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LIEU POUR INFORMATION THèME ABORDÉ

1. Entrée -

2. Chapelle -

3. Salle de torture -

4. Vestibule -

5. Escalier et palier Armes / armures

6. Salle des Chevaliers -

7. Musée régional Pro Grandson -

8. Musée lacustre -

9. Galerie -

10. Vestibule et corridor -

10. Diaporama Chaises Contexte général ; déroulement

11. Salle Renaissance Acteurs

12. Salle d’armes Armes / armures ; déroulement

13. Salle des trésors des guerres de Bourgogne

Trésor

14. Accès tour-escalier -

15. à 19. Salle des banquets et Musée de l’automobile

Chaises et table -

20. à 25. Chemin de ronde Armes / armures

26. Salle des Baillis et Expo 25 ans

Chaises et table Armes / armures

27. Musée régional et sortie -

pETIT gUIDE pRATIqUE

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Ouvertures de trois types visibles dans les murailles du château.

Portraits de ducs

11. Salle RenaissanceLes élèves identifient les deux ducs représentés sur les portraits et complètent les « fiches d’identité » élaborées en classe.

Il s’agit de Philippe le Bon (1396-1467), devise : AVTRE NAVRAIT (aucun autre n’aurait acquis cette dignité) ; et de Charles le Téméraire (1433-1477), devise : JE L’AY EMPRINS – bien en aviegne (je l’ai osé/entrepris – puisse cela réussir).

Armes et armures au château de Grandson

5. Escalier et palierA l’aide des panneaux, les élèves dessinent et nomment les types de meurtrières visibles dans les murs du château. Ils expliquent en quoi elles témoignent de l’évolution des armes.

Les archères du XIIIe siècle sont adaptées aux arcs et arbalètes ; les meurtrières, dès le XVe siècle, aux armes à feu ; et les canonnières, dès le XVIe siècle, aux pièces d’artillerie fixes.

Puis les élèves repèrent les parties du château endommagées durant les guerres de Bourgogne, qu’ils pourront observer depuis le chemin de ronde.

12. Salle d’armesLes élèves observent (éventuellement dessinent) les armes qui ont pu être utilisées durant la bataille de Grandson (1476), afin de bien comprendre les différents types de forces en présence.

Dans le musée sont exposés : canons, bombardes, épées, dagues, armures, pavois (bou-clier utilisé par les arbalétriers).

A l’aide des légendes des maquettes, les élèves détaillent la composition des armées en présence lors des batailles de Grandson et de Morat (voir www.chateau-grandson.ch/files/dossier_pedagogique_annexe_1.pdf).

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20 à 25. Chemin de rondeDepuis le chemin de ronde, les élèves repèrent sur le château les traces de destructions mentionnées sur les panneaux (5. Escalier et palier) et détaillent la reconstruction.

On remarque que le corps de bâtiment ouest et la demi-tour Othon ont été très endomma-gés. Le sommet de la tour a été reconstruit en briques vers 1500. On distingue les restes de fenêtres et de meurtrières, les portes d’accès à la tour et les niveaux d’étages.

26. Salle des BaillisLes élèves peuvent prendre place autour de la table et dessiner quelques pièces du XVe siècle présentées dans les vitrines (arbalète, pavois du XVe siècle, arbalétriers, etc.).

Gros plan sur les guerres de Bourgogne et la bataille de Grandson

10. Salle du Diaporama, vignettesLes élèves écoutent le diaporama (durée : 20 minutes) et le comparent avec les hypothèses émises en classe sur les ambitions territoriales de Charles le Téméraires, celles de Berne et le déroulement de la bataille de Grandson.

Ils peuvent également répondre à des ques-tions précises portant sur le contexte et le déroulement des guerres de Bourgogne (voir liste de questions sur www.chateau-grandson.ch/files/dossier_pedagogique_annexe_2.pdf).

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Vestiges de fenêtres, portes et niveaux d’étages détruits lors des guerres de Bourgogne.

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S’il ne fallait garder que sept vignettes : parmi toutes les images présentées au fond à droite de la salle, les élèves sélectionnent les sept étapes les plus importantes de la bataille et en font de rapides croquis, dans le but de créer ensuite une bande dessinée en classe.

A l’aide de ces mêmes vignettes et de leurs légendes, les élèves répondent à des questions d’observation (voir www.chateau-grandson.ch/files/dossier_pedagogique_annexe_3.pdf).

12. Salle d’armesA l’aide des vignettes, des maquettes et des légendes, les élèves complètent le récit de la bataille de Grandson (voir texte à trous sur www.chateau-grandson.ch/files/dossier_pedagogique_annexe_4.pdf).

Un surprenant trésor

13. Salle des trésors des guerres de Bourgogne, tour EbalDans la tour Ebal (salle 13), les élèves découvrent le trésor que les Confédérés ont pris aux Bourguignons. De quoi était-il composé ? Les élèves dressent la liste des éléments qui constituaient ce butin.

Qu’est devenu ce trésor ? Grâce aux explications figurant sur les panneaux, les élèves obtiennent quelques éléments de réponse et expliquent pourquoi seule une copie du cha-peau de Charles le Téméraire peut être admirée aujourd’hui.

Les élèves observent attentivement la « vignette » du chroniqueur Diebold Schilling « le Jeune » (1460-1515), qui présente le butin pris aux Bourguignons (voir p. 25) : ils auront à la redessiner en classe.

Vue de la salle du diaporama.

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RACONTER L’HISTOIRE AUTREMENT

La bataille de Grandson en sept cases

A la suite de leur visite au château, les élèves réfléchissent à différentes manières de raconter l’histoire des guerres de Bourgogne.

Une possibilité est de créer une bande dessinée, c’est-à-dire une succession de dessins accompagnés d’un bref texte explicatif. On préférera éviter les phylactères (ou bulles) et placer le texte sous la case (ou vignette), afin de laisser davantage de place au dessin.

Dans cette « version moderne » des chroniques anciennes illustrées de vignettes, telles qu’ils ont pu en voir au château, les élèves réfléchissent aux sept étapes principales de l’affrontement entre Bourguignons et Confédérés, puis les racontent en sept cases. Leurs dessins sont accompagnés de brèves légendes (une ou deux phrases), par exemple celles qu’ils ont pu lire au château et qui complétaient les vignettes :

125. Les Bourguignons assiègent la ville et le château de Grandson.127. Les Bourguignons s’emparent de la ville ; la garnison bernoise et fribourgeoise se

replie dans le château.132. La garnison se rend aux Bourguignons ; sa fin est tragique.134. Les Confédérés attaquent le château de Vaumarcus, défendu par des Bourguignons.137. Les Bourguignons quittent Grandson pour établir le camp près de Concise.140. Le 2 mars 1476, les Bourguignons sont mis en fuite par les Confédérés.142. Une partie de la garnison bourguignonne du château de Grandson est massacrée,

l’autre emprisonnée.

Sept vignettes tirées de la chronique de Diebold Schilling « l’Ancien » (env. 1436-1486), racontant le siège de Grandson, l’attaque du château de Vaumarcus et la bataille de Grandson.Tirées de A.A. Schmid, éd., Die grosse Burgunder Chronik des Diebold Schilling von Bern: «Zürcher Schilling», facsimilé, 1985.

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Une comparaison avec la même bataille, telle que présentée dans L’histoire suisse en bandes dessinées (voir bibliographie), permettra aux élèves d’observer que l’auteur a prin-cipalement mis l’accent sur le siège du château de Grandson par Charles le Téméraire, sur la pendaison de la garnison, ainsi que sur la fuite des Bourguignons devant les Confédérés.

Un parchemin pour raconter la bataille de Grandson

Sous la forme d’un manuscrit sur parchemin, les élèves peuvent aussi raconter par écrit les étapes stratégiques de la bataille de Grandson.

Dans leur récit, les élèves peuvent mettre en évidence les événements suivants :

• après la prise de Grandson, Charles le Téméraire installe son camp vers la rivière l’Arnon ;

• il place deux garnisons en avant-poste, l’une, dans le château de Vaumarcus, contrô-lant l’axe de Neuchâtel, l’autre plus au nord, sur la route du coteau ;

• les renforts confédérés attaquent le château de Vaumarcus ;

• Charles quitte sa position de Grandson pour établir son camp près de Concise, mais le site s’avère défavorable ;

• les deux armées se rencontrent le 2 mars 1476 ; les Confédérés reprennent leur marche sur les deux routes, celle du lac et celle du coteau ; leur avant-garde débouche de la forêt, au-dessus du camp des Bourguignons ;

• en raison de la pente escarpée, la cavalerie et l’artillerie bourguignonnes s’avèrent inefficaces ; le duc fait donc reculer ses troupes pour attirer l’ennemi au bas de la pente, mais cette manœuvre s’effectue à l’instant où arrive le gros des armées confédérées : sans qu’il y ait de véritable affrontement, les Bourguignons paniquent et s’enfuient.

Déroulement de la bataille de Grandson.Carte tirée de Les guerres de Bourgogne, Coll. L’histoire militaire dans le terrain 4, p. 14.

Page 26: Sur les traces de Charles le Téméraire

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Vues du champ de bataille : à gauche, le point de vue des Confédérés au débouché de la forêt ; à droite, celui des Bourguignons.

Pour aller plus loin

Les élèves formulent des hypothèses pour imaginer d’autres déroulements possibles de l’Histoire : que se serait-il passé si Charles le Téméraire était sorti vainqueur des guerres de Bourgogne ? Et si les renforts confédérés n’étaient pas arrivés ?

Le trésor « croqué » par le chroniqueur

A la suite de la bataille de Grandson, les Confédérés s’emparent d’un des plus fantastiques butins de l’Histoire ! Pourquoi le camp bourguignon recelait-il un pareil trésor ?

L’Etat bourguignon est particulièrement riche, notamment grâce à des villes comme Bruxelles ou Lille. Mais les ducs de Bourgogne déploient d’autant plus de fastes que leur pouvoir dynastique est contesté par ces mêmes capitales : la cour fait donc étalage de ses richesses pour s’affirmer, ainsi que pour anticiper le titre de roi auquel Charles le Téméraire aspire.

En 1476, les Confédérés pillent le camp bourguignon et s’emparent d’un immense butin, composé de bijoux, de pièces d’orfèvrerie, de tapisseries, de biens religieux – comme des reliquaires, des ostensoirs, des livres de prières, des habits liturgiques – ainsi que d’armes, de pièces d’artillerie (plus de 300), d’étendards (plus de 600), de tentes (plus de 1000), de vêtements, et encore de vivres et d’animaux…

A l’origine, le parchemin désigne une peau d’animal. Comme le papyrus, il sert de support à l’écriture. Le parchemin nécessite une préparation complexe, ce qui en fait un matériau relativement cher, mais extrêmement durable. A l’époque des guerres de Bourgogne, il se présente principalement sous la forme d’un ensemble de feuilles cousues en cahier (codex), véritable ancêtre du livre moderne. A la fin du Moyen Age, le papier est le principal support de l’écrit, le parchemin étant réservé aux documents précieux.

A noter que, sur réservation, un atelier d’écriture à la plume d’oie est proposé au château (www.chateau-grandson.ch/atelier_ecriture.html).

Page 27: Sur les traces de Charles le Téméraire

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Qu’est devenu ce trésor ?Les Confédérés ne s’attendaient pas à trouver pareilles richesses, d’où une certaine gau-cherie et des problèmes de discipline : un vaste trafic illégal s’installe ! Les pilleurs vendent le butin à des commerçants et des orfèvres, si bien que beaucoup d’objets sont démembrés et revendus par petits morceaux, à des prix dérisoires. C’est le sort que subit le fameux chapeau de Charles le Téméraire : de riches commerçants l’achètent pour 6800 florins, plus de trente ans après la bataille… mais ne parvenant pas à le revendre, ils le dépiècent et vendent séparément les bijoux qui le composent !

Dans sa chronique illustrée, Dieblod Schilling « l’Ancien » (env. 1436-1486), qui a participé aux batailles de Grandson et de Morat, relate les guerres de Bourgogne. Censées repré-senter fidèlement le passé, elles ont une forte connotation morale et justifient la politique bernoise d’opposition au duc de Bourgogne.

Se mettant dans la peau du chroniqueur Diebold Schilling, les élèves dessinent la vignette présentant le butin qu’ils ont vue au château, à l’aide de la description suivante :

A Lucerne, dans la Tour du pont de la chapelle, sont exposés : sur la table, le grand sceau secret de Bourg et le petit sceau du bâtard Antoine de Bourg, des coupes, une cuillère, un chapelet et un petit triptyque. Sur le sol, une channe, un coffret rempli de pièces d’or, le fabuleux diamant « Le Toscan » de 139 carats et l’épée de Charles le Téméraire. Un manteau garni de fourrure est suspendu au-dessus d’un fauteuil doré. Deux drapeaux portant la devise et les « briquets bourguignons » sont fixés au plafond de la chambre.

Vignette tirée de la chronique de Diebold Schilling «le Jeune» (1460-1515), neveu de Diebold Schilling «l’Ancien». Elle représente le butin bourguignon exposé à Lucerne, après la bataille de Grandson.Voir A.A. Schmid, éd., Die Schweizer Bilderchronik des Luzerners Diebold Schilling, 1513, facsimilé, 1981.

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CORRIGÉ DES ACTIVITÉS EN CLASSE

Voir p. 10

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BIBLIOGRAPHIE

Bon à savoir

La Bibliothèque cantonale et universitaire – Lausanne, Riponne-Palais de Rumine réunit sur la page www.unil.ch/bcu/page87919.html, conçue pour les enseignant-e-s, les références consacrées au château de Grandson.

AA.VV., Charles le Téméraire (1433-1477). Faste et déclin de la cour de Bourgogne, sous la dir. de Susan Marti, Till-Holger Borchert et Gabriele Keck, Catalogue d’exposition, Musée historique de Berne, 25 avril-24 août 2008, Neue Zürcher Zeitung, Zurich, 2008, 382 p.Ce splendide catalogue de l’exposition de 2008, richement illustré, propose un regard scientifique fouillé sur le sujet et explore de nombreuses pistes.

AA.VV., Histoire de la Suisse, Fragnière, 1987, 239 p. Un ouvrage scolaire qui demeure une référence de base pour l’histoire suisse.

AA.VV., L’histoire suisse en bandes dessinées. De Conrad le Pacifique à la bataille de Morat, J.-R. Bory dir., Delachaux & Niestlé SA, 1982, pp. 41-48.Une vision très schématique et un peu dépassée, mais qui met en évidence, de façon imagée, quelques étapes importantes des guerres de Bourgogne.

BORY Jean-René, La Suisse à la rencontre de l’Europe, David Perret, Lausanne, 1978, 305 p. L’histoire suisse racontée à partir des sources iconographiques.

DARIOLY Raymond, Le Moyen Age, Histoire générale, vol. 2, Edipresse Livres SA, Lausanne, 1998, 414 p.Le manuel scolaire en usage en 2011 dans l’école vaudoise.

DE RAEMY Daniel, Grandson VD. Le bourg et le château, Guides de monuments suisses, Berne, 1987, 46 p.Un guide pratique ciblé sur Grandson, par un historien de référence.

DE RAEMY Daniel, Châteaux, donjons et grandes tours dans les Etats de Savoie (1230-1330). Un modèle : le château d’Yverdon, Cahiers d’archéologie romande 98-99, 2004, 2 vol. (en particulier vol. 1, pp. 240-250 et vol. 2, pp. 507-511).L’ouvrage le plus complet sur le château d’Yverdon et les châteaux vaudois ; consulter les pages indiquées pour celui de Grandson.

DIRLEWANGER Dominique, Tell me. La Suisse racontée autrement, Ed. ISS Unil, 2010, pp. 43-45 et p. 83.Une manière originale de présenter l’histoire suisse, mais qui ne consacre que quelques lignes aux guerres de Bourgogne.

GEIGER Benjamin, Les guerres de Bourgogne, Coll. L’histoire militaire dans le terrain 4, Ecole militaire supérieur Au, 1999, 44 p. Un document très pratique, avec plans et cartes schématiques, ainsi que des informations pour la visite in situ de la bataille de Grandson.

MC CLOUD Scott, Faire de la bande dessinée, Delcourt, Paris, 2007, 270 p.Un ouvrage qui donne de nombreuses idées et des exercices pour bien construire sa propre bande dessinée.

NAPPEY Grégoire / Mix & Remix, Histoire suisse, LEP Editions Loisirs et Pédagogie SA, 2007, p. 25.En quelques paragraphes, le résumé des guerres qui opposèrent Confédérés et Bourguignons.

WEBOGRAPHIE

www.chateau-grandson.chLe site complet du château de Grandson, entièrement mis à jour en 2011.

www.dhs.chUn site de référence, le Dictionnaire historique de la Suisse. Voir notamment les articles : « Charles le Téméraire », « Chroniques illustrées », « Florin », « Grandson », « Schilling, Diebold », « Papier »…

www.wikipedia.fr Un bon outil à consulter, en gardant toutefois une certaine distance critique. Voir notamment les articles : « Bande dessinée », « Parchemin ».

Page 30: Sur les traces de Charles le Téméraire

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DÉPARTEMENT DE LA FORMATION, DE LA JEUNESSE ET DE LA CULTURE – SERVICE DES AFFAIRES CULTURELLES

Coordination Ana VulicContenu et rédaction Annick Voirol Reymond, archéologue Collaboration Sylvie Gellein, intendante du château de GrandsonValidation pédagogique Guillaume Roduit, professeur formateur HEP Vaud

Relecture l’atelier textes - Corinne ChuardMise en forme atelier anaho – Anne Hogge DucImpression Centre d’édition de la Centrale d’achats de l’Etat de Vaud (CADEV)

Sources et copyrights couverture : © Château de Grandson ; pp. 4, 6, 26 : © Ecole-Musée / Canton de Vauddes illustrations ainsi que (graphisme atelier anaho) ; pp. 8, 11 : © Musée historique de Berne/Bernisches crédits photographiques Historisches Museum ; pp. 9, 16, 23 : tiré de Les guerres de Bourgogne, Coll. L’histoire

militaire dans le terrain 4 ; p. 13 : commons.wikimedia.org/wiki/File:Charlesletemeraire.jpeg ; pp. 14, 19, 20, 21, 24 : © Annick Voirol Reymond ; p. 22 : tiré de : A.A. Schmid, éd., Die grosse Burgunder Chronik des Diebold Schilling von Bern: «Zürcher Schilling», facsimilé, 1985 ; p. 25 : commons.wikimedia.org/wiki/File:Schilling_Burgunderbeute.jpg

Remerciements à Mélanie Esseiva, Bibliothèque Médiathèque Municipale – secteur jeunesse, Vevey ;

Flora Tarelli, Musée historique de Berne/Bernisches Historisches Museum

Le présent dossier pédagogique est téléchargeable sur www.ecole-musee.vd.ch et www.chateau-grandson.ch/files/dossier_pedagogique.pdf.

Couverture Copie du chapeau de Charles le Téméraire, exposée au château de Grandson.

© Ecole-Musée / Canton de Vaud

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NUMÉROS DISPONIBLESCOLLECTION • ÉCOLE - MUSÉE

2005 1 Eau et vie dans le Léman, Musée du Léman, Nyon 2 Des jeux et des hommes. Aspects didactiques, historiques et culturels des jeux de société, Musée suisse du jeu, La Tour-de-Peilz (2e version revue et corrigée : 2008)

2006 3 Du baiser au bébé, Fondation Claude Verdan – Musée de la main, Lausanne 4 Flore sauvage dans la ville, Musée et jardins botaniques cantonaux, Lausanne 5 Baselitz. La peinture dans tous les sens, Fondation de l’Hermitage, Lausanne 6 Créations hors du commun, Collection de l’Art Brut, Lausanne 7 Feuille, caillou, ciseaux. A la découverte des matériaux, Espace des inventions, Lausanne 8 Des Alpes au Léman. Images de la préhistoire, Musée cantonal d’archéologie et d’histoire, Lausanne 9 Charles Gleyre (1806-1874). Le génie de l’invention, Musée cantonal des beaux-arts / Lausanne 10 Le bel ambitieux. A la découverte du Palais de Rumine, Palais de Rumine, Lausanne 11 Des Celtes aux Burgondes, Musée d’Yverdon et région, Yverdon-les-Bains 12 Le chemin de Ti’Grain. Une histoire socio-culturelle, Maison du blé et du pain, Echallens

2007 13 Les cailloux racontent leur histoire, Musée cantonal de géologie, Lausanne 14 Paris-Lausanne-Paris 39-45. Les intellectuels entre la France et la Suisse, Musée historique de Lausanne 15 L’art du verre contemporain. Reflets d’une collection et d’un catalogue, mudac – Musée de design et d’arts appliqués contemporains, Lausanne 16 Du vent et des voiles, Musée Olympique, Lausanne (en français / in English / auf Deutsch) 17 Denis Savary, Musée Jenisch Vevey 18 Les coulisses de l’histoire vaudoise, Archives cantonales vaudoises, Chavannes-près-Renens 19 Les milieux extrêmes font leur cinéma, Ciné du musée : Musée d’archéologie et d’histoire, Musée et jardins botaniques, Musée de géologie, Musée de zoologie 20 Splendeurs ignorées, Vivarium de Lausanne 21 De la fragile porcelaine à la geôle oppressante. Un itinéraire contrasté, Château de Nyon – Musée historique et des porcelaines, Nyon

2008 22 La bibliothèque facile. Clés pour la recherche d’informations, Bibliothèque cantonale et universitaire de la Riponne, Lausanne 23 Une journée au XIXe siècle dans la région de Montreux..., Musée de Montreux 24 Avenches la romaine, Musée romain, Avenches (en français / auf Deutsch) 25 Steinlen. L’œil de la rue, Musée cantonal des beaux-arts / Lausanne 26 A l’abri des murailles. La vie d’un château à l’époque savoyarde, Château de Chillon, Chillon-Veytaux (en français / auf Deutsch) 27 Au fil du temps. Le jeu de l’âge, Fondation Claude Verdan – Musée de la main, Lausanne 28 Le pactole du passé, Musée monétaire cantonal, Lausanne

2009 29 Aventure, exploration, connaissance, Espace Jules Verne – Maison d’Ailleurs, Yverdon-les-Bains 30 Le sel. De la mine à l’assiette, Mines de sel de Bex 31 Oh my God! Darwin et l’évolution, Musées cantonaux de botanique, géologie et zoologie, Lausanne 32 Du fer au rail. L’épopée jurassienne d’une aventure industrielle, Musée du fer et du chemin de fer, Vallorbe 33 Liberté, férocité, frugalité. Faits, mythes et clichés suisses à travers les siècles, Musée national suisse – Château de Prangins 34 Les automates, un rêve mécanique au fil des siècles, CIMA – Musée de boîtes à musiques et d’automates, Sainte-Croix 35 Moudon, entre ville et campagne, Musée du Vieux-Moudon, Moudon

2010 36 Ça s’est passé près de chez vous…Préhistoire en terre vaudoise, Musée cantonal d’archéologie et d’histoire, Lausanne 37 Défendre la frontière (1939-1945). La vie du fortin le 10 mai 1940, Fortification Villa Rose, Gland 38 Faire la voie, Chemin de fer-musée Blonay-Chamby 39 Le cheval, la plus noble conquête de l’homme ?, Musée du cheval, La Sarraz

2011 40 Peau, Fondation Claude Verdan - Musée de la main, Lausanne 41 Les gens du Léman, Musée du Léman, Nyon 42 L’affolante écriture des auteurs d’Art Brut, Collection de l’Art Brut, Lausanne 43 Sur les traces de Charles le Téméraire, Château de Grandson

COLLECTION DP • HORS-SÉRIE

1 Ciel mes rayons ! Entre art et sciences – Voyage au pays des radiations, Haute école cantonale vaudoise de la santé, Lausanne ; Fondation Claude Verdan – Musée de la main, Lausanne

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Les dossiers pédagogiques (dp) sont produits par le Service des affaires culturelles (SERAC), Département de la formation, de la jeunesse et de la culture du Canton de Vaud (DFJC).