14
7/23/2019 Sur Le Transformisme http://slidepdf.com/reader/full/sur-le-transformisme 1/14 E. Alix Sur le transformisme In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, II° Série, tome 4, 1869. pp. 554-566. Citer ce document / Cite this document :  Alix E. Sur le transformisme. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, II° Série, tome 4, 1869. pp. 554-566. doi : 10.3406/bmsap.1869.4389 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1869_num_4_1_4389

Sur Le Transformisme

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Page 1: Sur Le Transformisme

7/23/2019 Sur Le Transformisme

http://slidepdf.com/reader/full/sur-le-transformisme 1/14

E. Alix

Sur le transformismeIn: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, II° Série, tome 4, 1869. pp. 554-566.

Citer ce document / Cite this document :

 Alix E. Sur le transformisme. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, II° Série, tome 4, 1869. pp. 554-566.

doi : 10.3406/bmsap.1869.4389

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1869_num_4_1_4389

Page 2: Sur Le Transformisme

7/23/2019 Sur Le Transformisme

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554

Sf^fpj? W, \fl JUILLET

Circonférence de

la

cuisse

567

millimètres,

dit

mollet 336 ■—

— du bras

253

— de l'avant-bras 279 —

Longueur de la face depuis la symphyse de la

barbe

jusqu à

la naissance des

cheteux.

.. .

177

Longueurducorpsdepuis

la

sympliysedu pubis

jusqu'à la

partie

supérieure du sternum... 532 —

Longueur de la

cuisse

4JJ —

— de

la jambe 369

— du bras 318 —

— de l'avant-bras et de la main 434 —

Largeur

du

thorax

292 —

Diamètre

occipito-frontal

de

la tôte

191

— bipariétal

\

i7\ —

Dislance d'un arc

zygomalique à

l'autre 143 —

Discussion sur le

transformisme.

(Suite.)

M.

Alix. Messieurs,

je vous

remercie delà

bienveillance

que

vous m'avez déjà témoignée

en

m'aceordant la parole

dans

deux séances. J'espère terminer aujourd'hui

la

tâche

que

j ai

entreprise.

Je vous ai parlé des caractères extérieurs

et

di]

squelette;

j'arrive maintenant

à

Ja

myologie.

Sous ce rapport, il n'y

a

que bien

peu

de différences en

tre les singes anthropoïdes, et l'homme

;

mais

déjà

cette

grande

ressemblance

existe

phez

les

autres singes, surtout

ceux

de l'ancien continent.

N'est-ce pas d'après le magot

crue

Galien

a

décrit

les muscles de l'homme?

Parmi les différences que je vais exposer, il

y

ep a

qui

sont communes

aux anthropoïdes et aux autres singes, 'et

d'autres qui

sont

particulières aux anthropoïdes.

1

Nous ne

devons

pas

nous

dissimuler

que toute

notre

argumentation

pourrait être détruite

par

une objection très-puissante, celle que

l'on

Page 3: Sur Le Transformisme

7/23/2019 Sur Le Transformisme

http://slidepdf.com/reader/full/sur-le-transformisme 3/14

ALIX. — DISCUSSION

SUR

LE

TRANSFORMISME.

555our les

muscles de la colonne

vertébrale, il

existe

une

rande

similitude

entre

les

singes

anthropoïdes

et l'homme.

otons

cependant la

faiblesse du

muscle sacro-lombaire

aps sa partie

iléo-costale, faiblesse qui

démontre

que

ces

inges

ne

sont

pas faits pour se tenir debout. Une différencenverse se trouve

dans

le grand volume du, muscle grandroit postérieur

de la tête, qui

est en rapport

avec

le poids

e cette tête mal

équilibrée.

On

peut aussi trouver

dans

le

plénius et le

grand complexus quelques différences suresquelles je ne m'arrêterai

pas.

es muscles scalènes

offrent d'qne

part

des

caractères

nthropoïdes et

d'autre part i|n

caractère

simien très-remar

quable.'un côté, comme

chez

l'homme, le scalène

posté

rieur

ne

dépasse pas la deuxième côte, au lieu d'aller

jus

qu'à

la cinquième; mais, d'un autre

côté,

il

existe

entre

le

scalène

postérieur

et

le

scalène antérieur

un faisceau par

ticulier

qpi

va de l'apophyse costale

de la

sixième cervicale

à

la première côte en séparant le plexus

brachial de l ar

tère sous-clavière.

Ce faisce.au,

absgnt chez: l'homme,

est

commun à

tous

les singes.

î|'autre

pajt»

un caractère anthrqpqïde très-remarquable

est fourni par le muscle grand droit antérieur de l'abdomen

qui,

au lieu de se prolonger

jusqu à

la.

première

côte, s ar

rête,, comme chez l'homme, sur

la

cinquième.

Les

muscles

de la tête

n offrent

véritablement

que

des

d.i|ïerences

de

volume. Les,

muscles des

mâchoires

corres-

tire des

anomalies.

Comment,

en

présence

de ces anomalies,

peut-on

affirmer

que telle disposition est particulière à l'homme

et telle

autre

disposition

particulière

aux

singes?

On peut, il

me

semble,

répondre

que les anaiomistesde l'homme, de même que Its

peinjreset les

sculp

teurs, sont

arrivés par

un grand

nombre d'observations

à établir un

type

des muscles humains que l'on

considère avec

raison comme

normal,

parce qu'on le retrouve presque toujours. C'est à ce

type

normal que

nous

devons

comparer

les

faits

observés

sur les singes et non aux ano

malies

qui

ne

sonj,

que des

exceptons.

Page 4: Sur Le Transformisme

7/23/2019 Sur Le Transformisme

http://slidepdf.com/reader/full/sur-le-transformisme 4/14

556 SÉANCE DU

15

JUILLET 1869.

pondent à ceux de

l'homme.

Le peaucier de

la

face présente

distinctement

les mêmes faisceaux.

C'est

là un caractère

anthropoïde,

puisque chez

les

autres singes

ces

divers

fai

sceaux

sont en

grande

partie

confondus;

mais,d'autre

part,

le volume du releveur de la lèvre supérieure

et

l'insertion

du grand

zygomatique

en

avantde la commissure prennent

une

grande

importance

par l'aspect

qu'ils impriment

à

la

physionomie

en découvrant les canines

et

les prémol

aires.

Les

muscles des membres nous montrent des

différences

plus

nombreuses et plus

importantes.

Chez

le

chimpanzé,

le grand

dorsal

se confond

avec

le

grand oblique de

l'abdomen

par un de ses faisceaux laté

raux. Chez tous les anthropoïdes,

ce

muscle

présente

comme

chez

les

autres singes,

un faisceau

accessoire

qui

manque

absolument

chez l'homme,

faisceau qui

se détache du grand

dorsal près

de son insertion numérale,

se

porte

vers le

coude, et

chez les anthropoïdes se termine sur l'épitrochlée.

Le

petit

pectoral, chez l'orang,

se fixe à l'apophyse

cora-

coïde,

comme

chez

l'homme

;

mais

chez

le

chimpanzé

et

le

gorille,

il s'attache au trochiter, comme chez les autres

singes.

Le

coraco-brachial ne

présenté chez les anthropoïdes

qu'une portion, comme

chez

l'homme, tandis que chez

les

autres

singes

il

est

composé de deux

faisceaux.

Le deltoïde, au

contraire, présente

un caractère simien

remarquable

par

la

manière

dont son faisceau

postérieur

recouvre

toute

la

fosse

sous-épineuse.

Ce

caractère

est en rapport

avec celui

que

présente

la

longue portion du triceps en se fixant dans une grande

étendue au bord axillaire de l'omoplate.

.

Le biceps brachial est remarquable par ce

fait

qu'il

est

charnu jusque

dans le pli du coude, d'où il résulte que,

lorsqu'il

se contracte,

il

ne dessine pas au milieu du bras

Page 5: Sur Le Transformisme

7/23/2019 Sur Le Transformisme

http://slidepdf.com/reader/full/sur-le-transformisme 5/14

ALIX.

DISCUSSION

SUR LE TRANSFORMISME. 557

cette

saillie

à laquelle les peintres

et les

sculpteurs att

achent tant

d'importance.

Le

rond

pronateur

et le

carré pronateur sont excessiv

ementaibles, tandis

que

le court supinateur est très-fort.

Chez

l'homme, au contraire,

les

pronateurs l'emportent sur

les

supinateurs.

Parmi

les

muscles

de

la face

dorsale de l'avant-bras qui

vont

à

la main, un premier

fait

nous

est offert

par le grand

abducteur

du pouce.

Chez

l'homme, en effet,

il

y a un grand

abducteur

du pouce

qui

va se

terminer sur la base du pre

mier

métacarpien

;

chez

les

anthropoïdes, il

y a

deux musc

les, dont l'un

se termine,

comme

le

précédent,

sur

la

base

du premier

métacarpien, et

dont l'autre se termine sur

le

trapèze. D'autre part, il

y a chez l'homme

unmuscle nommé

le

court

extenseur

qui

va se fixer à

la

base de

la

première

phalange du pouce ; ce

muscle

n'existe

pas

chez

les anthro

poïdes.

Les extenseurs des

doigts donnent lieu

à

une autre remar

que.l y a en effet deux sortes

de

longs extenseurs : les ex

tenseurs

directs

et

les

extenseurs

obliques.

Les

extenseurs

directs forment par leur

réunion

l'extenseur commun,

qui

existe chez l'homme comme chez les singes. Quant aux ex

tenseurs obliques,

ils forment chez l'homme un système i

ncomplet

qui

se compose du long extenseur du

pouce,

de

l'extenseur propre de

l'index

et de l'extenseur propre

du

petit doigt il

n'y

a pas

habituellement de

tendon pour le

médius

ni

pour

l'annulaire1.

Chez les singes

ordinaires,

ainsi

que

chez l'orang-outang,

il

y

a

des

extenseurs

obliques

pour

tous

les doigts

;

mais chez le gorille

et

le chimpanzé,

il

n'y en a pas pour le médius.

Ce

qui

distingueles fléchisseurs profonds

des

doigts chez

i

M. Luigi Galori a

signalé chez

l'homme la présence anormale d'un

extenseur propre du

médius. Memorie deW Academia

délie

scienze deW

Istituto di

Bologna, sér.

H,

t. VII,

fa

se. 3, 1868,

pi.

II, tig. 3 et 4.

Page 6: Sur Le Transformisme

7/23/2019 Sur Le Transformisme

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558

SÉANCE DU 15 JUILLEÎ 1869.

l'homme,

c'est

la présence d'un fléchisseur propre du pouce

indépendant, isolé, entièrement distinct

de

la masse du fl

échisseur

commun. Chez les singes ordinaires il

y

a un ten

don

pour le pouce;

mais

ce

tendort vient de la

hlàss'e

com

mune ; chez l'orang; ce

tendon

manque

;

chez le

gorille

et

le chimpanzé, le tendon

existe,

mais il

est

réduit â tn

fil

ament

très-grêle,

et

d'ailleurs ce

filament

émane encore de

la

masse commune et n'est pas

la

terminaison d'un

muscle

isolé, comme chez l'homme.

Un

fait

curieux à noter chez

l'orang, c'est

que

le

fléchis

seuru pouce est remplacé par

un muscle

court, l abduc

teur,

ont

le tendon,

au

lieu de

rester sur

le

côté

de

la

pre

mière phalange, vient se placer dans l'axe

de celle-ci et

se

fixe au

milieu

de la base de la

deuxième

phalange.

Quant aux muscles courts de

la

main, on trouve

les

mêmes

faisceaux chez

les

singes

que

chez l'homme. Mais

ceux de l'éminence

thénar

sont très-

faibles, tandis que

ceux

de l'éminence hypothénar ont une grande force.

Passons aux

muscles du

membre

abdominal. Les muscles

qui

attachent

la cuisse

au

bassin

nous

offrent

immédiate

mentn fait des plus remarquables: non-seulement le

grand

fessier

est excessivement réduit, mais il

y

a un

muscle

ischio-fémoral absent

chez l'homme.

A

côté de cette

dissemblance,

nous

trouvons

dans

les

muscles

de la cuisse une

similitude

exceptionnelle: Le bi

ceps mérite véritablement ce nom: il a deux -têtes, comme

chez l'homme.

Les

abducteurs

forment

une

masse

énorme.

Quant au demi-membraneux et au demi-tendineux; ils

ne

méritent

plus leur

nom, puisqu'ils sont

charnus dans

pres

que

toute

leur

étendue.

Le demi-tendineux

ainsi

que le couturier

et

le droit in

terne se continuent avec des bandes

aponévrotiques

qui

effacent le

creux

du

jarret, brident

la jambe

et

se con-

Page 7: Sur Le Transformisme

7/23/2019 Sur Le Transformisme

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ALIX.

BisClisSioN

SUR

LE TRANSFORMISME.

tintient jusqu'au

talon;

disposition*

qui est commune aux

anthrqpoïdès

et

aux autres

singés et

cftii est en contradiction

avec

la

station verticale.

Le.pôplité

est

très-développé; en raison de la rotatidn de

la

jambë.sur la cuisse.

L'absence

du

plantaire

grêle

ii'îd

pelit-êtrë pas; au

point

de vuç du type;

autant

d'importance

qd'oh

pourrait le

crdire

au premier abord,

parce

qu'on peut ericore en

retrouver la

trace

par une dissection attentive.

Cependant

il est certain

qu'il n'existe pas

à

l'état d'isolemerit.

Ce

muscle existe chez

les

autres singes, qui sous

ce

point de

vue

ressemblent pliis

à l'homme que les anthropoïdes. Son absence chez

ces

der

niers

coïncide

avec

la faiblesse

de

l'aponévrose plantaire

;

elle

est en

rapport avec la progression arboricole:

On

ne

peut pas

dire

qu'il existe chez

les

antbropoïdes un

véritable tendon d'Achille; caries

muscles

jumeaux

et

sb-

léaires

sont

isolés jusque très-près

du

talon, et sont d ail

leurs

charnus dans

presque toute leur

étendue

; aussi leur

contraction ne saurait-elle

dessiner une saillie comparable

au

mollet de

l'homme.

Il

y

a

un

caractère

particulier

aux

anthropoïdes,

caractère

par lequel iis diffèrent

à

la fois

des

autres

singes et de l'homme.

A la face dorsale de la jambe, nous voyons

que

le musc

le

ambier antérieur est composé de deux

faisceaux :

un

faisceau tarsien

et

un faisceau métatarsien.

Quant

aux extenseurs,

ils sont

composés, comme chez

l'homme, d'extenseurs

directs allant

au

pouce et

aux doigts

et

d'extenseurs

latéraux

fournis

en partie par

le

pédieux,

qui

donne au pouce

et

aux trois doigts

suivants,

en

partie

par

l'expansion du

court

péronier

latéral, qui

se

rend au

cinquième doigL

Le long péronier,

chez les

anthropoïdes comme chez le

autres

singes, se

termine au

milieu

de la base du premier

métacarpien,

dont

il

devient

l'opposant, tandis ^ùë

eliei

Page 8: Sur Le Transformisme

7/23/2019 Sur Le Transformisme

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560

SÉANCE

DU

15

JUILLET 1869.

l'homme

il

se fixe à

la partie la

plus externe

de cette base

et

ne

peut imprimer au pouce qu'un mouvement

latéral, qui

le serre contre

les

autres

doigts. .

r

Le

long

fléchisseur propre

du

pouce

manque

chez

l

orang outang

;

il

existe

chez Je chimpanzé et

le

gorille, mais

il

est

moins isolé que chez

l'homme1.

..

,

Quant

au court fléchisseur (fléchisseur perforé, fléchis

seur

e

la seconde phalange), nous

voyons que

chez

l'homme

il naît tout

entier

du

calcanéum

et

de l'aponévrose

plantaire,

et

ne

reçoit

du fléchisseur profond qu'une expans

ionibreuse ; chez

tous les

singes, y compris

les anthro

poïdes,

il

vient

en partie

du

calcanéum

et

de l'aponévrose

plantaire, en

partie

de

la surface

du fléchisseur

profond.

Les

muscles

interosseux

sont

disposés par rapport au

médius

et

non par rapport au

second doigt,

comme

chez

l'homme.

L'abducteur

du pouce {transversus

pedis),

dont l'absence

avait

été

à

tort

signalée par Tyson, occupe, comme le musc

le

orrespondant de la main, tout

l'angle

qui sépare

les

deux premiers

métatarsiens.

Le

développement de l'éminence

hypothénar

répète

également ce que nous

avons

dit pour

la

main

des

anthro

poïdes.

Tous

les

détails que

nous

venons

d'énumérer nous semb

lent démontrer

que le pied des anthropoïdes est

fait pour

saisir bien plus que pour marcher.

C'est

donc, comme nous

l'avons vu en décrivant le squelette, un

pied

modifié pour

accomplir

les

fonctions

d'une

main,

et

par

conséquent

le

nom de main postérieure peut lui être

appliqué

sans altérer

la vérité.

Nous

passons

aux

organes

de la digestion.

La bouche et

le pharynx n offrent

pas, à

proprement

1 y. Rech.

sur l'an, du trogl.

aubr.

Page 9: Sur Le Transformisme

7/23/2019 Sur Le Transformisme

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ALIX.

DISCUSSION SDR

'LE

TRANSFORMISME. 561

parler,

de différences

anatomiques. Cependant il faut tenir

compte

de* la forme et des dimensions.

Epaisseur

de la

langue,-

aplatissement de

la voûte palatine, inclinaison du

voile

du

palais,

dont le bord

est

aminci, toutes ces circon

stances

sont

loin

d'être favorables

à l'articulation des sons

;

si nous y ajoutons ce que nous

avons

dit

des

lèvres,

on

peut

en

conclure

que ces

animaux

ne

sont pas construits

pour

parler. •.

Les

anthropoïdes

se

rapprochent de l'homme

par

l

bsence

des

abajoues

;

ils s'en éloignent par

les

dimensions

énormes des

glandes parotides.

L'estomac

des

anthropoïdes se

fait

remarquer par la

brièveté

de

la petite

courbure.

L'intestin

est très-long, ces animaux étant frugivores. On

a remarqué depuis

longtemps

l'absence

des valvules

con-

niventes et la

finesse des villosités. Le

gros

intestin

est

moins anfractueux

que

chez

l'homme.

Le cœcutn est vol

umineux; il

se

rapproche de celui de l'homme par la

pré

sence de l'appendice

cœcal,%

nais cet appendice, au

lieu

d'être

latéral,

est

inséré

? ~

.

sommet

du

cœcum.

Le

foie peut être

mo

»d

divisé que celui

de

l'homme,puis-

que nous

avons observé

un chimpanzé où le

lobe

de Spie

gel 'était

pas distinct.

Les organes de la circulation nous offrent un des carac

tères anthropoïdes

les plus remarquables,

c'est la position

inclinée

du cœur;

on doit

y

ajouter, comme

l'a

très-bien

exposé M. Broca, la disposition

des

artères

qui

émanent

de

l'aorte. Mais

faut

-il négliger la grande

amplitude du

ven

tricule

droit, le petit calibre

des

artères

des membres,

par

ti ulièrement

de

-.

l'artère sous-clavière,

le

développement

de l'artère radiale

superficielle, et,

au

membre postérieur,

cette artère saphène

interne

qui

remplace la pédieuse,

ar

tère absente chez l'homme et

présente chez tous

les

autres

mammifères ?

T.

IV (2e SÉRIE). 36

Page 10: Sur Le Transformisme

7/23/2019 Sur Le Transformisme

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562 SÉANCE DU

15

JUILLET 1869.

Pour le poumon, l'absence

d'un quatrième lobe

du pou

mon droit

interposé entre

le

péricarde et

le -diaphragme,

et

qu'on

trouve

chez

les autres singes,

est

un caractère

anthro

poïde rès-remarquable.

Cependant

on

ne

doit pas oublier

la forme

des

poumons,

leur

étroitesse

en

haut,

leur

largeur

en

bas,

qui rappellent

là forme dé la

cage

thoracique.

Le

larynx diffère bien peu

de celui de l'homme sous le

rapport

'de

la

composition ânatomique,

mais il n'en

est pas

de

inertie

pour la

disposition

de ses éléments.

Les

sacs aériens

ne

peuvent certainement pas être

consi

dérés

comme

des organes

surajoutés;

puisque

ce ne

sont

que

des

hernies

des

cavités

qui

chez l'homme constituent

les ventricules

du larynx,

chose qui

devient

encore plus

évidente

lorsqu'on

ne

trouve (comme cela nous

est

arrivé)

qu'un seul de ces

sacs développé.

Mais pourquoi ces

sacs

ri' ont-ils pas la

même

disposition

chez

l'orang,

le

gorille

et

le

chimpanzé

? Pourquoi ces différences

s'il n'y

avait

que

de simples hernies ?

Nous

n'avons

rien à

dire des organes de la sécrétion uri-

naire, ni des

ovaires et

des

testicules. La matrice

diffère

peu

de celle de l'homme ; le

placenta est unilobé

comme

chez

l'homme, an lieu

d'être

bilobé comme

chez

les autres sin

ges

;

c'est une ressemblance que nous

ne

pouvons pas dis

simuler.

Mais en revanche,

les

organes génitaux

externes ou or

ganes

d'accouplement

offrent

des caractères

excessivement

remarquables.

La verge n'offre pas

la même

forme

chez

l'orang,

le

gorille et

le

chimpanzé

*.

1

Elle

est cylindrique

chez

l'orang, filiforme

chez

le chimpanzé,

en

champignon chez

le

gorille.

L'orang

seul a un frein. Tous ont un

os de

la

verge. Nous nous garderons

cependant

de

donner

trop d'importance

à ce

dernier

caractère,

ayant

observé plusieurs fois chez l'homme un

noyau

cartilagineux dans l'épaisseur

du

gland.

Page 11: Sur Le Transformisme

7/23/2019 Sur Le Transformisme

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ALIX.

— DISCUSSION SUR LE TRÀSsiFORMISME 563

Chez un chimpanzé

femelle,

nous

avons

trouvé

que la

structure du vagin était

en

rapport avec celle de la verge. Il

faut

aussi

noter,

chez

la

femelle,

l'absence

du

mont-de-Vé

nus;e' peu de saillie des grandes lèvres; là

réduction

des

petites

lèvres,

l'absence

d'hymen, et surtout

la position te

rminale

de

la

valvule qui est tout à fait

en rapport

avec

coïtus

à

tergo

et la parturition post-ischiatique.

Il nous

reste

encore

à

parler

du système

nerveux. Pour

les

organes

des

sens, nous ne connaissons pas

de

diff

érence

importante.

L'œil

des

anthropoïdes se

rapproche

celui

de l'homme

par l'absence du

muscle

choanoïde. Pour

les

tosses nasales, les cornets

n'offrent

pas plus de compli

cation que

chez l'bomme

; les

sinus seulement

peuvent

être

plus

développés.

L'organe

de Jacobson semble

m an

quer.

Nous arrivons au système nerveux central.

Le

cervelet des anthropoïdes ressemble

certainement à

celui de l'homme

plus

que

celui de

certains

singes

.

Les tubercules mamillaires ne forment qu'une seule

masse,

à peine

divisqe

par un léger silldn ;

c'est un carac

tère

imien.

Quant

au cerveau proprement dit, il

ressemble

à celui

de

l'homme,

comme

celui

de tous

les

singes, par

cette

di

sposition remarquable

qui

a été signalée par Gratiolet et

qui

consiste dans

la

manière

dont la

commissure

antérieure

et

les

nerfs

optiques

s'épanouissent

dàris

les

hémisphères,

disposition

que

Gratiolet

n'a

trouvée

que chez lès primates,

auxquels pour cette

raison il

à

donné lé

nom à?

animaux

lumière 2.

i*V. Graliolel, Anat. comp. dusyst. nerv., p. 93.

2 M. LUys

n'est pas

arrivé

au'

même

résultat. Il pense

que chez l'bomme

et chez

tous les mammifères les nerfs de sensatioa spéciale se térmihen

dans les couches optiques.

Page 12: Sur Le Transformisme

7/23/2019 Sur Le Transformisme

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564 SÉANCE DU 15 JUILLET

1869.

Ce n'est

donc pas dans la structure

du

cerveau, mais

dans sa forme générale

et

dans la

disposition

de ses plis

qu'il

faut

chercher

les

différences.

Chez l'homme,

l extré

miténtérieure du

cerveau

est arrondie ;

la face inférieure

de

cette

extrémité, reposant sur les orbites, est presque

horizontale

et

à peine excavée.

Chez

les

singes,

y

comp

ris

les

anthropoïdes,

cette

dernière

surface

, qui ne re

couvre

que peu

ou

point

les

orbites,

est excavée,

et l e

xtrémité

antérieure du

cerveau

figure

cette pointe

que

M. Garl

Vogt

a désignée sous le nom de

bec

simien. Telle

est

la

différence

la

plus

frappante

que

présente

la

forme

du cerveau, et il

faut

remarquer

que

cette différence porte

sur

les lobes frontaux.

Les circonvolutions

des

anthropoïdes, de même que

celles

des

autres singes, se rattachent à un

type général

qui

leur est

commun avec les

circonvolutions du

cerveau

de l'homme.

Mais

cela n'exclut pas

les

différences, qui

ne

portent pas

seulement

sur le nombre

des

plis,

mais encore

sur

leur

forme. Ainsi le

lobe

de

l'insula n'est pas plissé i

;

les

plis des

lobes

frontaux

et pariétaux sont moins nom

breux

et

moins

sinueux

;

puis il faut ajouter à cela que

les plis

de passage

signalés

par

Gratiolet, entre

le

lobe

pariétal et le lobe occipital sont moins nombreux, et

sur

tout, détail

important,

puisqu'il tient à

la forme,

que chez

le

gorille et

le

chimpanzé

le

lobe occipital

émet

une large

expansion opère ulaire

qui

recouvre le pli de passage

supérieur ; cet

opercule,

qui

manque

chez l'homme,

est

un

caractère

de

macaque

et

de

cynocéphale,

et

il

établit

un

rapport évident entre le

cerveau

de ces singes

et

celui du

gorille

et

du chimpanzé ; chez

l'orang il existe encore,

mais il

a

bien moins

d'étendue,

et par cette

réduction

de

Je

puis

l'affirmer d'après ma

propre observation.

La

face

interne des

lèvres

de la scissure de Sylvius ne

l'est pas

non

plus. Il ne faut

pas

prendre

pour

des sillons

de

simples impressions vascnlaires.

Page 13: Sur Le Transformisme

7/23/2019 Sur Le Transformisme

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ALIX. — DISCUSSION

SUR LE

TRANSFORMISME.

565

l'opercule

le cerveau

de

l'orang

devient moins différent

de celui de l'homme.

J'ai

terminé cette

longue

enumeration. Il

serait

facile

de dresser un tableau de

ces

caractères et de

montrer

qu'il

'y

en

a

qui

sont, communs à l'homme

et

aux anthropoïdes,

qu'il y en a d'autres qui sont communs aux anthropoïdes

et aux autres singes,- et enfin qu'il

y en

a de particuliers

aux

singes

anthropoïdes.

Parmi

les

caractères qui

sont

communs à l'homme et

aux

anthropoïdes, les plus

remarquables

sont

sans

doute

offerts

par

le cœur

et

par les

poumons,

par

la

position

in

clinée

du cœur

et

par l'absence d'un

quatrième

lobe au

poumon

droit ;

les caractères simiens les

plus importants

sont fournis par l'appareil locomoteur et par le cerveau

;

les

caractères

particuliers

aux

anthropoïdes se montrent

surtout dans

les

organes de la

copulation.

Nous

pensons

qu'après avoir

pris connaissance

de ces

faits, s'il est

possible

de

dire

: « L'homme

est

un primate, » il

n'est pas possible de dire «L'homme

est

un

singe,»

et qu'il

est également impossible de dire

: «

Le

gorille (l'orang ou le

chimpanzé) est un homme. »

II y a là deux

limites, une

supérieure,

une

inférieure,

entre

lesquelles

nous pouvons

chercher

la

place

zoologique

du corps humain.

Gomme limite

supérieure, on ne peut

pas le

faire sortir

du groupe

des primates

;

comme

limite

inférieure, on

ne

peut pas

le ranger

dans un

groupe quel

conque

de primates.

Par

conséquent, il

est

impossible de

pousser

l affinité

jusqu au

genre

linnéen

ou

jusqu'à

la

famille,

et

en

cela M. Broca a raison, la

différence

qui

existe

entre

l'homme

et

les singes anthropoïdes

est

au

moins une différence de famille.

Je voudrais quelque chose

de

plus, c'est qu'on ne

rangeât

pas l'homme

dans la même

tribu. Ainsi je trouve au moins une

différence

de

tribu.

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7/23/2019 Sur Le Transformisme

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566 SÉANCE

DU

29

JUILLET

1^69.

Maintenant quel nom donnera-t-on à la division dans l

aquelle

on

doit ranger le genre humain, la famille humaine,

la tribu

humaine

? Je répondrai que

si l'on fait

des pr

imates un

ordre, la tribu

humaine formera un sous-

ordre ;

si l'on fait des

primates,

une sous-classe,

la tribu

humaine formera un

ordre.

En

un

mot, quelles

que

soient

les ressemblances qui

rattachent

l'homme ^ la classe

des mammifères et

à

la

division des

primates en

particulier, l'étude des

carac

tères anatomiques n'autorise pas

à le

confondre avec un

groupe quelconque de ces animaux.

Telle

est,

messieurs, ma conclusion. Mais, au

moment

de quitter la tribune, je m'aperçois que je n'ai pas encore

directement

répondu

à

la propqsition de M.

Daily.

«

II

y a,

dit

M. Daily, moins de

différence

entre l'homme

et un anthropoïde

qu'entre

un anthropoïde et un

singe.

»

Je

dis au contraire qn'ïï

y

a

plus

de différence entre

les

anthropoïdes

et

l'homme

qu'entre les

anthropoïdes

et

les autres singes. Et,

en effet, i\

ressort bien des faits

que

nous

avons étudiés qu'en 4£pit

des

ressemblances

qu'ils

ont

avec

l'homme,

les anthropoïdes

conservent

un certain

nombre de caractères simiens tellement tranchés, qu'on

est

forcé de les

séparer

de l'homme et de reconnaître

en

eux de véritables

singes.

L'un des secrétaires

:

de

ranse.

210e

SÉANCE.

— 29 juillet 48G9.

Présidence de

M.

LAGN EAU.

CORRESPONDANCE.

La Société

a

reçu les ouvrages

suivants :

Mqtér\pux

d'qrchéologje

et d'histoire

pqr

les

archéologues

de