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14 rue Jean Moulin
86240 Fontaine-le-Comte
05 49 88 99 23
LGV SEA TOURS-BORDEAUX
Suivi des populations impactées de Damier de la Succise
Landry, Clérac (17) - 2018
Suivi des populations de Damier de la Succise– avril 2019 juin 2019
2 Poitou-Charentes Nature
Suivi des populations impactées de Damier de la Succise
Landry, Clérac (17) - 2018
Type de rapport :
Rapport de suivi Année 2018
Association(s) intervenante(s) Période d’intervention
Nature Environnement 17 15/05/2018 au 30/05/2018
Responsable(s) expert(s) Autre(s) intervenant(s)
Emilien JOMAT Sophie BALIA
Olivier ROQUES
Coordinateur PCN
Moea LARTIGAU
Destinataire(s) Date de transmission
Marion GOURAUD (LISEA) V1 le 04/04/2019
V2 le 04/06/2019
Suivi des populations de Damier de la Succise – avril 2018
Poitou-Charentes Nature 3
Sommaire
1. Contexte de l’étude ................................................................................................... 4
2. Matériel et méthode .................................................................................................. 5
2.1. Le Damier de la Succise ........................................................................................................ 5
2.2. Le site d’étude ..................................................................................................................... 7
2.3. Protocole de suivi ............................................................................................................... 10
3. Résultats et interprétation ...................................................................................... 13
3.1. Résultats descriptifs ........................................................................................................... 13
3.2. Analyse des déplacements .................................................................................................. 15
4. Conclusion ............................................................................................................... 16
Suivi des populations de Damier de la Succise– avril 2019 juin 2019
4 Poitou-Charentes Nature
Suivi 2018 (dans le cadre de la LGV SEA) Rapport de suivi Année 2018
1. Contexte de l’étude
Dans le cadre de la construction de la LGV SEA Tours-Bordeaux, et en application des arrêtés ministériels et inter-
préfectoraux des 24 février et 21 décembre 2012, portant dérogation à l’interdiction de destruction d’espèces et
d’habitats d’espèces animales protégées et de destruction d’espèces végétales protégées, le maître d’ouvrage est
tenu d’assurer le suivi des mesures environnementales mises en œuvre, ainsi que le suivi des populations et des
habitats d’espèces protégées impactées.
Le suivi des populations impactées de Damier de la Succise s’inscrit dans ce contexte réglementaire et fait partie
intégrante des propositions formulées dans le cadre de la note méthodologique rédigée par l’ensemble des
partenaires inter-régionaux et intitulée « Propositions de suivi des mesures environnementales liées à la construction
et à l’exploitation de la LGV-SEA Tours-Bordeaux » (LPO France, 2015).
La fragmentation des habitats est l’une des principales menaces pour le Damier de la Succise, avec la dégradation de
l’habitat, notamment l’assèchement des zones humides et l’intensification des pratiques agricoles (Merlet et al.,
2012). L’isolation des populations diminue les flux de gènes inter populationnelles. Cette perte de diversité peut être
une cause d’extinction locale. La fragmentation est donc l’un des facteurs les plus importants à prendre en compte
pour la conservation de l’espèce.
L’objectif de ce suivi est d’évaluer la viabilité des populations impactée de Damier de la Succise. Pour
ce faire, la transparence de l’infrastructure pour le Damier de la Succise au niveau de secteurs cibles
(individus connus de part et d’autre de la ligne) sera étudié en quantifiant les individus franchissant
l’infrastructure.
Afin de répondre aux objectifs de ce suivi, un premier site test a été suivi en Charente-Maritime (17) à Clérac en
2018. Par la suite, une réflexion doit être menée sur l’échantillonnage à suivre. Les sites sélectionnés devront remplir
les critères suivants : chaque site abrite une population coupée en deux par la LGV, avec des habitats favorables à
l’espèce de part et d’autre de la ligne.
Suivi des populations de Damier de la Succise – avril 2018
Poitou-Charentes Nature 5
2. Matériel et méthode
2.1. Le Damier de la Succise
2.1.1. Description générale
Le Damier de la Succise (Euphydryas aurinia) est un lépidoptère rhopalocère de la famille des Nymphalidés. Comme
son nom l’indique, les motifs de ce papillon sont organisés selon un damier d’une teinte dominante orange et
marron. Cette espèce se reconnait principalement à la série complète de points noirs dans la bande postdiscale
orange de l’aile postérieure visible sur les deux faces (Lafranchis, 2000).
Les mâles de Damier de la Succise sont légèrement plus petits et présentent des motifs plus contrastés que les
femelles. Comme pour la majorité des papillons, la forme de l’abdomen permet, dans bien des cas, de sexer les
individus rencontrés.
Figure 1 : Damier de la Succise © NE17
2.1.2. Répartition
En France, si le Damier de la Succise est encore relativement répandu, ses populations souvent localisées sont en
régression et tendent à se fragmenter. C’est un papillon qui est devenu rare et localisé en Poitou-Charentes
(Cohendoz & Roques, 2017). Encore bien présent dans la Double saintongeaise, ce secteur semble avoir une
responsabilité particulière pour la conservation de ce paillon, en régression sur tout le reste du territoire picto-
charentais.
Figure 2 : Répartition du Damier de la Succise © Lépi’net (www.lepinet.fr)
Suivi des populations de Damier de la Succise– avril 2019 juin 2019
6 Poitou-Charentes Nature
2.1.3. Habitat
Cette espèce à la particularité de présenter 2 écotypes en Poitou-Charentes. Le plus commun, « aurinia » est présent
sur les mégaphorbiaies, les marges des landes humides, les prairies maigres mésophiles où se développe la Succise
des prés (Succisa pratensis), plante hôte de ce papillon. Le second écotype plus rare, « xeraurinia » se retrouve sur
des pelouses sèches calcicoles et sur des prairies maigres où le Damier utilise la Knautie des champs (Knautia
arvensis) et la Scabieuse colombaire (Scabiosa columbaria) comme plantes hôtes. Cette espèce supporte mal le
pâturage et sera favorisée par des fauches tardives relativement hautes pour préserver les nids de chenilles.
2.1.4. Biologie - écologie
Le Damier de la Succise est une espèce monovoltine (qui ne réalise qu’une seule génération par an). La période de
vole se situe entre la mi-avril et la mi-juillet en Poitou-Charentes avec des variations possibles en fonction des
conditions météorologiques. Les pontes sont déposées par plaques pouvant compter jusqu’à 250 œufs au revers des
feuilles des plantes hôtes. Après l’éclosion, les chenilles vivent groupées dans un nid de soie autour de la plante
nourricière jusqu’à la fin de l’été où elles entrent en diapause. A la fin de l’hivernage, fin mars, les chenilles se
dispersent pour s’alimenter jusqu’à leur métamorphose. Cette espèce est considérée comme une espèce sédentaire
fidèle aux sites d’émergence. Son faible rayon de dispersion la rend particulièrement sensible à la fragmentation de
ses habitats. Le maintien d’un réseau de sites distant de moins d’un kilomètre doit être garanti pour assurer les
échanges et la pérennité de l’espèce (Merlet et al., 2012).
2.1.5. Statuts de protection
Le damier de la Succise est une espèce présente dans l’Annexe IV de la Directive Habitat au niveau européen, ce qui
lui donne le statut d’espèce à strictement protéger. Elle fait également l’objet d’une protection nationale. En Poitou -
Charentes, l’espèce est considérée comme déterminante ZNIEFF (Poitou-Charentes Nature, 2018) ainsi que
Vulnérable (VU) dans la liste rouge régionale.
Suivi des populations de Damier de la Succise – avril 2018
Poitou-Charentes Nature 7
2.2. Le site d’étude
Le site étudié est une population historique de Damier de la Succise, identifié lors du dossier de demande de
dérogation à l’interdiction de destruction d’espèces protégées, qui a été traversée par la Ligne à Grande Vitesse entre
le PK 269 et 270 (Figure 4). La population de Damiers se répartissait sur les accotements d’une petite route
communale au niveau du lieu-dit Landry sur la commune de Clérac. Le paysage proche de la population suivie est
majoritairement dominé par les plantations de Pin maritime très peu attractives pour les Damiers, en mosaïque avec
quelques prairies mésophyles à mésohygrophyles.
Les 2 parties de la route historiques qui n’ont pas subis de travaux de terrassement se retrouvent désormais distant
de plus de 500m de part et d’autre de la LGV. Des habitats ouverts et/ou de lisières, pouvant favoriser le
déplacement des individus, sont présents de part et d’autre de la ligne séparés par l’emprise de la LGV.
Sur ce tronçon, la ligne est située sur remblais pour laisser passer la route départementale 145 par un ouvrage
inférieur. Les deux secteurs favorables sont donc séparés par un talus de quelques mètres de haut.
Afin de délimiter précisément la zone d’étude, un premier passage sur le terrain a été effectué le 5 avril. Les zones
d’habitats favorables ont été relevées et les secteurs de capture ont été définis. Les habitats présents sur ce secteur
correspondent :
- à l’est de la ligne, aux accotements de la route communale en direction de Clérac, les zones d’emprises prairiales
de la LGV ainsi que des secteurs de prairies mesohygrophiles de fauches à proximité des habitations du lieu-dit
Landry.
- à l’ouest de la ligne, également aux accotements de la même route communale (continue avant travaux), les
zones de lisères de coupes forestières ainsi que les zones d’emprises prairiales de la LGV.
Photo 1 : Stations de suivi - à gauche : secteur ouest ; à droite : secteur est
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8 Poitou-Charentes Nature
Figure 3 : Localisation du secteur d’étude
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Figure 4 : Point d’intérêt écologique Damier de la Succise (Dossier de dérogation espèces protégées)
Suivi des populations de Damier de la Succise– avril 2019 juin 2019
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2.3. Protocole de suivi
2.3.1. Principe
Afin de répondre à la question posée sur les capacités de l’espèce à franchir la ligne à grande vitesse, un protocole
par capture, marquage et recapture (CMR) a été utilisé. Les individus capturés de part et d’autre de la ligne ont été
identifiés par un marquage coloré distinctif. Les individus capturés sur la zone ouest ont été signalés par un
marquage vert alors que les individus capturés sur la zone sud ont été marqués à l’aide de la couleur rouge. Les
individus marqués peuvent ainsi être suivis tout au long de leur période de vol à l’occasion de recapture. Les
recaptures nous permettent d’identifier les potentiels échanges entre les secteurs suivis.
Le marquage permet de connaitre la zone de provenance de l’individu mais également de reconnaître
individuellement chacun des papillons marqués selon un code unique. Ces codes sont basés sur la position de points
sous les ailes des papillons réalisés à l’aide de marqueurs inertes et indélébiles. L’aile gauche du papillon accueille 8
points différents correspondant aux valeurs des unités et des dizaines alors que l’aile droite accueille 4 points
différents, correspondant aux centaines. Chaque individu se voit attribué un numéro qui correspond à la
somme des valeurs des points marqués. La combinaison des points des centaines, des dizaines et des unités
permet de numéroter les individus capturés sur chaque secteur jusqu’à 1599.
Figure 5 : Localisation des points de marquages
Figure 6 : Individu n°88 marqué sur la zone ouest (vert) © NE17
Suivi des populations de Damier de la Succise – avril 2018
Poitou-Charentes Nature 11
2.3.2. Mise en œuvre
Le protocole est basé sur deux périodes de CMR de 5 jours consécutifs espacés d’un weekend durant la période de
vol des imagos. En raison des conditions météorologiques difficiles durant la période d’étude, l’effort de CMR s’est
déroulé sur 3 périodes du 15 au 18 mai, du 22 au 25 mai et du 29 au 30 mai. Chaque journée est divisée en deux
session à raison d’une par demi-journée. Pour simplifier l’écriture, les sessions secondaires ont été codifiées de la
façon suivante :
Tableau 1: Codification des différentes sessions de CMR
Code session Jour Période
A1 15/05/2018 Matin A2 15/05/2018 Après-midi B1 16/05/2018 Matin B2 16/05/2018 Après-midi C1 17/05/2018 Matin D1 18/05/2018 Matin D2 18/05/2018 Après-midi E1 22/05/2018 Matin E2 22/05/2018 Après-midi F1 23/05/2018 Matin F2 23/05/2018 Après-midi G1 24/05/2018 Matin G2 24/05/2018 Après-midi H1 25/05/2018 Matin H2 25/05/2018 Après-midi I1 29/05/2018 Matin I2 29/05/2018 Après-midi J1 30/05/2018 Matin J2 30/05/2018 Après-midi
La recherche des papillons se fait de façon simultanée par deux observateurs de part et d’autre de la ligne. Pendant
une durée renseignée, les deux observateurs évoluent de manière aléatoire sur un des secteurs géographiques en
capturant l’ensemble des Damiers qu’ils observent à l’aide d’un filet à papillon. En fonction du nombre d’individus
capturés en simultanés, les imagos sont soit marqués juste après la capture (en cas de faible densité) soit stockés
dans la poche du filet pour optimiser la capture des individus et marqué a posteriori. Les individus capturés sont
alors soit marqués soit contrôlés après avoir été sexés lorsque les critères de dimorphisme le permettent. Une fiche
de terrain permet de retranscrire les informations recueillis, à savoir :
Date de la session
Heure de début et de fin de session
Conditions météorologiques
Secteur d’étude
Observateurs
Numéro d’individu
Marquage ou Contrôle
Sexe
Remarques
Suivi des populations de Damier de la Succise– avril 2019 juin 2019
12 Poitou-Charentes Nature
L’analyse des données passe par la création d’une matrice d’historique de captures pour chacun des 2 secteurs, au
sein de laquelle les lignes correspondent à un individu, les colonnes à une session de CMR.
Tableau 2: Extrait de la matrice d’historique de capture des individus du secteur ouest et est
IND-SESSION A1 A2 B1 B2 C1 D1 D2 E1 E2 F1 F2 G1 G2 H1 H2 I1 I2 J1 J2
O1 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 O2 1 0 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 O3 1 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 O4 1 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 O5 1 1 1 1 0 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 O6 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 O7 1 0 1 0 0 0 0 0 0 0 1 1 1 0 0 1 1 1 0 O8 1 1 1 0 0 0 0 0 0 0 1 1 0 0 0 0 0 0 0 O9 0 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
O10 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 O11 0 1 1 1 0 0 0 1 0 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 O12 0 1 0 0 1 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 O13 0 1 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 O14 0 1 1 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 O15 0 1 1 1 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 O16 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 O17 0 0 1 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 O18 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 O19 0 0 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 1 0 1 0 O20 0 0 1 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 O21 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 O22 0 0 1 0 1 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 (…) E22 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0
Suivi des populations de Damier de la Succise – avril 2018
Poitou-Charentes Nature 13
3. Résultats et interprétation
3.1. Résultats descriptifs
Le suivi a généré 317 captures au total, à raison de 46 sur le secteur est et 271 sur le secteur ouest. Elles
concernent 149 individus différents (22 capturés pour la première fois sur le secteur est, 127 sur le secteur ouest),
dont 85 ont été recapturés au moins une fois durant les 19 sessions secondaires. En moyenne, les individus
recapturés l’ont été 2,13 fois, avec un maximum de 8 fois.
Figure 7 : Graphique du nombre de captures et recaptures par session
Le nombre maximal de captures est noté le 24 juin (sessions G2) avec 39 individus différents capturés lors de cette
session (Figure 7). Les faibles taux de captures lors des sessions E2 et H1 sont à attribuer à de mauvaises conditions
météorologiques qui ont interrompus les sessions de captures. Ces 2 valeurs extrêmes sont des biais qui ne sont pas
à considérer comme des évolutions dans les taux de captures sur les populations de Damier de la Succise étudiées.
Nous pouvons remarquer que le nombre de capture reste globalement stable sur les 15 jours que couvre ce suivi
avec des fluctuations principalement liées aux conditions météorologiques qui conditionnent les comportements de
vol de cette espèce. Le taux de recapture est lui en légère hausse au fils des sessions (Figure 8), minoritaire lors de
la première semaine d’étude, il devient rapidement majoritaire, dès la seconde semaine, au bout de 8 sous-sessions
de capture. De plus, après les interruptions de la pression de capture de 3 jours entre les sessions D2 – E1 et H2 –
I1, les proportions d’individus déjà marqués ne montrent pas de diminution contrairement aux attentes. En effet,
entre deux sessions espacées de 3 jours nous nous attendons à avoir une proportion plus importante d’individus
marqués qui ont pu mourir ou migrer vers d’autres milieux, alors que de nouveaux imagos ont pu émerger.
La proportion importante de recapture dans le nombre d’individus capturés et la tendance stable du taux de
recapture malgré les différentes pressions de marquage, tendent à montrer que les individus sont fidèles à leur site
et que les phénomènes de migrations sont restreints sur ces populations. De plus, les résultats semblent indiquer
qu’une part importante de la population ait été capturée lors de suivi.
Suivi des populations de Damier de la Succise– avril 2019 juin 2019
14 Poitou-Charentes Nature
Figure 8 : Evolution du taux de recapture au cours des sessions de CMR
En dehors des individus recapturés au cours de la même journée, la durée moyenne maximale entre 2 captures est
de 4,7 jours (Figure 9). Cette valeur semble importante et montre un taux de survie élevé chez les imagos de Damier
de la Succise sur les sites étudiés. Il n’y a pas de variation notable de ce paramètre de survie des imagos entre les
secteurs. Deux individus ont été recapturés à 14 jours d’intervalle, cette durée étant la plus longue enregistrée au
cours de la période de suivi.
Figure 9 : Nombre de jours séparant les captures les plus distantes d’un même individu
Suivi des populations de Damier de la Succise – avril 2018
Poitou-Charentes Nature 15
3.2. Analyse des déplacements
L’ensemble des individus observés durant ces 19 sessions de captures étaient localisés en dehors de la zone
d’emprise de la LGV SEA. Tous étaient cantonnés sur le linéaire de bord de route aux extrémités des deux secteurs
d’études, qui n’ont pas subi de réaménagements. Par ailleurs, la Succise des prés n’est plus présente que sur ses
deux parties de la zone d’étude. Les deux populations identifiées de part et d’autre de la ligne sont aujourd ’hui
distantes d’environ 500m (Figure 10).
Il existe une forte hétérogénéité dans la taille des deux populations suivies, le secteur ouest ayant fait l’objet de plus
de 6 fois plus de captures (273 captures pour le secteur ouest contre 44 à l’est).
Parmi les 168 recaptures réalisées durant le suivi, 166 l’ont été sur le secteur d’origine des individus (sur lequel ils
ont été capturés pour la première fois). Seul un individu recapturé à 2 reprises (0,01%) plaide pour une relative
transparence de la ligne pour le Damier de la Succise. Il s’agit d’un mâle (S10) marqué sur le secteur est le 23 mai
puis recontrôlé le 25 et le 29 mai sur le secteur ouest.
Figure 10 : Proportion d’individus ayant traversé la LGV SEA (en bleu : nouvelles captures / en rouge : recaptures sur le secteur d’origine / en vert : recaptures sur un secteur différent de celui d’origine)
Ce taux très faible de franchissement ne permet pas de statuer quant à la transparence de la LGV SEA même si les
chiffres plaident pour un effet barrière important.
Les différentes études documentées ont pu montrer que les adultes sont généralement assez sédentaires avec des
déplacements individuels souvent inférieurs à 750 m. Cependant, il est possible de considérer que le rayon de
dispersion est de l’ordre de 1 à 2 km (Merlet et al., 2012). Les mâles de cette espèce sont connus pour être plus
mobiles que les femelles qui ne s’éloignent rarement des plantes hôtes (Betzholtz et al., 2007). Le très faible taux de
traversée (1 individus sur les 149 suivis) entre les deux secteurs suivis, pourtant dans le rayon de déplacement
moyen connue pour cette espèce, tend à montrer un effet barrière important.
Suivi des populations de Damier de la Succise– avril 2019 juin 2019
16 Poitou-Charentes Nature
La réduction importante de la surface d’habitat favorable sur les accotements du secteur est peut influencer le
nombre d’individus émigrant à la recherche d’un habitat plus favorable (Bowler & Benton, 2005). En effet, la densité
de pieds de Succise des prés retrouvées sur le secteur Est semble difficilement viable à long terme pour la
conservation de cette population de Damier et peut expliquer le déplacement unilatéral observé.
La publication de Simon (2007) indique que les structures paysagères, telles que les lisières et les haies influencent
les déplacements en créant des barrières qui semblent plus facile à suivre qu’à traverser pour ces papillons. Il est ici
possible que le talus de la LGV agisse comme une lisière que les imagos la suivent en ne la traversant que
difficilement.
4. Conclusion
L’analyse descriptivedes résultats de 2018 traduit un déséquilibre important entre le secteur ouest, sur lequel évolue
une proportion importante des individus capturés, et le secteur est, où 6 fois moins d’individus ont été capturés.
Cependant, le taux de recapture fort sur les deux secteurs et des durées de vies observées élevées (14 jours
maximum) semblent montrer une forte fidélité au site d’origine et un taux de recrutement relativement faible.
L’ensemble des individus ont été capturés uniquement sur les accotements de la route communale (formant une
seule population avant travaux, d’après l’étude impact) évitant les secteurs de l’emprise réaménagée de la ligne. Les
deux populations sont alors distantes d’environ 500m. Un seul individu sur les 149 capturé a traversé la ligne du
secteur est vers l’ouest. Ce faible taux de traversés plaide pour un effet barrière marqué de la LGV. Il n’est cependant
pas possible de statuer quant à la transparence de la LGV SEA.
La poursuite de ce suivi semble importante pour évaluer la transparence de la ligne sur un pas de temps plus long
ainsi que pour apprécier l’état de conservation de la population à l’est de la ligne, réduite à une surface d’habitat
favorable très faible.
Suivi des populations de Damier de la Succise – avril 2018
Poitou-Charentes Nature 17
Bibliographie
BETZHOLTZ P.-E., EHRIG A., LINDEBORG M. & DINNÉTZ P. (2007). Food plant density, patch isolation and vegetation
height determine occurrence in a Swedish metapopulation of the marsh fritillary Euphydryas aurinia (Rottemburg,
1775). Journal of Insect Conservation. Numéro 11. Pages 343-350.
BOWLER D. E. & BENTON T. G. (2005). Causes and consequences of animal dispersal strategies: relating
bahaviour to spatial dynamics. Biological Reviews. Numéro 80. Pages 205-225.
COHENDOZ S. & ROQUES O. (Nature Environnement 17), Damier de la Succise. In Poitou-Charentes Nature
(Coord), 2017. Papillons de jour du Poitou-Charentes. Deux-Sèvres Nature Environnement, Charente Nature,
Vienne Nature, Nature Environnement 17 et le Muséum d’histoire Naturelle de La Rochelle.
LAFRANCHIS T. (2000). Les Papillons de jour de France, Belgique et Luxembourg et leurs chenilles. Biotope,
Mèze, Collection Parthénope, 448 pages.
MERLET F., HOUARD X. & DUPONT P. (2012). Synthèse bibliographique sur les traits de vie du damier
de la Succise (Euphydryas aurinia aurinia (Rottemburg, 1775)) relatifs à ses déplacements et à ses besoins
de continuités écologiques. Office pour les insectes et leur environnement & Service du patrimoine naturel du
Muséum national d’Histoire naturelle. Paris. 7 pages.
SIMON A. (2007). Suivi des populations d’Euphydryas aurinia sur pelouses calcicoles. Rapport de stage M2,
Conservatoire des Sites Naturels de Haute-Normandie, Université de Rouen. 73 pages.