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2 Sommaire Les trois questions et autres contes de Léon Tolstoï, traduits par E. Halpérine-Kaminsky et illustrés par Clémence Meynet. p. 75 LA PETITE FABRIQUE Des expériences pour s’interroger, une brioche russe pour se régaler ! p. 64 TÉTRAS-DÉLIRE Mathémagie, tests et jeux qui posent question. p. 52 L’AS-TU LU ? L’AS-TU BIEN LU ? p. 56 DIS-M’EN PLUS Ton dossier pour répondre à toutes tes questions sur la Russie et la philosophie. À pleines pages p. 3 À PLEINES PAGES Les trois questions et autres contes de Léon Tolstoï traduits par E. Halpérine-Kaminsky et illustrés par Clémence Meynet. Prenez un tsar, un juge, des savants, un ermite, des paysans, une source, un cheval, des oies… Mélangez… Qu’en sortira-t-il ? p. 90 LIRE ET SORTIR Des pistes de lecture pour aller plus loin, des idées de sorties pour de nouvelles découvertes. p. 82 DU MONDE ENTIER La bonne question Un conte à réfléchir illustré par Sylvie Pélissier.

Sommaire À pleines pages · 77 Les trois questions U n roi pensa, une fois, que s’il savait toujours le moment où il faut com-mencer chaque œuvre, s’il savait avec quelles

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Sommaire

Les trois questions et autres contes

de Léon Tolstoï, traduits par E. Halpérine-Kaminsky et illustrés par Clémence Meynet.

p. 75LA PETITE FABRIQUE Des expériences pour s’interroger, une brioche russe pour se régaler !

p. 64TÉTRAS-DÉLIREMathémagie, tests et jeux qui posent question.

p. 52L’AS-TU LU ? L’AS-TU BIEN LU ?

p. 56 DIS-M’EN PLUS

Ton dossier pour répondre à toutes tes questions sur la Russie et la philosophie.

À pleines pages

p. 3À PLEINES PAGESLes trois questions et autres contes

de Léon Tolstoï traduits par E. Halpérine-Kaminsky et illustrés par Clémence Meynet.

Prenez un tsar, un juge, des savants, un ermite, des paysans, une source, un cheval, des oies… Mélangez… Qu’en sortira-t-il ?

p. 90 LIRE ET SORTIRDes pistes de lecture pour aller plus loin, des idées de sorties pour de nouvelles découvertes.

p. 82DU MONDE ENTIERLa bonne question

Un conte à réfléchir illustré par Sylvie Pélissier.

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Du même auteur tu peux lire : De nombreux contes et histoires vraies écrits

pour l’éducation des enfants de son domaine de Iasnaïa Poliana. Les contes de Tolstoï sont souvent regroupés en recueil avec d’autres contes russes de Pouchkine et Gogol.

Un insatisfait à la recherche de la perfection Léon Tolstoï appartient à une noble famille russe. Il naît en 1828 dans le domaine familial de Iasnaïa Poliana, au sud de Moscou. Après ses études, il revient à la propriété et tente d’améliorer la vie des pay-sans qui y vivent, sans y parvenir. Dès cette époque, il cherche à donner un sens à sa vie et pense le trouver en s’engageant dans l’armée. Le succès de ses premiers écrits lui permet d’abandonner son poste d’officier et de se consacrer à la littérature. Le roman Guerre et Paix lui assure une gloire internationale, mais ce pavé de 1600 pages lui a demandé presque 10 ans de travail acharné ! Écrivain infatigable, il produit aussi bien de grands romans que de petits

textes philosophiques, avant de se détourner de la littérature au soir de sa vie. Souhaitant vivre une vie de pauvreté selon l’exemple du Christ, il part sur les routes le jour de ses 80 ans et meurt de maladie quelques jours plus tard, dans une petite gare de campagne.

Tolstoï philosophe et pédagogueEn 1861, le servage est aboli par le tsar (voir dossier p. 56-57) et Tolstoï qui rentre d’un long voyage en Europe trouve son domaine sens dessus dessous. Il décide d’œuvrer pour l’éducation des paysans et crée une école populaire à Iasnaïa Poliana. Il y teste des méthodes nouvelles d’apprentissage, lais-sant les enfants découvrir par eux-mêmes le plus possible de connaissances. Il estime que les enfants doivent apprendre la vérité, c’est-à-dire non pas les choses telles qu’elles sont, mais telles qu’elles devraient être.

L’AUTEUR

LéonTolstoï

Contes et fables

L’ŒUVRE

Une joyeuse deviseTolstoï avait l’habitude de dire à ceux qui se plaignaient de leur sort : « Vous voulez être heureux ? Soyez-le ! » Il montrait ainsi qu’on est souvent heureux sans le savoir, simplement parce qu’on est persuadé de ne pas avoir tout ce qu’on désire.

À pleines pages

+

Contes, récits et fables

né en 1828, mort en 1910

Guerre et paix

ses œuvres complètes comptent 80 volumes !

+

Des contes éducatifsLa plupart des contes que tu vas lire ont été écrits par Tolstoï dans un but éducatif. Ils figurent dans des livres de lecture, mais ne servent pas seulement à apprendre à lire : ce sont de petites leçons de vie. Tolstoï cherche, à travers chaque conte, à changer le regard de son lecteur sur une situation de la vie quotidienne. Ces textes s’adressent avant tout aux enfants du peuple, c’est pourquoi il y est beaucoup question de pauvreté, d’injustice, de méfiance. Mais ces sujets sont l’occasion de découvrir la vraie richesse, la vraie justice, la vraie confiance en l’avenir.

Des questions sur le sens de la vieChaque conte ou fable de Tolstoï pose une question philoso-phique. Dans Les trois questions, le roi se demande comment bien agir, comment être certain de bien agir. Dans Les richesses que Dieu donne à l’homme et Un riche pauvre, il s’agit de sa-voir si l’argent fait le bonheur. Le juge habile et Comment le moujik partagea l’oie sont deux contes qui posent la question de la justice et de l’équité. Dans La source, les personnages s’interrogent sur le sens de la vie. Dans Le Tsar et la chemise, Tolstoï aborde la question du bonheur et se demande s’il est possible de l’atteindre. Enfin, la fable Le soleil et le vent soulève la question du Bien. Ces questions, qui semblent sans réponse au premier abord, sont toujours résolues dans la chute (la fin) du conte, souvent avec humour.

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Russie

« Ce n’est pas l’homme qui regarde à ses pieds qui découvrira la vérité, mais celui qui suit sa route, en prenant pour guide le soleil. » Préface aux Contes et Fables

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Les trois questions

U n roi pensa, une fois, que s’il savait

toujours le moment où il faut com-

mencer chaque œuvre, s’il savait avec

quelles gens il faut travailler, avec qui il ne le

faut pas, et, principalement, s’il savait toujours

quelle affaire est la plus importante, alors il n’au-

rait jamais d’ennuis. Après avoir réfléchi, le roi

fit savoir dans tout son royaume qu’il donnerait

une grande récompense à celui qui lui apprendrait

comment savoir le temps opportun pour chaque

affaire, quelles sont les gens les plus nécessaires

Les trois questions

Œuvre : action, travail.

Le temps opportun : le bon moment.

Stérile (ici) : inutile, qui n’aboutit à rien.

et comment ne pas se tromper dans le choix de

l’œuvre la plus importante de toutes.

Et des savants commencèrent à venir pour ré-

pondre à ces différentes questions.

À la première question les uns disaient que pour

connaître le temps opportun pour chaque affaire il

faut se tracer d’avance l’emploi du temps, du mois,

de l’année et le suivre strictement. C’est seulement

alors, disaient-ils, que chaque chose se fait en son

temps.

Les autres disaient qu’on ne peut décider d’avance

quelle chose il faut faire en tel temps, mais qu’il ne

faut pas s’oublier dans des amusements stériles et

être toujours attentif à ce qui arrive, et alors faire

ce qu’exige le moment.

Strictement : rigoureusement, absolument.

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L ’émir d’Alger, Baouakas, voulut se rendre

compte par lui-même si l’on n’exagérait

pas, en lui affirmant que dans une ville

de la province se trouvait un juge d’une habileté

extraordinaire qui reconnaissait infailliblement la

vérité au point que pas un fripon ne pouvait lui

donner le change.

Baouakas se déguisa donc en marchand, et se

rendit dans la ville où habitait le juge. À l’entrée de

Le juge habile

Émir : chef ou prince musulman.Alger : capitale de l’Algérie.

Infailliblement : sans jamais se tromper.Donner le change : abuser quelqu’un, lui faire prendre une chose pour une autre.

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Le juge habileLe juge habile

La foule se formait autour d’eux ; on écoutait

leur discussion.

– Allez chez le juge ! leur criait-on, il vous mettra

d’accord.

Baouakas et le mendiant se rendirent donc chez

le juge.

La foule se pressait au tribunal ; le juge appelait

à tour de rôle tous ceux qu’il devait juger.

Avant que le tour de l’émir vint, le juge appela

devant lui un savant et un moujik. Tous deux se

disputaient à propos d’une femme.

Le moujik affirmait que c’était sa femme, et le

savant prétendait que c’était la sienne.

Le juge, après les avoir entendus, garda un instant

le silence, puis il dit :

– Laissez la femme chez moi, et vous, revenez

demain.

cette ville, un estropié s’approcha de l’émir et lui

demanda l’aumône. Baouakas lui donna quelque

chose et allait continuer sa route, lorsque l’estropié

le saisit par les vêtements.

– Que veux-tu ? lui demanda l’émir, est-ce que je

ne t’ai pas fait l’aumône ?

– Tu m’as bien fait l’aumône, reprit le mendiant,

mais fais-moi encore la grâce de m’emmener sur ton

cheval jusqu’à la place de la ville, car les chameaux

et les chevaux pourraient m’écraser.

Baouakas prit en croupe le mendiant, et ils ar-

rivèrent ainsi sur la place. Là, il arrêta son cheval,

mais le mendiant ne descendit pas.

– Pourquoi restes-tu là ? lui demanda l’émir, des-

cends, nous sommes arrivés.

– Et pourquoi descendrais-je ? reprit le mendiant,

ce cheval est à moi. Si tu ne veux pas me le laisser

de plein gré, allons trouver le juge.

Estropié : qui a perdu l’usage d’un bras ou d’une jambe, infirme.

Prendre quelqu’un en croupe :à cheval, prendre quelqu’un derrière soi.

De plein gré : volontairement.

Tribunal : cour de justice.

Moujik (mot russe) : paysan.

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Le soleil et le vent

L e soleil et le vent se prirent de querelle,

chacun d’eux se prétendant le plus fort.

La discussion fut longue, car ni l’un ni

l’autre ne voulut céder. Ils virent un cavalier sur la

route et décidèrent d’es-

sayer, sur lui, leurs

forces.

– Regarde, disait le vent, je n’ai qu’à me jeter sur

lui pour déchirer ses vêtements.

Et il commença à souffler de toutes ses forces.

Plus le vent faisait d’effort, plus le cavalier serrait

son kaftan ; il grognait contre le vent ; mais il allait

plus loin, toujours plus loin.

Le vent se fâcha, déchaîna sur le voyageur pluie

et neige ; mais celui-ci s’entoura de sa ceinture et

ne s’arrêta pas.

Le vent comprit qu’il n’arriverait pas à lui arracher

son kaftan. Le soleil sourit, se montra entre deux

nuages, sécha et réchauffa la terre, et le pauvre

cavalier, qui se réjouissait de cette douce

chaleur, ôta son kaftan et le mit sous lui.

– Vois-tu, dit alors le soleil au vent

malveillant, avec le bien on obtient

plus qu’avec le mal.

Kaftan : longue tunique ouverte.

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CONSIGNE

Alexis, Vladimir, Olga et Nicolas forment un quatuor russe traditionnel.

À l’aide des indices, rends à chacun son instrument.

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CONSIGNE

Le barine aime interroger ses moujiks :

- qui élève des oies ? 15 moujiks s’avancent.

- qui possède des poules ? 13 moujiks se lèvent.

- qui a des oies et des poules ? 7 moujiks hochent la tête.

- qui n’a ni oie ni poule ? 9 moujiks s’avancent.

Combien y a-t-il de moujiks sur les domaines du barine ?

QUI EST-CE ? OIE OU POULE ?2 3

Nicolas a un frère et une sœur dans ce quatuor et il joue de l’instrument à

cordes le plus gros.

Vladimir est celui qui ne joue pas d’un

instrument à cordes.

Alexis est un cousin de la personne qui joue de la

domra. Celui qui joue de la balalaïka est le frère

d’Olga et du joueur de baïane.Astuce !

Pour t’aider, tu peux faire un tableau dans lequel tu coches les réponses au fur et à

mesure :

Astuce !Pour t’aider, tu peux faire un

« diagramme de Venn »

Vladimir Olga

domrabalalaïka

violonbaïane

Nicolas

moujiks ayant

seulement des oies

moujiks ayant

seulement des poules

moujiks ayant oieset poules

moujiks sans oie ni poule

= tous les moujiks

baïane violondomrabalalaïka