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Amériques Chili Publié le 5 janvier 2010 Fermer la fenêtre Chili Plusieurs agressions, parfois violentes, de journalistes par les forces de l’ordre au cours de manifestations ont marqué le début de présidence de Michelle Bachelet, qui a dû intervenir personnellement pour les condamner. La dernière en date est celle qui a coûté l’usage d’un œil à Víctor Salas, photographe de l’agence espagnole EFE, après la charge d’un carabinier à cheval, en mai 2008 à Valparaíso. L’esprit de corps des militaires a retardé de deux mois l’élucidation de cette affaire. L’épisode n’est évidemment pas anodin dans un pays toujours travaillé par le souvenir de la dictature militaire (1973-1990), après le décès du général Pinochet en 2006. Les exactions commises à cette époque restent un sujet sensible pour la presse. La situation des indigènes mapuches, au sud du pays, en est un autre. En 2008, à moins de deux mois d’intervalle, deux documentaristes français et deux cinéastes italiens travaillant sur ce sujet ont été brièvement incarcérés au prétexte fallacieux d’ « activités terroristes » avant leur expulsion du pays. L’intérêt de la documentariste chilienne Elena Varela pour la question Mapuche semble avoir joué en sa défaveur, dans la procédure judiciaire qui la vise pour une affaire de droit commun. Moins exposée à des problèmes de sécurité que dans d’autres pays de la région, la presse chilienne souffre d’abord d’une concentration excessive des médias aux mains de deux principaux groupes de communication, Copesa et El Mercurio. Chaque année, l’État injecte pour l’un et l’autre l’équivalent de 5 millions de dollars d’annonces officielles, au détriment des médias indépendants. Les stations communautaires disposent de peu de marge dans un espace radiophonique détenu à plus de 60 % par le groupe espagnol Prisa. En janvier 2006, une proposition de loi élaborée par l’Association nationale des radios communautaires et citoyennes du Chili (Anarcich), a été présentée à l’ancien président Ricardo Lagos, lequel s’était engagé à la transmettre au Congrès. C’est chose faite avec Michelle Bachelet depuis octobre 2007, mais le texte attend toujours son examen et son vote. Reporters sans frontières défend les journalistes emprisonnés et la liberté de la presse dans le monde. L'organisation compte neuf sections nationales (Allemagne, Autriche, Belgique, Canada, Espagne, France, Italie, Suède et Suisse), des représentations à New York et Washington, et plus de 130 correspondants dans le monde. © Reporters sans frontières - 47 rue vivienne - 75002 Paris - France

Situación de la prensa - Chile

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Amériques Chili

Publié le 5 janvier 2010

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ChiliPlusieurs agressions, parfois violentes, de journalistes par les forces de l’ordre au cours de manifestations ont marqué le début de présidence de MichelleBachelet, qui a dû intervenir personnellement pour les condamner. La dernière en date est celle qui a coûté l’usage d’un œil à Víctor Salas, photographede l’agence espagnole EFE, après la charge d’un carabinier à cheval, en mai 2008 à Valparaíso. L’esprit de corps des militaires a retardé de deux moisl’élucidation de cette affaire. L’épisode n’est évidemment pas anodin dans un pays toujours travaillé par le souvenir de la dictature militaire (1973-1990),après le décès du général Pinochet en 2006. Les exactions commises à cette époque restent un sujet sensible pour la presse. La situation des indigènesmapuches, au sud du pays, en est un autre. En 2008, à moins de deux mois d’intervalle, deux documentaristes français et deux cinéastes italiens travaillantsur ce sujet ont été brièvement incarcérés au prétexte fallacieux d’ « activités terroristes » avant leur expulsion du pays. L’intérêt de la documentaristechilienne Elena Varela pour la question Mapuche semble avoir joué en sa défaveur, dans la procédure judiciaire qui la vise pour une affaire de droitcommun. Moins exposée à des problèmes de sécurité que dans d’autres pays de la région, la presse chilienne souffre d’abord d’une concentration excessivedes médias aux mains de deux principaux groupes de communication, Copesa et El Mercurio. Chaque année, l’État injecte pour l’un et l’autre l’équivalent de5 millions de dollars d’annonces officielles, au détriment des médias indépendants. Les stations communautaires disposent de peu de marge dans un espaceradiophonique détenu à plus de 60 % par le groupe espagnol Prisa. En janvier 2006, une proposition de loi élaborée par l’Association nationale des radioscommunautaires et citoyennes du Chili (Anarcich), a été présentée à l’ancien président Ricardo Lagos, lequel s’était engagé à la transmettre au Congrès.C’est chose faite avec Michelle Bachelet depuis octobre 2007, mais le texte attend toujours son examen et son vote.

Reporters sans frontières défend les journalistes emprisonnés et la liberté de la presse dans le monde. L'organisation compte neuf sections nationales (Allemagne, Autriche, Belgique, Canada,Espagne, France, Italie, Suède et Suisse), des représentations à New York et Washington, et plus de 130 correspondants dans le monde.

© Reporters sans frontières - 47 rue vivienne - 75002 Paris - France