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_________________________________________________________________________ 380, Av. du Pr. Joseph KI-ZERBO 01 B.P. 543 OUAGADOUGOU 01- BURKINA FASO Tél. : (226) 50 31 88 73 à 76 Fax : (226) 25 31 88 72 Email : [email protected] Sites Internet : www.uemoa.int et www.izf.net UNION ECONOMIQUE ET MONETAIRE OUEST AFRICAINE ------------------------- La Commission -------------- Programme Communautaire Décennal de Transformation de l’Agriculture pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle dans l’espace UEMOA (PCD-TASAN) 2016 - 2025 Janvier 2016 Environnement Approprié des Affaires et d’Investissements Agricoles

Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle dans PCD-TASAN... · Email : [email protected] Sites Internet : et UNION ECONOMIQUE ET MONETAIRE OUEST AFRICAINE ----- La Commission -----

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_________________________________________________________________________ 380, Av. du Pr. Joseph KI-ZERBO 01 B.P. 543 OUAGADOUGOU 01- BURKINA FASO – Tél. : (226) 50 31 88 73 à 76 – Fax : (226) 25 31 88 72

Email : [email protected] Sites Internet : www.uemoa.int et www.izf.net

UNION ECONOMIQUE ET MONETAIRE OUEST AFRICAINE ------------------------- La Commission --------------

Programme Communautaire Décennal de

Transformation de l’Agriculture pour la

Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle dans

l’espace UEMOA

(PCD-TASAN)

2016 - 2025

Janvier 2016

Environnement

Approprié des

Affaires et

d’Investissements

Agricoles

ii

AVANT-PROPOS

Face aux crises alimentaires récurrentes et de plus en plus aigües qui secouent la

région, les Hautes Instances de l’Union ont pris la mesure des enjeux et mis en

place, en décembre 2011, le « Comité de Haut Niveau sur la Sécurité Alimentaire

dans l’espace UEMOA » (CHN-SA). Présidé par Son Excellence Issoufou

MAHAMADOU, Président de la République du Niger, ce Comité a adopté, en juin

2012, le document portant sur la « Situation de l’agriculture de l’Union et

perspectives pour la réalisation de la sécurité alimentaire et du développement

agricole durable ».

C’est pour opérationnaliser les orientations formulées dans ce document que le

CHN-SA a adopté, en mars 2015, le Programme Communautaire Décennal de

Transformation de l’Agriculture pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (PCD-

TASAN).

Le Programme Communautaire Décennal se veut un cadre de programmation de

référence des interventions de l’Union dans le secteur agricole et de la sécurité

alimentaire pour dix années (2016-2025).

En effet, élaboré de manière inclusive et avec l’appui technique de la FAO, le PCD-

TASAN traduit la volonté des Etats membres, des partenaires et des acteurs

professionnels agricoles d’engager une transformation durable de l’agriculture pour

soutenir la croissance économique et améliorer les revenus des acteurs

professionnels ainsi que la sécurité alimentaire de la région.

Le PCD-TASAN prône une philosophie d’intervention bâtie sur la promotion des

chaînes de valeurs agricoles rompant avec les interventions isolées et segmentées

menées jusque-là. La démarche prévoit un ensemble cohérent d’investissements

pour agréger les acteurs des filières agricoles et développer des pôles de

croissance. La démarche d’agrégation privilégiera un partenariat bénéfique pour les

acteurs concernés où les exploitations agricoles familiales seront organisées et

appuyées en vue de garantir leur accès équitable et durable aux marchés des

intrants, des services et des produits. Toute cette dynamique sera soutenue par un

environnement incitatif créé pour faciliter les investissements et l’accès aux crédits

des exploitations agricoles familiales. Il est également prévu d’assainir le cadre

règlementaire et institutionnel de gestion des intrants et de promotion de la sécurité

sanitaire et phytosanitaire.

Je suis persuadé que ce choix de l’Union permettra d’accroître considérablement les

productions alimentaires nécessaires à couvrir les besoins alimentaires internes et

de venir à bout de la pauvreté rurale à travers l’accroissement des revenus agricoles.

La Commission de l’UEMOA a déjà entamé la mise en œuvre de ce cadre de

programmation de référence, à travers les programmes et projets lancés au titre de

ses Politiques sectorielles pertinentes.

iii

J’exhorte et invite les partenaires de l’Union, les Organisations

Intergouvernementales et les acteurs professionnels agricoles de la région à se

mobiliser pour une appropriation des démarches innovantes ainsi promues, dans la

perspective d’une prise en charge durable des problématiques de faim et de

pauvreté auxquelles est confrontée la région.

Ainsi, je suis convaincu que notre région sera au rendez-vous, dans les années à

venir, pour nourrir sa population sans cesse croissante et vivant de plus en plus en

milieu urbain !

Cheikhe Hadjibou SOUMARE

________________________

4

TABLE DES MATIERES

A. LE CONTEXTE STRATÉGIQUE ....................................................................................................... 15

A1. LA SITUATION ECONOMIQUE RECENTE DE L’UNION ........................................................................... 15

A.2 LA SITUATION DU DEVELOPPEMENT AGRICOLE ET DE LA SECURITE ALIMENTAIRE ET

NUTRITIONNELLE .............................................................................................................................................. 17

A.2.1 Situation de l’agriculture de l’Union ......................................................................................... 17

A.2.2 La situation de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle ........................................................ 19 A.2.3 Le point sur les politiques agricoles et environnementales et les interventions de la

Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) dans l’agriculture .......................................... 20

A.2.4 Le point sur les défis du secteur agricole dans l’UEMOA .................................................... 22

A.3 ANALYSE CRITIQUE DES POLITIQUES ET STRATEGIES MISES EN ŒUVRE .......................................... 23

A.3.1 Revue des interventions pour la promotion des filières agricoles ....................................... 23

A.3.2 Revue des interventions visant à rendre l’environnement favorable pour les affaires dans

le secteur .................................................................................................................................................... 27 A.3.3 Revue des interventions relatives à la lutte contre l’insécurité alimentaire et la

malnutrition dans l’Espace UEMOA, au niveau régional et continental............................................ 28

A.4 RATIONALITE DU PCD-TASAN ......................................................................................................... 29

A.4.1 Un nouveau paradigme qui repose sur la promotion des filières agricoles ....................... 30 A.4.2 Dans le domaine de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et de la résilience des

populations ................................................................................................................................................. 33

B. BUT ET OBJECTIF GENERAL DU PCD-TASAN ........................................................................... 33

B.1 BUT DU PCD-TASAN ....................................................................................................................... 33

B.2 OBJECTIFS DU PCD-TASAN ............................................................................................................ 33

B.3 LES BENEFICIAIRES DU PCD-TASAN ............................................................................................... 34

B.4 LES INDICATEURS DE RESULTATS DU PCD-TASAN ........................................................................ 35

C. LA STRATEGIE DE MISE EN ŒUVRE DU PCD-TASAN .............................................................. 35

C.1 LA STRATÉGIE GLOBALE .................................................................................................................... 35

C.2 LA MISE EN ŒUVRE DES NEUF (09) AXES DU LIVRE BLANC DANS LE PCD-TASAN ......................... 36

C4. LE PHASAGE DE LA MISE EN ŒUVRE .................................................................................................. 41

D. LES PROGRAMMES DU PCD-TASAN ........................................................................................... 43

D.1. PROGRAMME 1 – CREATION D’UN ENVIRONNEMENT APPROPRIE POUR LE DEVELOPPEMENT ET LA

PROMOTION DES AFFAIRES ET DES INVESTISSEMENTS DANS LE SECTEUR AGRICOLE (ENVIRON 200

MILLIARDS FCFA) ............................................................................................................................................ 43

D.1.1 Projet 1.1 – Amélioration de la sécurité sanitaire des végétaux, des animaux et des

aliments dans l’Espace UEMOA ............................................................................................................. 44 D.1.2 Projet 1.2 – Amélioration de la gestion des intrants agricoles (pesticides, médicaments

vétérinaires, semences végétales, animales et halieutiques, engrais et autres) ............................ 45

D.1.3 Projet 1.3 – Infrastructures routières pour les pôles de croissance agricole ..................... 48

D.1.4 Projet 1.4 – Aménagements hydroagricoles et infrastructures pour les pôles de

croissance et le développement des filières végétales, animales et halieutiques. ......................... 49

D.1.5 Projet 1.5 – Promotion de la sécurité foncière au sein de l’UEMOA .................................. 50

D.2. PROGRAMME 2– AMELIORATION DE LA PRODUCTIVITE ET DYNAMISATION DES FILIERES VEGETALES,

ANIMALES ET HALIEUTIQUES (ENVIRON 399,389 MILLIARDS FCFA) .............................................................. 51

D.2.1 Projet 2.1 – Facilitation des investissements et promotion de l’entreprenariat agricoles 52 D.2.2 Projet 2.2 – Développement des filières végétales, animales et halieutiques et promotion

de modèles agrégation des exploitants agricoles familiaux ............................................................... 55

D.2.3 Projet 2.3 – Formation et professionnalisation des exploitants agricoles familiaux ......... 62

5

D.2.4 Projet 2.4 – Développement des systèmes d’engrais, de semences végétales, animales

et halieutiques, et autres intrants............................................................................................................ 63

D.3. PROGRAMME 3 – PRESERVATION ET GESTION DURABLE DES RESSOURCES NATURELLES POUR UNE

AGRICULTURE PLUS PRODUCTIVE (ENVIRON 10,150 MILLIARDS FCFA) ........................................................ 65 D.3.1 Projet 3.1 – Développement des systèmes de paiement pour services environnementaux

66

D.3.2 Projet 3.2 – Promotion des techniques d’adaptation aux changements climatiques ....... 68

D.4. PROGRAMME 4 – REDUCTION STRUCTURELLE ET DURABLE DE LA VULNERABILITE ALIMENTAIRE ET

NUTRITIONNELLE (ENVIRON 74,937 MILLIARDS FCFA) .................................................................................. 69

D.4.1 Projet 4.1 – Appui à la mise en œuvre des Priorités Résilience dans l’UEMOA .............. 70 D.4.2 Projet 4.2 – Renforcement des capacités en matière de couverture des besoins

alimentaires et nutritionnels d’urgence et d’enrichissement des aliments ....................................... 72 D.4.3 Projet 4.3 - Promotion des mécanismes de protection sociale et de droit à l’alimentation

73

D.4.4 Projet 4.4 – Amélioration de l’accès à l’eau potable dans les États Membres .................. 75

D.4.5 Projet 4.5 – Gouvernance de la sécurité alimentaire et nutritionnelle ................................ 76

D.1. PROGRAMME 5 – COORDINATION DE LA MISE EN ŒUVRE DU PCD-TASAN (ENVIRON 5,140

MILLIARDS FCFA) ............................................................................................................................................ 77

D.5.1 Projet 5.1 –Gestion et coordination du PDC-TASAN. ........................................................... 77

E. LES ARRANGEMENTS POUR LA MISE EN ŒUVRE ................................................................... 78

E.1. LES ARRANGEMENTS POUR LA COORDINATION ................................................................................. 78

E.2. LES ARRANGEMENTS POUR LE PILOTAGE .......................................................................................... 80

E.3. PARTENARIAT POUR LA MISE EN ŒUVRE ........................................................................................... 81

E.4 LES ARRANGEMENTS POUR LE SUIVI-EVALUATION ............................................................................ 81

E.5 LA GESTION FIDUCIAIRE ..................................................................................................................... 89

F. LE BUDGET ........................................................................................................................................ 89

G. LA DURABILITE ET LES ASPECTS ENVIRONNEMENTAUX ..................................................... 90

H. LES PRINCIPAUX RISQUES ET LES MESURES DE MITIGATION ............................................ 91

H. VISIBILITÉ ET COMMUNICATION .................................................................................................. 94

6

Liste des abréviations

ATA Agriculture Transformation Agenda

ADRU Agropole le Développement Rural et Urbain

AGA Agence de Gestion des Agropoles

AGIR Alliance Globale pour la Résilience

APE Accord de Partenariat Economique

APV Autorisation Provisoire de Vente

ARAA Agence Régionale pour l’Agriculture et l’Alimentation

BAB Bilan Alimentaire Brut

BAN Bilan Alimentaire Net

BIDC Banque pour l’Investissement pour le Développement de la

Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest

BPA Banque de Projets d’Agrégation

BOAD Banque Ouest Africaine de Développement

CA Conseil d’Administration

C-ACTA Coordination de l’ACTA

CBMT Cadre Budgétaire à Moyen Terme

CC Chambre de Commerce

CEDEAO Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest

CHNSA Comité de Haut Niveau pour la Sécurité Alimentaire

CILSS Comité Permanent Inter-Etats de Lutte Contre la Sécheresse au

Sahel

CIPV Convention Internationale sur la Protection des Végétaux

CORAF Conseil Ouest et Centre Africain pour la Recherche et le

Développement Agricoles

COSTAB Costing Table

CREU Comité Régional des Engrais de l’Union

CREVU Catalogue Régional des Espèces et Variétés Végétales de l’Union

CRMV Comité Régional des Médicaments Vétérinaires

CROS Comité Régional d’Orientation et de Suivi

CRSS Comité Régional de Sécurité Sanitaire

CRPU Comité Régional des Pesticides de l’Union

CRSU Comité Régional des Semences de l’Union

CTIC Comité Technique Interne de Coordination

DAO Dossier d’Appel d’Offre

DIAPER Diagnostic Permanent

DRC Direction de la Réglementation et du Contrôle

DRMP Direction des Ressources Minérales et du Pétrole

DSAF Département des Services Administratif et Financiers

DSAME Département de la Sécurité Alimentaire, de l’Agriculture, des Mines

et de l’Environnement

7

DPP Dialogue Public Privé

EAA Entreprises Agricoles et Agro-Alimentaires

EAF Exploitations Agricoles Familiales

ECOWAP Politique Agricole de la CEDEAO

ESA Évaluation de la Sécurité Alimentaire

ESOP Entreprise de Service et Organisation Paysanne

FAGACE Fonds Africain de Garanti et de Coopération Économique

FAIR Fonds d’Aide à l’Intégration Régionale

FAO Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture

FCFA Francs de la Communauté Financière Africaine

FNDA Fonds National de Développement Agricole

FRDA Fonds Régional de Développement Agricole

GIE Groupement d’Intérêt Economique

IFDC International Fertilizer Development Center

IFND Institutions Financières Nationales de Développement

IFU Incitations Financières de l’Union

IMF Institutions de Micro Finance

NEPAD Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique

NIRSAL Nigerian Incentive-based Risk Sharing for Agricultural Lending

OCDE Organisation pour la Coopération et le Développement Economique

OIE Office International des Epizooties

OMC Organisation Mondiale du Commerce

OP Organisation des Producteurs

OPA Organisation Professionnelle Agricole

ORFAO Observatoire Régional du Foncier (rural) en Afrique de l’Ouest

PASR-AO Programme d’Action Sous Régional de Lutte contre la désertification

de l’Afrique de l’Ouest et du Tchad

PAU Politique Agricole de l’Union

PCA Pole de Croissance Agricole

PCAE Politique Commune d’Amélioration de l’Environnement

PCD-TASAN Programme Communautaire Décennal de Transformation de

l’Agriculture pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle

PDDAA Programme Détaillé de Développement de l’Agriculture en Afrique

PDMAS Programme de Développement des Marchés Agricoles au Sénégal

PER Programme Économique Régional

PFNL Produits Forestiers Non Ligneux

PIA Programme d’Investissement Annuel

PIB Produit Intérieur Brut

PIPA Programme d’Investissement Public-Privé des Agropoles

PNIA Programme National d’Investissement Agricole

PD Plan de Décaissement

PPCB Péri Pneumonie Contagieuse Bovine

8

PPM Plan de Passation de Marché

PPP Partenariat Public Privé

PRIA Programme Régional d’Investissement Agricole

PRP Priorités Résilience Pays

PREPARE Projet de Pré-Positionnement pour Assurer Accès Prévisible et

Résilience

PSE Paiement pour Services Environnementaux

PTBA Programme de Travail et Budget Annuel

PTF Partenaires Techniques et Financiers

RPCA Réseau de Prévention des Crises Alimentaires

ROPPA Réseau des Organisations Paysannes et des Producteurs de

l’Afrique de l’Ouest

SAKSS Système National d’Analyse Stratégique et de Gestion des

Connaissances

SAP Système d’Alerte Précoce

SEN-ACTA Secrétariat Exécutif National de l’ACTA

SER-ACTA Secrétariat Exécutif Régional de l’ACTA

SIAGRO Société Industrielle Agroalimentaire

SIAR Système d’Information Agricole Régional

SIM Système d’Information sur les Marchés

SIPSE Système Informatisé de Planification et Suivi-Évaluation

SISA Systèmes d’Information sur la Sécurité Alimentaire

SOAC Système Ouest Africain d’Accréditation

SOCAS Société de Conserves Alimentaires

UE Union Européenne

UEMOA Union Économique et Monétaire Ouest Africaine

USD Dollar des États Unis d’Amérique

9

Résumé

1. Ce document présente le Programme Communautaire Décennal de

Transformation de l’Agriculture pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (PCD-

TASAN) de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), pour la

période 2016-2025. L’UEMOA regroupe 8 États Membres, à savoir : le Bénin, le

Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le

Togo. Le PCD-TASAN est le cadre de programmation décennale des interventions

de l’Union dans le domaine de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et du

développement agricole durable. Il est conçu pour traduire en actions concrètes la

Politique Agricole de l’Union (PAU), adoptée par l’Acte Additionnel Nº 03/2001.

2. Le processus de formulation de ce cadre programmatique a été marqué par

une large consultation avec les acteurs : (i) consultations continues avec les

Départements au sein de la Commission ; (ii) visite des huit (8) États Membres et

dialogue avec des acteurs des secteurs public et privé, ainsi que des représentants

des organisations paysannes et de la société civile ; (iii) concertations avec les

organisations régionales sœurs, notamment la Communauté Économique des États

de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et le Comité Inter-État de Lutte Contre la

Sécheresse dans le Sahel (CILSS) ; (iv) validation du projet de rapport de

formulation par le Comité de Haut Niveau pour la Sécurité Alimentaire (CHNSA), au

cours de sa cinquième (5ième) réunion tenue à Niamey du 17 au 23 mars 2015.

3. Les orientations du PCD-TASAN dérivent des engagements pris par les

Réunions des Ministres, la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement, ainsi

que le CHNSA. Elles reposent sur les leçons tirées de la revue des politiques et

stratégies mises en œuvre pour le développement de l’agriculture et la sécurité

alimentaire et nutritionnelle dans l’espace UEMOA et ailleurs dans le monde.

4. Le PCD-TASAN s’inscrit en parfaite harmonie avec les objectifs visés dans le

cadre de la Politique Agricole de l’Union (PAU), mais aussi du Programme Détaillé

de Développement de l’Agriculture en Afrique (PDDAA), de la Politique Agricole

(ECOWAP) et du Programme Régional d’Investissements Agricoles (PRIA) de la

CEDEAO, ainsi que des Programmes Nationaux d’Investissements Agricoles (PNIA)

des États Membres. Il est conçu pour compléter et renforcer, dans l’espace UEMOA,

les efforts de développement déjà solidairement entrepris à l’échelle de la CEDEAO.

5. Le principal vecteur de la transformation de l’Agriculture sera le développement

des filières agricoles (végétales, animales et halieutiques), à travers la promotion de

l’agrégation des exploitations agricoles familiales (EAF)1 par des agrégateurs qui

peuvent être des entreprises agricoles et agroalimentaires (EAA), des organisations

des producteurs (OP), des coopératives, des groupements d’intérêt économiques

(GIE), des commerçants, des fournisseurs d’intrants… L’agrégation agricole repose

sur un partenariat volontaire et mutuellement bénéfique entre ces acteurs de la

1Agriculteurs, éleveurs, pêcheurs

10

filière. L’expérience a montré que cette démarche est la plus à même de conduire de

façon effective, à la professionnalisation des EAF, à l’augmentation de leur

productivité et de leurs revenus, ainsi qu’à l’amélioration du niveau de transformation

des produits agricoles. C’est pourquoi, la Commission et les États Membres, en

collaboration avec les OP et les associations du secteur privé et de la société civile,

travailleront à mettre en place et à renforcer les mécanismes de coordination et de

promotion du développement des filières aux échelles nationale et régionale. Dans le

contexte agro-écologique particulier de l’espace UEMOA (notamment en zones

soudanienne, soudano-sahélienne et sahélienne), il est nécessaire d’accompagner le

développement des filières par des technologies d’adaptation aux changements

climatiques et de gestion rationnelle des ressources naturelles en général. Par

ailleurs, la Commission poursuivra et renforcera, en collaboration avec les États

Membres, les actions visant à rendre l’environnement des affaires plus favorable

pour les investissements des opérateurs agricoles (EAA, EAF et autres). Enfin, étant

donné que l’insécurité alimentaire et nutritionnelle demeure un problème majeur

dans l’espace UEMOA, la Commission, en collaboration avec les États Membres, la

CEDEAO, le CILSS et les autres partenaires, facilitera la consolidation et le

renforcement des acquis, ainsi que des initiatives novatrices en matière de sécurité

alimentaire et nutritionnelle, de gestion et prévention des crises, de promotion du

droit à l’alimentation et d’amélioration de la résilience des populations.

6. But et objectif de développement –Le but du PCD-TASAN est le même que

l’objectif de la PAU. Il s’agit de « contribuer durablement à la satisfaction des besoins

alimentaires et nutritionnels de la population, au développement économique et

social des États Membres, et à la réduction de la pauvreté ». L’objectif de

développement est d’améliorer le niveau de couverture des besoins alimentaires et

nutritionnels par les productions nationales, de réduire la proportion de la population

de l’espace communautaire dans l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, et

d’améliorer le revenu des opérateurs agricoles (EAF, commerçants, transformateurs,

EAA…) dans les États Membres.

7. Sur le plan stratégique, et conformément aux recommandations de la

Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de juin 2012, la mise en œuvre du

PCD-TASAN repose sur les 9 axes du Livre Blanc2, à savoir : (1) la maitrise de

l’eau ; (2) l’accroissement des productions agro-sylvo-pastorales ; (3) l’accès aux

marchés sous régional et international ; (4) les instruments régionaux de gestion de

la sécurité alimentaire; (5) l’amélioration de l’état nutritionnel ; (6) la réforme du cadre

institutionnel ; (7) la recherche agricole et le transfert des technologies ; (8) le

renforcement des capacités ; et (9) le financement de l’agriculture. Les actions

requises pour concrétiser la mise en œuvre de chacun de ces axes au profit des

2 Livre Blanc: Appellation donnée au document intitulé « Rapport sur la situation de l’agriculture de l’union et perspectives

pour la réalisation de la sécurité alimentaire et du développement agricole durable »adopté en juin 2012 par la 16ème Session

de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA).

11

populations vulnérables ont été formulées et seront concrétisées à travers 5

programmes opérationnels.

8. Le programme opérationnel 1 porte sur la création d’un environnement

approprié pour le développement et la promotion des affaires et des investissements

dans le secteur agricole. En collaboration avec les États Membres et avec les autres

acteurs concernés, la Commission travaillera à renforcer les acquis en facilitant

l’amélioration de la prestation de services dans les domaines ci-après : (i) la sécurité

sanitaire des végétaux, des animaux et des aliments ; (ii) la gestion des intrants

agricoles (pesticides, médicaments vétérinaires, semences végétales et animales,

engrais, provende…) ; (iii) les infrastructures routières pour les pôles de

croissance agricole ; (iv) les infrastructures de développement des filières végétales,

animales et halieutiques, pour les pôles de croissance agricole ; (v) la sécurité

foncière au sein de l’UEMOA.

9. Le programme opérationnel 2 l porte sur l’amélioration de la productivité et la

dynamisation des filières végétales (Sous-programme 2.1), animales (Sous-

programme 2.2) et halieutiques (Sous-programme 2.3). Sa mise en œuvre devrait

contribuer de façon substantielle à l’amélioration de la sécurité alimentaire et

nutritionnelle, à la réduction de la pauvreté et à la croissance économique. Une

première série d’actions commune à ces trois Sous-programmes porte sur la

facilitation des investissements et la promotion de l’entreprenariat agricoles, en

particulier chez les femmes et les jeunes. La Commission incitera les États Membres

à accroitre le volume3 et surtout à améliorer la qualité des dépenses publiques

agricoles, de façon à permettre aux opérateurs agricoles (EAF, EAA et autres) de

lever des financements auprès des Banques. Le Fonds Régional de Développement

Agricole (FRDA) sera mis à contribution, et les États Membres seront incités à mettre

en place des mécanismes financiers novateurs. Enfin, les infrastructures de marché

utiles pour le commerce des produits agricoles seront promues. Une deuxième série

d’actions portera sur le développement des filières végétales, animales et

halieutiques, notamment à travers la promotion des modèles d’agrégation des EAF.

Les bonnes pratiques dans ce domaine seront capitalisées et diffusées, et les

capacités des acteurs renforcées. Dès le démarrage, des opérations modèles

d’agrégation des EAF au sein des filières prioritaires (semences, riz et autres

céréales, légumineuses, fruits et légumes, poisson, lait et viande, volaille et œufs,

poisson…) seront promues, dans le cadre de la mise en œuvre des Programmes

Nationaux d’Investissements Agricoles (PNIA). Le renforcement des capacités des

acteurs et la mise en œuvre de ces opérations modèles d’agrégation agricole,

permettront de faciliter l’adoption progressive par les États Membres, de dispositifs

juridiques, organisationnels, techniques, et financiers adaptés à leurs contextes

particuliers, puis de mettre à l’échelle l’agrégation des EAF et le développement des

filières végétales, animales et halieutiques. Une troisième série d’actions portera sur

3 A un niveau au moins égal à la déclaration de Maputo de 2003, d’allouer au moins 10% des ressources budgétaires au

secteur agricole et alimentaire

12

la formation et la professionnalisation des exploitants agricoles familiaux

(agriculteurs, éleveurs et pêcheurs), à travers les projets d’agrégation agricole. Enfin,

la Commission facilitera le développement de systèmes visant à améliorer l’accès

des EAF à des semences et engrais de qualité, à des coûts abordables, sans

perturber les marchés.

10. Le programme opérationnel 3 porte sur la préservation et la gestion durable

des ressources naturelles (sol, eau végétation…). Les actions seront mises en

œuvre en complémentarité avec le développement des filières et l’agrégation des

EAF (Programme 2). La Commission appuiera les acteurs dans les États Membres, à

développer des Systèmes de Paiements pour Services Environnementaux (PSE), en

s’inspirant des expériences réussies en Afrique et ailleurs. Elle facilitera aussi l’accès

des EAF aux technologies d’adaptation aux changements climatiques.

11. Le programme opérationnel 4 porte sur la gestion des crises alimentaires et

nutritionnelles et l’amélioration de la résilience des populations vulnérables. Pour une

large partie, il sera mis en œuvre à travers l’Alliance Globale pour la Résilience au

Sahel et en Afrique de l’Ouest (AGIR). La Commission fournira un appui aux États

Membres pour la mise en œuvre de leurs Priorités Résilience Pays (PRP-AGIR). Elle

renforcera les capacités des États Membres à couvrir les besoins en aides

alimentaires. Elle promouvra les cantines scolaires, ainsi que l’hydraulique

villageoise, et facilitera les investissements et la gouvernance de la sécurité

alimentaire et nutritionnelle en renforçant la synergie et l’efficacité de mise en œuvre

des interventions structurelles et conjoncturelles en la matière, dans l’Espace

UEMOA. Elle soutiendra aussi l’amélioration de la protection sociale des

communautés et ménages vulnérables.

12. Enfin, le programme opérationnel 5 porte sur les arrangements institutionnels

ainsi que les actions requises pour le pilotage, la coordination de la mise en œuvre,

et la gestion fiduciaire du PCD-TASAN.

13. Les coûts totaux du programme sur une période d’exécution de 10 ans, y

compris les imprévus physiques et financiers, s’élèvent à 757.904.900.700 FCFA. Le

cout de base est de 690.127.455.100 FCFA. La répartition des coûts par programme

se présente comme suit :

Programme 1 – Création d’un environnement approprié pour le développement

et la promotion des affaires et des investissements dans le secteur agricole,

pour 200.509.828.100 FCFA, soit 29% ;

Programme 2 – Amélioration de la productivité et dynamisation des filières

agricoles, pour 399.389.951.100 FCFA, soit 58%;

Programme 3 – Préservation et gestion durable des ressources naturelles pour

une agriculture plus productives, pour 10.150.391.000 FCFA, soit 1%;

Programme 4 – Réduction structurelle et durable de la vulnérabilité alimentaire

et nutritionnelle, pour 74.937.143.900 FCFA, soit 11%;

13

Programme 5 – Coordination et suivi-évaluation du PCD-TASAN pour

5.140.241.000 FCFA, soit moins de 1%.

La contribution de la Commission au financement du PCD-TASAN s’élèverait à

443.329.010.018 FCFA. Les contributions attendues des Etats Membres s’élèvent à

169.743.178.700 FCFA sur les 10 ans. Un montant de 77.055.266.381 FCFA

resterait à mobiliser.

14. De façon spécifique, les ressources du programme 2 couvriront les trois

secteurs agriculture, élevage et halieutique. La répartition des ressources du

programme évaluées à 399.389.851.100 FCFA a été estimée comme suit : (i) filière

végétale, 43% soit environ 173 Milliards FCFA ; (ii) filière animale, 26% soit environ

106 Milliards FCFA et ; (iii) filière halieutique, 30%% soit 120 milliards FCFA.

15. Les ressources de la Commission seront orientées prioritairement vers les

activités visant l’impulsion, la coordination et l’harmonisation règlementaire, pour être

en phase avec ses missions. Il s’agit essentiellement (i) des activités d’amélioration

des conditions et des cadres pour la promotion des filières y compris les cadres

réglementaires; (ii) le cofinancement avec les EM des infrastructures d’appui aux

filières ; (iii) la facilitation de l’accès des acteurs aux financements par les

mécanismes financiers du FRDA, complétés par ceux des EM; (iv) l’appui aux EM

pour l’amélioration de la résilience des populations et, (v) l’appui à la coordination

des activités.

16. Stratégie globale. Le développement des filières agricoles (à travers la

promotion de l’agrégation agricole – Programme 2), mais aussi l’amélioration du

climat des affaires dans le secteur (Programme 1), et la gestion durable des

ressources naturelles (Programme 3) constituent les principaux vecteurs du PCD-

TASAN. Les actions visant à améliorer la gestion des crises alimentaires et

nutritionnelles, ainsi que la résilience des populations (Programme 4) viennent en

complément. En effet, les organisations des producteurs actifs dans les filières

offrent de bons créneaux pour promouvoir la diversification de la production, ainsi

que l’éducation nutritionnelle. Les agences en charge de la gestion des stocks

alimentaires de sécurité et des opérations d’urgences pourront nouer des

partenariats commerciaux avec les acteurs des filières. Les couches vulnérables (les

jeunes sans emploi, les femmes, les démunis…) seront privilégiées dans l’accès aux

opportunités, y compris à travers la promotion des filières non conventionnelles (petit

élevage à cycle court, miel, champignons, autres produits forestiers non ligneux…)

qui demandent peu de ressources en terre.

17. Phasage de la mise en œuvre. L’intervention connaitra 3 phases inter liées.

La phase de lancement (ans 1 à 3) conjuguera le renforcement des capacités des

acteurs en matière de développement des filières et d’agrégation agricole, le soutien

à des opérations démonstratives de développement des filières prioritaires (à travers

l’agrégation des EAF), puis progressivement, la mise en place des dispositifs

juridiques, organisationnels, techniques et financiers, requis pour la mise à l’échelle.

Les années 4 et 5 marqueront la phase de croisière, avec le renforcement des

14

opérations de développement des filières, ainsi que la poursuite de

l’institutionnalisation de l’agrégation agricole dans les États Membres et dans l’Union.

Le deuxième quinquennat constituera la phase de mise à l’échelle. Avec

l’achèvement du processus d’institutionnalisation de l’agrégation agricole, cette

troisième phase connaitra la généralisation du développement des filières, et la

poursuite de l’amélioration du climat des affaires dans le secteur. Les actions d’appui

à la mise en œuvre des PRP-AGIR vont démarrer dès la première année, de même

que celles visant à renforcer la constitution et la gestion des stocks alimentaires de

sécurité et à renforcer les mécanismes de prévention et gestion des crises

alimentaires et nutritionnelles. Elles vont s’intensifier au cours des années suivantes.

18. Les arrangements institutionnels proposés pour la mise en œuvre

reposent pour l’essentiel sur des mécanismes existants au sein de la

Commission et prévus pour la mise en œuvre de la PAU. Au niveau régional, le

DSAME sera en charge de la coordination de la mise en œuvre des programmes et

projets du PCD-TASAN. Quatre organes participeront au pilotage du PCD-TASAN :

le Conseil des Ministres, la Commission représentée par son Président, le Comité

Consultatif Régional des Filières Agricoles (CCRFA) de l’UEMOA, ainsi que le

Comité Technique Consultatif du FRDA. Le dispositif de pilotage sera adapté dès

que les organes du Comité de Haut Niveau sur la Sécurité Alimentaire-CHNSA

(Comité de pilotage et suivi et Secrétariat Technique) seront mis en place. Le suivi-

évaluation régional sera internalisé au sein du DSAME (recrutement d’un

responsable de suivi-évaluation, nomination de points focaux dans les directions).

Sur le plan national, la coordination reposera sur les Cellules PNIA des Etats

Membres. Le pilotage sera assuré par les organes existants de pilotage du PNIA, et

les mécanismes de suivi-évaluation seront calqués sur ceux de la PAU.

15

A. LE CONTEXTE STRATÉGIQUE

A1. LA SITUATION ECONOMIQUE RECENTE DE L’UNION

1. L’Espace UEMOA couvre une superficie totale de 3.509.610 km2, avec une

population estimée, en 2013, à 87,7 millions d’habitants, soit une densité de

23,52 habitants/km². Selon les analyses prospectives, cette population atteindra 150

millions d’habitants à l’horizon 2025, soit presque le double. En 2010, environ 40 à

60% de la population vivait en milieu urbain, dans la moitié des États membres

(Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal, Togo). On prévoit qu’en 2025, sur l’ensemble des 8

Etats Membres, plus de 60% de la population vivra en zones urbaines.

2. Sur le plan macroéconomique4, l’année 2011 a été particulièrement difficile

dans l’Espace UEMOA, en raison des conséquences de la crise ivoirienne et de la

sécheresse au Sahel. En 2013, la croissance régionale est restée vigoureuse et

l’inflation modérée ; le taux de croissance régional s’est établi à 5,5 %, après s’être

redressé en 2012, année où il a atteint 6,6 %, contre 1,2 % en 2011. Cette

performance tient à la reprise de l’économie ivoirienne après la crise, aux efforts

d’investissement public, à une bonne récolte dans plusieurs pays, et au démarrage

de la production pétrolière au Niger. La croissance a été particulièrement forte en

Côte d’Ivoire, où elle s’est située à environ 9 %, mais elle a été aussi vigoureuse au

Bénin, au Burkina Faso et au Togo, où elle a dépassé 5 %. L’activité est restée faible

en Guinée-Bissau, et la sécheresse au Sahel a lourdement pesé sur la croissance du

PIB du Mali de l’après-crise. L’inflation régionale s’est repliée à 1,6 % grâce à une

baisse des prix des produits alimentaires.

3. Sur le plan des finances publiques5, en dépit d’une hausse sensible de

l’investissement public en 2013, le déficit budgétaire de la région (dons compris)

s’est stabilisé à environ 3 % du PIB. La composition des dépenses a été modifiée en

faveur des investissements, et les dons ainsi que les recettes fiscales se sont accrus

dans la plupart des pays. Les déficits budgétaires ont reculé dans tous les pays sauf

au Bénin, au Mali et au Niger. Les ratios de la dette publique ont baissé dans tous

les pays, à l’exception du Burkina Faso, du Niger et du Sénégal, et leur moyenne

pour la région a légèrement diminué, s’établissant à environ 39 % du PIB.

4. L'analyse de la situation de la pauvreté réalisée par la Banque Centrale des

États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO)6 en 2012, fait ressortir que le seuil de pauvreté

varie d'un pays à l'autre. Ce seuil correspond au niveau de revenu nécessaire pour

assurer les besoins alimentaires et non alimentaires d'un ménage. Il est calculé à

partir d'un panier de biens alimentaires, auquel s'ajoutent les dépenses en

habillement, en logement, en transport et en énergie, indispensables pour la survie

du ménage. Les dernières données actualisées en 2010 révèlent qu'il est plus faible

4Source : Rapport Evolution de l’environnement international et de la situation économique dans l’UEMOA en 2012 et

perspectives en 2013. BCEAO Janvier 2013 5Source : Rapport Evolution de l’environnement international et de la situation économique dans l’UEMOA en 2012 et

perspectives en 2013. BCEAO Janvier 2013 6Source : Rapport sur la situation de la pauvreté dans les pays de l’UEMOA - BCEAO, 2012

16

au Burkina (109.891 FCFA par an) et plus élevé au Togo (271.057 FCFA). Sur la

base des seuils nationaux de pauvreté, l'incidence de la pauvreté, c'est-à-dire le

nombre de personnes pauvres, est évalué à 49,4% en 2010 dans l'Union. Elle est

plus élevée en Guinée-Bissau (69,3%) et apparaît plus faible au Bénin (35,2%).

Selon l'enquête de suivi de la pauvreté, réalisée en 2011 et publiée en 2012 par

l'Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie, le taux de pauvreté se

situerait à 46,8% en 2011 au Sénégal, en retrait par rapport au taux de 50,8%

enregistré, en moyenne, sur la période 2005-2010. En considérant le seuil de 1,25 $

USD par jour suivi par la Banque Mondiale, le taux de pauvreté serait plus faible

dans l'Union (39,8%). Selon ce critère, la Côte d'Ivoire apparaît alors comme le pays

contenant relativement moins de pauvres (24%) et le Mali, celui dans lequel le taux

de pauvreté est plus élevé (50,0%). Entre 2000 et 2010, le taux de pauvreté a

régressé, dans tous les pays de l'Union, sauf au Bénin et en Guinée-Bissau où il a

progressé. A l'échelle de l'Union, la même tendance est observée, avec un léger repli

de l'incidence de la pauvreté sur la période (1,1%). Les progrès enregistrés sont

relativement lents et ne permettraient pas d'atteindre dans tous les pays, les

Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), et notamment l’OMD1, d'ici

2015. Par ailleurs, l'analyse de la pauvreté dans l'UMOA révèle que le milieu rural

reste le plus touché dans tous les pays, avec des proportions de pauvres variant

entre 38,4% et 75,0%. Les pauvres exercent majoritairement dans le secteur agricole

(agriculture, élevage, pêche et sylviculture), et accessoirement dans le commerce et

l’artisanat.

5. Les perspectives apparaissent plutôt prometteuses7. Grâce à une mise en

œuvre soutenue des réformes, la croissance resterait vigoureuse en 2014 et à

moyen terme. Elle dépasserait 6 %, sous l’effet d’un accroissement sensible des

investissements en Côte d’Ivoire et au Niger et au redressement de la production

agricole au Mali. Cette tendance favorable devrait se poursuivre à moyen terme,

avec une croissance de plus de 5 % dans la plupart des États de l’UEMOA. Une

croissance aussi robuste et durable marquerait un net changement par rapport aux

performances passées. Les projections reposent sur l’hypothèse d’une stabilisation

de la situation politique et sécuritaire et d’un rythme soutenu de réformes et

d’investissements générateurs de croissance. L’inflation resterait modérée, à environ

2 %. Le déficit des transactions courantes baisserait graduellement après 2014, car

les investissements bruts se stabiliseraient à un niveau élevé et commenceraient à

se traduire par une hausse des exportations, stimulant ainsi le revenu et l’épargne.

Le déficit des transactions courantes resterait financé en grande partie par des

entrées de fonds non générateurs d’endettement (IDE et dons).

7 Perspectives économiques des Etats de l’UEMOA en 2013 – BCEAO Janvier 2013

17

A.2 LA SITUATION DU DEVELOPPEMENT AGRICOLE ET DE LA SECURITE ALIMENTAIRE ET

NUTRITIONNELLE

A.2.1 Situation de l’agriculture de l’Union

6. Le secteur agricole est l’un des moteurs de l’économique des pays de

l’Espace UEMOA. Au cours de la décennie passée, il a contribué en moyenne pour

30 % au PIB et a engendré autour de 20% des échanges commerciaux. Il procure en

moyenne près de 60% des recettes d’exportation et approvisionne en matières

premières les autres secteurs de l’économie, notamment l’industrie et l’artisanat. Il

occupe, selon les pays, entre 60 à 85 % de la population active, et constitue la

principale source de revenus de la majorité de la population. Le sous-secteur de

l’élevage représente environ 26,9% du PIB agricole dans la zone UEMOA. Dans les

trois pays du Sahel (Burkina Faso, Mali et Niger) il représente jusqu’à 38,3% du PIB

en moyenne, et 50% si l’on intègre la valeur de la traction animale et de la fumure

organique dans les systèmes mixtes agriculture-élevage. Il contribue de façon

significative à l’amélioration du disponible alimentaire et à la qualité nutritionnelle.

Malgré son importance pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle et comme source

de capital pour les exploitations agricoles familiales, il ne fait pas vraiment l’objet

d’investissements prioritaires. La filière volaille est constituée de deux types

d’aviculture complémentaires. L’aviculture ‘traditionnelle’ qui est pratiquée dans tous

les villages et produit des poulets locaux et l’aviculture ‘moderne’ qui est surtout

implantée dans les centres urbains et périurbains, et qui produit des œufs et de la

viande de poulet de chair. La pêche est devenue en quelques décennies un secteur

clé de l’économie des pays d’Afrique de l’Ouest. Elle représente 17% du PIB de

certains États membres de l’Union. Elle permet de répondre à de nombreuses

préoccupations économiques et sociales telles que la sécurité alimentaire et

nutritionnelle, la lutte contre la pauvreté, le chômage ou encore la rentrée de devises.

Elle fait vivre plus de 7 millions de personnes. Enfin, il convient de mentionner les

produits maraichers (tomate, oignon, ail, gombo, niébé, légumes-feuilles diverses…),

les fruits, et les produits forestiers non ligneux, qui restent négligés dans les

programmes d’investissements publics, malgré leur importance en termes

économiques et dans l’alimentation des ménages. La croissance agricole dans la

zone UEMOA a été d’environ 6,5% au cours des cinq dernières années. Dans

l’ensemble, la production agricole est assurée pour l’essentiel par des exploitations

de type familiale caractérisées par de faibles superficies et des troupeaux de petite

taille, le manque d’accès aux intrants, services (mécanisation, financement, conseil

agricole, transformation…), l’utilisation de mauvaises pratiques agricoles, de récolte,

de manutention et de conservation. La modernisation de ces exploitations constitue

un défi majeur pour la relance de la production et de la productivité agricoles.

7. Régimes alimentaires et modèles de consommation dans l’UEMOA. Dans

l’ensemble, les régimes alimentaires sont très peu diversifiés au niveau de la région,

avec une prédominance des glucides et un faible apport en protéines animales et

micronutriments. Les pays sahéliens dépendent des céréales (maïs, sorgho, riz, mil,

millet) tandis que les pays côtiers dépendent à part égale des racines et tubercules

18

(manioc, igname, patate douce…) et des céréales, ainsi que de la banane plantain.

Les marchés urbains constituent un débouché commercial en croissance pour la

production locale. Ils représentent 60% de la consommation pour le riz, 42% pour le

maïs, au minimum 40% pour les racines et tubercules, 23% pour le sorgho et 19%

pour le millet. Cette croissance des marchés urbains, ainsi que l’émergence d’une

classe moyenne plus exigeante en matière de produits alimentaires de qualité,

constituent désormais un moteur clé pour la croissance des chaines de valeur de

produits alimentaires de base y compris les fruits et légumes. Par ailleurs, dans

certains des États Membres, l’on constate une utilisation croissante des produits tels

que le maïs et le manioc, dans la production animale. Dans l’ensemble, la

consommation des produits animaux requise dans une alimentation quotidienne

équilibrée est loin d’être satisfaite. La demande en produits animaux augmente

rapidement. La demande supplémentaire de viande rouge est estimée à plus de

150.000 tonnes dans les dix (10) prochaines années, ce qui devrait entrainer une

augmentation rapide des prix. Les importations de volaille représentent encore

environ 28% de la consommation totale. L’enjeu principal pour ces filières est

qu’elles puissent répondre à une demande locale en forte croissance, tout en restant

compétitive face à des importations de poulets congelés. La pêche représente

jusqu’à 50% des apports en protéines alimentaires dans certains des États

Membres. La consommation des fruits et légumes reste encore faible.

8. Tendances de la production. L’augmentation de la production des cultures

alimentaires de base, est surtout le résultat de l’extension des superficies. Les

augmentations de la productivité restent en dessous du niveau requis, et la plupart

des rendements de ces cultures restent plutôt bas, comparés à la performance des

pays en développement dans les autres régions du monde. Ainsi, près de 48% de la

consommation de riz est couverte par les importations. De façon générale, même

une augmentation de 20% des niveaux de production de millet et de sorgho, ne sera

pas suffisante pour couvrir la demande croissante. La production des racines et

tubercules a augmenté de façon sensible au cours de 10 dernières années, alors

que celle des oléagineux a diminué d’environ 20%. Les systèmes agropastoraux sont

en expansion, en comparaison avec les systèmes de pastoralisme pur. Les

productions de viande porcine et de volaille ont connu une croissance sensible.

Cependant, la production régionale de viande et de produits laitiers est encore loin

de faire face à la demande croissante.

9. Tendances générales du commerce des produits alimentaires. En 2007-

2008, pour l’Afrique de l’Ouest, la part des importations dans le disponible

alimentaire représentait 100% pour le blé, 93% pour le sucre, 47% pour le riz blanc,

39% pour le lait et les produits laitiers, 26% pour les huiles alimentaires, 20% pour

les céréales. Les importations de riz dans l’Espace UEMOA ont continué à croitre au

cours des 10 dernières années. Quant aux ressources halieutiques, les importations

ont connu une tendance haussière depuis 2004 et représentent plus 50% des

produits halieutiques consommés dans l’espace UEMOA. La région pourrait être

autosuffisante en maïs, les pays sahéliens s’approvisionnant auprès des pays

19

côtiers. De plus en plus, elle dépend des importations de volaille et de poisson, pour

satisfaire la demande (notamment urbaine) croissante. Le commerce intra régional

du bétail reste trop faible, comparé à son potentiel, et celui de la viande est

inexistant. Dans l’ensemble, en raison de la faiblesse des capacités agro-

industrielles, les États membres dépendent des importations, malgré leur potentialité

et leur avantage comparatif. Par ailleurs, les pays enclavés importent beaucoup

depuis les pays côtiers, ce qui souligne la nécessité de faciliter les échanges

intracommunautaires. En effet, ces échanges ont connu en 2012, une hausse (en

valeur monétaire) de 30,6% par rapport à leur niveau de 2011. Ils sont passés de

20,6 milliards de FCFA en 2011 à 26,9 milliards de FCFA en 2012 (Commission

UEMOA, Centre statistique – UAPC, 2014). Les exportations ont apporté en devises

399 millions de dollars EU en 2000 et 420 millions de dollars EU en 2009. Les

destinations principales sont l’Italie (20%), l’Espagne (16%), la France (14%) et le

Cameroun (5%) (FAOSTAT, 2010). Au cours des 3 dernières décennies, l’UEMOA a

considérablement réduit sa participation au commerce mondial. Celle-ci représente

aujourd’hui moins de 1% pour la quasi-totalité des filières agroindustrielles. Pour plus

de 80%, l’importante production de matières premières dans l’Union, fait l’objet d’un

commerce à l’état brut.

A.2.2 La situation de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle

10. L’insécurité alimentaire demeure un problème dans l’Espace UEMOA, avec

plus de 44% de la population (notamment les petits exploitants familiaux et les

femmes qui constituent les groupes les plus vulnérables) en insécurité alimentaire8.

Plusieurs pays de l’espace sont pleinement situés en zone sahélienne et d’autres en

zone soudano-sahélienne ou soudanienne, zones marquées par une faible

pluviométrie et une vulnérabilité aux aléas climatiques. Selon des études récentes de

la FAO, les terres arables constituent moins de 10% de la surface territoriale totale,

et de ces terres arables, 13% sont cultivées de manière permanente. Tous ces

facteurs ont une incidence sur la production alimentaire, avec un faible rendement

agricole, affectant ainsi la disponibilité alimentaire. A titre d’exemple, en examinant le

bilan céréalier brut, c'est-à-dire la balance entre les besoins en consommation

humaine et la production disponible sur la décennie 2000-2010 dans les pays du

CILSS, on constate que celui-ci est déficitaire 8 années sur 10. Même en considérant

le bilan céréalier net, c'est-à-dire en prenant en compte les importations de produits

agricoles, ce bilan est déficitaire 4 années sur 10. A cette faible production

alimentaire, s’ajoutent d’autres facteurs favorisant l’insécurité alimentaire tels que la

péjoration climatique, la croissance démographique, l’accès limité aux ressources

agricoles, et la pauvreté.

11. En ce qui concerne la situation nutritionnelle, malgré de nombreux efforts

consentis par l’UEMOA et les États Membres, elle reste préoccupante, avec des taux

8 CILSS – Rapport de la mission de plaidoyer pour la mise en place d’un réseau des Sociétés/Offices chargés de la gestion

des stocks de Sécurité Alimentaire au Sahel et en Afrique de l’Ouest – Avril 2009.

20

de malnutrition remarquablement élevés9. Selon les chiffres de l’Unicef, 39% des

enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition chronique en Afrique de l’Ouest

et du Centre en 2013 (proportion qui atteint plus de 50% au Niger). La malnutrition

chronique affecte les capacités de développement à long terme de ces pays. La

malnutrition aiguë atteint régulièrement des taux égaux ou supérieurs à 10% (seuil

d’alerte de l’OMS) dans les pays du Sahel. Cette situation déjà très préoccupante est

fortement aggravée en période de soudure et dès lors que les populations font face à

un choc (climatique, économique ou politique) comme cela a été régulièrement le

cas cette dernière décennie. Au Sahel, un enfant sur cinq meurt avant l’âge de cinq

ans et la moitié de ces décès est attribuable à la malnutrition. Les carences en

micronutriments tels que le fer, la vitamine A et l’iode constituent un autre problème

de santé publique dans l’espace. L’anémie touche 48% des femmes en âge de

procréer, et 78% des enfants de moins de 5 ans. La carence en vitamine A touche

49% des enfants de moins de 5 ans. La malnutrition fait partie des facteurs

déterminants essentiels de la morbidité, de la mortalité prématurée, de la réduction

de la capacité au travail, de l’altération du développement mental et de la réduction

de la performance à l’école, avec par conséquent un impact négatif sur le

développement des pays.

12. Alerte précoce, gestion des crises et de filets de sécurité. Des initiatives ont

été engagées, depuis plusieurs décennies, par le CILSS, et plus récemment, par

l’UEMOA et la CEDEAO, notamment la mise en place de systèmes d’alerte précoce,

de systèmes d’informations sur les marchés, de systèmes d’informations sur la

sécurité alimentaire et nutritionnelle notamment le Cadre Harmonisé, de systèmes

pour prendre en charge les populations touchées par les crises et réhabiliter les

zones affectées. Ces systèmes ont globalement bien fonctionné et ont fourni les

informations requises pour gérer la crise de 2012, même si malheureusement, les

États Membres et la Communauté Internationale ont eu du mal à conjuguer leurs

efforts pour apporter des réponses. Il reste donc nécessaire de renforcer ces

différents mécanismes, afin d’améliorer leur fonctionnement.

A.2.3 Le point sur les politiques agricoles et environnementales et les

interventions de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD)

dans l’agriculture

13. La Politique Agricole de l’Union (PAU) a été adoptée le 19 Décembre 2001

par l’acte additionnel N° 03/2001. Son objectif global est de contribuer de manière

durable à la satisfaction des besoins alimentaires de la population, au

développement économique et social des États Membres et à la réduction de la

pauvreté. La PAU dispose de 3 instruments de mise en œuvre, à savoir, la

programmation pluriannuelle, le Fonds Régional pour le Développement Agricole

(FRDA) et le Système d’Information Agricole Régional (SIAR). Son implémentation

repose sur trois (3) axes : (i) l’adaptation des systèmes de production et

9 Source : Inter-Réseau Développement Rural – Bulletin de Synthèse Souveraineté Alimentaire - No 11 – Novembre 2013.

21

l’amélioration de l’environnement de la production ; (ii) l’approfondissement du

marché commun dans le secteur agricole et la gestion des ressources partagées ; et

(iii) l’insertion de l’agriculture de l’Union dans les marchés sous régional et mondial.

L’opérationnalisation en cours du SIAR, permettra de présenter un bilan précis de la

mise en œuvre de ces axes. En attendant, de nombreuses actions se poursuivent

dans les domaines ci-après : (i) distribution des intrants et amélioration de la

production ; (ii) lutte sanitaire et phytosanitaire ; (iii) harmonisation et amélioration

des statistiques agricoles ; (iv) commerce intracommunautaire des produits

agricoles ; (v) aménagements hydroagricoles ; (vi) gestion du foncier rural ; (vii)

systèmes d’information agricole et sur la sécurité alimentaire ; (viii) harmonisation

des législations sanitaires et sur les intrants agricoles, etc.

14. La Politique Commune d’Amélioration de l’Environnement (PCAE) a été

adoptée le 17 janvier 2008 par l’acte additionnel N° 01/2008/CCEG/UEMOA. Elle a

pour objectifs de : (i) inverser les tendances lourdes de dégradation et de réduction

des ressources naturelles ; (ii) inverser la dégradation des milieux et cadres de vie ;

(iii) maintenir la biodiversité. A travers la PCAE, la Commission veille à identifier et

mettre en œuvre toutes les mesures adéquates permettant d’assurer : (i)

l’amélioration de la gestion durable des ressources naturelles ; (ii) la restauration et

la réhabilitation des ressources dégradées ou en dégradation ; et (iii) la promotion de

modes appropriés de production propre, de consommation et d’économie des

ressources naturelles. L’axe 1 de la PCAE est consacré à la réalisation de la sécurité

alimentaire et à la lutte contre la pauvreté. Les actions mises en œuvre couvrent les

domaines ci-après : (i) gestion des catastrophes naturelles ; (ii) hydraulique

villageoise ; (iii) biosécurité ; (iv) lutte contre la désertification ; (v) préservation de la

biodiversité et gestion des écosystèmes.

15. Le Fonds Régional pour le Développement Agricole. Le FRDA a été adopté

par l’acte additionnel N° 03/2006, et est opérationnel depuis 2011. Il vise la

réalisation des objectifs assignés à la PAU, en contribuant au financement du

secteur agricole de l’Union. Ses interventions reposent sur 3 composantes : (i)

l’appui au développement des systèmes de financement agricole ; (ii) l’appui au

renforcement des capacités ; et (iii) les investissements institutionnels régionaux. Les

instruments de mise en œuvre prévus se présentent comme suit : (1) appui aux

Institutions Financières Nationales de Développement (IFND) sous forme de

refinancement, pour répondre au besoin de financement à moyen et long terme de

l’agriculture ; (2) coopération avec les institutions de fonds de garantie existantes,

afin de permettre aux IFND intéressées par le FRDA, d’obtenir la garantie nécessaire

pour le financement qu’elles accordent aux projets éligibles au financement du

Fonds ; (3) mise en place d’un fonds de refinancement afin d’inciter les institutions

de financement (institutions de microfinance, banques agricoles et banques

commerciales) à développer leurs interventions existantes et à répondre aux besoins

du financement agricole ; (4) mise en place d’un fonds d’assurance agricole pour

veiller à ce que les assurances et les banques agricoles acceptent de s’investir dans

la Politique Agricole de l’Union ; (5) mise en place d’un fonds de calamité pour

22

diminuer certaines contraintes (risques naturels : calamités agricoles) qui empêchent

le développement de crédit agricole durable dans l’Espace UEMOA ; (6) mise en

place d’un fonds d’investissements institutionnels régionaux (fonds de contrepartie,

fonds d’appui à la recherche et fonds d’études régionales) pour soutenir la PAU ; (7)

mise en place d’un fonds d’investissements destiné aux projets régionaux

directement financés par la Commission. Les conditions générales d’intervention du

FRDA sont définies dans le manuel de procédures. Au titre du triennat 2011-2013, le

FRDA a déjà investi sur les ressources propres de la Commission, 33,8 milliards de

FCFA. Malheureusement, la plupart des instruments techniques d’intervention

susmentionnés n’étant pas encore en place, l’essentiel de ces investissements a été

plutôt mis en œuvre sous la forme de convention entre la Commission et les États

Membres. Le défi reste donc la mise en œuvre des mécanismes (sus-décrits)

d’articulation avec les systèmes financiers (banques et assurances), afin de

permettre aux EAF et EAA de lever des financements privés.

16. Les financements de la BOAD10 dans le développement agricole et rural.

Suite à la crise alimentaire de 2008, la BOAD a orienté sa stratégie de financement

sur les domaines prioritaires ci-après : (i) les aménagements hydroagricoles et leur

mise en valeur ; (ii) l’élevage et la pisciculture ; (iii) les infrastructures de stockage, de

transformation et de commercialisation ; (iv) la conservation des eaux et des sols ; (v)

les infrastructures de désenclavement ; (vi) l’entreprenariat rural ; (vii)

l’investissement privé agricole. Plusieurs projets ont été financés et ont permis

d’attirer des ressources complémentaires. Au cours d’un forum organisé à l’occasion

de son quarantième anniversaire en 2013, les participants ont recommandé à la

BOAD de réorienter ses appuis financiers vers la promotion des chaines de valeur et

de la transformation des produits agricoles.

A.2.4 Le point sur les défis du secteur agricole dans l’UEMOA

17. Les principaux défis de l’agriculture de l’Espace UEMOA peuvent se

résumer comme suit : (i) répondre, en qualité et en quantité, aux besoins

alimentaires et nutritionnels de la population de la région, dans un contexte de forte

croissance démographique et d’urbanisation accélérée ; (ii) gérer les ressources

naturelles dans un contexte de changement climatique pour accroître la productivité

et la production agricoles, en vue de satisfaire les besoins croissants des

populations ; (iii) générer des ressources monétaires au profit des producteurs pour

leur permettre de faire face à leurs besoins sociaux de base ; (iv) attirer les

investissements vers le secteur agricole en vue de l’intensification, de la

mécanisation et de la modernisation de la production ; (v) tirer profit du marché

régional et international, en rendant les produits locaux compétitifs vis-à-vis des

produits importés, dans un contexte de mondialisation. Pour relever ces défis, l’Union

doit coordonner les politiques, stratégies, programmes et projets nationaux et

10La BOAD est une institution de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine.

23

régionaux, en vue de les rendre plus à même d’aider les populations à résoudre

leurs problèmes vitaux et à se prendre en charge durablement.

A.3 ANALYSE CRITIQUE DES POLITIQUES ET STRATEGIES MISES EN ŒUVRE

18. Les faiblesses des politiques et stratégies mises en œuvre par les États

Membres et les institutions régionales, en collaboration avec les Partenaires

Techniques et Financiers, expliquent les faibles performances (au regard des

potentialités de l’Espace UEMOA) enregistrées en matière de développement

agricole et de sécurité alimentaire et nutritionnelle. La synthèse de ces interventions

est présentée ci-dessous en trois (3) rubriques complémentaires, à savoir : (i) la

promotion des filières agricoles ; (ii) la création d’un environnement favorable pour

les affaires dans le secteur ; et (iii) la promotion de la résilience des populations (y

inclut les aspects nutritionnels et les filets de sécurité) dans un contexte de

changement climatique. Ces trois (3) rubriques se justifient par le fait que

l’augmentation de la production et l’amélioration du niveau de transformation des

produits agricoles nécessitent le développement de filières agricoles performantes.

Pour ce faire, un environnement des affaires favorable est indispensable pour

stimuler les investissements des EAF et des EAA. Enfin, en raison des risques

(calamités et autres) auxquels les populations sont confrontées, il est nécessaire de

déployer des filets de sécurité et autres mesures visant à améliorer leur résilience.

A.3.1 Revue des interventions pour la promotion des filières agricoles

19. Sur plan historique, les États Membres de l’UEMOA ont promu trois

modèles de développement des filières. En premier lieu, il y a eu les filières

d’exportation traditionnelles (café, cacao, coton, palmier à huile…) héritées de la

colonisation, et basées sur des agences paraétatiques qui contrôlent l’ensemble de

la filière de l’amont à l’aval, en fixant les prix des intrants, les prix des produits, et en

assurant la transformation et la commercialisation, laissant peu de place au

développement des organisations des producteurs et du secteur privé. En raison du

caractère monopolistique de ce modèle, mais aussi du manque d’alternatives

attractives, les producteurs ont été les grands perdants, lorsque les marchés sont

entrés en crise. La vague de libéralisation au début des années 1990, a permis la

promotion en second lieu des filières d’exportation à haute valeur ajoutée

généralement centrées sur les produits horticoles (ananas, banane, haricot vert…).

Ces filières étaient contrôlées par des multinationales, avec des exigences de qualité

auxquelles il était difficile aux petits exploitants familiaux de répondre. Cependant,

l’agrégation agricole, à travers des contrats de sous-traitance a facilité l’intégration et

la protection des petits producteurs dans les filières telles que l’ananas ou le haricot

vert. Un autre mécanisme fiable a consisté à renforcer les organisations des

producteurs, afin qu’elles deviennent des acteurs économiques crédibles, servant

efficacement d’intermédiaire entre les petits exploitants et leurs partenaires

économiques et commerciaux. Enfin, en troisième lieu il y a le modèle des filières

vivrières qui ne sont ni entièrement gérées par l’État, ni par les seuls privés. Il s’agit

d’un modèle mixte, avec les décideurs politiques et les partenaires au

24

développement qui favorisent des partenariats public-privés (PPP) appropriés pour

soutenir les investissements requis. Les cultures vivrières sont largement dominées

par les petits exploitants familiaux (mois de 2 ha), qui en raison de leur accès difficile

aux capitaux, aux intrants, aux technologies et aux marchés, ne peuvent pas

augmenter sensiblement et durablement leur productivité. Par ailleurs, en raison du

caractère non favorable de l’environnement, les rôles du secteur privé (entreprises,

groupements d’intérêts économiques ou GIE, coopératives) et des organisations des

producteurs dans ces filières restent limités, le secteur public ayant du mal à se

concentrer sur son rôle de facilitation (mesures incitatives adéquates, régulation).

Avec un modèle d’organisation et de développement approprié, les filières vivrières

pourront approvisionner les marchés pour la consommation humaine, l’alimentation

animale, et la transformation industrielle.

20. Depuis 2008, les interventions sont alignées sur le Programme Détaillé de

Développement de l’Agriculture en Afrique (PDDAA), lancé par le Secrétariat du

Nouveau Partenariat pour le Développement en Afrique (NEPAD). La finalité est

l’éradication de la faim et de la malnutrition, et la réduction de la pauvreté. L’objectif

stratégique est de consacrer au moins 10% des budgets d’investissements des

Gouvernements à l’agriculture, afin de générer une croissance agricole annuelle

moyenne d’au moins 6%. La CEDEAO a aligné sa politique agricole (ECOWAP) sur

le PDDAA, en se dotant d’un Programme Régional d’Investissement Agricole (PRIA)

qui combine des investissements et des réformes de politiques publiques. Sous sa

coordination, chacun des 15 pays de l’Afrique de l’Ouest a traduit le PDDAA en un

Programme National d’Investissement Agricole (PNIA), organisé en sous-

programmes mis en œuvre à travers des projets soutenus par les Partenaires

Techniques et Financiers (PTF). Si dans l’ensemble, les PNIA accordent une grande

importance au développement des filières agricoles, ils présentent les lacunes

suivantes i) ils montrent une faible hiérarchisation des filières à promouvoir, au

regard des critères économique, social, financier, de sécurité alimentaire et

nutritionnelle, etc.; (ii) il y a aussi la faible coordination des choix entre les pays, qui,

engagés dans un même espace d’intégration économique, se sont très peu

préoccupés des questions de complémentarité fondées sur les avantages

comparatifs que possède chaque pays ou bassin de production; (iii) les stratégies de

promotion des filières agricoles sont très peu lisibles sur les mesures incitatives à

mettre en œuvre pour booster les productions et faciliter le placement des produits

sur les marchés locaux, régionaux et internationaux ; (iv) les instruments financiers

reposent quasi exclusivement sur les subventions des intrants (engrais, semences

améliorées), le financement des aménagements sommaires et du petit matériel

agricole, ce qui ne couvre que partiellement les chaines de valeur; (v) enfin, en ce

qui concerne le fonctionnement des marchés, les PNIA ne précisent pas les formes

et niveaux de protection du marché national souhaités, pour sécuriser les

investissements engagés ou prévus. Comme expliqué plus haut, la Commission de

l’UEMOA, à travers le DSAME, intervient en utilisant les ressources du Fonds

Régional pour le Développement Agricole (FRDA), pour financer la mise en œuvre

25

des projets d’investissements (magasins de stockage, aménagements

hydroagricoles…) dans les filières vivrières (riz, maïs, bétail/viande, aviculture,

aquaculture/pisciculture, lait) et d’exportation (coton, huile de palme), dans les États

membres. En dépit de ces faiblesses, le PDDAA représente un cadre de référence

unique et une opportunité pour transformer le secteur du développement rural en vue

d’éradiquer la faim et la malnutrition. Récemment à l’occasion du 10eme anniversaire

du PDDAA en 2014, son cadre logique a été révisé et certaines améliorations

suggérées, notamment la prise en compte effective de la sécurité alimentaire et de la

nutrition.

21. La nécessité de changer le paradigme. Les principales lacunes de ces

politiques et stratégies sont de deux (2) ordres. Premièrement, elles ont traité

l’agriculture comme un ensemble de projets de développement consistant en des

opérations d’investissements isolées les unes des autres. Ces opérations ne

couvrent que partiellement les filières, et ne peuvent donc pas conduire à une

amélioration sensible et durable de la productivité et de la production.

Deuxièmement, elles n’ont pas suffisamment contribué à professionnaliser les petites

exploitations agricoles familiales et à les agréger au sein des filières, afin de leur

faire passer à des logiques d’entreprises et de leur permettre de valoriser les

opportunités de marché. Le développement solidaire et équitable des EAF, à travers

leur agrégation et intégration dans les filières, par des agrégateurs (EAA, OP, GIE,

commerçants fournisseurs d’intrants…) reste un défi. A terme, l’agrégation agricole

conduit au renforcement du capital social, c'est-à-dire, l’ensemble des réseaux

sociaux et des institutions qui facilitent l’action collective, nécessaire pour le

développement agricole. Il apparait donc nécessaire de changer le paradigme en

replaçant l’agriculture dans sa dimension économique (sans occulter sa dimension

sociale), et en mettant l’accent le développement des chaines de valeur. Par ailleurs,

il convient de renforcer le lien étroit entre l’agriculture et l’amélioration de la nutrition

des populations.

22. Heureusement, malgré ces lacunes, l’agriculture ouest africaine montre

un certain nombre de succès qui militent en faveur d’un changement de

paradigme. Ces succès reposent surtout sur des actions intégrées au service du

développement des filières. Les caractéristiques communes des modèles d’affaires

développés sont : (i) des relations de marché (mutuellement bénéfiques) entre les

acteurs, notamment entre les divers types d’agrégateurs ci-dessus mentionnés et les

exploitants agricoles familiaux (les agrégés); (ii) la connexion des petits exploitants

familiaux aux marchés des intrants et des produits; (iii) le rôle moteur des

agrégateurs; (iv) l’accès des acteurs aux technologies améliorées de production et

de transformation. On note aussi l’apparition croissante des coentreprises agricoles

au sein desquelles les opérateurs privés, les producteurs et d’autres acteurs (État

central, Collectivités Locales) se partagent des actions (le capital). Parmi les

exemples, on peut citer : (i) le modèle des Entreprises de Services et Organisations

Paysannes (ESOP), promues au Bénin, et au Togo pour le développement des

filières riz, soja, semences, miel... ; (ii) la filière horticole dans la vallée du Fleuve

26

Sénégal, avec une entreprise motrice, la SOCAS, qui agrège les horticulteurs,

collecte leur production de tomate qu’elle transforme en concentré et autres

produits ; (iii) l’organisation d’un hub lait autour de la société PASTAGRI pour

l’approvisionnement de la société SIAGRO en lait de ferme, toujours au Sénégal, (iv)

l’expérience de la Laiterie du Berger avec les éleveurs pastoraux, toujours au

Sénégal ; (v) les expériences d’insertion des petits exploitants familiaux au sein des

chaines de valeur largement promues au Ghana, aussi bien pour les filières

d’exportation traditionnelles (hévéa par exemple), les filières à haute valeur ajoutée

(ananas, mangue…), que pour les filières vivrières (riz, maïs, sorgho…).

23. Les approches mises en œuvre pour promouvoir l’intégration des acteurs

au sein des filières reposent sur : (1) d’abord une bonne identification des filières

concernées ; et pour chaque série de filières, (2) une bonne caractérisation des

exploitants familiaux concernés et des agrégateurs potentiels, ainsi que de leurs

besoins en biens et services ; (3) la mise en place des instruments financiers

répondant à ces besoins spécifiques de ces acteurs de ces filières. Ces approches

stimulent les opérateurs du secteur privé à s’engager dans l’agriculture et à créer des

partenariats actifs avec les petits exploitants agricoles. Elles reposent sur une bonne

adéquation entre les besoins spécifiques des acteurs des filières et les instruments

financiers mis en place. Il s’agit notamment des lignes de garantie, de bonification,

de partage des risques… qui permettent aux organisations des producteurs et aux

entreprises d’accéder aux financements des banques privées. Par ailleurs, des

mesures d’accompagnement (infrastructures structurantes, fiscalité attrayante,

capacitation des OP), sont identifiées et mises en œuvre. Au Ghana, ces approches

sont jusqu’à présent promues par les Partenaires Techniques et Financiers (PTF), et

le Gouvernement envisage de les mettre à l’échelle, en promouvant des mécanismes

nationaux. Capitalisant ces leçons, le Gouvernement nigérian a initié à partir de

2011, l’Agenda pour la Transformation de l’Agriculture (Agriculture Transformation

Agenda - ATA) piloté par le Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural, et

le programme NIRSAL (Nigerian Incentive-based Risk Sharing System for

Agricultural Lending) de la Banque Centrale, qui est le Système Nigérian de Partage

des Risques, basé sur les incitations pour les prêts à l’agriculture. Le Programme de

Développement des Marchés Agricoles au Sénégal (PDMAS) a mis en place des

instruments analogues. Il y a d’abord une bonne caractérisation des filières à

promouvoir par zone, ainsi que des acteurs (producteurs, entreprises… autres) et de

leurs besoins. Il y a ensuite la mise en place d’une série d’instruments financiers

propres à répondre aux besoins spécifiques des différentes catégories d’acteurs de

ces filières. Il s’agit surtout des fonds à frais partagés pour le développement

d’innovations concernant trois domaines spécifiques : (i) partenariat commercial

(production, post-récolte, logistique ou commercialisation) ; (ii) élevage (viande rouge

et volailles) ; et (iii) irrigation. Enfin, hors de l’Afrique de l’Ouest, il convient de citer le

Plan Maroc Vert, dont l’objectif est de décupler le modèle d’agrégation des acteurs

des chaines de valeur à toutes les régions du pays. Dans ce cadre, le Gouvernement

a mis en place un régime d’aide adapté à différents types de projets d’agrégation,

27

c'est-à-dire à des chaines de valeur spécifiques, et bénéficiant à la fois aux divers

types d’agrégateurs (entreprises privées, coopératives, OPs…) et aux exploitants

agricoles familiaux ou agrégés. Le Plan Maroc Vert prône le passage à une

gouvernance de type partenarial, intégrant les investisseurs et les organisations des

producteurs.

A.3.2 Revue des interventions visant à rendre l’environnement favorable

pour les affaires dans le secteur

24. Le rôle du secteur public est de mettre en œuvre des politiques agricoles qui

créent un environnement propice pour les affaires et catalysent les actions

individuelles et collectives des producteurs, de leurs organisations et des entreprises,

dans la production, la transformation et la commercialisation des produits agricoles.

Les politiques agricoles doivent s’intégrer dans les grands objectifs stratégiques tels

que la sécurité alimentaire, la réduction de la pauvreté et la croissance économique.

La sécurité, un cadre réglementaire adéquat, les infrastructures structurantes,

l’existence de mécanismes financiers adéquats et de facilités d’intégration aux

marchés… constituent autant de facteurs qui rendent l’environnement des affaires

favorable. Aujourd’hui, au sein de la Commission de l’UEMOA, cette dynamique est

pilotée à travers le Programme Économique Régional (PER)11 et d’autres

programmes sectoriels. La Commission a mené dans le cadre de la mise en œuvre

de la PAU et des autres politiques sectorielles12, une série d’actions portant sur des

règlements et autres mécanismes visant à améliorer l’environnement des affaires

dans le secteur agricole. Les domaines concernés sont : (i) les échanges

intracommunautaires et internationaux ; (ii) les mécanismes de promotion de la

qualité ; (iii) la sécurité sanitaire des végétaux, des animaux et des aliments ; (iv) les

mécanismes de certification des semences et d’homologation des pesticides, des

engrais et des médicaments vétérinaires ; (v) la sécurité foncière ; (vi) l’adoption et

homologation des normes communautaires sur l’enrichissement obligatoire des

aliments (huile végétale et farine de blé tendre). Dans ce domaine, les faiblesses

relevées portent sur le rythme inapproprié des réformes et l’absence de dispositif de

sanctions, lorsque les textes communautaires ne sont pas appliqués. Ainsi, les défis

sont de 4 ordres : (i) compléter et actualiser les textes règlementaires adoptés ; (ii)

appuyer les États Membres à implémenter les mécanismes de mise en œuvre ; (iii)

assurer le contrôle de la mise en œuvre, et prévoir et appliquer des sanctions ; (iv)

accélérer la mise en œuvre des réformes et programmes communautaires,

notamment le PER. Un environnement approprié pour les affaires dans le secteur

agricole étant une condition majeure pour stimuler le investissements du secteur

privé et des organisations des producteurs, la Commission poursuivra et renforcera

11Le PER repose sur cinq (5) axes : 1 - Consolider la bonne gouvernance et approfondir l’intégration économique ; 2 -

Développer les infrastructures économiques ; 3 - Construire un appareil productif intégré ; 4 - Développer les ressources

humaines ; 5 - Mettre en place un partenariat pour la mobilisation des ressources et le suivi – évaluation 12 PCAE : Politique Commune d’Amélioration de l’Environnement de l’UEMOA et PIC: Politique Industrielle Commune de

l’UEMOA

28

ces actions au cours des prochaines années, en cohérence avec les initiatives de la

CEDEAO dans ces domaines.

A.3.3 Revue des interventions relatives à la lutte contre l’insécurité

alimentaire et la malnutrition dans l’Espace UEMOA, au niveau régional

et continental

25. Dans ce domaine, la Commission de l’UEMOA a mené plusieurs initiatives,

parmi lesquelles on peut citer : (i) la mise en œuvre d’un programme spécial régional

pour la sécurité alimentaire ; (ii) la mise en place d’un Système d'Information Agricole

Régional (SIAR) ; (ii) le projet d’appui à la construction des magasins de stockage ;

(iii) les appuis ponctuels à la mise en œuvre des plans d’urgence ; (iv) la préparation

d’un projet régional visant à promouvoir la production d’aliments riches en

micronutriments, dont la mise en œuvre devra être inscrite dans ce cadre

programmatique ; (v) la collaboration avec la CEDEAO, le CILSS et les États

Membres pour l’élaboration d’une stratégie régionale de gestion des stocks de

sécurité alimentaire, dont la contribution de la Commission à la mise en œuvre, devra

être inscrites dans le PCD-TASAN.

26. En décembre 2000, le CILSS a adopté son Cadre Stratégique de Sécurité

Alimentaire. Dans le cadre de la mise en œuvre de cette Stratégie, les instruments,

outils et actions suivants ont été mis en place. Ce sont : le Cadre harmonisé, le

dispositif régional PREGEC, le RPCA, le RESOGEST, la mise en place, dans les

États membres, des Systèmes d’Information sur la Sécurité Alimentaire (SISA), des

Systèmes d’Alerte Précoce (SAP). Ces outils et instruments ont permis, chaque

année, d’établir le bilan céréalier et alimentaire, d’identifier les populations

vulnérables et les zones sinistrées, et de déclencher, au besoin, des actions de

secours d’urgence et de réhabilitation. Par ailleurs, le CILSS a aussi appuyé les

États Membres dans la mise en place d’un Système d’Information sur les Marchés

(SIM). Ce dispositif a permis de suivre l’évolution du prix des produits agricoles, et au

besoin, d’agir sur les marchés en faisant intervenir des mécanismes d’aides comme

la vente de vivres à prix modérés. En plus de ces acquis, d’autres interventions sont

en cours de mise en œuvre et permettront à terme d’agir sur les paramètres

d’amélioration de la sécurité alimentaire dans la région. Ce sont notamment : le

Programme d’Action Sous Régional de Lutte contre la désertification de l’Afrique de

l’Ouest et du Tchad (PASR-AO), le P2RS sur financement BAD, le PRAPS, etc….

27. Le PASR-AO est un cadre d’orientation, d’arbitrage et de mise en cohérence

des actions de Lutte Contre la Désertification (LCD) et d’atténuation des effets de la

sécheresse. Le CILSS en assure le secrétariat technique. Plus récemment, l’Alliance

Globale pour l’Initiative Résilience au Sahel et en Afrique de l’Ouest (AGIR) a été

lancée à Ouagadougou en décembre 2012, par les États membres et des

Organisations Intergouvernementales (UEMOA, CEDEAO, CILSS) et les partenaires

au développement. Elle vise à renforcer la mise en œuvre de l’agenda régional en

matière de développement agricole et de promotion de la sécurité alimentaire et

nutritionnelle, par le truchement du dialogue politique et la prise en compte de la

29

« résilience » dans les interventions de développement. AGIR a lancé le slogan

‘Faim Zéro’, c'est-à-dire l’éradication de la faim et de la malnutrition à un horizon de

20 ans. La feuille de route adoptée en avril 2013 définit les grandes étapes de mise

en œuvre des actions dans chaque État Membre: (1) formalisation et mise en place

d’une plateforme multisectorielle et multi-acteurs de dialogue et de pilotage du

processus et organisation de l’atelier national de lancement ; (2) revue et/ou analyse

intégrée des politiques et programmes existants ; (3) formulation des programmes

‘Priorités Résilience Pays’ (PRP-AGIR) ; (4) validation et adoption du rapport PRP-

AGIR. Cela étant, il devient nécessaire d’établir la cohérence entre ces initiatives

pour la résilience et les interventions pour le développement des filières. Dans cette

perspective, la Commission de l’UEMOA envisage de soutenir les États Membres

dans la mise en œuvre de leurs PRP, tout en assurant son leadership au sein de

AGIR. Enfin, il convient de mentionner l’Initiative Faim Zéro de la CEDEAO, lancé en

2012, et qui constitue un engagement commun de tous les acteurs à éradiquer la

faim à l’horizon 2025. Toutes ces initiatives sont cohérentes avec le pilier 3 du

PDDAA dont l’objectif est d’améliorer la disponibilité alimentaire et de réduire la faim

en Afrique, à travers l’augmentation de la productivité des petits producteurs, et la

mise en place de systèmes de réponses aux urgences alimentaires.

A.4 RATIONALITE DU PCD-TASAN

28. Dans les pays en développement en général et ceux de l’UEMOA en particulier,

les petites exploitations agricoles familiales constituent la plus grande proportion des

exploitations agricoles. Elles produisent la majorité des aliments locaux et peuvent

contribuer de manière significative à la lutte contre la pauvreté et l’insécurité

alimentaire et nutritionnelle. Selon l’IFPRI13, seuls les petits agriculteurs peuvent

mettre fin à la famine en Afrique. Cependant, ces petits exploitants ont une difficulté

d’accès aux ressources telles que la terre, les équipements, les financements et les

techniques modernes qui leur permettront d’accroitre leurs productivités et

productions. Il existe aussi un problème d’accès, aux marchés tant local

qu’international pour l’écoulement de leurs productions. Il est donc important de

mettre en place un modèle efficace de regroupement et d’organisation qui puissent

leur permettre d’avoir accès aux ressources et aux marchés, et ce, de manière

durable. A cet effet, le développement solidaire et équitable des petites exploitations

agricoles familiales à travers leur agrégation et intégration dans les filières, par des

agrégateurs, constituera le principal vecteur du PCD-TASAN. L’agriculture sera

considérée comme un secteur de développement économique dont la finalité est

d’assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle, de créer de la richesse et de la

valeur ajoutée, ainsi que des emplois pour les jeunes/femmes, et de préserver les

ressources naturelles pour les générations futures. Dans cette perspective, le

développement des filières sera accompagné par des actions de gestion rationnelle

des ressources écologiques de base, et d’adaptation aux changements climatiques.

13 International Food Policy Research Institute (2003): Mettre fin à la famine en Afrique – Seuls les petits agriculteurs

peuvent y parvenir.

30

Afin de créer les conditions requises pour le succès de cette démarche, les actions

contribuant à l’amélioration de l’environnement des affaires dans le secteur agricole,

seront poursuivies, renforcées et accélérées. Enfin, les actions visant à renforcer la

résilience des populations à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle seront

soutenues.

A.4.1 Un nouveau paradigme qui repose sur la promotion des filières

agricoles

29. Il s’agira d’abord de mettre fin : (i) à la promotion de projets

d’investissements isolés et qui ne couvrent que partiellement les chaines de valeur ;

(ii) à l’absence d’instruments adéquats (notamment financiers) pour la promotion des

différents types de filières végétales, animales et halieutiques ; et (iii) à la

marginalisation des petits exploitants familiaux dans la promotion des filières.

30. Promouvoir l’agriculture dans sa dimension économique, en connectant

les interventions pour embrasser l’entièreté de la chaine de valeur. Il s’agira de

compléter les interventions partielles du passé, en développant les maillons

manquants, afin de boucler la chaine. De même, l’on veillera à ce que toute nouvelle

intervention soit conçue pour couvrir tous les maillons requis de la chaine de valeur.

Un accent sera mis sur la prise en compte des aspects liés à la nutrition dans

l’approche chaines de valeurs, en vue de produire des aliments de qualité (aspects

sécurité sanitaire des aliments et nutritionnelle), accessibles physiquement et

économiquement.

31. Placer la généralisation de l’agrégation agricole au cœur de l’intervention.

L’agrégation constitue une solution idoine pour contourner la problématique du

morcellement du foncier et de l’exiguïté des exploitations agricoles, et pour faire face

au manque d’organisation dans le secteur. C’est un partenariat volontaire entre

différentes parties pour le développement d’une chaine de valeur. Le système repose

sur le fait d’intégrer un certain nombre d’agriculteurs (agrégés) autour d’un

agrégateur disposant de capacités managériale, financière et technique nécessaires,

lui permettant d’optimiser le fonctionnement de la chaine de valeur. Ainsi, les

exploitations agricoles familiales agrégées peuvent accéder, à travers ce partenariat,

aux technologies modernes et autres facteurs de production dont elles ont besoin, et

les agrégateurs à la matière première en quantité et en qualité. Les entreprises

agricoles et agroalimentaires, les coopératives, les associations de producteurs, les

OPs des filières, les groupements d’intérêt économique, les grandes exploitations

agricoles constituent autant d’agrégateurs potentiels. Dans l’idéal, l’agrégation doit

embrasser la chaine de valeur, de l’amont à l’aval, pour bénéficier de la marge de

l’ensemble. L’agrégation peut reposer sur un simple contrat commercial entre

l’agrégateur et l’agrégé. Mais, selon la situation, l’agrégateur peut fournir à l’agrégé

l’encadrement technique rapproché, les intrants et autres services, le préfinancement

de certains investissements (matériel, plantation…). Dans cette optique, un accent

devra être aussi mis sur l’accès des populations vulnérables sur le plan de

l’insécurité alimentaire et nutritionnelle (surtout les femmes et les jeunes) à ces

31

investissements préfinancés. En contrepartie, l’agrégé s’engage dans un cadre

contractuel à respecter des dispositions telles que, le respect de l’itinéraire technique

convenu et l’utilisation des intrants fournis par l’agrégateur, la livraison des volumes

de production arrêtés avec l’agrégateur.

32. Institutionnaliser l’agrégation agricole comme outil de

professionnalisation des exploitations agricoles. Il s’agit d’intégrer la politique

d’agrégation agricole dans la mise en œuvre des PNIAs. Dans ce cadre, l’Union et

les États Membres devront mettre en place : (i) des instruments organisationnels et

techniques permettant une bonne caractérisation des filières agricoles, ainsi que des

acteurs (exploitants agricoles familiaux, entreprises…) et de leurs besoins

spécifiques ; (ii) des instruments financiers suffisamment adaptés aux besoins

spécifiques des différentes catégories d’acteurs de chaque filière ; ces mécanismes

ciblés peuvent être des subventions à coûts partagés, ou alors des lignes (garantie,

bonification, partage des risques…) pour stimuler l’accès des acteurs des filières

aux services bancaires et aux assurances, afin de lever des financements privés.

Dans cette perspective, la Commission de l’UEMOA utilisera le FRDA comme

mécanisme d’incitation des États membres et des acteurs, à s’engager dans la

généralisation de l’agrégation agricole. Les incitations financières de l’Union doivent

notamment bénéficier aux agrégés (exploitants agricoles familiaux – agriculteurs,

éleveurs, pêcheurs) et aux agrégateurs (entreprises privées, coopératives,

associations….). L’Union se doit aussi d’appuyer les États membres pour développer

des mécanismes financiers novateurs favorables à la construction des filières et à

l’agrégation des petits exploitants familiaux, avec un accent particulier mis sur les

femmes et les jeunes.

33. Institutionnaliser l’exercice de la profession du conseiller en gestion et

développement agricoles et agroalimentaire. Il s’agit d’améliorer le rôle du

conseil agricole actuel par la mise en place d’un chainon manquant : les services de

conseil en gestion et développement agricole. Le conseiller en gestion et

développement agricole et agroalimentaire est un acteur spécialisé dans le montage

des chaines de valeur ainsi que l’appui technique aux agrégés et aux agrégateurs,

afin de renforcer leurs capacités, ainsi que la qualité de leurs relations. Il jouera le

rôle de « front office » en se mettant à l’écoute des exploitants familiaux pour les

aider à s’organiser et à exprimer leurs demandes dans des termes compréhensibles

par ceux qui peuvent contribuer à y répondre, c’est-à-dire le « back office »

(vulgarisateurs, spécialistes agro-techniques, experts en gestion, experts nationaux,

recherche,…).

34. Recentrer les secteurs public et privé sur leurs rôles respectifs. La

contribution du secteur public pour une relance du secteur agricole devra s’orienter

vers l’appui à l’amélioration de l’environnement opérationnel des filières agricole et à

l’amélioration du climat des affaires, à travers : (i) la promotion de l'investissement

public dans l’infrastructure soutenant l'agriculture ; (ii) la mise en place de politiques

qui soutiennent la transformation et la valeur ajoutée ; (iii) la création d’un

environnement favorable à l'investissement et aux affaires dans le secteur agricole;

32

(iv) la facilitation de l’accès au financement pour les acteurs des filières (vi) la

promotion de la recherche agricole orientée vers la levée des contraintes du secteur.

La contribution attendue du secteur privé et des opérateurs sociaux devra viser : (i)

le développement des modèles d'affaires inclusifs pour créer des nouveaux emplois

et des activités rémunératrices dans le secteur agricole ; (ii) l’augmentation des

investissements dans la promotion des chaines de valeur ; (iii) l’offre de services

adaptés aux besoins des producteurs, transformateurs et autres entreprises.

35. Promouvoir le rôle cardinal des organisations paysannes dans les

modèles d’agrégation. La capacité des OPs à négocier des contrats d’agrégation

favorables pour leurs membres et à assurer le respect de leurs engagements, ou

même à piloter certains projets d’agrégation est une condition nécessaire pour le bon

fonctionnement des projets d’agrégation. Cette plateforme peut aussi servir de point

d’entrée pour les activités d’éducation nutritionnelle au niveau des EAF agrégées.

36. Promouvoir le rôle des agrégateurs. La fonction motrice des agrégateurs

(EAA, OP, coopérative, GIE, commerçants et fournisseurs d’intrants…) devra être

soutenue. Leur efficience est une condition cardinale pour la professionnalisation des

petits exploitants familiaux et le bon fonctionnement des chaines de valeur.

37. Responsabiliser les producteurs/exploitants agricoles et leurs

communautés dans la gestion des ressources naturelles. Il s’agira d’assurer un

service environnemental en donnant aux agriculteurs et à leurs communautés les

moyens (sous forme de payement pour service environnemental - PSE) de gérer

durablement les ressources naturelles renouvelables (ressources en eau, ressources

pastorales, forêts et aires protégées, pâturages…), celles-ci étant reconnues comme

des ‘biens publics’. Ceci impliquerait des approches contractuelles de longue durée,

un suivi technique de l’administration, des compensations et incitations financières,

justifiées au titre des services rendus pour la gestion de biens publics bénéficiant à

l’ensemble de la collectivité nationale. La Commission appuiera les États membres à

développer des projets pilotes intégrant des PSE dans le domaine de la gestion des

ressources en eau pour l’agriculture, de la gestion des ressources pastorales,

halieutiques, fauniques et forestières. De même, les technologies d’adaptation aux

changements climatiques seront promues.

38. Améliorer l’environnement des affaires. L’intervention portera sur : (i) la

consolidation et l’actualisation des règlements adoptés ; (ii) l’appui aux États

Membres pour l’implémentation des mécanismes de mise en œuvre ; (iii) le

renforcement du rôle de la Commission en matière de suivi et de contrôle de la mise

en œuvre des règlements et d’application de sanctions ; (iv) l’accélération des

réformes communautaires et de la mise en œuvre du PER. Dans ce cadre, il serait

judicieux de séparer les fonctions d’appui aux filières, des fonctions d’édiction des

règlements et de contrôle de leur mise en œuvre.

33

A.4.2 Dans le domaine de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et de la

résilience des populations

39. Les trois lignes d’actions mises en œuvre actuellement seront poursuivies.

Premièrement, à la requête des États Membres, la Commission financera des

opérations d’appui à la mise en œuvre des Priorités Résilience Pays (avec un accent

sur la nutrition), en complément et en cohérence avec les interventions des autres

acteurs. Deuxièmement, la Commission contribuera à l’opérationnalisation de la

Reserve Régionale Alimentaire, en concertation avec la CEDEAO, le CILSS et les

États Membres, et au renforcement de la gouvernance de la sécurité alimentaire à

travers notamment le RPCA. Enfin, la Commission contribuera au pilotage d’AGIR.

B. BUT ET OBJECTIF GENERAL DU PCD-TASAN

B.1 BUT DU PCD-TASAN

40. Le but du PCD-TASAN est de contribuer durablement à la satisfaction des

besoins alimentaires et nutritionnels de la population, au développement économique

et social et à la réduction de la pauvreté dans les États Membres.

B.2 OBJECTIFS DU PCD-TASAN

41. L’objectif de développement est d’améliorer le niveau de couverture des

besoins alimentaires par les productions nationales, de réduire la proportion de la

population de l’espace communautaire en insécurité alimentaire et nutritionnelle, et

d’améliorer le revenu des opérateurs agricoles (EAF, commerçants, transformateurs,

EAA, ….) dans les États Membres.

42. Les objectifs spécifiques du cadre programmatique correspondent aux

objectifs généraux des 5 programmes (voir chapitre D ci-dessous) à travers lesquels

il sera mis en œuvre, à savoir : (i) augmenter l’attractivité du secteur agricole et la

compétitivité des productions végétales, animales et halieutiques

communautaires (Programme 1) ; (ii) augmenter sensiblement le volume des

productions et améliorer le niveau de transformation des produits agricoles, afin de

réduire sensiblement les importations agricoles (Programme 2) ; (iii) améliorer

durablement la gestion des ressources naturelles renouvelables (eau, sol,

végétation), pour une agriculture plus productive et compétitive (Programme 3) ; (iv)

contribuer à réduire structurellement et durablement la vulnérabilité alimentaire et

nutritionnelle de la région, en accompagnant la mise en œuvre des politiques

sahéliennes et ouest-africaines (Programme 4) ; (v) améliorer la coordination du

développement durable du secteur de l’agriculture et de la sécurité alimentaire et

nutritionnelle, à l’échelle de l’Union et dans les États Membres (Programme 5).

43. Le changement attendu est l’élimination de la faim chronique, ainsi qu’une

réduction sensible de la malnutrition (principalement la malnutrition chronique) chez

les enfants de moins de cinq ans, sans oublier la réduction de la malnutrition aigüe,

dans l’ensemble des pays de l’espace UEMOA. Ceci passera par une meilleure

structuration des chaines de valeur, l’augmentation de la productivité et de la

34

production, un meilleur accès aux marchés, et des revenus améliorés pour les

exploitants agricoles familiaux.

B.3 LES BENEFICIAIRES DU PCD-TASAN

44. Les exploitations agricoles familiales (EAF – éleveurs, agriculteurs,

pêcheurs) sont au centre du PCD-TASAN. L’agrégation des EAF au sein des

filières se traduira par des modèles d’affaires conçus pour stimuler des relations

mutuellement bénéfiques entre elles et les opérateurs de marché (entreprises de

transformation, entreprises commerciales, exportateurs, distributeurs d’intrants…),

les Banques, les Institutions de Microfinance (IMF), les Assurances... Les EAF

bénéficieront de divers appuis leur permettant de s’organiser et/ou de renforcer leurs

organisations pour négocier leur positionnement et gérer leur fonctionnement au sein

des filières. Le cas échéant, ces organisations pourront se spécialiser (coopératives,

groupements d’intérêt économique – GIE) ou créer des coentreprises (ESOP par

exemple) avec les opérateurs privés et autres acteurs, pour prendre en charge la

gestion des unités de transformation, ainsi que les opérations de commercialisation

de la production agricole. L’accès des EAF aux technologies améliorées et autres

biens et services requis, devrait alors s’améliorer, et par suite, l’on devrait assister à

une augmentation sensible et durable de leur productivité et de leurs revenus, et par

conséquent, de la sécurité alimentaire et nutritionnelle.

45. Les entreprises agricoles et agroalimentaires amélioreront elles aussi leur

accès au financement, aux technologies améliorées, à une offre de matière première

de qualité (tant nutritionnelle que sur le plan de la sécurité sanitaire des aliments),

aux facilités de marché…, ainsi que leur capacité de gestion. En effet, elles devraient

bénéficier de l’ensemble des mécanismes mis en place pour promouvoir le

développement des chaines de valeur.

46. Les consommateurs dans les États membres bénéficieront aussi d’une offre

accrue de produits alimentaires et de transformation agroalimentaires de qualité, et à

des prix abordables.

47. Enfin, les États Membres et la Commission, à travers les incitations

proposées par cette initiative communautaire, seront stimulés pour opérer des

changements structurels dans leurs politiques et stratégies de développement de

l’agriculture et de l’agroalimentaire, y compris la sécurité alimentaire et nutritionnelle,

la prévention et la gestion des risques et catastrophes.

35

B.4 LES INDICATEURS DE RESULTATS DU PCD-TASAN

48. Les 6 indicateurs retenus pour mesurer la réalisation de l’objectif de

développement se présentent comme ci-après. :

Indicateur Cible à cinq (5) ans

1. Proportion de la population en situation

d’insécurité alimentaire

Ramenée à moins de

5%

2. Taux de couverture des besoins alimentaires

et nutritionnels par les productions

nationales

Augmente de 20% au

moins

3. Taux d’accroissement du commerce régional

agricole

Augmente de 15% au

moins

4. Taux d’accroissement des revenus des

exploitants agricoles familiaux touchés

Augmente de 15% au

moins

5. Taux de création d’emploi dans les filières

ciblées à l’échelle nationale

Augmente de 15% au

moins

6. Prévalence de la malnutrition chronique chez

les enfants de moins de cinq ans

Ramenée à moins de

10%

49. L’étude de référence permettra de mesurer les valeurs actuelles (à la date de

démarrage) de ces indicateurs et de repréciser les cibles à cinq (5) et dix (10) ans. Il

en sera de même pour les indicateurs des résultats intermédiaires (voir annexe 1 –

Cadre des résultats et plan d’action).

C. LA STRATEGIE DE MISE EN ŒUVRE DU PCD-TASAN

C.1 LA STRATEGIE GLOBALE

50. Le PCD-TASAN constitue le cadrage global de la programmation opérationnelle

du Département de la Sécurité Alimentaire, de l’Agriculture, des Mines et de

l’Environnement de la Commission de l’UEMOA pour la période 2016-2025. Sa mise

en œuvre repose sur un ensemble d’arrangements institutionnels (voir chapitre E)

destinés à en assurer l’appropriation par les parties prenantes, à faciliter la

coordination multisectorielle et multi-acteurs, et à renforcer l’efficacité ainsi que les

performances du programme aussi bien au niveau régional que des États Membres.

Le DSAME avec l’ensemble des parties prenantes, traduira le PCD-TASAN en un

budget programme triennal glissant, ce qui permettra de suivre les performances

annuelles, et de mesurer les impacts à terme.

51. Pour relever les défis du secteur agricole, il est important de s’appuyer sur les

acquis des différentes politiques et stratégies, et sur les leçons des insuffisances

relevées plus haut. Sur le plan stratégique, le PCD-TASAN s’appuie sur les 9 axes

36

du Livre Blanc14 (voir figure 1), à savoir : (1) la maitrise de l’eau ; (2) l’accroissement

des productions agro-sylvo-pastorales ; (3) l’accès aux marchés sous régional et

international ; (4) les instruments régionaux de gestion de la sécurité alimentaire ; (5)

l’amélioration de l’État nutritionnel ; (6) la réforme du cadre institutionnel ; (7) la

recherche agricole et le transfert des technologies ; (8) le renforcement des

capacités ; (9) le financement de l’agriculture. L’Union mettra en œuvre les

orientations et actions de ces axes, en apportant des réponses concrètes à travers :

Un engagement fort dans 4 programmes opérationnels et un programme de

coordination (présentés dans le chapitre D), qui recoupent les 9 axes : (1)

Programme Opérationnel 1 – Création d’un environnement approprié pour le

développement et la promotion des affaires et des investissements dans le secteur

agricole ; (2) Programme Opérationnel 2 – Développement et dynamisation des

filières végétales, animales et halieutiques ; (3) Programme Opérationnel 3 –

Préservation et gestion durable des ressources naturelles (eau, sol, végétation) pour

une agriculture plus productive; (4) Programme Opérationnel 4 – Réduction

structurelle de la vulnérabilité alimentaire et nutritionnelle des populations ; (5)

Programme 5 – Coordination de la mise en œuvre.

Une réorganisation des stratégies de soutien et une mobilisation appropriée des

ressources pour la transformation de l’agriculture et la relance de la production.

52. Cette démarche permettra d’éviter de renouer avec la promotion de projets

isolés, source de dispersion des efforts.

C.2 LA MISE EN ŒUVRE DES NEUF (09) AXES DU LIVRE BLANC DANS LE PCD-TASAN

53. Axe 1 – Maitrise de l’eau – La maitrise de l’eau sera promue en

complémentarité avec les autres maillons en aval et en amont des filières agricoles.

Plus spécifiquement, des subventions à frais partagés pour la promotion de

l’irrigation privée, et pour la conservation des eaux et des sols, seront mises en

œuvre. Elles seront destinées prioritairement aux petits exploitants familiaux agrégés

au sein des chaines de valeur. Ceux-ci peuvent être ou non regroupés au sein d’une

OP. A titre indicatif, les superficies maximales peuvent être limitées à 02 ha par EAF,

ou 50 ha par groupement. De même le PCD-TASAN soutiendra la réalisation ou la

réhabilitation de plus grands périmètres irrigués, dans le cadre des projets

d’agrégation.

54. Axe 2 – Accroissement des productions agro-sylvo-pastorales et halieutiques –

Les périmètres d’agrégation seront les filières conventionnelles (vivrières, horticoles,

halieutiques, lait et viande…) et autres, bénéfiques pour les femmes et les jeunes

sans terre, les filières des produits forestiers non-ligneux… Des modèles d’affaires

novateurs, basés sur des relations de marché équitables entre les petits exploitants

14 Livre Blanc: Appellation donnée au document intitulé « Rapport sur la situation de l’agriculture de l’union et perspectives

pour la réalisation de la sécurité alimentaire et du développement agricole durable » adopté en juin 2012 par la 16ème

Session de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine

(UEMOA).

37

familiaux et les entreprises agricoles et agroalimentaires seront promues. Les

financements mis en œuvre (subventions, articulation avec les banques et IMF)

devraient faciliter l’accès des acteurs des chaines de valeur aux biens services dont

ils ont besoin. L’on devrait alors assister à une amélioration sensible de la

productivité, et par la suite, à une augmentation de la production, ainsi que du niveau

de transformation.

55. Axe 3 – Accès aux marchés sous régional et international – Le PCD-TASAN

promouvra des infrastructures structurantes pour accompagner les projets

d’agrégation, dans un partenariat public-privé. Dans ce cadre, des infrastructures de

marché (infrastructures de stockage, centres de collecte…), le traitement des points

noirs sur les pistes seront financés. Les entreprises de transformation seront

renforcées et stimulées à agréger les petits exploitants familiaux. De même, les

partenariats commerciaux (accès à un nouveau marché, adoption d’un nouvel

emballage, etc.) seront promus. Enfin, dans le cadre de l’amélioration du climat des

affaires (Programme 1), cette initiative communautaire renforcera l’application des

normes SPS et les systèmes d’information sur le marché dans la perspective de

l’amélioration du commerce intra-communautaire ainsi que l’accès aux marchés tiers.

38

Figure 1 : Le PCD-TASAN repose sur les 9 axes du Livre Blanc, traduits en 5 programmes opérationnels

Programme 1 –

Environnement des

Affaires

Programme 2 –

Dynamisation des

filières et agrégation

agricole

Programme 3 –

Gestion durable des

ressources naturelles

Programme 4 –

Réduction structurelle

de la vulnérabilité

alimentaire et

nutritionnelle des

populations

Résilience des

populations

PC

D-T

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Séc

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Engagements

des Chefs

d’États et de

Gouvernements

39

39

56. Axe 4 – Développement d’instruments régionaux de gestion de la sécurité

alimentaire et nutritionnelle – Le PCD-TASAN interviendra à travers AGIR qui

fédère les interventions des États Membres, de la CEDEAO, de l’UEMOA, du CILSS

et des PTF en matière de sécurité alimentaire et de résilience des populations. Plus

spécifiquement, il est retenu d’appuyer les États Membres pour définir et mettre en

œuvre leurs Priorités Résilience Pays. Sur leur requête, la Commission de l’UEMOA

financera des opérations qui sont conçues pour être complémentaires avec celles

financées par les autres acteurs. Par ailleurs, la Commission poursuivra sa

contribution dans l’opérationnalisation de la Réserve Régionale Alimentaire et la

gouvernance de la sécurité alimentaire dans la région.

57. Axe 5 – Amélioration de l’état nutritionnel – Afin de lutter contre différentes

formes de malnutrition, des incitations financières seront mises en œuvre, pour

stimuler les entreprises de transformation engagées dans les projets d’agrégation à

produire des aliments enrichis, bénéfiques pour la santé des enfants et de la

population en général. Dans l’ensemble, les projets d’agrégation bénéficieront de

facilités pour améliorer l’hygiène et l’application des normes sanitaires. Des actions

de promotion de la nutrition seront soutenues dans les États Membres, en cohérence

avec AGIR. Elles porteront sur les activités agricoles qui ont un impact positif sur la

nutrition.

58. Axe 6 – Réformes du cadre institutionnel – L’innovation majeure de cette

initiative communautaire porte sur la facilitation de l’adoption par les États Membres

de dispositifs réglementaires, organisationnels, techniques et financiers requis pour

la promotion de l’agrégation agricole, et adaptés à leurs propres réalités. En résumé,

le cadre réglementaire devrait fixer les règles du jeu au niveau régional et dans les

États Membres. Les rôles des organisations des producteurs, du secteur privé et des

interprofessions seront promus. Les rôles des Gouvernements pourront être recadrés

et recentrés sur leurs fonctions régaliennes. En fonction de leurs contextes

particuliers, les États Membres pourront mettre en place une ou plusieurs Agences

spécialisées pour la promotion de l’agrégation agricole et le développement des

filières. La fonction du conseiller en gestion et développement agricoles sera

instituée et promue. Des Banques de Projets d’Agrégation Agricole, contenant des

idées de projets d’agrégation des acteurs autour de séries de chaines de valeur

identiques, seront introduites comme instrument de priorisation. Elles seront

complétées par des lignes de financement appropriées pour soutenir les problèmes

spécifiques des acteurs (EAF, entreprises) au sein de ces différentes séries de

chaines de valeur. Ces instruments financiers seront mis en œuvre par le FRDA,

ainsi que les mécanismes financiers nationaux que les États Membres seront

encouragés à instituer en consultation avec les acteurs non-étatiques et les PTF Ces

mécanismes financiers soutiendront prioritairement l’articulation des exploitations

agricoles familiales et des entreprises, avec les banques et les institutions de micro

finance. Le Fonds d’Aide à l’Intégration Régionale (FAIR) de l’UEMOA pourrait

également être mis à contribution pour soutenir la réalisation des infrastructures

(routes par exemple) nécessaires pour accompagner le développement des filières.

40

40

Enfin, les interventions de la BOAD au profit du financement agricole seront

renforcées.

59. Axe 7 – Recherche agricole et transfert de technologies – Le PCD-TASAN

met l’accent sur la promotion des innovations technologiques dans le développement

des filières. Pour chaque série de filières décrites dans la Banque de projets

d’agrégation, les besoins des acteurs en matière de technologie améliorée seront

évalués et pris en compte dans les programmes de recherche à développer. Des

lignes de financement du réseau FRDA – FNDA, propres à promouvoir les

innovations technologiques seront alors mises en œuvre pour soutenir aussi bien

l’offre que la demande de technologies améliorées. Dans le domaine de la

production végétale, le transfert de technologies concernera les variétés de céréales

sèches, de riz, des fruits et légumes, des racines et plantes à tubercules,… ainsi que

les bonnes pratiques culturales (semis à sec,…) et de récoltes ; il s’agit

généralement de matériel aux caractéristiques désirables pour le contexte de

production (rendement élevé, cycle court, résistance aux maladies et à la

sécheresse, bonne qualité pour la transformation, bon goût…). En ce qui concerne le

travail du sol et la gestion des ressources naturelles, l’accent sera mis sur la diffusion

des techniques de conservation des eaux et du sol, et de défense et restauration du

sol, et celles relatives à la fertilisation. Dans le domaine de l’élevage, la priorité sera

accordée aux technologies (y compris les vaccinations) permettant de résoudre les

problèmes de santé, d’alimentation et d’amélioration génétique (insémination

artificielle), et ceux relatifs aux pâturages et à la gestion des troupeaux. En ce qui

concerne la pêche et à l’aquaculture, le transfert de technologies concernera la

sélection d’espèces productives et à haute valeur commerciale, l’amélioration du

fumage et du séchage et la gestion des étangs aquacoles. Dans le domaine de

l’agroalimentaire, la priorité sera accordée à la mise au point de techniques de

transformation des produits bruts en d’autres produits plus fins et variés, et aux

équipements de transformation. Enfin, le PCD-TASAN promouvra la fonction de

conseiller en gestion et développement agricole.

60. Axe 8 – Renforcement des capacités – A travers le PCD-TASAN, la

Commission de l’UEMOA se dote des capacités (techniques, organisationnelles et

financières) requises pour conduire avec succès, la mise en œuvre de la PAU. Dans

l’ensemble, le PCD-TASAN renforcera les capacités institutionnelles des États

Membres à assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle, en les incitant à mettre en

place et à opérationnaliser les instruments réglementaires, organisationnels,

techniques et financiers requis. La création des Agences de promotion de

l’agrégation agricole, ainsi que la promotion de la fonction du Conseiller en gestion et

développement agricoles, devraient permettre de renforcer les capacités des

exploitations agricoles familiales et des entreprises agricoles et agroalimentaires,

agrégées au sein des filières. Les capacités des OP à négocier et mettre en œuvre

des contrats de marché favorables pour leurs membres, seront renforcées. Les

interprofessions seront renforcées, notamment dans leur fonction de régulation des

affaires.

41

41

61. Axe 9 – Financement de l’agriculture – La mise en œuvre de mécanismes

financiers adéquats et bien gérés à l’échelle régionale, ainsi que dans les États

membres, constitue l’une des innovations importantes de cette initiative

communautaire retenues pour la transformation de l’agriculture dans l’UEMOA. Ces

mécanismes financiers reposent sur l’articulation prévue entre le FRDA et les

Banques, Assurances et autres mécanismes financiers dans les États membres. En

mettant en place les divers instruments prévus, le FRDA en relation avec ces

prestataires de services financiers dans les États Membres, favorisera l’accès des

EAF et des EAA à une gamme variée de produits financiers répondant à leurs

besoins spécifiques dans les différentes chaines de valeur. La Banque Ouest

Africaine de Développement (BOAD) adaptera sa politique de financement agricole

au soutien de l’agrégation des EAF et du développement des filières. Par ailleurs la

contribution de la Banque de l’Investissement et de Développement de la CEDEAO

(BIDC) au financement des projets d’agrégation, pourra être négociée.

C4. LE PHASAGE DE LA MISE EN ŒUVRE

62. La mise en œuvre du PCD-TASAN connaitra globalement 3 phases inter-liées :

une phase de lancement ; (ii) une phase de croisière, et (iii) une phase de mise à

l’échelle (voir tableau 1 ci-dessous).

63. Au cours de la phase de lancement (ans 1 à 3), le soutien aux projets

démonstratifs et le renforcement des capacités des acteurs, permettront à ceux-ci et

aux États Membres, de se familiariser avec l’agrégation agricole et les approches

novatrices en matière de développement des filières. Les actions de promotion des

technologies d’adaptation aux changements climatiques et de gestion rationnelle des

ressources naturelles accompagneront les projets démonstratifs. Parallèlement, à

travers AGIR notamment, les actions visant à améliorer la résilience (y compris la

sécurité alimentaire et nutritionnelle) des populations seront conduites. Forts de ces

expériences, les États Membres et les acteurs devraient alors lancer la réflexion sur

la mise en place du dispositif juridique, organisationnel, technique et financier requis

pour mettre à l’échelle le développement des filières et l’agrégation agricole, réduire

les crises alimentaires et nutritionnelles, et maitriser leur gestion.

Tableau 1 : Phasage du PCD-TASAN

Phases Années Priorités

Lancement 1 à 3 Lancement des actions d’amélioration de

l’environnement favorable pour la promotion des

affaires et investissements agricoles ;

Promotion de l’agrégation agricole et des

approches novatrices en matière de

développement des filières

Promotion des approches novatrices en matière

d’amélioration de la résilience (y compris la

sécurité alimentaire et nutritionnelle des

42

42

populations)

Lancement des réflexions sur

l’institutionnalisation de l’agrégation agricole

Croisière 4 et 5 Consolidation de l’environnement favorable pour

la promotion des affaires et investissements

agricoles ;

Poursuite de la promotion de l’agrégation

agricole et des approches novatrices en matière

de développement des filières

Poursuite de l’amélioration de la résilience des

populations

Mise en place des mécanismes nationaux

(publics et privés requis) pour institutionnaliser

l’agrégation agricole et le développement des

filières.

Mise à

l’échelle

6 à 10 Achèvement de la mise en place des

mécanismes nationaux

Généralisation et renforcement de l’agrégation

agricole et du développement des filières.

Renforcement des actions pour l’amélioration de

la résilience des populations.

64. Au cours de la phase de croisière (ans 4 et 5), les activités menées au cours

des 3 premières années, en matière de structuration et de développement des

filières, de gestion rationnelle des ressources naturelles, et d’amélioration de la

résilience (y compris les aspects sécurité alimentaire et nutritionnels) vont se

renforcer. La mise en place du dispositif réglementaire, organisationnel, technique et

financier, va rentrer dans sa phase active, et les États Membres seront incités à

mettre en place (en concertation avec les opérateurs agricoles et leurs organisations)

des arrangements institutionnels novateurs, porteurs pour la mise à l’échelle du

développement des filières, la réduction des crises alimentaires et nutritionnelles, et

la maitrise de leur gestion.

65. La phase de mise à l’échelle (ans 6 à 10) verra l’achèvement de la mise en

place et le fonctionnement du dispositif juridique, organisationnel, technique et

financier. L’on devrait alors assister à la généralisation de la promotion des

instruments et outils de développement des filières et de l’agrégation agricole, avec

comme impacts, une baisse sensible de la fréquence des crises alimentaires et

nutritionnelle, et une plus grande maitrise de leur gestion.

43

43

D. LES PROGRAMMES DU PCD-TASAN

D.1. PROGRAMME 1 – CREATION D’UN ENVIRONNEMENT APPROPRIE POUR LE

DEVELOPPEMENT ET LA PROMOTION DES AFFAIRES ET DES INVESTISSEMENTS DANS LE

SECTEUR AGRICOLE (ENVIRON 200 MILLIARDS FCFA)

66. Justification. Un climat des affaires favorable est nécessaire pour stimuler le

développement des filières agricoles (végétales, animales et halieutiques), et

l’agrégation des petits exploitants familiaux en leur sein. L’espace UEMOA a besoin

de lever les entraves au commerce intracommunautaire et de renforcer ses capacités

en matière de négociation sur le commerce international des produits agricoles. La

non maitrise des services de gestion de la qualité et de certification, ainsi que des

services de gestion de la sécurité sanitaire des végétaux, des animaux et des

aliments, constitue un handicap dans les échanges internationaux. De même, la non

maitrise des services de gestion des intrants agricoles, constitue un frein pour

l’accroissement des performances des productions. Des programmes de

développement des infrastructures (routes, aménagements hydroagricoles…) ainsi

qu’une offre de services de sécurisation foncière adéquats, apparaissent nécessaires

pour la promotion des pôles de croissance agricole potentiels et des filières dans les

États Membres. Enfin, les perspectives de modernisation de l’agriculture appellent à

reformer l’enseignement agricole dans l’espace UEMOA, afin de l’adapter aux

nouveaux défis du secteur. Ce sont là les principaux domaines de l’environnement

des affaires qui feront l’objet de ce programme. Dans le cadre de la mise en œuvre

de la PAU, la Commission a déjà lancé plusieurs initiatives, visant à harmoniser les

politiques nationales et à stimuler leur opérationnalisation dans ces divers domaines.

A travers les différents projets ci-dessous présentés, ces initiatives seront

poursuivies et renforcées. Ils compléteront les actions engagées par d’autres

départements de la Commission en matière de facilitation des échanges

intracommunautaires et internationaux, de promotion de la qualité, de réformes

fiscales et douanières…. Ils permettront aussi de renforcer les actions des Etats

Membres en matière création d’un environnement favorable pour le développement

des sous-secteurs des productions végétales, animales et halieutiques.

67. L’objectif général du programme 1 est d’augmenter l’attractivité du secteur

agricole et la compétitivité des productions végétales, animales et halieutiques

communautaires. Le programme consiste en cinq (5) projets conçus pour compléter

une série d’actions déjà engagées par la Commission et qui concourent à

l’amélioration de l’environnement des affaires dans le secteur. Il s’agit de : (1)

Amélioration de la sécurité sanitaire des végétaux, des animaux et des aliments dans

l’espace UEMOA ; (2) Amélioration de la gestion des intrants agricoles (pesticides,

médicaments vétérinaires, semences, engrais) ; (3) Infrastructures routières pour les

pôles de croissance agricole ; (4) Aménagements hydroagricoles pour les pôles de

croissance agricole ; (5) Promotion de la sécurité foncière au sein de l’UEMOA.

44

44

D.1.1 Projet 1.1 – Amélioration de la sécurité sanitaire des végétaux, des

animaux et des aliments dans l’Espace UEMOA

68. L’objectif spécifique 1.1 est d’améliorer la sécurité sanitaire des végétaux,

des animaux et des aliments, pour faciliter la conformité avec les accords de

commerce (OMC et autres) et juguler les barrières sanitaires sur les échanges

intracommunautaires et les exportations hors UEMOA.

69. Résultat 1.1.1 – Les acteurs dans les États Membres ont accès à une offre

améliorée de services de sécurité sanitaire des végétaux, des animaux et des

aliments. Les 4 activités ci-après seront conduites :

70. Activité 1.1.1.1 – Renforcement des cadres juridique, institutionnel et

opérationnel régionaux et nationaux, et harmonisation des règles en matière de

sécurité sanitaire. Il s’agira de renforcer les capacités de la Commission et des

Etats membres. Cela passera par l’opérationnalisation du Comité Régional de

Sécurité Sanitaire (CRSS) et de ses Sous-Comités (animaux, végétaux et aliments).

Le CRSS, à travers ses réunions périodiques, permettra aux experts des Etats

membres de passer en revue les législations sanitaires et phytosanitaires (SPS)

pratiquées dans la région et de formuler des plans appropriés d’harmonisation. La

Commission contribuera au financement de ces plans et les États membres seront

encouragés à mettre sur pied des Comités nationaux chargés des questions SPS. Le

CRSS sera appuyé, dans le cadre de ses travaux, par les réseaux et les

Observatoires prévus par la règlementation communautaire. Par ailleurs, la

Commission contribuera à la mise en place effective des fonds nationaux d’urgence

sanitaire. Des formations menées à l’échelle régionale porteront sur les systèmes et

les procédures de suivi et de surveillance des maladies/ravageurs, la gestion et

l’échange d’informations, et la préparation aux situations d’urgence. La Commission

fournira aussi un accompagnement aux filières par la mise à disposition d’experts et

des missions techniques afin de les aider à élaborer des guides sectoriels

d’autocontrôle.

71. Activité 1.1.1.2 – Mise en place des systèmes intégrés de gestion de

l’information et de formation sur la sécurité sanitaire au niveau de la région et

des États Membres. Il s’agira notamment de mettre en place et de rendre

opérationnel un système d’information sur la sécurité sanitaire, ainsi que

l’Observatoire de la sécurité sanitaire et le réseau d’alerte sanitaire, sur toute

l’étendue de l’UEMOA. Par ailleurs, il sera organisé des ateliers de sensibilisation et

de formation par État membre, sur l’utilisation du site web du système. Des études

ponctuelles sur les entraves et les barrières sanitaires seront menées. Un plan de

formation sur la sécurité sanitaire sera également élaboré et mis en œuvre pour

l’ensemble des acteurs. En outre, le Projet va élaborer et mettre en œuvre une

stratégie et un plan de communication et de sensibilisation aux questions SPS.

72. Activité 1.1.1.3 – Facilitation de l’accréditation des services publics en

charge de la sécurité sanitaire, et renforcement des capacités de suivi et de

mise en œuvre des règlements SPS au niveau national, régional et

45

45

international. A la suite d’un audit-évaluation des systèmes nationaux d’analyse, le

projet renforcera les équipements des laboratoires dans les États membres sur la

base des besoins prioritaires exprimés. Par ailleurs, il facilitera la création de trois

(3) laboratoires régionaux de référence : un pour chacun des domaines SPS qui

seront sélectionnés parmi les laboratoires précités et accompagnés pour leur mise à

niveau en termes de qualité et d’accréditation. Par ailleurs, il sera procédé, à travers

le CRSS, à l’installation du réseau des experts et à la rédaction des procédures

communautaires de saisine et d’évaluation des risques. En outre, la Commission

encouragera et appuiera aux niveaux régional et national, la participation des experts

aux rencontres de la Convention Internationale pour la Protection des Végétaux

(CIVP), de la Commission du Codex Alimentarius (CAC), de l’Organisation Mondiale

de la Santé Animale (OIE) et du Comité des mesures sanitaires et phytosanitaires

(SPS) de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC).

73. Activité 1.1.1.4 – Élaboration et mise en œuvre de programmes

communautaires de lutte contre les maladies animales prioritaires (charbon,

Newcastle, Péripneumonie bovine PPCB…) et les ravageurs des cultures. Il

s’agira d’élaborer et de mettre en œuvre des programmes régionaux coordonnés de

contrôle de la Maladie du Newcastle (MN), du Charbon Bactéridien et de la

Péripneumonie Contagieuse Bovine (PPCB), sur une période de cinq ans, avec pour

objectif de réduire au maximum le nombre de cas et de foyers. Il s’agira, dans ce

cadre, de former les Cadres épidémiologistes et d’apporter une assistance aux EM

pour acquérir des vaccins et la logistique (petit équipement de vaccination, chaine

du froid, motocyclettes, véhicules…). Dans la même perspective, la Commission

poursuivra ses appuis aux EM pour la gestion des organismes nuisibles et la

coordination de la gestion des fléaux transfrontaliers (criquets pèlerins et mouches

des fruits).

D.1.2 Projet 1.2 – Amélioration de la gestion des intrants agricoles

(pesticides, médicaments vétérinaires, semences végétales, animales et

halieutiques, engrais et autres)

74. L’objectif spécifique 1.2 est d’améliorer la gestion des médicaments

vétérinaires, des engrais, des semences et des pesticides, afin d’accroitre les

performances des productions agricoles et pastorales.

75. Résultat 1.2.1 – Les acteurs dans les États Membres ont accès à des

services adéquats de gestion des médicaments vétérinaires, des pesticides,

des engrais et des semences.

76. Activité 1.2.1.1 : Renforcement des cadres juridiques et institutionnels

régionaux et nationaux et harmonisation de la règlementation sur

l’homologation et la gestion des médicaments vétérinaires, des pesticides, des

engrais et des semences. Globalement il s’agit de : (i) mettre en œuvre les

règlements relatifs aux semences, aux pesticides et aux médicaments vétérinaires ;

et (ii) d’appuyer les Etats Membres à mettre en œuvre le règlement C/REG. 13/12/12

relatif au contrôle de la qualité des engrais dans l’espace CEDEAO.

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77. En ce qui concerne le Règlement N°03/2009/CM/UEMOA relatif aux semences

végétales, il s’agira de : (i) assurer le fonctionnement du Comité Régional des

Semences et Plants de l’Union (CRSU), qui tiendra au moins une réunion chaque

année ; et (ii) du Comité National des Semences et Plants dans chacun des États

Membres, lequel tiendra aussi au moins une réunion chaque année ; (iii) adopter le

Règlement d’exécution sur le Catalogue Régional des Espèces et Variétés Végétales

de l’Union (CREVU) ; (iv) adopter les Règlements d’exécution sur l’étiquetage et

l’emballage ; (v) définir les normes, mener (au besoin) des activités de renforcement

de capacité ; (vi) appuyer les États Membres pour la mise en place des Comités

Nationaux ; (vii) assurer le suivi de l’application de la règlementation.

78. En ce qui concerne les semences animales et halieutiques, la Commission

incitera les Etats Membres à mettre en place et renforcer le fonctionnement de

mécanismes analogues à ceux décrits ci-dessus pour les semences végétales.

79. En ce qui concerne le Règlement N°04/2009/CM/UEMOA relatif aux pesticides,

il s’agira de: (i) assurer le fonctionnement du Comité Régional des Pesticides de

l’Union (CRPU), qui tiendra au moins une réunion annuelle ; et (ii) du Comité

National des Pesticides dans chaque État Membre, lequel tiendra aussi au moins

une réunion annuelle ; (iii) finaliser et faire adopter la convention cadre par la

CEDEAO, l’UEMOA et le CILSS. Cette convention précisera le partage des rôles et

des responsabilités des trois institutions dans l’homologation des pesticides.

80. En ce qui concerne le Règlement N02/2006/CM/UEMOA relatif aux

médicaments vétérinaires, il s’agira de : (i) assurer le fonctionnement du Comité

Régional des Médicaments Vétérinaires (CRMV), qui tiendra ses sessions annuelles.

81. Par ailleurs, la Commission de l’UEMOA, en concertation avec la CEDEAO et le

CILSS, appuiera les Etats Membres à mettre en place les mécanismes requis pour

assurer l’homologation et le contrôle de qualité des engrais, en conformité avec la

réglementation en vigueur dans l’espace CEDEAO.

82. Activité 1.2.1.2 – Mise en place des systèmes intégrés de gestion de

l’information sur les médicaments vétérinaires, les pesticides, les engrais et

les semences, au niveau de la région et des États Membres. Les actions

suivantes seront conduites :

83. En ce qui concerne les semences, la Commission de l’UEMOA appuiera le

Comité Régional des Semences et des Plants de l’Union, en collaboration avec les

Comités Nationaux des Semences et des Plants, à : (i) établir et actualiser

régulièrement le Catalogue Régional des Espèces et Variétés Végétales de l’Union

(CREVU) et à en assurer la diffusion ; et (ii) à établir un système de suivi de l’offre et

de la demande en semences pour les spéculations agricoles prioritaires.

84. En ce qui concerne les pesticides, le CRPU devra évaluer toutes les

notifications et les documents d’orientation de décisions (DOD) au titre des

conventions visées à l’article 6 du Règlement communautaire sur les pesticides. Il

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47

soumettra ses avis à la Commission de l’UEMOA qui en saisira les États membres

pour leur mise en œuvre.

85. En ce qui concerne les médicaments vétérinaires, le secrétariat permanent du

CRMV poursuivra l’archivage des dossiers d’autorisation de mise sur le marché

(AMM) et des échantillons de médicaments vétérinaires. Il opérationnalisera le

système d’inspection communautaire, facilitera la communication avec les firmes

demandeuses d’autorisation de mise sur le marché, et renforcera le réseau de

laboratoire de contrôle de qualité des médicaments vétérinaires.

86. En ce qui concerne l’homologation des Engrais, les EM auront à charge de

conduire les opérations, en respectant les dispositions du texte communautaire. Un

Comité Régional des engrais de l’Union (CREU) devra être mis en place.

87. Activité 1.2.1.3 Facilitation de la certification, de l’homologation et du

contrôle de qualité des intrants agricoles et renforcement des capacités de

suivi de l’application des règlements sur les intrants agricoles au niveau

national et régional. Les actions suivantes seront conduites :

88. En ce qui concerne les pesticides, il s’agira d’organiser la reconnaissance des

normes internationales, notamment la ratification par les EM, des normes de

l’OCDE, des spécifications de la FAO et des Conventions de Rotterdam, de

Stockholm, de Bales et de Bamako. Les EM devront assurer la pleine participation

des différents acteurs du secteur des pesticides au processus de décisions publiques

relatives aux pesticides. Ils organiseront l’accès du public à l’information relative aux

pesticides et contribueront à la formation et à la sensibilisation des acteurs du

secteur des pesticides. Les EM devront établir 5 types de listes de pesticides qui sont

les instruments officiels de gestion des pesticides dans l’Espace UEMOA. Ces 5

listes sont les suivantes : (i) liste des pesticides homologués ou en autorisation

provisoire de vente (APV) ; (ii) liste des pesticides sévèrement règlementés ; (iii) liste

des pesticides sous toxico-vigilance ; (iv) liste des pesticides interdits ; et (v) liste des

pesticides non homologués. Les EM devront prendre les mesures nécessaires pour

sanctionner les violations des dispositions du Règlement communautaire et des

textes d’application relatifs aux pesticides. Les frais inhérents au fonctionnement du

CRPU seront pris en charge par le budget général de la Commission de l’UEMOA.

89. En ce qui concerne les semences végétales, animales et halieutiques, la

Commission de l’UEMOA s’est engagée, avec la CEDEAO et le CILSS, dans une

dynamique d’harmonisation des textes régissant le secteur semencier. Sur cette

base, l’UEMOA travaille en collaboration avec les autres organisations sous

régionales à mener à bien, la transposition de ce règlement harmonisé au sein des

Etats Membres. Les acteurs concernés seront sensibilisés particulièrement sur le

principe de reconnaissance mutuelle des certifications de semences dans l’ensemble

de la zone UEMOA-CILSS et CEDEAO. Dans l’optique de faciliter le contrôle et la

certification des semences dans les Etats Membres, des appuis spécifiques seront

apportés aux structures en charge de la certification et du contrôle des semences en

termes de : (i) renforcement des capacités des techniciens; (ii) amélioration du

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plateau technique des laboratoires d’analyse des semences; (iii) harmonisation des

procédures de certification et de contrôle des semences. Ces actions seront définies

sur la base d’un diagnostic préalable qui mettra un accent particulier sur les

semences animales et halieutiques.

90. En ce qui concerne les médicaments vétérinaire, le Secrétariat Permanent du

CRMV bénéficiera d’une formation sur l’utilisation de la base de données sur les

médicaments vétérinaires. La Commission de l’UEMOA prendra en charge les frais

de fonctionnement du CRMV et de son secrétariat permanent. Les EM, afin de

permettre l’établissement d’une liste d’experts des médicaments vétérinaires, devront

transmettre à la Commission de l’UEMOA une liste d’experts possédant une

expérience confirmée dans les domaines de l’immunologie, de la qualité, de

l’innocuité et de l’efficacité des médicaments vétérinaires. Ces experts recevront, au

besoin, une formation complémentaire de courte durée.

91. En ce qui concerne les engrais, les frais de fonctionnement du CREU seront

pris en charge par la Commission de l’UEMOA, et des stages et/ou des sessions de

formation de courte durée seront organisés afin de renforcer les capacités de ses

membres.

D.1.3 Projet 1.3 – Infrastructures routières pour les pôles de croissance

agricole

92. L’objectif spécifique 1.3 est de développer et mettre en œuvre un plan

d’ensemble de développement des infrastructures de transport pour désenclaver les

pôles potentiels de croissance agricole. Ce projet sera exécuté à travers le

Programme d’Actions Communautaires des Infrastructures et du Transport Routier

(PACIRTR) piloté par le Département de l’Aménagement du Territoire

Communautaire et des Transports (DATC). Le DSAME travaillera donc en étroite

collaboration avec le DATC pour sa mise en œuvre.

93. Résultat 1.3.1 – Les principaux pôles de croissance agricole dans

l’Espace UEMOA, sont desservis par des infrastructures routières qui les

relient au couloir régional d’infrastructures de transport. Les trois activités

suivantes contribueront à la réalisation de ce résultat.

94. Activité 1.3.1 – Identification des pôles de croissance agricole (PCA) et

élaboration d’un schéma de connexion de ces pôles au couloir régional

d’infrastructures de transport. En collaboration avec les États Membres, la

Commission (DSAME, Cellule du PER, DATC) commettra une étude pour identifier

les pôles de croissance agricole dans l’Espace UEMOA, et élaborer un schéma de

connexion de ces pôles au couloir régional d’infrastructures de transport. L’étude

permettra aux acteurs de s’accorder sur les critères permettant d’ériger un espace

géographique en pôle de croissance agricole, et sur cette base, de déterminer les

PCA dans les États Membres. Pour chaque PCA, le profil des principales filières

agricoles, sylvicoles, pastorales ou halieutiques sera décrit, avec une caractérisation

des acteurs de ces filières et de leurs besoins en biens et services. Ainsi chaque

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PCA pourra être doté d’une Banque de Projets d’Agrégation Agricole. En outre, les

besoins en infrastructures (aménagements hydroagricoles, infrastructures routières,

services d’électricité et d’eau, télécommunications...) seront évalués, ainsi que les

mesures incitatives à mettre en œuvre pour stimuler les investissements du secteur

privé, y compris les exploitants agricoles familiaux. Sur cette base, le rapport

proposera un schéma de connexion des PCA au couloir d’infrastructures routières

existantes. Il spécifiera les modifications nécessaires aux projets existants

d’infrastructures routières, ainsi que les projets d’infrastructures additionnelles à

réaliser pour assurer une bonne desserte des pôles de croissance agricole. Le

rapport sera dûment validé par les acteurs concernés.

95. Activité 1.3.2 –Réalisation des infrastructures de connexion des pôles de

croissance agricole au couloir régional d’infrastructures de transport. Dans le

cadre du PACIRTR, la Commission, en collaboration avec les États Membres,

mobilisera des ressources pour la réalisation des infrastructures identifiées dans le

schéma de connexion des PCA au couloir régional d’infrastructures de transport.

96. Activité 1.3.3 – Amélioration de la coordination des programmes de

développement des infrastructures au niveau régional et national. Il s’agit de

capitaliser les actions déjà en cours dans le cadre du Programme Indicatif Régional

(PIR) financé notamment par l’Union Européenne. Dans ce cadre, la Commission

renforcera les actions visant à assurer la coordination des programmes de

développement des infrastructures portés ou co-portés par les États Membres, les

bailleurs de fonds, les organisations régionales (CEDEAO, UEMOA…). La mise en

œuvre porte sur des mesures telles que la planification conjointe ou concertée des

investissements, la modification de projets existants, le cofinancement de la

réalisation de certaines infrastructures, la réalisation coordonnée des infrastructures

de part et d’autre des frontières…

D.1.4 Projet 1.4 – Aménagements hydroagricoles et infrastructures pour

les pôles de croissance et le développement des filières végétales,

animales et halieutiques.

97. L’objectif spécifique 1.4 est de développer et mettre en œuvre un plan

d’ensemble pour les aménagements hydroagricoles dans les pôles de croissance et

pour la mise en valeur de nouvelles zones, ainsi que pour le développement des

filières végétales, animales et halieutiques.

98. Résultat 1.4.1 – L’accès des producteurs, éleveurs et pêcheurs à diverses

infrastructures de développement des filières végétales, animales et

halieutiques dans les Etats Membres est amélioré. Les activités suivantes seront

conduites :

99. Activité 1.4.1.1 – Élaboration d’un plan de réalisation d’infrastructures

pour le développement des filières végétales, animales et halieutiques. En

accord avec les États Membres et les autres acteurs concernés, il sera élaboré une

stratégie de réalisation d’infrastructures de développement des filières végétales

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50

(aménagement hydroagricoles), animales (couloirs de transhumance, barrages…) et

halieutiques (étangs, embarcadères, débarcadères…) dans les pôles de croissance

agricole. Ce plan sera décliné en un ensemble de projets communautaires

d’investissement dans la réalisation de ces infrastructures, dont la mise en œuvre

sera financée ou cofinancée par la Commission.

100. Activité 1.4.1.2 – Création des opportunités de partenariat pour

promouvoir et valoriser l’investissement dans des projets régionaux

d’aménagement orientés vers la croissance agricole. La Commission explorera

les possibilités et établira le partenariat avec les États Membres, les partenaires

techniques et financiers, les opérateurs privés, les organisations des producteurs, les

banques…, afin de mobiliser les ressources et de conjuguer les efforts pour réaliser

les projets d’infrastructures dans les pôles de croissance agricole. Les accords de

partenariats ainsi établis pourront aussi inclure la valorisation des périmètres irrigués

et autres infrastructures existantes, dans le cadre des projets d’agrégation agricole.

Ces actions seront conduites en lien avec la mise en œuvre des Programmes

d’Action Nationaux d’Adaptation (PANA) aux changements climatiques des États

Membres. Par ailleurs, les options d’aménagements multi usages (productions

végétales, animales et halieutiques, usage domestique) seront explorées.

D.1.5 Projet 1.5 – Promotion de la sécurité foncière au sein de l’UEMOA

101. L’objectif spécifique 1.5 est de contribuer à la mise en place d’un

environnement foncier durable favorable au développement du secteur agro-sylvo-

pastoral et halieutique. Les trois résultats ci-après sont attendus.

102. Résultat 1.5.1 – Un Observatoire régional du foncier en Afrique de l’Ouest

(ORFAO) produit des supports d’aide à la décision des acteurs des politiques

foncières. L’activité suivante sera conduite :

103. Activité 1.5.1.1 –Mise en place et fonctionnement de l’Observatoire

Régional du Foncier (rural) en Afrique de l’Ouest (ORFAO). Il sera mis en place

au sein de la Commission de l'UEMOA une unité de coordination de la phase pilote

de l’ORFAO (2016 – 2020), chargée de : (i) collecter et compiler les informations au

niveau régional ; (ii) mettre en œuvre un système opérationnel et performant de suivi

évaluation et de capitalisation des expériences foncières, pour les transformer en

connaissances partageables et éclairer la décision des acteurs des politiques

foncières ; (iii) préparer l’institutionnalisation de l’ORFAO. L’évaluation des résultats

de la phase pilote fournira à la Commission, les éléments nécessaires à

l’institutionnalisation de l’ORFAO.

104. Résultat 1.5.2 – Les capacités nationales et régionales en matière de

gestion foncière sont renforcées. L’activité suivante permettra la réalisation de ce

résultat.

105. Activité 1.5.2.1 – Renforcement des capacités dans les EM dans le

domaine du foncier rural. Il s’agit de renforcer les capacités des acteurs des

politiques foncières dans les États Membres à travers l’organisation de formations,

51

51

l'élaboration de fiches pédagogiques et la diffusion de bulletins d’informations sur le

foncier rural. La Commission de l'UEMOA a déjà initié la mise en œuvre de ces

activités.

106. Résultat 1.5.3 – Des appuis techniques aux Etats membres dans le cadre

des processus nationaux de réflexion et de dialogue fonciers sont fournis. Ce

résultat consiste en l’action suivante :

107. Activité 1.5.3.1 – Fourniture d’appuis techniques dans le cadre des

réformes foncières. Cette activité consiste à réaliser des appuis techniques et

méthodologiques à la demande des acteurs des politiques foncières, pour contribuer

à l’élaboration et à la mise en œuvre des politiques foncières dans les Etats

membres.

108. Résultat 1.5.4 – Une assistance aux Etats membres en matière de

promotion de marchés fonciers ruraux fonctionnels et sécurisés est apportée.

L’activité suivante sera conduite :

109. Activité 1.5.4.1– Promotion des outils de régulation des marchés fonciers

dans les Etats membres. La Commission est en train de réaliser une étude

régionale sur les marchés fonciers ruraux en Afrique de l'Ouest, et sur les outils de

leur régulation. Le rapport sera validé par les acteurs, après examen par le Groupe

de travail régional mis en place par la Commission pour l’appuyer dans les réflexions

relatives au foncier. Des outils d’aide à la décision sur les marchés fonciers ruraux

seront produits et diffusés.

D.2. PROGRAMME 2– AMELIORATION DE LA PRODUCTIVITE ET DYNAMISATION DES

FILIERES VEGETALES, ANIMALES ET HALIEUTIQUES (ENVIRON 399,389 MILLIARDS

FCFA)

110. Justification – L’agriculture constitue la base de l’économie des États

Membres de l’UEMOA. Cela signifie que la réalisation des objectifs en matière

sécurité alimentaire et nutritionnelle, de réduction de la pauvreté et de croissance

économique dépendra dans une large mesure des performances du secteur agricole.

Or, malgré des progrès enregistrés au cours des 10 dernières années, les niveaux

de productivité des activités agricoles (y compris la production animale et halieutique)

restent bas, comparés à celui des autres régions du monde. Par ailleurs, la revue

des interventions passées dans l’Espace UEMOA et ailleurs dans le monde, montre

qu’une bonne organisation des filières, ainsi que l’agrégation des EAF (qui réalisent

l’essentiel de la production) en leur sein, sont indispensables pour l’amélioration des

performances des chaines de valeurs. C’est pourquoi, ce programme se propose de

promouvoir de façon équilibrée le développement des filières végétales, animales et

halieutiques à travers des modèles novateurs d’agrégation des EAF dans les États

Membres. Dans l’ensemble, il est conçu pour promouvoir le partenariat public – privé

et les alliances d’affaires, afin de booster le développement de ces filières. Dans un

premier temps les acteurs dans les États Membres pourront se familiariser

davantage avec des modèles d’agrégation des EAF à travers des projets

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52

démonstratifs de développement des filières agricoles. Puis, les États Membres

seront incités à mettre en place les dispositifs juridiques, organisationnels,

techniques et financiers requis pour mettre à l’échelle les bonnes pratiques en la

matière.

111. L’objectif général du Programme 2 est d’augmenter significativement le

volume des productions végétales, animales et halieutiques, et d’améliorer le niveau

de transformation des produits agricoles, afin de réduire sensiblement les

importations alimentaires.

112. Le programme comprend trois (03) sous-programmes: Sous-Programme 1 –

Promotion des filières végétales ; Sous-Programme 2 – Promotion des filières

animales ; Sous-Programme 3 – Promotion des filières halieutiques. Dans la

pratique, et au regard du nouveau paradigme (axé sur les chaines de valeur) promu

par le PCD-TASAN, chacun de ces sous-programmes sera mis en œuvre à travers

les 4 projets transversaux ci-après, qui apportent des réponses adéquates et

spécifiques à la promotion de l’agrégation agricole pour le développement des filières

végétales, animales et halieutiques: (1) Facilitation des investissements et promotion

de l’entreprenariat agricole ; (2) Développement des filières végétales, animales et

halieutiques et promotion de modèles agrégation des exploitants agricoles familiaux ;

(3) Formation et professionnalisation des exploitants agricoles familiaux ; (4)

Développement des systèmes d’engrais et de semences. Les expériences à succès

dans les Etats Membres seront valorisées dans la mise en œuvre de projets.

D.2.1 Projet 2.1 – Facilitation des investissements et promotion de

l’entreprenariat agricoles

113. L’objectif spécifique 2.1 est de faciliter l’adoption d’outils novateurs (efficace

et efficients) pour le financement, ainsi que les alliances d’affaires et le partenariat

public-privé pour le développement des filières végétales, animales et halieutiques,

dans les États Membres. Les trois résultats ci-après contribueront à la réalisation de

cet objectif.

114. Résultat 2.1.1 – Les EAF et les EAA ont un accès amélioré aux

financements privés, grâce à l’amélioration de la qualité des dépenses

publiques. Les activités suivantes permettront de réaliser ce résultat.

115. Activité 2.1.1.1–Incitation des États Membres à améliorer la qualité des

dépenses publiques dans le secteur agricole. La Commission incitera (accord

commun, appui technique et financier) chaque État Membre à réaliser la revue

annuelle des dépenses publiques du secteur agricole, en étroite collaboration avec le

Ministère de l’Économie et des Finances, et avec les partenaires techniques et

financiers. De même, elle procédera à la revue annuelle des dépenses publiques

agricole au niveau communautaire, en cohérence avec la revue en cours de son

cadre des investissements, et avec les initiatives du Département de la Planification

du Développement dans ce domaine. La synthèse de ces revues permettra

d’élaborer un rapport analytique sur la revue annuelle des dépenses publiques dans

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53

le secteur agricole (en général et dans les sous-secteurs végétal, animal et

halieutique), dans l’Espace UEMOA, lequel formulera des recommandations à

l’endroit de la Commission et des États Membres en vue de l’amélioration de

l’efficacité et de l’efficience des dépenses publiques du secteur agricole au niveau

communautaire et national. Il s’agira d’accorder la priorité aux dépenses qui stimulent

les investissements privés et permettent aux EAF et aux EAA et autres opérateurs

privés de lever les financements auprès des banques. La priorité devrait être aussi

accordée aux dépenses pour répondre à la demande des filières en matière de

recherche et de vulgarisation. Ces recommandations seront discutées au cours des

réunions des Instances de l’Union (Conseil des Ministres Statutaire, Conférence des

Chefs d’État et de Gouvernement…). Par ailleurs, les expériences réussies en

matière de dépenses publiques de qualité seront capitalisées et diffusées, et

pourront faire l’objet de fora de discussion organisées par la Commission.

116. Activité 2.1.1.2 – Mise en œuvre du Fond Régional pour le Développement

Agricole (FRDA). Jusqu’à présent, les ressources du FRDA sont mises en œuvre,

essentiellement, sous la forme de convention entre la Commission et les États

Membres, pour le financement de projets de développement des filières végétales,

animales et halieutiques. A travers le PCD-TASAN, il s’agira d’opérationnaliser

l’ensemble des mécanismes prévus par les procédures du FRDA, notamment

l’articulation avec les Banques et les Assurances dans les États Membres et à

l’échelle régionale. Dans ce cadre, l’équipe du FRDA au DSAME sera mise en place

au complet. Le Fond sera abondé par la Commission et les bailleurs de fonds, et les

conventions de partenariat seront signées avec les banques et assurances, basés

sur des contrats de résultats, avec une spécification des modalités de suivi et

d’évaluation de ces résultats. A titre indicatif, les incitations financières du FRDA

pourraient être basées sur les hypothèses suivantes : (1) aides directes aux acteurs

des filières dans une logique de partenariat public-privé (PPP) où le FRDA

supporterait 30% des besoins d’investissement (50% pour les projets portés par les

femmes) ; ces financements couvriraient les besoins d’acquisition des infrastructures

et des équipements dans le cadre d’un projet d’agrégation ; (ii) aides directes aux

États et aux collectivités locales à hauteur de 90% et 10% supportés par les États et

les collectivités locales ; ces financements couvriraient les besoins en infrastructures

et équipements pour soutenir des projets d’agrégation ; (iii) bonification des taux

d’intérêt bancaire à hauteur de 5% ; cette aide serait applicable aux besoins de

financement des équipements, infrastructures et de financement de fonds de

roulement dans le cadre des projets d’agrégation ; (iv) couverture des risques

associés au crédit. Le portefeuille de risque dans l’Espace UEMOA étant en

moyenne de 15%, l’UEMOA et ses partenaires couvriraient le portefeuille à risque à

hauteur de 40% (40% de 15%) et les banques et IFD à hauteur de 60% (60% de

15%). Cette aide serait applicable à l’ensemble des crédits contractés par les acteurs

des filières dans le cadre des projets d’agrégation.

117. Activité 2.1.1.3 – Appui aux États Membres pour la mise en place de

mécanismes financiers novateurs pour le développement des filières

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54

végétales, animales et halieutiques. A la demande des États Membres, la

Commission pourrait les appuyer à mettre en place, en étroite concertation avec les

bailleurs de fonds et les opérateurs des filières (EAF, OP, EAA, ….), des

mécanismes financiers nationaux, dont le mandat est de permettre à ces derniers de

lever des financements sur le marché financier. Il s’agit des mécanismes tels que les

subventions à coûts partagés répondant à des règles d’application rigoureuses, les

fonds de garantie et de partage des risques, la bonification des taux d’intérêts, les

assurances agricoles, etc… L’on veillera aussi aux mécanismes financiers

permettant de répondre aux besoins des acteurs des chaines de valeur en matière

de recherche et de vulgarisation. La qualité de gouvernance de ces mécanismes

financiers déterminera leur succès. Ils devraient être abondés par les

Gouvernements et les bailleurs de fonds. Ils pourront fonctionner en étroite

collaboration avec le FRDA. Des études seront conduites et les propositions seront

validées par les acteurs.

118. Résultat 2.1.2 – Les infrastructures de marché utiles pour le commerce

des produits végétaux, animaux et halieutiques sont développées dans les

États Membres. L’activité suivante sera mise en œuvre :

119. Activité 2.1.2.1 – Appui au développement des infrastructures de marché.

A travers le FRDA et d’autres ressources, la Commission facilitera le développement

des infrastructures de marché (magasins de stockage, centres de groupage,

infrastructures de transformation, marchés à bétail, marchés de poisson…) dans les

EM. Afin d’éviter le soutien à des opérations isolées, le financement de ces

infrastructures se fera en relation avec la promotion des projets d’agrégation et de

développement des filières.

120. Résultat 2.1.3 – Le pilotage des filières est assuré et le partenariat entre

les acteurs est promu. Les activités suivantes seront mises en œuvre :

121. Activité 2.1.3.1 – Facilitation du pilotage des filières végétales, animales et

halieutiques. La Commission facilitera la mise en place et le fonctionnement de

plateformes (Comités Régionaux) sur les filières d’intérêts régionaux. Les travaux de

ces plateformes permettront de proposer et de faire le plaidoyer pour la mise en

œuvre de mesures visant à lever les obstacles réglementaires, techniques et

financiers à la création et à la croissance des exploitations et entreprises agricoles

performantes. Par ailleurs, en collaboration avec les acteurs de ces plateformes et

avec les EM, la Commission conduira le pilotage d’ensemble de ces filières : (i)

définition périodique des objectifs communautaires, en matière de productivité, de

production, de niveau de transformation, de promotion des technologies (recherche

et vulgarisation), de réduction des importations, d’augmentation des exportations… ;

(ii) définition des mesures politiques, avec des instruments de mise en œuvre ; (iii)

suivi analytique des performances dans chacun des États Membres et dans l’Union,

en faisant le lien entre les résultats et les facteurs de politique et autres qui les

expliquent ; (iv) propositions pour moduler les politiques de développement de ces

filières.

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55

122. Activité 2.1.3.2 – Promotion de l’entreprenariat et facilitation du

partenariat public – privé et agricole. La Commission fournira des incitations

techniques (formation, appui-conseil, renforcement des capacités) et financières

(subventions, articulation avec les banques) à la promotion des entreprises agricoles

(toutes filières confondues) dans les États Membres. Une priorité sera accordée aux

jeunes pour l’accès aux opportunités en vue développer des entreprises à travers les

projets de développement des filières végétales, animales et halieutiques soutenus.

Un accent particulier sera mis sur la promotion des co-entreprises (joint-ventures), en

facilitant les contacts entre les EAF, les commerçants, les transformateurs, les

investisseurs et les banques, dans le montage des projets d’agrégation et la

construction des filières. Dans ce cadre, une foire régionale sera instituée et

régulièrement organisée pour mettre en relation ces acteurs. Par ailleurs, un plan

d’actions sera élaboré et mis en œuvre pour développer et renforcer les capacités

d’un large éventail de ces acteurs à participer à la foire, et pour garantir la durabilité

financière de cet évènement majeur. Enfin, la Commission promouvra des modèles

de partenariat public-privé (PPP). Des publications sur les modèles réussis de PPP

en Afrique et ailleurs dans le monde, seront réalisées et diffusées, et des foras seront

organisés sur cette thématique, auxquels participeront les acteurs publics et privés, y

compris les organisations des producteurs dans les États Membres. En outre, dans

le cadre du soutien aux projets d’agrégation agricole et de développement des

filières, des opérations concrètes de partenariat public-privé seront soutenues. Enfin,

le partenariat entre les acteurs des filières et les services de recherche et

vulgarisation agricoles sera promu.

D.2.2 Projet 2.2 – Développement des filières végétales, animales et

halieutiques et promotion de modèles agrégation des exploitants

agricoles familiaux

123. L’objectif spécifique 2.2 est de soutenir le développement des filières, à

travers l’utilisation et la mise à l’échelle d’outils efficaces de promotion des

partenariats entre les acteurs à savoir les EAF, les OP, les acteurs publics et les

opérateurs privés (commerçants, transformateurs…). Les trois résultats ci-après

contribueront à cet objectif.

124. Résultat 2.2.1 –Les bonnes pratiques en matière de modèles d’agrégation

des EAF au sein des filières sont capitalisées et diffusées, et les capacités des

acteurs sont renforcées. Les activités suivantes seront mises en œuvre :

125. Activité 2.2.1.1 – Capitalisation des bonnes pratiques et diffusion du

savoir-faire en matière de développement des filières végétales, animales et

halieutiques. Des études seront conduites pour évaluer et capitaliser les

expériences réussies en matière de : (i) modèles d’agrégation des EAF au sein des

divers types de filières végétales, animales et halieutiques, et dans des contextes

spécifiques ; (ii) partenariat public-privé ; (iii) instruments de financements adaptés

aux besoins des acteurs des filières. Ces études aboutiront à des publications qui

seront largement diffusées. En outre, un guide sur le développement des filières ou

56

56

l’agrégation agricole, et un guide sur la constitution et l’utilisation d’une Banque de

Projets d’Agrégation Agricole (BPA)15 seront élaborés. Ils seront largement diffusés

et serviront comme manuel pour la formation des acteurs concernés.

126. Activité 2.2.1.2 –Renforcement des capacités des acteurs en matière de

développement des filières végétales, animales et halieutiques. Dans chacun

des États Membres, les cadres de la Cellule PNIA, les cadres supérieurs des

Ministères, les vulgarisateurs, les leaders des OP, des associations du secteur privé

et de la société civile, les vulgarisateurs, les conseillers en gestion et développement

agricole…, bénéficieront de formations ciblées, dans les domaines ayant fait l’objet

des publications sur le savoir-faire et les bonnes pratiques en matière de

développement des filières agricoles et d’agrégation des EAF, de constitution et

d’utilisation des BPA….

127. Activité 2.2.1.3 – Facilitation de l’harmonisation des approches des

bailleurs de fonds en matière de développement des filières végétales,

animales et halieutiques. Il s’agit d’aider les États Membres à uniformiser les

approches des bailleurs dans le secteur agricole, dans l’optique de promouvoir des

opérations d’investissements (projets) qui embrassent l’ensemble de la filière, de

façon à éviter de perpétuer la mise en œuvre de projets isolés. Trois types d’actions

seront menées : (i) la capitalisation des bonnes pratiques et le développement de

banques de projets d’agrégation agricoles (pour mémoire, voir activités 2.2.1.1 et

2.2.3.1) ; (ii) formation des cadres des directions de la planification des Ministères

chargés de l’Agriculture, de l’Élevage et des Pêches, sur l’harmonisation des

démarches des bailleurs en général, et en matière de développement des filières en

particulier ; (iii) organisation d’un dialogue entre la Commission, les États Membres et

les groupes de travail des partenaires techniques et financiers sur l’harmonisation

des approches en matière de développement des filières végétales, animales et

halieutiques.

128. Résultat 2.2.2 – Les États Membres se sont dotés d’une vision nationale

du développement de leurs filières prioritaires à travers l’élaboration de

Banques de Projets d’Agrégation agricole. L’activité suivante sera conduite :

129. Activité 2.2.2.1 – Appui aux Etats Membres, pour l’élaboration des

Banques de Projets d’Agrégation Agricole. La Commission appuiera les autorités

compétentes dans chacun des États Membres (assistance technique et financière),

pour la constitution de Banques de Projets d’Agrégation Agricole, en étroite

concertation avec l’ensemble des acteurs publics et privés (y compris les OP)

concernés. Les BPA couvriront toutes les filières végétales, animales et halieutiques

prioritaires dans les différentes régions. Elles permettront de développer une vision

nationale du développement de ces filières prioritaires. Cette activité capitalisera et

renforcera les initiatives déjà en cours dans ce domaine.

15 Voir activité 2.2.3.1 ci-dessous

57

57

130. Résultat 2.2.3 – Des opérations modèles d’agrégation des EAF au sein des

filières (végétales, animales et halieutiques) d’intérêts régionaux sont

soutenues et ont conduit à l’augmentation de la production et à l’amélioration

du niveau de transformation des produits agricoles, dans les États Membres.

131. Activité 2.2.3.1 –Opérations démonstratives de développement des filières

végétales, animales et halieutiques prioritaires et d’agrégation des EAF. Dans

chacun des États Membres, la Commission soutiendra la mise en œuvre de projets

démonstratifs de développement des filières prioritaires, basés sur le partenariat

mutuellement bénéfique entre les EAF et les opérateurs privés. Ces opérations

seront lancées au cours des trois (3) premières années de mise en œuvre du PCD-

TASAN, et pourront se poursuivre au cours des années suivantes. Le cas échéant, la

Commission fournira un appui au montage technique et financier de ces projets, et

contribuera à financer leur mise en œuvre, conformément aux procédures du FRDA.

Dans l’ensemble des États Membres, et à titre indicatif, l’accent sera mis sur les

priorités ci-après :

132. Filières des semences – Promotion de 35 projets d’agrégation agricole autour

des filières semencières (céréales) centrées chacune sur une ESOP gérant une unité

de transformation et de conditionnement, agrégeant environ 30 multiplicateurs

emblavant en moyenne 10 ha, soit 1.050 multiplicateurs pour une production de

31.500 tonnes de semences certifiées, à raison de 3 tonnes par ha, par an, si on

compte une seule saison. Ces opérations seront menées en collaboration avec le

CORAF16 et ROPPA17, qui ont déjà conclu un accord pour le développement de ces

filières.

133. Filières riz – Promotion de 30 projets d’agrégation des petits exploitants

familiaux autour d’unités de transformation de 50 tonnes par jour, couvrant environ

30.000 ha, soit quelques 20.000 producteurs emblavant chacun 1,5 ha en moyenne.

Parmi les opérations à soutenir, on peut mentionner : (i) le Projet Office du Niger déjà

financé par la Commission ; (ii) le Projet de mise en valeur des périmètres irrigués

financés par la Commission dans les États Membres, dont celui de la SOTA au

Bénin ; (iii) le Projet d’appui technique d’Africa-Rice aux programmes de mise en

œuvre des Grandes orientations de la Politique Agricole de l’Union (PAU) en vue de

la relance du secteur rizicole en Afrique de l’Ouest, financé par la Commission ; et

(iv) le Projet Offensive pour le Développement de la Riziculture en Afrique de l’Ouest

de la CEDEAO.

134. Filières céréalières et cotonnières– Appui au développement des principaux

corridors céréaliers qui constituent aussi généralement des zones de production

cotonnière, à travers la promotion de modèles novateurs d’agrégation des dizaines

de milliers de petits exploitants familiaux, dans chacun des États Membres.

16CORAF : Conseil Ouest et Centre Africain pour la Recherche et le Développement Agricoles 17ROPPA : Réseau des Organisations Paysannes et des Producteurs de l’Afrique de l’Ouest

58

58

135. Filières ovins et caprins – Promotion de dizaines de projets d’agrégation

mettant chacun en réseau des centaines, voire des milliers de petits éleveurs, avec

des agrégateurs.

136. Pour les filières bovines – La Commission soutiendra des dizaines de projets

d’agrégation liant chacun des centaines d’éleveurs (pasteurs et agropasteurs) à des

agrégateurs, et qui permettront de jouer sur trois (3) paramètres clés : (i) améliorer le

croit du cheptel de 1 à 3% environ selon les pays ; (ii) augmenter le taux

d’exploitation du troupeau de 10% aujourd’hui à 13% au moins ; (iii) faire passer le

poids carcasse de 160 kg aujourd’hui à 200 kg. Ces interventions permettront de

couvrir la demande supplémentaire de 150.000 à 200.000 tonnes de viande à

l’horizon de 10 ans.

137. Filières laitières – Promotion de 24 projets d’agrégation autour d’unités de

transformation de 3.500 litres de lait par jour, liés chacun à environ 600 éleveurs soit

14.400 éleveurs, pour plus de 1 million de litres de lait par an.

138. Pour les filières avicoles – Promotion de 24 projets d’agrégation autour d’unités

de 5.000 tonnes de provende par an, liées chacune à environ 350 aviculteurs

produisant 4 bandes de 3.500 poulets de chair par an, soit au total 8.400 aviculteurs,

et environ 5 millions de poulet de chair par an. Dans le même ordre d’idée des

projets d’agrégation pour la production d’œufs seront promus.

139. Pour les filières pêche et aquaculture–Promotion de 24 projets d’agrégation

autour d’unités de production de provende de 5.000 tonnes d’aliment par an, liés

chacune à 12 fermes de 8 bassins de 15 m³ chacun, 13 fermes à 5 étangs de 1.800

m² chacun, 20 fermes de 10 cages flottantes de 10 m³ chacune et 12 parcs

ostréicoles avec 500 lanternes chacun, soit au total 120 fermes en bassin, 312

fermes en étang, 480 fermes en cages flottantes et 240 parcs ostréicoles. Ces

projets devraient générer une production annuelle de 1.318 tonnes de poisson et 173

tonnes d’huitres et de moules. En outre, des projets de filières pêche (maritime,

continentale) seront promus.

140. Filières non-conventionnelles (miel, champignons, lapins, aulacodes, produits

forestiers non ligneux…).La Commission appuiera le développement de dizaines de

projets d’agrégation qui permettront de : (i) fournir des milliers d’emplois aux jeunes

et aux femmes ; (ii) générer des revenus décents aux couches vulnérables ; et de (iii)

de mettre sur le marché de nouvelles sources de protéines animales.

141. Filières des légumes et produits maraîchers et de fruits locaux, de grande

consommation dans les ménages. En soutenant des projets d’aménagement

hydroagricoles, la Commission appuiera les EM à promouvoir des dizaines de projets

d’agrégation de milliers de petits producteurs autour de ces filières, ce qui permettra

d’améliorer la diversification de la production et l’équilibre alimentaire et nutritionnel

de la population.

142. Filières d’exportation à haute valeur ajoutée (ananas, anacarde, mangue,

autres fruits, haricot vert, fleurs…). La Commission appuiera les États Membres à

59

59

promouvoir des dizaines de projets d’agrégation de milliers de petits producteurs

autour de ces filières, ce qui permettra de : (i) améliorer sensiblement les revenus

des exploitants agricoles familiaux ; (ii) augmenter les exportations ; (iii) améliorer la

balance commerciale, (iv) créer des emplois pour les jeunes et les femmes.

143. Activité 2.2.3.2 – Appui au développement, à l’adaptation et à la diffusion

des technologies. Cette activité sera menée en partenariat avec le CORAF. Il

s’agira d’appuyer l’interface entre les institutions de recherche, les prestataires de

services d’appui-conseil, les EAF et les entrepreneurs, dans le développement des

filières et des pôles de croissance agricole. Cette interface permettra de renforcer la

voix des acteurs bénéficiaires dans le choix des priorités quant au développement, à

l’adaptation et à la diffusion des technologies. Les actions mises en œuvre

accompagneront les interventions de la Commission en appui aux projets

d’agrégation agricole et de développement des pôles de croissance agricole dans les

États Membres. Elles permettront d’améliorer l’accès des EAF et des entreprises aux

technologies de production et de transformation, nécessaires pour augmenter la

valeur ajoutée et la compétitivité des filières agricoles.

144. Résultat 2.2.3 – Les dispositifs juridiques, organisationnels, techniques et

financiers requis pour faciliter l’agrégation des EAF au sein des filières

végétales, animales et halieutiques sont capitalisés et mis à l’échelle dans les

États Membres.

145. Activité 2.2.3.1 –Facilitation de la mise à l’échelle du développement des

filières végétales, animales et halieutiques. Dans un premier temps, la

Commission organisera, en collaboration avec les États Membres et les acteurs non-

étatiques, un dialogue régional sur l’agrégation agricole. Le dialogue régional

permettra aux acteurs de mesurer l’importance et la nécessité de mettre en place

des dispositifs juridiques, organisationnels, techniques et financiers, adéquats pour le

développement des filières agricoles et l’agrégation des EAF en leur sein. Une

assistance technique sera mobilisée pour proposer le format et faciliter l’organisation

de ce forum. Suite au dialogue régional, la Commission accompagnera la mise en

place des dispositifs juridiques, organisationnels, techniques et financiers, requis

pour la généralisation de l’agrégation agricole dans les États Membres. Dans ce

cadre, un plan d’action sera élaboré avec les principaux acteurs concernés, afin

d’assurer une gestion concertée et rigoureuse des processus.

146. Mise en place du dispositif juridique. La question de la nécessité et de l’utilité

d’une réglementation sur l’agrégation agricole pourra être discutée au sein de

l’Union. Si le principe est validé, un texte communautaire pourrait être initié et

transposée au niveau des États Membres. A l’échelle régionale, le cadre

réglementaire pourrait reposer sur trois textes : (i) une réglementation

communautaire sur l’agrégation agricole ; ce texte fixerait le régime applicable aux

relations contractuelles entre un agrégateur et des agrégés pour la réalisation de

projets d’agrégation agricole, en vue de sécuriser les transactions (notamment

commerciales) entre les parties contractantes ; (ii) une réglementation sur les

60

60

instruments organisationnels et techniques ; ce texte encadrerait la création des

agences de promotion des filières agricoles, avec un accent sur leur gouvernance ; il

instituerait et encadrerait l’exercice de la profession du conseiller en gestion et

développement agricoles et agroalimentaire et redéfinirait le rôle du conseil agricole

actuel; il instituerait les interprofessions et encadrerait leur fonctionnement ; enfin il

instituerait les Banques de Projet d’Agrégation Agricole, comme instrument pour

planifier le développement des filières et orienter les investisseurs ; (iii) une

réglementation communautaire sur les mécanismes financiers pour la promotion des

filières dans les États Membres, avec un accent sur l’harmonisation des règles de

gouvernance devant régir leur fonctionnement. Le cas échéant, ces différentes

réglementations pourront être transposées à l’échelle nationale par les États

Membres. Des études seraient conduites pour élaborer les propositions à travers un

processus de consultation des acteurs, à l’échelle régionale et dans les États

Membres. Les projets de réglementation seront alors adoptés, selon les procédures

en vigueur à chaque niveau.

147. Facilitation de la mise en place des instruments organisationnels. Il s’agit des

agences de promotion des filières agricoles, et des conseillers en gestion et

développement agricole. Selon les besoins des États Membres, la Commission

pourra les soutenir dans la création d’une ou plusieurs agences de promotion des

filières agricoles ou la transformation et le renforcement des agences existantes. A

priori, ces agences devraient être des associations des opérateurs (EAF, OP, EAA,

associations des opérateurs privés…) placées sous un régime de gestion de type

privé. L’État pourra être représenté dans le Conseil d’Administration. La Commission

facilitera aussi la promotion des conseillers en gestion et développement agricole

dans les États Membres. Les actions seront menées conformément aux procédures

adoptées : examen, accréditation, renforcement des capacités…

148. Facilitation de la mise en place des instruments techniques – Il s’agit des

Banques de Projet d’Agrégation Agricole (BPA), ainsi que des guides et autres

publications qui capitalisent le savoir- faire en matière de développement des filières.

Une Banque de projets d’agrégation se présente sous la forme de fiches, décrivant

chacune, une série de projets d’agrégation agricole. Pour chaque série de projets, la

fiche présente brièvement la problématique et les objectifs. Elle caractérise les

agrégés, en précisant leur nombre potentiel, les agrégateurs, ainsi que les autres

acteurs concernés. Elle caractérise les biens et services dont ces différentes

catégories d’acteurs auront besoin, et les traduit en besoins financiers conséquents.

Elle définit alors les instruments financiers (subventions à coûts partagés, garantie,

bonification, partage des risques, assurance) qui seront mis en œuvre, pour répondre

à ces besoins, en renforçant leurs relations avec les banques. La fiche décrit le ou

les modèles d’affaires alternatifs les plus susceptibles de porter l’agrégation des

acteurs. Elle présente aussi les mesures d’accompagnement que le Gouvernement

et/ou les Collectivités Territoriales mettront en œuvre dans le cadre du Partenariat

Public – Privé : (i) les infrastructures structurantes devant accompagner le

développement de la série de chaines de valeur ; (ii) les autres mesures incitatives

61

61

(fiscalité, accès aux marchés …). Dans chacun des États Membres, la Commission

appuiera la Cellule PNIA et les Comités nationaux Ad’ hoc du FRDA à constituer la

BPA, avec l’appui de prestataires de services, et en concertation avec les différentes

catégories d’acteurs. La BPA sera déclinée en projets d’agrégation formulés et mis

en œuvre par les acteurs, et en projets mis en œuvre par l’État et/ou les Collectivités

Territoriales, dans le cadre du partenariat public privé. Elle pourra être renouvelée au

bout de 3 à 5 ans. La Commission mettra aussi à la disposition des acteurs, un guide

sur le développement des filières et la promotion de l’agrégation agricole, un guide

sur l’élaboration et l’utilisation des banques de projet d’agrégation agricole, ainsi que

des publications sur les bonnes pratiques dans ce domaine(voir aussi activités

2.2.1.1 et 2.2.1.2, et 2.2.2.1).

149. Mise en place des mécanismes financiers. A l’échelle régionale, il s’agira

essentiellement d’opérationnaliser toutes les composantes du FRDA dans le respect

des procédures en vigueur, et le cas échéant en améliorant ces procédures. L’équipe

du FRDA au DSAME sera mise en place au complet. Le Fond sera abondé par la

Commission et les bailleurs de fonds. A titre indicatif, les incitations financières du

FRDA pourraient être basées sur les hypothèses suivantes : (1) aides aux acteurs

directs des filières végétales, animales et halieutiques, dans une logique de

partenariat public – privé où le FRDA supporterait 30% des besoins d’investissement

(50% pour les projets portés par les femmes) ; ces financements couvriraient les

besoins d’acquisition des infrastructures et des équipements dans le cadre d’un

projet d’agrégation ; (ii) aides directes aux États et aux collectivités locales à hauteur

de 90% et 10% supportés par les États et les collectivités locales ; ces financements

couvriraient les besoins en infrastructures et équipements pour soutenir des projets

d’agrégation ; (iii) bonification des taux d’intérêt bancaire à hauteur de 5% ; cette

aide serait applicable aux besoins de financement des équipements, infrastructures

et fonds de roulement dans le cadre des projets d’agrégation ; (iv) couverture des

risques associés au crédit. Le portefeuille de risque dans l’Espace UEMOA étant en

moyenne de 15%, l’UEMOA et ses partenaires couvriraient le portefeuille à risque à

hauteur de 40% (40% de 15%) et les banques et IFD à hauteur de 60% (60% de

15%). Cette aide serait applicable à l’ensemble des crédits contractés par les acteurs

des filières dans le cadre des projets d’agrégation. A leur demande, la commission

pourra aussi aider les Etats Membres à mettre en place des mécanismes financiers

novateurs (y inclut le financement islamique), propres à promouvoir l’agrégation

agricole.

150. Activité 2.2.3.2 – Facilitation de la contribution des acteurs non –

étatiques à la mise en place du dispositif juridique, organisationnel, technique

et financier. La Commission accordera des facilités (assistance technique et

financière) aux acteurs non-étatiques (réseaux des organisations des producteurs,

des associations des opérateurs privés, et de la société civile) pour assurer leur

contribution au processus de mise en place du dispositif. Ceux-ci pourront se

concerter pour élaborer leurs contributions quant aux arrangements institutionnels à

mettre en place au niveau régional et dans les États Membres, et pour clarifier leurs

62

62

positions respectives. Ils pourront ainsi réaliser des études et organiser des ateliers.

De même ils pourront contribuer à la constitution et au renouvellement des Banques

de Projets d’Agrégation Agricole.

D.2.3 Projet 2.3 – Formation et professionnalisation des exploitants

agricoles familiaux

151. L’objectif spécifique 2.3 est d’accélérer la modernisation des systèmes

d’exploitation, et d’assurer la compétitivité technologique durable des EAF

(agriculteurs, éleveurs et pêcheurs) dans l’économie agricole. Il s’agit pour la

Commission d’appuyer la conception et le pilotage de la formation professionnelle

des exploitants agricoles et des systèmes de développement innovants de la main

d’œuvre. Le résultat ci-dessous est attendu.

152. Résultat 2.3.1 – Les exploitations agricoles accèdent à une offre améliorée

de formation et de technologies modernes durables et sont devenues plus

compétitives. Les activités suivantes seront mises en œuvre.

153. Activité 2.3.1.1 – Capitalisation des expériences réussies et mise au point

de modèles de formation pilote des EAF. En concertation avec les leaders des OP

et les autres acteurs concernés dans les États Membres, la Commission commettra

une étude pour analyser et capitaliser les modèles réussis de développement de la

formation professionnelle des exploitants agricoles familiaux (agriculteurs, éleveurs,

aquaculteurs…) et de la main d’œuvre agricole en Afrique et ailleurs dans le monde.

L’étude proposera des modèles alternatifs de formation à piloter dans les États

Membres. Le rapport sera validé par les acteurs.

154. Activité 2.3.1.2 – Appui à la réorganisation des services et du conseil

agricole. La Commission appuiera la réorganisation des services et du conseil

agricoles, dans le but de fournir des soutiens plus adéquats aux EAF et aux EAA, en

matière de technologies, mais aussi de conseil en gestion. Pour ce faire la

Commission appuiera les États Membres à préparer et mettre en œuvre une réforme

adaptée à leurs propres contextes et consistant à créer un front-office à travers la

professionnalisation de la fonction de conseiller en gestion et développement, et à

renforcer le back-office constitué actuellement par les intervenants publics

(directions, instituts en charge de la recherche et de la vulgarisation, unités

déconcentrées). Dans chaque EM, les propositions de réforme seront validées par

les acteurs, puis adoptées par le Gouvernement. La Commission stimulera la mise

en œuvre, en apportant un soutien financier pour l’acquisition des équipements, la

formation des acteurs… Plus spécifiquement, les modèles réussis de conseil en

gestion et développement agricole en Afrique et ailleurs dans le monde seront

capitalisés et promus.

155. Activité 2.3.1.3– Pilotage des systèmes novateurs de formation des EAF

dans les États Membres. La Commission soutiendra des opérations pilotes de mise

en œuvre des systèmes novateurs de formation professionnelle des EAF et de la

main d’œuvre, mis à jour par l’étude sur la capitalisation des expériences. Ces

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63

opérations pilotes seront placées sous la coordination des principales OP nationales

et de leurs faîtières régionales. Les critères d’évaluation des résultats, ainsi que les

modalités pour valider les méthodes et les modules le cas échéant, seront convenus

avec les bénéficiaires et les prestataires de services de formation.

D.2.4 Projet 2.4 – Développement des systèmes d’engrais, de semences

végétales, animales et halieutiques, et autres intrants

156. L’objectif spécifique 2.4 est d’augmenter de façon significative, l’utilisation des

semences et engrais, ainsi que des autres intrants de qualité de qualité par les EAF,

dans le développement des filières végétales, animales et halieutiques dans les

États Membres.

157. Résultat 2.4.1 – Les EAF dans les États Membres bénéficient d’une offre

améliorée, et ont augmenté de façon significative, l’utilisation des engrais,

semences et autres intrants de qualité. Les actions suivantes seront mises en

œuvre, en étroite collaboration avec l’IFDC, le CORAF/WECARD chargés par la

CEDEAO d’animer respectivement le Comité Ouest Africain de Semences

(COASem) et le Comité Ouest Africain de Contrôle des Engrais (COACE), et avec

d’autres acteurs compétents dans les domaines relatifs aux intrants pour les

productions animales et halieutiques :

158. Activité 2.4.1.1 – Appui au développement des filières des semences

(végétales, animales et halieutiques). En collaboration avec des structures

partenaires telles que Africa-Rice, le CORAF, la CEDEAO…,un mécanisme durable

sera mis en place et/ou renforcé pour: (i) évaluer les besoins en semences

améliorées pour les spéculations prioritaires (végétales, animales et halieutiques), au

cours des 10 prochaines années, les niveaux actuels de l’offre et de la

consommation, ainsi que les capacités de production ; et sur cette base, (ii) fixer les

objectifs en matière de production de semences dans l’Espace UEMOA ; (iii)

identifier les zones de production, ainsi que les filières prioritaires de semences à

soutenir. Des projets d’agrégation des acteurs autour de ces filières semencières

seront alors promus dans les États Membres, en coordination avec les actions du

CORAF, de la CEDEAO et des autres intervenants. A ce titre, la Commission appuie

un projet de production d’alevins améliorés de Tilapia du Nil (Oreochromisniloticus)

et de poisson chat (Clarias gariepinus) mis en œuvre par l’Université Polytechnique

de Bobo Dioulasso (Burkina Faso) dans le cadre d’une Convention. Une fois les

semences améliorées produites, les Etats membres pourront avoir accès à des

géniteurs de tilapia et de poisson chat performants, dont le maintien de la

performance génétique va se faire au niveau des unités nationales de recherche en

aquaculture. Les multiplicateurs privés de semences aquacoles vont s’approvisionner

à partir de ces unités pour assurer la production en masse d’alevins destinés aux

fermes privées de grossissement directement ou par l’intermédiaire de fermes

privées de pré-grossissement. La Commission assurera le suivi annuel de la

réalisation des objectifs dans l’Espace UEMOA en matière d’offre et de

consommation de semences de qualité. Les résultats seront analysés en

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collaboration avec les États Membres, le CORAF, et la CEDEAO, ainsi que les

acteurs des filières semencières, afin d’éclairer les politiques mises en œuvre dans

ce domaine.

159. Activité 2.4.1.2 – Appui au développement des filières de production et de

distribution des engrais et autres intrants. La Commission, en collaboration avec

l’IFDC (International Fertilizer Development Center), le Comité Ouest Africain de

Contrôle des Engrais animé par l’IFDC, et les autres acteurs concernés, réalisera

une évaluation du potentiel de production des divers types d’engrais dans l’Espace

UEMOA. L’évaluation précisera les mesures à mettre en œuvre pour promouvoir

et/ou renforcer les entreprises de production des engrais, ainsi que les filières de

distribution. De même, il sera réalisé une évaluation des politiques de subvention des

engrais mises en œuvre par les États Membres. Cette évaluation capitalisera les

systèmes réussis de subvention (coupons par exemple) des engrais en Afrique et

ailleurs dans le monde. Les conclusions de ces deux examens permettront de

développer et de financer la mise en œuvre d’un projet d’appui aux filières de

production et de distribution des engrais dans l’UEMOA. Le même genre d’actions

sera conduit pour aboutir à des projets d’appui aux filières de promotion d’autres

intrants pour les productions végétales, et des intrants pour les productions animales

et halieutiques. Les objectifs en termes d’offre et de consommation par les EAF

seront définis en discussion avec les États Membres et les acteurs des filières. La

Commission assurera le suivi de la réalisation de ces objectifs. Les résultats seront

périodiquement analysés en collaboration avec les États Membres et les acteurs

concernés et permettront de moduler au besoin, les politiques mises en œuvre dans

ce domaine et régies par le COACE.

160. Activité 2.4.1.3 – Renforcement des capacités des organisations des

producteurs en matière de gestion des approvisionnements en intrants. Le rôle

des organisations des producteurs dans la gestion de l’approvisionnement en

intrants est crucial. Des actions seront mises en œuvre pour renforcer leur capacité

à : (i) nouer des contrats avec les banques, les distributeurs d’intrants, les

entreprises auxquelles les EAF sont agrégées…, pour l’approvisionnement en

intrants (semences et engrais) ; (ii) surveiller la qualité des stocks livrés ; (iii) assurer

le mouvement et la gestion de ces stocks ; (iv) assurer la distribution aux EAF

membres.

161. Activité 2.4.1.4 – Facilitation de l’accès des EAF aux techniques

d’utilisation des semences, engrais et autres intrants. La Commission travaillera

en partenariat avec le CORAF, pour mettre en œuvre les actions suivantes, dans le

cadre des projets d’agrégation agricole et de promotion des pôles de croissance

agricole qui seront soutenus (voir projet 2.2) : (i) élaboration des outils de

vulgarisation des techniques d’utilisation des semences et engrais et autres intrants,

pour les filières végétales, animales et halieutiques soutenues ; (ii) formation des

vulgarisateurs ; (iii) provisions financières dans le montage des projets d’agrégation

agricole, pour subventionner la formation des EAF et de la main d’œuvre à

l’utilisation des semences et des engrais.

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65

D.3. PROGRAMME 3 – PRESERVATION ET GESTION DURABLE DES RESSOURCES

NATURELLES POUR UNE AGRICULTURE PLUS PRODUCTIVE (ENVIRON 10,150

MILLIARDS FCFA)

162. Justification. – Les changements climatiques et l’accélération de la

dégradation des ressources écologiques de base, constituent une menace pour la

sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations dans l’Espace UEMOA. Selon

des prévisions récentes du CILSS, si rien n’est fait, l’on assistera à une baisse

sensible de la productivité, de l’ordre de 20 à 50% pour les zones sahéliennes, et de

5 à 20% pour les zones subhumides, à l’horizon 2050. L’impact de l’évolution du

climat est d’autant plus fort que les agricultures familiales subissent aussi d’autres

mutations de leur environnement : dégradation de la fertilité des sols, déforestation et

érosion de la biodiversité, insertion à l’économie de marché et libéralisation, avec ses

exigences de compétitivité, position défavorisée pour l’accès aux ressources (eau,

foncier notamment), mais également problèmes de financement. Les impacts

négatifs sur l’agriculture sont multiples. Ils pèsent sur les personnes, le capital des

exploitations et leurs résultats (systèmes d’élevage et de culture moins productifs),

mais également sur les dynamiques collectives, le tout contribuant à accroître la

vulnérabilité des plus pauvres. La baisse des rendements (végétaux et animaux),

l’impossibilité de faire jouer les mécanismes traditionnels de gestion du risque et la

très grande incertitude fragilisent les systèmes et induisent des stratégies de court

terme qui sont souvent dommageables à l’environnement, voire à la durabilité

économique des exploitations. Face à cette problématique, le PCD-TASAN propose

deux outils pour accompagner les projets d’agrégation agricole soutenus dans le

cadre du programme 2. Il s’agit des systèmes de paiement pour service

environnemental (PSE), et des technologies et autres actions d’adaptation aux

changements climatiques. Les systèmes de PSE constituent une alternative à la

méthode contraignante, c’est-à-dire l’adoption de lois et de règlements sur la

protection de l’environnement, les émissions polluantes, la santé humaine et

l’utilisation des terres, entre autres. En effet, les approches contraignantes se sont

révélées peu effectives, en raison de l’impuissance du système d’application des lois

environnementales et de la non-conformité généralisée. En outre, il est difficile et

parfois impossible de veiller à l’application des mesures de conservation, des

règlements sur l’utilisation des terres ou de certaines pratiques d’agriculture ou de

sylviculture dans les collectivités démunies qui sont tributaires de l’exploitation de ces

ressources pour leur subsistance. Les approches de réglementation causent parfois

du tort à ces populations en interdisant des activités qui sont essentielles à leur

subsistance, ce qui les force à se tourner vers des modèles de survie illégaux. A

l’opposé, les systèmes de PSE reposent sur le principe fondamental selon lequel les

utilisateurs des ressources et les collectivités qui sont en mesure de générer des

services environnementaux doivent recevoir une compensation, et ceux qui

bénéficient de ces services doivent les payer. Cela entraîne du coup, l’internalisation

de ces avantages. De ce point de vue, l’approche du PSE s’apparente au principe du

pollueur payeur en créant des mesures positives d’encouragement de la protection et

66

66

de la conservation de l’environnement. Cinq types de biens et services

environnementaux sont concernés : (i) la quantité et la qualité des ressources ; (ii) la

protection des bassins versants contre l’érosion ; (iii) la séquestration du carbone ;

(iv) la conservation de la biodiversité ; et (v) la préservation des paysages. Les

systèmes de PSE représentent une solution plus efficace, plus flexible et plus

économique que la création des zones protégées traditionnelles. Ils sont plus

simples à administrer et ils prévoient une gamme plus flexible d’utilisations des terres

et d’activités extractives qui favorisent tant le développement économique que la

protection de l’environnement. Comparativement aux subventions publiques, les

systèmes de PSE donnent des résultats plus durables car ils génèrent un apport

continu de paiements. Ils sont plus avantageux qu’une combinaison de

réglementations et de subventions dont la gestion nécessite des ressources

publiques considérables. Ils font habituellement appel à une structure plus simple et

plus flexible qui peut s’autofinancer à long terme. En ce qui concerne les

technologies et autres actions d’adaptation aux changements climatiques, l’Afrique

de l’Ouest dispose d’une vaste expérience qu’il s’agira de capitaliser pour renforcer

les chances de succès des projets d’agrégation agricole soutenus.

163. L’objectif général 3 est d’améliorer durablement la gestion des ressources

naturelles (eau, sol, végétation…) pour une agriculture plus productive et

compétitive. Le programme consistera en 2 projets : (1) développement de systèmes

de paiement pour services environnementaux (PSE) ; (2) promotion des techniques

d’adaptation aux changements climatiques.

D.3.1 Projet 3.1 – Développement des systèmes de paiement pour services

environnementaux

164. L’objectif spécifique 3.1 est de responsabiliser les EAF et leurs communautés

dans la gestion des ressources naturelles, en développant des systèmes de PSE

dans les États Membres. Dans un premier temps, il s’agira de capitaliser les

expériences sur les systèmes de PSE en Afrique et ailleurs dans le monde (Résultat

1), et sur cette base de mettre en place des systèmes de PSE liés aux projets pilotes

d’agrégation agricole soutenus par la Commission (Résultat 2). Une assistance

technique externe sera nécessaire pour accompagner la Commission dans la

facilitation du développement des PSE dans les États Membres. La priorité sera

accordée à la gestion des ressources partagées. La mise en œuvre des PSE

permettra de fournir des incitations pour la gestion durable des pêcheries, en

complément des actions conduites par les autres acteurs dans ce domaine.

165. Résultat 3.1.1 – Les expériences en matière de PSE en Afrique et ailleurs

dans le monde sont identifiées et capitalisées, et une stratégie de

développement des PSE dans l’Espace UEMOA est adoptée. L’activité suivante

sera réalisée.

166. Activité 3.1.1.1 – Capitalisation des expériences et proposition et adoption

d’une stratégie de développement des systèmes de PSE dans l’espace

UEMOA. Cette activité sera conduite en étroite collaboration avec les principaux

67

67

acteurs concernés dans les États Membres et à l’échelle régionale. La Commission

commettra une étude pour l’identification et la capitalisation des expériences en

matière de développement des systèmes de PSE dans l’Espace UEMOA, en Afrique

et ailleurs dans le monde. L’étude dégagera les leçons quant aux méthodes et

approches réussies dans les domaines ci-après : (i) identification des possibilités de

PSE ; (ii) réalisation de l’étude de faisabilité, y compris l’estimation de la capacité à

conduire le PSE ; (iii) montage du dispositif de PSE ; (iv) gestion et mise en œuvre

du dispositif de PSE. Elle intégrera ces leçons à la problématique de la dégradation

accélérée des ressources naturelles dans l’Espace UEMOA, tout en considérant les

aspects (risques et opportunités) environnementaux des projets d’agrégation agricole

et de développement des filières soutenus par la Commission. Un accent particulier

sera mis sur les PSE relatifs à la gestion durable des pêcheries. Sur cette base, elle

proposera une stratégie de développement des PSE en vue d’accompagner les

actions de développement des filières végétales, animales et halieutiques. La

stratégie inclura aussi les actions à mettre en œuvre pour mobiliser les partenaires

techniques et financiers, ainsi que les opérateurs privés susceptibles de coopérer au

développement des PSE dans les EM. Le rapport de l’étude et la stratégie seront

présentés au cours d’un forum régional sur le développement des PSE dans

l’Espace UEMOA, organisé par la Commission. Les participants examineront les

conclusions du rapport et valideront la stratégie proposée, puis celle-ci sera adoptée

par la Commission, conformément aux procédures en vigueur.

167. Résultat 3.1.2– Les systèmes de PSE sont développés pour accompagner

les projets démonstratifs d’agrégation agricole soutenus par la Commission

dans les États Membres. Les quatre activités suivantes seront mises en œuvre de

façon successive, et accompagneront la préparation et la mise en œuvre des projets

d’agrégation agricole.

168. Activité 3.1.2.1 – Identification des possibilités de PSE. Pour chaque projet

d’agrégation, l’étude couvrira les 2 volets suivants : (i) identification des possibilités

de PSE ; et (ii) étude de faisabilité et estimation de la capacité à conduire le PSE.

169. Identification des Possibilités de PSE – Il s’agit de : (i) définir, mesurer, estimer

et évaluer les menaces relatives au service environnemental ; (ii) identifier les

bénéficiaires et les fournisseurs, estimer les coûts et bénéficies respectifs ; (iii)

évaluer l’existence d’une bonne échelle pour l’application du PSE.

170. Étude de faisabilité et estimation de la capacité à conduire le PSE. Il s’agira de :

(i) analyser le contexte législatif, politique et réglementaire, en particulier les lois

relatives à la propriété, aux transactions financières et aux contrats ; (ii) étudier les

ressources administratives disponibles, ainsi que les services et organisations

susceptibles d’apporter des concours.

171. Si les possibilités de PSE sont confirmées et que la faisabilité et l’estimation de

la capacité à le conduire sont conclusives, l’on pourra procéder aux activités

d’établissement du système, puis de mise en œuvre.

68

68

172. Activité 3.1.2.2 – Établissement des dispositifs de PSE. L’assistance

technique de la Commission permettra de : (i) s’assurer que l’on dispose du cadre

réglementaire et législatif requis, et de créer les procédures opérationnelles à suivre ;

(ii) mobiliser les sources de financement et spécifier les moyens de paiements ; (iii)

choisir les acteurs responsables de l’assistance technique et de la surveillance.

173. Activité 3.1.2.3 – Mise en œuvre du dispositif de PSE. L’assistance

technique permettra de : (i) négocier les contrats ; (ii) finaliser et valider les

procédures opérationnelles pour le financement, les modalités de paiement, la

surveillance et les vérifications ; (iii) résoudre les conflits éventuels.

D.3.2 Projet 3.2 – Promotion des techniques d’adaptation aux

changements climatiques

174. L’objectif spécifique 3.2 est d’améliorer les capacités d’adaptation aux

changements climatiques des EAF, en intégrant dans les projets d’agrégation

agricole, les technologies appropriées identifiées (y compris en matière de gestion

durable des terres) dans l’espace communautaire. Le principal résultat attendu est

présenté ci-dessous.

175. Résultat 3.2.1 – Les EAF agrégés dans les filières végétales, animales et

halieutiques ont un accès amélioré aux technologies appropriées d’adaptation

aux changements climatiques, et les ont massivement adoptées. Les activités

suivantes seront conduites.

176. Activité 3.2.1.1 – Capitalisation des technologies d’adaptation aux

changements climatiques dans l’Espace UEMOA. En collaboration avec les États

Membres, le CILSS, le PPAAO (Programme de Promotion de la Productivité Agricole

en Afrique de l’Ouest) et les autres acteurs concernés, la Commission procèdera à

une capitalisation des technologies d’adaptation aux changements climatiques mises

en œuvre avec succès dans les domaines des productions végétales, animales et

halieutiques, et qui pourraient être mises à l’échelle dans le cadre des projets

d’agrégation agricole soutenus par le programme 2. L’exercice de capitalisation

mettra l’accent sur les expériences réussies dans la mise en œuvre des trois groupes

d’actions ci-après.

177. Actions axées sur les technologies : (i) valorisation de l’eau, devenue ressource

rare, au moins à certaines périodes, notamment dans le Sahel et en zone

soudanienne (réalisation d’aménagements, mise en place de systèmes économes) ;

(ii) techniques de gestion durable des terres ; (iii) techniques adaptées aux nouvelles

conditions (variétés résistantes à la sécheresse, équipements pour aller vite aux

périodes critiques du calendrier cultural, systèmes plus économes et plus robustes,

gestion de la fertilité; (vi) sécurisation de l’élevage par des actions sur le plan

sanitaire et sur l’affouragement.

178. Actions visant à améliorer la rentabilité des activités au niveau local à travers

:(i) le développement de nouvelles productions agricoles (maraîchage, petit élevage,

mais également production de fourrages pour la vente, etc...) qui pourraient

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améliorer les systèmes de production des EAF ; (ii) le développement des activités

de transformation des produits agricoles et de cueillette ; (iii) l’appui à la

commercialisation.

179. Les actions d’appui aux organisations des producteurs intégrées dans les

filières et visant à redynamiser les structures sociales afin de : (i) permettre la gestion

durable des ressources (eau foncier, souvent sources de conflit) ; (ii) renforcer le

pouvoir de négociation des EAF ; et (iii) réactiver une solidarité qui permet de

mutualiser les risques.

180. Actions visant la gouvernance des ressources naturelles. Il s’agit notamment de

la gestion durable des pêcheries et des ressources forestières.

181. L’étude proposera les modalités opérationnelles (organisationnelle, technique et

financière) pour faire bénéficier de ces technologies et autres actions d’adaptation

aux changements climatiques aux EAF engagés dans les projets d’agrégation

agricole.

182. Activité 3.2.1.2 – Promotion des technologies et autres actions

d’adaptation aux changements climatiques dans les projets d’agrégation

agricole. Pour chaque projet d’agrégation soutenu, il s’agira de : (i) identifier avec les

acteurs concernés, les actions des trois groupes ci-dessus mentionnés, qui

apparaissent pertinentes au regard du contexte agro-écologique, la filière concernée,

et les systèmes agricoles des EAF ; (ii) définir les modalités de mise en œuvre de

ces actions ; (iii) les mettre en œuvre.

D.4. PROGRAMME 4 – REDUCTION STRUCTURELLE ET DURABLE DE LA

VULNERABILITE ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE (ENVIRON 74,937 MILLIARDS

FCFA)

183. Justification. De par leur localisation géographique (zone sahélienne,

soudano-sahélienne et soudanienne) plusieurs pays de l’UEMOA sont soumis aux

aléas climatiques récurrents (plus particulièrement sécheresses et inondations) avec

des conséquences désastreuses sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle de leurs

populations, notamment au niveau des groupes les plus vulnérables. La hausse

constatée des prix au niveau des produits alimentaires de base couplée à un

appauvrissement de la population, constituent aussi des facteurs qui accentuent la

vulnérabilité de ces populations. De même la faible diversification des moyens de

subsistance reste l’une des causes principales de l’insécurité alimentaire au niveau

des ménages. Au cours des dix dernières années, plusieurs pays de l’UEMOA ont

connu d’importantes crises alimentaires et nutritionnelles successives, notamment en

2005, 2008, 2010 et 2012, où il a été a enregistré environ 6 millions de personnes en

insécurité alimentaire sévère, avec un taux de malnutrition aigüe globale chez les

enfants de moins de cinq ans, dépassant régulièrement le seuil d’alerte de 10 %

dans certains pays. Les pays de l’Union sont aussi confrontés à une forte prévalence

de la malnutrition chronique chez les enfants de moins de cinq ans et aux carences

en micronutriments telles que la vitamine A, le fer et l’iode qui affectent plus les

70

70

femmes en âge de procréer et les enfants de moins de cinq ans. Dans l’ensemble,

chaque année, des milliers d’enfants meurent de la malnutrition et de ses

conséquences, ce qui contribue à freiner les pays dans leurs efforts de

développement. Vu la récurrence des crises alimentaires et leurs conséquences sur

le plan nutritionnel et le potentiel de l’agriculture à contribuer à la réduction de la

vulnérabilité, les acteurs de la région (CILSS, CEDEAO et UEMOA) ainsi que les

États ont inscrit dans chacune de leurs politiques agricoles, des actions devant

contribuer à juguler les principales causes de la vulnérabilité des populations dans la

région. Ainsi des interventions menées ont permis d’améliorer la prévention et la

gestion des crises, d’atténuer les effets de certaines crises et de renforcer la

réhabilitation des populations affectées. Mais en raison du caractère

multidimensionnel des facteurs qui sous-tendent ces crises de plus en plus

chroniques et graves, les décideurs politiques des États et des Organisations

Intergouvernementales de la région, ont lancé en décembre 2012, l’Alliance Globale

pour l’Initiative Résilience au Sahel et en Afrique de l’Ouest (AGIR.). Cette Alliance

vise à renforcer la mise en œuvre de l’agenda régional en matière de développement

agricole et de promotion de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, par le truchement

du dialogue politique et la prise en compte de la « résilience » dans les interventions

de développement. Alors qu’il existe un intérêt croissant pour le renforcement de la

résilience et la réduction des risques liés aux désastres, les interventions demeurent

limitées en taille et temps, et surtout, peinent à prendre en compte de manière

adéquate les objectifs nutritionnels. Il est reconnu que le caractère multisectoriel de

la malnutrition et de l’insécurité alimentaire nécessite une plus grande coopération

entre toutes les parties prenantes (du sous-secteur des moyens d’existence, de la

sécurité alimentaire et nutritionnelle et de la protection sociale), en vue de renforcer

la résilience et les liens entre l’urgence et le développement.

184. L’objectif général 4 est le même que celui de AGIR. Il s’agit de contribuer à

réduire structurellement et de manière durable, la vulnérabilité alimentaire et

nutritionnelle, en accompagnant la mise en œuvre des politiques sahéliennes et

ouest-africaines. Le Programme consistera en 4 projets, à savoir : (1) Renforcement

de la résilience des populations vulnérables en maximisant le potentiel agricole en

faveur de l’amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle ; (2) Accroissement

des capacités publiques pour couvrir les besoins alimentaires d’urgence ; (3)

Gouvernance de la sécurité alimentaire ; (4) amélioration de la protection sociale des

communautés et des ménages vulnérables. La mise en œuvre de ces projets

permettra d’établir les liens entre agriculture et protection sociale, agriculture et

nutrition et l’amélioration de la gouvernance de la sécurité alimentaire.

D.4.1 Projet 4.1 – Appui à la mise en œuvre des Priorités Résilience dans

l’UEMOA

185. L’objectif spécifique 4.1 est de contribuer à la mise en œuvre des Priorités

Résilience Pays (PRP) dans les États Membres. Le projet consiste en trois (3)

résultats.

71

71

186. Résultat 4.1.1. Les PRP prennent en compte de manière adéquate, les

objectifs nutritionnels. Les actions suivantes seront conduites :

187. Activité 4.1.1.1 - Appui aux pays de l’UEMOA pour la prise en compte

maximale des aspects liés à la nutrition dans leurs PRP. Il s’agira d’aider les

États Membres à intégrer et/ou renforcer la dimension sécurité alimentaire et

nutritionnelle dans leur PRP. Dans ce cadre, selon les besoins, les États Membres

pourront bénéficier d’une assistance technique spécifique. Par ailleurs, en

collaboration avec autres partenaires de pilotage de AGIR, un atelier sous régional

sur le lien entre la résilience et la nutrition sera organisé. Cet atelier permettra aux

décideurs politiques et aux concepteurs des programmes, de se familiariser avec les

concepts de la nutrition, les liens entre la nutrition et la résilience, et de recevoir les

outils pratiques pour la prise en compte adéquate des objectifs nutritionnels dans les

PRP. Enfin, une assistance technique (mission) sera fournie à chaque EM, pour le

renforcement des aspects sécurité alimentaire et nutritionnelle dans leur PRP. .

188. Résultat 4.1.2 – La Commission contribue de façon effective à la mise en

œuvre des PRP des États Membres. Les actions suivantes seront menées :

189. Activité 4.1.2.1 – Appui à la mise en œuvre des PRP des États Membres.

Chaque État membre pourra soumettre une requête à la Commission, pour solliciter

son appui à la mise en œuvre de ses PRP. La requête précisera les actions

auxquelles l’État membre souhaite que l’UEMOA contribue, les résultats attendus,

les indicateurs de mesure, les coûts, ainsi que les modalités de mise en œuvre. La

priorité sera accordée aux actions relatives : (i) à l’amélioration de la protection

sociale des communautés et ménages vulnérables (Objectif Spécifique - OS.1

AGIR) ; (ii) au renforcement de la nutrition des ménages vulnérables (OS.2 AGIR) ;

et (iii) au renforcement de la gouvernance de la sécurité alimentaire et nutritionnelle

(OS.4 AGIR). En effet, les actions relatives à l’OS.3 AGIR – ‘améliorer durablement

la productivité agricole et alimentaire, les revenus des ménages vulnérables et leur

accès aux aliments’ – sont prises en charge à travers les programmes 1 et 2 du

PCD-TASAN. L’appui de l’UEMOA viendra en complémentarité des contributions

propres du Gouvernement concerné ainsi que des autres partenaires techniques et

financiers à la mise en œuvre des PRP. Le cas échéant, la formulation de l’opération

dans chaque EM pourra être affinée avec l’appui d’une assistance technique. La

Commission approuvera chaque proposition d’opération d’appui à la mise en œuvre

des PRP, puis les ressources financières sont décaissées et mises à la disposition

de l’EM, conformément aux procédures en vigueur. Ceux-ci transmettront des

rapports périodiques au DSAME, faisant le point sur les performances ainsi que les

effets et impacts de l’opération et des PRP en général. La Commission engagera des

actions de suivi technique et financier de l’ensemble des opérations appuyées, sur la

base d’un mécanisme de suivi conjointement agréé au départ.

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72

D.4.2 Projet 4.2 – Renforcement des capacités en matière de couverture

des besoins alimentaires et nutritionnels d’urgence et d’enrichissement

des aliments

190. L’objectif spécifique 4.2 est d’accroitre les capacités des États Membres et de

la région en matière de couverture des besoins alimentaires d’urgence et

d’enrichissement des aliments. Les résultats suivants sont attendus :

191. Résultat 4.2.1 – L’Espace UEMOA dispose de capacités renforcées en

matière de couverture des besoins alimentaires d’urgence et d’enrichissement

des aliments. Les activités ci-dessous seront mises en œuvre :

192. Activité 4.2.1.1 – Appui à l’opérationnalisation de la stratégie régionale de

stockage de sécurité alimentaire. Il s’agira pour la Commission, de formuler et de

financer la mise en œuvre d’opérations pilotes d’appui à la mise en place de la

Reserve Régionale alimentaire qui constitue un cadre de convergence et de

cohérence de plusieurs initiatives visant le renforcement de la solidarité régionale

face aux crises alimentaires et nutritionnelles. Ce sont notamment : (i) le Réseau des

offices et sociétés en charge de la gestion des stocks nationaux de sécurité

alimentaire (RESOGEST), facilité par le CILSS ; (ii) l’initiative promue par l’UEMOA

renforcer les capacités de stockage des s nationaux de sécurité alimentaire ; (iii) la

réserve régionale de sécurité alimentaire de la CEDEAO ; (iv) le Projet de Pré-

Positionnement pour Assurer Accès Prévisible et Résilience (PREPARE18) préparé à

la demande des ministres de l'Agriculture du G20 sous l’égide de la CEDEAO. Avec

l’appui d’une assistance technique externe, le DSAME formulera cette opération, en

consultation avec la CEDEAO, le CILSS, les États Membres et les autres acteurs

concernés (acteurs non étatiques, PTFs…). La proposition devra entre autres

s’appuyer sur les expériences nationales réussies en matière constitution de

réserve/gestion de stock de sécurité. L’appui couvrira les principales fonctions des

organismes de stockage, à savoir : (i) la définition des orientations générales de la

politique de stockage et des articulations avec les politiques nationales ; (ii) les

arbitrages entre l’action humanitaire et la gestion de la réserve alimentaire ; (iii) la

gestion technique de la réserve ; (iv) le contrôle des décisions et du respect des

règles et procédures de fonctionnement ; et (v) le suivi-évaluation. Le rapport de

formulation fera l’objet d’un atelier de validation. La Commission l’approuvera, puis

mettra les ressources financières à la disposition des agences d’exécution. Celles-ci

transmettront des rapports périodiques au DSAME, faisant le point sur les

performances ainsi que les effets et impacts de l’opération et la mise en œuvre de

stratégie régionale.

193. Activité 4.2.1.2 – Opération de lutte contre les différentes formes de

malnutrition dans l’Espace UEMOA. Selon l’OMS, la plupart des pays de l’Espace

UEMOA ont des prévalences de carence en vitamine A et d’anémie par carence en

18En anglais‘Pre-Positioning for Predictable Access and Resilience’

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73

fer jugées sévères (respectivement supérieures ou égales à 20 % et 40%)19-20, Pour

faire face à cette situation, un projet de lutte contre les carences en micronutriments

a été préparé et le rapport est disponible. Il s’agira d’appuyer la mise en œuvre de ce

projet, à travers : (i) l’évaluation de la faisabilité d’enrichir la farine de certaines

céréales locales produites, à l’échelle industrielle ; puis (ii) l’appui à quatre unités

pilotes pour réaliser les essais d’enrichissement des farines des céréales locales en

micronutriments. Ces appuis se feront sous la forme de dotation en équipements

d’enrichissement et de prémix (vitamines et minéraux), réactifs pour le contrôle de

qualité, et de formation du personnel de production. Un appui sera également

apporté aux pays pour évaluer la faisabilité d’enrichir les farines des céréales locales

produites à l’échelle industrielle. La Commission soutiendra aussi les efforts en cours

de mise en œuvre des interventions de nutrition à travers les PNIA, en synergie avec

l’initiative Faim Zéro de la CEDEAO. Une mission sera commise pour formuler cette

opération, et clarifier les arrangements institutionnels pour sa mise en œuvre. La

Commission approuvera le projet. Elle assurera le suivi et autorisera les

décaissements. Les agences de coordination et de mise en œuvre fourniront des

rapports périodiques, conformément aux règles en vigueur.

D.4.3 Projet 4.3 - Promotion des mécanismes de protection sociale et de

droit à l’alimentation

194. L’objectif spécifique 4.3 est de contribuer à sécuriser les moyens d’existence

des populations vulnérables, en promouvant les mécanismes requis pour assurer la

protection sociale des communautés et ménages vulnérables, ainsi que le droit à

l’alimentation. Le résultat suivant sera réalisé.

195. Résultat 4.3.1 – Les mécanismes requis pour assurer la protection sociale

et le droit à l’alimentation sont fonctionnels dans les États Membres. L’activité

suivante sera conduite

196. Activité 4.3.1.1 – Promotion des mécanismes de protection sociale et de

droit à l’alimentation dans les États Membres – La Commission incitera les États

Membres (appui technique et financier) à réaliser des études, mener le dialogue

entre acteurs, et gérer les processus décisionnels, afin de : (i) intégrer la protection

sociale des couches vulnérables et le doit à l’alimentation dans les politiques

nationales de réduction de la pauvreté ; (ii) accorder une attention spéciale aux

enfants, aux petits producteurs (agriculteurs, pasteurs et pêcheurs), aux personnes

âgées et aux handicapés ; (iii) introduire le droit à l’alimentation et à la protection

sociale dans le cadre légal national et mettre en place des procédures qui clarifient

les rôles et responsabilités des agences d’exécution et les rend redevables ; (iv)

19WHO. Global prevalence of vitamin A deficiency in populations at risk 1995–2005:WHO Global Database on Vitamin A

Deficiency.

Disponible sur http://whqlibdoc.who.int/publications/2009/9789241598019_eng.pdf?ua=1(consulté le 10/21/14) 20WHO. Global prevalence of vitamin A deficiency in populations at risk 1995–2005:WHO Global Database on Vitamin A

Deficiency.

Disponible sur http://whqlibdoc.who.int/publications/2009/9789241598019_eng.pdf?ua=1(consulté le 10/21/14)

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rendre l’information sur la protection sociale et le droit à l’alimentation, accessible

pour tous ; (v) former tous les acteurs concernés (publics, privés, producteurs et

productrices…) sur le droit à l’alimentation et à la protection sociale ; (vi) intégrer le

genre dans la conception et la mise en œuvre des programmes de protection

sociale ; (vii) mettre en place des mécanismes de reddition des comptes, et de

recours administratifs et judiciaires facilement accessibles aux couches vulnérables ;

(viii) mettre en place des mesures fiscales et budgétaires pour assurer le

financement régulier de la politique de protection sociale.

197. Résultat 4.3.2- Les pays de l’UEMOA disposent des programmes

d’alimentation scolaire fonctionnels, mieux coordonnés, efficaces, durables et

privilégiant les achats locaux

198. Activité 4.3.2.1 – Appui aux États Membres pour l’amélioration du cadre

législatif et institutionnel pour la mise en place et le fonctionnement de

programmes d’alimentation scolaire et le renforcement des programmes

existant. Il s’agit ici d’aider les États Membres à créer les conditions d’un

environnement législatif et institutionnel propice à la mise en place et au

renforcement des programmes d’alimentation scolaire, en s’inspirant d’expériences

de pays tels que le Brésil et le Cap-Vert. Un accent sera mis sur l’élaboration de

textes réglementaires et l’institutionnalisation de modalités d’approvisionnement des

cantines en produits alimentaires locaux de qualité.

199. Activité 4.3.2.2 – Soutien au renforcement des capacités des acteurs

intervenant dans l’alimentation scolaire. La Commission financera des actions de

renforcement de capacités techniques et opérationnelles des acteurs nationaux

étatiques et non étatiques (aux niveaux central et décentralisé) impliqués dans la

mise en œuvre, la gestion et le suivi et l’évaluation des programmes d’alimentation

scolaire.

200. Activité 4.3.2.3 – Soutien à la mise en place de mécanismes

institutionnalisés, durables, transparents et participatifs d’approvisionnement

en produits locaux liant les petits producteurs agricoles aux écoles. A travers le

PCD-TASAN la Commission promouvra des mécanismes d’approvisionnement des

cantines scolaires reposant sur des contrats avec des petits producteurs organisés.

201. Activité 4.3.2.4 – Appui à la bonne gouvernance dans le domaine de

l’alimentation et de la nutrition scolaire. Il s’agira de soutenir la mise en place et le

fonctionnement de cadres de concertation multisectoriels et multi acteurs au niveau

national et décentralisé, ainsi que le développement de mécanismes efficaces et

participatifs pour une responsabilisation accrue des acteurs de l’alimentation scolaire.

L’un des aspects important sera de renforcer le système de gouvernance de la

chaine d’approvisionnement afin qu’il soit transparent et permette une plus large

participation des exploitants agricoles, de la société civile et des associations des

parents d’élevés.

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202. Activité 4.3.2.5 – Appui à la mise en œuvre d’activités complémentaires

aux programmes d’alimentation scolaire. Il s’agira de contribuer à la réalisation de

jardins scolaires et la mise en œuvre de programmes d’éducation nutritionnelle en

milieu scolaire.

D.4.4 Projet 4.4 – Amélioration de l’accès à l’eau potable dans les États

Membres

203. L’objectif spécifique 4.4 est de mettre à la disposition des populations les plus

déshéritées, 1600 forages équipés de pompes à motricité humaines ou solaire et de

réservoir d’eau pour leur approvisionnement quotidien en eau potable.

204. Cette initiative traduit la volonté de la Commission de l’UEMOA de contribuer à

répondre aux objectifs du millénaire pour le développement dans le secteur de l’’eau

et de l’assainissement. La maîtrise d’œuvre sociale sera assurée par les ONG ou

des bureaux d’études pour aider à l’appropriation des ouvrages par les populations

bénéficiaires. La maîtrise d’œuvre technique sera assurée par des bureaux d’Études

pour les questions d’implantation, de contrôle et de suivi de l’exécution des travaux.

La réalisation des forages sera assurée par les Entreprises de forages. Enfin, la

fourniture et l’installation des pompes à motricité humaine (PMH) sera assurée par

les entreprises spécialisées dans ce domaine. Le projet sera exécuté dans chaque

Etat membre en maîtrise d’ouvrage déléguée assurée par une Agence d’Exécution, à

travers une convention tripartite signée entre la Commission de l’UEMOA (Maître

d’Ouvrage), l’Etat (le bénéficiaire) et le Maître d’Ouvrage Délégué (l’Agence). En vue

de l’intégration des ouvrages au niveau de la comptabilité nationale, les conventions

seront contresignées par les Ministres des finances et de l’économie des Etats

membres. Les deux résultats ci-après sont attendus.

205. Résultat 4.4.1 – Les infrastructures sont mises en place dans les règles de

l’art. Les actions suivantes seront conduites :

206. Activités 4.4.1.1 – Mise en place des ouvrages. Des entreprises seront

contractualisées pour : (i) la réalisation de 960 forages dans le socle (MFT21) ou le

sédimentaire ; (ii) la fourniture et l’installation de 960 pompes manuelles ; (iii) la

réalisation de 650 forages équipés de systèmes de pompage solaire ; (iv) la

construction de 640 réservoirs d’eau de 50 à 70 m³ avec mini-réseau de distribution ;

(v) la réalisation d’études géophysiques, le contrôle et la supervision des travaux.

207. Activités 4.4.1.2 – Mise en œuvre de mesures d’accompagnement. Elles

porteront sur : (i) des actions d’information – éducation – communication (IEC) ; (ii) la

création et la capacitation de 1600 comités de gestion d’eau ; et (iii) la formation de

1600 artisans réparateurs.

208. Résultat 4.4.2 – La maîtrise d’ouvrage déléguée et la maîtrise d’œuvre

sont assurées pour la bonne exécution des travaux. Les actions suivantes seront

conduites :

21 Marteau fond de trou

76

76

209. Activités 4.4.2.1 – Assurer la maitrise d’ouvrage déléguée et la maitrise

d’œuvre. Les services techniques de l’hydraulique dans les États Membres seront

appuyés pour assurer le suivi des travaux. Des conventions de maîtrise d’ouvrage

déléguée seront signées. Enfin, des missions de supervision et de réception seront

effectuées.

D.4.5 Projet 4.5 – Gouvernance de la sécurité alimentaire et nutritionnelle

210. L’objectif spécifique 4.5 est de renforcer la synergie et l’efficacité de mise en

œuvre des interventions structurelles et conjoncturelles dans la région, en matière de

sécurité alimentaire. Le résultat suivant est attendu.

211. Résultat 4.5.1 – La gouvernance de la sécurité alimentaire et nutritionnelle

est effective dans l’espace UEMOA. Les activités suivantes seront réalisées.

212. Activité 4.5.1.1 – Développement des systèmes d’information agricole

dans l’EUMOA. La Commission mettra en place et assurera le fonctionnement du

Système d’Information Agricole Régional (SIAR) – (voir aussi activité 5.1.1.1 et

5.1.1.2). Elle appuiera aussi les États Membres à développer leurs propres systèmes

nationaux. Le fonctionnement harmonieux de ces systèmes permettra le suivi, la

collecte, le stockage et le traitement des informations sur les campagnes agricoles, la

situation alimentaire et nutritionnelle, et l’application des politiques agricoles.

213. Activité 4.5.1.2 – Animation des cadres régionaux de gouvernance de la

sécurité alimentaire et nutritionnelle. Il s’agira d’assurer la participation effective

de la Commission et des États Membres aux réunions du Réseau pour la Prévention

des Crises Alimentaires (RPCA) qui regroupe les Gouvernements, les Organisations

Intergouvernementales, les Organisations de la Société Civile, et les Partenaires

Techniques et Financiers. Les actions du réseau sont articulées autour de 3 piliers :

(1) information et analyse de la situation alimentaire et nutritionnelle ; (2) concertation

et coordination ; et (3) analyse consensuelle pour le choix des instruments de

prévention et de gestion des crises alimentaires et nutritionnelles. Le dispositif

régional de Prévention et de Gestion des Crises (PREGEC) en constitue un outil

majeur. Le réseau tient plusieurs réunions annuelles pour assurer le suivi des

prévisions agro-météorologiques, des projections en matière de production, des

résultats effectifs de la campagne agricole…, afin de prévoir les zones de crise, et de

préparer convenablement la riposte. Par ailleurs, La Commission collaborera avec

l’organisation Ouest Africaine de la Santé (OOAS/WAHO) et le CILSS pour soutenir

l’organisation du forum nutrition de la CEDEAO. Enfin, la Commission assurera la

préparation et la tenue effective des réunions du Comité de Haut Niveau pour la

Sécurité Alimentaire (CHNSA) de l’UEMOA.

214. Activité 4.5.1.3 – Contribution de l’UEMOA au pilotage de AGIR. La

Commission compilera les informations provenant des États membres quant aux

résultats de la mise en œuvre des opérations d’appui aux PRP, et les analysera, afin

de tirer des conclusions et recommandations pour l’évolution des politiques et la

gestion du processus AGIR. Il partagera ces conclusions et recommandations avec

77

77

les organisations co-leaders de AGIR (la CEDEAO et le CILSS) et avec les membres

du CHNSA.

D.1. PROGRAMME 5 – COORDINATION DE LA MISE EN ŒUVRE DU PCD-TASAN

(ENVIRON 5,140 MILLIARDS FCFA)

215. Justification. Pour assurer une mise en œuvre efficiente du PCD-TASAN, un

dispositif adéquat de coordination, de pilotage et de suivi-évaluation, doit être mis en

place, aussi bien au niveau de la Commission que dans les États Membres. Dans ce

cadre, il apparaît judicieux, de renforcer le DSAME et les organes de pilotage au

niveau régional, ainsi que la Cellules du PNIA, les Comités nationaux ad hoc du

FRDA et les organes de pilotage dans chacun des États Membres. De même, il est

nécessaire de mettre en place des systèmes permettant de collecter des

informations dans les États Membres, de les agréger et de les analyser à l’échelle

de l’Union, afin de suivre les performances, d’évaluer les effets et impacts des

actions, et de proposer des innovations dans les politiques.

216. L’objectif général 5 est d’améliorer la coordination du développement durable

du secteur de l’agriculture et de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, à l’échelle de

l’Union et dans les États Membres. Le programme consiste en un seul projet.

D.5.1 Projet 5.1 –Gestion et coordination du PDC-TASAN.

217. L’objectif spécifique 5.1.1 est d’assurer la mise en œuvre efficace du PCD-

TASAN. Cet objectif sera atteint à travers le résultat ci-dessous.

218. Résultat 5.1.1 – La coordination, le pilotage et le suivi-évaluation du

développement durable du secteur de l’Agriculture et de la sécurité alimentaire

sont assurés aux niveaux régional et national. Les activités suivantes seront

mises en œuvre :

219. Activité 5.1.1.1 – Mise en place des dispositifs de gestion, de

coordination, de pilotage et de suivi-évaluation du PCD-TASAN à l’échelle

régionale et dans les États Membres. Elle tiendra compte de l’existant sur lequel

sera bâti ledit processus. Il s’agit de prendre les actes administratifs requis et de

signer les conventions nécessaires pour mettre en place les dispositifs de

coordination, de pilotage et de suivi-évaluation décrits dans les arrangements pour la

mise en œuvre du PCD-TASAN (Sections E.1, E.2, et E.3). Ces dispositifs sont

cohérents avec ceux existants déjà au sein de la Commission et pour le pilotage, la

coordination et le suivi-évaluation de la PAU. De même, dans les Etats Membres, ils

sont cohérents avec les arrangements en place pour le pilotage, la coordination et le

suivi-évaluation des PNIA.

220. Au niveau régional, les actions suivantes seront mises en œuvre : (i) recruter un

responsable du suivi-évaluation (RSE), nommer des points focaux SE dans les

directions, et plus tard, vers la 4ième année, recruter un responsable chargé

de l’évaluation ; (ii) élaborer un manuel de SSE du PCD-TASAN cohérent avec celui

de la PAU ; (iii) finaliser le manuel du Système d’Information Agricole Régional

(SIAR), cohérents avec ces derniers et avec le Système Informatisé de Planification

78

78

et Suivi-Évaluation (SIPSE) de la Commission ; (iv) s’assurer de la mise en place du

Comité Technique Consultatif (CTC) du FRDA.

221. Au niveau national, la Commission signera une convention avec chacun des

États Membres pour la mise en place du dispositif de coordination, de pilotage et de

suivi-évaluation du PCD-TASAN, lequel devrait reposer sur les structures de

coordination et organes de pilotage des programmes et politiques de développement

rural (cf. tableau 2). En outre, les capacités de ces structures, à jouer leurs rôles en

relation avec les autres acteurs nationaux dans la mise en œuvre du SSE et du

SIAR, seront renforcées.

222. Activité 5.1.1.2 – Fonctionnement des dispositifs de coordination, de

pilotage et de suivi-évaluation du PCD-TASAN. Il s’agit d’assurer le

fonctionnement adéquat aux échelles régionale et nationale, du dispositif de

coordination, de pilotage et de suivi-évaluation, décrit en détail dans le chapitre E : (i)

planification annuelle et pluriannuelle et facilitation du développement des filières, en

collaboration avec les EM ; (ii) mise en œuvre des actions de réglementation et de

contrôle ; (iii) réalisation d’études diverses sur les politiques et leurs effets et

impacts ; (iv) capitalisation des expériences réussies ; (v) tenue du SSE et du

SIAR (collecte, traitement et analyse des informations) ; (vi) élaboration de rapports

périodiques ; (vii) organisation des réunions statutaires et autres ; (viii)

fonctionnement des organes de pilotage ; (ix) renforcement des capacités des

acteurs et des États Membres...

E. LES ARRANGEMENTS POUR LA MISE EN ŒUVRE

223. La mise en œuvre du PCD-TASAN repose sur les organes de la PAU : (i) le

Conseil des Ministres ; (ii) la Commission ; (iii) le Comité Consultatif Régional des

filières agricoles ; (iv) le Comité technique consultatif du FRDA ; (v) le DSAME ; (vi)

les directions du DSAME ; (vii) les institutions d’appui ou structures relais.

E.1. LES ARRANGEMENTS POUR LA COORDINATION

Au niveau régional

224. Le système de mise en œuvre et de suivi-évaluation du PCD-TASAN sera

calqué sur celui de la PAU, le PCD-TASAN visant à contribuer à la PAU22. Ainsi

seront utilisés les mêmes circuits et mécanismes de coordination, pilotage et suivi-

évaluation au niveau national et régional. La coordination est donc assurée

directement par le DSAME, sous la responsabilité du Commissaire.

225. Le DSAME est structuré aujourd’hui en 4 Directions23 chargées respectivement

de : (i) l’agriculture ; (ii) les ressources animales et halieutiques, (iii) l’environnement

22Source : Etude de faisabilité pour la mise en place d’un dispositif de suivi/évaluation de la Politique Agricole de l’Union,

UEMOA/DSAME, décembre 2013. 23 Voir Décision N° 030/2013/PCOM/UEMOA portant organisation du Département de la Sécurité Alimentaire, de

l’Agriculture, des Mines et de l’Environnement (DSAME)

79

79

et les ressources en eau ; (iv) les ressources minérales et le pétrole. Actuellement, le

FRDA relève de la Direction de l’Agriculture. Il est géré par un chargé de FRDA.

226. Le Commissaire du DSAME est en charge de la coordination du PCD-TASAN,

au même titre qu’il l’est dans la mise en œuvre de la PAU. Les directions du DSAME

seront responsables de la coordination des programmes 1, 2, 3 et 4. Le Commissaire

pourra déléguer les activités du Programme 5 à l’une ou l’autre des directions. Le

chargé du FRDA sera responsable pour la mise en œuvre du fonds et le suivi de ses

performances, conformément aux procédures en vigueur. La Direction de

l’environnement sera responsable pour l’intégration des principes environnementaux

dans les mécanismes de financement et dans la conception et la mise en œuvre des

opérations financées.

227. Conformément au Manuel de procédures intégrées des organes de l’UEMOA,

les missions du DSAME seront dans le cadre du PCD-TASAN : (i) l’élaboration de la

planification annuelle et pluriannuelle des activités, ainsi que leur budgétisation ; (ii)

la mise en œuvre des plans d’action annuels et leur exécution financière ; (iii) la prise

en compte des observations de la Commission dans la planification et

programmation stratégique ; (iv) le suivi des progrès et l’élaboration de rapports

annuels du PCD-TASAN.

228. Le DSAME externalisera certaines fonctions à travers des contrats avec des

prestataires de services, entre autres pour la réalisation d’études et la fourniture

d’assistance technique aux États membres. De même, la mise en œuvre des lignes

de financements du FRDA fera l’objet de contrats avec les partenaires (banques,

assurances, FNDA…) et, le cas échéant, les bénéficiaires concernés. Enfin, une

convention globale de mise en œuvre, pourra être signée entre la Commission et

Chaque État Membre.

Tableau 2 : Structures chargées de la coordination de la PAU dans les Etats

Membres

Etat Membre

Point focal PAU et PCD-TASAN

Bénin Direction de la Programmation et de la Prospective (DPP) / Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP)

Burkina-Faso

Secrétariat Permanent de Coordination des Politiques Sectorielles Agricoles (SP/CPSA) / Ministère de l’Agriculture

Côte d’Ivoire

Direction Générale de la Planification, du contrôle des Projets et de la Statistique (DGPPS) / Ministère de l’agriculture

Guinée Bissau

Cabinet de Planification Agricole (GAPLA) / Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural

Mali Cellule de Planification et de Statistique du Secteur du Développement Rural (CPS-SDR)

Niger Département suivi évaluation et capitalisation au sein du HC3N (Haut-Commissariat à l’Initiative 3N)

Sénégal Secrétariat Permanent du Comité Technique National du PNIA

Togo Direction de la Planification et du Suivi-Evaluation (DPPSE) /

80

80

Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP)

Au niveau des États Membres

229. La Cellule PNIA ou toute autre structure pertinente, assurera la coordination de

la mise en œuvre du PCD-TASAN, au même titre que celle de la PAU. Les structures

nationales, déjà identifiées par les Etats Membres (cf. tableau 224) pour la mise en

œuvre et le suivi de la PAU à l’échelle nationale, assureront également la

coordination de la mise en œuvre du PCD-TASAN, ainsi que son suivi-évaluation. A

cet effet, des points focaux, identiques pour la PAU et le PCD-TASAN, seront

désignés dans chacune des structures. Plus spécifiquement, cette structure/cellule

travaillera en étroite collaboration avec le DSAME afin de coordonner avec les autres

États Membres, les actions de facilitation et suivi du développement des filières, de

réglementation et contrôle, et d’amélioration de la résilience des couches

vulnérables. Elle coordonnera, aussi, à l’échelle nationale, la mise en place du

dispositif juridique, organisationnel, technique et financier requis pour la mise à

l’échelle du développement des filières et des modèles réussis d’agrégation agricole.

Son organisation et son fonctionnement dépendent des réalités de chaque EM. En

fonction des activités à mener, les structures/cellules PNIA pourront passer des

contrats avec des prestataires de services pour la réalisation des études et la

fourniture d’assistance technique aux bénéficiaires.

E.2. LES ARRANGEMENTS POUR LE PILOTAGE

230. Au niveau régional, quatre organes participeront au pilotage du PCD-TASAN

en cohérence avec le pilotage de la PAU : (i) le Conseil des ministres ; (ii) la

Commission représentée par son Président ; (iii) le Cadre Consultatif régional des

Filières Agricoles (CCRFA) de l’UEMOA ; (iv) le Comité Technique Consultatif du

FRDA, déjà adopté. Dans le cas où les organes du Comité de Haut Niveau sur la

Sécurité Alimentaire-CHN-SA (Comité de pilotage et suivi-CPS et Secrétariat

Technique-ST) seront finalement adoptés, le dispositif de pilotage pourrait être

adapté en conséquence.

231. Le Conseil des Ministres, statutaire de l’UEMOA, définit les orientations

générales, valide la conformité des actions engagées dans le PCD-TASAN avec la

PAU et approuve l’enveloppe globale à allouer à la mise en place du PCD-TASAN et

au FRDA. Il sera informé annuellement des réalisations techniques et financières,

dans le cadre PCD-TASAN et du FRDA.

232. La Commission joue son rôle régalien dans : (i) la validation des planifications

annuelles et pluriannuelles ; (ii) l’analyse et la validation des observations faites par

les comités consultatifs régionaux.

24Source : Etude de faisabilité pour la mise en place d’un dispositif de suivi/évaluation de la Politique Agricole de l’Union,

UEMOA/DSAME, décembre 2013.

81

81

233. Le Cadre Consultatif régional des Filières Agricoles (CCRFA) de l’UEMOA

pourra être sollicité pour : (i) donner des avis techniques à la Commission de

l’UEMOA sur la mise en œuvre du PCD-TASAN ; (ii) veiller à la conformité des

investissements financés par le FRDA, avec l’orientation pour le développement des

filières et l’agrégation agricole des EAF prise dans le PCD-TASAN ; (iii) participer à la

validation des planifications annuelles du PCD-TASAN, ainsi que les rapports

annuels.

234. Le comité technique consultatif du FRDA comprend : (i) le Président de la

Commission de l’UEMOA ou son représentant ; (ii) le Gouverneur de la BCEAO ou

son représentant ; (iii) le Président de la BOAD ou son représentant. Il a pour

missions : (i) la mobilisation des ressources nécessaires au financement des activités

du FRDA ; (ii) l’évaluation de l’impact des interventions du FRDA au profit des

bénéficiaires ; (iv) le suivi des prises de participation des lignes de crédit ; (v) le suivi

des garanties ; (vi) le suivi régulier des activités du FRDA ; (vii) la formulation de

recommandations à la Commission.

235. Au niveau national, il sera valorisé les arrangements institutionnels existant

pour mener le pilotage des activités engagées dans le cadre du PCD-TASAN. En

effet, il est mis en place au niveau des Etats, des cadres et des Institutions (cf.

tableau 2) chargés du pilotage et la coordination de la mise en œuvre des

PNIA/PNIASA. Etant donné que l’ensemble des activités du PCD-TASAN à mener au

niveau national s’inscrivent dans le cadre de ces PNIA, leur pilotage sera également

assuré par les cadres institutionnels desdits PNIA.

E.3. PARTENARIAT POUR LA MISE EN ŒUVRE

236. Pour la mise en œuvre du PCD-TASAN, l’UEMOA développera des relations de

partenariat avec les Etats Membres, les autres organisations sous régionales

(CEDEAO, CILSS, CORAF…), les organisations internationales d’assistance

technique (FAO…), et les bailleurs de fonds. Le cas échéant, ces relations seront

soutenues par un mémorandum d’entente ou toute autre forme d’accord qui

précisera les rôles respectifs de la Commission de l’UEMOA et des partenaires, ainsi

que les moyens à engager.

E.4 LES ARRANGEMENTS POUR LE SUIVI-EVALUATION

237. Le SSE du PCD-TASAN sera calqué sur celui de la PAU, le PCD-TASAN visant

à contribuer aux objectifs de la PAU25. Ainsi seront utilisés les mêmes circuits et

mécanismes de suivi et évaluation au niveau national et régional.

Au niveau régional

238. Manuel du Système de Suivi-Évaluation (SEE) du PCD-TASAN. Le SSE

sera cohérent avec le Système Informatisé de Planification et de Suivi-Évaluation

25Source : Etude de faisabilité pour la mise en place d’un dispositif de suivi/évaluation de la Politique Agricole de l’Union,

UEMOA/DSAME, décembre 2013.

82

82

(SIPSE) de la Commission. Un manuel du SSE du PCD-TASAN, basé sur

l’adaptation du système de suivi-évaluation de la PAU, sera élaboré et mis en œuvre.

Dans ce cadre, un diagnostic rapide du système en place sera réalisé. Seront

inscrits, les activités de planification au niveau régional et au niveau national, les

mécanismes de suivi, les activités de reporting et les formats des différents rapports,

les missions de terrain le cas échéant, les appuis aux structures relais (point focal

SE), les ateliers régionaux thématiques et les réunions des points focaux, la

description des différents outils de suivi, les fiches signalétiques des indicateurs. Le

manuel du SSE pourra être révisé, en fonction des évolutions dans les arrangements

institutionnels au niveau régional et dans les États Membres. Suite à l’adoption du

manuel du SSE du PCD-TASAN, il sera réalisé une étude de référence au cours de

laquelle les cibles du Programme à 5 ans et 10 ans seront revisitées.

239. Mise en œuvre du SIAR (niveau régional et national). Les termes de

référence de l’étude (déjà prévue) sur la mise en place du Système d’Information

Agricole Régional (SIAR) seront révisés, pour assurer l’harmonisation avec le SSE

du PCD-TASAN26. Le projet de manuel sera dûment validé par les acteurs. Le

DSAME en collaboration avec les États Membres en assurera la mise en œuvre.

240. Renforcement des ressources humaines du DSAME en matière de suivi-

évaluation. Les mesures suivantes sont proposées : (i) recrutement d’un(e)

responsable suivi-évaluation (RSE) du PCD-TASAN et de la PAU, basé(e) au sein de

la direction en charge de la mise en œuvre du Programme 5, et chargé(e) du suivi

général du cadre programmatique ; (ii) nomination de points focaux SE rattachés aux

autres directions du DSAME et au FRDA27. Les points focaux des directions du

DSAME seront chargés du suivi des programmes/projets relatifs à leur Direction et

de la consolidation des données venant du niveau national. Le RSE sera chargé de

la consolidation et de l’analyse des données au niveau de l’ensemble des

programmes et du Département, ainsi que du reporting général du PCD-TASAN. Ces

cadres bénéficieront de l’appui d’une assistance technique périodique pendant les 2

premières années (3 mois au cours de la première, et 2 au cours de la deuxième).

Par ailleurs, les capacités de ces acteurs seront renforcées en matière d’utilisation :

(i) des manuels du SSE et du SIAR (le RSE, les 2 points focaux et du chargé de suivi

FRDA, ainsi que les 8 points focaux des structures nationales de SE); (ii) du SIPSE

(le RSE, les 2 points focaux et le chargé de suivi FRDA). A partir de la quatrième

année, il est proposé de recruter un Responsable Évaluation au sein du DSAME, en

charge des évaluations liées à la PAU et au PCD-TASAN.

241. Fonctionnement du SSE du PCD-TASAN conjointement avec celui de la

PAU, tel que décrit dans le manuel de la PAU. Au niveau régional, le RSE

supervisera le suivi général du PCD-TASAN en compilant les données provenant des

26 Ces termes de référence prendront en compte le manuel réalisé par ECO-AGRIS sous le co-leadership de l’UEMOA et de

la CEDEAO. 27Dans le cas de la direction FRDA, le point focal SE sera le chargé de suivi, dont le recrutement est inscrit dans

le manuel de SSE de la PAU.

83

83

rapports d’activités annuels des points focaux des directions. Il sera en charge : (i) de

la planification annuelle, sous la supervision du Commissaire ; (i) du lancement

d’études, enquêtes si nécessaire ; (iii) de la compilation des tableaux de bord des

indicateurs fournis par chacun des points focaux des directions. A partir de l’année 4,

le responsable Évaluation proposera la réalisation d’évaluations ex-ante,

intermédiaire, finale, en collaboration avec la « cellule évaluation » de la

Commission.

242. Des réunions se tiendront trimestriellement entre le RSE et les points focaux SE

dans les directions afin de suivre les performances du programme, et d’élaborer des

rapports périodiques sous la responsabilité du RSE, qui seront validés par le

Commissaire.

243. Le RSE et les points focaux SE des directions participeront aux comités consultatifs régionaux concernant leur Direction respective : ils réfèreront à leur directeur en copie au RSE.

244. Communication et capitalisation – Le RSE supervisera également la

production d’outils de capitalisation et communication en concertation avec les

directions en charge des projets, et du service communication du DSAME. A cet

effet, le RSE, appuyé par le responsable Evaluation à partir de l’année 4, appuiera

les directions concernées à identifier les thèmes à capitaliser, et sera en charge des

appels pour la réalisation d’outils ou d’ateliers de capitalisation budgétisés sur les

programmes.

Au niveau national

245. Comme déjà indiqué, les mécanismes de suivi-évaluation du PCD-TASAN

seront harmonisés avec ceux du SSE de la PAU. De ce fait, les points focaux pour le

SE de la PAU seront également les points focaux pour le suivi et l’évaluation du

PCD-TASAN, issus des institutions en charge du SE des programmes et politiques

de développement rural dans les EM, identifiées par les Etats Membres (cf. ci-

dessus28).

246. La collecte et traitement des données et informations des données sur les

résultats du PCD-TASAN, conjointement avec la PAU, au niveau national s’appuiera

sur les systèmes d'information nationaux existants déjà, plus ou moins

opérationnels dans les Etats membres, ainsi que sur les SSE des organisations

régionales (en place pour le CILSS et en cours pour la CEDEAO et le PDDAA) et des

donateurs.

247. Les tâches des points focaux de la PAU dans le cadre du suivi du PCD-TASAN

seront : i) la collecte des données relatives aux indicateurs et le suivi des données

nationales macro liées aux effets et impacts; ii) la rédaction de rapports périodiques

de suivi des projets sur la base des rapports trimestriels remis par les maîtres

28 Source : Etude de faisabilité pour la mise en place d’un dispositif de suivi/évaluation de la Politique Agricole de l’Union,

UEMOA/DSAME, décembre 2013.

84

84

d’ouvrage des projets ; iii) le suivi du fonctionnement des arrangements

institutionnels mis en place ; iv) le suivi de l’application des réglementations

communautaires par les ‘points focaux agriculture et secteur rural’ des structures en

charge de l’Intégration Régionale dans les ministères en charge de l’économie et des

finances.

248. Comme proposées dans le SSE de la PAU, des réunions annuelles de suivi du

partenariat UEOMA-Etat membre29 seront organisées conjointement par la cellule en

charge de l’intégration régionale et la représentation de l’UEMOA dans l’EM. Elles

auront pour but de suivre la collaboration globale entre l’UEMOA et l’EM, et en

particulier la mise en œuvre de la PAU et du PCD-TASAN sur le plan national. Ces

bilans périodiques spécifiques seront préparés et présentés par le point focal

PAU/PCD-TASAN. Les points focaux SE de la PAU sur le plan national seront en lien

direct avec le RSE, en copie aux points focaux SE de la direction concernée.

29 Cf. paragraphe « Organiser des réunions périodiques de suivi du partenariat de l’UEMOA », Etude de faisabilité du SSE de

la PAU, p 95.

85

85

Figure 2 30: Schéma fonctionnel de coordination et du suivi du PCD-TASAN au niveau de la Commission.

30 Dans le cas où les organes du Comité de Haut Niveau sur la Sécurité Alimentaire-CHN-SA (Comité de pilotage et suivi-CPS et Secrétariat Technique-ST) seraient finalement adoptés à court

ou moyen-terme, le dispositif de pilotage pourrait être adapté en conséquence.

86

86

Conseil des Ministres

Président de la Commission de

l’UEMOA

Commissaire en charge du

DSAME

Structure de mise en œuvre et suivi

du PCDTASA-UEMOA à l’UEMOA

Comité régional d’orientation et de suivi (CROS) du

PCD-TASAN-UEMOA Comité technique consultatif FRDA

Direction des

ressources minérales et

du pétrole (DRMP)

Chargé FRDA Direction de

l’Environnement et

des Ressources en

Eau (DERE)

Direction des

Ressources

Animales et

halieutiques

(DRAH)

Direction de

l’Agriculture

Point focal SE

nommé

Point focal SE

(=Chargé de suivi

FRDA) recruté

Point focal SE

nommé

Responsable RSE

recruté dans une

des directions Point focal SE

nommé

87

87

Figure 3 : Schéma des circuits de suivi et évaluation du niveau national et régional31

31 Schéma adapté du schéma institutionnel national type, Etude de faisabilité pour la mise en place d’un dispositif de

suivi/évaluation de la Politique Agricole de l’Union, p 88.

Représentation nationale

de l’UEMOA

Responsable secteur rural Institution : Ministère en charge de l’Economie et des Finances / Structure en charge de l’Intégration Régionale.

Point focal PAU /PCD-TASAN Institution : Structure en charge de la

coordination des politiques du secteur

rural /Structure chargée de la

programmation, du suivi-évaluation

Inst

itu

tio

n

ou

dép

arte

men

tsec

tori

el 1

Age

nce

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n

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tori

el 2

Inst

itu

tio

n

ou

dép

arte

men

tsec

tori

el n

Indicateurs PCD-TASAN/PAU et stratégie nationale ; rapports

Informations concernant la mise en œuvre des réformes communautaires

Niveau national

Réunions de suivi du partenariat UEMOA – Etat Membre

Rapports suiviprojets

Rapports suivi réformes

Rapports suivi projets

Rap

po

rt PA

U/P

CD

-TASA

Np

ays et tableau

x de b

ord

Rap

po

rt UEM

OA

- pays

Présidence

Niveau régional Commission de l’UEMOA

DSAME

Rapport annuel de suivi PAU/PCD-TASAN

88

88

Rapportage périodique

249. Les rapports du PCD-TASAN seront combinés avec ceux de la PAU32. Le

manuel de SSE de la PAU définit déjà le contenu et la périodicité (trimestrielle,

semestrielle, annuelle) des livrables et rapports d’activités33.

250. Au niveau national, des rapports synthétiques de suivi des projets et tableaux

de bord des indicateurs nationaux seront produits trimestriellement par les points

focaux PAU/PCD-TASAN à destination du DSAME.

251. Au niveau régional, i) des rapports semestriels de mise en œuvre du PCD-

TASAN et de la PAU seront produits par les responsables nationaux UEMOA à

destination de la présidence de l’UEMOA ; ii) un rapport annuel et tableau régional34

synthétiques seront produits par le DSAME à travers le RSE à destination du

Président de la Commission. Conformément aux dispositifs du manuel, d’autres

rapports intermédiaires pourront être élaborés.

Évaluation

252. L’évaluation sera conduite principalement au niveau régional. A partir de

l’année 4, le responsable Évaluation, recruté à cet effet, proposera la réalisation

d’évaluations, sur une base annuelle en début d’année, en collaboration avec le

Centre de Programmation Stratégique, de Recherche et de Veille de la Commission

(CSR), la cellule évaluation de la Commission, et les structures en charge des États

Membres. Il est déjà prévu dans le manuel de SE de la PAU de réaliser deux

évaluations pays par an sur les effets de la PAU et la contribution du PCD-TASAN.

En ce qui concerne les filières agricoles, les évaluations et études pourront être de

plusieurs types : (i) évaluations ex-ante, notamment sur le potentiel d’agrégation

agricoles de certaines filières à l’échelle régionale ; (ii) évaluation à mi-parcours pour

faire le point sur les besoins en ajustement, sur des chaines de valeur à l’échelle

régional, ou dans un EM ; (iii) évaluation finale soit de manière transversale sur des

catégories de projets d’agrégation dans l’Union, soit à un niveau géographique dans

un EM sur les effets croisés de plusieurs projets d’agrégation ; (iv) évaluation ex-

post ; (v) enquêtes thématiques sur le commerce régional, la dépendance

alimentaire. Il reviendra aux Etats membres de réaliser des évaluations

complémentaires. Dans ce cas, sur demande des structures en charge, un appui

pourra être apporté dans ce sens par la Commission de l’UEMOA.

32cf. Tableau 13 Demandeurs et fournisseurs d’information dans la cadre du SSE de la PAU – Rapport Etude de faisabilité du

SSE de la PAU p.74. 33 Cf. Tableau 16 : Synthèse des documents SSE-PAU à usage national, Etude de faisabilité du SSE de la PAU, p 93. 34 Les données nationales seront collectées au niveau des rapports nationaux et les données d’envergure régionale auprès des

institutions régionales (CILLS, CEDEAO, …).

89

89

E.5 LA GESTION FIDUCIAIRE

253. Au niveau régional. La passation des marchés ainsi que la gestion financière

seront assurées dans le respect des procédures en vigueur à la Commission de

l’UEMOA. En ce qui concerne le FRDA, les conventions de financement, les

décaissements, et le suivi des investissements financés, seront conformes aux

dispositions du manuel des procédures.

254. Au niveau national. Les procédures nationales en matière de passation des

marchés et de gestion financière seront appliquées par les Cellules PNIA.

255. Convention d’appui financier aux États Membres. Les dépenses à effectuer

par les Comités Ad’ hoc du FRDA feront l’objet d’une convention de financement

signée entre la Commission et chacun des États Membres. La convention spécifiera

les mesures mises en place par le Gouvernement pour assurer une bonne gestion

des ressources allouées.

F. LE BUDGET

256. Les coûts totaux du programme, sur une période d’exécution de 10 ans, y

compris les imprévus physiques et financiers, s’élèvent à 757.904.900.700 FCFA. Le

coût de base est de 690.127.455.100 FCFA. La répartition des coûts par programme

se présente comme suit : Programme 1 – Création d’un environnement approprié

pour le développement et la promotion des affaires et des investissements dans le

secteur agricole, pour 200.509.828.100 FCFA, soit 29%; Programme 2 –

Amélioration de la productivité et dynamisation des filières agricoles, pour

399.389.851.100 FC FA, soit 58 %; Programme 3 – Préservation et gestion durable

des ressources naturelles pour une agriculture plus productive, pour 10.150.391.000

FCFA, soit 1% ; Programme 4 – Réduction structurelle et durable de la vulnérabilité

alimentaire et nutritionnelle, pour 74.937.143.900 FCFA, soit 11% ; Programme 5 –

Coordination et suivi-évaluation du PCD-TASAN pour 5.140.241.000 FCFA, soit

moins de 1%.

257. En effet, la contribution totale attendue de la Commission s’élèverait alors à

520.384.276.400 FCA sur 10 ans. La contribution des Etats Membres est estimée à

169.743.178.700 FCFA, soit environ 17 milliards FCFA par an, pour l’ensemble des

8 Etats Membres, ce qui parait réaliste. Les investissements de la Commission

devraient inciter les Gouvernements à débourser cette contribution.

Tableau 3 : Plan de financement

TOTAL FCFA

Budget de base du PCD-TASAN 690.127.455.100

Contribution Commission UEMOA 520.384.276.400

Etats Membres 169.743.178.700

A rechercher par la 77.055.266.381

90

90

commission

258. Contribution du secteur privé et des bénéficiaires. Bien que non prise en

charge dans le budget susmentionné, la contribution du secteur privé et des acteurs

professionnels agricoles sera fortement mobilisée et sollicitée dans le cadre de la

mise en œuvre des activités du PCD-TASAN.

G. LA DURABILITE ET LES ASPECTS ENVIRONNEMENTAUX

259. Durabilité. La mise en œuvre de la politique d’agrégation permet de doter les

filières prioritaires et stratégiques de modèles d’affaires qui garantissent l’accès des

EAF et des EAA et autres agrégateurs, aux biens et services dont ils ont besoin, de

façon durable et à des coûts abordables. Des mesures sont prévues pour renforcer

les capacités des organisations des producteurs à négocier leur positionnement au

sein des filières, et à tirer le meilleur de leurs relations avec les agrégateurs. Par

ailleurs, il est prévu des mécanismes de régulation et d’arbitrage, permettant

d’assurer un minimum d’équité dans le fonctionnement des modèles d’agrégation

mis en œuvre. Cet ensemble de mesures devrait conduire à une augmentation

sensible et durable de la productivité, de la production, et des revenus des petits

exploitants. L’on devrait alors assister à une réduction durable de la pauvreté et à

une amélioration durable de la sécurité alimentaire.

260. Aspects environnementaux et mesures de sauvegarde. Les procédures en

vigueur dans les États Membres en matière d’évaluation environnementale

stratégique, d’études d’impact environnemental et de mesures de sauvegarde,

seront systématiquement appliquées, respectivement aux Banques de Projets

d’Agrégation et à chaque projet d’agrégation agricole soutenus. Les procédures du

FRDA et des mécanismes financiers nationaux intègreront des critères de protection

de l’environnement et de gestion rationnelle des ressources naturelles. Les

mécanismes financiers mis en place mettront l’accent sur la promotion des

technologies qui, non seulement permettent de mitiger les impacts sur les

changements climatiques, mais aussi de renforcer l’adaptation des exploitants

agricoles familiaux à ces changements climatiques, c'est-à-dire leur résilience.

91

91

H. LES PRINCIPAUX RISQUES ET LES MESURES DE MITIGATION

261. Les principaux risques qui pourraient entraver la mise en œuvre du PCD-

TASAN sont présentés dans le tableau 4 ci-dessous :

Tableau 4 : Risques et mesures de mitigation

Description Niveau Mesures de mitigation

Risques liés aux bénéficiaires finaux

Les EAF (notamment les plus

vulnérables) ne sont pas

suffisamment informés pour

intégrer les dynamiques

d’agrégation.

Moyen Les Agences (nationales) de promotion

des filières disposeront des outils de

communication requis, pour informer les

réseaux des OPs et des EAA sur les

dynamiques d’agrégation.

Les EAF et leurs organisations

ne sont pas suffisamment

organisées et ne disposent pas

des capacités requises pour

négocier des contrats

d’agrégation favorables pour eux.

Les EAA et autres agrégateurs

sont les seuls à tirer profit des

projets d’agrégation.

Moyen Les dispositions légales (règlement

communautaires, procédures

opérationnelles de soutien à l’agrégation)

encadrent les contrats et conventions

d’agrégation. Les mécanismes financiers

sont prévus pour mobiliser l’appui des

Conseillers en affaires agricoles aux EAF

dans la négociation des contrats

d’approbation. Seuls les contrats

d’agrégation équitables pour les EAF

bénéficieront d’une convention d’appui aux

projets d’agrégation.

Risques liés aux Gouvernements des États Membres

Le manque de volonté politique

peut handicaper le succès du

PCD-TASAN

Faible

à

Moyen

Dans l’ensemble, les responsables

gouvernementaux dans les États membres

se sont montrés favorables à la mise en

œuvre de ce changement de paradigme.

En outre, les mesures suivantes sont

prévues pour mitiger ce risque : (i) La

Commission incitera (appuis techniques et

financiers, suivi des processus) les EM à

mettre en place et à opérationnaliser les

instruments juridiques, organisationnels et

techniques requis ; (ii) des actions sont

prévues pour renforcer le plaidoyer des

acteurs non-étatiques (organisations des

92

92

Description Niveau Mesures de mitigation

producteurs, réseau des acteurs du

secteur privé) en tant que co-porteurs de

l’initiative, ainsi que leur engagement pour

la mise en œuvre et le suivi.

Risques liés à la Commission de l’UEMOA

Le manque de volonté politique,

notamment pour ce qui concerne

l’institutionnalisation du

développement des filières, peut

affecter mise en œuvre de cette

initiative communautaire.

Faible Les cadres supérieurs ainsi que le

Management du DSAME et des autres

Départements sont porteurs de cette

initiative communautaire, et ils veilleront à

sa mise en œuvre. Par ailleurs, le PCD-

TASAN sera adoptée par les instances

statutaires de l’UEMOA (Commission des

Experts, Conseil des Ministres de

l’Agriculture, Comité de Haut niveau). Les

responsables Gouvernementaux dans les

États Membres étant favorables au

changement de paradigme, ils pourront

exercer leur lobbying au cours des

réunions statutaires de l’Union. Enfin, il

faudra compter sur le lobbying des acteurs

non Étatiques.

Les ressources de la

Commission ne connaissent pas

les 3% d’augmentation annelle

prévus sur les 10 ans.

Faible Le PCD-TASAN constituant une initiative

communautaire, co-portée et qui sera

suivie par les États Membres et les acteurs

non-étatique, la Commission devrait

respecter ses engagements financiers.

Risques de mauvaise gouvernance

Les Agences nationales de

développement des filières

pourraient être mal gérées. La

mauvaise gouvernance peut

dissuader les PTF à soutenir le

processus, et les opérateurs

privés à y contribuer.

Moyen Les règlementations communautaires

intégreront des règles et outils de bonne

gouvernance qui s’imposeront à tous les

acteurs. Le principe d’un contrôle accru

des acteurs non-étatiques sur les organes

de gestion devrait être affirmé et appliqué.

Enfin, le rôle de ces derniers dans le suivi

de la mise en œuvre sera renforcé.

93

93

Description Niveau Mesures de mitigation

Risques liés au PDCTASAN lui-même

Le DSAME peut ne pas disposer

des capacités de gestion de la

mise en œuvre

Faible

à

Moyen

Un mécanisme de coordination interne, un

système de suivi, ainsi que des ressources

humaines complémentaires sont prévus.

Le PCD-TASAN est complexe

dans sa mise en œuvre

Faible

à

Moyen

Les arrangements institutionnels pour la

mise en œuvre, prévoient l’externalisation

de certaines activités. Un système de suivi

des performances est mis en place, et les

acteurs internes seront formés à son

utilisation.

Manque de respect des règles

environnementales et autres

mesures de sauvegarde dans la

mise en œuvre

Faible Les mécanismes financiers prévus pour

stimuler l’agrégation des acteurs,

encourageront les investissements

respectueux pour l’environnement et qui ne

génèrent pas des impacts négatifs sur les

groupes vulnérables.

Manque d’intérêt de la part des

partenaires techniques et

financiers

Faible La réglementation communautaire

prescrira des exigences de gouvernance

qui rendent les arrangements

institutionnels prévus attrayants pour les

bailleurs de fonds. Par ailleurs, ceux-ci

seront invités à être co-porteurs de cette

Initiative Communautaire. Des tables

rondes seront organisées aux régional et

national.

Risques liés aux aléas climatiqueset autres aux calamités

Les épisodes de sécheresse et

d’inondations, et autres calamités

(invasion des criquets) peuvent

affecter la réalisation des

objectifs du PCD-TASAN

Moyen La mise en œuvre d’actions visant à

améliorer la résilience des populations face

aux changements climatiques et autres

calamités, devrait permettre de mitiger ces

risques.

Une extension de l’épidémie

Ebola perturbera l’atteinte des

résultats du PCD-TASAN

Faible Avec la mobilisation internationale, la crise

Ebola devrait être maitrisée. Le cas

échéant, le PCD-TASAN contribuera aux

94

94

Description Niveau Mesures de mitigation

actions de sensibilisation des populations.

H. VISIBILITÉ ET COMMUNICATION

262. La communication constitue une dimension très importante dans la mise en

œuvre et la réussite du PCD-TASAN. Elle contribuera à la visibilité du Programme,

tout en constituant un levier important pour le plaidoyer, les échanges d’informations,

d’expériences et la capitalisation des leçons apprises dans l’ensemble. Vu le

caractère stratégique de cette initiative communautaire, la communication jouera un

rôle fondamental dans la diffusion des messages et la sensibilisation des différents

acteurs et parties prenantes. Elle sera en complémentarité et en soutien aux

mécanismes de coordination, de suivi-évaluation et de pilotage du Programme dans

son ensemble.

263. Au niveau de la Commission, une stratégie de communication sera mise en

place pour partager les informations et renforcer la collaboration entre la

Commission, les États Membres et les autres acteurs à divers niveaux (organisations

sousrégionales, acteurs non-étatiques, PTF…). Différents outils, supports et canaux

appropriés de communication seront utilisés (y compris des ateliers d’échanges,

émissions télévisées, documentaires, des reportages, des magazines, des

campagnes de sensibilisations, des réseaux sociaux, etc.) en fonction des

spécificités des messages et des cibles envisagées. La mise en œuvre des actions

de communication du PCD-TASAN se fera en étroite collaboration avec les services

compétents en la matière au sein de la Commission. L’on pourra recourir à des

prestataires extérieurs, pour certains services.

264. Au niveau des États Membres, le système de communication sera mis en place

et piloté en fonction de leurs propres spécificités. Il sera cohérent avec le dispositif

de communication utilisé pour les Programmes Nationaux d’Investissement

Agricoles.