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Année scolaire 2015-16 Sociologie Classe de Terminale SCIENCES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES Chapitre 6 Intégration, conflit, changement social I. Quels liens sociaux dans des sociétés où s'affirme le primat de l'individu ? Introduction/sensibilisation A. Comment les formes de solidarité évoluent-elles ? A1. De l’intégration des individus à la cohésion sociale A2. La vision durkheimienne A3. La complémentarité des liens organiques et mécaniques dans les sociétés contemporaines B. L’évolution des instances d’intégration remet-elle en cause le lien social ? B1. La famille, entre crise et mutation B2. Le défi de l’intégration par l’école B3. Le travail, entre intégration et exclusion II. La conflictualité sociale : pathologie, facteur de cohésion ou moteur du changement social ? Objectifs Savoirs Savoir-faire - Quelle est l’évolution des formes de solidarité selon Durkheim ? - La montée de la solidarité organique a-t-elle fait disparaître la solidarité mécanique ? - L’évolution des instances d’intégration (famille, Ecole, travail) remet-elle en cause le lien social ? - Savoir exploiter les informations contenues dans un document Chapitre 6. Intégration, conflit, changement social |1 Question I. Quels liens sociaux dans des sociétés où s'affirme le primat de l'individu ?

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Année scolaire 2015-16 Sociologie Classe de Terminale

SCIENCES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES

Chapitre 6Intégration, conflit, changement social

I. Quels liens sociaux dans des sociétés où s'affirme le primat de l'individu ?Introduction/sensibilisation

A. Comment les formes de solidarité évoluent-elles ?A1. De l’intégration des individus à la cohésion socialeA2. La vision durkheimienneA3. La complémentarité des liens organiques et mécaniques dans les sociétés contemporaines

B. L’évolution des instances d’intégration remet-elle en cause le lien social ?B1. La famille, entre crise et mutationB2. Le défi de l’intégration par l’écoleB3. Le travail, entre intégration et exclusion

II. La conflictualité sociale : pathologie, facteur de cohésion ou moteur du changement social ?

Objectifs

Savoirs Savoir-faire- Quelle est l’évolution des formes de solidarité selon

Durkheim ?- La montée de la solidarité organique a-t-elle fait

disparaître la solidarité mécanique ?- L’évolution des instances d’intégration (famille, Ecole,

travail) remet-elle en cause le lien social ?

- Savoir exploiter les informations contenues dans un document

Notions à acquérir : Solidarité mécanique / organique, cohésion socialeNotions complémentaires : Intégration, liens sociauxAcquis de première : socialisation, sociabilité, anomie, désaffiliation, disqualification, réseaux sociaux

Que dit le programme ? « Après avoir présenté l'évolution des formes de solidarité selon Durkheim, on montrera que les liens nouveaux liés à la complémentarité des fonctions sociales n'ont pas fait pour autant disparaître ceux qui reposent sur le partage de croyances et de valeurs communes. On traitera plus particulièrement de l'évolution du rôle des instances d'intégration (famille, école, travail) dans les sociétés contemporaines et on se demandera si cette évolution ne remet pas en cause l'intégration sociale. »

Chapitre 6. Intégration, conflit, changement social |1Question I. Quels liens sociaux dans des sociétés où s'affirme le primat de l'individu ?

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Année scolaire 2015-16

Chapitre 6Intégration, conflit, changement social

Dossier documentaire :I. Quels liens sociaux dans des sociétés où s'affirme le primat de l'individu ?

Sensibilisation/Introduction

Document 1. La fête des voisins

Source : www.immeublesenfete.com

L’opération « Immeubles en fête » a été créée par un groupe d’amis en 1990 dans le 17ème arrondissement de Paris. A l’origine, les évolutions de la société urbaine ont entrainé une hausse du repli sur soi, de la peur de l’autre et l’isolement.L’objectif originel était de renforcer les liens de proximité et de se mobiliser contre l’isolement. Cet objectif a été poursuivi puisque l’opération « Immeubles en fête – la fête des voisins « vise à rencontrer ses voisins, créer de la convivialité afin de rompre l’anonymat et l’isolement qui règnent souvent dans nos villes.Les actions menées par l’association sont la journée consacrée à la fête des voisins (en mai) mais aussi des services de parrainages pour les voisins en difficulté, des fêtes de Noël en famille pour les personnes seules, un service d’aide aux personnes à mobilité réduite, un service pour la recherche d’emploi, des haltes-garderies à domicile…

Les sociétés modernes produisent de plus en plus de richesses (première partie du programme). Et pourtant : elles connaissent du chômage, des inégalités et des conflits. Malgré cela, au fil du temps, nos sociétés se perpétuent tout en se transformant, elles ne disparaissent pas sous la pression des inégalités et des conflits.Il s’agit de se demander comment les sociétés « tiennent », qu’est-ce ce qui les cimente, qu’est-ce qui relie les individus les uns aux autres suffisamment solidement pour que la vie en société ne dégénère pas en guerre civile ?

Chapitre 6. Intégration, conflit, changement social |2Question I. Quels liens sociaux dans des sociétés où s'affirme le primat de l'individu ?

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Ce ciment qui produit de la solidarité entre les membres d’une société, on l’appelle le « lien social », soit toutes les relations sociales directes entre les individus d’une société, mais aussi plus largement tout ce qui nous unit aux autres (les valeurs, les normes, la culture commune).Evoquer le lien social, c’est s’intéresser à ce qui rattache les individus entre eux et les groupes les uns aux autres : il y a des liens directs fondés sur l’interconnaissance et des liens indirects, tissés par des processus historiques et complexes.

Néanmoins nous sommes des individus et jamais dans l’histoire de l’humanité, l’individu n’a acquis une telle autonomie dans ses choix : il consomme ce dont il a envie, il aime qui il veut, il travaille où il veut pour s’épanouir. On peut comprendre ce désir d’autonomie, cette volonté de s’affranchir des traditions familiales, des communautés d’appartenance (religion, village, etc), tant celles-ci portaient un regard étouffant et exerçaient un contrôle tatillon sur les existences individuelles. Mais s’affranchir des liens sociaux traditionnels, cette montée de l’individualisme, n’est-ce pas aussi ce qui menace notre cohésion sociale ?

A. Comment les formes de solidarité évoluent-elles ?La naissance, à la fin du 19e siècle, de la sociologie comme discipline visant une connaissance scientifique du social, résulte fondamentalement des inquiétudes provoquées par la montée de l’individualisme dans les sociétés occidentales. Sous la poussée conjointe des révolutions démocratique et industrielle, de nouveaux rapports sociaux, économiques et politiques bouleversent progressivement l’ordre social traditionnel. - On observe simultanément un affaiblissement de l’emprise de la religion sur les représentations (sécularisation et laïcisation), une baisse de l’influence de la famille sur les destinées (égalisation des chances et idéal méritocratie) et un recul du pouvoir des autorités traditionnelles sur les individus (démocratisation).- Durkheim construit un cadre théorique permettant à la fois d’expliquer les mécanismes sur lesquels reposent les phénomènes à l’œuvre et d’analyser les problèmes qu’ils posent. Son projet peut se résumer à l’élucidation d’un paradoxe : « comment se fait-il que tout en devenant plus autonome, l’individu dépende plus étroitement de la société ? Comment peut-il être à la fois plus personnel et plus solidaire ? »

A1. De l’intégration des individus à la cohésion sociale

L’intégration d’un individu représente le fait qu’il soit intégré à un groupe, à la société.C’est un processus, mais aussi un état : on dit qu’une intégration est réussie (« intégration dans le monde du travail », etc.).Ceci peut s’appliquer à un groupe social : c’est alors un terme qu’on utilise pour parler des étrangers notamment. L’intégration des immigrés à la société française.

Cette intégration dépend des liens sociaux qui unissent les individus entre eux : le maillage est-il fort ou faible ? Serré ou lâche ? Les liens sont donc de différentes natures : lien marchand, lien politique, liens de sociabilités, valeurs communes, etc.Le lien social peut s’exprimer de différentes façons : une discussion, un repas de quartier, une discussion sur Internet… : autant d’occasions d’échanger et de créer du lien Enfin, il y a l’intégration de la société elle-même : c’est la cohésion sociale Il s’agit de l’ensemble des mécanismes et des processus qui permettent que la société fasse corps (elle passe par l’intégration des individus et par la nature et l’intensité des relations sociales)

A2. La vision durkheimienne

Document 2Un des aspects les plus importants du changement social est la transformation de la forme et de la force du lien social. Comment les individus sont-ils unis ? Quelle est la force de cette union ?

Chapitre 6. Intégration, conflit, changement social |3Question I. Quels liens sociaux dans des sociétés où s'affirme le primat de l'individu ?

Emile DURKHEIM (1858-1917)

Scientifique français, considéré comme le père de la sociologie comme science autonome, son projet était de fonder une nouvelle discipline universitaire ainsi qu’une nouvelle science. Courant holiste : part de la société, des faits sociaux pour comprendre les actions des individus.

Principal ouvrage : De la division du travail social, 1893

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Durkheim a mis en évidence la relation entre le développement de la division du travail et l’accroissement de la force du lien entre les individus. Il a ainsi dégagé deux types de solidarité. Celle qui caractérise les sociétés traditionnelles, dans lesquelles la division du travail est peu développée, est nommée solidarité mécanique. Les individus tiennent ensemble par leur ressemblance. Mais ce lien est relativement faible. Puisqu’il n’y a pas complémentarité, les individus ne sont pas nécessaires les uns aux autres et peuvent donc facilement se séparer. Durkheim met en évidence le fait que ces sociétés ont une conscience collective forte (des croyances, pratiques, sentiments communs) et, en général un droit répressif pour forcer la cohésion des individus. Inversement les sociétés plus évoluées sont caractérisées par une division du travail plus poussée, qui implique une forte complémentarité entre les individus. Le lien social est donc plus fort dans ces sociétés : on parle de solidarité organique, dans la mesure où la société est comme un organisme vivant dans lesquels les individus sont reliés comme les organes d’un même corps. Les individus étant plus différenciés, la conscience collective est moins prégnante, et le droit se veut plus restitutif : il ne s’agit plus de punir un individu car il a offensé la société, mais de dédommager celui qui a été lésé. Il y a donc une relation forte entre division du travail et cohésion sociale.

Source : 100 fiches pour comprendre la sociologie, G. Renouard, 2002

a) Pour Durkheim, quel est le fondement du lien social dans les sociétés occidentales ?b) Compléter le tableau :

Sociétés traditionnelles Sociétés modernesNom du type de solidarité

Source du lien

Conscience collective

Contrainte

Individualité

Depuis quelques années domine l’impression d’une société qui se défait et l’impression d’une crise du lien social : - cette crainte n’est pas nouvelle : elle apparaît au XIXème siècle lorsque les mutations économiques et sociales engendrées par la révolution industrielle mettent en péril les anciennes solidarités- elle se réactive à partir des Trente Glorieuses avec une nouvelle accélération de la montée de l’individualisme liée au passage d’une société industrielle à une société post-industrielle, la montée de la précarité et de l’exclusion…

A3. La complémentarité des liens organiques et mécaniques dans les sociétés modernes

La transformation des sociétés traditionnelles ne signifie pas forcément que tout lien social fondé sur le partage de valeurs communes et de croyances communes a disparu. Ce type de lien subsiste dans nos sociétés contemporaines. Par ailleurs l’individualisme n’a pas que des côtés négatifs : ainsi, dans sa version positive, il participe à l’évolution des formes de solidarité : l’individualisme créé aussi du lien.

Document 3On notera également que Durkheim n’écarte pas l’idée que des formes de solidarité mécanique puissent persister même lorsque le niveau d’avancement du processus de division du travail a imposé de façon générale la solidarité organique. Par exemple, si l’État, selon Durkheim, concourt à l’émancipation des individus vis-à-vis des allégeances locales, des tutelles traditionnelles et des dépendances personnelles [...] les solidarités organiques ne peuvent devenir exclusives : d’autres formes de regroupements, fondés sur une similitude forte (la famille) ou relative (les organisations professionnelles) sont nécessaires pour assurer la cohésion sociale. [...] Bien que le déclin des fondements traditionnels de l’intégration – liens sociaux fondés sur le sang, la religion, la langue, les coutumes – soit avéré, la solidarité mécanique s’amenuise-t-elle réellement lorsque la complexité sociale augmente ? On observe que nombre de liens sociaux contemporains entretenus par des groupes, des mouvements ou des institutions conservent des dimensions relevant de la solidarité mécanique. Des communautés basées sur la coutume locale, la langue ou l’appartenance ethnique, certains nouveaux mouvements sociaux défendant un style de vie particulier ou encore des mouvements religieux ou spirituels, plus ou moins rattachés à la tradition, continuent de rassembler les individus autour de croyances et de valeurs partagées. Ils manifestent une forte capacité d’intégration et exercent une socialisation dont les effets sont perceptibles sur les identités individuelles. Les liens qu’ils tissent, fondés sur la similitude et la proximité d’origine (l’ethnie), de lieu (régionalisme et coutumes), de croyances (groupes religieux ou spirituels), de culture (style de vie) ou de valeurs (causes à défendre), apparaissent caractéristiques de la solidarité mécanique.

Source: EDUSCOL http://minu.me/cuaa

Chapitre 6. Intégration, conflit, changement social |4Question I. Quels liens sociaux dans des sociétés où s'affirme le primat de l'individu ?

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Montrer que la division du travail est insuffisante pour assurer seule la cohésion de la société.

Document 4. Rythme annuel de création de nouvelles associations de 1920 à 1997 (source : CAIRN info, 2001)

La transformation de la société va plutôt dans le sens d’un renforcement des liens sociaux, d’un individualisme positif, relationnel, participatif L’individualisme créé du lien En même temps, la vitalité associative est autant un signe de vitalité du lien social, qu’un signe de son effritement :Cette effervescence associative peut aussi se comprendre comme le besoin de recréer du lien social dans une société atomisée. On recherche à créer du lien, non plus par le politique (baisse du militantisme, participation), ni par le travail, mais par le loisir. On peut dire que si on se sent le besoin de recréer du lien, c’est qu’il s’effrite ! C’est une sorte de réaction immunitaire contre une menace de désintégration.On se sent seul ? On crée une association, pour rencontrer, échanger, communiquer. Plus une société est individualiste, plus le besoin de créer du lien est fort.La progression de l’individualisme renouvelle, plus qu’elle ne met en danger, le lien social. Néanmoins, si ces liens sont plus nombreux et électifs, ils sont aussi plus fragiles…

B. L’évolution des instances d’intégration remet-elle en cause le lien social ?B1. La famille, entre crise et mutation

Document 4. Manuel p240 doc. 1 « La famille, une institution en évolution »Document 5. Manuel P240 doc. 2 « La famille, une institution en crise ? »

a) Quelles sont les transformations majeures de la famille ?b) Quelle incidence peut avoir ce processus de désinstitutionnalisation de la famille sur la socialisation et sur le lien social ?

Document 6. Manuel P241 doc. 3 « L’importance du lien familial »

Montrer que les liens familiaux restent solides et se renouvellent.

B2. Le défi de l’intégration par l’école

Compléter le texte à l’aide des termes suivants : stratégies éducatives / méritocratique / l’égalité des chances / anomiques / l’élitisme / dévaluation / la socialisation/ valeurs/ culture commune/ démocratisationL’Ecole est un vecteur d’intégration pour les individus et participe donc à la cohésion sociale, par :

=> _____________________________ : apprentissage des normes, des valeurs et des conduites (respect des horaires, travail,

effort)

=> L’apprentissage de _____________________________ républicaines : grands principes démocratiques, formation à la

citoyenneté, le vote, l’intériorisation d’une culture commune (langue française, laïcité, valeurs patriotiques, références

culturelles et historiques…)

Chapitre 6. Intégration, conflit, changement social |5Question I. Quels liens sociaux dans des sociétés où s'affirme le primat de l'individu ?

a) Comment expliquer ce boom

associatif ?b) Peut-on dire que le phénomène

associatif renouvelle les liens communautaires ?

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=> L’accès à la formation professionnelle : institution qui distribue les diplômes (permet l’intégration professionnelle, intégration

qui est moins liée à la naissance, participe à l’approfondissement de_____________________________). L’école poursuit un

objectif de _____________________________ de l’éducation tout en assurant une fonction de sélection afin de satisfaire les

exigences des sociétés modernes. Elle opère donc cette sélection en s’efforçant de respecter une égalité des chances entre les

élèves.

Une Ecole cependant confrontée à de nombreux défis :

=> Les inégalités scolaires reflètent très largement les inégalités sociales, économiques et culturelles au point de mettre en

question le principe _____________________________. A ce titre, _____________________________ républicain qui

caractérise la France, se solde par une excellente formation très sélective mais réservée à une minorité socialement favorisée…

et une part très importante d’élèves souvent peu favorisés socialement, avec des résultats peu brillants… d’où un classement

très moyen lors des comparaisons internationales.

=> Par ailleurs, la prééminence du rôle de l’école et du diplôme en matière d’insertion professionnelle – plutôt renforcée par les

problèmes de l’emploi et la _____________________________ des titres scolaires –, donne à l’Ecole un poids considérable sur

la destinée sociale des individus. Les _____________________________ des familles s’accentuent et contribuent ainsi à creuser

les inégalités scolaires.

=> Enfin, face à des publics scolaires plus hétérogènes à la fois sur le plan social et culturel, l’école éprouve davantage de

difficultés à transmettre une _____________________________. Dans ce contexte, l’échec scolaire est perçu comme un

stigmate et vécu comme une forme de mépris. L’institution scolaire est alors le théâtre de diverses manifestations

_____________________________ : violences, absentéisme, décrochage scolaire et déscolarisation.

=> Plus largement, l’Ecole souffre aujourd’hui d’un brouillage de ses missions : quel est le rôle de l’Ecole ? Résoudre des

problèmes d’emplois ? Eduquer des enfants qui s’adaptent difficilement ? Aider des élèves de plus en plus faibles qui arrivent

grâce à la massification ? Former des élites ? Sélectionner ou donner confiance en soi ? Face à ces objectifs parfois

contradictoires, les résultats ne peuvent être tous atteints.

B3. Le travail, entre intégration et exclusioni. Le « grand intégrateur »

Document 7. Le travail, c’est toujours plus que du travail !

a) Expliquer le titre du document.b) Pourquoi les différentes catégories n’ont-elles pas la

même vision du travail ?c) Compléter le schéma ci-après montrant que le travail est

au cœur de l’intégration sociale, à l’aide des termes suivants : droits sociaux / statut / société de consommation / socialisation secondaire / revenu / électifs / utilité / sociabilité / identité sociale

ii. Un affaiblissement du rôle intégrateur du travail

Document 8L’emploi n’est pas seulement un moyen d’obtenir un salaire en fin de mois, il permet d’accéder à une série de droits sociaux (notamment la retraite) ce que l’individu intègre lors de sa prise de décision. Selon Robert Castel, l’éloignement du marché du travail est un facteur de «désaffiliation», c’est-à-dire de décrochage par rapport aux solidarités issues de la sphère de l’emploi. L’emploi est également source de reconnaissance sociale et facteur d’intégration des individus dans la société, ce qui le rend attractif en soi, même pour une faible rémunération. […]

Chapitre 6. Intégration, conflit, changement social |6Question I. Quels liens sociaux dans des sociétés où s'affirme le primat de l'individu ?

En %Diriez-vous que le travail…

Ensemble(Toutes PCS + inactifs)

Cadres Ouvriers

… est avant tout un moyen d’épanouissement personnel ? 34 47 18

… est surtout nécessaire pour trouver sa place dans la société ?

33 33 31

… est d’abord une contrainte pour gagner de l’argent ? 32 19 51

Sans opinion 1 1 0Total 100 100 100

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Les transformations qui vont dans le sens d’une plus grande flexibilité, à la fois dans le travail et hors travail (dans la famille par exemple), ont sans doute un caractère irréversible. La segmentation des emplois, comme l’irrésistible montée des services, entraîne une individualisation des comportements au travail toute différente des régulations collectives de l’organisation « fordiste ». Il ne suffit plus de savoir travailler, mais il faut tout autant savoir vendre et se vendre. Les individus sont ainsi poussés à définir eux-mêmes leur identité professionnelle et à la faire reconnaître dans une interaction qui mobilise autant un capital personnel qu’une compétence technique générale. En d’autres termes, il faut « avoir de la personnalité », se différencier des autres. […]Ce processus général peut avoir des effets contrastés. Côté travail, l’individualisation des tâches permet à certains d’échapper aux carcans collectifs et de mieux exprimer leur identité à travers leur emploi. Pour d’autres elle signifie segmentation et fragmentation des tâches, précarité, isolement et perte de protections.

Source : Robert Castel, Les métamorphoses de la question sociale, 1995

a) Quel est l’impact direct du chômage ou de la précarité sur le lien social ?b) Comment expliquer le processus de désaffiliation.c) Quelle autre transformation du travail, mentionnée dans le texte, peut être source d’anomie pour les individus ?

Anomie : affaiblissement de l’influence des normes et des valeurs sur les comportements sociaux Il s’agit d’un dérèglement social, d’abord mis en évidence par Durkheim, lorsqu’il a étudié les transformations sociales générées par la RI

Ex de causes de l’anomie : - affaiblissement du contrôle social (des parents), - désirs disproportionnés par rapport aux moyens objectifs- organisation du travail individualisée

=> absence de communication entre collègues, montée de la polyvalence, solitude dans les tâches à effectuer, pression de la hiérarchie, alourdissement de la charge de travail, management des objectifs, PME et fin de grandes entreprises syndicalisées.

L’individualisme se propage dans le travail, au sein des familles. Certains le vivent bien, car ils peuvent enfin s’exprimer pleinement.Certains développent aussi un individualisme négatif (selon Castel) : ce n’est plus l’individualisme qui permet de s’émanciper des anciennes tutelles et de se réaliser. C’est un individualisme, une exigence d’autonomie qui pousse chacun à être lui-même. Et quand on est personne, cela devient douloureux. Un individualisme au travail peut signifier isolement et culpabilité en cas d’échec. Cette « authenticité » exigée, entraîne certains à une certaine fatigue d’eux-mêmes. (D’où la montée des suicides, le fait que les français soient très consommateurs d’alcool, de tabac, des incivilités…)

Chapitre 6. Intégration, conflit, changement social |7Question I. Quels liens sociaux dans des sociétés où s'affirme le primat de l'individu ?

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BilanCompléter le texte à l’aide des termes suivants : l’exclusion / économique/ communautaires / l’organisation du travail/ chômage/ précarité/ disqualification sociale/ organiques

Le travail reste un facteur essentiel d’intégration sociale. Car le travail structure la vie en société : notre société s’est construite

sur le lien _____________________________, le travail. Il rend compatible le processus d’individualisation et la cohésion sociale

en développant des liens _____________________________, comme le supposait Durkheim.

Mais les mutations de l’emploi (_____________________________ et _____________________________) affectent

irrémédiablement la fonction d’intégration du travail. Ainsi, l’expérience du chômage, souvent douloureuse, risque de dégénérer

en un processus cumulatif de rupture des différents types de liens sociaux. La crise du salariat ouvre donc la voie à

_____________________________, à la fragilisation de la cohésion sociale et à des phénomènes de

_____________________________. La hausse des emplois atypiques (CDD, intérim, emplois partiels parfois subis, contrats

aidés) rend également plus compliquée la mission intégratrice du travail.

Mais la question n’est pas seulement d’avoir un emploi, ni même d’avoir un emploi stable, mais aussi de s’épanouir au travail :

c’est aussi un facteur important de création de lien social. Là encore, le renforcement des contraintes professionnelles, dans un

environnement économique plus risqué, les mutations de _____________________________ (flexibilité, intensification du

travail et individualisation de la gestion des ressources humaines), place les travailleurs dans des situations de stress qui

génèrent des problèmes de santé et un mal-être aux conséquences plus ou moins graves.

La crise de l’emploi a donc profondément bouleversé le lien social qui se créait au travail : c’est donc d’autant plus grave que le

travail s’est imposé face aux autres liens, et notamment _____________________________ comme « nœud » du lien social

dans les sociétés industrielles.

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