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Merci à nos fidèles associés et membres bienfaiteurs Christine Chataigner Jean-Jacques Chavane M. et M me Christian Lameloise, Jacques et Brigitte Long Claudine Maréchal Pierre-Eugène et Françoise Pitance Georges et Annie Rousseau Merci au Conseil Général du Rhône pour son fidèle soutien La première Lettre C’est en voulant mettre un peu d’ordre dans le bureau de l’Association que j’ai trouvé au milieu des dossiers épars, une Lettre de la Maison de l’Orient, mais pas n’importe laquelle, non, la première Lettre, la n° 1 d’avril 1990. Au moment d’éditer la n° 38, quelle émotion de se trouver face à celle par qui tout a commencé ; je crois bien ne jamais l’avoir eu entre les mains, ainsi emportée par la curiosité, je me suis plongée dedans : La première découverte : elle avait été écrite exactement un an après la naissance de l’Association dont les statuts furent déposés le 15 février 1989 par Jean Pouilloux lui‑même. La deuxième découverte : elle était parfaite, comme vous pouvez l’imaginer. Il y avait pour la composer et l’écrire la fine fleur des chercheurs, (je ne vous citerai pas les noms bien entendu pour ne pas faire de jaloux) qui nous parlaient en français le mieux tourné de colloques et tables rondes, de découvertes récentes, de petites nouvelles d’ici et d’ailleurs ainsi que de livres parus dans le catalogue de la MOM à lire d’urgence. Un vrai bijou. La Lettre se devait d’être le reflet d’une association toute neuve et dynamique et rendre attrayantes et compréhensibles les recherches menées par les équipes travaillant à la Maison de l’Orient. La troisième découverte m’a émue. Au moment où nous rendons hommage à Marie‑Jo≈Chavane pour ce qu’elle fut pour la MOM et l’AAMO, c’est sa plume qui ouvre la Lettre, par un édito sur le pourquoi de l’Association des Amis de la Maison de l’Orient. Chère Marie‑Jo, c’était le début d’une belle aventure avec l’AAMO qui allait te passionner pendant des années : faire connaître à un public lyonnais pourtant éduqué, mais peu connaisseur, l’histoire des mondes anciens, expliquer simplement le travail sur le terrain, les missions, le travail d’équipe, les découvertes fabuleuses et le retour à Lyon pour tout analyser. Et dès les premières années de l’Association, le nombre des adhérents a explosé. Ce fut du beau travail, chère Marie‑Jo, mission accomplie ! Tous ceux qui ont repris le flambeau, avec beaucoup d’humilité mais aussi de passion, te disent MERCI. Bien cordialement, Martine Chanon É D I T O R I A L LA LETTRE DE LA MAISON DE L’ORIENT N° 38 – décembre 2011 Association des Amis de la Maison de l’Orient Impressions de voyage p. 2 en Ouzbékistan À voir et à entendre p. 6 Conseil scientifique AAMO p. 7 Nouvelles publications p. 8 Prix Marie-Jo Chavane p. 8 La vie de l’Association L’association a besoin de ses membres pour mener à bien ses projets. Faites connaître l’AAMO à vos amis ! Adhérez ou réadhérez : Membre individuel 47 Couple 80 (12 pour les membres de la MOM) Samarcande, coucher de soleil sur le Reghistan ATTENTION Nouveaux horaires de l’AAMO (depuis septembre 2011) mardi 9h30-12h30 jeudi 14h-16h

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Merci à nos fidèles associéset membres bienfaiteurs

Christine ChataignerJean-Jacques Chavane

M. et Mme Christian Lameloise,Jacques et Brigitte Long

Claudine MaréchalPierre-Eugène et Françoise Pitance

Georges et Annie Rousseau

Merci au Conseil Général du Rhône pour son fidèle soutien

La première Lettre

C’est en voulant mettre un peu d’ordre dans le bureau de l’Association que j’ai trouvé au milieu des dossiers épars, une Lettre de la Maison de l’Orient, mais pas n’importe laquelle, non, la première Lettre, la n° 1 d’avril 1990. Au moment d’éditer la n° 38, quelle émotion de se trouver face à celle par qui tout a commencé ; je crois bien ne jamais l’avoir eu entre les mains, ainsi emportée par la curiosité, je me suis plongée dedans :

● La première découverte : elle avait été écrite exactement un an après la naissance de l’Association dont les statuts furent déposés le 15 février 1989 par Jean Pouilloux lui‑même.

● La deuxième découverte : elle était parfaite, comme vous pouvez l’imaginer. Il y avait pour la composer et l’écrire la fine fleur des chercheurs, (je ne vous citerai pas les noms bien entendu pour ne pas faire de jaloux) qui nous parlaient en français le mieux tourné de colloques et tables rondes, de découvertes récentes, de petites nouvelles d’ici et d’ailleurs ainsi que de livres parus dans le catalogue de la MOM à lire d’urgence. Un vrai bijou.

La Lettre se devait d’être le reflet d’une association toute neuve et dynamique et rendre attrayantes et compréhensibles les recherches menées par les équipes travaillant à la Maison de l’Orient.

● La troisième découverte m’a émue. Au moment où nous rendons hommage à Marie‑Jo≈Chavane pour ce qu’elle fut pour la MOM et l’AAMO, c’est sa plume qui ouvre la Lettre, par un édito sur le pourquoi de l’Association des Amis de la Maison de l’Orient.

Chère Marie‑Jo, c’était le début d’une belle aventure avec l’AAMO qui allait te passionner pendant des années : faire connaître à un public lyonnais pourtant éduqué, mais peu connaisseur, l’histoire des mondes anciens, expliquer simplement le travail sur le terrain, les missions, le travail d’équipe, les découvertes fabuleuses et le retour à Lyon pour tout analyser. Et dès les premières années de l’Association, le nombre des adhérents a explosé.Ce fut du beau travail, chère Marie‑Jo, mission accomplie !Tous ceux qui ont repris le flambeau, avec beaucoup d’humilité mais aussi de passion, te disent MERCI.

Bien cordialement,Martine Chanon

Éditorial

L A L E T T R E DE LA MAISON DE L’ORIENT

N°38–décembre2011

Asso

ciatio

n de

s Ami

s

de la Maison de l’Orient

Impressions de voyage p. 2en Ouzbékistan

À voir et à entendre p. 6

Conseil scientifique AAMO p. 7

Nouvelles publications p. 8

Prix Marie-Jo Chavane p. 8

La vie de l’Association

L’association a besoin de ses membres pour mener à bien ses projets.

Faites connaître l’AAMO à vos amis !Adhérez ou réadhérez :

Membre individuel 47 €Couple 80 €

(12 € pour les membres de la MOM)

Samarcande, coucher de soleil sur le Reghistan

ATTENTIONNouveaux horaires de l’AAMO

(depuis septembre 2011)mardi 9h30-12h30

jeudi 14h-16h

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par son père, donc orthodoxes) elle n’appartient pas au peuple « ouzbek », mais elle revendique son identité « ouzbékistaine ». Vu son âge, elle a été formée dans les écoles russes, mais elle évoque les rites du mariage traditionnel ouzbek comme si c’étaient les siens et, comme tout bon guide agréé par le gouvernement, elle décrit – sans aborder les questions de la corruption du pouvoir et de la liberté d’expression – les bienfaits du système scolaire et sanitaire, et les progrès de l’économie. Alors pourquoi a-t-elle envoyé son fils faire sa médecine à Saint-Pétersbourg ?Dans ses relations avec le groupe, elle peut être déconcertée par les comportements des peuples latins : haie d’honneur et applaudissements au passage d’un groupe espagnol, pots improvisés avec les boissons apportées dans les valises pour fêter un anniversaire ou la fin du voyage. Riche de son savoir, elle a du mal

D’une ville à l’autre, de Khiva à Boukhara, à Samarcande et à Tachkent, le voyage en car nous a fait découvrir suc ces -sivement les méandres de l’Amou-Daria, puis du Syr-Daria, la steppe désertique qui s’étend à perte de vue, les maisons à toits de tôle dans les villages traditionnels et les immenses champs de coton où la récolte bat son plein.

Une guide « ouzbékistaine »

Notre guide est une grande jeune femme brune, habillée de jeans et de tee-shirts moulants qui, le portable dans une main, règle le programme des journées au chronomètre et, le micro dans l’autre, discourt d’abondance sur l’art islamique, Tamerlan et ses héritiers. Fière de son prénom « occidental », Éléonore, et de ses origines (russe par sa mère et arménienne

2 La Lettre de la Maison de l’Orient n° 38

Entre Paris et Tachkent, les communications aériennes sont rapides : après 6 h de vol direct par la compagnie Uzbekistan Airways, nous atterrissons à Tachkent au petit matin (décalage horaire de 3 h). Au retour, après 2 h de retard au décollage, nous sommes à 23 h 30 à Paris et, grâce à un car spécial, à 5 h le lendemain matin à Lyon. Sur place, le déplacement en avion de Tachkent à Ourgench (1000 km environ) conduit de la capitale à Khiva en 1 h 40.Au contraire, la traversée du pays effectuée par la route d’ouest en est, même si elle est moins hasardeuse qu’au temps des caravanes, nécessite encore en ce début du 21e siècle 11 heures de voyage pour parcourir les 470 km qui séparent Khiva de Boukhara sur une route actuellement en construction (celle qui longe l’Amou-Daria est désormais au Turkménistan de l’autre côté de la frontière) ; une demi-journée de Boukhara à Samarcande (460 km) et une autre demi-journée pour revenir de Samarcande à Tachkent (370 km).

IMPRESSIONS DE VOYAGE EN OUZBÉKISTAN OU L’ASIE CENTRALE REVISITÉE PAR LES SOVIETS« Le voyage en Ouzbékistan de l’AAMO (14 septembre-23 septembre 2011) »

Marie-Laure Aurenche

Champ de coton

Boukhara, devant la médersa Mir-i-Arab (xvie s.)

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L’ Asie centrale et ses trésors

Sur les sites, le groupe se resserre autour d’Éléonore pour écouter la bonne parole, puis s’étire et se disloque soit pour prendre des photos ou sortir le carnet de croquis, soit pour jouir à soi seul de la beauté des monuments, soit enfin pour céder aux sollicitations des marchands et des marchandes surgis des boutiques installées dans tous les lieux touristiques : coups de foudre immédiats, bonnes affaires réglées en euros le plus souvent. Que de trésors aussitôt enfouis dans les sacs en plastique l’Orient offre encore aux Occidentaux avides d’exotisme ! Châles en poil de chèvre ou de cha-meau, toques de loup ou de karakul (astrakan), plats en céramique, bandes de soie zébrées (ikat), cotonna des brodées de des sins floraux (souzanis),

sacs brodés. Cet arti-sa nat trad i tion nel est sauvé de l’oubli pour satisfaire à la demande des touris tes dans des maisons de l’artisanat nouvel le ment créées dans les villes et sur les sites où les fem mes tricotent des chaus-settes, bro dent à la main ou cousent à la machine et où les hommes fabri-quent des couteaux et des ciseaux, peignent

plat de résistance où les brochettes se font de plus en plus rares, thé vert qui sent le foin et éventuellement fruits ou gâteau ; le vin est acide, le café sans saveur et l’eau miné-rale même cap su lée suscite le doute quant à son origine… Seules la bière et la vodka n’inspirent

aucune réserve !Les hôtels « de luxe », meublés et décorés à la sovié-tique, offrent des salles à man ger somp tueuses, des cham bres confor ta-bles et spacieuses, des salles de bains bien équipées et des jardins fleuris et ombragés.

à céder la parole à Rémy Boucharlat, accompagnateur scientifique de la MOM, ou aux chercheurs de la mission franco-ouzbèke d’Afrosiab lors de la visite du site.

Le régime ouzbek

Voyageurs éclairés, sans prétention ni snobisme, les 28 membres du groupe, qu’ils soient chercheurs de la Maison de l’Orient, vieux routiers ou nouveaux venus dans l’Association, partagent tous la même curiosité à l’égard de l’Asie centrale qu’ils découvrent pour la première fois. Pas de chutes ni d’accidents graves, pas de membres égarés ou perdus, pas de clans ni de critiques, mais des relations amicales devenues plus étroites au fil des jours.Mais la cohésion du groupe – comme celle des autres groupes rencontrés d’une étape à l’autre – se manifeste dès le matin et surtout lors des repas pour des raisons plus triviales ;

victimes pour la plupart de maux intestinaux violents, passagers ou récurrents, les voyageurs occi-dentaux accusent les crudités, l’eau du robinet ou l’huile de coton, s’échangent des comprimés et des conseils diététiques et se mettent sans regret au régime « riz / coca ». Que ce soient des buffets dans les hôtels, des repas dans des restau-rants « locaux » ou chez l’habitant, le menu est toujours le même : hors d’œuvres variés crus ou cuits, bouillon de poule ou de légumes,

La Lettre de la Maison de l’Orient n° 38 3

Afrosiab / Samarcande

Toujours en quête d’un passé perdu, les voyageurs de la Maison de l’Orient se sont rendus sur le site d’Afrosiab, l’ancienne ville de Samarcande, à proxi mité de l’agglomération actuelle. Matinée consacrée à l’archéologie, grâce aux contacts des chercheurs de la MOM : visite des locaux où les chercheurs ouzbeks res taurent les peintures trouvées sur le site ; sur le site lui-même, on a de la peine à imaginer les fouilles présentées sur les plans, tant l’architecture de terre résiste mal aux injures du temps ; mais le plateau, ce jour-là battu par le vent, offre une vue incomparable sur la ville moderne ; le musée enfin présente les diverses périodes d’occupation de la ville ancienne et les fresques d’un palais sogdien (4e-5e s. ap. J.-C.) à l’époque où les caravanes de la Route de la soie apportaient la prospérité au souverain de Samarcande.

Samarcande, devant la médersa Tilia Kari (xviie s.)

Khiva, intérieur de la mosquée Juma (xviiie s.)

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4 La Lettre de la Maison de l’Orient n° 38

des miniatures persanes, sculptent des objets en bois. Pour les tapis, les kilims et les manteaux d’astrakan, en dépit de quelques tentatives, il faudra repasser…

La survie du patrimoine

Quant aux minarets et mosquées, madrasas et mausolées, caravan-sérails et khanaqats (réservés aux derviches errants) de Khiva, Boukhara, Samarcande et Tachkent que les récits ou les dessins des voyageurs des siècles passés nous avaient livrés vivants dans leur cadre contemporain, la ferveur musulmane et le tumulte des caravanes, ils ont survécu, isolés et anachroniques, mais puissamment restaurés par des artisans habiles, dans des villes modernes en pleine expansion : tel le Reghistan à Samarcande ou l’ensemble Khazet Imam à Tachkent. Sous la coupe soviétique laïque, ils ont perdu, à l’exception des mausolées et de quelques mosquées, leur fonction originelle (la pratique et l’enseignement de la religion musulmane) et sont envahis aujourd’hui par des « marchands du temple » qui ne se soucient guère de prières et font commerce avec les

ennemis d’Allah ! Enfin, comme le montre la comparaison des photos du début du 20e siècle avec celles d’aujourd’hui, les monuments n’ont pu survivre à l’usure du temps que grâce à des restaurations récentes. Faut-il donc remercier le régime soviétique, puis ouzbek, d’avoir sauvé le patrimoine musulman de l’Asie centrale pour l’offrir plus beau que jadis aux yeux émerveillés des touristes étrangers ? Voir en particulier la ville de Khiva conser-vée entre ses murailles comme une ville musée ou la nécropole de Chakhi-Zinda à Samarcande, à laquelle l’Unesco a supprimé son inscription au patrimoine de l’Humanité précisément pour restau ration abusive.

L’Ouzbékistan moderne

Par delà la découverte de sites musulmans ou archéologiques, quel a été notre contact avec les popu-lations ouzbekes, kazakes, kirghises, turkmènes, tadjikes, etc., peu à peu laïcisées et privées de leur propre passé par la colonisation russe (1868-1917), puis l’occupation soviétique (1920-1990) ? Certes on n’entend presque plus d’appel à la prière, on ne voit plus guère de fidèles dans les mosquées où les étrangères entrent

sans se couvrir ni la tête ni les bras, mais les « Ouzbékistanais » se rendent en famille les jours de congé dans les mausolées et les nécropoles où ils se livrent à des rites divers : ainsi à Boukhara, dans le mausolée de Bakhaouddin Nakhchbandi, figure vénérable de l’Islam soufique, les pèlerins tournent autour du mûrier qui aurait germé de son bâton et y déposent des vœux ou de l’argent. D’autre part, depuis l’indépendance, les Ouzbeks ont fait de Tamerlan leur héros fondateur. Ses colossales statues ornent les places des villes. Le Palais Blanc (l’Ak-Saraï) à Chakr i-Sabz, sa ville natale, et son tombeau, le Gour Emir à Samarcande, sont le but des sorties familiales, les jours de fête. De plus, la restauration de l’Observatoire d’Ouloug Beg, le petit-fils de Tamerlan, et la création d’un musée consacré à ses travaux astronomiques, attirent surtout la jeunesse. On constate que tous ces lieux publics ou religieux ne sont pas réservés aux hommes : les femmes ne sont pas reléguées à la maison, mais elles se promènent, accompa-gnées de jeunes filles très minces et d’enfants qui jouent autour d’elles. Ni voilées, ni vêtues de grands manteaux, elles portent des robes fleuries, des

Samarcande, statue de Tamerlan

Samarcande, dans la nécropole Chah-i-Zinda, mausolée de Chirin Bika Ata (xive s.)

Boukhara, le mausolée d’Ismaïl Samani (xe s.)

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avec les pays voi-sins déjà visités. Le rappro chement avec l’Iran est assuré ment évi dent en ce qui concer ne le climat ou la géographie : outre la transpa rence de l’air, les grands espa ces bordés par les montagnes, le contraste entre les zones désertiques et les oasis ver doyantes et, pour ce qui est de l’architecture isla-

mi que, les modes de construction et les procédés décoratifs font penser à ceux de Shiraz et d’Ispahan. Si on évoque les pays arabes, on ne retrouve pas l’atmosphère des souks de Damas ou d’Alep dans les bazars de Tachkent ou de Samarcande, abrités sous de grands toits, mais ouverts latéralement : les étals sont construits en béton, l’ordre et la propreté règnent, pas d’odeurs fortes ou de cris des marchands ! On ne retrouve pas non plus la nonchalance ou le fatalisme des Arabes chez les Ouzbeks d’aujourd’hui : ils ne savent pas dire dans leur langue « inch Allah » ou « boukhra » ; la marque soviétique qui les a formatés pour être sérieux, ponctuels, efficaces, semble indélé bile et irréver-sible. D’ailleurs dans les quartiers modernes des villes, les larges avenues, les parcs ombragés et fleuris, les statues colossales, les monuments publics impo sants font penser à Saint-Pétersbourg ou à Berlin. L’Ouzbékistan demeure, aujour-d’hui comme hier, au carre four des civilisations…

Marie-Laure Aurenche

Octobre 2011

isla mique d’une incom parable beau-té : vue de Khiva depuis la tour Ak Cheikh, sans la moindre fausse note d’une construction moderne, panorama de l’oasis de Samarcande depuis le plateau d’Afrosiab…, tel qu’il pouvait s’offrir aux caravanes, et dans le détail, couleur claire de la brique, hauteur des minarets cylindriques, diversité des dômes qui surplombent les mosquées, dimensions des cours des madrasas bordées de cellules pour les étudiants, intérieurs et coupoles des mosquées…, et plus encore la décoration des monuments : mosaï ques de couleur bleue, verte et marron, motifs géométriques, floraux ou étoilés, arabesques et inscrip tions. Comme ce voyage présentait la vitrine de l’Ouzbékistan, sans nous permettre de pénétrer plus avant, nous avons établi des comparaisons

foulards noués derrière la tête et leur sourire laisse apercevoir des dents couvertes d’or. L’atmosphère est bon enfant entre Ouzbeks et les échanges (sourires, paroles, photos) avec les touristes étrangers sont immédiats… L’exotisme est réciproque. Sous une autre forme, celle-là non pas spontanée mais organisée, des spectacles artistiques nous ont été présentés : dans une madrasa de Boukhara, nous avons admiré la grâce et l’élégance des jeunes filles se livrant à des danses folkloriques traditionnelles et à un défilé de mode de type occidental ; à Samarcande, dans une mosquée, on a entendu un concert de musique « classique » (piano, violoncelle et flûte ouzbeke) ; dans la cour d’un centre de l’artisanat, une troupe d’amateurs mettait en scène les péripéties d’un mariage ouzbek à la campagne.

Une bien belle vitrine

Ce voyage rapide de 8 jours et organisé par une agence locale nous a fait découvrir les merveilles de l’art musulman conservées dans chacune des étapes de la Route de la Soie, mais ne nous a pas permis de visiter les quartiers populaires des villes, ni les villages traditionnels demeurés à l’écart des circuits touristiques. De plus, étant dans l’impossibilité de ren-con trer la population dans ses lieux de vie ou de travail, et de communi-quer avec elle en russe ou dans les langues du pays, on n’a vu que ce que la guide nous a montré ou entendu que ce qu’elle a voulu nous dire… Mais ce qui reste dans notre souvenir, ce ne sont pas des exposés histo ri ques, ni mê-me des noms de monuments ou de personnages célè-bres, mais les ima-ges de l’architecture

La Lettre de la Maison de l’Orient n° 38 5

Tachkent, le dernier soir

Samarcande, dans la nécropole Chah-i-Zinda, mausolée de Touman Aka (xve s.)

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6 La Lettre de la Maison de l’Orient n° 38

À voir et à entendre

expositions et confÉrences

à Lyon

confÉrences de la Maison de l’orient(conférences publiques organisées en collaboration avec l’AAMO jusqu’à juin 2012)

Archives municipales1 pl. des Archives, 69002 LyonOuvert du mardi au samedi de 13 h à 18 h, entrée libre.

L’Université dans la ville

Du 13 octobre 2011 au 25 février 2012

L’exposition propose une exploration de l’histoire singulière et surprenante d’une grande université d’aujourd’hui dans une ville dénuée d’une longue tradition universitaire.Comment s’est-elle construite et développée, quel est son devenir ?

Autant de pans connus ou étonnants de cette histoire que l’exposition invite à découvrir.

Aux origines de l’implan tation naba té enne à Pétra, Jordanie Par Michel Mouton, Laboratoire Orient et Méditerranée, MAE Nanterre. Le site de Pétra, en Jordanie, a depuis longtemps été exploré par les archéologues. Ses monuments rupestres, ses tom-beaux aux façades taillées dans le grès, sont bien connus et ont été sou vent décrits, mais on s’est peu inté res-sé aux périodes les plus ancien nes jusqu’à ré cem ment.Mercredi 13 juin 2012 : Grand amphi – Université Lyon 2 – 18 quai Claude Bernard – Lyon 7e.

La piraterie en Méditerranée antique Par Pascal Arnaud, professeur à l’Université Lumière Lyon 2 et membre du laboratoire HiSoMA. Mercredi 11 janvier 2012 : Grand amphi Lyon 2 – 18 quai Claude Bernard – Lyon 7e.

Cent ans de recherches sur l’ile de Thasos Par Michèle Brunet, professeur à l’Université Lumière Lyon 2 et directrice du laboratoire HiSoMA. L’île de Thasos en Grèce du Nord fait l’objet de recherches systématiques menées sous l’égide de l’École française d’Athènes depuis 1911, en collaboration avec le Service archéologique grec. Les résultats seront présentés également dans une exposition au Musée des Moulages de l’université de Lyon (29 février-17 mars 2012). Mercredi 14 mars 2012 : Grand amphi Université Lyon 2 – 18 quai Claude Bernard – Lyon 7e.

Couleurs vives du marbre : nouvelles recher­ches dans la polychromie de la sculpture antique Par Vinzenz Brinkmann, directeur de la collection antique de la Fondation Liebieg, Francfort. Mercredi 18 avril 2012 : Musée des Beaux-Arts de Lyon.

Le territoire syrien à travers les âgesLes 24, 25, 27, 31 janvier, 1er et 3 février 2012. Amphithéâtre Benveniste, Maison de l’Orient et de la Méditerranée, 04 72 71 58 25.

Musée gallo­romain de Fourvière17 rue Cléberg – 69005 Lyon ; Tél. : 04 72 38 49 30Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h (Fermetures annuelles : les 1er janvier, 1er mai, 1er novembre et 25 décembre).Parc archéologique ouvert tous les jours, accès libre de 7 h à 19 h, du 16 septembre au 14 avril.Plein tarif : Hors exposition temporaire : 4 €, pendant exposition temporaire : 7 €La médecine à l’époque romaineDu 4 octobre 2011 au 22 avril 2012À l’origine, cette exposition a été conçue par le musée romain de Nyon en Suisse, sous la direction de Véronique Dasen, professeure d’archéologie classique à l’université de Fribourg.

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à Paris

La Lettre de la Maison de l’Orient n° 38 7

Conférences 2012

Vous avez dit « Paléodémographie » ? par Luc Buchet, docteur en histoire, CNRS, Université de Nice.Jeudi 9 février 2012 à 19 h2

Femmes médecins et médecine des femmesPar Véronique Dasen, commissaire de l’exposition, profes-seure d’archéologie, Université de Fribourg.Jeudi 15 mars 2012 à 19 h

Droit public et droit pénal romains : quelle législation pour l’exercice de la médecine dans la Rome antique ?Par Virginie Hollard, docteur en histoire, Université Lumière-Lyon 2.Jeudi 26 avril 2012 à 19 h

La pédiatrie à l’époque romaine impérialePar Lucienne Rossier, Institut des sciences de l’antiquité, Université de Fribourg.Jeudi 31 mai 2012 à 19 h

Musée des Beaux­Arts

Émile Guimet et l’Égypte antiqueDu 30 mars au 2 juillet 2012

L’exposition réunit les antiquités égyptiennes acquises par Émile Guimet (1836-1918). On y retrouvera aussi bien des stèles, des statues, que des sarcophages, des figurines funéraires ou des papyrus et des amulettes.À la suite de son voyage en Égypte de 1865-1866, le jeune industriel lyonnais commença une exceptionnelle collection. Il a également contribué au financement de fouilles en Égypte, dans la nécropole d’Antinoé. Ces travaux menés par Albert Gayet (de 1895 à 1911) concernèrent un temple de Ramsès II et une nécropole copte et livrèrent momies et textiles en grand nombre.Émile Guimet s’intéressa également à l’archéologie, la philosophie et l’histoire des religions orientales, ce qui l’entraîna à faire un tour du monde (1876-1877), marqué en particulier par un long séjour au Japon.Il est aussi le créateur des musées qui portent son nom à Lyon (1879 puis 1913) et à Paris (1889).

Cité des Sciences et de l’Industrie30 avenue Corentin-Cariou – 75019 ParisOuvert du mardi au samedi de 10h à 18h et le dimanche de 10h à 19h.Tarifs et billets : plein tarif 11 €, Tarif réduit 8 €Exposition temporaire du 19 octobre 2011 au 2 septembre 2012 (en trois langues : français, anglais et italien).

Que savons-nous des Gaulois d’avant la conquête romaine ?L’exposition vise à comparer l’image des Gaulois, façonnée par 2000 ans d’imaginaire collectif (« inconscient collectif gaulois »), avec celle que les nombreuses fouilles récentes

et recherches permettent de proposer aujourd’hui. Sont ainsi présentés textes anciens, affiches, chansons, monnaies, manuels scolaires, tableaux, à travers les siècles. En parallèle, des terrains de fouille et sept ateliers permettent de découvrir les sciences et les techniques de l’archéologie contemporaine, tout comme la présentation d’objets authentiques et de reconstitutions de tombes et d’un sanctuaire.Un film d’aventures burlesques en 70 avant notre ère restitue au travers d’une fiction décalée les connaissances que le visiteur a glanées dans l’exposition, mettant en scène le quotidien des habitants de la Gaule et illustrant de manière très concrète les différents thèmes abordés (commerce, travail du fer, organisation sociale, artisanat).

NOM V. HOLLARD B. DELIGNON (UMR 5189)O. THEVENAZ(Univ. Lausanne)

M.-O. ROUSSET(FRE 3412)

B. KUNTZIGER(USR 3439)

M. BRUNET(UMR 5189)

R. CRASSARD(UMR 5133)

K. ZAKHARIA(FRE 3412)

P. PARE-REY(UMR 5189)

PROJET « La poésie lyrique dans la cité antique : les odes d’Horace au miroir de la lyrique grecque archaïque »(Colloque international6-8 juin 2012)

Impression TMO 59(Janvier 2012)

Reliure de volumes…BIBLIOTHÈQUE

« Cent année de recherche à Thasos, grande Cité de Grèce du Nord »(Expo et conf. Mars 2012)

« The Neolithic of Arabia : new paradigms and future perspectives »(Table ronde 24-27 août 2012)

Journée d’étude « Babylone, Grenade : villes mythiques ; récits, réalités, représentations »(10 février 2012)

Journée d’étude« L’aparté dans le théâtre antique : formes et fonctions d’un procédé dramatique en devenir »(13 janvier 2012)

RÉSULTATS 500 € 1000 € 1500 € 1000 € 1000 € 1000 € 500 €

Comité scientifique AAMO du 15 novembre 2011 – Propositions d’Aide aux chercheurs pour 2012

Nous avons retenu pour la 1ère tranche 7 projets correspondant à 6500 €.

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Jean-Jacques Chavane et ses trois enfants, Philippe, Marie-Agnès et Stéphanie, se proposent de créer un prix Marie-Jo Chavane.

Ce prix, d’un montant de 1500 €, sera attribué à un(e) docto rant(e) par un jury constitué au sein de l’AAMO.

8 La Lettre de la Maison de l’Orient n° 38

Les Publications de la MOM et de ses chercheurs

LA LETTRE DE LA MAISON DE L’ORIENT(Association)

Directeur de la publication : Jean-Baptiste YonPAO : Nelly Kalaï

Maison de l’Orient et de la Méditerranée – Jean Pouilloux7, rue Raulin – 69007 Lyon

ISSN : 1245-4087Ce numéro a été imprimé à 250 exemplaires

Publications de la Maison de l’Orient

7, rue Raulin, F-69365 Lyon cedex 733 (0)4 72 71 58 26

Catalogue en ligne : http://www.mom.fr/publications

Parutions récentes aux Publications de la Maison de l’Orient

Les sanctuaires de l’acropole d’Ougarit. Les temples de Baal et de Dagan.O. Callot, RSO XIXISSN : 1762-0503ISBN : 978-2-35668-019-8

Évagre le Scholastique, Histoire ecclésias tique, Livres I-III, SC 542.

Origène, Commentaire sur l’Épitre aux Romains, Livres VI-VIII, SC 543.

Dernières parutions Sources chrétiennes

Hors publications Maison de l’Orient

IGLS XIII/2, Bostra (supplément) et la plaine de la Nuqrah.M. Sartre, avec la collaboration d’A. Sartre-Fauriat, Presses de l’IFPO, Beyrouth.

Sources de l’Histoire de Tyr. Textes de l’Antiquité et du Moyen Âge. P.-L. Gatier, J. Aliquot et L. Nordiguian (éds), Presses de l’IFPO et Presses de l’Univer sité Saint Joseph de Beyrouth, Beyrouth.

Atlas du Proche-Orient arabe.F. Balanche, RFI-PUPS, Paris.