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Les JO de Beijing: pas de médaille chinoise pour le droit des enfants au logement La faim en milieu urbain: les enfants des villes et la crise alimentaire Norvège: des jeunes défendent les droits des handicapés à la ville Dans ce numéro: la revue Réseau d’information des droits de l’enfant Septembre 2008 Numéro 22 Le droit des enfants à la ville Photo: Bosnia and Herzegovina. Heldur Netocny/Panos Pictures

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■ Les JO de Beijing: pas demédaille chinoise pour le droitdes enfants au logement

■ La faim en milieu urbain: lesenfants des villes et la crisealimentaire

■ Norvège: des jeunesdéfendent les droits deshandicapés à la ville

Dans ce numéro:

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Réseau d’information des droits de l’enfant

Septembre 2008Numéro 22

Le droit des enfants à la ville

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Réseau d’information des droits de l’enfant (CRIN)

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Cette trousse à outils* a été produite pour:

• aider les utilisateurs à comprendre l’ExamenPériodique Universel (EPU), son mode defonctionnement, et pourquoi il est importantpour les enfants

• aider les utilisateurs à comprendre commentparticiper à l’EPU et s’assurer que celui-ci restefocalisé sur les enfants.

Vous trouverez plus loin une brève descriptionde cette trousse à outils.

IntroductionL’EPU (Universal Periodic Review en anglais) estle nouveau mécanisme par lequel le Conseil desdroits de l’homme des Nations unies (CDH)examine la situation des droits de l’homme danschaque Etat membres des Nations unies.

Chaque Etat sera examiné tous les quatre ans.

Il est attendu que l’EPU devienne la pierreangulaire du Conseil des droits de l’homme.Il permettra de placer le dossier des droits del’enfant au centre de ses travaux.

Comment fonctionneral’EPU?Le passage en revue, sous la responsabilité d’ungroupe de travail extraordinaire composé par desdélégués des Etats, utilisera des informationsprovenant des sources suivantes:

• L’État: Des renseignements révisés par l’État(20 pages, ou la présentation d’un rapport verbal)

• Le système des droits de l’homme desNations unies: Une information pertinenteen provenance des organismes de traité etdes rapporteurs spéciaux, rassemblée dansun rapport de 10 pages par le Hautcommissariat des Nations unies aux droitsde l’homme – HCDH.

• Les parties prenantes: Un résumé de10 pages, préparé par le HCDH, reprenantl’information fournie par d’autres partiesintéressées, notamment, des organisations nongouvernementales (ONG), des institutionsnationales de défense des droits de l’homme(INDH) et des ONG internationales.

L’Examen Périodique Universel constitue unprocessus intergouvernemental, ce qui signifie quedes États sont invités à juger d’autres Etats

Communication etparticipation par les ONGNote: Cette information est sujette auxchangements éventuels. Vous pouvez donc vousmaintenir informés de la situation en visitant lespages d’actualité de CRIN concernant le HCR,soit: http://www.crin.org/chr/news/ ou le site web OHCHR:http://www.ohchr.org/EN/HRBodies/UPR/Pages/UPRMain.aspx.

Les communications fournies par les ONGsont placées au centre de l’Examen PériodiqueUniversel. Ce nouveau système leur offrel’occasion de fournir une évaluation honnêteet impartiale de la situation des droits del’homme dans tous les pays.

C’est pourquoi les rapports des ONGrevêtiront une importance critique.L’information fournie ne sera pasconfidentielle.

Les ONG devront donc évaluer attentivementles avantages et les dangers de leurscommunications. Une coordination entre ONGinternationales, grandes et petites, pourraits’avérer utile dans ce contexte. Il est demanderaux ONG de:

1. Entrer en contact avec les ONG qui partagentles mêmes préoccupations et de les informerdu processus de l’EPU dans le cas où elles n’enauraient pas encore entendu parler.

2. Débattre des questions que vous souhaitez voirmettre à l’ordre du jour.

3. Décider ensemble s’il serait préférable quetoutes les ONG soulèvent les mêmes questions,ou que la liste des questions soit répartie parmivotre groupe d’ONG afin que vous puissiezcouvrir en profondeur un éventail de sujets.

4. Les ONG locales et basées à Genève devraientse concerter pour décider de la meilleuremanière d’organiser l’information et deformuler les meilleures stratégies de plaidoyer.

Comment rédiger lesrapports?Le HCDH a produit des lignes directrices détailléesconcernant les communications à soumettre parles parties prenantes, telles que des ONG et INDH,dans le cadre de la EPU.

Les facteurs à considérer

1. le nombre limité de pages 2. l’accent à mettre dans le rapport 3. la période de temps couverte 4. la date limite 5. la langue

Le CRIN a entrepris d’extraire les mentionsrelatives aux droits de l’enfant à partir desrapports soumis dans le cadre de l’EPU. Vouspouvez les consulter sur la page d’actualité deCRIN concernant le Conseil des droits de l’homme(voir plus haut).

Vous trouverez également l’ensemble desrapports soumis à ce jour pour chaque sessionPRU sur le site web du HDCH:http://www.ohchr.org/EN/HRBodies/UPR/Pages/search.aspx

Participation au-delà de lasoumission de rapports• Groupe de travail EPU - Exercer une influence

sur les questions susceptibles d’être posées parles États membres du CDH en remettant à leursreprésentants à Genève des renseignementsécrits et/ou oraux.

• Participation aux séances plénières de l’EPU –Pendant la session plénière du Conseil desdroits de l’homme, les ONG peuvent fairedes déclarations et poser des questions àl’État examiné.

• Participation aux actions de suivi – Convoquerune réunion d’ONG dédiées aux droits del’enfant pour discuter de la pertinence durésultat de l’examen pour les droits de l’enfant.Définir une stratégie que les ONG pourrontadopter pour suivre la mise en oeuvre desrecommandations finales de l’EPU. Suivre lamise à contribution d’un médiateur des enfantsdans l’action de suivi, si cela est pertinent (cartous les pays n’ont pas de médiateur).

Pour obtenir les versions complètes et résuméesde la trousse à outils, veuillez visiter:http://crin.org/resources/infoDetail.asp?ID=17366&flag=report

Vous pourrez lire une explication plus complète del’EPU sur la page d’information spéciale de CRIN:http://www.crin.org/HRC/UPR.asp

DU NOUVEAU: Une trousse à outils, l’Examen Périodique Universel,à l’intention des ONG de défensedes droits de l’enfant

*La trousse à outils a été élaborée par le groupe de travail siégeant au Conseil des droits de l’homme, qui fait partie du groupe d’ONG pour la Convention relative aux droits de l’enfant:www.childrightsnet.org

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La Revue du CRIN

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Crédits: Jennifer Thomas, rédactrice, Bill Bell, Simon Flacks et Veronica Yates, conseillers rédactionnels; Paula McDiarmid, relectrice; Traduit en arabe par EmanHerzallah, en français par Nathalie Monnot et en espagnol par Liliana Zunic. Réalisation et impression par Creatiscope.

Publié en septembre 2008. Child Rights Information Network, ISSN 1475-8342, © The Save the Children Fund, oeuvre caritative immatriculée sous le n°.213890. La CRIN Review (anciennement CRIN Newsletter) paraît annuellement en anglais, français et espagnol. Les auteurs sont seuls responsables des avis quiy sont exprimés. Les suggestions d’articles sont toutes les bienvenues. La rédaction se réserve la décision finale concernant la publication des articles reçus.Aucune partie de cette publication ne peut être publiée de nouveau sans la permission écrite de la rédaction et de l’auteur. Cette publication est offertegratuitement et peut également être téléchargée auprès de: http://www.crin.org/about. Si vous souhaitez en recevoir des exemplaires par la poste, veuillezcontacter CRIN, c/o Save the Children, 1 St John’s Lane, Londres EC1M 4AR, Royaume-Uni ou nous envoyer un courriel à [email protected].

SommaireEditorial

Fichier: Statistiques urbaines CRIN

Les JO de Beijing: défendre le droit des enfants au logement Deanna Fowler et Mayra Gomez

La faim en milieu urbain – repenser notre réponse aux crises alimentairesMichael O’Donnell

Mortalité infantile sur les routes: une crise de santé publiqueTamitza Toroyan et Margie Peden

Pour qu’une ville soit adaptée aux enfants Francesca Moneti

Fichier d’information: un guide des actions litigieuses stratégiques

Ceux qui passent par les mailles du filet: la migration infantile en Afrique australe Christopher Bjornestad

Jeunes et déplacés handicapés: camp de réfugiés ou communauté urbaine?

Pour que l’accessibilité devienne une réalité dans les rues de Norvège Mari Sognnæs Andresen

Liberté d’association? Pas vraiment, si vous êtes jeune et vivez au Royaume-Uni Alex Gask et Charlotte Stetzel

Un entretien avec Satya Panigrahi – l’un des “maires de la jeunesse” de Londres

Le “bourrage de crâne” dans les écoles au Japon: pourquoi les enfants ont-ils besoin d’un break?Noriko Kajiki

Les jeunes du Brésil: en marge de la société, au centre de la violence Paula Miraglia

La violence dans les villes jamaïcaines: une histoire ancienne Rose Robinson Hall, Horace Levy et Peta-Anne Baker

Fiche d’information: les enfants des rues et la violence Louise Meincke

La ville enfermée: pour sortir du traumatisme à Gaza Ahmed Abu Tawahina

Les nouvelles voix urbaines de l’Inde: “Nous voulons vivre notre vie” Sharmila Bhagat

Fiche d’information: le changement climatique et les enfants des villes

Le service de rédaction sur les droits de l’enfant

Documentation

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Réseau d’information des droits de l’enfant (CRIN)

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Les villes luttent cependant pour faire face àl’afflux des populations attirées par la promessed’un travail, de meilleures perspectivesd’existence, d’un style de vie urbain, ainsi quepar la nécessité de fuir les conflits, la pauvretérurale ou la destruction de leur environnement.Chaque jour, plus de 180 000 personnes enprovenance des campagnes affluent vers leszones urbaines, s’ajoutant à une populationcitadine déjà en pleine croissance. Il en résulteque les services de base pour enfants sontsouvent trop sollicités ou inexistants, tandisque la pollution atmosphérique et d’autresformes de dommage écologique menacentla santé des enfants, s’ajoutant à l’exploitationet à la violence auxquelles les enfants sontsouvent exposés.

Au cours des deux prochaines décennies,la grande partie de la croissance urbainemondiale – 95% – sera absorbée par les villesdu monde en développement.1

Quel est le prix que les enfants doivent payeraujourd’hui pour la rapidité de croissanceurbaine? Que peut nous apprendre l’expériencedu monde occidental, déjà urbanisé,concernant la réalisation des droits de l’enfantdans un cadre urbain? Et, surtout, quellesopportunités peuvent être offertes par cette“seconde vague” de croissance urbaine en vuede la protection des enfants et del’accomplissement de leurs droits?

Le présent numéro de CRIN se penche surl’impact de l’urbanisation ainsi que l’effet de lataille et de la croissance des villes sur les droitsde l’enfant. Comme le rappelle ce numéro, lesvilles constituent des foyers à risque pour lesenfants dès que les espaces verts sontremplacés par des bidonvilles en pleineextension, où la ségrégation et les violencesfont partie du quotidien, réservant uneexistence précaire à des millions d’enfants derue et autres enfants obligés de travailler. Maisces zones urbaines ont aussi leurs bons côtés,car pour de nombreux parents, elles offrent lapromesse de meilleures opportunités et d’unevie meilleure pour leurs enfants. Comme l’accèsà l’information y est plus facile, les enfants sontmieux en mesure de connaître leurs droitsfondamentaux. Parallèlement, certains

équipements de base et structures de soutiensont plus facile d’accès. La concentration dunombre d’enfants en milieu urbain leur permetégalement de s’organiser plus facilement, etaussi de revendiquer leurs droits à bénéficier deservices, à participer aux décisions, et à êtreprotégé de la violence.

“Le droit des enfants à la ville” analyse lesobstacles à l’accomplissement des droits del’enfant dans certaines grandes agglomérationsdu monde. Cet article présente des méthodesde travail, des leçons à retenir, ainsi que desoutils pratiques, fiches d’information et étudesde cas visant à faire progresser les droits del’enfant en milieu urbain.

Explorant les questions touchant aux droits del’enfant, notamment la violence, la pauvreté,la participation et la diversité sous la loupe del’urbanisation, ce numéro propose une autremanière de concevoir les droits de l’enfant engénéral, et souligne la nécessité d’une réflexionprospective sur la manière dont des processusglobaux, tels que l’urbanisation, affecteront lesdroits de l’enfant au niveau local.

Ouvrant le débat par un article d’actualité surles Jeux Olympiques de Beijing, Deanna Fowleret Mayra Gómez étudient les violations, parles pouvoirs publics chinois, du droit aulogement de l’enfant dans le cadre despréparatifs des Jeux. Les auteurs de l’articleinvitent les organisateurs d’événementsinternationaux de ce type à honorer leursobligations à protéger les droits humains età ne pas se dessaisir de cette tâche commes’ils n’étaient que de simples spectateurs.

Une autre rubrique de l’actualité récente fut lahausse mondiale des prix alimentaires, qui adéclenché des émeutes à travers le monde. Alorsque cette hausse affecte différentes populationsde diverses façons, Michael O’Donnell expliquepourquoi elle frappe plus particulièrement lesenfants des villes et réfléchit à la réponse que lesorganisations humanitaires doivent donner pourendiguer la crise.

D’autre part, nous assistons aussi à une crisemondiale moins évidente: celle d’unemultiplication des accidents de la route, lesquels

constituent la cause majeure de mortalité parmiles 10-19 ans. Selon Tamitza Toroyan et MargiePeden, il existe déjà des moyens pour freinercette tendance, mais il faudra encore du tempset des ressources pour que l’on commence àpenser différemment.

Depuis peu, les villes “écologiques”, où lesvoitures et la pollution sont tenues à l’écart etoù l’être humain et l’environnement occupentle devant de la scène, sont un sujet dediscussion en vue parmi les administrationslocales et nationales, mais que dire de villesaccueillantes pour les enfants? FrancescaMoneti montre comment un nombre croissantde villes participent au mouvement pour placerl’enfant au centre de la cité, et dresse une listede bonnes pratiques.

Dans son article sur l’Afrique australe,Christopher Bjornestad soutient que les enfantsmigrants non accompagnés sont souvent exposésà un risque plus grand quand ils se trouvent dansles petites villes et implantations que quand ilsvivent dans grandes agglomérations. Les enfantsen déplacement forcé courent de nombreuxrisques. Dans son récent travail de recherche, laWomen’s Commission for Refugee Women andChildren (Commission de femmes pour lesFemmes et Enfants réfugiés) pèse le pour et lecontre de l’hébergement de jeunes handicapésdans un camp de réfugiés par opposition à leurdispersion dans une grande ville.

L’urbanisation des pays industrialisés est unphénomène ancien, mais de nombreux défis pourles droits de l’enfant sont encore à réaliser. Desjeunes de villes norvégiennes ont milité pour lesdroits des enfants handicapés en faisant leclassement des magasins et des restaurants enfonction de leur accessibilité. Ce classement n’apas manqué de contrarier certaines personnes,mais les gérants des établissements visés ont étéobligés d’écouter les activistes et d’entreprendredes changements durables, explique MariSognnaes Andresen.

Alex Gask et Charlotte Stetzel dénonce le degréde discrimination auquel les jeunes doivent faireface dans les espaces publics en Grande-Bretagne, où le simple fait de se réunir avec desamis peut constituer un délit. Satya Panigrahi,

ÉditorialPour la première fois dans l’histoire de l’humanité, plus de la moitié de la populationdu monde vit aujourd’hui en ville. Partout dans le monde, des nouvelles villes s’étendent,de l’Amérique Latine, l’Afrique et l’Asie du Sud à la Chine qui représente l’épicentre dela croissance urbaine actuelle. Ces nouvelles agglomérations présentent un visage de plusen plus jeune: d’après les Nations unies, 60 pour cent des enfants du monde endéveloppement vivront en milieu urbain d’ici 2025.

1. UN Habitat: State of the World's Cities 2006/07

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La Revue du CRIN

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l’un des “maires de jeunesse” londoniens,raconte une histoire pleine d’espoir sur lamanière d’impliquer les jeunes dans lapolitique locale, de faire disparaître lesperceptions négatives dont ils font l’objet, etde leur permettre de lancer leurs propresprojets communautaires.

Au Japon, une vie laborieuse est imposée trèstôt à de nombreux enfants vivant en ville, quisubissent la pression de devoir étudier jour etnuit afin de remplir les attentes de leursparents et de la société. Noriko Kajiki raconteà quel point cette circonstance affecte leursloisirs et leur bonheur.

Le Japon abrite certes la ville la plus peupléedu monde, mais c’est à la bande de Gaza querevient un des records mondiaux de densitédémographique, avec 3117 habitants parkilomètre carré. Et pourtant, les habitants de larégion, pris au piège par l’occupation militaireisraélienne, vivent dans ce qui peut êtrecomparé à une prison de béton. Ahmed AbuTawahina évoque les effets, sur la santémentale, d’une vie en état de siège perpétuel etrelate son expérience concernant la formationde communautés afin de limiter les dégâts.

Les villes du Brésil et de Jamaïque sontconnues pour leur passé de violence urbaine.Dans son article sur Sao Paolo, Paula Miragliamontre comment la ségrégation géographiquerenforce l’exclusion et la violence à l’encontredes jeunes marginalisés. Rose Robinson Hall,Horace Levy et Peta-Anne Baker ont réfléchisur les origines de la violence dont les enfantsjamaïcains sont à la fois les auteurs et lesvictimes. Ils parlent de leurs efforts pourrétablir une société fondée sur le droit etle respect.

Enfin, Sharmila Bhagat raconte comment desenfants de Delhi se sont tournés vers l’écritureet vers les nouvelles technologies afin departager leurs expériences locales avec le restedu monde.

Jennifer Thomas

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Chaos architectural dans les quartiers pauvres de Caracas, au Venezuela

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Réseau d’information des droits de l’enfant (CRIN)

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En 2008, plus de la moitié de lapopulation du monde habite en ville.

Chaque jour, plus de 180 000personnes quittent la campagne pourla ville.

Selon les estimations de la Banquemondiale, bien que les zones ruralesaccueillent actuellement la majorité despauvres du monde, d’ici 2035, ce serontles villes qui seront les principaux foyersde pauvreté.

D’ici 2025, environ 60 pour cent desenfants du monde en développementhabiteront en ville, et plus de la moitiéd’entre eux vivront dans la pauvreté.

Croissance• Chaque semaine, la population des villes

dans le monde s’accroît de près d’unmillion de personnes, soit, la populationd’une ville comme Hanoï ou Pittsburgh.

• La ville la plus peuplée du monde en 2015sera Tokyo avec 35,5 millions d’habitants,suivie de Mumbai et de Mexico.

• Selon les projections actuelles, lapopulation des villes de la Fédérationde Russie, qui possède l’un des taux denatalité les plus faibles du monde,diminuera de 6,5 millions de personnesd’ici 2015.

• Les mégapoles ont dix millions d’habitantsou plus. Lagos, au Nigeria, est la mégapoleavec le taux de croissance le plus élevédu monde.

Les enfants et la pauvreté• D’après les estimations des Nations unies,

il y a jusqu’à 150 millions d’enfants de rueet d’enfants qui travaillent dans le monde.

• Dans un pays en développement sur cinq,la mortalité infantile est plus élevée dansles villes que dans les campagnes.

• Plus de sept enfants meurent chaqueminute à cause de la pollution des eaux.

• La mortalité infantile dans les villes dotéesd’un système approprié d’assainissement etde distribution d’eau se situe à 10 mortspour 1000 naissances environ. Dans les villesqui ne sont pas adéquatement équipéesdans ces domaines, les taux de mortalitéinfantile sont 10 à 20 fois plus élevés.

• Un enfant sur cinq, soit 400 millionsd’enfants environ, n’ont pas accès à l’eaupotable.

• Au Royaume-Uni, la consommation d’eaumoyenne par habitant est de 135 litres parjour. Dans le monde en développement,cette moyenne est de 10 litres.

• Plus d’un enfant sur trois dans le mondeen développement, c’est-à-dire 640millions d’enfants, ne bénéficient pas d’unlogement adéquat.

• Londres est la sixième ville la plus riche dumonde, mais 41 pour cents des enfants desquartiers londoniens déshérités vivent dansla pauvreté.

Densité et diversité• Mumbai, en Inde, est la ville la plus

densément peuplée au monde: 14 350 000habitants pour une superficie de483 kilomètres carrés.

• 32 pour cent des Londoniens appartiennentà une minorité ethnique. Seule 0,7 pour centde la population de Changhaï est née endehors de la Chine.

Violence et surveillance• 498 enfants ont été assassinés au

Guatemala seulement pour l’année dernière.

• Washington DC connaît le taux le plusélevé de meurtres signalés dans le mondeindustrialisé.

• Le Salvador et le Honduras abritentensemble quelque 30 000 jeunes gensimpliqués dans des bandes appelées“maras”.

• Au niveau mondial, les accidents de lacirculation constituent la première causede mortalité parmi les jeunes de 10 à19 ans.

• Les Londoniens peuvent s’attendre àêtre pris en images 300 fois par jour pardes caméras de surveillance. La Grande-Bretagne est surveillée par quatremillions de caméras de télévision encircuit fermé, ce qui en fait la nation laplus surveillée du monde.

Environnement• Sumgayit, en Azerbaïdjan, est la ville la

plus polluée du monde.

• La production mondiale de véhicules àmoteur progresse au moins quatre foisplus rapidement que la populationmondiale.

• Nous consommons chaque semainel’équivalent de 500 000 arbres transformésen papier journal. Une seule éditiondominicale du New York Times utilise75 000 arbres.

• Dans 53 pays du monde, un total de42 millions de journaux gratuits estimprimé chaque jour.

• Moins de cinq pour cent de la superficiede Tokyo est occupée par des espaces vers.

[Sources: UN Habitat, Blacksmith Institute,UNICEF, Consortium for Street Children,Centre for Housing Rights and Evictions,WaterAid, Energie Cites, British MedicalJournal, City Mayors, Liberty, BanqueMondiale, Simon Parker, Tunza for Youth,Youth Xchange, Project Freesheet, WorldMapper]

Fichier: Statistiques urbaines

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En préparant les JO de Beijing, la Chine a systématiquement violé les droits de sescitoyens au logement. Il en a résulté de graves conséquences pour de nombreuxenfants. Deanna Fowler et Mayra Gomez soulignent l’obligation pour la Chine des’amender et invitent les futures hôtes et organisateurs des Jeux à respecter les règles.

Les Jeux Olympiques de Beijing: défendre le droit au logement des enfants

Les Jeux Olympiques et autres grandesmanifestations internationales sont souventprésentés comme des facteurs de progrès,non seulement au niveau de la coopérationinternationale, mais également en raison desbienfaits économiques et sociaux qu’ils sontcensés apporter aux résidents de la ville et dupays d’accueil. Si la réalité de ces bienfaits estsouvent débattue par les populationsdirectement intéressées, il est certain que lespréparatifs des Jeux Olympiques de Beijingont déclenché un degré de protestation sansprécédent, en Chine comme à l’étranger.

Le président du comité organisateurs des JOde Beijing, Liu Qi, a déclaré en présentant lacandidature de sa ville pour les JeuxOlympiques 2008 que ceux-ci “contribuerontà promouvoir toutes sortes de projets

économiques et sociaux et favoriserontégalement la poursuite de notre cause, ladéfense des droits de l’homme”. En effet, laCharte Olympique reconnaît l’intérêt des droitsde l’homme, quand elle déclare que: “Lapratique du sport constitue un droit del’homme.” Néanmoins, tout un éventail dedroits humains a été violé dans le contexte deJeux Olympiques passés et présents. En juin2007, le Centre on Housing Rights andEvictions (COHRE - Centre de recensement desdroits au logement et des évictions) a publiéle rapport Fair Play for Housing Rights: Mega-events, Olympic Games and housing rights(Justice face au logement: Méga-événements,Jeux Olympiques et droits au logement). Cerapport a mis en évidence que, depuis 1988,plus de deux millions de personnes ont étédéplacées en raison des Jeux Olympiques.

A Beijing, notamment, les Jeux avaiententraîné en juin 2007 le déplacement de plusde 1,25 millions de personnes, le total projetédevant atteindre 1,5 millions de personnes à ladate du début des Jeux en août 2008. COHREa établi que la municipalité de Beijing et lecomité organisateur des JO avaient détruit deslogements locatifs abordables et s’étaient livrésà des actes de harcèlement, de répression,d’emprisonnement et même de violencecontre les habitants et les activistes. Lamunicipalité a également condamnés denombreuses personnes - en particulier deschauffeurs de taxi prétendument sans permis,des vendeurs de rue, des clochards et desmendiants - à des périodes de “rééducationpar le travail”, forme similaire d’incarcérationsans inculpation. De plus, des démolitions etdes évictions ont été entreprises sans aucune

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“Un Hutong deBeijing frappé parl’expulsion” (unhutong est unpassage étroit deruelles)

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Il est essentiel que les décideurs politiques etles défendeurs des droits de l’enfant sesouviennent du principe de l’intérêt supérieurde l’enfant quand ils auront à se penchersur le droit de l’enfant au logement et surl’interdiction des évictions forcées. Ceprincipe se situe au coeur de l’élaborationdes droits humains de l’enfant en vertu dudroit international. Il figure de manière bienvisible dans la Convention des Nations uniesrelative aux droits de l’enfant (CDE).

La Chine, qui a ratifié la CDE en 1992, s’estengagée à défendre les droits de l’hommeau niveau de l’enfance.

L’Article 27 de la Convention protègeclairement les droits de l’enfant en matièrede logement

1. Les Etats parties reconnaissent le droit detout enfant à un niveau de vie suffisantpour permettre son développementphysique, mental, spirituel, moral et social.

3. Les Etats parties adoptent les mesuresappropriées, compte tenu des conditionsnationales et dans la mesure de leursmoyens, pour aider les parents et autrespersonnes ayant la charge de l’enfant àmettre en oeuvre ce droit et offrent, en casde besoin, une assistance matérielle et desprogrammes d’appui, notamment en ce quiconcerne l’alimentation, les vêtements etle logement.

Au-delà de la CDE, il existe d’autres normesinternationales pour la protection des droits del’enfant en matière de logement, notammentle Pacte international relatif aux droitséconomiques, sociaux et culturels, que laChine a ratifié en 2001. Dans sonCommentaire général N° 4, le Comité desNations unies sur les droits économiques,sociaux et culturels a retenu sept éléments clésformant le droit à un logement suffisant:sécurité légale d’occupation; disponibilité enmatériels, équipements et infrastructures deservices; prix abordable; habitabilité etaccessibilité; situation; et convenanceculturelle.

Les normes internationales des droits del’homme sont bien davantage que desdéclarations de bonne intention politique:elles invoquent des obligations légalescontraignantes. Aux termes du droitinternational des droits de l’homme, des Etatscomme la Chine sont dans l’obligation derespecter, protéger et réaliser les droits del’enfant en matière de logement.

L’indemnisation versée aux déplacés quipossédaient leurs propres logements estrarement suffisante pour leur permettred’acheter un autre logement dans la mêmepartie de la ville. D’autre part, l’éducation deleurs enfants occupe une place primordiale auxyeux des parents. C’est pourquoi, afin d’éviterd’éloigner leurs enfants des bonsétablissements scolaires, un certain nombrede familles ont décidé d’utiliser le montantd’indemnisation pour louer un appartementà proximité plutôt que d’acheter un logementplus abordable, mais éloigné. Il s’ensuit que,d’ici quelques années, cette indemnisationaura été dépensée et les familles affectéesseront exposées à de nouvelles insécuritésde logement.

Les effets des expulsionsforcées sont “comparablesà la guerre”L’expulsion forcée est un phénomène quimérite une attention particulière dans lecontexte des Jeux Olympiques de Beijing.

également été éloignées des réseauxcommunautaires qui précédemment prenaientleurs enfants en charge et leur fournissaient unappui communautaire. Les parents interrogéspar COHRE ont expliqué que, au sein de leursanciennes communautés, leurs enfantspouvaient se rendre à l’école à pied nonaccompagnés; parce que la distance étaitcourte et parce que la proximité d’unecommunauté proche et unie garantissait lasécurité des enfants. Aujourd’hui, les famillesappartenant autrefois à ces communautés ontété dispersées vers des complexes immobiliersdans la banlieue de Beijing. Les parents ontexpliqué que les établissements scolaires de cesquartiers étaient de piètre qualité, et que ceuxqui en avaient les moyens continuaient àenvoyer leurs enfants vers le centre de Beijing.Les déplacements en transports publicsprennent parfois deux heures de trajetquotidien dans chaque sens. Les parentsdoivent désormais accompagner les enfants,car ceux-ci ne peuvent utiliser le réseau desautobus et du métro sans surveillance.

procédure sanctionnée, et sans que desdispositions d’indemnisation suffisantes n’aientété prises pour permettre aux victimes detrouver un autre logement ou d’avoir recours àla justice. Dans certains cas, les locataires n’ontpratiquement pas reçu de préavis et n’ont pastouché l’indemnisation promise. Les tauxd’indemnisation n’ont presque jamais permisaux locataires affectés de se reloger sans subirune chute de leur niveau de vie. Au contraire,ces personnes ont été obligées de déménagervers des quartiers plus éloignés des possibilitésd’emploi, des réseaux communautaires, desécoles décentes et des centres de santé.

Déracinement familialCes événements ont des conséquencesparticulièrement dure pour les groupesvulnérables et marginalisés, à commencer parles enfants. Au moins 160 500 enfants âgésde 0 à 15 ans ont été déplacés.* Les famillesqui ont été forcées de déménager doivent nonseulement effectuer de longs trajets pour serendre au travail et à l’école, mais ont

L’obligation de respecter le droit des enfantsà un logement suffisant signifie que les Etatsdoivent s’abstenir de toute action, telle quel’éviction forcée, qui empêcherait desenfants et leurs familles de réaliser ce droitdans la mesure où l’Etat concerné est àmême de le faire.

L’obligation de protéger le droit des enfantsà un logement suffisant exige des Etats qu’ilsfassent le nécessaire pour prévenir lesviolations de ce droit par des acteurs nonétatiques tels que propriétaires, entreprises,ou autres individus ou organisations dusecteur privé.

L’obligation de réaliser le droit des enfants àun logement suffisant entraîne un certainnombre d’obligations bien définies et peutnécessiter des dépenses publiques, uneréglementation étatique et la mise àdisposition de services publics, desubventions au logement ou de logementssociaux, y compris des programmes decréation de logements susceptibles derépondre aux besoins particuliers desenfants. Le droit international exige des Etatsde prendre les mesures immédiates à ceteffet, et ce en recourant au maximum desressources disponibles pour progressivementréaliser les droits des enfants en matière delogement en s’abstenant de toutediscrimination.

Les droits de l’enfant au logementAujourd’hui, les droitshumains de l’enfant sontbien protégés dans lecadre du droitinternational des droitshumains, qui reconnaîtà tous les enfants le droità un logement adéquat.

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La communauté internationale a réaffirméque la pratique de l’expulsion forcée revientà une violation flagrante des droits humains;en particulier, le droit à un logementsuffisant. Ces expulsions se caractérisent ousont accompagnées par un élément de forceou de coercition. Elles sont souvent liées àdes décisions, des politiques ou des loisparticulières entreprises par l’État, oupeuvent aussi être liées à la passivité de cedernier devant les expulsions perpétrées pardes acteurs non étatiques.

Alors que les expulsions forcées peuvent avoirlieu dans des contextes divers et de différentesfaçons, leurs effets négatifs sur les enfantsmontrent une similarité remarquable. Dans sonétude Urban Children and the PhysicalEnvironment (Enfants en milieux urbains etl’environnement physique), Sheridan Bartlett,de l’Université de la Ville de New York et del’Institut international pour l’environnement etle développement (Londres), observe que:

L’impact de l’éviction forcée sur lastabilité de la famille et le bien-êtreaffectif de l’enfant peut êtredévastateur; l’expérience vécue a étécomparée à celle de la guerre pource qui est des conséquencesdéveloppementales chez l’enfant.Même si les évictions sont suiviesd’un relogement immédiat, les effetssur les enfants peuvent être destructifset déstabilisants.

L’organisation philippine Families andChildren for Empowerment andDevelopment (FCED – Familles et enfantspour l’autonomie et le développement) asignalé au COHRE en 2005 que les enfantsqui avaient été expulsés de leurs foyerssouffraient de sentiments d’impuissance etde désespoir. Selon cette même source,d’autres enfants en étaient venus à perdretout espoir de continuer leur scolarité parcequ’ils n’avaient d’autre choix que de dormirou de vivre dans la rue ou dans les terrainsvagues, parfois pendant de très longuesdurées. Les enfants expulsés de leurs foyersmontraient des traumatismes psychologiqueset une peur devant une possible descente de

police ou d’équipes de démolition. Commeleurs parents, ils se trouvaient dans un étatde confusion, ne sachant où aller etredoutant un avenir incertain.

Dans l’étude The Impact of Evictions onChildren: Case studies in Manila, Mumbaiand Phnom Penh (L’impact de l’éviction surles enfants, études de cas à Manille, Mumbaïet Phnom Penh), les organisations UrbanPoor Associates (Philippines) et Coalition forHousing Rights (Thaïlande) soulignent queles enfants constituent le groupe le plusvulnérable des victimes des expulsions.Cette étude constate que:

Les expulsions impliquent la violence.Lors de la démolition d’un logement, lesenfants sont exposés à la violence et auxmauvais traitements. Il est généralementreconnu que la violence génère denouvelles violences. Les enfants dont lesfamilles ont été attaquées sous leurs yeuxpeuvent être affectés de diverses façons.

L’exposition à des actes de violence accroît ledegré d’angoisse des enfants. Il s’ensuit quecertains enfants manifestent un éventail derépercussions affectives négatives. Lesexpulsions forcées renforcent aussi le degré destress familial et la fréquence des cas demaltraitance d’enfants. Les enfants interrogéspar les chercheurs ont fait état d’unefréquence plus élevée des actes violents ausein de leurs familles à la suite d’une évictionforcée. Après avoir perdu leurs foyers et leurscommunautés, les enfants entrent dans ununivers d’insécurité où ils deviennent encoreplus vulnérables à l’égard de ceux qui auraienttendance à les maltraiter.

Pour améliorer le dossierOlympique des droits del’hommeLors de la préparation des Jeux Olympiques,la Chine a enfreint ses obligations légalesinternationales en ne veillant pas à ce queles familles déplacées reçoivent un préaviset une indemnisation appropriés; à cequ’aucun enfant ne soit privé d’un logementou exposé à d’autres violations de ses droits;et à ce que les familles concernées puissentbénéficier de moyens de recours et d’uneprocédure sanctionnée.

Pour honorer ses obligations, le Chine devraitimmédiatement mettre en place despossibilités de redressement au profit desfamilles affectées. Elle devrait mettre un termeimmédiat aux évictions programmées enattendant l’établissement d’une méthodeéquitable et systématique de fixation desmontants d’indemnisation, devant remplacer lesystème actuel consistant à mêler négociationset harcèlements. En recourant à un appareiljudiciaire indépendant, la Chine devrait réparerles injustices commises contre ceux qui ont étémenacés, harcelés et emprisonnés pour avoir

*Ce chiffre repose sur des données indiquant que le groupe d’âge de 0 à 15 ans représente 10,7 pour cent de la population de Beijing, ce qui ressort de L’Annuaire statistique deBeijing 2007.

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résisté aux expulsions forcées et élevé la voixcontre les violations des droits au logement.

En outre, il incombe au Comité internationalOlympique (CIO) d’agir de manière décisive,non seulement en usant de son influence pourfaire opérer les changements nécessaires enChine, mais également en veillant à ce que detels abus des droits au logement ne soient pascommis dans le contexte de futurs JeuxOlympiques. Dans son rapport Fair Play forHousing Rights (Equité devant le droit dulogement), le COHRE recommande que le CIO:incorpore entièrement les droits au logementdans ses valeurs, principes et engagementsdirecteurs; évalue les villes candidates à lalumière de leur respect des droits au logement;introduise des critères de sélection spécifiquespour faire face aux questions de logement àtoutes les étapes du processus de sélection dela ville d’accueil; prévoie des obligationscontractuelles que les villes d’accueil auront àsouscrire en matière de respect des droits aulogement; et suive de près le respect des droitsau logement, en intervenant dès que desviolations seront constatées.

Il est vital que le CIO adopte desrecommandations de ce type pour prévenirtoutes violations des droits des enfants aulogement dans le cadre des Jeux Olympiques,et pour que le mouvement Olympique soit à lahauteur de ses idéaux “d’amitié, de solidaritéet de justice”.

Deanna Fowler est la responsable desrecherches du Global Forced EvictionsProgramme au Centre on Housing Rights andEvictions. Contact: [email protected]

Mayra Gomez est la coordinatrice duprogramme Women and Housing Rights(Femmes et droits au logement) auprès duCentre on Housing Rights and Evictions(COHRE) – Bureau américain. Contact:[email protected]

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La faim en milieu urbain – repensernotre réponse aux crises alimentairesLes crises alimentaires frappent le plus souvent les campagnes, mais la hausse mondialedes prix alimentaires affecte aujourd’hui plus particulièrement les enfants des villes.Michael O’Donnell en explique les raisons et en évalue les conséquences pour lesefforts humanitaires dans le futur.

Les prix des denrées alimentaires n’ont cesséde grimper depuis l’an 2000 et ont fait unbond spectaculaire pendant les 12 derniersmois jusqu’à mai 2008. Au cours des troisdernières années, les cours mondiaux desproduits de base ont augmenté de 83 pourcent, selon la Banque Mondiale. Cela aengendré une crise qui a été fort médiatiséeces derniers mois. Les téléspectateurs ont vules images d’émeutes contre la hausse desprix de la nourriture dans des régions aussidispersées que l’Egypte, Haïti et les Philippines.Pourquoi les populations des villes ont-elles étéplus particulièrement affectées? Que signifientces hausses des cours alimentaires pour lesenfants? Que peut-on faire contre?

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Pourquoi les zones urbainessont celles qui souffrentle plus Normalement, quand on pense à une crisealimentaire, on pense à la sécheresse, à l’échecdes récoltes, à la mort de bétail, et à l’affluxd’enfants vers les centres d’alimentation. Lacrise alimentaire actuelle diffère de ce tableauen ce que les populations urbaines sont cellesqui sont le plus touchées.

Cela tient au fait que les hausses des prixalimentaires frappent ceux qui achètent lanourriture, plutôt que ceux qui la produisent.De fait, ceux qui parviennent à dégager unsurplus à partir de leurs récoltes pour le vendre

devraient bénéficier de la situation et gagnerun meilleur revenu. Les acheteurs nets denourriture sont en général des personnes quidépendent d’une source de revenu telle qu’unemploi formel, des travaux non qualifiés à lajournée, et le commerce de rue, afin degagner de quoi acheter de la nourriture etrépondre à leurs autres besoins essentiels.Presque tous les habitants des villes se trouventdans cette situation. Mais ils ne sont pas lesseuls à être affectés. En milieu rural, ceux quine possèdent pas de terre ou ceux dont lelopin ou les moyens ne sont pas suffisantspour assurer leur autonomie alimentaire – cespersonnes étant généralement les pluspauvres, ainsi que les gardiens de troupeaux

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souffriront d’une sous-alimentation aiguë quiest assimilable à la famine.

Mais d’autres dépenses que celles de lanourriture seront aussi réduites face à unehausse des prix alimentaires. En effet, certainesfamilles préféreront ne plus envoyer leursenfants à l’école pour épargner les fraisscolaires, ou éviteront les traitements médicauxonéreux. De telles situations nuiront aussi auxenfants, et méritent tout autant d’attentionque celle qui entoure la montée actuelle desprix alimentaires. Car elles constituent le signeavant-coureur de stress financier au sein duménage. Elles peuvent servir de déclencheurà des interventions plus précoces desorganisations humanitaires en vue d’éviterune aggravation de la situation.

Les options permettant d’arrondir les finsde mois sont également limitées, et souventfort peu attrayantes. Les familles pauvresne possèdent généralement pas lescompétences ou autres ressources pourtrouver facilement d’autres emplois, d’autantplus que les perspectives d’emploi dans lesvilles restent limitées. Il reste commesolutions d’envoyer les enfants au travail oualors de contracter un prêt avec le risque dese retrouver accablé de dettes.

Un autre risque qui apparait particulièrementen milieu urbain est celui des troubles civils.Dans de nombreux pays, des émeutes ontéclaté face à l’escalade des prix alimentaires,entrainant dans la foulée nombre d’enfants.

Que faire?À court terme, le plus important est d’obtenirdavantage de renseignements sur la manièredont les familles sont affectées par la montéedes prix alimentaires. Il s’agira ensuite desonger aux interventions des organisationshumanitaires afin d’alléger les problèmescausés aux familles suite à la montée des prix.La crise alimentaire représente un nouveau défipour ces organisations.

Les programmes de “protection sociale”, parexemple des transferts d’argent liquide oul’offre de bons d’achat permettant derépondre aux besoins essentiels, représentent

les moyens évidents pour venir en aide auxfamilles. Les transferts d’argent leurpermettront d’acheter les biens ou servicesnécessaires -alimentation, éducation et loyer,par exemple - et de mieux garantir leur dignitéet leur choix que les transferts en nature, telsque les dons alimentaires. Les zones urbainesprésentent un avantage pour les transfertsd’argent dans la mesure où on y trouved’avantage d’établissements, tels que banqueset bureaux de poste, capables de gérer lespaiements en liquide. De cette manière, lesorganisations humanitaires ne seront pasobligées d’affronter les problèmes de sécuritéliés au transport de grandes sommes d’argent.De nombreux gouvernements nationaux ontdéjà mis en œuvre des programmes deprotection sociale. Il s’agira donc de coopérerdésormais avec ces gouvernements en vue dedévelopper de tels programmes.

Cependant, l’expérience des ONG dans laréalisation de programmes en milieu urbainest plutôt limitée car il ne constitue pas unfoyer habituel de crise. Les organisationshumanitaires et les pouvoirs publics devrontdonc collaborer pour partager leursexpériences et tirer les leçons de ce nouveaucontexte. Un autre défi tient au fait que toutesles familles urbaines seront plus ou moinsaffectées par la montée des prix alimentaires.Tout le monde considérera avoir besoin d’aide,ce qui rendra d’autant plus difficile le ciblagedes ressources limitées.

Les prix alimentaires resteront encore élevéspendant un certain nombre d’années. Il est dèslors primordial de s’attaquer aux différentsimpacts que cela causera aux enfants des villes.

Michael O’Donnell est l’ancien chef deHunger Reduction chez Save the Children UK.

Pour plus de précisions, prière decontacter Alex Rees, conseiller ensécurité alimentaire et en moyens desubsistance chez Save the Children UK,à [email protected].

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Parade des enfants dans les rue de Banaue,dans la province de Ifugao dans le nord desPhilippines. Le Festival du riz de Imbayah célèbrel'abondance des récoltes et est considérécomme la 8ème merveille du monde. Mais lesfestivités se sont estompées rapidement face àla montée des prix alimentaires que doitaffronter le pays, ce qui a engendré un effet dedomino sur les prix des produits de base dontcertains sont déjà considérés comme les plusélevés de la région.

qui vendent une partie de leur cheptel pouracheter du grain, sont aussi affectés par lahausse des prix de la nourriture. Cependant lefait que ce sont les populations urbaines quisont le plus affectées est un phénomènerécent, ce qui pose de nouveaux défis auxorganisations humanitaires.

Quelles sont lesconséquences de la haussedes prix pour les enfantsdes villes?La catégorie de personnes les plus pauvresconsacre en moyenne jusqu’à 80 pour cent deleur revenu à l’alimentation. La hausse des prixalimentaires signifie que les acheteurs doiventgagner davantage afin de pouvoir payer lamême quantité de nourriture. Si votre budgetest déjà serré à la base, vos options pour faireface à la situation sont limitées: soit vousdépenserez moins pour les produits que vousachetez habituellement, soit vous essayerez degagner davantage. L’une ou l’autre optioncoûtera cher aux enfants.

Si une famille ne peut plus subvenir à sesbesoins essentiels - notamment l’alimentation,les soins de santé, l’éducation, l’habillement, lesavon, le loyer, l’électricité et les autres factures-, et se voit forcée de réduire ses dépensesdans l’une de ses catégories, les enfantspeuvent en souffrir. La famille en questioncommencera d’abord par économiser sur laqualité de la nourriture achetée. Ainsi, au lieud’acheter des produits tels que fruits, légumes,viande et produits laitiers qui sont nécessairesà un régime alimentaire équilibré, la famille selimitera à l’achat des aliments de base, avec unpeu de légumes ou de sauce: de quoi soulagerla faim, mais non de quoi prévenir unemalnutrition chronique. La malnutritionchronique constitue la cause sous-jacente dequelques 1,5 millions de morts annuellesd’enfants de moins de 5 ans. Elle peutprovoquer, chez les enfants, un retard decroissance, une altération de leurdéveloppement mental ou une plus grandevulnérabilité face aux maladies. D’autre part,elle restreint leurs capacités à réussir à l’école,ce qui les rend plus susceptible de gagner unfaible revenu à l’âge adulte. Si la famille réduitencore ses dépenses alimentaires, ses enfants

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Les accidents de la route tuent environ 1,3millions de personnes chaque année et enblessent ou en handicapent des millionsd’autres. Les enfants et jeunes adultes demoins de 25 ans forment une proportionimportante des victimes de ces accidents:chaque année, près de 400 000 personnesde moins de 25 ans meurent sur les routesdans le monde, soit en moyenne 1049 parjour. Au niveau mondial, les blessures par suited’accidents de la route constituent la premièrecause de mortalité parmi les jeunes de 10 à19 ans. Cependant, la prévention desaccidents n’occupe qu’une place secondairedans les priorités de santé publique denombreux pays, et les financements entravaux de recherche et de développementdans ce domaine ne sont absolument pasproportionnés à l’ampleur du problème.

Dans de nombreux pays, ce sont le secteurdes transports, l’appareil judiciaire, la policeou un mélange des trois qui sont chargésde la sécurité routière. La prise de consciencede la multitude des blessures causées pardes accidents de la route reste insuffisante.Car ce n’est pas considéré comme unproblème national de santé publique,notamment parmi les enfants et les jeunes,bien que les accidents de la route constituentla cause majeure de mortalité chez les jeunes.Pourtant, le secteur de la santé a un rôlecrucial à jouer pour aborder le problème de lasécurité routière non seulement en soignantles blessés mais aussi en investiguant lesfacteurs à risque et les interventions possibles,en recueillant des données pour mieuxcomprendre l’ampleur et la répartition duproblème chez les blessés de la route, et enmenant une action de plaidoyer visant à ceque la prévention des accidents de la routesoit mieux placés dans l’agenda politique.

Le problème est particulièrement grave dansles pays à revenus faibles et moyens. Plus de85 pour cent des morts enregistrées sur lesroutes dans le monde appartiennent à cettecatégorie de pays. Les usagers de la routevulnérables, en particulier les piétons, cyclistes,motocyclistes et usagers des transports publics,sont les premiers touchés par ce problème.En outre, les tendances actuelles donnent àpenser qu’à la suite de la motorisation et del’urbanisation rapides des pays à revenus

Les accidents de circulation constituent la cause majeure de mortalité chez les jeunes dansle monde. Il s’impose donc de réfléchir à une approche de la sécurité routière et d’investirdans la sauvegarde de vies humaines, estiment Tamitza Toroyan et Margie Peden.

Mortalité infantile sur les routes: une crise de santé publique

pauvreté, étant donné du fait qu’ils sont moinsà mêmes de gérer les conséquences financièresd’un accident.

Les coûts économiques des accidents de laroute sont énormes pour les pays endéveloppement. Dans les pays à revenus faibleset moyens, ces coûts sont chiffrés à une valeursituée entre 65 et 100 milliards de dollars US,excédant le montant total de l’aide audéveloppement reçue par ces pays, etreprésentent environ deux pour cent de leurproduit national brut. Dans de nombreux paysà revenus faibles et moyens, les jeuneséconomiquement actifs constituent uneproportion importante des accidentés de laroute. En Afrique, par exemple, où 50 pourcent de la population est âgée de moins de 16ans, les accidents de la route parmi les jeuneséconomiquement actifs imposent un lourdfardeau à ces pays dont les ressources serontsollicitées alors par le coût de l’importation demédicaments et les soins à administrer auxvictimes d’accidents.

Pourquoi le risque est-ilplus élevé pour les jeunesusagers de la route?Les jeunes sont davantage exposés à un risqued’accident de la route que les autres membresde la population pour diverses raisons. Certainsdes facteurs à risque applicables aux adultes lesont également aux enfants et aux jeunes:excès de vitesse, alcool au volant, non-port ducasque, non usage de ceintures de sécurité,absence de dispositifs de retenue pour enfants,et mauvaise visibilité - autant de circonstancesqui aggraveront le risque de blessure. Il existeen outre des facteurs à risque d’accident de laroute particuliers (peu accentués) chez lesjeunes. C’est ici que les facteursdéveloppementaux entrent en jeu: la petitetaille des enfants signifie qu’ils seront moinsvisibles pour les automobilistes, tandis que, auniveau développemental, les enfants ont moinsla capacité d’apprécier la vitesse d’une voiturequi approche. Parmi les adolescents, latendance à prendre des risques, ainsi que lespressions qui les poussent à se montrer l’égalde leurs pairs, jouent également un rôleimportant dans l’augmentation du risque deblessure sur la route. Les facteursenvironnementaux entrent également en jeu.En effet, dans de nombreuses parties du

Le saviez-vous?

• Au niveau mondial, les déces causéspar des accidents de la routeconstituent la première cause demortalité dans le groupe d’âge des10 à 19 ans.

• Chaque année, près de 400 000personnes de moins de 25 ansmeurent sur les routes dans le monde,soit 1049 par jour en moyenne.

• Le nombre de personnes tuées surles routes passera de 1,3 millionspar an actuellement à 2,1 millions paran en 2030.

• La plupart des jeunes tués ou blessésdans des accidents de la route dansdes pays à revenus faibles et moyens sontdes piétons, cyclistes, motocyclistes ouusagers de transports publics.

• Les coûts des accidents de la routedans les pays à revenus faibleet moyens sont, selon les estimations,de 65 à 100 milliards de dollars US.

• Lors d’un accident de voiture,l’emploi correct d’une ceinture desécurité réduit le risque de mortalitéà hauteur de 61 %.

• L’usage obligatoire de dispositifsde retenue des enfants peut réduirele nombre de morts d’enfant paraccident de la route à hauteur de35 %. Les enfants doivent être placésdans des dispositifs de retenue adaptésà leur taille et à leur âge.

Source: Organisation mondiale de la santé

faibles et moyens, le nombre mondial devictimes mortes sur la route passera de 1,3millions actuellement, à 2,1 millions par annéeen 2030. De plus, ce sont les pauvres de cespays à revenus faibles et moyens qui risquentde comptabiliser le plus grand nombre devictimes d’accidents de circulation. Ils sontégalement exposés à une aggravation de leur

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Repenser la priorité accordée au transportmotorisé. Cela pourrait exiger la constructionde nouvelles infrastructures, ou la séparationdes espaces routiers entre le trafic motoriséet le trafic non motorisé, afin que chaquegroupe dispose d’un espace suffisant dansle réseau routier.

Orienter davantage les ressources versune amélioration de la sécurité des piétonset des cyclistes. La modification desinfrastructures routières afin de répondreaux besoins des piétons présenterait desavantages, tels qu’une activité physiqueaccrue et une diminution de la pollution,débordant ceux de la simple prévention.

Réaliser des interventionsinfrastructurelles, telles que passagescloutés ou passages à passerelle à proximitédes établissements scolaires, et aménagementde voies piétonnes et cyclistes. De tellesinterventions pourraient empêcher lesenfants de traverser les grands axes routiers,par la construction de ponts et tunnels bienéclairés pour piétons. Une autre interventionefficace serait de restreindre ou detranquilliser le trafic dans les rues de la villequi sont utilisées par les enfants commeespaces de récréation.

Songer aux besoins spécifiques desenfants: si les déplacements à pied ou à véloétaient sécurisés et si les modes de transportpublic étaient rendus accessibles etabordables, moins d’enfants seraient obligésd’aller à l’école en voiture.

Les enfants ont le besoin et le droit dejouer: leurs espaces de récréation devraientêtre délimités de manière sûre, par exempleau moyen de clôtures, et être dotés d’accèssans danger tels que voies et ponts pourpiétons. Alternativement, les espaces derécréation devraient être aménagés à unedistance suffisante des zones de circulationrapide, de sorte que si, par exemple, unenfant se lance soudainement sur la ruepour rattraper un ballon, il ne risquera pasd’être percuté par une voiture roulant àtoute allure.

Les investissements ensécurité routière setraduiront par desavantages sanitaires élargisLes blessures par accident de la route parmiles enfants et les jeunes constituent un graveproblème de santé publique dans denombreux pays, notamment ceux à revenusfaibles et moyens, où les pauvres et lespersonnes vulnérables sont les plus exposés.Bien que ce problème demande des effortsconsidérables pour les économies et lesservices de santé de ces pays, la plupartd’entre eux n’y ont pas encore accordé unepriorité élevée, ainsi qu’un financement etune attention proportionnés à son ampleur.

monde, la protection de jeunes adultes et desautres usagers vulnérables de la route n’a pasété prise en compte dans les décisionsd’urbanisme. De fait, les jeunes sont souventobligés d’utiliser le même espace de transportque les véhicules à moteur, ce qui accroitd’autant plus le risque d’être victimes d’unaccident de la route.

Que faire?Les blessures par accident de la route peuventêtre prévenues. La plupart des interventionsqui réduisent le risque de blessures paraccident de la route au sein de la populationgénérale sont également opérantes chez lesjeunes. C’est ainsi que l’application obligatoirede lois portant sur les facteurs à risque s’estavérée efficace dans des contextes variés àtravers le monde. En outre, l’expérience despays à revenus élevés montre qu’enconsentant les efforts pour la mise en œuvred’interventions appropriées ciblant plusparticulièrement les enfants et les jeunesadultes, il est possible de réduire avec succèsle nombre de morts et blessés dans ce groupede la population.

L’Organisation Mondiale de la Santérecommande une approche systémique de laprévention des blessures par accident de laroute. Cela signifie que les pouvoirs publics oupolitiques cherchant à rendre les routes moinsdangereuses doivent acquérir unecompréhension du “système” dans sonintégralité et connaître les interactions des

différents éléments afin d’identifier les zonesd’intervention possibles. Ils doivent notammenttenir compte du fait que les êtres humainscommettent inévitablement des erreurs et sonttrès vulnérables et qu’il convient doncd’incorporer cette vulnérabilité et cette faillibilitédans le système routier. Cela tend à réduire laresponsabilité des victimes et à alourdir celledes architectes du système de transport. Dansle cas des enfants, il s’agira d’apprécier lavulnérabilité des enfants et les limites de cesderniers dans toute prise de décision “sensée”sur la route, puis de modifier l’environnementdans lequel les enfants évoluent, ainsi que lesactions des autres usagers de la route quipourraient présenter un risque pour les enfants.

Interventions

Modifier le comportement desusagers de la route

Parmi les interventions possibles auprès de lapopulation générale, on peut mentionner:

• réduire la vitesse par l’introduction etl’application de limites de vitesse

• réduire les cas d’alcool au volant enétablissant et en appliquant des limitesd’alcoolémie

• favoriser le port de casques parmi lesmotocyclistes au moyen de la législation,de son application exécutoire, et de lasensibilisation du public

• favoriser l’usage de ceintures de sécuritéet de dispositifs de retenue (sièges enfants,sièges rehausseurs, harnais) pour enfants etautres passagers au moyen de la législationet de son application exécutoire.

Il est primordial d’accompagner la législationet son application d’une meilleuresensibilisation du public aux interventions desécurité. On manque toutefois de donnéespermettant d’affirmer que les interventionsvisant uniquement à éduquer les enfants dansles comportements de sécurité sur les routesont des incidences réelles sur la réductiondes blessures par accident de la route.

Adapter le milieu

Les pouvoirs publics et politiques cherchantà mettre en place des systèmes de transportdurables ont une tâche complexe, d’autantplus que les besoins des divers groupesd’usagers de la route pourraient entrer enconflit. Dès lors, les urbanistes et lesplanificateurs du réseau routier doivent dansleurs décisions consciemment se pencher surles besoins de tous les usagers. Toutefois,dans de nombreux pays, les travauxd’urbanisme et de planification routièreaccordent la priorité aux usagers motorisés,et non aux usagers non motorisés.

Le cas de l’Inde: Lenombre le plus élevé demorts sur les routesLa BBC a rapporté en juin que l’Inde étaitle pays du monde qui enregistrait le plusgrand nombre de victimes mortellesd’accidents de la route. En 2006, 100 000personnes ont péri sur les routes de l’Inde,et quelque 2 000 000 y ont étégrièvement blessées, un chiffre dépassantles bilans réunis du sida, de la tuberculoseet de la malaria. En dépit des coûtshumains et financiers d’un tel bilan(environ trois pour cent du PNB de l’Inde),rares ont été les investissements visant àaméliorer cette situation.

En Inde, il est possible d’acheter un permisde conduire sans avoir jamais passé unexamen de conduite.

Un réexamen de la législation est en coursen vue d’instituer des organismes desécurité routière aux échelons étatique etnational pour attirer une plus grandeattention sur le problème. Cependant lesmodalités d’un tel programme n’ont pasencore été définies.

[Source: BBC]

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Cependant, une nouvelle volonté politique decerner le problème est en train d’émerger dansun nombre croissant de pays. Il est dès lorsimportant de mettre en évidence les synergiesqui existent entre le problème des blessés dela route et d’autres grands défis que lesdécisionnaires doivent affronter aujourd’hui.Etant donné que la contribution de lacirculation routière au réchauffement généralet à la pollution est de plus en plus admise,et compte tenu de la multiplication des casd’obésité au sein de la population, lesinvestissements en sécurité routière, auxniveaux national et international, pourraientfavoriser la santé générale et le bien-être denombreuses personnes et communautés.

Tamitza Toroyan et Margie Peden sontrespectivement responsable technique etcoordinateur du service Prévention desblessures non intentionnelles del’Organisation Mondiale de la Santé.

Les auteurs font partie du personnel del’Organisation Mondiale de la Santé. Ils sontseuls responsables des vues exprimées dansla présente publication, qui ne représententpas nécessairement les décisions oupolitiques de l’OMS.

Sources

Mathers C et Loncar D (2006) ‘Projectionsof global mortality and burden of diseasefrom 2002 to 2030’, PloS Medicine, 3.www.plosmedicine.org

Peden M et al (eds) (2004) Rapport mondialsur la prévention des accidents de la route,Genève, Suisse, Organisation mondiale de lasanté.http://www.who.int/violence_injury_prevention/publications/road_traffic/world_report/en/index.html

Toroyan T et Peden M (eds) (2007) Jeunesseet sécurité routière, Genève, Suisse,Organisation mondiale de la santé.http://whqlibdoc.who.int/publications/2007/9241595116_eng.pdf

Projet Charge globale de morbidité del’Organisation mondiale de la santé, 2004

Carte des villes dans le mondeLa taille du territoire représente la proportion de la population vivant en milieu urbain dans lemonde.

Carte de la population mondialeLa taille de chaque territoire représente la proportion relative de la population mondiale vivantà cet endroit.

Carte des victimes de la route dans le mondeLa taille du territoire représente la proportion de toutes victimes par accidents de la route dansle monde qui s'est produit à cet endroit.

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Qu’est-ce qui rend une ville accueillantepour les enfants?

La pauvreté et l’exclusion qui affectent denombreux enfants des villes témoignent d’unmanque d’engagement à l’égard des droitsde l’enfant. Dans les quartiers défavorisés,beaucoup d’enfants passent leurs journéesdans la rue et se livrent à des activités diversespour gagner un peu d’argent pour eux-mêmes ou leurs familles. Beaucoup d’entreeux sont exposés à la violence et àl’exploitation. Privés d’un foyer familialprotecteur, il leur est très difficile d’accéder àl’école ou aux services de santé, et leur espaceet possibilités de jeu sont très limités. Certes,cette situation se rencontre surtout dans lesgrandes villes du monde en développement,mais est également présente dans les villesriches européennes et dans d’autres régionsindustrialisées, où différentes formesd’exclusion, de maltraitance et d’exploitationmenacent les enfants et les jeunes.

La Child Friendly Cities Initiative (CFCI –Initiative des villes accueillantes pour lesenfants) est un partenariat mondial d’instances,comprenant des gouvernements et des ONGinternationales, nationales et locales, quicollaborent pour appliquer la Convention desNations Unies relative aux Droits de l’Enfant(CDE) à un échelon infra national. Le but dece mouvement, issu du Sommet de la Villetenu à Istamboul en 1996, est de convier lesadministrations locales à promouvoir les droitsde l’enfant et à les soutenir dans cette voie.

La CFCI s’emploie à élaborer des plans d’actionmunicipaux pour les enfants, à mettre en placedes structures juridiques et institutionnelless’inspirant de la CDE, à prendre des dispositionsbudgétaires en faveur des enfants et à suivre letravail déjà réalisé pour garantir les droits del’enfant. Dans une “child-friendly city” (CFC –ville adaptée aux enfants), les enfants ne sontpas seulement les bénéficiaires, mais sont aussides citoyens actifs qui contribuent avec leursidées, opinions et compétences à l’élaborationde politiques et de solutions pratiques à leursproblèmes. Cela signifie qu’il est nécessaired’évaluer et d’analyser régulièrement lasituation des enfants et d’affiner les politiques,les lois, les règlements et les budgets avec laparticipation des enfants afin de mieuxrépondre à leurs besoins dans la ville.

Dans le cadre d’une activité locale, l’implicationdes enfants et des jeunes est réalisable, toutcomme celle de leurs parents etaccompagnants. Cette approche peut générer

Francesca Moneti nous donne quelques indications sur la manière d’appliquer les droitsde l’enfant au niveau de la ville.

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“Une ville accueillante pour les enfants est une ville, ou tout autre système degouvernance locale, entièrement tournée vers la réalisation des droits de l’enfant.C’est une ville dans laquelle les voix, les besoins, les priorités et les droits de l’enfantfont partie intégrante des politiques publiques, des programmes, et des décisions.Il s’agit en définitive d’une ville qui convient à tout le monde.” Child Friendly Cities Framework for Action

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1. Promouvoir la participation active desenfants: informer les enfants et les mettreà contribution, tenir compte de leurs pointsde vue et de leurs expériences comme êtreshumains individuels, titulaires de droits, etcitoyens actifs et égaux. La participationdes enfants est fondamentale dans leprocessus de construction d’une villeaccueillante pour enfants. Leur participationaux processus de décision en fait despartenaires de la gouvernance de la cité.La perspective unique des enfants doitêtre prise en considération dans lesdécisions de la ville.

2. Un cadre juridique favorable auxenfants: assurer que la législation, laréglementation et les procédures sont denature à promouvoir et protéger de façonrégulière les droits de tous les enfants.

3. Une stratégie des droits de l’enfantpour toute la ville: élaborer une stratégieou un programme détaillé et exhaustif pourla construction d’une ville adaptée auxenfants fondée sur les principes de la CDE.Une stratégie pour toute la ville permettrade prendre les dispositions en vue detraduire la loi en politiques et actionscohérentes. Les plans d’action locaux pourenfants permettront de fixer des objectifspour la ville entière.

4. Une unité ou un mécanisme decoordination dédié aux droits del’enfant: élaborer des structurespermanentes au sein des administrationslocales afin de garantir que les points devue des enfants soient considérés commeprioritaires. Prendre des dispositionsinstitutionnelles pour que le plan d’actionsoit mis en oeuvre et que les politiques etpratiques soient ancrées dans le système.

5. Evaluation des impacts sur les enfants:s’assurer qu’un processus systématique soitmis en place pour évaluer l’impact des lois,des politiques et des pratiques concernantles enfants avant, pendant et après leurmise en œuvre.

6. Un budget pour les enfants: veiller àce que des ressources suffisantes soientengagées en faveur des enfants etanalyser les budgets qui leur sont destinés.

7. Un rapport régulier sur la situation desenfants de la ville: veiller au suivi de lasituation des enfants et de leurs droits et àla collecte de données à leur sujet. L’analyserégulière de données concernant la situationdes enfants de la ville est une conditionpréalable à la planification. Elle étaiera lesdécisions qui seront prises concernant lesobjectifs et les priorités à considérer.

8. Faire connaître les droits de l’enfant:sensibiliser les adultes et les enfants auxdroits de l’enfant. Grâce à uneappréciation et à une prise de consciencede leurs droits dans un contexte local,les enfants parviendront à associer lesprincipes éthiques et philosophiques à la réalité et à l’environnement quiles entourent.

9. Actions indépendantes de plaidoyeren faveur des enfants: soutenir lesorganisations non gouvernementales etmettre en place des institutionsindépendantes des droits de l’homme –des médiateurs pour enfants – afin depromouvoir les droits de l’enfant. Il estpossible d’impliquer les enfants dans lacréation d’institutions de ce type.

des perspectives et des idées différentes decelles des administrateurs municipaux etprestataires de services. Mais elle peut aussifavoriser la coopération entre les prestatairesde services et ceux qui n’ont souvent pas accèsà ces services.

De 2000 à 2005, le secrétariat de CFCI arassemblé plusieurs expériences de “villesaccueillantes pour les enfants” dans le monde.A partir de cette compilation, il a formulé lecadre d’action CFC et a proposé la trousse àoutils CFC.

Francesca Moneti est responsable de laProtection de l’Enfant au Centre de RechercheInnocenti de l’UNICEFContact: [email protected]

Un certain nombre d’accordsinternationaux exigent une action auniveau local. C’est le cas pour laDéclaration du Millénaire et pour laréalisation des objectifs de développementdu Millénaire. Les rapports rédigés dans lesillage de la Déclaration du Millénaireproposent des stratégies consistant à“appuyer les efforts des gouvernementspour renforcer la gouvernance locale dansles zones urbaines et rurales”. Ils insistentsur l’importance de “localiser” cesobjectifs, c’est-à-dire de les traduire enbuts concrets à l’intention desadministrations locales.

Le cadre d’action (Framework for Action) comporteneuf éléments constitutifs ainsi que des listes devérification correspondantes afin de faciliter le débatet d’orienter l’action vers la création d’une ville adaptéeaux enfants.

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Agbogbloshi: Accra, Ghana

Dans le document final issu de la séancespéciale de l’Assemblée Générale desNations Unies sur les enfants (mai 2002),les Etats membres ont déclaré que:“Les collectivités et autorités localesdoivent s’assurer que les enfants serontplacés au centre des programmes dedéveloppement. En s’appuyant sur lesinitiatives en cours visant à l’édificationde communautés accueillantes pourles enfants et de villes sans bidonvilles,les maires et responsables locauxamélioreront de façon significative lavie des enfants.”

L’ordre du jour international

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Examiner l’usage que fontles enfants de leurenvironnement

La planification urbaine a parfois desconséquences graves pour la sécurité desenfants sur les routes et peuvent affecterleurs lieux et modes de récréation. Enconsultant les enfants dans les décisionsd’urbanisme, on pourra éviter certains deces dangers et influencer le mode et lesemplacements de construction desupermarchés, de rues et d’autresaménagements urbains.

En Norvège, les municipalités sontlégalement tenues de nommer une personnequi sera chargée de représenter les enfantsdans les décisions d’urbanisme. Pourrenforcer ce rôle, un projet innovant a étélancé pour mieux comprendre commentles enfants utilisent l’espace environnant.A cette fin, on a recouru à des cartesnumériques interactives. Ce projet peut êtreadapté en utilisant des cartes en papier oules vues de Google Earth, et peut aussi servirà des travaux de planification en dehors deszones urbaines.

“Observer les enfants”, initiative lancée parl’organisation Norsk Form et par le servicecartographique norvégien, avec laparticipation du médiateur national pourles enfants, constitue un mécanismesystématique de concertation avec lesenfants. Cette initiative a déjà été adoptéepar de nombreuses municipalités dans lecadre de leurs projets d’urbanisme.

Les enfants sont invités à décrire l’usagequ’ils font de la zone destinée à desaménagements urbains. A cette fin, onprojette sous leurs yeux des images de cettezone en gros plan sur un écran, permettantaux enfants de tracer des traits sur la carteaffichée et de répondre aux questions qu’onleur pose. Ainsi, s’il est prévu d’y construireun grand parking, on demandera auxenfants d’expliquer l’usage qu’ils font del’espace destiné à ce parking. L’utilisent-ilscomme lieu de récréation? Si un plan d’eause trouve à proximité, les enfants vont-ils y

aller pour nager ou pêcher? S’il est prévu deconstruire un pont ou un passage pourpiétons, les urbanistes chercheront à connaîtreles endroits de la route que les enfants jugentles plus dangereux. En dessinant le cheminqu’ils empruntent pour aller à l’école, et ensurlignant les zones où ils ne se sentent pas ensécurité, les enfants sont en mesured’influencer l’emplacement d’une traversée deroute. Il est donc question d’apprécier lesdifférents aspects d’un projet depuis laperspective de l’enfant, du fait que les enfantsne voient pas le trafic avec les yeux d’unadulte. A titre d’exemple, la vue qu’ilspourraient avoir d’une rue sera obstruée, enraison de leur petite taille, par un buisson queles adultes, eux, ne remarqueront pas.

Les informations obtenues auprès d’enfants surles projets d’urbanisme qui leur sont présentésont été ensuite envoyées aux urbanistes afinde mieux documenter leurs travaux. Celles-ciont souvent influencé la manière dont desprojets d’urbanisme ont été réalisés.

Pour plus de précisions, prière de contacterle bureau du Médiateur norvégien pour lesenfants à: [email protected]

Moyen-Orient et Afrique duNord: peut-on espérer uneville accueillante pour lesenfants?

La Déclaration d’Amman, issue de laconférence tenue en Jordanie en 2002 sur lethème de “L’Enfant et la Ville”, expose savision de villes accueillantes pour enfants danscette région.

La Child Protection Initiative (CPI - Initiativepour la protection de l’enfant) a été lancée enréponse à la Déclaration d’Amman. Elle vise àrenforcer les capacités des autorités locales àaméliorer le bien-être des enfants; à faireconnaître les programmes et politiquesefficaces; à établir une base de connaissancessur des questions importantes; à partager lesbonnes pratiques; et à établir des mécanismesde financement pour réagir aux risques quiguettent les enfants localement.

Exemples de bonnes pratiques

Plusieurs études sur la situation des enfantset des organisations consacrées à leur bien-être ont été réalisées pendant la premièrephase de l’initiative à Ryad, Amman,Khartoum, Alexandrie, Sanaa, Beirut,Casablanca, Medina Munawara, Koweit,Gaza, Alger et Téheran.

La prochaine phase consistera à proposerdes programmes pour le renforcement descapacités institutionnelles et à fournir uneassistance technique et matérielle.

L’étude de la CPI à Gaza en décembre 2007a donné lieu à une consultation sur lesprincipes et les stratégies de la villeaccueillante pour enfants, et a engendré unéchange d’expériences régionales etinternationales. Suite à cette consultation,des recommandations ont été formuléessur huit thèmes: participation des enfants,sensibilisation des communautés et de lacité, évaluation des besoins locaux,élaboration d’une stratégie pour les enfantsde la ville, institutionnalisation des budgetspour les enfants, création de partenariats,développement des capacités, et promotiond’initiatives régionales pour la conceptiond’une ville accueillante pour les enfants dansla région Moyen-Orient et Afrique du Nord.

Des recommandations ont également étéformulées en vue de mettre en place uncertain nombre d’organismes chargés de lagestion et du soutien du réseau régional dela “ville accueillante pour enfants”. Celaimplique la constitution d’un réseau régionalde “maires accueillants pour les enfants”;la création d’un secrétariat pour la régionafin d’appuyer le développement d’uneunité indépendante pour suivre le respectdes droits de l’enfant (ce secrétariat devraitêtre situé à Téhéran pendant les deuxpremières années); et la production d’unguide régional de documentation ainsi quede programmes pilotes dans certaines villes.

Pour lire la Déclaration d’Amman, veuillezvisiter:http://www.crin.org/resources/infoDetail.asp?ID=17855&flag=report

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Fichier: un guide pour les actions de litige stratégiques

CRIN a récemment produit un guide pour l’action de litige stratégique. Ce document viseà aider les défendeurs des droits de l’enfant à comprendre la nature de l’action de litigestratégique et à la considérer comme une option pour opérer des changements en faveurdes enfants. Le document contient des sections sur chacun des thèmes suivants:

QU’EST-CE QUE l’actionde litige stratégique?L’action de litige stratégique (strategiclitigation), également appelée le litigestratégique, consiste à sélectionner une causeparticulière et à saisir la justice dans le butd’opérer un changement au sein de la société.Ceux qui recourent à l’action de litigestratégique entendent utiliser la loi pour laisserune marque durable et non seulement avoirgain de cause. Il s’ensuit que les actions delitige intentées cherchent autant à avoir un effetsur la population et les pouvoirs public qu’àobtenir une décision de justice particulière.

QUAND convient-il de songer à une actionde litige stratégique? Dans quelles circonstancesune telle action est-elle fondée? Quels sont lesfacteurs qui influencent la décision? Quandpeut-on s’attendre à obtenir des résultats etquel laps de temps faut-il escompter?

A QUI APPARTIENT-IL d’intenterune telle action? Quels en sont les principauxacteurs? Comment rallier les personnes oules organisations?

DEVANT QUELLE INSTANCE va-t-on intenter une action de litige stratégique?Comment choisir l’instance qui sera saisiepour une cause particulière; laquelle sera laplus utile?

COMMENT faire pour intenter une actionde litige stratégique? Du fait que ce processuspourrait être compliqué, comment trouver unavocat, produire les preuves nécessaires, etassurer un suivi?

POUR QUELLES RAISONS devriez-vous songer à intenter une action de litigestratégique, et quels pourraient en être lesrésultats?

Ne pas oublier que les droitsde l’enfant demandeurdoivent être entièrementrespectés.Si un enfant est techniquement la personnequi saisit la justice, ou qui recourt à unmécanisme de défense des droits de l’homme,il va de soi qu’il s’agira d’en obtenir leconsentement informé, de le consulter, et desuivre ses instructions à toutes les étapes. Sivous agissez au nom d’un enfant considérécomme n’étant pas capable de donner unconsentement informé, il faudra quand mêmele tenir au courant autant que possible et tenir

compte de son intérêt supérieur dans toutesles étapes de la procédure.

L’action de litige stratégique est un outil deplaidoyer innovant et puissant, mais ne constituepas toujours la meilleure option ou celle quiconvient le mieux. Il y a donc lieu de répondre àcertaines questions avant de s’engager dans uneaction de litige stratégique, à savoir:

• quel sera l’effet bénéfique d’une telle actionpour votre cause?

• quelles seront les difficultés éventuelles?

• y aurait-il d’autres moyens pour parvenir auxmêmes fins?

Quel peut être son résultat?• L’autorité de la loi: le but le plus clair est

d’amorcer un changement des lois existantes,que ce soit en les faisant appliquereffectivement, en les clarifiant, en lescontestant, ou en encourageant l’adoptionde nouvelles lois.

• L’action de plaidoyer: l’action de litigestratégique peut représenter un outil deplaidoyer pour faire progresser votre cause ouvotre objectif. Une affaire unique peutproduire un impact spectaculaire. L’action deplaidoyer en dehors des tribunaux n’est qu’unélément de votre mission élargie, et l’affairejugée à elle seule vous donnera une occasionde diffuser votre message dans les médias, augrand public, et à l’Administration.

• Sensibilisation: elle peut mettre une causeen évidence, parfois moyennant des dépensesinfiniment moindres que celles d’unecampagne médiatique poussée. L’attentionainsi suscitée pourra sensibiliser le grandpublic et provoquer un débat. Elle pourraégalement déboucher sur la constitution d’undossier mettant en lumière les injustices àl’origine de votre cause.

• Education: elle peut sensibiliser les tribunauxet les gens de loi à votre cause et sur la manièredont la législation existante a provoqué ouéchoué dans la résolution du problème.

• Reforme: elle peut servir de moyen pourfaire pression sur le gouvernement pourqu’il amorce des changements sociaux oudes réformes juridiques. Les actions de litigestratégiques peuvent responsabiliser lesgouvernements, mobiliser descommunautés, modifier des attitudes,et armer les personnes dont les droits ontété enfreints afin qu’elles puissent militerelles-mêmes en faveur de réformes.

L’action de litige stratégiqueest-elle la bonne décision?Quelles sont les difficultésd’une telle approche?Voici quelques éléments à prendre enconsidération:

• Le coût. L’action de litige stratégique peuts’avérer particulièrement onéreuse ainsiqu’un moyen coûteux de lancer unecampagne de plaidoyer ou d’attirerl’attention sur un problème.

• Le contrôle. La maîtrise d’une action de litigestratégique peut devenir très difficile parceque vous devrez rassembler des plaignants etdes avocats sous l’étendard de votrecampagne.

• Le manque d’impartialité. Si les tribunauxne sont pas vraiment indépendants dugouvernement, l’idée d’intenter une action delitige stratégique en vue de modifier lefonctionnement des lois perdrait tout intérêt.

• L’impact. Dans une action en justice, lerésultat ne peut jamais être garanti. De plus,même si vous sortez victorieux d’un procès,votre cause pourrait être sans impact sur leterrain si il n’y a pas de système capable defaire appliquer les nouveaux droits ou lesnouvelles lois, pratiques ou politiques.

L’action de litige stratégique ne représentequ’une parmi plusieurs méthodes de promotionde votre cause. En envisageant une action delitige stratégique, vous devrez aussi réfléchir auxautres moyens disponibles pour utiliser vosressources dans la défense de votre cause. Parexemple, il se peut que vous puissiez atteindredes résultats identiques ou semblables sanssupporter les frais et l’imprévisibilité d’unprocès, notamment par des campagnes desensibilisation, des actions d’influenceparlementaire, des programmes d’ouverturecommunautaire ou d’autres formes de plaidoyer.

Le rapport entier peut être obtenu sur le siteweb de CRIN sous format html à:http://www.crin.org/resources/infoDetail.asp?ID=17127

Sous format Word:http://www.crin.org/docs/Guide_to_Strategic_Litigation.doc

Le rapport a été rédigé par Patrick Geary,Simpson Thacher & Bartlett pour le comptede CRIN.

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La Revue du CRIN

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Ville de New York: “Williamsburg around theBridge Association”contre GiulianiLes opérations de décapage entreprises par laVille de New York sur les ponts dominant lesquartiers pauvres ont provoqué des nuages depoussières de plomb qui sont tombés sur cesquartiers. Cet incident a fait monter la présencede plomb dans le sol à des niveauxinacceptables, et a fait doubler les taux deplomb dans le sang déjà élevés chez les enfantsde ces quartiers.

Cette contamination généralisée par le plomba poussé ces communautés à exiger que l’onprocède à des tests et à des traitements surleurs enfants, et que des mesures pour évitertoute contamination future soit prises en vertude la “New York State Environmental QualityReview Act”. Dans le quartier de Williamsburg,l’ ”Alliance communautaire pourl’environnement” s’est constituée entre lescommunautés hispaniques et hassidiques quiauparavant entretenaient des relationsconflictuelles en raison de la pénurie delogement et des ressources.

New York City/Giuliani ont perdu l’affaire etont été à rédiger une Déclaration sur l’ImpactEnvironnemental afin de prévenir tout risquepour l’environnement dans l’Etat de New York.

En 1991, selon les estimations, dans les grandesvilles (ayant plus d’un million d’habitants) lesenfants de familles à revenu de moins de 6000dollars, 80,4 % des blancs et 96,5 % d’afro-américains montraient un taux élevé de plombdans le sang.

[Source: Race, Poverty and the Environment,Matthew J. Chachere:http://www.urbanhabitat.org/node/949]

Pour lire le jugement, visitez: http://www.crin.org/Law/instrument.asp?InstID=1354

Afrique du Sud: Les droitsde l’enfant au logementUne communauté d’occupants illégauxexpulsée d’une implantation informelle àWallacedene avait construit des abrisrudimentaires en plastique et autres matériauxdans un centre sportif adjacent au centrecommunautaire de Wallacedene. Ces abrismanquaient des structures d’assainissementessentiels et d’électricité. La communautédécida de saisir la justice en invoquant lessections 26 (droit d’accès à un logementsuffisant) et 28 (droits des enfants à un abri)de la constitution sud-africaine.

La Haute Cour statua que les défendeurs avaientpris des “mesures raisonnables, dans les limitesdes ressources disponibles, pour parvenir à laréalisation progressive du droit à bénéficier d’unlogement approprié” – tel qu’exigé par lasection 26(2) de la constitution. Cependant,du fait que le droit des enfants à un abri, prévupar la section 28, n’était pas subordonné à ladisponibilité en ressources suffisantes, la HauteCour considéra que les demandeurs étaient endroit à demander et à recevoir un abri essentiel.La Cour constitutionnelle ayant été saisie enappel, elle ne constata pas de violation de lasection 28, mais considéra qu’il y avait euviolation du droit à un logement suffisant, telque prévu par la section 26. La Cour statuadonc que la section 26 relevait d’une obligationde l’Etat à agencer et à mettre en œuvre unprogramme de logement cohérent et coordonnéet, à défaut, à fournir un logement à ceux quise trouvaient dans une situation de besoindésespéré. Cela étant, le gouvernement, del’avis de la Cour, n’avait pas pris de mesuresraisonnables en vue de progressivement réaliserle droit au logement. La Cour rendit uneordonnance mettant le gouvernement endemeure “d’agencer, financer, mettre en œuvre,et superviser des mesures en vue de soulager lasituation de ceux qui se trouvent dans un étatde besoin désespéré.” La Commission sud-africaine des droits de l’homme accepta desuivre, et si nécessaire de rapporter, le respectde cette ordonnance par le gouvernement.

Cette décision a eu un impact important sur lapolitique du logement en Afrique du Sud. Laplupart des municipalités émargent aujourd’huià leurs budgets afin d’aller à la rencontre deceux qui se trouvent dans le besoin.

[Source: ESCR-Net]

Pour lire le jugement, visitez:http://www.crin.org/Law/instrument.asp?InstID=1353

Pérou: Intoxication par leplombLa Oroya, ville située à 175 km au sud de Lima,se classe au cinquième rang des villes les pluspolluées du monde. Sur ses 12 000 enfants,99% enregistrent des taux de plomb élevésdans le sang. Parmi les tout-petits, uneproportion de 97 % souffre d’altérationsphysiques ou mentales, en particulier dedéformations ou de cécité, en raison de lapollution atmosphérique; de nombreux d’autressont morts.

La population de la ville subit une fortepollution depuis que l’exploitation minière y adébuté en 1992. Cependant, depuis 1997,année où la société américaine Doe Run arepris l’exploitation de la mine, les niveaux depollution atmosphérique ont augmenté et setraduisent aujourd’hui par des émissions

quotidiennes totalisant dans l’atmosphèreune tonne de bioxyde de soufre, de plombet d’arsenic. La mine aurait du fermer à la finde 2006, mais Doe Run est parvenue àpersuader le gouvernement péruvien dereporter à plusieurs reprises cette échéance,ce qui a conduit les habitants à poursuivrel’Etat en justice.

Ils ont eu gain de cause devant la courconstitutionnelle du pays, qui a statué quel’Etat avait manqué à ses responsabilités,portant atteinte de ce fait au droit del’homme à la santé.

Cependant l’Etat ne s’est pas conformé à cejugement et 65 résidents de La Oroya ontalors porté l’affaire devant la CommissionInter-américaine des Droits de l’Homme,qui rendit une décision en leur faveur.

Pour lire le jugement, visitez:http://www.cidh.org/medidas/2007.sp.htm

Nigeria: Mouvement dejeunesse du Delta du Nigercontre compagniespétrolièresLe mouvement de jeunesse du Delta du Nigera traduit six compagnies pétrolières et legouvernement fédéral nigérian devant untribunal fédéral à Abuja.

Orengiye Elekima, président de cemouvement, poursuit aujourd’hui sixcompagnies pétrolières ainsi que legouvernement fédéral pour avoir brûlé dugaz à la torche et émis des substanceschimiques dangereuses dans l’atmosphèrede la région du Delta pendant cinquante ans.

Le mouvement de jeunesse du Delta duNiger réclame cinq mille milliards de nairasnigérians (40 milliards de dollars US) endommages et intérêts, soutenant que leursdroits à la vie et à la dignité et leurs chancesd’acquérir un bien immobilier dans la régionont été compromis. Les substances en causeprovoqueraient l’asthme, des bronchiteschroniques, la leucémie et le cancer. Ellesont donné lieu à des pluies acides et à lapropagation de suies, endommageantconsidérablement les toits des maisons et lescultures des plaignants.

Les compagnies poursuivies sont ShellPetroleum Development Company,TotalFinaElf Ltd, ExxonMobil Unltd, ChevronTexaco Ltd, Nigeria Agip Oil Company Ltd,Nigeria National Petroleum Corporation etle gouvernement fédéral nigerian.

Pour en savoir plus:http://www.crin.org/resources/infoDetail.asp?ID=16913&flag=news

Action de litige stratégique:protéger les droits des enfantsà bénéficier d’un environnementhabitable

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Ceux qui passent par les mailles du filet:la migration infantile en Afrique australe

Les enfants obligés de quitter leurs foyers pour chercher du travail sont souventplus vulnérables dans les petites villes et implantations que dans les grandesagglomérations. Christopher Bjornestad explique comment aider les enfantsmigrants à mieux se préparer aux risques qui les guettent.

Dans la majorité des cas, la migrationd’enfants non accompagnés à la recherched’un travail s’entend comme une migrationdes campagnes vers la ville. On peut lecomprendre, étant donné que les enfantsà la recherche d’un “endroit où l’herbe estplus verte” voyagent souvent vers les centresurbains, où ils espèrent trouver davantaged’opportunités de travail, de services sociaux,de soutien de la part de parents etcompatriotes, et d’excitation. Cependant,concentrer toute l’attention sur la prise encharge et la protection de jeunes pauvreset vulnérables qui migrent de leurs villagesvers les grandes agglomérations est uneerreur de calcul. Les programmes lancéspour venir en aide aux enfants migrantsdans les centres urbains oublient en effet lagrande proportion d’enfants qui vivent ettravaillent dans les petites villes etimplantations le long des axes de transport,dans les zones frontalières et dans descommunautés agricoles. C’estparticulièrement le cas de l’Afrique australe.

Au cours des trois dernières années, Savethe Children Mozambique a mené desrecherches qui montrent que beaucoupd’enfants, dont certains n’ont que dix ans,migrent seuls ou en compagnie d’autrejeunes sur des longues distances à l’intérieurde leur propre pays. Ils traversent parfois lafrontière pour se rendre dans les pays voisinssans jamais atteindre les grandes destinationsque sont Johannesbourg, Pretoria, Maputoou Beira. Des entretiens approfondis ont faitremarqué que les enfants migrants, pour laplupart orphelins, peuvent être exposés àtoutes sortes de maltraitance, à l’oubli et àl’exploitation dans les endroits où ilsaboutissent et qu’ils ont besoin de soutienet de protection.

Dans les villes frontalières comme RessanoGarcia et Komatipport, à la frontière entrel’Afrique du Sud et le Mozambique, ontrouve des enfants mozambicains des deuxsexes qui ont parcouru des distances allantjusqu’à mille kilomètres et qui gagnent àpeine de quoi survivre. Depuis l’an 2000,après la dégradation de l’économie duZimbabwe, des milliers d’enfants appelés

“saute-frontière” ont afflué à Musina, dansla province sud-africaine septentrionale duLimpopo, et à Machipanda et Inchope, surl’axe conduisant à Beira, au Mozambique.

De nombreux indices permettenteffectivement de penser que les enfantsmozambicains quittent leurs familles en villeafin de trouver des possibilités de travail dansdes zones moins peuplées, et parfois dansdes endroits à peine signalés sur les cartes oun’y figurant même pas. Néanmoins, ces villeset implantations rustiques offrent à cesenfants en mouvement un moyen appréciéde gagner de quoi survivre et envoyer unpécule à leurs familles luttant pour joindre lesdeux bouts en ville. Ces endroits sont parfoismalsain et dangereux pour les jeunes qui yarrivent.

Calculer les risquesSave the Children a entrepris des recherchespour mieux connaître les risques etvulnérabilités affectant les enfants dans leslocalités de Caia et Himuara, situées à latraversée du bac sur l’axe nord-sud. Lerapport issu de ces recherches, Un pont surle Zambèse: que faut-il faire pour lesenfants? a fait ressortir qu’une demande enbiens et services émanant des routiers et desautomobilistes mozambicains attendant lebateau a conduit à des cas de maltraitance etd’exploitation sous la forme de la prostitutioninfantile, pratique très répandue du travaildes enfants et de violences physiques contre

ceux-ci. Lors de ses recherches, Save theChildren n’a pas tardé à constater que lesenfants de la localité n’étaient pas les seuls àsouffrir de cette situation. Des filles et jeunesfemmes arrivent également dans la région,ayant parcouru des distances considérablesdepuis des villes telles que Quelimane, Beiraet Nampul, mais aussi des districts rurauxcomme Mocuba, Gurue et Nicoadala. Tousces jeunes viennent dans la région pour ytrouver du travail ou y arrivent par hasard augré de leur voyage et décide d’y rester enespérant gagner quelques sous.

Un jeune homme interrogé nous a dit quecertaines filles venaient aussi des pays voisins.

Ces filles sont des prostituées et nous lesconnaissons très bien. Elles sont âgées de 13,14 et 15 ans. Certaines d’entre elles sontvenues du Zimbabwe et du Malawi. Cettefille-là (en la montrant du doit) a douze ansenviron et vient du Zimbabwe. Elle revient desa nuit passée avec des hommes. Il lui arrivede coucher avec sept hommes en une seulenuit. Sa soeur est également une prostituée.Elle travaille ici, mais n’est pas d’ici.

Repérer les cas demaltraitanceOur Broken Dreams: Child migration insouthern Africa (“Nos illusions perdues: lamigration des enfants en Afrique australe”),paru en mai dernier, rassemble des entrevuesd’enfants menées dans quatre pays. Leschercheurs de Save the Children se sontentretenus avec un grand nombre d’enfantsmigrants non accompagnés qui, sans êtremunis de papiers, avaient traversé la frontièrevers les pays voisins. La plupart de ceux avecqui nous avons parlé ont été trouvés nondans les villes importantes (bien que certainsd’entre eux aient projeté de s’y rendreultérieurement), mais dans les petites villes,les implantations et les communautésagricoles proches des frontières ainsi que surle long des voies de transit reliant Harare,Maputo et Johannesbourg.

Des garçons et des filles de 12 ans seulementnous ont fait part des abus sexuels et destravaux abusifs qui leur avaient été imposés,

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de leurs difficultés d’accéder aux servicesscolaires et sanitaires en raison du manquede pièces d’identité, ainsi que de ladiscrimination et de la xénophobieambiantes. Lorsqu’ils étaient appréhendéspar les autorités, ces jeunes gens avaient étébattus et violés, ils s’étaient vus confisquerleur argent et effets personnels, ils avaientété mis en prison aux côtés d’adultes, puismenottés et rapatriés en train, et ce malgrél’existence de lois censées protéger lesenfants dans les pays d’accueil.

Les enfants étrangers non accompagnés sontprêts à accepter n’importe quel travail. Ilssont souvent utilisés comme valets de ferme,femmes de ménage, aides de cuisine ou debar, vendeurs informels et ouvriers dubâtiment. Leur statut de clandestin et le faitqu’ils sont d’accord de travailler pour moinsque les nationaux, font que les patrons peuscrupuleux les exploitent souvent. Un jeunegarçon du Zimbabwe, interrogé à Musina,nous a expliqué:

Si vous n’avez pas la documentationcorrecte, les gens ici vous traitent commesi vous étiez un animal. Ils ne veulent mêmepas que vous mettiez les pieds dans leurpays si vous ne possédez pas un passeportavec un visa ou une pièce d’identité ou un

permis de travail. Ils vous font faire untravail très dur et peuvent appeler la policepour venir vous chercher. Vous pourrezalors être déporté sans toucher larémunération convenue.

Les filles sont particulièrement vulnérables,quant elles arrivent à la frontière, aux abussexuels et à l’exploitation de la part desfonctionnaires de l’immigration, de soldats,de policiers et des bandes criminelles quihantent ces régions. Les “Magumaguma”,qui rodent le long de la frontière entre leZimbawe et l’Afrique du Sud, et les“Mareyanes”, qui sévissent le long de lafrontière entre le Mozambique et l’Afriquedu Sud, sont des truands notoires.L’exploitation d’enfants n’est que le moindrede leurs crimes: tous les enfants que nousavons interrogés ont fait état de viols, vols etactes de violence perpétrés par ces bandes.Une jeune Zimbabwéenne qui avait traverséla frontière pour gagner l’Afrique du Sudnous a raconté un récit horrifiant de violcommis par les Magumaguma.

Quand ils ont pris mon amainini (ma tante),je l’ai entendue pleurer et je ne savais pasde quoi il s’agissait avant qu’ils ne meprennent à mon tour. Trois garçons se sontemparés de moi. Ils nous ont emmenées et

nous ont violées sans protection! Cela m’avraiment fait du mal.

Dans une certaine mesure, les enfantsmigrants qui se rendent dans les petites villeset implantations sont plus vulnérables queles enfants qui aboutissent dans les grandesvilles. Dans les villes comme Johannesbourget Pretoria, en Afrique du Sud, et Manziniau Swaziland, les groupes de ressortissantsnationaux ont l’habitude de s’entraider. Ilsont formé des réseaux pour aider les enfantsà trouver du travail, un hébergement et desstructures pour envoyer l’argent à leursfamilles. Un jeune Zimbabwéen interrogéà Johannesbourg nous a expliqué:

Ce que j’aime chez nous, Zimbabwéens, c’estque même si nous ne nous connaissons pas aupays, nous allons nous aider les uns les autres.Supposons que je sois arrêté aujourd’hui,je pourrai appeler un ami et il viendra pourgraisser la patte au policier. Nous marchonsla main dans la main et sommes toujours prêtsà venir au secours l’un de l’autre.

De tels réseaux de soutien n’existentgénéralement pas dans les zones rurales.Les enfants y seront donc beaucoupmoins protégés par les adultes de leurspropres pays.

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Dessins de garçons zimbabwéen à la décharge près de MusinaJ’ai l'intention de chercher du travail en Afrique du Sud. Sur la route,j’ai du faire face à la faim, la soif et la fatigue, parce que j’étais à pied. “La pauvreté décide à ma place”.

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colombiens ne s’enregistrent pas auprèsdu Haut-Commissariat des Nations uniespour les Réfugiés ou ne présentent pasde demande d’asile, parce qu’ils craignentde se faire connaître des groupes armésdans les zones frontalières, et ne peuventde ce fait revendiquer quelconque de leursdroits. Ils sont exclus des services publicsen raison de l’absence de statut juridique,à quoi s’ajoutent les effets de restrictionsgouvernementales, de la discriminationet du manque d’accès à l’information.Ces difficultés sont encore aggravées dansle cas de réfugiés urbains handicapés,parce qu’ils se heurtent aux obstaclesphysiques et sociaux, ainsi qu’aux barrièresdes attitudes.

• Education: Un des exemples les pluspositifs observés dans certains camps a étél’accessibilité de l’éducation pour tous, enprévoyant des enseignants assistants pouraider les personnes handicapées etdéployant des instructions en braille et enlangage des signes. Aucun cas d’exclusiondirecte d’enfants handicapés n’a été observédans les établissements scolaires des villes,mais on y a constaté de nombreux casd’exclusion indirecte dus à un manqued’enseignants spécialisés ou d’aides àl’enseignement, et à un manqued’accessibilité des établissements scolairesrendant la fréquentation difficile etprovoquant de nombreux départs de l’école.

• Hormis l’école, rares étaient les servicesofferts aux enfants handicapés. Quandde tels services existaient, ils seconcentraient surtout sur les handicapsphysiques et sensoriels plutôt que sur leshandicaps mentaux.

Jeunes et déplacéshandicapés: camp deréfugiés ou communautéurbaine?

La Women’s Commission for RefugeeWomen and Children (Commission deFemmes pour les Femmes et EnfantsRéfugiés) a récemment étudié lesdifférentes façons dont les personneshandicapées déplacées font valoir leursdroits respectivement dans les camps deréfugiés et les zones urbaines. Voici lesprincipales constatations de ce travail.

Dans toutes les situations observées, lesservices des camps de réfugiés sontmeilleurs que ceux se trouvant dans leszones urbaines à forte population réfugiée.

• L’accès aux services: Il est plus facile derepérer les réfugiés handicapés lors desprocédures normales d’enregistrementet de recensement dans les camps quedans les villes. La présenced’organisations humanitaires ayant descompétences techniques y rend plusfacile la mise en place de programmesspécialisés pour personnes handicapées.

• Statut juridique: Les communautésurbaines sont plus dispersées, ce quicomplique l’identification de réfugiéshandicapés. Les réfugiés en milieuurbain sont souvent sans papiers etprivés du statut juridique de réfugiés oude demandeurs d’asile. Leur statut nonrégularisé fait qu’ils ne veulent souventpas être identifiés et préfèrent rester“cachés” des autorités. En Equateur,par exemple, de nombreux réfugiés

Faire un choix informéDe nombreux enfants migrants nous ontavoué qu’ils ignoraient les risques qu’ilscourraient à franchir la frontière sans papiers.Ils ont souligné l’importance de faireconnaître aux enfants et à leurs familles lesréalités dangereuses du fait de vivre seuldans un autre pays. Dans Our BrokenDreams, une jeune Mozambicaine interrogéeà Naas, une petite implantation proche de lafrontière sud-africaine, prodigue des conseilsà d’autres enfants qui ont le projet de quitterleurs foyers et de se rendre de l’autre côtéde la frontière:

Je leur dis de ne pas venir ici sans papiersparce que la vie ici est vraiment difficile, etaucune personne ne t’aidera si elle ne teconnaît pas. Toutes les choses qu’on racontesont des mensonges. Quand on raconte qu’ily a beaucoup de travail et que les emploissont faciles à obtenir, c’est un mensonge.Il vaut mieux rester dans ton pays jusqu’à ceque tu sois grand, et décider pour toi-même.

En réponse à cette situation, Save theChildren au Mozambique a réalisé une revuepour enfants qui sera distribuée parmi lesjeunes dans plusieurs pays. L’objet de cetterevue est d’informer les enfants sur ce quiles attend s’ils quittent leurs foyers sans semunir des papiers nécessaires et d’uneprotection parentale. La revue sera enparticulier diffusée parmi des enfants àl’école ou ayant quitté l’école dans les zonesurbaines et rurales du sud du Mozambique.Même si cela ne les dissuadera pas de quitterla maison en raison de leur situationéconomique désespérée, nous espéronsquand même qu’ils seront mieux préparésaux situations qu’ils pourraient rencontrer.

Christopher Bjornestad est le spécialistedes migrations infantiles chez Save theChildren UK et chez Save the ChildrenNorway au Mozambique

Pour plus de précisions ou un exemplairede la revue, prière de contacter:[email protected] ou ChrisMcIvor, Programme Director, Save theChildren UK au Mozambique à[email protected]

• Diffusion de l’information: La difficultéde diffuser l’information en milieu urbainfait que les réfugiés handicapés dans lesvilles ne sont pas informés des servicesou équipements nationaux qui sontdisponibles localement pour les personneshandicapées et ignorent leurs droits.

• Accessibilité physique: Les problèmesd’accès physique sont souvent plus gravespour les réfugiés handicapés qui vivent enmilieu urbain. Il est plus facile de tenircompte des besoins de réfugiéshandicapés au moment où les plans etles aménagements d’un camp son conçus.Il n’est pas possible d’opérer deschangements pour tenir compte de cesbesoins dans une ville, sauf si l’on chercheà rendre les infrastructures plus accessiblespour tous. Les réfugiés des villes n’ontpratiquement pas de choix quand ilsrecherchent un logement, et sont obligésde prendre ce qu’ils peuvent trouver.

• La protection: Dans un camp de réfugiés,les personnes handicapées ont davantagede voies formelles pour signaler lesincidents nécessitant une protectionparticulière par rapport aux moyens deréponse qui leur sont offerts en ville.

Dale Buscher est Directeur de la Protectionau Women’s Commission for RefugeeWomen and Children.

Téléchargement: “Disabilities amongrefugees and conflicted-affectedpopulations” à:http://www.crin.org/resources/infoDetail.asp?ID=17730&flag=report

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Pour faire de l’accessibilité une réalitédans les rues de Norvège

Mari Sognnæs Andresen raconte comment des jeunesse sont mis à coter les magasins et restaurants de villesnorvégienne pour montrer que l’invalidité n’existe paset que seul existe un environnement invalidant.

“Nous ne sommes pas des handicapés, maisnous le devenons à cause du manque derespect de la société pour la diversité.”Association norvégienne pour les personneshandicapées

Il se peut que la Norvège soit l’un des paysles plus riches du monde, mais le pays n’estpas parvenu à créer une société inclusivepour les enfants atteints de handicaps. LaNorvège en a certainement les moyens: noussavons ce qui doit être fait, il nous reste àpasser à l’action.

Une société mal ajustéeLes villes en Norvège sont rempliesd’obstacles pour les enfants handicapés.D’après une enquête menée en 2005 pour lecompte de l’Association Norvégienne desPersonnes Handicapées, il ressort que, sur160 lycées norvégiens, 7 seulement sepliaient au règlement concernant les moyensd’accès pour jeunes handicapés. Cela signifieque de nombreux jeunes sont obligés d’aller àl’école en-dehors de leur communauté locale,ce qui rend d’autant plus difficile leur bonneintégration au sein de leur propre société.

Dans d’autres secteurs de la vie sociale, lasituation est encore plus grave. Magasins,restaurants, cafés, cinémas et transportpublics ressemblent à des coursesd’obstacles: les escaliers montant vers lescafés sont inaccessibles aux fauteuilsroulants: dans les magasins, les allées sonttrop étroites pour leur laisser un passage; et

de nombreux immeubles publics n’ont pasd’ascenseurs. Même dans les immeublesconstruits avec un souci d’accessibilité, diversproblèmes se présentent: les ascenseurs sontcertes prévus pour transporter des personneshandicapées, mais servent souvent d’espacesde stockage. Dans les restaurants équipés detoilettes spéciales, il faut parfois emprunterun escalier pour gagner ces toilettes. Celamontre que l’accessibilité n’est qu’unepréoccupation accessoire des gérantsd’établissements.

Selon les campagnes publicitaires, lestransports publics à Oslo sont accessibles. Celan’est vrai que pour un nombre limité d’arrêtsdéterminés. On a peine à le croire, mais c’estbien vrai! Tous ces obstacles rendent la viequotidienne plus difficile. Comment les enfantshandicapés peuvent-ils être bien intégrés dansla société quand ils ne peuvent sortir avec leursamis qu’à condition de quitter le tram à unarrêt donné.

“Si j’avais un pouvoir de décision, jedemanderais davantage de rampes, passeulement des escaliers; cela me permettraitde sortir avec les autres,” déclare une jeuneNorvégienne de 16 ans. En Norvège, nousavons un dicton selon lequel: “Le mauvaistemps n’existe pas, seul existe un vêtementinsuffisant.” Une vérité semblable s’appliqueaux enfants handicapés dans les zonesurbaines: “Le handicap n’existe pas, seul existeun environnement handicapant.”

Plaidoyer en fauteuil roulant La difficulté pour les enfants handicapés departiciper à des activités sociales a poussél’organisation d’aide aux jeunes PRESS à lancerune campagne nationale. Nous savions que,malgré la multitude des réglementations quifavorisent l’accessibilité des restaurants, cafés,cinémas et autres lieux publics aux personneshandicapées, le jour où la constructioncommence, celles-ci sont souvent oubliées.PRESS entendait envoyer un rappel à lapopulation. Dix-sept de nos groupes locauxdans les villes principales et certaines villessecondaires ont loué des fauteuils roulants etsont partis sur les route. Nous voulions vérifiersi les magasins et les restaurants étaientfacilement accessibles pour les personneshandicapées. Si un établissement réussissaitnotre test, nous apposions une vignette sur laporte indiquant “accessible”; si unétablissement y échouait, nous apposions unevignette “inaccessible”. Nous remettionségalement une lettre au gérant lui expliquantles aménagements à réaliser. Les réponses ànotre campagne ont été plutôt positives. Laplupart des gérants et employés ont bien réagiet ont déclaré vouloir mieux faire dans cedomaine. D’autres cependant se sont fâchéset ont voulu savoir qui nous avait donnél’autorisation d’effectuer un tel contrôle. Nousleur avons répondu que la Convention desNations Unies relative aux Droits de l’Enfant(CDE) nous en donnait le droit.

Rendre les établissements urbains accessiblesaux enfants handicapés est une tâche quinécessite une attention constante. Ce que denombreux commerçants ne voient pas, oun’établissent pas au moyen de chiffres, ils nes’en soucient pas. Il est donc primordial quedes jeunes et des enfants non handicapéscontribuent aussi à la résolution de ceproblème. Ce ne sont pas les enfants qui sonthandicapés; ce sont les manques d’adaptationde la société qui en font des handicapés. Enratifiant la CDE, les Etats ont accepté laresponsabilité qui leur incombe de rendre leurscommunautés accueillantes pour les enfants,et cela inclut les enfants handicapés. Lemoment est venu de passer à l’action!

Mari Sognnæs Andresen est l’ancienneprésidente de PRESS – Save the ChildrenYouth, Norvège.Contact: [email protected]

Pour plus de précisions, prière de contacterKirsten Kvalø, l’actuelle présidente de PRESS,à [email protected]

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Liberté d’association? Pas vraiment, si vous êtes jeune et vivez auRoyaume-Uni

Il est grand temps que le Royaume-Uni témoigne davantage de respect à ses enfants etleur permette de se montrer en public, affirment Alex Gask et Charlotte Stetzel.

Le 16 décembre 1991, le gouvernementbritannique a ratifié la Convention des NationsUnies relative aux Droits de l’Enfant (CDE). Cefaisant, le Royaume-Uni a convenu que tousles enfants devaient être “élevés dans l’espritdes idéaux proclamés par la Charte desNations unies, et en particulier dans un espritde paix, de dignité, de tolérance, de liberté,d’égalité et de solidarité”.

Ses obligations dans le cadre de la CDE estde “respecter et garantir les droits qui sonténoncés dans la Convention à tout enfantrelevant de sa juridiction sans distinctionaucune”. Alors que nombre de ces articles ontune valeur de protection et ne sauraientsusciter de controverse, ce qui est le cas dudroit à la vie (article 6), du droit de ne pas êtrel’objet d’un trafic (article 11), et du droit de nepas être séparé de ses parents à moins quecela soit dans l’intérêt supérieur de l’enfant(article 9), la CDE prévoit aussi des droitstendant au respect de l’individualité et laliberté de l’enfant. L’article 15 en offre unexemple en disposant que:

“Les Etats parties reconnaissent les droitsde l’enfant à la liberté d’association et à la liberté de réunion pacifique.”

Cela signifie qu’aux côtés du droit à la libertéd’expression, du droit de “recevoir et derépandre des informations et des idées detoute espèce”, et du droit de “se livrer au jeuet à des activités récréatives”, le Royaume-Unis’est engagé à protéger le droit des enfantsde s’associer librement les uns avec les autres.S’il est vrai que l’article 15 prévoit desrestrictions de ce droit si nécessaire, le simplebon sens amène à penser que dans unesociété développée comme la sociétébritannique, il ne devrait guère y avoir deraisons pour restreindre des enfants des’associer. Toutefois, dans la pratique, depuisla ratification de la Convention, le Royaume-Uni n’a pas seulement omis de prendre desmesures positives pour encourager la libertéd’association, mais a au contraire introduitdes mesures successives qui délibérémentet/ou inévitablement compromettentl’exercice des dispositions de l’article 15 etd’autres prescriptions de la CDE.

En 1998, le gouvernement a introduitl’Ordonnance de comportement anti-social(Anti-social Behaviour Order, communémentappelée ‘ASBO’). Il s’agit d’une ordonnancerendue par une cour non pénale interdisanttoute activité et tout comportementmentionnés dans l’ordonnance. L’infractiond’une ASBO constitue un délit passible d’unepeine de prison. Des enfants n’ayant que dixans peuvent faire l’objet d’une ASBO pourautant que le tribunal estime que l’enfant s’estcomporté d’une manière “occasionnant oususceptible d’occasionner du harcèlement,de l’inquiétude ou la détresse” justifiant uneASBO. Etant donné que l’ASBO est uneordonnance de la justice civile, des éléments depreuve obtenus par ouï-dire (même d’origineanonyme) constituent souvent l’essentiel desmoyens de preuve de la police ou de l’autoritélocale. Une fois imposée, une ASBO est envigueur pendant deux ans, mais elle l’estsouvent pendant une durée beaucoup pluslongue. Les clauses typiques d’une ASBOinterdiront à l’enfant concerné de fréquenterdes rues ou quartiers donnés, de s’associeravec des individus nommés. Elles peuventégalement prévoir l’interdiction de se trouverdans des lieux publics parmi un groupe de plusde trois ou quatre personnes. De tellesconditions rendent la liberté d’association (neserait-ce que la participation à un match defootball amical) pratiquement impossible, maissurtout, elles peuvent être enfreintes trèsfacilement. D’aucuns disent même qu’ellessont conçues pour être enfreintes. Il en résulteque des enfants se voient infliger des peines dejustice pénale, y compris, dans certains cas, despeines de prison, pour avoir commis des actesqui ne sont pas en eux-mêmes illégaux.

La législation sur le comportement antisocial vaplus loin que les ASBO. Aux termes de la Loisur le comportement anti-social de 2003, lapolice, ainsi que des policiers auxiliaires“formés au bout de trois semaines” ont lepouvoir de disperser des groupes de gens dontle comportement ou la simple présence estjugée susceptible d’amener d’autres personnesà se sentir harcelées, inquiétées ou troublées,ainsi que le pouvoir de reconduire chez euxdes enfants de moins de 16 ans qui setrouveraient encore dehors après 21 h sans la

présence d’un adulte (sans qu’un comportement“déclencheur” ne soit nécessaire). S’il est vraique ces compétences ne peuvent être exercéesque dans certains quartiers, le ciblage délibérédes jeunes et le risque d’abus sont évidents.Etant donné que le terme de “groupe” serapporte à deux ou trois personnes seulement,un attroupement quelconque de jeunes demoins de 18 ans dans un lieu public est passiblede dispersion si un passant se sent intimidé. Fortheureusement, les recours introduits pourcontester ces dispositions ont eu pour effet delimiter la cause de déclenchement du pouvoir dedispersion au simple comportement, sans yinclure le fait d’être présent sur les lieux. D’autrepart, l’usage du couvre-feu est désormais limitéà des incidents où un jeune de moins de 16 anscause des ennuis ou en est victime. Néanmoins,ces prérogatives n’ont pas disparu de lalégislation et trahissent clairement l’attitude dulégislateur à l’égard des jeunes et de leurassociation dans des lieux publics.

“Tel des parasites”Un indicateur plutôt révélateur de la tristeattitude du Royaume-Uni envers ses propresenfants est constitué par l’invention et laprolifération du “Mosquito”. Cet appareil, dontle nom signifie “moustique”, est un émetteurultrasonique qui produit un son particulièrementdésagréable que seul peuvent entendre les moinsde 25 ans. On pourrait penser que le Mosquitorelève de la science fiction. Malheureusement,il n’en est rien; l’effet discriminatoire de cetappareil s’explique par la détérioration naturellede l’audition humaine avec le temps. Alorsqu’une personne de trente ans pourrait ne pasentendre le son du Mosquito, les moins de 18ans ont fait état d’un bruit les amenant àcraindre que leurs “oreilles éclatent”, d’un bruit“épouvantable, comme un hurlement dans vosoreilles, d’une intensité incroyable, causant unedouleur lancinante”. Ce dispositif est vendulibrement sur le marché à 500 livres sterling.Des milliers de Mosquito sont aujourd’hui utilisésà travers le pays pour dissuader les jeunesde “flâner” autour de résidences, commerces,et même autour d’églises et de centrescommunautaires Dans des endroits où autrefoisles enfants auraient été bienvenus, ou à tout lemoins salués, ils en sont aujourd’hui chassés parun dispositif modelé sur ceux utilisé pour chasser

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Mosquito. Un certain nombre de forces depolice et de collectivités locales l’ont accueilliavec enthousiasme comme un outil deprévention de la criminalité et ont mêmedépensé des deniers publics à son achat envue de le faire utiliser par des entreprisesprivées. Cela remonte de la science fictiond’imaginer un dispositif aussi dégradant etaussi flagrant d’infraction des obligationsdues aux enfants aux termes de la CDE.

L’emploi étendu d’ASBO contre les enfants,l’autorité de dispersion et de couvre-feudonnés à la police ainsi que la popularitéinquiétante du Mosquito témoignent chacundes relations troubles qui existent entre lesadultes du Royaume-Uni et leurs enfants.S’il est indéniable que la société souhaitedésespérément protéger les “bons enfants”, ilest également clair que les “mauvais enfants“sont méprisés et redoutés. Mais où se trouvela ligne de séparation nette entre les bons etmauvais enfants, entre les anges et lesdémons? Imaginez que ce soit votre enfant quiest embarqué à la maison par la police aprèsêtre sorti acheter un carton de lait à 21h 30 ou

des insectes et autres parasites. Bien entendu,le Mosquito peut être entendu par toutepersonne de moins de 25 ans quel que soitson comportement. Comme son effet neprévoit pas d’âge minimum, il affectera sansdiscriminer un garçonnet de trois ans commeun adolescent agressif.

Circonstance au moins aussi inquiétante,le gouvernement refuse de condamner le

qui est empêché d’acheter ce carton parce quele bruit intense du Mosquito lui barre la routeà l’entrée du magasin, ou qui se voit infligerune ASBO parce qu’il a été un peu bruyanten expérimentant une bouteille de cidre encompagnie de ses copains. A-t-il franchi leRubicon pour autant? Est-il soudainementdevenu un démon qu’il y a lieu de craindre etde punir? Ou ne serait-il qu’un enfant commeles autres, aux habitudes bonnes et mauvaises,ayant besoin d’un peu de soutien alors qu’ilgrandit et qu’il apprend? Le gouvernementdoit se rappeler ce que c’est qu’être jeune, etconsentir un peu plus de respect aux jeunes,pour que les adultes en reçoivent à leur tour.Comme premier pas, il pourrait s’assurer queles droits auxquels il souscrit dans le cadre dela CDE bénéficient d’une vraie protection.

Alex Gask est un avocat travaillant pourl’organisation Liberty.

Charlotte Stetzel est avocate stagiairechez Liberty.Contact: [email protected]

Lambeth est l’un des quatre arrondissements londoniens à avoir nommé un mairede la jeunesse. Les maires de la jeunesse (Youth mayors) ont pour mission depromouvoir les points de vue et les intérêts des jeunes dans les prises de décisionlocales. Ils disposent d’un fonds qu’ils peuvent utiliser pour lancer des projets àl’intention des jeunes de leur quartier. CRIN s’est entretenu avec Satya Panigrahi(15) qui a été élue maire de la jeunesse de Lambeth en novembre 2007.

Un entretien avec Satya Pangrahi – l’un des maires de la jeunesse de Londres

Je souhaitais devenir maire de lajeunesse afin de pouvoir aider lesjeunes. Je m’étais mis à la recherche delocaux pour les activités pour les jeunesdans le quartier, mais je n’ai trouvé qu’unou deux projets d’arts et métiers. Puis unconseiller municipal est venu à mon écoleet nous a parlé de la possibilité de devenirmaire de la jeunesse.

C’était comme une électionprésidentielle! Pour présenter notrecandidature, il fallait recueillir un certainnombre de suffrages et puis, pour ledeuxième tour, nous devions rédiger unmanifeste pour lequel tous les jeunes de

à roulettes!” Mon professeur m’a lancé engrimaçant, “Nous te saluons, maire de lajeunesse!”. Certains pensent que c’estdrôle. Libre à eux de le penser! Je croisavoir été élu parce que j’avais confiancedans mes propositions et parce que mescopains croyaient en moi.

Je pense que le premier problèmepour les jeunes de Lambeth est celuide la prise de conscience. Ils ne saventpas grand chose sur les possibilités qui leurssont offertes: les équipements sportifs, lesaménagements, les médias et d’autreschoses semblables. Lambeth constitue larégion la plus multiculturelle de Londres,mais les jeunes ne s’inquiètent guère desquestions ethniques.

Ma première initiative comme mairede la jeunesse a été de mettre surpied un comité consultatif de 21 jeunesvenant de toutes les parties de Lambethet de milieux différents, qui travaillent touscomme bénévoles dans des différentsprojets. Ils ont pu me conseiller parce qu’ilspossédaient déjà une expérience de projetspour les jeunes.

Lambeth pourraient voter. Nous étions environ25 candidats et nous avons tous envoyé nosmanifestes au site web du Conseil de laJeunesse. Chaque établissement scolaire del’arrondissement a reçu des exemplaires de nosmanifestes ainsi que des urnes pour voter.Il était également possible de voter en ligne.

Le jour où je quitterai ce poste, je voudraisque chaque jeune dans l’arrondissementde Lambeth sache qu’il y un maire de lajeunesse qu’il pourra contacter au cas où ilaurait besoin d’accéder à des facilités au seinde sa communauté. Mon manifeste était axésur la prévention, sur la sécurité, et sur le sport.Mais comme nous n’en sommes qu’à lapremière année de la mission de maire de lajeunesse, j’ai dû modifier mes objectifs. Monobjectif principal pour cette année sera derelever le profil du maire. Le mandat du mairene dure qu’un an, et je suis ici pour entendre lesjeunes et transmettre leurs messages à desfonctionnaires en plus haut lieu.

Quand ils ont appris que j’étais maire dejeunesse, mes amis m’ont dit, “C’est trèsbien! Tu vas pouvoir faire quelque chose pournous; tu vas nous obtenir un terrain de patinage

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logement et, la semaine prochaine, j’iraiau lancement d’un programme de travauxartistiques pour des jeunes à l’universitédu Surrey.

Certains adultes me parlentconvenablement, comprenant et acceptantmes idées. Mais ce n’est pas le cas de toutle monde.

Je suis libre d’aller au bureau quand jeveux. Je suis tenu d’y être présent troisheures par semaines. Il m’arrive souvent dene pas rentrer chez mois avant 21h 30.Normalement, j’y viens après l’école, puisj’essaye de me réserver les vendredi soirs etles week-ends pour jouer au football, aucricket et aux sports à raquette et suivre moncours d’informatique les samedis. Lesfonctions de maire de la jeunesse ne sont pascensées empiéter sur le travail scolaire. Si j’aides examens, j’en informe le Conseil de laJeunesse quelques mois à l’avance. Mais ilm’est arrivé occasionnellement d’assister àdes événements pendant les heures scolaires.

Ce qui me plaît surtout dans ce rôle demaire de la jeunesse est que je rencontre toutle temps de nouvelles personnes et que j’enviens à mieux connaître Lambeth. Je ne vis auRoyaume-Uni que depuis trois ans.

Auparavant, je vivais en Inde. Je voudraiscontinuer à faire ce genre de travail. Desopportunités de ce type n’existent pas enInde. Le Royaume-Uni donne des chancesà tout le monde.

Aux yeux de nombreux adultes, tousles jeunes sont les mêmes. On parled’un petit nombre de jeunes dans lesmédias, et cela créé une impressionnégative au sujet de l’ensemble des jeunes.Mais de nombreux conseils de la jeunesseont encouragé les adultes à prêter l’oreilleaux jeunes. Les choses ont changéconsidérablement ces derniers temps.

Je ne trouve vraiment rien à reprocherà ma fonction, si ce n’est qu’elle solliciteun peu de temps dans ma vie personnelle.

Je dirais à ceux qui songent à devenirmaire de jeunesse qu’il s’agit là d’uneoccasion d’aider les jeunes. Cela vousdonne le pouvoir de vraiment changercertaines choses, et constitue une belleexpérience de travail.

Un conseil que je pourrais donnerest d’écouter tous les jeunes qui vousentourent.

Vous pouvez contacter le maire dejeunesse de Lambeth à:[email protected]

Extrait du manifeste dumaire de jeunesse:La criminalité est l’un des problèmes lesplus importants qui affecte notre société.Nous en sommes tous directement ouindirectement victimes. Il nous appartientmoralement d’enrayer ce mal de notresociété. Cela, nous pourrons le faire enencourageant une éducation compétitiveparmi les jeunes. Nous savons que la santééquivaut à la richesse. Une bonne santéfavorise des pensées pouvant aider notresociété à prospérer. En offrant despossibilités de vie saine à nos jeunes par lesport et d’autres activités culturelles, nouspourrons en grande partie réduire lacriminalité dans notre société. Monintention est de traduire les idées quiprécèdent en actions en vue de chasser lacriminalité de notre arrondissement.

Si je suis élu, je serai un lien entre lesjeunes et je pourrai servir de plate-formepour l’échange d’idées par l’intermédiaired’un club de jeunes. Notre club de jeunesdisposerait des équipements lui permettantd’organiser des compétitions, des sports,des camps de santé, etc.

Comme de nombreux projets noussont présentés, il est parfois difficile dedécider ceux qu’on pourra financer. Nous[Satya et le comité consultatif de la jeunesse]disposons de 25 000 livres à affecter à desprojets pour les jeunes de Lambeth. Tous lesmois, nous tenons une réunion du comitéouverte, et parfois plus fréquemment. Lesjeunes peuvent y assister et y présenter despropositions de financement de projet, surlesquelles nous votons. Chacun peut veniret écouter. L’autre jour, des écoliers deprimaire nous ont présenté une demandede plaine de jeux. Ils voulaient que leurplaine de jeux soit la meilleure de Lambethet, à l’aide de dessins, nous ont illustré cequ’ils imaginaient.

Ce n’est pas toujours facile. Je me suisrendu, il y a quelques jours, à unévénement sur la stratégie du logement. Il yavait beaucoup d’adultes qui étaient assis làet qui parlaient. Puis ils m’ont demandémon avis. J’avais bénéficié d’un briefingauparavant, mais il n’est pas toujours facilede comprendre les situations. Commej’entends promouvoir le rôle de maire de lajeunesse, je me rends en général à desmanifestations de lancement et je donnebeaucoup d’interviews. Ce soir, parexemple, j’irai à un événement consacré au

Initiative du Conseil de la Jeunesse de Lambeth pour les jeunes de la communauté

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Le “bourrage de crâne” au Japon: lesenfants ont besoin d’un breakPlongés par des parents exigeants dans une compétition acharnée pour être le meilleurde leur classe, les enfants au Japon n’ont plus de temps libre et sont poussés au bordde la crise de nerfs, explique Noriko Kajiki.

Le jeu en plein air est devenu l’exception pourde nombreux enfants japonais. Les changementsdans les espaces de jeu en sont en partieresponsables, car en se préoccupant surtout deprévention et de sécurité, on a négligé le besoinde l’enfant de découvrir d’autres enfants et dedialoguer entre eux. L’actualité est remplie decompte-rendus de crimes contre les enfants etd’accidents d’enfants. La police de la préfecturede Hyogo a même mis en place un systèmed’alerte rapide pour avertir les parents, partéléphone portable, de la présence de tout“individu suspect” et d’autres risques dansl’espace de jeu de leurs enfants.

Dans les grades villes, les enfants voient leurspossibilités de jeu particulièrement limitées parceque leurs espaces de jeu sont artificiels et ont étéconstruits par des adultes. Les enfants peuventcertes choisir les clubs auxquels ils adhéreront,mais leur choix repose sur des options imposéespar les adultes. Ils n’ont pas la possibilité d’utiliserleurs loisirs comme bon leur semble.

Toutefois, le premier obstacle qui se dresse surle chemin de la récréation tient au fait que lesenfants n’ont pas de temps libre. Leursprogrammes d’activités sont organisés et géréspar des adultes. La plupart des enfants n’ontpas la possibilité de grandir et de parvenir à lamaturité à leur propre rythme: car chaqueparcelle de leur temps est comptée.

Le phénomène des “écolesdu bourrage”Une enquête sur des écoliers de seconde année(7 à 8 ans) et de cinquième année (10 à 11 ans)dans un lycée de Kobé en 2006 a mis enlumière les rapports qui existent entre le peude temps libre de ces enfants et leur possibilitésde jouer en plein air.

Les écoles du bourrage constituent unphénomène très actuel au Japon. Leur but estd’améliorer la performance des élèves à l’étudeet de les préparer de manière intensive à leursexamens. Les écoles du bourrage pour desélèves de 12 ans se terminent normalementvers 9 h 30 du soir; dans les cas des élèves de10 ans, elles se terminent vers 7 h. Denombreux élèves fréquentent les écoles dubourrage pendant le week-end.

Seule une minorité des deux groupes d’âgesusmentionnés (16,5 % en deuxième annéeet 19,5 % en cinquième) a indiqué qu’elle ne

fréquentait pas d’écoles du bourrage ou declasses au-dehors des heures normales. Maisune proportion totale de 83,5 % pour lepremier groupe et de 80,5 % pour le seconda indiqué qu’elle assistait aux deux types declasse, ou au moins à l’un d’entre eux. Prié dedire combien de fois ils y assistaient, plus dela moitié des élèves de deuxième année ontfait état de deux à trois fois par semaine; tandisque le quart des élèves de cinquième annéeont fait état de quatre fois ou plus.

Pour les élèves de deuxième année, les classesdispensées de l’école du bourrage ou pendantles heures du soir portent sur la natation,l’écriture, le piano et le sport. Des élèves decinquième années au Kumon, un groupe connud’écoles du bourrage, ont rapporté que leuractivité principale consistait en travaux derecherche et en études de préparation auxexamens d’entrée dans le secondaire supérieur.

Les élèves ont été priés de dire si cela leur feraitplaisir de jouer en plein air, mais ils ont réponduqu’ils n’en avaient pas l’occasion. Une majoritéd’entre eux (70.5 % des élèves de deuxièmeannée et 60,5 % des élèves de cinquième année)ont répondu par l’affirmative. La raisonprincipale, et de loin, de ce manque d’occasionde jouer en plein air tenait au fait que l’école dubourrage et les classes de fin de journée ne leuren laissait pas le temps (pour 57,8 % des élèvesde deuxième année et 61,1 % des élèves decinquième année). Parmi d’autres raisonsfiguraient: “C’est dangereux”, “J’ai des devoirsscolaires à faire”, et “Je dois rester à la maison”.

Une génération sous pressionPourquoi les écoles du bourrage sont-elles sifréquentées ? Ces dernières années, lesinégalités économiques sont devenues plusvisibles suite à la récession économique au Japon.Les dépôts de bilan se multipliant, il estaujourd’hui plus difficile pour des jeunes de setrouver une place sûre dans une bonneentreprise. Les parents en sont venus à dépenserplus d’un million de yens par an (environ 10 000dollars) en frais scolaires de bourrage pours’assurer que leurs enfants auront de bonsrésultats aux examens et aboutiront du bon côtéd’un écart salarial grandissant.

En 1992, de nouvelles lignes directrices d’études,intitulées “Une éducation à l’abri des pressions”,furent promues pour l’éducation des enfants.Elles tendaient à réduire le programme scolaire et

à établir une semaine scolaire de cinq jours.Avant 1992, de nombreux enfants étudiaientpendant plus de cinq jours par semaine.Cependant, ces nouvelles lignes directricesétaient considérées par beaucoup de genscomme mauvaises pour la performance scolairedes enfants. Les parents désireux de voir leursenfants “parvenir au sommet” s’inquiétaient queleur avenir serait compromis; à leurs yeux, debonnes prestations scolaires constituaient la cléde l’entrée à une bonne université et de l’accès àun travail dans une bonne entreprise. Certainsparents envoyaient leurs enfants à des leçonsd’études ou des écoles du bourrage dès leursortie du primaire.

Le temps d’un changementopportunIl est certes valable que des enfants étudient dursi tel est leur désir. Cependant, de nombreuxenfants japonais sont plus ou moins forcés par lesadultes à se livrer à des études intenses. A partirdu moment où les enfants sont habitués à êtrecontrôlés de cette façon, ils auront de la peineà penser librement à leurs projets d’avenir. Il esttrès important que les adultes aient confianceen l’aptitude de leurs enfants à décider pour eux-mêmes. Des parents estimeront sans doute quec’est par amour qu’ils sollicitent leurs enfants,et diront qu’ils agissent ainsi pour donner à leursenfants des chances dans la vie. Cependant,on doit se demander si ce comportementcorrespond vraiment à l’intérêt supérieur del’enfant. Se peut-il que ces parents interprètentleurs propres rêves au travers de leurs enfants?Ils sont en passe de mouler leurs enfants en“adultes miniature”. Ce sont les adultes quiravissent à leurs enfants leur temps et leurspossibilités de jouer, et la société les encouragesur cette voie. De nombreux parents ont eux-mêmes été privés de la possibilité de jouer quandils grandissaient et ne parviennent pas àcomprendre toute la valeur d’un temps réservéau jeu. Dans la conjoncture actuelle dudéveloppement social du Japon, il est vraimentnécessaire de promouvoir les droits de l’enfant aujeu. Il est nécessaire que la prochaine générationde parents puisse faire l’expérience de la libertéet de la spontanéité du jeu afin de créer unesociété de citoyens heureux et bien adaptés.

Noriko Kajiki est professeur associéd’économie ménagère à l’université desfemmes de Kobé, au Japon.Contact: [email protected]

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Les jeunes au Brésil:en marge de la cité,au centre de la violence

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Les taux élevés de violence à Sao Paulo, attisés par la ségrégation urbaine affectentsurtout les jeunes vivant en marge de la société. La ville doit se re-connecter pourendiguer la vague de violence, nous explique Paula Miraglia.

Dans un certain nombre de pays latino-américains, les pires formes de violence ontpendant longtemps été le fait de lacriminalité urbaine et se sont manifestéespar des crimes contre la propriété, desenlèvements, des vols à main armée, desagressions et des homicides.

Le Brésil figure parmi les pays les plusviolents du monde. Alors qu’au Royaume-Uni, le nombre d’homicides par année estd’environ 2 pour 100 000 habitants (5,9 auxEtats-Unis et 13 au Mexique) au Brésil, lechiffre est d’environ 30 homicides par 100000 habitants. Ce bilan effrayant ne peut secomprendre comme un phénomène isolé;en effet, il s’inscrit dans un cadre de violenceurbaine qui s’est aggravé aux cours desannées, surtout dans les agglomérations lesplus importantes. La criminalité et la violencedoivent se situer sur la toile de fond élargiede la santé publique, de l’économie, de lajustice, de la gouvernance et de l’urbanisme.Au Brésil, leurs éléments sont devenuscomme un filtre au travers duquel la “ville”est généralement comprise.

Dans ce contexte, de nouveaux profilsd’interaction sociale se sont développés.Ils ont créé une dynamique particulière dansla métropole, au niveau de ses espacespublics et de son architecture, et ont donnélieu à un univers dans lequel l’oppositionentre le centre et la périphérie doit êtremieux comprise.

Le cas de Sao PaoloA Sao Paolo en particulier, le concept dela périphérie renvoie aux zones les plusdéshéritées et vulnérables de la ville, à safrange géographique, qui sont également leszones aux taux d’homicides les plus élevés,ce qui n’est pas une coïncidence. Il s’ensuit

que la criminalité et la violence, ainsi quela crainte inspirée par ces dernières, sontdevenues des caractéristiques constitutivesde la cité, alimentant la peur et le préjudice,modifiant et orientant la vie quotidienne ducitoyen, et dirigeant ses stratégies desécurité. Malgré une diminution du nombredes homicides ces cinq dernières années, lamortalité par homicide reste alarmanteencore aujourd’hui. D’après l’UNESCO, alorsque le taux d’homicides pour la populationentière est resté stable de 1980 à 2002(passant de 21,3 à 21,7 pour 100 000habitants), pour les jeunes de 15 à 24 ans,il est monté en flèche pour passer de 30à 54,5.

Dans ce tableau, il est possible d’identifierles protagonistes: ce sont surtout des jeunesde race noire, habitant aux limites de la ville,qui sont victimes de la violence.

Ces niveaux élevés de violence ne peuventtoutefois pas s’expliquer par la fragilité desliens sociaux. Il faut plutôt y voir le résultatd’un processus constant de constructionsociale dont une composante est la violence,celle-ci étant influencée par des facteurstels que le crime organisé et l’absence dejustice, et nourrie par la grande disponibilitéen armes à feu illégales et en boissonsalcoolisées.

Les conséquences de cette construction semanifestent de diverses manières. Ceschéma, qu’on peut assimiler à une violencecommunautaire, a surtout fait des victimesparmi les jeunes, particulièrement les enfants.Il permet à la violence d’évoluer au travers denombreux espaces symboliques et concrets,tels qu’établissements scolaires, rues etménages, de se manifester même quand ellen’est encore que menace de violence. Les

enfants et les jeunes ne constituent passeulement le groupe le plus vulnérable, ilssont de surcroît piégés dans le cycle perversde la violence.

Une ville diviséeLes profils d’urbanisation ont aussi un rôle àjouer. Sao Paulo, ville d’environ vingt millionsd’habitants, se distingue par ses inégalitéssociales. Il en résulte que les limitesextérieures de la ville sont entièrementdissociées du centre, aussi biensymboliquement que physiquement. Lesdifférentes classes sociales n’y partagent pasles mêmes espaces, et bien que la métropoleait bénéficié d’une urbanisation accélérée etintense, la ségrégation y est soulignée parl’absence d’équipements et de servicespublics aux limites de la ville. La géographieen est venue à déterminer les chances devie de chaque habitant.

La criminalité et la crainte qu’elle engendreont conduit à modifier le visage de la ville:les quartiers privés, les clôtures et mursélevés, d’innombrable services et dispositifsde sécurité privée ont tendu à diviser la ville.

Il en a résulté la création, à la périphérie,d’espaces complètement inaccessibles à lajustice où la violence interpersonnelle estconfinée et se donne libre cours. Cettesituation explique la distribution du risqueet de la population des victimes au sein dela ville et de la société brésilienne, où desjeunes et des enfants se voient emmêlésdans un réseau d’illégalité dont il est trèsdifficile de se libérer.

Enfants et jeunes n’ont pas de peine àtrouver des armes à feu et sont soumis à ladynamique sociale imposée par le crimeorganisé. Cette circonstance s’ajoute aux

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La jeunesse brésilienne en mouvement

La Revue du CRIN

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profils de ségrégation à Sao Paulo pourempêcher des enfants et jeunes de jouir deleurs droits, et conforte un environnementdans lequel les activités illégales sontgénéralisées.

La dynamique sociale conduisant à unecriminalité causatrice de mort n’est pas lamême dans toutes les villes. Il est essentielde tenir compte du contexte pour biencomprendre les conditions locales ainsi queles fondements matériels, sociaux etpolitiques de la violence.

Les politiques locales de prévention visantà briser ces réseaux et à proposer desalternatives doivent accorder la priorité auxenfants et aux jeunes. Elles doiventégalement repenser les conceptionsd’urbanisme afin de créer des espacesfacilitant la socialisation, rétablir des zonespubliques, introduire l’éclairage de rue, etgarantir la mobilité et l’accessibilité afin quedes enfants puissent jouir de leur droit à laville dans sa totalité.

Reconstruire la citoyennetéDans certaines villes brésiliennes, des jeunesconduisent aujourd’hui des projetsd’intervention urbaine. On trouve desexemples à Sao Paolo, tels que l’InstitutSou da Paz (Institut Je suis pour la Paix) –www.soudapaz.org.br). En renouvelant dessquares et autres espaces publics utilisés parles riverains, des jeunes habitants de certainsdes districts les plus violents et vulnérablesont trouvé un moyen de mobiliser lacommunauté. En promouvant des activitéssociales, telles que des concerts et desmanifestations sportives, ils contribuentparallèlement à modifier le visage de leursquartiers et à favoriser l’instauration d’unesociété inclusive et pacifique.

L’urbanisme peut jouer un rôle très positifdans la prévention de la violence. Alors qu’ils’agira de modifier le visage de la périphériepar des efforts visant à garantir de meilleuresconditions de vie pour une sectiongrandissante de la population, la ville devraaussi accomplir un travail de reconnexionafin de permettre aux citadins de vivre dansla métropole dans son entiéreté. Le droità la sécurité ne peut être dissocié du droit àla ville.

Paula Miraglia est titulaire d’un doctorat enanthropologie sociale de l’université de SaoPaolo (USP) et dirige ILANUD Brésil (Institutlatino-américain des Nations Unies pour laPrévention de la Criminalité et le Traitementdes Délinquants. Pour plus d’informations,contactez: [email protected]

Un projet par InstitutoPromundo et associésLe projet Jovem em Movimento (Jeunesseen Mouvement) vise à donner à des jeunesde communautés à faible revenu au Brésille moyen de bénéficier de leur droit à unevie exempte de violence, tel que défini dansla Loi nationale sur les enfants et lesadolescents.

Couvrant quatre régions, ce projet organisedes jeunes au niveau local et les convie à unréseau national de jeunesse. Il apprend à sesparticipants de:

• promouvoir une éducation entre pairs pourcombattre la violence aux niveauxinterpersonnel, familial, communautaire,institutionnel et sociétal et à se faire lesavocats de ces droits aux échelons localet national;

• collaborer avec les décisionnaires auministère de la Santé en vue d’instaurerune approche de la prévention desviolences fondée sur le droit.

Ce projet a permis à des jeunes marqués parla violence physique et psychologique deréfléchir à l’histoire culturelle de la violencefamiliale. Il en a découlé un changement desattitudes et des comportements ainsi qu’unmeilleur dialogue au sein des familles etcommunautés. La participation et lareprésentation des jeunes au débat depolitique publique a eu un effet positif surl’estime de soi des intéressés et a suscité uneopposition contre la violence institutionnelle.

Le projet devait surmonter divers défis:

• Certains objectifs locaux entraient enconflit avec des objectifs nationaux élargisparce que des groupes engagés avaientdes affiliations politiques différentes.C’était notamment le cas des adhérentsau mouvement brésilien des Sans-terre.Les processus de promotion de lacitoyenneté parmi les jeunes au Brésil onttraditionnellement été dominés paraffiliation aux partis politiques. Promundocollabore avec des partenaires aurenforcement des mouvements de lasociété civile, en s’inspirant de causesdistinctes des visées des partis politiques.

• Le trafic de drogue et la géographie desconflits armés à Rio ont empêché desjeunes enquêteurs de se déplacer àl’intérieur de leurs communautés. Lespréjudices entourant les jeunes ontégalement gêné leurs enquêtes, de sortequ’un personnel technique a dû êtrerecruté pour ce travail.

• Les quatre villes couvertes par le projetsont éloignées les unes des autres et leprocessus de communication a nécessitéde bonnes communications. Poursurmonter l’obstacle de la distance, lesparticipants recourent à Skype, aucourrier électronique, au téléphone et àla tenue de rencontres régulières.

Le projet Jeunesse en Mouvement faitpartie d’une initiative élargie pour renforcerle soutien familial et communautaire auxenfants et adolescents. Au lieu d’être“focalisé sur les problèmes” et de voir lesenfants comme des “risques” ou des“personnes à risque”, le programme meten lumière leur potentiel et droitsfondamentaux. L’initiative se démarque dela culture ambiante en ce qu’elle ne suit pasla méthode normale de recherche de fondspour les programmes. La méthode consistegénéralement à trouver des subventionspour des projets d’un ou deux ans, car elleinvestit dans des changements systémiquesde longue durée, axés sur la collaborationavec des tiers.

Pour plus de précisions sur le programmede soutien à base communautaire, prièrede contacter l’Instituto Promundo à:[email protected] oul’International Centre for Research andPolicy on Childhood (CIESPI)[email protected]

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La violence dans les villes deJamaïque: une histoire ancienneLes actes de violence commis par et contre les enfants en Jamaïque coûtent cher aupays en termes de vies humaines et de richesse. Rose Robinson Hall, Horace Levy etPeta-Anne Baker décrivent certains moyens fondés sur le droit pour affronter la culturede la violence dans l’île.

Les enfants ont le droit de vivre dans un lieuoù ils peuvent grandir, jouer, apprendre, sefaire des amis et explorer leur environnementavec confiance. Ce lieu doit également leurapporter une sécurité et permettre une priseen charge parentale. Mais, les conditionsrégnant dans plusieurs districts de la capitalejamaïcaine, Kingston, ont donné lieu à unenvironnement toxique qui comprometgravement le développement de nombreuxenfants qui y habitent.

Kingston se caractérise par ce qu’on yappelle des “communautés de garnison”. Ils’agit de communautés organisées à l’originepour y assurer le pouvoir d’un parti politique,ceci en usant l’intimidation et la violencepour garantir l’élection du candidat de ce

parti. La formation de la première garnison,dans les années 1960, devait conduire, dansles années suivantes, à la création d’unedouzaine d’autres garnisons similaires. Leurprolifération a favorisé la propagation deviolences par des bandes organisées visant audépart à réaliser des objectifs politiques, puisà défendre leur “territoire”, et dans certainscas à s’enrichir par des moyens criminels, enparticulier l’extorsion et le trafic de drogue.

La création de garnisons fut rendue possiblepar l’exclusion sociale et la marginalisationde groupes entiers de la population, qui sevoyaient refuser les opportunités accordéesau reste de la société. Du fait de cetteinégalité, les membres de ces groupeséprouvaient des sentiments de honte et se

considéraient comme insuffisammentrespectés. Leur réaction consistait en unehypersensibilité aux insultes et une riposteviolente.

Du fait de son dévouement exclusif à unparti particulier et au “cacique”, la garnisonreprésente une perversion de l’idée de lacommunauté comme groupe social inclusif,ouvert et démocratique. L’organisationmilitaire de la garnison a tué la société civileet rasé de nombreuses communautés dansles quartiers déshérités de la capitale. Elle aencouragé l’anarchie et répandu la violencecomme un cancer à travers l’île entière. Desniveaux élevés et croissants d’homicides, lapratique d’assassinats extrajudiciaires par lapolice, diverses formes d’anarchie, la violence

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notamment ceux qui concernent la famille,la protection et le développementharmonieux; accorder l’attention qui convientaux facteurs qui, dans l’environnement socialet matériel, soit mettent l’enfant en danger,soit le protègent; et admettre que chaquefamille a la capacité de soutenir lechangement positif et la guérison.

Les cas de haut risque sont signalés auRegistre des enfants en vue d’uneintervention par la police ou les services desoin de l’enfant; les cas de bas risqueentraînent une brève intervention visant àréduire le risque d’une répétition. Cetteintervention peut impliquer l’offre de conseilspsychologiques individuels ou d’autresformes de service thérapeutique. Un élémentimportant de cette stratégie consiste àmettre l’enfant en rapport avec lesressources sociales, éducationnelles etculturelles qui sont offertes par desorganisations non gouvernementales au seinde la communauté.

La Peace Management Initiative (PMI –Initiative pour la gestion de la paix) est uneinstance formée conjointement par l’Etat etla société civile en 2002 sous les auspices duministère de la Sécurité nationale afin dedésamorcer la violence communautaire. Elleutilise la médiation, conseils psychologiqueset activités développementales pourpersuader les jeunes membres de bandes derejeter la violence. Il en a résulté une fortebaisse des homicides dans certains quartiers.

Des conseils de la paix ont été formés danslesquels des chefs de bandes informelles,le plus souvent des jeunes, ont remplacéle règne du “cacique unique” par uneresponsabilité collective et ont reconstruitleurs communautés en tant qu’associationsciviles. Cette initiative est entièrement viableparce qu’elle vise à convertir des jeunes quiont déjà commis des actes de violence(meurtres compris) et qui forment le poolde recrues dans lequel les bandes criminellesvont puiser. L’offre de conseilspsychologiques aux enfants et aux jeunes(ainsi qu’aux adultes) traumatisés par la mortviolente d’un parent, membre de la familleou ami proche a joué un rôle important dansle rétablissement de bons rapportscommunautaires. Plusieurs initiatives ontégalement été lancées pour permettre auxenfants de s’exprimer. Ces programmesconvient les enfants à des activités culturellesoù ils peuvent composer des pièces dethéâtre, chansons, poèmes et danses pourattirer l’attention sur différents problèmes.

Une menace planant sur la durabilité de cesinitiatives concerne la disponibilité des fonds.Le lourd service de la dette jamaïcaine (moinsde 40 cents par dollar gagné est disponiblepour des investissements sociaux etéconomiques publics) et une forte criminalité

au volant, les incitations à la violence decertaines musiques populaires, les homicidesscolaires et la prévalence de la mentalité“oeil pour œil, dent pour dent” – tout celareflète une culture grandissante de laviolence qui menace d’empirer encore. Unegénération entière a émergé qui estincapable de concevoir une existence necomprenant pas des actes de violenceinterpersonnelle et/ou communautaire.

Les évolutions de la violenceLes plus affectés par cette explosion deviolence sont les enfants et les jeunes.Depuis janvier 2004, un enfant sur troiscents visitant la polyclinique de l’uniquehôpital pédiatrique de l’île (qui accueille lesenfants jusqu’à douze ans) y est venu pourse faire soigner de blessures liées à laviolence, dont cinq pour cent étaient desblessures par balle.

Une caractéristique commune à tous cesenfants est que ceux-ci vivent dans desquartiers à haut risque, insuffisammentéquipés, où sévissent les actes de violencefréquents et aléatoires, et où les actes deviolence se produisent souvent au sein desfamilles. Parmi ces jeunes patients, uneproportion de 22 pour cent avait été blesséepar une personne présentant une différenced’âge de cinq ans ou moins avec la victime.Dans de nombreux cas (17 pour cent),l’auteur de la blessure était un “ami” quia utilisé un instrument tranchant oucontondant, ou la force corporelle pourcauser du mal, obtenir ce qu’il voulait,régler un compte ou parce qu’il y voyait unmoyen justifié de répondre à un “manquede respect”. En outre, 52 pour cent desenfants soignés pendant cette périoden’avaient pas de bons résultats scolaires.Les rapports de cas témoignent deprésences irrégulières à l’école,d’interruptions de la scolarité par suited’incidents violents, de pauvreté, de défautde concentration, d’inattention, d’agressivitéet de soutien communautaire insuffisantaux enfants et familles.

Les crimes graves commis en 2006 contredes enfants et jeunes de 24 ans ou moinsont représenté 39 pour cent du total. Parmices victimes, 61,5 pour cent étaient du sexeféminin et 41,1 pour cent étaient des enfantsde moins de 14 ans. Des jeunes de 15 à 24ans, en majorité du sexe masculin, étaientresponsables de 35 pour cent de tous lescrimes graves.1 En 2007, 65 enfants setrouvaient parmi les plus de mille personnestuées,2 et sept enfants ont été assassinés dejanvier à mai 2008. Des enfants meurentsouvent en raison de la négligence de leursparents. Au cours des six derniers mois, sixenfants ont péri dans des incendies qui ontdétruit leurs maisons. Les enfants avaient étélaissés seuls à la maison pendant que leursparents étaient allés à l’épicerie ou était de

1. Planning Institute of Jamaica (2006) Economic and Social Survey of Jamaica, p 24.62. Robert Buddan (2008) ‘The penalty of death’, dimanche, 24 février, The Sunday Gleaner. http://jamaica-gleaner.com/gleaner/20080224/focus/focus3.html

sortie. Plusieurs de ces incendies ont étécausés par le renversement d’une bougie oud’une lampe à kérosène.

Une approche fondée surle droit pour affronterla violenceAu cours des dernières années, des initiativestoujours plus nombreuses ont été lancéespour faire face au problème de la violencecontre les enfants. Il existe aujourd’hui unréseau de onze cliniques d’orientationpédiatrique qui s’occupent de questions desanté mentale chez les adolescents. En dépitd’un manque de ressources matérielles ethumaines, ces cliniques cherchent à entreren contact avec les établissements scolairesafin d’organiser des sessions de thérapieindividuelle ou de groupe, de sensibilisationet de formation de conseillers d’orientation.

Depuis 2003, des changements législatifs etinstitutionnels importants ont été entreprispour protéger les droits des enfants enJamaïque. La Loi sur la petite enfance estentrée en vigueur en 2003, suivie de laRéglementation sur la petite enfance en2005 et de la création de la Commission surla petite enfance (Early ChildhoodCommission) la même année. Il en a découléde nouvelles normes et réglementations pourtous les établissements s’occupant des tout-petits. La Commission élabore actuellementun programme de défense des droits del’enfant pendant la petite enfance,conformément au commentaire général n° 7du Comité des Nations unies sur les Droitsde l’Enfant.

La Loi sur la protection et la prise en chargede l’enfant de 2004 a donné naissance à lafonction d’Avocat de l’enfant ainsi qu’à unRegistre des enfants, qui examinera les cassignalés suspects ou confirmés de mauvaistraitements. Les interventions en faveur desvictimes enfantines d’actes de violence sesont améliorées en 2004 avecl’établissement, par la division Promotion etProtection sanitaires du ministère de la Santé,de la première unité hospitalière de réponseaux cas de violence à l’hôpital Bustamantepour enfants de Kingston. Il s’agissait duChild Abuse Mitigation Project (Projetd’atténuation des mauvais traitementsd’enfants).

Le Child Abuse Mitigation Project (CAMPBustamante) fait appel à une approchefondée sur le droit dans sa réponse à toutesles blessures liées à la violence qui sontsoignées dans cet établissement. Recourantà la stratégie de visites à domicile, le projetgère 11 à 39 cas par mois. Il s’inspire destrois considérations suivantes: promouvoirles droits énoncés dans la Convention desNations Unies relative aux Droits de l’Enfantet dans la Loi jamaïcaine sur la prise encharge et la protection de l’enfant,

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se conjuguent pour limiter les dépensespubliques en programmes nécessitant desapports soutenus et intensifs, et pourrestreindre les perspectives de croissance etde développement économiques. On estimeque la violence en Jamaïque se traduit pardes pertes annuelles de productivité et pardes frais médicaux de l’ordre de 12 millionsde dollars jamaïcains (environ 170 000dollars US). Si on y ajoute le coût des forcesde sécurité, on parvient à un total de plusde 20 millions de dollars jamaïcains (environ283 000 dollars US) Il s’ensuit donc un cerclevicieux dans lequel les ressources requisespour mettre un terme à la violence et laprévenir sont dissipés par les effets mêmesde la violence. Les activistes des droits del’enfant et de la paix oeuvrent à briser cecercle vicieux en faisant valoir que les fraisassociés à la prévention sont très inférieursà ceux associés aux impacts multiples de laviolence, particulièrement celle qui s’exercecontre les enfants du pays.

Fichier: lesenfants desrues etla violence

Nul ne connaît avec précision le nombre desenfants des rues dans le monde aujourd’huimais selon certaines estimations, ilatteindrait 150 millions. La grande majoritéde ces enfants ont connu une forme deviolence ou une autre.

Les enfants des rues représentent surtout unphénomène urbain, consécutif à la migrationde familles ou d’enfants voyageant seuls versles villes à la recherche d’un emploi etd’opportunités. De nombreux enfants fuientleurs foyers pour échapper à la violence maisvoient ensuite leurs droits violés au quotidien,parce qu’ils sont la cible de ramassages,passages à tabac et détentions arbitrairespar la police.

Aussi récemment que mai dernier, l'ONGtanzanienne de défense des enfants des ruesMkombozi, active à Arusha, signalait unerecrudescence de la violence contre lesenfants des rues dans le contexte d’uneimportante manifestation à venir. Les enfantsdes rues furent alors victimes de brutalitéspolicières en application d’une politique de“nettoyage” des rues. A l’appui de cettepolitique, ainsi que des arrestations en massed'enfants qu'elle devait déclencher, lesautorités locales et la police ont invoqué uneordonnance coloniale remontant à 1944.Mkombozi mène une campagne dénommée50 pour cent visant à faire révoquer cettelégislation, désignée la “TownshipsOrdinance“, et à attirer l’attention sur lesviolences dont les enfants des rues sontvictimes. Avec l’appui du Consortium pourles enfants des rues, Mkombozi est parvenueà diminuer sensiblement le nombre desincidents violents contre les enfants de rue età saisir la Haute Cour d’une pétition. En outre,le gouvernement tanzanien s’est déclarédisposé à élaborer une stratégie positive surla question et à procéder au premier sondagenational sur les enfants des rues.

Le Consortium pour les enfants des rues apublié l’ouvrage L’état des enfants des rues dumonde: la Violence en novembre 2007 pourattirer l’attention sur le fait alarmant que laviolence est centrale dans la vie de ces enfantsdans les rues, qu’elle façonne leur expériencedans les espaces publics et qu’elle influenceleurs vies. Il s’agit du premier rapport mondialqui analyse l’expérience de la violence chezenfants des rues.

Rose Robinson Hall est coordinatrice duProjet d’atténuation de la maltraitance desenfants à l’hôpital Bustamante pour enfants(CAMP Bustamanted), Kingston, Jamaïque.

Horace Levy est membre du Centre pourla sécurité et la justice à l’Université des Antilles Orientales, Mona, Jamaïque; Membrede l’Initiative pour la gestion de la paix (PMI)

Peta-Anne Baker est coordinatrice de l’unitéd’assistance sociale, Département desociologie, psychologie et travail social àl’université des Antilles Orientales, Mona,JamaïqueContact: [email protected]

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Ce document parvient à cinqconclusions essentielles:

1. Les enfants des rues accumulent denombreuses expériences de la violenceà partir d’un très jeune âge, dans desenvironnements divers. Le risque élevéqu’ils courent à être victimes de toutessortes d’abus est oublié dans les politiquesde développement et les prestations deservices pour ces enfants.

2. Les expériences des enfants des rues dansles différents pays du monde ont dessimilarités frappantes, que ce soit dansles pays riches dotés de systèmes deprotection de l’enfant, ou dans les payspauvres où les systèmes de soutien sontplus faibles.

3. Pour élaborer des politiques de préventionintégrées et des politiques et services denature à favoriser la survie des enfants desrues, il est indispensable de biencomprendre la violence à laquelle ils sontexposés et la réponse qu’ils donnent àcette violence.

4. Vingt-cinq ans après que les enfants desrues se sont signalés pour la première foisà l’attention des médias internationaux,des gouvernements à travers le mondecontinuent à user contre eux des tactiquesviolentes, contrevenant à leurs droits,exaspérant leur expérience de la violenceet les transformant ainsi que leurs famillesen boucs émissaires.

5. Pendant cette période, la société civile aévolué vers des approches plus matures,adoptant des méthodes inclusives desoutien aux enfants, aux familles et auxcommunautés pour réduire le risque deviolence dans l’environnement auxmultiples interconnexions des enfantsdes rues.

Le rapport formule sixrecommandations centrales:

1. Placer les ENFANTS au centre: Il y a lieude créer un système de protection socialecomportant des options variées pour veniren aide aux enfants qui ont subi des abusde toutes sortes. Il faut que les services àleur égard soient personnalisés, qu’ils leuroffrent une protection contre la violence,des conseils psychologiques pour réparerles violences qu’ils ont connues dans lepassé et des stratégies pour les protégercontre la violence à l’avenir. Lescommunautés doivent collaborer avectoutes les parties prenantes pourencourager une approche inclusive de laprotection de l’enfant au sein de la localité.

2. Soutenir les FAMILLES: Un objectifcentral consistera à promouvoir uneculture d’absence de violence au sein desménages. Les politiques publiques aurontà préparer et appuyer les gens à devenirdes parents et à proscrire toute forme deviolence dans leurs foyers. Des lieuxd’accueil doivent être prévus pour lesvictimes de violence domestique, ainsi quedes services destinés à aider les familles àcréer un climat de soutien à l’intérieur dufoyer. Familles et enfants des rues doiventêtre aidés à se préparer à leur réunificationet à mener celle-ci à bien. Lescommunautés doivent faciliter laréinsertion d’enfants des rues etpromouvoir des pratiques inclusives enfaveur des enfants qui ne peuvent ou neveulent pas regagner leurs foyers.

3. Des COMMUNAUTÉS connectées: Pourréduire la violence au niveau local, il estfondamental d’investir dans la mise enplace d’organisations de basecommunautaire et de liens entre celles-cidans les zones déshéritées. Lesétablissements scolaires doivent êtreinclusifs, abordables et exempts deviolence. Les organisationscommunautaires doivent encourager unsentiment de connexion sociale au niveaudu voisinage, oeuvrer à ce que tous lesservices de soutien locaux soient à ladisposition d’enfants et de familles quin’y accèdent pas par eux-mêmes.

4. La protection de l’ÉTAT: Une culture derespect de l’enfant doit être instaurée etmaintenue au sein des servicesinstitutionnels et des espaces publics. Lespersonnels de la police à tous les niveauxde la justice des jeunes et des systèmesd’assistance sociale ont besoin d’uneformation appropriée. Les fonctionnairesindividuels qui attentent aux droits del’enfant doivent être sanctionnés. UnMédiateur national pour les enfants doit sesaisir et faire connaître tout cas de violenceétatique contre les enfants, que ce soit endétention, dans les foyers d’accueil ou dansles espaces publics. Une aide judiciaire doitêtre prévue en faveur d’enfants des rues quiauraient été victimes d’actes de violence. Lesenfants des rues doivent être appuyés dansle dessein de former des réseaux de soutiensusceptibles de réduire leur exposition à laviolence dans des environnementsdynamiques et non protégés.

5. Une SOCIÉTÉ inclusive: Il y lieu des’attaquer à la pauvreté et à l’inégalité ausein de la société élargie pour réduire laviolence et empêcher les enfants d’avoirbesoin de travailler ou de survivre dans larue. Par des schémas intégrés impliquantun redéploiement de ressources à partir de

groupes ou de régions plus prospères,on devrait développer les quartiersdéshérités et protéger les familles excluesdes chocs de l’extérieur. Lesorganisations et prestataires de servicescommunautaires ont un rôle à jouer dansla protection des enfants et des familles,y compris les nouveaux arrivants auxmoments d’instabilité sociale.

6. Un effort de RECHERCHE: Il y a lieu deconfier à une organisation internationalela tâche de coordonner et d’améliorer ladisponibilité de données associées auxenfants des rues et aux risques deviolence courus par ceux-ci. Les travauxde collecte et d’analyse de données auniveau du pays viseront à mesurer lesrésultats qui comptent pour les enfantsdes rues. Les prestataires de servicesenregistreront l’information sur desenfants individuels exposés à, ouengagés dans des actes de violence. Il y a lieu de financer des mécanismessusceptibles de faire entendre la voix desenfants, d’entreprendre des rechercheset de formuler des recommandationssur les enfants de rue et la violence.

Ce fichier d’information a été préparé parLouise Meincke, responsable Plaidoyerchez Consortium for Street [email protected].

Pour obtenir un exemplaire du rapportState of the World’s Street Children, envoyezun courriel à [email protected] outéléchargez-le sur le site:www.streetchildren.org.uk.

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La ville enfermée: pour sortir dutraumatisme à Gaza

La bande de Gaza est le territoire avec ladensité démographique la plus élevée aumonde. D’une longueur de 40 km et d’unelargeur de 10 km, elle comptait en 20073881 habitants par kilomètre carré, alors quedans le pays voisin, Israël, la densitédémographique n’était que de 317 habitantsau km2 1. Près des deux tiers des habitantsde la bande de Gaza sont des réfugiés, dont55 pour cent vivent dans des camps et lereste dans des villes et villages.

La situation socio-économique s’est dégradéeconsidérablement à la suite des mesures prisespar Israël pendant la seconde Intifada2 en2000 et d’un changement de la politique desbailleurs de fonds depuis la formation dunouveau gouvernement de Hamas en janvier2006. Quatre-vingt pour cent de la populationvit aujourd’hui en dessous du seuil depauvreté, avec un revenu de 2 dollars par jour,contre 30 pour cent en 2000; le taux dechômage se situe à 50 pour cent.

Des incursions dans le territoire de Gaza seproduisaient presque tous les jours avant lasignature récente d’une trêve de six mois entreIsraël et le Hamas. Au cours des incursions, lessoldats entraient dans les maisons et les écoleset cassaient les bras des enfants pour lesempêcher de lancer des pierres. Par ailleurs,344 enfants sont actuellement détenus dansles prisons israéliennes.

Le passage frontalier de Rafah constitue le seulmoyen de liaison entre Gaza et le mondeextérieur, mais il n’est ouvertqu’occasionnellement, et seules certainespersonnes peuvent le franchir, dont le plussouvent les travailleurs d’ONG et les personnesayant besoin de soins médicaux d’urgence.Mais, dans la pratique, les personnes ayantbesoin d’un traitement se voient refuser lepassage. Dans le cas des enfants qui sontautorisés à se faire soigner en dehors de Gaza,leurs parents n’ont pas la permission de lesaccompagner.

Un traumatisme auquotidienL’occupation militaire de Gaza a occasionnédes traumatismes psychologiques certains, enparticulier chez les enfants. La population de

la bande de Gaza est composée pour 45pour cent d’enfants de moins de 15 ans. Aumoins 99 pour cent des enfants palestiniensont vécu un événement traumatisant,indiquent les recherches entreprises par leProgramme de Santé MentaleCommunautaire (GCMHP) à Gaza. Dans unéchantillon de 409 enfants âgés de 9 à 18ans, interrogés par des professionnels de lasanté mentale, le nombre moyen desévénements traumatisants vécus était de 7,7.Les garçons rapportaient une plus grandeexposition à l’agression israélienne que lesfilles, mais aucune différence ne se dégageaitentre le nombre d’événements traumatisantssubis par les enfants jeunes et moins jeunes.Selon cette étude, 148 enfants (59 pourcent) se situaient dans la plage clinique dessymptômes de l’état de stress post-traumatique; 21,9 pour cent des enfantsconnaissaient des phases d’angoisse; et 50,6pour cent d’entre eux pouvaient être décritscomme souffrant de dépression. Ce degréd’exposition aux traumatismes signifie queles enfants risquent fort de développer desproblèmes de santé mentale pendant leurjeune âge, risquant de se poursuivre durantl’âge adulte.

Le GCMHP a étudié les effets d’expériencestraumatiques et la prévalence des états destress post-traumatique et d’angoisse suite àl’agression israélienne. Sur 251 enfants âgés de6 à 16 ans, interrogés à Gaza dans trois campsd’été, les événements les plus traumatisantssignalés étaient les tirs d’artillerie, les attaquesaériennes, les bombardements et le spectaclede corps mutilés à la télévision.

Les symptômes de l’état de stress post-traumatique comprennent les cauchemars,l’énurésie, et les difficultés à se concentrer,ce qui se traduit par de mauvais résultatsscolaires.

Je me suis entretenu la semaine dernière avecun enfant qui ne voulait pas que sa mère ailledormir; il ne voulait pas qu’elle ferme les yeuxparce que pour lui, elle était la personne qui leprotégeait et le gardait en sécurité. Celas’appelle l’angoisse de la séparation, qui faitque les enfants sont troublés lorsque leursparents les laissent seuls.

Les événements traumatiques conduisentégalement à certains types de phobie,notamment la phobie de l’obscurité. Celle-ciest exacerbée par le fait que Gaza connaîtrégulièrement des coupures de courantélectrique. Il arrive que le courant soit coupépendant huit heures par jour. Il y a deux ansenviron, la centrale principale a été bombardéeet Gaza a vécu dans l’obscurité pendant plusde deux mois.

Les enfants qui ont vécu des événementstraumatisants ne développent pas tous desproblèmes de santé mentale, bien que plusde la moitié des enfants que nous avonsexaminés aient montré des réactions d’untype ou de l’autre. Les facteurs quiaccroissent le risque de développer unemaladie mentale sont notamment la gravitéet la continuité du stress et du traumatisme,le chômage ou le mauvais état de santémentale de leurs parents, l’impossibilité dese déplacer, et la violence communautaire.

Libérer les moyens de lacommunautéLa famille constitue l’un des facteurs quidéterminent le degré de résistance et aide lesenfants à faire face aux traumatismes. Dans lecadre de notre programme auprès des familles,nous sommes entrés en contact avec desenfants qui avaient été torturés. Il estindispensable de travailler avec les famillesparce que la torture et l’emprisonnementn’affectent pas seulement l’individu concerné,mais sa famille entière. Nous avons de lachance que les Palestiniens ont de solidesstructures familiales qui leur apportent unsoutien social et affectif. Nous entendonsrenforcer les capacités des réseaux familiauxet sociaux de faire face aux traumatismes enproposant des programmes d’interventiondans les camps d’été, ainsi que dans les écolespendant l’année scolaire. Ces interventionss’accompagnent de la narration d’histoiresvécues permettant aux enfants de partagerleurs expériences avec d’autres enfants.

Quand nous avons commencé à travaillerdans ce domaine, nous avons rencontréquelques difficultés en raison des stigmatescommunautaires qui entourent les problèmesde santé mentale. Quand nous avons ouvert

Le traumatisme fait partie de la vie des enfants enfermés à Gaza par l’occupationmilitaire israélienne. Ahmed Abu Tawahina montre comment il est possible, en utilisantles ressources de la communauté, d’aider ces enfants à tenir bon face à la situationtout en affrontant les risques de maladie mentale.

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Notre effort d’influence sur l’environnementpolitique et juridique tant à l’extérieur qu’àl’intérieur des territoires palestiniens occupésconstitue un élément central de notre activité.Nous faisons partie d’un réseau pourcombattre la torture et venons d’organiser lesactivités de la Journée internationale dessurvivants de la torture. Nous travaillons deprès avec des membres du conseil législatif,des ONG, y compris des ONG israéliennestelles que Médecins pour les Droits del’Homme, et de nombreuses autres au niveauinternational, exerçant une action desensibilisation aux impacts de l’agressionisraélienne sur les enfants palestiniens.

Ahmed Abu Tawahina est directeur généraldu Programme Communautaire de SantéMentale de Gaza (GCMHP). Contact:[email protected]

notre clinique en avril 1990, nous n’avonsaccueilli qu’un seul client pendant une annéeentière. Cela nous a amené à pratiquerl’ouverture vers la communauté, de sorteque les personnes souffrant de traumatismesne soient pas obligées de venir nous voir.Nous avons formé des professionnelstravaillant directement avec les enfants etd’autres membres de la communauté en vuede pouvoir détecter des cas et mieuxcomprendre les problèmes de santé mentale.Nous avons commencé par former etsensibiliser des médecins et autres personnelsmédicaux, ensuite des conseillers scolaires,des enseignants, parents et policiers. Nousavons constaté des changements d’attitudepositifs ces vingt dernières années et grâceà notre programme communautaire,nous avons atteint aujourd’hui quelque vingtmille personnes.

Droit de l’homme et santémentaleLes relations entre les violations des droitsde l’homme et la santé mentale apparaissentnettement dans notre travail, notammentdans la formation que nous avons dispenséeà des gardiens de prison. Aux termes del’accord d’Oslo de 19933, les Palestiniens ontété appelés à créer leurs propres prisons.Malheureusement, il existe des interrogateurspalestiniens qui y travaillent et qui torturentd’autres Palestiniens. Mais nous avonsdécouvert qu’ils avaient été victimes detortures entre les mains d’interrogateursisraéliens.

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1. Selon le bureau statistique central palestinien 2. Le soulèvement palestinien qui a commencé en septembre 2000 3. Le premier accord face-à-face entre Israël et les Palestiniens, qui établit un cadre pour des relations futures

Gaza enchaînée

• Les Palestiniens se sont vus interdire parIsraël le droit de tirer profit de l’aéroportou du port maritime à Gaza,compromettant la possibilité pour leshabitants du territoire de se rendre àl’étranger ou de s’engager dans desactivités de commerce avec l’étranger.

• Quelque 30 pour cent des habitants dela bande de Gaza ne reçoivent pas d’eaurégulièrement.

• Israël a réduit le nombre des délivrancesde permis d’entrée dans le pays, malgréles centaines de patients qui chaquemois ont besoin de soins urgents etavancés non disponibles à Gaza.

• Les déplacements entre la Cisjordanieet Gaza sont pratiquement impossibles,malgré le fait qu’elles sont reconnuescomme formant une seule unitéterritoriale dans de nombreux accords.

• Israël peut opposer son veto auxchangements d’adresse sur le registre dela population, et refuse d’enregistrer lesrésidents de Gaza qui déménagent versla Cisjordanie.

Source: B’tselem

Une famille vivant dans le camp de réfugiés de Jabaliya

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Face à l’urbanisation croissante du monde,nous avons un sentiment de déjà vu quand onnous parle du repli de l’Etat et de son desseinde se cacher derrière le mantra “le marchépourvoira”. Tel est également notre histoirepersonnelle.

Comme de nombreuses autres villes, Delhioffre le spectacle de réalités et de visionsdiamétralement opposées en ce qui concernel’allure et l’orientation du développementéconomique. Le tableau de l’Inde urbaine,qui se dégage de la vie contemporaine detoutes les grandes villes, se distingue parl’entrée saluée et relativement récente desclasses moyennes indiennes dans l’universde la consommation globale et par latransformation des paysages urbains en desimitations de Changhaï et de Singapoure. Iln’empêche que l’économie urbaine en Indecontinue à être alimentée en énergie par cequ’on appelle l’économie informelle, cetteréalité vaste et délabrée des villes indiennes,dont la majorité des habitants sont obligésde se débrouiller pour trouver des abris etdes emplois.

Les nouvelles voixurbaines de l’Inde:“Nous entendonsvivre notre vie”

Les jeunes de Delhi entendent dépasser l’économie de marché afin de trouver denouveaux moyens de contact avec les communautés globales et de raconter leur histoire,révèle Sharmila Bhagat.

Les enfants, particulièrement ceux des famillesdéshéritées, continuent à être vulnérables. Bienque se déclarant engagé par les conventionsinternationales, y compris la Conventionrelative aux Droits de l’Enfant, leGouvernement indien en reste aux déclarationssur papier. Face à la montée du chômage, leprocessus de production est entré dans lesménages urbains, exposant les enfants àl’exploitation comme outil de travail au seinde la famille. La scolarité reste un domainenégligé des interventions de l’Etat et, là aussi,

on considère le secteur privé comme offrantune meilleure alternative.

Il importe toutefois d’apprécier l’importancedes processus qui nourrissent la créativité etl’apprentissage de l’enfant, afin qu’il puissecontempler et construire à partir de ce quiexiste en lui, dans sa famille et dans son milieuimmédiat. C’est ainsi que des collectivités dejeunes seront en mesure de définir leur aveniret de construire des possibilités, pour le biende la communauté, débordant des rôles quela cité leur a assignés.

Les enfants créent leurspropres opportunitésFace à une situation marquée par un repli durôle paternaliste de l’Etat et où l’élaborationdes politiques de développement social ne sefait plus de haut en bas comme autrefois,notre impression de la situation est mitigée,avec des inconvénients et des avantages. Lespolitiques de l’Etat ciblent habituellementcertains segments de la société en mettantl’accent sur ce qui manque à ces derniers maisen dévaluant les acquis qu’ils possèdent déjà

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Sarai (CSDS). Le mot Cybermohalla renvoie àun emplacement hybride caractérisé parl’ouverture universelle du cyber-espace et parl’intimité d’un mohalla (quartier urbaindensément peuplé). Le Cybermohalla est unréseau de trois centres d’activités équipésd’ordinateurs. Appelés “labos de localité”,ils se trouvent dans trois quartiers ouvriers,tandis qu’un laboratoire de recherche et dedéveloppement se trouve à notre siège. Aucours des dernières années, ces “labos” ontété le théâtre d’activités croissantes (écriture,photographie, enregistrement et interviewsonores, réalisation de scénarimages,animation par ordinateur et projets HTML) sousdes formes diverses (magazines muraux, livrets,vignettes et posters).

Lorsqu’on a démoli Nanglamachi, un bidonvillelongeant la rivière Yamuna, au nom del’enjolivement de la ville, les jeunes praticiensdu centre d’activités y ont réalisé une séried’enregistrements, interviewant des gens,enregistrant des sons au fur et à mesure duchangement rapide de ce quartier, recueillantles récits des habitants concernés comme“témoins sonores”, enregistrant les momentsde transition et invitant les auditeurs à écouterces enregistrements. Ces praticiens ontégalement enregistré la création du quartierde Ghewra, où les habitants de Nanglamachiet d’autres bidonvilles démolis ont été relogés,cette transformation de zones de terrainsvagues en habitat vivant étant illustrée par desimages et des sons. Les récits en provenancede Nanglamachi, et désormais de Ghewra,continuent à être diffusés sous forme de blogspour être partagés avec le reste du monde.Le lien pour le blog en anglais esthttp://nangla.freeflux.net.

Les enthousiastes fréquentant le Cybermohallaont également réalisé un livre en hindi,Beharoopiya Shara (La ville aux facettesmultiples) constituant un recueil d’entrées dejournal, de biographies, d’interviews, denouvelles, et de rencontres dans la ville. Publiépar Rajkamal Prakashan, une maison d’éditionbien connue, il a été salué par des éducateurs,des écrivains, des activistes et desétablissements scolaires. Ces mêmes jeunes selivrent aujourd’hui à des recherches sur desprojets traitant de différents aspects de la villeet qui pourraient bien aboutir à la publicationd’ouvrages sous leur propre nom. Ces récitssont authentiques.

Sharmila Bhagat est directeur del’organisation Ankur Contact: [email protected]

Il appartient à chacun de vivre sa vie comme ill’entend. Parallèlement, la destruction, la dispersionet la réforme de nos colonies et de nos ruelles sepoursuivent dans un sens qui tranche avec la vie quenous avons connue. Les gens mènent leurs vies avecla volonté tenace de “vivre”. Mais le monde extérieurpoursuit ses transformations imprévisibles, à unrythme toujours plus rapide. Les habitants des villesressentent cet écart entre leur volonté de vivre et lesréalités de la cité en pleine métamorphose. Nous,écrivains, sommes au milieu de cet écart qui faitl’objet de nos écrits. Nous habitons cet écart quisollicite nos êtres et ceux de nos semblables.Un jeune praticien chez Cybermohalla, une initiative conjointe des organisations Ankur etSarai (CSDS).

La ville en pleine métamorphose dont parle ce jeune auteur est la ville de Delhi en l’an2007. Elle pourrait aussi être n’importe quelle autre ville du Sud de l’Asie, d’un autre paysen développement, et concerner les déshérités partout dans le monde.

au sein de leurs réseaux sociaux en termes deconnaissances et de compétences, de rêves etd’aspirations. Elles négligent leur esprit de vie,lequel dépasse la simple volonté de survivre.

Le travail au sein du voisinage est très appréciéparmis nos enfants, car nombre d’entre euxsont issus de familles qui exercent des métierstechniques ou artisanaux pour assurer leursurvie. En rétablissant la place de ces métiersdans le domaine pédagogique, nous pourronsréhumaniser des types de travail et descompétences que le courant de la modernité adévalué, et restaurer la dignité du travailleurindépendant, de l’artisan et du technicien, quitravaillent tous de leurs mains. Les enfantsauront aussi la possibilité d’apprendre auprèsdes artisans de leur quartier, tels quesculpteurs, tisserands, tailleurs, cordonniers,imprimeurs, potiers et mécaniciens, de nouerdes rapports avec eux et en venir à lesrespecter. Il existe donc des perspectives pouréduquer les enfants en leur montrant lesmétiers et l’artisanat qui s’exercent autourd’eux. Ces enfants pourront apprendrecomment les objets sont fabriqués, levocabulaire des différents métiers, les réseauxqui entrent en jeu dans l’offre et la demandede produits, les gens, les étapes du travail,l’approvisionnement et le prix des matièrespremières, les bénéfices dégagés, lesnégociations engagées par la famille del’artisan, comment négocier avec la législation,le bazar, le prêteur d’argent, la banque, leclient et les intermédiaires; en bref, tout lesprocessus de production des métierstechniques et artisanaux.

Les travaux créatifs des enfants sont répandusà travers la communauté afin de les aider àdécouvrir leur potentiel de création. Ces

processus ont également pour effet decatalyser la vie intellectuelle de ces localités etd’y ouvrir de nouvelles voies d’expression.

Les nouvelles technologieset la philosophie du“Copyleft”Face à l’invasion de l’économie de marché,nous ne devons pas perdre de vue l’émergencede nouvelles technologies et de philosophiesqui refusent de penser uniquement en termesde propriété et de marché. Il convient de saisirle potentiel radical de la philosophie du“Copyleft”, pour laquelle la propriétéintellectuelle revient à une contribution del’individu à la collectivité sociale, non à unepropriété commerciale à être exploitée par lesgrosses sociétés. Nous devons relier nos effortsen matière d’éducation à de tels mouvementsafin d’aider les enfants et les jeunes à sesolidariser avec les communautés globalesélargies.

Le programme Cybermohalla travaille auprèsde jeunes vivant dans des quartierspopulaires et peu desservis de Delhi. Ilrassemble les énergies de l’interventionsociale communautaires, la créativité par letexte, le son et l’image, et l’usage novateurd’ordinateurs et de la technologie numériquetout en respectant les impératifs de laspécificité et de l’autonomie sociale etculturelle. Usant de toutes sortes detechnologies nouvelles et anciennes, leprogramme Cybermohalla aide les jeunesà combler leur retard numérique et à entreren rapport avec des communautés localeset globales.

Le programme Cybermohalla est une initiativeexpérimentale qui a été lancée par Ankur et

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• Des événements qui n’auront probablementpas d’effet sur des enfants dans les pays etcommunautés riches peuvent avoir desconséquences critiques pour des enfantsvivant dans la pauvreté.

Pourquoi les enfants desvilles?Les enfants des villes sont normalement mieuxlotis que leurs homologues des campagnes,mais cela n’est pas le cas pour des centainesde millions d’enfants qui souffrent de lapauvreté urbaine.

• Sans une planification adéquate et unebonne gouvernance, les zones urbainespeuvent constituer les milieux les plusmenaçants qui soient pour la vie.

• Dans certaines implantations informelles,le quart des enfants meurt avant l’âge decinq ans.

• L’avantage urbain n’est pas opérantau niveau de l’éducation et des opportunitésde vie pour la plupart de ceux qui viventdans la pauvreté.

• Dans de nombreuses zones urbaines,le risque qui menace les enfants vaprobablement être intensifié par lechangement climatique. La plupart despersonnes et entreprises les plus exposées

aux événements météorologiquesextrêmes et à la montée du niveau dela mer se trouvent dans des bidonvillesurbains de pays à faibles revenus, oùl’exposition aux dangers s’associe à desinfrastructures de service et deprotection inadéquates.

Les enfants comme agentsactifs et tenacesBien que les enfants soient exposés d’unemanière disproportionnés, on aurait tortde les voir uniquement comme lesvictimes du changement climatique. S’ilsdisposent du soutien et d’une protectionappropriés, les enfants peuvent semontrer extraordinairement résistants austress et aux chocs. En outre, il existe uneample documentation sur les avantagesd’impliquer les enfants et les jeunes et deles sensibiliser à ce sujet, dans les défis quise dressent sur leur chemin, nonseulement pour leur propre apprentissageet développement, mais également pourtirer parti de l’énergie, de l’imagination etdes connaissances que les enfantspeuvent apporter dans la résolution desproblèmes locaux.

Pour plus de précisions, prière decontacter Sheridan Bartlett à[email protected]

De nouvelles recherches menées parl’Institut international pourl’environnement et le développement sesont penchées sur les incidences probables,sur les enfants d’âges différents, du risquecroissant de tempêtes, inondations,glissements de terrain, vagues de chaleur,sécheresses et contraintes de distributiond’eau occasionnées par le changementclimatique. Elles se sont égalementintéressées aux conséquences surl’adaptation en mettant plusparticulièrement l’accent sur l’état depréparation et sur les réponses avancéesface aux événements et changementsextrêmes de la météo. Les réponses auchangement climatique qui ne tiennentpas compte des risques disproportionnésauxquels les enfants sont exposés – quireprésentent entre la moitié et le tiers dela population des régions les plus affectées– seront insuffisantes pour relever le défi.

Pourquoi les enfants?• Les enfants, et surtout les plus jeunes

d’entre eux, sont à un stade dedéveloppement rapide et sont moins bienéquipés, sous plusieurs aspects, pour faireface aux privations et au stress.

• Les métabolismes rapides de l’enfant,l’état immature de leurs organes et deleur système nerveux, l’état évolutif deleur cognition, leur expérience limitée etleurs caractéristiques comportementalessont en jeu dans cette situation.

• On peut également s’attendre à ceque l’exposition des enfants auxdifférents risques aura des répercussionsà long terme.

• Les conséquences sont intensifiées parla pauvreté et par les choix difficiless’imposant à des ménages à faiblesrevenus qui doivent s’adapter à descirconstances plus difficiles.

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Fiche d’information: le changement climatique et les enfants des villes

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Bureau d’information sur lesdroits de l’enfant

Résumé des infos du CRIN sur les droits de l’enfant

Une procédure deplainte en faveur desenfants: une campagneà soutenir Il existe une campagne bien appuyée etcroissante pour la rédaction et l’adoption d’unProtocole facultatif à la Convention relative auxDroits de l’Enfant afin de créer une procédure deplainte/communication. Cette idée a reçu lesoutien d’ONG, d’organisations des droits del’homme et d’autres instances régionales (voirhttp://www.crin.org/law/CRC_complaints/).

La Convention est le seul traité international surles droits de l’homme à prévoir une procédurede rapport obligatoire sans être cependantpourvue d’une procédure de communicationexistante ou en projet.

Il s’agit d’un cas grave de discrimination audétriment des enfants, qui affaiblit la mise enoeuvre de la CDE.

La protection internationale des droits del’enfant est incomplète en l’absence d’uneprocédure pour les communications devantpermettre aux enfants et à leurs représentantsde poursuivre les violations de leurs droits dansle cadre de la Convention. S’il est vrai que desmécanismes établis relevant d’autres instrumentsinternationaux peuvent servir à la défense d’uncertain nombre de droits, ils ne couvrent pas,séparément ou dans l’ensemble, tout l’éventailet tout le détail des droits reconnus aux enfantspar la CDE.

La Convention garantit de nombreux droitsuniques et importants. En outre, lescommunications présentées au nom d’enfantsaux autres organismes ne sont pas examinéespar des comités aux compétences particulièressur les droits de l’enfant.

La CDE est, parmi les instruments de protectiondes droits humains essentiels, celui dont laratification a été la plus universelle, ayant étératifiée par 193 Etats. Ses deux protocolesfacultatifs, concernant respectivement la vented’enfants, la prostitution des enfants et lapornographie mettant en scène des enfants etl’implication d’enfants dans des conflits arméssont chacun entrés en vigueur.

En juin 2008, plus de 400 organisationsinternationales et nationales avaient signé la

pétition intitulée: “Un appel international envue de renforcer l’application de la Conventionrelative aux Droits de l’Enfant par la rédactiond’un protocole facultatif prévoyant uneprocédure de communication”.

Pour signer cette pétition, prière de visiter:http://www.crin.org/petitions/petition.asp?petID=1007

La violence contreles enfants: on attenddoujours unreprésentant spécialL’année dernière, plus de milles organisations de100 pays différents ont adressé une pétition àl’Assemblée Générale pour qu’elle établisse unreprésentant spécial pour la violence contre lesenfants. En réponse à cette pétition, l’Assembléea adopté une résolution, votée par 183 Etatsmembres, prenant l’engagement de créer un telposte. On n’a toutefois aucune nouvelle de lapersonne pressentie pour ce poste ni quandcelui-ci sera pourvu.

Ecrire au Secrétaire Général des Nations Uniesà [email protected]

Appel pour mettre finaux executionsde mineursTous les Etats du monde ont ratifié ou adhèreaux traités les obligeant à garantir que lesdélinquants mineurs – les personnes ayant moinsde 18 ans au moment du crime – ne soientjamais condamnés à mort. La grande majoritédes Etats respectent cette obligation: Seuls CinqEtats sont connus pour avoir exécuté desdélinquants mineurs depuis 2005.

Sur ces 3 dernières années, au moins 32personnes ont été exécutées dans ces 5 Etatspour des crimes commis lorsqu'ils étaientenfants et plus de 100 autres délinquantsmineurs se trouvent actuellement dans le couloirde la mort. Il est fort probable que le nombreréel d'exécutions et de condamnations à mortsoit supérieur, étant donné que peu de paysrendent publique les informations sur lescondamnations à mort prononcées contre lesdélinquants mineurs.

La Pétition sera présentée a L'AssembléeGénérale en octobre 2008. Signer la pétition:http://www.crin.org/petitions/petition.asp?petID=1012#si

Le Troisième congrèsmondialLe Troisième congrès mondial contrel’exploitation sexuelle commerciale des enfantset adolescents aura lieu à Rio, au Brésil, du 25au 28 novembre prochain pour faire le point desprogrès mondiaux dans la lutte contre ce typed’exploitation et définir un programme d’action.

Ce congrès fera suite au deuxième congrès,qui s’est tenu en 2001 à Yokohama, au Japon;le premier de ces congrès mondiaux a eu lieuà Stockholm en 1996.

Pour en savoir plus:http://www.ecpat.net/World_Congress/congress/index.php.

La DéclarationUniverselle desDroits de l’Hommecélébrera son 60èmeanniversaire le 10décembre 2008. Le 10 décembre 2007, les Nations Unies ontentamé une campagne d’un an devant aboutirau 10ème anniversaire de la DéclarationUniverselle des Droits de l’Homme (DUDH).La Journée des Droits de l’Homme 2008 servirade rappel mondial de la cause des droits del’homme.

La DUDH détient un record parmi les documentsles plus traduits du monde parce qu’elle a ététraduite dans plus de 360 langues. La DUDHreprésente la première reconnaissanceinternationale du fait que tous les êtres humainsont des droits et des libertés fondamentaux.Ce document n’a rien perdu de sa pertinenceaujourd’hui.

Des précisions complémentaires sur la Journéedes Droits de l’Homme 2008 seront disponiblessous peu à:http://www.crin.org/resources/events/

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Réseau d’information des droits de l’enfant (CRIN)

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Non discriminationProchainement, CRIN lancera un nouveauportail consacré à la lutte contre ladiscrimination infantile. Partant de laconstatation que les enfants font l’objet d’unediscrimination en raison de leur âge, ce portailfournira des outils pour mieux comprendrecomment cette discrimination affectel’ensemble des droits et servira de plate-formede plaidoyer. L’idée est d’encourager lesdéfenseurs des droits de l’enfant à œuvrerpour la suppression de barrières (par exemple,juridiques, environnementales et au niveaudes attitudes) à l’inclusion de l’enfant dansla société. Il comprendra des fichiersd’information sur le plaidoyer, des outilsjuridiques, un forum d’apprentissage, desexemples de bonnes pratiques, tout enattirant l’attention sur des perspectives decampagne et en encourageant les actionsde plaidoyer par les jeunes.

Si vous souhaitez faire connaître des exemplesde bonnes pratiques en matière de plaidoyermené par les jeunes ou de non discrimination,veuillez contacter [email protected]

Bureau régional pour leMoyen-Orient et l’Afriquedu NordLe premier bureau régional de CRIN, situéau Caire, est désormais opérationnel. Ces sixderniers mois, nous avons établi des relationsavec plusieurs ONG arabes, principalementirakiennes, syriennes, jordaniennes etégyptiennes, et avons lancé un CRINMAILen langue arabe. Nous avons traduit desrapports, informations et événements enlangue arabe et de l’actualité provenant dumonde arabe en anglais.

Pour plus de précisions, contacter EmanHerzallah chez [email protected]

Les enfants et la ville:manifestations prochaines

Conférence Nordique sur les enfants enmilieu urbain Date: 30 – 31 octobre Lieu: Oslo, NorvègeOrganisé par: Norsk Form et l’Associationarchitecturale norvégienne (en norvégien)Visiter:http://www.norskform.no/default.asp?V_ITEM_ID=1442

L’Enfant dans la Ville 2008Date: 3 – 5 Novembre 2008Lieu: Rotterdam, Pays-BasOrganisé par: Child in the City FoundationVisiter:http://www.crin.org/resources/infoDetail.asp?ID=16189&flag=event

Forum mondial de la jeunesse urbaine(quatrième session)Date: 1 – 2 Novembre 2008Lieu: Nanjing, ChineOrganisé par: UN HABITATVisiter:http://www.crin.org/resources/infoDetail.asp?ID=17803&flag=event

ICLEI Congrès mondial desGouvernements locaux pour ledéveloppement durableDate: 14 – 18 juin 2009Lieu: Edmonton, CanadaOrganisé par: Les Gouvernements locauxpour le développement durableVisiter:http://www.iclei.org/index.php?id=1482

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Publications importantes

State of the World’s Cities 2006/07, UN HabitatISBN: 92/1/131811-4 ($35)

Agenda 21, Nations uniesAgenda 21 est un programme d’action lancéà l’occasion du Sommet de la Terre tenu à Riode Janeiro en 1992. Il examine chaque aspectdu développement humain sous l’angle de sonimpact sur l’environnementhttp://www.crin.org/resources/infoDetail.asp?ID=17849&flag=report

State of the World’s Population 2007: Unleashing the Potential of Urban Growth(UNFPA, June 2007).http://www.crin.org/resources/infoDetail.asp?ID=17168&flag=report

Sites web importants

Africa Population and Health ResearchCentre Inc. L’APHRC mène des recherchessur des questions démographiques et sanitairesdans l’Afrique sub-saharienne, s’intéressantnotamment aux zones urbaines.

Children’s Environments Research Group(CERG)Le CERG représente un lien entre la rechercheacadémique et l’élaboration des politiquesd’environnements et de programmes en faveurde la réalisation des droits de l’enfant et àaméliorer la qualité de vie des enfants. Ils’occupe de la planification, de la conceptionet de la gestion d’environnements physiquespour les enfants et, de manière plus générale,de la réalisation des droits de l’enfant.http://web.gc.cuny.edu/che/cerg/

Projet des Villes accueillantes pour lesenfants Centre de recherche Innocenti del’UNICEFwww.childfriendlycities.org

City MayorsCity Mayors est un réseau international deprofessionnels consacrés à la promotioncommune de villes saines et prospères ainsique d’un bon gouvernement local. Ce réseauexamine comment les maires des villes etautres responsables de métropoles peuventélaborer des solutions à des problèmes urbainsde longue durée.www.citymayors.com/

Consortium for Street ChildrenCSC réunit 56 organisations britanniquestravaillant dans 89 pays pour défendre le bien-être et les droits d’enfants vivant dans larue ou astreints au travail, ainsi que d’enfantss’exposant à des risques en adoptant la viede la rue.www.streetchildren.org.uk

European Network Cities for Children(Réseau européen des villes pour lesenfants)Ce réseau offre aux villes européennes unetribune d’échange et d’élaboration deconcepts progressifs, débordant les frontièresnationales, sur les moyens de promouvoir lebien-être d’enfants, de jeunes et de parentsdans un environnement urbain.www.citiesforchildren.eu

Famine Early Warning System Network(Fewsnet – Réseau d’alerte précoce defamines)Fewsnet collabore avec des partenairesinternationaux, régionaux et nationaux en vuede fournir une information d’alerte avancée etde vulnérabilité sur les problèmes émergents etévolutifs de sécurité alimentairewww.fews.net/Pages/default.aspx

Glocal ForumGlocal Forum est un réseau visant àpromouvoir les rapports entre les ressourceslocales, les dirigeants des villes et les jeunescitoyens d’une part, et les ressourcesmondiales d’autre part, et à réunir descompétences pour trouver un équilibre dansla croissance mondiale et les besoins locaux.www.glocalforum.org

Growing up in Cities ProjectUn programme international visant à convierles enfants, jeunes et gouvernements dansun travail d’évaluation et d’amélioration desadministrations locales.www.unesco.org/most/guic/guicmain.htm

Healthy Environments forChildren AllianceHECA est une alliance mondiale visant àréduire les risques que l’environnement faitplaner sur la santé des enfants en raison deleur cadre de vie, apprentissage, jeu et, parfois,travail, en promouvant la connaissance, unemeilleure volonté politique et la mobilisationde ressources, et en catalysant des actionsintensives et urgentes.www.who.int/heca/en

Association Intrernationale des VillesEducatrices (AIVE)L’AIVE s’emploie à promouvoir l’adhésion àla Charte des villes éducatrices et encouragela collaboration et l’action commune parmiles villesw10.bcn.es/APPS/eduportal/pubPortadaAc.do

Institut international pourl’environnement et le développementUn institut international de recherche depolitiques et une organisation nongouvernementale oeuvrant à undéveloppement mondial durable et équitable.http://www.iied.org/HS/index.html

Pour les jeunes

Tunza for Youth – Programme desNations Unies pour l’Environnement Tunza vise à développer des activités enmatière de construction de capacités,sensibilisation environnementale et échanged’information. Sa vision est d’encouragerl’émergence d’une génération de citoyensconscients de l’environnement et capablesd’entreprendre des actions positives.www.unep.org/tunza/youth/

Youth XchangeYouthxchange a pour but d’aider lesformateurs et individus de parvenir à unecompréhension sur les styles de vie durableset de pouvoir communiquer à ce sujet.www.youthxchange.net/main/home.asp

Documentations

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Informations

CRIN est un réseau mondial de coordinationet de promotion de l’information et de l’actionsur les droits de l’enfant. Près de 2000organisations membres et des dizaines demilliers d’activistes à travers le mondedépendent de CRIN pour les travaux derecherche et l’information.

CRIN milite pour que les enfants jouissent dedroits, non de charité, et s’emploie avecpassion à placer le dossier des droits del’enfant en tête de l’ordre du jour mondialen affrontant les causes fondamentales et enpromouvant des changements systématiques.Son cadre directeur est constitué par laConvention des Nations Unies relative auxDroits de l’Enfant (CDE).

Les activités de CRIN se fondent sur lacertitude que l’information constitue un outilperformant pour la réalisation des droits del’enfant. CRIN distribue des actualités, uneinformation sur les événements et desrapports. Il appuie les actions de plaidoyerainsi que le partage et la coordination desconnaissances. CRIN participe aux coalitionsinternationales et aux groupes de plaidoyerpour la défense des droits de l’enfant; ilsoutient les campagnes et facilite l’accès auxmécanismes onusiens et régionaux au profitde ceux qui font campagne pour lechangement social.

Numéros précédentsLa Revue de CRIN nº21, novembre 2007:Une génération plus tard: faire appliquer lesdroits de l’enfant

Bulletin de CRIN nº20, février 2007: Les droitsde l’enfant

Bulletin de CRIN nº19, mai 2006: Les enfantset la violence

Bulletin de CRIN nº18, mars 2005:Programmation basée sur les droits avec lesenfants: introduction

Bulletin de CRIN nº17, mai 2003: Les droitsde l’enfant et le secteur privé

Bulletin de CRIN nº16, octobre 2002:La participation des enfants et des jeunes

Bulletin de CRIN nº15, mars 2002: Intégrationdes droits de l’enfant

Bulletin de CRIN nº14, juin 2001: La Sessionextraordinaire consacrée aux enfants

Bulletin de CRIN nº13, novembre 2000:Les enfants et la macroéconomie

Bulletin de CRIN nº12, mars 2000: L’éducation

Un site webMis à jour régulièrement, le site web de CRIN,qui constitue une source d’informationimportante sur les questions touchant auxdroits de l’enfant, contient des références surdes milliers de publications, une actualitérécente, une information sur les événementsfuturs ainsi que sur les organisations travaillantpour les enfants à travers le monde. Le sitecontient également des rapports soumis par lesONG au Comité des Nations Unies sur lesDroits de l’Enfant. CRIN propose aussi deuxsites web thématiques sur la programmationfondée sur le droit et sur la violence frappantles enfants.

CRIN accueille les sites web des organisationssuivantes: Le groupe d’ONG pour laConvention relative aux Droits de l’Enfant,le Réseau Européen des Médiateurs pour lesEnfants (ENOC), le Better Care Network (BCN),et le Réseau Européen des Enfants (EURONET).

Un service d’information parcourrier électroniqueCRIN diffuse un certain nombre d’actualitéspar courriel en anglais, français, espagnol etarabe, ainsi que des actualités thématiques.Le principal CRINMAIL est diffusé deux fois parsemaine et fournit une information surl’actualité la plus récente, des rapports et desévénements sur les droits de l’enfant. Pour s’yabonner et les lire en ligne, veuillez visiter:www.crin.org/email.

Une revuePubliée chaque année, la CRIN Review(anciennement CRIN Newsletter) est unepublication thématique examinant les dossiersspécifiques concernant les enfants.

Child Rights Information Networkc/o Save the Children1 St. John’s Lane, Londres EC1M 4ARRoyaue-Uni

Tél: +44 (0) 20 7012 6866Fax: +44 (0) 20 7012 6963Email: [email protected]://www.crin.org

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