24
PARTAGER LES EXPÉRIENCES ET LES EXPERTISES EN PHILANTHROPIE FONDATIONDEFRANCE.ORG RETOUR SUR L’ANNÉE 2019 HORS-série 2019 ENVIRONNEMENT P.7 Le labo de la transition écologique DÉVELOPPEMENT TERRITORIAL P.12 La volonté d’agir ICI ÉDUCATION P.17 Protéger les plus vulnérables, libérer les talents ! RECHERCHE MÉDICALE P.21 Une philanthropie audacieuse

RETOUR SUR L’ANNÉE 2019 - Fondation de France

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: RETOUR SUR L’ANNÉE 2019 - Fondation de France

PA

RTA

GER

LES

EXP

ÉRIE

NC

ES E

T LE

S EX

PER

TISE

S EN

PH

ILA

NTH

RO

PIE

FONDATIONDEFRANCE.ORG

RETOUR SUR L’ANNÉE2019

HORS-série2019

ENVIRONNEMENT P.7Le labo de la transitionécologique

DÉVELOPPEMENTTERRITORIAL P.12La volonté d’agir ICI

ÉDUCATION P.17Protéger

les plus vulnérables,libérer les talents !

RECHERCHE MÉDICALE P. 21Une philanthropie

audacieuse

Page 2: RETOUR SUR L’ANNÉE 2019 - Fondation de France

La générosité, une aventure collective

Qu’il s’agisse de transition écologique, de lien social dans les territoires, de recherche sur la schizophrénie ou d’accompagnement des élèves « décrocheurs », le bouquet d’initiatives présentées dans ce numéro spécial témoigne de la diversité de nos engagements ; car la philanthropie se conjugue toujours au pluriel. Parce que le monde est trop complexe pour mobiliser des savoirs isolés, il faut inventer des solutions qui engagent et croisent des disciplines variées. Parce que les risques sont systémiques, il faut penser ensemble les questions de précarité, d’environnement, de culture ! Et parce que les défis sont immenses, aucun acteur ne peut prétendre agir seul efficacement.

En 50 ans, la philanthropie a su fédérer une nouvelle génération de citoyens et d’entrepreneurs aux côtés des acteurs de terrain et de milliers de bénévoles. Tous, à leur niveau, expérimentent de nouvelles formes d’altruisme, retissent des liens sociaux. Ils tentent « d’empêcher que le monde ne se défasse », comme l’écrivait Albert Camus. Or, par son histoire et sa place de premier réseau philanthropique, la Fondation de France peut et doit être un accélérateur de coopérations. Notre métier est d’accompagner toutes les formes de générosité : don, bénévolat, mécénat, fondations abritées. Et notre valeur ajoutée est de former le creuset où ces générosités se rencontrent, confrontent leurs expériences, imaginent des projets communs. Pour lutter contre toutes les fractures et toutes les injustices. Ensemble.

ÉDITO

— AXELLE DAVEZAC, DIRECTRICE GÉNÉRALE

ÇA S’EST PASSÉ LE ...

ParisConsommer local en AfriqueÀ l’occasion des 10 ans du programme Promotion de l’agriculture familiale en Afrique de l’Ouest s’est déroulé à l’institut AgroParisTech le séminaire international « Consommer local : l’avenir de l’alimentation en Afrique de l’Ouest ? ». Plus de 30 organisations ouest‑africaines et françaises et de nombreux partenaires ont participé à cet événement, co‑organisé par la Fondation de France et le Comité français pour la solidarité internationale (CFSI). L’occasion de faire le point sur les enjeux du « consommer local » et sur les 220 projets soutenus depuis 2009.

9JANVIER

La Fondation de France célèbre ses 50 ans au service de l’intérêt généralLe 9 janvier 2019, la Fondation de France fêtait ses 50 ans. Créée pour « faire grandir la philanthropie à la française », elle n’a eu de cesse d’accompagner toutes les formes de générosité. Les valeurs qui la guident sont restées les mêmes : l’engagement, la créativité, la proximité et l’exigence, ferments de la confiance partagée avec les donateurs, les bénévoles et tous les fondateurs qui ont choisi la Fondation de France pour réaliser leur projet philanthropique.

26-28FÉVRIER

31JANVIER

28MARS

Dans le mondeLa Nuit des idées face au présent

« Face au présent », c’est le thème choisi pour l’édition 2019 de la Nuit des idées. Organisée par l’Institut français en partenariat avec la Fondation de France, cette nuit a été l’occasion de débattre et d’échanger dans des lieux de savoir et de culture, partout dans le monde, sur les grands sujets de société. Une approche qui fait écho à celle de la Fondation de France : « Miser sur la participation, faire confiance à la société civile et l’intelligence collective pour imaginer et développer les solutions aux défis de notre époque », a déclaré Axelle Davezac, directrice générale de la Fondation de France.

HORS-série2019

Page 3: RETOUR SUR L’ANNÉE 2019 - Fondation de France

3

ParisDe jeunes virtuoses à l’honneurDouze jeunes musiciens talentueux étaient réunis le 11 avril 2019 au Conservatoire national de musique et de danse de Paris. Tous bénéficient du soutien de fondations abritées à la Fondation de France, et ont été sélectionnés sur des critères d’excellence et des critères sociaux. Sur scène, anciens et nouveaux lauréats se sont retrouvés pour un concert de grande qualité.

11AVRIL

15AVRIL

MontpellierDes arbres

dans nos assiettesÀ l’occasion du 4e Congrès mondial de l’agroforesterie, la Fondation de France et l’Association française d’agroforesterie ont organisé une journée portes ouvertes intitulée « Une agriculture durable, un sujet alimentaire : des arbres dans nos assiettes ! », le 19 mai à Montpellier. Une belle occasion de sensibiliser près de 2 000 personnes aux vertus de l’agroforesterie, une approche qui associe sur une même parcelle les arbres, les cultures ou l’élevage.

19MAI

ParisLa recherche médicale, un acte de confiance« Il y a un lien très fort entre philanthropie et recherche, qui sont des actes de confiance. Confiance dans l’avenir, dans la capacité d’agir. » C’est ainsi que Pierre Sellal, président de la Fondation de France, a ouvert la Soirée de la recherche médicale. Treize lauréats ont été récompensés pour leurs projets ambitieux et porteurs d’espoir pour les malades et leurs proches.

Retrouvez notre dossier spécial Recherche médicale p. 21

ParisLiberté, égalité, philanthropie !Comment la philanthropie peut‑elle contribuer à défendre les droits fondamentaux, la liberté, l’égalité et la fraternité ? Plus de 600 acteurs de la philanthropie européenne se sont rassemblés du 22 au 24 mai à Paris pour en débattre lors de la Conférence annuelle de l’European Foundation Centre. Bassma Kodmani, Plantu, Lionel Zinsou, Ghada Hathem, Frédérique Bedos… ces personnalités ont exprimé leur point de vue autour du thème « Liberté, égalité, philanthropie ». Axelle Davezac, directrice générale de la Fondation de France qui co‑organisait la conférence, a souligné les atouts de la philanthropie : « Les fondations ont une place et un rôle à la fois précieux et original. Celui de conjuguer l’agilité, pour répondre aux urgences et soutenir l’innovation sociale, et la capacité à agir à long terme, indispensable pour peser durablement sur la réalité ».

22-24

MAI

ParisRebâtir Notre-DameLe 15 avril 2019, Notre‑Dame de Paris était frappée par un incendie ravageur. Ce drame a provoqué une vive émotion à travers la France et dans le monde entier. S’appuyant sur son savoir‑faire en matière d’urgence, la Fondation de France a ouvert un fonds dédié pour permettre à ses donateurs, partout dans le monde, d’exprimer leur générosité et de participer à la reconstruction de ce joyau du patrimoine français.

ENSEMBLE

Page 4: RETOUR SUR L’ANNÉE 2019 - Fondation de France

...

AntillesSolidarité Antilles, deux ans aprèsLe 6 septembre 2017, les ouragans Irma et Maria frappaient Saint‑Martin et Saint‑Barthélemy. Deux ans plus tard, la Fondation de France reste présente sur le terrain pour accompagner durablement la reconstruction. Après avoir donné la priorité à l’aide de première nécessité, elle soutient des projets de relance économique, de reprise des activités culturelles et éducatives et de prévention des risques de catastrophe naturelle…

24SEPTEMBRE

ParisDes Déclics innovants et engagésVingt jeunes de 18 à 30 ans ont été récompensés lors de la soirée Déclics jeunes pour leur projet innovant et engagé. Parmi eux, Capucine, qui réalise une bande dessinée pour raconter la vie après un accident, ou Samuel, qui utilise l’algue verte comme matériau naturel pour réaliser des objets design. Tous ont été choisis par un jury présidé cette année par l’actrice et réalisatrice Agnès Jaoui.

ParisLauriers 2019

Célébrer l’engagementLe 17 juin, à la Maison de la radio, la Fondation de France et trois fondations abritées – Adrienne et Pierre Sommer, Afnic et Marie‑José Chérioux – décernaient leurs Lauriers à 17 projets innovants, répondant à des besoins majeurs en matière d’éducation, d’environnement, de dignité humaine ou d’accès à l’emploi. France Bleu, partenaire de l’opération, a décerné son prix Coup de cœur à Hayette Louail pour son projet « Un regard pour toi », qui permet à des personnes déficientes visuelles d’être accompagnées pour leur séance de shopping. Pour Franz‑Olivier Giesbert, président du jury des Lauriers 2019, « cette soirée donne de l’espoir en l’humain ».

15SEPTEMBRE

14-19OCTOBRE

Brest et archipel du PonantÎles 2019 : regards croisés des sciences, des cultures et de la sociétéOrganisé à l’initiative de la Fondation de France, de l’Université de Bretagne Occidentale et des îles du Ponant, l’événement « Îles 2019 » invitait scientifiques, artistes, citoyens et représentants des collectivités à débattre des grands enjeux auxquels font face les îles aujourd’hui. Entre ateliers participatifs et colloque scientifique, les participants ont pu confronter leurs points de vue et émettre des recommandations. Yann Tiersen, parrain de l’événement, a conclu la semaine par un concert sur son île natale d’Ouessant.

Retrouvez nos actions dans le domaine de l’environnement p. 7

17JUIN

HORS-série2019

4

Page 5: RETOUR SUR L’ANNÉE 2019 - Fondation de France

ParisLe Grand Rendez-Vous« Parlons Psy »Comment mieux accompagner et mieux intégrer les personnes souffrant de maladies psychiques ? Le 9 décembre, lors du Grand Rendez‑Vous Parlons Psy, organisé par la Fondation de France et l’Institut Montaigne, six propositions ont été révélées pour répondre à cet enjeu majeur de société. Des recommandations concrètes issues d’une concertation menée dans toute la France, durant près deux ans, avec tous les acteurs concernés : patients, proches, soignants, pouvoirs publics…

Retrouvez les mots pour parler des maladies psychiques p. 20

ParisForum national des associations et fondationsLe rendez-vous des acteurs de la générositéPartenaire du Forum national des associations et fondations, la Fondation de France a organisé des conférences et ateliers sur les grands enjeux qui traversent le secteur : les Objectifs de développement durable, la sécurité informatique ou encore l’évaluation des projets.

16OCTOBRE

OCTOBRE-DÉCEMBRE

14NOVEMBRE

DÉCEMBRE

9DÉCEMBRE

ParisRéveillons la solidarité !Les Réveillons de la solidarité de la Fondation de France ont permis, cette année encore, à des associations de rassembler des personnes isolées, âgées, souffrant de handicaps, des personnes vivant à la rue, des migrants, des jeunes précaires, des familles monoparentales fragiles… Au cours des 150 réveillons, ouverts aux habitants et commerçants du quartier, 25 000 personnes ont pu partager un moment convivial pendant les fêtes de fin d’année.

MontreuilVoix d’avenirAgir ensemble pour transformer la sociétéÀ l’initiative de la Fondation de France, plusieurs centaines d’associations, bénéficiaires, fondations, bénévoles et partenaires se sont réunis au Palais des Congrès de Montreuil pour une journée d’échanges et de témoignages autour de la participation, composante essentielle des actions d’intérêt général. L’objectif de cette journée inédite ? Mettre en lumière l’importance de la concertation, une démarche au cœur des missions de la Fondation de France depuis sa création.

Aix-en-Provence, Bordeaux, Lyon, Nantes, ParisDes événements culturels pour fêter 50 ans de philanthropieUne projection du film The Immigrant, de Charlie Chaplin, à Nantes, des concerts à Aix‑en‑Provence et Bordeaux, la visite du Grand Hôtel‑Dieu à Lyon, une répétition exceptionnelle au théâtre du Châtelet du spectacle Les Justes, d’Abd Al Malik… autant d’événements organisés à travers la France à l’occasion des 50 ans de la Fondation de France qui ont réuni tous ceux qui font la Fondation de France : donateurs, fondateurs, bénévoles et porteurs de projet…

5ENSEMBLE

Page 6: RETOUR SUR L’ANNÉE 2019 - Fondation de France

29 %Action sociale

17 %

24 %

Action sociale

Arts et culture

18 %

Santé et recherche médicale

ZOOM SUR LES FONDATIONS EN FRANCE

Le secteur philanthropique est en plein développement en France : un tiers des 2 500 fondations ont été créées depuis 2010. Le poids économique des fondations croît rapidement, avec 26,5 milliards d’euros d’actifs et 10 milliards d’euros de dépenses annuelles pour l’intérêt général en 2017. L’intervention des fondations porte en premier lieu sur l’action sociale et concerne en priorité les enfants et les jeunes, et elles agissent avant tout au niveau local. Extraits de l’étude de l’Observatoire de la philanthropie de la Fondation de France publiée en 2019.

QUI CRÉE DES FONDATIONS ? + 34 %

DE DÉPENSES ANNUELLES en quatre ans

Principaux domaines d’intervention des fondations

En nombre de fondations, hors fonds de dotation

En dépenses

2009 2013 2017

47 %

Santé & recherche médicale

6 %Arts et culture

6 %

Éducation et enseignement

supérieur

Âge des fondateurs à la création

de la fondation

Moins de

35 ans

De 35 à

54 ans

65 ans et

plus

De 55 à

64 ans

Le total est supérieur à 100 % car chaque fondation peut avoir plusieurs fondateurs.

Un poids économique important et en forte

croissance

Nombre d’entités

Dépenses

81 %

75 %

19 %

25 %

Fondations opératrices Fondations distributives

Les fondations françaises dépensent

en moyenne

38 %

DE LEURS ACTIFS par an

31 % 25 %34 %

RÉPARTITION SELON LE MODE OPÉRATOIRE(en 2017, hors fonds de dotation)

10 %

PARTICULIERS

54 %

ENTREPRISES

36 %

ASSOCIATIONS

12 %

CONGRÉGATIONS

1 %

ÉTABLISSEMENTS D’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

ET RECHERCHE

6 %AUTRES

7 %

6EN CLAIR

Page 7: RETOUR SUR L’ANNÉE 2019 - Fondation de France

« Le monstre » : c’est ainsi que les Australiens ont qualifié la vague d’incendies qui a dévasté le pays cet hiver. Quatre-vingt mille km2

ravagés, un milliard d’animaux tués (dont cer-taines espèces endémiques), dix millions d’ha-bitants intoxiqués… La vague de sécheresse qui a touché l’Australie, à l’origine de cet embrase-ment, a démontré les effets délétères du chan-

gement climatique, et souligné l’urgence d’agir. Et plus globalement, un constat s’impose : les activités humaines ont rompu les grands équi-libres naturels de la Terre et du climat, mena-çant à terme la survie des espèces.Un changement de trajectoire global s’impose, portant sur l’ensemble de nos modes de vie, de production, d’habitation, de déplacement, d’alimentation.

83 FONDATIONS

ABRITÉESse mobilisent

pour l’environnement

Changement climatique, pollutions, épuisement des ressources, effondrement de la biodiversité… les activités humaines ont de lourdes conséquences

sur l’environnement. En 2050, nous serons près de 10 milliards sur Terre ! Comment inventer un autre rapport à la nature et au vivant et préserver ainsi notre planète ? Depuis les années 1970, la question mobilise la Fondation de

France et de nombreuses fondations abritées.

PHILANTHROPIELE LABO DE

LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE

ENVIRONNEMENT

Page 8: RETOUR SUR L’ANNÉE 2019 - Fondation de France

Un sujet à 360°Pour relever un tel défi, les pouvoirs publics et les autorités internationales ont un rôle de régulation déterminant… « Mais les citoyens, le monde associatif et la recherche ont aussi un rôle majeur, souligne Thierry Gissinger, responsable du programme Environnement à la Fondation de France. Une révolution aussi radicale et aussi complexe ne peut se faire sans la société civile et sans les scientifiques. C’est là que le mouvement philanthropique a toute sa place. » Explorer le champ des inter-actions homme/environnement, soutenir la recherche, accompagner les collectifs qui expérimentent la transition écologique, faire dialoguer les experts, les citoyens, les acteurs économiques… autant d’axes d’intervention qui mobilisent la communauté Fondation de France. « Dérèglement climatique, épuisement des ressources et de la biodiversité, pollutions… en matière d’environnement, tout est lié, et les risques sont systémiques, souligne Laëtitia Bertholet, responsable du programme Tran-sition écologique. C’est pourquoi nous inter-venons dans tous les domaines : urbanisme, production d’énergie, agriculture, alimentation, mobilités douces, recyclage et économie circu-laire, protection de la biodiversité, gestion des ressources, éducation, activités touristiques… le champ est vaste. » La Fondation de France soutient ainsi chaque année une cinquantaine d’initiatives innovantes. Des projets ancrés dans les territoires et portés par les citoyens eux-mêmes. Exemples : un projet « zéro insec-ticide » dans l’Aude, une cantine sobre en énergie et en déchets à Montpellier, un village mobi lisé contre la pollution lumineuse en Dordogne, ou la réappropriation d’une friche industrielle dans l’Yonne… « Au-delà de la diversité de toutes ces initiatives, notre objectif est de faire émerger des modèles duplicables à grande échelle », explique Laëtitia Bertholet.

Agir pour une agriculture responsable Même ambition dans la démarche engagée par la Fondation Daniel et Nina Carasso, qui se concentre sur la refonte globale de notre système alimentaire. Cette révolution aura des consé-quences en cascade : des progrès en matière de santé, des paysages et une biodiversité pré-servés, une meilleure captation de carbone, de nouvelles coopérations économiques ! À tra-vers son programme Transitions alimentaire et agro écologique, copiloté avec la Fondation de France, elle propose aux acteurs locaux (agri-culteurs, consommateurs…) et aux chercheurs de s’associer pour tester, évaluer et diffuser des expérimentations en matière de production et de consommation alimentaires. Parmi les quelque 130 projets soutenus, une dizaine d’expérimen-tations concernent la permaculture. Ce mode de production, qui s’appuie sur les dynamiques naturelles, favorise les interactions entre espèces végétales et animales et s’affranchit des pesti-cides. « Les recherches ont produit des résultats concrets et validés, dont les jeunes permaculteurs peuvent se saisir, indique Guilhem Soutou, res-ponsable du programme Alimentation durable

de la Fondation Daniel et Nina Carasso. Nous avons ainsi contribué à l’éclosion d’un mouvement qui continue à prendre de l’ampleur. Aujourd’hui, nous mettons aussi l’accent sur le passage de l’agroécologie à une grande échelle. Pour une production alimentaire plus résistante face au réchauffement, plus respectueuse des équilibres naturels… et de la santé humaine. »

La recherche, acteur du changementSi le constat des dérèglements environnemen-taux fait l’unanimité au sein de la communauté scientifique, les mécanismes en jeu et les solu-tions pour y répondre sont loin d’être tous connus et partagés. Or, agir au plus juste dans des écosystèmes fragiles et complexes néces-site de mesurer, comprendre les phénomènes, puis tester des solutions à petite échelle, obser-ver leurs effets et envisager leur déploiement. C’est la méthode adoptée dans le cadre des pro-grammes Littoral et Agroforesterie de la Fonda-tion de France. Les projets de recherche-action soutenus associent étroitement les chercheurs et les acteurs des territoires : citoyens, rive-rains, collectivités, acteurs économiques… Tous s’impliquent dans des travaux relevant de disciplines aussi variées que la biologie, la géo-graphie, l’urbanisme, la psychologie sociale et même la philosophie ! Sur le littoral et la mer, par exemple, 130 projets ont été financés depuis 2011. De nombreuses fondations abritées mobi-lisent leurs ressources pour faire avancer la science pour « outiller » la décision publique en matière de protection de l’environnement. Engagée depuis 2010 sur ces enjeux, la Fonda-tion BNP Paribas va ainsi doter son programme Climate & biodiversity initiative de six mil-lions d’euros entre 2020 et 2022 pour finan-cer et valoriser neuf projets internationaux de recherche. Leurs sujets d’étude ? Les impacts de la fonte des glaciers sur la biodiversité mon-diale, la résilience des écosystèmes côtiers

Canicules : et si le fœtus souffrait, lui aussi ?En 2012, la Fondation de France lance le programme Santé publique et environnement : un million d’euros par an sont investis pour explorer l’impact des facteurs environne‑mentaux sur la santé humaine. « Le champ d’investigation est alors immense, et encore quasiment vierge, explique Fanny Herpin, responsable du programme Recherche médicale. Les projets soutenus cherchent à mesurer, par exemple, l’effet des pics de chaleur sur le développement du fœtus et du jeune enfant, les liens entre activités agricoles et cancers de l’enfant, ou encore le rôle de la pollution sonore sur la santé. Nous sélectionnons une dizaine de projets par an, avec un fil rouge : identifier des sujets réellement stratégiques, là où une meilleure compréhension des mécanismes en jeu pourra éclairer les politiques publiques de prévention. »

DEPUIS 10 ANS, LE PROGRAMME ENVIRONNEMENT A FINANCÉ…

• 59 bourses de thèse et post‑doctorat en Agroforesterie

• 130 projets de recherche-action sur le Littoral

• 127 projets sur l’axe Alimentation durable

• 502 projets sur l’axe Transition écologique

8 ENVIRONNEMENT

Page 9: RETOUR SUR L’ANNÉE 2019 - Fondation de France

face aux événements climatiques extrêmes ou encore la reforestation des écosystèmes perturbés. D’autres agissent pour la préserva-tion des espèces ou l’adaptation des pratiques humaines (agriculture, élevage…). La Fondation Humus, par exemple, soutient des dizaines de projets comme l’expédition Tara sur l’évolu-tion des récifs coralliens, le projet Vercors vie sauvage, qui vise à créer un sanctuaire pour la faune et la flore, ou encore le développement des serres bioclimatiques (utilisant l’énergie solaire) ou l’expérimentation de modes d’éle-vage plus écologiques.

Sensibiliser les citoyens, former les générations futuresEnfin, agir à différentes échelles, c’est aussi impli quer toutes les générations et mobiliser

Environnement sans frontières À la fois multicauses et multi‑effets, le défi climatique concerne tous les domaines de l’activité humaine. C’est pourquoi la Fondation de France a décidé de mettre la question environnementale au cœur de tous les projets qu’elle soutient. Exemples ? Dans le domaine de l’habitat, elle privilégie les projets d’écoconstruction, d’écorénovation, de sobriété

énergétique ou de végétalisation des villes. Dans les interventions post‑urgences, elle encourage les projets qui renforcent la résilience des hommes et de la nature face aux futurs événements climatiques extrêmes.

tous les leviers de communication. Depuis juin 2019, la Fondation de France est la mar-raine de B., la première abeille influenceuse sur Instagram. Une action de sensibilisation grand public pour alerter sur la disparition des abeilles et développer la collecte de fonds pour mener des actions efficaces de sauve-garde de ces pollinisateurs essentiels aux cultures agricoles. La Fondation de France a également rénové le parc de Branféré, en Bretagne, reçu par legs en 1988. Bien plus qu’un parc animalier, c’est aujourd’hui un lieu de conservation d’espèces menacées, de recherche et d’éveil à l’écologie. Il héberge l’École Nicolas Hulot, qui organise des séjours pour les jeunes dès huit ans. L’ob-jectif : former les nouvelles générations aux enjeux du développement durable, au respect de la biodiversité, de la protection de la vie sur Terre, tout simplement !

22MILLIONS D’EUROS

C’est le montant total des engagements de la Fondation

de France et des fondations

abritées dans le domaine

de l’environnement.

Page 10: RETOUR SUR L’ANNÉE 2019 - Fondation de France

Le président de la Fondation Eau, neige et glace est chirurgien‑den‑tiste à Annecy. Mais il s’en est fallu d’un rien pour que Serge Martinot ne choisisse de devenir explorateur et ne parte à l’aventure dans les déserts glacés. La révélation, et l’hé‑sitation, datent de la fin de ses études. Il se lance alors dans une expédition en totale autonomie dans le Grand Nord canadien. À bord d’un canoë, il se confronte à la sauvagerie des origines. Il chasse et pêche pour se nourrir, peine à allumer un feu, tient en respect les ours. Il se souvient du choc ressenti : « C’est comme si j’étais redevenu un homme pré historique. J’ai pris conscience de l’univers dans lequel on vit, de sa beauté, de sa force, de sa fragilité. En survie, on n’est plus prédateur ».

Depuis, il a continué à aller vers les confins du monde, de l’île du Spitzberg au désert du Hoggar. Ce sportif de 60 ans, marié et père de deux grands enfants, aurait pu se contenter de ces expéditions engagées et de la qualité de vie qu’offrent les environs du lac d’Annecy pour qui aime le ski, l’alpinisme, la voile. Mais, voici dix ans, celui qui séjourne souvent à La Clusaz a réalisé combien l’eau des montagnes pour‑rait venir à manquer : « Le recul de la Mer de Glace est un signal d’alarme silencieux mais très visible ».

Ainsi est née la Fondation Eau, neige et glace, abritée à la Fonda‑tion de France et initiée avec un col‑lectif d’entreprises et de particuliers sensibles au sujet. Elle se donne pour mission de « restituer à la nature une eau 100 % pure ».

La Fondation Eau, neige et glace soutient les scientifiques qui phos‑phorent sur le cycle de l’eau. Une station météo installée sur la Mer

de Glace produit des données disponibles pour tous, à la fois pour les climatologues, pour les guides ou les snowboardeurs. En parallèle, la fondation mène un travail de sensibilisation auprès des scolaires et des pédagogues, en organisant la diffusion de courts‑mé‑trages, comme Snowglobe, avec l’ancien champion olympique de kayak Tony Estanguet, patron des JO 2024, et l’ultra‑trailer Kilian Jornet.

La Fondation Eau, neige et glace est partie de zéro. « Nous n’avions ni legs, ni dons », explique Serge Martinot. Il ajoute : « L’aide et l’ac compagnement de la Fondation de France ont été d’un grand secours, notamment au moment de la création de notre fon-dation ». Tout ça afin, comme s’en amuse Serge Mar‑tinot en détournant un slogan publicitaire, que les contributeurs puis sent rendre « l’eau pure à nos montagnes et nous aider à changer d’ère ».

PORT

RAIT

Serge MartinotFondateur de la Fondation Eau, neige et glace

“RESTITUER À LA NATURE UNE EAU 100 % PURE”

“J’ai pris conscience

de l’univers dans lequel on vit, de sa beauté, de sa force,

de sa fragilité.”

10 ENVIRONNEMENT

Page 11: RETOUR SUR L’ANNÉE 2019 - Fondation de France

P O D I U M D E S T R O I S O D D L E S P L U S R E P R É S E N TAT IF S *

D E L’A C T I O N D E L A F O N D AT I O N D E F R A N C E E T D E S F O N D AT I O N S A B R I T É E S

Z O O M S U R L E S O D D E N V IR O NNE ME N TA U X

OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT DURABLE

En soutenant chaque année 10 000 projets dans tous les champs de l’intérêt général, la Fondation de France et les fondations qu’elle abrite s’inscrivent pleinement dans les Objectifs de développement durable (ODD) définis par l’Organisation des Nations Unies en 2015. Combattre la pauvreté, réduire les inégalités, protéger l’environ nement… autant de domaines interdépendants, pour lesquels la Fondation de France a souhaité mesurer sa contribution et celle des fondations abritées.

34 %22 % 12 %

L’ODD 4 et l’ODD 3 représentent à eux deux plus de la moitié de l’activité de la Fondation de France et des actions des fondations qu’elle abrite.

ÉDUCATION DE QUALITÉ Indispensable pour trouver un premier emploi, un logement et devenir autonome, l’éducation est une de nos priorités pour aider les jeunes à prendre un bon départ dans la vie

et rester maîtres de leur destin.

BONNE SANTÉ ET BIEN-ÊTRE Recherche médicale, lutte contre le sida, maladies

psychiques... nous agissons sur tous les fronts pour favoriser la bonne santé et le bien‑être.

INÉGALITÉS RÉDUITES La plupart des initiatives que nous soutenons concourent,

à court ou long terme, à réduire les inégalités, qu’elles soient économiques, environnementales,

liées au handicap ou encore au genre.

EAU PROPRE ET ASSAINISSEMENTCONSOMMATION ET PRODUCTION

RESPONSABLES MESURES RELATIVES À LA LUTTE

CONTRE LE CHANGEMENT CLIMATIQUEVIE AQUATIQUEVIE TERRESTRE

Préserver la nature, comprendre nos écosystèmes, développer des relations harmonieuses entre les hommes

et le vivant… depuis les années 1970, la question environnementale mobilise la Fondation de France

et de nombreuses fondations abritées.

* En montant redistribué.

9 %DU MONTANT REDISTRIBUÉ

L’environnement est le 4e domaine le plus représenté.

3 BONNE SANTÉ ET BIEN-ÊTRE

4 ÉDUCATION DE QUALITÉ

10 INÉGALITÉS RÉDUITES

6 EAU PROPRE ET ASSAINISSEMENT 12 CONSOMMATION

ET PRODUCTION RESPONSABLES

14 VIE AQUATIQUE 15 VIE

TERRESTRE

13 MESURES RELATIVES À LA LUTTE CONTRE LE CHANGEMENT CLIMATIQUE

11 REPÈRES

Page 12: RETOUR SUR L’ANNÉE 2019 - Fondation de France

LA VOLONTÉ D’AGIR ICI

« Enclavement », « campagnes en déclin »… ces expressions qui ont marqué l’année 2019 disent toutes la même chose : une partie

significative des Français se sent abandonnée. Pour redynamiser ces territoires, la communauté philanthropique se mobilise.

Et des initiatives porteuses d’espoir fleurissent de toute part.

pérennes. » Les principaux acteurs de la philan-thropie ne s’y trompent pas : pour leurs actions de mécénat, 89 % des entreprises privilégient des projets au niveau local ou régional*, et la moitié des fondations, qu’elles soient portées par des particuliers ou des entreprises, agissent à l’échelle territoriale.

Une organisation ancrée dans les territoiresL’organisation de la Fondation de France reflète cette réalité. Créée pour encourager les fonda-tions et les projets d’intérêt général sur le terri-toire français, elle n’a eu de cesse d’approfondir son ancrage local, à travers ses six fondations régionales. C’est à cette échelle, que sont gé-

oin des métropoles, des grands sites économiques ou touris-tiques, la « France des marges » vit en banlieue, en zones rurales, dans d’anciens bassins indus-

triels ou des petites villes en décroissance. Sur ces territoires se développent des poches de pauvreté durable, un sentiment d’injustice et une défiance à l’égard des institutions. Com-ment réinsuffler l’espoir et l’envie d’agir dans ces espaces de relégation ? La question territo-riale est naturellement une grande cause pour le mouvement philanthropique. « Une cause, mais également une solution, souligne Claire Boulanger, experte Solidarités nationales de la Fondation de France. Car ceux qui vivent les pro-blèmes sont aussi les mieux placés pour imagi-ner et mettre en œuvre des réponses adaptées et

89 % des entreprises

privilégient des projets au niveau local ou régional pour leurs actions de mécénat

L

DÉVELOPPEMENT TERRITORIAL

Page 13: RETOUR SUR L’ANNÉE 2019 - Fondation de France

rés plusieurs programmes d’action, dans les domaines de la vulnérabilité (enfance, per-sonnes âgées, migrants, handicap, emploi…), de la culture ou de la transition écologique. « Nous animons un collectif de 30 bénévoles et experts locaux, explique, par exemple, Laure Decouvelaere, déléguée générale de la Fon-dation de France Nord. Des hommes et des femmes d’expérience, qui connaissent intime-ment le tissu et les acteurs locaux, épaulés par des “experts” dans un domaine précis, comme le logement ou le décrochage scolaire. Ensemble, ils accompagnent les porteurs de projet, ins-truisent les dossiers, suivent l’avancement et les résultats des initiatives soutenues. »

Incubateur d’idées solidairesPour aller plus loin, un programme spéci-fique, Dynamiques territoriales, a été créé en 2013, dans six bassins de vie. Sa raison d’être ? Se mettre à l’écoute de territoires « silencieux » et « invisibles ». « Nous avions identifié des zones fragiles, d’où aucune proposition ne remon-tait lors de nos appels à projets, précise Jean- Damien Collin, délégué général de la Fondation de France Grand Est. Nous avons donc changé d’approche et lancé une question ouverte : vous avez un projet ou une idée pour améliorer la vie quotidienne, créer du lien et faire naître de nouvelles formes de solidarité ? Nous sommes prêts à vous accompagner. » Cette méthode a fait émerger et entraîné la mise en œuvre de plus de 300 initiatives. « Près de 60 d’entre elles sont parties d’une simple idée, d’une en-vie, que les équipes de la Fondation de France ont accompagnée pour construire un vrai pro-jet. Notamment en favorisant les échanges et en organisant des rencontres avec les acteurs institutionnels locaux. Bref, en construisant un espace de confiance », explique Lucile Manoury, enseignant-chercheur responsable de l’évalua-tion du dispositif. La durée de l’expérimenta-tion a été fixée à cinq ans. Aujourd’hui, deux des six programmes sont terminés. Résultats ? Hors-piste, dans les Hautes-Alpes, a fait éclore et a soutenu 46 projets, parmi lesquels 22 idées transformées en projets. Et aujourd’hui, un collectif d’associations locales s’organise pour continuer à travailler ensemble et porter des projets structurants, avec le tiers-lieu LoCOm-mun. Quant au programme Mine d’idées, dans le bassin minier du Pas-de-Calais, il a passé le relais à la Fondation territoriale des Lumières, fondation créée par un collectif de dix entre-prises du territoire. « Pour une transition effi-cace, il a fallu anticiper. Le transfert de compé-tences s’est donc fait progressivement, raconte Laure Decouvelaere. Un an avant la création de la Fondation des Lumières, les fondateurs

participaient à nos comités, pour découvrir les projets et instruire les dossiers avec nous. Et maintenant, ce sont nos bénévoles-experts, qui sont accueillis dans leur comité ! »

Cultiver toutes les formes d’engagement localAu-delà de l’appui direct aux projets, la Fonda-tion de France a vocation à fédérer toutes les formes d’engagement. Comme celui des en-treprises qui veulent agir là où leurs salariés vivent et travaillent. C’est le cas de la Maison Johanès Boubée, filiale vin du groupe Carrefour, dont le siège est à Bordeaux. Depuis trois ans, l’entreprise soutient activement le programme Dynamiques territoriales sur deux bassins de vie : Vendanges d’idées en Haute-Gironde dans le Libournais, et Pétillantes initiatives pour le Saumurois et les Vallées d’Anjou. « Plus qu’un simple soutien financier, c’est toute une dy-namique d’implication de nos collaborateurs, souligne Éric Yung, son directeur général. Les salariés sont invités à voter pour leurs projets coup de cœur, nous organisons des cafés soli-daires pour rencontrer les associations et le co-mité d’entreprise a ouvert une tombola au profit de la Fondation. C’est un partenariat global qui nourrit notre politique de responsabilité sociale et environnementale. »Autre belle histoire : celle de la Fondation de France Méditerranée, qui a suivi la « gestation » et la naissance de la Fondation de Marseille. « Marseille est une ville-monde qui est dotée d’une incroyable énergie et qui regorge d’initia-tives solidaires inventives, souligne Cécile Malo, déléguée générale de la Fondation de France Méditerranée. Accompagner ce mouvement, l’aider à se consolider et à se développer : c’est l’ambition de cette fondation territoriale, créée à l’initiative de quatre “philantrepreneurs”. Déjà engagés au service de l’intérêt général, ils veulent jouer collectif et dans la durée, pour encourager l’émergence de projets positifs à fort impact social à Marseille. La Fondation de France Mé-diterranée leur apporte sa connaissance du territoire, de l’ingénierie philanthropique et du travail en réseau. »

300 initiatives mises en œuvre grâce au programme Dynamiques territoriales

* Source : baromètre Admical 2018, Le Mécénat d’entreprise en France.

La Fondation territoriale des Lumières prend le relais du programme Mine d’idées

de la Fondation de France Nord pour lutter contre toutes formes de précarité

dans le bassin minier.

13

Page 14: RETOUR SUR L’ANNÉE 2019 - Fondation de France

VENDANGES D’IDÉES DANS LE LIBOURNAIS ET EN GIRONDE

Contre la malbouffe, avec les RâteleursD’un côté, un territoire rural, riche d’une agriculture importante : vigne, arboriculture, maraîchage, culture de céréales et élevage. De l’autre, une ville en déshérence sociale et économique où la vulnérabilité alimentaire touche de nombreux habitants. Un collectif de citoyens a décidé de se mobiliser à Sainte‑Foy‑la‑Grande et a donné naissance aux Râteleurs, un centre d’éducation permanente à l’alimentation durable. Ici, on cuisine des produits locaux et de saison, on jardine, on crée des liens entre producteurs et consommateurs, on sensibilise les jeunes, on débat de l’avenir de l’alimentation… bref, on cultive un espace dédié au bien‑manger, aux circuits courts, à la santé. Ce projet a été récompensé d’un Laurier Fondation de France.

HORS-PISTE DANS LES HAUTES-ALPES

LoCOmmun, locomotive de solidaritésUn « tiers‑lieu en étoile » : derrière ce nom poétique, une démarche qui a reboosté les envies d’agir des habitants. La région de Gap fourmille d’associations, de collectifs, de citoyens désireux de développer des initiatives d’éducation populaire et d’économie sociale et solidaire. Pour cultiver ce terreau et fédérer ces énergies, l’association LoCOmmun a identifié un besoin : celui d’un espace de partage, de mutualisation, de coopération et de ressources, pour sécuriser et enrichir les projets de tous ces acteurs. Ce tiers‑lieu se déploiera en quatre endroits, à Gap et dans ses environs. La solidarité a sa bonne étoile.

MINE D’IDÉES DANS LE PAS-DE-CALAIS

Contre la dépendance à l’alcool, un suivi de pair à pairTout a commencé par une expérience personnelle. Celle d’anciens dépendants à l’alcool devenus abstinents. Tous partagent un constat : on ne sort pas seul de cet enfer. Pour franchir le pas et se faire aider par les structures spécialisées, les personnes ont besoin d’un suivi de proximité. Et celui‑ci sera d’autant plus efficace s’il est assuré par des « pairs », qui ont traversé cette épreuve. Pour ce suivi, imaginé puis développé et soutenu dans le cadre du programme Mine d’idées, l’association Second Départ offre toute une palette d’accompagnements : suivis individuel et collectif, visites à domicile et permanences téléphoniques. Avec une philosophie : se placer du côté du malade et de sa famille, tout en étant connectée avec les professionnels de la santé.

DYNAMIQUES TERRITORIALES, ET LES PROJETS PRENNENT VIE

14 DÉVELOPPEMENT TERRITORIAL

Page 15: RETOUR SUR L’ANNÉE 2019 - Fondation de France

MÉCANIQUE DES IDÉES À MULHOUSE

Le grand projet de « La petite Manchester »Lutter contre le chômage en développant une production textile de qualité et en s’appuyant sur le recyclage de déchets… tout cela dans un quartier en renouvellement urbain ! Les objectifs du projet « La petite Manchester » ne manquent pas d’ambition. Le dispositif imaginé par Nathalie Méthia, enseignante en arts appliqués, repose sur trois piliers : la formation, avec un plateau technique de formation aux métiers du textile, ouvert aux scolaires comme aux demandeurs d’emploi et aux adultes en reconversion ; la production, avec la réalisation d’objets textiles. Et un volet environnemental, avec la récupération et la valorisation de chutes issues des entreprises textiles du département.

PÉTILLANTES INITIATIVES EN ANJOU

Des voisins pleins de « Tact »Pour les personnes âgées ou à mobilité réduite, ou encore pour celles qui n’ont pas de véhicule, la vie en zone rurale peut être synonyme d’assignation à résidence. Comment se déplacer pour une course, une visite à un ami, un rendez‑vous médical, quand on ne conduit pas et que les transports publics sont inadaptés ? « En sollicitant un voisin ! », répond l’association Transport solidaire Tact. Grâce à une plateforme téléphonique, les usagers du service peuvent commander un transport, individuel ou groupé. L’association, qui fédère 80 chauffeurs bénévoles, favorise le maintien à domicile et crée des liens entre voisins. Initiée en 2007, la démarche a pu être étendue à dix nouvelles communes grâce au soutien de la Fondation de France.

TISSAGE D’INITIATIVES EN NORD-ISÈRE

Vous prendrez bien un Kfé solidaire ? Dans des milliers de communes, le café du village a baissé le rideau. Et c’était bien souvent le dernier lieu de rencontre et de convivialité. À Charantonnay, dans le Dauphiné, des habitants ont décidé de le faire revivre. Le Kfé du lien renoue avec l’esprit du zinc d’antan. Un lieu de brassage social, intergénérationnel et culturel, où on se rencontre, on apprend à se connaître et à s’apprécier. Concerts, échanges de savoir‑faire, jeux, débats… ce projet évolutif se nourrit des idées et de l’énergie de tous ceux qui souhaitent proposer une activité, qu’ils soient jeunes ou seniors, originaires de la commune ou nouveaux venus !

15

Page 16: RETOUR SUR L’ANNÉE 2019 - Fondation de France

La voix est enthousiaste, le phrasé allègre. Bénédicte Le Guay témoigne du plaisir pris, ces dernières années, à sillonner l’est du Maine‑et‑Loire à la rencontre des habitants porteurs de projet. Elle est référente Dynamiques territoriales pour la Fondation de France Grand Ouest. Ambassadrice de Pétillantes initiatives, elle croise « des gens qui ont envie d’agir là où ils habitent ». Et cela l’exalte.

Elle va sur le terrain, au cœur des petits villages et au creux des campagnes, à la découverte des acteurs locaux de ces zones fragiles où les services publics sont parfois en retrait, où les déplacements sont souvent compli qués et où les jeunes peinent à décro cher un travail. Responsables d’asso ciations ou simples citoyens, ils lui font part de leurs idées et de leurs projets, en matière d’environnement et d’emploi, de culture et de mobilité. Les seules contraintes ? Que ces projets soient réalisés sur place, répondent à un besoin local et soient menés en coopération avec d’autres acteurs du territoire. Comme ce tiers‑lieu itinérant, qui sensibilise les habitants à l’environnement et promeut des artistes locaux, ou encore des ateliers de transformation alimentaire collaboratifs et anti‑gaspillage.

Bénédicte Le Guay est née en région parisienne. Elle est la cinquième d’une fratrie de six. Outre ses activités associatives, sa mère se consacre à sa famille. Son père est ingénieur chez IBM. À 50 ans, ils s’installent comme agriculteurs en Dordogne et élèvent des pigeonneaux de chair.

Plutôt scientifique au départ, la jeune Bénédicte va faire du social son métier. Elle travaille dans un foyer de jeunes travailleurs à Paris, puis dans un centre social de la Caisse d’allocations familiales à Villemomble, en Seine‑Saint‑Denis. En 1990, elle s’installe à Angers où elle s’investit auprès de jeunes en insertion professionnelle puis auprès de demandeurs d’emploi en milieu rural dans le

sud du Maine‑et‑Loire. Elle prend ensuite des responsabilités au sein du service en charge de la politique de la ville, et de l’action sociale du centre communal d’action sociale.

C’est dans ce cadre et dans l’exercice de ces différentes fonctions, qu’elle croise la Fondation de France. Et plus particulièrement dans un quartier populaire qui est en pleine rénovation. La Fondation de France est sollicitée par un collectif d’habitants, d’associations locales

et d’acteurs institutionnels afin de conserver la mémoire des lieux. C’est chose faite à travers la réalisation d’un documentaire, de publications et l’organisation d’événements. Bénédicte Le Guay découvre, alors, la philosophie et la crédibilité de la Fondation de France.

Avec son mari, ils s’étaient promis de se libérer de leurs obligations professionnelles quand ils seraient dans la force de l’âge. Voici quatre ans, elle a quitté son travail pour se consacrer à ses passions, à sa famille, ses trois enfants et ses quatre petits‑enfants, mais aussi pour s’engager, avec allant, pour la Fondation de France, auprès des populations du Saumurois et des vallées de l’Anjou.

Bénédicte Le GuayRéférente du programme Dynamiques territoriales

pour la Fondation de France Grand-Ouest

“S’engager auprès des populations

du Saumurois et des vallées de l’Anjou.”

PORT

RAIT

16 DÉVELOPPEMENT TERRITORIAL

Page 17: RETOUR SUR L’ANNÉE 2019 - Fondation de France

PROTÉGER LES PLUS VULNÉRABLES,

LIBÉRER LES TALENTS !Faire en sorte que chaque enfant grandisse dans des conditions

dignes, favoriser l’expression des potentiels et des jeunes talents, encourager l’ouverture au monde

et à la citoyenneté… c’est tout simplement préparer le monde de demain. C’est aussi l’une des causes majeures

du mouvement philanthropique.

LA FONDATION DE FRANCE EST AUX CÔTÉS DES ENFANTS ET DES JEUNES… DE LEUR NAISSANCE JUSQU’À LEURS 30 ANS ! QUELS SONT, POUR VOUS, LES ENJEUX AUTOUR DE CETTE PÉRIODE DE LA VIE ?

Anne Bouvier : Il s’agit d’accompagner et d’aider les familles en grande difficulté pour préserver les plus jeunes des conséquences de la précarité et de la pauvreté. Et dans ce domaine, les situa-

tions s’aggravent drama-tiquement, notamment avec le développement de la grande pauvreté et l’arrivée de migrants : des parents, de jeunes mères isolées avec leur bébé se retrouvent à la rue, aux portes des grandes villes. Les as-sociat ions est iment ainsi que 700 enfants dorment dehors à Paris chaque nuit, au cœur de l’hiver ! Les équipes des maternités témoignent

de situations d’extrême dénuement de plus en plus fréquentes. En outre, depuis un an, nous re-cevons de nombreux projets autour des enfants exposés aux violences intrafamiliales. Signe d’un mouvement plus vaste, celui d’une société qui ouvre les yeux sur les violences conjugales. Nous avons soutenu 900 projets pour accom-pagner les enfants et leur famille en difficulté. L’objectif ? Restaurer les capacités des

ENTRETIEN AVEC ANNE BOUVIER, RESPONSABLE DES PROGRAMMES ENFANCE ET ÉDUCATION DE LA FONDATION DE FRANCE.

“C’est toute une communauté

qui se mobilise pour armer ces jeunes

pour la vie.’’

ÉDUCATION17

Page 18: RETOUR SUR L’ANNÉE 2019 - Fondation de France

du concours Déclics jeunes. Autant d’actions qui visent à aider les jeunes à s’émanciper, à de-venir des citoyens responsables. Cette volonté de développer leur « pouvoir d’agir » irrigue des courants éducatifs de plus en plus forts, avec des démarches privilégiant la participation des jeunes eux-mêmes. Nous recevons des pro-jets nombreux, créatifs, bien ficelés ! Le monde éducatif se montre de plus en plus ouvert. Les actions innovantes se développent en dehors du cadre des disciplines académiques. Elles « embarquent » différentes matières, différentes classes, elles s’ouvrent sur leur quartier et sur le monde. Par exemple, ces six écoles primaires et collèges qui se sont regroupés pour travailler en réseau, autour d’un grand projet sur le chan-gement climatique. Les enfants concernés sont issus de milieux sociaux très divers, de la ville comme de la zone rurale, et viennent d’établisse-ments publics ou privés. Le projet, qui se déroule sur deux ans, aura pour point d’orgue une expé-dition scientifique au Groenland, avec 18 enfants ambassadeurs de leur école et de leur commune. Par ailleurs, le champ des innovations pédago-giques intéresse plusieurs fondations abritées, comme la Fondation Montessori ou encore la Fondation Sève, qui promeut les « ateliers phi-lo » dès l’école primaire.

L’INTERDISCIPLINARITÉ ET LE DÉCLOISONNEMENT SEMBLENT ÊTRE LE FIL ROUGE DE VOS ACTIONS ?A. B. : Oui, car les problèmes auxquels font face ces jeunes sont complexes et multifactoriels ! Ainsi, par exemple, notre axe d’intervention Grandir en cultures ne se limite pas à mettre les enfants défavorisés au contact des arts et de la culture. Les pratiques artistiques ou scientifiques proposées doivent être au service d’enjeux de société : agir pour l’environnement, vivre ensemble avec nos différences, s’ouvrir à la citoyenneté. L’ouverture culturelle et la création deviennent ainsi des leviers, pour se construire en tant qu’adulte.

adultes dans leur rôle de parents, protecteurs et éducateurs. C’est ce que fait l’association Pa-roles de femmes à Gaillac, dans le Tarn, avec Des mots pour le dire, qui propose des séances de travail mères-enfants, des groupes de parole sur la parentalité ou bien encore des ateliers d’art-thérapie pour les enfants… Autant de pro-positions constructives pour aider les femmes et enfants victimes ou témoins de violences à exprimer leurs émotions, à dépasser la honte et la colère pour retisser des liens durables.

ET QUAND IL N’Y A PAS DE FAMILLE, QUELS TYPES D’ACTEURS SOUTENEZ-VOUS ?

A. B. : C’est une question de plus en plus cruciale, avec l’afflux de jeunes mineurs non accompa-gnés (JMNA). Des migrants de 12 à 18 ans font le voyage seuls, se retrouvent sans ressources, à la merci de tous les trafics. Les services de protection de l’enfance sont débordés. Il s’agit, alors, d’accompagner des initiatives citoyennes et associatives, comme la démarche portée par l’association Moissons nouvelles, au sein de la Maison d’enfants de Châteauroux, dans l’Indre, qui prend en charge des JMNA. Premier levier d’insertion scolaire ou professionnelle : la maî-trise de la langue française. L’association a ainsi monté un laboratoire d’apprentissage du fran-çais qui s’appuie sur des outils numériques et sur la participation d’enseignants retraités ! C’est toute une communauté qui se mobilise pour « armer » ces jeunes pour la vie.

VOUS MENEZ ÉGALEMENT DE LONGUE DATE DES ACTIONS POUR AIDER LES JEUNES À TROUVER LEUR CHEMIN ET POUR LUTTER CONTRE LE DÉCROCHAGE SCOLAIRE…

A. B : Oui, nous avons plusieurs axes d’inter-vention : Aidons tous les collégiens à réussir et Grandir en cultures. Nous venons aussi en aide financièrement aux jeunes sans soutien familial et délivrons, enfin, des bourses dans le cadre

Page 19: RETOUR SUR L’ANNÉE 2019 - Fondation de France

De la Fondation Béatrice Schönberg pour l’éducation des filles à la Fondation Engagement Médias pour les jeunes, en passant par la Fondation Auchan pour la jeunesse ou bien encore la Fondation Lire et comprendre, 55 fondations abritées par la Fondation de France s’engagent spécifiquement pour l’enfance et l’éducation, et de très nombreuses fondations à objets multiples mobilisent une partie de leurs fonds pour cette cause.

La Fondation de France propose, par ailleurs, quatre appels à projets : Accompagner les enfants, leur famille et les jeunes en difficulté, Soutenir les jeunes en souffrance psychique, Cap au vert, Grandir en cultures, pour un total de 2,7 millions d’euros.

Enfin, une série de bourses sont versées chaque année à des jeunes sans soutien familial, pour les accompagner dans leurs projets de vie (études, permis…). Quant au concours Déclics jeunes, il sélectionne et soutient chaque année 20 jeunes porteurs d’un projet d’intérêt général. Ces aides sont financées par la générosité des donateurs et par des fondations abritées.

Enfants-citoyens, à Montreuil comme ailleursL’aventure philanthropique de Nicolas Segal est née d’un choc : celui des attentats de 2015. « J’ai réalisé, alors, qu’une partie des jeunes de France avaient décroché, ne ressentaient aucun lien avec la société, l’histoire, la culture, les lieux de ce pays où ils avaient grandi », raconte‑t‑il. Montreuil, c’est là que vit et travaille Nicolas, dans ce département de Seine‑Saint‑Denis, qui est le plus pauvre de France. Il constate que nombre de jeunes autour de lui sont « assignés à résidence » : Paris n’est qu’à quelques stations de métro, mais reste inaccessible ! Son engagement sera donc d’abord local : en 2016, il crée la Fondation Avenir d’enfance, abritée par la Fondation de France. Elle soutient des initiatives culturelles et citoyennes et le développement de l’altruisme dans les écoles des quartiers défavorisés. En commençant par des sorties pour découvrir le patrimoine « parce que la Tour Eiffel ou le musée Picasso appartiennent à tous les Français… y compris aux petits Montreuillois ! ».

Philanthropes pour les « pros »« Raccrocher » les jeunes en difficulté face au système scolaire traditionnel, leur apprendre un métier sans renoncer à la formation humaine et théorique, c’est l’équation résolue par les Écoles de production. Un réseau de 33 écoles privées sous contrat qui mettent en œuvre le principe selon lequel « on apprend mieux en faisant » : la pédagogie repose sur la réalisation de productions qui répondent à des commandes de clients bien réels. Une manière de réconcilier l’entreprise et l’école. De l’automobile

aux métiers du paysage, du digital aux métiers du bois en passant par la restauration, l’alimentation ou l’industrie… sept secteurs d’activité sont représentés. À l’issue de leur formation, 50 % des élèves choisissent de poursuivre leurs études, quand les autres entrent dans la vie professionnelle avec un taux d’embauche avoisinant les 100 %.

Les fondations abritées à la Fondation de France sont au cœur de cette réussite, comme la Fondation Nature & Découvertes pour le parcours métiers du paysage, ou la Fondation Adecco, qui soutient l’École de production des métiers de l’automobile, et l’École des métiers de la construction et de la métallurgie… Au total, 24 fondations abritées ont rejoint le mouvement et apportent leur soutien à l’une des Écoles de production.

Fondation Vallet : 20 ans d’engagement pour la jeunesseObjectif : aider les jeunes sans soutien familial à exprimer leur potentiel et leur talent. Ce projet guide depuis 2000 la Fondation Vallet. Le principal levier consiste à verser des bourses sur des critères sociaux et d’excellence. Au total, 23 000 bourses ont été délivrées en 20 ans : 17 000 au Bénin et 6 000 en France ! Il consiste aussi à donner accès aux livres et aux ressources numériques. En 2019, la fondation inaugurait les 8e et 9e bibliothèques ouvertes au Bénin. Il s’agit du plus grand réseau de bibliothèques de toute l’Afrique francophone.

REPÈRESen 2019

DES FONDATEURS ENGAGÉS AUPRÈS DE LA JEUNESSE

19 ÉDUCATION

Page 20: RETOUR SUR L’ANNÉE 2019 - Fondation de France

TABOULes maladies psychiques représentent

un enjeu de santé publique majeur. Douze millions de personnes sont touchées,

soit un cinquième de la population (1). Et pourtant, elles restent largement taboues.

Le silence, la gêne et les préjugés qui les entourent ont des conséquences délétères :

stigmatisation, retards de diagnostic, isolement des malades et de leur famille,

désocialisation durable. Il est urgent de modifier le regard sur la maladie,

d’aborder la question de la santé mentale dès l’école et de développer les compétences

de tous les acteurs sociaux en matière de diagnostic et de prise en charge.

PAIRS-AIDANTSEntendre les malades et leurs

proches reconnaître leurs droits et leur capacité à agir et à décider :

ces approches sont au cœur des démarches soutenues par la Fondation de France. C’est le même principe qui sous-tend le mouvement des pairs-aidants : d’anciens malades suivent une

formation spécifique pour travailler dans des services

psychiatriques et deviennent des médiateurs extrêmement précieux

pour les patients et leur famille.

PRÉVENTIONSept à dix ans : c’est le temps moyen qui s’écoule entre les premiers signes de troubles psychiques et une prise

en charge adaptée ! Un délai pendant lequel la maladie progresse… Développer

les conditions d’un diagnostic précoce constitue donc la meilleure des

préventions, pour éviter que les situations ne s’aggravent. C’est le sens de nombreux

projets soutenus, comme le dispositif Premiers secours en santé mentale ou encore le projet Psychiaclic, un site

d’aide au diagnostic et à l’orientation destiné aux médecins généralistes.

DÉCLOISONNERLe fil conducteur du programme Maladies psychiques mené par la Fondation de France : décloisonner. « La restauration psychique est un processus global, qui implique l’écoute, le

traitement, le logement, le travail, le corps, les liens sociaux… bref, toutes les dimensions de la vie. C’est pourquoi nous

encourageons les projets interdisciplinaires, qui impliquent différents acteurs et construisent un parcours de soins sans rupture », explique Karine Pouchain-Grépinet, responsable du programme. Près de 500 projets ont ainsi été soutenus

depuis 2004, dans trois domaines : l’accès aux soins, l’insertion sociale et le soutien aux proches.

PARLONS PSYUn millier de participants, huit

ateliers menés dans sept régions, 60 initiatives exemplaires

recensées : la concertation Parlons Psy, organisée par la Fondation de France et l’Institut Montaigne durant près de deux ans, a réuni malades, familles et soignants. Tous présents pour témoigner,

confronter expériences et points de vue, faire émerger des pistes

d’amélioration concrètes. Le Grand Rendez-Vous du 9 décembre a dévoilé six propositions qui ont

été transmises aux pouvoirs publics, tant dans le champ de l’inclusion que

dans celui des soins.

PSYCHODONBriser le mur du silence, sensibiliser le public, accompagner les malades, soutenir la recherche et les solutions thérapeutiques : ce sont les combats de l’association Psychodon, soutenue

par la Fondation de France. Pour financer les projets, elle organise

tous les ans un grand concert à l’Olympia. Prochain rendez-

vous le 6 octobre 2020.

(1) On estime qu’une personne sur cinq aura au cours de sa vie un épisode de trouble psychique, comme la dépression lourde, la schizophrénie, les troubles bipolaires, etc.

MALADIE PSY ? La Fondation de France a fait de la prise

en charge des maladies psychiques une cause majeure. Tour d’horizon en six mots clés.

20 LES MOTS POUR LE DIRE

Page 21: RETOUR SUR L’ANNÉE 2019 - Fondation de France

1969L’année même de la naissance de la Fondation de France était créée la Fondation Antoine Béclère, première fondation abritée dans le domaine médical. « Voulue il y a 50 ans par les enfants de ce pion-

nier de la radiologie, elle soutient aujourd’hui les recherches sur l’imagerie médicale et la té-lémédecine, des technologies essentielles aux progrès de la santé », raconte Claire Broussal, responsable de fondations. Cette démarche à la fois familiale et scientifique est emblématique de celle de nombreux fondateurs accompagnés par la Fondation de France. Ce projet s’inscrit dans la volonté d’agir durablement. « Pour être utiles et complémentaires des grands acteurs pu-blics, nous ciblons des sujets à la fois essentiels et encore peu soutenus, et nous assumons d’in-vestir dans la durée – 20, 30 ans, si nécessaire –, souligne Fanny Herpin, responsable du pro-gramme Recherche médicale de la Fondation de France. C’est la condition pour produire des avancées pour la médecine et les politiques de santé publique. »

UNE PHILANTHROPIE AUDACIEUSE AU SERVICE

DE LA RECHERCHE

Se battre pour un monde plus juste, c’est aussi combattre l’injustice majeure que représente la maladie. Depuis les années 1970, la recherche médicale est l’une des causes

historiques de la Fondation de France, avec des stratégies d’intervention sur mesure.

Des stratégies d’intervention spécifiques à chaque domaine de rechercheLe programme Recherche médicale se struc-ture autour de huit axes de travail (1), avec pour chacun des priorités spécifiques. Dans chaque domaine, les soutiens se portent sur des sec-teurs émergents ou peu soutenus, et à fort effet de levier.Par exemple, sur la recherche sur le cancer, le comité scientifique a choisi un angle précis – l’étude des mécanismes de résistance aux traitements – afin de proposer des protocoles adaptés et personnalisés aux malades, et d’amé-liorer, à terme, leur prise en charge.Dans le champ des maladies psychiatriques, c’est l’approche collaborative, qui signe la spé-cificité de l’appel à projets. Associer cliniciens psychiatres, psychologues et chercheurs en neurosciences ou en sciences humaines et socia les est un enjeu dans un domaine encore largement tabou. « Nous allons réussir à

(1) LES HUIT AXES DU PROGRAMME

– Cancer : résistance aux traitements

– Recherche en cancérologie : aide à la mobilité internationale de médecins ou pharmaciens

– Recherche sur les maladies cardiovasculaires

– Recherche sur les maladies de l’œil

– Recherche sur les maladies psychiatriques

– Recherche sur l’autisme et le neurodéveloppement typique de l’enfant

– Recherche sur la maladie de Parkinson

– Santé publique et environnement

RECHERCHE MÉDICALE

Page 22: RETOUR SUR L’ANNÉE 2019 - Fondation de France

faire de ces troubles des maladies “comme les autres”, souligne Bruno Giros, professeur en neurosciences et président du comité Recherche maladies psychiatriques de la Fondation de France. Car on a maintenant la certitude qu’il y a une vraie biologie de ces maladies. Et nous dis-posons des outils pour mettre en place des traite-ments. D’ici dix ans, on aura découvert un nouvel antipsychotique, plus efficace et mieux adapté aux malades. »Autre exemple, celui de la recherche en santé environnementale, qui vise à cerner et à me-surer l’impact des facteurs environnemen-taux (pollution, changement climatique…) sur la santé humaine. Un sujet qui cristallise de nombreuses croyances et idées reçues, et sur lequel il est impératif d’apporter des vérités scientifiquement prouvées. L’objectif : éclairer les politiques de santé publique et favoriser la mise en place de mesures de prévention. « C’est un sujet majeur, mais les projets sont coûteux et très peu de financeurs privés couvrent cette thé-matique, indique Fanny Herpin. Nous soutenons une dizaine de projets par an, comme celui de Johanna Lepeule, qui explore les conséquences des épisodes de canicule sur la santé du fœtus et du jeune enfant. »

Philanthropies croisées Autre spécificité de la recherche médicale, à la Fondation de France : l’articulation perma-nente entre fondations abritées et programmes. Le sujet mobilise aujourd’hui 117 fondations abritées. « La Fondation Berthe Fouassier, une généreuse donatrice mobilisée par la question de la malvoyance et de la cécité, a par exemple été pionnière sur ce sujet des maladies de l’œil. Dans le domaine du cancer, 11 fondations abritées par-ticipent à nos deux appels à projets. Les experts de nos comités programmes sont régulièrement sollicités pour accompagner les fondateurs dans la sélection des recherches à soutenir », explique Fanny Herpin.

102 médecins, chercheurs et bénévoles‑experts

mobilisés au sein de nos comités

scientifiques

Au fil des 40 dernières années, ces engage-ments ont abouti à des avancées décisives. Par exemple, sur la sclérose latérale amyotrophique, avec la Fondation Thierry Latran. Les travaux qu’elle finance depuis 2008 ont fait progresser la connaissance de cette maladie (avec 84 publi-cations) et débouchent actuellement sur des hy-pothèses thérapeutiques. Grâce à la Fondation Jean Valade, qui a soutenu les recherches sur les virus des hépatites B et C, un nouveau vaccin est en train de voir le jour.

La relève est assuréeDepuis une dizaine d’années, de nouveaux profils de fondateurs émergent. Des professionnels du secteur médical se saisissent de l’outil philan-thropique, comme le syndicat de la pharmacie

Quel bilan les équipes de recherche dressent‑elles du soutien apporté par la Fondation de France ? Quels résultats, quelle suite a été donnée à leurs travaux ? À l’automne 2019, le programme Recherche médicale a enquêté auprès de 625 chercheurs accompagnés entre 2004 et 2014. Voici les principaux résultats :

LE SOUTIEN DE LA FONDATION DE FRANCE :

une aide décisive pour deux chercheurs sur troisE

n chif

fres

Page 23: RETOUR SUR L’ANNÉE 2019 - Fondation de France

GRAND PRIX DE LA RECHERCHE FONDATION DE FRANCEFaire reculer les résistances au traitement du lymphomePour 30 à 40 % des malades atteints du lymphome B (cancer des ganglions lymphatiques), les traitements actuels ne sont pas efficaces. Peut‑on identifier les mécanismes de ces résistances et les contourner ? Les travaux de Jean‑Ehrland Ricci, chercheur au sein du Centre méditerranéen de médecine moléculaire, situé à Nice, ouvrent une nouvelle voie. Le dosage de l’enzyme GAPDH, qui gère le glucose, permettrait de prédire la réponse aux thérapies. Les patients qui présentent une grande quantité de cette enzyme réagissent bien aux traitements classiques (immunothérapie et chimiothérapie), tandis que ceux qui présentent un faible taux de GAPDH sont réactifs à d’autres stratégies thérapeutiques. Ces résultats exemplaires ont été récompensés par le Grand Prix de la recherche 2020 de la Fondation de France.

PRIX DE L’ŒIL 2020Un espoir pour la DMLADans certains organes, les cellules‑souches permettent un renouvellement continu des tissus. Malheureusement, pas pour la rétine : les cellules‑souches y sont « en dormance », incapables de remplacer spontanément les cellules perdues. C’est pourquoi les maladies dégénératives de la rétine, comme la DMLA, conduisent à la cécité. Comment « mettre au travail » les cellules‑souches et réparer ces dommages ? Les travaux de l’équipe de Muriel Perron, de l’Institut des neurosciences de Paris‑Saclay, ont mis en lumière le rôle majeur du gène Yap dans les processus de régénération de la rétine, sur modèle animal. Une étape essentielle pour envisager des applications thérapeutiques !

PRIX JEAN VALADE « Maladie d’Elephant Man » et cancer du côlon, deux combats récompensés La Fondation Jean Valade attribue chaque année un prix qui récompense une découverte comprenant une application diagnostique, physiopathologique ou thérapeutique. Cette année, deux chercheurs « hors norme » ont convaincu le jury. Guillaume Canaud (prix jeune chercheur) a développé un traitement pour soigner le syndrome de Cloves (maladie d’Elephant Man) et d’autres syndromes d’hypercroissance. Quant à Jérôme Galon (prix senior), il a inventé l’Immunoscore, un test pour améliorer la prise en charge et le traitement des patients atteints du cancer du côlon.

hospitalière, qui a créé sa fondation en 2017. Cette dernière finance des échanges entre équipes du monde francophone et soutient des travaux de recherche, « par exemple sur la gestion des risques liés à l’utilisation des dispositifs médicaux (serin-gues, implants, sondes, etc.), ou sur l’accom-pagnement des patients et des aidants dans l’observance des prescriptions à la sortie de l’hôpital, précise Patrick Rambourg, son président. Nous accompagnons ainsi l’émergence d’un nouveau champ de recher-che hospitalo-universitaire, appliqué à la pharmacie ». Apparaissent aussi des profils plus militants, comme Anne Bouverot, présidente de la Fondation Abeona. Après un parcours professionnel dans le domaine des nouvelles technologies, elle a décidé de mettre son énergie, ses réseaux et ses ressources au service de projets de recherche en intelligence artificielle, ciblant particulièrement les femmes. « Diffé rences génétiques, hormonales, anatomiques… certaines maladies touchent davantage les femmes que les hommes. Comment mieux prévoir les risques, détecter les maladies et adapter les traitements ? Comment bénéfi-cier de l’énorme potentiel du “big data”, de l’intelligence artificielle et autres nouvelles technologies pour développer des trai-tements spécifiquement adaptés aux femmes ? C’est notre combat ! », explique-t-elle.Autre volet de l’action de la Fondation de France pour la recherche médicale : l’aide apportée à des centaines de jeunes cher-cheurs, médecins ou pharmaciens, qui ont pu se perfectionner grâce à un séjour à l’étranger dans un laboratoire d’excep-tion. Douze bourses de mobilité sont at-tribuées chaque année, et constituent un soutien à la recherche nationale, le projet de retour en France pour partager et dif-fuser les meilleures pratiques internatio-nales étant l’un des critères clés de choix des boursiers. La relève est assurée !

Diriez-vous que le financement de la Fondation de France a permis…

67 % des chercheurs estiment

que l’aide apportée a été décisive.

Pour 60 % d’entre eux, les résultats obtenus ont atteint les objectifs initiaux.

Pour 28 %, ils les ont dépassés.

91 % des chercheurs ont obtenu des résultats qui ont fait l’objet d’une publication dans une revue scientifique.

d’exercer un « effet de levier »

une découverte scientifique

l’émergence d’une nouvelle thématique de recherche

de nouvelles collaborations scientifiques nationales ou internationales

la structuration d’une unité/d’une équipe de recherche

un changement de pratiques

25 %

21 %

19 %

16 %

12 % 7 %

23 RECHERCHE MÉDICALE

Page 24: RETOUR SUR L’ANNÉE 2019 - Fondation de France

Hors-série 2019 — Directrice de la publication : Axelle Davezac • Comité de rédaction : Virginie Dangles, Émilie Jacques, Sabine Lenglet, Maud Poussière • Coordination : Émilie Jacques, Maud Poussière • Création et réalisation : Epoka • Rédaction : Delphine Pinel, Marc Samson • ISSN N° 1633-6399 • Crédits photo : Association Second Départ (p.14) ; C. Doutre (p.3) ; DR (p.2, p.10, p.16, p.17, 4e couv.) ; Entrecom (couv.) ; A.C. Esteve (p.4, p.12) ; Fondation de France Nord (p.13) ; Fondation Vallet (p.19) ; B. Guay/AFP (p.3) ; L. Guizard (p.5) ; O. Guryanova (p.22) ; C. Hargoues (p.19) ; D. Hays (p.21) ; JC. Hecquet/VDN (couv.) ; istock (p.8, p.20) ; Kfé solidaire (p.15) ; La petite Manchester (p.15) ; Les Râteleurs (p.14) ; F. Leverd (p.14) ; L. Lung (p.4, 4e couv.) ; C. Marcilhacy (p.18, 4e couv.) ; A. Pinoges (4e couv.) ; X. Privat (p.4) ; T. Salva/Lumento (couv., p.9) ; F. Vigné‑Imagéo (couv., p.7).

40 avenue Hoche 75008 Paris [email protected] Tél. : 01 44 21 31 00

50 ans D’EXPÉRIENCE

DE L’AVENIRRetour sur 50 ans d’engagement

de la Fondation de France.

6FONDATIONS RÉGIONALES

Pour agir au plus près du terrain.

190 000PROJETS SOUTENUS

La Fondation de France a soutenu des milliers d’associations et de

porteurs de projet depuis 50 ans.

1969Le 9 janvier 1969 naissait la Fondation de France sous l’impulsion du Général

de Gaulle et d’André Malraux.

PHILANTHROPIE C’est notre raison d’être ! Encourager

la philanthropie, lui donner corps et lui donner vie. Depuis 50 ans,

la Fondation de France constitue le 1er réseau de philanthropie en France.

888FONDATIONS

ABRITÉESLa Fondation de France abrite 888 fondations créées par des

particuliers ou par des entreprises.

EXIGENCE C’est l’une des quatre valeurs

de la Fondation de France qui conditionne la confiance,

sans laquelle rien n’est possible !

Le jour où…

JE LANCE MA CARRIÈRE D’ARTISTE GRAVEURPhilippe Nicolas est lauréat 1978

du concours Déclics jeunes. Ce prix lui a donné les moyens de s’installer

et d’acheter ses premiers outils. « Je souhaite aider d’autres élèves

à réussir, et prolonger ainsi l’action de la Fondation de France 40 ans après.

Une vraie chaîne de solidarité ! »

CRÉATIVITÉSoutenir les projets novateurs,

explorer des voies nouvelles, croiser les expertises : c’est la conviction qui anime la Fondation de France

et les fondations qu’elle abrite.

431 389DONATEURS

La mission de la Fondation de France est d’accompagner tous ceux qui veulent

agir pour l’intérêt général, en faisant un don, un legs ou en créant une fondation.

560BÉNÉVOLES

Mobiliser les meilleures expertises pour agir efficacement : c’est le credo

de la Fondation de France.

La Fondation de toutes les causes

Le jour où…

NOUS AVONS CRÉÉ NOTRE FONDATIONBrigitte et Olivier, fondateurs

de la Fondation Cléo Thiberge-Edrom : « Rendre hommage et perpétuer

la mémoire de notre fille Cléo, telle était l’idée de notre famille en 2014. L’objet de notre fondation fut une évidence : la danse, la passion de Cléo, et son enseignement auprès des jeunes. »

Suivez-nousFONDATIONDEFRANCE.ORG