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Réflexions à propos du « Projet de Performance Fédéral »
natation course.
Le « Projet de performance fédéral » est une organisation
fédérale censée courir jusqu’aux J.O de Paris en 2024. A l’origine
de cette organisation une vision ou plutôt des représentations sur
le pratiquant, la performance, l’entraînement que j’ai souhaité
décrypter et interroger car elles auront des conséquences sur la
façon de penser, de concevoir et d’agir.
Les extraits du « PPF natation course » qui sont en bleu font
l’objet d’un questionnement et de commentaires. Le texte
surligné en gris complète ces commentaires.
« PHILOSOPHIE DE L’ARCHITECTURE DU PPF :
La Fédération française de natation se met en ordre de marche pour
que la natation course, sa discipline phare eu égard au nombre de
médailles décernées aux Jeux Olympiques, soit la plus prolifique
possible dès 2020 à Tokyo et garantisse un large succès à Paris en 2024.
Pour ce faire, nous mettons en avant une dialectique essentielle : celle
du club, d’où vient la performance, et celle du centre d’entraînement,
d’où jaillit l’optimisation de cette dernière. »
Si l’objectif affiché est de remporter le plus grand nombre de
médailles possible aux JO de Tokyo puis de Paris, il est bien
normal que le mot « performance » soit très présent, jusque dans
son titre, dans le document fédéral. Cependant méfions nous du
mécanisme de substantialisation qui consiste à tomber dans un
piège, tendu par le maniement du langage, qui nous pousse à
trouver une substance derrière le substantif que nous utilisons.
« L’usage intensif du mot « performance » contribue à sa banalisation et à sa
mise au second plan. C’est finalement un « concept endormi » à l’ombre d’un
discours technique » F.BIGREL « La performance Humaine : à la recherche du sens »
La notion même de « performance » doit-être précisément interrogée. Une performance c’est quoi ?
Si réaliser une performance consiste à se révéler en « situation
complexe », (par exemple au cours d’une compétition de haut
niveau pour un sportif), ne devrions nous pas nous demander ce
qui caractérise les individus qui performent ?
Pour un nageur, être capable de « nager vite » conduira t-il
obligatoirement à réaliser une performance dans un contexte de
haute concurrence comme aux J.O et aux championnats du
monde ?
Il faut se demander quelles sont les conditions nécessaires pour
qu’un nageur, qui s’entraîne quotidiennement, puisse se révéler
lors de grandes compétitions.
Nous connaissons tous des exemples de nageurs capables de nager vite qui
n’ont pas été, ou qui n’ont plus été, en mesure de réaliser une performance en
grande compétition...
Soyons très vigilants face au concept « d’optimisation de la
performance », cette façon de penser la performance est un
leurre qui laisse croire que celle-ci existerait avant la situation de
compétition. La performance n’existe pas avant la situation de
compétition et n’existe déjà plus après avoir été réalisée ; la
prochaine compétition sera une autre histoire où tout sera remis
en question.
« Vouloir faire exister la performance avant qu’elle soit produite, c’est par
exemple le cas lorsque nous parlons d’optimisation de la performance, nous
conduit au cœur d’un immense malentendu qui a des conséquences
considérables en matière d’entraînement » F.BIGREL
Le deuxième effet pervers de cette représentation de la
performance est d’amener à concevoir l’entraînement comme un
ensemble d’éléments indépendants les uns des autres :
« l’énergétique », la musculation, la technique, le mental,
l’évaluation etc.
Par exemple, l’amélioration du rendement* sera le domaine de
l’entraîneur et l’augmentation de la puissance** celui du
préparateur physique alors qu’il est démontré qu’il y a un rapport
à la fois complémentaire et contradictoire entre ces deux facteurs
mécaniques des nages qui sont indissociables.
*Rendement : Rapport entre le travail utile fourni et l’énergie consommée **Puissance : Quantité de travail produite par unité de temps
Cette représentation de la performance qui autorise à
« découper pour optimiser » fait des dégâts considérables. A une
époque cette représentation a conduit certains pays à concevoir
des batteries d’exercices standardisés sans fondements
auxquels devaient se soumettre les nageurs en croyant que ces
tests constituaient des passages obligés pour espérer réaliser
une performance.
« La déclinaison de nos 2 programmes précise ce fonctionnement en
centralisant les moyens (sportifs, financiers et humains) tout en
répertoriant un à un les clubs qui créent la performance, recette
complexe issue de la rencontre d’un entraîneur et d’un nageur, tous
deux d’exception.
Pour permettre l’éclosion de pépites à chaque endroit du territoire et
éviter le regroupement de seulement quelques-unes d’entre elles sur
les structures qui ont réussi à les suivre, la répartition en « pôles »
(qu’ils soient « espoir », « France jeune » ou « France ») est laissée de
côté pour faire place à la seule mise en avant des clubs d’où jaillit la
performance sportive, qu’elle soit nationale ou internationale. »
Nous devrions nous intéresser au processus « d’individuation* »
afin de mieux le comprendre. Ce processus encore trop ignoré
dans le monde du sport, pourrait-être à l’origine de l’émergence
de la performance.
C’est la résolution des problèmes auxquels il se frotte qui
permettrait à un individu d’apprendre, de se construire, et d’être
en mesure de faire face efficacement aux problèmes qui ne
pourront être anticipés et qui lui seront posés par la situation de
compétition. (Nous tournons radicalement le dos au concept
d’optimisation de la performance)
La manière dont l’entraînement est abordé et conçu, est un
élément déterminant qui contribue au processus d’individuation.
*A la différence des approches classiques qui étudient l'individu "déjà individué"
pour le connaître, la notion d'individuation s'attache, elle , à le comprendre
au contraire en étudiant le processus qui permet son émergence.
L'individuation conçoit la genèse de l'individu comme une série de résolutions de
problèmes. Cet individu est le résultat d'un jeu au sein d'un champ de forces dont
il fait lui-même partie et il est vain de chercher le principe de cette individuation
dans la forme que prend ce résultat. Ce sont les relations que cet individu
entretient avec les autres (objet, personne, espace, temps...) qui le sculptent au
fil du temps, autres qu'il contribue à sculpter en retour. On parle alors d'un «
réalisme des relations », ces relations tenant lieu d'être.
Le bilan est l'apparition conjointe d'un individu singulier et de son milieu associé
que l'on ne peut plus alors concevoir séparément. Ils vivent l’un de l’autre, ce qui
fait dire à Paul Valéry : « L’œuvre ne peut avoir pour auteur une personne qui lui
serait antérieure. »
« Pour accompagner et structurer chaque strate du PPF (accession et
excellence), des centres d’entraînement sont positionnés
neutralement en rassemblant tous les sportifs listés du territoire qu’ils
couvrent. En rassemblant ainsi les forces, ces centres ont comme
objectif l’atteinte du meilleur niveau de chaque sportif, et au-delà dans
le moment clé de sa carrière sportive.
Cette dialectique « clubs/ centre d’entraînement » est déclinée à
l’échelle nationale dans le programme d’excellence et à l’échelle
régionale dans le programme d’accession. »
Ce qui caractériserait les gens qui performent serait avant tout
la confiance qu’ils ont en eux ; confiance dans leur relation avec
le monde.
Les sportifs qui « performent » sont aussi des passionnés qui
aiment leurs disciplines et/ou la compétition pour les émotions
quelles leurs procurent.
Comment faire aimer la natation aux jeunes qui viennent à
nous ? (Ils viennent à nous souvent pour apprendre à nager)
Faire vivre des situations adaptées, simples d’organisation mais
intenses émotionnellement à des jeunes gens ne pourrait-il pas
les motiver à s’engager dans nos disciplines ?
« Création collective, instinctive, continue, dynamique grandiose de l’imaginaire,
le sport traverse avec assurance l’histoire des peuples et n’a pas été inventé, au
cours des âges, sur décision des princes ou recommandation des philosophes. Il
est vivant, populaire, spontané. Il est émotion. Il est passion. C’est par là d’ailleurs
qu’il échappe. Les bonnes raisons ne le touchent qu’en surface… » Bernard JEU « Le
sport, l’émotion, l’espace »
Ce n’est pas par hasard qu’une jeune fille va choisir de pratiquer
la natation artistique plutôt que la natation course, que ce jeune
garçon va choisir de pratiquer le water polo ou que tel autre
choisira le plongeon.
Ce qui dicte ces choix, quand le choix est possible, c’est la nature
de l’émotion éprouvée*. Si l’émotion est la clé du sport la nature
de l’émotion est la clé pour faire aimer nos disciplines sportives.
*Selon Bernard JEU ce qui caractérise les sports de nature esthétique (natation
artistique, plongeon) c’est « l’état de grâce » où la facilité affichée, nous le
savons, n’est qu’apparente au prix d’un travail soigneusement dissimulé.
Ce qui caractérise émotionnellement les courses (natation course) c’est « la
poursuite », le poursuivant et le poursuivi.
Ce qui caractérise les sports de balle (water polo) c’est « le jeu de la horde et du
territoire », des espaces interpénétrés et la cible adverse.
Faire vivre l’émotion qui caractérise chacune de nos disciplines
ne serait-il pas le meilleur moyen pour faire goûter à ces
disciplines et retenir de jeunes pratiquants ?
« DISPOSITIF D’INFORMATION ET DE FORMATION PROFESSIONNELLE
CONTINUE FEDERAL DES ENTRAINEURS :
Mettre en place une organisation structurelle à même de permettre
à nos meilleurs entraîneurs (en particulier ceux en poste sur les CNE)
de s'investir pour partie (5 à 10%) de leur activité dans la formation
des entraîneurs en devenir. »
Confier des missions de formation aux entraîneurs les
détournera de l’action d’entraîner et un bon entraîneur ne sera
pas obligatoirement un bon formateur, tout du moins tant qu’il se
consacrera à l’entraînement.
La formation demande un travail réflexif et de recul sur la
pratique, former ce n’est pas expliquer ce que propose un
entraîneur aux nageurs qu’il entraîne.
Former c’est interroger les pratiques, un entraîneur doit
entreprendre ce travail sur sa propre pratique mais pour lui-
même.
Former des entraîneurs et entraîner des nageurs sont deux
attitudes qui devraient être de même nature mais qui ne peuvent
et ne doivent pas s’opérer en même temps.
Une réflexion approfondie sur la formation s’impose, réflexion qui
devra avant tout définir à quoi doit servir la formation dans un
contexte de haute concurrence (nous ne formerons pas les
nageurs de demain avec les recettes d’aujourd’hui)…
Former c’est créer les conditions nécessaires qui permettront
d’adopter « la posture expérimentale » :
La posture expérimentale pour s’inscrire dans cercle vertueux
Se frotter à un problème - le formuler précisément -avancer une hypothèse, c’est mobiliser des compétences
C’est enrichir ses compétences EXPERIMENTERVERIFIER SON HYPOTHESE
« Insister sur la nécessité dans les formations qui s'adressent aux
entraîneurs intervenant ou en passe d'intervenir au plus haut niveau
(BF5, DESJEPS et modules spécialisés) d'exiger de la part des candidats,
une très bonne connaissance, mais aussi et surtout expérience
pédagogique des processus d'apprentissage et mécanismes
d'acquisition et de transformation des habiletés motrices. »
Ces points sont extrêmement importants mais pour dépasser la
déclaration d’intentions les contenus de nos formations doivent
être ciblés et les cadres de référence sur lesquels ils se fondent
explicités. Les concepts utilisés devront être précisément définis
et expérimentés.
Une expérience renouvelée plusieurs fois démontre qu’à la fin d’une formation
initiale de longue durée (BF5, DESJEPS) les stagiaires entraîneurs ont des visions
différentes du fonctionnement locomoteur du nageur !
En l’absence de modèle théorique de fonctionnement du nageur* ces futurs
entraîneurs se cantonneront aux apparences et à une pédagogie de la
reproduction de mouvements.
*MODELE THEORIQUE : représentation simplifiée d’un processus, d’un mécanisme - Rend
possible une CONSTRUCTION.
Comment former des enseignants de natation compétents dans
nos piscines ?
Les tests de l’Ecole de Natation Française donnent-ils un bon exemple de
l’enseignement de la natation ?
Non, ces tests ENF tournent le dos à la pédagogie et à la didactique qui
permettraient un enseignement efficace de la natation et ne permettent
aucunement de faire découvrir nos disciplines !
« DISPOSITIFS ET PROJETS « RECHERCHE ET DEVELOPPEMENT » ET
ACCOMPAGNEMENT SCIENTIFIQUE :
La section « optimisation de la performance » de la Direction du haut
niveau se charge de l’accompagnement scientifique de la natation
course.
Voici les projets envisagés de manière non exhaustive :
A la lecture de ces différents projets j’ai le sentiment que de ne
pas s’intéresser à son passé condamne à le revivre
-Etudier les effets du décalage horaire associés aux déplacements vers
l’Est, afin d’affiner nos stratégies de préparation en vue des
Championnats du Monde de Gwanju (CHN) du 28 juillet au 4 août 2019
et des JO de Tokyo du 26 juillet au 2 août 2020 ; »
Les moyens pour faire face aux effets induits par le décalage
horaire (vers l’Est) sont maintenant bien connus
Des études de ce type ont été réalisées à l’occasion de Séoul 88, Perth 98,
Fukuoka 2001, Sydney 2000, Melbourne 2007, Pékin 2008.
« Mettre en place un outil d’observation et d’analyse vidéo rapide et
simple d’utilisation qui permette aux entraîneurs d’apporter
rapidement à leur(s) nageur(s) un retour sur certaines parties
techniques comme les départs, les virages, mais aussi l’alignement du
corps, le positionnement des différents segments et de la tête par
rapport à l’axe de déplacement en vue d’améliorer leur niveau de
performance ; »
Une technique d’observation d’images vidéo sous-marines,
inédite, axée sur les effets mécaniques des mouvements, nous
a été présentée au congrès mondial de la natation à l’INSEP en
2005 par Raymond CATTEAU.
Par analogie, cette technique d’analyse d’images vidéo sous-marines pourrait-
être pour l’entraîneur ce que l’imagerie médicale est pour le médecin et
l’imagerie médicale à beaucoup fait progresser la médecine !
- Permettre d’observer précisément ce que l’on ne voit pas directement
(sous la surface) mais qui est essentiel dans la locomotion aquatique.
- Permettre d’accéder aux fonctionnements du nageur, de les comprendre
et de les évaluer.
- De distinguer par comparaison les différences « mécaniques » qui
expliquent les raisons objectives d’une régression ou d’un progrès
chronométrique.
Cette technique d’observation offre de réelles perspectives d’améliorations de
l’efficacité des nageurs mais offre aussi des perspectives dans formation des
entraîneurs en passant du concret (ce que l’on voit) au réel (ce qui se passe
indépendamment de ce que l’on voit)
« Accompagner la mise en place du dispositif « d’analyse
technologique par capteur » puis accompagner sa diffusion sur
l’ensemble des structures du PPF ; »
Nous allons donc préférer « une analyse technologique par
capteur » à une observation d’images vidéo sous-marines qui
ouvrirait les perspectives décrites ci-dessus et qui n’a jamais été
expérimentée en équipe de France.
Un recueil d’informations centré sur les modalités utilisées par
les nageurs en compétition (les « analyses de course »), existe
depuis les championnats d’Europe de Strasbourg en 1987 …
Une quantité importante d’informations est disponible, il serait
extrêmement intéressant de connaître l’utilisation que les
entraîneurs en font*.
*Quelles informations sont retenues ? Pour quelles raisons ? Que signifient-
elles ? Influencent-elles la stratégie d’entraînement ? Existe-t-il des informations
qui seraient subordonnantes, donc plus importantes que d’autres ? Lesquelles ?
Pourquoi ?
Ces questions sont essentielles. Entre l’information donnée et
l’interprétation qui en est faite un problème est posé. Ce
problème est du domaine de la formation.
« Mettre en place un kit d’évaluation pour les entraîneurs leur
permettant de contrôler régulièrement l’impact des charges
d’entraînement qu’ils ont programmées avec leur(s) athlète(s) en vue
d’un objectif majeur, pour qu’ils puissent réguler avec plus de
précision l’intensité, le volume, la nature et la périodicité des
différentes formes de travail utilisées et l’alternance des périodes de
récupération nécessaires. (Lien avec le projet de suivi des athlètes et
prévention des blessures via PSQS) »
Un protocole basé sur la variabilité de la fréquence cardiaque
existe et permet d’évaluer la fatigue (Laurent SCHMITT, E.N ski nordique)
Cette évaluation du degré de fatigue expérimentée depuis une dizaine d’années
est fiable, c’est une véritable plus value mais qui ne doit absolument pas devenir
l’élément central de l’entraînement, comme l’ont été à diverses époques les
mesures des lactates sanguin, de la VO2max etc.
« Mener une étude longitudinale de nos meilleurs nageurs portant sur
l’évolution de leur organisation gestuelle en lien avec l’évolution de
leurs performances afin que nos connaissances et notre
compréhension progressent concernant les relations entretenues
entre les modalités d’organisation gestuelle mises en œuvre et les
vitesses de nage observées. (Lien avec le dispositif « d’analyse
technologique par capteur ») »
Réaliser des analyses comparatives* entre nos meilleurs
nageurs et les meilleurs nageurs du monde nous offrira des
indications très intéressantes, à condition que nous nous posions
les bonnes questions.
*Dans une étude réalisée sur 3 olympiades intitulée « Comment les hommes
construisent la natation » Yves RENOUX et Alain CATTEAU nous livrent de
précieuses informations sur ce qui caractérise et distingue le fonctionnement
des meilleurs nageurs et sur l’évolution des modalités de fonctionnement dans
le temps.
Cette étude devrait constituer une thématique de réflexion pour toutes nos
formations, en effet ce sont les nageurs à la recherche du meilleur rendement
qui font évoluer la technique. Pour comprendre le fonctionnement du nageur il
faut repérer l’évolution historique et mettre en relations les particularités et
parfois les singularités des mouvements et de leur fonction (ce à quoi ils servent)
dans l’activité locomotrice.
Si nous savons comment les nageurs de demain s’y prendront
« techniquement » pour nager plus vite, ce que nous savons
moins c’est comment les amener efficacement et rapidement à
se construire et les accompagner à performer.
L’analyse comparative des courses de chaque nageur des
équipes de France est un moyen d’évaluation de l’entraînement.
La question centrale reste l’interprétation des données
recueillies. En effet ces données sont interprétées différemment
en fonction du cadre de référence dont chacun dispose. Nous
sommes toujours face à une problématique en lien avec la
formation et la formation des entraîneurs est très peu présente
dans ce « PPF ».
« Porter une analyse objective de nos résultats, pas seulement à l’aune
de ceux de nos Equipes de France dans les différents rendez-vous
internationaux, mais aussi et plus généralement au regard de notre
niveau national : évolution dans le temps de nos indicateurs de
performance au regard du niveau international, rapport de l'INP à l'IEP
et à l'IMP. »
Ces « indicateurs de performances » permettront d’apprécier
l’évolution d’un niveau moyen de pratique. Existe t-il une
corrélation entre l’élévation d’un niveau moyen et la capacité
qu’aurait un individu à réaliser une performance dans un
contexte de haute concurrence ?
Pour conclure :
Il serait souhaitable de s’intéresser à la performance non plus
comme un produit mais comme l’émergence d’une réponse
géniale et furtive d’un individu à une situation de compétition.
Notre façon de concevoir la manière dont on apprend a des
conséquences sur l’émergence éventuelle de cette réponse
particulière.
Pour cela il est indispensable d’entreprendre le travail nécessaire
qui permette de passer de la pédagogie traditionnelle dite « du
mouvement*» à la pédagogie expérimentale dite « de l’action »
qui conçoit l’enseignement de la natation et l’entraînement
comme un processus de construction par l’action. Processus qui
s’opère par des mises en situation qui posent des problèmes et
qui en les résolvants permettent de franchir des obstacles.
Adopter la pédagogie expérimentale ne se décrète pas, un
changement de paradigme doit s’opérer. « Les éducateurs sont
engagés dans des structures mentales qui les empêchent de
prendre l’attitude expérimentale » Aurélien FABRE.
Apprendre c’est inventer des solutions en action qui permettent
d’atteindre un but ou un résultat clairement défini. Performer
aussi.
« Apprendre, c’est inventer » J. PIAGET
*En l’absence de fondements didactiques, l’enseignement de la natation se
décline en « une initiation (sic) » en petite profondeur, en aménageant le milieu,
avec des flotteurs puis à la reproduction des « bons mouvements » pour se
déplacer et pour ne pas couler.
Apprendrec’est dépasser ce qui fait immédiatement obstacle,
chaque dépassement est un progrès qui intègre la construction précédente
« Pas de structure sans genèse pas de genèse sans structure » J. PIAGET
CHAQUE NIVEAU de FONCTIONNEMENT est une ORGANISATION STABILISÉEPoint de départ d’un dépassement possible
5
Marc BEGOTTI, juin 2018