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Rapport d’observation de l’OCCI Octobre 2017

Initiative pour le courage civique en ligne (OCCI)

Pour plus d’informations, contactez-nous via fr@occisupport.org.

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Sommaire

Introduction ............................................................................................................................... 3

Cibler une audience – Interactions internationales .................................................................. 4

Identifier les thématiques de discussion – Rythme de discussion ............................................ 6

Étude de cas – Hashtags importants de 2017 ........................................................................... 8

Spotlight Interview – Thomas Bouvatier ................................................................................. 12

Ressources ............................................................................................................................... 15

Bibliographie ............................................................................................................................ 16

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INTRODUCTION Suite au Rapport d’observation du mois dernier, qui s’est focalisé sur le déploiement des campagnes, ce mois-ci nous discutons de tendances plus larges dans le discours extrémiste, et revenons sur certaines données derrière nos analyses antérieures. En rappelant quelques hashtags et termes importants des rapports précédents, nous discutons le volume relatif de certains discours extrémistes et comment cette information peut renseigner le développement de vos campagnes. Le but de ce rapport est de vous aider à comprendre le milieu du discours extrémiste en ligne, ses tendances, et le rythme auquel ses influenceurs opèrent. Les réseaux sociaux n’ayant pas de frontières, nous expliquons aussi la manière dont les groupes extrémistes interagissent au niveau international et l’impact que ces interactions peuvent avoir sur vos campagnes. Nous analysons également un type de discours extrémiste que nous n’avons pas encore discuté en détail : le discours de haine homophobe. Comme toujours, le but de ces rapports est de vous aider à produire des campagnes de contre-discours plus efficaces. Si vous avez des questions spécifiques sur une audience que vous aimeriez cibler, dont vous aimeriez recevoir un engagement particulier, ou si vous souhaitez de l’aide dans le développement d’une campagne spécifique, n’hésitez surtout pas à nous contacter via le Help Desk de l’OCCI.

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CIBLER UNE AUDIENCE – INTERACTIONS INTERNATIONALES

Considérez comment les interactions internationales entre des groupes extrémistes peuvent avoir un impact sur votre campagne – par rapport

aux messages de la campagne et au ciblage de l’audience

Comme discuté dans rapports précédents, il est important de considérer les tendances de discussion parmi votre population d’intérêt. Cependant, il est important de garder à l’esprit que Internet facilitant l’échange international entre individus, des groupes extrémistes interagissent de plus en plus avec d’autres groupes similaires à l’étranger. L’exemple le plus évident de ce phénomène est le réseau international qui répand la propagande djihadiste. Les plus grandes plateformes étant devenues plus efficaces pour retirer le contenu faisant l’apologie du terrorisme, des groupes djihadistes utilisent de plus en plus des plateformes au contenu moins visible, comme par exemple Telegram, VK, et WhatsApp. Les réseaux constitués sur ces plateformes permettent la diffusion internationale de la propagande djihadiste, y compris en Français. Bien qu’il s’agisse de l’exemple le plus flagrant de ce type d’interaction internationale, d’autres groupes extrémistes en France maintiennent un contact régulier avec des groupes similaires opérant à l’étranger. L’analyse menée par l’ISD sur Graphika montre que des groupes anarchistes en France interagissent fréquemment avec des groupes similaires au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Il en va de même pour les groupes antifascistes en France et en Espagne. Les militants d'extrême gauche français et italiens interagissent aussi beaucoup sur les réseaux sociaux. De l’autre côté de l’échiquier politique, des groupes identitaires français interagissent fréquemment avec des groupes similaires partout en Europe. Quelques-uns d’entre eux ont aussi des connections avec l’ « alt-right » aux Etats-Unis, ainsi qu’avec des groupes eurosceptiques au Royaume-Uni.

Les groupes identitaires français (en vert) interagissent fréquemment avec d’autres groupes identitaires internationaux (en bleu)

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Lorsque vous développez des campagnes, tachez de considérer comment de telles interactions internationales entre des groupes extrémistes peuvent avoir des répercussions sur vos messages et audiences. Les tendances de discussion parmi les groupes « alt-right » aux Etats-Unis peuvent par exemple affecter la manière dont votre audience perçoit votre campagne. Il est également possible que des groupes en dehors de votre cible géographique puissent voir votre campagne. Comment est-ce que des extrémistes anarchistes en Espagne réagiraient aux messages de votre campagne ? Quand vous diffusez une campagne sur les réseaux sociaux, il est important de considérer que le media n’a pas de frontières. Par exemple, dans le graphique ci-dessus, il y a un grand point bleu placé vers le centre du groupe vert, ce qui indique que cet individu identitaire international interagit assez fréquemment avec les identitaires français. Cet individu, qui, selon son profil, est situé à New York, partage et retweete régulièrement des contenus provenant de sources de l’ « alt-right » aux Etats-Unis, ainsi que des contenus des groupes de l’extrême droite et d’identitaires de toute l’Europe. Cibler de tels individus connectés à des audiences similaires au niveau international peut vous permettre d’atteindre des audiences multiples avec vos contenus. Le Help Desk de l’OCCI vous est toujours disponible pour vous aider à définir et cibler votre audience en détail. N’hésitez surtout pas à nous contacter avec des questions sur, par exemple, la manière dont votre audience interagit avec d’autres groupes à l’étranger.

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IDENTIFIER LES THEMATIQUES DE DISCUSSION – RYTHME DE DISCUSSION

Lorsque le discours de haine est lié à des évènements spécifiques – comme cela peut être le cas avec discours homophobe – tachez de coordonner des campagnes de sorte qu’elles coïncident avec ces

évènements pour atteindre un impact maximum

Au cours des dernières années en France, la discussion autour de l’homosexualité est devenue liée au sujet de la procréation médicalement assistée (PMA) et de la grossesse pour autrui (GPA) (puisque ces pratiques pourraient aussi permettre à des couples homosexuels d’avoir des enfants et de fonder une famille). De ce fait, certains débats en ligne sur la PMA et la GPA ont vu une hausse importante de la quantité de discours de haine homophobe. L’ISD a suivi plusieurs termes et hashtags associés au discours homophobe depuis le début de 2017 (y compris des hashtags comme #trouple, #PMAsanspere, #tapette, et #grossessepourabandon) pour jauger la quantité de discours homophobe, ainsi que la fréquence avec laquelle elle atteint un maximum. Sur le graphique ci-dessous, on peut voir qu’il existe un niveau de base du discours homophobe en France qui persiste de manière relativement régulière avec des maximums atteints associés à certains évènements ponctuels. Cette année, ces maximums ont notamment coïncidé avec les débats sur l’autorisation faite aux lesbiennes et aux femmes célibataires d’utiliser la PMA (comme nous allons en discuter dans la section suivante). En effet, le hashtag #PMAsanspere constitue la majorité (environ 56%) de toutes les publications représentées ci-dessous.

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Si le graphique ci-dessus ne représente pas forcément une évaluation complète de tout le discours de haine homophobe en ligne, il indique qu’il existe des hausses significatives du discours homophobe autour des décisions judiciaires ou gouvernementales importantes qui concernent l’homosexualité dans la société. Les organisations qui se focalisent sur le discours de haine homophobe doivent être particulièrement conscientes de cette tendance pour mieux influencer les discussions en ligne. Par exemple, une campagne peut être préparée en amont de ce type d’évènement dans le but d’être déployée au moment où le débat émerge. Elle peut même profiter des hashtags utilisés par des groupes extrémistes afin de confronter le discours de haine directement (comme discuté dans les rapports précédents). Comprendre comment le discours homophobe est lié à l’actualité est crucial pour combattre ce type de discours de haine. Un bon exemple de campagne pensée autour d’un évènement spécifique est la campagne du hashtag #CoupdeSifflet, qui a été désignée pour contrer le discours raciste, sexiste, et homophobe, ainsi que la discrimination fondée sur la capacité physique en sport. Elle a été préparée et déployée pour coïncider avec des grands évènements sportifs par le Ministère du Sport, et était soutenu par des organisations de la société civile comme Rouge Direct et Stop Homophobie. La campagne a augmenté sa portée en utilisant des hashtags souvent cooptées par des homophobes, dont #17mai et #loveislove. Elle a été redéployée pour coïncider avec des évènements de sensibilisation, comme le Gay Pride.

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Termes homophobes

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ÉTUDE DE CAS – HASHTAGS IMPORTANTS DE 2017

Les tendances parmi quelques hashtags importants parmi des groupes extrémistes en 2017

Depuis le premier Rapport d’observation, nous surveillons activement le comportement des groupes extrémistes en ligne de part et de l’autre de l’échiquier idéologique. Les graphiques ci-dessous montrent les tendances de certains hashtags communs parmi des groupes extrémistes en France depuis le début de 2017. Selon notre analyse de ces tendances, nous tentons d’offrir des recommandations à notre communauté, en nous focalisant sur certains discours de haine spécifiques. Certains de ces hashtags ont été évoqués dans nos rapports précédents, dont #GrandRemplacement, #VivreEnsemble, #Pasdamalgame, et #ACAB (acronyme anglais qui signifie « tous les flics sont des bâtards »).

Parmi ces hashtags, le plus utilisé a été #VivreEnsemble. Comme discuté dans les rapports précédents, au début ce hashtag était utilisé pour promouvoir la cohésion sociale, mais il a depuis été coopté par des groupes anti-migrants pour affirmer que l’intégration des migrants (surtout les immigrés musulmans) dans la société européenne est vaine et n’amènera que la violence. #Pasdamalgame a connu une évolution similaire, et – comme l’on peut le voir dans le graphique ci-dessus – les deux hashtags ont connu des hausses importantes suite aux attentats à Londres et à Barcelone.

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L’usage de #GrandRemplacement était le plus soutenu pendant l’année parmi les hashtags analysés, étant utilisé au moins mille fois par semaine. Une hausse importante a eu lieu début juillet, quand l’archevêque de Strasbourg a évoqué le concept du Grand Remplacement dans un entretien, en le liant à l’avortement et la migration. Ces thèmes étaient en parfait alignement avec la manière dont le hashtag est déployé par les groupes identitaires et islamophobes, et cet entretien a donc été largement partagé parmi ces groupes. #DefendEurope, qui a vu la plus grande hausse de tous les hashtags analysés, est associé avec le groupe identitaire du même nom qui a lancé une mission dans la Méditerranée pendant l’été pour empêcher les navires humanitaires d’assister les migrants tentant d’entrer en Europe par bateau. Non seulement ce groupe a attiré beaucoup d’attention en France, mais il a en plus reçu le soutien de nombreux groupes de l’extrême droite partout en Europe et aux Etats-Unis. La campagne multilingue #DefendEurope a été promue globalement, y inclus France, Allemagne, Italie, Espagne, Suisse, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, et au Canada. Ses sites de « crowdfunding » (de collecte en ligne) sur Wesearchr et Patreon ont été beaucoup partagés par des groupes d’extrême droite aux Etats-Unis, ce qui lui a permis de récolter la plupart de ses 200.000 $ de la part de financeurs américains. L’usage du hashtag a chuté dans les semaines suivantes, et ne figure désormais presque plus parmi les discussions les plus importantes en ligne. Cet exemple illustre comment des groupes extrémistes utilisent des hashtags pour des évènements spécifiques, et il suggère que vous pouvez anticiper des évènements pour mieux cibler vos campagnes de contre-discours.

Pour des campagnes ciblant l’extrême droite, rechercher de l’engagement via l’utilisation de hashtags fréquemment utilisés peut

être une bonne stratégie pour atteindre votre audience cible

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Du côté de l’extrême gauche, il y a peu de hashtags et termes exclusivement utilisés par des groupes extrémistes. Un hashtag utilisé quasiment uniquement par les groupes extrémistes est #ACAB. Ce hashtag est né des manifestations contre la violence policière, mais il est souvent utilisé par des groupes extrémistes pour encourager représailles violentes contre la police. Ceci est différent d’autres pays comme l’Allemagne, où les groupes de l’extrême gauche se sont ralliés autour des hashtags spécifiques comme #noG20 (contre le sommet du G20 en Hambourg), en plus de #ACAB. L’utilisation de #ACAB est pour autant moins répandue que d’autres hashtags utilisés par d’autres groupes extrémistes. L’extrême gauche a en fait tendance à ne pas avoir ses propres hashtags. Les groupes utilisent plutôt des hashtags associés à des discussions plus larges et faisant référence à des idées progressistes en général. Le volume relatif de ce hashtag ne reflète donc pas forcément la présence ou l’impact des groupes hors ligne.

Pour les campagnes ciblant des groupes de l’extrême gauche, utiliser des hashtags spécifiques n’est pas forcément la meilleure tactique.

Participer plutôt dans des discussions plus larges et plutôt ancrées à gauche de l’échiquier politique pour atteindre ceux pouvant être

vulnérables à la radicalisation de l’extrême gauche violente.

Un hashtag dont nous n’avons pas encore discuté est #Quenelle, qui est associé avec le comédien Dieudonné. Il a attiré un public très actif en ligne, et beaucoup de ses matériaux sont implicitement ou explicitement antisémites. Bien que ce hashtag ne représente qu’une petite partie des discussions en ligne (comme #ACAB), il est directement relié à un discours antisémite soutenu sur les réseaux sociaux, y compris de type négationniste et complotiste.

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D’autres hashtags utilisés par les groupes antisémites peuvent être difficiles à dissocier d’autres discussions générales en ligne (comme, par exemple, #sionisme, #shoah, et #israël).

Pour les campagnes visant à confronter le discours antisémite, un ciblage spécifique (comme #quenelle) peut vous aider à atteindre votre audience

avec plus de précision.

Quant au discours homophobe, il peut être aussi difficile à dissocier d’autres discussions en ligne. Un hashtag qui a été associé avec une quantité importante de discours de haine homophobe est #PMAsanspere (comme discuté dans la section précédente). Cependant, comme l’on peut l’imaginer, l’usage de ce hashtag était principalement concentré sur la décision du Comité consultatif national d’éthique qui a ouvert la PMA aux couples lesbiennes et aux femmes célibataires, ainsi qu’une décision similaire par le gouvernement quelques mois plus tard. A part ces évènements, le discours homophobe a tendance à demeurer assez diffus.

Pour les campagnes contre le discours homophobe, vous pouvez préparer une campagne en amont d’évènements ponctuels particuliers (comme,

par exemple des décisions judiciaires ou gouvernementales) afin d’influencer la discussion en ligne

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SPOTLIGHT INTERVIEW – THOMAS BOUVATIER Comment vous est venue l'idée de l'initiative Autonomisation Citoyenne et quel est son objectif ? Autonomisation Citoyenne est née d’un travail de recherche et d’expérience sur le terrain de la prévention des dérives radicales dans les préfectures, les mairies, les hôpitaux, les associations de famille et les entreprises. Il est rapidement apparu que, dans l’audience, les idéologies des uns et des autres s’affrontent sur la question de la radicalisation, notamment celle dans l’islam radical, et cela parasite l’efficacité des formations. Notre objectif est de proposer aux acteurs publics, privés et sociaux, une lecture accessible et parfois ludique du principe de la radicalité et de la radicalisation, quelle que soit son degré d'importance et son expression religieuse ou politique. Dans cette démarche nous expliquons la rhétorique et l’attitude propres à l’extrémisme en général. Cela nous permet d’éviter la confrontation de vérités qui se veulent absolues, nous adresser à une large audience et, surtout, d’éviter toute forme de stigmatisation. Pour ceux qui souhaitent aller encore plus loin dans cette démarche de prévention, notre expérience est compilée dans un livre paru aux PUF cette année : « Petit Manuel de Contre-radicalisations ». Quelles sont selon vous les priorités à garder à l’esprit et les principaux défis auxquels faire face lorsque l’on s’engage dans la recherche sur et la lutte contre les discours extrêmes? La plus importante des priorités me semble de ne pas combattre la radicalité par une autre radicalité, ni des vérités absolues par d’autres saillies du même type. Les discours extrêmes naissent souvent du besoin de protéger son sentiment de supériorité, et de le mettre en valeur, ce qu’expriment des jugements catégoriques, fermés et tranchants. Il me paraît plus efficace de lutter contre les dérives radicales, non pas en promouvant la place du savoir, mais celle du questionnement. Cela a aussi l’avantage de ne pas entrer dans le corpus idéologique de personnes aux discours haineux, car on y a toujours tort. Quelles sont les lacunes ou les difficultés de ce secteur en France aujourd’hui et comment pourrait-on pallier ses manques, ou résoudre ces problèmes ? Depuis les attentats qui ont touché la France, revendiqués par des terroristes salafistes, et le départ de plusieurs centaines de citoyens français pour le territoire contrôlé par Daech, il

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est bien compréhensible que le gouvernement s’intéresse principalement à l’extrémisme musulman. Il me semble que sa campagne de prévention devrait peut-être concerner davantage le principe même de l’extrémisme, quel que soit son expression religieuse ou politique. Car le problème d’une campagne de prévention du djihadisme, aussi nécessaire soit-elle, c’est qu’elle se heurte à la définition même du jihad ainsi que son histoire en Islam et peut finir par provoquer une réaction contre-productive chez des croyants qui peuvent se sentir stigmatiser. Mais les campagnes qui prennent cela en compte en luttant aussi contre l’extrême droite, se dédouanent en vain d’une campagne stigmatisante envers les musulmans, car non seulement elles continuent d’entrer dans le terrain du jihad et de notions religieuses qui lui échappent, mais elles dressent deux groupes l’un contre l’autre en se positionnant au milieu. Qu’en est-il de l’extrémisme de gauche, d’autres formes d’extrémisme et du discours haineux en général, celui qui touche tout ce qui est altérité ? L’extrémisme n’est pas une géographie, mais une tentation. Il est donc très important de montrer les bienfaits d’une expression affective et intellectuelle plus mature. En travaillant sur l’extrémisme, sur ses racines, ses formules, sa structure et son développement, quelle que soit la forme qu’elle prend, on évite la position moralisatrice, on cesse de promouvoir ou de lutter contre des communautés, ou de les stigmatiser. Pouvez-vous partager des exemples de campagnes de contre-discours ou d’initiatives technologiques et expliquer pourquoi elles sont selon vous particulièrement impactantes? En plus des formations que nous donnons pour la Croix Rouge ou pour les acteurs sociaux ou la police municipale de villes comme Sevran, qui prend en compte cette approche, nous sommes en train de mettre en place deux campagnes de contre-discours en ligne. J’espère que vous pourriez les voir sur internet en début 2018. Notre objectif est de faire en sorte que notre audience comprenne :

les bénéfices toxiques d’une dépendance à un groupe radical qui va tout expliquer pour eux, les prendre en charge, leur demander obéissance, ressemblance et sacrifice.

les bénéfices épanouissants qu’il y a être plus autonome. Selon vous, comment est-ce que la psychologie et la recherche peuvent informer et soutenir les efforts de lutte contre l’extrémisme? La radicalité vient du mot radix, racine. Le travail d’une psychanalyse revient à comprendre en quoi son propre passé influence son présent. Le travail d’un extrémiste consiste à s’inventer des racines glorieuses et à expliquer les souffrances du présent par l’action d’une

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minorité nocive. La psychanalyse promeut l’avènement de l’adulte, un sujet responsable, la radicalisation promeut l’inverse : une existence recluse dans une groupe « familial » composé de frères et sœurs soudés, des pouvoirs surnaturels, un monde en noir et blanc, où l’altérité, l’inconnu et la complexité du monde sont à combattre. Dans vos recherches ou dans vos programmes de formation/prévention, vous arrive-t-il réutiliser les discours narratifs ou l’imagerie mise en avant par des groupes que vous essayez de contrer? Pouvez-vous partager quelques exemples internes à votre/vos initiatives ou de meilleures pratiques que vous avez rencontré en la matière ? Nous montrons en effet, images ou vidéos à l’appui, que la propagande des extrémistes peut consister par exemple à s’approprier les racines « parfaites » et « pures » d’un groupe radical, souvent pour cacher la honte qu’ils ressentent à avoir des racines qu’ils considèrent déficientes. Cela explique assez bien leur passion des origines, leur désir absolu de revenir dans un passé « merveilleux » et de lutter contre tout ce qui y fait obstacle (juifs, croisés, musulmans, étrangers, non croyants, « illuminatii », « endormis »...).

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RESSOURCES

Comprendre et maitriser le contre-discours o Counter-narrative handbook (anglais) o OCCI Dossier d’informations sur l’engagement de contre-discours o Counter-narrative toolkit (anglais) o Prévenir et lutter contre la radicalisation à l'échelon local

Développement de campagnes o Associations à but non lucratif sur Facebook o Facebook Business o Associations à but non lucratif sur YouTube

Management de campagnes o Mouvement contre la haine o Facing Facts (anglais, initiative qui vise à aider l’identification et la

réponse aux discours de haine)

Suivi et évaluation o Counter-narrative monitoring and evaluation handbook (anglais) o Twitter statistiques o Facebook analytics o Google analytics

Culture numérique o Le Centre de sécurité de Facebook o Plateforme d’assistance pour la sécurité numérique

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BIBLIOGRAPHIE

Archevêque de Strasbourg et le Grand Remplacement o RT Français : Pour l'archevêque de Strasbourg, la fécondité des

musulmans mène au «grand remplacement»

La mission Defend Europe o Le Monde : « C-Star » : le bateau d’extrême droite qui chasse les migrants

en Méditerranée

Dieudonné et #quenelle o Slate : La dieudonnisation des esprits, une (grosse) quenelle qui vient d’en

bas o Les Inrockuptibles : Blagues antisémites, vente de Mein Kampf, nous

avons assisté au bal des quenelles de Dieudonné

Discours sur la procréation médicalement assistée o Libération : Le Comité d'éthique dit oui à la PMA pour toutes o La Croix : Le gouvernement entend ouvrir la PMA « à toutes les femmes »

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