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Que peut offrir l'épidémiologie àla Santé publique, aujourd'hui, et dans l'avenir? Author(s): A. R. FOLEY Source: Canadian Journal of Public Health / Revue Canadienne de Sante'e Publique, Vol. 57, No. 10 (OCTOBER 1966), pp. 463-466 Published by: Canadian Public Health Association Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41983948 . Accessed: 16/06/2014 02:14 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Canadian Public Health Association is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Canadian Journal of Public Health / Revue Canadienne de Sante'e Publique. http://www.jstor.org This content downloaded from 91.229.229.13 on Mon, 16 Jun 2014 02:14:55 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Que peut offrir l'épidémiologie à la Santé publique, aujourd'hui, et dans l'avenir?

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Que peut offrir l'épidémiologie àla Santé publique, aujourd'hui, et dans l'avenir?Author(s): A. R. FOLEYSource: Canadian Journal of Public Health / Revue Canadienne de Sante'e Publique, Vol. 57, No.10 (OCTOBER 1966), pp. 463-466Published by: Canadian Public Health AssociationStable URL: http://www.jstor.org/stable/41983948 .

Accessed: 16/06/2014 02:14

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Que peut offrir l'épidémiologie à la Santé

publique, aujourd'hui, et dans l'avenir?1

A. R. FOLEY,2 M.D., Dr.P.H.

EN Public 1942,

Health" dans 1" American Journal of

Public Health" (32 (4), 414), on posait aux lecteurs la question suivante: Qu'est-ce qu'un épidémiologiste? Pendant les quelques mois qui suivirent les réponses affluèrent, chacun donnant sa propre con- ception de cette fonction. Si nous référons aux définitions des grands maîtres de notre science: Welch, Stallybrass, Rosenau, Maxcy, Gordon et Frost, nous voyons que chacun exprime différemment sa pensée. Il y a cependant unité sur la base même de la définition. C'est dans le mode d'ex- pression qu'il existe des différences.

Cette unité de pensée et cette variété d'expressions sont consolantes. Elles éta- blissent que la définition de l'épidémiologie s'est cristallisée en atteignant la plénitude du développement de cette science; ceci me permet de faire part, à une assemblée aussi distinguée, de ma pensée sur le sujet sans sembler vouloir poser au Maître.

L'épidémiologie est une science, c'est également un outil de travail et c'est enfin et surtout une formation de la pensée. Une science

C'est l'étude de la distribution des maladies de l'homme dans le temps et dans l'espace et des facteurs qui influencent cette distribution, avec tous les recoupe- ments impliqués dans une telle étude, c'est-à-dire la mise en évidence de la pathologie, l'immunologie, la virologie et de la biologie de l'homme dans son milieu, le tout apprécié suivant des critères statis- tiques.

Une étude épidémiologique constate d'abord l'existence d'une série d'associa- tions entre le malade et les caractéristiques normales de la population et explique en- suite la raison du phénomène biologique. 1Travail présenté au Congrès^ de l'Association

Canadienne de Santé Publique, Québec, 1966. 2Epidémiologiste de la Province de^ Québec, Minis-

tère de la Santé. Professeur d'Epidémiologie, Ecole d'Hygiène, Université de Montréal, Montréal, P.Q.

L'épidémiologiste complet, et j'admets de suite que la perfection n'est pas de ce monde, disons donc, l'épidémiologiste presque parfait doit avoir les connaissances de base pour que rien de ce qui affecte l'homme ne lui soit étranger.

Outil de travail L'épidémiologie n'est pas une science

abstraite et contemplative; elle est utilitaire et elle étudie la maladie pour pouvoir au moins influencer favorablement la mor- bidité et la mortalité, si éventuellement elle doit baisser pavillon devant cette dernière.

Mon Maître, le professeur Frost, qui a su voir plus loin que l'épidémiologie re- strictive appliquée aux maladies transmis- sibles, a par ses disciples formé école. Chacun apporta sa petite pierre à l'édifice monumental qu'est aujourd'hui l'épidémio- logie. Chacun a contribué à forger l'outil dont nous nous servons dans nos études de chaque jour, outil qui est devenu le standard dans la recherche scientifique. Ce n'est que par la méthode épidémio- logique que l'on peut prendre une vue d'ensemble des phénomènes de la masse de la population et établir un projet de re- cherche qui ait chance de porter fruit. Cette méthode qui fait ressortir les points de ressemblance et de divergence existant dans un groupement humain peut paraître au début asservissante et fastidieuse, mais lorsqu'on l'a maîtrisée on réalise quel précieux instrument de travail on a, à sa disposition. Une formation de la pensée

Le médecin et l'infirmière, dans leurs années universitaires, ont été formés à faire l'étude clinique d'un cas; leur unité de travail est le malade qu'ils ont à soigner. Pour l'hygiéniste, ce même malade n'est qu'un symptôme de la morbidité; ce n'est

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qu'un des morceaux du casse-tête qu'il faut assembler pour obtenir une image com- plète. Pour lui l'unité d'étude est la communauté.

La simple connaissance de l'existence d'un cas n'est plus une notion capable de le satisfaire: il lui faut savoir pourquoi ce cas est survenu, sa filiation ascendante et déscendante, ses relations avec les autres cas et leur signification sur la santé et le bien-être de la communauté. Remontant à la source il veut faire disparaître la cause pour empêcher un retour offensif de la même maladie et il vérifie toutes ces appréciations par la méthode statistique pour s'assurer qu'il a bien des réponses valables.

L'épidémiologie, dans ses études, procède sans préjuger des résultats à venir. Elle ordonne de garder l'esprit ouvert, elle dé- fend que l'on porte un jugement avant que le cercle de la preuve ne soit fermé, elle exige que l'on remonte à la source com- mune du phénomène touchant la popula- tion et aussi longtemps qu'on ne n'y est pas arrivé, la cause reste "subjudice" pour faire les délices ou les tourments de l'enquêteur.

Les critères d'une saine épidémiologie sont donc stricts, mais ils sont également formateurs et leur application constante ne peut faire autrement que de donner à l'hygiéniste une aptitude de l'esprit, une formation de la pensée qui ne lui permettra plus de se satisfaire d'un fragment de la vérité.

Status actuel de V épidémiologie L'ère des grandes épidémies est révolue.

La médecine préventive, épaulée par la curative, a fait disparaître de notre milieu la variole, la diphtérie et la poliomyélite. Cette action conjointe a également permis de réduire à néant la mortalité par typhoïde et par coqueluche. Nous entrevoyons le jour, pour ne pas dire l'heure, où nous pourrons attaquer la rougeole de la même façon.

Forte de ces succès, depuis une décennie, l'épidémiologie s'est attaqué aux maladies chroniques et aux accidents. Malheureuse- ment, il s'agit dans la plupart des cas d'études fragmentaires faites sur des groupes spéciaux qui ne sont pas repré- sentatifs de la population générale. Il ne faut pas non plus s'attendre que dans ce champ nous obtiendrons des résultats

spectaculaires comme nous en avons eu dans certaines maladies contagieuses; mais si nous pouvons sauver une vie, abréger des souffrances ou simplement augmenter le bien-être de la population, l'effort en vaut la peine. U épidémiologie de l'avenir

En épidémiologie, nous sommes à la croi- sée des chemins et une occasion unique s'offre à nous qui permettra une étude glo- bale de la morbidité dans cette province et même dans notre pays. L'assurance-maladie s'en vient et si nous savons prévoir et organiser, l'épidémiologie aura à sa dispo- sition une mine de renseignements jusqu'ici inaccessibles et inexploités parce que com- partimentés dans les dossiers médicaux des malades.

Il faut entrevoir la mise sur pied d'un fichier central de morbidité, fichier auquel l'assurance-hospitalisation, les services psy- chiatriques, la démographie, le contrôle des maladies contagieuses, les services de médecine préventive, les laboratoires, le génie sanitaire, l'hygiène industrielle, les organisations spécialisées de lutte contre le cancer, la tuberculose, le diabète, les car- diopathies et les malformations congé- nitales fournirent des données. Ce centre spécialisé recueillera les données, les assemblera suivant l'ordre établi et les traitera pour les convertir en sommes et en taux.

L'épidémiologie à son tour les traduira en langage médical pour en extraire la signification et permettre l'établissement de programmes.

Cette richesse de matériel mise à la disposition de l'épidémiologie permettra des études globales qui guideront les ad- ministrateurs de la Santé publique dans le choix des décisions prioritaires qu'ils ont à prendre. Le résultat de ces études se fera également sentir sur le travail des hygiénistes dans le champ, dont l'action sera guidée vers les problèmes les plus aigus, en leur permettant d'employer les méthodes de répression les plus efficaces contre la maladie.

Il faut voir dans cette étude globale de la morbidité l'action la plus importante qui n'ait été prise depuis cinquante ans dans le domaine de la médecine préventive et on ne saurait encore, à ce moment, réaliser l'influence profonde que ces travaux auront sur la santé et le bien-être

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de la population. Nous ne nions pas l'im- portance des études de mortalité: loin de là! il faut les continuer et obtenir des informations statistiques encore plus com- plètes et d'une plus grande véracité. Mais l'épidémiologie de l'avenir, c'est l'étude de la morbidité.

Une première conclusion découlant de cet exposé est que l'épidémiologiste doit devenir, encore plus que dans le passé, le consultant attitré de l'administrateur en Santé publique: plus que jamais l'épidé- miologie sera le phare guidant nos travaux, fixant les buts à atteindre, étudiant les méthodes à prendre pour éviter les écueils d'une part et prévenir les efforts inutiles et onéreux lorsque mal dirigés.

Dans un service donné, l'épidémiologie ne peut plus être la tâche d'un seul homme, mais d'une équipe travaillant à l'unisson. Personne ne possède une science uni- verselle et la médecine d'aujourd'hui est devenue si complexe qu'un travailleur peut au plus se spécialiser dans un secteur bien défini. Il faut donc prévoir des cadres, non seulement pour la relève, mais également pour conduire le travail à bonne fin.

L'épidémiologie du futur doit être axée sur la recherche scientifique. Les problèmes de Santé publique surgissent continuelle- ment et il faut bien admettre qu'il s'agit d'un champ à peu près inexploré.

Ne croyons pas que c'est seulement dans les grands laboratoires que peuvent se faire les découvertes scientifiques. La recherche pure y est à sa place parce que ces organismes jouissent du personnel scientifique et du matériel technique néces- saires à cette fin; mais la recherche appli- quée en Santé publique est le domaine du médecin hygiéniste, parce que c'est lui qui rencontre les problèmes et qui est appelé à les résoudre. S'il est inquisiteur perspicace, s'il a un esprit de recherche, il ne se contentera pas de la routine, il se ques- tionnera, il voudra comprendre et il cherchera. Les solutions ne lui arriveront sans doute pas toutes trouvées, il ne réus- sira certainement pas à élucider tous les problèmes, mais un esprit éveillé permettra éventuellement de trouver une réponse.

Laissez-moi vous donner deux exemples pour illustrer ma pensée. Il y a une vingtaine d'années, un médecin hygiéniste de cette province est appelé pour voir un enfant que l'on venait d'hospitaliser pour diphtérie. L'antitoxine diphtérique fut ad-

ministrée à l'enfant à doses curatives et on jugea bon de donner une dose prophy- lactique à la mère qui démontrait des points grisâtres sur les amygdales. Le lendemain matin, le petit malade qui avait fait une température très élevée au cours de la nuit allait mieux et on pouvait le considérer comme sauvé. Sa mère qui avait également fait une température de l'ordre de 106 degrés Fahrenheit venait de décéder. Le médecin hygiéniste se ques- tionna sur le résultat de ces traitements et à la suite de son observation une expertise a établi que l'antitoxine contenait des corps pyrogènes. On ne s'était jamais auparavant soucié de la présence de corps pyrogènes dans les produits biologiques, mais depuis, la recherche de ces corps est devenue une épreuve standard dans tous les laboratoires de production de produits biologiques.

Deuxième contribution à la protection du public: En mars 1936, un médecin hygiéniste de notre service vaccinait contre la typhoïde tous les membres d'une famille de ses amis. Il fait la vaccination à trois injonctions, à intervalles voulus, avec du vaccin frais conservé au réfrigérateur.

En mai, survient un premier cas de typhoïde chez une des personnes vaccinées et un deuxième cas, un mois plus tard, chez une fille qui avait également reçu le vaccin.

Alarmés de cet insuccès, nous faisons éprouver le vaccin pour constater que notre souche vaccinale, type Rawlings, avait perdu sa virulence et son pouvoir antigénique. La souche fut ravivée par passage sur de petits animaux de labora- toires et le pouvoir antigénique du vaccin revint à la normale.

Je fis part de cette constatation au chirurgien général Cummings, du Service Fédéral de la Santé aux Etats-Unis. Là également on observa que par repiquage continuel de la culture depuis 1908, la souche avait perdu sa virulence.

Arrêtons-nous un moment à songer ce qui serait survenu dans les armées cana- diennes et américaines qui devaient monter sur le champ de bataille, un an plus tard.

L'esprit d'observation de ces deux mé- decins, leur amour d'un travail bien fait, leur curiosité scientifique ont permis deux importantes acquisitions à la science et à la médecine préventive. Le médecin hygiéniste dans son travail quotidien: doit

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penser, s'interroger et essayer d'expliquer les phénomènes qu'il observe. Le champ des recherches appliquées en médecine préventive s'élargit chaque jour et les recherches épidémiologiques font partie des obligations et des fonctions de l'hygiéniste.

Pour terminer, permettez que je résume ma pensée:

L'épidémiologiste de l'avenir devra conduire des études globales de morbidité, y compris sur les maladies à longues échéances;

Il devra être lui-même un chercheur; Il sera un stimulateur de la recherche

appliquée; En un mot, il sera l'aviseur attitré de

l'administrateur.

Summary There exist many definitions of epidemio-

logy. According to the author, epidemio- logy is a science, a working tool as well as a discipline of the mind. Epidemiology studies the occurrence and the distribution of diseases in men, the factors that influ- ence them in relation to pathology, im- munology, virology and biology of man in his own environment: data, which are

appraised through statistical processing and analysis. An epidemiological investigation establishes the existence of a chain of evidence between the ill person , the charac- teristics of the population and the source of pathological cases. Epidemiological methods have become a standard tool in scientific research. They give an overall picture of mass phenomena while pointing to the differences and similarities of certain groups.

The era of pandemics is over. Because many active communicable diseases are reduced or have disappeared from our midst, epidemiology is now tackling chronic diseases and accidents, with less spectacular results. With the advent of health insurance, a wealth of information will provide epidemiology with the oppor- tunity of studying the morbidity of the entire population. The future epidemiolo- gist should be a member of a team, should support pure scientific research, participate in applied research and be a regular adviser of the health administrator when the latter tries to determine priorities among prob- lems in the field of public health.

Personal qualities and knowledge of a high order will be required to round out the ability of the future epidemiologist.

LABORATORY SECTION

CANADIAN PUBLIC HEALTH ASSOCIATION

Thirty-fourth annual Christmas meeting

Sheraton-Mt. Royal Hotel, Montreal

December 1 and 2, 1966

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