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Production massive d’hydrogène vert : une solution d’avenir pour la transition énergétique Acteur industriel engagé dans le développement des carburants décarbonés, H2V Industry se positionne comme pionnier dans le domaine de l’hydrogène obtenu par électrolyse de l’eau, donc sans carbone. Les débouchés sont nombreux et la mise en place d’une vraie filière pourrait faire de la France un leader dans ce domaine. Trois usines, une à Port Jérôme, une à Dunkerque et une à Fos-sur-Mer vont voir le jour. P ouvez-vous nous présen- ter H2V Industry ? Quel est votre cœur de métier ? H2V Industry est une société indus- trielle de production massive d’hydro- gène par électro- lyse de l’eau à base d’énergie certifiée 100 % renouvelable, c’est-à-dire sans carbone. Elle a été créée en 2016 par deux ac- tionnaires princi- paux: Lucien Mallet et Alain Samson qui ont dans le passé déjà travaillé sur l’éolien et sur les énergies renouvelables. Précurseurs dans ces domaines, ils ont vu dans l’hydrogène le pro- chain vecteur pour reverdir les réseaux gaz. L’entreprise se positionne donc comme un acteur industriel majeur dans la mise en oeuvre de la loi sur la transition énergétique ainsi que dans la production des carburants avancés du XXI ème siècle. Après plusieurs études pour préci- ser quel pourrait être notre rôle pour contribuer à la croissance et la structuration de cette filière, nous avons choisi de développer des usines de production massive d’hydrogène : il s’agit d’unités de 100 mégawatts de consommation électrique. Trois projets sont en cours d’étude : à Port-Jérôme-sur- Seine, entre Le Havre et Rouen, à Loon-Plage, à côté de Dunkerque, et à Fos-sur-Mer près de Marseille. C’est cette dimension qui nous permettra de faire baisser le coût de l’hydrogène vert et de le rendre compétitif par rapport à d’autres sources d’énergie. Quels sont vos atouts concurren- tiels ? Nous avons de très bons contacts avec les différents fournisseurs d’électrolyse. Nous avons été des précurseurs dans le domaine de la production massive d’hydrogène, ce qui nous permet d’avoir une longueur d’avance sur la concur- rence dans la création et l’intégration d’usines de grande taille. Il faut bien sûr que nous conser- vions cette avance, mais c’est cela qui nous a déjà permis de trouver des emplacements stratégiques, de convaincre les collectivités territoriales et d’avoir une vraie relation de développement avec les fournisseurs électrolyseurs. La concurrence est-elle française ou internationale ? Il existe une concurrence fran- çaise sur un certain nombre de territoires sur lesquels nous nous positionnons, et d’autres acteurs français vont venir. Mais leurs projets sont différents, plus petits : nous devons donc nous employer à démontrer leur com- plémentarité avec les nôtres. Au niveau international, nous sommes contactés par beaucoup de pays pour développer des usines in situ. 2 La rubrique Entretien avec Benoît Vantourout, directeur du développement d’H2V Industry 36, Avenue Hoche 75008 PARIS www.h2vindustry.net RD2016_5P:. 20/06/18 14:37 Page 2

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Production massive d’hydrogène vert :une solution d’avenir pour latransition énergétique

Acteur industriel engagé dans le développement des carburants décarbonés, H2V Industry sepositionne comme pionnier dans le domaine de l’hydrogène obtenu par électrolyse de l’eau, doncsans carbone. Les débouchés sont nombreux et la mise en place d’une vraie filière pourrait fairede la France un leader dans ce domaine. Trois usines, une à Port Jérôme, une à Dunkerque etune à Fos-sur-Mer vont voir le jour.

P ouvez-vous nous présen-ter H2V Industry ? Quelest votre cœur de métier ?

H2V Industry estune société indus-trielle de productionmassive d’hydro-gène par électro-lyse de l’eau à based’énergie certifiée100 % renouvelable,c’est-à-dire sanscarbone.

Elle a été créée en2016 par deux ac-tionnaires princi-paux: Lucien Mallet

et Alain Samson qui ont dans lepassé déjà travaillé sur l’éolien etsur les énergies renouvelables.Précurseurs dans ces domaines,ils ont vu dans l’hydrogène le pro-chain vecteur pour reverdir lesréseaux gaz.

L’entreprise se positionne donccomme un acteur industriel majeurdans la mise en oeuvre de la loi surla transition énergétique ainsi quedans la production des carburantsavancés du XXIème siècle.

Après plusieurs études pour préci-ser quel pourrait être notre rôlepour contribuer à la croissance etla structuration de cette filière,nous avons choisi de développerdes usines de production massived’hydrogène : il s’agit d’unités de100 mégawatts de consommationélectrique. Trois projets sont en

cours d’étude : à Port-Jérôme-sur-Seine, entre Le Havre et Rouen, àLoon-Plage, à côté de Dunkerque,et à Fos-sur-Mer près de Marseille.

C’est cette dimension qui nouspermettra de faire baisser le coûtde l’hydrogène vert et de le rendrecompétitif par rapport à d’autressources d’énergie.

Quels sont vos atouts concurren-tiels ?Nous avons de très bons contactsavec les différents fournisseursd’électrolyse. Nous avons été desprécurseurs dans le domaine de laproduction massive d’hydrogène,ce qui nous permet d’avoir unelongueur d’avance sur la concur-rence dans la création etl’intégration d’usines de grandetaille.

Il faut bien sûr que nous conser-vions cette avance, mais c’est celaqui nous a déjà permis de trouverdes emplacements stratégiques,de convaincre les collectivités territoriales et d’avoir une vraierelation de développement avecles fournisseurs électrolyseurs.

La concurrence est-elle françaiseou internationale ?Il existe une concurrence fran-çaise sur un certain nombre de territoires sur lesquels nous nouspositionnons, et où d’autresacteurs français vont venir. Maisleurs projets sont différents, pluspetits : nous devons donc nousemployer à démontrer leur com-plémentarité avec les nôtres. Auniveau international, nous sommescontactés par beaucoup de payspour développer des usines in situ.

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La rubrique

Entretien avec Benoît Vantourout, directeur du développement d’H2V Industry

36, Avenue Hoche75008 PARIS

www.h2vindustry.net

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C’est pourquoi notre volonté estde faire de nos premières usinesconstruites en France des démons-trateurs.

Bien sûr, je pense qu’à terme nousaurons des concurrents quiconstruiront à l’international desusines aussi importantes que lesnôtres… C’est pourquoi il fautfaire attention à ce que la France,avec les compétences qu’on pourrait y développer dans lesdomaines de l’électrolyse et del’hydrogène, ne soit pas devancéepar d’autres pays et d’autressociétés.

Comment l’écart de prix entre lesdeux types d’hydrogène peut-il seréduire ? Actuellement l’hydrogène vert,même produit par des usinescomme les nôtres, va coûter envi-ron deux fois plus cher que le gris.Mais compte tenu de la hausseannoncée de cette nouvelle pro-duction, les coûts vont baisser etl’hydrogène vert va concurrencerde plus en plus le gris. Ajoutonsque le prix du pétrole, nous lesavons, peut évoluer à la hausse.Il y a également des taxes qui peu-vent impacter le prix del’hydrogène gris et même si leCO2 est aujourd’hui très bas, nousprévoyons une hausse dans lesannées à venir. Donc l’écartdevrait se réduire.

Quelles sont vos perspectives dedéveloppement en France et àl’international ?En France, le premier débouchésera l’injection d’hydrogène dansles réseaux existants. Mais pourque des usines comme les nôtrespuissent être créées et construitesrapidement et que la filière prenneforme, il faudrait à notre avis queles pouvoirs publics encouragentce type de projet via une aide,comme ce qui avait été fait pourle lancement de l’éolien ou dusolaire qui ont été aidés avec untarif de rachat bonifié. Nous mili-tons pour qu’il y ait le même sys-tème pour l’hydrogène vert.

Aujourd’hui, l’électricité quivient de l’éolien ou du solaire estmoins chère que tout autre électri-cité. Afin que l’hydrogène per-mette de décarboner les réseaux

gaz et que notre production soitcompétitive, il faut inciter lesindustriels à acheter !

Pour créer et structurer une vraiefilière, il serait également néces-saire d’encourager l’utilisation del’hydrogène dans les transports :cela passe bien sûr par une mobi-lisation des pouvoirs publics, descollectivités locales, voire desindustriels… Cette solution offred’incroyables possibilités, parexemple pour la construction ou la

rénovation de bateaux, quiconsomment aujourd’hui uneénorme quantité de diesel.

C’est vrai aussi pour les trains : enFrance, ils sont électrifiés maisdans certains pays ils fonctionnentencore au diesel… Est égalementconcernée l’automobile et lesconstructeurs ne s’y sont pastrompés puisque plusieurs voi-tures de ce type existent déjà chezHyundai, Toyota, Renault etCitroën. En incitant à remplacerpetit à petit l’essence et le dieselpar de l’hydrogène pour les longstrajets, les pouvoirs publics peu-

vent mener la France à être unpays leader dans ce domaine.Mais il ne faut pas tarder carmême si nous sommes précur-seurs, beaucoup d’autres acteurss’y intéressent.A l’international, nous sommesquestionnés sur différents sujets.L’Inde et la Chine essaient detrouver des solutions pour limiterla pollution en ville et pensentaujourd’hui à revoir leurs moyensde transport dans cette perspec-tive, l’hydrogène vert servirait àalimenter leurs trains et les voi-tures. Nous avons de très bonscontacts avec eux.

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Rubrique

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Dunkerque, point d’ancrage dela nouvelle filière C’est le port ouest de Dunkerque qui a été choisi comme lieu d’implantation d’une des deuxfutures usines de H2V Industry. Une reconnaissance pour ce territoire déjà bien engagé dans ledomaine de la transition énergétique. 200 emplois sont à la clé.

Al’horizon 2021, H2V Indu-stry exploitera une nouvelleusine de production

d’hydrogène dans le port ouest deDunkerque. Pouvez-vous nous pré-senter cette future installationindustrielle ?C’est une usine qui sera construitesur le territoire du port ouest deDunkerque et comprendra cinquni tés de 100 mégawat ts .Chacune produira 20 000 Normomètres cubes heures de gaz(Nm3/h). Les bâtiments, adaptésaux électrolyseurs de grandetaille, vont être créés sur un terrainvierge, selon une conceptionarchitecturale et un aménagementprévus par H2V Industry pourpouvoir être reproductibles par-tout à l’avenir. Nous avons déjàlancé les études réglementairesconcernant l’impact sur la faune etla flore en octobre 2017. Des rele-vés topographiques ont égalementété effectués et nous avons pourobjectif de pouvoir déposer ledossier de demande d’autorisationfin 2018, pour une mise en serviceen 2021. Le terrain de 25 hectaresest loué au Grand port maritimede Dunkerque, pour une périodede 30 à 60 ans.

Pourquoi avoir choisi le port deDunkerque ? Quels ont été voscritères de sélection ?Plusieurs critères ont été pris encompte. Les premières analysescomparatives ont porté sur le posi-tionnement géographique de nosunités de production en relationavec les équipements environ-nants. Je pense bien évidemmentà la disponibilité et à la puissancedes réseaux électriques et à celledes réseaux de gaz. Par ailleursnous avons souhaité qu’il y ait

localement une volonté affir-mée de favoriser la transitionénergétique, de faire évoluerle modèle économiqueancien basé sur l’industrieclassique et de le transformerpetit à petit pour accompa-gner l’intégration des éner-gies renouvelables, plus pro-pres, etc.

A Dunkerque nous avonstrouvé tout cela : il y a unréseau électrique puissant,offrant la possibilité de rac-corder plusieurs de nos uni-tés, et il existe déjà uneimportante entrée de gazpuisque c’est par là que tran-site le gaz de Norvège qui ali-mente la moitié de la France.Les Hauts-de-France, rappe-lons-le, sont un lieu de passage d’énergies : c’estvrai pour le gaz comme jeviens de le dire, mais aussipour l’électricité, car il y aune interconnexion avec laBelgique, l’Angleterre et lesautres pays limitrophes. PourH2V Industry, c’est donc unendroit important et même straté-gique. Outre ces prérequis tech-niques, nous avons trouvé icil’accueil et la volonté de transfor-mer l’économie d’hier etd’aujourd’hui en une économieplus verte.

En effet, la Communauté urbainede Dunkerque (CUD) a pourambition de faire de son territoire– qui a par le passé souffert de ladésindustrialisation – un démons-trateur de l’industrie du XXIème

siècle. C’est pourquoi elle s’estdonné pour missiond’accompagner et de fédérer les

industriels et tous les acteurslocaux souhaitant s’engager dansla transition énergétique. Nousentrons dans cette catégorie-là,puisque nous proposons des ins-tallations industrielles de grandetaille permettant de produire loca-lement de l’hydrogène vert quiservira à beaucoup d’autres activi-tés. Il est donc apparu très vite ànos interlocuteurs, non seulement à la Communauté urbaine deDunkerque mais également auniveau de la Région, l’intérêtd’avoir une entreprise commeH2V Industry sur le territoire.

Combien d’emplois seront-ilsainsi générés à Dunkerque etquels sont les types de profils

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recherchés par H2V Industry ?Travaillez-vous avec des établis-sements d’enseignement tech-nique ou supérieur pour anticiperles besoins de formation ?Nous allons recruter entre 35 et 40personnes par unité de produc-tion. Cinq unités sont prévuesd’ici à 2026, ce qui représente, àterme, environ 200 personnes. Lapremière sera créée en 2021, puisnous continuerons au rythmed’une par an. Le profil recherché :des techniciens, avec un niveaubac + 2 ou équivalent.

Nous travaillons actuellement avecla Région et avec Euraénergie, lepôle d’excellence et d’innovationlancé par la CUD, avec le soutiendu Pôle Energie 2020 et de laRégion, début 2016, à l’occasiondes Assises Européennes de laTransition Energétique organiséesà Dunkerque. Nous sommes entrain de recenser les formationsexistantes et de voir s’il serait possible d’ajouter à certaines unmodule d’enseignement spécifiquesur l’hydrogène. A l’avenir, nous souhaiterions créer une formation dédiée : un BTS surl’hydrogène qui corresponde auxbesoins d’H2V Industry et éven-

tuellement à ceux d’autres acteursde la filière. Cette perspectivenécessite de faire une étude poursavoir quelles sont les compétencesattendues pour nos différentsmétiers et quels seront précisémentles besoins de la filière dans lesannées à venir. Nous en discutonsavec les responsables de la forma-tion au niveau des collectivités ; ilsfont le lien avec les universités.

Comment analysez-vous l’impor-tance de cette implantation pourl’activité du port de Dunkerque etpour l’attractivité de l’agglomé-ration ?Notre activité va s’inscrire dans ladynamique locale. Elle est vrai-ment complémentaire du projet dedémonstration GRHYD porté parEngie. Il s’agit dans ce cadre, rap-pelons-le, d’expérimenterl’injection d’hydrogène dans leréseau de distribution de gaz natu-rel d’un nouveau quartier deDunkerque et dans une station debus GNV située sur le territoire dela CUD. L’échelle et les débou-chés sont donc d’une autre natureque celles de notre future activité.L’implantation d’H2V Industrypermettra de créer de l’emploi etde nouvelles compétences locales :

200 postes à terme, plus de nom-breux emplois indirects, c’est unebelle perspective pour la collecti-vité locale et pour la région !

De plus, nous voyons l’hydrogènecomme un vecteur important pourfavoriser la transition énergétique,et les Hauts-de-France ont lesqualités pour être précurseur dansce domaine, compte tenu de tousles débouchés possibles pour lesbateaux, les voitures, les trains… Le groupe Alstom, implanté àValenciennes, a d’ailleurs présentéen 2017 le premier train à hydro-gène. Haut lieu de la filière trans-port, l’agglomération valencien-noise accueille déjà le technopôleTransalley, un site d’excellencedédié aux mobilités innovantes etdurables qui regroupe entreprises,équipes de recherche et opérateurs.Je pense donc que notre usinede Dunkerque devrait s’intégrerdans cette dynamique régionale quipourrait même s’enrichir à l’avenird’une filière bateau et d’une filièrevoiture… Il y a un vrai potentiel et,avec le soutien des pouvoirs publics,la France pourrait être le fer de lancede ces nouvelles industries concou-rant au déploiement de la mobilité propre…

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