Upload
tranliem
View
218
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
ECLAT-GRAA Nord-Pas de Calais / Association L’Homme debout / Novembre 2013 1
De
La prévention des conduites de consommation
à risque par la communication bienveillante
A
La formation
des enseignants et enseignantes,
des éducateurs et éducatrices
à l’estime de soi et
aux Compétences Psycho-sociales
ECLAT-GRAA Nord-Pas de Calais / Association L’Homme debout / Novembre 2013 2
Formations 2011/2012 2012/2013
Territoire pilote : Boulogne-sur-Mer
Eclat-Graa a coordonné depuis 2010 une formation autour de «la prévention
des conduites de consommation à risque par la communication bienveillante » à
destination des professionnels travaillant avec des enfants.
L’ensemble des partenaires a fait le choix de mettre en place cette formation
sans se centrer sur l’usage de produits mais en se centrant sur les attitudes des
enseignants qui favorisent l’équilibre chez l’enfant. Il s’agit, pour promouvoir la
santé, l’équilibre, la capacité à dire non, la résistance à la pression sociale, la
résistance à l’échec ou au stress de s’appuyer sur le développement de
compétences à « être heureux », compétences personnelles et relationnelles,
qualifiées de « compétences psycho-sociales » par l’Organisation Mondiale de
la Santé, en « perfectionnant les aptitudes indispensables à la vie » (OMS/
1986), afin d’éviter le recours aux psychotropes ou/et aux comportements
déviants ou violents.
Les outils de communication transférés lors de cette formation pour atteindre
son objectif sont la Communication Bienveillante et la gestion des conflits par
l’écoute active. Les concepts développés sont les compétences psycho-sociales et
l’estime de soi. Une mallette d’outils d’animation qui favorisent l’émergence des
compétences psycho-sociales et de l’estime de soi est transmise aux participants
(brin de jasette, clever club…)
Cette formation a été évaluée par les acteurs de terrain extrêmement
positivement. Elle se révèle un réel soutien pour les enseignants et les
enseignantes qui trouvent dans celle-ci les outils pour créer une atmosphère
de classe créative, propice à l’échange et aux apprentissages. Cela nous
amène à préconiser cette formation auprès du plus grand nombre
d’enseignants-es et d’éducateurs-trices possible, afin de répondre aux malaises
profonds repérés à l’école, décrits notamment dans le rapport intitulé « La qualité de
vie au travail dans les lycées et collèges. Le burn-out des enseignants - exclusion
des élèves » de 2012.
ECLAT-GRAA Nord-Pas de Calais / Association L’Homme debout / Novembre 2013 3
Favoriser l’émergence
des compétences pyscho-sociales
La prévention des Conduites de consommation et des comportements à risque
repose sur le développement des compétences psycho-sociales de l’individu
qui favorisent l’estime de soi. La Communication bienveillante est un outil de
communication remarquable dans l’animation ou dans l’enseignement car il
permet le développement de ces compétences.
Les Compétences psycho-sociales
Les compétences psycho-sociales, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS),
sont la capacité d’une personne à répondre avec efficacité aux exigences et
aux épreuves de la vie quotidienne. C’est l’aptitude d’une personne à maintenir un
état de bien-être mental, en adaptant un comportement approprié et positif, à
l’occasion des relations entretenues avec les autres, sa propre culture et son
environnement. Les compétences psychosociales jouent un rôle important dans la
promotion de la santé dans son sens le plus large, en termes de bien-être physique,
mental et social. Il existe une liste de 10 compétences psychosociales qui sont
formulées par paires :
- Avoir conscience de soi – Avoir de l’empathie pour les autres.
- Savoir gérer son stress – Savoir gérer ses émotions.
- Savoir résoudre les problèmes – Savoir prendre des décisions.
- Avoir une pensée créatrice – Avoir une pensée critique.
- Savoir communiquer efficacement – Être habile dans les relations
interpersonnelles.
La communication de l’enseignant-te, ou de l’animateur-trice, les outils utilisés
doivent favoriser et développer ces compétences qui, de fait, deviennent
sources d’estime de soi.
ECLAT-GRAA Nord-Pas de Calais / Association L’Homme debout / Novembre 2013 4
Pourquoi former des professionnels de l’Education
Nationale à la communication bienveillante ?
Répondre aux attentes du Socle commun des connaissances et des
compétences de la Direction Générale de l’Enseignement Scolaire
Les Compétences Psycho-Sociales font partie du socle commun des connaissances
et des compétences de la Direction Générale de l’enseignement scolaire1, qui préconise ce
qu’il est indispensable de maitriser à la fin de la scolarité obligatoire.
L’Education Nationale utilise comme terme « Les compétences sociales et civiques ».
En effet, selon le bulletin officiel du 5 janvier 2012, il s'agit de mettre en place un véritable
parcours civique de l'élève, constitué de valeurs, de savoirs, de pratiques et de
comportements dont le but est de favoriser une participation efficace et constructive à la vie
sociale, d'exercer sa liberté en pleine conscience des droits de chacun, de refuser la
violence (…) . Le socle commun de connaissances et de compétences intègre cette mission
fondamentale : il s'agit de préparer les élèves à vivre en société et à devenir des citoyens
responsables, conscients des principes et des règles qui fondent notre démocratie.
Extrait BO 05/01/2012 :
Estime de soi, respect de son intégrité et l’intégrité des personnes
CM1 - Principales règles de politesse et de civilité, respect d’autrui
Contraintes de la vie collective : liens entre liberté personnelle et contraintes de la vie sociale
- Réfléchir aux problèmes concrets posés par la vie en collectivité :
. politesse envers ses pairs et les adultes ;
. utilisation de différents registres de langue ;
. nécessité d’élaborer un règlement de classe et d’école.
- Respecter les règles de la vie collective,
CM2 - Règles de sécurité
Interdiction des jeux dangereux
- Savoir adapter sa conduite face à des situations spécifiques pour se protéger et préserver les autres.
- Savoir lire et respecter les informations, les pictogrammes de danger figurant sur les objets, les
matériels, les produits ménagers, les médicaments…
- Prendre conscience de la nécessité de s’interdire toute violence, verbale comme physique,
notamment dans la cour de l’école
1 http://eduscol.education.fr/
ECLAT-GRAA Nord-Pas de Calais / Association L’Homme debout / Novembre 2013 5
Répondre au mal être et aux attentes des professeur-e-s
Le rapport intitulé « La qualité de vie au travail dans les lycées et collèges. Le burn-
out des enseignants - exclusion des élèves » de 2012 souligne que 30 % des professeurs
songent à quitter le métier, présente des enseignants épuisés, stressés, isolés, déprimés...
Crise de l'autorité, classes parfois surchargées et plus hétérogènes qu'il y a 20 ans,
manque de soutien de l'institution, difficultés face au rythme des réformes, quasi-absence de
médecine de prévention, manque d'organisation des enseignants eux-mêmes en collectifs
de travail... Telles sont les raisons avancées par les professeurs pour expliquer ces
sentiments d'impuissance et de solitude.
Extraits de témoignages recueillis en début de stage auprès d’une soixantaine de
professeur-e-s des écoles et conseillers-ères pédagogiques :
« Code de langage qu’on ne maîtrise pas » – « déphasage, fossé » – « ne comprend pas la façon
dont les élèves communiquent »
« Elèves repliés sur eux-mêmes » –« manque d’autonomie des élèves, problèmes d’estime de soi, de
confiance en soi »
« Conflits, pas de discussion, les poings » - « beaucoup de violence entre les élèves » – « conflit entre
les élèves, comment les aider » –« communication violente entre les élèves même s’il n’y a pas de
conflit » - « Mettre en place un dialogue pour prévenir la violence »
« Impression d’être les anormaux » – « lente dégradation de l’image de l’enseignant » - « violence de
l’institution »
« Problèmes avec les parents, décalage énorme » – « comment faire passer un message à des
parents qui ne comprennent pas » – « gros manque de communication avec les parents » – « le
problème est surtout avec les parents » – « incompréhension, élève qui se couche à minuit, télé dans
la chambre »
« Des pistes pour gérer les conflits avec les élèves, les parents, l ’équipe »- « Comment ne pas se
sentir jugée et comment ne pas poser de jugements » - « Les enfants disent des choses difficiles qui
me touchent. Qu’est-ce que j’en fais ? Comment prendre du recul ? »- « Comment se préserver »
Répondre au mal être et aux attentes des élèves
Selon l’Étude de l'Observatoire international de la violence à l'école de 2011, 11,7 %
des enfants âgés de 8 à 12 ans sur dix se dit harcelé, victime de violences physiques
ou verbales répétées de la part d'autres élèves, dans l'enceinte de l'école.
D’après le Baromètre annuel du rapport à l’école des enfants de quartiers populaires
de Pascal BAVOUX et Valérie PUGIN de 2012, la première cause citée par les enfants
ECLAT-GRAA Nord-Pas de Calais / Association L’Homme debout / Novembre 2013 6
déclarant ressentir un mal-être à l’école est le stress lié à la peur des contrôles ou d’être
interrogé (41%).
D’autres causes sont également citées : les insultes, bagarres ou moqueries des
autres enfants (29%), l’ennui ou le sentiment d’être seul et incompris (28%), les
difficultés scolaires (27%), la fatigue ou les problèmes de santé (26%).
Pourquoi une éducation à la santé
la plus précoce possible?
Comme l’exprime le rapport « Education pour la santé à l’école » du Professeur
Maurice Tubiana, c’est dès le début de la vie que l’enfant doit être suffisamment stimulé pour
prendre plaisir à l’échange avec les autres mais aussi à mieux connaître son corps, ses
potentialités d’expression et de jeu. Ainsi, il peut maîtriser ses acquis et élaborer des
réactions où le langage prend la place de la réponse émotionnelle et des « agirs de
décharge ».
Plus l’éducation se fait tôt, dès la maternelle, plus l’enfant se l’approprie, plus il
comprend que la santé, y compris la santé des relations, n’est pas un don de la nature mais
une conquête. Il lui sera ainsi plus facile d’y adhérer à l’adolescence. Commencer tôt ne
prend tout son sens que si le travail éducatif du respect de soi et de l’autre se
poursuit durant toute la scolarité en l’adaptant à la maturation de l’enfant au cours de son
développement.
ECLAT-GRAA Nord-Pas de Calais / Association L’Homme debout / Novembre 2013 7
Pourquoi la « communication bienveillante » ?
Issue des principes de la Communication Non Violente (Marshall Rosenberg) et de l’écoute active (Carl Rogers), c’est une méthode de communication visant à créer entre les êtres humains des relations fondées sur l’empathie, la compréhension, la coopération, le respect de soi et des autres. Il s’agit d’un outil de communication, principalement verbal, qui peut servir à la résolution de conflits entre deux personnes ou au sein de groupes. La pratique de la Communication bienveillante permet également d’être en meilleure relation avec soi-même, de mieux comprendre ses besoins profonds et de prendre en charge, de manière autonome et responsable, les divers aspects de sa propre vie.
La Communication bienveillante est donc l’outil de base de la communication de l’animateur-trice, de l’enseignant-te. C’est la valeur qu’il ou elle affirme et transmet aux groupes qu’il ou elle accompagne.
Les principes de base de la Communication Non Violente décrits par son concepteur
Marshall B. Rosenberg sont de :
- Permettre de transformer des conflits potentiels en dialogues
- Exprimer ses besoins et accueillir ceux de l’autre
- Apprendre à dire ce que nous désirons sans susciter d’hostilité
- Communiquer avec empathie
- Entendre derrière tout ce qui est dit la bonne volonté de l’autre
- Développer un sentiment de sécurité pour soi et pour les autres
- Développer l’estime de soi et avoir confiance en soi
- Développer de la coopération
L’écoute active, concept créé dans les années 1960 par Carl Rogers, est une
technique de dialogue utilisée dans les situations difficiles ou conflictuelles. Elle met en jeu
l’empathie, le langage non verbale, le non jugement, la neutralité, la bienveillance, le soutien,
la reformulation, le questionnement non intrusif, la recherche de solution. L’approche centrée
sur la personne (ACP), développée par Carl Rogers implique un regard positif inconditionnel
sur l’autre et implique également l’authenticité.
Illustration
Au lieu de dire à un élève : « Tu me donnes ton portable tout de suite ! »
Proposition : « Quand je vois que tu te sers de ton portable pendant les cours, je me sens en colère
par ce que j’ai besoin que nous respections ensemble les règles que nous avons construites
ensemble. Peux-tu me dire ce qui t’amène à te servir de ton portable alors que nous avons décidé
qu’on ne s’en servait qu’à la pause, s’il te plait ? »
Etre dans l’accueil de la situation en évitant les menaces, la culpabilisation, les injonctions et
les disqualifications, parler de SOI et non SUR l’autre et inviter à un dialogue qui
responsabilise, chercher ensemble la solution.
ECLAT-GRAA Nord-Pas de Calais / Association L’Homme debout / Novembre 2013 8
Quel moyen ?
Formation « Prévenir les conduites de consommation et comportements à risque par
la Communication bienveillante » - 4 + 2 jours
Objectifs pédagogiques de la formation
Favoriser, à travers des outils d’éducation à la santé et des techniques de communication,
l’émergence des compétences psychosociales et de l’estime de soi afin de développer chez
les enfants les moyens de faire face aux situations difficiles, développer du bien être.
Objectifs opérationnels de la formation
- Comprendre les notions de « Compétences Psycho-Sociales » et d’ « estime de
soi »
- Connaitre et comprendre la notion de « communication bienveillante »
- Connaître l’écoute active (l’empathie, la neutralité, le langage non verbal, le non
jugement, la reformulation…)
- Travailler sur la posture professionnelle (attitudes, comportements, langage) autour
de jeu de rôles
- Exprimer ses émotions, ses besoins accueillir ceux des autres
- Apprendre à gérer les conflits
- Favoriser l’égalité et la coopération entre les filles et les garçons
- Favoriser l’expression et la créativité des élèves
- Apprendre à créer un cadre de travail avec les élèves qui fasse sens
- Découvrir des outils d’intervention œuvrant pour l’émergence des compétences
psychosociales et de l’estime de soi (Brin de jasette, ma santé au quotidien, Clever
Club…)
Public
Ensemble des personnes en relation avec des enfants : professeur-e-s des écoles,
conseiller-e-s pédagogiques, infirmières et infirmiers scolaires, travailleurs sociaux,
animateurs des centres de loisirs,…
ECLAT-GRAA Nord-Pas de Calais / Association L’Homme debout / Novembre 2013 9
Durée
Niveau 1 : 4 jours de formation
Niveau 2 : 2 jours de formation à distance du niveau 1
Evaluation
Nombre de participants, nombre d’écoles participantes,
Mieux être des participants-es
Mieux être constaté chez les enfants
Actions menées pendant et après la formation
Retours d’expérience
Outils et techniques utilisés
Contenu pédagogique
La dynamique de groupe : Il s’agit de créer un groupe en capacité de cheminer, de créer
avec le groupe, à travers des jeux et des exercices, les conditions qui permettent à chacun
et chacune de prendre sa place, se sentir accueilli-e, se sentir autorisé-e à être soi, se sentir
soutenu-e pour oser faire ou ne pas faire (et prendre une place d’observateur-trice), se sentir
autorisé-e à émettre un avis divergent… Pendant cette phase, comme pour chaque activité,
l’animateur-trice ou l’enseignant-e fait circuler la parole : comment avez-vous vécu cet
exercice, qu’avez-vous ressenti, pensé etc… Le groupe apprend à s’écouter, à parler de soi.
Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. Chaque ressenti est personnel. On apprend
à ne pas juger.
Mots clés : Une place pour chacun et chacune – capacité à travailler ensemble et dépasser
les clivages – accueillir l’autre – cohésion d’équipe – écoute – prise de parole et exposition
devant les autres – confiance en soi en l’autre – oser son corps – oser sa parole – se
maîtriser – gérer ses émotions – développer sa créativité – prendre plaisir – tout le monde
participe – on peut être observateur-trice – on peut dire ce que l’on ressent – non jugement –
rien n’est ridicule – rien n’est bon ou mauvais
Les règles du groupe : Pendant cette phase de création l’animateur-trice ou l’enseignant-e
établit les règles de fonctionnement avec le groupe. Elles peuvent être réfléchies dans la
phase de démarrage de l’atelier ou de la classe ou se construire au fur et à mesure qu’elles
se manifestent. La question à poser pour les construire est : de quoi avez-vous besoin pour
vous sentir bien dans cet atelier ou cette classe et pour participer sereinement aux
activités ? Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse, tout fait l’objet d’échange,
d’éclaircissement. Ces règles peuvent être concrètes ou subtiles. L’animateur-trice ou
l’enseignant-e s’accorde également le droit d’exprimer ses besoins.
Parmi les règles, certaines sont fondamentales : la confidentialité (ce qui se dit pendant
l’atelier n’est pas rapporté à l’extérieur) – le non jugement (rien n’est bien ni mal, on accueille
avec une neutralité bienveillante ce qui se dit, on observe ses ressentis dont on pourra parler
ensuite) – la bienveillance (le rire de bon cœur est bienvenu, il exclue le rire moqueur) – la
sécurité physique et psychologique (on se garantit de ne pas passer à l’acte) – parler pour
soi, dire JE (on ne parle pas sur l’autre, on parle de soi, de ses ressentis, de son opinion) –
le respect de soi et de l’autre– l’écoute (on apprend à se taire quand l’autre parle, on
ECLAT-GRAA Nord-Pas de Calais / Association L’Homme debout / Novembre 2013 10
demande la parole) – comprendre le sens, les objectifs de l’atelier (Cf paragraphe) –
comprendre le sens, les objectifs d’un exercice - la place des portables – les temps de
pause …
Chaque fois qu’il y a un ou une nouvelle élève, les règles sont réexpliquées, revisitées avec
le groupe. Elles peuvent également s’enrichir, se modifier au fur et à mesures des ateliers.
La question du sens : La question du sens est indispensable à la participation. Il est
nécessaire pour chaque élève de connaître le bénéfice personnel qu’il y a à tirer d’un atelier,
d’un exercice, de savoir à quoi va servir l’atelier personnellement et collectivement. La
question du sens est en lien avec l’intégration de la Loi et des règles. On souscrit à des
règles parce qu’elles ont du sens.
Quel sens cela fait-il pour chacun et chacune d’être là ? Quels besoins vient-on satisfaire ?
Autant de questions qui se posent pour les élèves comme pour l’animateur-trice ou
l’enseignant-e.
Les garçons et les filles : Dans notre société, les valeurs du masculin sont sur-valorisées :
loi du plus fort, compétition, concurrence, pouvoir, guerre … La grammaire française spécifie
encore aujourd’hui, en tous cas dans les esprits, que « le masculin l’emporte sur le féminin ».
Dans ce contexte, les jeunes sont piégés dans des représentations où les garçons
représenteraient le sexe fort et les filles le sexe faible. Afin de libérer les jeunes de ce poids
et de favoriser l’émergence de valeurs universelles : coopération, courage, échange,
respect, écoute, joie, partage, effort…, il est important de contribuer à rééquilibrer les valeurs
du féminin et du masculin chez chacun et chacune à travers le langage. C’est pourquoi,
l’animateur-trice, l’enseignant-e s’adresse « à toutes et à tous », « à chacun et chacune »,
« aux filles et aux garçons ». Il s’installe par cette vigilance un climat d’égalité entre les sexes
indispensable à la coopération. La règle de grammaire devient « au pluriel, tout s’accorde au
masculin ».
Le soutien : Dans les valeurs de l’Approche centrée sur la personne, le regard positif sur
l’autre est inconditionnel. C’est pourquoi l’animateur-trice, l’enseignant-e est soutenant-e :
sourire, bienveillance, calme intérieur, situé dans le « Oui » « bien » « merci ». Cela suppose
d’être au clair avec les projections et les jugements.
La projection, le jugement : Il existe des mécanismes d’évitement de la communication qui
sont des freins à une communication sereine et constructive avec le groupe. La plus
fréquente est la projection : Il s’agit du cinéma que l’on peut se faire dans la tête à partir de
ce que dit ou fait l’autre. On n’accueille pas la personne pour ce qu’elle fait ou ce qu’elle dit
mais en imaginant des sous entendus que l’on croit deviner à travers le ton, l’expression du
visage etc… L’animateur-trice, l’enseignant-e neutralise ces pensées, c’est-à-dire les met de
côté afin de préserver un espace sans jugement. Il-elle vérifie si son interprétation des
choses est bonne. Ainsi, celui ou celle qui s’exprime se sent accueilli, entendu, et entre dans
une interaction constructive.
Les jugements de valeur sont issus de nos représentations et de notre cadre de référence.
Face aux élèves, face aux parents, aux collègues, il s’agit de se décentrer de ses jugements
pour pouvoir accueillir la pensée de l’autre et échanger de manière constructive.
Les deux outils de communication: Pour parvenir à une communication sereine,
notamment dans les moments difficiles l’écoute active et la gestion des conflits par la
Communication Non Violente sont des outils très opérationnels.
ECLAT-GRAA Nord-Pas de Calais / Association L’Homme debout / Novembre 2013 11
L’écoute active : accueil – silence – soutien – questionnement – reformulation – neutralité
bienveillante – empathie – langage non verbal – regard positif inconditionnel – authenticité
En phase d’écoute active l’animateur-trice écoute, soutient, questionne et reformule. Il ou
elle est à l’écoute de son langage non verbal, de ses émotions intérieures, de ses pensées
et met de côté ce qui doit pour faire de la place à une écoute sans jugement, sans a priori. Il
est à l’écoute du langage non verbal de l’autre, entre en empathie, c'est-à-dire en capacité
de se mettre à la place de l’autre et d’observer son point de vue. C’est cette écoute et cet
accueil de qualité qui permettent de cheminer ensemble.
La Communication Non Violente au service de la gestion des conflits : La CNV nous amène
à prendre conscience des différents niveaux qui interagissent lors d’un conflit : les faits
(quels sont les faits qui ont déclenché le conflit) – les émotions (quelles sont les émotions,
les ressentis présents) – les besoins insatisfaits (de quels besoins insatisfaits ces émotions
témoignent-elles).
C’est en identifiant ces 3 niveaux et en apprenant à les exprimer de manière constructive
qu’une proposition de solution peut être faite.
Déroulement
J1
Accueil des participants
Présentation et recueil des attentes
Création de la dynamique de groupe : jeux et exercices et exploitation – approche des règles
du groupe
Présentation des Compétences psycho-sociales
J2
Retours d’expérimentation
Jeux et exercices permettant de questionner : la question du sens – la projection – la
maîtrise de soi, connaissance de soi (émotions, corps, pensées) – Langage non verbal –
empathie – neutralité bienveillante
Mises en situation
J3
Retours d’expérimentation
Jeux et exercices permettant de comprendre les enjeux de l’écoute active et de la
Communication Non Violente.
Mises en situation
J4
Retours d’expérimentation
Présentation de la mallette d’animations utilisables par les enseignants –es pour développer
les CPS des élèves : Brin de jasette, ma santé au quotidien, Clever Club…
ECLAT-GRAA Nord-Pas de Calais / Association L’Homme debout / Novembre 2013 12
Sur le territoire du boulonnais, les sessions de formation 2011 / 2012 et 2012 / 2013
ont été financées par l’Agence Régionale de Santé Nord Pas de Calais, réalisée en
partenariat avec le Conseil Général du Pas de Calais, l’association l’Homme debout,
l’Education Nationale et l’association ECLAT GRAA.
Fil rouge de la formation :
Patricia Savouret-Joly, infirmière tabacologue, Service Local de Promotion de la Santé, Conseil
Général du Pas de Calais
Formatrice :
Catherine Gosse, chanteuse, comédienne, formatrice en communication, Association l’Homme debout
[email protected] - 06 09 62 52 02
Coordination du projet :
Lise Delattre Chargée de missions, Association ECLAT-GRAA Nord-Pas de Calais 235 avenue de la Recherche CS 50086 59373 LOOS Cedex Tél : 03 20 21 06 05 - [email protected]
Formation financée par :
ECLAT-GRAA Nord-Pas de Calais / Association L’Homme debout / Novembre 2013 13
ANNEXES
Témoignages de participant-tes
« La formation m’a permis de prendre du recul et de gérer sereinement les situations
difficiles » - Mme M. - Conseillère pédagogique
« Faire cette formation en équipe est très importante car on a pu essayer des choses
ensemble, échanger » - Mme D. - Directrice d’école
« J’ai commencé à mettre en pratique dans la classe et ça marche bien ! Je suis moins
stressé et je vis des expériences avec les enfants formidables ! » - Mr C - Professeur
des écoles
« Cette formation m’a permis de me préserver, de prendre du recul et retourner la
situation de violence » - Mr J. - Professeur en établissement spécialisé
« Je voulais imposer un cadre et j’ai laissé de la place au compromis et je sens que
c’est bénéfique » - Mme C. - Professeure des écoles
« Le bénéfice immédiat c’est le repérage des interprétations » - Mme M. - Professeure
des écoles remplaçante
« J’ai laissé parler, j’ai contenu ma colère, ça a marché. J’ai obtenu de beaux résultats,
les choses se sont apaisées » - Mme S - Conseillère pédagogique
« Des apports pour moi, me connaître, me renforcer dans ma relation aux autres.
Cela m’aide à gérer les situations de crise. » - Mme V - Professeure des écoles
« La formation m’a permis d’observer et de retranscrire oralement un fait de manière
objective sans apporter de jugement » - Mme P. - Professeure des écoles
« La formation donne de bons conseils à transférer en milieu professionnel. Aucune
formation professionnelle de l’Education Nationale 1er degré n’aborde ces
thématiques » - Mme L. - Conseillère pédagogique
« Brin de jasette®2 est un outil excellent pour apprendre à se connaître, connaître
l’autre et gérer les conflits » - Mr F. - Professeure des écoles
2 Brin de jasette® Junior est un jeu pédagogique qui fait parler les enfants en les encourageant à
partager leurs rêves, leurs pensées, leurs désirs et leurs peurs dans un contexte amusant et non
menaçant.
ECLAT-GRAA Nord-Pas de Calais / Association L’Homme debout / Novembre 2013 14
Les intérêts de la communication bienveillante
au sein de l’Education Nationale,
par Estelle Blin, conseillère pédagogique.
C’est une méthode de communication qui vise à transformer des conflits potentiels
en dialogues paisibles, à apprendre à exprimer une demande sans susciter
d’hostilité, à communiquer avec compassion et empathie. Elle vise à préserver la
relation en évitant les malentendus, les attitudes réactives et le repli sur soi. Elle
permet de développer l’estime de soi et la confiance en soi.
Utilisée en formation auprès des enseignants :
Elle sert à développer de nombreuses compétences professionnelles, notamment :
- Faire partager les valeurs de la République,
- Agir en éducateur responsable et selon des principes éthiques,
- Coopérer avec les parents d’élèves,
- Coopérer avec les partenaires de l’école
- Organiser et assurer un mode de fonctionnement du groupe favorisant
l’apprentissage et la socialisation des élèves (installer avec les élèves une
relation de confiance et de bienveillance ; favoriser la participation et
l’implication de tous les élèves et créer une dynamique d’échanges et de
collaboration entre pairs).
Des actions diverses, utilisant cette forme de communication, sont conduites dans
les classes, dans le cadre du développement de certains axes de projets d’écoles
mettant la priorité sur le développement des compétences sociales et civiques :
- En maternelle :
o Apprendre à respecter les autres et les règles de vie commune,
o Ecouter, aider, coopérer, demander de l’aide,
o Eprouver de la confiance en soi, contrôler ses émotions,
- Compétences du premier palier du socle commun :
o Respect des règles de vie collective ainsi que des règles lors de la
pratique d’un jeu ou d’un sport collectif,
o Appliquer les codes de la politesse dans ses relations avec ses
camarades, avec les adultes à l’école et hors de l’école, avec le maître
au sein de la classe.
o Participer à un échange verbal en respectant les règles de
communication
- Compétences du deuxième palier du socle commun :
o Respecter les autres, et notamment appliquer les principes de l’égalité
des filles et des garçons.
o Avoir conscience de la dignité de la personne humaine et en tirer les
conséquences au quotidien.
ECLAT-GRAA Nord-Pas de Calais / Association L’Homme debout / Novembre 2013 15
o Respecter les règles de la vie collective, notamment dans les pratiques
sportives.
o Prendre part à un dialogue: prendre la parole devant les autres, écouter
autrui, formuler et justifier un point de vue.
o Coopérer avec un ou plusieurs camarades.
Cette forme de communication nécessite que l’on soit capable de parler de soi, de
ses sentiments et ses besoins ; elle engendre donc également un important travail
du vocabulaire des sentiments et des émotions.
ECLAT-GRAA Nord-Pas de Calais / Association L’Homme debout / Novembre 2013 16
Patricia Savouret Joly, fil rouge de la formation
« Infirmière en promotion de la santé depuis 26 ans, j’ai eu l’occasion de développer
des programmes, d’utiliser des méthodes, des outils (créer, inventer, partager,
superviser, évaluer, former…) mes conclusions ont toujours été les mêmes
l’information, la prévention n’ont de sens que dispensées au long cours, dans un
cadre bien précis en respectant une éthique d’animation avec l’accord de son public.
Il est maintenant évident que la prévention des consommations et conduites à
risques passe par renforcer les compétences psychosociales des enfants dès l’école
élémentaire afin qu’ils sachent depuis leur jeunesse dire non, évaluer leurs besoins,
faire de vraies demandes, de vrais choix, se respecter, respecter ses droits et
devoirs, vivre ensemble en s’écoutant.
Depuis quelques années nous avons mis en place sur le Boulonnais des actions
basées sur la communication bienveillante, il m’est apparu que ce regard positif,
respectueux des besoins de l’enfant était indispensable pour l’accompagner dans
ses choix de vie, de santé. L’école est le lieu idéal pour mettre en œuvre et valoriser
ces actions. N’est-ce pas le lieu où l’on va apprendre à grandir ?