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Première Bac. Pro. Français Séquence proposée par Virginie Joubrel Lycée Aristide Briand à Orange Lire et suivre un personnage : itinéraires romanesques Séquence 1 : Leurs yeux se rencontrèrent... Fiche professeur Entrons dans le sujet d’étude : Par l’image : Astérix et Obélix : mission Cléopâtre, 2002 https://www.youtube.com/watch?v=z_17RKELKV8 Quel est le thème abordé dans cet extrait ? Le coup de foudre Quels sont les éléments utilisés ? On remarque les stéréotypes du genre : la musique, le regard, le vent dans les cheveux, les paillettes... Quel est le ton utilisé ? Ton de l’humour, de l’ironie de la caricature Activité élève : Écriture En une phrase ou deux, que peuvent bien penser nos personnages ? Vérification de la construction correcte de la phrase (temps et ponctuation) Et vous, pensez- vous qu’une rencontre puisse marquer une vie ? Réponse personnelle des élèves Quelles sont selon-vous les caractéristiques d’une scène de rencontre ? Est- ce que cela vous semble un moment important dans un roman ? Pourquoi ? Importance du cadre : lieu, époque, météo Sens en éveil : regard, odeur... Corps qui réagit : cœur, mains moites, rougissement... Circonstances : hasard, organisée ... Rencontre = premières impressions positives ou négatives... Moment important car il conditionne la suite du récit. Ce premier extrait évoque le coup de foudre, très présent au cinéma et en littérature. On appelle cela un « topos », c’est-à-dire, un thème récurrent. Ce thème est traité ici de manière caricaturale (la chanson romantique, les « effets »...) mais on retrouve les caractéristiques du genre : l’importance du regard, le sentiment de surprise et l’impression que le monde s’arrête.

Première Bac. Pro. Français Séquence proposée par Virginie

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Page 1: Première Bac. Pro. Français Séquence proposée par Virginie

Première Bac. Pro. Français

Séquence proposée par Virginie Joubrel Lycée Aristide Briand à Orange

Lire et suivre un personnage : itinéraires romanesques

Séquence 1 : Leurs yeux se rencontrèrent... Fiche professeur Entrons dans le sujet d’étude : Par l’image : Astérix et Obélix : mission Cléopâtre, 2002 https://www.youtube.com/watch?v=z_17RKELKV8 Quel est le thème abordé dans cet extrait ? Le coup de foudre Quels sont les éléments utilisés ? On remarque les stéréotypes du genre : la musique, le regard, le vent dans les cheveux, les paillettes... Quel est le ton utilisé ? Ton de l’humour, de l’ironie de la caricature Activité élève : Écriture En une phrase ou deux, que peuvent bien penser nos personnages ? Vérification de la construction correcte de la phrase (temps et ponctuation) Et vous, pensez- vous qu’une rencontre puisse marquer une vie ? Réponse personnelle des élèves Quelles sont selon-vous les caractéristiques d’une scène de rencontre ? Est- ce que cela vous semble un moment important dans un roman ? Pourquoi ?

Importance du cadre : lieu, époque, météo Sens en éveil : regard, odeur... Corps qui réagit : cœur, mains moites, rougissement... Circonstances : hasard, organisée ... Rencontre = premières impressions positives ou négatives... Moment important car il conditionne la suite du récit. Ce premier extrait évoque le coup de foudre, très présent au cinéma et en littérature. On appelle cela un « topos », c’est-à-dire, un thème récurrent. Ce thème est traité ici de manière caricaturale (la chanson romantique, les « effets »...) mais on retrouve les caractéristiques du genre : l’importance du regard, le sentiment de surprise et l’impression que le monde s’arrête.

Page 2: Première Bac. Pro. Français Séquence proposée par Virginie

Elle est un thème intéressant car elle permet une mise en scène de l’auteur. Elle conditionne ensuite souvent la suite du roman. On mentionnera cependant que la rencontre n’est pas forcément amoureuse ni même agréable. Par les mots du sujet d’étude : Comment pourriez-vous définir les mots suivants : réponse personnelle des élèves Je retiens : La notion de personnage est centrale dans le sujet d’étude. Il convient donc de rappeler : Personnage = un « être de papier » créé par un auteur. Son traitement est différent selon les époques et les genres littéraires. Sa construction (portrait, statut social...) peut permettre une identification.

Itinéraires = cela traduit le chemin, le mouvement et donc le changement. La rencontre va conditionner un personnage et le faire évoluer.

Romanesques : le roman est fictif. Il peut cependant s’inspirer de faits réels.

Introduction : La scène de rencontre est un thème récurrent du cinéma et de la littérature (On parle de topos). Sa mise en scène est souvent un moment clé de l’intrigue du roman. Cette rencontre, amoureuse ou pas, va bouleverser le personnage et le faire évoluer. Problématiques : Comment les personnages se construisent au travers des scènes de rencontre ? En quoi la scène de rencontre fait -elle évoluer le personnage dans son itinéraire romanesque ? Les objectifs de la séquence :

x Identifier les caractéristiques d’une scène de rencontre.

x Brosser le portrait de personnage et repérer ses différentes facettes.

x Revoir les procédés de narration : incipit, points de vue, repères spatiaux et temporels.

x Comparer une scène de rencontre et son adaptation cinématographique.

x Étudier les paroles d’un personnage (langue : discours direct et indirect) et comprendre

en quoi sont-elles révélatrices du personnage.

x S’interroger sur les itinéraires romanesques choisis par un auteur.

Page 3: Première Bac. Pro. Français Séquence proposée par Virginie

Première Bac. Pro. Français

Lire et suivre un personnage : itinéraires romanesques

Séquence 1 : Leurs yeux se rencontrèrent...

Entrons dans le sujet d’étude : Par l’image : Astérix et Obélix : mission Cléopâtre, 2002 https://www.youtube.com/watch?v=z_17RKELKV8 Activité élève : Écriture En une phrase ou deux, que peuvent bien penser nos personnages ? Et vous, pensez- vous qu’une rencontre puisse marquer une vie ?

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Quelles sont selon-vous les caractéristiques d’une scène de rencontre ?

Est- ce que cela vous semble un moment important dans un roman ? Pourquoi ?

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Par les mots du sujet d’étude : Comment pourriez-vous définir les mots suivants : Personnage : ___________________________________________________________________

Itinéraires : ____________________________________________________________________

Romanesques : _________________________________________________________________

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Je retiens :

Personnage :

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Itinéraires :

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Romanesques :

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Lire et suivre un personnage : itinéraires romanesques

Séquence 1 : Leurs yeux se rencontrèrent...

Introduction :

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Problématique :

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Les objectifs de la séquence :

x Identifier les caractéristiques d’une scène de rencontre.

x Brosser le portrait de personnage et repérer ses différentes facettes.

x Revoir les procédés de narration : incipit, points de vue, repères spatiaux et temporels.

x Comparer une scène de rencontre et son adaptation cinématographique.

x Étudier les paroles d’un personnage (langue : discours direct et indirect) et comprendre

en quoi elles sont révélatrices du personnage.

x S’interroger sur les itinéraires romanesques choisis par un auteur.

Page 5: Première Bac. Pro. Français Séquence proposée par Virginie

Lire et suivre un personnage : itinéraires romanesques Séquence 1 : Leurs yeux se rencontrèrent...

Séance 1 : Leurs yeux se rencontrèrent

Objectif : identifier les caractéristiques d’une scène de rencontre / Fiche professeur

i Découverte des textes Par binôme, vous allez découvrir une scène de rencontre. Vous présenterez ensuite à la classe le résultat de votre travail.

i Mise en activité des élèves Première partie : - Repérage du paratexte et des sources /Auteur et contexte - Lecture individuelle de l’ extrait - Compréhension globale avec l’autre membre du binôme - Analyse de l’extrait selon le questionnaire proposé Deuxième partie : - Présentation de l’auteur - Présentation orale du texte travaillé (Lecture oralisée et caractéristiques de la rencontre)

i Étude comparée

A partir des scènes de rencontre présentées, repérage des différences et des points communs. Rédaction collective sur les caractéristiques d’une scène de rencontre. Utilisation du logiciel Framapad

i Trace écrite Framapad

Le corpus est composé de scènes de rencontre de plusieurs auteurs et d’époques différentes. Ce thème est un topos de la littérature. Certaines scènes évoquent la rencontre amoureuse mais d’autres non (rencontre enfantine, rencontre sur le champ de bataille). Les différentes scènes de rencontre étudiées ont révélé des caractéristiques communes. Tout d’abord, Ensuite, Enfin,

Page 6: Première Bac. Pro. Français Séquence proposée par Virginie

Lire et suivre un personnage : itinéraires romanesques Séquence 1 : Leurs yeux se rencontrèrent...

Séance 1 : Leurs yeux se rencontrèrent

Objectif : identifier les caractéristiques d’une scène de rencontre / A projeter Modalités Par binôme, vous allez découvrir une scène de rencontre. Votre objectif : présentez le texte et son auteur à la classe et essayer d’identifier les caractéristiques de la scène de rencontre étudiée. Chaque binôme travaillera sur un texte différent. Activités élèves

Première partie : travail en autonomie (1 heure)

x Repérage du paratexte et des sources : auteur et contexte / Tablette nécessaire (PIX) x Lecture individuelle de l’ extrait x Compréhension globale avec l’autre membre du binôme x Analyse de l’extrait selon le questionnaire proposé afin d’identifier les caractéristiques

de la rencontre x Préparation de l’oral

Deuxième partie : à l’oral (1 heure)

x Présentation de l’auteur et du contexte x Lecture oralisée de l’extrait x Identification des caractéristiques de la rencontre

Étude comparée et Synthèse

A partir des scènes de rencontre présentées, repérage des différences et des points communs. Rédaction collective sur les caractéristiques d’une scène de rencontre. Utilisation du logiciel Framapad : https://mensuel.framapad.org/p/la-scene-de-rencontre-9pnn?lang=fr

Page 7: Première Bac. Pro. Français Séquence proposée par Virginie

Lire et suivre un personnage : itinéraires romanesques Séquence 1 : Leurs yeux se rencontrèrent...

Séance 1 : Leurs yeux se rencontrèrent

Objectif : identifier les caractéristiques d’une scène de rencontre / Fiche élève Méthode à suivre pour devenir un lecteur attentif :

Méthode Fait Texte proposé

Avan

t la

lect

ure Je repère le nom de l’auteur

Je repère le titre du livre

Je repère les autres informations du paratexte : année, genre...

Lect

ure Je lis en prenant mon temps (je suis attentif/ve

à la ponctuation) et en cherchant à comprendre.

Aprè

s lec

ture

Je me demande ce que j’ai compris du texte. Je peux noter quelques mots qui résument l’ensemble. Je suis attentif/ve aux sentiments que je ressens à la lecture. Je peux relire le texte plus rapidement pour « valider » ma compréhension. Je m’interroge : Qui parle ? A qui ? Où Quand ?

Anal

yse

et

inte

rpré

tatio

n Je lis l’ensemble des questions. Avant de répondre à une question, je la reformule. Je cherche des éléments précis dans le texte. Je rédige ma réponse.

i Présentation :

A partir de vos réponses et de quelques recherches sur votre tablette, vous rédigerez une

présentation écrite du texte et de son auteur :

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i Analyse et interprétation :

Répondez aux questions suivantes :

Pour l’oral

Page 8: Première Bac. Pro. Français Séquence proposée par Virginie

1. Où se déroule cette rencontre ?

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2. A quel moment ou quelle époque ? Relevez des connecteurs spatiaux et/ou temporels.

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3. Quelles en sont les circonstances (hasard, rdv, « arrangée ») ?

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4. Qui rencontre qui ? Que savez -vous de chaque personnage ?

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5. Quels sens des personnages sont évoqués ? Relevez des exemples.

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6. Quels sentiments et émotions les personnages ressentent-ils ?

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7. En vous appuyant sur le lexique notamment comment pourrait- on qualifier cette

rencontre (décisive, réussie, décevante, intrigante...)

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A partir de vos réponses, quelles sont les caractéristiques de la scène de rencontre étudiée :

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Pour l’oral

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Lire et suivre un personnage : itinéraires romanesques Séquence 1 : Leurs yeux se rencontrèrent...

Séance 1 : Leurs yeux se rencontrèrent

Objectif : identifier les caractéristiques d’une scène de rencontre Texte 1 : Flaubert - L'éducation sentimentale - Extrait du chapitre 1 de la première partie « Ce fut comme une apparition : Elle était assise, au milieu du banc, toute seule ; ou du moins il ne distingua personne, dans l'éblouissement que lui envoyèrent ses yeux. En même temps qu'il passait, elle leva la tête ; il fléchit involontairement les épaules ; et, quand il se fut mis plus loin, du même côté, il la regarda. Elle avait un large chapeau de paille, avec des rubans roses qui palpitaient au vent derrière elle. Ses bandeaux noirs, contournant la pointe de ses grands sourcils, descendaient très bas et semblaient presser amoureusement l'ovale de sa figure. Sa robe de mousseline claire, tachetée de petits pois, se répandait à plis nombreux. Elle était en train de broder quelque chose ; et son nez droit, son menton, toute sa personne se découpait sur le fond de l'air bleu. Comme elle gardait la même attitude, il fit plusieurs tours de droite et de gauche pour dissimuler sa manœuvre ; puis il se planta tout près de son ombrelle, posée contre le banc, et il affectait d'observer une chaloupe sur la rivière. Jamais il n'avait vu cette splendeur de sa peau brune, la séduction de sa taille, ni cette finesse des doigts que la lumière traversait. Il considérait son panier à ouvrage avec ébahissement, comme une chose extraordinaire. Quels étaient son nom, sa demeure, sa vie, son passé ? Il souhaitait connaître les meubles de sa chambre, toutes les robes qu'elle avait portées, les gens qu'elle fréquentait ; et le désir de la possession physique même disparaissait sous une envie plus profonde, dans une curiosité douloureuse qui n'avait pas de limites. Une négresse, coiffée d'un foulard, se présenta, en tenant par la main une petite fille, déjà grande. L'enfant, dont les yeux roulaient des larmes, venait de s'éveiller. Elle la prit sur ses genoux. " Mademoiselle n'était pas sage, quoiqu'elle eût sept ans bientôt ; sa mère ne l'aimerait plus ; on lui pardonnait trop ses caprices. " Et Frédéric se réjouissait d'entendre ces choses, comme s'il eût fait une découverte, une acquisition. Il la supposait d'origine andalouse, créole peut-être ; elle avait ramené des îles cette négresse avec elle ? Cependant, un long châle à bandes violettes était placé derrière son dos, sur le bordage de cuivre. Elle avait dû, bien des fois, au milieu de la mer, durant les soirs humides, en envelopper sa taille, s'en couvrir les pieds, dormir dedans ! Mais, entraîné par les franges, il glissait peu à peu, il allait tomber dans l'eau ; Frédéric fit un bond et le rattrapa. Elle lui dit : - " Je vous remercie, monsieur. " Leurs yeux se rencontrèrent. - " Ma femme, es-tu prête ? " cria le sieur Arnoux, apparaissant dans le capot de l'escalier. »

Page 10: Première Bac. Pro. Français Séquence proposée par Virginie

Lire et suivre un personnage : itinéraires romanesques Séquence 1 : Leurs yeux se rencontrèrent...

Séance 1 : Leurs yeux se rencontrèrent

Objectif : identifier les caractéristiques d’une scène de rencontre Texte 2 : Aragon, Aurélien (1944), Incipit

La première fois qu'Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide. Elle lui déplut, enfin. Il n'aima pas comment elle était habillée. Une étoffe qu'il n'aurait pas choisie. Il avait des idées sur les étoffes. Une étoffe qu'il avait vue sur plusieurs femmes. Cela lui fit mal augurer de celle-ci qui portait un nom de princesse d'Orient sans avoir l'air de se considérer dans l'obligation d'avoir du goût. Ses cheveux étaient ternes ce jour-là, mal tenus. Les cheveux coupés, ça demande des soins constants. Aurélien n'aurait pas pu dire si elle était blonde ou brune. Il l'avait mal regardée. Il lui en demeurait une impression vague, générale, d'ennui et d'irritation. Il se demanda même pourquoi. C'était disproportionne. Plutôt petite, pâle, je crois... Qu'elle se fût appelée Jeanne ou Marie, il n'y aurait pas repense, après coup. Mais Bérénice. Drôle de superstition. Voilà bien ce qui l'irritait.

Il y avait un vers de Racine que ça lui remettait dans la tête, un vers qui l'avait hante pendant la guerre, dans les tranchées, et plus tard démobilisé. Un vers qu'il ne trouvait même pas un beau vers, ou enfin dont la beauté lui semblait douteuse, inexplicable, mais qui l'avait obsédé, qui l'obsédait encore :

Je demeurai longtemps errant dans Césarée... 1

1- Citation de Bérénice, tragédie de Jean Racine ( 1670)

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Séance 1 : Leurs yeux se rencontrèrent

Objectif : identifier les caractéristiques d’une scène de rencontre Texte 3 : Boris Vian, L’écume des jours, Chapitre 11

— Oui, dit Isis. Venez, je vous présente…

La moyenne des filles était présentable. L'une d'elles portait une robe en lainage vert amande, avec de gros boutons en céramique dorée, et, dans le dos, un empiècement de forme particulière.

— Présentez-moi surtout à celle-là, dit Colin.

Isis le secoua pour le faire tenir tranquille.

— Voulez-vous être sage, à la fin ?

Il en guettait déjà une autre et tirait sur la main de sa conductrice.

— C'est Colin, dit Isis. Colin je vous présente Chloé.

Colin avala sa salive. Sa bouche lui faisait comme du gratouillis de beignets brûlés.

— Bonjour ! dit Chloé…

— Bonj… êtes-vous arrangée par Duke Ellington ? demanda Colin… Et puis il s'enfuit, parce qu'il avait la conviction d'avoir dit une stupidité.

Chick le rattrapa par un pan de sa veste.

— Où vas-tu comme ça ? Tu ne vas pas t'en aller déjà ? Regarde !…

Il tira de sa poche un petit livre relié en maroquin rouge.

— C'est l'original du Paradoxe sur le Dégueulis, de Partre…

— Tu l'as trouvé quand même ? dit Colin.

Puis il se rappela qu'il s'enfuyait et s'enfuit.

Alise lui barrait la route.

— Alors, vous vous en allez sans avoir dansé une seule petite fois avec moi ? dit-elle.

— Excusez-moi, dit Colin, amis je viens d'être idiot et ça me gêne de

rester.

— Pourtant, quand on vous regarde comme ça, on est forcé d'accepter…

— Alise… geignit Colin, en l'enlaçant et en frottant sa joue contre les cheveux d'Alise.

Page 12: Première Bac. Pro. Français Séquence proposée par Virginie

— Quoi, mon vieux Colin ?

— Zut… Zut… et Bran !… Peste diable bouffre. Vous voyez cette fille là ?…

— Chloé ?…

— Vous la connaissez ?… dit Colin. Je lui ai dit une stupidité, et c'est pour ça que je m'en allais.

Il n'ajouta pas qu'à l'intérieur du thorax, ça lui faisait comme une musique militaire allemande, où l'on n'entend que la grosse caisse.

— ‘est-ce pas qu'elle est jolie ? demanda Alise.

Chloé avait les lèvres rouges, les cheveux bruns, l'air heureux et sa robe n'y était pour rien.

— Je n'oserai pas, dit Colin.

Et puis, il lâcha Alise et alla inviter Chloé. Elle le regarda. Elle riait et mit la main droite sur son épaule. Il sentait ses doigts frais sur son cou. Il réduisit l'écartement de leurs deux corps par le moyen d'un raccourcissement du biceps droit, transmis du cerveau, le long d'une paire de nerfs crâniens choisis judicieusement.

Chloé le regarda encore. Elle avait les yeux bleus. Elle agita la tête pour repousser en arrière ses cheveux frisés et brillants, et appliqua, d'un geste ferme et déterminé, sa tempe sur la joue de Colin.

Il se fit un abondant silence à l'entour, et la majeure partie du reste du monde se mit à compter pour du beurre.

Page 13: Première Bac. Pro. Français Séquence proposée par Virginie

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Séance 1 : Leurs yeux se rencontrèrent

Objectif : identifier les caractéristiques d’une scène de rencontre Texte 4 : Alain-Fournier - Le Grand Meaulnes,

“La vieille dame resta sur la rive, et, sans savoir comment, Meaulnes se trouva dans le même yacht que la jeune châtelaine. Il s'accouda sur le pont, tenant d'une main son chapeau battu par le grand vent, et il put regarder a l'aise la jeune fille, qui s'était assise a l'abri. Elle aussi le regardait. Elle répondait a ses compagnes, souriait, puis posait doucement ses yeux bleus sur lui, en tenant sa lèvre un peu mordue.

Un grand silence régnait sur les berges prochaines. Le bateau filait avec un brui calme de machine et d'eau. On eût pu se croire au cœur de l'été. On allait aborder, semblait-il, dans le beau jardin de quelque maison de campagne. La jeune fille s'y promènerait sous une ombrelle blanche. Jusqu'au soir on entendrait les tourterelles gémir... Mais soudain une rafale glacée venait rappeler décembre aux invités de cette étrange fête.

On aborda devant un bois de sapins. Sur le débarcadère, les passages durent attendre un instant, serrés les uns contre les autres, qu'un des bateliers eût ouvert le cadenas de la barrière... Avec quel émoi Meaulnes se rappelait dans la suite cette minute ou, sur le bord de l'étang, il avait eu très près du sien le visage désormais perdu de la jeune fille ! Il avait regardé ce profil si pur, de tous ses yeux, jusqu'a ce qu'ils fussent près de s'emplir de larmes. Et il se rappelait avoir vu, comme un secret délicat qu'elle lui eût confie, un peu de poudre restée sur sa joue...

A terre, tout s'arrangea comme dans un rêve. Tandis que les enfants couraient avec des cris de joie, que des groupes se formaient et s'éparpillaient a travers bois, Meaulnes s'avança dans une allée, ou, dix pas devant lui, marchait la jeune fille. Il se trouva près d'elle sans avoir eu le temps de réfléchir :

"Vous êtes belle", dit-il simplement.

Mais elle hâta le pas et, sans répondre, prit une allée transversale. D'autres promeneurs couraient, jouaient a travers les avenues, chacun errant a sa guise, conduit seulement par sa libre fantaisie. Le jeune homme se reprocha vivement ce qu'il appelait sa balourdise, sa grossièreté, sa sottise. Il errait au hasard, persuade qu'il ne reverrait plus cette gracieuse créature, lorsqu'il l'aperçut soudain venant a sa rencontre et forcée de passer près de lui dans l'étroit sentier. Elle écartait de ses deux mains nues les plis de son grand manteau. Elle avait des souliers noirs très découverts. Ses chevilles étaient si fines qu'elles pliaient par instants et qu'on craignait de les voir se briser.

Cette fois, le jeune homme salua, en disant très bas :

"Voulez-vous me pardonner ?

- Je vous pardonne, dit-elle gravement. Mais il faut que je rejoigne les enfants, puisqu'ils sont les maîtres aujourd'hui. Adieu".

Page 14: Première Bac. Pro. Français Séquence proposée par Virginie

Augustin la supplia de rester un instant encore. Il lui parlait avec gaucherie, mais d'un ton si trouble, si plein de désarroi, qu'elle marcha plus lentement et l'écouta.

"Je ne sais même pas qui vous êtes", dit-elle enfin. Elle prononçait chaque mot d'un ton uniforme, en appuyant de la même façon sur chacun, mais en disant plus doucement le dernier... Ensuite elle reprenait son visage immobile, sa bouche un peu mordue, et ses yeux bleus regardaient fixement au loin.

"Je ne sais pas non plus votre nom", répondit Meaulnes.

Ils suivaient maintenant un chemin découvert, et l'on voyait a quelque distance les invités se presser autour d'une maison isolée dans la pleine campagne.

"Voici la 'maison de Frantz'", dit la jeune fille ; il faut que je vous quitte..." Elle hésita, le regarda un instant en souriant et dit : "Mon nom ?... Je suis mademoiselle Yvonne de Galais..."

Et elle s'échappa.”

Page 15: Première Bac. Pro. Français Séquence proposée par Virginie

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Séance 1 : Leurs yeux se rencontrèrent

Objectif : identifier les caractéristiques d’une scène de rencontre

Texte 5 : Stendhal, Le Rouge et le Noir, première partie, Chapitre VI (1830)

“Avec la vivacité et la grâce qui lui étaient naturelles quand elle était loin des regards des hommes, Mme de Rênal sortait par la porte-fenêtre du salon qui donnait sur le jardin, quand elle aperçut près de la porte d'entrée la figure d'un jeune paysan presque encore enfant, extrêmement pâle et qui venait de pleurer. Il était en chemise bien blanche, et avait sous le bras une veste fort propre de ratine violette.

Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l'esprit un peu romanesque de Mme de Rênal eut d'abord l'idée que ce pouvait être une jeune fille déguisée, qui venait demander quelque grâce a M. le maire. Elle eut pitié de cette pauvre créature, arrêtée a la porte d'entrée, et qui évidemment n'osait pas lever la main jusqu'a la sonnette. Mme de Rênal s'approcha, distraite un instant de l'amer chagrin que lui donnait l'arrivée du précepteur. Julien tourne vers la porte, ne la voyait pas s'avancer. Il tressaillit quand une voix douce lui dit tout près de l'oreille :

– Que voulez-vous ici, mon enfant ?

Julien se tourna vivement, et frappe du regard si rempli de grâce de Mme de Renal, il oublia une partie de sa timidité. Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia tout, même ce qu'il venait faire. Mme de Rênal avait répété sa question.

– Je viens pour être précepteur, madame, lui dit-il enfin, tout honteux de ses larmes qu'il essuyait de son mieux.

Mme de Renal resta interdite ; ils étaient fort près l'un de l'autre a se regarder. Julien n'avait jamais vu un être aussi bien vêtu et surtout une femme avec un teint si éblouissant, lui parler d'un air doux. Mme de Renal regardait les grosses larmes, qui s'étaient arrêtées sur les joues si pâles d'abord et maintenant si roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit a rire, avec toute la gaieté folle d'une jeune fille ; elle se moquait d'elle-même et ne pouvait se figurer tout son bonheur. Quoi, c'était la ce précepteur qu'elle s'était figure comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses enfants !

– Quoi, monsieur, lui dit-elle enfin, vous savez le latin ? Ce mot de monsieur étonna si fort Julien qu’il réfléchit un instant. — Oui, madame, dit-il timidement. Mme de Renal était si heureuse, qu’elle osa dire a Julien : — Vous ne gronderez pas trop ces pauvres enfants ? — Moi, les gronder, dit Julien étonné, et pourquoi ? — N’est-ce pas, monsieur, ajoute-t-elle après un petit silence et d’une voix dont chaque instant augmentait l’émotion, vous serez bon pour eux, vous me le promettez ?

S’entendre appeler de nouveau monsieur, bien sérieusement, et par une dame si bien vêtue était au-dessus de toutes les prévisions de Julien : dans tous les châteaux en Espagne de sa jeunesse, il s’était dit qu’aucune dame comme il faut ne daignerait lui parler que quand il aurait un bel uniforme. Mme de Renal de son côté était complètement trompée par la beauté du teint, les grands yeux noirs de Julien et ses jolis cheveux qui frisaient plus qu’a l’ordinaire parce que pour se rafraichir il venait de plonger la tête dans le bassin de la fontaine publique. A sa grande joie elle trouvait l’air timide d’une jeune fille a ce fatal précepteur, dont elle avait tant redoute pour ses enfants ce qu’elle voyait fut un grand évènement. Enfin elle revint de sa surprise. Elle fut étonnée de se trouver ainsi a la porte de sa maison avec ce jeune homme presque en chemise et si près de lui.

— Entrons, monsieur, lui dit-elle d’un air assez embarrasse.”

https://www.youtube.com/watch?v=X7OxgnfgwqE&list=PL47jhpzs8XALepo_GQXL9tszq3TnxDzhs&index=6

Au cinéma

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Séance 1 : Leurs yeux se rencontrèrent

Objectif : identifier les caractéristiques d’une scène de rencontre

Texte 6 : Patrick Suskind, Le parfum, 1985.

« Il s’apprêtait déjà a tourner le dos a cet ennuyeux spectacle pour rentrer en suivant la galerie du Louvre, lorsque le vent lui apporta quelque chose : quelque chose de minuscule, d’a peine perceptible, une miette infime, un atome d’odeur et même moins encore, plutôt le pressentiment d’un parfum qu’un parfum réel, et pourtant en même temps le pressentiment infaillible de quelque chose qu’il n’avait jamais senti. Il se recula contre le mur, ferma les yeux et dilata ses narines. Le parfum était d’une délicatesse et d’une subtilité tellement exquise qu’il ne pouvait le saisir durablement, sans cesse le parfum se dérobait a sa perception, était recouvert par les vapeurs de poudre des pétards, bloque par les transpirations de cette masse humaine, mis en miettes et réduit a rien par les mille autres odeurs de la ville. Mais soudain il était de nouveau la, ce n’était qu’une bribe ténue, sensible durant une brève seconde tout au plus, magnifique avant-goût... qui aussitôt disparaissait a nouveau. Grenouille était a la torture. Il avait l’étrange prescience que ce parfum était la clef de l’ordre régissant tous les autres parfums et que l’on ne comprenait rien aux parfums si l’on ne comprenait pas celui-là ; et lui, Grenouille, allait gâcher sa vie s’il ne parvenait pas a le posséder. (...) Il se trouva presque mal a force d’excitation. Il n’arrivait même pas a savoir de quelle direction venait ce parfum. Parfois, il y avait des minutes d’intervalle jusqu’a ce que le vent lui en apportât de nouveau une bribe. (...)

La il s’arrêta, reprit ses esprits et flaira. Il l’avait. Il le tenait. Comme un ruban, le parfum s’étirait le long de la rue de Seine, net et impossible a confondre, mais toujours aussi délicat et aussi subtil. Grenouille sentit son cœur cogner dans sa poitrine et il sut que ce n’était pas l’effort d’avoir couru, mais l’excitation et le désarroi que lui causait la présence de ce parfum. Il tenta de se rappeler quelque chose de comparable et ne put que récuser toute comparaison. Ce parfum avait de la fraicheur ; mais pas la fraicheur des limettes ou des oranges, pas la fraicheur de la myrrhe ou de la feuille de cannelle ou de la menthe crépue ou des bouleaux ou du camphre ou des aiguilles de pin, ni celle d’une pluie de mai, d’un vent de gel ou d’une eau de source... et il avait en même temps de la chaleur ; mais pas comme la bergamote, le cyprès ou le musc, pas comme le jasmin ou le narcisse, pas comme le bois de rose et pas comme l’iris... Ce parfum était un mélange des deux, de ce qui passe et de ce qui pèse ; pas un mélange, une unité, et avec ça modeste et faible, et pourtant robuste et serre, comme un morceau de fine soie chatoyante... et pourtant pas comme de la soie, plutôt comme du lait au miel ou fond un biscuit – ce qui pour le coup n’allait pas du tout ensemble : du lait et de la soie ! Incompréhensible, ce parfum, indescriptible, impossible a classer d’aucune manière, de fait il n’aurait pas du exister. Et cependant il était la, avec un naturel parfait et splendide. Grenouille le suivait, le cœur cognant d’anxiété, car il soupçonnait que ce n’était pas lui qui suivait le parfum, mais que c’était le parfum qui l’avait fait captif et l’attirait a présent vers lui, irrésistiblement. [...]

A un endroit, le parfum le tira brutalement sur sa droite, apparemment vers le mur d’un immeuble. Un passage bas s’y ouvrait, qui menait a l’arrière- cour. Grenouille l’emprunta comme un somnambule, traversa l’arrière-cour, tourna un coin et aboutit dans une seconde arrière-cour plus petite, et la enfin il y avait de la lumière : l’endroit ne mesurait que quelques pas au carre. Il était surplombe par un auvent. Au-dessous, il y avait une bougie collée sur une table. Une jeune fille était assise a cette table et préparait des mirabelles. Elle les puisait dans un panier a sa gauche, les équeutait et les dénoyautait au couteau, puis les laissait tomber dans un seau. Elle pouvait avoir treize ou quatorze ans. Grenouille s’immobilisa. Il sut aussitôt quelle était la source du parfum qu’il avait senti a une demi lieue, depuis l’autre rive du fleuve : ce n’était pas cette arrière-cour miteuse, ni les mirabelles. Cette source était la jeune fille.

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L’espace d’un moment, il fut si désoriente qu’il pensa effectivement n’avoir jamais vu de sa vie quelque chose d’aussi beau que cette jeune fille. Pourtant il ne voyait que sa silhouette a contre-jour. Ce qu’il voulait dire, naturellement, c’est que jamais il n’avait senti quelque chose d’aussi beau. Mais comme malgré tout il connaissait des odeurs humaines, des milliers et des milliers, des odeurs d’hommes, de femmes, d’enfants, il ne parvenait pas a comprendre qu’un parfum aussi exquis pût émaner d’un être humain. Habituellement, les êtres humains avaient une odeur insignifiante ou détestable. Les enfants sentaient fade, les hommes sentaient l’urine, la sueur aigre et le fromage, et les femmes la graisse rance et le poisson pas frais. Parfaitement inintéressante et répugnante, l’odeur des êtres humains... Et c’est ainsi que, pour la première fois de sa vie, Grenouille n’en croyait pas son nez et devait requérir l’aide de ses yeux pour croire ce qu’il sentait. A vrai dire, cet égarement des sens ne dura pas longtemps. Il ne lui fallut en fait qu’un instant pour vérifier et, cela fait, s’abandonner plus impétueusement encore aux perceptions de son odorat.

Pour Grenouille, il fut clair que, sans la possession de ce parfum, sa vie n’avait plus de sens. (...) Il s’avança lentement vers la jeune fille, s’approcha encore, pénétra sous l’auvent et s’immobilisa a un pas d’elle. Elle ne l’entendit pas.

Elle était rousse et portait une robe grise sans manches. Ses bras étaient très blancs, et ses mains jaunies par les mirabelles qu’elle avait entaillées. Grenouille était penche au-dessus d’elle et aspirait maintenant son parfum sans aucun mélange, tel qu’il montait de sa nuque, de ses cheveux, de l’échancrure de sa robe, et il en absorbait en lui le flot – comme une douce brise. Jamais encore il ne s’était senti si bien. La jeune fille, en revanche, commençait à avoir froid.

Elle ne voyait pas Grenouille. Mais elle éprouvait une angoisse, un étrange frisson, comme on en ressent lorsqu’on est repris d’une peur ancienne dont on s’était défait. Elle avait l’impression qu’il passait derrière son dos un courant d’air froid, comme si quelqu’un avait poussé une porte donnant sur une cave gigantesque et froide. Et elle posa son couteau de cuisine, croisa ses bras sur sa poitrine et se retourna.

Elle fut si pétrifiée de terreur en le voyant qu’il eut tout le temps de mettre ses mains autour de son cou. Elle ne tenta pas de crier, ne bougea pas, n’eut pas un mouvement pour se défendre. Lui, de son côté, ne la regardait pas. »

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Séance 1 : Leurs yeux se rencontrèrent

Objectif : identifier les caractéristiques d’une scène de rencontre

Texte 7 : Hugo Lindenberg, Un jour se sera vide, 2020

1 Les Méduses

L’enfant est à contre-jour. On distingue à peine son visage encadré par une chevelure lisse de vrai garçon. D’abord, il n’est que la cordelette de son slip de bain rouge ou bleu, qui s’approche, jambes graciles, pour observer le spectacle immobile dont je jouissais pour moi seul. Puis-je continuer sans crainte l’auscultation de la méduse à l’aide du bâton ? Plusieurs vagues passent, inondant la petite île de chair translucide avant que j’ose tâter de nouveau. Je presse légèrement la peau épaisse, mais ce n’est déjà plus l’essentiel. L’unique chose qui compte est désormais cette présence entre le soleil et moi. Un garçon de mon âge. Je me cramponne au bâton, orteils griffés dans le sable mouillé à la recherche d’un appui, tandis que la vague qui ruisselle sur la vague qui se retire me donne le vertige. « Tu la retournes ? » Nulle trace de défi dans la voix qui m’invite à poursuivre mes investigations. Une familiarité même, que je n’attendais pas. Mais je sais qu’il suffit d’une maladresse de ma part, un geste trop craintif par exemple, pour que cesse ce moment de grâce où rien n’existe entre nous sinon un peu de curiosité et cette masse compacte et urticante qui ressemble à un extraterrestre. Chaque seconde nous rapproche du moment où il faudra dévoiler plus de soi qu’on ne voudrait. Alors sans un mot , profitant de la poussée du ressac, j’exécute la manœuvre : voilà l’animal sens dessus dessous, ses longs filaments offerts à la morsure du soleil et à notre innocente cruauté. Je m’accroupis pour discerner dans les méandres gluants ce qui pourrait être une larme, un œil, un visage. L’enfant aussi s’approche, frôlant mon épaule de ses cheveux mouillés dont une goutte froide se détache et coule lentement le long de mon bras. Trajet affolant de ce don de sel sur ma peau. « On dirait un sac plastique ». Je lève le visage vers celui du garçon qui sourit, qui semble souriant autant que je puisse en juger tant je suis ébloui. Par le filet de mes yeux plissés, j’aperçois deux grands yeux verts et entre ses lèvres entrouvertes l’espace vide laissé par la chute d’une dent. J’imagine, dans un flash, le cadeau ou la pièce glissés sous l’oreiller épais, le baiser d’une mère, des volets qu’on ouvre sur le chahut d’une famille en vacances. « On la remet à l’eau ? » Les mots sortent plus doux que je ne l’aurais voulu, je trouve ma voix sotte, comme si elle trahissait une vérité qui me paraît soudain tragique et ridicule : je n’ai parlé à personne d’autre qu’à ma grand-mère depuis mon arrivée, autant dire depuis toujours. « À l’eau ? », le corps se déplie en guise de désapprobation. « Et si on la tuait ? » Je regarde ses pieds, ses pieds à lui, indifférents au sol qui se dérobe sous les vagues, indifférents à l’écume, et j’imagine aux orties, aux ronces et à tout ce qui se croit assez important pour les empêcher d’avancer. « Il faut la crever pour voir comment c’est dedans. » J’examine l’enfant qui me surplombe dans sa toute-puissance. Moi accroupi, un bâton tordu à la main, le visage déformé par la lumière, et sa demande me paraît d’autant plus légitime que je n’aimerais rien tant que de savoir de quoi il est fait dedans. Lui. De quel fluide magique ses veines sont parcourues pour donner cet éclat mat à tout son être. Alors je me lève, et avec une lassitude de vieux berger, j’enfonce le bâton en tournant dans la masse gélatineuse, à l’endroit qui m’a paru le plus tendre. Comme rien ne se produit je plonge encore la pointe jusqu’à déchirer la bête en deux. Elle est dure, insensible, comme une viande trop coriace, morte depuis des millénaires. J’abats un cadavre et la sueur accumulée dans mes cils coule soudain sur mes joues, larmes brûlantes qui effacent l’enfant, la plage et cette méduse que je sacrifie à la promesse d’une amitié estivale.

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Séance 1 : Leurs yeux se rencontrèrent

Objectif : identifier les caractéristiques d’une scène de rencontre

Texte 8 : Philippe Besson, Arrête avec tes mensonges, 2018

« J'ai retenu le nom. Thomas Andrieu.

Je trouve que c'est un beau nom, une belle identité. Je ne sais pas encore qu'un jour, j'écrirai des livres, que j'inventerai des personnages, qu'il me faudra donner des noms a ces personnages, mais je suis déjà sensible a la sonorité des identités, a leur fluidité. Je sais, en revanche, que les prénoms parfois trahissent une origine sociale, un milieu, et qu'ils ancrent ceux qui les portent dans une époque.

Je découvrirai que Thomas Andrieu est finalement une identité trompeuse.

D'abord, Thomas n'est pas un prénom souvent donne au milieu des années soixante (puisque « mon » Thomas aura dix-huit ans en 1984). Les garçons s'appellent plutôt Philippe, Patrick, Pascal ou Alain. Dans les années soixante-dix, ce sont les Christophe, les Stéphane, les Laurent qui l'emporteront. Au fond, les Thomas ne feront réellement leur percée que dans les années quatre-vingt-dix. Ainsi le garçon aux yeux noirs est en avance sur son temps. Ou ses parents, plutôt, le sont. Voilà ce que j'en déduis. Pourtant, la encore, je découvrirai qu'il n'en est rien. Le prénom était celui d'un grand-père décédé prématurément, voilà tout.

Ensuite, Andrieu est une énigme. Cela peut être un nom de général, d'homme d'Église ou de paysan. Tout de même, il me semble que c'est un nom terrien, sans que je sache très bien le justifier.

Bref, je peux tout imaginer. Et je ne m'en prive pas. Certains jours, T.A. est un enfant bohème, issu d'une famille qui aura eu de la sympathie pour Mai 68. D'autres jours, il est un fils de bourgeois, légèrement dévergondé, comme le sont parfois les rejetons qui veulent embêter leurs parents coincés.

Ma manie d'inventer des existences ; je vous ai parlé de ça.

En tout cas, j'aime me répéter le prénom en secret, en silence. J'aime l'écrire sur des bouts de papier. Je suis bêtement sentimental ; ça n'a pas tellement change d'ailleurs.

Donc, ce matin-là, je me tiens dans la cour de récréation et j'observe a la dérobée Thomas Andrieu.

C'est un moment qui s'est déjà produit, qui a eu lieu avant. A de nombreuses reprises, j'ai jeté des coups d'œil dans sa direction, brièvement. Il m'est arrivé aussi de le croiser dans les couloirs, de le voir venir comme a ma rencontre, de le frôler, de le sentir s'éloigner dans mon dos sans se retourner. Je me suis retrouve a la cantine a la même heure que lui, lui déjeunait avec des gens de sa classe, mais nous n'avons jamais partage la même table ; les classes ne se mélangent guère. Une fois, je l'ai repère tandis qu'il se tenait sur l'estrade, pendant un cours, il devait faire un expose et certaines salles de cours sont vitrées ; cette fois-la, j'ai ralenti le pas, il ne pouvait pas me remarquer, trop occupe a faire son expose, je l'ai détaillé parce qu'il ne pouvait rien soupçonner de mon manège. Parfois, également, il s'assoit sur les marches devant le lycée et fume une cigarette ; j'ai surpris son regard aveugle tandis que la fumée s'évapore de sa bouche. Le soir, je l'ai vu quitter le lycée, se diriger vers le Campus, ce bar qui jouxte l'établissement et fait le croisement avec la nationale 10, y entrer pour y rejoindre des amis a lui probablement. En passant devant les fenêtres du bar, je l'ai reconnu en train d'avaler une bière, de jouer au flipper. Je me souviens du mouvement de ses hanches contre le flipper.

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Mais aucune parole n'est advenue ; aucun contact. Même par inadvertance. Même par accident.

Et je me suis toujours arrange pour ne pas m'attarder, ne pas susciter son étonnement ou son inconfort d'être dévisagé.

Je songe : il ne me connaît pas, pas du tout. Bien sûr, il m'a sans doute aperçu mais rien ne s'est fixe dans sa mémoire, pas la moindre image. Peut-être la rumeur qui court sur moi lui est-elle venue aux oreilles mais jamais il ne s'est mêlé a ceux qui me sifflent, me brocardent. Aucune chance non plus qu'il ait entendu les éloges que les professeurs m'adressent ; il doit s'en moquer éperdument.

Je suis pour lui un étranger.

Je suis dans ce désir a sens unique. Dans cet élan voue a demeurer inabouti. Dans cet amour non partage.

Je le sens, ce désir, il fourmille dans mon ventre, parcourt mon échine. Mais je dois en permanence le contenir, le comprimer afin qu'il ne saute pas aux yeux des autres. Car j'ai déjà compris que le désir est visible.

L'élan aussi, je le sens. Je devine un mouvement, une trajectoire, quelque chose qui me porte vers lui, qui me ramène a lui, tout le temps. Mais il me faut rester immobile. Me retenir.

Le sentiment amoureux, il me transporte, il me rend heureux. Mais il me brûle aussi, il m'est douloureux, comme sont douloureuses toutes les amours impossibles.

Car, de cette impossibilité, j'ai une conscience aigue.

La difficulté, on peut s'en accommoder ; on déploie des efforts, des ruses, on tente de séduire, on se fait beau, dans l'espoir de la vaincre. Mais l'impossibilité, par essence, porte en soi notre défaite.

Ce garçon, a l'évidence, n'est pas pour moi. »

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Séance 1 : Leurs yeux se rencontrèrent

Objectif : identifier les caractéristiques d’une scène de rencontre

Texte 9 : Michel Houellebecq, Sérotonine, 2019.

« L’acuité de mes perceptions avait nettement augmente, déjà quelques minutes avant l’arrivée du train, ce qui constitue un cas de précognition bizarre. [...]

Elle descendit les quelques marches métalliques de son wagon et se tourna vers moi, elle n’avait pas de valise a roulettes, je le notai avec une bizarre satisfaction – juste un grand sac en toile, de ceux qu’on porte en bandoulière. Lorsqu’elle me dit après un temps très long, dans lequel cependant n’existait aucune gêne (elle me regardait, je la regardais, et c’était absolument tout), mais lorsqu’elle me dit, peut- être dix minutes plus tard : « Je suis Camille », le train était déjà reparti – en destination de Bayeux, puis de Carentan et Valognes, son terminus était en gare de Cherbourg.

Énormément de choses, a ce stade, étaient déjà dites, déterminées, et, comme l’aurait dit mon père dans son jargon notarial, « actées ». Son regard était d’un brun doux, elle me suivit le long du quai C puis de la rue d’Auge, j’étais gare a une centaine de mètres, et lorsque j’eus place son bagage dans le coffre elle s’installa tranquillement a la place avant comme si elle l’avait déjà fait des dizaines, des centaines de fois et comme si elle allait le faire des dizaines, des centaines, des milliers de fois encore, il n’y avait absolument pas d’enjeu et je me sentais si calme, d’un calme que je n’avais jamais connu, si bien qu’il me fallut je pense une bonne demi-heure avant de mettre le contact, j’ai peut-être dodeline de la tête comme un imbécile heureux, mais elle ne manifesta aucune réaction d’impatience, ni même le moindre signe de surprise devant mon immobilité ; le temps était resplendissant, le ciel d’un bleu turquoise, presque irréel.

En passant le périphérique Nord, puis en longeant le CHU, je pris conscience que nous entrions dans une ZAC sinistre, surtout constituée de bâtiments bas, en tôle ondulée grise ; l’environnement n’était même pas hostile, il était juste d’une neutralité effrayante, cela faisait un an que je traversais ce décor tous les matins sans même avoir remarque son existence. L’hôtel de Camille était situe entre un fabricant de prothèses et un cabinet d’expertise comptable. « J’ai hésité entre l’Appart City et l’Adagio Aparthotel, bafouillai-je, évidemment l’Appart City est pas central du tout mais c’est a un quart d’heure a pied de la DRAF, si vous voulez sortir le soir vous êtes tout près du tramway Claude-Bloch, ça prend dix minutes pour rejoindre le centre-ville et il marche jusqu’a minuit, remarquez on aurait pu dire ça dans l’autre sens, vous auriez pu aller travailler en tramway, et de l’Adagio vous aviez une vue sur les quais de l’Orne, d’un autre côté a l’Appart City les studios premium ont une terrasse, je me suis dit que ça pourrait être agréable aussi, enfin on change si vous voulez, évidemment c’est la DRAF qui prend en charge... » Elle me jeta un regard bizarre, difficile a interpréter, mélange d’incompréhension et d’une sorte de compassion ; plus tard elle m’expliqua qu’elle s’était demande pourquoi je me fatiguais a ces justifications laborieuses, alors qu’il était évident que nous allions vivre ensemble. »

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Séance 2 : Une rencontre énigmatique

Objectif : Brosser le portrait d’un personnage et ses différentes facettes

Texte : Le chef-d’œuvre inconnu, Balzac, 1832

L'action de ce roman se déroule en 1612. Fraichement débarqué a Paris, un jeune peintre ambitieux, Nicolas Poussin, se rend au domicile de Maître Porbus, un célèbre peintre de cour, dans l'espoir de devenir son élève. Arrive sur le palier, il fait une étrange rencontre.

Un vieillard vint a monter l'escalier. A la bizarrerie de son costume, a la magnificence de son rabat (1) de dentelle, a la prépondérante sécurité de la démarche, le jeune homme devina dans ce personnage (2) ou le protecteur ou l'ami du peintre ; il se recula sur le palier pour lui faire place, et l'examina curieusement, espérant trouver en lui la bonne nature d'un artiste ou le caractère serviable des gens qui aiment les arts ; mais il aperçut quelque chose de diabolique dans cette figure, et surtout ce je ne sais quoi qui affriande (3) les artistes. Imaginez un front chauve, bombe, proéminent, retombant en saillie sur un petit nez écrasé, retrousse du bout comme celui de Rabelais ou de Socrate ; une bouche rieuse et ridée, un menton court, fièrement relevé, garni d'une barbe grise taillée en pointe, des yeux vert de mer ternis en apparence par l'âge, mais qui par le contraste du blanc nacre dans lequel flottait la prunelle devaient parfois jeter des regards magnétiques au fort de la colère ou de l'enthousiasme. Le visage était d'ailleurs singulièrement flétri par les fatigues de l'âge, et plus encore par ces pensées qui creusent également l'âme et le corps. Les yeux n'avaient plus de cils, et a peine voyait-on quelques traces de sourcils au-dessus de leurs arcades saillantes. Mettez cette tête sur un corps fluet et débile (4), entourez-la d'une dentelle étincelante de blancheur et travaillée comme une truelle a poisson (5), jetez sur le pourpoint (6) noir du vieillard une lourde chaîne d'or, et vous aurez une image imparfaite de ce personnage auquel le jour faible de l'escalier prêtait encore une couleur fantastique. Vous eussiez dit d'une toile de Rembrandt (7) marchant silencieusement et sans cadre dans la noire atmosphère que s'est appropriée ce grand peintre.

1. Rabat : grand col rabattu porte autrefois par les hommes. 2. Ce vieillard s'appelle Frenhofer. 3. Affriande : attire par sa délicatesse. 4. Débile : qui manque de force physique, faible. 5. Truelle a poisson : spatule coupante servant a découper et a servir le poisson. 6. Pourpoint : partie du vêtement qui couvrait le torse jusqu'au-dessous de la ceinture. 7. Rembrandt : peintre néerlandais du XVIIe siècle. Ses toiles exploitent fréquemment la technique du clair-

obscur, c'est- a-dire les effets de contraste produits par les Lumières et les ombres des objets ou des personnes représentés.

Méthode Fait Texte proposé

Avan

t la

lect

ure Je repère le nom de l’auteur

Je repère le titre du livre

Je repère les autres informations du paratexte : année, genre...

Lect

ure Je lis en prenant mon temps (je suis attentif/ve

à la ponctuation) et en cherchant à comprendre.

Page 23: Première Bac. Pro. Français Séquence proposée par Virginie

Analyse de l’extrait : Un drôle d’endroit pour une rencontre 1- Quel sentiment ressentez-vous à la lecture ?

Comment l’expliquez-vous ?

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2- Où se passe la rencontre ?

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3- Qui rencontre qui ? (aidez-vous du paratexte)

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4- Qui est le narrateur de cet extrait ? Justifiez votre réponse

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Un personnage énigmatique 5- A l’aide du texte, remplissez le tableau suivant :

Identité du personnage

Physique

Visa

ge

Corp

s

Caractère

6- Le vocabulaire relevé est-il mélioratif ou péjoratif ? Justifiez votre réponse.

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7- Quels sont les éléments qui font de ce vieillard un personnage réaliste ?

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Portrait d’un vieillard en rouge, Rembrandt

Page 24: Première Bac. Pro. Français Séquence proposée par Virginie

8- Le narrateur présente cependant une autre facette du personnage. Laquelle ?

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Synthèse : A travers cette rencontre, comment l’auteur construit-il son personnage pour le rendre intrigant aux yeux du lecteur ? ______________________________________________________________________________

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A vos plumes Nicolas Poussin écrit une lettre à ses parents pour leur raconter l’étrange rencontre qu’il a faite...

Compétences attendues Auto-évaluation Barème Évaluation Écrire en respectant la mise en page de la lettre

2

Raconter en adoptant le point de vue de Nicolas Poussin

2

Rendre compte de l’étrange rencontre qu’il a faite

3

Évoquer les sentiments provoqué par la rencontre

2

Maitriser la langue française

3

Écrire au moins 20 lignes

1

Construire des paragraphes et rendre un travail soigné

2

Page 25: Première Bac. Pro. Français Séquence proposée par Virginie

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Séance 3 : Changer de point de vue ? Objectif : revoir la notion de point de vue

Identifier le point de vue dans un texte permet de connaitre la position qu’adopte le narrateur quand il raconte. L’analyse du point de vue (aussi appelé focalisation) permet de comprendre ce que le narrateur sait des évènements racontés. On sait aussi s’il est extérieur à l’histoire ou s’il en est un personnage.

x Le point de vue externe

Le narrateur raconte objectivement l'histoire a la façon d'un documentaire. Il raconte ce qu'il voit de l'extérieur sans rien dire sur les pensées des personnages. Le texte est écrit à la troisième personne.

Il agit donc comme une caméra et raconte l’histoire de manière objective et neutre.

= Le lecteur en sait moins que les personnages.

x Le point de vue interne

Le narrateur raconte la vision subjective d'un seul personnage, ses perceptions, ses avis, ses émotions, ses sentiments. Si le texte est écrit à la troisième personne, le narrateur ne fait pas partie de l’histoire. Si le texte est écrit à la première personne, le narrateur est un personnage de l’histoire. = Le lecteur en sait autant qu’un des personnages.

x Le point de vue omniscient (focalisation zéro)

Le narrateur voit tout et sait tout, il est partout a la fois dans la tête des personnages, dans l'espace et dans le temps, dans le passe, dans le présent et dans le futur.

= Le lecteur en sait plus que les personnages.

9 Dans un même récit, l'auteur peut changer de point de vue.

L'homme portait un petit baluchon de toile beige et une pioche. Il se dirigea vers la grange, puis y pénétra. Point de vue EXTERNE

Il reconnut alors une odeur qui lui était familière : elle lui rappelait son enfance et lui donnait envie de pleurer. Point de vue INTERNE

Tous ses ancêtres qui, depuis plusieurs siècles, avaient cultive le tabac, y avaient été sensibles. Point de vue OMNISCIENT

Page 26: Première Bac. Pro. Français Séquence proposée par Virginie

Travail à partir d’un extrait d’un texte de la séance 1 :

Hugo Lindenberg, Un jour se sera vide, 2020

Quel est le point de vue dans cet extrait ? Justifiez votre réponse.

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Écriture : Transformez le passage

Groupe 1 : en utilisant un point de vue externe / Groupe 2 : en utilisant un point de vue omniscient / Groupe 3 : en utilisant le point de vue interne de l’autre enfant.

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« L’enfant aussi s’approche, frôlant mon épaule de ses cheveux mouillés dont une goutte froide se détache et coule lentement le long de mon bras. Trajet affolant de ce don de sel sur ma peau. « On dirait un sac plastique ». Je lève le visage vers celui du garçon qui sourit, qui semble souriant autant que je puisse en juger tant je suis ébloui. Par le filet de mes yeux plissés, j’aperçois deux grands yeux verts et entre ses lèvres entrouvertes l’espace vide laissé par la chute d’une dent. J’imagine, dans un flash, le cadeau ou la pièce glissés sous l’oreiller épais, le baiser d’une mère, des volets qu’on ouvre sur le chahut d’une famille en vacances. « On la remet à l’eau ? » Les mots sortent plus doux que je ne l’aurais voulu, je trouve ma voix sotte, comme si elle trahissait une vérité qui me paraît soudain tragique et ridicule : je n’ai parlé à personne d’autre qu’à ma grand-mère depuis mon arrivée, autant dire depuis toujours. « À l’eau ? », le corps se déplie en guise de désapprobation. « Et si on la tuait ? » Je regarde ses pieds, ses pieds à lui, indifférents au sol qui se dérobe sous les vagues, indifférents à l’écume, et j’imagine aux orties, aux ronces et à tout ce qui se croit assez important pour les empêcher d’avancer. « Il faut la crever pour voir comment c’est dedans. »

Page 27: Première Bac. Pro. Français Séquence proposée par Virginie

Lire et suivre un personnage : itinéraires romanesques

Séquence 1 : Leurs yeux se rencontrèrent...

Séance 4 : un itinéraire bouleversé...

Objectif : Comparer une scène de rencontre et son adaptation cinématographique

1991

Page 28: Première Bac. Pro. Français Séquence proposée par Virginie

x A l’écoute (début à 4’50), L’Amant, Prix Goncourt, 1984 A partir de l’extrait, quelles sont les caractéristiques de la rencontre ? L’homme à la limousine noire : https://www.franceculture.fr/emissions/fictions-le-feuilleton/lamant-de-marguerite-duras-25-lhomme-a-la-limousine-noire

x Lecture du texte ci-dessus et analyse de l’extrait

L’évocation d’une atmosphère

1- Identifiez le cadre spatio-temporel 2- Expliquez la première phrase 3- Quelle atmosphère se dégage de cette rencontre ? 4- Quels sens sont évoqués ? Relevez un champ lexical pour chaque sens. Pourquoi sont-ils

utilisés ? 5- Quel est le temps principal du texte ? Pourquoi est-il employé ?

Elle et Lui

6- Qui sont les deux personnages ? Comment sont-ils qualifiés ? 7- Quel est le point de vue utilisé. Justifiez. 8- Dressez le portrait le plus précis possible des deux personnages. 9- Comment se passe la rencontre ? 10- Cette scène peut -elle être perçue comme choquante ? Pourquoi ?

x Comparaison avec l’adaptation cinématographique (1992)

Après le visionnage de l’extrait Quels sont les procédés qui permettent de traduire la réflexion de la jeune fille ? Le cadre spatio-temporel est -il respecté ? Quelle atmosphère se dégage de la scène ? Les personnages correspondent-ils à la description de l’extrait ? Quelles sont les ressemblances et les différences avec l’extrait étudié ? Cette adaptation vous parait-elle fidèle au texte ?

x Synthèse : Quelles sont les particularités de cette scène de rencontre et de ses adaptations ? En quoi cette rencontre bouleverse-t-elle l’itinéraire de la jeune fille ?

Épisode 1 La traversée du Mékong https://www.franceculture.fr/emissions/fictions-le-feuilleton/lamant-de-marguerite-duras-15-la-traversee-du-mekong

Épisode 2 L’homme à la limousine noire https://www.franceculture.fr/emissions/fictions-le-feuilleton/lamant-de-marguerite-duras-25-lhomme-a-la-limousine-noire

Épisode 3 Les nuits de Cholen https://www.franceculture.fr/emissions/fictions-le-feuilleton/lamant-de-marguerite-duras-35-les-nuits-de-cholen

Épisode 4 Une inconsolable jouissance https://www.franceculture.fr/emissions/fictions-le-feuilleton/lamant-de-marguerite-duras-45-une-inconsolable-jouissance

Épisode 5 Le départ https://www.franceculture.fr/emissions/fictions-le-feuilleton/lamant-de-marguerite-duras-55-le-depart

Après l'adaptation cinématographique de son roman L'Amant (Prix Goncourt 1984) , qu'elle trouve trop esthétisante, Marguerite Duras décide de réécrire L’Amant. En effet, elle n'aime pas les portraits faits des personnages et décide donc d'y ajouter des modifications. Dans l'Amant de la Chine du Nord, elle se réfère au premier roman par l'expression « le livre ».

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Lire et suivre un personnage : itinéraires romanesques Séquence 1 : Leurs yeux se rencontrèrent...

Séance 5 : Et leurs paroles s’animèrent

Objectif : Langue : Différencier discours direct et Indirect Repérer en quoi les paroles sont révélatrices d’un personnage Support : Texte de la séance 4, L’Amant de la Chine du Nord, Marguerite Duras Discours direct et indirect 1- Repérez dans le texte les passages au discours direct. 2- Comment appelle-t-on les passages qui n’appartiennent pas au discours ? 3- Y -a -t-il des passages au discours indirect ? 4- Quelles sont les différences entre ces deux types de discours ? La construction du dialogue 5- Qui parle ? 6- Quelles sont les marques formelles du discours que vous reconnaissez ? 7- Encadrez les verbes introducteurs de parole. Que remarquez-vous ? 8- Quel est l’autre moyen d’introduire des verbes de parole ? Les paroles révélatrices des personnages 9- Comment s’exprime la jeune fille au début du dialogue ? 10- Comment se présente « le Chinois » ? Quelle indication donne-t-il en premier ? Synthèse : Selon vous, quelle est l’utilité du dialogue dans cet extrait ? En quoi les paroles sont-elles révélatrices des personnages ? Exercices :

x Transformez le passage de « Elle dit ... » à « Bleu de Chine clair » au discours indirect.

x Réécrivez le texte suivant en respectant les passages de récit et de discours et en rétablissant les marques du dialogue.

Pardon, pouvez-vous me dire qui habite ici ? L’homme marqua le pas. Il leva la tête sur la façade. Pas grand monde en tout cas. Demandez plutôt au café qui fait l’angle. Ils vivent dans le quartier depuis toujours ! Il y avait du poussin rôti au menu. Je m’attablai et mangeai guettant le moment favorable pour provoquer les compétences du patron. Vous habitez depuis longtemps dans le coin à ce qu’on dit ? Ceux qui racontent ça ne valent peut-être pas grand-chose, mais ce ne sont pas des menteurs ! Je peux m’asseoir ? J’avais trouvé le bon moment. Il s’attabla.

Page 30: Première Bac. Pro. Français Séquence proposée par Virginie

Synthèse : Le discours direct et le discours indirect

x Le discours direct :

Il s’emploie pour rapporter les paroles de quelqu’un telles qu’elles ont été prononcées. Le discours est alors ancré dans la situation d’énonciation. Le discours direct se caractérise par l’emploi d’un verbe introducteur de parole et d’une ponctuation spécifique : - deux points après le verbe introducteur - des guillemets « .... » pour encadrer les paroles. Exemples : Jean a demandé à Marie : « Où vas-tu ? » Il déclara : « J’en ai assez ! »

x Le discours indirect : Il s’emploie pour intégrer les paroles de quelqu’un dans un récit (on ne sait pas exactement les mots qui ont été prononcés). Le discours est alors coupé de la situation d’énonciation. Exemples : Il demanda à Marie où est-ce qu’elle allait. Il déclara qu’il en avait assez !

L’emploi de « que » est obligatoire devant chaque verbe employé (donc devant chaque nouvelle proposition subordonnée) (Il a dit qu’il allait mieux et qu’il allait pouvoir partir). - L’emploi de « si » se fait quand la question posée est fermée (c’est - a-dire qu’on ne peut répondre que par « oui » ou par « non » a cette question.

Je retiens autrement

Page 31: Première Bac. Pro. Français Séquence proposée par Virginie

1- Les personnages

Il faut tenir compte du profil psychologique des personnages et de leurs relations et adopter une certaine cohérence avec les évènements mentionnés dans le texte.

Le niveau de langue (soutenu, courant...) pour lequel vous devrez opter dépendra de l’âge des personnages, de leurs relations, de leur milieu socioculturel.

2- Les circonstances de l’échange

Vous devrez introduire brièvement votre dialogue pour indiquer le moment et le lieu ou se passe la scène, l’identité des personnages, le sujet de la conversation.

3- La mise en page du dialogue

Pour l’écriture un dialogue, il faut respecter des règles assez strictes :

x L’utilisation des guillemets pour introduire et fermer le dialogue. x L’utilisation de tiret pour indiquer qui prend la parole (attention à ne pas indiquer le

nom du personnage devant le tiret. Cela se fait uniquement dans le texte de théâtre = réplique).

x L’emploi de verbes de parole :

Ils peuvent se mettre avant (le verbe est alors suivi de deux points), au milieu (proposition incise) ou à la fin des paroles. Attention aux temps utilisés (présent ou temps du récit). Il existe de nombreux verbes pour exprimer une prise de parole et ne pas répéter «dire» ... Questionner, murmurer, s'exclamer, marmonner, demander, s'écrier, crier, hurler, chuchoter, vociférer, interroger, prier, ordonner, exiger, répondre, rétorquer, faire, répliquer, supplier, réclamer, annoncer, expliquer, insister, protester, interrompre, grogner... 4- Les marqueurs de l’oral Pensez à insérer :

x Des expressions ou des interjections qui vont rendre le dialogue plus vivant. x Une ponctuation signifiante qui permettra de montrer les sentiments ressentis par les

personnages.

Page 32: Première Bac. Pro. Français Séquence proposée par Virginie

Compétences attendues Auto-évaluation Barème Évaluation Écrire en respectant la mise en page du dialogue

3

Adopter des paroles révélatrices du personnage

2

Restituer la scène de rencontre

3

Évoquer les sentiments de la jeune fille

2

Maitriser la langue française

3

Écrire au moins 20 lignes

1

Rendre un travail soigné

1

Compétences attendues Auto-évaluation Barème Évaluation Écrire en respectant la mise en page du dialogue

3

Adopter des paroles révélatrices du personnage

2

Restituer la scène de rencontre

3

Évoquer les sentiments de la jeune fille

2

Maitriser la langue française

3

Écrire au moins 20 lignes

1

Rendre un travail soigné

1

A vos plumes / A rendre le Imaginez le dialogue entre la jeune fille et son frère, Paulo, à qui elle raconte sa rencontre avec le chinois.

A vos plumes / A rendre le Imaginez le dialogue entre la jeune fille et son frère, Paulo, à qui elle raconte sa rencontre avec le chinois.

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Lire et suivre un personnage : itinéraires romanesques

Séquence 1 : Leurs yeux se rencontrèrent...

Séance 6 : EVALUATION

COMPETENCES DE LECTURE (10 points)

1- Identifiez le cadre spatio-temporel. 2 points

2. Comment Charles envisage-t-il l’avenir (l. 1 a 17)? Justifiez votre réponse en identifiant deux champs lexicaux dominants. Vous relèverez au moins trois termes par champ lexical. 4 points

3. Dans quel univers se déroule le rêve d’Emma ? Justifiez votre réponse en citant le texte. 2 points

4. Le narrateur oppose les projets d’avenir de Charles aux rêves d’Emma. Dans quelle intention? 2 points

Charles Bovary, médecin, rentre chez lui le soir et retrouve sa femme Emma et sa fille Berthe.

Quand il rentrait au milieu de la nuit, il n'osait pas la réveiller. La veilleuse de porcelaine arrondissait au plafond une clarté tremblante, et les rideaux fermés du petit berceau faisaient comme une hutte blanche qui se bombait dans l'ombre, au bord du lit. Charles les regardait. Il croyait entendre l'haleine légère de son enfant. Elle allait grandir maintenant ; chaque saison, vite, amènerait un progrès. Il la voyait déjà revenant de l'école a la tombée du jour, toute rieuse, avec sa brassière tachée d'encre, et portant au bras son panier ; puis il faudrait la mettre en pension, cela coûterait beaucoup ; comment faire ? Alors il réfléchissait. Il pensait a louer une petite ferme aux environs, et qu'il surveillerait lui-même, tous les matins, en allant voir ses malades. Il en économiserait le revenu, il le placerait a la caisse d'épargne ; ensuite il achèterait des actions, quelque part, n'importe où; d'ailleurs, la clientèle augmenterait ; il y comptait, car il voulait que Berthe fût bien élevée, qu'elle eût des talents, qu'elle apprit le piano. Ah ! qu'elle serait jolie, plus tard, a quinze ans, quand, ressemblant a sa mère, elle porterait comme elle, dans l'été, de grands chapeaux de paille ! on les prendrait pour les deux sœurs. Il se la figurait travaillant le soir auprès d'eux, sous la lumière de la lampe ; elle lui broderait des pantoufles ; elle s'occuperait du ménage ; elle emplirait toute la maison de sa gentillesse et de sa gaieté. Enfin, ils songeraient a son établissement : on lui trouverait quelque brave garçon ayant un état solide ; il la rendrait heureuse ; cela durerait toujours.

Emma ne dormait pas, elle faisait semblant d'être endormie ; et tandis qu'il s'assoupissait a ses côtés, elle se réveillait en d’autres rêves.

Au galop de quatre chevaux, elle était emportée depuis huit jours vers un pays nouveau, d'où ils ne reviendraient

plus. Ils1

allaient, ils allaient, les bras enlacés, sans parler. Souvent, du haut d'une montagne, ils apercevaient tout a coup quelque cite splendide avec des dômes, des ponts, des navires, des forêts de citronniers et des cathédrales de marbre blanc, dont les clochers aigus portaient des nids de cigognes. On marchait au pas a cause des grandes dalles, et il y avait par terre des bouquets de fleurs que vous offraient des femmes habillées en corset rouge. On entendait sonner des cloches, hennir des mulets, avec le murmure des guitares et le bruit des fontaines, dont la vapeur s'envolant rafraichissait des tas de fruits, disposés en pyramides au pied des statues pâles, qui souriaient sous les jets d'eau. Et puis ils arrivaient, un soir, dans un village de pêcheurs, ou des filets bruns séchaient au vent, le long de la falaise et des cabanes. C'est la qu'ils s'arrêtaient pour vivre : ils habiteraient une maison basse a toit plat, ombragée d'un palmier, au fond d'un golfe, au bord de la mer. Ils se promèneraient en gondole, ils se balanceraient en hamac ; et leur existence serait facile et large comme leurs vêtements de soie, toute chaude et étoilée comme les nuits douces qu'ils contempleraient.

1Emma et son amant

Gustave Flaubert, Madame Bovary, 1857

Page 34: Première Bac. Pro. Français Séquence proposée par Virginie

5. « Quand il rentrait au milieu de la nuit, il n’osait pas la réveiller » l.1 et « Emma ne dormait pas, elle faisait semblant d’être endormie » l.18. Que révèlent ces deux phrases sur les sentiments que Charles et Emma éprouvent l’un pour l’autre ? 2 points

II - COMPETENCES D’ECRITURE (10 points)

« Ils se promèneraient en gondole. »

Imaginez le dialogue entre Emma et son amant rêvé ( Rodolphe).

Il sera tenu compte de la qualité de l’expression ( syntaxe, vocabulaire, orthographe ...)

Page 35: Première Bac. Pro. Français Séquence proposée par Virginie

Lire et suivre un personnage : itinéraires romanesques Séquence 1 : Leurs yeux se rencontrèrent...

Séance 6 : EVALUATION

« Je ne voulais pas prendre l’ascenseur, parce que, au groupe de soutien, prendre l’ascenseur signifiait qu’on était dans la phase Derniers Jours. Je suis descendu par l’escalier, j’ai pris un biscuit, je me suis servi de la limonade dans un gobelet en carton et je me suis retournée.

Un garçon me regardait.

J’étais certaine de ne l’avoir jamais vu auparavant. Grand, muscle, tout en longueur, il semblait immense compare a la petite chaise d’écolier sur laquelle il était assis. Les cheveux acajou, raides et courts. Il devait avoir mon âge, un an de plus peut-être, il se tenait mal, au bord de sa chaise, une main a moitie enfoncée dans la poche de son jean noir.

J’ai détourné les yeux, soudain consciente de ne pas être a la hauteur. Je portais un vieux jean autrefois moulant mais qui flottait maintenant a des endroits bizarres, plus un T-shirt jaune, le T-shirt d'un groupe que je n'écoutais même plus. Sans parler de mes cheveux. Ils avaient beau être courts, un coup de peigne ne leur aurait pas fait de mal. Pour couronner le tout, j’avais des joues de hamster, un effet secondaire du traitement. J’avais un corps plutôt bien proportionne, mais un ballon en guise de tête. Et je vous épargne les chevilles d’éléphant. Je lui ai néanmoins jeté un coup d’œil. Il me regardait toujours.

J’ai compris alors ce que veulent dire les gens quand ils parlent de courant qui passe par le regard.

J’ai rejoint le cercle et je me suis assise a côté d’Isaac, a deux places du garçon en question. Je lui ai jeté un nouveau coup d’œil. Il me regardait toujours. Je dois préciser quelque chose : il était canon. SI un garçon pas canon ne vous quitte pas des yeux, au mieux, c’est bizarre, au pire, c’est une forme d’agressivité. Mais un garçon canon... J’ai sorti mon portable pour voir l’heure : 16 h 59. D’autres malchanceux âgés de douze à dix-huit ans ont rejoint le cercle.[...] Le garçon me regardait toujours. J’ai failli rougir. Pour finir, j’ai décidé que la meilleure stratégie était de le regarder aussi.

Après tout, les garçons n’ont pas le monopole dans la matière. Entre le garçon et moi, ce fut à qui flancherait le premier. Après quelques instants, il a souri et a fini par détourner les yeux, qu’il avait très bleus. Quand il m’a regardée a nouveau, je lui ai fait comprendre d’un mouvement de sourcils que j’avais gagné. »

John Green, Incipit, Nos étoiles contraires, 2012.

COMPETENCES DE LECTURE (10 points)

1- Identifiez les circonstances de la rencontre (3 points)

2. Quelle est la focalisation de l’extrait. Justifiez votre réponse. (2 points)

3. Que ressent la jeune fille ? Justifiez par le relevé d’un champ lexical. (4 points)

4. Quels traits de caractère des personnages sont ici mis en avant ? (3 points)

5. En quoi cette rencontre semble être un moment important du récit ? (3 points)

II - COMPETENCES D’ECRITURE (10 points)

Les deux personnages se retrouvent dans une salle d’attente quelques semaines plus tard. Imaginez le dialogue.