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Étude prospective de la DATAR La France, puissance industrielle Une nouvelle politique industrielle par les territoires Réseaux d'entreprises Vallées technologiques Pôles de compétitivité

Politique industrielle

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  • tude prospect ive de la DATAR

    La France, puissance industrielleUne nouvelle politique industrielle par les territoires

    Rseaux d'entreprises

    Valles technologiques

    Ples de comptitivit

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    Ce rapport de la DATAR

    a t tabli par l'quipe

    Dveloppement conomique

    et attractivit, sous la direction

    de Daniel Darmon,

    Conseiller auprs du Dlgu,

    avec la participation

    de Magali Debatte

    et Paulette Pommier,

    Charges de mission

    et lapport de Bernard Morel,

    Michel Le Marois,

    Janik Michon et Muriel Thoin.

    Il a bnfici de la contribution

    du groupe "mutations

    conomiques",

    compos de chefs d'entreprises,

    qui a t runi par la DATAR

    depuis le dbut de l'anne 2003.

    Il a galement utilis les travaux

    du Ministre de l'conomie,

    des Finances et de l'Industrie,

    notamment de la Direction

    gnrale de l'industrie,

    des technologies de l'information

    et des postes (DIGITIP)

    et de la Direction des relations

    conomiques extrieures (DREE).

    Ce rapport a enfin bnfici

    des changes avec

    Monsieur Christian Blanc,

    parlementaire en mission

    sur les ples de comptitivit.

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    largissement de lEurope, linternationalisation de lconomie et la dcentralisation

    ont conduit le Gouvernement repenser la politique damnage-

    ment du territoire. Les nouvelles orientations, arrtes lors du

    Comit interministriel damnagement et de dveloppement du

    territoire (Ciadt) du 13 dcembre 2002, visent ainsi favoriser

    lattractivit de la France et la comptitivit de nos territoires afin

    de contribuer la cration de nouvelles richesses.

    Bien que la France soit la cinquime puissance industrielle

    mondiale, son potentiel est encore aujourdhui concentr sur un

    trop petit nombre de ples de rayonnement international.

    La politique damnagement du territoire doit y remdier en impul-

    sant et en accompagnant une stratgie territoriale qui favorise la

    cration et le renforcement de ples de comptitivit regroupant

    les entreprises, les rseaux technologiques conjuguant la recherche

    publique et prive, ainsi que les tablissements d'enseignement et

    de recherche.

    Lobjectif de ce rapport nest videmment pas de conclure. Il vise

    au contraire lancer le dbat.

    Prface

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    Nicolas Jacquet

    Dlgu l'amnagement du territoire et l'action rgionale

  • 4SOMMAIRELA FRANCE, PUISSANCE INDUSTRIELLE

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    Sommaire

    10 questions, un dbat 7

    1 Dsindustrialisation ou mutations industrielles ? 15I Parler plutt de mutations industrielles que de dsindustrialisation 16

    II volution des effectifs en France et en Europe 21

    III Parler plutt d'internationalisation des entreprises que de dlocalisation 30

    IV Dans les annes fastes : expansion de l'industrie pour une majorit de territoires 34

    V Face aux mutations industrielles, une politique favorisant les ples de comptitivit 40

    2 Linnovation et la recherche au service de la comptitivit industrielle 43I Quel est le poids scientifique et technologique de la France en Europe ? 44

    II Qu'en est-il des rgions franaises en Europe ? 48

    III Dveloppement conomique et potentiel scientifique et technologique rgional 54

    IV Les agglomrations dentreprises disposent, en France, dun important potentiel de dveloppement 66

    3 Les rseaux dentreprises, sources de comptitivit accrue pour les entreprises 69et leurs territoires

    I Une nouvelle manire dorganiser la production 70

    II Europe, Asie, Amrique Les rseaux dentreprises tissent leurs toiles travers le monde 72

    III En France aussi, des rseaux se structurent et se dveloppent 94

    4 Huit principes dactions pour une politique des ples de comptitivit 1131 Comment reprer et mieux mettre en valeur les ples de comptitivit ? 116

    2 Encourager les collaborations horizontales et les mutualisations de ressources 118

    3 Faire participer les ressources humaines au dveloppement collectif et enrichir leurs qualifications 120

    4 Renforcer les liens industrie/recherche et industrie/enseignement 122et stimuler la coopration en matire dinnovation

    5 Encourager la cration de nouvelles entreprises et de nouveaux emplois : 123rpondre aux besoins en capital des entreprises

    6 Accompagner les ples de comptitivit pour quils disposent dinfrastructures de transport 124et dinfrastructures numriques adaptes

    7 Promouvoir une politique de rseau au niveau europen 125

    8 Conduire le projet en partenariat troit avec les acteurs publics et privs 127

  • 6SOMMAIRELA FRANCE, PUISSANCE INDUSTRIELLE

  • a question de la comptitivit de lconomie franaise a donn lieu

    dintenses dbats qui ont suscit de nombreux travaux, en

    particulier ceux du Conseil dAnalyse conomique (CAE) de

    la fin 2002 (cf. "Comptitivit" - La Documentation Franaise

    2003).

    Sans revenir sur ces travaux, une inquitude plus rcente,

    alimente par le prochain largissement de lUnion

    Europenne et le ralentissement conomique survenu la

    fin de 2001, mle les craintes de dlocalisation dentrepri-

    ses situes sur le territoire national vers des pays bas

    cots de main-duvre celles de lventuelle dsindus-

    trialisation de lconomie franaise. videmment, la

    juxtaposition dune perte de comptitivit, dune moindre

    attractivit, dun processus de dsindustrialisation et de

    dlocalisations constitue un scnario catastrophe moyen

    terme pour la prennit du "modle" franais.

    Cependant, lorsqu'on parle de dsindustrialisation de quoi

    parle-t-on au juste ?

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    10 questions,un dbat

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  • 81 S'il s'agit de souligner que l'conomie franaise produit moins de biens industriels, la rponse est non.

    La production en volume augmente d'anne en anne (+2,5% par an depuis 1980) mais sa valeur dimi-nue en raison de la baisse des prix relatifs des produits industriels qui rsultent eux-mmes de lamodernisation de l'appareil de production qu'illustre, en partie, la progression des investissementsindustriels : environ 5 % par an en volume depuis 1978 (contre + 2,3 % pour l'ensemble de l'conomie).Au total, la part de lindustrie dans le PIB franais est reste stable au cours des vingtdernires annes (19,5 % en 2002 contre 20,1 % en 1978)

    2 S'il s'agit de dire que moins de personnes travaillent dans les entreprisesindustrielles, la rponse est oui Mais !

    Oui, car l'emploi industriel direct diminue, c'est indiscutable, mais moins qu'on le dit gnrale-ment car il faut compter avec le quasi-doublement des emplois d'intrim dans l'industrie au cours desannes quatre-vingt-dix (de 150 000 300 000 environ) ainsi qu'avec l'externalisation d'un certainnombre de fonctions vers le secteur des services. On le voit, le diagnostic n'est plus aussi simple, sur-tout si on compare l'volution franaise celle d'autres grands pays industriels comme les tats Uniso l'emploi manufacturier est revenu son niveau de 1961 (selon Rexecode) ou du Royaume Uni etdu Japon dont l'emploi industriel s'est contract depuis 1996 d'environ 15 %.

    volution de l'emploi total par grandes fonctions en France entre 1982 et 1999

    Source : "Pour un rayonnement des mtropoles franaises" - DATAR, 2003

    3 S'il s'agit de dire que l'importance de l'industrie franaise dans le monde se rduit, la rponse est non.

    La France est le cinquime pays industriel dans le monde et - sur longue priode - la "part" demarch de la France est reste peu prs stable (le rapport entre la part du march mondial dela France en 1999 et 1970 est gal 0,96). Certes, la question n'est pas que quantitative et il faut tenir

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    Services Servicescollectifs

    Production "immatrielle" : conception, gestion,

    marketing

    Production "concrte" :fabrication, logistique

    Services : distribution, nettoyage

    Services collectifs :administration, loisirs,

    sant

  • 9compte des spcialisations de la France qui selon le CAE, occupe une position intermdiaire dans lechamp des produits technologiques ("Comptitivit" - La documentation Franaise, Paris 2003).

    Il reste que l'conomie franaise est l'une des plus attractives du monde si on en juge par le flux desinvestissements directs trangers (en 2002, deuxime pays "receveur" derrire la Chine - CNUCED).

    4 Peut-tre le terme "dsindustrialisation" est-il impropre pour caractriser les mutations auxquelles sont exposs la plupart des pays dvelopps ?

    Certes, l'importance relative de certains secteurs traditionnels rgresse mais d'autres activits se dve-loppent et maintiennent, malgr les gains de productivit, le niveau d'emplois. Du reste, l'appareilstatistique utilise des nomenclatures, par construction, trop anciennes pour percevoir finement ces vo-lutions, au point de faire dire R. Solow que "l'informatique se voit partout, sauf dans les statistiques"

    Mais, aprs tout, la mutation se rsume, peut tre arithmtiquement, par plus d'emplois dans lesservices et moins d'emplois dans l'industrie ?

    5 Autrement dit, l'industrie est-elle ncessaire au dveloppement conomique et social de la France ? La rponse est oui

    en raison de l'effet d'entranement qu'exerce l'industrie sur l'ensemble des autres activitsconomiques.

    On nignore videmment pas la part que prennent les services dans la cration de la valeur ajoute enFrance, ni le processus d'externalisation des fonctions "tertiaires" de l'industrie qui rend les frontiresentre l'industrie et les services extrmement poreuses. De mme, il est bien entendu que la qualit desservices rendus aux entreprises, notamment industrielles, conditionne la comptitivit de ces dernires.

    Il reste que leffet de levier des activits industrielles est plus lev que celui des activits deservices. Au niveau (le plus) agrg, le calcul des consommations intermdiaires des activits indus-trielles et "tertiaires" tmoigne, en effet, que pour 1 de production lindustrie consomme prs de0,70 de produits intermdiaires contre "seulement" 0,40 pour les services.De plus, l'industrie participe plus de 50 % des commandes passes l'ensemble de l'conomie fran-aise, qu'il s'agisse de celles passes l'industrie (plus de 500 Mds en 2001) ou de celles ddiesaux services (163 Mds).

    Consommations intermdiaires agrges en 2001 (Unit : Mds dEuros)Agriculture Industrie Services

    Agriculture 11 34 3Industrie 23 506 163Services 4 163 403Ensemble des consommations intermdiaires 38 703 569Production totale 75 1 040 1 518% des consommations intermdiaires la production totale 50,7 % 67,6 % 37,5 %Source : Insee Comptes nationaux (srie longue)

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    Parmi les services les plus consomms par lindustrie on trouve, le conseil et lassistance, les servicesoprationnels, les transports et, un moindre degr, les services financiers et la recherche-dvelop-pement. Il nest dailleurs pas rare de voir figurer les services aux tout premiers rangs des consomma-tions intermdiaires de lindustrie.

    Ainsi le conseil et les services oprationnels viennent, avec un total de 5,2 Mds en 2001, aux 3 e et4 e rangs des consommations des industries du secteur de la viande et du lait. De mme, les servicesoprationnels constituent la plus importante dpense de lindustrie chimique en produits intermdiai-res avec un total de plus de 4 milliards deuros en 2001. Pour cette mme activit, les achats de R&Dslevaient cette date 1,4 Mds et occupaient le 7 e rang des consommations intermdiaires.

    Sans multiplier les exemples, il est ais de constater leffet dentranement quexercent les activitsindustrielles, la fois sur les autres secteurs manufacturiers et sur la plupart des activits de services.

    La question nest pas de hirarchiser, de squencer les activits conomiques selon leur nature indus-trielle ou tertiaire. Les processus dexternalisation ou de r-internalisation des fonctions tertiaires desentreprises industrielles tmoignent des stratgies dorganisation qui traversent lensemble du systmeproductif. Du reste, les entreprises de services, elles-mmes, externalisent aussi certaines de leurs pro-pres fonctions tertiaires. Dans ces conditions, cest lagrgation de lensemble des activits, industriel-les et tertiaires, qui concourt la cration de loffre destine un march final qui doit constituer lobjetde lanalyse. Et c'est de la comptitivit de cet ensemble que dpend la croissance franaise.

    La France est-elle "possible" sans usine ? La rponse est non : Nous avons besoin d'une indus-trie diversifie.

    6 Dans ces conditions, qu'en est-il des dlocalisations ?Elles traduisent la redistribution des activits industrielles travers le monde, en particulier le dvelop-pement de capacits industrielles bas cots de main-duvre dans les pays mergents. La Francen'est, videmment pas, le seul pays enregistrer ce phnomne dont l'annonce fait grand bruit ! La plu-part des pays dvelopps font les frais de la concurrence que leur livrent les pays en dveloppement.

    Alors peut-on imaginer que cette redistribution plantaire se traduise par le maintien en France desseules activits industrielles haute valeur ajoute - en amont la R&D et la conception, en aval l'as-semblage et la distribution - alors que les activits de production proprement dites se (d) localise-raient dans les pays bas cot ?

    Il est difficile d'entrer dans un scnario o les savoir-faire scientifiques seraient dconnects dessavoir-faire techniques. Le potentiel de R&D ne se mesure-t-il pas aussi l'aune des dpts de brevets ?

    Cependant, on ne peut ignorer que les dlocalisations sont dj l'uvre pour certaines activits"traditionnelles" comme, par exemple, certains segments de la filire textile et habillement.

    L'largissement des espaces de rgulation (Alena, Mercosur, UE) accentue la mobilit des entrepri-ses au sein de chaque zone et avive les conditions d'une concurrence que les tats ont plus de mal contrler par les moyens traditionnels de la politique conomique.

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    7 Les dlocalisations vont-elles se poursuivre en s'amplifiant ?L'analyse des flux directs d'investissements entrants et sortants conteste la thse selon laquelle lesentreprises franaises se dlocaliseraient de faon massive, tandis que le "site France" serait ddaignpar les capitaux trangers ("Comptitivit" - CAE dj cit).

    Au fond, la question est de savoir si la redistribution des activits industrielles peut, ou non, donnernaissance des spcialisations europennes ? Pourra-t-on parler demain de l'industrie automobileeuropenne comme on le faisait hier pour la France ? Ds lors, si l'organisation de cette industrie l'-chelle de l'Europe largie constitue une perspective consistante pour son avenir, elle ne manquera pasd'impacter de nombreux territoires franais.

    Mais, outre que, pour l'heure, ce phnomne n'est pas d'une ampleur telle qu'il se traduise dans lesstatistiques dont on dispose, les pays en dveloppement constituent aussi de nouveaux clientspour l'industrie franaise et 1 investi l'tranger amliore la balance commerciale de la France de12 centimes d'euro.

    La question se pose plutt, ou surtout, pour les activits haute valeur ajoute et haut niveau tech-nologique. Ici, la question est, si l'on peut dire, plus srieuse car elle ne concerne pas, ou pas seule-ment, le jeu concurrentiel mais la capacit de R&D de l'industrie franaise et la qualit des emploisrecherchs. S'agissant de la capacit scientifique et technologique, la France recule en restant stable !Toujours au deuxime rang europen, mais avec un poids moins important qu'il y a quelques annescomme le prcisent les travaux de lObservatoire des Sciences et techniques (OST).Quant au profil des emplois recherchs par l'industrie, il faut s'attendre ce que le niveau de techni-cit s'accroisse fortement dans les prochaines annes. Par une sorte de contre-pied, on peut pronosti-quer que, demain, les "OS" seront dans les services et les "cols blancs" dans l'industrie !

    8 La parade existe-t-elle ?Lmergence de lconomie de la connaissance acclre ce processus. Non seulement le progrs tech-nique ne peut plus tre considr comme le rsidu qui permet dexpliquer le processus de croissanceau-del de lapport des "facteurs de production classiques" mais il apparat comme un facteur de pro-duction dont la matrise peut rsulter de la mise en rseau des entreprises elles-mmes.

    C'est la capacit d'innover et de rendre efficaces les interactions entre la recherche et la produc-tion qui conditionnent la prsence sur les marchs mondiaux.

    La plupart des groupes sont en ralit des grappes dentreprises jouissant, dans le cadre dune strat-gie mondiale, dune relative autonomie, notamment comptable, de marchs qui leurs sont propres, ycompris comme "sous-traitants" dune ou de plusieurs autres entreprises du mme groupe, et bnfi-ciant, en rseau, de services communs du sige comme la gestion des ressources humaines ou encorede la recherche dveloppement. eux seuls, ces groupes constituent des ples dactivits dont lacomptitivit rsulte de la mise en rseau des entits qui les constituent.Cette "innovation" organisationnelle conditionne dsormais la comptitivit de lensemble des systmesproductifs, en particulier le tissu des PME-PMI dont on rappelle quil constitue, en France, lessentieldu tissu conomique.

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    Lun des enjeux auxquels est expose lconomie franaise rsulte bien de la diffusion de cette formedorganisation dont on peut observer le dveloppement partout dans le monde et quelles que soientles activits concernes.

    Les mutations que traverse, comme beaucoup d'autres, l'conomie franaise troublent ainsi les certi-tudes d'hier.

    Qui peut dire ce que sont, aujourd'hui ou ce que seront demain, les secteurs porteurs ? L'incertitude et- son corollaire - le risque se sont installs de faon significative dans la vie conomique et sociale. Enquarante ans, le rythme de la croissance franaise a t divis par deux tandis que son instabilit taitmultiplie par trois La mondialisation, le dveloppement des changes, l'importance accrue de lasphre financire, le rythme des innovations sont, parmi d'autres, des lments de risque qui n'par-gnent aucune activit conomique, ni aucun territoire.

    9 Ces mutations ont-elles des consquences sur les grands quilibres franais ?

    Les transferts sociaux contribuaient ces dernires annes prs du tiers la formation du revenu brut desmnages et constituent, aprs les salaires (environ 60 %), le second poste de ressources des mnagesfranais. On notera, du reste, quen une gnration la part des transferts sociaux a augment passantdenviron 25 % la fin des annes soixante-dix environ 30 % au dbut des annes 2000.

    volution de la part des transferts sociaux dans le revenu brut des mnages

    Source : INSEE Comptes de la Nation (srie longue) - 2003

    Bien entendu, les diffrences de structures dmographiques (pyramide des ges, structure familiale) etde situations socio-conomiques (chmage) des rgions franaises impactent trs directement lepoids de ces transferts dans les revenus bruts rgionaux (allocations "chmage", allocations familiales,retraites).

    Cest ainsi que, selon une autre source (INSEE "Revenu des mnages dans les rgions" in INSEEPremire, n 436, mars 1996), limportance des revenus de transfert varie en mtropole entre 32,5 %pour lAlsace et 44,2 % pour le Limousin ou mme 47,1 % pour la Corse pour une moyenne de 36,1 %pour la France mtropolitaine.

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    Limportance des revenus de transferts est lie la consommation des mnages et au rle de celle-cidans la croissance franaise.

    Dans les priodes de croissance faible, la consommation des mnages, qui est, en valeur, environ troisfois plus importante que linvestissement productif, constitue la variable de commande, le socle de lacroissance conomique gnrale. Les variations de linvestissement productif constituent, en quelquesorte, la contribution supplmentaire pour expliquer les priodes dacclration ou de ralentissementde la croissance franaise.

    Autrement dit, quelle que soit la phase conjoncturelle, la consommation des mnages, par son poidset son rythme dvolution, constitue un lment stable et important de lvolution conomiquegnrale.

    Par voie de consquence, les conditions prsidant la formation du revenu des mnages, dont lestransferts sociaux expliquent une part significative, sont dterminantes dans le contexte national.

    volution annuelle de la consommation des mnages, de linvestissement et du PIB entre1978 et 2001

    Source : Insee - Comptes de la Nation (srie longue)

    La part prise par les revenus de transferts dans le rgime de la croissance franaise a pourcontrepartie la ncessit de dvelopper des activits cratrices de richesses.

    Dans cette perspective, la politique damnagement du territoire doit contribuer cet objectif en impul-sant et en accompagnant une politique dexcellence, notamment dans le domaine industriel, qui doitviser les meilleurs standards de la spcialisation internationale en sadossant linnovation et auxples de comptitivit de lconomie franaise.

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    10 Les territoires ont-ils leur mot dire ?Ces enjeux, nouveaux du fait de leur importance, ont conduit la DATAR rechercher les conditions d'unmariage plus stable entre les entreprises et les territoires. L'une des voies qu'explore ce document estconstitue par les rseaux d'entreprises. Le renforcement des liens entre les entreprises d'un mmeterritoire et les dispositifs de formation et de recherche constitue une perspective laquelle s'attachentde nombreux pays travers le monde. La troisime partie de ce document est ainsi consacre prsenter quelques exemples de politiques publiques conduites en vue de susciter et soutenir lesrseaux d'entreprises. La France a encourag de faon rcente cette orientation. Il paraissait utile d'enfaire un point dans la deuxime partie.

    Mais, bien entendu, le rseau - s'il permet d'accrotre la comptitivit des entreprises qui y participenten mme temps qu'il cre une sorte "d'affectio societatis" entre les territoires et les agents cono-miques - ne constitue pas, tant s'en faut, le seule antidote la dsindustrialisation, ni le seul vecteurdu dveloppement.

    En particulier, l'innovation et l'intgration l'conomie de la connaissance sont galement de puissantsfacteurs de cration de valeur. La deuxime partie de ce rapport vise prsenter les forces et lesfaiblesses des rgions franaises au sein de l'Union Europenne avant son largissement.

    Si, comme chacun s'accorde le penser, la capacit de recherche et de dveloppement est un lmentincontournable du dveloppement conomique et de la concurrence qui s'exerce entre les territoires, ilest, alors, ncessaire d'apprcier le potentiel de la France, au moins, l'chelle europenne. Lestravaux commands par la DATAR l'Observatoire des Sciences et des Techniques (OST) fournissent deslments d'apprciation utiles pour talonner les rgions franaises.

    On l'aura compris, la superposition des ples de comptences scientifiques et techniques dontdispose la France au niveau europen et des rseaux d'entreprises, existants ou potentiels,constitue la piste que poursuit ce rapport.

    Mais, le succs du dveloppement de cette stratgie est conditionn par l'analyse des forces et desfaiblesses de l'conomie franaise laquelle s'attache la premire partie de ce document.

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    a dsindustrialisation, prsente comme une menace pour lconomie de la

    France, constitue un thme rcurrent du dbat public.

    Cette question, qui embarrasse le regard port sur les

    forces et les faiblesses de lconomie franaise et sur son

    potentiel de croissance, se pose avec dautant plus dacuit

    quon attribue llargissement prochain de lUnion euro-

    penne une menace pour lquilibre des territoires dont

    lconomie, structure autour dindustries de main-

    duvre, est expose une concurrence par les cots.

    Lquation serait alors assez simple : la dsindustrialisa-

    tion renforce par un fort mouvement de dlocalisation

    auquel sajouterait le rachat des plus beaux fleurons de

    notre conomie travers le mouvement de fusion-acquisi-

    tion conduirait les chefs dentreprises, nos meilleurs tu-

    diants et chercheurs fuir le territoire, la France devenant

    alors une sorte de parc de loisirs

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    Dsindustrialisationou mutationsindustrielles ?1

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    20 % du capital social des tablissements franais sont dtenus par des socits trangres

    Source : Insee - La France et ses rgions - (1) en 1992 - (2) en 1998

    Cette question revt galement un caractre important au regard de la stratgie visant

    dvelopper et faire merger des ples de comptitivit en France. Sagit-il dune stratgie

    dfensive dont lobjectif serait de tenter de contrecarrer la prochaine vague de dlocalisation

    de pans entiers de lappareil industriel national ? Sagit-il, au contraire, dune stratgie

    offensive visant conforter la place, dj consistante, de lindustrie franaise et par voie

    de consquence de lconomie franaise dans son ensemble - dans le monde ; cest--dire,

    finalement, organiser le face face perptuel des forces conomiques aux enjeux de la

    concurrence ?

    I Parler plutt de mutations industrielles que de dsindustrialisationEn une gnration, la structure de l'conomie franaise s'est profondment modifie. Le poids del'agriculture a t divis par plus de deux et celui des services a augment de 50 %.

    Si le dbut du XXe sicle a t marqu par l'exode rural vers l'industrie, le dbut du XXIe sicle pourraitbien tre caractris par l'exode industriel vers les activits tertiaires.

    volution de l'emploi par grands secteurs d'activits entre 1978 et 2002 (Unit : Milliers)1978 % 2002 %

    Agriculture 2 063,5 9,4 % 978,3 3,9 %Industrie 5 275,7 24 % 3 742,6 15 %nergie 266,5 1,2 % 223,1 0,9 %Construction 1 910,8 8,7 % 1 493,9 6,0 %Commerce 2 953,2 13,4 % 3 461,3 13,9 %Services 9 551,6 43,4 % 15 025,4 60,3 %Ensemble 22 021,3 100 % 24 924,6 100 %Source : Insee - Srie longue

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    Lapproche globale ne permet pas de conclure avec assurance une brutale dsindustrialisation delconomie franaise.

    Ainsi, en une gnration (1978-2002), lindustrie franaise a "perdu" plus de 1,5 million demplois etenregistre un recul de 30 % de ses effectifs entre 1978 (5,2 millions demplois) et 2002 (3,7 millions).Dans le mme temps, phnomne connu, lemploi dans les services progresse de 2,8 millions dorsulte lessentiel de la progression totale de lemploi en France.

    volution de lemploi entre 1978 et 2002 (Unit : milliers)1978 % 2002 % volution

    Agriculture 2 063,5 978,3 - 1 085,2Industrie (1) 5 275,7 24 % 3 742,6 15 % - 1 533,1Services marchands 3 070,2 14 % 5 934,7 24 % + 2 864,5dont services aux entreprises 1 614 7 % 3 546,2 14 % + 1 932

    Ensemble 22 021,3 100 % 24 924,6 100 % + 2 903,3Source : INSEE (1) hors nergie

    On assiste sur cette priode une sorte de chass-crois entre les services et lindustrie : en 2002 lin-dustrie pse ce que pesaient les services en 1978 : 15 %.

    Il convient, toutefois, de relativiser le recul de l'emploi industriel en France :

    > non seulement, les entreprises industrielles ont transfr vers le "tertiaire" des fonctions qu'elles assuraient :services gnraux, comptabilit, entretien et maintenance, logistique, recouvrement des crances

    > mais, de plus, elles ont eu un recours massif l'intrim : ces emplois sont passs au cours des annesquatre-vingt-dix d'un effectif de 150 000 plus de 300 000. La rintgration de ces emplois dans leseffectifs industriels changerait, mcaniquement, l'importance des pertes d'emplois dans le secteurmanufacturier, mais affecterait, galement la baisse, le niveau et la croissance de la productivitapparente du travail (L. Gonzalez - "L'incidence du recours l'intrim sur la mesure de la productivitdu travail des branches industrielles" - conomie et Statistique N 357-358 - 2002).

    volution de lemploi de lindustrie et des services entre 1978 et 2001

    Source : Insee - Comptes nationaux (srie longue) - 2003

    Il reste, cependant, qu' laune de lemploi et de son volution, il apparat fond de diagnostiquer un

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    processus de dsindustrialisation. Ce que conteste lanalyse de la contribution de lindustrie la cra-tion de la richesse nationale.

    En effet, la part de lindustrie et des services est peu prs stable sur la priode 1978 2002, autourde 20 % de la valeur ajoute en volume.

    Bien entendu, le niveau global de lanalyse occulte des redistributions sectorielles importantes.Cependant, depuis la fin des annes soixante-dix, lindustrie a, peu prs, conserv son importancerelative dans lconomie nationale.

    volution de la valeur ajoute (en volume) entre 1978 et 2002 (Unit : Milliards deuros - Base 1995)1978 % 2002 %

    Agriculture 26,7 3,6 % 39 3,1 %Industrie (1) 148,6 20,1 % 243,6 19,5 %Services marchands 146,3 19,8 % 268,7 21,5 %dont services aux entreprises 83,9 11,8 % 199,6 15,9 %

    Ensemble 737,9 100 % 1 251,8 100 %Source : INSEE (1) hors nergie

    L'industrie : un important effet d'entranement

    Si cette quasi-stabilit masque de profondes volutions sectorielles sur la priode, elle permet, nan-moins, de relativiser limportance du processus de dsindustrialisation qui affecte la France, commedautres pays europens, voire moins que dautres pays comme, par exemple la Grande Bretagne.

    De plus, cette question ne peut tre aborde en ignorant limportance des gains de productivit et,conscutivement, la baisse des prix relatifs des produits industriels, ni les processus dexternalisationdes activits juges priphriques au "cur de mtier".

    Cette question est, bien sr, centrale pour valuer la place de lindustrie dans lconomie franaise.Selon le Minefi, le poids de lindustrie mesur en valeur dcrot de 29 % en 1980 prs de 20 % en2002. Cependant, la place de lindustrie ne se mesure pas seulement par son poids en termes dem-plois ou de valeur ajoute. Son effet dentranement doit tre galement apprci partir de sesconsommations intermdiaires. Ainsi, pour une production industrielle de 100 , 70 sont dpenssen achats de biens et services, dont 50 , prcisment, de produits industriels et de l'ordre 15 deservices marchands. On comprend, limportance et la diversit de ces proportions, que la questionde la dsindustrialisation ne rsulte pas simplement du poids de lindustrie elle-mme.

    En effet, ces phnomnes dentranement sur le reste du tissu conomique amplifient, notamment auniveau local, les volutions constates de lappareil industriel.

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    Entre 1989 et 2001, dans toutes les rgions les pertes demploi dans lindustrie ont t plus quecompenses par les crations dans les autres secteurs : ainsi dans le Nord-Pas-de-Calais la perte de40 000 salaris industriels au cours de cette priode na pas empch une progression de lemploirgional de 180 000, soit un rythme de croissance gal la moyenne nationale. Ce mouvement estaussi particulirement marqu en le-de-France qui a enregistr un solde net favorable de plus de400 000 emplois malgr une chute considrable de ses effectifs industriels (250 000 emplois qui

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    volution annuelle de lemploi total et manufacturier

    Evolution de l'emploi entre 1989 et 2001 par rgion

    Industrie manufacturire Emploi total

    emploi 2001 effectifs % annuel emploi 2001 effectifs %annuelle-de-France 563 722 -257 678 -3,1 5 122 662 413 526 0,7Champagne-Ardenne 106 268 -21 028 -1,5 483 182 36191 0,7Picardie 148 433 -27 602 -1,4 615 739 66349 1,0Haute-Normandie 142 099 -17 564 -1,0 645 207 67759 0,9Centre 192 637 -23 989 -1,0 898 212 110 069 1,1Basse-Normandie 96462 -15 234 -1,2 495 367 56733 1,0Bourgogne 124 531 -11 530 -0,7 577 317 67073 1,0Nord-Pas de Calais 262 807 -43 125 -1,3 1 337 844 183 251 1,2Lorraine 167 633 -26 963 -1,2 794 643 69908 0,8Alsace 164 351 -8 481 -0,4 683 672 100 784 1,3Franche-Comt 117 707 -11 467 -0,8 414 956 58272 1,3Pays de la Loire 279 946 15013 0,5 1 231 934 263 246 2,0Bretagne 197 051 20069 0,9 1 050 572 231 861 2,1Poitou-Charentes 104 787 -956 -0,1 571 446 114 288 1,9Aquitaine 151 653 -6 385 -0,3 1 031 796 172 237 1,5Midi-Pyrnes 146 585 -1 520 -0,1 911 252 170 194 1,7Limousin 46441 -3 886 -0,7 248 154 29306 1,1Rhne-Alpes 472 687 -33 121 -0,6 2 185 738 310 417 1,3Auvergne 100 036 -9 083 -0,7 453 808 60480 1,2Languedoc-Roussillon 68861 -1 750 -0,2 715 067 144 964 1,9Provence-Alpes-Cte d'Azur 154 450 -19 222 -1,0 1 539 827 244 854 1,5Corse 4 120 137 0,3 83070 18100 2,1

    Total 3 813 267 -505 365 -1,1 22 091 465 2 989 862 1,1

    La chronique des

    variations annuelles

    de lemploi salari entre

    1990 et 2000, illustre

    au niveau national

    cet effet damplification

    des volutions

    de lemploi industriel sur

    lemploi total, en phase

    de croissance comme

    de dcroissance.

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    reprsentent eux seuls plus de la moiti des pertes deffectifs de lindustrie dans lensemble dupays). Dans dautres rgions comme les Pays de la Loire et la Bretagne, la croissance de lemploi globala t nettement suprieure aux moyennes nationales, lorsque lindustrie reste cratrice nette demploiet se conjugue au dynamisme port par lconomie des services. Ces donnes tmoignent combiencette mutation gnrale de nos conomies est dsormais engage, sous des formes diverses, au seinde chacune des rgions franaises (cf. carte et tableau).

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    volution de lemploi salari (entre 1989 et 2001)

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    En conclusion, lvolution de lindustrie stabilit en volume et dcroissance en valeur dupoids de l'industrie traduit plus une mutation densemble du systme productif national,plus une transformation en profondeur de la chane de valeur, quune perte de substanceindustrielle.

    Il serait prilleux de conclure avec assurance sur un repli gnral de lindustrie en France, ce dautantque tous les secteurs dactivits et tous les territoires ne sont pas affects de la mme manire par cerepli.

    II volution des effectifs industriels en France et en EuropeLa plupart des pays dvelopps de l'Union Europenne ont enregistr un repli de l'emploi industriel surla priode rcente.

    Cependant, entre 1995 et 2001 (priode pour laquelle des informations comparables sont disponibles),la progression des effectifs industriels a t plus rapide en France (+3,7%) que dans l'ensemble del'UE-15 (+3,1%).

    volution de lemploi industriel entre 1995 et 2001 dans les pays de lUE-15

    Ainsi qu'on peut le constater, sur la priode analyse, la France a enregistr une augmentation de l'em-ploi industriel l o le Royaume Uni et, surtout, l'Allemagne affichaient un recul, respectivement, deprs de 2 % et plus de 7 % de leurs emplois.

    Parmi les pays qui ont bnfici, comme la France, d'une volution favorable, on doit noter lesprogressions spectaculaires de l'Irlande (+43%) et de l'Espagne (+38%) en seulement cinq ans. undegr moindre, la progression a t importante pour le Portugal (+19%) et la Finlande (+17%). Pour

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    l'essentiel, les plus fortes augmentations ont donc t enregistres les pays dont le poids conomiqueest, l'exclusion de l'Espagne, assez faible au sein de l'Union Europenne.

    volution de l'emploi, importance relative de l'industrie et poids conomique de chaque paysde l'UE-15 en 2001

    volution de l'emploi Importance relative Poids de chaque paysentre 1995 et 2001 de l'industrie dans l'UE-15

    (en % sur la priode) (%VA industrielle/ (%VA totale de chaque paysVA totale) dans la VA totale de l'UE-15)

    Autriche -7,9 23,1 2,4Allemagne -7,1 24,3 23,1Sude -4,4 23,5 2,7Belgique -3,9 21,2 2,8Luxembourg -2,7 10,8 0,3Danemark -2,2 20,8 1,9UK -1,8 19,9 18,0Grce 0,9 14,2 1,5France 3,7 19,3 16,5Italie 5,9 22,4 13,9Pays Bas 7,1 18,9 4,8Finlande 16,7 25,8 1,5Portugal 19,4 20,7 1,4Espagne 38,4 19,3 7,7Irlande 42,3 34,1 1,4Source : Eurostat

    Pour autant, il est difficile de tirer de ce constat une rgle au terme de laquelle la progression de l'em-ploi industriel serait lie la taille conomique des pays de l'Union. L'Autriche, la Sude, le RoyaumeBelge, le Danemark sont des exemples qui infirmeraient cette "rgle".

    De mme, il serait prilleux de rechercher dans le niveau d'industrialisation atteint par les pays del'Union une explication de l'volution de l'emploi, en tous les cas sur la priode analyse. Le poids del'industrie dans l'conomie allemande est comparable celui de l'Italie (24,3 % contre 22,4 %) alorsque ces deux pays enregistrent des volutions opposes (-7 % contre + 6 %). Il en va de mme pourle Royaume Uni et les Pays Bas.

    Les investissements internationalement mobiles ne constituent pas le principal facteur d'-volution de l'emploi industriel

    On peut, galement, s'interroger sur l'impact des investissements internationalement mobiles quant l'volution de l'emploi, notamment dans l'industrie. Le baromtre ralis par Ernst & Young pour lesannes 2001 et 2002 ne permet pas de constater une relation consistante entre le nombre des implan-tations trangres et l'volution de l'emploi.

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    Implantations totales et industrielles en 2001 et volution de l'emploi industriel en 2001 en EuropeNombre d'implantations Nombre d'implantations volution de l'emploi

    en 2001 industrielles en 2001 industriel en 2001Royaume Uni 388 117 -1 %France 253 162 +1,5 %Allemagne 154 55 -1,7 %Espagne 122 86 +5,8 %Belgique 73 40 +7 %Sude 70 infrieur 33 +2,5 %Pays Bas 60 " +3,5 %Irlande 51 " +4,4 %Autriche 44 " -1,9 %Portugal 32 " -0,7 %Italie 29 " +1,9 %Source : Ernst & Young - Baromtre 2003

    Ainsi qu'on peut le voir, le Royaume Uni a bnfici de plus d'implantations industrielles que, prati-quement, l'Allemagne, l'Espagne et la Belgique runies, tout un enregistrant un recul de l'emploi indus-triel alors que le Royaume Belge et l'Espagne bnficiaient d'une forte progression des effectifs. Il est,bien entendu, difficile de porter un jugement dfinitif sur la ralit de l'impact des investissementstrangers sur l'volution de l'emploi industriel partir de l'analyse des chiffres d'une seule anne. tout le moins, on peut affirmer que si cette relation existe, elle n'a pas jou en 2001

    De mme, les sries dont on dispose sur plus longue priode s'agissant des flux cumuls des investis-sements directs destination des pays de l'OCDE, ne sont pas d'un plus grand secours. Ce d'autant quela trs grande majorit de ces "investissements" est en ralit constitue par des flux financiers lis des oprations de fusion-acquisitions et ne concerne pas seulement l'industrie, mme si, selonl'Agence Franaise des Investissements Internationaux, l'volution des IDE et des investissements"green field" en France sont comparables.

    Flux des investissements directs entre 1993 et 2002 et volution de l'emploi industriel en EuropeFlux cumuls des investissements volution de l'emploi industriel

    entre 1993 et 2002 (en Mds $) entre 1995 et 2001 (en %)Royaume Belge/Luxembourg 682,4 -3,9 / -2,7Danemark 88,9 -2,2Allemagne 393,8 -7,1Grce 9,3 0,9Espagne 152,7 38,4France 322,4 3,7Irlande 97,2 42,3Italie 73,3 5,9Pays Bas 272,5 7,1Autriche 36,3 -7,9Portugal 28,7 19,4Finlande 45,2 16,7Sude 167,9 -4,4Royaume Uni 484,5 -1,8Source : OCDE - "Tendances et volutions rcentes de l'investissement direct tranger" Juin 2003

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    Pour autant, on ne peut pas nier que les crations d'emplois lies aux projets d'implantations trang-res en France - et dont le taux de ralisation effective est, selon l'AFII, de l'ordre de 90 % - aient euun impact positif sur l'volution de l'emploi en France.

    Emplois annoncs par les investisseurs internationaux

    Pour ne prendre que les activits les plus concernes par les investissements trangers en 2002, onpeut observer que c'est le secteur de la construction automobile et des quipementiers qui a fait l'ob-jet des "promesses" d'emplois les plus importantes.

    Emplois annoncs par les investisseurs internationaux

    Finalement, compare aux autres pays de l'Union Europenne, l'volution de l'emploi industriel ne tra-duit pas un processus de dsindustrialisation massif et/ou spcifique la France, mme si dans lesvolutions constates depuis 2002 se mlent des considrations conjoncturelles lies au retournementconomique de l'anne 2001 et des aspects plus structurels qui traduisent, pour partie, la poursuite dudsengagement de la plupart des pays europens des secteurs manufacturiers les plus traditionnels et,pour une autre partie, des stratgies d'implantations l'tranger, voire de dlocalisation.

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    Trois gnrations industrielles ?

    L'analyse de l'volution des effectifs salaris des secteurs industriels (NES 36) entre 1989 et 2001conduit distinguer trois groupes de secteurs :

    > Une forte baisse : textile, bois, mtallurgie. Ce premier groupe est constitu des activits industriel-les dont l'volution des effectifs a t significativement moins favorable que celle de l'ensemble de l'in-dustrie qui a enregistr une diminution moyenne annuelle de l'emploi d'environ 1,1 % sur cette priode.

    On trouve dans ce groupe des activits manufacturires "traditionnelles" comme le textile - cuir -habillement, l'industrie du bois ou encore la mtallurgie. Ce premier groupe d'activits, qui reprsentaitenviron 1,9 million de salaris en 1989, a enregistr un recul de 25 % de l'emploi correspondant unrecul de prs de 500 000 emplois sur la priode.

    Emploi industriel par secteur : volution 1989-2001 et 2001-2003 - Groupe Ivolution annuelle volution annuelle

    moyenne 1989 2001 moyenne 2001 2003Secteurs d'activits(NES 36) En % Effectifs Effectifs Effectifs

    au 30 septembre2003

    Habillement-Cuir -6,70 % -11 800 -10 000 106 600quipement du foyer -2,10 % -4 800 -10 000 201 500Navale, aronautique, ferroviaire -2,30 % -3 600 -3 500 142 800Produits minraux -2,10 % -3 800 -3 600 166 100Textile -3,70 % -4 800 -7 500 100 200Bois-papier -1,70 % -3 100 -4 600 174 300Mtallurgie -1,10 % -5 100 -14 900 436 900Combustibles et carburants -6,40 % -3 000 -2 000 31 000Ensemble -2,60 % -40 000 -56 300 1 359 400Ensemble industrie -1,10 % -42 800 -99 000 3 978 400Source : DARES, INSEE, UNEDIC (dcembre 2003)

    Comme on peut le constater, en dehors du secteur de la production de combustibles, les plus fortesbaisses concernent les secteurs du textile et du cuir-habillement. Ces activits sont exposes uneforte concurrence des pays faible cot de main-duvre, en particulier de la Chine, de la Core dusud, de Tawan, de lInde mais galement, de la Turquie ou encore du Pakistan.

    Ces volutions la baisse ne sont pas une spcificit franaise. Ainsi l'Allemagne (-176 000emplois, soit -41 % entre 1994 et 2002), le Royaume Uni (- 276 000, soit - 60 % entre 1989 et 2002),l'Italie (-173 700, soit -19 % entre 1989 et 2001) et l'Espagne (- 111 800, soit - 29 % entre 1993 et2001) ont enregistr de fortes diminutions d'emplois dans le secteur du textile, de l'habillement et du cuir.

    Bien qu'il ne soit pas possible de comparer terme terme les effectifs issus de l'INSEE et ceux estimspar la Dares (estimations trimestrielles corriges des variations saisonnires) pour la fin septembre2003, il semble que la baisse de l'emploi se soit acclre pour l'ensemble de la filire textile entre lafin 2001 et le troisime trimestre 2003, alors quelle se serait stabilise dans lhabillement et le cuir.

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    Cest, cependant, pour la mtallurgie que linflexion est la plus sensible puisque sur le rythme de baisseenregistre depuis de 2002 est prs de trois fois suprieur ce quil tait depuis 1989.

    Ici, part l'Espagne qui a enregistr une forte augmentation de l'emploi (+114 000 emplois entre 1993et 2001, soit + 38,5 %), les autres grands pays europens ont vu leurs effectifs chuter. L'Allemagne aperdu prs de 120 000 emplois (-11 %) entre 1994 et 2002, l'Italie environ 44 000 emplois (-5,4 %)entre 1995 et 2001, le Royaume Uni 231 000 emplois (-34 %) entre 1989 et 2002.

    On peut, galement, observer que, si au cours des annes quatre-vingt-dix, la baisse de lemploi dansces secteurs "expliquait" la quasi-totalit de la chute des effectifs salaris de lindustrie franaise, ilnen va pas de mme depuis 2002. Depuis cette date, en effet, lvolution de ces secteurs nintervientque pour environ 60 % du total de la baisse estime par le Ministre du Travail.

    > Une baisse plus lgre pour l'automobile, la chimie et l'dition : le deuxime groupe dactivitsenregistre galement une baisse des effectifs, mais, cette fois, moins importante que celle qui carac-trise lindustrie franaise dans son ensemble. Ce groupe, qui rassemblait environ 1,66 million de sala-ris en dbut de priode, a enregistr une perte denviron 100 000 emplois entre 1989 et 2001.

    Les activits les plus affectes par la baisse de lemploi sont lautomobile (-27 000 emplois) et le sec-teur de limprimerie et de ldition (-22 000 emplois).

    Les autres pays europens sont dans l'ensemble dans une position similaire, voire pour l'automobile etla chimie, dans une situation moins favorable que la France. Certes, l'Allemagne et l'Espagne ont enre-gistr une progression significative dans le secteur de l'automobile avec, respectivement, une augmen-tation de 5 % (+50 000 emplois entre 1994 et 2002) et de 14 % (+19 800 emplois entre 1993 et2001).

    Cependant, l'Italie (-76 400 emplois entre 1989 et 2001, soit -21 %) et plus encore le Royaume Uni (-123 000 emplois entre 1989 et 2002, soit -25 %) ont vu les effectifs diminuer bien plus que ceux dela France (environ -27 000 entre 1989 et 2001, soit -0,8 %).

    De mme, dans la chimie la situation franaise apparat finalement moins mauvaise que celle de sesprincipaux partenaires (-22 000 entre 1989 et 2001, soit -0,6 %). Avec une rduction de 105 000emplois, l'Allemagne - dont la chimie constitue l'un de ses fleurons - a vu ses effectifs chuter d'envi-ron 17 % entre 1994 et 2002.

    L'Italie et les Pays Bas sont dans une situation similaire (-30 700 emplois, soit -10 %, entre 1989 et2001 pour l'Italie et - 16 400 emplois, soit -19 %, pour les Pays Bas entre 1993 et 2001). Quant ausecteur de la Chimie au Royaume Uni, il a perdu plus du quart de ses effectifs (- 27 %) entre 1989 et2002.

    Compare ces pays, l'volution des effectifs de ce secteur en France apparatrait presque favorable !

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    Emploi Industriel par secteur : volution 1989-2001 et 2001-2003 - Groupe IIvolution annuelle volution annuelle

    moyenne 1989 2001 moyenne 2001 2003Secteurs d'activits(NES 36) En % Effectifs Effectifs Effectifs

    au 30 septembre2003

    quipements mcaniques 0,30 % -1 400 -8 900 425 700quipements lectriques 0,50 % -1 100 -10 000 220 800et lectroniquesChimie, caoutchouc, plastiques -0,60 % -1 900 -7 300 342 700Automobile -0,80 % -2 200 -3 400 293 400Imprimerie, dition -0,90 % -1 900 -7 500 203 500Ensemble -0,60 % -8 500 -37 400 1 486 100Source : DARES, INSEE, UNEDIC (Dcembre 2003)

    Dans les mmes conditions que prcdemment, on peut observer une forte inflexion dans lvolutionde lemploi depuis 2001. Pour lensemble de ces secteurs, la diminution des effectifs salaris est enmoyenne quatre fois plus importante entre le premier trimestre 2002 et le troisime trimestre 2003quentre 1989 et 2001. Deux secteurs sont particulirement touchs par le recul de lemploi salari surla priode rcente : la mcanique dont le rythme annuel de dcroissance est six fois suprieur celuienregistr depuis 1989 (environ 9 000 emplois contre 1 500) et le secteur des quipementslectriques et lectroniques pour lequel le rythme annuel est sur les sept derniers trimestres environneuf plus lev quau cours des annes quatre-vingt-dix.

    Si la France figure parmi les leaders mondiaux (USA, UK, Allemagne, Japon) pour les activits lies llectronique professionnelle et la dfense, la saturation du march du matriel informatique et laconcurrence par les cots des pays asiatiques (Chine, Thalande, Malaisie, Core), voire, en Europe,de lIrlande dans le domaine des quipements dmission et de transmission (mobiles, consoles dejeux) a conduit un mouvement de restructuration et de dlocalisation important qui explique engrande partie la dgradation de lemploi au cours de la priode rcente.

    Dans lensemble, mme si la conjoncture de lemploi a eu tendance se dgrader, linflexion enregis-tre par le secteur de lautomobile est de plus faible ampleur. Cette volution rsulte, en partie, desperformances enregistres par la France en 2001. Alors que le march mondial avait enregistr unebaisse de 3,5 % (USA 11 %), les constructeurs franais ont bnfici dune croissance (la plusleve depuis 11 ans) fortement " tire " par le dveloppement des exportations, notamment vers lespays mergents comme la Chine. La bonne tenue de ce secteur a eu, videmment, un effet trs posi-tif pour les quipementiers et lensemble des activits associs la demande du secteur (on estimeles emplois induits par lautomobile environ 2,6 millions, soit 10 % de la population active).

    > En hausse, l'agroalimentaire, la pharmacie, la parfumerie Le troisime groupe dactivits secaractrise par une volution "plutt" positive des effectifs salaris entre 1989 et 2001.

    Ce groupe est compos de quatre secteurs : les industries agricoles et alimentaires, la pharmacie et laparfumerie, les composants lectriques et lectroniques et la production dnergie (eau, gaz et lectri-cit). Ensemble, ces secteurs regroupaient 1,08 million de salaris en 1989 et environ 1,14 million en2001, enregistrant ainsi une progression de prs de 60 000 emplois en 11 ans, soit + 5,3 % daug-mentation l o lensemble de lemploi industriel reculait de 1,1 %.

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    Les hausses les plus significatives ont t enregistres par les industries agricoles et alimentaires (de552 000 en 1989 prs de 580 000 en 2001) et lindustrie des composants lectriques et lectroniques(de 176 000 en 1989 201 000 en 2001).

    Quant aux secteurs de la pharmacie, de la parfumerie et de lnergie (eau, gaz, lectricit) les effec-tifs sont rests peu prs stables sur la priode.

    Emploi Industriel par secteur : volution 1989-2001 et 2001-2003 - Groupe IIIvolution annuelle volution annuelle

    moyenne 1989 2001 moyenne 2001 2003Secteurs d'activits(NES 36) En % Effectifs Effectifs Effectifs

    au 30 septembre2003

    IAA 0,40 % 2 300 1 900 584 700Pharmacie parfumerie 0,60 % n.s. 1 500 150 100Composants lectriques 1,20 % 2 100 -16 000 190 900et lectroniquesEau, gaz, lectricit 0,20 % n.s. -2 700 206 800Ensemble 0,50 % 4 800 -15 000 1 132 500Source : DARES, INSEE, UNEDIC (Dcembre 2003)

    Si, malgr la crise, les industries agricoles et alimentaires ont continu crer des emplois en 2002 et2003, la progression a t significativement ralentie et lvolution sest inverse pour lindustrie descomposants.

    Aprs une anne 2000 assez exceptionnelle porte par la forte croissance de la tlphonie mobile, cesecteur a connu un recul brutal. Les industriels des semi-conducteurs ont, en effet, enregistr en 2001la plus mauvaise anne de leur dveloppement avec une baisse du march mondial de lordre de 30 %et des surcapacits de production lies aux investissements importants quils avaient raliss en 1999et 2000. Cette conjoncture explique linversion de tendance enregistre depuis la fin 2001 en ce quiconcerne lvolution des effectifs salaris.

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    Le poids des adaptations structurelles

    Comme on peut le constater, le recul de l'emploi industriel en France n'est pas - sur la priode analy-se - d'une ampleur telle compare aux autres pays europens qu'il induise un constat assur de ds-industrialisation massif.

    Groupe I Groupe II Groupe III

    Dgradation quipement du foyer Mcanique Composantsimportante Mtallurgie quipements lectriques lectriquesdu niveau Textile et lectroniques et lectroniquesde lemploi Bois-Papier Chimie-Caoutchouc-Plastique Eau-Gaz-lectricitdepuis 2002 Imprimerie-dition

    Quasi stabilit Navale- Automobile IAAou faible aronautique- Pharmacie-volution ferroviaire Parfumeriedepuis 2002 Habillement-Cuir

    Combustibles-CarburantsProduits minraux

    En comparant les rythmes dvolution sectorielle entre 1989 et 2001, dune part, et depuis 2002,dautre part, il est permis didentifier les secteurs pour lesquels on enregistre depuis plusieurs annesune forte diminution de lemploi salari qui rsulte pour partie des innovations de process conomesen main-duvre et pour partie, notamment pour les activits de lhabillement et du cuir, dune viveconcurrence, en particulier des pays mergents faible cot de main-duvre. Cette volution peuttraduire un processus de dsindustrialisation engag depuis de nombreuses annes.

    D'autres secteurs comme la pharmacie, l'agroalimentaire ou l'automobile ont mieux rsist sur lapriode analyse.

    Cependant, la question se pose, surtout, pour les secteurs pour lesquels lvolution tendancielle delemploi pouvait traduire un effort damlioration de la productivit dans le cadre de la comptitionmondiale et qui depuis la fin de lanne 2001 enregistrent une trs nette dgradation de lemploi.Sagit-il du dclenchement dun processus de dsindustrialisation amplifi par des dlocalisations versdes pays faibles cots ou dune contraction conjoncturelle lie la crise que traverse lconomie fran-aise depuis la fin 2001 ?

    Il est, videmment, difficile de rpondre avec certitude cette question. Nanmoins, deux grandes cat-gories dactivits peuvent tre identifies :

    > Celles pour lesquelles on peut penser que les volutions de lemploi traduisent "plutt" uneadaptation structurelle des entreprises rsultant des mutations techniques et de lvolutionconjoncturelle de leurs marchs et pour lesquelles les principaux comptiteurs sont despays dvelopps. Sous rserve dinventaire, on trouverait, ici, la mcanique, les quipe-mentiers lectriques et lectroniques, la filire Chimie-Caoutchouc-plastique et de limpri-

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    merie et du bois-papier (avec dans ce dernier cas, lapparition de la Chine, de la Malaisieet de lIndonsie).

    > Celles pour lesquelles lapprofondissement de la concurrence des pays mergents consti-tue un risque non nul de dlocalisation-dsinsdustrialiation.Cest, bien sr, le cas de la filire textile, qui sauf (encore) pour les produits techniques,subit une trs vive concurrence des pays du moyen orient (Pakistan, Turquie) et surtoutdAsie (Core du Sud, Philippines, Tawan, Chine, Inde, Malaisie, Singapour).Pour les composants lectroniques, il convient de distinguer la fabrication des composantspassifs pour laquelle sexerce la concurrence des pays asiatiques (Singapour, Core,Malaisie, Tawan, Philippines, notamment) du secteur des semi-conducteurs pour lequellinflexion de lemploi depuis deux ans rsulte en grande partie de leffondrement dumarch mondial.

    III Parler plutt d'internationalisation des entreprises que de dlocalisationLanalyse ralise rcemment par la Direction des Relations conomiques Extrieures (DREE) duMinistre de lconomie et des Finances permet dapporter des lments complmentaires lanalysesectorielle.

    En effet, lopportunit que constitue, notamment llargissement de lEurope, pour les grandes entre-prises industrielles exposes une forte concurrence par les cots de main-duvre et/ou dsireusesde prendre position sur des marchs mergents doit tre prise au srieux et peut conduire des dlo-calisations coteuses pour les territoires concerns.

    Cots horaires de la main-duvre (euro) dans lindustrie et les services en 2000

    Source : Eurostat

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    Ce dautant quune entreprise qui prend position dans un pays tranger peut, en cas de ralentissementconjoncturel, basculer tout ou partie de son activit vers ses filiales. Dans un cas comme dans lautre,la dlocalisation peut prendre la forme dun investissement direct ltranger.

    Plus de la moiti des implantations franaises se situent dans l'UnionEuropenne

    Il convient, nanmoins, de noter que linternationalisation des entreprises franaises nest pas un ph-nomne rcent.Ainsi, selon le recensement ralis par la DREE en 2002, les entreprises franaises disposaient de plusde 22 000 filiales qui employaient prs de 5 millions de salaris dans le monde.

    cette date, les filiales franaises dans les pays de llargissement taient 11 fois moins nombreusesque dans le reste du monde.

    Filiales des entreprises franaises l'tranger en 2002Nombre de filiales Effectifs salaris

    Pologne 651 153 813Rpublique Tchque 272 57 658Hongrie 239 50 083Roumanie 216 57 429Slovaquie 166 25 458Bulgarie 63 3 329Lettonie 44 1 164Estonie 29 2 212Slovnie 28 5 442Lituanie 26 2 496Ensemble (yc. Chypre et Malte) 1 755 362 206Autres Rgions 19 571 4 568 615Total 22 044 4 976 956Source : DREE

    LUnion Europenne concentrait plus de la moiti (55 %) des implantations franaises dans les paysdvelopps (8 400 filiales pour environ 2 millions de salaris).

    Si, faute de donnes il est difficile de prciser lampleur de ce phnomne, il est, nanmoins, permisde constater :

    > que les dlocalisations reprsentaient, en 1999-2000, moins de 5 % des investissementsdirects franais sur les marchs proches (PECO et Magrheb) et moins de 1 % sur les mar-chs lointains ;

    > que si les investissements susceptibles de reprsenter des dlocalisations sont principale-ment destins aux pays en dveloppement, ceux-ci naccueillaient, la fin de lanne2000, "que" 10 % du stock des investissements directs franais ;

    > que les investissements ltranger sont dsormais plus faibles dans lindustrie que dansles services qui reprsentaient plus de 60 % du stock des IDE fin 2000 ;

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    > quau total les investissements industriels dans les pays en dveloppement, qui constituentun "bon" indicateur des dlocalisations, ne reprsentent que 4 % du stock des investisse-ments franais totaux ltranger (moins de 19 Mds ).

    Ainsi, dfaut dapprcier avec exactitude limportance du processus de dlocalisation, les informationsprcdentes constituent un faisceau de prsomptions attestant de la vraisemblable faible ampleur duphnomne.

    Les investissements franais l'tranger crent aussi de l'activit en France

    Cette hypothse est corrobore par le fait que les investissements franais dans les pays en dvelop-pement relvent de secteurs qui ont enregistr, simultanment, une croissance de l'emploi. Selon laDREE, entre 1997 et 2000, les dix secteurs industriels qui ont le plus investi l'tranger (environ 37 Mds , soit 60 % des flux cumuls) ont cr, l'exception de la chimie et du raffinage, prs de100 000 emplois sur le territoire national.

    Au surplus, au niveau de la firme larbitrage entre le maintien de la production en France et la dloca-lisation est le plus souvent fictif. En ralit, les deux processus peuvent tre luvre simultanmentet rsultent de la ncessit de maintenir un haut niveau de comptitivit en nouant des partenariatsscientifiques et commerciaux.

    Ces dlocalisations peuvent, galement, tre suscites par la ncessit de sous-traiter une partie de laproduction en vue de la rimporter dans le pays dorigine ou dautres pays. Sur ce point, il convient desouligner que, selon le CEPII, 1 dinvestissement ltranger dans une branche industrielle induit0,59 dexportations supplmentaires et 0,24 dimportations dans la mme branche do rsulte unexcdent sectoriel de 0,35 .

    A contrario, 1 dinvestissement tranger en France se traduit par 0,34 dimportations supplmentai-res et " seulement " 0,22 dexportations de la mme branche, soit au total un dficit sectoriel de 0,12 .

    Ces lments inciteraient favoriser les investissements franais ltranger, fut-ce au prix dunprocessus de dlocalisation, et limiter les investissements trangers en France !

    Jusquen 1998, il tait possible de suivre ce type de sous-traitance avec les PECO travers les statis-tiques douanires. Combines lanalyse des investissements directs dans la zone largissement, cesinformations soulignent que les principales destinations des dlocalisations ont t la Pologne, laRpublique Tchque, la Hongrie et, probablement, la Roumanie et la Bulgarie. De mme, il est permisde prciser que ce processus concerne les activits textile-habillement (Pays baltes et Pologne), laplasturgie, les quipements lectriques et lectroniques ainsi que lautomobile (Rpublique Tchque,Hongrie). ces secteurs, il convient dajouter les IAA (3,3 % des IDE) et, un moindre degr, lesactivits du bois-papier.

    On trouve ainsi, travers les analyses conduites par la DREE, des indications qui renforcent lhypothsedun processus de dsindustrialisation-dlocalisation, dans des domaines comme le textile-habille-ment, certains segments de la filire chimique (plasturgie) et des quipements lectriques etlectroniques.

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    Parit montaire et logique d'agglomration sectorielle : deux facteurs derisque

    Il est important de noter, pour finir, deux lments d'analyse qui paraissent essentiels pour mieuxapprcier le "risque" de dlocalisations d'entreprises situes sur le territoire national.

    Le premier lment renvoie la concurrence, en quelque sorte, "montaire" entre les pays de la"Triade" en raison de la valeur respective des monnaies, et, singulirement pour la France et l'Europe,la conversion dollar-euro. Selon les observateurs et les industriels intervenants sur le march mondial,la persistance d'un cart important entre le dollar et l'euro pourrait inciter des dlocalisations "com-ptitives", au sens o l'on qualifiait du mme nom les dvaluations montaires jusqu'au dbut desannes quatre-vingt-dix. tout le moins, cet cart, s'il ne se traduisait pas par un processus impor-tant de dlocalisations, impacterait fortement les entreprises de nombreux secteurs et fragiliseraitd'autant les territoires concerns.

    Le second lment renvoie aux "logiques" sectorielles et, en particulier, au phnomne d'agglomra-tions spcialises d'entreprises (cf. deuxime partie) qui caractrise un certain nombre d'activitsindustrielles dont on a dj soulign l'important effet d'entranement l'aune du niveau de leursconsommations intermdiaires : la combinaison de la proximit gographique et de l'effet d'entrane-ment peut avoir pour consquence d'enclencher un processus de dlocalisation de grande ampleur pourde telle ou telle filire industrielle.

    La constitution d'un important ple automobile en Europe centrale et ses effets sur les quipementiers"franais" constituent, peut-tre, un exemple de cette ventualit.

    Sont plus particulirement "sensibles" aux phnomnes d'agglomrations, les activits forte intensitcapitalistique comme, prcisment, l'automobile ou encore l'informatique, le matriel de mesure et decontrle, la construction aronautique et l'industrie pharmaceutique. D'autres secteurs, galement trscapitalistiques, sont, comme la chimie, moins sensibles ces processus d'agglomrations.

    Ces "logiques" industrielles ne sont pas neutres sur l'amplitude sectorielle des processus de dlocali-sations qui peuvent "seulement" rsulter des stratgies des grands groupes.

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    IV Dans les annes fastes : expansion de l'industrie pour une majorit de territoires

    Sans doute faut-il affiner la perspective pour prciser limpact territorial de l'volution de l'industrie.

    Le nombre dtablissements industriels et de leurs effectifs constitue un indicateur permettant dap-prcier les volutions au niveau des zones demplois.

    En se fondant, dune part sur lensemble du champ des tablissements industriels entre 1993 et 2001,dautre part sur le champ des seuls tablissements de plus de 250 salaris entre 1995 et 2001, et enspcifiant, chaque fois, les volutions qui caractrisent les zones demplois par rapport celles de laFrance entire, il est possible dvaluer limportance et limpact territorial des mutations industrielles.

    Il convient, tout dabord, de prciser quau plan national le nombre dtablissements industriels a pro-gress pour lensemble du champ de 10 % entre 1993 et 2001, les effectifs correspondant enregis-trant galement une croissance de 2 %.

    De mme, les tablissements de plus grande taille (250 salaris et plus) ont progress, certes moinsrapidement en nombre (+5,5% entre 1995 et 2002) mais plus rapidement en effectifs ( + 4,5% surla mme priode).

    volution du nombre des tablissements industriels et de leurs effectifs salaris selon leurtaille entre 1993 ou 1995 et 2001 (Unit : %)

    tablissements Effectifs salarisEnsemble du champ Priode : 1993 2001 +10 % +2 %tablissements de plus de 250 salaris Priode : 1995 2001 +5,5 % + 4,5 %Source : Sessi - 2003

    Au-del de ce premier rsultat, on peut, par ailleurs, constater qu'au cours de cette priode la majoritdes zones demplois ont connu un accroissement de leur appareil industriel, tant en nombredtablissements, quen nombre demplois.

    Ainsi, 203 des 348 zones d'emplois ont vu progresser leurs effectifs industriels de prs de 13 % sur lapriode (de 1 425 226 1 605 530 salaris).

    Les 145 bassins d'emplois "restant" ont, quant eux, enregistr une diminution de l'emploi industrield'environ 8 % (1 438 139 en 2001 contre 1 566 933 en dbut de priode).

    L'amplitude des volutions de l'emploi est plus forte lorsque l'analyse porte sur le seul champ des"grands" tablissements (+ de 250 salaris).

    En effet, 178 zones d'emplois ont bnfici d'une progression des effectifs de prs de 18 % (752 865 885 462) entre 1995 et 2001, tandis que 122 bassins d'emplois ont enregistr un recul de 15 % deseffectifs des grands tablissements industriels (520 644 442 358).

    Cependant, au total, la proportion du nombre de zones d'emplois caractrises par une baisse ou unehausse des effectifs est la mme quelle que soit la taille des tablissements servant de base l'analyse : environ 60 % des bassins ont enregistr une hausse de l'emploi entre 1993 et 2001.

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    Nombre de zones demplois selon lvolution des effectifs industriels et la taille des tablisse-ments. (Unit : nombre et % du total)

    Source : Sessi

    Les volutions sont plus tranches lorsque l'analyse porte non plus sur les effectifs mais sur les ta-blissements industriels.

    Ainsi, pour l'ensemble du champ, 294 bassins d'emplois ont bnfici d'une expansion de leur tissu indus-triel et enregistr une augmentation de 17,5 % du nombre de leurs tablissements. "Seulement" 54 zonesont subi une rduction de leur appareil industriel avec un recul de 9,5 % du nombre des tablissements.

    Pour les "grands" tablissements, les volutions enregistres entre 1995 et 2001 sont galement deforte ampleur : 219 bassins d'emplois en progression, l aussi de prs de 18 %, contre 81 zones pourlesquelles on enregistre une diminution du nombre des "grands" tablissements de 21 %.

    Il convient de noter, nanmoins, que, cette fois, les proportions sont assez diffrentes selon que l'analyseporte sur l'ensemble du champ ou sur les seuls tablissements de plus de 250 salaris. Dans ce dernier casce sont 27 % des zones d'emplois qui sont affectes par un recul du nombre des tablissements. Cecitmoigne de l'impact de la prsence des grands tablissements sur l'quilibre conomique et social desbassins d'emplois.

    Nombre de zones demplois selon lvolution du nombre dtablissements industriels(Unit : nombre et % du total)

    Source : Sessi

    Nombre de zonesd'emplois affectespar une diminution

    des effectifsindustriels

    Ensemble du champPriode : 1993-2001

    Champ des tablissements de + de 250 salarisPriode : 1995-2001

    145 (42 %)

    122 (41 %)

    203 (58 %)

    178 (59 %)

    348(100 %)

    340(100 %)

    Nombre de zonesd'emplois ayant

    enregistr uneaugmentation des

    effectifs industriels TOTAL

    Nombre de zonesd'emplois affectespar une diminution des tablissements

    industriels

    Ensemble du champPriode : 1993-2001

    Champ des tablissements de + de 250 salarisPriode : 1995-2001

    54 (15 %)

    81 (27 %)

    294 (85 %)

    219 (73 %)

    348(100 %)

    340(100 %)

    Nombre de zones d'emplois ayant

    enregistr une augmen-tation des tablis-

    sements industriels TOTAL

  • 36

    Il est intressant de faire porter l'analyse simultanment sur les volutions de l'emploi et du nombred'tablissements qui caractrisent chaque zone d'emplois.

    Ainsi, pour l'ensemble du champ, 192 zones d'emplois ont bnfici, la fois, d'une expansion deleur tissu industriel et d'un accroissement des effectifs entre 1993 et 2001.

    On peut galement souligner qu'il y a prs de cinq fois plus de bassins d'emplois qui bnficient d'uneforte progression de ces deux indicateurs (nombre des tablissements et emploi) que d'une diminutionsur cette priode : respectivement 192 contre 43.

    Pour les grands tablissements (+ de 250 salaris), la rpartition est peu prs comparable puisque166 (55 %) bassins d'emplois ont enregistr une volution favorable du nombre des tablissementsindustriels et de leurs effectifs entre 1995 et 2001. Il convient, toutefois, de noter que le nombre et laproportion des zones les moins bien orientes (baisse simultane du nombre d'tablissements et deseffectifs industriels) sont, ici, significativement plus levs que prcdemment : prs dun sur quatre(69, soit 23 %) contre un sur dix (43, soit 12 %).

    Bien entendu, ces volutions sont contrastes selon les territoires. Ainsi, les 166 bassins d'emploisayant bnfici d'une expansion de leur tissu industriel et d'un accroissement des emplois ont enre-gistr, respectivement, une progression de 20 % des tablissements et de 18 % des effectifs. Dans cegroupe, les zones les mieux orientes enregistrent des progressions trs importantes, comme c'est, parexemple, le cas d'Aix en Provence o le nombre de grands tablissements a progress de 11 % et leseffectifs industriels de plus de 70 %.

    En moyenne, ces volutions sont symtriques de celles de 69 zones demplois les moins bien loties quiont vu le nombre de leurs tablissements reculer de 23 % et leurs effectifs chuter de 18 %. Commeprcdemment, on observe de fortes amplitudes autour de cette moyenne. C'est le cas du bassin deVitry-sur-Seine (le de France) qui enregistre une perte de plus de 37 % s'agissant du nombre desgrands tablissements industriels et, conscutivement, une baisse de l'emploi de prs de 30 %. C'estgalement le cas de Villeneuve sur Lot qui a vu, entre 1995 et 2001, son potentiel industriel (tablis-sements de plus de 250 salaris et emploi) fondre de 33 % en six ans.

    En gnral, le sens des volutions des effectifs et des tablissements par zones d'emplois est compa-rable lorsque l'analyse porte sur l'ensemble du champ et sur le champ des "grands" tablissements.Ce n'est, cependant, pas toujours le cas.

    On observe, en effet, des zones d'emplois qui enregistrent des volutions opposes. Par exemple, lazone d'emplois de Lavelanet bnficie d'une volution positive des effectifs salaris des grands ta-blissements entre 1995 et 2001 alors qu'au total (ensemble du champ) elle a vu ses effectifs baisserentre 1993 et 2001.

    Outre le fait que, pour des raisons de disponibilits des informations, les priodes couvertes ne sont pasles mmes, dans ce cas on pourrait conclure que la croissance des effectifs des grands tablissementsde la zone n'a pas permis de compenser les pertes d'emplois dans le tissu des PME.

    loppos, dans la valle de l'Arve la baisse de l'emploi dans les grands tablissements est plus quecompense par la croissance des effectifs des PME.

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    Bien entendu, les difficults des territoires touchs par le dpart ou la fermeture d'entrepri-ses industrielles, grandes ou petites, sont relles et l'on ne peut pas dire que ces volutionsngatives seraient en quelque sorte "compenses" par les progressions enregistres dansd'autres territoires.

    Ces rsultats montrent, au contraire, que dans une priode favorable de multiples ajustements locauxpeuvent avoir lieu et tre coteux pour les collectivits.

    Pour autant, il n'est pas permis, au vu de cette analyse, de parler d'un processus massif de dsindus-trialisation de la France, mme si celui-ci peut affecter de nombreux bassins d'emplois.

    Par ailleurs, lvolution de lensemble des tablissements est marque par deux priodes :> la premire, entre 1993 et 1995, est caractrise par une quasi stagnation du nombre des

    tablissements ;> la seconde, entre 1995 et 2001, est, au contraire, marque par une forte augmentation.

    volution de lensemble des tablissements industriels 1993 2001

    Source : Sessi

    Ce qui est "vrai" pour le nombre dtablissements lest encore plus pour leurs effectifs. Ici, on peut ga-lement distinguer deux priodes :

    > une priode de quasi-stabilit des effectifs entre 1994 et 1999 ;> et une priode de forte croissance partir de 1999 et jusquen 2001.

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    volution de lensemble des effectifs industriels 1993 2001

    Source : Sessi

    Sagissant des "grands" tablissements (plus de 250 salaris), lvolution est au contraire marque parun dcrochement plus long de leur nombre (reprise partir de 1998) mais aussi par une progressionplus nette de leurs effectifs partir de 1997 alors quil faut attendre, pour lensemble des tablisse-ments, 1999 pour enregistrer la reprise de lemploi.

    volution des effectifs des tablissements de 250 salaris et plus

    Source : Sessi

    volution des tablissements industriels de 250 salaris et plus

    Source : Sessi

    Au niveau des territoires, deux phnomnes se conjuguent : limportance des grands tablissementsdans le tissu industriel local et la sensibilit sectorielle aux volutions conjoncturelles.

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    1 220 000

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    3 050 000

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    2 950 000

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    2 850 000

    2 300

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    2 050

  • Sur ce deuxime point, le phnomne de dsindustrialisation - interprt comme un processus struc-turel li la perte de comptitivit de lconomie franaise - devrait se traduire par une diminution plusrapide du nombre dtablissements industriels et de leurs effectifs en priode de basse conjoncturemais galement par une augmentation moins rapide, voire une diminution, de ces deux variables durantles phases de croissance.Autrement dit, on devrait enregistrer une rduction, tant en valeur absolue quen valeur relative, delindustrie quelle que soit la phase conjoncturelle.Certes, la priode retenue est probablement trop courte pour asseoir une apprciation structurelle avecassurance, tant il est vrai que les processus dvolution des systmes productifs sont lents et sinscri-vent dans la longue priode.

    Pour autant, comme prcdemment, les informations dont on dispose ne permettent pas de conclure un phnomne de dsindustrialisation massif et gnralis de lconomie franaise.

    Rpartition des zones demplois selon l'volution de leurs effectifs industriels

    Source : Sessi

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    1Zonesd'emplois

    ayant enregistr

    une baisse

    Zonesd'emplois

    dont la croissance

    a t infrieure 3,5 %

    Zonesd'emplois

    ayant enregis-tr une hausse

    suprieure 3,5 % Total

    Zonesd'emploisayant enregistr une baisse

    70 (20 %) 26 (7 %) 43 (13 %) 139 (40 %)

    Zonesd'emploisayant enregis-tr une haussecomprise en 0 et 0,4 %

    25 (7 %) 20 (6 %) 25 (7 %) 70 (20 %)

    Zonesd'emploisayant enregis-tr une haussesuprieure 0,4 %

    44 (13 %) 24 (7 %) 71(20%) 139 (40 %)

    Total 139 (40 %) 70 (20 %) 139 (40 %) 348 (100 %)

    volution des effectifs 1999/2001 : rfrence nationale = 3,5%

    volution des effectifsentre 1994et 1999 :rfrencenationale0,4 %

  • 40

    Comme on peut le voir, 70 zones demplois ont enregistr une forte baisse de leurs effectifs industriels(-9 % en moyenne) entre 1994 et 1999 alors quau plan national ceux-ci ont quasiment stagn(+0,44%) et ont continu perdre des effectifs entre 1999 et 2001 (-2 %) alors mme que ceux-ciprogressaient au plan national (+3,5%).On retrouve, ici, une proportion du mme ordre de grandeur que prcdemment (70 vs. 59 zones dem-plois).

    Cest donc probablement entre 40 et 70 zones demplois qui en France ont t affectes, au cours desannes quatre-vingt-dix, par les mutations industrielles. Seule une analyse plus cible, en particuliersectorielle, permettrait dapprcier les causes de ce recul industriel.

    loppos, 71 zones demplois avaient enregistr une progression rapide (+10%) des effectifs indus-triels entre 1994 et 1999 et une progression encore significativement plus rapide quen France en finde priode (+11%).

    Il est intressant de constater, par ailleurs, que pour 43 zones demplois lvolution des effectifs a tfortement amplifie par rapport la tendance nationale : trs forte baisse (-7 % ) entre 1994 et 1999alors que les effectifs nationaux restaient stables (+0,44%), puis hausse beaucoup plus importanteque celle de la France entire (+11% contre +3,5 %).

    Pour tre complet, on peut observer quun nombre peu prs quivalent de zones demplois (44) secaractrise par une volution contra cyclique : en forte hausse (+11%) lorsque le mouvement gn-ral est la stagnation (+0,4%), en baisse (-3 %) lorsquau contraire lemploi progresse au plan natio-nal (+3,5%).

    Ces quelques exemples tmoignent de la grande diversit des situations locales.

    Ces volutions traduisent galement ladaptation permanente du systme productif auxenjeux de la mondialisation et de la comptitivit et non un processus de dsindustrialisationbrutal.

    V Face aux mutations industrielles, une politique favorisant les ples de comptitivit

    Sans doute, larrt de la croissance partir de 2001 aura-t-il fragilis de nombreux secteurs industrielset les territoires qui les abritent.

    Les premires indications disponibles sur les impacts du retournement de la conjoncture partir de ladeuxime moiti de 2001 tmoignent de modalits trs diffrencies d'ajustements qui s'oprent dansles territoires.

    D'une faon gnrale, comme il a t soulign dans l'introduction, aucune activit et, par consquent,

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    aucun territoire ne semble l'abri comme l'illustre la progression du chmage en Alsace entre mars2001 et mars 2003. Il n'y a pas non plus de fatalit du dclin comme l'indique l'amlioration du tauxde chmage dans un grand nombre de zones d'emplois du Nord-Pas-de-Calais.

    Sil est difficile de conclure avec assurance sur lampleur du processus de dsindustrialisation et dedlocalisation de lconomie franaise, lvolution de la conjoncture conomique et de la concurrenceinternationale oblige intgrer ce phnomne comme un risque plausible, mieux discernable pour desactivits manufacturires traditionnelles comme le textile-habillement ou la chaussure, plus hypoth-tique pour les autres branches dactivits industrielles.

    Globalement, les dernires informations de l'INSEE sur l'anne 2003 (I.R. n54 du 13/02/04) confir-ment ce risque puisque, cette anne l, la perte de 100 000 emplois dans l'industrie n'a pas t com-pense par la cration de 70 000 emplois dans les services et la construction.

    De mme, on peut avancer qu'environ un bassin d'emplois sur cinq est affect par un affaiblissementsignificatif de son potentiel industriel.

    Sans doute, la concurrence des pays de llargissement, mais aussi des pays en dveloppement commeceux dAsie (Chine, notamment) ou du Magrheb, constitue-t-elle une opportunit de dlocalisation pourcertaines activits en vue damliorer leur comptitivit. Elle constitue surtout une obligation dadapta-tion pour lindustrie franaise.

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    volution compare du chmage (entre mars 2001 et mars 2003)

  • 42

    Sans doute, enfin, la reprise du mouvement de fusion-acquisition peut-elle galement contribuer fra-giliser le tis