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Orties 30 novembre 2020 > 1 Détournements #2 Jeux d’écriture reconfinés Réhabilitation des orties Un groupe d’adolescents déambulaient tranquillement dans un charmant jardin de curé, et notaient consciencieusement le nom des plantes qui leur étaient inconnues, et qui s’épanouissaient sous le beau soleil de cette matinée. Armée de sa pointe Bic, une mamie, suivait le groupe de loin, et écrivait elle aussi de mystérieuses annotations dans un petit carnet. Elle réfléchissait, suçotait le Bic, s’en tapotait le front devant certains spécimens. Tout à coup on entendit une exclamation : « Beurk ! des orties, ça pique, c’est nul, attention ! Alors se précipitant vers le malheureux, brandissant son Bic qui scandait chaque syllabe de sa démonstration, la mamie entama le panégyrique de la plante mal-aimée : et que l’ortie est pleine de vertus, et que médicinale, alimentaire, fourragère, textile, il faut reconnaître ses bienfaits etc etc. La véhémence de cette dame nous a stupéfiés... Ben oui, j’étais dans le groupe, il y a longtemps ! En tout cas, elle a réussi son coup, la brave mamie. Nous avons demandé à notre prof de sciences naturelles de creuser le sujet et nous en avons fait pousser en bac dans la cour du collège !!!!!!! Annie B. Faut pas pousser grand-mère dans les orties Les repas de famille étaient parfois difficiles à supporter avec ses petits-enfants en quête d’idéal qui se raccrochaient à la couleur verte devenue une espérance. Elle préférait le rouge et le poing levé. Pour préparer un repas aussi c’était devenu compliqué, il fallait protéger les animaux, les pauvres qui ne nous avaient rien fait. Elle avait fini par leur dire que les chômeurs, les sans abris, les précaires, les exploités......., eux non plus ne nous avaient rien fait. En attendant, il fallait toujours un menu sans chair. Ce jour-là, elle décida de surprendre ceux à qui les canines ne servaient à rien. Elle prépara pour eux une soupe aux orties et un cake aux orties qui dans une moitié contenait du saumon fumé - nous, pensa-t-elle, on n’est pas des frustrés de la mâchoire. Elle ajouta un petit rôti de veau aux girolles avec des pommes de terre, fromage et gâteau pour le dessert. T’aurais pu faire des galettes de céréales pour équilibrer avait lancé l’une des végeta... quelque chose, elle manquait pas d’air celle là ! Elle lui avait dit d’en apporter pour la prochaine fois. Tout s’était bien passé, les mamies doivent écouter les jeunes, c’est bien connu et puis elle les adorait même si parler de la souffrance animale plutôt que de la souffrance des humains c’était quand même un peu fort. Une fois la maison rangée après le départ de tout le monde, elle décida de leur écrire ce qu’elle pensait. Le titre: «Armée de sa pointe Bic, une mamie explique à ses petits-enfants ce que furent ses combats» Micheline C. La belle aux Orties dormant Armée de sa pointe Bic, une mamie se dit « Ohlala, mais ce soir je suis bien fatiguée, bien trop fatiguée pour jouer ». Le stylo Bic patientait, ne voyait rien venir, il sentait le bras de sa mamie tomber tomber.» Au secours je vais... » BOUM sur la table. La mamie dormait dans les orties. Sandrine G.

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Orties30 novembre 2020

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Détournements#2 Jeux d’écriture reconfinés

Réhabilitation des ortiesUn groupe d’adolescents déambulaient tranquillement dans un charmant jardin de curé, et notaient consciencieusement le nom des plantes qui leur étaient inconnues, et qui s’épanouissaient sous le beau soleil de cette matinée.Armée de sa pointe Bic, une mamie, suivait le groupe de loin, et écrivait elle aussi de mystérieuses annotations dans un petit carnet. Elle réfléchissait, suçotait le Bic, s’en tapotait le front devant certains spécimens.Tout à coup on entendit une exclamation : « Beurk ! des orties, ça pique, c’est nul, attention !Alors se précipitant vers le malheureux, brandissant son Bic qui scandait chaque syllabe de sa démonstration, la mamie entama le panégyrique de la plante mal-aimée : et que l’ortie est pleine de vertus, et que médicinale, alimentaire, fourragère, textile, il faut reconnaître ses bienfaits etc etc.La véhémence de cette dame nous a stupéfiés... Ben oui, j’étais dans le groupe, il y a longtemps !En tout cas, elle a réussi son coup, la brave mamie.Nous avons demandé à notre prof de sciences naturelles de creuser le sujet et nous en avons fait pousser en bac dans la cour du collège !!!!!!!

Annie B.

Faut pas pousser grand-mère dans les ortiesLes repas de famille étaient parfois difficiles à supporter avec ses petits-enfants en quête d’idéal qui se raccrochaient à la couleur verte devenue une espérance. Elle préférait le rouge et le poing levé.Pour préparer un repas aussi c’était devenu compliqué, il fallait protéger les animaux, les pauvres qui ne nous avaient rien fait. Elle avait fini par leur dire que les chômeurs, les sans abris, les précaires, les exploités......., eux non plus ne nous avaient rien fait. En attendant, il fallait toujours un menu sans chair.Ce jour-là, elle décida de surprendre ceux à qui les canines ne servaient à rien. Elle prépara pour eux une soupe aux orties et un cake aux orties qui dans une moitié contenait du saumon fumé - nous, pensa-t-elle, on n’est pas des frustrés de la mâchoire. Elle ajouta un petit rôti de veau aux girolles avec des pommes de terre, fromage et gâteau pour le dessert. T’aurais pu faire des galettes de céréales pour équilibrer avait lancé l’une des végeta...quelque chose, elle manquait pas d’air celle là ! Elle lui avait dit d’en apporter pour la prochaine fois.Tout s’était bien passé, les mamies doivent écouter les jeunes, c’est bien connu et puis elle les adorait même si parler de la souffrance animale plutôt que de la souffrance des humains c’était quand même un peu fort.Une fois la maison rangée après le départ de tout le monde, elle décida de leur écrire ce qu’elle pensait.Le titre: «Armée de sa pointe Bic, une mamie explique à ses petits-enfants ce que furent ses combats»

Micheline C.

La belle aux Orties dormantArmée de sa pointe Bic, une mamie se dit « Ohlala, mais ce soir je suis bien fatiguée, bien trop fatiguée pour jouer ». Le stylo Bic patientait, ne voyait rien venir, il sentait le bras de sa mamie tomber tomber.» Au secours je vais... » BOUM sur la table. La mamie dormait dans les orties.

Sandrine G.

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Catherine G.

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Sandrine G.

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L’engagement militant sans faille de Simone Orties paye enfin !Cela faisait plus de quatre ans maintenant que Simone Orties (Prénom et nom d’emprunt pour des raisons purement précautionneuses. En effet, SO craignait d’une part qu’on la reconnaisse ce qui aurait pu nuire à ses enquêtes mais d’autre part elle n’aimait ni son prénom -Emmanuelle- ni son nom -Garet-) s’était engagée dans la défense de ce lopin de terre convoité par le groupe Cerberus Global Management (CGM) afin d’y construire la nouvelle maison carrée de la radio depuis laquelle le Machiavélique Donald Trompe voulait diffuser des émissions entièrement dévouées à son image. Elle avait lutté sans compter ses forces contre DT et l’Armée de sa pointe Bic, une mamie dévouée qui, avec feuilles et stylos diffusait sans relâche fake news et fausses informations (en effet l’Armée de sa pointe Bic était polyglotte). Elle aurait sans doute abandonné sans le hasard heureux qui déposa devant sa porte, ce 1er décembre, la clé de l’énigme qu’elle ne parvenait pas à résoudre. Les feuilles du platane étaient tombées durant la nuit ventée. Elles avaient virevolté pour venir se placer sur le paillasson en caoutchouc galvanisé. Elles formaient les lettres « I C B », bien lisibles… « Bondieu mais c’est bien sûr ! » s’écria Sophie qui avait passé la nuit à visionner tous les épisodes des « cinq dernières minutes » sur le site de l’INA -elle avait acheté son abonnement en illimité la semaine précédente, anticipant le froid-. En un rien de temps elle ramassa les feuilles et remplit 28 grands sacs qu’elle alla porter à la déchetterie ouverte à l’occasion des festivités à venir. De retour chez elle, elle s’installa devant le clavier de sa machine à écrire, plaça une feuille sur le rouleau et commença à rédiger son rapport avec l’assurance et la sérénité de celle qui venait de trouver la solution et avait la certitude que l’ensemble des preuves réunies viendraient feraient reculer la CGM et l’ignoble Trompe. Elle enverrait ce rapport au procureur et aux médias libres dans lesquels elle avait pleine confiance et dans Huit mois, tout au plus, les riverains pourraient cueillir les premiers légumes du nouveau jardin partagé. Un large sourire illumina son visage. Cette journée serait une belle journée, Simone en était convaincue !

Dominique S.

Faire rouler Mémé dans les ortiesCet été- là, Mémé avait la garde de ses petits-enfants, ils seraient mieux à la campagne qu’à la ville. C’était des chenapans et ce jour-là, Mémé avait décidé de les fatiguer. Elle leur proposa de faire une tarte aux mûres, et de la confiture pour le petit déjeuner. Elle souleva leur enthousiasme mais auparavant il fallait les cueillir ces mûres ! Elle connaissait bien les coins. Elle les embarqua, avec des petits paniers. Ils partirent en chantant, mais bien vite ils commencèrent à râler, mais c’est où ? C’et encore loin ? On voit rien ?Du calme, on arrive bientôt disait-elle en riant intérieurement, ce soir ils se tiendraient tranquilles. Elle aperçut enfin le chemin au détour d’une fontaine, à sec hélas. On y est s’écria-t-elle ! Ils se précipitèrent ! Hélas le buisson tant convoité avait brûlé. Quelle déception, la Mémé était désolée mais pas tant que les gamins bien décidés à se venger. Ils contournèrent le buisson dans le pré, et c’est alors qu’ils se décidèrent.Mémé viens par ici ! On a trouvé ! Donne ta main !Confiante elle se laissa faire. Malheureusement pour elle, la galopin qui la tenait par la main poussa un petit cri et la lâcha. Mémé fit un roulé boulé dans une touffe d’orties. Bon, elle avait été tant piquée petite qu’elle ne sentait plus rien, mais elle fit semblant, elle cria, pleura. Les gamins ne savaient plus quoi faire, ils l’aidèrent à se relever et furent sage comme des images jusqu’au retour à la maison.Mais la mémé en avait assez, elle se saisit d’une feuille et d’un bic, raconta ses mésaventures à ses enfants avec consigne de venir récupérer leurs petits diables au plus vite. Ils avaient de la chance elle aurait pu leur faire une soupe aux orties.Les chenapans se souviendront longtemps de cette journée d’été et dans leur tête, mûres et orties seront toujours associées.

Liliane C

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Micheline C.

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Mamie et les ortiesMamie est partie ramasser des orties pour faire goûter sa célèbre soupe à ses petits-enfants. La récolte est bonne, la soupe sera une réussite si elle ne dit pas de quoi elle est composée. Que faire pour atténuer la couleur verte que les enfants considèrent de suite comme non comestible ? Y ajouter du concentré de tomate ? Cela risque de donner une vilaine couleur marron, augmenter la quantité de crème, elle restera verte ; mais vert pâle. Inventer un jeu et proposer de manger dans le noir ? Elle verra bien le moment venu. Tout à coup, l’idée lui vient d’ajouter cette recette au livre de cuisine qu’elle écrit en ce moment. Pendant que la soupe mijote doucement sur le fourneau, elle sort son manuscrit et notre mamie écrit : « Armée de sa pointe Bic, une mamie rédige la recette de sa soupe à l’ortie ».

Brigitte S.

La Fée aux OrtiesC’était ma première classe verte et j’étais éblouie par les prés, les bosquets et les chants d’oiseaux. Encore ensommeillée, j’entendais le chant du coq, mais je me rendormais. Pour notre première matinée, notre institutrice nous emmena en promenade pour nous faire découvrir les fleurs qui bordaient les chemins. Eh oui, à cette époque-là, il y avait encore des coquelicots, des bleuets et des marguerites dans les champs. Soudain j’entendis des cris stridents derrière moi, je me retournai et je vis Jean tombé à plat ventre dans les orties. Comme personne n’osait « se jeter à l’eau » pour le relever, une mamie à chignon et vêtue d’une robe à carreaux noirs et blancs vint au secours de notre petit camarade.Je hais la campagne, je déteste le lait et les vaches, je veux retourner avec mes parents », hurlait Jean.La vieille dame le calma un peu et lui expliqua que les orties étaient bonnes pour la santé : elles soignaient les rhumatismes, on en faisait de la soupe et dans le temps, on filait de fines toiles avec les fibres de leurs tiges pour en coudre de doux vêtements, agréables à porter, pendant les très chaudes journées d’été.Le jour suivant, la vieille dame qui se prénommait Églantine nous apporta un grand sac de pommes de terre, et devant la classe réunie et la maîtresse, elle déclara : « qui sont les courageux qui veulent venir avec moi cueillir des orties ? Je vous montrerai comment les prendre sans vous piquer, et pour le dîner, je vous ferai une très bonne soupe avec votre récolte et avec les pommes de terre que je vous ai données. »Notre institutrice voulut s’armer de gants pour la besogne, mais Églantine lui dit que ce n’était pas nécessaire.Le soir, nous étions un petit groupe à observer Églantine dans la cuisine, ébouillantant les orties, les lavant, les coupant.Cette soupe me parut succulente. Hélène, notre institutrice, s’assit près de moi, munie d’un cahier et d’une pointe bic, nota la recette avec ses ingrédients et ses proportions qu’Églantine lui dictait.Je garde, en moi, de cette classe verte, la magie de l’univers campagnard et le souvenir de la bonne fée aux orties.

Liliane Z

Armée de sa pointe Bic, une mamie»