Peyret. Una visita a las colonias de la República Argentina (francés)

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    U-NE

    A U X C O L O N I E SDE LA

    IPUBLIQUE ARGENTINEl 'AR

    A L E X I S P E Y R E ThkCTBU K FO N D A TEU R D E LA CO LO N I E SA N J O S

    ET COLOMB (ENTRE RIOS)I N SPECTEU R N A TI O N A L D ES CO LO N I ES

    P A R I ST ANONYME DE PUBLICATIONS PRIODIQUES

    P . 1IOUILLOT, IMPRIMEUR f-1 3 , Q U A I V O L T A I R E , . 1 3 qui avaient abandonn toutes les pratiques db ilitantes del'asctisme et qui avaient au tan t de soin du corps que del'me m ens sana incorpore sano car ils voulaient formerde valeureu x soldats de la foi, considraient les rives del'Uruguay comme leur sjour de prdilection et ils y avaienttabli leur quartier gnral.Il ne faut pas oublier celte donne, aujourd'hui que lagrande question de l 'immigration et de la colonisation est l 'ordre du jour, et qu'ils'agit de rendre ces contres abandonnes, ravages par la guerre civile et la guerre trangre,la population dont elles ont tant besoin, et de remplacer pardes travailleurs europens les milliers d'Amricains que lesdisciples de Loyola taient parvenu s run ir dans cette rgionenchanteresse. On verra alors combien les merveilles du travail libre surpassent les rsultats de la discipline monastiqueet de l 'enrgimentation communiste.

    Tandis quej ' ta is en train de faire ces rflexions, XIbevasemet siffler ou plutt aboyer : ceci veut dire que noussommes arrivs San Martin, l 'ancienne Mission de Yapcyu;le nom du hros argentin a remplac le vieux nom guarani,parce que c'est l que naquit en 1776 le grand gnral du Sudqui partage avec Bolivar l 'honneur d'avoir donn l 'indpendance au continent sud-amricain. On y montre encore lesruines de la maison o il vit le jour. San Marlin est morten France, Boulogne-sur-Mer, en 1830, aprs plus devingt-cinq ans d'exil volontaire.A quelque dislance au nord du village et sur les bords dugrand Rio se trouvent les familles franaises dont j 'ai djparl plusieurs fois, et qui sont les restes de la colonie quele D r Brougues avait fonde aux environs de Corrientes.Elles sont au nombre de trente environ. Elles cultivent lemas, les lgumes, les haricots, les melons, les citrouilles, lespastques et vont vendre tout cela TUruguayana. Elles cul-

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    36 U N E V I S I T E A U X C O L O N I E Slivent aussi le tabac, le manioc, la vigne et font du vin pourleur consommation. Elles ont de grandes plantations d'orangers, d'eucalyptus et d'autres arbres qui forment d'pais massifs de verdure sur la colline ct de leurs habitations. Maisc'est surtout l 'levage du btail qu'elles doivent la prosprit dont elles jouissent.Cette colonie fut fonde par treize familles qui vinrent s'tablir dans ces parages aprs la dissolution de la colonieSan Juan, sous la direction de M. Pierre Dejean; on neleur remit que la terre,, c'est--dire un solar dans le village,(un terra in suffisant pour y b tir une maison avec jard in) etune chacra (un terrain de ferme) dans Ver/ido : on appelleainsi l 'espace rserv autour de chaque ville pour l 'agriculture, ordinairement quatre lieues, tandis que plus loin s'tendla zone de l 'levage.

    Tous les colons, je le rpte , sont leu r aise; le moinsfortun, s'il voulait se retirer, aurait pu ds 1877 raliserplus de vingt-cinq mille francs. Les rsultats qu'a donns la petite colonie de San Martin,crivait M. Sam uel Nav arro, secrtaire du com missariatd'immigration cette poque, permettent d'valuer ceuxqu'aurait pu donner la colonie de San Juan, si le gouvernement de Corrientes avait, ds le commencement, tabliles colons de M. Brougnes sur le territoire des Missions,comme il s'y tait engag par un contrat formel.

    De San Martin le vapeur Ibera nous conduit La Cruz etde la Cruz la ville brsilienne d'Itaqui. Nous passonsensuite Santo Tome, qui se trouve sur la rive argentine,aprs avoir touch au port de San Borja.Santo Tome est une des positions les mieux doues de celtergion privilgie. J'en ai parcouru les environs, bien qu'iln'y ait pas de colonie proprement dite, mais parce que l'on

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    DE LA R P U B L I Q U E A R G E N T I N E 31peut considrer Vejido de chaque ville ou pueblo comme uncentre d'agriculture et de colonisation.D'aprs les habitants de Santo Tome, la sauterelle, la terrible sauterelle, serait inconnue dans cette localit; ce seraitdonc ici la terre promise de l 'agriculteur, car au demeurant lafertilit y est grande : on peut y cu ltiver la vign e, l 'ar achid e, lericin, qui y atteint des proportions extraordinaires, le safran,le manioc, le garance, l 'orge, le mas, la luzerne, la pommede ter re , la p atate, le pimen t, tou te espce de lgum es, letabac.Et on obtient tous ces produits sans travail en quelquesorte, car jusqu' prsent on ne saurait dire qu'on y faitvraiment de l 'agriculture; le Correntin se borne corcher laterre avec une charrue on ne peut plus primitive ; ce n'estque depuis trois ans que Ton a commenc travailler srieusement.Les autorits et les habitants de Santo Tome(les vecinos)ontles meilleures dispositions l 'gard des immigrants. Voici lesrenseignements qui m'ont t fournis par la municipalit.Chacras(fermes). Le nom bre de chacras de proprit m un icipale s'lve trois cents environ. L'tendue de chacuneest de cinq cents vares par ct; elles sont spares par desrues de trentes vares. Le prix minimum fix par la loi estde qualre-vingt-huit piastres trente-six centavos la chacra.Pour ob tenir les titres dfinitifs de prop rit, l 'a cqu reu r al 'obligation depeupler et de cultiver au moins la moiti de lachacra dans le terme de deux ans, ou d'y engager un capitalqui reprsente la valeur de ce travail. En attendant, la muni-cipalitluiremet un titre provisoire.Quintas (vergers). Le nombre des quintas disponibles estd'une cinquantaine: elles forment un carr de cent cinquantevares de ct. Le prix minimum est de cinquante piastres etle prix maximum de cent. L'acheteur est tenu de la peupler,de la cultiver, de l'enclore dans le terme d'un an.

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    3 8 U . \E V I S I T E A U X C O L O N I E SSolares (terrain btir). La municipalit en a environdeux cents. Le solar a vingt-cinq vares de face sur cinquantede fond. Le prix minimum fix par la loi est d'une [piastre

    na tiona le par vare de face, ce qui fait un e valeur devingt-cinq pias tres par solar. Dans le cas o il y auraitdeux solliciteurs, la municipalit mettra le terrain auxenchres.L'acheteur a l 'obligation de peupler et d'enclore dans leterme de six mois. La municipalit donne des terrains gratuitement ceux qu'elle juge incapables de les acheter cause de leur pauvret.Comme on voit, la m unicipalit de Santo Tome est minemment progressiste. On peut en dire aulant de deux socits de secours mutuels qu'on trouve dans cette petite ville,l 'une espagnole et l 'autre cosmopolite, aprs avoir commencpar tre italienne. Au lieu de dposer leurs conomies laBanque, elles les prtent aux artisans et aux agriculteurs, etde prfrence aux derniers. C'est ainsi qu'elles ont aid uncolon italien, Eulogio Ambrosi, qui avait fait partie d'unecolonie tablie Corpus dans les Missions du baut Parana, etdont les membres furent obligs de se disperser, faute deressources. Eulogio Ambrosi trouva donc emprunter troiscents piastres. Actuellement (en 1888) il a quatre mille piastres la Banque et autant en biens-fonds. Il cultive aussi lavigne el fait du vin, bien que par des procds trs rudimen-taires. Voil un exemple que l 'on peut citer aux immigrants,et comme celui-l il y en a bien d'autres

    Le magnifique vapeur Ibera n'a pas dpass Santo Tome,bien que son faible tirant d'eau et la crue du fleuve lui permissent d'a lle r 'pl us haut. Je me suis transbord , moi quatrim e, bord du petit vapeu r leGarruchosqui m 'a transpo rt la localit de ce nom, vingt-deux lieues au-dessus de SantoTome, rive argentine.

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    D E LA R P U B L I Q U E A R G E N T I N E 3 9Je croyais trouver l une colonie, mais [c'est tortqu'on a donn ce nom la plantation de cannes de sucre et l 'usine qu'une compagnie anglaise y a tablies sur une con

    cession de dix lieues carres accorde par le gouvernementde Corrientes. Il n'y a pasdefamilles eu ropenn es;on occupedes travailleurs du pays, qui ont plant jusqu' prsent quatrecents cuadras de cent cinquante vares decl. Le sucre 'produit par l 'usine vau t, m'a -t-on as su r, celui de Tucum an. Lamachine est de la force de 40 chevaux. On travaille de mai septembre. Le grant de l 'tablissement est M. Wanderburg,fils d'Allemand, n au Brsil.En remontant plus haut, on trouve deux autres tablissements du mme genre, Santa Maria la Grande et Santa Maria la Chica. |Indpendam ment de l 'usine, i l y a G arruch os une vingtained'habitations ; j 'avais une lettre de recommandation pour unngociant espagnol du nom de Madariaga: ilj vante la fertilit de cette terre, mais il recommande surtout de dfricherla fort, si l 'on veut ob tenir de bonnes rco ltes. Ceci n 'a pa sbesoin d'explication: les dtriLus forms par la chute desfeuilles produisent une fertilit que l 'on ne saurait trouverdan s les terrain s dcouverts de la prairie, qui n'ont que lavgtation herbace. C'est un axiome reconnu depuis longtemps dit le D' Bu rmeisler, que l ' introdu ction d'une nouvelleculture ne se fait avec avantage que lorsqu'on peut dtruireune vgtation naturelle pour la remplacer par une vgta -tion artificielle... c'est ainsi qu 'on pra tiqu e la cul ture ducaf au Brsil o l'on dfriche la fort vierge pour m ettre la place les tendres plants du caf.L'agriculture des Missions est semblable celle du Brsil;c'est pourquoi tous les cultivateurs font des rosados;ils com mencent pa r abattre et brl er la fort, tout en laissan t su bsister parfois les gran ds arbre s qui restent long temps deboutau milieu des plantations de mas et de cannes sucre. La

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    i . U N E V I S I T E A U X C O L O N I E Scharrue n'est pas mme ncessaire; l 'aide d'un bambou oud'un pieu quelconque on fait un trou dans celte terre meublecomme de la cendre et l 'on y introduit la semence. On appellece grand travailsemer la crole.Aux cul tures que j ' a i ciles plus hau t il faut joind re celledu riz qui russit parfaitement dans les Missions.

    Le Garruchos n'ayant pas dpass la localit de ce nom, jen'ai pu visiter la partie des Missions qui est au -dess us , etqui appartient aujourd'hui au territoire national. Je ne parlerai donc ni de Conception ni de San Javier qui fut le pointextrm e occup par les jsu ites dans cette direction, ni de ceque M. Samuel Navarro, dans son rapport de 1877, appelaitla colonie Pag gi , je me bornerai reprodu ire ce qu'il dit ce sujet. Trente-deux trente-cinq lieues au-dessus de San Javieril s'est form un centre de population sous la direction deM . Pie rre Pa gg i, Italien , occup depuis plu s de trente ansdans ces parages de l 'exploitation de Y herbe mat (th duParaguay). Ayant cet effet attir des Brsiliens, il a uni paren dterminer quelq ues-uns s'tablir auxSieteCerros(les septcollines), petits prom ontoires aligns d'une manire particul ire, et auxquel s il a donn les noms des m em bres dugouvernement national . Au pied de cette ligne de petites montagnes se trouve lacolon ie, dont la popu lation compose de Brsiliens s'lveactuellement quatre cents personnes, qui s'occupent d'agricultu re et de la prp aration de l 'herbe mat.

    R evenu Santo To m e, aprs avoir visit la rive brsilienne,qui ne diffre gu re de la live arge n tin e, je pren ds la diligen ce qui conduit Posa das , chef-lieu des Missions, sur larive gauche du Parana. L'intervalle, qui spare les deuxrives, est de trente-quatre trente-cinq lieues; mais pendantl 't on peut le franchir en un jour, grce aux nombreux

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    DK LA R P U B L I Q U E A R G E N T I N E i lrelais qui sont chelonns sur la route et don t les ch evauxvous em portent avec une rapidit vertigine use travers lesondulations de plus en plus accidentes, de plus en plusleves de la Msopotamie A rgen tine; la fin, ce sont devritables montagnes. Le pays est des plus pittoresques, sillonn de ruisseaux et parsem de bosquets qui forment etl comme des les de ve rdu re sombre et des rideaux quidessinent les cours d'eau avec toutes leurs sinuosits.Les terr ain s sont excellen ts pour l 'levage du btail, mais ilsmanquent de sel; aussi les leveurs sont-ils obligs d'en fairedes provisions pour leurs troupeaux.On fait halte et on passe aussi la nu it, si l 'on ve ut , laposacla d'un Napolitain, qui tient laposte de San Alonzo. Cethomme tait dj tabli dans ces parages avant la guerre duParaguay. Quand les soldats de Solano Lopez envahirent lepays en I860, il dut prendre la fuite; son associ, qui n'eutpas le temps d'en faire autant, fut tu par les envahisseurs.Quant lui, il se cacha dans les bois;il avait aussi pu cach erdeux cents peaux debuf, que les ennemis ne surent dcouvrir. Quand la tourmente fut passe, il reparut et reprit soncommerce; il com mena p ar rem ettre ses cranciers lesdeux cents peaux qu'il avait sauves, et ceux-ci reco nnaissants lui donnrent toute espce de facilits pour travailler.Ensuite, mettant profit une loi dicte par le gouvernementde C orrientes, il acheta deux lieues de terrain l 'Etat dixans de term e, et, les ayan t payes, il se trouve dans une position av antageuse ; ce qui prouve que l 'honn tet dans lesaffaires est encore la meilleure des spculations.Le Napolitain a mis profit pour btir sa maison les blocsde grs ferrugineux taills par les jsuites; il est all lesprendre aux ruines de la Mission voisine, los Apostoles. Sictransit gloria mnndi. Sans doute les jsuites n'avaient jamaispens travailler pour l 'aubergiste de San Alonzo.

    Aprs la poste de San Alonzo la plus remarquable est

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    42.. U N E V I S I T E A U X C O L O N I E Scelle de San Carlos; celle-ci est situe au pied de la missionde ce nom, dont les ruines couronnent le plateau. De ce pointculm inant le regard embrasse un pano ram a admirable: l'horizon on disting ue parfaitem ent le pic de S anta Ana etla cordillre des Missions, dont la ligne bleutre se dtachecomme une dentelle vaporeuse sur le ciel brlant. L'atmosphre est d'une limpidit extraordinaire.Mais, quelque beau que soit l 'aspect du pays, on est content d'arriver Posadas et de saluer le majestueux Parana,qui est pour le moment le lerme de notre coursa.

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    Concordia, 12 fvrier 1888.J 'av ais dj visi t la vi l le de P o sa d as en 1881 ; je t ro u v equ 'e l le a fait des pr og rs cons idrab les de puis lors : on a b ea ucoup b ti ; l es t e r ra in s on t p r i s une g ra nd e v a le ur , l a m un ic i pa l i t ne l es vend p lus qu ' aux enchres . La spcu la t ion a

    pnt r i c i comme par tou t . C ' es t l ' e sprance du cbemin de1er qui produi t ces mervei l les ; on considre le chemin de fercomme le r dempteur , comme le mess i e de ces con t res .I l s'agit ac tue l l em ent du chemin de fe r a rge n t in de l 'E s t ,qui n 'a l la i t jusqu ' prsent que de Concordia Monte Caserose t qu i do it t re p ro lo ng ju sq u ' Po sad as : pa r co ns qu en ti l doi t t raverser tout le ter r i to i re des anciennes Miss ionsarg en t ine s ; l e che m in de fer sera le g ra n d co lo nis ate ur deces pays moi t i dser t s .Le g n r a l Ru d ec i n d o Ro ca , g o u v er n eu r d es Mi s s i o n s ,me don ne un cap i t a ine de l i gne po ur m 'acc om pa gn er dan s uneexc urs io n que j e m e p ropose de fa ire su r l e ha u l P ar an a . Jepars avec lu i e t u n Fr an a is tab l i dep uis des an n es pr s desru in es de la M iss ion de Sau Igna cio-M ini , su r les bords du Y ab e-bi ry , un aff luent assez im po r tan t du gr an d fleuve. L 'ex cu rs io nse fa i t cheval . Les eaux sont hautes , e t comme i l n 'y a pasde ponts sur les r iv ires , i l nous faut chercher les gus ou lespasser en p i rogue en t r a nan t l es chevaux aprs nous . Cet t eoprat ion n 'est pas sans diff icul ts .

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    44 UNE VIS ITE AUX COLONIESAyant ainsi franchi le Guarupa, nous nous trouvons sur leterritoire de la colonie andelaria (chandeleur); c'est le nomd'une ancienne Mission, que le gouvernement a pris la rso

    lution de repeupler en y appelant des colons europens etamricains; il faut ajouter que ceux-ci y taient dj tablis,mais titre provisoire. Il est en effet venu quelques famillesauxquelles on a fait des distributions de vivres, d'animaux detravail et d'instrum ents arato ires, mais jusq u' ce m om ent(1888) la colonie n'a gure donn de bons rsultats, pas plusque celle de Santa Ana que l 'on trouve cinq lieues plus loin :aussi le gouvernement, fatigu de l 'insuccs des coloniesnationales, s'est-il dcid les cder une Compagnie particulire : il faut donc attendre pour savoir quoi s'en tenirsur la colonisation des Missions. Ce qui, d'aprs moi, a empch leur russite jusqu' prsent, c 'est surtout le manquede communications faciles et de dbouchs.Nous allons chez Carlos Bossetli, un Italien bien connu dansla contre : il a explor les Missions qu'il a parcourues danstous les sens ; il a t com missaire gnral des Verbales(c'est--dire des forts qui produisent l'herbe mate, Yllexparagiiayensis) pour le compte de la province de Corrientes,et le territoire ayant t fdralis, il a pris un lot de terrain,cent hectares, la colonie andelaria pour se livrer l 'agriculture et l ' industrie.La maison de Bossetti est sur un point lev de la colline,d'o le regard embrasse de grandes tendues : on aperoitles forts du Paraguay, la ville de Posadas et les rives boisesdu Guarupa.

    Bossetti n'est pas chez lui; il est Buenos Aires. Mmo Bossetti nous dit que les cultures qui l'apportent le plus sontcelles du riz, du mas, de la canne sucre, du tabac, dumanioc, du haricot, de l 'arachide, du melon, du piment, deslgumes, du bananier qui a nn rendement considrable; maisolle fait observer aussi que c'est le terrain bois dfrich, le

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    DE LA R E P U B L I Q U E A R G E N T I N E 45rosado qui rapporte bien plus que le terra in dc ouvert.Il y a dans la colonie environ cent cinquante familles, maistoutes croles; il faut ajouter qu'elles ne travaillent gure,suivant l'usage gnral du pays, mais aussi la vie y est sifacile et elles prouvent si peu de besoinsDe la maison de Bossetti nous passons celle d'un autreItalien nomm Antonio Saldi, et par sobriquet Venezia, parcequ'il est originaire de la fameuse ville de l'Adriatique ou desenvirons. Venezia tient une auberge et unepulperia ; sa maison est au centre du pueblo, au milieu de la colonie, sur leversant de la colline ou s'lve l'habitation du commissaire.Les parois de la maison sont ornes de quelq ues po rtraits, entreautres celui de Garibaldi; il y a aussi des vues de Venise.Le commissaire est absent, lui aussi : il est all BuenosAires.

    Nous allons passer la nuit Yestancia de M. BelisarioEurique, l 'est de la colonie. Le majordome nous dit que leterrain est trs bon pour l 'levage du btail, mais qu'il nel'est que par exception pour l 'agriculture, parce qu'il est troprocailleux : les plantes qui russissent le mieux sont l 'arachide et le manioc.Le lendemain nous prenons la direction de San Juan, c'est--dire d'un ru isseau qui porte ce nom et sur les bo rdsduquel un Allemand, nomm Henri Puck, a tabli une planta-lion de cannes sucre; il a aussi une distillerie, mais n'ayantque des cylindres de bois, il perd beaucoup de matire premire ; il fabrique aussi une excellente liqueur laquelle ona donn le nom de rhum des M issions. La plantation de Puckest au milieu des bois, qu'il a fallu dfricher, un kilomtreet demi de la rivire, c'est--dire du confluent du San Juan.Puck nous a montr des meubles confectionns avec desbois du pays qui sont rellement remarquables. Les boisseront un jour, ils sont dj une abondante source de richessespour les Missions.

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    4C U N E V I S I T E A U X C O L O N I E SLa cha leu r accab lan te no us a ob l igs pas ser l a j o ur n echez P u c k ; ver s l e so ir no us re m on ton s cheva l et nou sa r r i v o n s au g r an d t ab l i s sem en t d u g n r a l R o ea .I l es t s i tu t ro i s cent c in qu an te m t r es du f leuve, aupied d 'un e co l l ine leve qui le ga ra nt i t c ont re le ve nt duSud . Les p lan ta t ions en touren t l ' u s ine l 'Oues t , l 'Es t e t auSu d ; e l les son t s i l lonn es pa r des ch em ins de fer D ecau vi l lepour char r i e r l a r co l t e e t por t e r l es p rodu i t s jusqu ' au por t . Lesm ac h in es on t t fourn ies par l a ma i son Cail de P a r i s .L 'u s i n e p ro du i t du suc re e t de l ' a lco ol . D epu is m a v is i te , ona d t en dre l es p l a n ta t ion s e t on l es con t inue ra ju sq u ' cequ ' e l l es a t t e ignen t deux cen t s hec ta res ; on pour ra a lo r s p ro du i re de ux cen t mi l l e a r rob es de s uc re . Com me j e n ' a i pasl es connai ssances t echn iques vou lues , j e m 'abs t i ens de fa i rel a descr ip t ion de l ' t ab l i s sement ; d ' a i l l eu r s , l e moment de l afabr icat ion ta i t p ass dep uis lo ng tem ps et j e ne po uv ais levo ir fon ct io nn er . L a rcol te se fait du m ois de ma i au m oisd e sep t emb r e .Le g n r a l R u d ec i n d o R o ca a en g ag u n g r a n d capita lda ns l 'us ine de Sa n Ju a n : il es t ds i rer da ns l ' in trt dupays que ses ef for t s so ient couronns d 'un p le in succs .A ya nt vu tou t ce qu ' i l y ava i t vo i r San J u a n , no usr ep r en o n s l e ch emi n royal de San ta Ana , ap rs avo i r t r a vers une sr ie de bosquets , de c la i r ires , de picadas (on appel le a ins i une t roue fa i te dans la fort , qui donne passage un homme cheva l ) , de ru i sseaux , de fondr i res e t au t resobs tac les qu i r a l e n t i s se n t no t re m ar ch e . Su r l e chem in de

    Sa n t a An a n o u s r e t r o u v o n s n o i re co m p ag n o n d e v o y ag e f r an ais , que nous avions la i ss la vei l le Vestancia de Don E nr iq ue , e t no us fa isons ensem ble no t re en t re San ta A na . Avan td ' a l l e r p lus lo in , j e do i s d i re que ce compagnon de voyage ,excel len t guide d 'a i l l eurs e t bon camarade, s ' appel le .Marcel inBou ix : c ' est u ne v ie il le co nn aiss an ce po ur m o i ; j e su is dj

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    DE LA R P U B L I Q U E A R G E N T I N E 47all chez lui en 1881 ; il m 'a donn comm e tou s ceux quivont le visiter l 'hospitalit la plus gnreuse, la plus cordiale;d'ailleurs, il peut le faire sans se gner; par l'exploitation del'herbe-mat, par l 'levage du btail, il a acquis une certainefortune, et pourrait, s'il le voulait, aller rejoindre sa famillequi l'appelle ;mais il est venu fort jeu ne en A mrique et ils'estattach sa patrie adoptive; nanmoins il pense avec attendrissement aux montagnes Pyrnes, et il est bien aisequand il trouve quelqu'un avec qui il peut en parler, commeil fit avec m oi ; mais hl as il en a oubli le langage etparle plus volontiers le portugais que l 'idiome de Despour-r ins .J'avais dj visit Santa Ana en 1881; je n'y ai pas trouvde grands changem ents : une trentain e de m aisons ou deranchosde peu d 'importance et d'assez triste aspect disperssdans un vallon arros par deux ruisseaux, voil ce qui restede la clbre Mission; je me trompe, ces constructions sontmodernes; de la Mission proprement dite il ne reste que desruines qui sont peu prs caches dans une fort d'orangers.Les jsuites avaient plant cet arbre partout o ils s'tablissaient, et depuis leur expu lsion il s 'est.propag d'une m anire prodigieuse.Je parle avec diverses personnes de diffrentes nationalits,un N apolitain, un Brsilien, un Espagno l, un Allem and, et leurdemande des renseignements : de ceux qu'ils me donnent ilrsu lte que l'on p eu t cultiver avec succs Santa Ana lemas, le manioc, toute espce de haricots, le riz, la patate, lacanne sucre, le tabac, la A'igne, l'herbe mat., le lin, le coton, toute espce de lg um es, les a rbres fruitiers, telsque le pcher, l 'oranger, cela va sans dire, le coignassier, lepoirier, le pommier, le mrier, la bananier, le goyavier quicroit l 'tat sauvage ou sylvestre, de mme que l 'indigotier.On me cite enfin le curupa qui sert pour la tannerie. Onpeut aussi engraisser le btail.

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    4 8 U N E V I S I T E A L'X C O L O N I E SJe trouve Santa Ana un Fra na is qui est venu d'Algriepour se vouer la culture de la vigne. Plus loin sur le chemin de San Ignacio il y a un colon italien qui a aussi un

    petit vignoble. Enfin plus loin encore, aux environs desruines de Loreto, il y a deux Franais, MM. Destrze pre etfils et un Belge, M. Dubois, qui ont entrepris la mme culture et qui font les plus grands loges du pays, certains qu'ilssont d'y russir.On a ssu re que les jsu ites faisaient du vin dans leurs M issions; on avait aussi plant la vigne au Paraguay, mais legouvernement espagnol ordonna de l 'arracher pour rserverle m onopole du v in aux viticulteu rs de la m tropo le. J'aioubli en passant Posad as de parler d'un autre Fran ais,nomm Constant Hamard, qui cultive la vigne, bien que surun e petite chelle, et qui fait du vin ; il vante aussi laproduction de l 'ananas.J 'ai dit plus haut que le gouvernem ent nation al pen sait aliner la colonie de Santa Ana; au moment de mon passage, cette opration n'tait pas encore faite. Je visiteM. Jos A. Mugica, administrateur-commissaire de laco lonie. Il m e dit que cette colonie a t fonde enavril 1884.

    La population, compose en grande partie de Brsiliens etde Paraguayens, tait alors de 665 habitants ; elles'est levedeux ou trois ans plus tard plus d'un millier. M. Mugicaattribue cet accroissement la facilit avec laquelle on peutacqurir la terre et aux garanties de toute espce dont jouitl ' immigrant tranger.Le terrain, occup par la colonie, est situ quatre kilomtres, du Bio Pa ran a, dans un e valle magnifique; on amesur 107 kilomtres carrs.On voit au Sud les belles montagnes [cerros) de Santa Anaet de Martires dont l'lvation au-dessus des eaux du fleuvedoit tre de 300 600 mtres.

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    in-: L A i : i; : i ' i " i i i . i o i i: A n u i ; \ T I N I : -toLe ter ra in es t accident comme tous ceux de ce l te rg ionsplendide, et sa fer t i l i t admirable ; le cl imat est tempr.I I abonde en bois de const ruct ion .Le cara c t re des h ab i t an t s es t doc i l e , pac i f ique ; s'ils sontpeu t r ava i l l eu r s , c ' es t l e r su l t a t de l ' duca t ion donne l eu r sanc t res par l es j su i t es qu i ava ien t l eu r s t ab l i s sement s dansces pa ra ge s . Mais au m oy en d 'un e du ca t ion v ra im en t l i bra lee t s t im u ls par l es l m en t s l abo r i eux que l ' im m igra t ion am n ec l i aque jo ur , il es t p r s um er qu ' i l s ne t a rde ron t pa s c han

    ger dans le sens du progrs .La p r o d u c t i o n n ' e s t p as en co r e c o n s i d r ab l e , m a l g r l ar ichesse du sol ; ce retard doi t t re at t r ibu t rois causes quiso n t : d ' ab o r d l e m an q u e d ' u n cen t r e co m m er c ia l q u i s e rv od e d b o u ch l ' ag r i cu l t u r e ; le m an q u e d ' i mm i g r a t i o n t r an gre e t f ina lement l e manque de vo ies de communi cat ion .I l faud rai t tab l i r l a na vig at ion va pe ur sur le ha ut P a ra n a ,e l , s ' i l t a i t poss ib le , j usqu ' l 'Yguazu .Voi l pe u p r s ce qu e di t M. M ugica da ns le ra pp or tq u ' i l a b ien v o u l u m ' ad r es se r . I l r ec o m m an d e co m m e l a cu l ture la p lu s im po r ta nt e , com m e cel le qui es t appele avoi rune inf luence dcisive sur la dest ine des Missions, cel le dela ca nn e su cre , qu i , dit-if, a i c i une p roduct ion sansgale e t qui of f re mi l le avantages au p lanteur . Cet te cu l turees t facile , a joute- t - il , e t re l a t iv em en t peu c o teu se ; e l le n 'e s tpas expose comme dans d ' au t res pays , des f ro ids in t enses ,n i au x g r an d es s ch e r es ses .

    On peu t v a lu er l es fr a is d ' exp lo i t a t ion d 'u n hec ta re ju s qu ' au moment de l a coupe , 150 p ias t res na t iona les ; e t sonr e n d e m e n t d e 5.200 3 .500 ar ro be s ; l ' i r r igat ion n 'e s t pa snc essa i re , car il p l eu t f r qu em m en t .Le ter r i to i re des Miss ions , d i t encore le rappor t , n ' es t past rs r i che en t rou pe au x ; cep en dan t l es b tes co rnes nem an qu en t pas : ou p eu t ac he te r un e bo nn e pa i re de bufs

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    50 U N E V I S I T E A U X C O L O N I E Spour 50 piastres nationales. Un cheval cote 12 16 piastres. Une mule cote de 30 35 piastres;c'est la m on turequi convient le m ieux dans ces parages accidents et pierreu x.Les porcs sont trs abondants et bon prix; ils se reproduisent d'une manire extraord inaire. L'levage des porcs bienentendu donnerait de beau x rsu ltats.Les terrains vacanls de la colonie sont vendus-aux conditions de la loi de colonisation, c'est--dire au prix de deuxpiastres six centavos l'hectare, payables en dix ans.

    Les anciens habitants de la localit colonise ont reu leursterrains titre gratuit.La colon ie, ayant t cde depuis lors J une entreprise particul ire, a d recevoir une nouvelle organisa tion.Avant de quitter Santa Ana, et comme curieux renseignement historique, je dois dire que c'tait l que Bonplandavait pens s'tablir ds son arrive la Pl ata aprs la chutede l'em pire, et que c'est l qu'il fut arrt et fait pr isonn ierpar les soldats de ^l'ombrageux dictateu r du Para gu ay , leD r Gaspard Francia. Le Paraguay prtendait s 'approprierla zone comprise entre le Parana et l 'Uruguay : il a fallu laguerre de la triple alliance en 1865 pour l'en dloger.Les terrains de San Ignacio, de Corpus, enfin les terrainssitus au nord du Yabebiry (rivire des Raies) sont prfrables pour l 'agriculture ceux de Candclaria et de Santa Ana,mais ils ont le dfaut d'tre moins accessibles. C'estcette circonstance en grande partie jointe au m anque de ressou rces

    de l'entrepreneur qui fit chouer en 1876 la colonisation tente par un Italien M. Auguste Sandri del Vasco : la colonieMarcos Avellaneda ne parvint pas se constituer : lescolons se dispersrent; nous en avons, comme on sait, trouvun Santo Tome; d'autres allrent au Paraguay; nous ne lessuivrons pas dans la rpublique voisine qui a fait aussi et qui

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    D E LA R E P U B L I Q U E A R G E N T I N E 51continue faire des efforls pour attir er l'imm igration t ra ngre.Retournons donc sur nos pas pour parler des colonies quenous n'avons fait que mentionner en passant ; par coloniesil faut entendre au ssi.to us les centres agricoles et les ter rains colonisables.Retournons Monte Caseros.

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    ViConcordia, l lvrier 1888.

    L a v il le de M onte Caseros es t une cr at ion du g o u ve rn eu rJuan Pu jo l : ce t t e loca l i t se nommai t au t re fo i s Paso de Higos(passage du F igu ier ) ;e l le es t b ien t rac e, les ru es on t qua ra nt ev a r esd e l a r g e ; o n n ' a d o n c p as mar ch an d l ' e sp ace , co mmeon a fa it m al he ur eu se m en t dans tou tes l es v il l es d 'o r ig ineesp ag no le , fau te qui a eu de t r i s tes co ns q ue nc es au dou blepo in t de vu e des re l a t ions com m erc ia l es e t de l ' hyg in e .L e s i te de la v il le es t b ea u , p i t to res qu e, dan s une courbeque dcr it l e R io U ru gu ay , don t la nav iga t ion es t i n t e r rom pu een cet endroi t par des cordons de rochers e t des rapides ; i lest vis--vis de la pet i te vi l le or ientale de Santa Rosa et nonlo in du Cuareim, r iv ire qui dbouche dans l 'Uruguay et quispare l e Brs i l de l a R p ub l iqu e O r ien ta l e : par co ns q ue n tM onte Ca seros es t ou pe ut t re en re l a t ion c on t inu e a vect ro i s Eta l s .Ce qu 'on appe l l e Vegido de la vi l le , c 'est --dire le terrainde st in l ' ag r icu l tu re , a neu f l i eues ca r r es de superf ic ie ;c ' es t donc un des p lus tendus qui ex is tent . Le ter ra in es tsemblab le ce lu i de l 'En t re R ios , ondu l , de l a mme fo r m at io n , e t il con t inue t re a ins i j u sq u ' a u R io C or r i en tes ,au-dessus duquel i l ne para t pas avoi r la mme fer t i l i t .L e s chacras sont de onze madras e t un ne uv im e de cu a-d ra , ce qu i qu ivau t d ix -hu i t hec ta res so ixan te-qua to rzeares e t neuf cent iares .

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    U N E V I S I T E A U X C O L O N I E S S3Le p r ix es t de c inqu an te p i as t res na t io na les pay ab l es endeux fo is , da ns le t e rm e d 'un an , p lu s l a cond i t ion d pe up le r ,d 'enclore e t de cu l t iver dans le terme de s ix mois .M a l h eu r eu sem en t l e t e r r a i n a t accap a r en g r an d e p a r t ie par des spculateurs qui en ont fai t des potreros : onappel l e a ins i de s enclo s po ur l ' leva ge des an im a ux ; l amu n i c i p a l i t s'est pr te cet te spc ula t ion qui pr s en tes t un obs tac le s r i eu x , l a comm e a i l l eu r s , au pe up lem en tdu pays .Cela es t d 'a u ta nt p l us fcheux que le ter ra in de M onteCa seros conv ien t po ur l a c u l tu re des cra l es , des p l an teso l ag in eu ses , de l a po m m e de t e r re , de tous les l g um es .Depu i s m a v i s i t e , l e go uv er ne m en t p rov inc ia l a d p r en dr ed es m es u r e s p o u r r em d i e r au x ab u s q u e j ' a i s i g n a l s p l u shau t e t r endre l a t e r re l a p roduct ion agr i co le p roprement

    di te .Dans l ' eg ido de Monte Caseros j ' a i t rouv un ex-mar inf rana i s , B re ton , qu i a ab an do nn l a car r i re ha sard eu se del 'Ocan po ur se vou er l ' a gr icu l tu re : il a ic i un e ferme decinquante cuadras e t semble sat i s fa i t de sa posi t ion : i l ne sep la in t que du m an q ue de dbo uch s pou r ses p ro d u i t s ; l ech em i n d e fe r p r o l o n g v a ch a n g e r t o u t ce l a . L ' U r u g u a yn ' t an t nav igab le dans tou t son cou rs que par l es ha u te s c r ue s ,pr iodiques i l es t vrai , l a voie fer re ta i t abso lument nces-na i re pour donner l a v i e e t l e mouvement ces con t res enque lq ue so r t e spa res du m on de pa r l a d i s t ance e t l es obs t ac les na tu re l s .

    D an s l e m m e eg ido , p rs du po r t de Ceibo , j ' a i vu u nau t re ag r i cu l t e u r , I t a l i en ce lu i -c i , J . -R . R ich in i ; il a uneferme de cinq ce nts v ar es de ct, il cul t ive le m a s,la po m m e de t e r re , l a pa ta t e , l e m elo n , l a pa s t q ue , l e m a nioc , l 'o ignon et aus s i la lu ze rn e, e t il env oie la p l up ar tdes ses p rodu i t s l 'U ru gu ay an a . I l p l a n te auss i l a v ig ne .I l n 'y a que deux ans qu ' i l est venu ici , et i l a une grande

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    54 l ' N E V I S I T E A U X C O L O N I E Smaison on b r iques de t r en te -doux vares de long , avec to i t der o s e a u x (Gynerium argenteam), un pu i ls qui lui a co tt ro i s ce n t s .p i a s t re s , un e p resse po ur l a lu zer ne , un g ra ndco rral (en ce inte pal issad e) on fil de fer ; la ch ac ra estau ssi enc los e ave c des pie ux do g u a nd u b a y et du f il d e fer.Bref, i l es t d an s un e pos i t ion f lor i ssante . A jou ton s qu ' i l esLmar i avec une femme de la province e t qu ' i l a c inq enfants .Do ce c ro i sement des r aces e t des peup les i l r su l t e ra uneg n r a t i o n l ab o r i eu se e t en t r ep r en an t e q u i r en o u v e l l e r ala face de cet te terre, en fondant des vi l les et des vi l lages surces dser t s de p ra i r i es in t e r m ina b le s , don t l a m on oton ie etla so l i tude vei l len t .des sent iments d ' invincib le mlancol ieda ns l ' m e du vo ya ge ur qu i les pa rc ou r t . I l suffit de q ue lq ue sja rd ins , de que lques vergers , do que lques bosquet s parspo ur c ha n ge r l 'asp ect de cos col l ines et en faire u n paysage,p i t t o r e s q u e .L e campo do M onte C asero s e t des en vi r on s conv ientau s s i p a r f a i t emen t p o u r l ' l ev ag e . Qu e l q u es estanciers ontco m m en c r af fin e r l es r ace s , en t r e au t r e s MM. l l e r m e n e -gi ldo Gomez et Saenz Val iente .De Monte Caseros nous repassons Villa Libertad.

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    VIIColomb, le 22 fvrier 1888.

    Vil la Liber tac l es t un e co lonie fonde pa r le go uv er n em en tn a t i o n a l d ' acco rd av ec l e g o u v er n em en t d ' E n t r e R i o s , su r u nt e r r a i n ap p a r t en an t ce tt e p r o v i n ce .Du t em ps du g n ra l Urqu iza , l a p rov inc e possd a i t de uxg r a n d e s estancias q u e le g o u v e r n e m e n t a d m i n i s t ra i t d i r e c tement , ce l le de Las Conchas su r l e s b o r d s d u Pa r an a , au xenv i rons de l a Villa Urquiza, et cel le du Mandisoby ouMocorela o se t rou ve ac tue l l em ent l a Vi l l a L ibe r t ad . La der n ire comprenai t tout le ter ra in compris en t re le MandisobyChico , l e M ocore la , l e R io U rug ua y e t une l i gne de d m ar cat ion six ou sept l ieues l 'ouest de cet te r ivire.

    En 1872 l a chambre des dpu ts de ' l a p rov ince rso lu t decon sac rer ce t e r ra in l a co lon i sa t ion ; mai s l e p ro je t nereu t pas d 'ex cu t ion cau se de la g ue rre c iv ile qui c la tal ' an n e su i v an t e .Eu 187G le C on gr s na t io na l vo ta la loi de c ol on isa t ion .Po u r la m e t t r e en p r a t i q u e , l e g o u v er n em en t n a t i o n a l d em an d ad es t e r r a i n s au x g o u v er n emen t s p r o v i n c i au x , p a r ce q u ' i l n ' enavai t pas lu i -mme de d isponib les cet te poque : i l s ta ienta l o r s au p o u v o i r d es I n d i en s . Le g o u v er n emen t d ' En t r e R i o sl i t une rponse jalTi rmal ive : i l o f f r i t l es ter ra ins du Mocoretae t d ' au t r e s t e r r a i n s ] s r j l a r i v e d u P a r an a , ^ e u x o l ' o ndevai t fonder kv 'colonie Alvear. i

    La co lonie Villa Libertad e s t y d o n c1ce qu 'o n appe l l e , u n e

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    SB U N E V I S I T E A U X C O L O N I E Scolo nie of l ic ie lle . L es c inq ua nte pr em ir es fami l les y furentins ta l l es le 26 avr i l 1876 pa r M. Sal ter i son pr em ieradmin i s t r a t eu r . P lus t a rd e l l e fu t admin i s t r e par MM. Pau lS t amp a , Mamb r o n i e t Te l emaco Go n za l ez .Po s t r i eu r emen t o n su p p r i ma l ' ad mi n i s t r a t i o n n a t i o n a l eet la co lonie fu t l ivre au gouvernement provincia l , qui y es trep rse n t par un ju g e de pa ix e t co m m issa i re . L ' ac t ion dugo uv er ne m en t g n ra l n e s 'y fa it se n t i r que par l es app ar i t ions pr iodiques de l ' inspecteur des co lonies , qui v ientrecouvrer l es sommes ' dues par l es co lons . Le ter ra in m es ur e t subdiv is po ur cette co lon ie , d itM. C ay eta no R ipol l , chef du bu re au de s ta t i s t ique de laprovince d ' E nt r e R ios , da ns le l ivre qu ' i l a pu bl i (1888) ,comprend 11 .120 bec la res , 50 a res . Les ch ac ras ont un e superficie de 25 cu ad ras ca r r es ,so i t 42 hectares , 18 ares , 75 cent iares . Le ce ntr e de la colonie n 'e st q u ' t rois l ieue s du RioU ru gu ay . L e chem in de fer le t ra ve rs e e t il y a la s ta t ionChajari. Cel le-ci e s ta 100 ki l om tre s de la vi l le de C on co rdia, 2 5 d e Fd r a t i o n . Le ter ra in de la co lonie es t ondul comme celu i de toutel a p rov ince . Le ru isseau Chajar i qui la t raverse , coule du nord ausud, le San Gabriel du sud l 'est . Au nord e t au sud-es t i l y a deux aut res pet i t s ru i sseau x . En cre us an t des pu i t s , on t rou ve l ' eau de 8 16 m t re5de p ro fondeur .

    L a pop ulat ion ac tue l l e s ' lve 'S.MO p e r so n n e s , d o n t1780 du sexe mascul in e t 1.690 du sexe f m inin . Le s ru es ont t ren te m t r es de la rge sauf deu x qui en on tc inquan te e t qu i par t agen t l a co lon ie en qua t re par t i es ga les .Au cent re de la co lonie on a rserv un ter ra in pour lev i l l age . L , l es rues n 'on t que v ing t mt res .

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    DK L RPUBLIQUE AR G E N T I N E :;7Il y a un t e r ra i n rs erv po ur l ' l a rg i sse m en t de l a co lo nie , qu i com pren d p l us de onze mi l l e cen t v ing t he c ta re s :i l se rai t p l us exa ct de dire qu ' i l est dj l ivr la co lo nis a

    t ion , car i l forme, du moins en par t ie , l a co lonie d i te duSauce (Saule) s i tue au sud de la pr c de nte e t de s t in ea u x fils du pays, qui p ar sui te de la rect i f icat ion des pr o -pr it s de la prov inc e se so nt t ro uv s sa ns foyer : i l y adeu x cen ts fami l les , m ais ce l les-ci n 'o n t pas re u d 'a va nc esen v iv res , i ns t ru m en t s de t r ava i l e t an im au x , com m e lesco lons europens .Cet te co lonie du Sauce a t ro i s ans d 'ex is tence.P l us a u ' sud , en t re l es deu x Man di sobys , un Su i sse ,M. R oh rer , a fond su r sa p rop r i t un e au t re co lon ie qu 'onappe l l e l a co lon ie a l l emande .J ' a i no m m le ce nt r e de la co lo nie : i l y a dj l ung r an d n o m b r e de b t i m en t s , en t r e au t r e s l a m a i so n q u i d o it t r e l a r s i a t enco des au to r i t s , l a mai son du commissa i re e tju ge de pa ix , l a m ai son d ' co le , l a c as ern e , l a m ai so n despos tes e t t l g ra ph es , l a chape l l e qu i n ' e s t e nco re qu 'u nrancho (1888); mais i l est quest ion d 'en bt i r une deplus de val eu r . A deux l ieu es p lu s l ' es t , au cent re de laco lon ie Nouvelle, com m e on l ' appe l l e , l es co lons en on t b t iune au t re qu i a d co ter t r en te mi l l e p i as t res .To us ces co lons son t t r s dvo t s : il s ne m a n q u e n t j am ai sune crm onie re l ig i euse : au m om en t o j e passa i s i lsvena ien t de fa ire un t l g ram m e au pape pou r lu i sou hai t e rl a b o n n e an n e .La p l up ar t des f ami l les son t i t a l i enne s , de la L om ba rd ie ,de la Vnt ie et du Tyrol i ta l ien : i l y avai t , i l y a un an, unedouza ine de fami l l es a l l em an de s , d ix f rana i ses e t sep t e s p a g n o l e s .En ver tu de l a loi de co lon i sa t ion l es cen t p rem ires f am i l l eson t r eu g ra tu i t e m en t l e t e r ra in . M. Sa l t e r i ass u re qu ' i l yen a eu m m o d av an t ag e .

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    58 U N E V I S I T E A U X C O L O N I E SEl les on t reu en ou t re deux bufs de la bo ur , une vacb ela i t i re , u r cheva l , un e ch ar r ue , des ins t ru m en t s a ra to i res ,e t a u t re s ou t i l s , des sem enc es et l a no ur r i tu re , qu i se com

    posai t de far ine de bl, de mas, de biscui t et de viande.Malheureusement pour l es co lons , l es sau tere l l es e t l a scheresse v in ren t l es tourmenter pendan t l es t ro i s p remiresan n es : il f al lut donc p ro l ong er l e r a t io nn em en t , ce qu i a u g men t a l eu r d e t t e .Le s pr inc ipal es cu l tu res de la co lonie son t le b l , l e m a s ,la po m m e de te r re , l a pa ta te g ra nd e et pe t i te , l e r ic in , l ' a rach ide . On cu l t ive l es deux dern i res p lan tes su r une g randeche l l e pour l es m ou l ins hu i l e de Co nco rd ia . La cu l tu redu r i c in a t encourage su r tou t par M. Ol iv i e r Budge ,ad m in is t ra teu r du chem in de fer de l 'E s t , qui a fou rni lasemence aux co lons , e t par M. Demachy .Le t e r r a in de Vi l la L iber t ad conv ien t m ieux po ur l esp lan tes o lag ineuses que pour l e f roment , car i l es t gnra le m en t sab lon neu x ; m ai s dan s l es bas - fonds hum ides le m a sv i e n t a d m i r a b l e m e n t .L es co lo ns ont enclos leu rs c on ces s ion s avec du fil de fer,ce qu i ca use u ne assez forte d pe ns e : car il faut p ou r celaqu at re qu in ta ux e t c inq cen t s p i e ux ; on va lue l e tou t 450 p ias t res na l iona les . ' jOu an t l a concess ion e l l e -m m e,e l l eva ut 1 .000 p ia s t re s na t ion al es . Le s co lon s de Vi l la L ibe r tad l ve n t aus s i bea uco up de b les c o rn es , m ai s il s n ' on tpas t an t de pou l es que ceux de Co lom b, parce qu ' i l s n ' o n tpas l e m m e db ouc h , c ' es t - -d i re tous l es nav i res qu imonten t ou descenden t l a r iv i re . Leur march eux , c ' es tla vi l le de Co nco rdia et le ch em in do fer Lavec l ' impor tan testat ion de Chajar i .

    J ' ai visi t dive rs co lo ns des diffrentes na t ion al i ts quico m po sen t l a co lon ie ; j ' a i en ten du des co n ten t s e t desm c o n t e n t s .a

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    60 UNE V ISI TE AUX CO LON IESC'es t sa femme qui nous reoi t . Le mar i es t absent , l afemm e es t p lus co n ten te que l e m ar i qu i vo ud ra i t a l l e ra i l l eu r s .Su r u n e t ab l e j ' ap e r o i s le Jura, j o u r n a l d e P o r e n t r u y ,qu 'un ami de Su i sse lu i envo ie . La cur ios i t me pousse h lel i r e , car il y a lo ng tem ps que j e ne vo i s de jo u rn au x f rana is ; j ' y t rou ve un a r t i c l e in t i tu l : A qui sera l'Europe ?L 'a u t eu r de l 'a r t i c l e a r r ive ce t t e conc lus ion : ou au x G er m ains a ids de s M agyars ou a ux S lav es a ids des La t ins ?

    Le fa i t es t qu 'une lu t t e g igan tesque se p rpare .Qu ' e s t - ce q u e l a g u e r r e ? d em an d a i t Nap o l o n , l e g r a n dgu er r i e r . E t il r po nd ai t l u i -m m e : U n j eu ba rba re otou t le tale nt co nsiste t re le p lu s for t su r un po int u nm o m e n t d o n n . P o u r q u o i l e sjoueurs barbares d 'Europe , au l i eu de chercher s ' ex t e r m i n e r r c i p r o q u em en t , n e v i en n e n t - i l s p as p eu p l e rl es dser t s de l 'Amr ique du Sud ?D ard in n ' e s t pas un co lon , p r op re m en t par l e r ; c 'es t unja rd in ie r de Co nco rdia qui a tab l i h Villa Libertad u n eg r an d e f e r me q u i e s t en mme t emp s u n g r an d v e r g e r . I l ya p lan t tou te espce d ' a rb res f ru i t i e r s e t d ' o rnement p lus unvignoble qui compte dj (1888) p lus de t ren te mi l le p lantesde la v igne d i te de Lorda.I l a de ux co nce ss ion s ; son fils d i t que l es co lon s n ' a im en tpas assez l ' a rbo r i cu l tu re . Le s p re m ier s qu i son t ve nu s on t dfa ire l ' ap pre n t i s sa ge de l ' ag r i cu l tu r e ; il faud ra i t un e fe rmem odl e da ns tou te s l es co lon ies e t un d i rec teur ag ro no m e,ou tou t au m oins des insp ec teu rs d ' ag r i cu l tu re qu i v inss en tpr io d iqu em ent do nn er des ind ica t ions e t fa ire des confr en ces .SchafLenhoffer es t un Al lemand mar i avec une Suissesse ;i l t i en t las ta t ion Chajar i l ' h te l Cosmopolite, don t l ' en se ign eann on ce qu 'on y par l e tou te s l es l a ng ue s ; il a auss i qu a t reco n ce ss i o n s p l u s u n e b o u c h e r i e , u n e ch a r cu t e r i e e t u n e

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    DE LA R E P U B L I Q U E A R G E N T I N E Blb o u l an g e r i e . Sa cu i s in e p eu t t r e r eco m m an d e au x v o y a ge urs ; il a auss i de bo nn es vo i tu re s e t d ' exce l l en t s che vau xavec l esq ue l s on pe u t p arc ou r i r r ap ide m en t tou te l a co lon ie .

    M. Doze ,estanclero f ranais de Con cordia , a co ns t ru i t u nmoul in vapeur ce t t e mme s t a t ion ; i l a une estancia, l ' e s t de l co lon ie , su r l es bords de l 'Uruguay .L a s ta t ion Ch ajar i est l e poin t d 'ar r iv e des ch arr et te s quiv ie nn en t de l ' in tr ieu r de la pro vinc e d 'E nt re R ios e t de ce l lede Co r r i en tes , ap po r t an t d u bo i s e t des m arc ha nd i se s . C ' es tauss i l e po in t de d pa r t d ' u ne d i l i gence qu i m n e SanJos de Fel ic iano et la Paz.Deu x l i eue s au nord on t ro uv e l e saladero du Mocore ta .Comme on voi t , l a Vi l la Liber tad joui t d 'une posi t iona v a n t a g e u s e .

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    VI I IColomb, le 23 fvrier 1888.

    L a co lon ie a l l e m an de , don t j ' a i par l p l us j i au t , a t fondepa r |M. M ichel R oh re r , c i toyen su i sse du ca n ton de Sa in l -Gal l , p ro pr i t a i re d 'un e es t anc ia s i tue en t re l es d eux Man-d i sobys . I l n ' a t ab l i j us qu ' p rs en t qu 'un e v ing ta ine defami l l es , mai s i l se p ropose d ' en met t re davan tage e t deco lon i ser success ivement tou t son t e r ra in ; e l l es son t eng r a n d e p a r t i e a l l e m a n d e s .Ses concess ions son t de v ing t -qua t re cuadrs de cen t c in quan te vares : chaque fami l l e peu t ache ter l e nombre qu ' e l l ejuge convenable ra i son de d ix p ias t res la cuadra e t s ixan s d e t e r m e . Ce tt e d i men s i o n q u i v au t t r en t e - sep t h ec t a r es , d o u ze a r e s , v i n g t - h u i t cen t i a r e s . Les co l o n s p eu v en tpr en dr e g ra tu i te m en t le bois de chauffage da ns la fort dupr o pr i ta i re ; i l s y ont pr i s aus s i le bois de co nst ru ct ionn ces sa i r e .

    L a co lon ie a un e m aiso n d 'co le bt ie e t don n e p ar lep ropr i t a i re ; l ' i n s t i t u t eu r es t pay par l es pres de fami l l e .La mai son du ma t re es t su r un po in t cu lminan t d 'o l ' onaperoi t l a pet i te v i l le de Fdrat ion e t les puestos des es t au -c ias vo i s ines : on n om m e a ins i l es hab i t a t ions des be rge rsp rposs l a garde des t roupeaux . E l l e es t en toure d ' eucalyp tus ; e l l e a un be lv d er [mirador), u n j a r d i n , u n v e r g e r ,une c i terne, enf in toutes les commodi ts du confort m o d e r n e .Les a l l es du ja rd in e t du ve rg er , a ins i que les env i ron s de

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    UNE VIS ITE AUX COLO NIES 63l a m ais on sont orn s de ces cu r ieu se s pt r i f icat ions de boisque l 'on t rouve tout pas dans les ru isseaux des r ives del 'Uruguay, e t qui ont par fo is des d imensions co lossa les , dest ro n cs d e s au l e s , d e g n an d u b a y s , d e p a l m i e r s e t au t r e sa r b r es .

    J ' ai t rouv dans ce t t e co lon ie un ind iv idu no m m Ge r lach ,qu i sa it f a ir e des the rm om t r es e t des ba ro m t re s , deu xse l l i e r s , un fo rgeron , doux ch arp en t i e r s , un j a rd in ie r ,un scu lp teur , du nom de R ei se nw eb er : J ' t a i s a r t i s t e au t re fois, m 'a - t - i l d it , p rsen t j e su i s ag r i cu l t e u r , j e con du i sla ch ar ru e . I l a p l an t t ro is m i l l e ceps de v ig ne .

    L'egido d e F d r a t i o n p eu t t r e co n s i d r co m m e u n eco lon ie , d ' au tan t m ieu x qu ' i l es t que s t ion de l ' t end re c ons id rab l em ent , g rce l ' ac t ion per s vra n te des au to r i t slocales e t su r to ut de la m un icip al i t . J ' y a i v i s i t u n v ie uxFr an a i s s ep t u ag n a i r e , ma i s v i g o u r eu x en co r e , d u n o m d eDuvivier qui a un grand tab l i ssement agr ico le , o i l cu l t ivesur to ut la luze rne e t lv e un g ra nd no m br e de btes cornes ; l es I t a l i ens Ravena e t Gambino qu i on t en t repr i s l acu l tu re de l a v igne su r u n e g ra nd e che l l e : l e p re m ier fu tu n co m p ag n o n d ' a r mes d e Gar i b a l d i ; P ed r o V i r t u , g a l e m en t I t a l ien et v i t i cu l t eu r , Fe r d i n a n d L ed er l i , F r a n a i sd 'Alsace, e t co lon d 'Algr ie , qui fa i t auss i de la v i t icu l ture e tde la dist i l ler ie, et s ix autres chefs de famil le alsaciens; enfinBeni to Sfuerzo, I tal ien de "Venise. Cet ho m m e arr iv p au v reil y a q ua tre (cri t e n 1888) a dj tro is chacras de qua t recents vares de ct chacune, o i l cu l t ive le mas , l ' a rachide,l e r i c in , l a pomme de t e r re , l es l gumes e t l a v igne .

    L a m unic ipa l i t a ve ndu l a com pag n ie F IndustrielleEntreriana t ro is cen t c in qu an te cuad ras cond i t ion d 'yp la nter la v igne e t d ive rs au t re s pro pr i ta i res p l us de s ixcen ts cu ad r as p o u r l e s co n sac r e r g a l e m en t l ' ag r i c u l t u r e .Enfin el le a pa ss u n c on tra t (24 fvrier 1887) ave c

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    64 UNE VIS ITE AUX CO LO NI ES .MM. CarmeJo Crespo et C i,: pour la colonisation des cinqlieues carres destines l 'agrandissement deYegidode Fd ration.

    La ville de Concordia, Lien que plus importante que cellede Fdration, n'a, pour ainsi dire, pas d'egido; elle estentoure de grand s p rop ritaires , de sorte qu'elle ne peu ttendre ses cultures ;m ais depuis ma visite il parait que ceux-ci se sont dcids coloniser leurs vastes domaines etd'autre part, le gouvernement national a fait l 'acquisitiond'une vaste estancia, celle de Yerua, non loin et au sud decelte ville, pour la destiner la colonisation. C'est une surface de seize lieues carres qui va se couvrir d'agric ul teu rs,et dont la position privilgie sur l'U ruguay offre de gran dsavantages l ' immigration laborieuse.La province d'Entre Rios ne laisse rien dsirer sous cerapport; c 'est une coupe d'or, disent ses voisins eux-mmes.

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    IXConception de l 'Uruguay, le 4 mars 1888.

    R edescendant le rio U rugu ay, nous trouvons le dpartem en t de ce nom, dont le chef-lieu fut autrefois la capitale dela province, ce dpartem ent a des colonies dont je vais parler prsent.La plus importante est la colonie aseros. Elle a tfonde en 1874 par Mmc Dolores C. de Urquiza, veuve dugnral de ce nom, gouverneur de la province pendantlong temps et prsident de la Confdration Argen tine. Elleest situe entre la maison de campagne btie par le dfuntgnral sur la rive gauche du Gualcguaychu et Yegido deConception. On lui a donn le nom de Caseros en com mmoration de la clbre bataille (3 fvrier 1852) qui mitfin la dictature de R osas sur les contres pla tennes etqui fut gagne par le gnral Urquiza, gnralissime destroupes argentines, orientales et brsiliennes coalises. C'estde celte poque que date la rorg anisa tion de la R publ iqueArgentine; car elle fut le point de dpart de la constitu tionqui la rgit actue llem ent, celle-ci ayant t prom ulg ueen 1853 et rforme en i860.D 'aprs le contra t de colonisation, chaque famille ou association de colons deva it recevoir une concession de vingt-cinq hectares, quatre bufs de labour, deux vaches laitires,un cheval ou une jum en t dress, la no urritu re pendant uneanne; les instruments indispensables de labour, dont le

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    66 UNE V IS IT E AUX CO LON IESmontant nanmoins ne pouvait excder la somme de soixante-dix piastres fortes par famille.Le prix fix pour chaque concession dans la premireanne tait de trois cent cinquante piastres fortes, quidevaient tre payes dans le terme de trois ans, sauf lecas de force m ajeure, avec l'in trt de dix pour cent ds lecommencement de la seconde anne de l 'installation.Sur ce prix il tait fait un rabais de cinquante piastresfortes aux familles qui ne demanderaient pas d'avances et unede dix-huit pou r cent celles qui payeraien t la val eur duterrain au comptant.Ls familles ou socits de colons pouvaient affermer uneconcession ct de celle qu'elles recevaient pour deux piastres fortes par mois et elles pouvaient l'acqurir au mme prixque la prem ire ds qu'ell es au raien t acquitt celle-ci dansle terme fix; enfin elles pouvaient obtenir une troisime concession la condition de la payer dans le term e et auxconditions dtermines, au prix que vaudraient les concessions l'poque o elles la demanderaient aprs avoiracquitt le montant de la premire.Toutes les avances faites aux colons, mises en comptecou rant, devaient rap po rter dix pour cent, ds le commencement de la seconde anne de l 'installation.Les frais d'arpentage et la clture gnrale de la colonie(un enclos qui devait tre tabli pour la garantir contre lestroupeaux des estancias voisines) taient au com pte de lapropritaire.Pe nd an t qua tre ans les colons devaient tre exempts detoute espce d'impts et de contributions.Ils avaient droit recevoir pendant la premire anne gratuitement le bois de chauffage ncessaire et les roseaux pourla toiture de leurs habitations;on leu r vendait prix m odiquele bois ncessaire pour btir, faire les corrales (enceintespalissades o l'on enferme le btail), et les cltures. La

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    DE LA R P U B L I Q U E A R G E N T I N E 61prop ritaire s'engageait tablir au pal ais de San Jos (lamaison du gnral) une cole gratuite et fournir un prtrepour le service du culte, ainsi qu'un mdecin et la pharmacie, mais il tait entendu que les services du prlre et dumdecin, de mm e que le m on tant des mdecines, taient la charge des colons.

    Telles taient les clauses du con trat primitif : quelques-un es ne laissaient pas que d'tre on reuses ; l 'exprience m on tr a la ncessit de les modifier, d'autant plus q u'il s'taitprsent des cas de force majeure, tels que l'apparition de lasauterelle et le retard fournir aux colons les avances ncessaires, retard qui les avait mis dans l 'impossibilit de travailler ds le com m encem ent et qui leur avait fait perd re dutemps.

    Enfin les clauses du contrat furent modifies, grce l'intervention de la com mission d'imm igration de la ville voisine,et la prosprit de la colonie fut dfinitivement assure par ladisparition des causes de dcouragem en t. On fit des rabaisdans les intrts aux familles et on leur accorda des facilitspour le payement.La colonie comptait au m om ent de m a visite deux centsoixante-dix-huit familles, plus un grand nombre de mtayers,de m anire qu'on calculait sa popu lation totale deux millem es environ. L a plu part sont italiennes, venues directement la colonie ; les au tre s sont franaises, savoisiennes surtout, et appa rtenaien t autrefois la colonie San Jos. Enfinil y en a des autres dpartem ents franais ; il y a des Su isses ,un Irlandais ; i l n 'y a pas d'Allemands.Ces familles occupent une tendue de cinq cent soix ante -huit concessions de 25 h ec ta re s; il en est par co nsquentbeaucoup qui ont plus d'une concession ; par exemple Am-broise R ichard en a huit, son frre Louis en a deux ; son

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    68 UNE VI SIT E AUX CO LO NIE Sau tre frre Frano is en a cinq, et ainsi de suite. Avec desemb lables prop rits on peu t faire de l 'agr icu ltu re su r un egran de chelle et des essais varis ; cependan t ju squ' prsentles colons de Caseros n'ont gure sem que du bl et du mas ;ils ava ient aussi essay la cullure du lin, mais il semblequ'ils y aient renonc.Un jardinier franais, nomm Franois Charles, s'tait mis-cultiver la ramie, cette plante textile dont on a tant parldans ces derniers temps ; mais ils'estdcourag, non pas quela plante ne donne pas de bons rsultats, mais parce qu'on n'apas encore trouv de procd mcanique pour la decortication de la tige. Cependant des agronomes intelligents recommandent cette culture aux colons d'Alger ; on a cherchaussi l 'introdu ire dans le Chaco, comm e nousle verrons plusloin.

    La colonie est arrose par le ruisseau de San ta Ana et leCardoso qui se runissen t pou r former le ruisseau del Mo linoainsi nomm parce qu'il y avait eu autrefois un moulin,du temps du roi, dit la trad ition loca le, il fut emportpar une crue d'eau et par d'autres petits ruisseau x oum arais . Elle est aussi trave rse pa r le chemin de fer de,l 'U ruguay au Para na qui y a une station : il faut observ ertoutefois que la plupart des fermes se trouvent au nord dela ligne.Le terrain est ondul comme toute la Msopotamie argent i ne ; la terre argilo-sableuse, gn ralem ent no irtre, faitpenser la terre noire de la R ussie m ridionale, renom m epour son extraordinaire fertilit. Telles sont d'ailleurs toutesles terres du centre de la province : il ne manqu e l 'EntreRios que des voies de communication et des transportsfaciles pour devenir l 'un des gre nie rs de l 'Am rique du Sud .

    Le palais deSa?i Jos, dont j' a i parl plus hau t, est situ

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    DE LA R P U BL IQU E AR GEN TINE 69dans une posilion excentrique relativement la colonie, puisqu'il est l 'ouest ; par consquent il ne pouvait servir pourle service public ; il a donc fallu construire un village sur unpoint central : celui-ci se compose de cinquante cuadras de87 97 m tres de ct et d'u ne place qui a i4 0 mtres del'est l'ouest et 100 mtres du nord au sud et qui estentoure d'un boulevard de 50 mtres de large.C'est l qu 'on a bti ou qu'on va btir une glise, la m ai son de police, la maison de la municipalit, l 'hpital, l 'coleet au tre s difices pub lics. 11 y a aussi un gra nd b tim entnomm leGalpon (hangar), quiest la fois maison d'administration, de commerce et d'entrept pour les machines el lesproduits de la colonie ; il peut contenir jusqu' 7,000 fane-gai de bl; il est sur un point rela tivem ent lev, d'ola vue em brasse le panoram a de la colonie, et est vu lu i-mme des distances considrables.Les rues de la colonie ont vingt mtres de large, sauf deuxqui en ont cinquan te ; la plus centrale, qui mne dupuesto ditSan Cipriano l'entre de la colonie au palais de San Jos,a une longueur de dix-huit mille cinq cents mtres.Les artisans, les charpentiers, les menuisiers, les forgerons, les charrons et autres mtiers ncessaires tout centrede popu lation s'tablissent dans le village et y btissen tdes maisons plus ou moins spacieuses, plus ou moinslgantes.

    Le palais de San Jos a perdu de son importan ce depuis lam or t du gnral Urquiza, qui en avait fait sa rsidencecontinuelle, car il n'est pas habit la plupart du temps ; maisc'est un btiment qui ne m anq ue pas d'originalit et qui m rite d'tre visit pour les souvenirs qu'il rappelle. Il est formde trois grand s corps de b tim en t spars l 'un de l 'au tre pardes cours intrieures [patios) et d 'une chapell e coupole ;deux belvders [miradors), qui ressemblent des clocher?,

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    70 U N E V I S I T E A U X C O L O N I E Sornent la facade tourne vers le so le i l l evant . Cela donne aupa la i s l ' app aren ce d 'un cou ven t . Il est en tou r d 'u n j a rd ino l ' on a p l an t tou le espce d ' a rb res f ru it ie r s e t d ' o rne m en t ,d es o r an g e r s , d es b an an i e r s , d es p o i r i e r s , d es p o mmi er s , d espchei ' s , des abr icot iers tendus en espal iers le long desm u r s .

    Le g n r a l a i ma i t b eau co u p l ' a r b o r i cu l t u r e e t l ' ag r i cu l t u r e ;i l av ai t fait to us ses effor ts p o ur les p ro p ag er da ns sa pr ovince ; i l do nn ai t vo lo nt iers e t en vo ya i t des p l an tes e t desgr ain es de tou s cts ; il se va nta i t d ' avoi r en seig n l ' a gr i cu l tu re ses compat r io t es coups de b ton , car , avan t lu i ,d i sa i t - i l , l eu r nour r i tu re t a i t exc lus ivement an imale ; i l s nem an ge aie n t que de l a v i ande , e t i ls t ua ie n t un e va ch e pourlu i co up er l a l an gu e ou d tac he r de ses l i anes un m orc eaude r t i qu 'o n fa isai t cu i re da ns sa pe a u . C 'es t Yasado concuero, l e met s de p rd i l ec t ion du paysan a rgen t in . La v iande ta i t si ab on da n te a lo r s qu 'on a ba nd on na i t l e r es l e de l ' a n i mal aux ch iens e t aux o i seaux de p ro ie . Urqu iza coupa cour t ce gasp i l l age en a r r t an t qu 'on ne pour ra i t aba t t r e unette de btai l san s la pe rm iss io n de l ' a u to r i t . J ' a i forc m esco m pa t r io tes t re r ic he s , d isai t - i l . E n effet la g u e rr e deCr im e , l e b locus des c tes de R uss i e v in re n t do nn er auxt ro up ea ux p la t ens un e va l eu r ex t rao rd in a i re . Ce fu t l e be aum o m e n t d e s estancieros; i ls s ' en r ichiss aien t san s r ien fa i re ,e t pour a ins i d i re en dormant la s ies te .

    A l 'oues t du chteau le gnra l avai t fa i t un grand verger ,qui ta it un e v r i tab le fort d 'ar bre s f ru i t iers ; co m m e l ' e aulu i manquai t , i l p r t endai t l ' a r roser au moyen d 'un l ac a r t i f i c ie l qu ' i l ta i t en t ra in de co ns t ru i r e l or sq u ' i l pr i t de m or tv io lente le M av ri l 1870 se pt h eu re s et dem ie du soir ,ass ai l l i et tu da ns son p ro p re do m ici l e. A cet effet il faisaitve n i r l ' eau d 'un e l ag un e s i tue dan s l e bo i s qu i avo i s ine l esbo rds du G ua lg ua yc hu ; pour ce la il l u i f al l ait un e m ach ine va pe ur qu ' i l ava i t co m m an d e , d i t -on . Lu i m or t , l e bass in ,

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    D E L A R P U B L I Q U E A R G E N T I N E 71creus g rands f ra i s , s'est d es sch ; pour mieux d i re , i ln ' av a i t j am ai s t r em pl i .L e ch t ea u , le lac , l e ve rge r , l e ja rd in , tou t ce la ava i tco t des mi l l ion s : m ais tout ce la au fond n 'a va i t pas de va le ur re l le , ou devai t en pe rd re u ne gr an d e pa r t ie aprs lad ispar i t ion du propr i ta i re , car i l fa l la i t une for tune considrab le pour l ' en t re t en i r su r l e mme p ied .

    L ' in t r i eu r t a i t e t es t enco re m eu b l avec luxe : on y re marque su r tou t l a chambre funra i re , o l e gnra l t omba l esar m e s la m ain e t dont sa veu ve a fait u ne ch a pe l l e . Mais leca da vre n ' es t pas Jo s : il a l ens eve l i da ns l ' g l i se deConcept ion de l 'Uruguay, que le gnra l avai t fa i t bt i r .

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    Parana, le 18 mars 1888.Je ne puis quitter les rives de l 'Uruguay sans dire un motde l'egido de Conception ainsi que de la colonie qu'on avaitessay d'y fonder, el laque lle on avait donn le titre unpeu ambitieux dePerfection. Puisque j 'cris l 'histoire de lacolonisation, il faut parler de tous les essais qui ont t faitsdans ce sens.La banque d'Entre Rios avait pris l'initiative de celui-ci : cet effet, elle avait pass un contrat avec un citoyen espagno l, M. Vives de Lara , pour l 'tablissement d'une centainede familles.Effectivement M. Vives en am ena une trentain e en 1874pour comm encer. M alheureusem ent pour lui, on prtend itqu'il tait socialiste : il voulait appliquer la mthode du travail coopratif l'exploitation de la colonie. Les conse illersmunicipaux de Conception et d'autres personnes combattirentl'ide. M. Vives fut limin; l'envoi des familles fut suspendu. Cela donna lieu un procs entre M. Vives et la Banq u e ; d'un autre ct les quelques familles qui taient venues

    ne semblaient pas possder les qualits requises pour l 'agriculture;enfin l' ten due des fermes concdes tait insuffisante. Toutes ces circonstances runies amenrent bienttla dissolution de la colonie ; les familles se disp ers ren tdans diverses d irections. Cependant, de cet essai de colonisation il est rest quelque chose : Yegidode Conception,

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    UNE V IS IT E AUX CO LON IES 73qui tait dj peupl en pa rtie, m on tre un grand nom bre dechacrashabites et cultives qui p rodu isent du m as, de laluzerne, des m elo ns, des p astques et toute espce de lgum es. On y voit aussi de nom breu x v erge rs et des pla ntations.Ons'est mis galement la viticulture.Entre les agronomes de cette dernire branche, je dois citer des Franais, MM. Hector C. d'Honval, de Saint-Genestet Moni.

    A Conception on trouve encore une distillerie importantefonde par M. Reibell (mdecin franais) et Ci0 et un moulin vapeur des frres Maury, dont nous avons dj vu le moulin eau l 'arroyo d'Urquiza.Au nord de l 'egido, un Espagnol, M. Jos Maria Barreiro,mort prsent, a aussi bti un moulin eau sur l 'arroyo delMolino.

    La colonisation va s'tendre le long du chemin de fer cent ral . Une loi de la province ordonne la formation d'une colonie chaque station. On met les prop ritaires du terr ainen demeure de coloniser eux-mmes, ou bien ils seront expropris.Passant la petite rivire du Gualeguaychu, on se trouve surles terrains de M. Blas Rivero, un estancier quis'est dj mis la colonisation en divisant son terrain en parcelles, qu'illivre des agriculteurs.La colonisation, le peuplement sont d'ailleurs ncessairespour donner de l'animation au chemin de fer, qui, sans cela,serait expos ne traverser que le vide du dsert argentin. Notre pay s, a dit le docteu r A lberdi, aute ur du prem ierprojet de constitution, est un dsert peupl par exception.

    Suivan t le chem in de fer, on arrive la station et lacolonieRocamora : c'est encore ici u ne colonie avorte , ou

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    74 U N E V I S I T E A U X C O L O N I E Sau m oins incom plte. Mais disons d'abord ce que c'taitque R ocam ora. R ocam ora tait un officier suprieu r de l'arme espagnole; quand le gouvernement de la Plata fut rigen vice-royaul, vers la fin du sicle dernier, Verliz, qui futle deuxime vice-roi, chargea Rocamora d'aller fonder despueblos dans la province d'Entre Rios; cette province n'avaitgure eu d'importance jusqu'alors aux yeux des conqurantsespagnols; il n'y avait pas mme bien longtemps que lesdern iers Indiens occupants du pays, les Minuanes, avaient textermins dans le parage appel aujourd'hui Victoria,et lesCharmas se promenaient encore sur les rives de l 'Uruguay .Rocamora remplit donc sa commission en jetant les fondem ents (1782) des villes de Gual eguay, Gualeguaychu etConception de l 'Uruguay : les deux premires taient situessur les rivires de ce nom ;la troisime su r un bras de l'Uruguay; elle a aussi port pendant longtemps le nom d'A?royode la China (ruisseau de l'Indienne mtisse) qui lui venaitde la rivire qui la limitait au sud et qui dbouche dansl 'Uruguay. -Paiions prsent de la colonie. Le 25 avril 1875, la Chambre lgislative d'Entre Rios vota une loi en vertu de laquellele pouvoir excutif tait au toris accorder un lot de ferme(suerte de chacra) toute famille nationale ou tran g re quila demanderait dans les colonies Villa Libertad ou Cala, actuel lement Rocamora.Ce nom de Cala a u ne certaine clbrit dans l'histoired'Entre Rios: cette localit fut pendant longtemps le campem en t de l'arm e d'Urquiza ; les soldats faisaient tour tou rl 'exercice militaire et de l 'agriculture.Les conditions d'obten tion se rduisa ient cul tiver et construire les btiments indispensables dans le terme de deuxans. Il se prsenta quelques dem andes, mais elles rest ren tsans effet.En prsence de ce rsultat ngatif, le gouvernement char-

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    DE LA R P U B L I Q U E A R G E N T I N E 75gea M. Ed oua rd Galles de la colonisation et de l 'adm inistration de la colonie Rocamora, en lui cdant tous ses droits : lacolonisation devait tre acheve dans le dlai de quatreans.Ceci se passaii en 1879 (20 septembre). Galles n'avait pasles qual its requises pou r une entreprise de cette natu re ,sans compter qu'il n'avait pas de capital.Cependant il parvint runir Buenos Aires une vingtaine de familles auxquelles il remit un titre provisoire depro pri t m oye nnant la somm e de deux cents francs. Il exigeaen outre vingt francs pour frais de voyage et pa rtit pourl'U rugu ay. On assure qu'il avait obtenu de la comm issiond'immigration le passage gratuit.A Conception le go uv ern em en t provincial lui fournitencore les m oyens de transp ort jus qu ' R ocamora o il installa provisoirement les vingt familles. Ensuite il donna unreu des somm es verses par les em igran ts, dem andanten change le titre provisoire qu'il avait rem is BuenosAires sous prtexte de parachever l 'acte devant notaire. Celafait, il partit pour Buenos Aires et ne revint plus.Les malheureuses familles tombrent dans l 'abandon leplus co m pl et; la plup art s'en allrent la colonie Cascros;d 'autres , Rosario duala .Quant M. Galles, il mourut assassin Buenos Aires en1883 par un des malheureux qu'il avait dpouills.Voyant que le contrat pass avec Galles ne recevait pasd'excution, le gouvernement procda sa rescision; il pensaalors aliner la colonie tout entire, mais il renona cetteide parce qu 'il y ava it su r son terr itoire des occupantstablis depuis 1853 avec l 'autorisa tion du prop ritaire prim itif que la dpossession aurait rduits la misre, et finalement il se dcida (14 fvrier 1884) au torise r de no uv ea u laconcession de lo ts de ferm e. Mais la confiance avait di sp aru;il se prsenta peu de demandes; le gouvernement se dcida

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    76 "UNE V IS IT E AUX CO LO M ES cder la colon ie M. Carmelo Crespo, la condition derespecter les droits acquis par les possesseurs.Ce qui domine Rocamora, c'est l 'lment crole, qui netravaille gure.La colonie se compose de cent lots de vingt cuadras carresde cent cinquante vares de ct, soit un peu plus de trente-trois hectares. La qualit du terrain est 'excellente pourl'ag ricul ture comme tou t le bassin du Gualeguay . La stationdu chemin de fer qui s'y trouve sert surtout pour l 'exploitation des forts voisines.Rocamora n'avait gure il y a un anplus de deux centcinquante habitants.

    La pueblo de Villaguay est situe douze ou treize lieuesde la station de R ocam ora, dans le triangle com pris entrela rivire de Gual eguay et le ruisseau Villaguay ct de lafort de Montiel, qui couvre une grande partie de la provin ce . Cette fort a eu dans le tem ps une assez mauvaiserputation, mais prsent la civilisation a pntr dans cerecoin ignor sur lequel on avait forg des lgende s plusou moins fantas tiques, et qui d'ailleu rs tait le repaireimpntrable des matreros, des m araud eurs, des outlaws,enfin de tous les bandits.Villaguay est le point le plus central de la province d'EntreRios; son egidoforme une vritab le colon ie, cre depuissept hu it ans par la municipa lit qu i, dans ce bu t, se miten rap po rt avec la commission centrale d'im m igration. Lescolons qui y prdo m inen t sont les Belges; ils peuvent trecompts parmi les meilleurs de la Rpublique Argentine. Il yi a auss i des familles suisses et franaises, venues de lacolonie de San Jos et de Conception de l'Uruguay; puis desfamilles italiennes, espagnoles et d'autres nationalits venuesdirectement et spontanment.Il y avait, lors de ma visite, une vingtaine de familles

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    18 U>iE V IS IT E AUX CO LO NIE Schagrine, c'est que dans sa famille on ne parle pas le franais.Toutes les cultures russissen t V illaguay , except lapomme de terre qui est poursuivie par la mouche grise (vichomoro). Le s colons se livrent la viticu ltu re et font du vin ;ils cultivent galement le tabac qui donne de bons rsultats :le tabac de "Villaguay a obtenu une mdaille d'or l'Exposition de Parana. Le bl rend trente et quarante pour cent. Laterr e est facile travaill er, l 'eau des puits est excel len te,bien qu'il faille la chercher aune profondeur de vingt trentevares; un puits ne cote gure plus de deux cent cinquantepiastres, et il suffit pour abreuver un troupeau de cent cinquante ttes.Les fermes (chacras) donnes au comm encement par lamunicipalit (1882) ont quatre cent soixante vares do ct;on en remettait deux chaque famille. Il est actuellem entquestion d'largir YEgido.Les colons belges sont catholiques.Il y a au nord de la colonie, deux lieues de la ville, unm oul in vapeu r de la force de vingt-cinq chevaux, btipar MM. Crespi et Cuesta, Espagnol le premier, Italien lesecond;il com munique avec la ville au moyen d'un tlphone.Ces messieurs ontaussi une boulangerie, une maison de commerce, un atelier de menuiserie et font de la culture sur unegran de chelle. Ce po int-l est destin devenir unc en tre depopulation, une espce de village. L'tablissement doit treclair la lumire lectrique; il y a aussi un service d'eauxcourantes.Tout cela prouve que le progrs a pntr jusqu'au curde la province.

    Au nord de Villaguay, entre cette ville et Concordia, oncommenait l 'poque de ma visite installer une colonieallemande, qui devaiL s'appeler la Nueva Germania ; elleaura deux lieues carres d'tendue; les concessions sont de

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    D E LA R P U B L I Q U E A R G E N T I N E 79vingt-cinq hectare s, dont les prem ires se vendaient raisonde cinq cents piastres nationales. Un de ses fondateurs estM. Germain Tjarks, directeur propritaire du journal allemand de Buenos Aires, laDeutsche La Plata Zeitung; il pen sait y attirer des colons russo-allemands, tablis dans laprovince de Bu enos A ires, et dans l 'E ntre R ios mm e. Jepa rle rai plus loin de cette espce de colons.

    De Villaguay je passai Rosario du Tala, en traversant laclbre fort de M ontiel, dans sa pa rtie m ridio na le, et larivire de Gualeguay, trs basse et parfaitement guable ence m om ent. Cette fort, compose de gnandubays (espced'acacia) dont le bois est incorruptible, iespinillos (autreespce d'acacia), de caroubiers, de talas, de coronillos etautres arbres, qui gnralement n'atteignent pas une hauteurextraordinaire, est cependant et sera encore davantagedans l 'avenir une so urc e,d e richesse pour le pays. Elle estsillonne de nom breu x ruisseau x qui fournissent des ab re u voirs aux bestiau x et la fracheur aux ptu rage s; aussi lesterrains y ont-ils pris une grande valeur, surtout depuis quela tranquillit du pays est assure. Le voyageur est surprisd'y trouver dj de jolies maisons de campagne, au lieu deschaumires et des ranchos qui taient jadis l 'habitation misrable et enfume du paysan argentin.

    Rosario du Tala est une petite ville qui m'a sembl mieuxbtie que Villaguay : elle montre un grand nombre de btiments, qui datent seulement de quelques annes et 'surtout del'poque de la construction du chemin de fer central Entre-r iano. Comme uvre digne d'une m entio n hono rable, i lfaut aussi nommer le pont jet sur le rio Gualeguay, et lachausse qui permet de traverser les bas-fonds qui l'avoisinentdes deux cts et qui rendaient l'accs de la ville trs difficile l'poque des crues de cette rivire.

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    80 UNE V IS IT E AUX CO LON IESRosario du Tala a comme Villaguay un egido colonis. Laplupart des colons sont venus des colonies de l 'tat de l 'Uruguay (Rosario Oriental et autres points), parce que le terrain

    leur manquait et qu'on le leur faisait payer trop cher.A lexand re Morillon est un Anglais qui possde actuellem ent cent quatre-v ing ts cuad ras de cent cinqu ante vares dect; en 1887 il a eu un rendement de cinq cents fanguesde bl pour vingt cuadras. Huit cuadras do mas lui ontdonn trois mille arrobes.Il y a quatre ans qu'il est ici. Il a une maison trs propre,orne de tabl eaux et de gra vu res , un puits de vingt-cinq varesde profondeur, une charrue trois socs qui lui a cot centvingt-cinq piastres nationales, une moissonneuse; i l a plantbeaucoup d'arb res, un bosquet de peupliers et d'azdrachs.Il dit qu'il y a ici un mtre de terre vgtale et qu'elle estm eilleure que celle du R osario Oriental. Sa famille se composede onze fils, six garons et cinq filles. On peut le citer commeun colon modle.Richard Hangon est un Amricain du Nord (Etats-Unis),arriv aussi, il y a quatre ans, du Rosario Oriental. Il est nclans l'Illinois; il passa d'abord l'Orgon, puis en Californie,o il s'embarqua pour le Chili, et arriva enfin Montevideo.Il a quitt les tats-Unis la suite de la guerre de scession.Son vieux pre , qu'il a emmen avec lui, prfre, dit-il, cepays aux tats-Unis; ils sont quatre frres, plus les vieuxparents. Ils ont deux batteuses vapeur et une moissonneuselieuse. Cette anne, ils avaient sem vingt et une cuadras debl ; le rendement sera de quinze pour un, mais il est ordinairement de dix-huit, de vingt et mme davantage. Ilsemploient des charrues deux socs avec deux couples debufs.Jean-Pierre Raridon est un Italien, ou, pour mieux dire, unVaudois, un descendant de ces familles, qui, lors de la perscution des Albigeois, cherchrent un asile dans les monta-

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    DK LA R P U B L I Q U E A R G E N T I N E 81g'nes du Pim on t et y. formrent un e espce de socit in dpendante, recommandable par ses vertus. Il fut un desauteu rs du contrat de colonisation du R osario O rienta l; ilpassa ensuite la colonie Alejandra, qu 'une com pagnie l'anglaise fonda dans le Chaco[Pajaro Blanco) vers 1870;maisil se vit oblig de la quitter parce que ses principes religieuxet humanitaires ne lui permettaient pas d'attenter la vie deses semblables, et que l-bas le cas se prsentait toutmom ent puisque les Ind iens ne cessaient d'attaqu er lacolonie; ils turent mme le directeur. C'est alors qu'il vint Tala, adress par le commissaire gnral d'immigration,Juan Dillon.Un pasteur de sa religion, qui est venu dernirement luirendre visite, lui a assur qu'il n'avait pas vu de meilleurterrain que celui-ci dans tou tes ses excursions tra ve rsles contres pla tenn es. Il a rcolt, en 1887, deux cent qua tre-vingt-cinq fangues de bl.On peut cultiver ici avec succs le bl, le mas, le lin, lapatate, l 'arachide et aussi la vigne.Baridon qui est ici depuis douze ans, est le premier qui aitfait de l 'agriculture sur une grande chelle.

    Les premiers colons ont reu leur ferme raison de centpiastres, payables en trois ans, sans intrt. La municipalitvoulait par cette libralit attirer les familles.Au sud de Teg ido, on trouve l 'tablissem ent de M. Pag olaqui fait aussi de l'agriculture sur une grande chelle et quiensemence jusqu' cinq cents cuadras.Les habitants du Tala assurent que leur farine est presque-aussi bonne que celle du Diamante;or le bl de cette dern irelocalit a t class en Europe au nombre des meilleurs dumonde entier.Le dpartement du Tala a donc un brillant avenir devantlui.fi

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    XIParana, le 4 avril 1888.

    Nous voici sur les rives du Parana; nous y trouvons d'abord la colonie russo-allemande laquelle on a donn le nomd'Alvear. Ce nom rappelle le souvenir d'un des gnrauxclbres de l'Ind pendance. Cette colonie est situe unedizaine de lieues au sud de Parana, capitale de la province.C'est une co lonie officielle, c'e st- -d ire fonde par le gouvernement national, sur les terrains offerts par le gouvernement provincial; elle a un peu plus de dix ans d'existence etest peuple par de soi-disant colons russes, qui en ralitsont allemands; car ils ne parlent pas d'autre langue, et on netrouve gure d'individus parmi eux qui connaissent la languede Puchkine, bien qu'ils soient tous ns en Russie.D'o viennent ces colons? Des bords de la Volga ou duVolga; ce sujet, il faut faire un peu d'historre.Au sicle pass, l ' imp ratrice Catherine II , cette souve raine que les philosophes franais ses correspondants appelrent laSmiramis du Nord, qui crivait au roi Voltaire, quinommait Diderot son bibliothcaire aprs lui avoir achet sa

    propre bibliothque, Catherine, dis-je, suivant l 'exemple dePierre le Grand, qui avait voulu civiliser la Russie coups dekn ou t et de hache, s'occupa d'introduire des ag riculteurseuropens dans ses Etats pour enseigner l 'agriculture