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Page 1 sur 12 Partie : Sociologie et science politique Chapitre : Quels sont les processus sociaux qui contribuent à la déviance ? Plan du chapitre : I. Quelles sont les formes du contrôle social ? Objectifs d’apprentissage : Comprendre la distinction entre normes sociales et normes juridiques, et connaître la diversité des formes de contrôle social. Comprendre que la déviance et/ou la désignation d’un acte comme déviant se définissent comme une transgression des normes et qu’elles revêtent des formes variées selon les sociétés et, en leur sein, selon les groupes sociaux. A. Qu’est-ce que le contrôle social ? B. Qu’est-ce que la déviance ? II. Comment devient-on déviant ? Objectifs d’apprentissage : Comprendre que la déviance peut s’analyser comme le produit de différents processus sociaux (étiquetage, stigmatisation, carrières déviantes). A. L’anomie produit de la déviance. B. La déviance peut provenir de l’étiquetage et de la stigmatisation. III. Comment mesurer le niveau de délinquance ? Objectifs d’apprentissage : Comprendre et illustrer la distinction entre déviance et délinquance. Comprendre et illustrer les difficultés de mesure de la délinquance. A. Comment se construisent les statistiques administratives ? B. Qu’est-ce qu’une enquête de victimation ? Introduction : Document 1: Expérience salle d’attente (extrait vidéo: 0:00 – 2 :41) Lien : https://www.youtube.com/watch?v=8t_AvcyVfYM Questions : 1. A quoi se plie la femme (retrouvez une notion du chapitre « Socialisation »)? 2. Pourquoi cette femme finit-elle par se lever à chaque « bip »? La femme a intériorisé la norme présente dans la salle d’attente puis elle l’applique. Elle se lève à chaque « bip » par imitation du groupe, il s’agit d’une forme de pression sociale sur l’individu. On qualifie cette pression sociale de contrôle sociale. Contrôle social : Ensemble des moyens dont dispose une société pour faire appliquer ses règles et obtenir la conformité du comportement de ses membres. I. Quelles sont les formes du contrôle social ? A. Qu’est-ce que le contrôle social ? Il en existe deux formes : Contrôle social formel : Contrôle social exercé de manière explicite par les institutions spécialisées. Ex : (école, police, justice, médecine, etc). Contrôle social informel : Contrôle social exercé de manière diffuse et continue par l’environnement social de l’individu. Ex : La famille, groupe de pairs, passants, etc

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Partie : Sociologie et science politique

Chapitre : Quels sont les processus sociaux qui contribuent à la déviance ?

Plan du chapitre :

I. Quelles sont les formes du contrôle social ?

Objectifs d’apprentissage : Comprendre la distinction entre normes sociales et normes juridiques, et connaître la diversité des formes de contrôle social. Comprendre que la déviance et/ou la désignation d’un acte comme déviant se définissent comme une transgression des normes et qu’elles revêtent des formes variées selon les sociétés et, en leur sein, selon les groupes sociaux.

A. Qu’est-ce que le contrôle social ? B. Qu’est-ce que la déviance ?

II. Comment devient-on déviant ?

Objectifs d’apprentissage : Comprendre que la déviance peut s’analyser comme le produit de différents processus sociaux (étiquetage, stigmatisation, carrières déviantes).

A. L’anomie produit de la déviance. B. La déviance peut provenir de l’étiquetage et de la stigmatisation.

III. Comment mesurer le niveau de délinquance ?

Objectifs d’apprentissage : Comprendre et illustrer la distinction entre déviance et délinquance. Comprendre et illustrer les difficultés de mesure de la délinquance.

A. Comment se construisent les statistiques administratives ? B. Qu’est-ce qu’une enquête de victimation ?

Introduction :

Document 1: Expérience salle d’attente (extrait vidéo: 0:00 – 2 :41) Lien : https://www.youtube.com/watch?v=8t_AvcyVfYM

Questions : 1. A quoi se plie la femme (retrouvez une notion du chapitre « Socialisation »)? 2. Pourquoi cette femme finit-elle par se lever à chaque « bip »?

La femme a intériorisé la norme présente dans la salle d’attente puis elle l’applique. Elle se lève à chaque « bip » par imitation du groupe, il s’agit d’une forme de pression sociale sur l’individu. On qualifie cette pression sociale de contrôle sociale. Contrôle social : Ensemble des moyens dont dispose une société pour faire appliquer ses règles et obtenir la conformité du comportement de ses membres.

I. Quelles sont les formes du contrôle social ?

A. Qu’est-ce que le contrôle social ? Il en existe deux formes : Contrôle social formel : Contrôle social exercé de manière explicite par les institutions spécialisées. Ex : (école, police, justice, médecine, etc). Contrôle social informel : Contrôle social exercé de manière diffuse et continue par l’environnement social de l’individu. Ex : La famille, groupe de pairs, passants, etc

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Les sanctions encourues dans le cadre du contrôle social formel sont explicite, c’est-à-dire prévu/formalisée par des codes ou des lois (peine de prison, blâme, …), contrairement aux sanctions du contrôle social informel qui, elles, sont plus implicites et se transcrivent dans les interactions quotidiennes des individus (remarques désobligeantes, plaisanterie, …). Ces sanctions peuvent être positives ou négatives. A chaque instant, dans n’importe quelle situation, dans n’importe quel contexte social, les individus sont soumis à ces deux formes de contrôle social :

o Ex : Au lycée, vous êtes soumis au contrôle social formel (règlement) mais également au contrôle social informel (influence des autres élèves sur vos choix vestimentaires).

Remarque :

- Il s’agit ici de contrôle social externe. Le contrôle social interne est exercé par l’individu sur lui-même : il respecte de manière spontanée les normes et les valeurs intériorisées

- Le contrôle social peut aussi s’exercer à l’aide des technologies : internet, fichage, caméra, …

Exemple :

- Le crédit social en Chine : https://www.youtube.com/watch?v=XflMhukDH-s - L’utilisation des caméras de surveillance pour favoriser l’intervention de la police

durant le confinement. (A Toulouse par exemple)

Exercice 1 : Quel contrôle social ?

Exemple Contrôle social Sanction

Formel Informel Positive Négative

Interdiction de fumer dans un restaurant

X X

Rabaisser la lunette après son passage aux toilettes

X X

Surveillance en ville X X

Prendre soin de sa grand-mère

X X

Interdiction de fumer dans sa chambre

X X

Accomplir un acte héroïque

X X Ex : légion d’honneur,

Exercice 2 : Complétez le texte ci-dessous avec les mots suivants : valeurs / informel / positives / contrôle social / justice / normes / cohésion sociale / interactions / négatives / formel A travers le contrôle social, une société cherche à s’assurer que ses membres se conforment aux normes et aux valeurs en vigueur. Cela permet de maintenir la cohésion sociale. Le contrôle social formel est effectué par des institutions spécialisées, comme la police ou la justice. Le contrôle social informel, lui, est effectué à travers les interactions quotidiennes des individus eux-mêmes qui ont intériorisé les normes et les valeurs de leur groupe d’appartenance. De manière générale, le contrôle social s’exerce sous la forme de sanctions positives ou négatives

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B. Qu’est-ce que la déviance ? Remarque orale : Evidemment, vous n’allez pas avoir la même chose dans la colonne concernant la gravité. Les réponses sont subjectives.

Exercice 3: Compléter le tableau suivant :

Exemple Quelle est la gravité ?

Quel type de norme ?

Quels agents sanctionnent ?

Tuer son voisin Très grave Sociale – Juridique Police Justice

Se prostituer Très grave Sociale – Juridique Police Justice

Répondre au téléphone en conduisant

Grave Sociale – Juridique Police Justice

Oublier de souhaiter l’anniversaire de sa mère

Pas très grave Sociale A voir

Accepter un pot de vin

Très grave Sociale – Juridique Police Justice

Mentir à ses parents

Pas très grave Sociale Parents

Avorter Pas grave du tout Sociale Famille, groupe de pairs

Prendre le volant après 2 verres d’alcool

Grave Sociale – Juridique Police Justice

Fumer Pas grave du tout Sociale ? Parents ?

Tricher à un contrôle

(Trop ?) grave Sociale – Juridique Prof

Questions : 1. Classez ces comportements en fonction de leur gravité : très grave, grave, pas très

grave, pas grave du tout. Justifiez vos choix. 2. Pour chacun d’eux, indiquez s’il s’agit d’une transgression de norme sociale, de

norme juridique ou les deux. 3. Quels sont les agents du contrôle social susceptibles de sanctionner ces

comportements ? Déviance : Transgression des normes sociales et juridiques en vigueur dans une société, plus ou moins tolérée, et qui implique des sanctions.

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Document 2 : Les statuts de l’homosexualité dans le monde en 2015

Question :

1. Montrez que l’homosexualité peut, selon les pays, être considéré comme un comportement déviant.

Document 3: « Simone Veil explique la loi sur l’avortement » Archive INA ; novembre 1974. Lien : https://www.youtube.com/watch?time_continue=126&v=9w707DqEn3s

Questions :

1. Que permet le projet soutenu par Simone Veil ?

2. Auparavant, quelles étaient les peines encourues par les femmes en cas

d’avortement?

3. Comment qualifier les femmes pratiquant l’avortement avant la loi et après la loi ?

Document 4: « Règlement extérieur » Sinik, extrait de l’album « La main sur le cœur » 2005 Lien : https://www.youtube.com/watch?v=0Wadwffbx3g

Questions :

1. A l’aide des deux premières phrases, pourquoi pouvons-nous dire que l’interprète est

déviant ?

2. Selon cet extrait, quels « codes », quelles lois prévalent ?

3. Reproduisez le tableau ci-dessous puis classez quelques articles de cette musique.

Articles Normes compatibles avec la société Normes propres à ce groupe social

1 2 …

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Exercice 4: Conforme ou déviant ?

Autrefois en France

Aujourd’hui en France

Y-a-t-il des différences selon les groupes sociaux ?

Y-a-t-il des différences selon les pays ?

Attaquer une banque

Déviant Déviant Oui Non

Mariage homosexuel

Déviant Non déviant Oui Oui

Fumer dans un lieu public

Non déviant Déviant Oui Probable

Tenir des propos racistes

Non déviant Déviant Oui Oui

Défendre l’égalité hommes/femmes

Déviant Non déviant Oui Oui

Avoir recours à l’avortement

Déviant Non déviant Oui Oui

Questions : 1. Pour les deux premières colonnes : indiquez s’il s’agit d’un comportement

« Déviant » ou « Non déviant ». 2. Pour les deux suivantes : répondez par « Oui » ou par « Non ». 3. Complétez la synthèse :

La déviance dépend des normes et des valeurs mises en avant par la société. Les comportements considérés comme déviant peuvent évoluer à travers le temps, et ce dans une même société. Par exemple, le projet soutenu par Simone Veil, devenu la loi « Veil » en 1979, permet la légalisation de l’avortement. Auparavant, l’avortement était illégal pouvant entrainer différentes sanctions : la peine de mort pour les avorteuses (avant 1940), procès pour les femmes ayant avorté… Ces femmes, jusqu’à la promulgation de cette loi, étaient considérées comme déviantes. De nos jours, les femmes avortant ont un comportement considéré comme non déviant. Egalement, certains comportements seront perçus comme déviant dans certains pays et non déviant dans d’autres. L’homosexualité est par exemple considérée comme un comportement déviant dans certains pays d’Afrique ou du Moyen-Orient, pouvant entrainer différentes sanctions juridiques tel que l’emprisonnement ou la peine de mort. A l’inverse, ce comportement est considérée comme non déviant dans les pays occidentaux tels que la France ou l’Espagne où le mariage est reconnu pour les couples homosexuels. Enfin, les normes et les valeurs étant différentes d’un groupe social à un autre, un comportement peut être jugé déviant dans un groupe et conforme dans un autre. Par exemple, il apparait plus qu’improbable qu’un PDG du CAC 40 s’habille en jogging pour un rendez-vous de la plus haute importance avec un chef d’Etat. Il en est de même pour un ouvrier qui viendrait en costume avec une cravate pour sa journée de travail dans une industrie.

II. Quels sont les processus qui conduisent à la déviance ?

A. L’anomie produit de la déviance.

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1/ L’anomie selon Durkheim

Document 5 : La déviance est un produit de l’anomie pour Durkheim Le défaut de régulation sociale qui caractérise les sociétés en mutation a pour principal effet d’altérer sa cohésion : c’est ce que Durkheim met en évidence à travers le concept d’anomie. Absence de lois au sens étymologique, l’anomie signifie chez Durkheim l’affaiblissement de l’emprise des normes sociales sur les conduites individuelles. Il parle ainsi de suicide anomique pour caractériser la progression des suicides liés au dérèglement de la vie sociale : avec la disparition des régulations traditionnelles, les individus se trouvent dans une situation où leurs désirs ne sont plus limités par la société. Ils perdent alors leurs repères sociaux, d’où le développement de comportements témoignant de la désorganisation sociale tels que le suicide, le crime.

Source : P. Riutort, Premières leçons de sociologie, PUF, 2010 Questions :

1. Comment peut-on définir l’anomie ? 2. Comment la déviance est-elle expliquée ? 3. Donnez un exemple d’anomie familiale.

Anomie (selon Durkheim): Absence ou affaiblissement des normes collectives, qui désoriente l’individu. Selon Durkheim, l’anomie est un facteur explicatif de la déviance puisque cette situation d’absence de règles/normes produit une perte de repère pour les individus. Ils ne savent plus comment agir, s’en suit alors des comportements déviants tels que le suicide ou le crime. Exemple d’anomie familiale : divorce (perte de repère pour l’enfant). 2/ L’anomie selon R.K.Merton

Document 6: La délinquance juvénile comme symptôme de l’anomie. La résurgence de la délinquance est inséparable de la crise de l’emploi. Le sur-chômage et la précarité des jeunes des cités écartent une bonne partie d’entre eux des voies classiques de la réalisation de soi. La délinquance résulte alors du trop grand écart qui existe entre les aspirations des individus et les moyens légitimes dont ils disposent pour pouvoir les réaliser. Paradoxalement, la déviance apparaît comme une volonté d’intégration. Il s’agit d’un « conformisme déviant » comme mode d’adaptation rationnelle à des conditions de vie objectives.

Cyprien AVENEL, sociologie des quartiers sensibles, Armand Colin, 2009 Questions :

1. Selon le texte, quelle est l’origine de la délinquance des jeunes des cités ? 2. Que signifie la phrase soulignée ?

Anomie (selon Merton) : l’écart entre les buts socialement valorisés et les moyens légitimes permettant de les atteindre. Selon Merton, la déviance s’explique par le décalage entre les buts socialement valorisés et les moyens légitimes permettant de les atteindre. De cette inadéquation surgit des comportements déviants qui permettraient d’atteindre ces objectifs. D’après l’exemple du texte, un individu au chômage pourrait être amené à céder aux vols &/ou aux trafics pour avoir un niveau de vie décent.

B. La déviance peut provenir de l’étiquetage et de la stigmatisation. 1/ La stigmatisation

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Document 7: Les stigmates, source d’exclusion Tout le temps que l’inconnu est en notre présence, des signes peuvent se manifester montrant qu’il possède un attribut qui le rend différent […] et aussi moins attrayant […]. Un tel attribut constitue un stigmate […]. Le mot stigmate servira donc à désigner un attribut qui jette un discrédit profond, mais il faut bien voir qu’en réalité, c’est en termes de relations et non d’attributs qu’il convient de parler. […] En gros, on peut distinguer trois types de stigmates. En premier lieu, il y a les monstruosités du corps- les diverses difformités. Ensuite, on trouve les tares du caractère qui, aux yeux d’autrui, prennent l’aspect d’un manque de volonté, de passions irrépressibles ou antinaturelles, de croyances égarées et rigides, de malhonnêteté, et dont on infère l’existence chez un individu parce que l’on sait qu’il est ou a été, par exemple, mentalement dérangé, emprisonné, drogué, alcoolique, homosexuel, chômeur, suicidaire ou d’extrême gauche. Enfin, il y a ces stigmates tribaux que sont la race, la nationalité et la religion.

Erving GOFFMAN, Stigmate. Les usages sociaux des handicaps (1963), Editions de Minuit, 1975.

Questions : 1. Qu’est-ce qu’un stigmate ? 2. Les stigmates sont-ils toujours visibles ? 3. Donnez un exemple de discrimination que subit un handicapé. 4. Expliquez la phrase soulignée.

Un stigmate peut être un attribut physique, psychologique, social construit socialement par une société, et jugé comme déviant par rapport à des normes communément admises (exemple : le sexe, la couleur de peau, la religion, un handicap, la sexualité,…). Ce stigmate, collant comme une étiquette, peut conduire à la marginalisation d’un individu ou groupe d’individus. Stigmatisation : processus au terme duquel une personne (ou groupe social) se voit déconsidérée, et ainsi privée d’opportunités- d’emploi, de lieu d’habitation, de fréquentation de certains lieux- auxquelles elle aurait eu accès en l’absence du discrédit porté sur elle. 2/ L’étiquetage de la déviance

Document 8: L’étiquetage de la déviance

Questions :

1. La transgression d’une norme suffit-elle à définir un individu comme déviant ? 2. Quel est le processus fondamental dans la définition de la déviance pour H.Becker ?

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3. La suspicion d’une dépendance à l’alcool ou la découverte d’une appartenance à un groupe d’Alcooliques Anonymes (AA) peut-elle suffire à catégoriser un individu comme déviant ?

Selon H.Becker, la déviance n’est pas le produit d’un dysfonctionnement, contrairement aux conceptions de l‘anomie (dans le A/). Selon lui, la déviance repose sur le système de norme et les sanctions appliquées en cas de transgression mais aussi en cas de suspicion de transgression d’une norme. La déviance repose principalement sur la qualification d’un individu par un groupe social : un individu est considéré comme déviant car il a été étiqueté comme tel. Par exemple, la suspicion d’une dépendance ou la découverte d’une appartenance aux AA peut suffire à étiqueter un individu comme déviant. Etiquetage : Mécanisme par lequel les membres d’un groupe social ou d’une société désignent un individu ou un groupe d’individu comme déviant. Howard Becker a réalisé une typologie des comportements déviants :

Comportement :

Obéissant à la norme Transgressant la norme

Eti

qu

eta

ge

: Perçu comme

déviant

Accusé à tort Ex :

Pleinement déviant Ex :

Non perçu comme déviant

Conforme Ex :

Secrètement déviant Ex :

1. Donnez des exemples pour chacun de ces cas. Les individus, dans leur vie quotidienne, réalisent des actes déviant. Il peut s’agir d’acte de déviance isolé tel que traverser lorsque le feu est rouge ou oublier ses affaires de cours. Un individu peut se sentir étiqueté comme ayant un comportement non conforme (déviant), il peut alors s’enfermer dans une carrière déviante. Il intériorise son identité de déviant et commet des actes déviants, propres à son étiquette. Ex : Un élève étiqueté comme perturbateur va s’enfermer dans ce rôle et poursuivre une carrière d’élève perturbateur. Remarque :

- La récidive est forte parmi les individus ayant séjourné en prison. - Sanction : Amende, stigmatisation, exclusion

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3/ Une carrière déviante.

Document 9: La déviance à l’école. Fabien Truong, sociologue, interroge Radouane, ancien lycéen, désormais titulaire d’une licence et qui compte intégrer une école de commerce. « Tu pètes une vitre et tu prends le truc » - Tu as eu une petite période de trafic ? - Pas de trafic de stupéfiants ou de trucs

comme ça… Je commençais… entre guillemets … à voler. Je volais beaucoup, à un moment donné. […] c’était sur Paris, c’était un travail quand même. Il fallait

Document 9.B : La carrière déviante

regarder s’il y avait des traces sur la voiture. C’était au nez, on le sentait. On prenait le métro. Vous savez, on se mettait en mode « beau gosse » et on allait à Paris. On se faisait propre. Comme un vrai parisien ! […] Petites chaussures de ville… Petit pull… […] Il ne fallait pas se faire remarquer : Il ne fallait pas montrer qu’on était du quartier. […]

- Et ça ne passe que par les vêtements ? - Non, y’a la gestuelle aussi. Il faut marcher cool. […] Il ne faut pas avoir l’air de… genre,

lui, « il a l’air bizarre, il va faire quelque chose ». Il faut être cool. Comme si tu allais rien faire. Comme si tu te baladais sur Paris. Pour nous, c’était une balade. On allait au Trocadéro. Jamais sur les Champs, parce que là, il y a beaucoup de police. Faut pas aller dans les quartiers chics. Genre Voltaire, c’est bien. Et on revenait avec le sac plein.

Fabien Truong, Des capuches et des hommes, trajectoires de « jeunes de banlieue », © Libella, Paris, 2016

Questions : 1. Pourquoi Radouane considère-t-il que son activité était un « travail » ? 2. Quelle étape de sa carrière déviante Radouane décrit-il ?

Les individus, dans leur vie quotidienne, réalisent des actes déviant. Il peut s’agir d’acte de déviance isolé tel que traverser lorsque le feu est rouge ou oublier ses affaires de cours. Dans d’autres cas, la transgression d’une norme est intentionnelle et peut donner lieu à une carrière déviante dans le cas d’une répétition de l’acte déviant. L’individu peut être étiqueté comme déviant en fonction des transgressions. Cet étiquetage peut par exemple pousser l’individu à poursuivre les transgressions, voir même d’intégrer un groupe déviant organisé. On parle alors de carrière déviante. Multiples exemples :

Ex 1 : Un individu ayant commis quelques vols qui va s’enfermer dans ce rôle et intégrer un groupe d’individus réalisant des vols/trafics.

Ex 2 : Un élève étiqueté comme perturbateur va s’enfermer dans ce rôle et poursuivre une carrière d’élève perturbateur.

Remarque :

- La récidive est forte parmi les individus ayant séjourné en prison.

III. Comment mesurer le niveau de la délinquance ?

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La délinquance est une forme particulière de déviance. Il s’agit en effet d’une transgression de normes et de valeurs présentes dans la société. Cette transgression est sanctionnée par la loi puisqu’il s’agit de la transgression de norme juridique. Il existe différents types d’infraction :

- Contravention : jugée devant le tribunal de police - Délit : jugé devant le tribunal correctionnel - Crime : jugé devant la cour d’assises

Un comportement identique peut, selon son contexte, être conforme, déviant ou délinquant. Exemple : La consommation d’alcool

- A l’apéritif, entre ami : Conforme - Boire une bouteille de rhum seul chez soi : Déviant - Etat d’ivresse sur la voie publique : Délinquant.

Délinquance : Ensemble des pratiques déviantes pénalisées, c’est-à-dire sanctionné par la loi.

A. Comment se construisent les statistiques administratives ?

Document 10 : Les statistiques administratives

Questions :

1. Quels sont les crimes et les délits qui ne sont pas comptés par la police et la gendarmerie ?

2. Quelles peuvent être les limites liées à l’utilisation de la statistique de la police et gendarmerie pour observer la délinquance ?

Lecture complémentaire : LLS.fr/SES1Délinquance Les statistiques administratives se construisent à partir des données de la police/gendarmerie et de la justice. Ces données ne sont pas identiques puisque certaines données prises en compte par la police n’iront pas jusqu’à la justice (ex : plainte non prise en compte). De plus, les statistiques de la police ne sont pas complètes :

- Dans certains cas, il n’y a pas de victime et le délit ne sera pas constaté. - Dans certains cas, les victimes ne portent pas plainte ou la plainte n’est pas

enregistrée.

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Il existe une partie de la délinquance que l’on ignore, on parle alors de chiffre noir de la délinquance.

Chiffre noir de la délinquance : Ecart entre la délinquance observée (mesurée par les statistiques officielles) et la délinquance réelle. Chiffre noir de la délinquance = Délinquance réelle - Délinquance mesurée Ce chiffre noir de la délinquance est inconnu !

Il est donc nécessaire de compléter ces statistiques grâce à des enquêtes directes

auprès des victimes de ces infractions : il s’agit d’enquête de victimation. Remarque :

- L’évolution de la législation peut venir modifier les statistiques administratives. Ex : Des faits considérés comme une infraction peuvent devenir la norme, et inversement (exemple : une modification de la législation concernant le cannabis ou le droit à l’avortement).

B. Qu’est-ce qu’une enquête de victimation ?

Document 11.A: L’évolution des cambriolages

1 : Estimation par les enquêtes de victimation des cambriolages ayant abouti à un dépôt de plainte

Champ : France métropolitaine – Enquête Cesdipt: EPCVM, CVS, Insee pour le ministère de l’intérieur

Questions : 1. Quel est l’apport des enquêtes de victimation ? 2. Selon vous, cela suffit-il à effacer « le chiffre noir de la délinquance » ?

Document 11.B: Les limites des enquêtes de victimation « Pas plus que les sources traditionnelles, les enquêtes de victimation ne constituent une panacée qui dispenserait de toute autre investigation. Elles supposent une victime capable de répondre à l’enquête, ce qui exclut les infractions qui la font disparaître, celles où la victime est indirecte (fraude fiscale..), celles enfin où il n’existe pas de victime individuelle directe (immigration irrégulière…) ; elles nécessitent encore que la victime soit disposée à répondre, ce qui exclut les infractions consensuelles ou conspiratoires (corruption, consommation illicite..) ou celles dont la définition est trop compliquée pour être comprise de la même manière par tous les enquêtés (abus de confiance, escroquerie). Il faut aussi savoir surmonter les oublis, mauvaises datations ou réticences à répondre, ce qui demande la mise en œuvre de compétence particulières dans la construction des

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instruments d’enquête et dans l’analyse des résultats. Philippe Robert, Marie-Lys Pottier et Renée Zauberman, « Les enquêtes de victimation et la connaissance

de la délinquance », Bulletin de méthodologie sociologique, 80 | 2003, 5-24.

Questions : 1. Les enquêtes de victimation permettent-elles de rendre compte de toutes les formes

de délinquance ? 2. En quoi les enquêtes de victimation ont-elles une dimension subjective ?

Les statistiques administratives étant incomplètes, il est donc nécessaire de les compléter grâce à des enquêtes directes, que l’on nomme enquêtes de victimation, auprès des victimes de ces infractions. Elles permettent d’appréhender une partie du chiffre noir de la délinquance dans le sens où elles rendent compte d’infractions qui n’ont pas donné lieu à des dépôts de plainte ou à leurs prises en compte. Cependant, les enquêtes de victimation présentent un certain nombre de limites. Tout d’abord, elles reposent sur l’existence ou l’identification de la victime, sur l’exactitude des faits déclarés mais également sur la volonté de l’individu à se déclarer victime (ex : viol). De plus, une personne peut se déclarer victime sans l’être auprès de la loi ou non victime en l’étant auprès de la loi.