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Charles L A G A S S E
I ngén ieur principal faisant fon ctions d’
Ingénieur en chef
Directeur des Pon ts et Chaussées,
M embre de la Commission du Travail,Prési den t de laSociété belge d
’
Economie sociale.
S E CO N D E ÉD IT IO N
PA R I S B R U XE L L E S
L lBRA | R IE G U IL‘
LA U M IN &C'Ê , ÉDITEU RS E. R A M L O T , L I B R A I R IE-EDI T E U R
14, rue R ichelieu , 14 17, rue G retry, 17
T O U S DROITS R ÉSE R VÉS
B ru x elles . Imp. Po u x—: uuxs CE U T E R I CK L E FÉ B U R E , ru e des Ursuli n es, 3 g.
PR ÉF A C E .
La Commission du Travail fu t ins tituée par arrêtéroyal du 15 avril 1886 , sur la pro osition de M M . lesmini stres Beernaert et chevalier de fioreau à la suite destroubles qui avai ent surgi
,l e m ois précédent , au pays
de Liège et en Hainaut .Dans le rapport que nous avons été chargé de présenter
à la Comm ission sur les sociétés coopératives,nous avons
essayé de condenser ce qui a été écri t et fait au sujet deces utiles associations . Nous les avons étudiées en mêmetemps à la lumière des idées que la science socialegroupe et défi nit sous l e terme générique de patronage .
Nous croyons qu ’une étude di rigée en ce sens n’avait pas
été faite . E l le n’est pas sans offrir certaines di fficultés ,que nous aurions voulu vaincre mieux .
Notre travail cependant a été goûté en Belgique et àl ’étranger
,s i bien que
,ne pouvant plus satisfaire aux
demandes avec les tirés à part m is à notre di spositio n ,
nous avons suivi le conseil d’amis et résolu de publi erune seconde édition à nos frais . S
’
il en résultait quelquebénéfice , nous le donn erions à l
’une ou l ’autre œuvre depaix sociale
,nous conformant aux règles de désintéress e
nv PRÉFACE
ment adoptées au sein de la Comm ission du Travail,sous
l ’impulsion et la présidence de deux hommes d ’État ém i
n en ts MM . E n d . Pirm ez et V ictor Jacobs .
On nous reprochera peut-être de n’avoir pas complété
quelques points de notre rapport , notamm ent le Q2 duchapitre I
,où nous répondons à l’objection principale que
soulèvent la fondation et le progrès des sociétés 000pératives. Deux raisons nous on t fait agir ainsi . L ’une estpéremptoire c’est le peu de tem ps libre au milieu d
’ooca
pàtion s professionnelles de plus en plus absorbantes .
L ’
autre a bien aussi sa valeur . Des faits récents sontvenus confirm er ce qu’un critique
,d ’ailleurs très bien
veillant,appelait notre ingénieux plaidoyer et ce qui
reste notre intim e conviction , savoir : les sociétés coopératives n é détruisent pas nécessairem ent les intermédiaires .Ceux-ci se sont montrés intelligents à Bruxelles et àL ouvain ; i ls y on t spontanément abaissé le prix du kilogramme de pain et favorisé ainsi , tout en continuant leursaffaires
,l ’épargne desmembres de la M aison des O uvriers
et de la G üde Sain t— P ierre, avant mêm e que ces derniers eussent form é une société c00pérative de consommation .
Le lecteur non encore familiarisé avec les sociétésc00pératives, voudra bien n ou s permettre une recom
mandation . Nous le prions de ne point arrêter son jugement sur ces associations et sur l ’appui qu’elles méritent ,avant d ’avoir pris connaissance de tout notre travail .C’est pourquoi nous l ’avons rendu le plus succinct possibleet avons ajouté peu de chose à cette nouvelle édition .
24 septembre 1887 .
CHA PITR E 1
A perçu gé n éral su r les S oc i é t é s c o opérat iv es
DÉF I N ITIONS
Les soci étés coopératives rentrent dans la catégoriedes association s qui ont fait l
’
objet du remarquable rapport de notre honorable collègue M . Prins et d ’un vote
favorable de la Comm i ssion d u travail .
(E lles constituent une classe particul i ere d’
un ion s,dontles membres ne doivent pas nécessairem ent exercer lam ême pro fession . E l les s e proposent surtout l’am éli orati on de la cond i tion m atérielle de leurs m embr
E lles sont , avec les soci étés de secours et lesœuvres multiple s fondées grâce à l ’i nspiration chréti enne ,les premiers jalons posés en Belgique et en d ’autres paysdan s la voi e large et rapide que les associations de travailleurs parcourront sous le régime d
’une législationvraiment libéral e .
I l ne peut plus être question de ressusciter les mesuresrestrictives et tracassi ères qui ont am ené
,à la fin du siècle
dernier,la chute des anciennes corporations .
A l a fo i viv e , aux instincts généreux qui les avaient
2 SOCIÉTÉS coorénm wrzs
fondées,s ’étaient substituées les form alités mesquines
d ’un étroi t rigorism e . L es vieilles corporations,tombées
ainsi en décadence , devaient se relever sous le souffled ’un esprit nouveau . Ce fu t u n e étrange erreur d ’essayerde les supprim er en v ertu de la loi .D epuis la loi du 17 juin 1790] qui renouvela l
’abolition
des corporations de m étiers promulguée par l ’édit de1776 ,Lles observateurs sincères ont eu le tem ps des ’assurer qu e l
’idée corporative a son principe au plusprofond de la nature
“
Quand elles sont mises en comm un,l es difficultés
8 écartent plus facilement , les luttes se soutiennent m ieux ,et les victoires s
’
assuren t pour àquelque classe qu ’il appartienne , est né pour vivre ensociété ; son isolement nuit au développement de sacarrière .
On n’est plus isolé quand on est capitaliste . Le capital
est un levier m erveilleux qui brise les barrières de l ’indiv idualism e
,si bien qu e l
’homme aux idées les plusétroites
,les moins généreuses
,chercherai t en vain à se
renferm er en lui — m êm e dès qu ’i l possède ce puis sant
in strum en t . L e capitaliste le plus égoïste s’
asso ciera, coûteque coûte
,à une entreprise ; il reliera ses intérêts par
quelque endroit aux intérêts généraux du pays il prendra
part , fût— ce indirectement , au gouvernem ent de la patrie .
E ssayer , comme l’ont fait les auteurs du décret de 1776
et de la loi de 1790, de cantonner l’ouvrier
,le petit artisan
dans l ’individualism e,c ’est lui enlever les privilèges
naturels que le capital attribue à son possesseur .
A u contraire , octroyer la liberté d’association dans les
larges limites autorisées par la Constitution belge, faciliterle groupem ent des petits consomm ateurs ,
des faibles
soc iÉrÉs coopÉaar1vss 3
producteurs , des bourses modestes et de la petite épargne ,comme l ’ont voulu les auteurs de la section VI de la loibelge du 18 mai 1878, au nom bre desquels nous croyonsdevoir spécialem ent mentionner notre honorable collègueM . le représentant Jules G u illery@
’
est rétablir avec mesureet sagesse une partie de l ’équilibre rom pu entre les classes de la sociétéL es faits , observés consciencieusement , le prouvent : le
niveau égalitaire est une utopie . Il ne peut soustraireaucun homme à la loi naturelle de l ’inégalité . A plus forteraison est- il sans influence sur la situation des différentesclasses de la société hum aine .
Deux lin go ts, l’
un d’
or, l’
au tre d ’argent , se font équilibresur les plateaux d ’une balance de laboratoire . Qu ’en faut
il conclure? L ’égalité des poids seulement . Les m atièressont et restent essentiellement différentes .
De mêm e , l es classes de la société ont besoin de peser
égalem ent sur la balance des destinées hum aines , sansque les différences essentielles qui les séparent
,puissent
disparaitre .
Les réformistes — novateurs se révoltent ala seule penséede ces différences ineffaçables . I ls ont basé la ré forme del ’ancien régim e sur l ’existence d ’un homm e théorique
,tel
que les philosophes du siècle dernier le concevaient a
priori . Les novateurs croient naïvem ent pouvoir inventerde nouvelles pièces de mécanique sociale , comme onrecherche et trouve quelque transm i s sion de m ouvement .La science sociale leur oppose , avec beaucoup de raison ,
les réform istes-traditionalistes , qui fondent l eurs plansde réform e sur l ’homm e réel et v ivan t, tel que le considère
p osteriori l’écol e économique moderne .
I l ne s ’agit point de recon stituer les corporations fer
4 soc 1É'
rÉs co orÉnm 1vss
m ees , d’
atten ter à la liberté du travail et de tolérer nombre de vieux abus qui devaient nécessairement disparai
tre ; mais i l n’est plus possible d ’em pêcher les agrégats
naturels de s e produire au sein de la classe ouvrièrecomme dans les autres classes ./4 4 %La loi naturelle de l ’association et la de
la vraie,de la solide et raisonnable frat n i
sent en de merveilleux accords pour imposer au progrèsde l ’humanité des institutions non point essentiellement
nouvelles,mais revêtues de formes appropriées aux temps
et aux mœurs du siècle .
L es sociétés 000pératives comptent parm i les principales de ces institutions( E lles sont un e effi orescen cé
naturelle des tem ps présents . Les vouloir arrêter dansleur épanouissement serait une ten tative parfaitementinutile .
La Comm ission du travail ne pouvait d’ailleu rs passerà côté d ’elles sans leur accorder le regard attentif et bienveillant qu’elles m éritent
,sans se préoccuper des exten
sions que ces institutions coopératives pourraient recevoir
,et des améliorations dont la loi qui les régit serai t
susceptible .
Parm i nos honorables collègues , il en est un que sahaute com pétence en m atière de sociétés coopérativesdésignait d ’une façon spéciale comme rapporteur . Nousavons nomm é le fondateur des Banques populaires dansnotre pays , M . l e représentant Léon d
’
A n drim on t .
D es raisons auxquelles la 3 e section et nous — m êmeavons bien dû souscrire
,lui ont fait décliner une m ission
que nous av ons cru devoir accepter, à la condition d
’
obte
nir le concours de notre honorable collègue . I l a bien voulunous le promettre , et m ieux encore , i l nous l
’a pleinement
socu«irÉs coorÉm rrvns 5
accordé . Nous le prions d ’en recevoir ici l ’expression denotre reconnaissance .
2 . OBJECTION
Nous ne pouvons passer sous silence une objection fortrépandue con tre la fonda tion et la propagande des sociétéscoopératives . Nous devons même nous y arrêter , pourn’avoir plus à y revenir dans le cours de ce rapport .
Nous le ferons assez brièvement , ne pouvant ni ne voulantdonner à notre travail plus d ’extension qu ’i l n ’en comporte au moment où vont se cloreles séances de la Commission du travai l .On reproche aux coopérateurs de ne pas se préoccuper
des intérêts des interm édiaires placés entre le commer
cant en gros et le consommateur . I l y a plus : certainscoopérateurs se flattent publiquem ent d ’avoir en mainsun instrum ent assez puissant pour ruiner à jamais lesinterm édiaires et pour élever sur ces
‘ ruines la dominationexclusive du peuple .
I l en résulte chez beaucoup d ’hommes sensés et réfléchis , de véritables préventions contre les sociétés c00pé
rativ es se proposant pour but de fournir à bon compte etmoyennant des bénéfi ces à répartir entre les coopérateurs , tout ce qui concerne la nourriture , le v êtement, etc .
Nous aurons , dans le courant de ce rapport , à faire ladistinction classique des sociétés coopératives en sociétésde production
,de crédit et de consomm ation .
Les premières n ’ont en généra l pas réussi . Le succès dequelques — unes doit être attribu é à quelque coopérateurd ’élite dont la direction n ’a pas tardé à devenir patronale .
Les secondes,que l ’on désigne souvent par le nom de
6 SOCIÉTÉS coorÉnarrvns
Banques populaires , com prennent dans la l iste de leursm em bres non seulem ent des ouvriers
,m ais aussi des
petits comm erçants . E lles servent beaucoup à ces utilesinterm édiaires qui s’
aiden t du crédit de la Banque pepulaire pour asseoir et développer leurs modestes entrepri sescomm erciales . E lles sont très répandues en A llem agne ,où feu S chulze -Delitsch les a fondées
, parce qu e la petiteindustrie y compte encore de très nombreux représentants .
E lles ne prospèrent d’ailleurs
,certains m écomptes
constatés en Belgique en sont la preuve , qu ’à la condition d ’être gérées avec une solli citude toute patronale .
On le voit, les deux prem i ères espèces de sociétéscoopératives n e supprim ent point l
’interm édiaire,le petit
patron . Tout au plus leur arrive — t— il de choisir leursgérants ou leurs adm inistrateurs dans les rangs du com
m un des coopérateurs . Il n’y a rien en celaqu e de parfaitem ent légitim e ; tous les coopérateurs com ptent parm i lesagents les plus actifs de l
’épargne .
Les objection s et préventions soulevées contre lessociétés coopératives en général
,sem blent plutôt reser
v ées à celles qu i ont surtout la consomm ation pour objet .Le petit m agasin
,l
’
hum ble boutique sont des m oyensque des ouvriers économ es emploient pour féconder leursépargnes et parv enir peu à peu à un rang plus élev é dansla hiérarchie . Va— t-on les supprim er et, du m êm e coup ,ramener à un m êm e niveau abaissé toutes les unitéssociales ?Nous le répétons : nous ne pouvons ici donner à la
réponse tout le dév eloppem ent qu’elle comporte . Bornons
nous aux observations suivantesCertaines sociétés coopératives , par exemple celle
form ée entre les em ployés des chem ins de fer de l’E tat, ne
so cnärÉs COOPÉRATIVES 7
suppriment point les magasins existants ; elles s’entendent
avec eux .
5 petits m agasins et boutiques qui disparaîtront,
seront ceux— là où le client est exploité sous le rapport tantde la qualité que du prix de la marchandise .
“
CL es so ciétés coopératives de consommation bien organ iséesmettent à la portée d ’un grand nombre d ’ouvriersle moyen de pratiquer l ’épargne , al
’aide de laquelle ilspeuvent gravir les échelons avec ordre et m esure){S
’
il
plaisait à un petit trafiquant de ve ndre au com ptant de labonne m archandise , en se contentant d’une partie dubénéfice ordinaire , laissant l
’autre partie cu x m ains duclien t , .cet intermédiaire intelligent ferait l
’œuvre d ’unesociété coopérative . I l gagnerait person n ellen
°n t del ’argent et provoquerait les acheteurs à l ’épargne.
[ Bien plus , une société 000pérative venant à s’établir à
ses côtés , ne pourrait supprim er la m odeste boutique decet intermédiaire utile et bienfaisant . E ntre cell e-ci etcel le- là il y aurait lutte en faveur des consommateurs . Len om bre de ces derniers croissant
,le bénéfice du bouti
qu ier et celui de la société au gm enteraient . Ü’
t âM
L ’augmentation de bénéfice serait —elle p us rapide dansins de la soci été que derrière le com ptoir du
ant? Peut — être bien,parce que la société aurait
age d ’acheter plus en gros et d’écouler plus rapide
en t ses m archandises .
Mai s cette augm entation serait-elle moins sûre ici quelà? A u contraire . Le trafiquant aura son bénéfice m i euxassuré
,pourvu qu ’i l possède les qualités du patron , le
coup d ’œil , l’ordre
,l ’activi té , la prévoyance , l
’économie ,la forte et persévérante volonté unie à l ’intelligence desaffaires .
8 so cuÉrÉs coorÉaarnvrs
De telles qualités s’
harm on isen t rarem ent chez plusieursassociés . Là est la pierre d ’
ach0ppem en t des sociétésindustrielles et comm erciales . E lles réussissent à proportion de la valeur intellectuelle et m orale des hommeschargés de la gestion . I l en résulte que le progrès dessociétés coopératives n ’est pas il lim i té .
R ien n e remplace l’œil du maître , l
’unité de commandement . Toujours de petites affaires prospéreront à côté desgrandes . Celles — ci ne sont guère stables , quand on les acréées tout d ’un e pièce . I l y a dans la boutique d ’un intelligen t interm édiaire le germ e d
’une grande société c00pérative . E t d ’autre part
,celle — ci venant à succom ber sous
le poids des fautes du conseil de gérance , ne se relèverapoint d ’un seul coup . E l le reviendra naturel lem ent à laforme simple et prim itive de la petite boutique ; elle neretrouvera la prospérité et la grandeur que peu à peu ,
grâce aune direction unique et patronale .
E n vain l ’on espérerait supprimer le patronage ilest enraciné tr0p avant dans les entrailles de la naturehum aine . C ’est le rocher inébranlable
,des profondeurs
duquel ém erge la source v ive,abon dan te des com binaisons
industrielles et commerciales . C ’est le tronc vigoureux quise couronne
,à travers les âges , des branches si m ultiples
et si diverses de l ’activité sociale .
Les sociétés coopératives sont parmi les pousses desderniers jours . E lles viennent à leur heure . C ’est uneillusion d’espérer en arrêter la croissance ; c
’en est un eautre de considérer la coopération comm e l ’aurore d ’
un
(1) L e patro n age est un régim e d’
organ isatio n so ciale e t un m ode
de proprié té O u vri ers eu r0p e'
en s, par L e Play , tom e I . Préc is
alphabéti que, page 529, 928 éd it . , 1879 .
soc iÉrÉs COOPÉRATIVES 9
régime nouveau du travail , sinon d’une rénovation sociale .
La nature ne se supprime ni ne se refait .
3 . R E M ÈDÈ A CE QU’IL Y A DE JU ST E DANS L ’
O B JE CT I O N
L es objections et les préventions que nous avons essayéde rencontrer , n
’auraient aucune raison d ’être,si l ’on ne
tentait de mettre sur le système économique de la co op ération quelque étiquette politique .
Les sociétés coopératives sont des affaires . Il les fauttraiter comme telles .
E nvisagées sous cet aspect, conduites dans cet esprit ,ellés ne supprimeront point la classe utile des bons interm éd iaires ; elles contribueront plutôt à y donner accès àun plus gran d nombre d
’ouvriers .
Dois — je l e dire sans détour? A m on avis,cet excellent
résultat serait atteint d ’une façon certaine et l ’équilibresocial serait mieux établi
,si l’éparpillem en t du bien de la
famille se trouvait moins favorisé qu’il ne l'
est par la loi .L
’
ouvrier qui possède son foyer , le petit trafiquant dontla boutique a fondé lamodeste fortune , le grand industrielqui a créé une m aison réputée
,ne sont pas assurés de
prolonger au-delà de leur courte vie l ’existence de cefoyer
,fruit de laborieuses épargnes ; de ce magasin , source
de ben éfi ces légitimement acquis ; de cette usine , trésorprécieux où sont accumulées les économ ies du passé ,l ’intelligence du présent et les espérances de l
’avenir .
A l eu r mort,qui sai t? foyer
,boutique
,m aison , ne seront
ils pas mis aux enchères publiques A près leur mort , (queldoute décevant") tout ne sera-t— il pasarefaire ?Les sociétés anonymes et coopératives ont le privilège
10 socuärns COOPÉRATIVES
en tem ps normal , de pouvoir a leur gré fixer la date deleur mort ( 1) ou perpétuer leur vieJe n e dem ande point que ce privi lège soit é té a ces
utiles associations . Je fais des vœux pour qu 'il so it aussiaccordé dans de judicieuses lim ites à la fam ille
,qui est
bien la plus sim ple , la plus naturelle et la plus interéssante des associations .
CHA PITR E I I
S oc i é tés coopérat iv es d e pro d u ct ion . Part ici pat ion
au x b én éfi ces
CONS IDÉRATIONS GÉNÉ R ALES
Dans une société coopérative de production le capitalet le travail se trouvent , dit M . Léon d
’
A n drim ou t,
réunis dans la m êm e m ainLa difficulté prem ière est la form ation du capital social .
Les fondateurs des associations ouvrières françaises de1848 avai ent réussi à é luder cette difficulté , grâce auxfonds mis à leur disposition par la Caisse d
'
escomp te des
sociétés coop ératives et le Créd it au travailA ujourd ’hui
,le capital s e form e d
’une m amere plusrationnelle par la constitution préalable d
’une sociétécoopérative de con somm ation f
(1) A rt . 71 et 88 d e la lo i du 18 m ai 1873 .
(2) L‘article 71 au torise la prorogation de la so c1e té an o n ym e .
T ou te so ciété co opérative peu t se reco n stituer.
(3 ) L a coopérati on ouvri ère en B elgi que, par L éon d’
A n drim on t,
1876 , chap . V , p. 13 2
(4) L es A ssociat ion s coopératives en F ran ce et à l’étranger, par
Hubert Vallero ux, 1884, p. 9253 .
socrÉrns coorÉasrrvss 1 1
Les épargnes des associés à cel le — ci sont réunies et permettent d ’étendre le système de la coopération aquelquefabrication ,
art ou m étier .
Cela fait,l ’association a besoin de stabilité . Où la trou
vera-t-elle , si ce n’est dans un ou plusieurs gérants de
valeur ? Ce seront , à vrai dire , les patrons de l’
asso cia
t ion .
L ’enquête tenue en 1883 , à Paris , par la Comm issionextra-parlementaire des associations ouvrières nomm éepar M . l e Ministre de l ’intérieur
,renferme , sous ce rap
port , de très utiles renseignements .
Citons seulem ent ce passage de l’
in terrogato ire de l’
as
sociation des ouvriers m enuisiers en siègesM . PH IL IPPE , memb re de la comm ission d
’enquêteLe gérant ne travaille pasM . CONORD
,représentant l ’association Non , ses attri
butions sont définies . I l s ’occupe des affaires ex té
rieures. De plus , i l a à payer 50personnes par quinzaine ,ce qui représente de l ’occupation . Il y a une personnequi vient l e soir pour tenir la comptabilité et les écritures . Le m ouvement de la maison est très importantet le gérant doit suivre les commandes . I l est secondé
par un personnel , en cas d’absence , pour répondre à laclientèleN ous pourrions m ultiplier de tels exem ples .
Les économ istes émettent généralem ent l ’avis que lessoci étés c00pératives de production en sont encore à lapériode d ’essai .
(1 ) E n qu ê te de la Comm issio n ex tra-
parlem en taire des A sso c ia
tio n s ou vrières, n om m_é e par M . le M in istre de l
‘I n térieur, 1883 ,
1” partie, p. 78 .
12 SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES
Plusieurs pensent qu’elles sont destinées , par la naturemême des choses , à u n développement restrein t . Lemaniem ent du capital et la stabilité de l ’entreprise appell ent ou la direction d ’un patron unique et capable , ou unensemble harmonieux de qualités patronales , qui , nous ledisions au début
,se rencontrent rarement dans un conseil
d’associés.
A u surplus , la méthode d’observation
,ce fil conducteur
de la science sociale comm e des sciences naturelles , appli
qu ée aux faits connus jusqu’à ce jour en matière de
coopération productive,confirme cette dernière appré
ciation .
La jeune école d ’économie sociale que notre honorablecollègue M . Brants
,professeur à l’U n iversité de Louva in ,
a fondée à cô té de son cours pour habituer les élèves àl ’exam en consciencieux et scientifique des questions sociales
,suivant l ’exem ple légué par Le Play, notre m ai tre,
cette jeune école,dis-j e
,a scruté attentivem ent , a la
lum ière des faits , le passé et le présent des sociétés co opératives de production , traçant ainsi la courbe de leursdéveloppem ents afin d
’
en deviner,avec autant de certi
tude que possible , l’allure dans l ’avenir .
D ivers types ont été exam inés parmi les plus connusL es lunetiers de ParisLes portefaix de MarseilleLes nations d ’
A n vers, associations pour les transport spondéreux entre la ville et le port , qui ne sont pas, apro
prem en t dire,des sociétés c00pératives
Les portefaix et porteurs de bière de Bruges , Furnes ,Courtrai , Term onde , etc .
Les artèles de la R ussie, associations ouvr iè res dontles principales occupati ons sont le chargement et le
14 SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES
duction qui n e doivent recourir à l ’emploi d’ouvrierssalariés suivant l e mode ordinaire . On les nomme lesaux iliaires.
Sans doute , plusieurs soci étés accueillent les m eilleursd ’entre eu x parmi les associés , après un certain stage .
Mais ce fait, a lui seul , prouve com bien reste vrai entoute matière ce vers de l ’auteur du G lorieux
Chassez le naturel, il rev ien t au galop .
I l est m ême revenu au triple ga10p a la boulangerie dela société c00pérative le Vooru it de Gand, si j
’en doiscroire mes renseignements . Les ouvriers boulangers ,d ’abord associés
,sont redevenus bientôt de simpl es auxi
liaires salariés,comm e le comm un des m ortels , par le
patron,à m ultiples figures
,incarné dans la société co opé
rative de production .
M . le docteur De Paepe, le sociologue bien connu , aconstaté le m êm e fait
,au cours de son intéressante depo
sitiou devant la Comm ission d’enquête sœgean t l e 10 août1886 à l ’hôtel de ville de Bruxelle s
Malheureusem ent,dit le tém oin
,la société coopera
tive de production abouti t à rétablir le patronat (lisezle patron age) , les sociétés c00pératives restreintes ayantune tendance à employer des auxiliaires salariés , si lesaffaires s ’étendentLe coup d’œil du m édecin n ’a pas manqué à l
’honorabledocteur . Cependant , à notre avis , son diagnostic s
’esttrompé en attribuant le retour spontane vers l
’institution
(1) Pro cès— verbau x des séan ces d’
enqu ê te de la Comm issio n du
travail, v o l. 11, Section région ale b, p . 71 .
SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES 15
du patronage à une form e de la coopération plutôt qu’à latendance naturelle du coopérateur , qui est et qui restehomm e‘
.
LES SOCIÉ TÉS CO O PÉR A T IVÈ S DE PRODUCTI ON A
L ’
E T R ANGER
L ’enquête faite à Paris , en 1883 , par la Commiss ionextra-parlementaire des associations ouvrières
,constat e
l ’existence dans le département de la Seine,au 3 1 jui llet
1883,de 51 associations ouvrières de production
Les plus ancienn es , dont la fondation rem onte au moinsà 1848 , subsistent sous la forme de sociétés en DOm collectif.
Plu s tard,c ’est la forme en commandi te s im ple qui
prévaut .
E nfin apparait et se généralise l e type de société an onym c à capital variable , autorisé par la loi fran çaise du24 juillet 1867 . Caet là s e rencontrent des soci étés en nomcollectif à l ’égard des gérants et en comman di te sim ple àl ’égard des sociéta i res . Tel est notamm ent le mode adoptéen 1869 pour l
’institution de la société créé e en 1864 envue de l ’exploitat ion de l ’entrepris e de peinture , dorure ,teinture , vitrerie et m iroiterie , fondée par M . Leclaire en1826 (ancienne m aison Leclaire
,aujourd ’hui maison
R edou ly et Cie) .
I l est difficile de se rendre compte du nom bre de sociétésde production existant dans le reste de l a France . E n
1868,tan dis qu
’on en com ptait déjà 44 à Paris , i l n’y en
( 1 ) E nqu ê te de la Comm ission extra-parlem en taire,2° parti e, p.
472— 474.
16 SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES
avait que 2 1 à Lyon , et 28 dans le res te de la France et del
’
A lgérie
E n A ngleterre , d’après le recensem ent de 1885, il y
avait à cette époque 47 sociétés coopératives de production , dont 12 fabriques de coton , de toile , de soierie et delaine 7 tanneries 6 établissements m étallurgiques10 fabriques diverses ; 4 ferm es , et 8 moulins à farineCes derniers , dont les plus anciens on t été établis à
Leeds et à Halifax en 1847 , et à R ochdale en 1850, constituent les sociétés de production les plus importantes .
Ils comptent actionnaires , disposant d’un capital
de livres . La vente,opérée sous la direction de la
Wholesale society (société pour la vente en gros) a produitl ivres
,en une année .
Les autres sociétés de production ne comptent ensembleque m em bres . Leur capital total ne s ’est élevé qu’à
livres,et leur vente annuelle à livres .
Ces sociétés anglaises affectent trois formes d ifférentes : le plus rarem ent , elles sont composées ex clusi
vement d’ouvriers quelques-unes répartissent leursbénéfices entre les actionnaires , les ouvriers et les clients ;le plus souvent les coopérateurs s ’associent à des capitalistes .
ê 3 . LES SOCIÉTÉS COOPÉRAT IVES DE PRODUCTIONEN BELG IQUE
M . Léon d ’
A n drim on t cite (3 ) trois exemples de sociétésCoopératives de production , dont la plus ancienne , aujour
(1 ) Hu bert Valleroux , loc ci t. , p. 252 .
(2) L es So c ié tés co opératives en A ngleterre, par A lex . Charlot .R evue gén érale, B ruxelles, décembre 1886, p . 908 .
(3 ) L é o n d’
A n drim on t, loc . ci t. , p. 13 7— 141 .
SOCIÉTÉS COOPÉRAT IVES 17
d’
hu i dissoute , est l’
I mprimerie brux ello ise, société coopé
rative, fondée le juillet 1870 et définiti vement constituée
,le 8 juin 1874 , au lendemain de la mise en vigueur
de la loi de 1873 .
U n e lecture attentive des procès-verbaux de l’enquêtepubliés jusqu ’à ce jour et comprenant les provinces de laFlan dre occidentale , d
’
A n vers, du Limbourg , du Brabant,de Namur et du Luxembourg, ainsi que les arrondissements de Tournai
,Soignies et Thuin dans le Hainaut
,
nous permet de constater que,même à Bruxelles
,il n’a
été répondu par aucun fait intéressant à la question 149
(chapitre I) du questionnaire de notre Commission sur letravail industriel .Nous avons pris connaissance également des réponses
écrites faites à cette questionBeaucoup de ces réponses confonden t , suivant une
observation faite en note par le secrétariat de la Commission , la société coopérative de production avec lasocié té coopérative de consommation .
Cette confusion souvent subjective , e st , à vrai dire , parfois aussi objective . La cause est bien facile a saisir . Lessociétés coopératives de production
,en ce moment
flor issantes dans notre pays , sont des boulangeries et despharmacies dites populaires .
Mais ces établissements se rattachent presque toujoursd ’une façon intim e à des sociétés coopératives de consommation , et d ’ailleurs , ils sont eux-mêmes par leurpropre nature des associations de consommation autantque de production .
(1 ) R épon ses au question n aire con cern an t le travail in dustriel, v ol.I, p . 147-153 .
18 SOCIÉTÉS COOPERATIVES
A ins i, la société coopérative le Vooru it,à Gand
,qui
fabrique du pain , tient des pharm acies , publie des journaux
,ouvre des lieux de rafraîchissem ent et de récréa
tion,n è remplit ces divers o ffices que parce qu
’elle est
avant tout u n e société de consomm ation . La boulangerie,
dont les ouvriers sont des auxiliaires et travaillent parconséquent sous le patronage de la société de consommation
,est la m ère nourricière d e toutes les œuvres du
Vooru it. A ce titre , nous renvoyons ace que nous disonsdu
‘
Vooru it dans le chapitre des sociétés coopérative s deconsommation .
E n constatant qu’i l n’existe dans la Flandre occiden
tale aucune société coopérative de production M . le Gouv ern eur de cette province estime que les intermédiaire sont le tort souvent de grossir les prix de toutes choses .
Prenons le pain pour exemple , dit- il . Les 100 kil . defroment sont cotés en moyenne 19 francs ; leur conversion en farine n e coûte guère plus de 80-centimes . Or
,
les 100 kil . de farine non blutée et employée telle qu’elle
sort du moulin , produit en moyenne , d’après les degrés
de siccité et la qualité du grain,de 13 5 à 140 et m ême
145 kilos de pain d ’excellente qualité . Le pain de boulangerie se vendant , en moyenne , a3 0 centim es le kiloabstraction faite de sa qualité généralem ent m édiocre
,
il en résulte que le boulanger prélève , pour les travauxet frais de pan ifi cation , la différence entre 19 fr. 80 c .
et 140 30 cent . 22 fr. 20 c .
E t plus loinU n e comparaison analogue , faite sur le prix du bétail
et celui de la viande vendue en détail,aboutit à des
chiffres encore plus concluants . Nous avons vu, en effet ,pendant l ’hiver dernier
,en m aintes localités
,les culti
77
SOC IÉTÉS COOPÉRATIVES 19
vateursabattre et vendre leurs bêtes grasses eux — m êmes,
au prix de 1 fr. à 1 fr. 25 c . par kilo alors que lesbouchers ne cédaient la viande qu ’à 1 fr. 60 c .
, a 1 fr.
-80 cent .
,jusqu’à 1 fr. 90 c .
, selon les m orceaux et laqualitéI l y a donc de la marge et pour les so c i etes de produc
tion et pour les intermédiaires intelligents qui se cO n tenteron t, comme nous le dis ions au début de ce travail ,d ’une partie du bénéfice
,en lai ssant l ’autre aux m ains du
client .— Nous term inons le peu qu’i l y a à dire sur les soci étésde production proprement dites de la Belgique
,en signa
lant aux coopérateurs,nos compatriotes , l
’exem ple deleurs compagnons anglais . Ceux- ci sont gens pratiques .
Le jugent- i ls expédient,i ls s ’unissent à des capitalistes
,
loin de leur déclarer la guerre .
Com b i en cette conception positive s’écarte des idées de
certains coopérateurs belges L ’un d ’
eux ,ren dan t compte
d ’une boulangerie coopérative,émet cet avi s Cette
insti tution tend à dém ontrer d ’une m anière efficace quele peuple peut se gouverner lui-mêm e , et que s
’i l avaiten m ain les élém ents nécessaires , i l pourrait , sans
cap italistes, très bien régler sa situationT el est l ’idéal de ce brave témoin : réformer , à l
’aidede la coopération
,la société
,au point d ’
en exclure lescapitalistes . Il est de l ’ordre des réformistes-novateurs quis e croient sincèrement chargés du soin de créer une nouvel le société aleur image et a l eur ressemblance . L
’
ex pé
rien ce s e chargera,elle
,de remettre en place leurs imagi
nations .
(1) R épon ses au question n aire, loc . c it. , p. 147 .
(2) R épon ses au questionn aire, loc. c it . , p. 153 .
20 so c 1ErEs COOPÉRATIVES
E ncore u n e fois , les soc i etes cowératives sont desaffaires et il faut l es traiter comm e telles .
L A PARTICIPATION A U X BÉNÉF ICES
I l est un mode de coopération dans la production quenous ne pouvons om ettre , quoiqu
’i l n e se rattache pasdirectem ent à notre sujet c ’est la participation aux bén éfi ces. E lle revêt des form es bien diverses . La plus simple
et la plus comm une consiste à accorder des prim es auxouvriers attachés d ’une façon permanente à un établissement
,en sus de leurs salaires . Ce m ode est adopté
notamment par MM . Harm el dans leur filature de War
m eriv ille , près de R eim s (France) par MM . B elpaire
Teichm an et Liebrecht à la poudrerie royale deWetteren(Belgique) par MM . de Montgolfier a la papeterie .deVidalon près A nnonay (France)A Wetteren
,lors du centenaire de l ’usine
,frs
,
prélevés sur les bénéfices , furent distribués au x ouvriers .
L ’un d’eux,vieux travailleur
,chargé de cinquante-trois
années de service,reçut pour sa part francs
,l e prix
d ’une jolie maisonnetteA pr0prem en tparler, ce n
’est pas la participation directeaux bénéfices
,mesure plus facile a louer qu
’
à_
réaliser
sans porter atteinte à l ’autorité légitime des patrons,a la
(1) L’
usin e du Val du — B o is. E xpo sitio n du Min istère de l‘I n téri euren 1878 . Question n aire et répon ses
(2) L e T ravai lleur, 15 ju in 1878 , n° 24.
(3 ) D e la con d i ti on d es ou vr iers dan s les gran des in du stries, parJules Michel, ingén ieur en chef des pon ts et chau ssées. R evue
catholi qu e des I n st i tu tion s et d u D roi t, avril 1886 , p . 286
22 SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES
L e trait rappelé en prem ier lien ,se retrouve non seule
ment dans la m aison Leclaire,mais aussi chez M . Mam e
,
de Tours ; à l’im primerie Chaix , de Paris , etc .
A . Guise,M . Godin s ’y est pris d’une autre façon . L es
parts de bénéfice représentent pour l’ouvrier ou l ’employébénéficiaire l ’acquisition d ’une part de proprié té de l
’usine,
part dont il est seulem ent appelé à toucher les intérêts ,en attendant le remboursem ent total du propriétaireactuel .Les titres de propri ete acquis de cette m an i è re s
’
é le
vaien t au 30 juin 1883 à la somme de 1,
francs,se
décomposant ainsi
1 3 3 titres de 100 francs et au-dessus188 101 a fr. 500
167 501 à
3 18
12
2
4
3 titres nu — dessus de
M . Godin s ’est néanm oins réservé jusqu a sa mort unegrande part d
’intérêts et d ’autori té .
L’
adm in istrateur— gérant qui lu 1 5u ccédera dans la d irection de la comm andite form ée pour une période de quatre— vingt— dix — neuf ans
,apartir de 1880
,aura aussi sa très
grande part d’autorité .
Mais que deviendra l ’affaire elle-même R estera-t— ellebonne ? Les Ouvriers participants , devenus des proprietaires de l ’usine
,y trouveront-i ls jusqu ’en 1979 , leurs
(1) U rbain G u érin , loc . c it. , p. 3 6 — 3 7 .
S OCIÉTÉS COOPERATIVES 23
avantages E u x ou leurs ayan ts-droit n’
au ron t-ils pas depertes à sub ir ?Toutes ces questions rest ent insolubles . L ’expérience
n’a pas encore prononcé complètement et définitivementsur ce mode de participation aux bénéfices .
Théoriquement,le système de la participation aux
bénéfices,quell e qu’en soit la forme , est recomm andable ;
pratiquement,il dépend beaucoup de la nature
,de
l ’industrie,des l ieux où elle s ’exerce, des hommes , patrons
et ouvriers , qui l’
appliquen t.
E n Belgique,O ù le systèm e des primes commence à se
répandre,la participation est apeu près inconnue . Nous
n ’en relevons guère que deux exem ples dans les réponsesécrites faites à la question 17° de notre Questionnaire .
La maison Vimenet,à Bruxelles
,pour la fabrication des
feutres et chapeaux , accorde aux ouvriers 10 p . c . des
bénéficesM . Merlot— Charlier
,d
’
E tterbeek, rapporte que des ouvriers de la Vi eille-Montagne ont “un cinquièm e dans lesbénéfices de fabrication . Cette participation dans lesbénéfices , dit le tém oin , a t oujours produit lesmeilleursrésultats .
’
O utre qu ’elle encourage les ouvriers , elle lesrend très éco nom es des matières de fabrication . E l leles rend “dés ouvriers modèles (2
( 1) R épon ses‘
au qu estion naire in du striel, v o l. I , p. 218.
(2) Ib id .
, p . 223 .
0 0
24 SOCIETES COOPERATIVES
CHA PITR E III
S o c i é t é s Co opé rat iv es d e c ré d i t o u B an qu es
popu laires
1 . CONS IDÉRATIONS GÉNÉRALES
A ssocier de pe tits capitaux pour les faire fructifier etpour créer un crédit en faveur de leurs possesseurs , telest le but de la société coopérative de crédi t ou banquepopulaire .
I l n ’est pas nécessaire que le peti t capital soit formé enune fois et déposé à la Banque populaire . Mo
’
yennant unelégère somm e (3 francs dans notre pays » atitre d
’entrée,
l ’associé opère ses versem ents jusqu’à concurrence de la
valeur d ’
une action (souvent 200 francs), par portion de2 francs le m ois ou de 50 centim es la semaine .
On ne peut m ieux, sem bl e- t-il , exposer tous les avantages de la Banque populaire que ne l
’a fait M . Micha,
secrétai re général de la Fédération des Banques populaires , au XI I I e Congrès d e ces sociétés coopératives , tenuà Liège le 26 septem bre 1886 .
S i le public , en général , dit M . Micha , était au courantde l ’organisation de nos sociétés de crédit m utuel
,des
différents genres d ’
O pération s qu’elles font tous les jours
et don t la classe s i nom breuse des ouvriers et‘
artisan s,
des petits industriels et négociants , tire profit, il seraitaussi persuadé de l
’im portance et de ‘
l’
u tilité de nosm odestes institutions au point de vue de l
’am éli orationdu sort des travailleurs . I l n ’
en_
est m âlheureu sem ehtpes
ainsi ; c’est pourquoi j e pense
/
qu’
il es t nécessaire de rappeler brièvem ent quelques cas dan slesquels les Banques
SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES
populaires sont fréqu emment appelées à intervenir auplus grand avantage de leurs sociétaires .
U n ouvrier , que j e suppose honnête et travailleurparce que, s
’i l ne réunit pas ces deux conditions , saplace n ’est pas ala Banque populaire peut cependant ,
par suite de circonstancesm alheureuses et accidentelles ,se trouver, à un mom ent donné , plus ou moins fortem entendetté chez ses fourn isseurs d’objets de premièrenécessité . Qu
’
arrivera— t— il s i ces négociants ne sont pas ,eux aussi , honnêtes et consciencieux ? C
’est q ue, sachantl ’ouvrier leur débiteur
,obligé de contin uer as’
approvi
sion n eraleur m agasin , i ls en profiteront pour lui v endretrès cher des m archan dises de quali té souv ent très doutense . E t la situation de ce m alheureux ne fera que s ’em
pirer S’
il a é té assez sage pour s’
affi lier aune Banquepopulaire
,cel te — ci pourra lu i venir en aide et lui faire
l ’avance d ’un petit capital avec lequel il réglera sespaiem ents arriérés . R endu libre de ne plus acheterqu ’au comptan t et dans les magasins de son choix , i l nelu i faudra pas longtem ps pour rem bourser la Banque del ’avance qu
’il en aura reçue , rien qu’en économisant la
différence entre les prix qu’il paiera désorm ais et ceux
que lui imposaient l es n égociants ses créanciers .
E t qu ’on ne dise pas qu ’un ouvrier , dans sa s ituation ,n
’aura pas crédit aune Banque populaire parce qu’i l
n e pou rra o ffrir de garan tie . S on honnêteté,sa probité
répondent déjà -
pou r lu i , et , s i cela est nécessaire , iltrouvera un m em bre de sa fam ille un camarade
,un
compagnon d e travail qui voudra bien le cautionner .
N ’est- il pas inscrit dans nos statuts que c ’est l’
hon n ê
- :t eté,l ’esprit d
’ord re,l ’activ ité et l ’habileté d e l’empru n
teur - et nous pourrions ajouter de la caution que
26 SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES
les conseils d ’adm inistration de nos Banques populairesconsidèrent avant toutA utres hypothèses : U n ouvrier
,un artisan
,qui a la
noble am bition de gravir un échelon de l ’échelle social e ,veut s ’établir à son compte , et il est habile en son m étie ret homme d ’ordre . E n confiance il pourra s
’adresser àla Banque populaire ; elle lui ouvrira un petit crédit quisouvent lui sera d ’un précieux secours dans ses affaires ,au
.d ébu t surtout .U n ménage d ’ouvriers a— t-il afaire quelques approvi
sion n em en ts, par exem ple , à l’entrée de l ’hiver
,ou un e
dépense exceptionnelle de quelque importance pourl ’établi ssem ent d ’un fils ou d ’
une fille : l ’avance qu’i lpourra obtenir à la Banque populaire lu i perm ettra defaire ses acquisitions au com ptant et dans les conditionsles plus avantageuses .
L ’usage de dem ander aux petits em ployés de déposerun cautionnem ent se répand de plus en plus , non seulement dans les adm inistrations publiques : chem ins defer
,postes
,télégraphes , douanes , accises , etc mais
encore dans nom bre d ’
adm in istration s absolum ent priv ées.
Que de dém arches , souvent vaines et toujours plusou m oins difficiles , s
’
épargn erait celui qui , affilié à uneBanque populaire
,trouverait celle — ci toute disposée à
lui fournir le cautionnement dont il a besoin , et sans quesa dignité ait le moins du monde à en souffrir, car celuiqui em prunte à
‘
une association de crédit mutuel n’est
l’
obligé de personne .
Devenir propriétaire , avoir à soi'
sa petite m aison , estbien souvent le plus ardent désirde l
’ouvriercomm e ducontre-m aitre ou de l ’employé . Ici encore la Banque
13
3
3
8
SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES 27
populaire pourra intervenir utilement et seconder sonaspiration bien légitime . Qu ’i l aille à elle et lui dise :J ’ai quelques centaines de francs d ’économie
,j e veux
acheter ou faire construire une petite m aison,avancez
m o i les trois ou quatre m il le francs qui m e sont encorenécessaires
,vous prendrez inscription sur mon bien , et
tous les mois ou tous les trois m ois,en venant payer les
intérêts,j e v ous apporterai mes nouvelles économ ies
pour réduire ma créance .
U n e telle demande pourrait— el le ne pas être favorablement accueillie ?A ussi les Banques populaires contribuent , tous les
jours,à rendre propriétaires nom bre d ’ouvriers hon
n ê tes, économ es et laborieux .
Il faut savoir se borner ; sans quoi nous pourrions,pard ’autres exem ples encore , prouver l
’heureuse influence
qu’
ex ercen t nos associ ations de crédit m utuel au pointd e vue de l ’am élioration du s ort des travailleurs , carc ette influence ressort de tous leurs actes . Si nous avonscru utile de rappelerb rièvem en t les services que lesBanques populaires sont appelées à rendre et qu ’ellesrendent journellement , c
’est qu ’en ce moment l ’on veutaccorder quelque attention aux institutions qui peuvent
,
dans une certaine mesure,contribuer à améliorer la
s i tu ation de notre classe ouvrière .
Ce qui touche particulièrement ceux qui visitent lebureau d ’une Banque populaire
,dit enfin M . Poulet
dans son travail sur l’Épargn e et les B an quesp opu laires,c ’est
,tout ala fois
,son installation modeste et la faci
lité , l a convenance et l a dignité avec lesquel les lesO U V I
’ ÎG I 'S y viennent traiter leurs affaires . Généralem ent ,dem ander de l ’argent à prêter est un e démarche qui
28 socn«îrÉs COOPÉRATIVES
pèse beaucoup, qu’on n e fait qu’avec gêne et repu
gn an ce ; m ais ici toute gêne a disparu , parce que lesem prunteurs comprennent qu
’ils viennent réclamer undroit acquis surtout par leur bonne conduite et leurhonnêteté , et non solliciter une faveur qui peut toujours être refusée . E n un m ot
,le sentim ent de leur
dignité personnelle est entièrem ent sauvegardé .
D’autre part , la faculté de pouvoir , au m oyen d
’unecotisation m ensuelle de 2 francs
,obtenir des emprunts
atteignant des chiffres plus ou m oins élevés , est unstim ulant à l’épargne . Cette faculté d ’emprunter contribuera puissamment a créer ce peti t capital initial ,si difficile à saisir
,si important à posséder , car tou t l e
monde sait combien son t pénibles et cependant fru ctu eux les prem iers pas dans la voie de l ’épargne pourcelui qui ne dispose que d
’un salaire fixe et res treint .Quand on a une fois pris l
’habitude d ’économiser ,cela devient un besoin
,une nécessité ; l
’esprit s’
in gén ie
et trouve m i l le petits m oyens d’
augm enter le contenude la précieuse tirelire .
A u point de vue m oral donc , l’association de prêts
élève l ’ouvr i er,qui se s ent grandir par sa participation
à un tel comm erce de Banque ; i l trouve là un appuisans que sa liberté soit en rien gênée ou amoindrie ; laBanque fortifi e le sentim ent de sa dignité personnelleen augmentant sa confi ance en lui-m êm e ; elle stim uleson zèle , son assiduité au travail ; elle augm ente aussison désir d ’
épargn er, son amour de l’ordre , son respect
aux engagements contractés elle l’hab itu e à faire sesaffaires lui-m êm e
,à s ’en rendre comp te ; elle forme son
éducation et contribue à lu i dOn n er d e saines notionséconomiques
, propres à com battre toutes les mauvaises
30 SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES
D’abord l ’ob ligation de prêter à bon m arché réduit
le bénéfice de chaque prêt ou escompte à une somm ein sign ifian te. Par conséquent , la m oindre perte em porteles bénéfices de cette Opération , et si , en choisissantmal le papier
,on subissait des pertes nom breuses
,on
ruinerait l ’institution .
E n outre, plus les bénéfi ces de chaque prêt ou
escompte sont petits,plus il est nécessaire de les m u l
tiplier, si on veut rendre l’institution prospère . Mais
alors,la Banque populaire, après avoir donné tout son
argent,doit avoir le moyen d ’en trouver ailleurs
,pour
s uffire aux demandes qui lui sont faitesE t plus loinS i chaque fois que vous faites des crédits , vous les
réglez par des billets aordre ou par des traites,vous
aurez en m ain du papier commercial . A lors lese mprunts directs ne vous seront plus nécessaires . Vousles rem placerez par l’escompte de votre papier ce seramoins onéreux pour vous et m ille fois plus profitable àla Banque populaire dont vous faites partie
Que si par faiblesse , par routine , par une m auvaiseintelligence des affaires
,les associés de la banque s ’ob
stinaien t ane dem ander que des prêts directs pour continner afaire des crédits de consommation , l
’institutioncesserait d ’être
,à m es yeux , une œuvre m oralis
‘
atrice .
Je n ’y verrais plus que d es dangersCependant , malgré ces avis d
’hommes si divers et si
(1) L’
U n i on é con om i que, . o rgan e du créd it m u tuel des banqu es
populaires et de l‘œu vre des placem en ts gratu i ts, 2
°série, tom e 11,
n°49, 1er
jan vier 1887.
(2) L oc . ci t . , p. 204 .
SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES 3 1
compétents,auxquels i l y a lien , j e pense , de se rallier
dans la plupart des cas , nous m anquerions à la m éthoded ’observation si nous ne constations dans ce rapport lessuccès obtenus par des institutions présentant des analogies avec les banques populaires , mais fondées dans unesprit quelque peu différent .C i tons les prêts d
’honneur en Italie ; les banques p0pulaires du type R aiffeisen (D arlehn
’
s Casse Verein ) en A llemagne ; les sociétés de crédit gratuit établies en Belg ique
à Iseghem et a E eghem par un homme d ’œuvres b ienconnu
,M . l ’abbé Van den Driessche .
Six ans après la fondation a Berlin , en 1848,de la
première banque popu laire par lè m agistrat S chulze , néà l) elitsch, M . R aiffeisen en fondait une à HeddersdorfNeuwied , dans le Palatinat . S chultze-Delitsch disai tNe com ptez que sur vous — mêmes
,épargnez
,réunissez
vos épargnes,adm inistrez-les solidairem ent
,les capi
taux viendront à vous . M . R aiffeisen ajoutait L ’étatdes soci étés actuelles n ’
estpas satisfaisant parce qu’elles
ont déserté le terrain de la charité et de la fraternitéenseignées par l’E van gile . R evenez aux enseignementsdu divin M ai tre
,la concorde sociale reparaîtra : à ses
fruits vous reconnaîtrez l ’arbreDans l ’opinion deM . R aiffeisen
,l e dividende n’est rien
pour les banques populaires . E lles procureront beaucoupplus aux travailleurs par l
’assistance mutuelle que par lelucre . A son avis , l a B anque populaire est un mécanismesocial . Tout ce qu
’elle produit au -d clé. des parts ou misesdes sociétaires revient de droi t à l’E tat, en cas de disso
1) Cité par M . E . Fourn ier de Flaix , L a R éform e sociale, 29série
,
tom e I I I , 1°' jan v ier 1887 , p. 61 .
3 2 S OCIÉTÉS COOPERATIVES
lu tion,afi n de servir de fonds pour l ’établissement de
nouvelles banques populaires .
Nou s ne discutons point ces conséquences , déduites ,avec quelque exagération selon nous
,de prém i sses qui
nous paraissent mieux fondées . Mais nous devons enre
gistrer l e succès de l’œuvre . E n 1886
, i l y avait en A llemagne banques de ce type , et en 1882 la statistiquedém ontrait que les opérations de chaque banque R aiffeisen sont en moyenne aussi élevées que celles des banquesS chulze-DelitschM . l ’abbé Van den Driessche n e s
’
aven ture pas aussiloin que M . R aiffeisen . I l se borne à préconiser la fondation de sociétés de crédit gratuit la où il y aurait impossib ilité à fonder la banque populaire .
N ous ne croyons guère à cette im possibilité ; mais enfin,se présente-t-elle , i l y a uti lité incontestable acommencerl ’œuvre de la Banque populaire par une société fondéeaussi sur l ’épargne et sur la confiance qu’elle engendre .
La société de crédit gratuit ou,si l ’on préfère de crédit
et de cautionnem ent ( leen en borg gilde) fait des prêts àdes ouvriers hon nêtes et consciencieux , m ais n
’ayant quede très faibles ressources
,pourvu qu’i ls épargnent depuis
trois mois au m oins . Ces avances sont prélevées sur unfonds de réserve constitué par les fondateurs de l
’œuvre.
Ces prêts peuvent s’élever au double du m ontant du livret
d’épargne et ne portent pas intérê t .L es ré sultats obtenus à Iseghem et à E eghem ont été
des plus encourageants .
Cette société,basée sur le meme principe que la Ban
que populaire , dit M . E rnest Faligan rend aussi les
1 ) Fou rn ier de Fleix , loc . ci t ., p?62.
2) Mon ograph ie des in stitu tion s é con om iques d’
I seghem , par E m .
Faligan , p. 21 .
SOCIETES COOPÉRATIVES 3 3
services ; mais elle les rend sur un e échelle plusrestreinte et dans un m il i eu où la Banque populaire n epeut le plus souvent pénétrer .
BANQUES POPULAIRES AGRICOLES
Dans la séance de la Chambre des représentants du1ar décembre 1883
,M . l e représ entant Léon d ’
A n drim on t
a développé de bonnes idées au sujet de la constitutionde banques populaires agricoles . On sait qu ’elles fonctiO n n en t avec succès en A l lemagne et en Ital ie .
D’après l ’article 1 er de la loi dq 1 1 mai 1884 sur les
prêts agricoles , la Cai sse général e d ’épargne et deretraite est autorisée à em ployer une partie de ses
fonds disponibles en prêts faits aux agriculteurs .
Ces prêts sont assim i lés , suivant leur form e et leursoit au x placements provisoires , so it aux place
m ents définitifs de la Caisse d ’épargne,et réalisés à
l ’intervention d es comptoirs qui seront établi s dans leslocalités O ù l’uti lité en sera reconnueNotre honorable collègue préconisait un autresystèmeJ
’
estim e,disait- il
,qu ’il appartient au gouvernement
de faciliter dans les cam pagnes l ’organisation des association s mutuelles de crédi t appelées à favoriser laprincipale industrie qui s
’y exerce,l ’agriculture . E lle s
s’
appelleraien t, par conséquent , banques populairesagricoles et réuniraient dans leur sein les cultivateursd ’un ou de plusieurs villages .
Ces banques deviendraient, après agreation par legouvernem ent
,les intermédiaires entre leurs sociétai
res cultivateurs et la caisse d ’épargne de l’E tat, qui leurprocurerait des capitaux et un taux d ’intérêt modéré . II
3
3 4 SOCIÉTÉS CO O PÉR A T I V B S
est bien entendu que cette agreation serait sub O rdbnn éea certaines conditions dont la principale consisteraitdans l ’adoption de statuts — types arrêtés par le gou ver,
nem ent . L ’obligation d ’une solidarité entre tous lessociétaires serait stipulée dans ces statu ts . Cette solidarité pourrait se lim iter à c inq fois le capital ou b om
‘
,
qui n e dépasserait pas 200 ou 3 00 francs . A fi n d’éviterles mécomptes résultant le plus souvent d ’une gestionim prudente , parfois m alhonnête , ces banques s
’
oblige
raient à se soum ettre à une inspection officielle , dontelles supporteraient les frais .
E t m ain ten an t ,vo ici de quelle m am ere,m e semble — t- il,
,le gouvernem ent p ourrait encourager la création de
,,ces associations de crédit .I l leur garantirait la j ouissance des avantages conce
dés par le proj et de lo i aux comptoirs agricoles .
p,Il leur avancerai t les frais d ’organisation . ou deapre
mier établissem ent .
c
Le bourgm estre delalocalité où s’
éti1blirait une banque populaire agri co le , serait so llic ité à s
’
en laisserr
,,
-
:nomm er président d’honneur ; il assisterait aux
‘ réu-nions populaires du conseil d
’
adm inistration ,m ai s —avec
voix — consultative .
Le gérant et le ca1ss1er , qui recevraient une rém un ération
,proportionnée _ au . chiffre , d ’affaires , seraient
choi si s parmi les receveurs et secrétaires commun aux .
, ,
A vec de telles garan ties données aux sO ciétairesd’un e
ban‘
qu s agricole, et la large publici té dont dispOse le“
gouvernem ent , j’
estim e qu’
en bien peu de tem pseonverrait s ’organiser un grand nom bre de ces banquesdans le pays .
Les banques populaires agricoles ne se.
—s ont-‘
el les pas
S O CIÉT ÉÈ"E O O PÉÈ A Î IVE Ë 35
:; èmu ltipliées rapidem ent en Itali e et eur—A l leem à‘
grie? E t
f,; c epen dan t elles:n e jouissent pas d es faveurs
‘
dont j oui'
I'
raient les institutions sim i laires belges , si la législation‘
adoptait mes idées . A u dire des économistes éminents
qui les ont étudiées sur placé , elles ont donné la plusim pulsion au développement de la petite culture .
lane se borneraient p as les bienfaits que répan-;f. draien t - autour d ’
elles les banques popu laires agricoles .m oraliserai ent n os populations rurales , en
"
les
l,;1 1fi stru isañt de leurs devoirs , au nombre desquelsnousciterons en première ligne celui d ’être économe ‘ et
p on ctuel dans l’
accomplissem en t de ses promesses .
) Ï ’ -E t. puis encore, le membre d une telle associationconservera toute son indépendance ; ii ne perdra rien
car il ira dem an der de l ’argent asa banque
, eb saodem an de s era toujours exam inée avec bienàp
‘
x eillan ce .
c
par :ele1 con seil i -d’
adm in istrati‘
on qu’i l —5aura
choisi l ibrem ent et dont il prov oqu eraïlaf d émissiO n ; s i
con seil s è‘perm ettait de poser un acte con traire auxstatuts o u a l
’
equ 1te
a; Dans le principe , ces institutions de crédit mutuel nedi sposeront . qu eatde faib les ressourcesg E lles s e v é rront nécessairement dans l ’obligation de r ecourir à
:l’
esc‘
om pte de l eurs v aleu rs à lac aisse d’
épægn e: M ais
i ,; ap rès quelques années. de marche réguli ère et prudente .
elles rne «
ftrouveron t . pas e n e lles —m êmes lesavances qui leur -seront réclam ées par les - sociétaires
présente pour plusieurs ban quespopulairesLe c apital v ersé par les membres et les
qui - leur son t confiés , suffisen t amplement pourles prêts qu ’elles consentent . I l en est bien
‘
peu qui réesçompten tl eur papier à la Banque n at ionale .
3 6 SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES
S’
affran chir de la caisse d ’épargne serai t évidemm ent,
pour les banques populaires agricoles,la suppression
d ’un rouage et d ’une responsabilité qui faci li terait sin
gu lièrem en t leur fonctionnem ent . C ’es t la un desideraturn qui doit faire partie de leur programme .
Sous quelque aspect qu’on envisage la création deban ques populaires agricol es
,on n e peut mécon naî tre
qu’elle réalisera un grand progrès économ ique . S elonmoi ; ces banques assureront dans l
’av enir le succès dela loi que nous somm es appelés à voter .
La loi de 1884 sur le crédit agricole n ’ayant eu qu ’uneffet m inim e , comm e l
’a démontré notre enquête agricole
,M . d
’
A n drim on t a développé de nouveau ses idéesdans la séance de la Cham bre du 2 décembre 1884 11 lesa condensées dans le discours qu ’il a prononcé le 26 septembre 1886 au XIII" Congrès des Banques populairesNous croyons uti le de le reproduire i ci
,,La loi d e 1884 qui a organisé le crédit agri cole en
Belgique et qui devait procurer du,créd it abon marché
à nos agriculteurs,est restée inopérante et n e produira
aucun effet . E lle est faite pour les grands agriculteurs et
,non pour les peti ts
,car en présence de toutes les for
m alités qui entourent les prêts , le petit cultivateur quiaurait besoin d ’emprunter une somme de deux ou troi scents francs , y renoncera . Le paysan , au surplus , estdéfiant de sa nature
, et vous le déciderez bien d iffi cilement à aller confier ses affaires
,comme le veut la loi
, à
un comptoir d’escompte .
J ’avais pensé que , pour organiser sérieusem ent lecrédit agricole
,le m eilleu 1 m oyen était de fonder des
banques populaires agricoles qui seraient adm ises à
méescompterala Banque Nat ionale pour compte de lacaisse d ’épargne .
3 8 SOCIÉTÉS COOPÉRAT IVES
77
77
" aimai t des lim ites fort restreintes . E lle n’
en tràîn erait
aucune responsabilité de nature à comprom e ttre le pouvoir . E lle serait tout a fait paternelle et
_
semblable àcelle qui est exercée à l ’égard des sociétés de secoursmutuels .
I l existe au ministère une Comm ission perm anente
qu i a pour m ission de favoriser l’organisation de ces
associations de m u tuellistes.
E lle a rédigé des statuts m odèles et des instructionstrès claires et très détail lées
,qui sont un excellent
guide pour — l es artisans qui ont le désir de créer dessociétés de Secours m utuels
,conform ém ent à la loi du
3 avril 1851 .
Cette Commission perm anente a répandu parmilliersd’exemplaires ces statuts modèles et ces documents ,grâce auxquels la m utualité fait des progrès const
'
antsdans le pays
,au grand prO fi t des classes labôrièu sés
E h bien, je nie dem ande pour qd el m otif le gon y ernem ent né procéderait
'
pas de la mêm e façon“
à l ’égarddes banques populaires agricoles ?pourqu o i v il n 1n stal
lerai t pas au Ministère d es finances'
une C omm issionperm anente con1poSée d
’homm es dévoilés , compétentset qui s’
imposeraien t— la m ission d e f aire
H(
l
.)
cu ltivatéurs le rôle si U tile que lesbanquespourr
'
aient jouer dans l ’organi sation du crédi tagricole ?
,,Cétte Comm i ssion suivant l ’exem ple de cellé dont
nous parlions tan tôt, réd igerait des statuts‘
- types d’asso
ciation s“
de crédit m utuel et des in structions q1fi i ni tiefaien t sans -
peine nos cOm pagn ards à’
léûr mécanisme .
Dans ces”
statuts— types ; l’obligation d ’une solidarité
e’
n tre toùs lès'
sociétaires serait stipulée: Cet te — solidarité
SOCIETES “ COOPÉRATIVES 539
;; se ,
lim iterait,à trois , quatre ou cinq fois le capital ou
boni qui ne dépasserai t pas 200 ou 300 francs .
,,A fi n d ’éviter des mécomptes , ré sultant le plus sou
vent d ’une gestion imprudente , parfois m alhonnête , cesbanques se soumettraient a une in spection o fficielle ,dont elles supporteraient les frais . Le bourgmestre dela localité où s
’
établirait une banque populaire agricole,
serait sollicité à s’
en laisser nomm er président d ’honneur ; il assisterait aux réunions du conseil d
’
adm in is
tration,m ais avec voix consultative .
Le gérant et le ca_
i ssi er,qui recevraient une remu
n ération proportionnée au chiffre d ’affaires , seraientchoisis parm i les receveurs et les secrétaires comm un au x .
A vec de t elles garanties données aux sociétaires
agp— d ’une banque populaire agricole et la grande publicit é
qu e ferait- cette commission dont je réclam e l
'
in stitu
tion,j ’estim e
,d i sai s-j e enfin
,qu ’en bien peu de tem ps
- l ’on v errai t s ’organiser un grand nombre d e ces banques
, dans nos cam pagnes .
A ujourd ’hui encore,j e pense que c
’est par les banpopulaires que l ’on — vulgarisera le m ieux et l e plùs
: prom ptement l e crédit agricole . L ’honorable Ministredes fi nances m ’a bien objecté qu ’il serait dangereux ded onner au gouve rnem ent une responsabil ité qu elconque dans l ’organisation des banques populaires agri
parce que celles — ci pourraient n e pas réussir .
Mais cette responsabilité du gouvernement,elle
. existe pour les sociétés de secours mutuels,qui peuvent
cependant se trouver ala tête de somm es im portantes .
à ,, Qu’il arrive à l ’une d’elles de gaspil ler son avoir
,11 n e
à l ’esprit dep er_
son n e . d
40 SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES
nement responsable . I l en serait pour les banques
populaires agricoles comm e pour les sociétés de secoursm utuels . D u reste
,les banques seraient su rveillées par
les comptoirs d’escompte de la Banque Nationale, qui
prendraient leur papier, et cette surveillance serait su ffisante ; auss i je renoncerai s , sans difficulté à l
’inspectionofficielle dont je parlais tantôt et qui n evei t pas nonplus l’heur de plaire amon honorable contradicteur .
Je m e souviens que M . le Ministre des finances objectait encore
,au point de vue des garanties
,que l ’on
pouvait s e retirer quand on voulait d ’une société coopérative
,ce qui dim inuait considérablement la responsa
bilite des actionnaires .
Sans doute , on se retire facilem ent d’une soci étéc00pérative m ais , en vertu de la loi , tout associé dém ission n aire ou exclu reste personnellement tenu
,dans les
lim ites où il s ’est engagé,et pendant cinq ans à partir
. de sa dém iss ion ou de son exclu sion .
Ce serait donc une erreur de croire que les facilitésaccordées aux mem bres des sociétés coopérativ es de seretirer de l ’association
,rend illusoire leur responsabilité .
Je persiste donc à croire qu e la fondation de banques
populaires dans nos cam pagnes serait d’un excellent
effet au point de vue de la vulgarisation du crédit agricole ; c
’est pourquoi je prie le Congrès , s’il partage ma
manière de vo ir , de m’
appuyer auprès du gouvern ement ‘
et d ’ém ettre un vœu en faveur de l ’institution duCom ité de propagande que j
’avais l ’honneur de precon iserala Cham bre .
Sur la proposition de M . Brixhe,cette question fu t ren
voyée par le Congrès à l’exam en de chaque ban que popu
laire,avec prière de faire rapport dans les trois m ois . Le
SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES“
41
Comité permanent de la Fédération s ’est chargé d ’endélibérer ason tour . E nfin
,le proéhain con grès s
’occuperade nouveau d e cet important obj etD
’ici là,nous croyons que la Comm issi on du travail
ferait œuvre u ti le en recomm andant à l ’attention dugouvernem ent l ’é tablissement et la propagande en Belgique des institutions analogues aux banques populairesagricoles de l ’étranger .
Les idées de notre collègue méritent d ’au tant plus defixer l ’attention
,qu ’elles sont partagées par beaucoup de
bons esprits .
Dans une réunion d ’
écon om istes, français tenu e à Parisle 26 j anvier 1885, l
’un des plus distingués , M . Garreaudisait : Le créd it agricole rêvé par les économistes m o
d ern es serait réalisé en parti e par la fondation danschaque canton
,d’une banque populaire qui serait en
même tem ps caisse d ’épargne . Ces prêts seraient caution n és par des personnes honorables et connues . Les"pertes , s
’i l s’
en produisait , seraient à la charge d’une
r éserve . C ’est du reste un fai t reconnu en Italie,que les
banques populaires ont rarem ent perdu quand ellesont prêté à des paysans . Le paysan n ’a guère le sentim ent de l ’échéance ; i l paie tard , m ais il paie , et le
,,prêteur est toujours remboursé .
, L es banques locales de dépôts et de prêts en couragent l’agricu lteur
,le peti t commerce et la petite indus
trie,en distribuant sur place les capitaux d’épargne
locale et‘
en donnant à la valeur rurale de l ’individuun crédit que de grandes institutions ne peuventaccorder
( 1) R éform e soci ale, tom e IX, p . 185 .
42 SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES
Dans la m êm e réu n ipn ,M . Broch cita l ’exem ple des
trois pays scandinaves à l’
appui de celui donné par
l’
I talie
g. 3 . LES SOC IÉTÉS COOPÉRATIVES DE CRÉDIT EN FRANCE
A u dire de M . Brelay (2 ), les banques populaires semblent devoir passer , d e plus en plus , à l
’état de mythes enFrance . E lles ne sont guère plus d ’une dizaine .
Le R . P . Ludovic de Besse en est l e vrai prom oteur . Ilen existe deux aPari s
,une à A ngers
,à Saint— Chamond
,
à T ou louse, à A ix , à Cannes , à Menton , a Bordeaux , àNevers .
Les banques populaires de la rue des L ombards àParis d
’
A n gers et de Saint — Chamond sont en pleineprospérité .
La banque de Cannes,qui comptait en 1880
,après cinq
ans d ’exi stence,un capital de francs e t de b eaux
bénéfices,y avait été fondée par M . Vigano , le prom oteur
desb anques italiennes . I l essaya ailleurs en France et neréussit pointM . Fournier de Flaix attribue ces résultats pres que
négatifs aux habitudes d ’isolem ent,de poursuite du
,
gainà tout prix
,qui ason avis règnent trop en France .
Toutes les institutions de crédit fmpulaire, dit il ,sont fondées sur la concorde sociale . R ien a édifi er surla guerre sociale . Ceux qui la préparent
,sont les adver
saires des institutions du crédit populaire
L oc . 185 186 .
(2) É con om iste français du 13 n o vem bre 1886 .
(3 ) Hu bert Vallerou x , loc. ci t. , p . 3 85 .
(4) R éform e sociale, 1er
jan v ier 1887, p . 65‘66 .
s”
o é 1ErÉs‘
CÔO PÉR ÀT lVE S‘
4 . ALLEMAGNE
La situation est tout autre dans l’A llem agn e, cette térrépromise des banques populaires .
L aissant de côté les 1,000 banques du type R aiffeisen
existant en 1886 , nous avons à signaler pour la fin de1885, associations coopératives de crédit, dont 896ont fait Connaitre les résultats de leurs opérations pour1885 . Les voici en résum é
M ises sociales . marks .
R éserves id .
Dépôts divers . id .
—A vances 507 id .
E scomptes 3 9 1 id .
Com ptes courants id .
_ (1)
i‘l
‘
tD’
après lesÎrelevés de 1884 , les associés de 802 banqueslpo
‘
pulaires se répartissaient comme suit
Petits industrielsP etits propriétaires et cultivateurs .
"
Ouvriers de la grande industrieA griculteurs
“
Marchands .
‘
eu dé tailMarin s
,voituriers
E mployés et domestiques .
R entiers .
C lasses libérales
30
'
,l—ñ
\,1
œœcn
o
œ id .
id .
id:
id .
id .
id .
La reproduction de ce tableau nous a paru U tile , parce
qu’i l démontre d’une façon péremptoire l’influence pré
1) R éf. soc . ib id . , p . 60.
44 SOCIÉTÉS COOPÉ R ATIVES
ponderante d e ce mode de coopération sur l ’avancem enthiérarchique des derniers rangs des classes moyennes .
Les banques populaires , loin de détruire les infermed iaires
,en augmentent le nombre . E lles é lèvent lessalariés
à la condition de petit patron .
La solidarité des sociétaires sertde garantie auxbanquesallemandes . Tout sociétaire peut quitter la société en prévenan t six mo is d
’avance ; il n’a droit qu
’
à ses versementspayables cinq mois après sa sortie . I l reste tenu desengagements s ociaux pendant deux ans . Il peut être rayépar décision de l ’assem blée général e
,s ’i l m anque à ses
engagem ents .
Les banques populaires du type Schulze -Delitsch sontréunies entre elles
,par un e banque centrale dont le siègeest à Berlin . M . Schen k , successeur de l
’
illustre fon dateur,
la dirige .
5 . R USS IE
“ La prem i è re banque populaire russe fu t fondée àR agestw en skoï, en 1864 , par M . L on gu in in e .
E n 1885,i l ex is tait en R ussie 995 banques
,dont 752
avaient présenté leurs com ptes .
6 . ITAL IE
Il y a aussi deux types de banques populaires en Italie .
Celles du type S chulze-Delitsch ont été établies sousl ’impulsion de MM . L u zzati , Pi etro Manfredi et E ltoreLevi .Celles du type R aiffeisen SO n t, à proprement dire , - des
caisses rurales que M . Leone Wollemborg a fondées dansle Padouan . E lles ne sont qu’au nombre de 21 .
‘
46 SOCIÉTÉS « COOPÉRAT IVES
n ’
existent pas, à proprem ent parler , en A ngleterr3 …enÉcosse et en Irlande .
Les ban qu es, et notamment les banques écossaises, don tl ’organisation est auss i ancienne que célèbre ont dessuccursales nombreuse s
,qui rem plissent l ’office d e
banques populaires . La plupart de ces succursales fontdes avances en espèces aux ouvriers et surtout aux cultivateurs le cautionnem en t solidaire de deux personnesest requ is l e plus souvent .
,… Mais il semble qu’
1l faille classer parm i les association scoopératives de crédit diverses institutions comme lessociétés de prêts (L oo n societies) faisant à d es ouvriersassociés des avances supérieu res aux secours ou subven
tions que leur accordent en certains cas les sociétés desecours m utuels (Frien dly societies) et les socié tés profession n elles ( T rade U n i on s) .
,
A u d ire ,de M .
Ludlow,
'
« R egi3 tm r gen erald es; sociétés
anglaises _ sur « 2 50 sociétés de secours m utuels non— cn rs,
gi_strées . il y a_
-
J qu_elqu es dix ans , et fédérées en une unioncentrale des soc iétés de secoursm utuels de ; Newcastleet
jdé Gateshead , ilgy ein — avait 160 quip ratiquaien t— le -prê t_et
recevai ent les dépôtsNous n ’avons pas eu l
’occasio n d ’étudier de pres lesB ui ld ing societies anglaises , dan s n o s voyages aux « Iles
B ritan n iqu es, ;m ais cette — institution a passe les mers ; el lepris un eg ran de extension aux E tats-U nis d
’
A mé rique,
p ig— il nous a . é té donn e , en 1876 , d
’en examinercavec attem
.tion le mécani sm e .
Nous en dirons quelquæ m ots au paragraphe su ivan t ,
(1) B an qu esp op u laires, par Fran cisco Vigan o , 1875, tom e I , p. 141
153 .
(2) HU bert Vallerou x ,loc( ci t.,p. 170.
SO CIETES“
CO O PÉR A TIVE'
SJ 47
aSsez‘
ïpo'
ur‘faire partager notre avis , qu i”est aussi
'
celui deM E rn . Brelay (1) et de M . Georges Picot
,mem bre de
l’In'
Stitut savoir : le s B u ild ing societies rentrent dans—la catégorie des associations c00pératives de crédit .ÛO r
,d ’après le relevé de 1884 , dressé par le R egist rar
gen eral, M . Ludlow,on comptait alors dans les trois
royaumes sociétés de ce type ; d ’entre ellesOomptaient asSociés ; sociétés avaient reçudans l ’année liv . st . Le capital-action de
d ’entre elles s’
élevait’
à l iv . St. la somm e e n
dépôts divers à liv . st .
”‘
L es bénéfices de B u i ld ing societies atteignaientl iv .e t .
ê’
9 . ÉTATS-UN IS D ’
A M E R IQU E
€ëJM “A } R affalov ich a fou rni dans l’É con oni z‘
3 te f rançaisdfi f4
9
Septembre- 1886 des rensei gnements in téres’
sah tss’
ü
lesfi B u ild ing societies de New — York =B O sto n‘
et Philä à
deiphië. NOU S c royons inutile d e les reproduire ic i .Ï9 N é u s=n ouS b o i n éro n s à in sister sur ce point on eStd ’accord
,en A m érique
,pou1 ranger les sociétés de ce
tape —permi les associations cO opérativ eS de crédit8P IDa
'
n ss o i1 remarquable manuel des assoc ia
E dm ondWrigley prouve facilem ent par l ’histoirequi rem on té n t
'
là-bas à u n demi“
siècle,
”
et
par les"
faits présen ts,'
qu’
u n e B u ild ing cisâoéid tion n’
è'
St
pas une société construisant (building) , m ai s=en réalitéun e caissemutuelle d ’
épargn es et u n e association‘
de
(1) É con oin isie fran ça i s, lo c . c it .
(2) U n devo ir social et les logemen ts d’
ou vr zers par G e01ges PicOt,m em bre de l
’
I n stitut , p . 188.
48 SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES
prêts,basées sur les prin cipes stricts de la coopéra
tionCela n ’empêche pas que ces associa tion s peuvent uti li
ser et utilisent souvent les épargnes accumulées à desprêts rem boursables par annuités et servant à la construction de maisons .
I l-y avait, en 1876 , à Philad elphie , plus de 500 de cesassociations possédant un capital de 125 millions defrancsImportées à cette époque dans le M assachu ssets, elle s y
sont déjà au nombre de 3 5,avec actions ,
actionnaires et un capital de 12 millions .
10. BELG IQUE
Grâce a l ’initiative et au constant dévouement de notrecollègue
,M . Léon d
’
A n drim on t , les Banques populairessont assez nom breuses et prospères dans notre pays .E lles sont actuellement au nom bre de dix-hu i t .Nous donnons ci — après le nom des localités où elles sont
établies et la date de fondation
LiègeHuy .
Vervi ersGandNamurSaint — Nicolas
(1) A B u ilding A sso ciation is n o t a bu ilding A sso ciation ,being in ,
reality a Mu tu el Sav ingFun d an d L oan A sso ciation ,based on strictly
co operat ive prin ciple .
H ow to m an age B u i ld ing A ssociati on ,by E dm u n d VVrigley
lPh
_
i_
la
delphia, 1876 , p. 14 .
SOC IÉTÉS COOPERATIVES 9
(arrondissement)
E lles form ent entre elles une Fédération,comprenant
plus de dix mille sociétaires ayan t versé un capital deplus de deux m illions .
Le chiffre des dépôts confiés aux Banques populairesbelges,atteint près de quatre millions .
Les avances qu ’elles font annuellement à leurs m em
bres,s ’élèvent à plu s de trente m illions .
De tels résu ltats s e pass ent de commentairesNous donnons en annexes les statuts de la B an qùe
populaire de L iège, la plus an cien n e‘de toutes , ainsi qu
’unextrait du compte — rendu de l ’assem blée générale tenue àl ’hôtel de ville de Liège le 27 mars dernier .
Nous appelon s l ’attention sur la liste détaillée des professions exercées par les soci étaires .
On trouvera une liste donnant la classification dessociétaires de la Banque populaire de Verviers
,d ’après
leurs pro fessions respectives , aux pages 545 et 546 desréponses au questionnaire industriel , volume I
,cha
pitrè III .
( i SO O I ÉT ES’ COOPÉRAT IVES °
"Ces listes sO ht”très int éressantes à consul ter et| cOn fi rm ent l ’opinion déjà ém ise , que les Banques populairesélèvent et soutiennent les ouvriers au ‘ ran g de petitspatrons ou négociants , désignés communém ent
'
sous l lé
no'
m d ’interm édiaires .
'
Les procès-verbaux d ’en quête parus jusqu ’à ce jour etl es réponses écrites au questionnaire industriel
,fournis
son t des renseignem ents intéressants sur '
les B an”
qùes
populaires de notre pays .
A Namur,M . Delisse, le promoteur de la c00pération
dan s cette ville et l ’un de ses plus d évO u és sou tien s"
dàñs‘
'
notre pays , a fait d evant la S ection régionale0 u n e depositiou rem arquable
,sur laquelle n O us a
‘
uron‘
s à reven ir«îfl"
“’ A A ndenne ; M . le bourgm estre B ertran d,‘ingén ieufi et
directeur d ’une fabrique de produits réfractaires , a té iR ô i‘
:
“
gn é comme sùit 9 139
bilite lim itéé‘
acinq fois le capital d éî l’actiOn,S i ii vant
‘
le-,g de M .
_
L éon d ’
A ndrim ont et non su ivant le sys- de M 3
'
Deliss'
e, qui admet la 'resp’
onsâbilité l illi
—mit'
ée .
L ’action est de 200fran cs‘
é t chacu n‘
n’
efi”
peut'
pO sséd‘
e’
r
qu ’une .
I l y a 400 soé1etaii‘es pour un e—population”
de
l am es .
N otre —banque d on n é 4 p . c . d ’intérêts“
aux depôtsi L‘
è
déposant peut - retirer dans les vingt —
quatre“
hé u‘
rés les
somm es moindres de francs .
,Nous faisons d ’escompte
’
par a n .
" “
N ousescomptons directement a la Banque nationale .ç ,
,,Notre fonds de réserve atteint 22 p . c . du capi tal
souscrit .
somM B81 c oo PfieA T lx fia 51
ui},aNÿtt8 —a_vO n s .t ou jours —
:dpn né am rm o iii sa5_çp.qcæau x
so fii@ fi0flnaires (1
j L 8 _S et
_4 9 de l
’article 7 des statuts de la B an que populairej
’
de Liège lim i tent aussi la . solidarité d es soc ipour les em prunts soc iaux à concurrence de mille
pamtê te, clest— adire à cinq .fois le capital de 200 francs ,que les} associ és s
’obligent a se con stituer“
3 9 L ewsyS tèm e de l a solidarité illimitée est celui qu’a tou
jours préconisé S chulze-Delitsch . I l n ’est. ni imposé I i i
prescrit.par la loi du 18 m ai 1873. -
.M d’
A n drim on t n’y a
Eee0u î _u}fians _la B anque de Liège qu e;jusqu
’
al a l imiterappelée ci
“
_ ,dessus…mais il conjure les Banques populaire s
qui…se fondent dene jam ai _s.lim iter, dans le principe , la
responsabilité ,—dés soc ié taires, : surtou t au mon tan t de la
parjrtgsog scx i tg gparce. qu ’elles pourraient ; :dès leur début,être complètem ent arrêtées dans leurs opératio_
n S
canstate cependan t la te ndance prononcéedenos Banques
populaires ài repousser’
la solidarité i ll imi tée . Ce. fait s e
p aedüit,aus_
si dans le midi de 1’
A llemagne et en Sui sse-i[ [llèij1é fnous ,
—parait paS que des règles fixes puissent ê tred éterm in ées à cet égard . C ’est affaire de direction , _ ,et sur
’
Si quelques banques,notamment celle de Charlé r01,
m} on t pas réussi , i l faut l’
attribuer, avec — l’A sso ciation’
des’
maîtres de verreri es belges,a l
’
abus des crédits dépassantet non couverts.par;des garan ties
:sn‘
f;fisantes; ainsi q u’
à une direction
Procès-verbauæ des séan ces d
’enqu êtes, _vOL I l , Section régionale
(4) R ép on ses au question n aire i n dustriel, v ol.
02 so c i érÉs coorÉan 1vns
Cette chute a été très regrettable,ajoutent les maî tres
verriers , la Banque populaire de Charlero i devant êtr ele point de départ de l
’
organisation , dans ce bassin ,de
diverses institutions coopératives dont les avantages ysont com plètem ent inconnus de la classe ouvrièreE n constatan t ce même m écompte , l
’
A sso ciation desm aîtres de forges de Charleroi ém e t le vœu que le gouvern em en t exerce un contrôle sévère sur les Opérationsdes banques populaires . E n cas de non-réussite ,
disentils
,ce sont surtout les petites bourses qui sont frappées ,
ce qui aggrave notablement les conséquences del
’
in su ccès
Nous ne pensons pas que le gouvernement doive intervenir i ci autrem ent qu
’
ala m anière du R egistrar gen eralanglais
,suivant le vœu exprimé à Namur parM . Delisse
et sur lequel nous rev iendrons .
Les chutes de certain es ban qu es, du es surtout à lamauvaise direction
,sont la m eilleure preuve que la forme
nouvelle de la c00pération reste naturellement calqu éesur la vieille et éternelle form e du patronage .
(1 ) L o c . c it .
L o c . c it . , p 553 5
54"sbcmrns coopem ù ves
lesE quetablespw n n zê sdeR ochdale, doñt _
l’hiStoiré‘‘est
'
cla sS iqu
'
e,étaient de pauvres ouvriers tissefan ds sanS '
doütë ;m ais que] coup d ’œil , quel esprit d
’initiative, que de pru
dence , de dévouement , d’
abn égation n1 ê fi 1e, quelle
'
è o h
stance dans la volonté , quelle Sagesse dans le cœuretcombien de clairvoyance dans l ’esprit , pour é léver
‘“en
trente ans une affaire alaquelle collab oraieii t v irigt‘hu ilt
hommes avec un capital de 700francs , jusqu’à une' hau
tou t en apparence inaccessible : plus de membre s"’
ét plus de 5 millions et demi d’épargne"
Ce n’est pas seulem ent la formule coopérative qui a°fal tcela ; ce sont aussi et surtout les hommes miseen œuvre .
Depuis lafondation ,en1843 ,d es É q'
u i tables pion n iers de
R ochdale,lacooperati on de cetypeS
’est dé veloppéedan sde grandes proporti ons E lleapparait
"
a l’obsérv ä tteur’
Sousd ès aspects b ieri divers m agasms d
’
alifn en teitiôi i ‘
; rtôireS c00perahfS syndicat s agri coles pour l ’achat
dans de bonnes conditions des engra i s , des señiéhdeS inStrümen ts aratoires ; boùcheñ èS economi ques
érativ'
es ; pharm ac i es populaireS, étc:Ù
_ _
E n'
ce léS‘
bou langeries coopératives jou issëñtde la vogue .
Bien adm inistrées,vendan t au comptant et au co in s
commerc i al du j our elleS donnen t aisém ent 1111 dividendeaññuél s ’élevant
‘
a 6 ou 8 p . c. du prix des qüañtitéSL côn
/
1 Ï 9 3
( 1) L es 000p e1 ateum fran çais, revue des so c1etes de co opérationsig} %æïfiÿëä 15
.
Jan vger.gêêï.
socmrÉs coorÉm rrves 55
—Qn com prend que de telles associations puissent ouaccumuler de solides et fécondes épargnes , ou conStitùer
des fonds destinés Soit et servir des visées politiques soit àétab lir des œuvres sociales .
La boulangerie de la Société coopérative l e Vo oru it que[ nous avons visitée à Gand , est installée avec tous les perfectio n n em en ts modernes . Des ouv riers auxi liaires ousalariés y travaillent . E l le est la mère nourricière des
; atelierS typographiques , des journaux qui s’y éd itérlt,
d’un magas in d ’
approv ision n em en ts,de diverses œuvres
d ’agrément,de plusieurs pharmacies populaires .
Les pharm acies . de ce type deviennent assez n om breuses . I l est difficile d ’en prévoir l ’avenir . La pharmacie , qui
est un art et une science puisqu’elle dérive de la chimie
,
a des tendances m arquées adégénérer dans notre pays enpeti t négoce . I l n’
en faut point accuser les pharm aciens ,m ais plutôt l a mode qui fav0 1 ise les médicam ents fabriques en gros et sans grand contrôle , souS le n om de Spéczalztés.
E n A llemagne et dans les É tats Scandinav es , le s officines de pharm aciens sont classées et l imitées comme le1 sont en Belgique les études denotaires . On se figurelabas
, peut — être av ec raison,que la santé du corps vaut
5 bien celle d e la fortune .
Dans les conditions actuel les de la pharm aci e en Belgique , _
les sociétés coopératives de ce type se m u ltipl1eron t
naturellem ent : E lles ont peu de chance d e réussir dansles localités secondaires c, omme l
’
ajustement remarqueM . Dethy, pharm acien à Namur , lors de l
’enquête dansce tte ville
\ Ï"‘S
'
-A" Î
1) Proces-verbauæ des sean ces d’
en qu ete, volfl l , seotmn reg1on ale
C, p. 21 0
56 somÉrés COOPÉRATIVES
Nous n e pouvons m ieux terminer ces considérationsgénérales qu ’en reproduisant ce que M . E rn . Brelay é crivait au suj et des sociétés coopératives de consomm ationdans l ’E conmn iste français du 13 novembre 1886 :
Le bu t des sociétés coopératives de consomm ationn ’est pas celui que la plupart des gens leur assignent
,à
savoir la vente abon marché . S’
il n’y avait qu e cela , laconcurrence individuelle s’
en chargerait au m oins aussib ien
'
que l’association . Ce que l ’on doit chercher aobte
mr, c’est 1° la pureté des produits ; 20 l
’achat au coursl e plus avantageux 3 ° l ’économ ie des frais généraux4° l ’épargne réalisée au bou t de l
’ex erc ice , acquise envendant aux associés , rigou reusem en t au comp tan t, aumêm e prix qu e lesm archands ordinaires d e la localité .
Ces profits,qui peuvent être considérables
,les risques
étant presque nuls , forment le noyau d ’un capital àemployer en faveu r de la prévoyance : .
8ecours m utuels ,assurance ou retraite , noyau d
’un patr1m om e, con tribu
tion à l ’achat d ’un logis,ou ti llage d ’
u n atelier intim eou commun
,etc . S i l ’on ne s ’
é carte pas de ces pratiques ,on acquiert -non seu lem ent des bénéfices , m ais encoredes habitudes adm inistrativ es toujours “utiles onapprend à débattre paisiblem en t
,ses intérêts . a com
prendre une com ptabilité et , par surcro ît, a vo ir pluS
clairdans les affaires de la commune et dans celles del
’État . U n peu plus qu’auparavant , on a des droitsjustifiés au titre de citoyen . Voilà ce que la c00péra
’d on
doit être . E lle enseigne aussi l ’harmonie sociale , m oyennant qu ’on en bann isse les sectaires politiques ou toutau moins qu ’on les oblige à lai sser dehors leur pharm acopée . Si l ’on en fait autre chose
,et particulièrement
un instrum ent de guerre aux peti ts coinÇm _
ercan tsflon
SÔCIÉT ÉS CO O PÉB A T 1VE S 57
recuei llece que l ’on a semé sans le vouloir la haine etdes confl its parfois sanglants . Certes , ce n
'
est pas nousqui m éconnaîtrions les bonnes intentions des usiniers
qu i procurent aleur personnel des denrées au cou rs leplus réduit du commerce en gros . Cependant , quand les
grèv es éclatent , on sait que ce procédé philanthropiqueest invoqué contre eux , et l
’on n e v eut y voir qu ’unmoyen d ’exploiter les ouvriers et de l es tenir en chain ésà la locali té , au m oyen du crédit e t des retenues faite
“
sur leurs salaires .
so c iÉrÉs CO O PÉR A T IYE S DE C O’NSOM M ATION EN FRA NCE
La France com pte au moins 600 sociétés de consom m ation ayant plus de m em bres av ec p lus de 10 -m il
l ions de capital . E lles font plus d e 80millions d ’affaires e t
5 millions d e bénéficesMais M . Brelay fait rem arquer
,à la suite des observa
tions judicieuses citées à la fin du paragraphe précédent ,
que le s socié tés coop érativ es de consomm ation françaisesne sont pas nom breuses , ou les excellents principes qu
’i lpré conise , sont fi dèlement observ és . Beaucoup de cesa ssociations accusent des bénéfices ; peu d
’
entre ell es lesépargnent et lescetpitalisen t .
Nous avons suffisamment insisté dans ce qui précède ,sur l ’i nfluence du patronage dans les associations c00pé
rativ es‘
,pour n e pas nous étonner des conclusions au x
quelles est_
arriv é M . Brelay, après avoir recherché lesso cié tés qui agissaient suivant les indications du bon senset de l ’exp érience con s ignées dans ses recommandations .
( 1) A .
-Fougerou sse, loc . c it.
(58 socufirÉs COOPÉRATIVES
“ Il n ’y en a qu ’un nom bre restreint,dit- il , et dans les
principaux cas ce sont des associations fondées sous lesauspices
,sous la direction bénévole des bourgeo is, c
’esta— dire des grands industriels et entrepreneurs
,posses
seurs de m ines,m étallurgistes , fabricants et nego
cian ts
Il cite quelques exem plesA ux usines de Commentry
,une association c00pérative
de‘
con somm ation s ’est fondée sous la présidence dudirecteur
,M . A . Gibon
,dont la réputation dans le monde
économique n’est plus à faire . Voici quelques chiffre sempruntés à l’in ven ta1re du l er sem estre 1886 :
Nom bre d ’actionnairesCapital socialR éserveFonds en d épotsÉpargn es des so c1etaires
S tockVentesS ecoursBénéfi ces nets (6 m ois)
D epuis 1867 , cette Société a fait un chiffre d’
affaireS defrancs et a distribué francs d e
“bénéfices .
La Société coopérative d ’
A n z in a , dans l es diverseslocalités où se trouvent
”
des sièges de la Compagn iei des
mines de ce n om,quatorze succursale s . On y vend les
afarin es, épiceries , lard , étofî‘
es, etc .
(1) E rn . B relay, loc . c i t.
ESO CIÉT É‘
S COOPÉRATIVES ‘5 9
L es‘
sociétairès acheteurs appartiennent à farhil‘les; qui sé composen t approximativement de per
sonnes . I ls ont . reçu 13 p . c . en remboursement sur -“
leu rc onsommation des six mois écoulés , le 3 1 août 1886 .
-o .
—I l y a deux a n s, l’ex ercice correspondant leur avait
valu 14 p . c .
A u 3 1 août 1886 , l’inventaire pour le semestre échu se
d écomposait‘
comme suit
°"î A chats et ancien stock fr.
Ventes ‘
et stoek nouveauB én éfi ceS hets
‘
N ôus avons eu l ’occasion de rappeler déjà 1) que lesouvri ers
‘ont été introduits au sein du conseil d ’
adm in is
trati'
0hj de‘
cette belle someté c00pérative, dans l’intérê t
so ciàl_et
"
su ivan t la proportion de 5 sur 11L a
“
ëboù l_an gerie de R oubaix , -le — meil leur type d e ce
genre en France , a vendu en 1885, pour fr. 80 c .
de pain . ;
L eïgam s'
est élevé , cette année-là , a fr. 95
Les dépôts atteignaient . 00
Le capital valait 00
I l_y a
‘
vait : - 00
Le capital amorti et les intérêts payés , u n d iv iderid e
gdew23‘
vp . versé aux consomm ateurs . L e dividende a
a tteint parfois 24zet-même 25 p . c .
(1) B u lletin de l’
A ssociati on des i ngén ieurs Sort ie des écoles spécialesde G an d , 6 juillet 1886 .
SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES
A N G L E T E R I E
M . A lex . Charlot a pubhe ( 1) récemm ent sur les so c1etesde consommation en A ngleterre
,une excellente étude
qui me perm et d’être bref.
E n 1884,les sociétés coopératives de consomm ation
possédaient épiceries , 772 boutiques de draperies ,705 boutiqu es de souliers
, 3 3 3 m agasins ”de charbon, 21 1
b oucheries , 188 bou lan geries , 185 m agasins de m eubles ,1 3 7 de quincaillerie et 46 magasin s de confection pourhab ilh-m entsE n A n gleterre comme sur le continent , les boutiques
d'
épicerie et de bou lan geri e son t les plus prospères .
Il y a env iron socié tés c00pératives de con som
m ation en A n g leterre , répandues jusque dans les districtsagricoles les plus arriérés .
M . Charlot cite l ’exem ple d ’
une boutique fondée en1865 dans le village de Harburg (Warwickshire) et diri
gée par des trav ailleu rs agricoles . E lle compte 600 m em
bres, u n capital de l iv . st . et un chiffre d’affaires
de l iv . st . par an .
Peu de jours après que nous term inion s ce travail , lesSociétés c00pératives d
’
A n gleterre, d'Écosse et d
’
Irlan de,
se réunissaient en con grès à Carli sle .
Nou s renvoyons le lecteur à l ’une des an n ex es, où nousdon non s desrenseignem ents sur ces importantes assises .
( 1) R ev-ue g én érale, L I I e an n é e, o ctobre 1886 , p. 614— 622 et passim .
(2) L oc . c it ., p. 621 .
62 SO C1ÉT ÉS‘
-1 co orÉn‘
m wss:
progrès . E lle’
à déposé n otamm ent aillen qu ê terd’
A tlon
le 9 aout 1886 fm :h et.
l i t L es établissements belges de la Vi eille M ontagn e m vo
q‘
u ent les obstacles qui s ’opposent , dans cette con trée,rà
l ’établissem ent de sociétés c00pératives de-consomm a=
tion . Presq ue tous les grands comm erçants , -qu i i son t :pfo
priétaires, obligent leurs locataires a s’
approv ision n efi
chez eu x C ’est évidemm ent un grand abus .
-r. A .
Cependant il existe une société à l ’usine Valentin—=Cocfietiun e
*au tre qùi est « en v oie de formation . 1
1Dansune autre déposition très intéressante , — B .
Buchet; de Bruxelles , m entionne l’existence 1à
°B rux elleê ,
depuis dix — neuf an s, d
’une société coopérative dé consome
1‘
nation11 E lle y a
-ét‘
éafon d ée par des philan thrp pés‘
qu i. on t îv ersé
le »
prem iemfo n dsn
N ous désirerions rem ettre . .n osaquatre:fdurfi eaiüx en
,,a'
m —ains ide hos cO Opérateursgrd it l’
hon orabletén fo inarfih is-l
’
ou vi* iero bruxelloi s ; ne: “
sait
L es usines (cristalleries et verreries) de la soc1éÏf,éadulVa
‘
kS ain ts—L aÇm bert ont — é tabli ; so usc l‘in telligen te i mput'
Siofi 1.dd directeur; gén éral, :M . Jules; Depreaed e
‘
saso ciétés
co opératives magasins al'
nn en taires'
a u eVä l; près de
L iège ,s et: a5 Herbatte-lez— Namur . sO n trouvera «d iverses
pièces et n otammen t : » les 1 statuts dans rles an n ex eS°rd u
procès=verb al .
de 11a séan ce:d’
en qu ê te—
;ten uœ à'
1N am uri:lé
2 2 juil let 1886 .
(1 ) Procès-verbau x d es séan ces d’en qu ête, v o l . 11, Sectio n région ale
R épon ses au -
°
qu estzon n aire—‘I , °chapî 658 .
(3 ) R ép on ses au qu esti on n aire in du striel, v o l. -Î 9êh tlll ;‘
p 516601gl
soc1ÉrÉsî eoorÉa‘
m 1m s. 63
1‘
1CM .
°ä B aziaux — d irecteur de l ’usine de Herhatte *s ’estdéclaré
,à l ’enquête
,très satisfai t des résultats de la
soci été coopérative . U n e famille d'ouvriers,qui dépensai t
150francs par mois pour ses achats,économisait -sur cette
somm e - 3 5 francs mensuellement .-o L es adm inistrateurs sont des ouvriers nommés parle urs compagnons actionnaires .
A ucun ouvri er n ’est obligé de faire partie de l’associa
tionLe syn dicat commercial de S erain g a adressé , au sujet
de ces sociétés c00pérativ es, une protestation écrite a laCommi ssion du travail Nous 1 ne pouvons nous
'
y
arrê ter » ic i .
D e tout ce qui précède , i l appert que le m ouvementcoopérati f n’étai t guère accentué dans notre pays , quand
quelques boulan geries 000pératives se sont fondées s ousles p lissdu drapeau rou ge .
“ ir a G an d /des boula nger i esétablies , san s*tamb our n i trompette , par des ouvriers . Lafondation de l ’une d ’elles rem onte à vi ngt — cinq zou trenteahs I 3 )
— 11M ais la b oulangerie de la fameuse soc 1eté coopérativelê 3Vooru it les a toutes dépassées . D evons — nous l ’écrire ?R ien n
’
a l ’aspect plus -bourgeois que le ‘
Vooru it , n’étaient
ses ronflan tes éti quettes socialistes et ses m u ltiples éten‘
:
dards révolutionnaires . L’
estam in et- café annexé à l’éta&
blissem en t; est t rès bi en tenu . Les l iqueurs alcooliques ,sauf l a bière
,en sont proscrites . Nous y avons goûté un
(1) Procès—ùrlyau x d ’
en qu ête, v o l. 11 . Sectio n régio nale C., p .26 — 29 .
R ép on ses au quest ion n aire i n du striel, .v ol. I , chap, 111, p . 6 3 5 .
(3 ) _L gc . ci t . , p, ,659 .
64 SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES
excellent v erre de lait , en songeant combien l’homme,
croyant faire ou trouver du neuf,reste le m êm e partout .
Nous nous rappelions involontairement les É tats-U nisd
‘
A m érique, où cette blanche , douce et saine liqueur estaussi fort appréciée
,répandue et très dém ocratique .
A utour de nous , se dressaient des pein tures exécutéesavec beaucoup d ’ar t ; de toutes parts , u n e grande pro
preté reluisait . S eules , des in scr1ption s du genre de cellesci :Het socialisrn us voert de beschauinq tothaar toppun t
enguirlandées d ’
em blèm es allégoriques rappellent auvisiteu r que le local appar tient à u n e socié té croyant bonde m êler beaucoup de politique aux affaires .
Ce n ’est pourtan t pas le m oyen de les faire réussirlongtemps .
L es œuvres de paix sociale sont,de leur nature , élev ées
au- dessus de la m êlée des partis . E lles procèdent des
principes éternels de la justice divine . Le com bat de no trecourte v ie, ce doit être de dégager la justice sociale desombres qu i l
’
étio lcn t . A vec la m arch e d es si ècles,des
progrès se réalisent , quelques ombres se dissipent ; m aisles clartés ajam ais triomphantes n
’apparai tront point icibas . L ’observation le prouve , les faits sont la: depuisl ’origine des temps , quel homm e a pu et pourra réaliserson idéal dès cette vie ?La politique
,avec ses conceptions subjectives , avec son
action m obil e comme la surface des eaux , y aide - t- ellebeaucoupL ’influence prédom inante ,
semble plutôt réservée à larecherche obj ective
,a la m ise en œuv re constante des
outils de l a paix sociale , au … prem ier rang desquels seclasse en ce m om ent la c00pération .
( 1) L e so cialism e élève la c iv ilisatio n ason somm et
socuârÉs COOPÉRATIVES 65
A in s i l ’ont com pri se , je pense , les fondateurs de lasociété coopérative le l'olksbelang, qui fonctionne à Gan ddepuis le 1ermai de cette année .
E ll e est destinée à un superbe aven ir,dit le correspondant gan to is du M ém orial belge s
’
il faut s’
en rapporter à ses débuts . Chaque jour, les adhésions affluentpar centaines . La société Volksbelang est ouverte
,
d ’ai lleurs,aux bourgeois comme aux ouvriers
,et fondée
e n dehors de toute préoccupation politique .
Comme toute société,elle exige une sorte de droit
d ’entrée assez considérable ; mais ici le droit est payépar prélèvements successifs surleS premiers dividendes
et, lorsqu’on quitte la société
,restitué avec les intérêts .
C ’est ainsi que se forme le capital . Les bénéfices trim estriels, au lieu d
’être converti s et distribués en bons depains
,sont versés
,au profit de chaque membre , à la
caisse d ’épargne . On les a donc , dès l e prem ier jour, àsa disposition . Les m em bres indigents et malades reço ivent
,eu outre
,des secours pendant dix semaines .
La comptabil ité est d ’une sim plicité telle,que toute
personne peu lettrée est , au bout d’un instant
,initiée à
toutes s es arcanes .
A utre avan tage considérable aux yeux du peuplec ’est qu’on n e perçoit aucune cotisation
,nulle retenue
au profit des caisses de propagande,de secours
,de
résistance , etc . , etc . autant d ’
in v isibles suçoirs par oùles bénéfices de la coopération sont pompés rapidement . C ’est par laque le socialisme
,tout en promettant
a ses fidèles de les mettre dans la litière ju squ ’au
(1) R epro du it par le J ourn al F ran klin du 15 m ai 1887 .
«m ms n o : uo tiseilivm am e—. i tr. ml 51 1
66 SOC IÉTÉS coorÉnar1vns
ventre , va prendre dans l’
escarcelle du pauvre jusqu’audernier son épargné .
,,A Gand comme partout , la c00pération se heurte àdes résistances dans la bourgeoisie et mêm e aune certaine défiance assez rare , il est vrai , de la part desouvriers . Fâcheuse conséquence du socialism e , qui , cheznous , a toujours é té mêlé à la coopération et que lepeuple s ’est habitué à confondre avec elle . Quant à lapetite boulangerie
,qui goûtait fort l ’autre mode de
commerce,elle parle deréprésailles électorales . Ce qui
la déconcerte,c ’est que la politique est
,par les statuts
,
sévèrem ent exclue de la société .
C ’est la cra1nte des réactions bourgeoises , peu justifi ées, j e cro is,qu i a retardé l
’établissement d ’une sociétéde ce genre . Les partis s
’
observen t, prêts à exploiterl ’un contre l ’autre cet engin de combat . G râce à cela, lesocialisme gan to is est devenu assez puissant pour queni catholiques ni libéraux ne puissent en avoir raisonpar leurs m oyens d ’actions ordinaires conférences ,œuvres charitables distributions d ’im ages pieuses ;représentations à la lum ière oxhydrique etc . ,
etc .
On s ’est entendu pour transporter la lutte sur le terrainpurem ent économique .
On rem arquera d ’abord et surtout le but du Vo iksbelang;placé en dehors de toute préoccupation politique . Puis ilimporte de noter que les bénéfices trim estriels , au lieud’être convertis et dis tribués en pains , sont versés , auprofit de chaque membre , ala cai sse d
‘
épargne .
L e Vooru it n e procède m alheureusem ent pas ainsi .Voici
,d’après les renseignem ents recueillis sur place , mais
que nous reproduisons sous toutes réserves , de quellefaçon les bénéfices se répartissent entre les associés .
SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES
Le pain es t invariablement coté à 3 5 c . le kilog . C ’est lamoyenne du prix de vente chez les boulangers d e Gand .
Les membres vont acheter , l e dim anche et au comptant
,les bons de pain dont ils ont besoin pour la sem aine .
Le bilan est dressé à la fin de chaque semestre . U n
ouvrier associé a— t- il acheté 275 bon s’
de pain à 3 5 c . pendant les six premiers m ois de l’année
,et le b ilan de fin de
juin a— t- il dém ontré que le prix de revien t du kil . de painn
’
apas dépassé 25 c .
,cet ouvrier bénéficie de la différence
,
soit 275 10 c . 27 fr. 50 c .
, que l’administration du
Vooru it transform e en 1 10 bons de pain à 25 c .
Ces bon s de pain, cgn stituan t le bénéfice de l
’ouvrier,
lui sont délivrés deux‘
fois l ’an pendant les semaines précédant
,l ’une
,le carnaval , et l
’autre,la fête com munale .
Cette coïncidence fâcheuse produit souvent un tristerésultat . D es ouvriers v endent les bons dont ils ont b én éfi cié , parfois m êm e au prix de 10 c . la pièce .
Les fondateurs du Volksbelanq ont calcul é que lesdes bénéfices réalisés par l e Vooru it sont employés à lapropagande des i dées poli tiques d es adm ini strateurs. I létait naturel qu e le Vo lksbelang songeât à s
’établir sur detout autres bases , en s
’
obligean t à at tribuer aux asso cié sla total ité des
‘
bénéfices et en prenant des mesures pourque ces sources vives de l ’épargne soient endiguées et
retenues a la caisse . A insi ell e ; ne s’
épan chen t point e nfilets m ultiples et inutiles . E lles grossis sent , et le j our viendra où elles seront assez puissantes pour s e déverser ennappes abondantes et fécondes sur le champ de chaquefam il le associée .
A cette heure (1) le Volksbelang com pte déjà m em
(1) E n m ai 1887 . E n septem bre su ivan t , le n om bre des m em bres
atteign ait 5000.
68 SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES
bres et la direction vient de réclamer l ivrets à laCaisse d ’épargne .
Nous devons à M . Speltin ck— Vo lcke
,économ iste gan
teis , auteur d’
un travail remarquable sur la c00pération
présenté a la S ociété belge d ’Écon om ie sociale,mais non
encore publié , u n exemplaire des statuts en flamand de lasociété . Nous annexons la traduction française .
Les bases de l ’œuvre sont rappelées sur la couverturedu petit livre statutaire en ces term es :
Sam enwerken de maatschappij Volksbelang. Ziehier
O p welke prin ciepen zij gov estigd is :De po litiek 1s stren gelijk u itgeslo ten . De m aatschap
p ij W il aan bare leden allerbeste brood leveren aan denvoordeeligsten prijs.
I edereen ,burger of werkman , wordt er in to egelaten .
De l eden storten 10 frank bij m iddel van aftrok O p
hunne w in st, als zij het zoo liefst hebben . Dat ge ld blij f‘
t
hun eigendom en word t hun terugbetaald in geval zij de
m aatschappij v erlaten . Z ij trekken er 5 t . h . in trest van .
Geen cent wordt betaald als in kom geld , noch inw eerstan dskassen , noch v oor po litieke werken o f pro
pagan da, en zelfs niet voor het hu lpfon ds. Het behoeftig
l id dat ziek is,krijgt kostelo os 5 breeden per week
geduren de tien weken .
D e geheele w in st wordt alle drie m aan den orider deleden verdeeld ; maar niet in bro odkaarten , die dikw ijlszoo goed als voor niet verkocht worden : de deel geschied t
in geld
\O
3
3
(1) So c1eté co opérative Volksbelang . Vo ic i su r qu elsprm 01pes
elle est organ isée : la po litiqu e est strictem en t in terd ite . L a so c ié té
v eu t fou rn ir à ses m em bres d u pain excellen t au prix le plusfav orable.
70 socnärÉs coorÉan 1vrs
titu tion a personnel et à capital variables moyennan tcertaines garanties spécialesNous ne suivrons pas l’éru d it auteur dans ses con sidé
rations juridiques . I l nous suffit de constater qu e dans lavaste enquête écrite et orale entreprise par les soins denotre Commission , peu ou point de critiques ont été form u lées, à notre connaissance , contre la loi de 1873 .
U n arrêté royal du 2 1 mai 1873 et un arrêté ministérieldu 23 m ai 1873 règlent le dépôt des actes relatifs auxsociétés coopératives .
La loi du 2 juillet 1875 confère aux so c1etés 000pérativesl
’
ex emption de certains droits de timbre , d’enregistrement
et de greffe .
E n France , sous le régim e de la loi du 24 juillet 1867 , laSociété coopérative revêt le plus souvent la forme del ’anonym at à. capital et personnel variablesLa loi allem ande du 4 juill et 1868 (3 ) porte au 5 1D es sociétés form ées d ’un nombre indéterminé de
m embres et qui ont pour but de pourvo ir , par desaffaires m enées en commun , au crédit , à l
’industrie ouà la subsistance de leurs m em bres , notamment :1° Les sociétés d ’avances et de crédit ,2°Les sociétés de matières premières et de magasi
nage ,3 ° Les sociétés pour la fabrication et la vente a frais
communs des produits fabriqués ,
(1) De la co opératio n et de la m u tuali té comm e rem èdes au x abu s
de la spé culation et du garàn tism e . E tu de d e législati on comp arée,
par A d . D evo s. B ruxelles 1886 , tom e ], p. 147 .
(2) E n qu ê te d e la Comm ission ex tra_
—
p arlemen taire lo c . ci t.
(3 ) E rwerbs u n d Wirthschaftgen ossen chaften . L o is su r les someté s
comm erciales é co n om iqu es.
so c1Érns ooorÉn x r1vns 7 1
4°Les sociétés pour l ’achat en commun et en grosdes objets nécessaires à la vie , et leu r revente en détail
aux membres de la société ,5° L es sociétés pour construire des logem en ts aleurs
membres,acquerront les droits conférés par la présente
lo i aux associations enregistrées sous les conditionsci-après expriméesLa 101 anglais e de 1862 su r les sociétés industrielles et
de prévoyance (1) accorde aux sociétés dont les opérationss ont basées sur l e principe de la coopération
,les mêm es
a vantages que ceux accordés aux sociétés de secours m u
tu els (Fr i‘
en d ly-societieÿ ala condition que les premières
s oient enregi strées,comme les secon des , par les soins du
R egistrar gen eral.
Ces avantages consistent notammen t en l’
ex emption
des droits de timbre sur les re çus , lettres de change ,b i llets à ordre (stamp du ti es) et en l
’
ex emption de l’im pôt
sur le revenu {in come-tar} .
Nous rappelions plushaut que la loi belge de 1873 surles sociétés coopératives n ’avait guère soulevé de critiquesdurant l ’enquête de la Comm i ssion du travail .De divers côtés pou rtant
,des observation s utiles ont
été suggérées au suj et de l ’application de cette loi .On savait
,et M . D élisse a insi sté sur ce poin t dans sa
1) A ct to con solidate an d am en d the laws relati ng to i n du strial an d
proriden t societies. A cte pour con firm er et am en der les lo is rela
tives aux so cié tés in dustrielles et de pré voyan ce.
72 SOCIÉTÉS CO O PÉR A T IVB S
déposition à l ’enquête du 22 juillet à Namur qu e lessociétés de construction de m aisons ouvrières
,visées par
les lois du 12 août 1862 et du 20 juin 1867 , ne peuventrevêtir la form e coopérative .
C ’est une lacune qu ’i l importe de combler dans notr elégislation . Notre Commission l ’a déj à signalée dans unede ses conclusions sur les habitations ouvrières .
A u XIII° Congrès des banques populaires à L i ege,
M . Delisse a rappelé que les Congrès de 1878 , 188 1 et1883 avaient
,à l ’unanimité
,mais en vain
,jusqu ’à cette
heure , adopté les conclusions ci — après :Le IX°Congrès des banques populaires dem ande quele gouvernement
,complétant l ’organisation de la Com
m ission permanente des socié tés de secours m utuelspar l’adjon ct 10n de m embres spécialistes , S
’
o ccupe derechercher toutes les sociétés coopératives existantesen Belgique , de procéder à leur reconnaissance ouenregistrem ent
,d ’après un modèle de statuts-types a
dresser pour chaque groupe,en y joignant les société s
qui s ’occupent de la construction de maisonsouvrières . L a statistique de ces sociétés serait publié eaépoques déterm inées , au moyen de tableaux an alegues aceux em ployés pour les société s mutuelles ou auR egistrar frien dly societies anglais , pour perm ettre auxcoopérateurs belges de recruter les éléments de la Fédé
ration générale qu’ils ont décidée en principe .
(1) Procès-uerbauæ des séan ces d’
en quête, v o l . I I , Sectio n région ale
SOCIÉTÉS coorÉaar1vns 73
Le Bureau permanent est chargé de transmettre cevœu au gouvernementM . Delisse développa ensuite une proposition surl
’
en térin em en t des sociétés coopératives et la réuniondes documents statistiques o fficiels de la coopération
en BelgiqueL ’assemblée décida d ’adresser à M . le Ministre de
l ’agriculture,de l'industrie et des travaux publi cs , la
requê te suivante
Monsieur l e Ministre ,
Nous avons l ’honneur de vous \exposer que les B an
quespopu laires belges qui , depuis 1869 , forment la prem ière fédération de coopérateurs dans notre pays , ontdécidé
,dans leur Congrès annuel ten u à Bruxelles en
1878, d
’étendre les liens de cette fédération atoutes lesform es c00pératives en y joignant les sociétés quis ’occupent de la construction de maisons ouvrières , ausujet desquelles des vœux unanimes se forment depuislongtemps pou r qu
’elles puissent,par une extension de
la loi du 18 mai 1873,se transformer en soci étés c00pé
ratives ouvrières .
La fédération projetée des coopérateurs belges comprendrait donc1° La sec tion du crédit (banques popul aires)2° La section de l
’alim entation (réfectoires coopé
rati fs) ;3 ° La section de la consommation (vente de denrées
brutes ou objets d ’
hab illem en t,bou cheries, boulangeriescoopératives ,
(1) X I I I ° Congrès d es B an quesp op u laires de B elg iqu e, p. 29-30.
74 soo1ÉrÉs COOPÉRATIVES
4° La section de la production (ateliers coopératifs) ;E t 5° la section de l ’habitation (m aisons ouvrières) .Pour atteindre ce but, i l est indispensabl e que le
gouvernem ent nous en prépare les voi es,et
, par les
moyens adm inistratifs dont i l d ispose , s’occupe tout
d ’abord de dresser la statistique de toutes les sociétéscoopératives qu i poursu iven t l
’éman cipation ouvrière
,et
qu’i l en dresse des tableaux périodiques , avec le chiffred e leurs associés et de leurs Opérations , ala manière duR egistrar friendly societies des A nglais .
”Pou r y parvenir efficacem ent , i l est indispensablequ’une Commission spéciale , analogue à la Commissionpermanente des .Sociétés. de secours mutuels , soit constitu ée sous le titre de Comm ission perman en te des
sociétés coop ératives, laquelle aurait pour m ission d’ad
mettre à l’en térin em en t toutes les sociétés ressortissantaux cinq groupes sus — énoncés , et dont l
’examen desstatuts ju stifi erait de leur situation légale autant quede leur but humanitaire .
E n présence du développem ent extraordinaire queprend aujourd ’hui dan s notre pays le m ouvem entcoopératif, nous croyons superflu , Monsieur le Ministre ,de faire ressortir l ’im portance extrême et l
’utilité pratique de ce docum ent , dont l
’absence constitue unelacune qu ’i l importe de combler au plus tot.Ce travail préparatoire accom pl i , notre tâche com
m en cera : nous prendrons , à l’instar des coopérateurs
de l’A n gleterre, de l’
A llem agn e, de la France et tou trécemment de l’I talie , l
’initiative de ld con vocation dev astes assises nationales de toutes les forces de lacoopération
,qui pou rron tSë subdiviser en diver
s groupes
,reliés par un e réglementation fédérative , et se
SOCI ÉTÉS CO O PÉ R A TWE S 75
réuniront en des Congrès périod iques où seront d iscutees toutes les questions intéressant le mouvementcoopératif, ses rapports avec la législation ,
l e Concoursmoral et matériel que les pouvoirs publics pourrontaccord er aux sociétés entérinées , etc .
,et surtout
,où
seront maintenus et préconis és les grands principesd ’ordre , d
’économie,de prévoyan ce et d ’aide mutuelle ,
qui sont les bases de la coopération .
Le XI I I e Congrès d es banques populaires belges ,réuni à L1ege le 26 septem bre 1886 , a de nouveauadmis à l ’unanim ité la proposition qui précède , et nousa chargés de la transmettre au gouvernement .Nous nous acquittons de notre tâche en exprimant la
conviction,Monsieur le Ministre , que vous saurez recon
naître l ’importance capitale de l ’œuvre que nous nousproposons d ’
éd ifi er, et que vous voudrez bien nous enfaciliter la prompte réalisation .
A gréez,Monsieur le Ministre , l
’hommage de nos sentim en ts respectueux
L e B ureau perman en t de la
F édération des banquespopu laires de B elgique.
Nous croyons l’en térin em en t aussi utile en Belgiquequ
‘
en A ngleterre . Toute liber té étant d ’ailleurs laissée auxsociétés c00pératives, on réserverait les exemptions dedroits octroyées par la loi du 2 juille t 1875 aux seulessociétés enregistrées .
Celles-ci le seraient de la mamere que la Commissiondu travail a indiquée pour le dépôt des statuts au bureau
L e Coopérateur de N am ur, 8°an n é e, n
° 3 89.
76 SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES
d’enregistrement des un ions professionnelles , au Ministèrede l ’agriculture et de l ’industrieA insi serait accomplie de la mamere la plus pratique
,
croyons-nous , la seule partie du vœu de la Fédération desBanques populaires dont le gouvernement ait à s ’
occuper .
(1) L es un ion s pro fession n elles fon t le dépôt de leurs statu ts aubureau d
‘en registrem en t des u n ion s, in stitu é au m in istère de l’agri
culture et de l‘in dustrie . Ce bureau leur délivre u n récépissé et est
ten u d’
assurer dan s le dé lai d’un m o is lapublication des statu ts dan s
u n recueil spé cial an n ex é au M on i teu r .
L es so cié tés in diqu en t, lors de leur in stitu tion , u n n om qu i les
distingue de tou te so cié té déjà ex istan te .
78 so cŒrÉs coorÉnar1vss
CHA PITR E VI I
Con clu sion d e la 3 ° S ec t i o n d e la Comm i ssion
d u T rav ai l .
La 3 ° section s’est rall1ee aux conclusions du rapporteuret a adop té les amendements suivants
A mendemen t de M . D auby
I . La comm ission recommande spécialement les sociétéscoopératives de consommation , de crédit populaire et deconstruction de maisons ouvrières .
E lle recommande , parmi les soc1etés coopératives deconsomm ation
,celles qui pratiquent l ’entente avec les
négociants et les comm erçants de la localité .
I l . E lle ém et le vœu de voir créer une comm ission perm anente des sociétés c00pératives à l
’instar de celle établiepour les sociétés de secours m utuels , à l
’effet de guider lescoopéra teu rs , de réunir des statistiques et de faire procéder à l ’enregistrem ent ou à la reconnaissance dessociétés coopératives .
A mendemen t de M . le Chan oin e H en ry
Dans lesé tablissem en ts industriels où les ouvri ers ontform é pour eux seuls et administrent eux-m êmes unesociété coopérative de consomm ation , il sera perm is aux
pa trons de retenir , sur le salaire des affiliés , les somm esque ceux-ci doivent à la dite — so ciété (E xception a la 2
°
conclusion sur le paiemen t des salaires, adoptée en séancedu 27 novem bre
soo 1Érés COOPÉRATIVES 79
CHA PITR E VI I I .
Con clu sion s d e la Comm ission d u T rav ai l .
Dans la derni è re des nombreuses séances qu’elle atenues , la Comm ission du Travail a adopté , à l
’unanimitéet sans observations
,les conclusions du rapporteur
,repri
ses sous l es n °S 2°et 4° au chapitre VI .
E lle s ’est rallié e de la même façon au premier desam endements de M . Dauby et à l ’am endement de M . le
Chanoine Henry énoncés au chapitre VI I .
E l le a remplacé la troisièm e conclusion du rapporteur,
telle que nous l ’avons donnée au chapitre VI , par ledeuxièm e amendement de M . Dauby qu’elle a rédigécomme suit
La Comm i ssion éme t le vœu de voir créer une Com-m ission permanente des sociétés coopératives à l
’insta rde celle établie par les sociétés de secours mutuels , al ’effet de guider les coopérateurs et de réunir desstatistiques .
On le v o it : la Commission du Travail ne s ’est pasralli ée al’en térin em en t des sociétés c00pératives, qui enmani festeraient le désir .
La majorité a fait valoir que les formalités prescrit esen vertu de la l o i de 1873 sur les sociétés commerciale s ,su ffi saien t .
Dans l ’opinion de l’u n des m embres, il n’y aurait pa s
plus de raison d ’accorder l’en térin em en t à des société scoopératives qu
’
à des sociétés anonym es .
80 soon-firés coorÉuar1vcs
C ’est une erreur, nous semble — t— il. Sans doute,l es
unes et les autres sont visées à la fois par la loi queM . Devos a critiquée précisément à cause de cette confasion , mais les sociétés anonym es se distinguent surtoutd’avec les sociétés c00pératives, parce que les premièresgroupent des capitau x ,
'
et les secondes , des personnes .
A ce point de vue d éjà, on aperçoit la convenance d’un
surcroît de précautions à l ’égard des associations c00pératives qui désireraient s ’en entourer . Il y a plus lorsqueces sociétés répondent vraiment aleur but, elles sont composées ou d ’ouvriers ou de petits négociants . I l est bond ’offrir aux sociétaires de ces catégories
,avec l’ex emp
tion de droits stipulée par la loi du 2 juillet 1875, lagarantie que de pareils avantages sont réservés auxsociétés reconnues et entérinées comme telles .
Les sociétés coopératives resteraient donc ouvertes àtous comme aujourd’hui et tous y jouiraient des avantages généraux attachés aux applications de la loi du1 8 m ai 1873 . S eulement , les privilèges octroyés en vertude la loi du 2 juil let 1875 seraient réservés aux associationsqui
,ne se contentant pas d ’être soum ises aux formalités
ordinaires,réclam
_
ien t en outre l’en térin em en t au
bureau des u n ion s‘
profession n elles.
soo1ÉrÉs COOPÉRAT IVES 81
A N N E X E S
S t a t u t s d e l a B a n q u e p o p u l a i r e d e L i è g e
(S o c i é t é c o o p é r a t i v e )
CHA PITR E I er
D én om ination ,svege, obj et et durée de la Société
A R T . 1 U n e association c00pérative, ayant pourbut de procurer à ses membres , par leur crédit collectif,l es capitaux dont il s ont besoin l eurs affaires industrielles, commerciales et domestiques , est -fondée à Liège ,sous la dénomin ation de B an que Popu laire de L iège,Soci été coopérative. Le siège social est établi à Liège .
A R T . 2 . La durée de la S ociété est fixée à trenteannées
,qui prendront cours le l er janvier 1874 pour finir
le 1er janvier 1904 . Cette durée peut être prorogée pardécision d’une assemblée générale extraordinaire
,prise
quinze mois au moins avant l ’expiration des trenteannées .
Conformément à l ’articl e 16 des statuts , tous les socie6
82 SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES
taires seront engagés par la décision que prendra l ’assemblée générale de proroger ou de ne pas proroger la Société ,et
,si même il était reconnu en droit qu ’un sociétaire serait
fondé à refuser de consentir à la prorogation de la S ociétérégulièrement votée par l
’assem blée générale,sa part
serait liquidée en prenant pour base le dernier bilansocial . Toutefois , sa part dans le fonds de réserve seraitcalculée pr0portion n ellem en t au nom bre d’années pendan t lequel i l serait resté membre de la Société .
A R T . 3 . La Société pourra être dissoute avant leterme indiqué à l ’article précédent
,pour autant que la
dissolution soit votée par une m ajorité composée desdeux tiers des actionnaires , convoqués à cet effet enassem blée générale extraordinaire .
La liquidation aura lieu de plein droit quand la perteconstatée atteindra
,outre le fonds de réserve , la moitié du
capital social souscrit .E n cas de dissolution , l
’assemblée générale des actionn aires nomm e trois liquidateurs à la simple majorité desvo lx .
SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES 3
CHA PITR E II
et ressources de la Société
A R T . 4 . Le fonds social , dont le minimum est fixé àfrancs
,comprend
1° La taxe d ’entrée à ve rser par chaque associé2° Le capital de deux cents francs souscrit par chaque
membre3 ° Le fonds de ré serve et tout ce qui compose l’avoir
commun des actionnaires .
A R T . 5 . La société d i spose en outre1° Des fonds qui sont déposés dan s sa caisse
,soit par
les actionnaires , soit par des tiers2° Des ressources qu’elle s e procure , soit par des
emprunts,soit par des réescomptes .
84 so c 1Ér1is coorÉam 1vss
CHA PITR E III
D ro its et devo irs des Sociétaires
A R T . 6 . 7 Les sociétaires peuvent obtenir des avanceset ont droit a une part des bénéfices sociaux ; ils participen t aux assemblées générales , où ils .
n e peuvent avoir .
chacun qu ’une seule voix .
A R T . 7 . Les associés s’
ob ligen t
A payer une taxe d ’entrée fixée par l ’assembléegénérale des actionnaires2° A se constituer un capital de 200 francs3 ° A pourvoir aux frais d
’adm inistration et de régie4° A répondre solidairement pour les emprunts sociaux
arcon cu rren ce de m ille francs par tête‘
5° A se conformer aux présents statuts ams1 qu a touterésolution prise en vertu des statu tSpar assem blée gén é- f
rale ou le conseil d ’adm inistration .
A R T . 8 . L ’apport des sociétaires,fixé à 200 francs par
tête,pourra être v ersé en une ou plusieurs fois
,et notam
ment par fractions mensuelles de deux francs ou même ,par remises hebdomadaires de cinquante centimes .
Jusqu’à complém ent de cet apport , les d ividendes revenant au sociétaire sont retenus et ajoutés à son avoir .
A R T . 9 . Ces versem ents et dividendes restent la pro
priété personnelle du sociétaire m ais i ls ne p euvent .être retirés par lu i aussi longtemps qu
’i l fait parti e de lasociété .
°A R T . 10: Il est ex pressém eñt défendu de .d isposer, jde‘
quelque manière que ce Soit , dul ivret étab l1ssan t lecon ipte
86 soc 1ÉrÉs coorÉsm 1vrs
A R T . 14 . Pour la liquidation des parts,même dans
le cas prévu à l ’article 2,i l n e s era pas tenu compte des
créances l itigieuses , lesquelles seront considérées commeperdues .
A R T . 15 . Le m embre sortant perd , à partir du jo urde sa démission . tout droit de s’
imm iscer dans les affairessociales .
soc 1ÉrÉs COOPÉRATIVES 87
CHA PITR E IV
D es assemblées gén érales
A R T . 16 . Les assem blé es générales représententl ’universalité des sociétaires et s e constituent quel quesoi t le nombre desmem bres présents .
Les décisions sont prises à la majorité absolue desmem bres présents et engagent tous les sociétaires , pourvuque la réunion et son ordre du jour aient éte portés troisj ours d ’avance ala conn aissance des sociétaires par avisinsérés dans deux des principaux journaux de Liège .
E lles se réunissent au m oins deux fois par an pourentendre les rapports d u consei l d ’adm inistration sur lasituation des affaires sociales et régler toutes les questionsd ’ordre intérieur .
A R T . 17 . A la prem1ere assemblée générale de chaqueannée seront soum is le compte général des opérations del ’exerci ce précédent et le rapport des mem bres du consei lde surveillance .
La seconde assem blée générale de chaque année procède au renouvellem ent par ti ers des m em bres du conseild ’administration et du collège des comm is saires .
A R T . 18 . L e bilan et toutes les pièces de la comptab il ité d evront être mis ala disposition des commissaires au
moins un m ois avant l ’assem blée générale .
A R T . 19 . Le président du conseil d ’administration et,en son absence
,un des vice-présidents , préside les assem
blees générales en cas d ’absence du président et des
88 soc iérÉs COOPÉRAT IVES
deux vice-pres1den ts, le plus âgé des adm inistrateurs
présents présidera l’assemblée .
I l est tenu de chaque assem blée un procès — verbal,qui
sera signé par le président et le gérant ou l’
adm in istra
teur faisant fonctions de secrétaire .
A R T . 19b is Cinquante sociétaires peuvent toujoursprovoquer la réunion d ’une assem blée générale ex traordin aire. çlls adresseront, à cet effet, une demande écrite auconseil d ’adm inistration en indiquant les objets aporterà l ’ordre du jour de cette assem blée générale , laquelledevra être convoquée dans le m ois par l e conseil d
’
adm i
n istration et avoir li eu, au plus tard , dans les deux mois .
SOCIÉTÉS CO O PÉR ÀT 1VE S
CHA PITR E V
A dm in istration de la Société
A R T . 20. La someté est administrée par un consei lcomposé de quinze mem bres et surveillée par trois commissaires. Les administrateurs — et les commissaires sontpris parmi les actionnaires ; ils sont nommés à la majoritédes suffrages par l ’assemblée général e et sont toujoursrévo cables par elle .
A R T . 21 . Le Consei l d ’adm inistration élira dans sonsein un Président et deux vice — Présidents . I l nommera legérant et le caiss ier parmi les sociétaires . Il y a in compatibili té entre les fonctions d ’adm inis trateur et cel les degérant ou caissier .
A R T . 22 . Les adm inistrateurs et l es commissairessont renouvelés annuellement et par tiers l e premierordre de sortie est réglé par le sort . Les adm inistrateurset les comm issaires sont rééli gibles .
A R T . 23 . Le Conseil d ’administration délibère valablement lorsque sept de ses mem bres sont présents . Il s eprononce ala s im ple m ajorité des m embres présents encas de partage
,la voix du Président du jour est prépon
d éran te .
S i le Consei l ne se trouve pas en n om bre, il est convoquéde nouveau et délibère valablem ent sur les objets portésau prem i er ordre du jour
,quel que soit le nombre des
membres présents .
A R T . 24 . Le Conseil d ’adm inistration se réun i t régu
90 SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES
l1erem en t une fois par sem aine pour expédier les affairescourantes .
I l statue sur les dem andes d’
adm ission ; nomm e , suspend et révoque les em ployés ; fixe leurs attributions et
leurs traitem ents .
I l peut aussi suspendre et révoquer le gérant et le caissier . Il est enfin autorisé à accorder des avances et
‘
a lesren ouveler, à disposer des fonds de la caisse sociale dansl ’intérêt de la société , aaccepter des dépôts , à contracterdes emprunts
,à ester en justice , com prom ettre et tran
siger sur toutes les affaires et intérêts de la société . Lemaximum des em prunts réunis ne pourra toutefoi s d épasse1» la moitié du fo
'
nds— so cials an s» l’autorisation =—préalablede l’A ssem b lée générale .
A R T . 25. Les mem bres du conseil ne sont responsables que de l ’exécution de leur mandat ; i ls ne contractent ,en raison de leur gestion , aucune obligation person nellerelativement aux engagem ents de la société .
Il s ne répondent pas des pertes que peut causer l’
in so l
vabilité des d éb iteurs ; .i ls ne sont pas justiciables deserreurs qu ’ils peuvent avoir com m i ses dans l ’évaluationde la situati on de fortune de ces de rniers .
A R T . 26 . Le Président , le gérant et l e caissier form ent un Com ité exécuti f. Ils représentent la société aud ehors
,et les engagem ents signés par au m oins deux
d ’entre eux , au nom du Conseil , l ient la société , enverslaquelle ils ne sont tenus à des domm ages — intérêts qu elorsqu ’il s ont agi sans l
’
assen tim en t ou contrairem ent auxrésolutions du Consei l d ’adm inistrati on ou de l’A ssem bléegénérale , dans les cas où cet as_sentim ent est requis .
Le Com ité exécutif prend toutes les mscr1ption s hypothécaires ; i l a le droit de renoncer à tous les privilèges et
SOCIÉTÉS COOPÉRAT IVES 9 1
actions résolutoires , de donner main— l evée de toutes ins
cription s d’office ou autres , saisies , oppositions et autres
empêchements le tout avec ou sans justification de paie
ment .E n cas de décès , de démission ou d
’empêchement del ’un des membres du Comité exécutif
,il est remplacé par
un des vice— Présidents .
A R T . 27 . Les rémunérations du gérant et du cai ssier,
a insi que les cautionnements afournir par eux,sont fixés
par des décisions spéciales du Conseil d’admin i stration .
Le Président,les membres du Conseil d ’adm inistration
et du Consei l de surveillance recevront des jetons de présence à prélever sur les b én éfi ces n ets. Le m ontant de cesdivers j etons de présence sera déterminé par l'A ssem bléegénérale .
A R T . 28 . L es comm i ssaires ont un droit illimité deSurveillance et de contrôle sur toutes les opérations de lasociété . I ls peuvent prendre connaissance , sans déplacem ent
,des livres
,de la correspondance , des procès — ver
baux et généralement de toutes les écritures de lasoci été .
I l leur est remis chaque sem estre par l ’administrationun état résum ant la situation active et passive . Les comm issaires doivent soum ettre à l’A ssem blée générale lerésultat de leur m ission ,avec les propositions qu
’ils croientconvenables
,et lui faire con n aitre l e m ode d ’après lequel
il s ont contrôlé les inventaires .
-L’
éten du e et les effets de leur responsabilité sont déterminés d ’
après les règles générales du m andat .A R T . 29 . Le gérant est chargé de la borrespon dan ce,
des archives,des procès — verbaux et des livres . I l instruit
l es affaire s sur lesquelles le Conseil doit statuer .
Le caissier est chargé des recettes et des paiements .
so cu‘
m äs COOPÉRATIVES
CHA PITR E VI
D emandes d’
avan ces
A R T . 30. Le montant des avances à accorder auxsociétaires dépend de l ’état de la caisse et est abandonnéà l’appréciation du Conseil d
’adm ini stration . Néanm oinsles avances ne dépasseront pas francs par so ciétaire .
A R T . 3 1 . L es avances sont faites pour trois mois auplus . Le Conseil peut cependant proroger le term e de paiement, pourvu que les garants ne s
’y opposent point .A R T . 3 2 . Le Conseil peut refuser toute avance1° A u soc1etaire qui ne lui paraît pas“ offrir de garanties
suffisantes de solvabilité ;2° A celu 1 qu 1 est en retard pour le remboursem ent
d‘
une avance antérieure ou qui a fai t m ettre ses garantsen cause ;3 ° A celui qui ne fai t pas partie de la Société depuis au
m oins un m ois .
A R T 3 3 . La banque prête à tout sociétaire jusqu’à
concurrence de son boni . Lorsque l ’avance demandée nedépasse point le double du boni du sociétaire , le Conseild ’adm inistration examine simplement si la valeur personnelle et la situation de l ’emprunteur perm ettent d
’espérerle rem boursem ent . C ’
est l ’honnêteté,l
’
esprit d’ordre ,
l ’activité et l ’habi leté de l ’emprunteur que le Conseil considérera avant tout .A R T . 3 4 . S
’
il s ’agit d ’avances d épassant les limitesprécitées
,il sera exigé des garanties au m oyen de cautions ,
94 socmrés COOPÉ R AT IVES
CHA PITR E VI I
F on ds de réserve. D ividen des
A R T . 3 6 . Le fonds de réserve est formé.1° Des taxes d ’entrée2° De retenues sur les bénéfices sociaux .
Le fonds de réserve ain s i formé reste la propr1etéexclusive de la Société .
A R T . 3 7 . Le montant de la reten ues era fixé chaqueannée par l’A ssem blée générale ; -il s
’
élèvera au moins auvingtièm e des bén éfices nets . Toutefois , l a retenue ces
sera d’
ê tre obligatoire lorsque le fonds de réserve auraatteint le dixièm e du capital social .A R T . 3 8 . Le bénéfice net disponible , après les prélè
vem en ts statutaires , est réparti entre les sociétaires pro
portion n ellem en t aux versements effectués sur leurcapital .A R T . 3 9 . Tous dividendes non réclam és dans les cinq
ans sont prescrits au profi t de la Société et vers é s aufonds de réserve .
soc1Éu äs COOPÉRAT IVES 95
E x t r a i t d u c o m p t e-r e n d u d e l ’
a s s e m b l é e
g é n é r a l e d u 2 7 m a r s 1 8 8 7 d e l a
B a n q u e p o p u l a i r e d e L i è g e .
MOUVEM ENT DES A FFAIRES .
L e mouvement général des diverses Opérations de labanque , s
’est élevé pour l’
exercice,à francs
24 centimes .
Nous avons rées com pté à la Banque National evaleurs commerciales pour une somme totale defr. 4 centimes .
BILAN .
Le b ilan que le conseil d ’administration vous demanded ’approuver
,s ’étab lit comme suit
Caiss ePortefeuill e ( 1885 efi ets)Timbres d ’effets .D épôts chez diversCréances hypo thécaires
A reporter .
96 SOCIÉTÉS COOPÉRA TIVES
R eport.
CorrespondantsMobilier .
Fonds publics .
rue du Pot— d’
O rImmeub les
d 1vers.
Sometaires (2706 ayant versé) . fr. 79
Caisse d ’épargne (16 15 d épo
sants .)Fonds de réserveComptes sans intérêts effets à
l ’encaissementD ividendes à réclamerR éescompte du portefeuilleCréan ces hypothécaires .
Caisse de secoursProfi ts et pertes
PORTEFEU ILLE .
E n 1885,notre portefeuille accusait une entrée de
effets et promesses pour une somme de fr.
3 7 centimes.
E n 1886,n otre entrée s ’est élev ée à effets et
atteint fr. 9 centimes soit effets en pluset une majorat ion de fr. 72 centim es sur l’exerc ice précédent .
3 8
26
66
6 18 84
98 SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES
R eport. 993
Domestiques , servantescuisinières , etc
Men uisiersCouturièresMénagèresCu ltivateursPeintres .
MécaniciensMouleursÉbénistesA justeursBouchers et charcutiers
GraveursE ntrepreneurs etma
consGardes au chem inde fer
B oulangers .
S erruriersFacteurs .
TourneursCafetiers .
TypographesJourn aliers
S culpteursModistesVoyageurs de commerce . 16
Forgerons 16
A reporter.
R eport.
16SurveillantsD emoiselles de magasin 16
Coiffeurs 14
Courtiers 14
Officiers . 14
Industriels 13
Bijoutiers 12
Fondeurs 12
Ouvriers mineurs 12
Teinturiers 12
Magasiniers 12
Carrossiers 12
Contrôleurs d’armes . 12
Télégraphistes 12
Ingénieurs 10
Plom biers 10
R elieurs . 10
Cigariers 10
Imprim eurs 10
Chauffeurs 10
Jardiniers 10
Taill eurs de limes 9
Blanchisseuses 9
Tapiss iers 9
Hôteliers 9
Musiciens 9
Médecins 8
/Taillandiers 8
Horlogers 8
A reporter.
SO CIÉTÉS CO O PÉR A T IVÊ S
R ep ort.
Fabricants di versA rchitectesChapeliers ’
Maréchaux— ferran ts .
ChaudronniersHorti culteu rs
ÉtudiantsLampistesMachinistesCharretiers .
Géom ètresA ccoucheusesBatel iersD ess in ateursLingères .
M odeleursPâtissiers .
PlafonneursT réfi leurs
DentistesA vocats .
HuissiersCasqu etières
C isel eursGarnisseusesLamineursSous-o ffi ciersTonn eli ersPharm aciens:A gents de police .
—q
mm
A reporter.
R eport.
A rep orter.
MagistratsA gents de ch an geCardiers
FerblantiersComm is saires de police .
D oreursLithographesMarbri ers
,
Meun i ersS elliers
Qu ihcailliers
G reffi ers.
Vann i ers .
Brossiers .
Charpenti ersGiletièresL ouageurs
Pu dleurs
Po ê liers
Ponton niers .
PelletiersTaill eurs de pierresTisseran dsR eceveurs des con tributions
Somm eliers .
Verri ersSacristainsBanquiersIncru steurs
100 SOCIÉTÉS CO O PÉR A T WE S
R ep ort. R eport .
N oyau teurs.
PhotographesR epasseusesCirier .
A bbé .
A rdoisierBerger
TotalA reporter.
CAISSE D’
EPA R G N E .
Le solde des dépôts confiés à notre Banque,par les
sociétaires et les non- sociétaires,au 3 1 décembre 1885 ,
était de fr. 52
Les versements pour l’année 1886 , ont
atteint la somme de fr. 67
Total . fr. 19
Les retraits se sont élevés à 49
R este au 3 1 décem bre 1886,pour 16 15
déposants fr. 70
No u s avons la satisfaction de voir la petite epargneprendre de plus en plus le chem in de notre Banque .
E n effet , tandis que notre compte dépôts accuse un e
somme de fr. 82 c . en m oins sur l ’exercice précédent , nous constatons au contraire un nombre de 86 d éposau ts en plus .
BandagisteE lectricien
Chin o iseur
LuthierSavonnierSans pro fession
102 socnfirEs COOPÉRATIVES
nationale , avec un minimum de 5 p . c . , plus une commission de p . c . parm ois .
Cette mesure est restée en vigueur pendant tout cetexercice .
FONDS PUBL ICS .
L es fonds publics que nous possédons sont des valeursde tout repos .
E n voici le détail au cours du 3 1 décembre 1886 .
92 Bruxelles 1872 (E stampillés)
45 L1ege 1879 a4 obligations (4 p . c . ) Banque
liégeoise a8 Banque nationale a
E nfin nous possédonsfrancs de Crédi t comm unal 4p . c . Ces titres figurent à notre bilanpour une somm e de fr.
Le cours du 3 1 décem bre 1886 , au taux de 104 fr. 50 c .
p . c ., ne leur assigne cependant qu
’une valeur defrancs .
S i nous avons”
cru pouvoir m aintenir l e taux dequi est l e cours du 3 1 décem bre 1885 auquel nous avons
évalué ces titres sans dim inuer nos bén éfices de l ’ex ercice écoul é d ’une somm e de francs
,c ’est qu ’en pré
sence du rapport publié par laS ociété du Crédit comm
‘
u n al concluant ala non possibilité de conversion de son4 p . c . , nous étions , en quelque sorte , autorisés à ne
SOCIÉ TÉS COOPÉRATIVES 103
pas faire supporter aun exercice une perte que nous considérions comme fictive .
Du reste , l e cours de ces valeurs s’est depuis sensible
men t relevé,puisque nous voyons déjà le 4 p . c . coté
108 fr. 90 centim es .
Nous regagnons ainsi une somme de francs sur lecours du 3 1 décem bre dernier .
PROF ITS E T PERTES .
Voici comm ent s ’établit le compte profits et pertespour l’exercice 1886
R ecettes.
Intérêts et commissions sur escomptes , remb ou rsem en t de ports de lettres , etc .
Location des immeublesMontant du réescompte du portefeuille au3 1 décembre 1885 fr.
Intérê ts sur fonds déposés et intérêts surfonds publics fr.
Montant de la vente des livretsFonds de prévision
Fr .
D épen ses.
Frais de bureau x,charbon ,éclai
rage , nettoyage , frais d’en
caissem en ts, etc . fr.
E ntretien des immeubles
A reporter 66
87
146 50
604 03
3 2
104 SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES
R eport 66
A ssurances contributions ,patenteet abonnement aux eaux alim en taires 70
Factures d’
imprim és, livres etfournitures de bureau .
A ppointements du personnelQuote — part de la Banque dans lesfrais de la Fédération des Banques populaires
Total des frais généraux fr.
Intérêts sur fonds‘
déposés en com ptes-courants
Intérêts sur réescomptes,pertes de places
sur effets et réescompte du portefeuille au3 1 décem bre 1886
Pertes sub iesMoins-value sur fonds publics
Solde à répartir
E nfin le Conseil d ’adm inistration vous pro
pose de répartir les b én efi ces de l’exercice
1886 , de la manière suivantePour les sociétaires 4 p . c .
Pour les adm inistrateursPour les comm issairesA u fonds de réserveA u fonds de prévision
somEn fis COOPÉRATIVES 107
S o c i é t é co opé rat iv e d e G ri v egn é e
B ILAN nuDEUXIÈM E SEM EST R E 1886. 6108 L E 3 1DECEM B R E
ACTIF .
R estan t en caisse . fr.
Marchandises en m agasin , su ivan t inventaireMarchandises délivrées au x sociétaires àvaloir sur leurs v ersem ents
A la Banque de Chê n é e.
A la B anque LiégeoiseFonds de caisse
Ven te.
A ux sociétaires 59
A u x non sociétaires 82
Fr . 4 1
F?
108 SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES
PASSIF .
3 20 sociétaires ayant versé 64
Créances diverses . 8 1
Bénéfice net 93
Fr . 3 8
R épartition prop osée d u bén éfice.
5 p . c . d’intérêt au capital (s ix m ois) . fr.
8 p . c . de bénéfice sur m archandises auxsociétaires
A reporter à nouveau
FONDS DE RE SERVE .
Le fonds de réserve,qui s élevait fin juin à fr.
27 c . ,se composait de dix obligations de francs de
la Banque Liégeoi se , plus une somm e de fr,27 c .
inscrite sur le livret de la Caisse d ’épargne de l’E tat
,soit
fr. 17 ,3 75 27
L ’im portance de ce chiffre a décidé la Socié té réunie enassem blée générale
,le 8 août
,à distribuer 50 francs à
chacun des 253 associés,soit fr. 00
Pour faire face a ce tte distribution et pour éviter lechan ge de cinq obligations de la Banque Liégeoise , i l aété retiré1° De la Banque de Chê n ée .
20 De la Caisse d ’épargne3 ° Com plém ent fourni par la caisse
Total
1 10 so c 1ErEs COOPÉRATIVES
S tatu ts d e la S oc i é té co op érat iv e V o lk sb elan g
A R T . 1°f . Il est fondé à Gand une soc1eté coopérativesous la dénomination de Vo lksbelan g. Son but est de procurer a ses m em bres des obj ets de consomm ation courante dans les m eilleures conditions de prix et de qualité .
A R T . 2 . Cette société,dont le siège est établi rue aux
Vents , 5, pourra ériger des succursales et vendre aussiau public .
A R T . 3 . La durée de la soc1eté est fixée atrente ans,
comptes apartir du jour de la publication des présentsstatuts . E ll e pourra être prolongée par un vote de l
’assemblee générale .
A R T . 4 . La société pourra être dissoute avant leterm e fixé
,si la dissolution est votée par les trois quarts
des m em bres .
La société liquidera en cas de perte du fonds de réserveet de la moitié du capital social .A R T . 5 . Le m 1mm um du capital social est fixé a
francs . I l sera form é , au moyen de versem ents de10 francs
,faits par les m em bres conform ém ental
’
article 7
A R T . 6 . L a responsabilité des m em bresal’égard des
tiers , n’est ni solidaire
,ni in d éfi n ie, m ais lim i tée par
garantie de 10 francs pour chaî1üe mem bre .
(1) T radu i t du flam an d .
so cnirEs COOPÉRATIVES 1 1 1
A R T . 7 . L es membres verseront l eur quote — partcomme suitOu bien al eur admission , entre les mains du conseil
d’
adm in istratidn
Ou bien au moyen de déductions sur leurs bénéfices
trimestriel s .
E n échange de leur quote — part les mem bres reçoiventun titre produisant intérê t à 5 p . c . L ’intérêt sera inscritsur l e livret de la caisse d ’épargne .
A R T . 8 . Le nombre des mem bres est in défm i .L ’admissi on se fait par le conseil d ’administration . E lle
est constatée par la signature du mem bre,vis-à — vis de
son nom,sur le registre de la société . Ceux qu i ne savent
pas signer,dev ront se faire assister par un mem bre conn u .
A R T . 9 . Les m em bres s ’engagent ase conform er auxprésents statuts et à toutes les décisions prises par leconseil d ’adm inistration en suite d e ces statuts .
A R T . 10. Les membres reçoivent un livret contenantle titre , dont fait m ention l
’articl e 7 , et constituant le titreexigé par l ’ar ticle 99 de la lo i du 18 m ai 1873 . Lors dechaque achat ils le présenteront pour l ’inscription desobjets acquis . Tous les troi s m ois ils pou rront vérifierl ’exactitude des inscriptions faites au moyen des livresde Com ptabilité .
A R T . 1 1 . La société vend des marchandises au prixdu jour ; l e
‘
payem ent a lieu au comptant .I l ne pourra jamais être tenu auberge dans les locaux
dela société .
A R T . 12 . Lors de la prem1ere distribution des b én éfi ces, a laquelle il prend part, chaque m embre reçoit unlivret de la caiss e d ’épargne sur lequel ses bénéfices serontrégulièrement inscrits . Les livrets seron t remis pour l ’ins
1 12 soc 1ErEs COOPÉRATIVES
cription dans le courant de la prem 1ere quinzaine dutrimestre
,et rendus dans le courant de la quinzaine sui
vante . L e m embre qui est en possession d’un livret peut
le présenter .
Les somm es inscrites peuven t être exigées en touttemps , soit au s1ege de la société , soit ala caisse d
’épargnede l’État .A R T . 13 . Le m em bre qui désire quitter la soc1eté doit
en faire la demande par écrit . La date de la démission estindiquée sur le registre vis-à-vis du n om .
A R T . 14 . L ’admini stration exclura de la soc1eté10 Ceux qui refusent de se conform er aux statuts2°Ceux qui se conduisent d ’une m anière inconvenante
dans les locaux de la société .
Ils sont invités ase défendre devant le conseil d ’
adm i
n istration .
A R T . 15 . L esm em bres exclus ou dém i ssionnaires perdent tout droit au fonds de réserve et aux autres gains dela société . Ils ne pourront réex iger la restituti on des10francs ou de la partie versée qu
’après un délai d ’un an,
apartir du jour de la démission .
A R T . 16 . Le m embre quittant la ville a droit à larestitution immédiate de sa quote-part ; la somme serainscrite sur le livret d ’épargne .
Pareil l em ent,au profit d es héritiers en cas de décès ou
d ’absence légale .
A R T . 17 . Les mem bres nécessiteux recevront , une foispar an , pendant dix semaines , 5 pains par sem ainegratuitem ent . Ce secours sera délivré sur présentationd ’un certificat m édical con statan tl’in capacité detravailler,et renouvelé tous les quinze jours . Le montant des painsdistribués sera déduit trim estriel lement des bénéficestotaux .
1 14 soon—in is CO O PE R A T 1VE S
Les membres du conseil ne sont responsables que del ’exécution de leur m andat ils ne contractent aucuneresponsabilité pour les engagements de la Société .
Le conseil d ’adm inistration s’
adjo in dra deux membresconsultants
,sans voix délibérative .
Le président ou le délégué et le directeur forment uncomité exécutif ils représentent la Société au cas O ù ilsagissent conformément auxdécisions du conseil d ’
adm in is
tration . Pour être valables,les pièces doivent porter l eurs
deux signatures .
Ils rendent compte , dans chaque réunion du conseild ’administration .
A R T . 23 , L ’assem blée générale nom era,outre le
conseil d ’administration , deux commissaires qui aurontun droit indéfi n i de contrôle sur toutes les Opérations etles livres de la Socié té . Ils veilleront ace qu’après chaquepointage
,les livres restent soum is pendant quinze jours a
l ’inspection de tous les m em breS de la S ocié té .
Les com m issaires peuvent assister aux délibérations duconseil d ’adm inistration et lu i faire des propositions . I l ssont nomm és tous les ans dans l ’assemblée générale dum oi s de janvier .
A R T . 24 . L ’assemblée générale nomm e hors duconseil d ’adm inistration , un direc teur de la Société ,chargé des opérat ions journ al1eres et de l
’exécutio n desrèglem ents .
A R T . 25 . L es m em bres du conseil d’adm inistration ,les comm issaires et le directeur peuvent être démis pourfaits graves
, par l’assem blée générale , sur la proposition
de la m ajorité du consei l d ’adm inistration .
Le directeur est nomm é pour s1x années , pendant lesquelles il doit se tenir à la disposition d e la S ociété .
SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES 1 15
A R T . 26 . Le directeur est responsable des actes deson administration , ainsi que de ceux du personnel in férieur
, agissant ensuite de ses ordres . I l nomme et révoquece personnel , et communique les mutations au conseild
’administration .
A R T . 27 . La comptabil ité est tenue par lui ou sous sadirection . I l fait en sorte que toute somme dépassant millefrancs et qui n’est pas destinée à un paiement dans lesdix jours , soit versée dans une caisse de l
’État.
A R T . 28 .
— L e traitement du directeur consiste dansune rémunération fixe , ainsi que dans un e part de b én éfi ce i l doit être fixé par le conseil d ’administration lorsde l ’entrée en charge du directeur .
A R T . 29 . Le 15 octobre de chaque année il est dressépar le conseil d ’adm inistration un inventaire indiquant lavaleur exacte de tout l ’avoir immobilier et mobilier de laSociété . Cet inventaire est j oint au dernier bilan des gains .
I l sera,ainsi qu’un rapport sur la situation de la Société
soumis à l ’approbation des comm i ssaires .
A R T . 3 0. Tous les trois mois , le conseil d ’
adm in istra
tion établira un bilan de gains et pertes,allant jusqu ’au
15 du dernier mois du trimestre . Ce com pte sera soum i sal ’approbation des commissaires . Les gains seront ensuit einscrits sur l es livrets d ’épargne .
A R T . 3 1 . A près déduction des frais généraux et de5 p . c . pour le fonds de réserve , qui s
’élève à francsau moins
,les bénéfices seront réparti s parmi tous les
membres,suivant la nature et le montant de leurs achats .
A R T . 3 2. La Société ne peut pas vendre aux particul iers au-dessous du prix fixé pour les membres . Le gainfait sur ces ventes est versé dans un fonds spécial
,dont
8
1 16 soc 1ErEs COOPÉRATIVES
il sera disposé par l ’assemblée générale sur la propositiondu conseil d ’administration .
A R T . 3 3 . L’assemblée générale se réunira le dernierdim anche de chaque trimestre a l ’effet de prendre connaissance de la situation de la société et de prononcer surles propositions du consei l d ’administration .
Tout membre peut demander des explications sur touteaffaire concernant la société .
Le conseil peut convoquer l ’assemblée lorsque les circonstances l’ex igen t.A R T . 3 4 . Les présents statuts peuvent être modifiés
par l ’assem blée générale , ala m ajorité des tr01s cmqm è
mes des voix,et sur la proposition du conseil d
’
adm in is
tration .
A R T . 3 5 . A u cas où des difficultés s’
é lèveraien t concernant l ’interprétation des statuts ou des décisions prisespar la S ociété , elles seraient aplanies en assem blée générale . Les membres renoncent par avance à toute reclamation judiciaire .
1 18 somErEs COOPÉRATIVES
PASS1E
Capital souscritCompte de réserveCautionnem ents des GérantsIntérêts apayer sur Capital verséCréditeurs divers fourn isseursProfi ts et
'
pertes : solde en bén éficeA porter à la réserve fr. 13 903
A d istribuer au x S ociétés affiliées 13 904
27807 64
fr . 8654 1 97
Cert ifi é con form e au x é cri tu res d e la S o ci é t é .
Bruxelles le 3 1 Décembre 1886
L e Comp table,
P . D E TREE
P résen t é par le Con sei l d’
A dm in istrat i on et approu v é
par l’
assem b lée g é n érale d u 2 3 F é v ri er 1 8 8 7 .
L e Secrétaire,
L e T résorier,
L e P résiden t,
J .-B . \VETS A .
— E . WYN I N G S A . NARCISSE
V u et cert ifi é con form e
L es Commi ssaires,
J. CLAES . L . R A1NGO . G . VANDEN MEERSCHEN .
some s coo pém rrvss 1 19
Con grès d e Carlisle . P rogrè s d e la S oc i é té V o lk s
b elan g d e G an d_
L es so c i é t é s coop érat iv es d e
con somm at i on au Con grè s d es œ u v res so c iales
d e L i ège . Con grès d es soc i é t és coopérat i v es
fran çaises à. T ours .
Nous avons cru utile de réunir dans cette annexe lesprincipaux faits intéressant la coopération , survenusdepuis la rédaction de notre rapport
A u Congrès de Carlisle s e sont assemblées dans les premiers jours du mois de juin de cette année , les sociétéscoopératives d
‘
A n gleterre, d’Écosse et d
’
Irlan de. Le srésultats constatés sont des plus importants . Il existait àcette date dans la Grande— Bretagne
,1409 sociétés coo
pératives comptant m embres . Leur chiffre d ’
affai
res a dépassé l ’an derni er fr. E lles ont réali séun bénéfice net de 78 m i llions et demi . E n admettant quela fam ille compte moyennement cinq personnes , on trouveque 4 m il l ions etdem i d ’
habitants des I les britanniques on tjoui des avantages d e la coopération . C ’est 13 p . c . de lapopulation totale .
La grandeu r m êm e du bénéfice net de 78 m illions etdem i em barrasse les associations coopératives . Parmi lesm oyens préconisés pour mettre en œuvre ces m illions ,notons l ’un des plus intéressants l ’appli cation aux ouvriers salariés des usines ou magasins coopératifs , dupri ncipe fécond de la participation aux bénéfi ces .
120 somErEs COOPÉRATIVES
La Société Volksbelarzg de Gand est en pleine voie deprospérité . Opposée au Vooru it
,œuvre politique
,elle est
une œuvre de paix sociale qui réussit au-delà de‘
tou te
espéran ce . L es sociétés coopératives socialistes ont vu lenombre de leurs mem bres descendre de 5000 à 3 500
,
tandis qu e la liste des che fs de fam ille adhérents duVolksbelang comprend déjà près de 6000noms . Là se rencontrent ceux que le socialism e n ’a pas atteints et ceux
,
non m oins n om breux , qu’il a déçus .
On fabrique de à pains par semaine .
La première distribution de bénéfices a donné un dividend e de 3 5 p . c .
U n vaste local,com prenant habitation , m agasin et meu
n erie , a été acquis pour la somm e de fr. , payablepar annuités .
Le magasin de charbon s s ’ouvrira le ler novembre 1887 .
L ’établissem ent d’une boucherie populaire est à l’étude .
U n systèm e d ’assurances industrielles est en voie d ’or
gan isation . A la suite “d ’un concours entre plusieurssociétés d ’assurances de B elgique et d ’
A n gleterre, ]a sociétéc00pérative a obtenu pour ses membres u n tari f defaveur .
L a visite médicale est supprimée .
L’
assuré paie une cotisation men suelle d ’enviro n
1 fr. 80, prélevée sur les bénéfices de la coopération .
A u bout de »v iñgt ans , s’il a versé constamm ent cette
prime , i l a droit au m êm e capital de 500 fr. qui est dû a
toute époque à sa femme et a ses héritiers , s’i l vient à
m bur1r. Dans le prem ier cas , ce modeste capital peut êtreversé à la Caisse d ’épargne
122 soc 1Érés coopéaar1vss
Les soc1etés coopératives de consommation constituantu n progrès dans le mouvem ent commercial de ce tempsen faveur
‘
de la class e nombreuse et intéressante despetits consomm ateurs
,le Congrès n ’hésite pas ales signa
ler favorablem ent à l ’attention publique .
Puis il recommande les moyens d’
éviter les conflitsentre ces assoc iations et les intermédiaires , afi n de diminuer les causes de d issensions économiques en Belgique .
Cet acte de prudence patriotique a sa raison d’êtresurtout à l’origine du mouvement coopératif.
Le 3 e Congrès des socié tés coopératives de la Frances ’est tenu à Tours les 18 , 19 et 20 septem bre 1887 .
MM. Frédéric Passy, Fougerousse,‘
de B oyve, pour laFrance et M . Vansittart Neale , pour l
’
A n gleterre , s’y dis
tin guaien t au m il ieu d’un grand nombre de coopérateurs .
Voici les principales ré solutions votées10 La suppression , pour les sociétés coopératives , de
l ’ob ligation de se constituer et de faire leurs m odificationsaux statuts par acte notarié ; un sim ple dépôt au greffesuffirait pour donner de l ’authenticité aleurs conventions .
20 La représentation des centres régionaux à la chambrecentral e par des délégués
,à la condition que ceux— ci
fassent partie d ’une société affiliée à la Fédération .
3 ° Proclam ation de l ’utilité de l ’entente des c00péra
teurs avec les syndicats agricol es .
40 Nomination des délégués de sometésc00pératives, quiassisteront au Congrès de l
’
U n ion des syndicats agricolesà Paris
,le 12 novem bre
T A B L E DE S M A T IÈR E S
Préface
CHA PITR E 1.
A perçu général sur les sociétés coopératives .
1 . D éfinitions
52 . Objection .
3 . R em ède à ce qu ’il y a de justel
’
objection
CHA PITR E II
Sociétés coopératives de production . Participation aux bénéficesConsidérations généralesE n pays étrangers .
E n Belgique .
Participation aux bénéfices
124 TABLE DES M AT IÈRES
CHA PITR E III
Soc1etés 000pératives de crédi t ou Banques populaires
g 1 . Considérations générales2 . Banques populaires agricole s .
3 . Sociétés coopératives de crédit enFrance
4 . A l lemagne5 . R ussie .
6 . Itali e
g 7 . Suisse .
8 . R oyaume-U n i9 . É tats— U nis d ’
A m érique
g10. Belgique
CHA PITR E IV
coopératives de consommationConsidérations généralesSociétés coopératives de consomma
tion en FranceE n A ngleterreE n Belgique .
CHA PITR E V
Coup d ’œil général sur la législation en mat1ere desoci étés coopératives .
CHA PITR E VI
Conclusions