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LUS UNIVERSITÉ SYNDICALISTE Des mobilisations tenaces et durables face à la pluie de réformes. La course de fond « éducation » a commencé avec la loi relative à l’Orien- tation et à la réussite des étudiants de mars 2018 pour se poursuivre avec les réformes du lycée et du baccalauréat de juillet 2018. En septembre 2018 sortait la loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel », confiant l’information sur l’orientation scolaire aux Régions, et imposant aux lycées professionnels d’ac- cueillir dans les mêmes classes élèves et apprentis. Puis vint la réforme de la voie professionnelle, diminuant les horaires des enseigne- ments généraux (novembre 2018, avril 2019). Dans le même temps sortait le projet de loi « pour une école de la confiance ». Une réforme des CPGE est aussi dans les tuyaux. Ainsi s’empilent des réformes qui remettent en cause 30 ans de démocratisation. En même temps, la détérioration des conditions d’exercice des person- nels se poursuit : suppressions d’em- plois (2 650 à la rentrée prochaine), flambée des heures supplémentaires dont une deuxième impo- sable, volonté de mise au pas par les hiérarchies intermédiaires, réforme de la Fonction publique (contractualisation, indivi- dualisation des rémunéra- tions et mise à mal du paritarisme). Cela dans un contexte où le gouverne- ment anticipe systématiquement la mise en œuvre des lois et textes d’application. Attaqué d’abord sur le plan péda- gogique par les évaluations natio- nales des élèves et par une flambée des prescriptions, le premier degré est aussi très mobilisé contre la loi Blan- quer, sur la maternelle et la direction d’école telle qu’elle apparaît dans les établissements des savoirs fon- damentaux. Une riposte durable et multiforme Aux journées d’actions nationales qui rassemblent autour des grands mots d’ordre (revalorisation des salaires, créations de postes pour faire baisser les effectifs par classe, abandon des réformes en cours – lycées, école de la confiance, Fonction publique) s’ajou- tent nombre d’initiatives locales. Se relayant, bien retransmises dans les médias, elles gênent, des chefs d’éta- blissement au ministre, en passant par les recteurs. Les réformes voulues par le ministre sont destructrices pour nos métiers et hypothèquent les chances de réussite pour tous. Continuons de le faire savoir par tous les moyens : pétitions (contre l’article 1 de la loi Blanquer, pour le pouvoir d’achat des fonctionnaires…), adresse aux parle- mentaires, tracts aux parents, démis- sion collective de la fonction de professeur principal… sans oublier, pour les syndiqués, la consultation en ligne sur la grève du premier jour des examens, un acte rare et fort. Après le 30 mars, le 4 avril et les manifestations du 1 er mai, nous serons en grève nationale pour la Fonction publique à l’appel de toutes les orga- nisations syndicales le 9 mai, et nous manifesterons toutes et tous à Paris le 18 mai pour l’éducation. n Valérie Sipahimalani Lédito C’est mathématique ! Il y a plus d’élèves dans le second degré : le ministre supprime des postes et, en même temps, impose une deuxième heure supplémentaire. Peinant à recruter des professeurs de mathématiques, il supprime la discipline du tronc commun... la rendant de fait plus sélective. Il laisse entendre qu’un énorme choix de combinaisons de spécialités sera ouvert dans les établissements, tout en réduisant la carte des options. Pour contrer les effets délétères de ces décisions, les familles et les élèves les mieux informés tentent de reconstituer les séries par sécurité pour leur orientation dans l’enseignement supérieur. Les autres sont plus que jamais laissés pour compte. M. Blanquer, votre communication ne peut pas tout ! La préparation de la rentrée 2019 met au jour les faux- semblants : les vœux de spécialités des élèves renforcent les déterminismes entre les filles et les garçons comme les déterminismes sociaux, et l’abondance des choix de spécialités est un leurre. Les faits sont têtus. La mise en place précipitée d’une réforme complexe et mal conçue, qui ne tient aucun compte du terrain, ne peut que renforcer les inégalités. Le ministre doit renoncer à sa réforme et annoncer dès à présent un moratoire pour la rentrée. Il devrait prendre au sérieux les menaces qui pèsent sur l’organisation du baccalauréat de cette année. Nier la contestation générale de sa réforme, faire pression sur les personnels pour tenter de les faire taire, ces manœuvres n’ont jamais fait une bonne politique et se paieront à un moment ou un autre. n Partout en France, depuis de nombreux mois, les actions locales se multiplient, démontrant l’ancrage et la vigueur de la mobilisation de tous les personnels contre les réformes : lycée Blanquer, loi sur l’école de la confiance, enseignement professionnel et Fonction publique. La coupe est pleine ! Les tentatives d’intimidation n’y feront rien. Frédérique Rolet, secrétaire générale dans l’action le 1 er , le 9 et le 18 En mai, combatifs plus que jamais ! L’Université Syndicaliste, le journal du Syndicat national des enseignements de second degré — numéro 787 du 20 avril 2019 © Olivier Teytaud EPLESF p.5 Réformes destructrice s pour n métiers ADHÉRENTS, PARTICIPEZ À LA GRANDE CONSULTATION JUSQU’AU 7 MAI printemps des luttes p.7 VERS UNE GRÈVE DU 1 ER JOUR DES EXAMENS ?

P 01 Action 787 - SNESrelayant, bien retransmises dans les médias, elles gênent, des chefs d’éta-blissement au ministre, en passant par les recteurs. Les réformes voulues par

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Page 1: P 01 Action 787 - SNESrelayant, bien retransmises dans les médias, elles gênent, des chefs d’éta-blissement au ministre, en passant par les recteurs. Les réformes voulues par

L’USUNIVERSITÉ SYNDICALISTE

Des mobilisationstenaces et durablesface à la pluiede réformes.

La course de fond « éducation » acommencé avec la loi relative à l’Orien-tation et à la réussite des étudiantsde mars 2018 pour se poursuivre avecles réformes du lycée et dubaccalauréat de juillet 2018.En septembre 2018 sortaitla loi « pour la liberté de choisirson avenir professionnel »,confiant l’information surl’orientation scolaire auxRégions, et imposant auxlycées professionnels d’ac-cueillir dans les mêmesclasses élèves et apprentis. Puis vint laréforme de la voie pro fessionnelle,diminuant les horaires des enseigne-

ments généraux (novembre 2018, avril2019). Dans le même temps sortait leprojet de loi « pour une école de laconfiance ». Une réforme des CPGE estaussi dans les tuyaux. Ainsi s’empilentdes réformes qui remettent en cause30 ans de démocratisation.

En même temps, la détériorationdes conditions d’exercice des person-nels se poursuit : suppressions d’em-

plois (2 650 à la rentréeprochaine), flambée desheures supplémentairesdont une deuxième impo-sable, volonté de mise aupas par les hiérarchiesintermédiaires, réformede la Fonction publique(contractualisation, indivi-dualisation des rémunéra-

tions et mise à mal du paritarisme).Cela dans un contexte où le gouverne-ment anticipe systématiquement

la mise en œuvre des lois et textes d’application.

Attaqué d’abord sur le plan péda -gogique par les évaluations natio-nales des élèves et par une flambéedes prescriptions, le premier degré estaussi très mobilisé contre la loi Blan-quer, sur la maternelle et la directiond’école telle qu’elle apparaît dansles établissements des savoirs fon -damentaux.

Une riposte durable et multiformeAux journées d’actions nationales quirassemblent autour des grands motsd’ordre (revalorisation des salaires,créations de postes pour faire baisserles effectifs par classe, abandon desréformes en cours – lycées, école de laconfiance, Fonction pu blique) s’ajou-tent nombre d’initiatives locales. Serelayant, bien retransmises dans lesmédias, elles gênent, des chefs d’éta-

blissement au ministre, en passant parles recteurs. Les réformes voulues parle ministre sont destructrices pour nosmétiers et hypothèquent les chancesde réussite pour tous. Continuons dele faire savoir par tous les moyens :pétitions (contre l’article 1 de la loi Blanquer, pour le pouvoir d’achat desfonctionnaires…), adresse aux parle-mentaires, tracts aux parents, démis-sion collective de la fonction deprofesseur principal… sans oublier,pour les syndiqués, la consultation enligne sur la grève du premier jour desexamens, un acte rare et fort.

Après le 30 mars, le 4 avril et lesmanifes tations du 1er mai, nous seronsen grève nationale pour la Fonctionpublique à l’appel de toutes les orga-nisations syndicales le 9 mai, et nousmanifesterons toutes et tous à Paris le18 mai pour l’édu cation. n

Valérie Sipahimalani

L’éditoC’estmathématique !Il y a plus d’élèves dans le second degré :le ministre supprime des postes et,en même temps, impose unedeuxième heure supplémentaire.Peinant à recruter des professeurs demathématiques, il supprime la disciplinedu tronc commun... la rendant de faitplus sélective. Il laisse entendrequ’un énorme choix de combinaisonsde spécialités sera ouvert dans lesétablissements, tout en réduisantla carte des options. Pour contrerles effets délétères de ces décisions,les familles et les élèves les mieuxinformés tentent de reconstituer lesséries par sécurité pour leur orientationdans l’enseignement supérieur.Les autres sont plus que jamais laisséspour compte.M. Blanquer, votre communicationne peut pas tout ! La préparationde la rentrée 2019 met au jour les faux-semblants : les vœux de spécialitésdes élèves renforcent les déterminismesentre les filles et les garçons comme lesdéterminismes sociaux, et l’abondancedes choix de spécialités est un leurre.Les faits sont têtus. La mise en placeprécipitée d’une réforme complexeet mal conçue, qui ne tient aucuncompte du terrain, ne peut que renforcerles inégalités. Le ministre doit renoncerà sa réforme et annoncer dès à présentun moratoire pour la rentrée. Il devraitprendre au sérieux les menacesqui pèsent sur l’organisation dubaccalauréat de cette année. Nierla contestation générale de sa réforme,faire pression sur les personnels pourtenter de les faire taire, ces manœuvres

n’ont jamaisfait une bonnepolitique etse paierontà un momentou un autre. n

Partout en France, depuis de nombreux mois, les actions locales se multiplient, démontrant l’ancrage et la vigueur de la mobilisation de tous les personnels contre les réformes : lycée Blanquer, loi sur l’école de la confiance, enseignement professionnel et Fonction publique. La coupe est pleine ! Les tentatives d’intimidation n’y feront rien.

Frédérique Rolet,secrétaire générale

dans l’action le 1er, le 9 et le 18

En mai, combatifs plus que jamais !

L ’ U n i v e r s i t é S y n d i c a l i s t e , l e j o u r n a l d u S y n d i c a t n a t i o n a l d e s e n s e i g n e m e n t s d e s e c o n d d e g r é — n u m é r o 7 8 7 d u 2 0 a v r i l 2 0 1 9

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Réformesdestructricespour nosmétiers

ADHÉRENTS, PARTICIPEZ À LA GRANDE CONSULTATION JUSQU’AU 7 MAI

printemps des luttes p.7

VERS UNE GRÈVEDU 1ER JOUR DES EXAMENS ?

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✦ l’actu2 L’US #787

SAMEDI 20 AVRIL 2019

Injonctions etintimidations plutôt queprotection des personnels.

Le ministre de l’Éducation nationalene cesse de faire la publicité du contenude l’article 1 de sa loi. Ainsi, sur FranceInter déclarait-il que la seconde phrasede celui-ci (« […] le respect des élèves et deleur famille à l’égard de l’institution scolaireet de l’ensemble de ses personnels ») serviraitde base juridique pour protéger lespersonnels contre les élèves ou parentsviolents. Il est aisé de faire consensussur ce thème. Pourtant, chaque jour,des établissements réclament des CPEou des AED en plus pour pouvoirassurer la surveillance, le suivi des élèveset le contact avec les familles. Ni cetteloi ni la loi de finances 2018 n’apportentde réponse à ces demandes. Par ailleurs,la protection juridique de l’État à l’égardde l’ensemble de ses fonctionnaires estune réalité tangible. Cette secondephrase n’apporte donc rien pourprotéger les personnels et rétablir leclimat scolaire dans les établissements.

Au pied de la lettreL’essentiel de cet article 1 réside doncbien dans la première phrase, quoiqu’en dise le ministre. De façon peu

surprenante, après les injonctions etintimidations qu’ont subi nombre deprofesseurs, l’exposé des motifs de cetarticle (« […] Cela signifie, pour les person-nels, une exemplarité dans l’exercice de leurfonction... ») prend tout son sens dansla missive que la rectrice de Lyon aadressé aux personnels les enjoignantde s’abstenir de participer aux mani-festations et prises de parole dans lecadre de la campagne des électionseuropéennes. L’intervention rapide etappuyée de la section académique duSNES-FSU de Lyon a conduit la rectriceà un rétropédalage rapide… maisjusqu’à quand ? n Xavier Marand

Les démissionsdes fonctions de PPse multiplient. Avecquelles conséquences ?

Qu’il s’agisse de protester contre l’alour-dissement de la charge de travail, oucontre les conditions inacceptables deson exercice, la démission des fonctionsde professeur principal (PP) est nonseulement possible, mais c’est unemodalité d’action qui, pour peu qu’ellesoit col lective, peut constituer unélément important de mobilisationdans les établissements.

La preuve en est l’outrance des réac-tions de recteurs ou de rectrices quivont jusqu’à menacer de sanctionsdisciplinaires les professeurs qui persis-teraient à ne plus s’acquitter desmissions de PP après un refus dedémission.

Grève du zèleCertes, tout fonctionnaire doit seconformer aux instructions de sonsupérieur hiérarchique, « sauf dans lecas où l’ordre donné est manifestementillégal et de nature à compromettre grave-ment un intérêt public » (art. 28 - loi 83-634), et tel n’est pas le cas lorsqu’unchef d’établissement refuse la démis-sion d’un PP. Le SNES-FSU n’engagejamais les collègues à se mettre endanger face à leur hiérarchie et, en casde conflit, invite toujours à jouer lacarte du rapport de force collectif.

Ainsi, au refus de la démission de PP,ceux-ci peuvent opposer un mélangeentre service minimum et grève duzèle. Les missions du PP, pas plus quel’ensemble de nos missions de cadreA, ne relèvent de l’exécution de tâchesformatées. On peut donc par exempleretourner systématiquement vers lechef d’établissement toutes les ques-tions insolubles liées à la réforme dulycée et Parcoursup.

Réformes qui pénalisent les élèvesOn peut aussi faire des conseils declasse muets où seul le professeur principal prend la parole pour unesynthèse orale qu’il laisse au chef d’éta-blissement le soin de prendre en note.Dans ces conditions, les démissions,même refusées, auront tôt fait deproduire leurs effets…

L’enjeu est de rappeler que le bonfonctionnement du service requiertun minimum de consentement desdifférents acteurs et que la contrainten’est pas le meilleur moyen d’obtenirce consentement. À nous de définircollectivement les moyens que nousnous donnons pour imposer ce rapportde force.

Ce sont les réformes du lycée et dubac qui pénalisent les élèves, pas nous.En nous y opposant, nous ne faisonsque prendre nos responsabilités, avecles moyens qui sont les nôtres, pouraccomplir nos missions de servicepublic. n

Emmanuel Séchet

PP Démissionner : une actioncollective qui a du sens

Les missions du professeur principal ne relèvent pas de l’exécution de tâches formatées.

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loi BlanquerDéfiance et fourre-tout

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L’agenda du SNES-FSUinstances

n Le 14 mai ➔ CTMENRéunion du Comité technique ministérieldu ministère de l’Éducation nationale.

n Les 14 et 15 mai ➔ CDFNRéunion du Comité délibératif fédéralnational de la FSU.

audiences etgroupes de travail

n Le 17 avril ➔ CORRéunion du Comité d’orientation des retraites,structure pluraliste et permanente. Le SNES-FSUy siège depuis sa création en 2000.

n Le 17 avril ➔ MétierAudience à la DGAFP (Direction généralede l’administration et de la Fonction publique)sur l’attractivité des métiers de la Fonctionpublique suite au rapport du CESE surla question qui dresse un bilan des difficultésde recrutement et propose des pistes pour yremédier. L’enseignement est particulièrementconcerné, le SNES-FSU portera dans ce débatl’urgence d’une revalorisation.

n Le 18 avril ➔ Langues régionalesConsultation sur les projets de programmesde langues régionales en Première à la DGESCO(Direction générale de l’enseignement scolaire).

n Le 19 avril ➔ ProfessionnellesBilan de l’organisation des électionsprofessionnelles à la DGAFP.

n Le 25 avril ➔ AESHRéunion à la Direction générale desressources humaines sur les conditionsd’exercice des AESH.

n Le 7 mai ➔ InclusionAudition du SNES-FSU par la commissiond’enquête inclusion de l’Assemblée nationale.

n Le 14 mai ➔ PSAudition du SNES-FSU par le groupedes députés socialistes et apparentésà l’Assemblée nationale.

stages etcolloques

n Le 16 avril ➔ ProgrammesStage Histoire-Géographie académie de Créteil.

n Le 17 avril ➔ CPEParticipation du SNES-FSU au séminairesur le métier CPE, université Paris-Est Créteil.

n Le 13 mai ➔ CGTLe SNES-FSU est invité au congrès de la CGT à Dijon.

n Les 16 et 17 mai ➔ Stage CHSCTActualité sur les projets de réforme,fonctionnement des CHSCT, cadre légal

et réglementaire, CHSCT et pratiquessyndicales, initiation à la formationen conduite d’entretiens.

n Les 23 et 24 mai ➔ Stage égalité femmes-hommesÉtat des lieux sur la question des inégalitésprofessionnelles en particulier dansla Fonction publique, s’interrogersur les causes de la persistance deces inégalités et partage d’expériences.

actionn Le 1er mai ➔ Manifestation

Journée internationale des travailleurs.Participer aux manifestations unitaires.

n Le 9 mai ➔ Fonction publiqueGrève à l’appel de toutes les fédérationssyndicales de fonctionnaires contre la réformedu statut de la Fonction publique.

n Le 15 mai ➔ AESHMobilisation nationale intersyndicalepour les revendications des AESH à l’occasionde l’examen du projet de loi au Sénat.

n Le 18 mai ➔ Éducation nationaleManifestation nationale à Paris àl’initiative de la FSU contre la réformedu lycée et la « loi Blanquer ».

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l’actu ✦3L’US #787

SAMEDI 20 AVRIL 2019

La FSU auditionnée par Émilie ChalasL’analyse de la loi Fonction publiquepar la rapporteuse du texte àl’Assemblée nationale est sans appel.La réforme du dialogue social et lasuppression des compétences des CAPne sont pas sujettes au débat.Par ailleurs, elle considère qu’il relèvede la seule décision politique de confierou non des missions de service publicau privé... sans préciser quelles missionspourraient être visées. Au détachementd’office en cas de transfert d’activitéau privé devrait s’ajouter, selon elle,la possibilité d’imposer une reconversionprofessionnelle, disposition imposéepar N. Sarkozy et biffée depuis.Elle justifie le recours aux contractuelspar le fait que certains ne souhaitentpas devenir fonctionnaires et indiquequ’il faudra leur offrir des garantiesen cas de licenciement et uneformation lors de leur recrutement.Trop d’honneur !

PLUS RADICALE ENCOREEnfin, elle entend ajouter plusieursarticles, dont un pour mieux formerles corps intermédiaires au managementet un autre pour rendre caducs tousles accords sur l’ARTT et obliger tousles employeurs à les renégocier.Lorsque nous avons commencé à pointer

les incohérences et pointsde blocage de son discours,elle a mis fin à l’audition...pour rattraper le retardpris précédemment.

Éclairante vision du dialogue socialque celle-ci.

Disons-le sansgrandiloquenceexcessive mais avecune certaine solennité :l’heure est grave, laFonction publique esten danger, et avec elleles conditions mêmesd’exercice de nosmétiers mais aussil’accès à des servicespublics de qualité pourtoute la population.

Le président de la République et legouvernement comptent faire adopterau Parlement, d’ici au début de l’été,une loi dite de transformation de laFonction publique. C’est toute uneconception du rôle du fonctionnaireau service de l’intérêt général quien serait affectée. Fini le fonctionnaire-citoyen, disposant de droits et dedevoirs dans le cadre de l’équilibredu statut, d’autant mieux en capacitéd’exercer sa mission qu’il est concepteurde son métier et qu’il a participé, parl’intermédiaire de ses repré sentants, àla définition de l’organisation de sonservice. Place aux agents publics auxordres, déqualifiés et pré carisés.

Des régressions majeuresLa mise en place d’une instance unique,en lieu et place des comités techniqueset CHSCT, risque de diluer et amoindrirles actions dans des domaines essen-tiels de la sécurité, de la santé et de lavie au travail. C’est aussi le cas avec lasuppression des compétences des CAPen matière de promotion et de mobilité,

mesure qui favoriserait une gestionopaque et priverait les personnels derecours contre l’arbitraire. La créationd’une sanction d’exclu-sion de trois jours sanstraitement sans infor-mation ou avis de laCAP, renforcerait lepouvoir des hiérarchiesintermédiaires. Lerecours accru au recru-tement de contractuelsaggraverait encore laprécarité, particulière-ment avec des contrats de missionpouvant être rompus à tout moment.Le principe de l’égal accès aux emploispublics serait ainsi encore plus mis àmal. Enfin, tous les outils pour

supprimer massivement des postes etexternaliser des missions vers le privéseraient créés (plans collectifs de

« départs volontaires »,introduction de la« rupture conventionnelle »,etc.).

Double langageEn prônant la moderni-sation de la Fonctionpublique et le respectdes agents publics, alorsmême qu’il ne revalorise

pas leur rémunération, qu’il supprimedes postes, engendrant une fortedégradation des conditions de travail,le gouvernement affaiblit leurs droitset garanties. La FSU revendique à l’in-

verse une revalorisation de la valeurdu point d’indice et l’abrogation dujour de carence.

CFDT, CFTC, CFE-CGC, CGT, FAFP,FO, FSU, Solidaires et UNSA appellentles agents publics à se mettre en grèvele 9 mai. L’unité de toutes les organi-sations syndicales de fonctionnairesdans un tel appel n’est pas si fréquente,elle signale la hauteur de l’enjeu et nousoblige : c’est le moment de montrernotre force collective et d’envisager dessuites si le gouvernement reste sourd.

Une publication spéciale accompa-gnera la prochaine US pour faire unpoint sur les droits, les obligations etles pressions actuelles sur les fonction-naires et ce qui pourrait changer avecla loi. n Benoît Teste

9 mai Réussir la grève pour la Fonction publique

Pour des fonctionnaires indépendants des pouvoirs politiques et des personnels de l’ÉN protégés de toute pression : toutes et tous en grève le 9 mai.

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Entre autres écueils,« l’école de la confiance »néglige les AESH. Lamobilisation continue.

Le projet de loi « pour une école de laconfiance » intègre certaines disposi-tions du projet de loi « pour une écolevraiment inclusive ». Cependant, nom-bre d’articles ont été retoqués : limita-tion du nombre d’élèves dans les classesoù sont scolarisés des élèves en situa-tion de handicap, réduction de la pré-carité par l’instauration d’un recrute-ment des AESH directement en CDIdès la première embauche, droit à uneformation continue digne de ce nom.La généralisation de contrats CDD detrois ans à la rentrée est une maigreavancée mais les six années de CDDpour obtenir un CDI demeurent.

De plus, le projet de loi prévoit demodifier les missions des AESH :w La création de Pôles inclusifs d’ac-compagnement localisés (PIAL, actuel-lement en expérimentation) per -

mettrait de mutualiser les moyens àl’échelle d’un bassin. Ce dispositif auraitpour conséquence de saupoudrer lesmoyens sur plus d’élèveset donc, au prétexte d’of-frir plus d’emplois à tempsplein, dégraderait lesconditions de travail etd’accompagnement.w Les AESH seraient inclusdans les équipes de suivide scolarisations crééesdans chaque département.Cela peut correspondre àla nécessaire prise en compte de tâchespériphériques et à une professionna-lisation accrue des missions des AESH,mais rien n’est dit sur l’intégration deces missions dans le temps de travail.w Des accompagnants « référents »pourraient se voir confier des missionsd’appui aux AESH d’un département.La reconnaissance de ces missions n’estenvisagée que sous forme d’aménage-ments horaires.

Pour le SNES-FSU, de telles évolu-tions ne peuvent être envisagées que

dans le cadre de la création d’un corpsde fonctionnaires de catégorie B, quiseule pourrait garantir les conditions

de recrutement, de for-mation et de rémunéra-tion correspondant auxmissions.

Parallèlement à l’exa-men de ce projet de loi auParlement, une circulairede gestion des AESH esten cours de rédaction parla DGRH. Le SNES avecla FSU porte ses revendi-

cations pour la catégorie dans les réu-nions de concertation qui sont encoreen cours. Nous intervenons notam-ment pour que la rédaction soit la plusfavorable possible à l’emploi en CDI etlimite les risques de multiplicationimposée des tâches.

Le 15 maiDans le cadre de la contestation globalede la loi Blanquer, la mobilisation spé-cifique des AESH est nécessaire pourlutter contre une précarité qui restetrès forte, de très faibles salaires, desconditions de travail dégradées, destemps incomplets imposés et l’absencede reconnaissance professionnelle.

Après la mobilisation des AESH du6 février, l’intersyndicale FSU-CGT-FO-SUD-UNSA appelle à une nouvellemobilisation nationale intersyndicalepour les revendications des AESH, lemercredi 15 mai à l’occasion de l’exa-men du projet de loi au Sénat pour exi-ger une revalorisation immédiate dessalaires, l’arrêt des PIAL, le versementdes indemnités REP-REP+, la créationd’un véritable statut de la Fonctionpublique, la prise en compte du travailinvisible et de la pénibilité, une forma-tion professionnelle de qualité sur letemps de travail. n

Emmanuel Séchet

Pour détourner l’attentionde sa loi, le ministreévoque l’augmentationdu salaire des professeurs.

Dans le second degré, le ministre faitmine d’augmenter la rémunérationdes professeurs en leur imposant plusd’heures supplémentaires (le décretpermettant d’imposer une 2e heuresupplémentaire àcompter de la rentrée2019 vient de paraître).Outre le fait qu’il recyclele « travailler plus pourgagner plus » du Prési-dent N. Sarkozy et qu’iltente ainsi de masquerles suppressions mas -sives d’emplois, ilamplifie un systèmeprofondément inégali-taire : entre les femmeset les hommes et entre ceux quipeuvent en faire et ceux qui ne peuventpas comme les professeurs à tempspartiel, les CPE, les Psy-ÉN, les profes-seurs documentalistes et les profes-seurs des écoles. Quelle revalorisationpropose-t-il pour ces per sonnels ?

Au cas par casPar ailleurs, il projette de conditionnerune part de l’indemnité attribuée auxpersonnels affectés dans les établisse-ments classés REP+ sur la base desrésultats de l’équipe à un projet d’éta-blissement (voir L’US n° 780, p. 5), c’est-à-dire sur la base du « mérite », dansla droite ligne de l’article 12 du projetde loi de transformation de la Fonctionpublique.

Pourtant, la faiblesse des rémuné-rations des personnels d’enseignement,

d’éducation et de psychologie n’est plusà démontrer, les études de la DEPP etde l’OCDE le montrent. La crise derecrutement que connaît le seconddegré et que commence à connaître lepremier degré le prouve aussi.

Revaloriser seulement certains corps,ou certains agents sur la base d’unprétendu « mérite » sert surtout à justi-fier la baisse du salaire de la majorité,conduit à une mise en concurrence des

personnels et met fin auxgaranties statutaires deprogression de carrièreéquitable pour lespersonnels, pourtantrenforcées grâce à PPCR.En outre, cela pose laquestion de l’objectiva-tion des critères : si l’ons’en tient à la logique dumarché et de l’individua-lisation, pourquoi ne paspayer plus les profes-

seurs de mathématiques ou les PE desacadémies de Créteil et de Versaillespuisqu’il est plus difficile de les recruter.

Une revalorisation pour tousLe SNES-FSU ne revendique pasd’heures supplémentaires pour lespersonnels, mais le respect par l’admi-nistration des obligations réglemen-taires de service, l’arrêt de l’impositionde tâches supplémentaires et une revalorisation salariale qui permettela reconnaissance du niveau de qua -lification et de l’investissement detous les professeurs, CPE et Psy-ÉNquel que soit leur lieu d’exercice. Pourle SNES-FSU, cela pourrait se traduire,dans un premier temps, par le dou -blement de l’ISOE et des indemnitéséquivalentes en ce qu’elles sontcommunes à tous. n Xavier Marand

salaire Augmentation ?L’arlésienne

La suppressiondes compétencesdes CAPfavoriserait unegestion opaque

Pour lacréationd’un corps defonctionnairesde catégorie B

Revaloriserquelques-uns « au mérite »sert à justifier labaisse du salairedes autres

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La journée d’action du 15 mai sera déterminante pour inscrire les propositions du SNES-FSU dans la loi et pour obtenir un véritable statut des AESH.

AESH Un métier qui vaut bien un statut

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✦ nos métiers4 L’US #787

SAMEDI 20 AVRIL 2019

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Le SNES-FSU a réaliséune enquête sur leschoix d’orientation desélèves actuellementen Seconde GT.

Un constat massif s’impose : la réformeBlanquer ne remet absolument pas encause les inégalités sociales de parcoursscolaires et les hiérarchies entre cesparcours.La dernière réforme des lycées géné-raux et technologiques, en date de 2010et pilotée par un certain Jean-MichelBlanquer alors directeurgénéral de l’enseignementscolaire (DGESCO), a créébien plus de problèmesqu’elle n’en a résolus. Laréforme que ce mêmeJean-Michel Blanquer,devenu ministre, veutimposer aujourd’hui enprétendant donner plusde «  liberté » aux élèves,consiste en grande partie en la suppres-sion des trois séries générales et leurremplacement par un choix «  libre »de disciplines de spécialité dès laPremière. En cela, c’est une réformequi place, en son centre, l’enjeu del’orientation des élèves.

Pour le SNES-FSU, le principalproblème, en termes d’orientation,réside dans le poids de certains déter-minismes sociaux (inégalités liées à

locuteurs... Faut-il privilégier unesimple liste de notions élémentaires(favorable à la plus grande liberté philo-sophique de l’enseignant) ou aucontraire, multiplier les occasions dedéterminer davantage le programme(en couplant certaines notions, en lessubordonnant à des champs deréflexions, en les associant à desrepères lexicaux…) afin de clarifier sarelation avec les sujets d’examen ?

Concertation ou bras de fer ?Le contexte actuel est beaucoup plustendu que celui du début des années2000. Le nombre d’élèves – et donc decopies – a augmenté, les dédouble-

ments indispensables à lasurvie de cette disciplineen séries technologiques,disparaissent du lycéeBlanquer. Si l’institutionn’est pas capable de

proposer une véritable consultation dela profession, tant sur les programmesque sur les épreuves des séries tech-nologiques, s’il reste sourd à cette colèrequi couve, alors le printemps serachaud !

Le SNES-FSU consultera la profes-sion en mai. n

Jean-François Dejours

Les programmes deSeconde et Première,comme le programmenational d’œuvres,dessinent une disciplinepasséiste et élitiste,assorties d’une épreuved’EAF peu innovante.

Privilégier la lecture d’œuvrescomplètes (expliquées ou cursives) àcelle d’extraits peut sembler ambitieux,valorisant la culture littéraire. Mais lefossé déjà grand entre la Troisième et

la Seconde, entre le DNB et le bac,devient gouffre. Quels élèves liront huitœuvres intégrales par an ? EnPremière, quatre sont à « choisir » dansune courte liste d’œuvres longues etcomplexes. La littérature contempo-raine est oubliée comme si rien devalable n’avait été écrit depuis un demi-siècle.

Parution tardiveLes modalités d’épreuves ne sont pasplus innovantes. Leur parution au BO,imminente, est bien trop tardive pourune préparation des élèves de Seconde.

Les élèves de la voie générale auraient

le choix entre dissertation sur œuvreou commentaire, en 4 heures. En voietechnologique une contraction de texteet un essai remplaceraient la disserta-tion. L’oral reposerait sur un nombreexcessif d’explications de textes àmémoriser (24 en voie générale, 16 envoie technologique), une question degrammaire mal définie et un entretiensur une œuvre choisie par l’élève. Faceà ces épreuves peu accessibles, l’ondemandera assurément aux examina-teurs d’être indulgents ! Quelle autresolution au quotidien qu’une accumu-lation fastidieuse d’explications detextes en cours magistral afin de garderdu temps pour préparer l’écrit ?

En outre, ces nouveaux programmesmettent gravement à mal la libertépédagogique de l’enseignant. Ils témoi-gnent d’une conception passéiste dela littérature, illustration d’une histoirelittéraire aseptisée, à l’opposé du projetdu SNES-FSU : une discipline ouvertesur son temps, à même de former desfuturs citoyens capables de penser etde transformer le monde, participantà une culture commune exigeante. LeSNES-FSU propose aux collègues derevendiquer le respect de la libertépédagogique et l’abandon de ceprogramme inadapté, en signant unepétition à renvoyer à l’inspection (voirsite du SNES-FSU, rubrique Lettres). n

Magali Espinasse

l’origine sociale, au genre, au niveauscolaire, aux contraintes géogra-phiques…) sur les scolarités, dans unsystème marqué par des hiérarchiesde prestige entre voies et séries. Uneréforme pertinente du lycée devraitdonc cibler ces problèmes.

Retour déguisé des séries Les trois spécialités les plus demandéessont les trois disciplines centrales dela série S. Elles sont suivies par deuxdisciplines qui sont au centre de la sérieES (SES et Histoire-géographie, géopo-litique et science politique), elles-mêmes suivies par deux disciplines

typiques de la série L. Onretrouve donc assez nette-ment, dans la fréquencedes vœux de spécialités,les déséquilibres actuelsentre les séries S, ES et L.L’absence des mathéma-tiques dans le tronccommun de Première setraduit par une très fortedemande de cette disci-

pline en spécialité – mais en l’état, untiers des élèves du lycée général nerecevrait plus d’enseignement danscette discipline contre 10 % aujourd’hui.

L’analyse des « triplettes » demandéespar les élèves renforce le sentiment depermanence des séries, mais essentiel-lement la série S. On trouvera desdonnées plus détaillées en ligne, maison peut dire ici que, n’en déplaise auministre, les élèves tentent de recons-

tituer par eux-mêmes les trois sériesdu lycée actuel – et faut-il le leur repro-cher ? Ainsi, alors que les combinaisonspossibles sont en très grand nombre,il y a une forte concentration des choix :sur 54 triplettes par lycée en moyenne,seules dix sont choisies par au moinsdix élèves dans le lycée (et accueilleraient

à elles seules 68 % des élèves). Les44 autres accueilleraient entre deux ettrois élèves chacune… Quelqu’un croit-il sérieusement que de telles contraintes,pour si peu d’élèves, pourraient « tenir »dans les emplois du temps ?

On reproche souvent aux séries dulycée actuel d’être hiérarchisées en

termes de « prestige ». Visiblement, laréforme Blanquer ne remet pas encause ce mécanisme : il suffit, pour levoir, de s’intéresser aux choix des élèvesayant obtenu les meilleurs résultatscomparativement aux élèves aux résul-tats les plus faibles, en supposant queplus une discipline est demandée par

lycée Blanquer Quand la réforme fait faire un grand b

français Entre passéisme et élitisme

En français comme dans beaucoup de disciplines, les nouveaux programmes sont très critiqués.

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Nîmes, des professeurs auditionnés après le boycott du bac blanc

Les tentatives d’intimidation se poursuivent contre les enseignantsopposés à la réforme Blanquer. Au lycée Philippe-Lamour de Nîmes,pour exprimer leur opposition, les professeurs avaient voté l’annulationdu bac blanc en février dernier. Un boycott qui n’avait pas plu en haut lieu.Déjà, le DASEN s’était déplacé avec quatre inspecteurs pour distribuer lessujets de l’examen blanc alors que seulement 15 élèves avaient acceptéde plancher. Entre temps, cinq professeurs ont reçu une convocationà l’IA pour répondre de leur acte. Ils ont été auditionnés le 17 avrilen visioconférence par deux inspecteurs généraux du ministère del’Éducation. Pour les soutenir, une cinquantaine de collègues ont manifesté

bruyamment, avec mégaphones, tambour et autre batterie, devant la Direction départementale des servicesde l’Éducation nationale. Les collègues restent sous la menace de sanctions disciplinaires.

Le choix des combinaisons de spécialités fait clairement apparaître un retour des séries S, ES et L que la réforme voulait pourtant fairedisparaître. À la différence près qu’elle instaure une concurrence accrue entre les disciplines !

La question del’orientationse pose aussibien troprapidement

Choix des spécialités, en moyenne et selon le niveau scolaire(en % des élèves : 22 lycées, 40 classes)

philosophie Programmes à haut risque

Le CSP a consulté lesorganisations syndicaleset les associationsprofessionnelles sur lesprojets de programmes.De nombreuses questionsrestent en suspens.

Depuis le 20 mars, les projets deprogrammes élaborés par le grouped’experts ont suscité de nombreusesréactions, dont celle du SNES-FSUadressée au Conseil supérieur desprogrammes (CSP). Si à la demandedu SNES-FSU notamment, l’on peuts’attendre à la réintroduc-tion de notions comme letravail ou l’inconscient, lanouvelle structure enquatre champs (dont lamétaphysique) risque des’imposer jusqu’aux séries technolo-giques. Pour plus de détails, voir le sitedu SNES-FSU, rubrique philosophie/actualités.

Si chaque nouveau programme estun compromis, s’ajoute à la questionde son contenu, celle de son architec-ture. Et là encore, on est loin duconsensus, y compris chez nos inter-

Bien loin du consensus

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nos métiers ✦5L’US #787

SAMEDI 20 AVRIL 2019

Onisep/Dronisep :des élus déterminés !

Une réunion des élus SNES-FSU et SNASUB-FSU de l’ONISEPet ses délégations régionales a permis de mettre au clair leursrevendications ainsi que les questions à poser à la DGRH. En effet,depuis le vote de la loi « avenir professionnel » qui modifieles missions de l’ONISEP et l’ampute de 150 emplois, transférésaux Régions, les personnels restent sans réponse. L’absencede communication et la violence institutionnelle ne peuventplus durer. Le MEN doit apporter des réponses sur les conditionsde ces transferts pour les personnels et respecter les règlesstatutaires. De même, la mission de service public de l’ONISEPen direction du public scolaire et étudiant ne doit pas êtresacrifiée. Le SNES-FSU et le SNASUB-FSU sont mobilisésaux côtés de tous les personnels pour exiger ces garanties.

Le projet Blanquer dansle prolongement de l’écoledu socle légitime la fusionentre école et collège.

Nouvel avatar de la loi « Pour une écolede la confiance », l’Établissement publiclocal d’enseignement des savoirs fonda-mentaux (EPLESF) rassemblera écoleset collège dans la même structure. Sadénomination affiche déjà ses objec-tifs étriqués : « lire, écrire, compter etrespecter autrui ». Il pourra être mis enplace au gré des collectivités locales,probablement davantage en milieurural et dans les quartiers politiquesde la ville (sous le label « cité éduca-tive »). Une école de la relégation quine concerne pas tous les élèves. De quelmodèle s’inspire-t-elle ?

Retour sur...La création du « collège unique »(loi Haby, 1975) est l’aboutissement d’undébat entre deux projets pour l’ensei-gnement secondaire : l’« école fonda-mentale », sans rupture entre l’école etle collège avec un corps unique d’ensei-gnants du premier degré, s’opposait àl’« école progressive » cherchant à démo-cratiser l’enseignement secondaire etla poursuite d’études, en développantau plus haut niveau les enseignements.C’est le second projet, porté par le SNES-FSU, qui a été mis en œuvre.

Par la suite, une partie des projetsgouvernementaux concernant lecollège ont eu pour objectif un rappro-chement du premier et du seconddegré tirant vers le modèle de l’« écolefondamentale ». La loi d’orientationde 2005 a instauré le « socle communde connaissances et de compétences »,minimaliste pour les élèves en diffi-culté. Des rapports (Haut Conseil àl’Égalité, Grosperrin, Terranova, jusqu’àcelui de la «  mission ruralité  »Mauhourat-Azéma) prônaient la fusiondes structures écoles-collège sous lenom d’« écoles du socle », les échangesde services entre professeurs despremier et second degrés, ainsi que lapolyvalence de ces derniers. Dès 2006,

Les failles de la réformedu lycée sont confirméespar un projet de réformedes CPGE qui vise à adapterles classes préparatoiresau lycée Blanquer.

La mise en place de spécialités choisiesdès la fin de la Seconde risque d’en-fermer les élèves dans des parcourscloisonnés compliquant la construction

par l’élève d’un parcours post-bac. Pourles CPGE, une spécialisation tropprécoce est incompatible avec la palettediversifiée de disciplines qui fait larichesse des prépas. Elle ne peut satis-faire les exigences des écoles d’ingé-nieurs et de management qui insistentsur l’acquisition d’une culture généralepréalable indispensable à des appren-tissages plus professionnels.

La réforme du lycée est supposéeservir de tremplin vers la réussite dansle supérieur avec un tronc communcensé garantir l’acquisition des savoirsfondamentaux. Mais quand les mathé-matiques en sont exclues alors quenombre d’attendus des formations del’enseignement supérieur l’exigent,cette réforme se révèle une formidablemachine à trier les futurs étudiants.La réforme du lycée réduit le vivierd’élèves pouvant espérer une intégra-tion dans une CPGE et pour répondreau problème que pose l’abandon d’unespécialité en Terminale, le ministère

propose en filière scientifique uneremise à niveau en début d’année enmathématiques ou en physique-chimieen piochant dans les heures de colles.Mais qui peut croire que les 6 heuresperdues en Terminale pourront êtrerattrapées en quelques semaines ?

Faire le bon choixEn prépa économique et commerciale,la fin des séries ferait renaître la « voiegénérale » d’il y a plus de 30 ans enl’agrémentant d’options, sans que l’onsache si celles-ci seraient liées auxspécialités de Première ou Terminale.

En CPGE, le fossé entre les établis-sements se creusera entre ceux quiaccueilleront les élèves ayant choisi lesbonnes spécialités et sans besoin deremise à niveau, qui consacreront tousleurs moyens dès le début à appro-fondir les connaissances et les autres.C’est pourquoi il faut renoncer à laréforme du lycée et, par là même, àcelle des CPGE. n Julien Luis

« faibles ». Derrière la diversité desparcours, un lycée de plus en plusségrégatif ?

Des séries rendues invisibles, etpourtant toujours là : ce résultatne laisse-t-il pas entendre que le prin-

cipe des séries reste lemoins mauvais, lors -qu’il s’agit de combinerculture commune etspécialisation ? Ce quin’interdit pas de faireévoluer ces séries. Maisalors, cette réformeserait-elle inoffensive,puisqu’apparemmentelle ne change rien ?Au-delà du fait qu’uneréforme devrait, en l’oc-currence, changer cequi pose problème, on

ne peut oublier que la réforme Blan-quer modifie en profondeur le fonc-tionnement du lycée (en généralisantla concurrence entre disciplines et enaffaiblissant la voie technologique) et

dégrade les conditions d’enseigne-ment comme la diversité de l’offrede formation (par l’autonomie localede la gestion de la pénurie – cf. lenon-financement des options, parexemple).

Statu quo ou restauration ?Si donc la réforme Blanquer ne règleaucun problème, et aggrave ceux quiexistent déjà, elle donne cependant lesentiment étrange de restaurer, sansle dire, les anciennes séries généralesA, B, C, D, E. Celles qui avaient étésupprimées en 1993 pour cause dehiérarchisation trop forte. Voilà doncune réforme qui pourrait permettreau lycée général de faire un bond devingt-cinq ans... en arrière. n

Romain Gény

école fondamentale Le retour ?

Enfermés dans des parcours cloisonnés.

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ond... en arrière !

✦6 %Le nombre de postes offertsau CAPES diminue de 6 % cette année.C’est 400 postes en moins aux concoursdu second degré pour 40 000 élèvesen plus dans les établissements à la rentrée 2019.

les « meilleurs » élèves, plus elle béné-ficie d’un prestige important. Résul-tats ? D’un côté, des disciplinesfortement demandées par les « meil-leurs » élèves et délaissées par les plus« faibles » (les disciplines scientifiques).De l’autre côté, les disci-plines littéraires ou desciences humaines,nettement plus deman-dées par les élèves lesplus « faibles » que parceux aux meilleursrésultats.

Sans surprise égale-ment, le genre continuede différencier les vœuxdes élèves. Par exemple,29 % des filles deman-dent Humanités, litté-rature et philosophie,contre seulement 11 % des garçons. Àl’inverse, 56 % des garçons demandentPhysique-Chimie, contre seulement42 % des filles… Enfin, le lycée du « librechoix  » perpétue le poids descontraintes géographiques : si 15,3 %des élèves demandent la spécialité NSIlorsqu’elle est offerte dans leur lycée,ce chiffre tombe à 2,8 % lorsque laspécialité n’est pas offerte.

Quant aux hiérarchies entre lestriplettes, elles sont là encore sanssurprise. D’abord, la tripletteMaths+PC+SVT se détache de toutesles autres, en étant demandée par 25 %des élèves à elle seule (voir le site). Pluslargement, les triplettes « sciences »(trois spécialités parmi maths, PC, SVT,SI, NSI) sont demandées par 30 % des« meilleurs » élèves, contre seulement6 % des élèves les plus « faibles ». Lestriplettes « sans-sciences » sont, elles,demandées par 14,7 % des « meilleurs »élèves, et 30 % des élèves les plus

classes prépaLes CPGE menacées par la réforme du lycée

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Pas la méthode statistique mais quand même !Ces statistiques doivent être maniées avec précaution, car la collecte des données repose surles remontées d’établissements dans lesquels des militants SNES-FSU, soit pour leurs classes,soit pour l’ensemble de l’établissement, ont pu avoir accès à ces informations. L’échantillonne respecte donc pas formellement les règles de la méthode statistique, et on ne peut pasaffirmer avec certitude qu’il est représentatif. On notera cependant la diversité géographiquedes établissements concernés (issus de 17 départements en France, et comportant des lycées« urbains » et « ruraux »), ainsi que leur diversité de taille (ces lycées comportant en moyenne235 élèves de Seconde, pour une moyenne nationale de 274, avec dans l’échantillon trois« petits » lycées et six « gros »). L’échantillon est représentatif de la diversité sociale, etde la surreprésentation des filles en Seconde GT. Pour étudier les vœux selon le niveau scolaire,on a analysé 40 classes venant de 22 lycées différents, dans lesquelles on a observésystématiquement les vœux des dix « meilleurs » élèves et des dix « plus faibles » (chaquecatégorie comptant donc 400 élèves), définis par leur moyenne trimestrielle. La catégorie« ensemble » repose sur un échantillon de 3 998 élèves dans 18 lycées différents.

certains professeurs sont poussés versla polyvalence en expérimentantl’« enseignement intégré de scienceset technologie » (EIST) en Sixième,puis avec la globalisation des horairesde ces disciplines en 2016, sous prétextede faciliter l’adaptation des élèves àune équipe de professeurs discipli-naires. Dans le même temps, les élèvesde primaire voient le nombre d’inter-venants augmenter sans que cettecontradiction ne trouble le ministère(huit en moyenne d’après Julien Netterdans L’École fragmentée).

La « Refondation » et ses suitesSi la loi de refondation de 2013 apermis la rédaction d’un socle com -mun de connaissances, de compé-tences et de culture plus ambitieux,elle a aussi imposé la création d’uncycle 3 (CM1-CM2-Sixième) et deconseils inter degrés.

Quant à la liaison collège-lycée, ellen’a jamais été aussi délaissée au profitd’une vision « bac–3/bac+3 » qui divisele second degré en deux blocs.

Des expérimentations d’« école dusocle » avec échanges de service ontfleuri récemment en zone rurale, aumépris des statuts des professeurs. Cesont alors souvent des élèves de CM1-CM2-Sixième qui sont mêlés puisdivisés en groupes dont s’occupent enparallèle professeurs des écoles etprofesseurs de collège (sciences, LV...).

Ce n’est pas tant au bénéfice desélèves qu’elles sont mises en œuvre quedans une optique de gestion flexibiliséedes ressources humaines. Les idées depolyvalence et de services panachésnient la spécificité de l’enseignementde chacun des degrés et tendent àrecréer un système qui n’a jamais fonc-tionné.

Le SNES-FSU continue de porter leprojet de démocratisation du collège,qui limite les déterminismes sociauxet permette l’émancipation de l’en-semble des élèves, dans le respect desmétiers des professeurs. Il demandele retrait de l’article de loi portant surles EPLESF. n

Anne-Sophie Legrand

Au traversdes choixdisciplinairesdes élèves seprofilenthiérarchieset déterminisme

Retrouvez tous les résultatsdétaillés de cette enquête

sur le site du SNES-FSU :www.snes.edu

POUR EN SAVOIR PLUS

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✦ sur le terrain6 L’US #787

SAMEDI 20 AVRIL 2019

Un nouvel étage est venu s’ajouter auchâteau de cartes déjà bien bancal dulycée Blanquer : prenant prétexte deschangements de programmes liés à laréforme sur les niveaux Seconde etPremière, la Région Île-de-France selance dans le passage aux manuelsnumériques, dans une opération quipose de redoutables problèmes deforme et de fond.

Précipitation et inégalitésLa Région agit dans la plus grandeprécipitation, avec des choix discuta-bles pour les élèves et les personnels.Ainsi, la Région a fait le choix, nonconcerté, d’accélérer le rythme dedéploiement des manuels numériquesen équipant les élèves de tablettes oud’ordinateurs, en Seconde et Premièreà la rentrée 2019. Prétextant un faiblenombre de retours à la consultationmenée à l’hiver dernier, la présidentede la Région Île-de-France, ValériePécresse, impose désormais un calen-drier et des objectifs très contrai-gnants : à peine trois semaines dediscussion pour une réponse le 22/04et 100 % des LP et 50 % des LGT équipésen septembre. En revanche, la Régionn’hésite pas à s’affranchir de certainscadres réglementaires, faisant fi del’obligation de consulter le CA, pourtantrappelée par l’article R-421-3 du codede l’éducation...

Derrière les éléments de langage, laréalité apparaît dans toute sa brutalité :en faisant le choix de ne pas équipertous les élèves de Première, mais ausside faire porter la charge de la mainte-nance sur les familles en Seconde eten Première, la Région prend une déci-sion particulièrement inégalitaire, quiva à l’encontre du principe de gratuitédu service public. L’existence d’un fond

La Région Provence-Alpes-Côte d’Azura décidé de doter les lycéens demanuels numériques et de tablettespour la rentrée 2019. Suite aux inter-ventions de la FSU PACA, elle a renoncéà l’imposer aux établissements et elles’est engagée à consulter les conseilsd’administration et à respecter leurdécision.

Les retours que nous avons mon-trent que la plupart des établissementsont opté pour les manuels numériques,mais quelques établissements ontrefusé et seront donc dotés pour cinqans de manuels traditionnels.

Le respect de la volonté des équipesnous est apparu comme primordial. Ilreste que les débats ont été menés avecplus ou moins de bonne volonté sur leterrain, du sondage de tous les col-lègues ou des seuls coordonnateurs àla simple question en CA, et souventsans que les informations techniquessur le dispositif ne soient facilementaccessibles. Il en résulte une forteinquiétude, notamment sur les moyenspour la maintenance, déterminantspour que ce projet soit autre chosequ’un coup de communication de laRégion. n Caroline Chevé

Envoyé il y a quelques jours dansles lycées, un mail de la Région Occitanie dessine les contours dela nouvelle politique régionale enmatière d’équi pement en manuelspour la rentrée 2019. Désormais, leséquipes pourront choisir entre unmanuel papier conservé pendant cinqans pour un niveau et une disciplinedonnés ou un manuel numériquerenouvelable tous les ans au choix dechaque enseignant. Le pana chage ausein d’une équipe n’est, en revanche,pas possible.

Par ailleurs, contrairement aux enga-gements de l’ancienne Région Lan -guedoc-Roussillon, la nouvelle grandeRégion « Occitanie » persiste à ne pasvouloir distribuer à chaque lycéen

l’« ordi Région ». Seuls les élèves deslycées labellisés « numériques » auronttous droit à cet ordinateur portable, cequi n’est pas le cas pour les élèves desautres établissements pour lesquelsl’attribution sera soumise aux condi-tions de ressources du foyer.

Région déconnectéeCes décisions ont été prises ou renou-velées sans que la Région donne suiteà la demande d’audience formulée par

la FSU en début d’année et qui souhai-tait faire à nouveau entendre la voixdes enseignants sur ces sujets. Lesdemandes sont simples : la possibilitéde disposer des deux supports pour lesmanuels et l’attribution à tous leslycéens de l’« ordi Région » sans condi-tion.

La Région n’y répond pas entière-ment et exerce, à travers les restrictionsd’attribution, une pression sur lesétablissements et les personnels quantà l’obligation de l’utilisation du numé-rique au quotidien.

Enfin, à la rentrée prochaine,la région Occitanie étend à l’académiede Montpellier l’ENT déployé actuel-lement sur l’académie de Toulouseet mis au point par l’entrepriseprivée Kosmos. L’ENT de l’académiede Montpellier construit à partir d’unlogiciel libre avec des modules déve-loppés par un regroupement d’éta -blissements de l’enseignementsupérieur est tout bonnement aban-donné. n Florence Denjean-Daga

Florilège...n 1985 : « Plan informatique pour tous »

(PIT) pour initier 11 millions d’élèvesau numérique et soutenir l’industrienationale. Ce plan est évaluéà 1,8 milliard de francs (1,5 milliardpour l’équipement).

n 2015 : « Plan numérique à l’école »lancé par François Hollande. Objectif : équiper les élèves enordinateurs portables et en tablettes(1 milliard d’euros prévu entre 2016 et 2018).

n Début 2018 : 43 % des élèves équipés.

n 2018 : arrêt du plan numérique à l’école.« Le numérique au service de l’Écolede la Confiance » de J.-M. Blanquer(rapport sur les grandes orientationsen matière de numérique). Des discourssur le numérique sans financement...

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VersaillesLogicielscontraints

sont sommés de se prononcer. Il nes’agit pas de décider du passage au 4.0mais de la date d’entrée dans le dispo-sitif, qui sera, de toute façon, imposéeaux établissements, au plus tard à larentrée 2020.

Une fois encore, nous constatons leslimites du dialogue social. Ce méprisa été dénoncé par les élus du SNES-FSU lors des CA, certains refusantmême de voter. La section académiques’est adressée, par une lettre ouverte,aux élus régionaux. Nous demandonsque le choix des équipes enseignantesentre livres papier ou licences numé-riques soit respecté.

La lettre ouverte et toutes nos publi-cations sur le numérique sont àretrouver sur le site académique :https://strasbourg.snes.edu/-Numerique-.html. n Séverine Charret

Aix-MarseilleContrôle professoral

numérique Une fracture qui s’alourditManuels numériques, lycée 4.0, tablettes,ordinateurs... les initiatives se multiplient de la partdes collectivités territoriales ces derniers mois.Si le numérique comporte d’indéniables atoutspédagogiques, les dérives et les risques sont aussibien réels, dès lors que ces initiatives se font sansles personnels, et sans réflexion critique surles multiples enjeux pédagogiques, économiqueset politiques qui sous-tendent ces décisions.

StrasbourgLettre ouverte aux élus

d’équipement sur critères sociaux etd’une réserve de matériel pour pallierles pannes restent bien flous : en défi-nitive, certaines familles devront payerpour que leurs enfants puissent étudierdans l’enceinte d’un établissementpublic !

Chacun pour soiDans la droite lignée des politiquesméprisantes menées contre les person-nels, la Région fait le choix de ne paséquiper les professeurs, qui vont devoirsupporter une charge de plus :s’équiper à leurs propres frais ouutiliser leur matériel personnel.

Même si la Région s’en défend, ceprojet, et la façon dont il est mené,illustre parfaitement sa volontéde prescrire des pratiques pédago-giques, sans prendre en compte lesréalités du terrain. Comme sur lesquestions de fond le SNES-FSUVersailles n’a eu aucune réponse à desquestions pratiques et précises, lasection aca démique a interpellé larectrice et appelle les personnels, enlien avec les familles, à ne rien se laisserimposer. n

Sophie Vénétitay

Alors que depuis deux ans, des lycéesde la Région Grand Est sont engagésdans une « expérimentation », la Région,accompagnée par le rectorat, a décidéde généraliser le manuel numérique àtous les lycées, prenant notammentprétexte de la réforme du lycée et deschangements de programmes, et enassurant aux parents d’élèves la gratuitéde l’équipement pour leurs enfants.En l’absence de toute évaluation desdeux premières vagues, alors que lescollègues font état de nombreuxdysfonctionnements (instabilité de laconnexion wi-fi, faible interactivité desmanuels...) et d’une charge de travailalourdie (enquête du CHSCTD duHaut-Rhin), alors que le CESER duGrand Est et le CHSCTA demandentun bilan objectif et un moratoire, lesconseils d’administration des lycées

Page 7: P 01 Action 787 - SNESrelayant, bien retransmises dans les médias, elles gênent, des chefs d’éta-blissement au ministre, en passant par les recteurs. Les réformes voulues par

Ce rapport fait grandbruit : la classemoyenne mondialeserait en déclin, à telpoint que le secrétairegénéral de l’OCDEappelle lesgouvernements à« protéger et promouvoir »son niveau de vie.

Depuis quelques années, cette institu-tion à l’orientation très libérale sembleparfois prendre à contre-pied certainsde ses détracteurs.Dernièrement, sonsecrétaire général AngelGurría s’est inquiété dudevenir des classesmoyennes. Selon le titred’un rapport publié enavril, la classe moyenneserait partout dans le monde « sous pres-sion » et « en perte de vitesse ». Il faudrait« protéger et promouvoir le niveau de vie dela classe moyenne », pour « stimuler lacroissance économique et de créer un tissusocial plus solidaire et plus stable ». Aprèss’être fortement inquiété dès 2008 ducaractère inégalitaire de la croissanceéconomique des vingt années précé-dentes, parallèlement au constatcritique de la persistance des inégalitésfemmes-hommes, l’OCDE s’alarme àprésent du recul de la « classe moyenne ».

Le 11 avril, les retraités ontbattu le pavé, par milliers,à l’appel du groupe des 9.

Bien souvent avec la participation desGilets Jaunes, les retraités étaient dansla rue le 11 avril dernier. Près de200 initiatives dans toute la France :20 000 à Paris, 3 000 à Marseille, prèsd’un millier à Bordeaux ou à Lyon. Deplus en plus nombreux, les journalistesont relaté les initiatives. En effet, lesmobilisations de retraités font pleine-ment partie du mouvement social.

Augmenter les pensionsOui, ils sont en colère ! Après lesmesures régressives des gouverne-ments précédents, Emmanuel Macronest passé à la vitesse supérieure : haussede la CSG, sous-indexation despensions en 2019 après le gel de 2018.Selon les études du ministère duTravail, entre décembre 1999 etseptembre 2018, le salaire moyen aaugmenté de 47,2 % et les pensions deretraite de 26,7 % seulement. Lesmesures récentes ontconsidérablement aggravéla situation : la perte s’élè-verait à deux mois depension sur les cinq der -nières années alors que lesentreprises bénéficient decentaines de milliardsd’euros d’aides diverses. Legouvernement a reculé en supprimantla hausse de la CSG pour 4 millions deretraités mais le compte n’y est pas.La revalorisation de 0,3 % des retraitesest bien en deçà de l’inflation chiffréeà 1,8 %.

Désireux de profiter de ce troisièmetemps de la vie après la période deformation et celle d’activité profes-

sionnelle, les retraités neréclament pas des mesuresd’assistance qui fluctue-raient au gré des volontésprésidentielles mais leursdroits de salariés retraités.Leurs revendications s’ins-crivent dans cette exigenced’augmentation de toutes

les pensions indexées sur les salairesavec rattrapage du retard accumulé.

Depuis l’élection d’EmmanuelMacron, c’est la cinquième fois qu’ilsmanifestent, avec toujours plus d’ima-gination. À Lorient, une chaîne

humaine a entouré le bassin à flot etune bouteille contenant un messageau président de la République a étéjetée à la mer. À Nantes, près de milleretraités ont défilé. Ils proposent larecette « Retraités Bercy à la saucemacronnaise : hacher menu les droits à laretraite, réduire les pensions à feu vif »…Concert de casseroles à Perpignandevant la préfecture avant un pique-nique géant. À Saint-Étienne, lesmanifestants ont été accueillis par uncordon de policiers avec casques etboucliers : « ils avaient l’air plutôt morti-fiés », a dit un retraité !

Dans les cortèges les 1er et 9 mai« On se bat pour les jeunes », rappelle unemanifestante. Les retraités poursuiventleurs actions en faisant signer la cartepétition unitaire qu’ils déposeront àl’Élysée mi-juin. Ils rencontrent les élus,notamment les maires, pour proposerdes motions aux conseils municipaux.Le groupe des 9 s’est réuni le 18 avrilpour décider des prolongements del’action.

Les retraités se retrouveront auxcôtés des actifs le 1er mai et aussi le9 mai pour défendre la Fonctionpublique. n Marylène Cahouet

Après l’attaque surla question du régimedérogatoire, un rapportde l’Inspection généraledes Finances s’en prenddirectement aux CPEet Psy-ÉN et à leur tempsde travail.

Dans ce rapport, l’Inspection généraledes Finances met en doute le « contenudes tâches réalisées » [...] durant lesquatre heures dévolues à l’organisa-tion de leurs missions et leur effecti-vité. L’IGF méconnaît la réalité desdeux professions. Elle ne parle pas dutravail invisible et de la complexitédes métiers.

Pour les CPE, le temps de travailexplose, bien au-delà des « 35 heureshebdomadaires inscrites à l’emploi du temps ».

Dépassement d’horairesAvec les dernières réformes et l’aug-mentation du nombre d’élèves à suivre,dont de plus en plus de jeunes en situa-tion de mal-être, les sollicitations sesont multipliées. Le périmètre de la viescolaire n’a cessé de croître et les dépas-sements horaires, évidemment nonrémunérés et pourtant fréquents, sonttrès rarement reconnus. Il s’agit, unefois de plus, d’une attaque contre lemétier, contre un CPE concepteur deson activité.

Pour les Psy-ÉN, le métier est égale-ment attaqué, alors que la réforme de

l’orientation bat son plein, qu’unevague de fermeture de CIO estannoncée et qu’il serait question de lesaffecter en lycée… Le MEN a décidé deréduire leur recrutement. Il cherche àprouver qu’il y en a bien assez et qu’ilconvient de les répartir en fonctiondes besoins réels. Une enquête de laCour des comptes suite à la loi OREest en cours, et se penche sur le travaildes Psy-ÉN auprès des élèves de Termi-nale… Mais ils courent déjà entre troiset quatre établissements et 1 500 élèvesen moyenne !

Psy-ÉN comme CPE ne sont pas desemplois d’exécutant. Ces métiers englo-bent des activités complexes, desresponsabilités que ni l’IGF ni leministre des Comptes publics nepeuvent connaître. Nous ne nous lais-serons pas imposer des missionsmorcelées ou redéfinies qui ne répon-dront pas aux besoins des élèves et desfamilles, ni des injonctions sur le tempsqu’on entend y consacrer. Ce sont desrecrutements de CPE, de Psy-ÉN quisont nécessaires pour faire face sur leterrain !

Contre ces menaces cherchantencore à décrocher ces personnelsdes autres catégories de l’Éducationnationale, il faut rester mobilisés. LeSNES-FSU exige du ministre lagarantie qu’il ne remettra pas en ques-tion les arrêtés relatifs à l’aménage-ment du temps de travail des CPE etPsy-ÉN. Toutes et tous dans l’actionle 9 mai. n

Géraldine Duriez, Olivier Raluy

Inquiétude politique !On pourrait y voir une véritable préoc-cupation sociale, mais la sauvegardede cette « classe » est aussi un enjeupour le système capitaliste. Il faut eneffet se souvenir que l’émergence et ledéveloppement d’une large classemoyenne a été pour de nombreuxobservateurs le moyen et le signe d’unedisparition de la classe ouvrière et dela lutte des classes.

Cette préoccupation sociale nonexempte d’une inquiétude politiques’accompagne de la poursuite inlassabledes injonctions libérales. Car dans lemême temps, l’OCDE, dans sonrapport sur la France, se félicite desréformes en cours et prévues par

E. Macron et appellemême à les amplifier.L’OCDE ne manquepas de constater lesperformances fran-çaises, dans les infra-structures ou la luttecontre la pauvreté. Mais

rappelle aussi l’importance et la repro-duction des inégalités sociales etscolaires, et fustige sur un mode quasirituel les impôts, taxes et cotisationsdont doivent s’acquitter les entreprises.

Côté éloge du libéralisme, on trouvedispersés sur les 73 pages de synthèse(sic) : la critique des réglementationscaractéristiques de certaines profes-sions (comptables, notaires, avocats...) ;le poids des retraites, des dépensespubliques et des impôts ou encore lanécessaire réforme de l’apprentissage

pour « rapprocher l’offre de formation desbesoins des entreprises ». L’OCDE se féli-cite des « réformes récentes (qui) favorisentla flexibilité du marché du travail » etsignale que « l’usage des contrats à duréedéterminée demeure important ».

Plus de flexibilitéMais pour l’OCDE, les travailleursseraient en partie responsables de lamultiplication des contrats précairespuisqu’elle affirme qu’il faudrait« réformer le système d’assurance chômageafin qu’il n’incite pas à enchaîner de façonrécurrente les courtes périodes d’emploi et

de chômage »… En gros, les chômeursferaient exprès d’enchaîner les CDDpour pouvoir toucher les allocationsentre deux contrats. Les servicespublics, les fonctionnaires et les collec-tivités n’échappent pas aux rengaineshabituelles.

Mais, rassurons-nous, l’OCDE assureque les réformes enga-gées et qu’elle préconiseprofiteront aux classesmoyennes ! Ce sont pourtant aussi lesréformes libérales qu’elle a prônées quiont débouché sur la croissance inégali-

taire qu’elle dénonce. Elle reste en défi-nitive aussi prudente et précise au détour

d’une page que « pour êtreacceptable socialement etfaisable politiquement,l’agenda de réformes devra êtreintroduit sans complètementéliminer les droits acquis »…

Il existe une catégorie d’individus quel’on reconnaît à ce qu’ils osent toutécrire… notamment. n Hervé Moreau

rapport de l’OCDE L’économique contre le social

retraités Le printemps des luttes CPE et Psy-ÉN Stop auxmensonges et manipulations

Un congrès combatifFGR-FP, 2 au 4 avril. Après trois jours de débat en plénière et en commissions, la motionrevendicative rassemblant quatre volets (Protection sociale, fiscalité, Fonction publique et placedu retraité dans la société) a été votée à l’unanimité moins une abstention. Le congrèsa réaffirmé son attachement aux principes de la République, en particulier à la laïcité, àla fraternité et à la justice sociale. Il a approfondi ses orientations en prenant en compte leseffets destructeurs de la crise sociale, environnementale, politique. Il a élu la direction nationaleet le nouveau secrétaire général, Marc Le Disert. Il s’est conclu par un appel à l’action dans lecadre du groupe des 9 et au renforcement de l’unité des organisations de retraités. L’importancede la FGR-FP est évidente aux yeux de tous, la nécessité de la renforcer est une exigence.

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L’OCDE s’alarmedu recul de laclasse moyenne...

... pour l’avenirdu capitalisme

Une perteéquivalente à deux mois de pension

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L’US #787

SAMEDI 20 AVRIL 2019 7économie et société ✦

Depuis déjà de nombreux mois, les retraités sont mobilisés, dans la rue, pour obtenir le retrait de mesuresgouvernementales qui portent atteinte à leur pouvoir d’achat.

C’est quoi l’OCDE ?Rassemblant actuellement 36 paysdéveloppés, employant plus de600 économistes, l’Organisationde coopération et de développementéconomique (OCDE) produit à foisondonnées économiques et sociales,analyses et rapports. Instituée en 1961,keynésiènne à ses débuts, cetteinstitution est rapidement devenueune sorte de think tank néolibéral trèsinfluent. Ses préconisations tombentsouvent à pic pour les gouvernementslibéraux qui cherchent des justificationsextérieures. Nombreux sont ceux qui sesouviennent encore du Cahier de politiqueéconomique n° 13 (1996) de ChristianMorrisson qui expliquait comment mettrepacifiquement en œuvre les politiques« d’ajustement structurel », en dégradantsciemment et progressivement la qualitédes services publics pour que la populations’en détourne d’elle-même.

Dans son dernier rapport d’avril 2019, l’OCDE estime que les classes moyennes sont« sous pression et en perte de vitesse » partout dans le monde .

Page 8: P 01 Action 787 - SNESrelayant, bien retransmises dans les médias, elles gênent, des chefs d’éta-blissement au ministre, en passant par les recteurs. Les réformes voulues par

✦ droits et libertés / international8 L’US #787

SAMEDI 20 AVRIL 2019

mentation des rémunérations étaléesjusqu’en 2023. Le Premier ministrevient de proposer d’ouvrir des négo-ciations, mais exige comme préalablela levée de la grève. La pression aug-mente car le ministère fait remplacerles enseignants par des non-profes-sionnels recrutés en catastrophe pourl’organisation des épreuves, ce quedénoncent les organisations syndicales.La grève est très suivie alors qu’unejournée de grève coûte de 160 (40 €) à295 PLN (76 €) par jour. Seul Solidarnosc,proche du PIS, a accepté les proposi-tions du ministère : augmentation de5 % des salaires, et amélioration desdébuts de carrière en échange d’uneaugmentation des services de 18 à22 heures.

Rapport de forceLe gouvernement vient de perdre labataille de la communication. Il faitdes choix électoralistes et démago-giques, en accordant des aides à sonélectorat, notamment aux milieuxagricoles conservateurs. Il soutient,par exemple, les éleveurs, en proposant100 à 500 zloty (de 25 à 120 €) par bête.Des grévistes de Bydgoszcz en ont faitun buzz : « voici la nouvelle hiérarchie :la vache, le cochon puis l’enseignant ».

Le contexte des élections euro-péennes est favorable pour obtenirdes avancées, mais l’équipe gouver-nementale ultraconservatrice chercheà profiter de la situation pour redéfinirles obligations de service des ensei-gnants. Le SNES-FSU a adressé unmessage de soutien et de solidaritéaux camarades du ZNP, syndicat aveclequel il a une longue traditiond’amitié et aussi de coopération. n

Jean-Michel Smoluch

Pologne Un conflit majeur

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Cafouillages et conflitsd’intérêts, l’affaire Legayne cesse de rebondir.

Le 16 mars, Geneviève Legay, mili-tante d’ATTAC bien connue à Nice,a été gravement blessée lors d’unecharge de CRS. Ellemanifestait pacifique-ment place Garibaldi.Certains secteurs dela ville avaient été inter-dits aux manifestants enraison de... la venue duPrésident chinois. Lesimages ont fait le tour de la France.

Contre-enquêteDans un premier temps, le procureurchargé de l’enquête à Nice déclaraitqu’elle n’avait pas été touchée par lespoliciers... mais a dû rétropédaler deuxjours plus tard. Les images qui tour-

naient en boucle dans les médias nefaisaient aucun doute. De plus, alorsque Geneviève Legay était sur son litd’hôpital, souffrant de plusieurs frac-tures au crâne, aux côtes et au coccyx,des policiers sont venus dans sachambre pour tenter de lui faire direqu’ils ne l’avaient pas touchée et que

c’était la faute d’un jour-naliste ! Cela ressemblefort à une tentative desubornation de témoin.

Mais ce n’est pas tout :le procureur a eu « l’excel-lente » idée de confier l’en-quête à... la compagne du

commissaire qui a ordonné la chargequi a provoqué la chute de GenevièveLegay. Et il ne voit pas où est leproblème !

L’avocat de Geneviève Legay ademandé le dépaysement de l’affaire,en espérant un « grand nettoyage » ausein de la justice et de la police à Nice.

Aujourd’hui Geneviève Legay vamieux, elle fait des projets d’avenirmais, si elle n’est plus en soins inten-sifs, elle est encore hospitalisée et sesmultiples fractures la font encore souf-frir. Nous lui souhaitons un promptrétablissement et que justice lui soitrendue. n Olivier Sillam

violences policièresMais que fait la justice ?

Tentative desubornationde témoin

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LʼUniversité Syndicaliste no 787 du 20 avril 2019, le mensuel du Syndicat national des enseignements de second degré (FSU) 46, avenue dʼIvry, 75647 Paris Cedex 13. Tél. : 01 40 63 29 00 – Directeur de la publication :Xavier Marand ([email protected]) – Rédacteur en chef : Hamda Elkhiari – Régie publicitaire : Comdhabitude publicité, Clotilde Poitevin : 7, rue Émile-Lacoste, 19100 Brive, tél. : 05 55 24 14 03, [email protected] –Publicité : CASDEN (p. 2), MAIF (p. 8) – Compogravure : C.A.G., Paris – Imprimerie : SIEP, Bois-le-Roi (77) – Abonnements : 1) Personnels de lʼÉducation nationale : France : 30 € ; étranger et DOM-TOM : 44 €.2) Autres : France 42 € ; étranger et DOM-TOM : 56 € – N° CP 0123 S 06386 – ISSN no 0751-5839. Dépôt légal à parution. Pages spéciales jointes sous film : 16 p. Partir à lʼétranger ou en COM ; affiche A2 grève le 9 et manif le 18.

Affiche du ZNP (syndicat des enseignants polonais) : Je soutiens la grève scolaire, avril 2019, Varsovie.

La grève illimitée pourles salaires et le blocagedes établissementsont débuté le 8 avrildernier dans tout le pays.

Malgré le caractère inédit de cettemobilisation, cela n’a pas permis dedéboucher sur un accord. Le pouvoirultraconservateur du parti Droit etjustice (PiS) pratique une politique degénérosité sociale qui oublie les ensei-gnants . L’organisation syndicale majo-ritaire chez les enseignants, le ZNP (lesyndicat progressiste historique etmajoritaire) demande 30 % d’augmen-tation , c’est-à-dire 1000 pln (400 €)d’augmentation par mois, ce que legouvernement refuse. Le salaire est de2 700 pln en début de carrière (675 €)et 3 800 PLN en fin de carrière (950 €).Slawomir Broniarz , président du ZNP,a déclaré que « pendant plusieurssemaines, le gouvernement n’a pas pris ausérieux la menace d’une action de grève. Ilpensait probablement que la désinformationet les attaques à l’encontre du syndicatdissuaderaient les enseignants de participerà la grève qui aurait lieu pendant lesexamens ».

Une grève inéditeLa grève désorganise les examens dubrevet des collèges et menace le bac.Les pourparlers sont un échec car lespropositions du gouvernement sontinacceptables pour les deux centralessyndicales majoritaires ZNP et FZZ (leForum des syndicats plus récent et pluslibéral). Il s’agirait d’augmenter les ser-vices hebdomadaires des enseignantspour les faire passer à 22 voire à24 heures en contrepartie d’une aug-

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