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OumKalsoum
DUMÊMEAUTEUR
Pieds-Noirsetfiersdel’être,MichelLafon,1988.Haram,itinérairedesfemmesorientales,LeChêne,2003.Douceestlalumière,LeQohéletcalligraphiéparHenriRenouxenfrançais,arabeethébreu,Hazan,2004.LesMilleetunenuitsérotiques,illustréesparVanDongen,Hazan,2008,2012.OumKalsoumforever,OrientsÉditions,2012.IntroductionàlaprincessedeBabylonedeVoltaire,illustréparVanDongen,FranceLoisirs,2012.Mohammedprophèted’Allahd’ÉtienneDinetetdeSlimaneBenIbrahim,préfacedeDominiqueBaudis,OrientsÉditions/Klincksieck,2014.Danssesyeux,photographiesdeDominiqueBaudiscommentéesparsesamis,OrientsÉditions,2015.
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Lafillettenepeutréagir.Onlacroitendormie.MaisFatimaneparlejamaisenl’air.Elledoitsavoiroùl’ontrouvel’argent…
Elle loue en effet davantage ses bras, et chaquemois ellesortdesoncorsagelapiastrenécessaireàsonenseignement.
AvecletempsetlesmenacesThumaacceptemieuxl’école.Ellecommencemêmeàprendreplaisiràmaniercettelanguesiimagée.Hélas!lecheikhAbdelAzizvientàmourir.
OumKalsoumrêverégulièrementqu’ilsortdesatombeetsedirigeverselle,armédesongrosbâton.Ellecrie,maisFatimaest là. Elle dépose sur son frontmoite des baisers rassurants.Avec le soleil, elle oublie ses cauchemars,mais comprend queson enseignement va s’arrêter là. Elle vient d’avoir sept ans,l’âgederaison.
Cependantl’omdeh,lepèred’Aïcha,unhommepuissantquiades relations, réussit à faire inscrire sa filleet lesenfantsdel’imam au kouttab le plus proche, à Simblawîn à troiskilomètres.
Le chemin est plus long, plus drôle aussi. Thuma imposerégulièrementlejeude«lachaisedusultan14»pourépargner,dit-elle, les jambes de l’un d’entre eux.Le jeu ne varie guère,puisqu’entrichant,lafillettearrivetoujoursàsefaireporterparlesdeuxautres.AïchaetKhaledserebellent,maisautirageausort,c’estencoreellequigagne leplussouvent.ÀSimblawîn,elle ne se sent plus « la pauvre paysanne ». Elle comprend lesens desmots et aime en apprendre de nouveaux.Quand ellesremontentsurlestoits,avecAïcha,lejeuestdevenuspectacle.OumKalsoumluipsalmodielessourates15.
Aïcha,admirative,luiassurequ’elleestnéesousunebonneétoilequilamèneratrèshaut.OumKalsoumritmaisgravecetteprédictiondanssamémoire.Sasuperstitionestconnuedetous.Pourlafairetaire,samèreappelleàgrandrenfortdecrisRoula
et les djinns, l’ogresse et les génies qui viennent souvent ausecoursdesparentsendétresse.
Pourlapremièrefois,cetété-là,elleéchappeàlacueilletteducotonenaccompagnantlegroupedefemmesquiscandentletravail.Soutenueparlechœurdestravailleuses,ellenesentplusles brûlures du soleil. Elle chante pour soulager sa mère, sagrand-mèreetsasœur.
Encetteannée1910,Khaleda treizeans.Petitcheikhà labarbe naissante qui accomplit vaillamment ses tâchesdomestiques à la mosquée. Il accompagne désormais son pèredans toutes les cérémonies et ne reçoit que des complimentspoursabellevoixetsaprestanced’homme.
FatimaabienenregistréqueThumaauntimbredevoixpluspurque celui d’un rossignol.Elle sait aussi que lapetite a del’oreille puisqu’elle connaît nombre de chants qu’Ibrahim aapprisàKhaled.Ibrahimpourraitluienapprendred’autres.Elleenparleàsonmari.
«Fatimanecommence-t-ellepasàcroirequesadernièreatoutes les qualités ? se demande Ibrahim. Ma femme étaitpourtantlaplusraisonnableduvillage.»
Un soir, il surprend sa fille en train de chanter. Fatiman’avaitpasmenti.ThumaalavoixclaireetbienplacéecommeunrossignolduDelta.
«Tuviendrasdésormaischanteravecnous,déclarel’imam.Tavoixrépondraauxnôtres.»
Lapetite refuse. Jamais ellen’oserachanterdevantunvraipublic.Sesspectacles,ellenelesréservequ’àAïcha.
Latentationpourtantl’emporteparcequ’Ibrahimluiprometautant de mhallabias16 qu’elle souhaite mais aussi de la«gazouse17 »,« laSphax»qui lui rendra lavoixencoreplusbelle,etdespaquetsdepépinsdecourgeetdemelon…
Pour sa première prestation, la petite se rend chez le pèred’Aïchaavecl’imamKhaledetYoucef,l’amidelafamille.Elleconnaît bien la grandemaison avec tous ses trésors, un salonrouged’«Aubusson»,legrandlitdesparentsenboisdoréavecuncouvre-piedsdesatinetsurtoutlephonographequifaitdelamusique,maisellen’estquandmêmepasrassurée.
On juche cette frêle fillette de sept ans vêtue comme ungarçonsurlebeaucanapé.Latroupeentonneunchant,puislapetitesolistefaitmerveille.Quandelletermine,laquinzainedepersonnesrassembléesapplauditàtoutrompreenluicriantdesmotsd’admiration.
Thumaredescendprestementdesonperchoirpourréclamersasucrerie.
Ibrahim est vite dépassé par leur succès. Dans toute larégion, on réclame cette troupe de cheikhs avec leur petitechanteusehabilléeengarçon.
Hadj18 Youcef les fait venir chez lui, à Simblawîn, et lapetiteychantepresqueàl’aise.
« Je compte sur Dieu, c’est lui qui me protège de mesennemis.»Soiréeinoubliableoùlevieuxhadj,visiblementému,donne son premier cachet à Oum Kalsoum. Une baziza, unepièce de dix piastres. Thuma est émerveillée par cette piècetrouéeensonmilieu.Avecautantd’argent,tousleursproblèmesvont être résolus et Fatima ne sera plus obligée d’aller auxchamps…
Elle ne se réveillera que très tard dans leur maison, alorsqu’elle est encore dans les bras de son père. Elle n’ouvre lesyeuxquepouroffrirsontrésoràsamèreetserendortaussitôt.Lesgainsdelatroupecommencentàaugmenter,dedixàvingt-cinqpiastrespouratteindreuneguinée.KhaledetOumKalsoumneseconsacrentplusqu’àleurnouvellecharge,l’imamprenant
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filles.Il leur baise tendrement le front puis va se fondre dans la
fouledelarue,sansseretourneruneseulefoissursesfemmesenpleurs.
Il y avait longtemps qu’il avait repéré sa maison, il étaitmêmevenuydéposersadernièrelettre…Il luifautplusd’uneheurepourgagnerl’îledeZamaleckenmarchantd’unpasvif.Àlanuittombée,ilatteintle5delarueAboulFida.
Unevoituredepoliceestgaréedevantlavilla.Quepeutfairelapolicepour lebiendesaDame?Laréponseest immédiate.Unepersonnequi sedirigeaitvers leportail est arrêtéepar lespoliciers.Ahmedresteradoncàl’écart,sousunfiguier,maisilpourrasurveillersafenêtreéclairée.
Quand le jour se lève, Ahmed ouvre son transistor. Lesnouvellessontmeilleures:laDameareprisdesforces.Elleestprête à recevoirune transfusion sanguine.Onconsidèreque lacriseestsurmontée.
«Unconseildemédecinslasuit.Toutesafamilleetsesamisl’entourent.NoussouhaitonsnosmeilleursvœuxdeguérisonàlaDamedetous.»
Ilyadéjàdumouvementautourde lavilla.Ahmedsecouesagillabiyapoussiéreuseets’approchetimidement.
Despostiersessoufflésarriventsanscesseetremettentleursmissives aux deux policiers de garde.Des fleuristes apportentd’énormesgerbesderoses.
Ahmedprie.Desbadaudssepressent,écartésparlespoliciers.LaradiodiffuseletélégrammedesvillageoisdeTmaë.« Tous tes frères et tes amis prient Dieu pour que tu
guérisses,etpourqueturetrouvesunebonnesanté,toilaDamedetous.»
Arriventensuitedegrossesvoituresnoires.AhmedreconnaîtAbdelWahab. Un grand jeune homme au visage doux qui estsans doute son neveu préféré, Mohammed el Desouki. Unepetite femme aux yeux très bleus qu’on laisse entrer sansencombredoitêtreuneintime…
En fin de journée, les policiers saluent avec déférence unpersonnage qui descend d’une limousine avec un drapeauégyptien.
MaisAhmedrate lasortiedu«ministre». Ils’estendormibrutalement,lesdoigtsserréssursonmasbaha.
Le lendemain, à l’aube, il s’approche des policiers qui leprennent pour un pauvre venu s’établir ici pour survivre grâceauxgénérositésdesricheshabitantsdeZamaleck.
Il les fait rireetparvientmêmeàse faire lire le journaldumatin.
Lesnouvelles sontmeilleuresmais les termes scientifiquesincompréhensibles. Que sont ces « plaquettes » quimanquentdans le sangde saDame? Il remercie lespolicierset retourneécouterlaradiosoussonfiguier.
Un groupe de villageois arrive et semble vouloir faire lesiègedelamaison.Lespoliciersinterviennent.
« Je suis son amie d’enfance, deTmaë», hurle unevieillefemme.
Lesvillageois refusentdepartiretvont s’asseoirde l’autrecôté de la rue.Ahmed observe « l’amie » d’OumKalsoum.Àmidi, il entonne avec les villageois de Tmaë la psalmodie duLivresaint.
Plustard,ilentendladéclarationd’unmédecin:«L’étatdeMmeOumKalsoumestenprogrèsconstant.Elle
n’est plus sous transfusion et va bientôt retrouver sa bonnesanté.»
Ahmedn’estplussurpris,aupetitmatin,deseréveillerface
àlafenêtredelaDame.Cettevieluiconvienttrèsbien.Laradioestoptimiste:« Ils sont une vingtaine de personnes à entourer Oum
Kalsoum, mais ils sont des millions qui ont leurs oreillesbranchées sur son cœur. » La radio annonce aussi lesdispositionsprisesparleprésidentSadate.Iltientunavionàsadisposition, prêt à décoller à tout instant pour aller chercher,n’importeoù,lemeilleurspécialistedontelleauraitbesoin.Onrapporte encoreque leprésident aprispersonnellementde sesnouvelles au téléphone, et queMme la Présidente est allée lavoir.Ahmedn’apasvulaprésidente,maislarueestdéjànoiredemonde.
LavieillepaysannedeTmaëcontinuedecrier:«Jeveuxlavoir,jesuissonamie!»
Les policiers qui ont reçu du renfort repoussent les genssansménagement.
Ahmed est toujours rivé à la radio. « Madame a déclaréqu’elle se sentait mieux, que tous les souhaits du peuplel’aidaient beaucoup et qu’elle espérait s’acquitter de cettedette.»
Ils sont venus à son appel, pense Ahmed, mais ils vontrepartir…
Lelendemain,lafouleestplusclairsemée.Ahmedprieavecelle, puisque la radio vient d’annoncer qu’elle a demandé sonCoranetsontapisdeprière.Elleadéjeunéaussi,etAhmedsentsonventregargouiller.Celava fairequatre joursqu’il n’a rienmangé.
Au crépuscule les voitures se succèdent toujours, desmessagersarriventencore,lesbraschargés.Ahmedcontinuedepriersoussonfiguier…
Aumilieudelanuit,dessirènesdepompiers,descoupsdefreinsetdescrisréveillentAhmedensursaut.Ilveuts’approcher
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Dontl’odeurétaitencoreplusagréablequecelledumeilleuralcooletdesrosesàlafois
Qu’y a-t-il de mal à ce que ses lèvres aient effleuré monverre?Etàcequ’ellemefasseboiresonbreuvageleplusenivrant?Mincecommeunsaule,labrisepourraitl’enleverEtl’oiseauavecsesplumespourraitdissimulersoncouMagiqueestsondiscoursdontlerythmeDonneraitunchantdanslabouchedeDavidTelunpigeondelaforêt,quiapularendretristePuisdansl’obscuritévenirlaconsoler?Elleatendusonlongcouverslanuit,aprêtéUneoreilleetapromenésonregardElleavaitlanostalgiedesbien-aimésets’estmiseÀpleureretàcriersesplaintesparmomentsVoisinedelaforêt,letempsdel’amours’estenvoléCommeunrêveetc’estvraimentdésolant
Auteur:AhmedChawkiCompositeur:RiadSunbati(1946)
Langagedesfleurs(filmFatima)
Lesrosessontbelles,ellesontdesfeuillesQuiportentlesignedelapassionSiunamoureuxenoffreuneàl’objetdesonamourCelasignifiequeleurunionestproche
Refrain:
Regardelesfleursetapprends
Lafaçondontonseparleentrebien-aimésRegarde-lesetapprends
LesnarcissessepenchentàdroiteetàgaucheSurleurstiges,émuesetséduisantesDansleurs«yeux»onpeutliredesblâmesÉloigne-toidesmédisants
Refrain
«Full»,âmedemonâmeCeluiquisenttonodeurnel’oublierajamaisTudisdanstalangueàtouteslesbellespersonnesQu’unbien-aimédésireardemmentlesvoir
Refrain
RegardelejasminbeauetendormiCelaluiapludedormirsurlesbranchesLesmainsleprennenttendrementPourdécorerlespoitrinesdesbien-aimés
Refrain
Auteur:MahmoudBeiramTounissiCompositeur:ZakariaAhmed(1946)
Chante-moiunpeu
Chante-moiunpeuChante-moietprendsmesyeuxLaisse-moirépéterdesrythmes
PourquelesauditeursdansentPourquelesbranchesfrémissentAveclenarcisseetlejasminPourquelesvoyageursTraversentlesdésertssanspeineUnpeu,unpeuChante-moietprendsmesyeux
Refrain:
Lachansonestlaviedel’âmeEtleremèdedesmaladesElleguéritlescœursblessésQuiposentproblèmeauxmédecinsEllechassel’obscuritédelanuitEtéclairelesyeuxdesbien-aimésUnpeu,unpeuChante-moietprendsmesyeux
JevaischanteretdirebonjourauxoiseauxDemainàl’aubeLeclair-obscurMerépondrapeut-êtreUnpeu,unpeuChante-moietprendsmesyeux
Refrain
Auteur:MahmoudBeiramTounissiCompositeur:ZakariaAhmed(1944)
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PRESSEARABE
Hawa, El Gomhoriya, Al Isaara, Al Ahram, Akher Saa,MajalHawa,AlMousahar,AlAkbar,AlNaouid,DarelHilal,Akbar el Yom, Abou Sahar, Hatawi, Revue des ouvriers,Tarawan,Le Soir, LaDépêche,ActionTunis, Rosa alYoucef,RevueMinerva,AlGomhour,SabahelKhayr,AlKawakeb.
PRESSEFRANÇAISE
L’Express,Candide,LaCroix,LeFigaro,JeuneAfrique,LeMonde, France-Soir, Le Quotidien de Paris, L’Humanité,L’Aurore,Télérama,L’Illustration,Libération,CharlieHebdo.
Tabledesmatières
Avant-propos
Préface
ChapitreILeRossignolduDelta
ChapitreIIMadameOumKalsoum
ChapitreIIIMademoiselleOumKalsoum
ChapitreIVLechantdel’espoir
ChapitreVL’étoiledel’Orient
ChapitreVILaVoixdesArabes
ChapitreVIILaDame
ChapitreVIIILaReligieusedel’Islam
Épilogue
Chansons
Discographie
Filmographie
Bibliographie
Achevéd’imprimerparXXXXXX,enXXXXX2016N°d’imprimeur:
Dépôtlégal:XXXXXXX2016
ImpriméenFrance