10
Implants palatins : Orthosystem ® de Straumann Palatal implants: the Straumann Orthosystem ® A.G. Crismani a , T. Bernhart b , H.-P. Bantleon a , J.B. Cope c a Department of Orthodontics, Medical University of Vienna, Vienna, Austria b Department of Oral Surgery, Medical University of Vienna, Vienna, Austria c Department of Orthodontics, TAMUSHSC, Baylor College of Dentistry, Dallas, Texas MOTS CLÉS Système d’ancrage ; Implants palatins ; Orthosystem ® de Straumann KEYWORDS Anchorage system; Palatal implants; Straumann Orthosystem ® Résumé Dans cet article, deux systèmes d’implants palatins différents sont décrits. Les sujets traités spécifiquement incluent les aides au diagnostic avant le traitement, le plan de traitement, la mise en place des implants, les indications cliniques, la mécanique orthodontique, le retrait des implants et les complications. © 2005 Publié par Elsevier SAS. Abstract In this article, two different palatal implant systems are described. Topics specifically covered include pretreatment diagnostic aids, treatment planning, implant placement, clinical uses, orthodontic mechanics, implant removal, and complications. © 2005 Publié par Elsevier SAS. Introduction En s’appuyant sur l’observation de l’apposition di- recte d’os sur les implants usinés en forme de vis (polis) de titane commercialement pur, Bräne- mark 1 a défini l’interface entre le tissu osseux organisé vivant et la surface de l’implant mis en place comme une unité fonctionnelle et structurale (ostéo-intégration). Dans des études expérimenta- les de base et dans des études cliniques, des im- plants ostéo-intégrés mis en place pour des raisons orthodontiques se sont révélés être des éléments d’ancrage stationnaire utiles. 2-4 Les patients présentant des anomalies squeletti- ques ont souvent des arcades entièrement dentées et, par conséquent, ils n’ont pas d’espace disponi- ble pour recevoir des implants dans les procès alvéolaires. Les implants endo-osseux placés à l’in- térieur des arcades dentaires peuvent être un pro- blème au cours de la fermeture orthodontique des espaces parce qu’ils sont susceptibles de bloquer la voie recherchée pour le mouvement des dents. Par conséquent, les implants doivent être placés ailleurs. 3,5 Pour le maxillaire, les régions médio- sagittales 6-9 et paramédianes 10 du palais osseux ont été proposées pour la mise en place d’implants. Elles sont facilement accessibles et offrent d’excel- lentes conditions péri-implantaires parce qu’elles sont recouvertes par une gencive fixée. Les implants palatins sont ostéo-intégrés et peu- vent être reliés aux dents du segment réactif par une arche transpalatine (transpalatal arch [TPA]), offrant ainsi un ancrage orthodontique absolu. Ils ne sont mis en place que dans des buts orthodonti- ques et ils sont retirés à la fin du traitement ortho- dontique. 11 Les bénéfices de l’ancrage orthodonti- que sur des implants palatins incluent une facilité d’utilisation, une stabilité fiable, une indépen- dance de la coopération du patient et une amélio- ration de l’esthétique par rapport aux brackets fixés. 12 EMC-Ondontologie 1 (2005) 281–290 http://france.elsevier.com/direct/EMCODO/ 1769-6836/$ - see front matter © 2005 Publié par Elsevier SAS. doi: 10.1016/j.emcodo.2005.10.003

Ortho System

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Ortho System

Implants palatins : Orthosystem® de Straumann

Palatal implants: the Straumann Orthosystem®

A.G. Crismani a, T. Bernhart b, H.-P. Bantleon a, J.B. Cope c

a Department of Orthodontics, Medical University of Vienna, Vienna, Austriab Department of Oral Surgery, Medical University of Vienna, Vienna, Austriac Department of Orthodontics, TAMUSHSC, Baylor College of Dentistry, Dallas, Texas

MOTS CLÉSSystème d’ancrage ;Implants palatins ;Orthosystem® deStraumann

KEYWORDSAnchorage system;Palatal implants;StraumannOrthosystem®

Résumé Dans cet article, deux systèmes d’implants palatins différents sont décrits. Lessujets traités spécifiquement incluent les aides au diagnostic avant le traitement, le plande traitement, la mise en place des implants, les indications cliniques, la mécaniqueorthodontique, le retrait des implants et les complications.© 2005 Publié par Elsevier SAS.

Abstract In this article, two different palatal implant systems are described. Topicsspecifically covered include pretreatment diagnostic aids, treatment planning, implantplacement, clinical uses, orthodontic mechanics, implant removal, and complications.© 2005 Publié par Elsevier SAS.

Introduction

En s’appuyant sur l’observation de l’apposition di-recte d’os sur les implants usinés en forme de vis(polis) de titane commercialement pur, Bräne-mark1 a défini l’interface entre le tissu osseuxorganisé vivant et la surface de l’implant mis enplace comme une unité fonctionnelle et structurale(ostéo-intégration). Dans des études expérimenta-les de base et dans des études cliniques, des im-plants ostéo-intégrés mis en place pour des raisonsorthodontiques se sont révélés être des élémentsd’ancrage stationnaire utiles.2-4

Les patients présentant des anomalies squeletti-ques ont souvent des arcades entièrement dentéeset, par conséquent, ils n’ont pas d’espace disponi-ble pour recevoir des implants dans les procèsalvéolaires. Les implants endo-osseux placés à l’in-térieur des arcades dentaires peuvent être un pro-blème au cours de la fermeture orthodontique desespaces parce qu’ils sont susceptibles de bloquer la

voie recherchée pour le mouvement des dents. Parconséquent, les implants doivent être placésailleurs.3,5 Pour le maxillaire, les régions médio-sagittales6-9 et paramédianes10 du palais osseux ontété proposées pour la mise en place d’implants.Elles sont facilement accessibles et offrent d’excel-lentes conditions péri-implantaires parce qu’ellessont recouvertes par une gencive fixée.

Les implants palatins sont ostéo-intégrés et peu-vent être reliés aux dents du segment réactif parune arche transpalatine (transpalatal arch [TPA]),offrant ainsi un ancrage orthodontique absolu. Ilsne sont mis en place que dans des buts orthodonti-ques et ils sont retirés à la fin du traitement ortho-dontique.11 Les bénéfices de l’ancrage orthodonti-que sur des implants palatins incluent une facilitéd’utilisation, une stabilité fiable, une indépen-dance de la coopération du patient et une amélio-ration de l’esthétique par rapport aux bracketsfixés.12

EMC-Ondontologie 1 (2005) 281–290

http://france.elsevier.com/direct/EMCODO/

1769-6836/$ - see front matter © 2005 Publié par Elsevier SAS.doi: 10.1016/j.emcodo.2005.10.003

Page 2: Ortho System

Les implants palatins sont des vis de titane avecune surface usinée ou une surface traitée SLA (sandblasted, large grit, acid etched [SLA], sablée avecdu sable à gros grain, décapée à l’acide). L’aug-mentation importante de la surface de l’implantobtenue par ces modifications de surface compensela longueur réduite des implants palatins. Deuxsystèmes d’implants palatins différents sont décritsici. L’appareil fixe à collerette (Bränemark, NobelBiocare, Göteborg, Suède) (Fig. 1) a été largementutilisé avec succès pour l’ancrage des prothèsesfaciales.13 En raison de sa longueur réduite, cetimplant a été utilisé dans le palais pour un ancrageorthodontique maximal.14 Au-dessus du corps endo-osseux, il y a une collerette perforée de 5,5 mm dediamètre. Fait de titane commercialement pur,l’implant a un corps endo-osseux en forme de visautotaraudante dont la surface est usinée et polie ;sa longueur est de 3 ou de 4 mm et son diamètrefileté de 3,75 mm. Un pilier fileté est monté à lapartie supérieure de la collerette avec un hexagoneexterne fixé pour empêcher la rotation. L’appareilorthodontique fabriqué sur mesure au laboratoiredentaire est ensuite vissé à la partie supérieure dupillier. L’Orthosystem® de Straumann (InstitutStraumann AG, Waldenburg, Switzerland) a été dé-veloppé par Wehrbein.15 Conçu spécifiquementpour une utilisation orthodontique, cet implant pa-latin autotaraudant en un seul bloc de titane com-mercialement pur a une longueur de 4 ou de 6 mm,un diamètre de 3,3 mm et une surface SLA. Soncollier transgingival de 2,5 mm a une surface fine-ment polie (Fig. 2).

Plan de traitement

Les implants palatins sont essentiellement indiquéspour un ancrage maximal. On distingue des indica-tions relatives et des indications absolues. Les indi-cations relatives sont les cas où les implants pala-tins sont une alternative aux appareils ditsintraoraux ou extraoraux. Les appareils intraorauxincluent l’appareil de Nance, les arches transpala-tines ou linguales, le Jasper Jumper® et les élasti-ques inter- ou intramaxillaires. Le dispositif cranio-cervical de traction (force extraorale cervicale) etles masques de Hickham ou de Delaire sont desexemples d’appareils extraoraux. Les indicationsabsolues sont les cas où les appareils intra- ouextraoraux sont utilisés sans succès avec perte ré-sultante d’ancrage.Les implants palatins sont utilisables en vue :

• de l’ouverture ou la fermeture d’espaces dans lemaxillaire (Fig. 3) ;

• de la mésialisation, ou la distalisation des seg-ments maxillaires, la correction de l’intercuspi-dation ou des asymétries dentaires associées àdes déplacements de la ligne médiane (Fig. 4) ;

• chez les patients partiellement édentés, du dé-placement du point d’application des forces or-thodontiques dans la région postérieure de tellefaçon que les dents antérieures puissent êtredéplacées dans les trois dimensions ;

• de la stabilisation des dents (les canines ou lesmolaires, par exemple) au cours d’un traite-ment avec des élastiques de classe II ou declasse III lorsque l’action des élastiques doit êtrelimitée à la mandibule ;

• de l’expansion bilatérale ou unilatérale dumaxillaire chez les adultes (Fig. 5).

Figure 1 Appareil fixe à collerette (en haut), pilier transgingival(milieu) et vis avec hexagone externe (bas) pour la stabilitérotationnelle.

Figure 2 Implant transgingival Orthosystem®.

282 A.G. Crismani et al.

Page 3: Ortho System

Le volume osseux disponible dans le palais osseuxdétermine la possibilité d’utiliser des implants pa-latins. Lorsqu’il n’est pas adéquat, médialement ouparamédialement, le système Onplant® développépar Block et Hoffman,7 ou les miniplaques de titaneen forme de I dans la région zygomatique,16 ouencore les mini-implants17 sont des alternatives envue d’un ancrage orthodontique dans l’os. Les ra-diographies de profil du crâne et la tomodensitomé-trie dentaire ont été recommandées pour l’évalua-tion du volume osseux du palais avant l’actechirurgical.

Radiographies de profil du crâne

Wehrbein et al.9 ont insisté sur l’obtention d’uneinformation précise concernant le site d’implanta-tion prévu avant de mettre en place les implantspalatins afin d’éviter des perforations de la caviténasale. Dans cette optique, ils ont utilisé les radio-graphies de profil du crâne pour évaluer le volumeosseux vertical au niveau de la suture palatineavant toute intervention chirurgicale. Étant donnéque ces radiographies de profil du crâne ont déjàété utilisées lors du diagnostic orthodontique et duplan de traitement, les patients évitent une irradia-tion supplémentaire. Dans une étude clinique etradiographique, Wehrbein et al.9 ont évalué l’uti-lité diagnostique de ces radiographies chez despatients et sur des crânes. Les radiographies deprofil du crâne postchirurgicales de cinq patientsont montré une perforation nasale apparente quin’avait pas été détectée en testant le site del’implant au cours de l’intervention. Sur les crânes,la démarcation osseuse la plus élevée du complexepalatin vue radiographiquement coïncidait large-ment avec le plancher nasal beaucoup plus qu’avecle septum nasal médiosagittal. Cela a suggéré quele niveau osseux dans les tiers antérieur et moyendu palais osseux était au moins supérieur de 2 mmdans le sens vertical à ce qui était constaté sur lesradiographies de profil du crâne. Les auteurs ontrecommandé une marge de sécurité d’au moins2 mm lorsqu’on fait le plan de traitement sur labase des radiographies de profil du crâne pouréviter des complications potentielles (Fig. 6).

Tomodensitométrie dentaire

La tomodensitométrie dentaire des procès alvéolai-res est bien établie pour l’évaluation du volume

Figure 3 Charge indirecte d’un implant palatin pour écarter la1re molaire supérieure droite afin de corriger la ligne médiane etd’ouvrir un espace pour la canine supérieure gauche incluse. Lespremières prémolaires et l’implant palatin sont connectés aumoyen d’un fil d’acier inoxydable de 0,36 in. Un tube de 0,40 inest soudé à l’arche transpalatine (TPA). Un levier d’acier inoxy-dable de 0,36 in est engagé dans le fourreau molaire et seprojette dans le tube sur la TPA. Une force compressive de 150 gest créée par un ressort enroulé ouvert NiTi. La ligne d’action dela force passe par le centre de résistance pour réaliser latranslation.

Figure 4 Chargement indirect d’un implant palatin pour écarterles molaires droites et corriger une asymétrie dentaire. Un fild’acier inoxydable de 0,44 in est soudé à la coiffe de l’implant etfixé à la première prémolaire supérieure gauche. Un tube deforce extraorale cervicale est soudé à la bande sur la 1re molairesupérieure droite. Le ressort enroulé ouvert qui peut être activépar une vis montée sur le fil crée une force d’écartement de150 g par l’intermédiaire du centre de résistance de la 1re

molaire supérieure droite pour produire une translation.

Figure 5 Chargement direct de l’implant palatin pour corrigerune occlusion inversée unilatérale. Après les ostéotomies seg-mentaires droites, l’occlusion inversée est corrigée par une visde calage ancrée à l’implant palatin.

283Implants palatins : Orthosystem® de Straumann

Page 4: Ortho System

osseux alvéolaire avant la mise en place d’un im-plant.18 Elle peut être utilisée aussi pour évaluer lepalais osseux et elle est actuellement le moyen leplus précis d’évaluer le volume vertical de l’os auniveau de ce site.Les techniques utilisant de faibles doses rédui-

sent considérablement celles de rayonnement re-çues par le patient, sans aucune perte de préci-sion.19 Bernhart et al.10 ont constaté que 95 % despatients étudiés avaient suffisamment d’os verticalpour recevoir des implants palatins d’une longueurde 4 mm et que le volume d’os vertical tendait àdiminuer distalement (Fig. 7). Ils ont aussi remar-qué d’importantes différences entre les individusen ce qui concerne la hauteur de l’os. Seulement5 % de leurs patients n’avaient pas suffisammentd’os dans la région palatine pour la mise en placed’implants palatins. En s’appuyant sur ces résul-tats, les indications des implants palatins ont étéétendues aux enfants, en plus des adolescents tota-lement développés et des adultes. Le palais para-médian est une alternative utile à la région médio-sagittale pour la mise en place d’implantsorthodontiques.

Orthodontie préchirurgicale

En règle générale, avant la mise en place des im-plants palatins, un traitement orthodontique n’estpas nécessaire. Cependant, étant donné que lesimplants demandent 3 mois pour se stabiliser, ilsdoivent être mis en place lors de la phase denivellement afin de pouvoir être chargés lorsquecette dernière est terminée.

Technique chirurgicale

Les implants à visée orthodontique doivent êtreconçus pour une manipulation facile, une cicatrisa-tion rapide et un traumatisme chirurgical minimal.Vingt-quatre heures avant l’intervention chirurgi-cale, les patients sont mis sous antibiotiques (péni-cilline à large spectre ou macrolide pour les pa-tients présentant une intolérance à la pénicilline)trois fois par jour. Immédiatement avant l’inter-vention, on demande au patient de se rincer labouche avec une solution de digluconate de chlo-rhexidine pendant 60 secondes afin de réduire laflore bactérienne intraorale. Puis, un anesthésiquelocal (chlorhydrate d’articaïne et chlorhydrated’adrénaline) en quantité appropriée est injectédans le site où l’implant sera mis en place.Pour placer les implants transgingivaux Orthosys-

tem®, la gencive palatine est enlevée avec un tré-pan gingival (Fig. 8) et un élévateur. Ensuite, uneperforation pilote est créée dans la corticale de l’osdu palais avec une fraise ronde de 2,3 mm, suivied’une préparation à l’ostéotomie par un foret àprofil droit (Fig. 9). L’implant autotaraudant estmis en place manuellement dans l’ostéotomie puisvissé lentement au moyen d’un cliquet. Pendant lapériode de cicatrisation de 12 semaines, l’implantest recouvert avec une coiffe de cicatrisation

Figure 6 Radiographie de profil du crâne en vue de la planifica-tion de l’emplacement d’un implant (flèche). Une marge desécurité de 2 mm à partir du plancher nasal doit être prévue afind’éviter une perforation.

Figure 7 Tomodensitométrie montrant une image recomposée àpartir de plusieurs coupes du palais osseux dans la région médio-sagittale avec des coupes de 3 à 12 mm en arrière du foramen del’incisive. Remarquez que le volume de l’os vertical diminue enallant vers son extrémité distale.

284 A.G. Crismani et al.

Page 5: Ortho System

(Fig. 10). On doit éviter une mise en charge fonc-tionnelle au cours de cette période.Les appareils fixes à collerette sont placés selon

une procédure en deux étapes. Un lambeau gingi-vopériosté unilatéral est soulevé pour exposer lacorticale de l’os. La position et la longueur del’implant sont marquées par un foret pilote. Laperforation initiale est ensuite élargie au moyend’une fraise pour préparer un épaulement dans lacorticale de l’os (Fig. 11). Les appareils fixes àcollerette sont mis en place de façon non manuelleau moyen d’un tenon (Fig. 12), jusqu’à ce que lacollerette repose sur l’épaulement. Si le contrôleurde torque s’arrête à 30 Newton/cm (N/cm) avantque l’implant ne soit totalement mis en place, unfilet doit être prétaraudé pour éviter un échauffe-ment de l’os. Une fois que l’implant a totalement

pénétré, une vis de cicatrisation est mise en place(Fig. 13). Le lambeau gingivopériosté est ensuiterefermé avec des sutures interdentaires et la plaieest recouverte d’une membrane emboutie qui évitela nécessité d’une hygiène orale supplémentaire.Indépendamment du type d’implant mis en

place, on demande au patient de se rincer la bou-che avec de l’eau pendant les 24 premières heuresqui font suite à l’intervention chirurgicale. Le pre-mier jour suivant l’intervention, on prescrit desbains de bouche de digluconate de chlorhexidinetrois fois par jour pendant 30 secondes ; ils serontpoursuivis pendant 10 jours. La zone péri-implantaire au voisinage de l’implant d’Orthosys-tem® doit aussi être nettoyée mécaniquement avecune brosse à dents souple sans dentifrice. Pourprévenir les infections et contrôler les symptômesinflammatoires, des antibiotiques oraux sont pres-

Figure 8 Enlèvement de la gencive palatine avec un trépan àgencive.

Figure 9 Foret à angle droit pour créer une ostéotomie en vuede la mise en place d’un implant.

Figure 10 Implant d’Orthosystem® avec la coiffe de cicatrisa-tion en place.

Figure 11 Après écartement d’un lambeau gingivopériosté pala-tin, une perforation présentant un épaulement est réalisée avecune fraise en vue de la mise en place d’un implant fixe.

Figure 12 L’appareil fixe à collerette est mis en place au moyend’un tenon de montage.

285Implants palatins : Orthosystem® de Straumann

Page 6: Ortho System

crits trois fois par jour pendant 3 jours. Un anti-inflammatoire est ajouté si nécessaire.Après un temps de cicatrisation de 12 semaines

sans contrainte fonctionnelle, les appareils fixes àcollerette sont découverts au moyen d’une incisionà l’emporte-pièce qui ne nécessite pas de couver-ture antibiotique. Sous anesthésie locale appro-priée, un pilier de 4 ou de 5,5 mm (selon l’épaisseurde la gencive) est monté sur l’appareil fixe. Il doitdépasser la gencive d’au moins 0,5 mm et il est fixépar une vis de pilier avec un torque de 10 N/cm. Ildoit résister à la rotation pour empêcher la vis de sedesserrer au cours de l’utilisation orthodontique.

Mécanique orthodondique

Selon la situation clinique et le plan de traitementorthodontique, les implants d’ancrage sont chargésdirectement ou indirectement. L’ancrage indirectimplique que les dents supposées agir en tantqu’unité réactive soient stabilisées indirectementpar l’implant palatin. Cela est obtenu grâce à unearcade transpalatine pour éviter la perte d’an-crage20,21 (Fig. 14). Le procédé standard et le pro-cédé au fauteuil peuvent être tous deux utiliséspour connecter les dents à stabiliser à l’implantpalatin.22 Le procédé standard (Fig. 15) a étéadopté de la prothodontique23 et est bien établi,mais il impose un travail de laboratoire considéra-ble. Il nécessite des transferts et donc une prised’empreinte, la préparation d’un porte-empreinteet la fabrication d’un modèle avec une réplique del’implant. Sur cette dernière, le technicienconnecte les dents à l’implant palatin. En revan-che, le procédé au fauteuil (Fig. 16) dérive desconcepts du traitement orthodontique et il est in-

Figure 13 Après avoir enlevé le tenon de montage, la vis decicatrisation est fixée à l’implant.

Figure 14 Chargement indirect de l’implant palatin pour mésia-ler les 1res molaires. Les 2e prémolaires et l’implant palatin sontconnectés par un fil d’acier inoxydable de 0,32 in × 0,32 in.Deux leviers en acier inoxydable de 0,36 in sont fixés aux 1res

molaires. Ces dernières sont connectées à l’arche transpalatinepar une chaîne élastique (150 g). Une autre chaîne élastique(150 g) est fixée à l’arche buccalement. Le moment au-dessus etle moment au-dessous des centres de résistance s’annulent l’unl’autre pour réaliser la translation.

Figure 15 Procédé standard.A. Porte-empreinte individuel avec une fenêtre occlusale pourl’empreinte.B. Empreinte au silicone avec la réplique de l’implant montéesur l’empreinte.C. Les dents sont connectées à l’implant sur un moulage enplâtre et l’arche transpalatine est soudée à la coiffe de l’im-plant.

286 A.G. Crismani et al.

Page 7: Ortho System

dépendant du laboratoire. Les petits connecteurssur la coiffe palatine et la TPA sont fixés par sou-dure. Ceci implique que la construction connecteuren composite-TPA soit temporairement enlevée dela bouche (Fig. 16A) et que les deux connexionsentre la TPA et les petits connecteurs soient sou-dées (Fig. 16B, C). De façon alternative, les petitsconnecteurs et la TPA peuvent être fixés directe-ment dans la bouche en utilisant un procédé faisantappel à un adhésif au lieu d’une soudure. Cela estréalisé avec l’adhésif léger et une amorce métalli-que, comme ce qui est utilisé en routine pour fixerles brackets à des surfaces métalliques (par exem-ple les amalgames) (Fig. 16D).21

La mise en charge directe implique que les forcesnécessaires pour l’obtention des mouvements dési-rés des dents soient directement appliquées surl’implant (Fig. 17). Ceci évite la nécessité d’unancrage dentaire. En termes de mécanique ortho-dontique, la technique des arcades segmentées estutilisée pour obtenir les mouvements désirés desdents. Les mouvements de translation résultants

Figure 16 Procédé au fauteuil.A. Les petits connecteurs et l’arche transpalatine (TPA) sont indexés à l’Ultra Band-Lok® (Reliance Orthodontic Products Inc, Itasca,IL). Avec les petits connecteurs et la coiffe de l’implant, la TPA peut être enlevée de la bouche par les fourreaux molaires ouverts.B. Support en plâtre pour l’enrobage de la TPA et des petits connecteurs indexés. Le ciment de l’Ultra Band-Lok® est éliminé avec uncutter et la soudure est effectuée en série.C. Vue intraorale de la connexion terminée entre la TPA et l’implant palatin.D. Les extrémités des petits connecteurs sont courbées de la position distale à la position mésiale, sablées et fixées en série à la TPAavec une pâte légère (Light Bond®, Reliance Orthodontic products Inc, Itasco, IL).

Figure 17 Chargement direct de l’implant palatin pour écarterles molaires. Un fil d’acier inoxydable de 0,44 in se projetantdistalement et se terminant dans des crochets au niveau des 2e

molaires est soudé à l’implant. Deux leviers en acier inoxydablede 0,36 in sont engagés dans les fourreaux molaires. Les leviersmolaires et les crochets sont connectés à une chaîne élastiquetendue avec une force de 150 g sur chaque côté. La ligned’action de cette force passe par le centre de résistance de la 1re

molaire pour réaliser une translation distale.

287Implants palatins : Orthosystem® de Straumann

Page 8: Ortho System

sont obtenus au moyen d’une force constante etd’une ligne d’action invariante comme avec desleviers associés à des ressorts superélastiques NiTiou des chaînes élastiques.24-27 Deux forces horizon-tales sont utilisées, l’une agissant buccalement auniveau du bracket et l’autre agissant au niveau dupalais sur le levier (Fig. 18). Le moment de bascu-lement de la force buccale est neutralisé par lemoment d’ingression de la force palatine dans larégion apicale. Les distances linéaires entre lebracket et le centre de résistance d’une part, etentre l’extrémité supérieure du levier et le centrede résistance d’autre part, sont identiques ; uneforce de 150 g est utilisée.

Procédé d’enlèvement

Lorsque le traitement orthodontique est terminé,l’implant temporaire est enlevé. Effectué sousanesthésie locale, le procédé varie selon le typed’implant utilisé. Pour Orthosystem®, la prépara-tion à la rotation a été décrite.8 Un cylindre guideest fixé à l’implant au moyen d’une vis, puis l’im-plant est libéré au moyen d’une fraise appropriée.Ceci génère beaucoup de chaleur et laisse une largeplaie. Alternativement, un trépan osseux est utilisépour éliminer une petite couche d’os autour del’implant qui est ensuite extrait (Fig. 19). Actuelle-ment, une rotation contrôlée la moins invasivepossible est le procédé de choix. L’ostéo-intégration est rompue en tournant dans le sensinverse des aiguilles d’une montre au moyen ducliquet et l’implant est ensuite enlevé par des

mouvements de rotation. Une force pouvant attein-dre 55 N/cm et un tournevis dynamométrique mé-canique sont nécessaires pour libérer les implantsostéo-intégrés. Pour enlever les appareils fixes à

Figure 18 Chargement direct de l’implant palatin pour mésiali-ser les 2e molaires. Un levier d’acier inoxydable de 0,36 in estsoudé à la coiffe de l’implant avec un superélastique NiTi de150 g fermant le ressort à enroulement. Deux leviers de fild’acier inoxydable de 0,36 in sont engagés dans les fourreauxmolaires. La ligne d’action palatine de la force est à 10 mmau-dessus du centre de résistance. Le couple de basculementcréé par la chaîne élastique buccale (150 g) 10 mm au-dessousdu centre de résistance est neutralisé par le moment d’ingres-sion palatin dans la région apicale.

Figure 19 Procédé d’enlèvement de l’Orthosystem®.A. Le foret droit d’extraction fait des tranches sur le cylindre deguidage pour trépaner une petite couche d’os autour de l’im-plant intégré.B. L’implant est extrait avec un minimum d’effort.C. Implant extrait avec une petite couche d’os ostéo-intégré.D. Site cicatrisé 8 semaines plus tard.

288 A.G. Crismani et al.

Page 9: Ortho System

collerette, le tenon est fixé à l’implant et ce der-nier est enlevé en tournant dans le sens desaiguilles d’une montre selon un torque défini.

Complications

Une péri-implantite ou un desserrage de l’implantpeuvent provoquer la perte de l’implant. Détectéprécocement, le desserrage de l’implant sans péri-implantite ne signifie pas que l’implant soit perdu.Au cours du début de la période de cicatrisation,des implants légèrement mobiles peuvent redeve-nir stables en 6 semaines. En revanche, une péri-implantite associée à un desserrage de l’implantprovoquera vraisemblablement la perte de l’im-plant. Cela peut être contrôlé par des lavages audigluconate de chlorhexidine trois fois par jour etun brossage mécanique avec une brosse à dentssouple. Autrement, l’implant échouera vraisembla-blement. Les implants orthodontiques sont rare-ment accompagnés de complications et sont bienacceptés par les patients.14

Conclusion

Les implants palatins ostéo-intégrés sont des élé-ments d’ancrage absolu souhaitables pour un trai-tement orthodontique. Après un temps de cicatri-sation de 12 semaines, ils peuvent être chargésdirectement ou indirectement pour déplacer lesdents de la mâchoire supérieure et, avec des élas-tiques intermaxillaires, également dans la mâ-choire inférieure.Notre expérience clinique avec les implants pa-

latins suggère que les implants de 4 mm sont appro-priés aux buts orthodontiques. Chez les patients encours de croissance, la région paramédiane du pa-lais osseux offre verticalement suffisamment d’ospour mettre en place des implants de 4 mm. Unetomodensitométrie à faibles doses est recomman-dée pour une évaluation de l’os avant l’interven-tion chirurgicale. Chez les adultes, la région mé-diale du palais osseux est un site souhaitable pourles implants. Une marge de sécurité de 2 mm parrapport à la cavité nasale doit être établie par desradiographies de profil du crâne préchirurgicales.La connexion entre les implants palatins et lesarcades transpalatines (charge indirecte) peut êtrefaite au moyen des procédés standards, au fauteuilou adhésifs. Les implants palatins paramédianschargés directement ouvrent de nouvelles perspec-tives biomécaniques pour le traitement des problè-mes complexes (canines supérieures incluses, parexemple).

Traduit de Seminars in Orthodontics, Vol. 11,Crismani AG, Bernhart T, Bantleon HP, Cope JB.Palatal Implants : The Straumann Orthosystem®,pp. 16-23, Copyright 2005 Elsevier Inc., avec l’auto-risation de l’éditeur.

Références

1. Bränemark PJ. Osseointegration and its experimentalbackground. J Prosthet Dent 1983;50:399–410.

2. Shapiro PA, Kokich VG. Uses of implants in orthodontics.Dent Clin North Am 1988;32:539–50.

3. Roberts WE, Marshall KJ, Mozsary PG. Rigid endosseousimplant utilized as anchorage to protract molars and closean atrophic extraction site. Angle Orthod 1989;60:135–52.

4. Wehrbein H, Diedrich P. Endosseus titanium implantsduring and after orthodontic load: an experimental studyin dog. Clin Oral Implant Res 1993;4:76–82.

5. Higuchi KW, Slack JM. The use of titanium fixtures forintraoral anchorage to facilitate orthodontic tooth move-ment. Int J Oral Maxillofac Implants 1991;6:338–44.

6. Triaca A, Antonini M, Wintermantel E. Ein neues Titan-Flachschrauben-implantat zur orthodontischen Veranke-rung am anterioren Gaumen. Inf Orthod Kieferorthop1992;24:251–7.

7. Block MS, Hoffman DR. A new device for absolute ancho-rage for orthodontics. Am J Orthod Dentofac Orthop 1995;107:251–8.

8. Wehrbein H, Merz BR, Diedrich P, Glatzmaier J. The use ofpalatal implants for orthodontic anchorage design andclinical application of the Orthosystem®. Clin Oral ImplantRes 1996;7:410–6.

9. Wehrbein H, Merz BR, Diedrich P. Palatal bone support fororthodontic implant anchorage: a clinical and radiologicalstudy. Eur J Orthod 1999;21:65–70.

10. Bernhart T, Vollgruber A, Gahleitner A, Dortbudak O,Haas R. Alternative to the median region of the palate forplacement of an orthodontic implant. Clin Oral ImplantRes 2000;11:595–601.

11. Bantleon HP, Bernhart T, Crismani AG. Stable orthodonticanchorage with palatal osseointegrated implants. World JOrthod 2002;3:109–16.

12. Wehrbein H. Implantate zur orthodontischen Verankerung.In: Diedrich P, editor. Kieferorthopädie II. Munchen:Urban und Fischer. 2000. p. 157–67.

13. Jacobsson A, Tjellström A, Andersson H. A retrospectivestudy of osseointegrated skin-penetrating titanium fix-tures used for retaining facial prostheses. Int J Oral Max-illofac Implants 1992;7:523–8.

14. Bernhart T, Freudenthaler J, Dortbudak O, Bantleon HP,Watzek G. Short epithetic implants for orthodontic ancho-rage in the paramedian region of the palate: a clinicalstudy. Clin Oral Implant Res 2001;12:624–31.

15. Wehrbein H, Glatzmaier J, Mundwiller U, Diedrich P. TheOrthosystem®: a new implant system for orthodonticanchorage in the palate. J Orofac Orthop 1996;57:142–53.

16. Erverdi N, Tosun T, Keles A. A new anchorage site for thetreatment of anterior open bite: zygomatic anchorage.Case report. World J Orthod 2002;3:147–53.

17. Herman R, Cope JB. Temporary anchorage devices inorthodontics mini implants. Semin Orthod 2005;11:32–9.

18. Lindh C, Petersson A, Klinge B. Measurements of distancesrelated to the mandibular canal in radiographs. Clin OralImplant Res 1995;6:96–103.

289Implants palatins : Orthosystem® de Straumann

Page 10: Ortho System

19. Schüller H, Köster O, Ewen K. Untersuchungen zurStrahlenbelastung von Augenlinse und Schilddrüse bei derHochauflösenden Computertomographie der Zähne.Fortschr Geb Rontgenstr 1992;156:189–92.

20. Wehrbein H, Feifel H, Diedrich P. Palatal implant ancho-rage reinforcement of posterior teeth: a prospectivestudy. Am J Orthod Dentofac Orthop 1999;116:678–86.

21. Crismani AG, Bernhart T, Bantleon HP, Kucher G. An inno-vative adhesive procedure for connecting transpalatalarches with palatal implants. Eur J Orthod 2005;27:226–30.

22. Crismani AG, Bernhart T, Baier C, Bantleon HP, Kucher G.Chair side procedure for connecting transpalatal archeswith palatal implants. Eur J Orthod 2002;24:337–42.

23. Giancotti A, Muzzi F, Santini F. Straumann Orthosystem®

method for orthodontic anchorage step-by-step proce-dure. World J Orthod 2002;3:140–6.

24. Burstone CJ. Rationale of the segmented arch. Am JOrthod 1962;48:805–22.

25. Fontenelle A. La conception parodontale du mouvementdentaire provoqué : évidences cliniques. Rev OrthopDentofac 1982;1:37–53.

26. Kucher G, Weiland FJ, Bantleon HP. Modified lingual leverarm technique. J Clin Orthod 1993;27:18–22.

27. Sachdeva RC, Bantleon HP. Cantilever based orthodonticsbiomechanical and clinical considerations. In: SachdevaRC, Bantleon HP, editors. Orthodontics for the next mille-nium. Glendora: Ormco. 1997. p.269-288.

290 A.G. Crismani et al.