O R I G I N E ET I~VOLUTION D E S LE GI~NIE DE LA N A T U R E

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GEOBIOS, 28-5 - A n a l y s e d 'ou~Tage

P L A N T E S A F L E U R S - LES N Y M P ~ A S ET

J.F. LEROY

Masson (6dit.), Paris, 1993, 524 p. ISBN 2-225-83946-8. Prix 640 FF.

L'ouvrage, en langue fran~aise, comporte trois parties fort riches prenant en compte plantes actuelles et fossiles, quatre planches en couleur, de nombreuses figures. Deux glossaires dont un sons la forme de th6mes d6velopp6s, une bibliographie de trente-six pages, un index des auteurs, un index des mati6res, une table des mati6res Ansi que sa traduction en anglais situ6es au d6but de I'ouvrage, sont au t an t d'acc6s verticaux et rapides ~ l'ouvrage.

Apr~s avoir, d~s l 'Avertissement, soulign6 clairement la responsabilit6 qu'il prend quant ~ l'originalit6 de certaines de ses opinions par l'emploi volontaire du "je", d~s l ' introduction J.F. Leroy pr6cise 6gaiement son approche scientifique : "J 'aime ~ dire que la science que j 'ai pratiqu6e s 'articule autour de la dimension verticale : elle n 'est pas celte, comme on l 'entend g6n6ralement, de ce qui se passe dans l'espace horizontal, mais supreme audace !. elle op~re dans le champ de I'orthogonalit6 ~ celui-ci, l~ off il n'y a pas de r6p6titivit6 : c'est la science du dgveloppement de la vie crgatrice au cours du temps, depuis les origines."

At t i r an t ainsi le lecteur ~ suivre son fil directeur tr6s personnel, J.F. Leroy aiguise tout au long de son d6veloppement la r6flexion et la critique du lecteur, entre autres par l ' insistance quan~ ~ l'aspec~ hypoth6tique, mais d'autan~ plus st imulant , des theories sur les sujets qu'il aborde. Au sein de cette approche critiquen, un chapitre entier est m6me consacr6 ~ des auteurs en marge de la "pens6e moderne tout ~ fait dominants", mais d6veloppant une d6marche fort constructive pour son propre propos. C'est ainsi que l'on revit la d6marche intellectuelle ainsi que le v6cu d 'auteurs comme Meeuse oppos6 aux postulats, Melville et 'Timmense effort in lassablement poursuivi", Corner et sa rencontre ~ant mat6rielle que spirituelle, dans le mut isme et la moiteur de la v6g6tation tropicale, avec une plants pour le moins inou~e : "une sor~e d'amie 6nigmatique, une ambassadrice des myst6res'.. . Dans la continuit6 de ce souci, l 'ouvrage se termine par une incitation ~ la poursuite des recherches sur ces th6mes, grace ~ l'appar~ des techniques scientifiques les plus r6centes.

Dans la premiere partie, "Rappel historique", l 'auteur retrace la gen~se du concept de la fleur, de la fin du XVIIe si6cle ~ la fin du XIXe si6cle. I1 d6gage ensuite l 'influence de deux grandes orientations postdarwiniennes faisant suite ~ cette longue p~riode : les 6coles de Engler et celle de Bessey. Cette derni6re, qu~ pr6vaut actuellement et a beaucoup influenc6 les concepts modernes de la phylogen~se des Angiospermes, veut que les Plantes ~ fleurs soient issues d'anc~tres gymnospermiens poss6dant des strobiles et des sporophylles libres et nombreuses, peu 61oign6s des Bennett i tales (fossites). L'id6e originale, en ce d4but de si~cle, est de donner une na ture strobilifere bisexu6e aux anc~tres des Angiospermes. Le second crit~re consiste dans le nombre de cotyl6dons, qui divise ainsi Monocotyl6dones et Dicotyl6dones. C'est la t rame des classifications contemporaines, sch6matis6e par Bessey en un diagramme au t i t re latinis6 par la suite, non sans humour. Cactus besseyi ou encore Opuntia besseyi.

Dans la seconde partie, "Donn6es et r6flexions sur l '6tat actuel des connaissances", J.F. Leroy synth6tise d'abord les grands auteurs actuels comme Takhtajan, Cronquist, Thorne, Stebbins e~ Dahlgren qui, avec le souci d'int6grer le maximum de disciplines botaniques dont les plus r6centes, proposent des hypoth6ses relat ivement homog6nes, en ligne directe des idles de l'~cele de Bessey. Les chapitres suivants d6veloppent les arguments concernant des groupes de plantes ~ la fronti6re entre le fossile e~ le vivant, ~ la recherche des premiers Angiospermes. Une certaine part, tr~s vivante par les d6tails v~cus, est laiss~e au genre Takhtajania, chez lequel un maillon important de l'6volution a 6t6 d6couvert par l 'auteur lui-mfime : "l'invention de l'ovaire composg uniloculaire chez un groupe de plantes h carpelles latgraux libres et thgoriquement non opposgs, par transmutation... L'"invention" aurait gtd "gratuite", mais dgcisive.., par son potentiel de prgadaptation". En marge du but de son ouvrage J.F. Leroy avance deux propositions : Welwitschia mirabiIis (Chlamydospermes) d6riverait du groupe fossile des Bennet t i ta les de r6re secondaire ; la lign~e du genre Gingko aura i t donn6 naissance, au Trias ou auparavant , aux Cycadales dont les genres Cycas et Zamia de la flore actuelle.

Dans la troisi6me et derni6re partie, "Etudes et hypoth6ses nouvelles", il a t te int l 'hypoth6se qu'il a qualifi~e d"histoire passionnante" d~s l ' introduction ~ son ouw'age. "...C'est une reconstruction, une construction nouvelle, mais pe rmet tan t d ' innombrables possibilit6s d'adaptation". La fleur du genre Nymphaea, grande, solitaire, pra t iquement terminale, avec un tr~s grand nombre de pi6ces lat6rales, dispos6es en spirale, puis en cycle, ancestralement entomophfle, serai t n4e d'un ensemble de fleurs petites, nombreuses, lat6rales, ~ cycles bim6res et dispos6es en 6pi, correspondant ~ ]'inflorescence du genre Houttuynia, grace ~t ce qu'il nomme la " t ransmutat ion de l'6pi tout entier". Des arguments, principalement de dgveloppement embryonnaire, sont ensuite d6velopp6s pour expliquer sa position sur l'origine des Angiospermes ~ par t i r des Monocotyl~lones,

Dans la postface, le d6veloppement plus intense de la Biologie mol6culaire est attendu, afin de compl6ter les donn6es pr6sen~es, qui rel6vent en grande part ie de la morphologie comparative. Les t ravaux sur les g6nes architectes dits hom6otiques sont en t re au~es

d6velopper chez des ptantes d ' importance majeure comme les genres Houttuynia et Nymphaea. L'6tude de la d6termination g6n4tique dans le ph6nom6ne de ramification constitue 6galement, selon l 'auteur, un axe prometteur.

Analyse Ga6tan GUIGNARD