OpinionsDZ_24-30-04_2016

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    LA SEMAINE DU 24 AU 30 AVRIL 2016N°01/2016

    Abdelhak Lamiri :L’Effet Papillon : PetitesCauses, ImmensesConséquencesL’effet papillon expliquepourquoi des décisionsapparemment anodinesinduisent des conséquenceséconomiques, sociales etpolitiques énormes. Les paysdéveloppés en sont victimes.Les pays sous-développés ensouffrent davantage. En dépitde toutes les précautions priseset de l’enracinement de laculture analytique(logique), les pays développésdemeurent vulnérables auxirrégularités économiques.Suite Page : 05 MALEK BENNABI : POLITIQUE ET

    ETHIQUE

    La rupture devait se consommer à la fin du siècle dernier,quand la science, après ses grandes et bouleversantesconquêtes de la vapeur et de l'électricité, crut pouvoir, à

    elle seule, assumer toutes les responsabilités dans lemonde, et que 1 'humanité civilisée eut la naïveté de luiconfier sans réserve son destin en imposant, grâce à sasuprématie intellectuelle, sa naïveté au monde entier.Dès lors, la science et la morale cheminèrent sur desvoies différentes, l'une haussant de plus en plusorgueilleusement sa tête et l'autre inclinant de plus enplus humblement son front, parfois sous le quolibetméprisant de la première.Déjà, quand Proudhon avait écrit La Philosophie de lamisère ou Système des contradictions économiques, Marxcrut devoir lui répondre par Misère de la philosophie.Suite page :02

    Histoire del'Algérie : (I, II, III)

    L'histoire et la géographiede l'Algérie sontintimement liées. Ainsi,bien que la civilisationhumaine au Maghrebremonte à des millénaires,ce n'est qu'à partir del'Antiquité que cetespace commence àprendre sa forme actuelleen se scindant en troisrégions-peuplesMaghreb oriental,Maghreb central etMaghreb occidental. Larégion-peuple du Maghrebcentral évoluera au fil dessiècles en l'État nationalgérien moderne. Cetarticle traite doncde l'histoire de l'Algérie,et non pas seulement del'histoire de la Républiquealgériennemoderne.Suite Page : 11 

    Tromperie sur la marchandise !Par Hakim Laâlam

    Je suis très en colère. Et d’un pasch argéde colère, je me dir ige v ersl’échoppe du commerçant qui m’avend u m on démo du lateur p irate. Il

    m’en avait vanté les qualités.M’avait assuré que le programmef lashédessu s me permettait devision ner to utes les chaînessatel l i tes du monde sansinterruption, ni l’obligation dereveni r plusieurs fois par jour chezlu i pour d e nouveaux f lashs. Et il m’acoûtéun bras, mon démo ! Je vous assur equ’avec le bras qui me restait, lorsque j’ai

    all ongéles bif fetons sur le comptoir du gus, j’ai eu une boule dans la gorge et des

    di ff icu ltés àavaler mon stress. M ais bon ! J’ai été très clair avec toute la maisonnée. Parce qu’ils n’ont pas arrêté ces derniers

    temps de me tanner le cui r avec des

    roucou lades du styl e «papa, on veut voi rd’autres chaînes que celles qu’on estobl igés de suppor ter depu is tellementlongtemps. Hein, papa chéri ?» D’autres

    chaîne s ? D’autres bouquets ? Desmi ll iers de télévision s en mode pi rate ?Qu’à cela ne tienne ! Ce soir, ce sera

    soupe de potir on. Et demain potiron i tou !C’est la condition pour avoir ce satané

    démo àla maison. Vous compr enez doncque j’ai sacrifié beaucoup pour cet objet présenté comme un must. J’ai fait

    ceintu re, moi ! La vrai e ceintu re. Dutakachouf pur j us juste pour enfin voir l emonde, le vrai . Et là, une fois que jeramène la bête chez nous, que je ladébal le de sa peau de carton , que jel’effeuille de ses plastiques de protection,que je place des piles fournies dans latélécommande, que je la branche àla télé et que j’allume, qu’est -ce qui se passe ?Al lez ! Je vous le demande encore unefoi s, que se passe-t- il ? Des imagesmont ran t un pays, l e Brésil . Et dans cepays loi ntain, le Brésil, des députés quivotent . Et i ls voten t quoi ces députés ? Ladesti tution de leur présidente de l a République. C’est là que j’ai compris

    l’arnaque. Des députés qui votent le

    limogeage d’un Président ? C’est un

    programm e truqué ! M’derreh ! Lef lashage est f relaté, y a aucun doute là- dessus. Ah ! Il va m’entendre le

    marchand qui vend des trucs quin’existent pas en vrai. Nous, à la maison,

    nous vouli ons aller dans le monde. Pasqu’on nous en fourgue un qui n’existe

    pas. Des députés qui limogent l eurPrésident ! Et pui s quoi encore ? Tantqu’à faire, le démo va aussi m’apprendre

    qu’il faut fumer du thé pour rester éveillé

    au cauchemar qui continue !  

    L’Arabie saouditemenace l’Amérique ? Menace réelle ou à la

     bédouine ? Le RoyaumeWahhabite vient demenacer officiellementl’administration d’Obamad’un retrait massif de sesavoirs chez l’oncle Sam.Soit la bagatelle de 750milliards de dollars.

    Suite Page : 07

    PEUPLES ET HISTOIRE par NOUREDDINE BOUKROUH

    Il est des jours dans la vie d’une nation qui pèsent plus lourd dans la balance de l’Histoire que des siècles.Ces jours-là sont ceux où une nation s’assigne un butau-dessus de ses moyens, où elle s’insurge contre unesituation historique inique, où elle se jette à la mer poursauver son honneur. Ces jours-là sont ceux où une nationse relève d’une chute dans le temps, où elle opère un brusque passage de la vievégétative à la vie active, où elle bascule dans un avenir dont elle ne sait pas dequoi il sera fait mais qu’elle veut dépassement, négation d’une conditionhonteuse et misérable. Suite page : 20 

    http://opinionsdz.blogspot.com/

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    La rupture devait se consommer à

    a fin du siècle dernier, quand lascience, après ses grandes etbouleversantes conquêtes de lavapeur et de l'électricité, crutpouvoir, à elle seule, assumeroutes les responsabilités dans le

    monde, et que 1 'humanitécivilisée eut la naïveté de luiconfier sans réserve son destin enmposant, grâce à sa suprématientellectuelle, sa naïveté au

    monde entier.Dès lors, la science et la moralecheminèrent sur des voiesdifférentes, l'une haussant de plusen plus orgueilleusement sa tête et'autre inclinant de plus en plus

    humblement son front, parfoissous le quolibet méprisant de lapremière.Déjà, quand Proudhon avait écritLa Philosophie de la misère ouSystème des contradictionséconomiques, Marx crut devoirui répondre par Misère de la

    philosophie.C'était le quolibet. Mais aussi lesigne des temps. Il présageait'époque que nous vivons, où l'un

    de nos contemporains du tiers-monde, sans doute de peur de nepas paraître assez scientifique, fait

    écho au conflit lointain en prenanthautainement ses distancesntellectuelles avec la morale :

    « Quand on évoque la morale,écrit-il à peu près, on fait dumoralisme, du misérabilisme ».Ce nouvel « isme » montrait quea rupture de la science avec la

    conscience s'étendait partout oùs'étendait la culture scientiste duXIXe siècle. Il montrait dans quel

    sens la rupture croissait.En somme, la science prétendaitprendre pour son compte lesUniversités, les laboratoires, les

    usines, et laisser pour le comptede la morale ses déchets entassés

    en bordure des cités industriellesou dans les misérables bidonvilles

    autour des grandes villes du tiers-monde.Elle voulait pour son représentant1'homme à la serviette qui se lèveà huit heures et se rend à sontravail en voiture, laissant lamorale à l'autre, à l'homme à lamusette qui se lève à six heures etse rend à son travail en vélo ou à

     pied.C'était fatal.

    Toute rupture de l'unité del'individu, divisé en « être moral»et en « être concret» a pourconséquence une division de lanation et, par un processusaccéléré, une division del'humanité.Une science amorale conduitfatalement à un ordre économiquenationale et internationalimmoral.Mais l'économie n'est que lasimple projection du politique surl'axe d'une activité humainedonnée.Tant que la politique demeure liéeaux principes d'une certainemorale, l'économie demeure liéeaux mêmes principes.Les problèmes sont connexes. Etsi Aristote qui écrivit la Politique

    à l'intention d'Alexandre le Grand,écrivit aussi sa Morale à

    l'intention de Nicornaque, ce n'est pas en fonction d'une simpleexigeante imposée par la

    complexité de la vie socialeathénienne, mais d'une impulsioninterne et personnelle sa propreâme humaine.Et quand, deux mille ans après,Marx réplique à proudhon, c'estun moment de la pensée humainequi marque la rupture de l'unitéfondamentale de cette âme.La science et la consciences'étaient en effet séparées. Et la

    lutte des deux frères ennemis, lecapitalisme et le matérialisme,mettait fin à cet ordre « idyllique» (le mot est de Marx lui-même)qui régnait dans le monde depuisses débuts historiques.Et la « ruine de l'âme », annoncée

     par Rabelais, commençait à fairesentir ses effets dans l'ordre moralnational et international.Cependant, l'âme garde, en vertu

    d'un instinct de conservation quilui est propre ; l'exigencefondamentale de son unitéoriginelle, comme la vie

     biologique garde son intégrité envertu de son instinct deconservation.Et si les derniers instants d'unEinstein, qui a marqué le sommetdu génie scientifique du : XXesiècle, ont été consacrés à unesaisie de toute réalité cosmiqueréduite à une seule équation, cettetentative pathétique (quoiquevaine sur le plan scientifique)n'aura été, en dernière analyse,que l'élan mystique d'une âmehumaine vers une Unité pressentieà travers sa propre unité.Et, en fin de compte, et peut être

     par une conséquence involontaire,

    une tentative de ressouder lascience et la conscience.Aujourd'hui, au terme d'uneexpérience séculaire, on peutconstater que la science n'est pas

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    à même de réparer ses propresdégâts par ses seuls moyens.Et nous avons, par ailleurs, lapossibilité de faire, au moinssommairement, l'estimation deces dégâts dont le bilan écrasants'inscrit dans l'histoire d'unepériode bouleversée par deuxguerres mondiales.

    En Europe où la rupture originelleeut lieu avec Descartes, leglissement moral devaitfatalement aboutir à la lutte desclasses. Et s'il est naturel, surtoutdans un pays du tiers-monde,d'être du côté des exploités, cetteprise de position n'empêche pasde voir, néanmoins, le contenumoral de cette lutte qui brise'unité de la nation ou de la

    société sur l'intérêt du bourgeoisexploiteur et du prolétaireexploité.Car, en fin de compte, cette lutten'a pas éveillé de part et d'autre laconscience, mais une «conscience de classe» qui luimprime un caractère. Immoral ou

    amoral, l'un des adversairesvoulant plus de sous dans sonCoffre-fort et d'autre plus de

    beefsteaks dans son ventre tout enorgnant, selon les directives

    mêmes de son idéologie, lepouvoir.Si bien que l'exploité apparaitdans cette lutte d'intérêts (la luttede classes n'est et ne peut être quecela) un envieux impuissant quiattend son tour.Nous avons en Algérie, à lamémoire ou en chair et en os souses yeux, toute une panoplie de

    personnages représentatifs.Puis, au terme de glissement,'exploiteur et l'exploité européens

    s'unissent pratiquement contre'homme colonisé lui-même. Et'unité de l'humanité se brise à sonour.

    Mais le ferment de division n'agitpas seulement sur le plan social et

    moral.Le divorce de la science et de laconscience a ses conséquences sures plans intellectuels etndividuels.

    S'il se traduit sur le plan philosophique par le positivismeet le matérialisme, son symbolehumain,C’est « l'esprit objectif».C'est très curieux, mais tous lesmeetings du monde qui ont pourobjet « la revendication sociale»ont le même visage et le même

    langage.Leur phraséologie est identique.On y parle toujours des «conditions objectifs ». C'est

     précisément le langage à quoi onreconnait l'esprit objectif.Son langage est une sorte decritère international du XXesiècle.Si dans vos écrits ou dans voslaïus vous ne parlez pas son

    langage, vous n'êtes pas un « progressiste », vous êtes un«réactionnaire ».Finalement, le risque de cetteaccusation vous oblige à poser le

     problème : quel est le contenud'un esprit objectif ?Disons d'abord sous quelle formeil se présente à nos yeux.Mais pour éviter les noms,

     prenons un personnage

    symbolique et appelons-le «l'esprit objectif ».Il est peut être jeune ou vieux,étudiant ou travailleur qui netravaille pas, il n'importe.C'est toujours un masque derrièrelequel on ne sent aucune vieintérieure.Il semble donc quand on est un «esprit objectif», qu'on n'ait pas undedans mais seulement un dehors.Un jour, au Quartier Latin, sur laterrasse d'un café, il y a plus d'unetrentaine d'années, un étudiantalgérien me disait au cours de laconversation que pour croire enDieu, il lui faudrait le voir.Voilà un « esprit objectif».Encore un peu grossier.Aujourd'hui, son frère ainé dira :même si je vois Dieu, je n'y

    croirais pas.« L'esprit objectif» a donc fait du progrès chez nous en l'espace detrente ans. On comprend le reste.Par exemple, sur le plan politique,« l'esprit objectif» est un

    conservateur au sens physique duterme : il veut conserver sa vie etses intérêts très objectivement.Il a survécu à ceux qui ont fait laRévolution et qui étaient animésd'un idéal essentiellementreligieux.Lui, il a conservé son sang pourdes temps meilleurs. Il l'a

    conservé pour parler des «conditions objectives» du paysaprès la Révolution et pourl'engager dans le« progressisme »,Et ceux des Algériens qui ontvécu les trois dernières années,ont eu sous leurs yeux nosmeetings et goûté la prose quiarrivait par les canaux souterrainsà certaines salles de rédaction de

    nos journaux ou à certainsorganismes « d'orientation »,comprenant ce que cela signifie.Le bilan est sous nos yeux.Dans notre économie nationale, àlaquelle le Chef de l'Etat vient deconsacrer les grandes lignes deson discours à la Foire d'Alger.Dans notre climat idéologique,qui a subi une baisse detempérature qu'il sera difficile de

    rattraper.Dans notre moralité publique, quifait soupirer les pères et les mèresde famille.Bref, le bilan de « l'espritobjectif» dans notre vie nationale,depuis trois ans, est écrasant.Est-ce suffisant pour juger soncontenu ? Il est vrai que le néantne se mesure pas.Mais on peut donner encore uneidée de l'esprit objectif enl'illustrant par un exempleemprunté à l'histoire musulmane.Il est emprunté aux jours sombresde la lutte qui avait mis aux prisesAli et Moawiyya.Ce dernier, pour mettre sonadversaire dans l'embarras etemporter par l'astuce la décisionque ne lui avaient pas donnée les

    armes, fit arborer à la pointe d'unelance un Coran, face à la troupedu gendre du Prophète. Et ilordonna à ses Héraults de crier en

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    LE MONDE ARABE S'EFFRITE

    Qui se souvient de la Palestine ? 

    Par Pr Chems Eddine CHITOUR

    Les Palestiniens ont fait le deuil de leursdirigeants qui sont de fait de connivence avecautorité d'occupation.

    «La Bible n'était pas un cadastre!» YitzhakRabin, Premier ministre israélien.Le monde occidental (Europe) vit depuisquelque temps au rythme des bombeshumaines. On découvre avec horreur ce que'est que la mort, le deuil, le traumatisme, leang et les larmes. Et les médias reprennentn boucle les mêmes informations. Tout est

    fait pour désigner d'une façon invisible cepelé, ce galeux, d'où viennent tous leursmaux. Oubliant du même coup que c'est

    Occident qui a ouvert la boîte de Pandore dea désespérance des peuples humiliés et il'étonne ensuite que les monstres qu'il a créés

    ui échappent. S'agissant justement dehorreur du sang et des larmes, il nous fautnclure dans cette tragédie le sort fait aux

    Palestiniens dont le devenir paraît scellé auvu de la technique du rouleau compresseuruivie par le régime israélien pour grignoter

    par différents procédés tout aussiépréhensibles et justiciables, notamment para faim, la soif, les arrestations arbitraires, les

    meurtres de sang-froid de jeunes Palestiniensqui ayant fait le deuil de leurs dirigeantsprennent leur destin et qui avec des canifs quiavec des pierres qui avec des ciseauxprotestent contre l'ordre établi d'uneolonisation inhumaine sous les regardsomplices d'une communauté internationale

    qui non seulement ne fait rien, maisncourage par son laxisme le régime israélien

    à arriver à l'irréversibilité: rayer l'identitépalestinienne pour en faire des colonisés?

    «Souvenons-nous: 15 mai 1948, une étapemportante dans la chaîne des malheurs desPalestiniens. Ce jour-là, des autochtones quivivaient là depuis la nuit des temps furentbrutalement considérés par le fer et par le feuomme des apatrides. Les Nations unies, para reconnaissance quelques jours plus tôt deEtat d'Israël, venaient de livrer du mêmeoup des hommes, des enfants, des femmes

     pour l'immense majorité sans défense, auxmains d'une organisation terroriste qui mit enoeuvre une épuration ethnique au nom de lareligion. Il fallait une Terre pour un peuplesans Terre au nom de la Bible.» (1)La Nekba: un nettoyage ethnique En novembre 1947, au moment du vote du plan de partage, la Palestine mandatairecompte environ 600.000 juifs pour 1200.000Arabes. David Ben Gourion a confié à YigaëlYadin le soin d'étudier un plan militaire permettant de préparer le Yichouv àl'intervention annoncée des États arabes.Comment bouter les Arabes du maximum de

    terres pour l'espace vital juif? Il s'agit du planDaleth qui est mis en application dès le débutdu mois d'avril.Le plan Daleth ou plan D, est le plan établi

     par la Haganah en mars 1948 pendant laguerre de Palestine de 1948. Il fut rédigé parIsraël Ber et Moshe Pasternak, sous lasupervision de Yigal Yadin, chef desopérations de la Haganah. Ilan Pappé y voitun plan mis au point par les sionistes pourspolier les Arabes palestiniens de leur terreen les chassant de leur terre.» (1)Rappelons que la résolution 194 de l'ONUdispose que «les réfugiés qui désirent rentrerdans leurs foyers et vivre en paix avec leursvoisins devraient y être autorisés le plus vite possible». Tous les gouvernements israéliensse sont opposés à l'application du droit auretour, au nom du caractère juif de l'Etat.Dans un ouvrage courageux: «Le Nettoyageethnique de la Palestine», l'historien israélien,Ilan Pappé, professeur à l'université de Haïfa,démolit le mythe selon lequel les Arabes

    auraient attaqué Israël au moment de safondation. En fait, le nettoyage ethnique de la population palestinienne (massacres, terreuret expulsions forcées à grande échelle) était prévu dès la première heure. Ilan Pappémontre qu'il était déjà ce qu'il est aujourd'hui:cynisme et chutzpah, mensonges permanents,(...) crimes de guerre et crimes contrel'humanité.(...) Dès le départ, l'armée «la plus

    morale de tous les temps», s'est distinguée par sa brutalité, son sadisme et sa cupidité: pillages, destructions systématiques, viols,exactions en tous genres, assassinats.» (1)La Nekba n'est pas tombée du ciel, elle a étéminutieusement préparée. Dès juin 1938, BenGourion déclare devant l'Exécutif del'Agence juive: «Je suis pour le transfert forcé[l'expulsion des Arabes palestiniens]. Je nevois rien là d'immoral.» Dix ans plus tard, le24 mai 1948, il écrit dans son Journal: «Nousallons créer un Etat chrétien au Liban, dont lafrontière sud sera le Litani. Nous allons briserla Transjordanie, bombarder Amman et

    détruire son armée, et alors la Syrie tombera.Après quoi, si l'Egypte veut continuer à se battre, nous bombarderons Port Saïd,Alexandrie et Le Caire. Ce sera notrevengeance pour ce que les Egyptiens, lesAraméens et les Assyriens ont fait à nosaïeux à l'époque biblique. Indépendammentdu fait que la prétendue oppression des juifs par les Egyptiens, les Araméens et lesAssyriens est dénuée de tout fondementhistorique, et que les ancêtres du «père» del'Etat juif étaient très probablement desKhazars sans le moindre lien avec laPalestine.» (1) Ces mots résonnent à nosoreilles et d'une certaine façon nous y voyonsl'application dans les faits. La volontéisraélienne de faire d'Israël un Etat juif va, par la force des choses, amener les ArabesIsraéliens à quitter leur pays. Ce seral'accomplissement définitif de la Nekba.L'historien Schlomo Sand dans son ouvrage:«Comment le peuple juif fut inventé» et deuxautres auteurs israéliens, Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman, ont montré justementque nous avons affaire à un même peuple: lesCananéens.» «Il n'existe aucune preuve,écrivent-ils, d'une invasion de Canâan par lesenfants d'Israël commandés par Josué...L'archéologie révèle que les habitants de ces

    villages n'étaient autres que les peupladesindigènes de Canâan qui, petit à petit, ont fini par développer une identité ethnique que l'on peut qualifier d'israélite.» En définitive, seulun Etat de tous les citoyens avec une égaledignité permettra le retour de la paix danscette région du monde qui a vu l'avènementdu monothéisme.» (2)Jonathan Cook va plus loin, il avance qu'à laKnesset le nettoyage ethnique continue. Onveut aseptiser l'assemblée des députés arabesisraéliens: «Une commission parlementaired'éthique'' composée des principaux partis juifs a suspendu les trois députés pour une

    durée de plusieurs mois. Maintenant, ilsrisquent de perdre leur siège. (...)Il était plusque probable que Balad, qui dénonce le statutd'Etat juif d'Israël et mène une campagnevéhémente pour des réformes démocratiques,fût le premier de sa liste. (.. .) L'objectif étaitde vider le Parlement de ses représentants palestiniens. Mais ces formations ont mis decôté leurs divergences historiques pour créer

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    a Liste unifiée. (...) En exilant 80 pour centdes Palestiniens de leur patrie, Israël a de faitrafiqué son collège électoral national pour'assurer qu'il ait une énorme majorité juive à

    perpétuité. Un député palestinien, AhmedTibi, a très bien résumé la question. «Israël,a-t-il dit, est un état démocratique pour lesuifs, et un état juif pour ses citoyens

    palestiniens».» (3)

    Le quotidien des Palestiniens: enfants de'occupation 

    Restriction d'accès à l'eau, interdiction deonstruire ni même de réparer. Pourouronner le tout: «Shir Hever, unconomiste israélien a publié un rapport où il

    a assemblé les pièces du puzzle économiquede l'occupation, il croit que l'aidenternationale a permis à Israël d'éviter

    d'acquitter la facture de son occupation. Maisl va plus loin. Sa conclusion - qui pourraiturprendre les colons israéliens - c'est que

    78% au moins de l'aide humanitaire destinée

    aux Palestiniens se retrouvent dans lesaisses d'Israël (4).»Les enfants palestiniens n'en peuvent plus ilsuttent avec des moyens dérisoires pour une

    vie décente. Il se trouve des intellectuelssraéliens révoltés par le sort fait aux enfants.lan Pappé en parle: «Alors qu'une vidéo a

    montré au monde comment un enfant de 12ans a échappé de manière incroyable auxgriffes d'un soldat israélien, des centainesd'autres sont beaucoup moins chanceux, aupoint d'en mourir. C'est un truisme depuisavènement du théâtre: les enfants éclipsentout le monde. «Vengeance [...] du sang d'unnfant, Satan ne l'a point encore inventée»,

    'exclame le poète national israélien HaïmNahman Bialik dans son poème Tuerie. Desmilliers de rapports sur les crimes deoccupation feront toujours pâle figure à côté

    de la photo d'un petit enfant mort, prisonnier,maltraité ou blessé. (...) De larges pans de ladroite israélienne ont trop soif de sang pouraccepter la moindre retenue de la part desoldats israéliens, même lorsqu'il s'agit d'unnfant palestinien, et auraient préféré que leoldat le tue. (...) À ce jour, Ahmed

    Dawabsha, âgé de 4 ans, se bat encore poura survie, son rétablissement et saééducation dans un hôpital israélien. Son

    père, sa mère et son petit frère sont mortsdans l'incendie de leur maison à Dumadéclenché par quatre extrémistes israéliens,esquels n'ont pas encore été arrêtés. Le petit

    Ahmed Dawabsha, gravement brûlé etnveloppé dans des bandages de la tête aux

    pieds, pleure sa mère, son père et son petitfrère, qui ne reviendront jamais. (5)»

    Quand tuer est devenu la norme C'est par ces mots que Gédeon Levy qualifiea politique actuelle du régime israélien: «Il

    n'y a pas d'autre façon de décrire la politiqued'Israël vis-à-vis des agresseurs présumés queomme des exécutions sommaires. (...)Ce quitait inacceptable hier, et mêmenimaginable, devient la routine d'aujourd'huit la norme de demain. (...) Ils savent queeurs chances de survie sont minces etomprennent que l'impact sera négligeable leas échéant; pourtant, ils décident de prendreeur destin en main et d'exprimer leur

    résistance violemment, (...) Les jeunesPalestiniens, hommes et femmes, garçons etfilles, qui brandissaient simplement une pairede ciseaux, ont été condamnés à mort sur place. (...) Il est difficile de croire queMahdiyya Hammad, une mère de quatreenfants de 40 ans, avait l'intention derenverser des policiers postés sur la route deson village, à Silwad. Elle rentrait chez elle

     pour allaiter son nourrisson. Ils ont tiré plusieurs dizaines de coups et ont continué detirer, même lorsqu'elle était déjà morte. (...)Ashraqat Qatanani ne devait pas non plus êtretuée. Cette jeune fille âgée de 16 ans a sortiune paire de ciseaux. Est-ce que tuer était leseul moyen de contrôler une fille de 16 ansen uniforme scolaire? Avec des balles réelles,en tirant dans le but de tuer? Le groupe desoldats autour d'elle n'aurait-il pas pu laretenir et l'empêcher de faire quoi que cesoit? Ou du moins lui tirer dans les jambes?Mais non, ils l'ont tuée.» (6)La société israélienne est gangrénée par le

    racisme qui est décliné, de mille façonstoutes plus honteuses les unes que les autres:«Près de la moitié des Israéliens juifs pensentque les Palestiniens arabes avec lacitoyenneté Israélienne devraient être«expulsés ou transférés» d'Israël, selon unsondage publié mardi et faisant autorité. (...)Le centre de recherche a constaté que lesIsraéliens juifs religieux étaient plussusceptibles de favoriser l'expulsion desPalestiniens - dont 71% des juifs orthodoxesmodernes - alors que la majorité des juifsisraéliens se disant laïques étaient opposés àl'idée. Cependant, même parmi les juifslaïques, plus d'un tiers, soit 36%, soutiennent

    la position de l'expulsion, laquelle seraittotalement illégale au regard du droitinternational. (...) Les conclusions du PewResearch Center a révélé d'autres marqueursde profondes divisions à travers la sociétéisraélienne, avec une écrasante majorité de79% des juifs israéliens acceptant l'idée que«les juifs méritent un traitement préférentielen Israël», et 85% des colons de Cisjordanieadoptant cette même position. Toujours selonl'enquête, bien que la majorité des Israéliens juifs, soit 76%, croit qu'Israël peut être à lafois une démocratie et un État juif, 64% desPalestiniens, y compris les musulmans, les

    chrétiens et les Druzes, estiment qu'un État juif est «incompatible avec les principes de ladémocratie».(7)

    Que font les Arabes? Les Palestiniens ont fait le deuil de leursdirigeants qui sont de fait de connivence avecl'autorité d'occupation. Les rêves d'un Etat palestinien ont été enterrés avec Arafat et lemonde occidental accepte le fait accompli.S'agissant des Arabes, ils ont une positionabjecte au-delà des mots creux de solidaritéavec la cause palestinienne, ils ne s'arrêtent pas d'en faire une variable d'ajustement. A cetégard la position d'Al Sissi vaut mieux quecent discours. Saleh al-Naâmi nous en parledans une contribution intitulée «Pourquoi ledictateur égyptien hait les Palestiniens:«Selon l'orientaliste sioniste Reuven Berko,Al-Sissi montre son hostilité envers le Hamasafin d'affirmer à Israël et aux Occidentauxqu'ils peuvent compter sur lui pour faire face

    au «terrorisme islamique» (Israel HaYom, le27 Juin 2014). (...) A-t-on besoin de rappelerle message de la diplomate sioniste RuthLandau à Al-Sissi, publié par le YediothAhranoth, le 13 octobre 2013 sous le titre«Marche Al-Sisi et le peuple israélienmarchera derrière toi!»? (...) Al-Sissi aassuré, plus d'une fois, que le déploiementdes forces égyptiennes dans le Sinaï a aussi

     pour but d'améliorer la situation sécuritaireisraélienne. (...)Ayelet Shahar, lacorrespondante pour la radio de l'arméeisraélienne, a cité des sources du bureau de Netanyahu confirmant qu'Al-Sissi lui avaitoffert d'établir un État palestinien au nord duSinaï et qu'il n'avait pas besoin de vider lescolonies juives de Cisjordanie.» (8)Cela va plus loin nous dit René Naba, denouvelles alliances se font et l'adversaired'hier est devenu l'ami privilégiéd'aujourd'hui. Pour: «Walid Ben Talal, le plusmédiatique des princes saoudiens, (...): «LesArabes doivent renoncer à leur acrimonie à

    l'égard de la nation juive et à oeuvrer en vued'un Moyen-Orient prospère», a-il-déclaréannonçant au quotidien saoudien Oukaze sonintention d'effectuer un pèlerinage à laMosquée Al Aqsa, 3e Haut Lieu saint del'Islam, sous occupation israélienne, pour unevisite de 7 jours. «Tous mes frères et soeursmusulmans doivent comprendre qu'il est unimpératif moral pour les Arabes de renoncerà leur hostilité envers le peuple juif».(...)»(9).En expulsant les Palestiniens à Ghaza, Israëladmettrait officiellement, pour la premièrefois, que la bande assiégée est une prison, la plus grande au monde. À une heure de route

    de Tel-Aviv: un ghetto. La plupart descommentateurs sur le Moyen-Orient serendent maintenant compte que le chaos auMoyen-Orient a beaucoup à voir avec Israëlet ses groupes de pression sionistes dans lemonde entier. Cependant, grâce aux archivesdes courriels nouvellement publiés de Clintonnous pouvons avoir un document qui fournitla confirmation que le Plan Yinon était, defacto, une stratégie israélienne pour créer lechaos sectaire au Moyen-Orient. Pour IlanPappé: «Cette situation n'est pas temporaire,elle représente le «futur» Netanyahou, qui est bien décidé à garder le contrôle de la

    Palestine historique dans sa totalité etapprouve la restauration des régimes arabesautoritaires. Ainsi va le Monde!

    1.Chems Eddine Chitourhttp://www.mondialisation.ca/ 65-ans-de-deuil-de-sang-et-de-larmes-qui-se-souvient-de-la-nakba/53358172.Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman: La Bibledévoilée p.157.Ed Gallimard 2010.3.Jonathan Cook http://www.mondialisation.ca/nettoyage-ethnique-a-la-knesset/55142044.Jonathan Cook http://www.mondialisation.ca/ un-rapport-revele-que-lessentiel-de-laide-humanitaire-destinee-au-palestiniens-va-dans-les-caisses-disrael/55141875.Gideon Levy: les enfants de l'occupation InfoPalestine11 octobre 20156.Gidéon Lévy http://www.info-palestine.eu/spip.php?article15926 samedi 5 mars 20167. Maan News http://www.info-palestine.eu/spip.php?article15946 le 16 mars 20168.Saleh al-Naami http://www.info-palestine.eu/spip.php?article1539627 mai 20159.René Naba http://www.mondialisation.ca/salmane-israel-33-walid-ben-talal-nouveau-poisson-pilote-de-la-normalisation-saoudo-israelienne/ 551372010.http://arretsurinfo.ch/ilan-pappe-cette-situation-nest-pas-temporaire-elle-represente-le-futur/

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    L’Arabie saoudite menace l’Amérique ? MONDE

    Menace réelle ou à la bédouine ? Le Royaume

    Wahhabite vient de menacer officiellement’administration d’Obama d’un retrait massif

    de ses avoirs chez l’oncle Sam. Soit labagatelle de 750 milliards de dollars.Bécause, le président Barack Obama décideraprochainement de la publication (ou non), de lapartie "classifiée" du rapport sur les attentatsterroristes du 11 septembre 2001.

    Cette annonce a été faite par l'ex-sénateurdémocrate Bob Graham, un responsable ayantnotamment participé à l'enquête menée par leCongrès en 2002. Le président Obama disposede deux mois pour prendre sa décision.

    De quoi s’agit-il ? Du rapport officiel de lacommission nationale sur les attaquesterroristes contre les États-Unis sur lesattentats du 11 septembre 2001.

    Pour rappel, ce rapport de 585 pages, a étéamputé de 28 pages impliquant"éventuellement" l’Arabie saoudite à traversses 18 ressortissants, qui ont aidé à lapréparation des attentats, sur le sol des USA.Donc "28 pages" non publiées, malgré’indignation de l’opinion publique, des

    familles des victimes du drame, ainsi que de

    ceux qui remettent en cause la versionofficielle sur le scénario des événements.

    Ces 28 pages classées "secret d’Etat" parl’administration de Bush, puis de celle

    d’Obama, risqueraient-elles, si elles sontdivulguées, de lever le voile sur des véritésauxquelles le bon peuple ne serait pas préparé àencaisser ? Qui y a-t-il dans ces 28 pages,attendues comme le codex ? Le peupleaméricain, irakien, afghan et les autres lesauront bientôt "si l’Oncle Obama veut". 

    Surprenante est la réaction de l’Arabie saoudite! Est-elle réelle ou simple bluff ? Est-ce poursignifier qu’elle ne veut pas jouer, seule, le rôlede bouc émissaire dans cette affaire. Pourrappel, il est à noter que le juge George Daniels,de la Cour fédérale américaine de New-York,chargé du dossier "11 septembre", avait décidérécemment la condamnation de l’Iran, pour une

     partie de ce dossier. Elle a été condamnée àdédommager les victimes à hauteur de 10milliards de dollars ??? Pourquoi l’Iran ? Cela,seul le petit juge George Daniels de la Courfédérale de New-York, pourra le dire.

    La réalpolitik exige qu’aucun camp (de l’Arabieou de l’Amérique) ne sortira indemne de cetteaventure.

    Parions cependant qu’Obama ne divulguerarien, les Saoudiens s’agitent pour rien, et ceux

    qui cherchent la vérité n’auront rien. Les intérêts sont beaucoup trop grands pour les"Riens"… Pour l’instant !

    Episode à suivre.

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    Kateb Yacine, un écrivain en phase avec son peuple.

    CONTRIBUTION

    Ne soyons pas spectateurs de notredésespoir". Un des slogans de mai 1968en France.

    Par Kamal Guerroua 

    Comment changer la société et pourquoia changer ? Le changement advient-il

    parce que la société est épuisée de tantubir un sort qu'elle ne mérite pas ou

    parce que celle-ci devrait, de touteévidence, faire elle-même son proprevidange afin qu'elle puisse survivre,progresser et durer le plus longtempspossible ? Tout au plus, quel est le rôlequi incombe aux lettrés, génies,ntellectuels et compétences nationales

    dans l'éclosion de cette vague de progrès? Entre "changer la société" ou "changerde société" comme dirait un de mes amis,a différence est capitale d'autant qu'il'agit soit de prendre son courage en

    bandoulière, en affrontant la réalité de'intérieur et cela afin que la nation aille

    de l'avant ou, au contraire, s’écartercarrément du mouvement de l'histoire,oin de sa société, en regardant les chosestagner de l'extérieur! En 1969, José

    María Arguedas, un anthropologuePéruvien de renom et un romancier dehaute volée s'est tiré une balle dans la têtedans les vestiaires de l'université de Limaoù il enseignait. Sur le moment, personne

    n'avait su la cause de ce geste désespérémais d'après une lettre qu'il aurait laisséeaux siens, le romancier s'en était justifiéen invoquant son incapacité à dépasser lesclivages de sa société et la changer. Sansdoute, à défaut de pouvoir changer laociété qui l'avait vu naître, celle-ci aurait

    pris le dessus sur lui jusqu'au point de le

    convaincre que la vie ne valait même pasla peine d'être vécue. Un drameexistentiel à nul autre pareil, décidément.

    Issu d'une culture indienne millénaire etfortement imprégné du "quechua", lalangue de ses ancêtres dont il voulaitdémontrer, en vain, l'utilité et la richesse

    des racines à ses compatriotes du Pérou,l'intellectuel s'est retrouvé lui-même, lecul entre plusieurs chaises, déchiré entrela prégnance de sa tradition indienne, ses

     penchants indigénistes, les relents postcoloniaux de sa culture hispanique, lalatinité de son œuvre, le  métissage,l'universalité, Etc. Or justement samission en tant qu'homme de lettres étantde montrer la voie du salut à son peuple,le conseiller, l'orienter, l'accompagner etle mener à la découverte de soi dans unmonde en perpétuel mouvement.

    En voici là le dilemme devant lequel toutintellectuel, aussi visionnaire soit-il, peutse trouver un jour ou l'autre de sonexistence acculé lorsque l'écart ou le fosséle séparant de sa société d'origine s'élargiten raison, comme je l'avais d'ailleursexpliqué dans mes précédenteschroniques, du manque decompréhension de ses idéaux ou de sesidées par sa société et surtout de l'absencedu consensus sur les enjeux collectifs dela fondation de cette dernière, que ce soitsur l'aspect idéologique, culturel ou autre.S'il (l'intellectuel) avait eu cette chanced'être un éclaireur -d'autant que c'en estune de pouvoir prendre du recul, regarderson milieu originel depuis sa solituded’ermite et tendre par son engagement àle réformer- c'est tout simplement parce

    que ce dernier aurait déjà été perçu audépart comme le citoyen le plus à mêmede "fédérer le subjectif et l'objectif", enessayant tout le temps de "dépassionner"autant qu'il le pouvait, ses rapports avecson milieu et les autres (l'Altérite doit êtrecernée ici dans son sens le plus large :ethnique, culturelle, sociale, politique,

    etc). C'est ce que le philosophe italienAntonio Gramsci (1891-1937) appelle"organicité", c'est-à-dire, le fait d'être à lafois mentalement organique (ascendantde la raison sur la démagogie) et"émotionnellement" structuré (priorité àl'objectivité sur le sensationnalisme, lesentimentalisme, le chauvinisme, etc) envue d'intégrer toutes les composantessocioculturelles de son environnement etde la Nation à laquelle on appartient dansle giron de sa propre personnalité sansque l'on se sente jamais trahi ou en train

    de nous trahir vis-à-vis de nous-mêmes,en trompant les autres. Une tâche à la foiscomplexe et très difficile à vrai dire. Maiscomme l'intellectuel est «l'artiste desrépétitions» (le mot est du poète mexicainOctavio Paz (1914-1998), il réinventel'histoire, rêve, recrée les personnages, lesépopées et les mythes anciens. Lesmythes? Mais pourquoi faire? Diraientcertains esprits niais. La réalité est quesans les lumières du mythe, sans lesfantasmagories des légendes historiques,sans la douillette chaleur du passé, le

     présent se figera glacé entre les murs dunéant. Regardons par exemple commentles chinois ont fait du dragon, symbole de

     puissance s'il en est, une marque ou unemblème de leur nation et que ce dragonlui-même se traduira réellement dans lesfaits quand on voit l'avancée inéluctable

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    du géant asiatique d'aujourd'hui. Bref,c'est à l'intellectuel, cette torchencandescente qui, en se consumant,

    éclaire tous les sombres sentiersqu’emprunteront ses semblables, deevoir de tout cela et de le redynamiser.

    Lorsque Kateb Yacine (1929-1989)écrivit «Nedjma» au milieu des années

    950, il rêvait certes d'abord à unefemme, sa cousine «Zoulikha» qu'il

    voulait épouser et que le destin le luiaurait arraché à la dernière minute maisn'en reste pas moins blessé au plusprofond de lui-même par "une atrocefrustration identitaire". Celle de ne pasavoir pu retrouver ses vraies racines,'odeur de son pays, son peuple, les siens,

    etc. Cette femme-là dans son écrit,Nedjma en l’occurrence, fut donc à la foisa compagne, sa sœur, sa mère et sa patriemaginaire. Une compensationymbolique de la tendresse maternelle

    volée par les usurpateurs sinon une étoile

    filante dans le ciel gris de la répressioncoloniale. En termes simples, une "mèreymbolique" à laquelle le philosophe

    Albert Camus (1913-1960), lui, auraitd'ailleurs préféré sa "mère biologique"pour laquelle il est prêt à prendre ladéfense quitte à abandonner ses frères,ous ces Algériens-là qui souffrent de'injustice des colons. Si le meurtre de la

    civilisation indienne par les conquérantsespagnols fut pour José María Arguedasa première source d'inspiration de sesrevendications indigénistes", les

    événements tragiques du 8 mai 1945furent pour le plus grand poète duMaghreb contemporain l’élémentdéclencheur de sa "sensibilitépatriotique". Et ce qui est censé être audépart un poème se transforme en roman.Le plus beau, le plus sensuel et surtout leplus représentatif du malheur de son pays.Plus tard, Kateb s'est inspiré du théâtre de'espagnol Federico García Lorca (1898-936), en mettant en chantier son projet

    de "théâtre urbain et populaire". Une idéeneuve, iconoclaste et fraîche dans une

    Algérie indépendante à peine remise dees blessures. Ne dit-on pas d'ailleurs quele théâtre est l’université du peuple"? En

    outre, le poète n'a pas mis la barre haut, secontenant de côtoyer dans la simplicitées masses algériennes, leur parler dans laangue qu'elles comprennent, les assister,es distraire, les cultiver, etc. Quel génie!

    C'est dire, combien l'intellectuel estnécessaire à la respiration de la société etaussi combien les drames débouchent sures plus beaux chefs-d’œuvre de l'histoire.

    Pensons par exemple au tableauGuernica" de Pablo Picasso (1881-1973)

    ou aux magnifiques toiles du peintreM'hamed Issiakhem (1928-1985). Sortindemne d'une explosion d'une grenade,e peintre que Kateb lui-même décrira

    comme «Yeux de lynx» aura fait de saorture morale et physique d'exquis

     paradis visuels. Comment cettetransformation a-t-elle pu avoir lieu ?

    En vérité, la prise de conscience de sa propre destinée et celle de son peuple faitsouvent de l'intellectuel ou de l'hommeavant-gardiste le porte-drapeau de larevendication collective par excellence.On dit dans la culture "zoulou", plusexactement dans son fameux principe«Ubunto» très répandu en Afrique Noire

    : "je suis parce que nous sommes".Autrement dit, il est requis de chacundans la société de privilégier l’intérêtcommun sur celui de l'individualiténarcissique et de chercher à s'identifieraux autres, y compris dans leurssentiments les plus hostiles afin de

     pouvoir régler sa propre vie en fonctionde l'ambiance qui l'entoure (l'horlogesocial). C'est indéniablement dans cettedynamique que s'inscrit le rôle del'intellectuel à mon avis. En France,Voltaire (1694-1778), surnommé

    «conscience du monde» est vénérécomme un exemple de bravoure pour sadéfense acharnée de la liberté deconscience lors de la très célèbre "AffaireCalas" en 1762 à telle enseigne que le jouroù le philosophe Jean-Paul Sartre (1905-1980) aurait été menacé de mort en 1961

     par les ultras de l'Algérie française pourses engagements et ses prises de positioncourageuses en faveur de l'indépendancealgérienne, le général de Gaulle ait ditceci "on tue pas Voltaire!". Cet épisodeest souvent rappelé outre-mer comme une

    étape charnière dans l'histoire qui n'est pas des moindres et qui ne peut en aucuncas être prise à la légère! Le rôle del'intellectuel dans son milieu est decombattre l'injustice, construire des ponts

     pour un dialogue intergénérationnel, panser les plaies des exclus, réparer lesfractures sociales, renforcer le bastion dela mémoire et lutter contre l'oubli, la plusgrande maladie de l'homme. Une lutte quin'aurait rien de rébarbatif si elles'appuyait sur la compréhension del'autre, la communication, la tolérance et

    l'ouverture en grand sur l'horizon bleu del'espoir.

    Reste à prédire la façon dont réagiraientles masses qui, le plus souvent,s'abstenaient de répondre aux échos duchangement venant d'en haut, ou plutôt neles comprenaient pas assez. En gros,l'intellectuel est cet être exceptionnel quifait de son exception l'exigence que lasociété se doit de suivre. La quête del'idéal n'est pas à prendre seulement en cet

    exemple-là sous l'angle mort de l'utopiemais sous celui d'un investissementsérieux pour la réalisation des objectifssociétaux. Car quelle latitude une sociétécastrée et au souffle coupé nous laisse-t-elle pour s'exprimer ? Une société où ontente par tous les moyens à notre portéede faire entendre nos difficultés, en vain ?

    L'idée d'être au mieux de soi-même participe, il est vrai, de ce "bonheurintérieur brut" qui sert de base au"bonheur national brut". Le plus beau des

     profits que puissent récolter nos élites sielles mettent des bouchées doubles. Orcelles-ci excellent, hélas, dans cet art

     pathétique de "scier la branche surlaquelle elles sont assises".

    K. G.

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    Brève Histoire de l’Algérie, de la préhistoire à nos jours

    L'histoire et la géographie de l'Algérie sont intimement liées. Ainsi, bien que la civilisationhumaine au Maghreb remonte à des millénaires, ce n'est qu'à partir de l'Antiquité que cet

    espace commence à prendre sa forme actuelle en se scindant en trois régions-peuples :Maghreb oriental, Maghreb central et Maghreb occidental. La région-peuple du Maghrebcentral évoluera au fil des siècles en l'État nation algérien moderne. Cet article traite donc

    de l'histoire de l'Algérie, et non pas seulement de l'histoire de la République algériennemoderne.

    I-  Préhistoire (- 1,8 Ma à - 7500 ans)

    Éléphant à Illizi dans le sud del'Algérie 

    Bien que l'histoire elle-même soitun agrégat de périodes, celle-ciest elle aussi précédée d'uneprotohistoire et d'une préhistoire.Afin de présenter l'évolution d'unpassé qui débouche sur l'histoire,cette partie de l'article retracebrièvement la fin de la préhistoirede l'Algérie.Les premières traces de

    peuplement d'hominidés enAlgérie remonteraient à environdeux millions d'années av. J.-C.

    Site d'Aïn El Ahnech (- 1,8 M) Le site d' Aïn El Ahnech, dans lawilaya de Sétif est considérécomme le plus ancien gisementarchéologique d'Afrique du Nord.L'âge des vestiges est évalué pararchéomagnétisme à 1,8 million

    d'années, coïncidant avec lapériode présumée de l'apparitionde l'Homo habilis.

    Site de Tighennif (- 800 000 à -400 000 ) Le site acheuléen de Tighennifanciennement Ternifine), dans la

    wilaya de Mascara, a livré desvestiges dont l'âge est évaluéentre 800000 et 400000 av. J.-C.

    Parmi ces vestiges, composésessentiellement d'ossementsanimaux et d'objets de pierreaillée, les archéologues ont

    découvert les ossements

    d'Hominidé qui ont conduit à ladéfinition del'Atlanthrope, aujourd'huiconsidéré comme un Homoerectus.L'Atlanthrope avait un cerveau

     plus petit que celui de l'hommemoderne et une mâchoire plus

     puissante, et il était uncontemporain d'autres variantesde l'Homo erectus telles que lePithécanthrope de l'île de Java.L'Atlanthrope vivait de lacueillette et de la chasse et sedéplaçait fréquemment dans saquête de nourriture. Il a occupé leMaghreb central durant plusieursmillénaires et fabriquait des

     bifaces et des hachereaux ainsique plusieurs autres outils.

    Il disparaît vers 250000 av. J.-C.En effet, c'est vers cette période,que l’Homo erectus disparaîtaprès près de 2 millions d'annéesd'existence (probablement enévoluant vers Homoheidelbergensis en Europe). Le

     peuplement de l'Algérie secompose alors exclusivementd'Homo sapiens, originaires de lacorne de l'Afrique, qui occupent

    leMaghreb central pendant 150siècles, de 250000 à 50000 av. J.-C., soit jusqu'à la fin duPaléolithique moyen. À partir de -50000 et jusqu'à - 20000 av. J.-C.,l'Acheuléen cède la place àl'Atérien.

    L'Atérien (- 50 000 à –  7 500 )

    Peinture rupestre du Tassili datantd'environ 10 000 ans. 

    Correspondant globalement auPaléolithique moyen et supérieur,l'Atérien a été défini à partir devestiges mis au jour dans le siteéponyme de Bir el-Ater, dans lawilaya de Tébessa. Il dured'environ –  50000 ans jusqu'à larévolution néolithique vers 7500av. J.-C. Durant cette période,vers 20000 av.J.-C., de fortes pluies tombent auSahara et au Nord de l'Algérie,créant ainsi un climat très humide,et favorisant le développementdes populations d'éléphants, degirafes, de rhinocéros et autres,que les Atériens chassent engrands nombres.Les fouilles archéologiques ontmis en évidence des armes

     probablement de chasse, trèsraffinées, faites de pierre, de boiset même de cordage, ce qui donneà penser qu'une civilisation trèsactive habitait le site de Bir el-Ater. Les premières industries defabrications de pointes de lancesau Maghreb sont introduites parles Atériens et sont appeléesOraniennes (égalementIbéromaurusienne). Ces industries

    semblent être apparues vers15000 ans av. J.-C. aux alentoursd'Oran, dans l'Ouest algérien,avant de se propager sur toute lacôte maghrébine durant les 5millénaires qui suivent.L'Atérien disparaît vers 7500 av.J.-C., lors de la révolutionnéolithique. L'Homme de

     Néandertal a longtemps étéconsidéré comme l'auteur de

    l'Atérien mais cette espèce estdésormais perçue commeexclusivement eurasiatique. Il est

     probable que des Homo sapiensarchaïques aient produit les outilsatériens.

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    Après un siècle desédentarisation, la pratique de lacavalerie gétule finit pardisparaître, et le peuple gétuleavec. La distribution des terreséparpilla le peuple gétule, et sasédentarisation contribua à ladisparition de sa cavalerie. Lepeuple gétule se fondit ainsi dans

    les populations du nord del'Algérie. Rome avait de cettemanière réussi un coup demaître en amadouant les Gétuleset en les poussant à la disparition

     par la sédentarisation, car il nefait aucun doute que les Gétulesauraient constitué une menacesérieuse pour la colonisation

    romaine en Algérie, et ce particulièrement aux frontièresSud de l'actuel état. À partir del'an 250 après JC environ, plusaucune références n'existent ausujet de la culture et du peuplegétule.

    A SUIVRE...(III-Antiquité (- 1250 à l'an 250)- Les comptoirs Phéniciens en Algérie (- 1250 à - 146) 

    Extension du territoire carthaginois avant la Première Guerre

    Punique vers 264 av. J.-C.

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    REFLEXION : NOUREDDINE BOUKROUH

    04- Les Valeurs et les Nations

    Le grand poète égyptien Ahmed Chawkia gravé dans la mémoire arabe un versque nous avons tous appris à l’école :«Innama al oumamou al akhlaqou mabakiat, fa in houm dhahabatakhlaqouhoum dhahabou.» (Les valeurs

    morales font les nations, si celles-cidisparaissent celles-là disparaîtrontaussi). C’est un très beau vers, maiscomme la poésie en général, il s’adresseà l’émotivité plutôt qu’à la raison.l était destiné, comme la partie

    patriotique et hagiographique de sonœuvre, à exalter le «Nous» national etmusulman. Mais quand on s’empare dece vers pour ce qu’il évoque commeeprésentations mentales et le soumet auest de la réalité historique, on est étonné

    de constater que s’il a gardé de sa

    puissance émotionnelle, il a perdu de savérité. Il en est souvent ainsi de laculture arabo-islamique. Bâtie sur’émotivité, les sentiments, l’imaginaire

    et la crédulité, elle cherche à subjuguerplus qu’à démontrer, mais sesaphorismes ne résistent pas toujours à laéalité mouvante. De ce point de vue, le

    vers du Prince des poètes n’est pas unhéorème, comme l’ont cru des

    générations, mais juste un beau vers.

    Dans un poème, on ne définit pas lesmots qu’on emploie car ce ne sont pasdes concepts. On fait même le contrairepour leur donner le maximum deonorité, de musicalité, d’emphase et de

    flexibilité à la rime, gages de leur beautéet de leur succès futur. Si on ne connaîtpas avec précision le contenu des«akhlaq» dont parle Chawki, on saitqu’elles sont restreintes dans la culturearabo-islamique aux seules valeurseligieuses. Aussi, c’est en inventoriant

    ce qu’il manque aux musulmans qu’onva comprendre pourquoi, après les avoirpropulsés une première fois dans’Histoire, leurs valeurs morales’avèrent impuissantes à leur donner un

    nouvel essor. Les nations occidentalesont chamboulé leurs «akhlaq», lesenversant têtebêche et allant jusqu’ànstitutionnaliser le mariage homosexuel

    et la famille monoparentale, pourtantelles sont toujours là, plus fortes qu’à’époque de Torquemada et de

    Savonarole. Les mœurs ont été libérées,es tabous brisés, les instincts libérés,

    mais ces nations ne se sont pas écrouléesen dépit du ton comminatoire du vers deChawki qu’on croyait valable pour touses temps et toutes les nations. A’opposé, nous avons un autre exemple,

    celui des talibans quand ils étaient aupouvoir. Ils ne se sont occupés pendanteur règne que des «akhlaq», mais leur

    nation a «disparu ». Y a-t-il quelqu’un pour croire qu’ils la restaureront, grande parmi les nations, quand ils reviendront ?La conclusion à tirer de cette entrée enmatière est que si les valeurs moralessont réduites aux seules mœurs et

     pratiques religieuses, elles ne suffisent pas pour assurer durablement un rang àune nation, à moins que celle-ci neveuille délibérément vivre comme autemps d’Abraham, les moines tibétainssur les contreforts de l’Himalaya, ousous les talibans lorsqu’ils auront reprisle pouvoir car la culture théocratique enleur pays les réclame urgemment. Nousavons vu le cas des nations qui ont«perdu» leurs valeurs religieuses sansdisparaître, celui de la nation qui a

     pratiquement «disparu» tout en gardant

    et exaltant au plus haut point les siennes,mais il y en a un troisième, celui où lesvaleurs morales existent et perdurentsans avoir besoin de s’incarner en unenation. C’est le cas des Juifs qui ont vécu

     pendant deux mille ans dispersés parmiles nations du globe et errant parmi ellescomme le racontent les diverses versionsde la Légende du Juif errant. Ils n’ont

     pas voulu cette errance, elle serait unemalédiction tombée sur eux pour avoirtué Jésus. Aujourd’hui encore, ils ne sontqu’une minorité à vivre en Israël, cinq

    millions environ, sur un total d’un peu plus de vingt répartis en différents pointsde la planète. C’est la civilisation lamoins pléthorique de l’Histoire, maisc’est aussi la plus puissante, qui comptele plus de célébrités dans tous lesdomaines, qui exerce le plus d’influencesur la politique des Etats où vivent, en

     petit nombre, ses ressortissants, et cellequi a obtenu je crois le plus de prix

     Nobel. Mais, et c’est peut-être un point àinscrire à l’actif du vers de Chawki,quand les Juifs ont voulu se doter d’une

    nation, c’est à partir de leurs valeursqu’ils l’ont fait. Mais quelles sont cesvaleurs ? Les pleurs devant le Mur deslamentations, le shabbat, le kasher, la

     barbe et la redingote ? Non, passeulement. Les Juifs ont réussi à durerdans l’Histoire grâce à leurextraordinaire capacité d’adaptation àtous les climats, toutes les races, toutesles religions, toutes les formesd’organisation sociale, tous les régimes

     politiques, tous les évènements dont lesguerres, les révolutions et les pogroms.Des divers bouleversements etretournements de l’Histoire, ils sont àchaque fois sortis les premiers arrivés dumarathon, les premiers de la classe, avecla médaille d’or ou le maillot jaune. Cene sont pas leurs valeurs religieuses àelles seules qui les ont conservés à

    travers les âges et les épreuves, ce sontaussi et surtout leurs valeursintellectuelles, leur intelligence, leurendurance, leur efficacité, leur goût del’effort et du travail bien fait, leurouverture d’esprit, leur aptitude à

    innover, leur dépassement de l’horizonconnu, leur tension vers le meilleur...Chaque Juif, Ashkénaze ou Séfarade,

     porte en lui cet esprit rationnel etindustrieux, cette culture de l’efficacité,ces valeurs sociales et intellectuelles, oùqu’il soit. Et quand ils ont créé en 1948l’Etat d’Israël sur la terre palestinienne,ils n’en ont pas fait un Etat théocratique,en remerciement à Yahvé, mais unedémocratie. On a, dans ce lot de valeurs,une première idée de ce qui fait défautaux musulmans : ce qui ne figure pas

    dans la nomenclature de leurs «akhlaq»(conscience historique, sens collectif,efficacité sociale et économique,ouverture d’esprit, aptitude àl’innovation, dépassement de l’horizonconnu, tension vers le meilleur, adoptiondu système démocratique...) Pourl’islamisme, n’a de valeur que ce qui eststrictement religieux, que ce qui a ététextuellement désigné par un verset ouun hadith, et tout acte, initiative ou

     pensée qui ne découlerait pas en droiteligne de ces sources est rejeté parce

    qu’«étranger aux valeurs islamiques».Or, les valeurs morales d’une nation,d’une civilisation, ne recouvrent pas queses valeurs religieuses. Si elle n’ajoute

     pas à ce capital initial les apports del’Histoire, les outils intellectuels ettechniques mis au jour par le progrès, lesapplications de la science, les formesd’organisation modernes, elle estcondamnée à l’anémie, à l’anorexie, audépérissement. Les valeurs moralesexistaient avant l’apparition des valeursreligieuses, et existent dans les nations

    laïques. Il n’est pas un groupe humain,horde, clan, tribu ou communautéquelconque qui n’ait eu une moraleinspirant et orientant le comportement deses membres, même si elle n’est pastombée du ciel. Cette morale, orale ouécrite, renferme des notions relatives au

     bien et au mal, à la bonté et à laméchanceté, à l’altruisme et à l’égoïsme,à la générosité et à l’avarice, à lavengeance et au pardon, à l’humilité et àla vantardise, aux vertus et aux vices, àl’excès et à la tempérance, à la bravoureet à la lâcheté, à la justice et à l’injustice,à la propreté et à l’impureté, à la libertéet à l’oppression, à l’honnêteté et à lamalhonnêteté, à la dignité et à la«hogra»… Leur cadre de vie, le niveaude pensée atteint et l’état de leurdéveloppement n’incitaient pas les

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    ociétés traditionnelles à se hisser à desystèmes de sauvegarde de leur nation

    plus sophistiqués parce que les vertusuffisaient aux exigences et aux

    équilibres nécessaires à leur vie. LeCode d’Hammourabi a mis en place lesfondations de la civilisationbabylonienne, le code de Solon aorganisé la société athénienne et permisà sa culture de produire Socrate, Platonet Aristote, Confucius enseignait le

    espect des Anciens et des lois commefondements de l’ordre et de l’harmoniedans l’empire du Milieu. C’est sur’Esprit de Rome que la civilisationomaine s’est édifiée et a duré septiècles (autant que la civilisation

    musulmane avant la décadence). C’est la«virtue» que Machiavel, Montesquieu etous les moralistes ont recommandé de

    mettre à la base des Etats pour qu’ilsperdurent. Mais dans la longue vie d’unenation, il n’y a pas que la base et lesfondations, il y a l’édifice à élever

    dessus et la maintenance qu’il faut luiassurer. Il devient alors indispensabled’utiliser les nouveaux «liants» et lesnouvelles technologies de construction,et de réviser régulièrement la résistancedes matériaux et les normesantisismiques. Après avoir vécu pendantdes millénaires à l’ombre des seulesvaleurs religieuses, le monde a fait àpartir du XVIIIe siècle (avec laRévolution américaine) le pari de laiberté dans tous les domaines pour

    garantir le bonheur, la créativité, la

    ustice, le progrès, la croissance et ladémocratie. Il a fait le pari de la libertédans la religion (liberté de conscience),a philosophie (liberté de pensée), la

    morale (liberté des mœurs), l’économielibéralisme), la politique (pluralisme), laociologie (diversité), les médias (liberté

    d’expression)… Pour réussir son pari, ila mis au point de nouvelles valeurs encomplément de celles relatives auxmœurs avec en toile de fond l’idée qu’encas de crise de celles-ci, les nouvelles lemaintiendraient attaché au char de

    ’évolution et entretiendraient sa vitalité.On peut les énumérer : valeursntellectuelles, valeurs sociales, valeurs

    civiques, valeurs économiques, valeursnationales, valeurs professionnelles,valeurs démocratiques, valeursuniverselles… L’Occident n’a pas«disparu» comme civilisation grâce à’intégration de ces valeurs aux

    anciennes. On peut encore les détailler :espect de la vie humaine, tolérance des

    croyances différentes, liberté de pensée,d’expression et de création, sécurité

    ociale, fiscalité, justice impartiale,droits de l’homme, de l’enfant, de lafemme et des animaux… Il a élevé aumême niveau le bien-être moral et lebienêtre économique, le savoir-vivre ete savoir-faire. Ses ressortissants sont

    épanouis, heureux, motivés, disciplinés,

    animés par l’amour du prochain etl’esprit national. Si on avait besoin d’unecaution islamique pour admettre ceraisonnement, il n’y aurait a pas demeilleure que celle provenant duProphète qui a dit : «Un Etat croyantmais injuste ne peut pas durer ; un Etatincroyant mais juste peut durer.» Et sil’on veut savoir ce que voulait direexactement le Prophète par «juste», nousallons laisser parler un alem impartial, je

    veux dire étranger au débat apparudepuis plus d’un siècle sur l’islam et lamodernité ou l’islam et la laïcité.Méhémet Ali, le père de l’Égyptemoderne, a envoyé en formation enFrance au début du XIXe un groupe detrente étudiants égyptiens encadrés parun cheikh d’Al-Azhar, Rifâat At-Tahtaoui. La délégation vécut à Parisentre 1826 et 1831, années pendantlesquelles le cheikh apprit le français ets’attacha à étudier les valeurs de cettenation occidentale. De retour en Égypte,

    il a écrit un livre au long et poétique titrequ’un traducteur, Anouar Louca, a eu la bonne idée de ramener à trois mots, L’orde Paris. On y lit : «Ce qu’ils appellentla liberté et qu’ils désirent estexactement ce qu’on appelle chez nousla justice et l’équité… Le principeconstant dans la vie française, c’est unerecherche de la beauté, non le faste,l’ostentation des richesses et la vanité…La persévérance des Français à nettoyerleurs maisons et leurs vêtements est unechose extraordinaire… Le théâtre chez

    eux est comme une école publique oùs’instruisent le savant et l’ignorant… »Ce qu’il convient de noter avec attention,c’est que, selon le cheikh, la «liberté»chez les Français équivaut à la «justice»et à «l’équité» dans l’islam. On est doncfondé à en déduire que le terme «juste»employé par le Prophète dans le hadith ale même sens que «liberté» et «équité».Remplaçons maintenant les mots utilisés

     par le Prophète par ceux utilisés parTahtaoui et relisons le hadith. Il devient :«Un Etat croyant mais où ne règnent pas

    la liberté et l’équité ne peut pas durer ;un Etat incroyant mais où règnent laliberté et l’équité peut durer». En une

     phrase donc, le Prophète nous livre une philosophie de l’histoire qui nous permetde comprendre pourquoi la civilisationoccidentale –  ou toute civilisation fondéesur la liberté et l’équité –  peut durer,même si elle perd ses valeurs religieuses,alors que la civilisation musulmane estsortie de l’histoire alors même qu’ellen’a pas perdu les siennes. Si l’on veut

     pousser plus loin le raisonnement,

    rappelons-nous que le Prophète a parléd’Etat «croyant» et «incroyant». Il aclairement dit qu’un Etat incroyant (doncathée ou laïc) peut exister et durer s’ilrepose sur la justice, la liberté et l’équité,et qu’un Etat croyant (là il viseforcément l’Etat islamique) n’a aucune

    chance de durer s’il ne repose pas sur la justice, l’équité et la liberté. Conclusionde cet «ijtihad» : le Prophète croyait à laliberté et a parié sur elle dans ce hadithet dans plusieurs autres que j’airapportés récemment, comme l’a fait lemonde depuis le XVIIIe siècle. Enfin, ilmontre le chemin à suivre à qui veut

     bâtir une nation pérenne : l’élever sur lesidéaux de justice, de liberté et d’équité.S’ils avaient été pénétrés de cet esprit,

    Ben Ali serait aujourd’hui chez lui,Moubarak en liberté et Kadhafi en vie, etil n’y aurait pas eu de révolutions arabes.Mais ne dit-on pas que les âmes sont «biyadillah» ? La Chine bouddhiste, leJapon shintoïste, l’Inde hindouiste etl’Etat d’Israël judaïque sont de vieillesnations-civilisations. Pourquoi sont-ellesrevenues à l’histoire, fortes etconquérantes, mais pas la juvénilecivilisation musulmane ? Parce que cescivilisations, sans perdre leurs valeursanciennes, leurs croyances et pratiques

    religieuses, ont développé les autrescatégories de valeurs dont on a parlé,renforçant leurs sources d’énergie

     psychique, réveillant leur dynamismesocial et boostant leur efficacité sur tousles plans : économique, technologique,culturel, militaire… Ces nations-civilisations possèdent, par ailleurs, unsens du patriotisme et un attachement àla notion d’Etat que ne possèdent pas aumême degré les musulmans qui nereconnaissent d’allégeance réelle quecelle due à Dieu. On voit avec quelle

    désinvolture l’islamisme et le terrorismetuent leurs frères, divisent leurs peuples,se retournent contre leur pays, ou lemorcèlent. Les musulmans sont l’uniqueancienne civilisation à n’avoir pas r éalisésa renaissance parce qu’ils n’ont pasrenouvelé leur stock-idées, parce qu’ilscherchent dans le passé au lieu dechercher dans le présent, parce qu’ils ne

     bougent que pour reculer, parce qu’ilscompriment au lieu de libérer alors quele Coran leur a dit «Yassirou wa latouâssirou» («simplifiez au lieu de

    compliquer ») et que le Prophète les a,dès le départ, mis à l’aise : «Ce qu’il y ade meilleur dans votre religion est cequ’il y a de plus doux.» La formule derenaissance «trouvée» par l’islamismeest fausse, c’est une combinaison quin’ouvre aucune serrure. Avec lui, cen’est pas l’islam originel qui a deschances de revenir, renforcé par lesvaleurs modernes, la liberté et l’équité,mais celui de la décadence, dumaraboutisme, des peuples que lescharlatans rassemblent et que les coups

    d’Etat dispersent. Les nations-civilisations que j’ai citées ne sont pasrevenues avec leurs anciennesconceptions du monde et de la viesociale, mais avec des représentationsmentales, des institutions, des systèmeséducatifs et des politiques rénovés de

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    fond en comble. On peut occuper l’espritdes gens avec le débat sur les valeurseligieuses autant qu’on veut, mais si

    elles ne sont pas couplées avec lesvaleurs sociales, intellectuelles,politiques et économiques universelles,ça donnera toujours l’Afghanistan desalibans ou, au mieux, l’Iran de l’imamnfaillible. Je ne dis pas la Turquie

    d’Erdogan, car, comme je l’ai assezdémontré dans les précédentes

    contributions, elle a bon gré, mal gréntégré à son moi moderne ces valeurs.e ne dis pas non plus la Malaisie où

    existent d’importantes et industrieusesminorités représentées au Parlement etau gouvernement à côté des 50 à 60% deMalais musulmans (la chinoise à presque30% et l’indienne pour le reste). Lescommunautés qui tiennent à n’être régiesque par leurs valeurs religieuses ontvocation à devenir des sectes, des ordresmystiques, des zaouïas, comme il enpullule en marge de toutes les religions,

    et non des puissances planétaires. C’estau nom de leur code d’honneur que lesSamouraïs ont disparu : ils ne se sont pasésignés à la renaissance «Meïji» àaquelle était acculé le Japon dans les

    années 1860. S’agissant des mœurs, iln’y a pas un seul péché, un seul vice, uneeule abomination au monde qui n’existe

    chez les musulmans. La différence estque les Occidentaux ont choisi de lesraiter en pleine lumière, d’en parler, dees étudier, de les montrer, pour les

    comprendre, les soigner ou les punir,

    alors que les musulmans font tout poures nier, les cacher, les ensevelir sous

    une montagne d’hypocrisie de telle sorteque ces maladies ou ces crimes ne soientni soignés ni punis. C’est dans un telclimat de mensonge, de dissimulation,donc de permissivité, que les taresprospèrent. Pour la mentalité islamiste,une tare est à moitié pardonnée si elle estbien dissimulée sous le voile de la«pudeur» (astar mastarallah !) Alors que’Occident a développé la psychologie,a psychiatrie, la psychanalyse et

    diverses thérapies pour vider’inconscient de ses complexes, de sesraumatismes et le libérer de ses

    addictions perverses, les musulmansrouvent plus conforme à la morale dees recouvrir du plus grand secret.

    L’important à leurs yeux n’est pas queces choses ne doivent pas exister, maisqu’on ne les montre pas. L’Occidentals’est libéré de ses frustrations et de sesfantasmes, tandis que le musulmancontinue à couver les siens, à les subir ouà les infliger à autrui. Et les islamistessont tout fiers de présenter ces artificescomme étant les «valeurs supérieures del’islam». Les musulmans ont, certes, lazakat, le kharadj et autres dîmes, mais

    ceux-ci n’ont pas pris le caractèreinstitutionnel des «prélèvementsobligatoires», grâce auxquels les Etatsoccidentaux financent les dépenses

     publiques, le service public, la politiquesociale, les allocations-chômage, laredistribution des richesses entre leurscitoyens, ainsi que la conquête del’espace à la recherche d’une planètehabitable pour le cas où. La zakat estrestée telle qu’elle a été édictée il y aquatorze siècles, laissée au bon vouloirdes bonnes âmes et à la miséricorde

    qu’elles peuvent éprouver envers les pauvres à l’approche des fêtesreligieuses. Et quand on y regarde de

     plus près, cette miséricorde n’est qu’uninvestissement dans des valeurs-refuge,de l’argent placé dans le compte-épargnedes «haçanate» dont les islamistesconnaissent la tarification : tant pourtelle action, tant pour telle autre… Onespère en tirer beaucoup plus dans l’au-delà. Le commerçant islamiste etl’industriel musulman (là, le modernisteest totalement d’accord avec l’islamiste)

    font tout pour se dérober à l’impôt sous prétexte qu’il n’est pas «halal», qu’il estune «bid’â», préférant le système du«donner de la main droite ce que la maingauche doit ignorer» au titre de la charitéou de la corruption des fonctionnaires.La «kammouça» comme on dit cheznous, et ni vu ni connu. Dans lamentalité musulmane décadente,l’enrichissement sans cause est un «rizkmin îndillah», pourvu qu’il soit purifié

     par quelque menue monnaie donnée à lamosquée en construction du coin ou du

    douar d’origine. Le citoyen occidental,lui, est obligé de verser, «bla mziytou», àl’Etat la moitié de ce qu’il gagne, et il ne

     peut y échapper. Il le fait selon lesystème déclaratif (tatawwou’ânminhou), car l’Etat a les moyens de

    détecter toute infraction et de lasanctionner de telle sorte que lecontrevenant ne soit plus tenté derecommencer. Son train de vie estsurveillé par le fisc, et il doit répondre dumoindre enrichissement sans causedécelé. Indépendamment des actes decharité, de bonté et de l’aumône qu’il

     peut accomplir par ailleurs —  et qu’ilaccomplit réellement —  notammentenvers les populations musulmanes

    frappées par un tremblement de terre oula sécheresse dans tel ou tel pays.Connaît-on des organisationshumanitaires islamiques allant ausecours de non-musulmans pauvres, oufrappés par le malheur ? Pas à maconnaissance. Pour les islamistes, ceserait subventionner le «kofr». Il n’y ena d’ailleurs même pas pour lesmusulmans eux-mêmes. Aucun verset ouhadith n’ayant mentionné les ONG,

     pourquoi se lancer dans une «bid’â» ?Imaginons le Prophète revenu incognito

     parmi nous, et répétant devant unauditoire islamiste ce qu’il a dit dans lehadith cité plus haut. Il seraitexcommunié sur-lechamp. Lui, qui a étél’Elu de Dieu, ne serait pas élu s’il se

     présentait à une élection face à uncandidat d’Al-Nour en Égypte,d’Ennahda en Tunisie ou du FIS enAlgérie. Mohamed Abdou a écrit en1877 dans sa Rissalat at-tawhid ceslignes flétrissant l’islamisme à travers lessiècles : «Les ignorants furentvictorieux… Ils détruisirent le peu qui

    restait du rationalisme coulant de sourcemusulmane et s’engagèrent dans desvoies tortueuses… Ils chassèrent laraison de son domaine et ne discutèrentqu’en traitant les gens d’égarés et demécréants… Leurs langues proférèrentdes mensonges en disant : «Telle choseest licite et telle autre ne l’est pas», «ceciappartient à l’hérésie et cela à l’Islam ».La religion est au-delà de ce qu’ilss’imaginent, et Dieu, qu’Il soit exalté, estau-dessus de ce qu’ils pensent. Maisgrande fut l’atteinte portée à la grande

    masse dans sa foi et dans les sourcesmêmes de sa vie spirituelle par cettelongue folie, ces nombreuses attaques, cegrand mal et ce malheur général».

    N. B. LSA DU 11/03/2012 A SUIVRE 05- LA FOLIE ET LES MONTAGNES 

    Pour consulter les articles précédents (01.Avant et aujourd’hui, 02 - le peuple que le bendir rassemble et que le gourdin disperse, 03- l’islamqu’on aime et l’islam qu’on hai) rendez -vous sur  Opinionsdz.com

    http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/03/11/article.php?sid=131408&cid=41http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/03/11/article.php?sid=131408&cid=41https://opinionsdz.blogspot.com/search/label/CONTRIBUTIONhttps://opinionsdz.blogspot.com/search/label/CONTRIBUTIONhttp://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/03/11/article.php?sid=131408&cid=41

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    55 ans après, le mystère persistePolémique sur la mort de Ben M’hidi 

    Dans la nuit du 3 au 4 mars 1957,Mohamed-Larbi Ben M’hidi estassassiné au bout de plusieursséances de torture atroces qui ontduré une dizaine de jours. Plus de

    55 ans après sa mort, sonarrestation et son exécution pares parachutistes du général

    Massu restent des plusénigmatiques en dépit desdéclarations d’acteurs de laBataille d’Alger, aussi bienfrançais qu’algériens. Toutefois,une chose est certaine, le chahidest mort dans la dignité et lecourage en donnant une leçon de

    patriotisme à ses bourreaux.Notamment le général Bigeard,qui a été marqué par lapersonnalité de Ben M’hidi, unhomme aux qualités rares, selonui, auquel il a fait présenter les

    armes avant de le livrer à sesortionnaires.

    Sollicité par un journalistealgérien, qui s’était rendu enFrance pour l’y rencontrer,’ancien parachutiste Marcel

    Bigeard donnera sa version desfaits relatifs à l’arrestation puis àa mort de Ben M’hidi, en

    déclarant : «Nous avions unrenseignement selon lequel unresponsable du FLN s’étaitréfugié dans un appartementselon le recoupement des

    déclarations de plusieurs chefs

    militaires français de l’époque, leresponsable du FLN recherchén’était autre que BenyoucefBenkhedda, ndlr). En fait, nousnous sommes retrouvés en face deBen M’hidi. Les militaires étaientsurpris. Ils me l’amènent. Il avaites mains menottées, une corde

    autour de ses pieds. J’ai vu lagueule du gars qui était pour meplaire. Je lui ai dit que j’étais

    disposé à lui enlever les menotteset la corde à condition qu’il medonne sa parole de ne pass’évader. Je lui ai promis qu’ilserait libre dans mon PC... BenM’hidi m’a répondu que si jamais

     je faisais cela, il s’évaderait par lafenêtre. C’était un sacré type.Tous les jours nous discutions del’Algérie nouvelle. Je lui disaisqu’il ne fallait pas aller trop vite,

    que les pieds-noirs avaientconstruit vos villes, que vousn’étiez pas capables de faireautant. C’est vrai les pieds-noirsavaient bossé. Il m’écoutait (...).

    Je regrette qu’il ne soit pas vivant.Au bout d’un certain temps, lecommandement (entendre Massu)disait “Bigeard devient fellagha”.Je devais passer Ben M’hidi aucommandement 24h ou 48 heuresaprès. Je l’ai gardé 15 jours.Aussaresses est venu le prendre.C’était l’homme chargé des

     basses œuvres. Je ne pensais jamais que cela serait ainsi.D’après ce que j’ai su après,Aussaresses l’a pendu dans uneferme puis après il l’a remis dans

    sa cellule comme s’il s’y était pendu. C’est écrit par Aussaressesdans son livre. Aussaresses a fait

     beaucoup de tort. Il était chargédes basses besognes. Il en fallait

     peut-être mais il fallait des typesspéciaux. Vous ne pourriez pastirer sur un type sans arme. Moinon plus. Tandis que Aussaresses,c’est autre chose. Quelqu’un luidemandait si lorsqu’il devait tuer

    douze gars, il leur tirait parderrière, Aussaresses répondait :“Non. Je leur tire de face”...Quand on fait un tel boulot, onferme sa g... Ben M’hidi et moinous nous voyions souvent au PC.

    De part et d’autre, il y avait beaucoup d’estime. Je vous assureque je voudr ais que Ben M’hidisoit là... Cela changerait tout. (…)Ben M’hidi savait ce qu’il voulait.

    Il voulait l’indépendance del’Algérie pour laquelle il se battait. Il en est mort d’ailleurs.Pour lui, c’était net : une Algériealgérienne.»Bigeard commentera plus tard àdes proches : «Ben M’hidi m’aexposé sa théorie avec un couragequi force le respect.» Il dira que

     parmi ses adversaires durant la bataille d’Alger il rend hommage

    à celui qui fut l’un desresponsables courageux de laZone autonome d’Alger, enl’occurrence Ben M’hidi, dont ildit : «Il est l’âme de la résistance,fanatique, illuminé, il ne vit que

     pour l’indépendance del’Algérie.»La sœur du défunt, Drifa BenM’hidi, épouse Hassani, et sonmari, en quête de vérité des faitsayant gravité autour de cetteaffaire, se sont rendus en Franceen 2002 pour y rencontrer celui-làmême qui a été à l’origine del’arrestation de Ben M’hidi, enl’occurrence le général MarcelBigeard, alors colonel au momentdes faits. Lors d’une conférencede presse animée à la maison dela presse Tahar-Djaout, à Alger,

    en mars 2010, à l’occasion du 53eanniversaire de la mort de sonfrère, Drifa Ben M’hidi et sonépoux, M. Hassani, compagnond’armes du stratège de larévolution algérienne, sontrevenus sur leur rencontre, àParis, avec le général Bigeard, aucours de laquelle ce dernierconfirmera l’exécution de LarbiBen M’hidi.

    «La thèse du suicide a beaucoupfait de mal à ma famille», adéclaré Drifa Ben M’hidi,soulignant avoir mis un terme auxrumeurs qui circulaient sur lescirconstances de sa mort en allant

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    à la rencontre du général Bigeard,qui lui a confirmé que «Larbi BenM’hidi ne s’est pas suicidé mais aété assassiné dans sa cellule surordre de François Mitterrand». Levieux général français diraqu’après avoir interrogé le chef dea Zone autonome d’Alger à

    plusieurs reprises, à aucun

    moment il n’a eu la convictionqu’il était du genre à se suicider etqu’il lui vouait une grandeadmiration. Il se souvient encoredes derniers mots qu’ils ontéchangés alors que Si El Hakimétait pieds et poings liés. Legénéral lui dit : «Vous êtesvaincus, le FLN est démantelé, larévolution est morte.» Ben M’hidiui répond : «Si notre révolution

    n’était pas grandiose, votregouvernement n’aurait pas faitappel à des officiers de votrecompétences pour nouscombattre.» Le général Bigeard,’ennemi juré, se confiera à Drifa

    Ben M’hidi en ces termes : «Si’avais eu 10 hommes de sarempe dans mes troupes, j’aurais

    conquis le monde.» AbdelkrimHassani, compagnon de lutte du

    martyr, a déclaré que le généralBigeard lui a confié que BenM’hidi a été tué «après moultnégociations que ses assassins ontmenées avec lui». M. Hassani aprécisé que Ben M’hidi lui avaitdit un jour : «Le colonialisme estentré au pays par le sang, il ensortira de même.» Le compagnond’armes du défunt rapporte lesderniers propos échangés entreLarbi Ben M’hidi et PaulAussaresses, son tortionnaire. «Jesuis commandant, alors que dois-e faire?» Réponse sèche dueader de la Révolution :«Et moie suis colonel, alors faites ce

    qu’ils vous demandent de faireles chefs hiérarchiques

    d’Aussaresses, ndlr).» AbdelkrimHassani dément la version de

    Yacef Saâdi selon laquelle le

    chahid a été fusillé. Lui et sonépouse avaient vu le corps à la finde l’année 1963 et constaté latrace de la corde autour de soncou, citant au passage les proposd’Aussaresses, qui avait affirméque c’était lui qui avait pendu BenM’hidi, ainsi que ceux deBigeard, qui a témoigné qu’il ne

    s’était pas suicidé. S’agissant deson arrestation, il précisera :«Certains disent qu’il avait étéarrêté le 23 février 1957 dans lequartier Debussy alors qu’ilrejoignait l’appartement où il secachait, après que l’un desfidayine a été arrêté et révélé lacache. Le défunt BenyoucefBenkhedda, lui, raconte que BenM’hidi a été arrêté avant qu’il

    n’arrive à Debussy où il devaitrencontrer des membres du CCE.L’armée française avait obtenul’information d’une fidaiyaqu’elle avait torturée avant de laliquider. Une autre version dit quel’homme a été arrêté en pyjama,ce qui est complètement faux !»De son côté, le moudjahid YacefSaâdi a déclaré, lors d’uneconférence sur la guerre de

    libération nationale organisée àOran, que le chahid Larbi BenM’hidi ne s’était pas pendu maisqu’il a été assassiné, comme le

     prouvaient les traces de ballesvisibles sur les restes de sadépouille, exhumée au lendemainde l’indépendance pour êtreinhumée au Carré des martyrs ducimetière El Alia (Alger). «Destraces de balles étaient encorevisibles sur les restes de ladépouille du chahid, déterrée aulendemain de l’indépendance», atémoigné celui qui prit lecommandement de la Zoneautonome d’Alger après la mortde Ben M’hidi. Il a égalementindiqué qu’il avait recueilli un«témoignage détaillé» du colonelYves Godard dans les années qui

    ont suivi l’indépendance, au sujet

    de l’exécution de Larbi BenM’hidi.Pour sa part, un certainMohamed-Chérif Moulay,adolescent à l’époque des faits

     puis combattant dans les rangs del’ALN plus tard, qui devait serendre à la morgue de Saint-Eugène (actuellement Bologhine),

    dans l’après-midi du 4 mars 1957 pour récupérer le corps de son père, tué la nuit précédente par les parachutistes dans la Casbah,confirme la thèse de l’exécution

     par pendaison et non par balles.«Un cadavre était allongé sur unetable métallique et vêtu d’un

     pantalon gris, une chemise blanche et une veste. Sur l’un deses gros orteils, il y avait une

    étiquette avec un nom : BenM’hidi. J’ai tout de suite reconnule visage. Le matin même, j’avaisvu sa photo dans le journalannonçant sa mort», raconteMohamed-Chérif Moulay. Il sesouvient que le corps du héros dela bataille d’Alger «ne saignait

     pas, ne portait aucun impact de balles, ni de traces de sang», maisavait à la hauteur du cou «une

    sorte de bleu rougeâtre, commeun œdème». Dans un entretien accordé auQuotidien d’Oran le 11 mars2007, Brahim Chergui, un desresponsables de la Zone autonomed’Alger, a déclaré : «Fusillé,

     pendu ou froidement exécutéd’une balle dans la tête, cesscénarios ne changent rien à lanature du forfait : un dirigeant dela révolution, de surcroît

     prisonnier de guerre, a été victimed’une liquidation pure et simple.Il s’agit d’un assassinat. Laquestion de fond est de savoirquels sont les responsables de laliquidation du membre du CCE.»

    Abderrachid Mefti

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    ninterrompu de révoltes et deésistances locales qui ont jalonné notre

    histoire depuis 1830. Ça a été le momentoù notre conscience a été saisie par cehéorème de l’existence : « Et tant que tu

    n’as pas compris ce ‘‘Meurs et Deviens !’, tu n’es qu’un hôte obscur sur la terreénébreuse… » (Goethe). 

    Mais pourquoi faut-il qu’il en soit ainsidans la vie des hommes ? La générationde l’indépendance, et plus encore ceux

    qui ne sont que des enfants aujourd’hui,voudront comprendre ces nuancesubtiles mais graves de conséquences,

    ces transmutation, cette nécessité dedevoir parfois mourir pour devenir.l faut se préparer à répondre à des

    questions naïvement posées en regardanta télévision, en sortant de l’école après

    un cours d’histoire ou en voyageant à’étranger. Pourquoi un million et demi

    de martyrs ? Qu’est-ce-que la Révolution? L’indépendance ? Pourquoi avons-nous été colonisés ? Qu’est venue faire

    a France dans notre pays ? Que luiavons-nous fait ? Pourquoi dit-on denous que nous sommes un pays faible,pauvre, sous-développé ? L'enfant nepose habituellement pas ces questions decette manière, mais sa curiosité nousnterpelle aussi bien. J’ai entendu un

    enfant de six ans questionner son pèreur les raisons de la présence française

    en Algérie après une émission deélévision sur les hauts faits de notre

    Révolution. Pourquoi ceci, pourquoi cela? Partis pour glorifier notre pays et notre

    Révolution devant nos enfant, nous voilàommés de nous expliquer sur des

    problèmes majeurs.Mais assimiler pour soi-même est plusaisé que de transmettre à autrui, deconvaincre quelqu’un qui n’a pas vécuvotre vie. De telles questions nousarauderont et nous obligeront àéfléchir plus profondément sur le sensur monde, l'enchaînement des effets et

    des causes, le mode d’être des peuplesdans le temps, nos performances dans’Histoire universelle, les passions des

    hommes, les intérêts égoïstes decertaines nations… Elles nous plongent dans des méditationscom