Upload
vuongphuc
View
279
Download
5
Embed Size (px)
Citation preview
Revue trimestrielle 67e année
Le Numéro: 180 FB
NM-1991
ruui
NOS FONTAINES MERVEILLEUSES
Editeur responsable : J. Willemart, rue des Dominicaines, 64 - 5002 Saint-Servais
Société Royale
Sambre & Meuse(A.S.B.L)
COMITÉ D'HONNEUR
M. Ernest Montellier.
CONSEIL D'ADMINISTRATION
Président : Mme Françoise Jacquet-Ladrier,
Les Ravins, 3 - 5100 Wépion.Tél. 081/46 05 42
Vice-Présidents : M. François Jacques et M. Christian Philippart.
Directeur de la revue : M. Jacques Willemart
rue des Dominicaines, 64 - 5002 Saint-Servais
Tél. 081/73 92 98
Secrétaire : Melle Marie-Louise Damoiseau,
chaussée de Louvain, 129 - 5000 Namur.Tél. 081/22 2613
Trésorière : Mme Chantai Willemart-Mat,
rue des Dominicaines, 64 - 5002 Saint-Servais. Tél. 081/73 92 98
Membres : Mmes A. Canivet, O. Maréchal-Pelouse, C. Gourdin-Decock,
Melles M.-CI. Offermans, M. George
MM. J. Bovesse, A. Falise, J. Godefroid, A. Guilitte, E. Tonet, J. Lambert.
Les articles publiés n 'engagent que leurs auteurs.
Cotisation : 600 FB
Compte : 068-2009608-86 de Sambre et Meuse - Le Guetteur wallon
5000 Namur
LES BESOINS DOMESTIQUES
Aménagés par l'homme durant les temps modernes, les sources et les points
d'eau ont longtemps servi aux besoins quotidiens de la population ainsi qu'au bétail
de la communauté mais la distribution d'eau à domicile a, peu à peu, provoqué
l'abandon de ces fontaines, de ces lavoirs et de ces abreuvoirs...
Certains de ces modestes monuments sont à ce point détériorés qu'ils risquent
même de disparaître tout à la fait de la mémoire collective. Pourtant, aujourd'hui,
une réaction commence heureusement à s'amorcer car bon nombre de nos contem
porains prennent conscience que l'être humain ne peut faillir indéfiniment à la
sauvegarde du patrimoine hérité de ses ancêtres.
SAINT LUPICIN À LUSTIN
Patron d'un pittoresque village juché sur les hauts de Meuse, ce saint aux
origines mystérieuses (il n'a laissé aucune trace dans les Annales religieuses de
notre province), possède un nom qui n'est pas sans présenter maintes analogies
avec le toponyme du lieu où il est honoré.
La légende dorée rapporte que Lupicin, qui prêchait l'évangile dans la ré
gion, voulut témoigner sa gratitude à une vieille femme qui lui avait permis de se
désaltérer. Or, le village était dépourvu d'eau et les habitants étaient obligés de
descendre jusqu'à la Meuse. L'apôtre frappa alors à trois reprises son bâton sur le
sol et fit jaillir trois sources qui ont alimenté une fontaine appelée depuis "Fontaine
S1 Lupicin". Depuis ce miracle, précise la tradition, l'eau ne manqua plus à Lustin
même durant les périodes de sécheresse, fait d'autant plus surprenant que le village
est situé à 250 mètres d'altitude(4).
Le promeneur curieux découvrira la
fontaine en bordure d'une placette, en
contrebas de l'église. Une potale en calcai
re fut encastrée dans un mur au pied du
quel l'eau arrive dans un bassin au ras du
sol. La potale est formée d'une pierre mo
nolithe évidée d'une niche en plein cintre
sous laquelle on peut difficilement lire
l'inscription suivante :
CLAUDE GILON 1651
S1 LVPICIN
PRIE POVR NOVS
Malheureusement, la statuette con
nut le triste sort réservé trop souvent à la
plupart des occupants de nos vieilles pota-
les, elle fut volée voici plusieurs années
déjà. Quant à la grille de fer forgé qui fer
mait la niche, il n'en subsiste plus actuelle
ment que les points d'ancrage !(5)
Lustin, fontaine Saint-Lupicin
(Photo G. Focant)
(4) Les légendes hagiographiques contiennent souvent
des caractéristiques similaires ; ainsi, les saints
viennent en aide au petit peuple et contribuent à
alléger leur labeur quotidien. Dans l'Entre-Sambre
et Meuse, on raconte que saint Hadelin, tout com
me son confrère de Lustin, fit jaillir une source au
sommet de la colline de Franchimont près de Flo-
rennes, (la même intervention sera attribuée à
saint Mort et à saint Germain, cf. infra).
(5) Ce monument vient d'être restauré.
105
L'eau de la fontaine est réputée miraculeuse mais le rite le plus caractéristique du
culte de S' Lupicin se déroule dans l'église chaque lundi de Pentecôte. À l'issue de
la procession, les fidèles et les pèlerins, désirant guérir de maux de tête, se présen
tent devant le prêtre qui leur impose sur la tête les reliques du crâne de S' Lupicin
conservé dans une petite bourse de velours. Au cours du XVIIIe siècle, le saint a
été également invoqué pour mettre fin aux périodes de sécheresse. La mémoire
populaire semblait donc avoir conservé le souvenir implicite du miracle de la fontai
ne.
SAINTE ADÈLE À WARNANT
D'après la tradition, sainte Adèle
serait née aveugle (au VIIe ou au Xe siè
cle ?) mais aurait recouvré la vue le jour
de son baptême. Suivant le raisonnement
analogique habituel de la piété populaire,
elle sera donc invoquée pour les affections
des yeux. Vénérée surtout à Orp-le-Grand
où elle aurait fondé un monastère, sainte
Adèle est également honorée à Gerpinnes,
à Brye à Liège et enfin, à Warnant, petite
bourgades aux maisons grises de la vallée
de la Molignée.
Le premier dimanche de juillet a lieu une
procession solenelle, les pèlerins affluent
et défilent à la fontaine miraculeuse située
en contrebas du village. Ils y baignent
leurs yeux et font provision d'eau qu'ils
rapportent à ceux qui n'ont pu faire le dé
placement.
À Namur, le culte de sainte Adèle est attesté depuis le XVIIIe siècle. Dans l'église
Saint-Loup, les fidèles pouvaient se procu
rer une eau bénite spécialement en l'hon
neur de la sainte.Warnant, fontaine Sainte-Adèle
(Photo G. Focant)
SAINT JOB À METTET
En réalité patriarche de l'ancien testament (et non saint), Job était particu
lièrement invoqué contre la lèpre et les maladies vénériennes. Après avoir perdu
tous ses biens, Job fut atteint par la terrible maladie mais, repoussé par ses sembla
bles, il se retira sur un tas de fumier où il grattait ses plaies avec des tessons de
poteries... Jadis, un pèlerinage avait lieu à Mettet le jour de l'ascension. L'eau de
la fontaine possédait la propriété de guérir du "mal S' Job" (éruptions de la
peau : teigne, gale, eczéma, etc.. ). La fontaine est toujours là, il s'agit d'un mo
nument en pierre bleue surmonté de la statue du saint. On descend par quelques
marches et on découvre deux bassins. L'un des deux était spécialement destiné aux
ablutions des pèlerins.
D'aucuns prétendent que ce culte de saint Job provient d'une singulière coïciden-
ce : la paroisse de Mettet ayant pour patron S' Jean-Baptiste, il paraît que la fon
taine primitive portait dans l'inscription dédicatoire les lettres "S* J. B.". Comme
le point séparant les deux lettres était assez imposant, les visiteurs peu informés le
considèrent comme un O ! Cette lecture erronée aurait de la sorte contribué à
fonder la dévotion à S' Job dans le village de Mettet...
106
LE PUITS SAINT-PIERRE À SAINT-GÉRARD
Gérard de Brogne, un des plus grands moines du moyen-âge, fonda son
abbaye au cœur de l'entre-Sambre et Meuse près de l'église paroissiale de Brogne,
toponyme qui, curieusement, présente des analogies avec le mot germanique dési
gnant la fontaine note le Père Thomas J. Delforge<6).
De nombreuses guérisons dues à l'intercession de S' Gérard ont été obtenues grâce
à l'eau miraculeuse du puits S'-Pierre. Se trouvant autrefois dans l'église abbatiale
dédiée à S'-Pierre, ce puits était situé dans la nef réservée aux fidèles, au pied des
marches qui conduisaient au chœur des moines.
Il existe toujours, sous la route, en face de la petite chapelle S'-Pierre ; on y accède
par un escalier situé sous cet oratoire.
D'autre part, un manuscrit du Xe siècle met en relation le creusement du puits avec
le culte de saint Eugène dont les reliques furent précisément transférées à Brogne
par saint Gérard. Le glorieux martyr aurait récompensé par de nombreux miracles
la vénération dont il était devenu l'objet à Brogne. Une voix surnaturelle avait
enjoint aux moines de creuser un puits dans leur église pour y découvrir une eau
salutaire. Et le manuscrit, qui relate les miracles de S' Eugène à Brogne, ajoute :
"Beaucoup, après s'être lavés avec cette eau, ont recouvré la santé".
SAINT LAURENT À SART-SAINT-LAURENT
Depuis 1112, saint Laurent devint le protecteur officiel de la paroisse (dé
diée primitivement à saint Lambert). Brûlé vif sur un gril lors des persécutions de
l'empereur Valérien, l'archidiacre Laurent, prétend la légende dorée, ne manquait
pas d'humour puisqu'il aurait demandé à ses tortionnaires de changer sa position
pour que l'empereur eût de la viande bien cuite à manger !(7) Dans ce village qui
porte son nom, son culte devait naturellement se célébrer avec solennité. L'enquête
sur le "mal S' Laurent" a montré que le pèlerinage était fort suivi. On invoquait
S' Laurent pour la guérison des maladies de la peau, des brûlures et des plokètes
S' Lorint c'est-à-dire l'impétigo. La chapelle S'-Laurent se trouve au milieu du
cimetière (il s'agit en fait de l'ancienne église paroissiale) tandis que la fontaine
dont les eaux sont réputées miraculeuses se niche au creux d'un pittoresque petit
vallon à une centaine de mètre du cimetiè
re. Deux grands panonceaux fléchés situés
sur la grand place du village permettent
d'ailleurs au pèlerin de s'y rendre sans au
cune hésitation. D'autre part, une proces
sion importante a lieu chaque année à la
date du 15 août (la fête officielle du saint
se situe le 10 août). Comme dans tant
d'autres localités d'Entre-Sambre et Meu
se, le "tour" S'-Laurent est une "Marche".
L'escorte armée de la statue est formée
par des compagnies de grenadiers, de
zouaves et également de mousquetaires.
Rite unique dans les annales des marches,
. St-Laurent
XII siècle
IFONTAINE MIRACULEUSE!
(6) Dans Les saints populaires de Wallonie, Gembloux, 1977, p. 25-27.
(7) Nombre de commentateurs soulignent le ton insolite de la passion de S' Laurent : un martyr qui se
moque du bourreau tout en feignant de croire que l'Empereur est anthropophage..., ne faut-il pas voir
là un optimisme qui montre que le paganisme n'en a plus pour longtemps ? (cf. O. ENGLEBERT, La
fleur des saints, Paris, 1984, p. 261).
107
Sart-Saint-Laurent : lors de la procession
du 15 août, les marcheurs plongent la crosse
de leur fusil dans l'eau de la fontaine.
(Photo Ch. Mat)
Malonne, fontaine Saint-Berthuin
(Photo J. W.)
lors du passage à la fontaine, chaque marcheur trempe dans l'eau la crosse de son
arme tandis que les officiers y plongent la pointe de leur sabre (et les cantinières
font l'offrande d'un petit verre d'alcool !)(8).
SAINT BERTHUIN A MALONNE
Si la dévotion au bienheureux Mutien-Marie (récemment canonisé) attire depuis
longtemps de nombreux fidèles dans le village de Malonne, il ne faut pas oublier
que jadis, c'était le culte de saint Berthuin "l'un des plus anciens de la province"
qui attirait les foules et animait la vie paroissiale.
Moine anglo-saxon du VIIe siècle, Berthuin comme tant d'autres insulaires, débar
que en Gaule et, après diverses pérégrinations, fonde un monastère sur les rives du
Landoir. Ses reliques sont conservées dans l'église paroissiale de Malonne (ancien
ne église abbatiale). Saint Berthuin était invoqué pour les enfants rachitiques, pour
la guérison des maladies épileptiques ainsi que pour les rhumatismes. Les pèlerins
venaient boire l'eau de la fontaine Saint-Berthuin qui se trouve aujourd'hui au
bord de la route le long du mur de l'école des Frères. Autrefois, cette source
coulait dans l'enceinte même de l'abbaye à proximité du cimetière. Elle fut dépla
cée pour permettre aux fidèles de s'en approcher sans perturber la vie de la maison.
Malheureusement, l'hygiène moderne a quasiment condamné cette ancienne source
miraculeuse comme le précise nettement la mention "eau non potable"...
(8) La hiérarchie ecclésiastique postconciliaire n'a pas toujours considéré d'un bon œil cet usage détourné
de l'eau miraculeuse qui bénit les fusils, mais la tradition est restée la plus forte. Ces armes d'un autre
temps ne sont-elles pas destinées à assurer la protection symbolique des reliques et de la statue du saint ?
108
SAINT GERMAIN (village de Saint-Germain)
Comme à Sart-S'-Laurent, le village s'identifie ici au nom de son saint pa
tron. Spécialement vénéré en tant que protecteur de l'enfance (il aurait eu lui-
même une enfance malheureuse) le culte de saint Germain est encore fort en
honneur aujourd'hui.
Les rites s'accomplissent à
la fontaine miraculeuse
aménagée devant une
grotte abritant la statue du
thaumaturge ; on y accède
par une allée bordée de
cyprès. Au pied du saint,
on remarque l'attribut qui
symbolise sa "spéciali
té" : un bébé couché sur
le dos. En guise d'ex-voto,
de nombreux petits vête
ments recouvrent le bébé
et les pieds du saint. Sui
vant une ancienne coutu
me, les pèlerins jettent
dans l'eau une chemise ou
un bas de l'enfant malade
et tirent des présages bons
ou mauvais de ce que les
vêtements flottent ou s'en
foncent. Parfois ces linges sont noués(9). Le "mal S1 Germain" désignait souvent le
rachitisme. Enfin, nous retrouvons dans la tradition orale un lieu commun de l'ha
giographie populaire : pour remercier les paysans qui l'avaient bien accueilli, saint
Germain fit jaillir une source en frappant le sol de sa crosse (cf. saint Lupicin).
Saint-Germain, fontaine Saint-Germain
(Photo G. Focant)
SAINT HILAIRE À TEMPLOUX
Saint Hilaire est le patron de l'église de Temploux, une des plus anciennes
paroisses de la région namuroise (les vocables Hilaire ou Martin s'attachent tou
jours à des fondations qui remontent à l'origine du christianisme dans nos régions).
Devant la chapelle de l'ermitage fondé au XVIe siècle se trouvait une fontaine
presque disparue de nos jours. On venait y prier pour la guérison de la paralysie
appelée "mal S' Hilaire".
SAINT LAMBERT À ÉMINES
Évêque de Maestricht puis de Tongres, saint Lambert devint l'illustre patron
de Liège après y avoir été assassiné vers 705. Il fut très tôt vénéré comme un
martyr et, sur toute la surface de la Wallonie, de nombreuses églises lui seront
consacrées (78 paroisses !).
À Émines, la tradition rapporte qu'un oratoire dédié à saint Lambert existait déjà
au XIe siècle. Non loin de l'église, au lieu-dit "Trieu des gouttes" se trouve la
(9) La médecine populaire part souvent du principe qu'il faut transférer la maldie vers un objet. Le malque contient le vêtement sera donc symboliquement noué et renfermé ; il ne pourra donc plus s'échapper et faire souffrir l'enfant, (la même notion de transfert est à la la base du rite appliqué à nos
anciens arbres à clous où les malades "fixaient" leurs maux).
109
chapelle Saint-Lambert
à côté de laquelle on
découvre la fontaine
avec ses deux bassins
rectangulaires : ceux-ci
s'ouvrent au niveau du
sol et un escalier per
met aux pèlerins de
descendre puiser l'eau,
(comme à Malonne,
celle-ci est devenue
"non potable" !). L'en
semble fut récemment
restauré et la proces
sion fixée au dimanche
suivant le 17 septembre
attire à nouveau de
nombreux fidèles. Sur
nommé "S* Lambert
des gouttes", le saint
est évidemment invoqué pour la guérison du rhumatisme des jambes ("et aussi des
bras" m'a t-on dit...). Comme souvent dans les anciens lieux de culte, certains
pèlerins effectuent par trois fois le tour de la chapelle en priant.
Emines, la chapelle Saint-Lambert et les deux bassins de la fontaine.
(Photo J. W.)
SAINT FRÉDÉGAND À MOUSTIER-SUR-SAMBRE
Rue des Nobles, à Moustier, se dresse la chapelle Saint-Frédégand. Un sen
tier longeant le bâtiment conduit à une source autrefois réputée miraculeuse. Mal
heureusement, la fontaine est fortement dégradée et l'accès en devient malaisé.
Voilà sans doute la raison qui explique qu'une ample réserve de cette eau a été
disposée dans un réservoir situé face à l'autel S'-Frédégand dans l'église paroissia-
le(10).
L'histoire nous apprend que l'abbaye de Querquelodora à Deurne, près d'Anvers,
fut fondée au VIIe siècle par un moine irlandais appelé Frédégand. Après les rava
ges causés par les Normands en 836, les moines de Deurne se seraient réfugiés à
Moustier avec les reliques de leur fondateur01'.
Les parents venaient solliciter S1 Frédégand pour guérir leurs enfants du "carreau",
c'est-à-dire la tuberculose intestinale et également pour obtenir la guérison de fai
blesses motrices du jeune âge. Le culte des reliques ainsi que les guérisons obtenues
à la fontaine attirèrent à Moustier, dès le XIIIe siècle, de nombreux pèlerins, (en
1290, le pape Nicolas V accorda des indulgences aux visiteurs des reliques). Il
semble que toutes ces allées et venues favorisèrent le commerce local et ne furent
pas étrangères au développement de la bourgade. Ayant lieu initialement le diman
che de la trinité, la procession sort actuellement le dimanche suivant le 17 juillet,
jour de la fête de sint Frégô...
SAINT FIRMIN À BONNEVILLE
Premier évêque d'Amiens, saint Firmin fut martyrisé sous l'empereur Dio-
clétien vers l'an 100 de notre ère. Depuis le XVIIe siècle, la paroisse de Bonneville
(10) L'enquête fut effectuée en 1990 mais nous venons d'apprendre que les autorités communales de
Jemeppe ont inauguré dernièrement la fontaine rénovée.
(11) Au sujet des variantes relatives à la vie de saint Frédégand, voir le G.W. 1989, p. 116-117 et 1990 ,p. 55-56.
110
possède une relique de S1 Firmin ainsi qu'une fontaine miraculeuse. Une confrérie
en l'honneur de ce saint est attestée depuis 1642. Le pèlerinage à saint Firmin et la
procession a lieu chaque année le premier dimanche suivant le 25 septembre (date
officielle de la fête). La fontaine est située à quelque distance de l'église dans la
rue principale du village. Protégée par une grille, elle se trouve à l'entrée d'un
oratoire construit en briques et abritant une statue du saint ainsi qu'un modeste
autel entouré d'ex-voto. L'ensemble est fort bien entretenu.
Le mal S' Fremin (ou feu S' Frumgî) désignait jadis un mal dont les symptômes
consistaient en brûlures qui furent assimilées à la gangrène ou encore à l'ergotisme
(appelé en certains lieux "feu saint Antoine". Cependant, ici encore , la dévotion
a évolué puisqu'on s'adresse à saint Firmin pour guérir des nerfs et les rhumatis
mes.
Lives, le puits Saint-Quentin vers 1950
(Coll. B. Galand)
Boneville, fontaine Saint-Firmin
(Photo J. W.)
SAINT QUENTIN À LIVES-SUR-MEUSE
Apôtre des Gaules sur lequel nous possédons peu d'informations, Quentin
aurait subi le martyr à Amiens vers 287.
L'église de Lives, qui lui est dédiée, fut autrefois un lieu de pèlerinage fort fréquen
té. Ce dernier avait lieu au mois d'octobre, le jour de la fête du saint patron de la
paroisse. Cette célébration, appelée "Pardon de saint Quentin" était l'occasion
d'une véritable foire commerciale. Les marchands ambulants affluaient et propo
saient aux pèlerins nourriture et boissons ainsi que des articles de mercerie. Les
visiteurs priaient dans l'église puis se rendaient à une fontaine voisine pour y préle
ver de l'eau.
Située au centre du village, rue de la Roche à l'Argent (anciennement rue des
Fonds), le puits a aujourd'hui disparu. Il fut supprimé et l'endroit fut englobé dans
une nouvelle habitation mais les anciens habitants du village s'en rappellent enco
re...02'
Nous n'avons pas pu trouver des renseignements sur la "spécialité" curative attri
buée à la fontaine S'-Quentin mais, en d'autres lieux de Wallonie, Quentin était
fréquemment invoqué contre l'hydropisie, la coqueluche et les maladies infantiles.
(12) Nous remercions M. Bernard Galand de Lives qui nous a aimablement procuré cette ancienne photo
du puits S'-Quentin.
111
SAINTE BEGGE À ANDENNE
Sœur de sainte Gertrude et mère de Pépin de Herstal, sainte Begge vécut
au VIIe siècle. Devenue veuve, elle se consacra à Dieu et se retira à Andenne où
elle fonda un monastère. Ce dernier devint plus tard un chapitre de chanoinesses
nobles qui assura longtemps la prospérité de la ville.
Très vite après sa mort, Begge fut vénérée comme une sainte et son tombeau
devint un lieu de pèlerinage fort fréquenté. On l'invoque pour la guérison des
hernies et pour la préservations des maladies infantiles. La visite du "tombeau" de
sainte Begge, qui se trouve dans la nef gauche de la collégiale, se déroule suivant
un rituel particulier. Les mamans y conduisent leurs petits enfants qu'elles font
marcher (ou ramper) autour de la colonnette centrale qui supporte une dalle en
marbre noir, (la distance entre la dalle et le sol est de 37 cm !). Ce cérémonial
étrange destiné à attirer la protection de la sainte sur les enfants qui marchent
difficilement se pratique encore aujourd'hui comme en témoignent les ex-voto dé
posés régulièrement sur la balustrade (chaussons, vêtements d'enfant, photos, etc).
On trouve également, au fond de la place du Chapitre, la fontaine Ste-Begge qui
déverse son eau dans trois bassins consécutifs aménagés dans le sol. La construction
remonterait au XVIIe siècle. Le mufle de lion d'où jaillit l'eau est surmonté d'une
courte colonne de type toscan supportant une niche grillagée abritant une statue en
plâtre de la patronne d'Andenne, (la statue originale en bois disparut voici une
dizaine d'années !).
Collégiale d'Andenne, le rituel du tombeau de sainte Begge
(Photo C. Denis)
Les qualités minérales de l'eau de cette fontaine sont réputées. De plus, elle possè
de la particularité de rester à la température constante d'environ 10°. De nos jours,
si les pèlerins ne puisent plus l'eau pour guérir les maladies de leurs enfants, si les
112
lavandières ont disparu, la fontaine a ce
pendant conservé une excellente réputa
tion : bon nombre d'Andennais viennent y
faire leur provision d'eau potable sans ou
blier... le lavage régulier des voitures !(13>
SAINT MORT À MOZET
Sur le territoire de cette commune,
au voisinage de la ferme de Baseilles, il
existe une fontaine dite de S'-Mort. La lé
gende rapporte que S' Mort voulut venir en
aide à la population de Mozet qui souffrait
de la disette d'eau. Il planta son bâton dans
la grande prairie de Baseilles et une source
jaillit, (cf. Lustin, Saint-Germain...). Au
trefois, les malades se servaient de cette
eau pour soulager leurs infirmités. (
L'appellation de cette fontaine, "explique
François Jacques, s'explique par le fait que
le curé de la paroisse de Saint-Mort, à
Huy, touchait la dîme sur les terres de la
censé de Baseilles<14).
SAINT BIÉTRUMÉ À BRICNIOTAndenne, fontaine Sainte-Begge
(Photo J. W.)Sur la route menant de Saint-Ser-
vais à Rhisnes, au pied de la ferme de
Bricniot et face à la grotte de N-D de Lourdes, existait jadis une petite source dont
l'eau était amenée dans le Houyoux voisin par une canalisation. On l'appelait au
trefois fontaine S'-Biétrumé (nom wallon de Barthélémy) et, d'après Eugène Del
Marmol(15), les serruriers et les couturières de Namur s'y rendaient lors de la fête
de leur patron respectif. L'eau permettait de soigner les fièvres. Aujourd'hui, la
canalisation existe toujours mais le souvenir du culte à S' Biétrumé s'est définitive
ment perdu.
Afin d'être le plus complet possible (si faire se peut... ) nous mentionnerons
encore l'existence d'une fontaine Ste-Geneviève à Florée dont l'eau soignait l'impé
tigo ainsi que la fontaine dite de Cratche à Sorinne-la-Longue destinée à soulager
les maladies des yeux. D'autre part, à Yvoir, la fontaine dite de Bruya était censée
fournir une eau dotée d'excellentes vertus curatives(I6).
(13) La procession historique de S" Begge, qui avait lieu autrefois le dimanche suivant le 7 juillet, se
déroule aujourd'hui le second dimanche de septembre. Quant à la fontaine de l'Ours, elle est située
en un autre endroit de la ville (place de la Fontaine) contrairement à ce que semblent croire les
commentateurs des Albums de Croy, t. XIV : Comté de Namur I, Bruxelles, 1986, p. 84, pi. 27.
(14) Au sulet du culte de ce saint, nous renvoyons le lecteur à l'étude très complète de François JAC
QUES, Saint Mort, sa vie, ses reliques, son pèlerinage, Haillot, 1971.
(15) La légende de saint Biétrumé, le valet de la ferme de Bricniot qui offrait chaque jour son pain aux
malheureux, fut rapportée par E. DEL MARMOL qui précise que Biétrumé avait pris l'habitude
d'aller se reposer près de la fontaine qui prit ensuite son nom, (Annales de la Soc. arch. de Namur
t. IX, 1865-1866, p. 307-308).
(16) Nous remercions vivement notre confrère Jacques Lambert de nous avoir communiquer ces dernières
informations.
113
Faut-il tirer les conclusions de cet éventail de sources merveilleuses ? Il serait
vain de parler de superstition car l'homme de la fin du XXe siècle aurait beau jeu
de railler une époque (pas si lointaine) où les balbutiements d'une médecine tâton
nante n'était pas capable d'aider les humains dans leurs peines et leurs douleurs.
Les saints protecteurs et guérisseurs étaient alors tout désignés pour intervenir
avec leurs cortèges de rites et de pratiques magiques. Usages séculaires venus du
fond des âges et transmis de génération en génération... la vertu naturelle de l'eau
fut associée au pouvoir du saint. Dans la plupart des cas, l'espérance ne représente-
t-elle pas déjà une étape vers la guérison ? Enfin, on pourrait sans doute méditer
longuement sur la prétendue naïveté de nos aïeux car... boire un verre d'eau... si
ça n'faît pont d'bin, ça n'frè todis pont d'mau{17).
Jacques WILLEMART
SOURCES BIBLIOGRAPHIQUES
Acta Sanctorum des jésuites belges Bollandistes, Bruxelles, 1940.
CHALON J., Fétiches, idoles et amulettes, 2 vol. Saint-Servais, 1920-1922.
DELFORGE TH.J., Les saints populaires de Wallonie, Gembloux, 1977.
DEPICKER K., GÉNICOT L.F., HANOSSET Y., Anciennes sources d'eau de noscampagnes, coll. Héritages de Wallonie, Liège, 1990.
DE WARSAGE R., Calendrier populaire wallon, Bruxelles, 1920.
La médecine sans médecin, Liège, 1933.
ENGLEBERT O.,La fleur des saints, Paris, 1984.
FIVET J., Les saints familiers du pays de Namur, Namur, s d.
JACQUES F., Saint Mort, sa vie, ses reliques, son pèlerinage, Haillot, 1971.
LASSANCE W., Sources merveilleuses d'Ardenne, dans Maugis, n° 9, Vresse-sur-Se-
mois, 1990, p. 2-7.
LEGROS E., Les maladies portant le nom du saint guérisseur, dans Enquêtes du Musée
de la Vie Wallone, t. 5, 1948, p. 90-119 et t. 6, 1951, p. 71-104.
Piété populaire en Namurois, collectif, Crédit Communal, Namur, 1989.
ROUSSEAU F., Légendes et coutumes du pays de Namur, Bruxelles, 1971.
Saint Gérard de Brogne, publication du millénaire, collectif, Saint-Gérard, 1959.
Revue Le guetteur wallon, Namur, depuis 1924.
(17) Notre relevé étant sans doute incomplet, nous prions les lecteurs du G.W. de bien vouloir nous
informer des fontaines merveilleuses de l'arrondissement de Namur qui auraient été oubliées.
114
DIALECTE
LES ANIMAUX
DANS LES EXPRESSIONS IMAGÉESET LES PROVERBES NAMUROIS
Le texte qui suit a été rédigé à l'occasion d'un colloque d'Histoire et de Folklore qui fut
organisé conjointement par la Fondation Marinus, l'Asbl "Musée des Traditions Namuroises"
et la Société Royale Sambre et Meuse - le Guetteur Wallon, le samedi 5 mai 1990.
Ce colloque eut Heu à la caserne de Terra Nova (Citadelle de Namur) et avait pour thème :
"Des animaux et des hommes. Aspects symboliques, historiques et folkloriques".
Il m'a été proposé de parler des animaux dans les expressions imagées et les proverbes namu-
rois. Tâche agréable s'il en est, qui m'a permis d'approfondir ma connaissance du "Lexique
Namurois" de Lucien LÉONARD, et d'en extraire quelque quatre-vingts expressions bien dechez nous dont les acteurs principaux sont des animaux.
Il en résulte un exposé court et sans prétention scientifique qui gagne a être lu à haute voix,
puisque destiné, au départ, à être dit.
Alors, piquez-vous au jeu, et mettez dans votre lecture des locutions wallonnes toute l'expres
sion qu'elles vous suggéreront !!!
CD.
Depuis la nuit des temps, l'homme et l'animal se côtoient.
Ami ou ennemi, utile ou nuisible, visible ou invisible, l'animal accompagne l'hom
me dans ses activités quotidiennes.
Il est présent dans la maison, dans les champs et les bois, dans les rivières, dans le
ciel ou sous terre.
Quadrupède, volatile, insecte ou poisson, il a son physique, ses habitudes, ses
qualités et ses défauts.
Quoi de plus naturel donc que l'homme, cet animal "raisonnable", l'ait observé et
utilisé pour imager son langage ?
Notre langue wallonne, avec sa truculence, sa justesse de son, ses résonnan-
ces pointues, rend aussi son expression plus vraie, plus sensible.
Si je vous dis, par exemple, que Ernest est gros et que sa femme est maigre,
bien sûr, vous me comprendrez, vous connaîtrez leurs caractéristiques physiques
principales. Mais, si je vous dis que : "/' Nèsse est craus corne on tassori" ou
"corne on tiquèt" et que "s' feume est mwinre corne on sorèt et qu'èle a dès
massales corne dès fesses di gâte", vous les imaginerez, vous les verrez presque :
elle, fine, sèche, le visage émacié, les joues creuses, les mâchoires saillantes...
comme des fesses de chèvre.
Vous le verrez, lui, obèse, se déplaçant avec difficultés, se traînant dans les buis
sons comme le blaireau. Ou vous saurez que, comme la tique, il se gave jusqu'à
tomber là, repu, prêt à éclater.
Je peux dire de quelqu'un qu'il est intelligent, mais si je vous dis qu'"i/ est dispièrtè
corne on cizèt", ne le percevrez-vous pas mieux : à l'affût de tout ce qui se passe,
toujours en mouvement pour préciser sa découverte, n'aurez-vous pas l'impression
de l'entendre siffloter, heureux de sa liberté d'action, de son ouverture d'esprit ?
115
De cette observation fine des mœurs animales et de la vie de la nature est
donc né un langage imagé, fleuri, je dirais presque fleurant, qui s'exprime dans les
proverbes, les dictons, les "spots" comme on dit chez nous.
Je ne pourrai, bien sûr, reprendre toutes les expressions namuroises faisant
intervenir les animaux.
Je ne pourrai aborder tous les domaines dans lesquels ces expressions se retrou
vent. Je vais donc, en en épinglant certaines, essayer de nous replonger dans le
contexte de vie de nos parents, de nous rappeler leurs préoccupations, leurs croyan
ces, de vous faire apprécier leur verve et la richesse de notre wallon.
Il faut vous dire que, dans notre namurois, jusqu'il n'y a pas si longtemps,
l'activité économique principale était basée sur l'agriculture, les travaux de la fer
me, l'élevage.
Nos parents avaient donc besoin des animaux, bien plus que maintenant.
Ils en avaient besoin pour se nourrir, bien sûr.
Ils en avaient besoin pour les aider aux travaux des champs, à la garde du bétail.
Ils en avaient besoin pour prévoir le temps qu'il ferait le lendemain, ou même dans
l'heure qui vient.
Prévoir le temps, par exemple :
Actuellement, nous écoutons avec attention les prévisions de "Monsieur Météo".
Nous savons donc que "la journée sera belle", et que l'on pourra mettre sécher le
linge dehors et épargner le coût d'un séchage en machine.
Nous apprenons avec déception que "le week-end sera pluvieux" et que nous ne
pourrons pas faire avec nos enfants la balade envisagée.
Nous décidons même, bien longtemps à l'avance, de la période et de l'endroit où
nous passerons nos vacances.
Mais... dans le temps..., l'homme vivait beaucoup plus au rythme de la nature, il
en était presque totalement dépendant. Il faisait donc lui-même ses prévisions mé
téorologiques. Je vous explique, le système est très simple :
On observe le temps qu'il fait, ou le changement de temps qui s'est produit. Paral
lèlement à cela, on observe les réactions des animaux.
Et, si ces comportements se reproduisent plusieurs fois dans les mêmes conditions
climatiques, on en déduit que : "... il va pleuvoir... "
Mais oui, regardez :
"O r pâture, lès vatches si rachonenut"
(Dans les champs, les vaches se rassemblent)
"Au poli, les pouyes si spèpîyenut et si vanenut"
(Au poulailler, les poules s'épouillent et se roulent dans la poussière)
"Lès rin.nes cwâkèlenut et sôtenut foû d' l'êwe"
(Les rainettes coassent et sortent de l'eau)
"Lès péchons potchenut foû d' 7'êwe"
(Les poissons sautent hors de l'eau)
Ecoutez aussi :
"JL* loûdène et V rôtia tchantenut catchis ou à têre"
(Le rouge-gorge et le roitelet chantent, cachés ou tapis sur le sol)
"Lès cwârbaus cwâkenut, i crîyenut à l'êwe"
(Les corbeaux croassent, ils appellent l'eau)
Observez :
"Lès-aragnes faîyenut leûs twèles plates"
(Les araignées fabriquent leurs toiles horizontalement)
116
BIBLIOGRAPHIE HISTORIQUE
DE LA PROVINCE DE NAMURpour l'année 1990(1)
ABREVIATIONS
ACN
Arch
Arch méd
Ard W
ASAN
BAM
BAMC
CCC
CHW
DHGE
FI
FT
GW
H
IG
M Ard
MBS
NP
Parch
PD
PN
PRS
RB
RAHAL
S
SB
VA
VN
Les Amis de la Citadelle (Namur)
Archéologie. Chronique semestrielle pour l'archéologie en Belgique
(Bruxelles)
Archéologie médiévale (Bruxelles)
Ardenne wallonne (Givet)
Annales de la Société archéologique de Namur
Bulletin des Amis de Montaigle (Falaën)
Bulletin des Amis du Musée de Cerfontaine
Cercle culturel cinacien
Cortil-Hambraine-Wodon. Histoire et Histoires (Hanret)
Dictionnaire d'Histoire et de Géographie ecclésiastiques (Paris)
Florinas
En Fagne et Thiérache (Presgaux)
Le Guetteur wallon (Namur)
Helinium. Revue consacrée à l'archéologie des Pays-Bas, de la
Belgique et du Grand-Duché de Luxembourg (Wetteren)
L'Intermédiaire des Généalogistes (Bruxelles)
De la Meuse à l'Ardenne (Lavaux-Sainte-Anne)
Mémoires de la Basse-Sambre (Auvelais)
Notae praehistoricae
Le Parchemin (Bruxelles)
Pays de Dave
Pays de Namur
Au Pays des Rièzes et des Sarts (Cul-des-Sarts)
Revue bénédictine (Bruxelles)
Revue des archéologues et historiens d'art de Louvain
Scriptorium. Revue internationale des études relatives aux
manuscrits (Bruxelles)
Sousterranea Belgica (Bruxelles)
La Vie archéologique. Bulletin d'information trimestriel de la
Fédération des archéologues de Wallonie (Bruxelles)
La Vie numismatique (Bruxelles)
(1) Cette Bibliographie ne prétend pas être exhaustive (des publications nous ont sans doute échappé
pour diverses raisons ; nous espérons pouvoir les mentionner dans une prochaine bibliographie).
N.B. : Nous n'avons pu prendre connaissance de tous les fascicules des revues Archéologie et La Vie
archéologique, portant les millésimes 1989-1990.
/. TRAVAUX GÉNÉRAUX
1. BIBLIOGRAPHIE
J. BOVESSE, Bibliographie historique de la province de Namur pour l'année 1988.
GW, t. 66, 1990, n° 1, p. IX-XVI. Bibliographie... pour Vannée 1989. Ibidem, n° 4,
1990, p. I-VIII.
P.VERHAEGEN, Essai de Bibliographie relatif à huit anciennes communes du Nord-
Est de Namur. Béez, Boninne, Bouge, Champion, Cognelée, Gelbressée, Marche-les-
Dames et Marchovelette. Boninne, 1990.
2. ARCHIVES ET DOCUMENTATION
F. JACQUET-LADRIER, Répertoire de la collection d'imprimés réunie par Jules Bor-
gnet et Fernand Golenvaux. (XVIP-XXe siècles). Bruxelles, 1989, 2 vol.
3. GÉOGRAPHIE HISTORIQUE
Ch. BOUCHAT, La Sambre et sa vallée (3e partie et fin). MBS, t. 7, 1990, p. 43-68.
4. HISTOIRE MILITAIRE
A. BAUCHE et G. HEYNEN, Mai 1940. Les derniers combats de VEntre-Sambre-et-
Meuse. 2e CA (5e DIM) et 4e DLC. Cerfontaine, 1990.
5. HISTOIRE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE
J. MARTIN, Les Templiers et les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem dits de Malte
dans la province de Namur. GW, t. 66, 1990, p. 117-133.
D. LETURCQ, Les expositions des produits manufacturés du département de Sambre-
et-Meuse (Ans VI-XI). M Ard, t. 11, 1990, p. 49-61.
6. HISTOIRE RELIGIEUSE ET ARTISTIQUE
RPJ, Les abbayes de moniales de l'ordre de Cîteaux dans le vallon mosan. Parch, n° 266,
mars-avril 1990, P. 129-135 (Salzinnes, Marche-les-Dames).
Monastères bénédictins et cisterciens dans l'album de Croy (1595-1611). RB, t. C, 1990,
Boneffe, Brogne, Hastière, Le Jardinet, Marche-les-Dames, Moulins, Mozet, Salzinnes-
Namur.
L. HIERNAUX, Meuse et pays mosan dans la vie et dans l'œuvre de François Roffiaen
(1820-1898), artiste peintre. ASAN, t. 66, 1990, p. 299-328 - Notamment Namur, Di-
nant, Hastière et Waulsort.
7. DIVERS
A.DULIÈRE, Amitiés namuroises. Dix épisodes peu connus de la petite histoire (1577-1945). Namur, 1990 - Passage à Namur de la reine Margot, 1577 — Retraite de Russie
(1813) - Passage de Michelet dans la vallée de la Meuse, 1840, 1846 — Rencontre de
Napoléon III et du petit-fils d'Adolphe Borgnet (1870) - Passage de Poincaré à Namur
(1870) - Mère de Marguerite Yourcenar (1872-1900) (Suarlée) - Albert et Jean-Paul
Dandoy, fin 19e siècle - Charles de Gaulle au pays de Trignolles (1914) - Maredsous,
1933 - Soldats de Remagen, 1945.
II
Malonne
J. HOCKAY, Vivre à Malonne (1680-1706). Namur, 1990.
Marche-les-Dames
Voir I, 6.
Marchovelette
Voir I, 18.
Maredsous (Denée)
Voir I, 7.
Mariembourg
Voir I, 8.
Montaigle (Falaën)
Musée. Travaux, etc.. BAM, n° 59-60, 1990.
Ph. MIGNOT, La fortification romaine de Montaigle. Bilan provisoire. BAM, n° 61/62,
3e et 4e trim. 1990, p. 5-20.
L. HIERNAUX, La fédération archéologique et historique de Belgique à Namur en
1886 et 1903. BAM, n° 61/62, 3e et 4e trim. 1990, p. 21-24.
L. HIERNAUX, À propos d'un fait divers surprenant relatif à Montaigle, dans les notes
de l'abbé Bruyr, curé de Sossoye de 1910 à 1935. BAM, n° 59/60, p. 5-16 - Tableau des
ruines. Famille Thirion ...
Morialmé
P. HARLEPIN-SEMESRT, Les "familles souches" de Morialmé. IG, n° 267, mai/juin
1990, p. 173-174.
Moulins (Warnant)
Voir I, 6.
Moustier-sur-Sambre
Mme DUFAUX, À propos du culte de saint Frédégand. GW, t. 66, 1990 p. 55-56
(cfr 1989, p. 116).
Mozet
Voir I, 6.
Namur
Namur. L'Hospice Saint-Gilles. Fouilles du service des fouilles de la région wallonne et
de la ville de Namur. Namur, 1990.
Ph. BRAGARD, Le château des comtes de Namur. Autopsie d'une forteresse médiéva
le. Namur, 1990.
V. BRUCH, Évolution de la fortification militaire sur le Champeau. ACN, n° 51, juin
1990, p. 1-44.
J. BOVESSE, La commémoration à Namur en 1929 de la Bataille des Éperons d'Or(1302). GW, t. 66, 1990, p. 33-53. - Jean Ier, comte de Namur.
L. BARBIER, La prise de Namur. 1746. La prise d'un fort de cette ville sous les ordres
de Monsieur le marquis de Crillon. ACN, n° 52 septembre 1990, p. 52-54.
Voir I, 7.
L. BARBIER, Les fortifications de la ville de Namur et de sa citadelle. 1815-1830.
ACN, n° 51, juin 1990, p. 36-40.
O. MARÉCHAL-PELOUSE, Quelques aspects de la mentalité de Namur de 1909 à
1914 (suite). GW, t. 66, 1990, p. 16-27.
A. de POTTER, À Namur en 14-18. GW, t.66, 1990, p. 55-56.
C. DEBELLE, L'exode. GW, t. 66, 1990, p. 100-102 - 1940.
O. MARÉCHAL-PELOUSE, Une aventure raisonnée. GW, t. 66, 1990, p. 103-106, à
suivre - Journal de guerre de Madeleine de Wasseige, 1940.
M. ARNOLD, Namur en 1940, Confluent, n° 180, mai 1940, p. 24-30 (cfr n° 181, juin/
juillet 1940, p. 9).
VII
J. FILÉE, La citadelle de Namur en août 1914. ACN, n° 50, mars 1990, p. 4-5.
J. BAUDHUIN, La citadelle de Namur durant l'été de 1940. ACN, n° 51, 1990,
p. 34-35.
A. JACQUES et A. PROUVEUR, L'histoire des moulins à Namur aux XIXe et XXe
siècles. Namur, 1990.
L. SERCK, Conclusions d'un examen dendrochronologique des peintures Henri Blés
conservées à Namur. ASAN, t. 66, 1990, p. 249-256.
M. RONVEAUX, Petite histoire de la musique à Namur. Namur, 1989.
M. ARNOLD, Petite histoire du cinéma à Namur. 1900-1990, Namur 1990.
M. A. MORIAMÉ, Toiles et mobilier de la cathédrale Saint-Aubain. Un trésor tropsouvent méconnu. ACN, n° 52, septembre 1990, p. 53-57.
Hospice Saint-Gilles. L'Hospice médiéval sort du sous-sol namurois. Conf, n° 182, sep
tembre 1990, p. I-XI.
L. BARBIER, Une étrange affaire ou le procès du magistrat de Namur contre Jean-
François Labar, pasteur du Grand-Hôpital (1775-1776). ACN, n° 53, décembre 1990,
p. 82-85.
L. BARBIER, Les hôpitaux militaires et les hospices de Namur sous le Régime français.
ACN, n° 50, mars 1990, p. 11-14.
R. DEJOLLIER, Les rues de Namur. Namur, 1990,
D. FRANÇOIS, Deux portes sur la Sambre. ACN, n° 53, décembre 1990, p. 81.
L. GOCHEL, Un canon napoléonien fondu à Liège pour la citadelle de Nmaur. ACN,
n" 53, décembre 1990, p. 97.
J. TOUSSAINT, Dames de trictrac, à empreintes de médailles des XVIIe et XVIIIe s.
conservées à Namur. RAHAL, t. 21, 1988, p. 117-133 - Paru en 1989.
Voir II, Salzinnes.
blocnotesrue de l'ouvrage, 14 Namur
PAPETERIE PHOTOCOPIES
VIII
Mais si le temps se met au beau :
"Èles faîyenut leûs twèles drwètes"(Elles construisent leurs toiles verticalement)
"L'loûdène et V rôtia tchantenut su l'aube"
(Le rouge-gorge et le roitelet chantent perchés sur l'arbre)
"Lès maltons n' rutîyenut nin"
(Les bourdons se déplacent sans grand bruit)
Chaque bièsse a s'-t-instinct !!!
(Chaque bête a son instinct)
Va dire ça à on tch'fau d' bwès, i t' piterè !
L'homme aussi d'ailleurs, et l'instinct premier est, sans nul doute : la survie.
Et pour assurer sa propre survie, l'homme doit, bien évidemment, assurer celle de
ses bêtes. Il fera donc sienne la maxime suivante :
"U cia qui sogne ses bièsses, sogne si boûsse"
(Celui qui a soin de ses bêtes, a soin de sa bourse)
Et il prendra soin de ses bêtes en pensant que :
"Lès pouyes ponenut pau bètch"
(Les poules pondent par le bec = le rendement dépend de la nourriture)
"Ci n'est nin avou dol clére êwe qu'on-z-ècrache lès pourcias"
(Ce n'est pas avec de l'eau claire que l'on engraisse les cochons)
"Li bin qu'on fait à s' couchèt, on V ritrouve au laurd"
(Le bien que l'on fait à son cochon, on le retrouve dans le lard)
117
Qui dit survivre, dit : se nourrir.
Ainsi, aux enfants qui rechignent devant leur assiette, on dira :
"On bon couchèt n'est nin nareûs di s' batch"
(un bon cochon n'est pas dégoûté de son auge = il est heureux avec ce
qu'il a)
ou... appréciant un bon repas :
"On sint bin qui V couchèt î a trimpè ses pâtes"
(On sent bien que le cochon y a trempé ses pattes = ... que le potage est
à base de viande)
On sera fier de son troupeau et de sa production car...
"Èwou qui F vatche met s' pîd, i fait bon mougnî"(Où la vache met le pied, il fait bon manger = là où on produit lait,
beurre, crème, ...)
Mais malheureusement :
"Si gn'a one mwaîje ièbe aus tchamps, c'est sovint à V bone bièsse qu'èle
tenait"
(S'il y a une herbe malfaisante, c'est souvent la meilleure bête qui la
mange)
L'homme a également besoin de l'animal pour l'aider dans son labeur, et
l'animal le plus utile dans ce domaine est certainement le cheval. C'est sans doute
pourquoi on le retrouve dans de nombreuses expressions concernant le travail.
En parlant d'une personne qui accomplit la plus grosse part de la besogne, on dira :
"C'est lèye H tch'fau d'ovradje"
(C'est elle le cheval d'ouvrage)
Et s'il s'agit de gratifier un bon travailleur, on dira :
"II aurè one mèdaye di roncin"
(il recevra une médaille d'étalon (primé))
Bien sûr, à celui qui ne fait pas grand chose, on donnera :
"L' crwès qu'on done aus vis tch'faus"
(La croix que l'on donne aux vieux chevaux)
Un bon cheval fait l'orgueil de son propriétaire. Mais, comme dans le monde des
humains, si on peut le mettre à l'honneur et lui donner la place de confiance, il
devra en assumer les conséquences :
"C'est todi H tch'fau qui mwin.ne Vatèléye, qu'atrape lès côps di scorîye"
(c'est toujours le cheval qui mène l'attelage qui reçoit les coups de fouet)
Je vous l'ai dit, je n'aurai pas l'occasion de vous parler de tous les animaux
que j'ai rencontrés au fil de mes recherches. J'ai du faire des choix. J'ai déjà
évoqué le cochon, le cheval et quelques autres. Je ne voudrais cependant pas ou
blier : le chien.
Le chien est sans doute l'animal le plus proche de l'homme. Il fait partie de
la maison et participe aux événements familiaux presque au même titre que les
membres de la famille.
118
On l'évoque dans des circonstances très diverses :
"J'ai froid aux pieds" :
"Dj'a mes pîds corne dès grognons d' tchin"
(J'ai les pieds comme des truffes de chien)
"J'ai mal au dos" :
"Dj'a mau èwou qu'on bat lès tchins"
(J'ai mal où on bat les chiens)
On bat son chien, oui, mais... avec justice : il y a des mesures dans les châtiments :
"On bat bin s' tchin qu'on ne V tuwe niri"
(On bat son chien sans le tuer)
Car, en fait, on l'aime bien :
"Dji ne V sowaîtereûve nin à on tchin"
(Je ne le souhaiterais pas à un chien)
On ne voudrait pas lui donner un plat qui nous semble mauvais :
"Si on tchin aveut ça su s' kèwe, i court arèdjF
(Si un chien avait ça sur la queue, il s'enfuirait enragé)
II est vigilant, il a l'œil à tout et il a de la voix :
"II anonce corne on tchin d' cou"
(II aboie comme un chien de cour)
Tout jeune, on le sait désobéissant :
"/ n'a nin pu d' choûte qu'on djon.ne tchin"
(II n'écoute pas mieux qu'un jeune chien)
Mais, après des années de bons et loyaux services, on sait qu'
"On n'aprind nin à on vî tchin à-z-alè à V lâche"
(On n'apprend pas à un vieux chien à aller à la laisse)
Dans l'environnement immédiat de l'homme vit aussi un petit volatile sym
pathique : la poule.
La poule qui caqueté dans la cour de la ferme, ou qui s'ébat dans le verger jouxtant
la maison. La poule qui picore dans les fossés le long de la route, et qui nous offre
son œuf quotidien. La poule, avec ses habitudes, sa démarche, ses réactions, je
dirais presque ses "mimiques" tout à fait particulières.
La poule, elle aussi, a été pour nos parents source d'inspiration. Pour exprimer :
la joie :
"// est contint corne one pouye qui tchaît su on viêr"
(II est content comme une poule qui trouve un ver)
le faux-sérieux :
"II est sérieûs corne one pouye qui piche"
(II est sérieux comme une poule qui pisse)
l'anxiété, l'affairement :
"II est corne one pouye qu'a pierdu s'-t-ou"
(II est comme une poule qui a perdu son œuf)
ou encore l'empressement :
"Elle est prèsséye corne one covrèsse qu'è r'va d'ssu sès-ous"
(Elle est pressée comme une couveuse qui retourne sur ses œufs)
119
Et pour encourager celui qui fait son
possible :
"One pouye qui pond on-ou tos lès
djoûs, c'è-st-one bone pouye !!!"
(Une poule qui pond un œuf tous
les jours est une bonne poule)
Des occasions d'encourager, nous
en avons, heureusement. Mais il nous
arrive d'avoir plutôt envie de dire ce
que l'on pense vraiment de quelqu'un.
Et vous savez comme moi qu'il est des
vérités qui ne sont pas faciles à dire.
Alors, on le fait de façon détournée,
on fait des comparaisons. Et cela n'en
est souvent que plus éloquent.
Les expressions ne manquent pas, vous
allez vous en rendre compte :
de l'avare :
"II est corne lès couchèts, i n ' frè do
bin qu'après s' mwart"
(II est comme les cochons, il ne fera
du bien qu'après sa mort)
à l'impoli :
"Quand on pourcia scrît à s' frère,
il a T rèsponse tôt d' swîte"
(Quand un porc écrit à son frère, il
a la réponse tout de suite = son pro
cédé impoli le déconsidère lui-même)
à l'imprévoyant :
"Ci n'est nin quand on-z-a v'nu zwè-
pè V couchèt qu'i faut sondji à mète
H vèra"
(Ce n'est pas quand on est venu subtiliser le cochon qu'il faut songer à mettre
le verrou)
du bougon :
"I grûle todi corne on tchin d' tchèrète"
(II aboie toujours comme un chien de charretier)
au vantard :
"Lès vatches d'au Ion donenut todi brâmint do lacia"
(Les vaches qui viennent de loin donnent toujours beaucoup de lait)
"Va dire ça à on tch'fau d' bwès, i t' piterè"
(Va dire cela à un cheval de bois, il te frappera du pied)
du sans-souci :
"C'è-st-on maule d'agacé, il a todi bin V timps"
(C'est une pie mâle, il a toujours bien le temps)
à l'entêté :
"On pied s' savon à lavé V tièsse d'on baudet"
(On gaspille son savon en l'employant à laver la tête d'un âne)
One pouye qui pond on-ou tos lès djoûs,
c'è-st-one bone pouye !
120
Quand on pourcia scrît à s' frère, il a ï rèsponse tôt d' swîte...
"On baudet qui fait à s' mode, c'est V mitan di s' noûriture"
(Un baudet qui en fait à sa tête, c'est la moitié de sa nourriture = il est
déjà à moitié content)
du malpropre :
"I lût corne un fougnant"
(II reluit comme une taupe, tant la crasse l'enrobe)
"On bon mouchon n' tchît jamais dins s' nid"
(Un bon oiseau ne fiente jamais dans son nid)
de l'ivrogne :
"I r'chone lès canards : quand i veut l'êwe, il a swè"
(II ressemble aux canards, quand il voit l'eau, il a soif)
du flatteur :
"I fait V tchin po-z-awè dès ouchas"
(II fait le chien pour avoir des os = il flatte dans l'espoir d'une récompense)
du sournois :
"I stron.ne H pouye sins V fè criyF
(II étrangle la poule sans la faire crier = il fait le mal en silence)
du débauché :
"II aurè one mèdaye di cûr avou on pourcia d'ssus"
(II recevra une médaille de cuir avec, dessus, un cochon = sa conduite
sera stigmatisée comme elle le mérite)
du gros dormeur :
"/ ronfèle t-ossi fwârt qu'on couchèt qu'a ieû one caboléye à V bîre"
(II ronfle aussi fort qu'un cochon qui a reçu une ratatouille à la bière)
du coureur de jupons :
"Rintroz vos pouyes, vola V fayène !
(Rentrez vos poules, voilà la fouine !)
121
au fainéant :
"Dj'in'me ostant veûy on molon dins 1' farène"
(J'ai l'impression de voir un ver dans la farine)
Vous aurez remarqué que toutes ces expressions ont une connotation négati
ve. Il ne s'agit pas là d'un choix délibéré de ma part, mais bien du reflet de la
réalité. En effet, dans la somme des expressions traduisant des sentiments et faisant
références aux animaux, je n'en ai rencontré que très peu mettant en évidence des
sentiments positifs0'.
L'envie m'est venue, pour terminer, de vous conter une petite histoire :
"one paskéye".
Elle m'a permis de regrouper différentes expressions bien de chez nous, que j'ai
glanées, comme la plupart de celles que je vous ai déjà citées, dans le remarquable
"Lexique Namurois" de Lucien LÉONARD, qui, par sa richesse, a constitué lasource privilégiée de mes recherches.
CA S'A PASSÉ À L' CINSE ÈWOU QUI L' TCHIN BAT L' BÛRE AVOU S9KÈWE...(Vous en connaissez, vous, des fermes où le chien bat le beurre avec sa queue ?)
Que se passait-il donc, "à V cinse èwou qui V tchin bat V bûre avou s' kèwe ???"
Le fermier était "toûrmintè, co pire qu'one wèspe qu'a V eu spotchi". (il était plus
tourmenté qu'une guêpe qui a le cul écrasé)
Même Minouche, son chaton préféré, il l'a renvoyé : "va-z-è au viers, dit-st-i, il a
ploû !" (va-t'en aux vers, il a plu)
"/ tron.neut corne on tchin qui tchît." (il tremblait comme un chien qui se soulage)
Les voisins étaient "tortos corne dès pièrots qui sont r'tchèyus au fond d'leû nid".
(ils étaient tous comme des moineaux qui sont retombés au fond de leur nid = ils
n'en revenaient pas)
"I r'boleuve dès-ouy corne dès tchèts qui tchîyenut dins lès cindes." (leurs yeux se
dilataient comme ceux d'un chat qui se soulage dans les cendres)
Que se passait-il donc "à V cinse èwou qui V tchin bat V bûre avou s' kèwe ???
Les commentaires allaient bon train. "Ça coureut corne dès copiches", d'une mai
son à l'autre, (cela courait comme des fourmis)
On disait : "Li cinsi, gn'a s' baloûje qui grawîye co !"
(Le fermier a son hanneton qui tisonne encore = il a encore des idéesbizzares)
"I s' cotape co pire qu'on tchin tchôdè, ou corne on vier qu'a r'çu on
côp d'locet."
(Il se démène encore plus qu'un chien échaudé, ou comme un ver qui
a reçu un coup de bêche)
"// est corne on pèchon dins one djaube di strin"
(II est comme un poisson dans une gerbe de foin)
II attend quelque chose, certainement. Et ça, "i V ratind corne li tch'fau après
s't-awin'ne." (il l'attend comme un cheval attend son avoine)
Un ami, peut-être ?!! Mais non, "on vrai soçon, c'è-st-ossi rare qu'on blanc cwâr-
bau !!" (un véritable ami, c'est aussi rare q'un corbeau blanc)
Un héritage, alors ?!!
Tout de suite, les envieux : "I s7 crwèt djà li rwè dès vias, i n'est nin co li cia dès
pourcias". (il se croit déjà le roi des veaux et il n'est pas encore celui des porcs)
Les incrédules : "Lèyans pichi V mouton, c'è-st-one bièsse qui piche longtimps !!.*"
(laissons pisser le mouton, c'est un animal qui pisse longtemps = ne brusquons pas
les choses)
(1) Je remercie M. Patrick CORTES qui a accepté d'illustrer quelques-uns de ces proverbes.
122
Mais que se passait-il donc "à /' cinse èwou qui V tchin bat V bûre avou s'
kèwe ??7"
Le fermier avait les nerfs à vif : "il èsteut corne on nièrson qu'a stî brochetè au
r'vier". (il était comme un hérisson qui a été chevillé à l'envers)
On disait : il a reçu une mauvaise nouvelle, les affaires ne vont plus. Vous savez :
"Ci n'est nin todi H tch'fau qui mérite l'awin.ne que l'a." (ce n'est pas toujours le
cheval qui mérite l'avoine qui la reçoit)
"Li batch ritoûne co sovint su V pourcia" (le bac se renverse encore souvent sur le
cochon = il faut toujours envisager un échec)
"17 a r'batu V bouchon... on-ôte a pris V mouchon" (il a battu le buisson, un autre
a pris l'oiseau)
Ses espoirs sont déçus : "lès mouchons sont revoies" (les moineaux se sont envo
lés)
Mais que s'est-il donc passé "à V cinse èwou qui V tchin bat V bûre avou s'
kèwe ??r
Et bien, je dois vous avouer que je ne l'ai jamais su, et je crois que "nos V sau-
rans... quand lès pouyes ponront dès grusales !!! (nous le saurons quand les poules
pondront des groseilles !!!)
Vous aurez sans doute en cours de lecture eu envie, instinctivement, de
remplacer certaines de ces expressions wallonnes par des expressions françaises
équivalentes.
Il y a en effet des similitudes. Et quoi de plus normal, puisque, d'une part, les lois
de la nature, régissant le monde animal, sont universelles, mais aussi puisque force
nous est de reconnaître que, dans de multiples circonstances de la vie, les hommes
ont tendance à adopter les mêmes comportements, à réagir de façon similaire face
aux événements.
Il y a certainement un jeu d'influences réciproques entre les expressions wallonnes
et françaises ; jeu qu'il est bien malaisé de décoder car tout aussi bien les expres
sions voyagent, mais les usages changent également, et les règlements, scolaires
entre autres, interdisant l'usage du wallon ont certainement joué un rôle important
dans l'ignorance actuelle de nos racines dialectales.
Christine GOURDIN-DECOCK
LE GUETTEUR WALLON SOUHAITE A SES LECTEURS
UNE HEUREUSE ANNÉE 1992
123
VIE DE LA SOCIÉTÉ
UNE EXCURSION
À SAINT-TROND
Le Jeudi 18 juillet, une quinzaine de membres et quelques amis visitèrent ,
par une pluie diluvienne, l'exposition "Stof uit de kist" (Tissus du coffre), qui se
tenait à Saint-Trond, dans le musée provincial d'art religieux, c'est-à-dire dans
l'ancienne église du Béguinage, remarquablement restaurée. Ce qui permit d' admi
rer les fresques fort intéressantes qui en ornent les murs. Madame Yvonne Piquet,
membre de sociétés archéologiques diverses et guide francophone au service du
tourisme de la ville, nous pilota à travers cette exposition très technique qui consis
tait à mettre en valeur, après leur restauration par l'IRPA, une cinquantaine de
tissus précieux du VIe au XVe siècle. En effet, le doyen de Saint-Trond, l'abbé
Jean Rutten, avait découvert tout à fait fortuitement, en 1986, un grand coffre
dans son grenier. Celui-ci contenait des reliques authentifiées comme étant celles
des 11.000 vierges, "emballées" dans plus de deux cents morceaux de tissus pré
cieux. Ces reliques avaient été acquises à Cologne, au cours de la seconde moitié
du XIIIe siècle, par l'abbé de Saint-Trond, Guillaume de Rijckel, qui y voyait une
source de prestige supplémentaire pour l'abbaye dont il avait le gouvernement.
On admira les soieries, brocards et autres "samit" brodés ou tissés au fil
d'or, parfois d'une fraîcheur étonnante, venus de Byzance, d'Italie, d'Espagne, aux
motifs d' oiseaux, de chimères, de griffons affrontés ou adossés, de rinceaux, de
fleurs de lotus, d'armoiries... Des bonnets brodés de perles, un soulier de soie, des
bourses. L'exposition se voulait didactique : on put donc étudier des modèles
grand format reproduisant les minuscules trames des tissus, rendant perceptibles
les techniques de tissage, jusqu'aux défauts des métiers à tisser, facteur essentiel
d'identification des pièces. Un remarquable film vidéo sous-titré en français permit
de se rendre compte des techniques de restauration utilisées par l'IRPA.
Malheureusement pour nous, la présentation du contexte historique était en
néerlandais uniquement, de même que le catalogue. Voici un bref résumé des
circonstances dans lesquelles se constituèrent les collections et un rappel non moins
rapide du climat historique.
Tout d'abord, l'abbé de Rijckel et l'abbaye de Saint-Trond. C'est un person
nage bien connu (deuxième moitié du XIIIe siècle). De souche noble, il appartenait
au clergé impérial et avait exercé les fonctions de secrétaire et de chapelain du roi
des Romains, Guillaume de Hollande, auquel il dut sa nomination à Saint-Trond
en 1249. Lorsqu'il la prit en mains, l'abbaye était décadente, tant du point de vue
économique que moral. Il s'employa à restaurer le patrimoine et la ferveur religieu
se, lui épargnant le sort que connut Florennes, par exemple. C'est dans cette opti-
124
que qu'il fit venir de Cologne, les reliques des 11.000 Vierges afin de les offrir en
vénération aux pèlerins qui venaient prier saint Trudo et son compagnon, de les
donner aux hôtes de marque ou de les redistribuer dans d'autres lieux de culte.
La légende veut que les 11.000 Vierges aient accompagné sainte Ursule
dans son périple et que toutes aient été martyrisées à Cologne par les Huns (cf.
châsse de Memling, à l'hôpital Saint-Jean, de Bruges).
Leur culte devint très populaire après la découverte à Cologne au XIIIe s., au
cours de l'extension de l'enceinte urbaine, d'un cimetière romain dont on fit le lieu
de leur sépulture, ainsi que celles des prêtres et des chevaliers qui les escortaient.
L'abbé de Rijckel se trouvait dans une situation privilégiée pour obtenir des reli
ques, et s'y employa.
On réalise mal aujourd'hui l'importance des reliques dans la vie médiévale :
il émane des corps saints une force qui imprègne tout ce qui les approche. D'où
leur abondance dans les sanctuaires, le luxe qui les entoure, les âpres rivalités dont
elles sont l'objet, leur vol (cf. le vol de saint Marc par les Vénitiens). "Pour une
église, posséder une relique prestigieuse était à la fois un gage de prospérité écono
mique (avec les pèlerins affluent les dons en terres, les gemmes, le métal précieux
aussitôt converti en reliquaires) et une protection miraculeuse contre l'incendie ou
la cupidité des seigneurs laïques"(1).
Enfin, parmi les objets précieux, il y a les tissus qui les touchent directement
et se doivent d'être, même s'ils sont de petite taille, les plus prestigieux possible.
Chaque fois qu'on ré-authentifie les reliques, il faut ajouter des étoffes (ce qui
explique une date relativement récente : le XVe).
Tous ces tissus sont en soie venue de Chine, soit par caravanes à travers les
steppes de Mongolie, par Samarcande notamment, soit par mer jusqu'au fond du
golfe Persique ou de la mer Rouge. Tissée en cours de route mais le plus souvent
à Byzance, ou en Espagne et en Sicile, aux confins des mondes chrétien et musul
man. Deux routes terrestres partaient de la mer Noire vers l'Allemagne et se rejoi
gnaient à Budapest via Sofia et Belgrade pour celle du Sud, Bucarest et Debrecen
pour celle du Nord. Puis Vienne et la redistribution vers Nuremberg, Augsbourg,
etc. Au XIIIe siècle, Gênes et Venise détournèrent la majeure partie de ce trafic à
leur profit. L'invasion mongole infléchit les parcours mais les événements politiques
n'interrompirent jamais totalement ces échanges.
Françoise JACQUET-LADRIER
AVIS IMPORTANTN'oubliez pas de verser le montant de votre cotisation au compte
068-2009608-86 de la "Société Royale Sambre et Meuse - Le Guetteur Wal
lon". Les publications de 1992 ne seront envoyées qu'aux personnes en règle
de cotisation.
COTISATION 1992 : 600 F.
(1) J.-Cl. SCHMITT, On se bat pour des reliques !, dans L'Histoire, n° 135, juillet-août 1990, p. 24.
125
COMPTES RENDUS
Hommage à Léon Hannecart (1939-1990), archiviste
à Saint-Hubert. Recueil d'études sur l'histoire de
Saint-Hubert dédiées à sa mémoire par ses amis et
collègues, publié par J.-M. DUVOSQUEL
et J. CHARNEUX.
(Saint-Hubert d'Ardenne, Cahiers d'histoire, t. VIII,1991), 543 pages.
Il est toujours délicat de présenter un ouvrage auquel
on a soi-même collaboré. Dans le cas présent, c'est triste.
Ce très beau volume ne srait pas né sans l'élan d'émotion et
d'amitié qui a entouré les derniers moments de Léon Han
necart, archiviste à Saint-Hubert, disparu il y a un peu plus
d'un an, dans la force de l'âge et de ses capacités intellec
tuelles. Des amis, des collègues, d'anciens condisciples, ses
maîtres aussi, se sont réunis autour d'un sujet qui, d'abord
par le hasard d'une nomination (il était hennuyer), par souci
du travail bien fait ensuite, l'avait préoccupé et finalement
empoigné : saint Hubert, son culte, son abbaye, sa Terre.
Le volume d'hommage - outre la biographie et la bibliographie de L. Hannecart,dues à J.-M. Duvosquel, son ami de toujours, et à J. Charneux, son collègue le plusproche - reflète ce triptyque : L'histoire de la localité et de sa région, avec quatorze
articles, traitant surtout des XVIIIe et XIXe siècles, et aussi divers que l'étude de la
population d'Hatrival(1), des conséquences sociales de l'incendie de Saint-Hubert(2), d'uneimplantation maçonnique à Durbuy au milieu du XIXe siècle (3), du pénitencier(4), de
l'enseignement ménager<5), du souvenir d'un zouave pontifical<6) ; allant de la rédaction
des tables des registres paroissiaux à l'examen critique des cartes établies pour l'implantation du Chemin Neuf ou encore, à un épisode de l'histoire d'Hamerenne en 1672(7).
La deuxième partie est consacrée à l'histoire de l'abbaye, avec les contributions
de G. Despy, P. Cokshaw, J. Stiennon, J.-M. Yante, R. Laurent pour le moyen-âge(8).
LÉON
HOMMAGE
À
HANNECART
VOstHH .-i laïques CHARNEUX
(1) J.-M. DUVOSQUEL, La population d'un village d'Ardenne au XVIIIe siècle : Hatrival en 1732 d'après le "statusanimarum" de Jean-Otton Cardon, p. 31-68.
(2) R. PETIT, L'incendie de la ville de Saint-Hubert en 1735 et ses conséquences sociales, p. 69-82.
(3) J.-J. HŒBANX, Une implantation maçonnique à Durbuy : l'Étoile des Ardennes (1841-1854), p. 113-142.
(4) M.-S. DUPONT-BOUCHAT, Saint-Hubert, pénitencier modèle au XIX" siècle, p. 143-160.
(5) A. DESPY-MEYER, l'enseignement ménager dans la province de Luxembourg entre 1889 et 1914, p. 185-206.
(6) D. MISONNE, Victor Mousty (1836-1876). Un Hubertin chez les zouaves pontificaux, p. 161-178.
(7) P. HANNICK, La rédaction des tables alphabétiques des registres paroissiaux dans la province de Luxembourg auXIXe siècle, p. 179-184 - A. VANRIE, Cartes du Chemin Neuf aux Archives Générales du Royaume à Bruxelles,p. 83-98 - C. PIERARD, Une lettre de sauvegarde à l'avantage de Hamerenne en 1672, p. 21-30.
(8) G. DESPY, Questions sur les origines de l'abbaye de Saint-Hubert, p. 242-256 - P. COCKSHAW Les évangiles deSaint-Hubert, dits de Charlemagne, p. 257-274 - J. STIENNON, À la table de Thierry I", abbé de Saint-Hubert(1055-1086), p. 275-284 - J.-M. YANTE, Le prieuré de Sancy et les possessions hubertines dans la région deThionville (XP-XIIP siècles), p. 285-297 - R. LAURENT, Les sceaux de l'abbaye de Saint-Hubert (XIP-XVIIPsiècles), p. 299-310.
126
P.-P. Dupont traite du domaine forestier'9', J.-J. Heirwegh et A. Félix des entreprises
industrielles de Dom Spirlet(10>, tandis que A. Uyttebrouck se penche sur le collège
thérésien de Saint-Hubert(11).
Le culte de saint Hubert est évoqué dans la troisième et dernière partie, depuis
ses origines à Andage, en passant par son extension à Namur, à Tournai, à Loverval, à
Amay, à Aubel et... en Bretagne02'.
L'histoire de l'art et l'archéologie sont également présentes03', même dans leurs
manifestations populaires04'.
Ajoutons deux études d'un passé très proche : l'accident de Warmifontaine et les tem
pêtes de 1990(15).
Signalons enfin un hommage délicat à l'absent : la réédition de deux articles, l'un
sur la ville de Saint-Hubert en 1766, l'autre sur l'aliénation de la seigneurie de Tilleur en
160306'.
Un volume de très grande qualité dû à l'ASBL "Saint-Hubert d'Ardenne" dont
Léon Hannecart était un membre particulièrement actif et dévoué.
F. Jacquet-Ladrier
(Ce volume est disponible au prix de 750 frs. à virer anticipativement au compte 068-0397340-55 "Saint-
Hubert d'Ardenne", B-6870 Saint-Hubert, en indiquant t. VIII des "Cahiers").
Viviane DUMONT, La baie des Wallons, Labor,
Bruxelles, 1991.
La baie des Wallons retrace l'épopée méconnue de
la fondation de New-York par des Wallons au XVIIe siècle.
En ce temps-là, New-York s'appelait "Novum Belgium"
puis New Amsterdam...
Parmi ces fondateurs, exilés ayant fui en Hollande l'Inquisi
tion et le Tribunal du Sang du Duc d'Albe, l'auteur a imagi
né le destin aventureux de Tristan de Noirfontaine, fils d'un
petit seigneur ardennais et petit-fils d'un corsaire hollandais.
S'appuyant sur une documentation précise, V. Dumont en
traîne son lecteur qui revivra la traversée de l'Atlantique et
l'arrivée devant ce qui sera nommé plus tard la baie d'Hud-
son. Il assistera à l'achat de Manhattan par le gouverneur
wallon Pierre Minuit tandis que s'édifie peu à peu la ville
qui deviendra très vite l'objet de nombreux conflits d'in
fluence. Sur ce fond, se tisse la trame colorée d'une atta-
(9) P.-P. DUPONT, Domaine forestier et ressources financières de l'abbaye de Saint-Hubert aux XVIIe et XVIIIe
siècles, p. 333-342.
(10) J.-J. HEIRWEGH, Dom Nicolas Spirlet et la scierie mécanique, p. 353-362 - A. FÉLIX, Dom Nicolas Spirlet etla fabrique d'eau-forte de Remagne, p. 363-368.
(11) A. UYTTEBROUCK, Le collège de Saint-Hubert à la fin de l'ancien régime, p. 369-390.
(12) C.-A. DUPONT, les débuts du culte de Saint Hubert à Andage, p. 392-414 - F. JACQUET-LADRIER, Boucherset ermites ou la dévotion à saint-Hubert à Namur (XVIIe-XVIIIe siècles), p. 415-430 - J. NAZET, Bienfaisance et
culte : la confrérie de Saint-Hubert à Tournai du XVIIe au début du XIXe siècle, p. 431-439 - M.-A. ARNOULD,
Une église Saint-Hubert en Hainaut : Loverval, souvenirs et histoire, p. 441-454 - P. BAUWENS, La confrérie de
Saint-Hubert à Amay sous l'ancien régime (1773-1795), p. 455-468 - J.-M. BATIS et J.-M. DOUCET, La Société
royale Saint-Hubert d'Aubel, p. 469-482 -A. DOPPAGNE, En Bretagne : saint Hubert et saint Tugen, p. 483-494.
(13) E. DE KEYSER, Les sculptures de Christian Leroy à l'église Saint-Aubin de Lavacherie, p. 219-228 - J. CHAR-
NEUX et A. MATTHYS, Le réfectoire des bénédictins de Saint-Hubert aux XVP-XVIIP siècles. Étude historiqueet archéologique, p. 331-324. - B. WODON, La rampe en fer forgé (1731) du palais abbatial de Saint-Hubert : un
témoignage de serrurerie au cœur de l'Ardenne, p. 343-352 - A. DIERKENS, Une œuvre du sculpteur Guillaume
Geefs : le "cénotaphe de saint Hubert" (1847) offert par le roi Léopold Ie' à l'ancienne église abbatiale de Saint-Hu
bert, p. 495-510.
(14) P. LASSENCE, Les statuettes de saint Hubert en porcelaine d'Andenne, p. 511-532 - J.-P. DUCASTELLE, Les
images de saint Hubert éditées par Coppin-Goisse à Ath dans l'Entre-deux-guerres, p. 533-540 - R. CARPEAUX,
À propos d'un curieux potager (réchaud) en Ardenne, p. 109-112.
(15) G. HOSSEY, L'effondrement de Warmifontaine en 1912, p. 207-218 - F. DUPONT et M. SCIEUR, La forêt
wallonne et les tempêtes de 1990, particulièrement à Saint-Hubert, p. 229-234.
(16) Respectivement aux pages 99-108 et 325-331.
127
chante intrigue amoureuse dont les épisodes se déroulent aussi dans la sensuelle républi
que de Venise et au Spitzberg où Tristan participe au premier hivernage volontaire.
En bref, voici un roman distrayant autant qu'instructif qui témoigne de la vitalité d'un
peuple qui n'est pas resté à la remorque de l'histoire.
L. M.
Le culte de
saint Hubert
au Pays
de Liège
Le culte de S' Hubert au pays de Liège,
(Collectif) S'Hubert en Ardenne, Art-Histoi
re-Folklore, t. 1, édité par A. DIERKENS
et J.-M. DUVOSQUEL, Crédit Communal,
1991.
*I: I il
Q Crédit Communal
Avec ce volume, le Crédit Communal de
Belgique ouvre une nouvelle collection, fruit d'une
collaboration originale. Trois organismes ont, en
effet, œuvré en commun pour sa réalisation. Le
Crédit Communal d'abord dont la politique cultu
relle s'avère remarquablement dynamique, le Cen
tre Pierre-Joseph Redouté de S'-Hubert qui, depuis
1988, organise entre autres activités des expositions
annuelles d'été et la Faculté de Philosophie et Let
tres de l'Université Libre de Bruxelles qui a créé
en 1989-90 un module de cours "gestion culturel
le". Ce module comprend outre des cours géné
raux, des stages de familiarisation avec les exposi
tions et les publications culturelles.
Ainsi, le Centre Pierre-Joseph Redouté
confie à l'ULB l'organisation de son exposition es
tivale annuelle, la publication du livre-catalogue
étant pris en charge par le Crédit Communal. Les sujets des expositions s'orienteront
dans trois directions :
1) la vie et l'œuvre du peintre Redouté,
2) la vie et le culte de saint Hubert,
3) l'Histoire des Ardennes en général, de la ville et de l'abbaye de Saint-Hubert en
particulier.
Le volume qui nous intéresse est venu concrétiser l'exposition qui s'est tenue du
1er juillet au 9 septembre 1990.
Sur base de recherches antérieures complétées par un dépouillement systématique de la
bibliographie et l'iconographie, les responsables de l'exposition ont rassemblé un choix
impressionnant d'objets couvrant sept siècles d'Histoire, du XIIIe siècle à nos jours. Il
s'agit donc ici d'un tour d'horizon très complet accompagné d'une illustration remarqua
ble.
Les différents sujets traités par les auteurs sont précédés d'un article destiné à
repréciser le personnage de S1 Hubert qui fut parfois qualifié de fondateur de la cité de
Liège. On considère, en fait, que S' Hubert fut à l'origine de l'essor de la ville en
décidant le transfert des restes de S' Lambert de Maastricht à Liège. Pour toutes ces
raisons, le culte de S' Hubert est resté très vif au pays de Liège : confréries, œuvres
d'art, multiples objets de dévotion en témoignent avec éloquence. Dans le diocèse de
Liège, plus de vingt églises et chapelles lui sont dédiées et, durant l'Ancien Régime, le
"pied de S1 Hubert" fut utilisé comme mesure dans la région liégeoise. Hubert évêque,
Hubert protecteur de la rage et but de nombreux pèlerinages, ce sont ces fonctions que
retenaient les Liégeois, moins sensibles au rôle d'Hubert comme patron des chasseurs.
L'ouvrage regroupe des études variées centrées tantôt sur la vie, le culte et l'iconogra
phie de S' Hubert, tantôt sur son culte au pays de Liège ou sa place dans le folklore
liégeois. Une de ces études intitulée "Essai de lecture calendaire de la fête de S' Hubert"
s'avère particulièrement troublante. Elle développe ainsi l'hypothèse qui prétend voir
128
CLAM
B B A
Librairie Ancienne
"Au Vieux Quartier"
Adrienne GOFFIN
livres anciens et régionaux
gravures
Fermé le mardi
Rue de la Croix, 30-5000 NAMUR - TÉL. 081/22 19 94
tie WlèdiaScnem ^303, cJwuMée de Lmvain5004 Bouge Té£. 08I/2I 49 76
LIBRAIRIERue Bas de la Place, 28
5000 NAMUR
Tél. 081 / 22 14 21
LIBRAIRIE GÉNÉRALE□ littérature - sciences humaines □ poche - jeunesse □ beaux livres □
DES SERVICES
□ commande rapide □ recherches bibliographiquesn
□ accès aux 300.000 titres actuellement disponibles chez plus de 5000 éditeurs □
DES RISTOURNES
□ aux enseignants □ aux bibliothèques □ aux familles nombreuses □
□ pour les commandes groupées (10 volumes minimum) D
CARTE DE FIDÉLITÉ - CHÈQUE CADEAU
AVEC
MAI
BANQUE,
JAVANCE.
Crédit Communal