• Semaine du 1er au 7 septembre 2011 • LE FRANCO
Je me suis souvent demandé pourquoi mon grand-père Edouard Soucy,
charpentier et menuisier dans la ville de Kankakee près de Chicago,
était parti à l’âge de 50 ans pour trouver un « homestead » dans la
région de Redwater en Alberta.
En 1878, Edouard avait épousé Herméline Plante à l’Île Dupas au
Québec. De leurs six enfants, cinq ont survécu : Edouard, Alfred,
Zenon, Diana et Alexandrine. Après le décès d’Herméline, Edouard
est allé aux États-Unis où il s’est remarié avec ma grand-mère Mary
Arpin (fille de Fabien Arpin et Philomène Gadbois) le 26 octobre
1892. Les nouveaux mariés se sont installés à Kankakee en 1900 et
les trois fils d’Edouard habitaient avec eux. Edouard et Mary ont
eu sept enfants : Anna, Laura (décédée en 1896), Armand, Alma, Lea,
Noëlla et Donat (mon père, né en 1907). Ils vivaient assez à l’aise
dans leur propre maison.
J’ai découvert que Samuel Soucy, le frère aîné d’Edouard, était
venu le premier dans l’Ouest et avait persuadé d’autres membres de
la famille d’obtenir des « homesteads » à Redwater. Leur père,
Bruno Soucy qui était veuf, est arrivé en 1906, suivi de ses fils
Joseph et Edouard en juillet 1908.
Edouard vivait avec son père dans son « shack » pendant qu’il se
préparait pour l’arrivée de sa
famille. Il a dû défricher quelques acres, utiliser les arbres pour
bâtir une assez grande maison en « logs », ainsi que des abris pour
ses animaux (vaches, chevaux, cochons, poules).
Finalement, il a fait venir Mary et leurs enfants. Ils sont partis
de Kankakee en train le 16 novembre 1909, ont traversé la frontière
à Emerson au Manitoba et sont arrivés chez Samuel Soucy à Edmonton
le 20 novembre.
Dix jours plus tard, ils ont voyagé en traîneau avec Samuel,
arrivant au « homestead » à 18 h le 1er décembre. Pourquoi
Edouard
a-t-il exigé un tel trajet? Mon père avait seulement 2 ans.
La misère venait de commencer! Mary n’était pas habituée au froid
et à un plancher de terre. Heureusement, elle avait apporté dix
couvertures chaudes de Kankakee. Le fait que leurs meubles ont été
retenus à la douane a beaucoup dérangé la famille. Est-ce
surprenant que toutes les photos présentaient Mary sans
sourire?
Les Soucy ont éprouvé de la tristesse quand Bruno est décédé le 2
janvier à l’hôpital Miséricorde d’Edmonton. Le 13 octobre
précédent, quand Bruno traversait une clôture, son fusil de chasse
s’était déchargé dans son épaule. Bruno, mon arrière-grand-père,
avait 86 ans. Edouard et Mary ont perdu deux filles à Redwater. Le
12 septembre 1912, Alma est morte d’hydropisie; elle avait à peine
15 ans. Noëlla, âgée de 13 ans, est décédée le 7 août 1916 quand
ses cheveux sont restés pris dans le « séparateur ».
La vie de fermier sur un « homestead » était simple. Il n’y avait
ni eau courante, ni électricité. Les Soucy allaient à l’église St.
Clare sur le « homestead » voisin de Joseph Soucy, qui gérait le
bureau de poste de Val Soucy dans sa maison. Au début, il n’y avait
pas d’école. Anna, l’aînée de la famille qui avait fait ses études
chez les
religieuses à Kankakee, faisait la classe à ses frères et
sœurs.
Après son mariage avec Xiste Poissant en 1916, Anna est allée vivre
sur un « homestead » à Egremont. Armand, l’aîné des garçons, est
parti après avoir épousé Yvonne Robert en 1920.
Maintenant, il n’y avait que deux enfants à la maison. Lea pouvait
aider sa mère à faire
De Kankakee à Redwater
Volume 3, numéro 7 - Septembre 2011
Ce mois-ci, Avant que j’oublie vous présente l’histoire d’Edouard
Soucy et de sa famille qui se sont établis à Redwater. Éloi écrit
sur le pionnier Louis Rousselle et une immigrante native de la
Sierra Leone nous raconte son histoire. Bonne rentrée à tous!
Edouard et Mary Soucy à Kankakee en 1892.
Mary Soucy et ses enfants sur le « homestead » en 1910 : Armand,
Anna, Alma, Lea, Noëlla. En avant : Donat, mon père. Un vieux «
séparateur » chez
ma tante Lea à Redwater.
1911 Le Canada
la création d’un
troupeau de plus de
mille bisons à Wainwright. » Source : D’année en année : de 1659 à
2000 : une présentation
synchronique des événements historiques franco-albertains / France
Levasseur-Ouimet Ph.D, page 140
À quel endroit Louis Rouselle est-il né?
Faites-nous parvenir votre réponse, par la poste ou par courriel,
avant le 31 octobre 2011 et courez la chance de gagner le livre Les
francophones de l’Alberta.
Par courriel :
[email protected]
Par la poste : ACFA - A/s Concours - Avant que j’oublie 8627, rue
Marie-Anne-Gaboury (91e Rue) Bureau 303 Edmonton (AB) T6C 3N1
Réponse à la question du mois de mai 2011 :
Alexandre Loiselle est associé à la ville de Sylvan Lake.
Bravo à la gagnante : Irène Boisvert d’Edmonton!
Réponse à la question du mois de juin 2011 :
La traversée en mer à bord du bateau « Le Sicilian » pour plusieurs
membres
de la famille Ulliac au printemps 1914 a duré 17 jours.
Bravo au gagnant : Ken Shields d’Edmonton!
Suite de l’article en page 2...
LE FRANCO • Semaine du 1er au 7 septembre 2011 •
Septembre 2011, page 2
la cuisine, le ménage, la lessive, le repassage, le raccommodage et
le jardinage.
Donat devait faire le travail régulier de la ferme avec son père,
par exemple, travailler dans les champs, faire le train et réparer
les clôtures.
Par conséquent, Donat est allé à l’école Pinehurst seulement
quelques années, devant s’absenter pendant les semences, la
fenaison et les récoltes. C’était beaucoup pour un jeune
adolescent.
En comparaison de leur situation à Kankakee, Edouard et sa famille
menaient une vie assez pauvre. Afin de joindre les deux bouts,
Edouard a dû augmenter ses revenus en travaillant pour ses voisins.
Pendant trois étés, il a travaillé comme charpentier à Edmonton, où
il a aidé
à construire l’église Sacred Heart et l’école St. Mary.
La famille voyageait en « buggy » ou en « sleigh », les deux tirés
par des chevaux. Un voyage à Edmonton pouvait prendre quelques
jours. Edouard a même marché à Edmonton à plusieurs reprises.
Vers 1923, Edouard et Donat ont bâti une nouvelle maison blanche à
deux étages. Quel progrès! Donat a planté de beaux peupliers qui
servaient comme point de repère quand j’allais visiter le «
homestead » de mon grand-père. J’avais de la peine de voir cette
maison négligée et brune (sans peinture), devenue grenier et abri
pour les oiseaux et souris.
Dès 1930, Donat s’est occupé du « homestead » car son père
n’était
plus jeune. Edouard avait un chien très fidèle et il aimait fumer
sa pipe. Atteint de cancer sur sa lèvre qui s’est répandu à sa
joue, le vieillard est décédé chez lui le 9 mai 1935 à l’âge de 77
ans.
Lea et Donat sont restés sur le « homestead » pour prendre soin de
leur mère. Donat a épousé Albertine Royer le 20 avril 1936. L’année
suivante, Lea s’est mariée avec Sinaï
Godard. Moi, je suis née en 1939 et ma sœur est née 13 mois après.
Nous avons grandi dans la maison blanche jusqu’en 1944 quand nos
parents ont décidé d’aller vivre sur une ferme à Lamoureux.
Je n’ai pas connu Mary, ma grand- mère, car elle est morte le 19
novembre 1939 à l’hôpital St. Joseph à Edmonton. Elle était alitée,
aveugle et sourde. Mes grands- parents Edouard et Mary Soucy
reposent dans le cimetière Sacred Heart à Gibbons.
Je crois que mon grand-père aimait l’aventure et n’avait pas peur
de travailler dur, de se salir en devenant fermier. Peut-être qu’il
voulait seulement un changement d’environnement. Edouard et Mary
Soucy étaient certainement courageux malgré leurs épreuves. Ils
devaient être fiers d’avoir élevé leur famille dans la foi
catholique.
Par Lorraine Fiske, auteure de From France to America:
Descendants
of Jean Soucy dit Lavigne, Canada - United States 1665 - 2010. Ce
livre est disponible à la Société
généalogique du Nord-Ouest.
De Kankakee à Redwater...
La maison blanche construite sur le « homestead » de mes
grands-parents vers 1923.
Mes grands-parents Edouard et Mary Soucy avec mon père
Donat vers 1933.
Anniversaires 25 ans :
« Le 27 septembre 1986, Yvon Mahé, du bureau d’éducation de l’ACFA,
crée la Fédération des
parents francophones de l’Alberta (FPFA), un organisme provincial
sans but lucratif qui s’est donné pour mission de favoriser la
participation dynamique des parents à l’éducation de leurs en-
fants au foyer, dans les institutions éducatives et dans la
communauté francophone de l’Alberta.
Hélène Gignac en est la première présidente. Par la suite, la FPFA
doit son essor à la participation active de ses 60
associations-membres.» p.369.
« Décès de Maurice Lavallée le 1er août. » p.370.
Source : le livre de France Levasseur-Ouimet, D’année en année de
1659 à 2000
• Semaine du 1er au 7 septembre 2011 • LE FRANCO
Septembre 2011, page 3
En 2006, quand je faisais de la recherche dans le Calgary Herald,
je suis tombé sur cette courte nouvelle dans l’édition du 24
décembre 1889 : « Louis Rousselle, the original squatter on the
town site is in Calgary today. » C’était la première fois que je
rencontrais ce nom et tout de suite, j’ai eu envie d’en savoir
davantage sur ce pionnier de Calgary.
Au fil de mes recherches, j’ai reconnu son nom et j’ai continué à
accumuler de l’information sur ce personnage. C’est quand j’ai
consulté le volumineux dossier de sa demande pour un « homestead »
que j’ai compris le rôle qu’il a joué dans l’établissement de
Calgary. Je vous raconte son histoire en bref.
Louis est né à Lachine au Québec vers 1823 et il est entré au
service de la Compagnie de la Baie d’Hudson en 1847. Il est resté à
son emploi dans l’Ouest canadien jusqu’en 1866.
C’est dans le registre du Fort des Prairies (Edmonton) que nous
retrouvons son mariage bénit par le père Albert Lacombe le 8 mai
1855. Il avait épousé Angélique Tessier, une Métisse, fille de
Jean-Marie Tessier et de Josephte, une Crie. Angélique avait été
baptisée par le père Jean-Baptiste Thibault en 1842 alors qu’elle
avait 11 ans.
Nous retrouvons le baptême de leurs quatre enfants dans les
registres de la paroisse de Saint-Joachim à Edmonton : Angélique
(1858), Louis (1860), André (1862) et Johnny (1864). Leurs enfants
parlaient le français. La preuve est qu’en 1885, on a dû expliquer
à Angélique « en français » un document rédigé en anglais qu’elle
devait signer.
Nous ne savons pas quel métier a exercé Louis lorsqu’il a quitté la
Compagnie de la Baie d’Hudson. Ils sont sûrement restés dans la
région d’Edmonton et Saint-Albert jusqu’en 1875 puisqu’ils ont
souvent été témoins à des baptêmes, à des mariages et à des
sépultures.
Louis et Angélique sont déménagés dans la région de Calgary vers
1876. Leur fille aînée,
Angélique, y avait marié Joseph Butlin en 1878. Louis a fait la
chasse au bison pendant une année et avait transporté des
marchandises soit dans la région de Fort McLeod ou vers
Edmonton.
En 1880, Louis avait acheté une propriété de George Emerson sur la
rive est de la rivière Elbow, dans le quart sud-est de la section
14 du « township » 24. Ce George Emerson avait acheté la propriété
d’un Métis, Antoine Godin, qui avait construit la première bâtisse
sur le terrain en 1876. La résidence d’Antoine était près du poste
de la Baie d’Hudson qui avait été construit l’année précédente. Ce
poste était connu comme le Fort Brisebois dans ce temps-là.
L’installation de Louis serait demeurée sans histoire si
l’arpentage des terres et si le projet de construire la ligne de
chemin de fer n’avaient pas eu lieu. D’abord, Louis était
légalement le propriétaire de son terrain, mais l’arpentage des
terres du nord-ouest en sections a fait que tous ceux qui étaient
déjà établis devaient quand même faire une demande de « homestead »
pour « légaliser » leur nouveau droit de propriété. Du jour au
lendemain, presque, le statut légal de Louis est passé de celui de
propriétaire à celui de squatter.
Comme la ligne de chemin de fer en construction (1882-1883) passait
tout près de sa résidence, son terrain venait de prendre une plus
grande
valeur et des entrepreneurs de Calgary voulaient l’acheter.
Archibald McVittie, un homme bien en vue de Calgary a fait une
offre d’achat à Louis. Il lui offrait 10 000 $ pour sa propriété
une fois qu’il aurait obtenu les titres de propriété.
Pour compliquer la situation, les dirigeants de la Compagnie de la
Baie d’Hudson, qui n’avaient pas fait d’objection à l’installation
du Métis Godin tout près du fort, réclamèrent des droits de
propriété sur le terrain occupé par Louis. Louis avait beau parler
de sa maison, la compagnie l’appelait une cabane; aux yeux de la
compagnie, Godin, le propriétaire original n’était plus un Métis,
mais un Indien.
Les pères Oblats, qui étaient aussi établis à Calgary depuis
quelques années, durent intervenir pour faire valoir les droits de
Louis Rousselle qui reçut finalement « les patentes » de son «
homestead » en octobre 1885. Notons que Louis avait offert au père
Albert Lacombe une parcelle de son terrain pour la construction
d’une église, l’église Saint-Patrice, bénite en 1883.
Louis et Angélique déménagèrent peu après dans la région de Wolf
Creek pour y rejoindre leurs fils, Louis et André. (Sur la route
qui mène de Calgary à Edmonton, le motel Wolf Creek est dans la
région où ils habitaient.) Dans les dernières années de sa vie,
avec ses fils, Louis s’est occupé de transporter des marchandises
en provenance de Calgary le long de la Edmonton Trail.
Le 9 mars 1891, Louis quitta Wolf Creek pour aller à la rencontre
de son fils, John, qui était parti de Calgary avec de la
marchandise. Il fut pris dans une tempête et perdit son chemin.
Comme le rapporta le Calgary Tribune, il est fort probable que dans
son énervement il serait mort subitement. Le Calgary Daily Herald
écrivit que ses lecteurs regretteront d’apprendre le décès d’un «
typical old timer ».
Le corps de Louis Rousselle a été inhumé dans le cimetière de la
mission Notre-Dame des Sept Douleurs à Hobbema en présence de ses
trois fils.
par Éloi DeGrâce, archiviste
Louis Rousselle, pionnier de Calgary
Carte d’arpentage de Calgary en 1883. Archives Provinciales 83.421,
plan de township 24, range 1, W 5.
Annonce du décès de Louis Rousselle, Calgary Daily Herald, 11 mars
1891, p.1. Annonce du décès de Louis Rousselle, Calgary
Tribune, 11 mars 1891, p.1.
LE FRANCO • Semaine du 1er au 7 septembre 2011 •
Septembre 2011, page 4
Mon pays d’origine est la Sierra Leone. La rébellion des années
1990 m’a forcée à quitter le pays. Avec ma mère, ma sœur et mes
deux frères, nous sommes partis pour la Guinée voisine en 1997.
C’est au cours de ce tragique et regrettable conflit que nous avons
perdu notre père (paix à son âme), mort comme beaucoup de ses
compagnons de l’armée régulière sierra-léonaise.
Réfugiée en Guinée durant cinq ans, j’ai mis à profit mon séjour
dans ce pays pour apprendre la langue française, sans oublier de me
faire des amis. La Guinée est d’ailleurs devenue mon premier pays
d’adoption, car mon mari est Guinéen. Je l’avais connu là-bas bien
avant qu’on se retrouve ici.
Tout en fréquentant l’école des réfugiés libériens et
sierra-léonais de Lanbanyi, dans la banlieue nord de Conakry, je
faisais du bénévolat au sein de l’Organisation internationale pour
les migrations, grâce à la recommandation d’un de mes professeurs.
C’est en travaillant dans cet organisme pour aider les gens dans le
besoin qu’est née ma vocation de travailleuse sociale et mon goût
d’être au service des gens. J’ai poursuivi cette première
expérience jusqu’à mon départ pour le Canada en avril 2003.
Mon arrivée au Canada a été rendue possible par le parrainage
initié par un de mes oncles qui vivait depuis plusieurs années ici
avec d’autres membres de sa famille, au sens africain du terme. Son
parrainage était appuyé par l’organisme chrétien les Sœurs de la
Charité, en partenariat avec le gouvernement canadien. Grâce à ce
programme humanitaire, mon frère aîné et moi sommes arrivés les
premiers, suivis plus tard par ma mère, ma jeune sœur et mon petit
frère.
Arrivée au Canada, j’ai trouvé un pays complètement différent,
surtout sur le plan climatique. Je trouvais le printemps assez dur,
mais ce n’était rien à côté de l’hiver qui allait suivre.
Au plan humain, je n’étais pas trop dépaysée, parce que nous avions
été accueillis par les familles de mes oncles dans un environnement
culturel qui n’avait pas tout à fait changé. Je parlais déjà
l’anglais et je n’ai donc pas rencontré de barrière à ce niveau.
Cet atout m’a facilité
l’accès à des services et à des organismes comme le Catholic Social
Services. Le soutien des oncles m’a aidée, encouragée et
rassurée.
Par contre, trouver du travail était un défi difficile à surmonter,
avec tous les préjugés négatifs qui nous collent à la peau. Comme
me familiariser avec le transport en commun. Et puis, les gens qui
viennent d’Afrique ne mangent pas la même nourriture et les lieux
d’achats sont difficiles d’accès en transports en commun. Ces
choses ne se règlent qu’avec le temps et la patience.
Ensuite, trouver une école convenable pour poursuivre mes études
n’a pas été facile. J’ai fini par être admise à Grant McEwan d’où
je suis sortie diplômée en assistance dentaire. Mes études et mon
travail chez KFC ont facilité mon intégration. Ce qui a permis
ensuite mon embauche comme assistante dentaire chez Westmount
Dental Clinic où j’ai travaillé pendant un an.
Être utile à mes deux communautés Mais le désir de changement et
mon
penchant pour l’humanitaire m’ont poussée vers un autre emploi.
Aujourd’hui, je suis en congé parental, mais sinon je travaille
comme agente de réhabilitation et d’insertion pour le compte de
Good Samaritian Society depuis 2005. J’adore ce travail parce que
faire une différence dans la vie d’autrui est très valorisant pour
moi. Sans des agents comme nous, la vie serait autrement plus dure
pour certaines personnes qui souffrent d’insuffisances multiples et
diverses. J’ai également été très active dans le bénévolat ici,
notamment à l’hôpital Royal Alexandra, au centre-ville
d’Edmonton.
Mon rêve est de créer mon propre business dans le domaine
humanitaire en établissant un partenariat efficace entre les
organismes œuvrant dans ce secteur et l’Afrique où les besoins en
la matière sont considérables. De la sorte, je pourrais être utile
à mes deux communautés tout en profitant des joies de voir grandir
notre petite Germaine.
Aux nouveaux arrivants, si je peux me permettre un conseil, je leur
dirais de se former afin d’accroître leurs chances d’intégration et
de succès. Ne pas se focaliser sur la recherche de l’argent, sauf
pour ceux qui peuvent combiner les deux, comme ce fut mon cas et
celui de tant d’autres.
Ma vocation : améliorer la vie d’autrui
Sierra Leone Population : 6,4 millions
Capitale : Freetown
Fête nationale : 27 avril
La Sierra Leone ne fait pas partie de l’Organisation internationale
de la Francophonie et très peu de gens parlent le français dans ce
pays.
Chassée en 1997 de sa ville natale Freetown en Sierra Leone par la
guerre, Kadie Turay a d’abord fui en Guinée avec les rescapés de sa
famille. Elle n’était alors qu’en 12e année et commençait une vie
de réfugiée qui a duré cinq ans, mais qui lui a permis d’apprendre
le français. Marquée par la souffrance des gens, elle a aussi été
bénévole pour le compte de l’Organisation internationale pour les
migrations et c’est là qu’est née sa vocation d’être au service des
nécessiteux. C’est également là qu’elle fit la connaissance de
Benjamin Soumah, qui partage sa vie aujourd’hui et avec lequel elle
a une charmante petite fille. Elle vit depuis avril 2005 à
Edmonton, où elle a suivi une formation d’assistante
dentaire.
Kadie Turay