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CHEZEMMA,VOUSAIMEREZAUSSI…
Etvous,auriez-vousosérépondreàlapetiteannonce…?
«Hommegénéreuxcherchejeunefemmelibrepourrésideràdomicile.Belle,intéressante,cultivée,entre24et28ans,ouverteauxjeuxcoquins…»C’estunepetiteannoncebiensurprenantesurlaquelleVictoriaMoreltombece
jour-là, tandis qu’elle parcourt le journal à la recherche des offres d’emploi.Victoria le sait bien, elle n’a rien en commun avec les femmes qui doivent
répondrehabituellementàcesdemandes.Pourtant,quelquechose lapousse, surun coup de tête, à envoyer sa candidature. Le besoin d’argent, le frisson del’interdit…?Elleenestnéanmoinspersuadée,elleneserapasrappelée.Pourtant,ceCVquidiffèredetouslesautresnepeutaucontrairequ’attirerle
séduisantetintrigantLukasMartinez,curieuxdevoircequiapupousserunetellejeunefemmeà luiécrire.Victoria,qui regrettedéjàcruellementsongeste,va-t-elleselaisserprendreaujeu?—Dites-moilavérité,Victoria.Vousvousattendiezàquoi?Àunmonstre?
plaisanta-t-ilàdemi.Ellehaussalesépaulesenlaissantunrirenerveuxfiltrerdesabouche:—Jen’ensaistroprien.Àunhommeplusâgé,probablement.Quelqu’unde
moinssûrdelui,quiauraiteubesoinde…commentdire?Reprendreconfianceenlui?Ilaffichaunsourireravageurquinemasquapasunecertaineironie:—Jesuisnavrédevousdécevoir.Même si elle se refusait à le lui avouer de vive voix, elle était tout sauf
déçue. La preuve, c’était que cet emploi lui paraissait plutôt intéressant,désormais.À plusieurs reprises, elle avait laissé son regard s’attarder sur labouche ou les mains de Lukas. L’embrasser lui paraissait tout saufdésagréable.
Leuramoursera-t-ilvraimentaussidestructeurqueKatel’imagine...oula
rédemptionest-elleauboutduchemin?
Le jour – ou plutôt la nuit – où Chris rencontre Kate, ça ne se passe pasvraimentdanslesrèglesdel’art.Luiabeaucouptropbuets’esttrompédetente,etelle,furieuse,lemenacecarrément.Chrisn’estpourtantpasvraimentlegenredemecàquioncherchedesemmerdes.D’ailleurs,luietsonmodedeviedebadboy représentent tout ce queKate tente d’éviter : les problèmes, elle en a déjàassezaveclamortdesamèreetlaresponsabilitédesapetitesœursurlesbras.Mais c’est compter sans l’étrange attirance qu’ils ont immédiatement l’un pourl’autre,presqueàleurcorpsdéfendant…Je sais que je l’aime. Parce que le regarder me fait mal, ce qui me rend
paradoxalementvivante.Commedesdébrisdeverresquis’enfonceraientdansmachair,mesorganes…monâme.Jel’aimeparceque,quandilmetouche,j’ailecorpsquiexploseenunmillierdeparticules.Parceque,lorsquejel’écouteparler,j’oubliedepenser.Parceque,quandilestprèsdemoi,j’ailesentiment
quepersonnenepeutm’atteindre.Parcequ’il suffit quenous soyonsdans lamême pièce pour que mon univers se résume à lui. Je l’aime et j’étouffe.J’étouffed’êtreaussiimpuissanteàchassercequilehanteencetinstant.
Leslecteursadorent:« J’ai rencontré l’un des plus beaux couples de romance de mes derniers
mois.»3moopydelfydeNewKidsontheGeek«Unemagnifiquehistoired’amourentreunbadboyperdudanssanoirceuret
unejeunefemmebattantequines’enlaissepascompter.»UnlivreàNice«Unénièmebouquin sur lesbadboy…etbienNON,c’estundesmeilleurs
sinonlemeilleurquej’ailu.»B.Vero
Celivrevachangervosnuits…
Annabelle est éditrice de romans pour la jeunesse depuis plusieurs années,
quandsadirection luidemandede releverundéfi inattendu : travailleravecunauteurbest-sellerderomancesérotiquesBDSM,quisembleavoirdesexigencesbienparticulières…Après avoir beaucoup hésité, Annabelle finit par accepter et fait ainsi la
connaissanceduséduisantJohnLenoir.Trèsvite,ellecomprendquesesromanssontdirectementinspirésdesavie.Deplusenplusfascinéeàlafoisparl’hommeetparsestextes,ellebasculepeuàpeudel’autrecôtédumiroir,dansunmondede désirs et de plaisirs coupables.Mais jusqu’où est-elle prête à aller sur cecheminsulfureux?—Écoute,lisça,etonenreparledemain,tuveux?Jejetaiuncoupd’œilauxlivresquiappartenaientvisiblementàunemême
sérieintitulée«Fantasmes».Lesdeuxarboraientunephotographieennoiret
blancencouverture.Lestitres,écritsenrougevif,laissaientdéjàsupposertoutlecôtéoséducontenu.Lanaturedes imageschoisieset les titresdesromansmefirentfroncerlessourcils.—Onnejugepasunlivreàsacouverture!megronda-t-elle.—Éloge de la soumise ? Les Caprices duMaître ? Dis-moi que c’est une
blague!—Cesontdesbest-sellers!
SaraAgnèsL.
Contratavecunsalaud
Emma
ÀHélène.Mercid’avoirchoisiOli.Mêmedanslafolie,travailleravectoiesttoujoursunplaisir.
ÀClaire,mafidèlecomplice,àquijefaislaviedure,maisquimelerendbien.Etheureusement!Mercid’êtrelà.
Àmonpetitgroupedelecteursprivilégiés.Jamaisunromann’aétéaussigrisantàécrire.EnadoptantOli,vousm’avezdonnéedesailespourporter
cettehistoirejusqu’àlafin.Merci.DanscegroupenousavonsunOli:Daweed,lepetitcréairrévérencieux
qu’onadore.Touteressemblanceavecdespersonnagesexistantsneseraitquepure
coïncidence.Pourtant,jesuissûrequ’ilyaunepartd’OlidansDaweed.Oupeut-êtreest-cel’inverse?
Chapitrepremier
Jefixemonverreensoupirant.Décidément,cettetequilafiniraparavoirraisondemon cafard, et du reste demes pensées aussi.Adossée au bar, àma droite,Juliettepointedumentonlapistededansederrièremoi.—Etlebrun,là-bas?Ilaunbeaucul,tuasvu?—Arrêteunpeu,jegrogne.—Pourquoi?Tunecomptespasrentrerlesmainsvides,quandmême?Je lèvemonverredans sadirection,puis je le termineengrimaçant.Unpeu
vite,jerécupèreunmorceaudecitronvertdanslequeljecroqueenretenantmonhaut-le-cœur.Quelle idéedepicoler à la tequila ! Je toussote,mais dès que jeretrouvel’usagedemavoix,jerétorque:—Jesuisicipourboire,parcequequandjebois,jenepensepasàBen.—Situveuxmonavis,tun’asrienperdu,raille-t-elle.—Ouais.Mêmesij’aidavantageenviedepleurerquedepicolerdavantage,jefaissigne
au serveurdenous resservir.Tantpispour lagueuledebois.Qu’est-cequeçachange?Depuistroissemaines,jen’aiplusdeboulot,detoutefaçon.—Lebeaubrun…tuessûrequ’ilneteditrien?Je secoue la tête sansmême jeteruncoupd’œil, cequi énerved’autantplus
Juliette.—Merde,Amy, tunevaspasdevenirbonnesœuràcausedece type!Mais
quelleidéedecoucheravectonboss,aussi.Ungarsmarié,enplus!Choquéeparsaréplique,mêmesielleestvraie,jelafoudroieduregard.—Vatefairevoir!Dansunmêmeélan,jefinismatequilad’untraitettapeleverresurlecomptoir
pourquelebarmanseramèneenquatrièmevitesse.—Quoi? lâchemacopineenme faisant lesgrosyeux.Tuesbelle, jeune…
arrêtedetemorfondreetvaplutôtprendretonpied!Destypesdouésaulit,ilyenasûrementpleincebar!
C’estplusfortquemoi,jelèvelesyeuxaucieletpeste:—Tu veux qu’on reparle de la semaine dernière, peut-être ?Quand tum’as
traînée dans ce clubpourri et que tum’as poussée àmedéhancher sur la pistecommeuneidiote?—Ahnon!Là,cen’estquandmêmepasmafautesitun’aspaseudechanceet
quetuasramenécetimbécile!—Etlasemained’avant?jem’énerve.—Bah…ilétaitsaoul?suggère-t-elle.Jesoupiresansrépondre.ÀentendreJuliette,lamajoritédestypesdeplusde
trente ans savent faire jouir une femme. Évidemment, il faut que je déjoue sesstatistiques!Àcroirequ’iln’yaqueBend’assezdouépourmefaireperdre latête en dix minutes chrono. Depuis, deux épisodes malheureux m’avaientconvaincue de me rabattre sur l’alcool plutôt que sur les hommes. Pourquoiperdremontempsavecunidiotquinesauraquemefaireadmirerleplafonddemachambreàcoucher?— Allez, ne te laisse pas abattre ! m’encourage-t-elle. Tu n’as qu’à me le
laisserchoisir ! J’aiunsixièmesenspourça.Etd’aprèsmoi, lebeaubrun, là-bas…D’unsignedelamain,jelafaistaireetjegrogne:—Sansfaçon.Jen’aipasenviedetesterl’adage«jamaisdeuxsanstrois».Récupérant sonverrede tequila, elle rigole et le vided’un trait pendant que
j’ajoute:—Jevais justemesaouleret rentrerchezmoi.Seule, jeprécise.Enplus, il
fautquejemettemonCVàjouretquejemedégoteunnouveauboulot.Avecunefemmecommepatron,depréférence.—Tufiniraspeut-êtrelesbienne,semoqueJuliette.Mêmesisablagueestdemauvaisgoût,jerisavecelle,signeincontestableque
l’alcoolcommenceàfaireeffet.Alors que je reprends mes esprits, Juliette étouffe un rot sous ses doigts et
marmonne:—Merde.Ilfautquej’ailleauxtoilettes.Latequila,cen’estvraimentpaspour
moi.Tusurveillesmonsac?Elletournelestalonsets’engouffredanslafoule.Pourleprincipe,jeretirema
vesteetjelaposesurletabouretàmadroitepourmontrerauxautresquelaplaceestprise,puisjefaissigneaubarmanderevenirremplirmonpetitverre.—Salut,poupée.Jeretiensunsoupiragacéquandonseplanteàmadroite,exactementlàoùse
tenaitmacopineiln’yapasuneminute.Sansdaignerjeteruncoupd’œilàceluiquitented’attirermonattention,jegrogne:—Vafairetonnuméroailleurs.Jepréfèrelesfemmes.JerisintérieurementenmeremémorantmaconversationavecJuliette,maisle
typesecolleunpeuplusàmoi.—C’estpeut-êtrequetun’aspasrencontrélebongars.Duboutdesdoigts, ileffleuremonépaule,dénudéedepuisque j’ai retiréma
veste. J’ai un léger geste de recul et je me tourne vers lui dans l’intention del’engueuler,maisjeravaleprestementlesmotsacerbesquejesuissurlepointdelui jeter à la tête lorsque nos regards se croisent. Ce type est canon. C’estsûrement parce que je suis saoule, car je ne suis pas le genre à les trouvermignonsfacilement…Avecunsans-gêneévident,l’hommerécupèremonverreetleporteàsonnez.—Tequila?Disdonc,poupée,çanedoitpasallerbienfortpourboireuntruc
pareil…Pendant une fraction de seconde, je l’observe, incapable de répliquer. Ma
parole, qu’est-ce qu’il m’arrive ? En plus, je déteste qu’on m’appelle«poupée»!Retrouvantunsemblantdevoixferme,jepeste:—Gardetonnuméropouruneautre,jenesuispasd’humeur.Alors que jem’apprête à lui tourner de nouveau le dos, ilm’en empêche en
posantunemainsurmongenouetsecolleunpeuplusàmoi.Soncorpsseglisseentre mes cuisses de façon intrusive. Et pourtant, je reste là, à le dévisagerpendantquequelquesmèchesdecheveuxtombentsursonœilgauche.—Allez,arrêteteshistoires,dit-ilensepenchantpourquejel’entendemieux.
Ilestpresquedeuxheuresdumat.Tueslà,seuleaubar,entraindeboirecetrucinfect, alors neme fais pas croire que tu n’espères pas finir ta soirée par unebonnebaise.Jelâcheunrireamer.—C’estça,ouais.Etavectoi,évidemment.— Pourquoi pas ? Je suis beau, doué, et je peux te promettre une virée au
septièmeciel.Alorsquej’essaiedelâcherunautrerire,ils’avanced’unpas,toujoursentre
mescuissesquis’écartentnaturellement.Debout,ilmesurplombeetsonsourirecharmeurmefait frissonnerpendantquej’essaiederetrouvermesesprits.Jeneveuxpasdecetype.Jeneveuxpasmeretrouveràfixerunplafondpendantqu’onmeprendsansmedonner lemoindreplaisir. Jeveux justeboireetm’effondreravecunebonnegueuledebois.
Lorsque lamainde l’inconnuglissedemongenouàmacuisse, jesursauteetretienssongeste.—Hé!Ils’arrêteetmejetteunregardsombre.—Écoute,poupée,jesuisbonjoueur,jetemontrequejevauxlecoup.Donne-
moicinqminutes,topchrono,etonpourraenfinpasserauxchosessérieuses.Je le fixe sans comprendre. Qu’est-ce qu’il raconte, celui-là ? Possible que
mon esprit soit trop embrouillé pour comprendre ce dont il me parle, mais samain, elle, parvient sans trop de mal à s’échapper de la mienne et remonteprestement entre mes cuisses. Je sursaute et le repousse, choquée par sonintrusion.—Qu’est-cequetufiches?—Jevais tebranler,dit-ilcommesic’était toutà faitnormal.Commeça, tu
verrascequejevaux.Ilmefixeetattend.Quoi?Parcequ’ilespèreuneconfirmation?Jeclignedes
yeuxavantdelâcherunrirenerveux.—Ettucomptesmefaireça…ici?—Jesuisuntypecréatif.J’ail’habitudedessituationsparticulières…Son bras libre m’enserre et il me plaque contre lui pendant que ses doigts
cherchentàremontersousmajupe.Jen’aiplusl’envienilaforcedelerepousser,etjefondsunpeuentresesbras,ententantencoredeprotestermollement.—Mais…Dèsqu’ilatteintmonclitoris,au-dessusdemaculotte,jesursautecontreluiet
balaiecequinousentoureduregard.Ilestvraimentsérieux?—Tuesfou?Onpourraitnousvoir!dis-jetrèsvite.Sajamberemonteentremescuisses,coinçantsamaincontremonsexeetilse
metàmecaresserfranchement.Bonsang!Ilsaitvraimentyfaire!Mêmes’ilestpar-dessusmon sous-vêtement !Retrouvant un semblant de raison, je secoue latête.—Onnepeutpas…ici!Mavoixs’emballe.Mince!Commentarrive-t-ilàmedonnerautantdeplaisir
ensipeudetemps?—Personnene regarde,me rassure-t-il endonnantquelquescoupsdebassin
versmoi,frottantdumêmecoupsesdoigtscontremonsexeenfeu.Lesgenssontsaouls.Ilsn’enontrienàfoutredenous.Jevérifiesesdires,l’espritembuéparleplaisirbienplusquejenevoudrais
l’admettre.Mêmeen cherchantbien, jene croise aucun regard.Àquelquespas
d’ici,lesgensdansentsurunemusiquerépétitive.Jesursautedeplaisircontrecetinconnu lorsqu’il accélère la cadence et ma main s’accroche prestement à sanuque.Jelescrute,étonnée,tandisqu’ilmedévisageavecunairsatisfait.Mince!Moncorpsdevientaffreusementdocile.Dansunspasmeagréable,jelegriffeparmégardeetluienvoieunregardpaniqué.Jenepeuxpascroirequejevaisjouir,comme ça, devant tout le monde. Surtout sous les doigts d’un sale petitprétentieux!—Oh,poupée,jesensqueçavient…,menargue-t-il.Jefermelesyeuxetravalelegémissementquejesensgrimperdansmagorge.—Tuesunpetitvolcan,toi…jelesens,dit-ilencore.—Tagueule!Mavoixarésonnécommeuneplaintebienplusquecommeuneinsulte.Jeme
penche vers lui, m’accroche à son cou comme à une bouée de sauvetage. Jetangue,etçan’arienàvoiravecl’alcool.Cetypevamedonnerunorgasmeetjen’ai pas la moindre envie qu’il s’arrête. Dès que je lâche un premier râle, ilécrasesabouchesur lamiennepourmefaire taire. Ilmeserreplusétroitementcontreluipendantquejeperdslatête.Sansréfléchir,jerépondsàsonbaiseretmordssalèvreinférieureenétouffantmoncri.C’estdivin!—Oui…unpetitvolcan,confirme-t-ildansunrireprèsdemonoreille.Agacéparsonton, jeretrouvecontenanceavantdelerepousser.Devantmoi,
l’hommeselèchelalèvrequejeviensdemordreenarborantunpetitairsuffisant.Bordel!Ilm’aeue.Etilm’aoffertunorgasmeenuntempsrecordenplus!Je referme prestement les jambes avant de pivoter en direction du bar.Mais
qu’est-cequ’ilm’arrive?Jesuisfolleouquoi?J’ailaisséceparfaitinconnumetoucherdelasorte,devanttoutlemonde!Sepenchantversmoi,ilmedemandedesabellevoixgrave:—Alors,poupée?Onvafaireuntour?Matêteestauralenti.Etmêmesicen’estpasunebonneidée, jerécupèrele
verredetequilaposédevantmoietlevided’uncoupsec.Jenevaisquandmêmepas suivre ce type sousprétextequ’il vientdemedonnerunorgasmeenmoinsde… combien de temps, déjà ? Quelques minutes… ? Et pourtant, j’y songe.Vraiment.—Jesuisavecmacopine,dis-jeenessayantdecontenirletremblementdema
voix.Le barman réapparaît et me questionne du regard. Pendant une fraction de
seconde, j’ai peur qu’il ait remarqué ce qu’il vient de se passer, mais il memontresimplementlabouteilledetequila.D’unpetitsignedetête,jerefuse.Sije
comptem’envoyerenl’airaveccetypesansvomirmestripes,ilvautmieuxquejem’arrêtelà.—Quoi?Tuesvraimentlesbienne?rigole-t-ilens’accoudantàmadroite.Jeluidégoteunregardsombre.Est-cequ’ilsemoquedemoi?—Oh,maisçanemegênepas,tusais?sereprend-ilsansperdresonpetitair
suffisant. Elle est mignonne, aussi ? J’ai toujours rêvé de voir comment lesfemmesfaisaientçaentreelles.—Çat’arrivedetetaire?Ilseremetàrireetsortsonportefeuilleavantdeposerplusieursbilletsprèsde
mon verre vide. Ma parole, il s’imagine qu’il peut m’emmener où il veutuniquementparcequ’ilpaiemeshuitou…dixverresdetequila?Pendant que le barman vient récupérer son dû, un autre type, visiblement
bourré,vientseplanteràmadroite.—Hé,Oli!Qu’est-cequetufous?—Jelèveunefille,çasevoit,non?s’énerve-t-ilenmepointantdumenton.—Merde alors ! Tu ne perds pas de temps, toi ! Comment tu fais pour les
trouveraussivite?—Jevaisdroitaubut,déclare-t-ilenmejetantunregarddefeu.Regard qui fait directement se contracter mon bas-ventre. Incroyable !
Commentarrive-t-ilàfaireça?Jemeforceàfroncerlessourcilsetdescendsdemontabouretenessayantdenepasmecasserlafigureavecmestalons.—Lafillevapassersontour,jedéclare.Mercipourlaminuteexpress.AvantquejenepuisserécupérermavesteetlesacdeJuliette,ilm’arrêtedans
macourse.—Hé, poupée !Tunevas pasme laisser dans cet état ! Pas après la petite
gâteriequejet’aifaite…Ilyacommeundébutd’affolementdanssonregard,etjeretrouveaussitôtun
peu de ma prestance, relevant fièrement le menton vers lui. D’accord, il estvraimentsupermignon,etjesuissûrequ’ilassurecommeundieuaulit,maisilesthorsdequestionquejemelaissetraiterdelasorte!—Désolée,maisjedétestequ’onm’appellepoupée.Je tourne les talons et tombe nez à nez avec Juliette qui me scrute sans
comprendre.Derrièremoi,lecharmeurmesuitetinsisteencore:—Hé!Arrêtetondélire!Nefaispasl’allumeuse!—Mercipourleverre!dis-jesansmeretourner.Jem’accrocheaubrasdeJulietteetlatireendirectiondelasortie.Àcausede
l’alcool,jetitubeunpeu,maisjeriscommeunefollequandnousarrivonsdehors.
Macopine hèle un taxi et je soupire enme glissant sur la banquette arrière duvéhicule, follement ravie du petit orgasme que je viens de voler à cet idiot.Dommagequ’ilaiteuuneaussigrandegueule.Aveclui,jesuissûrequej’auraisétéservie…
Chapitre2
Jemelèvetard,aveclasensationquematêtevaexploser.Sanssurprise,j’ailagueuledebois.Jemeprépareducafé–unpeud’aide,çaneserefusepas.Monappartement est en bordel, comme ma vie, mais il est temps je cesse dem’apitoyer surmon sort et que j’aille de l’avant.Deuxmois de dépression, çasuffitpourcesalaud.EtàforcedesortiraussisouventavecJuliette,moncomptebancaire commence sérieusement à se vider. Il est plus que temps que je medégoteunnouvelemploi.Pendant que le café coule, je récupère le journal sur le seuil de ma porte,
démarre une lessive et remplis le lave-vaisselle. Pour aérer l’appartement,j’ouvreengrandlesfenêtres,cequi illumine lapiècecentrale.Adieumarasme,j’aienviedesortirdematorpeur.Devantuncaféquejehumeplusquejenelebois,j’ouvrelejournal,àlapage
desoffresd’emploi.J’encerclecequimeparaîtintéressant,sansmelimiteràmonchampd’expertise.Secrétaire juridique,c’estassezspécialisécommeboulot,etvu la façondont je suispartieducabinetdeBen, jedoutequ’il acceptedemeservirderéférence.Sur un petit encadré portant la mention « urgent », je m’arrête, intriguée :
«Recherchesecrétaire/adjointeadministrative,maissurtoutpersonneefficaceetcapable de travailler sous pression. Excellentes capacités de communicationoraleetécrite,êtrebilingueseraitunatout.Doitégalementdétenirunpasseportetun permis de conduire valides. Travail exigeant, nécessite beaucoup dedéplacements et des horaires flexibles. Bonne rémunération. Personne sérieuseuniquement.»Je faisunedrôledemouedevant ladescriptiondes tâches.Jenesuispassûredecomprendrelanaturedecetemploi,maisçapeutêtredansmescordes,alorsjel’encercle.Déterminée,j’envoieimmédiatementmonCVparmailauxtroisoffresquej’ai
repérées. Avec un peu de chance, je devrais recevoir aumoins un appel cettesemaine. Je file sous la douche et en sors en trombe lorsque la sonnerie du
téléphonerésonnedansmonappartement.Enrouléedansuneserviette,jeréponds,essoufflée:—Oui?—Je…euh…jesuisbienchezAmyLachapelle?Surprise,jemeraidisavantderépondre:—Euh…oui.— Je suis Cécilia Garrett, je téléphone à propos du CV que vous m’avez
transmisunpeuplustôtaujourd’hui.Étonnée qu’onme téléphone un samedi, et si tôt aprèsmes envois demails,
maisnesachantdequelemploiils’agitexactement,jeprendsunmomentavantderépliquer:—Euh…oui…?—J’auraisquelquesquestionsàvousposer.Çanevousembêtepas?Quoi?Unentretienpartéléphone?Unsamedi?C’estuneblague!Alorsque
j’aiencoreunrestedegueuledeboisetquejesuisàmoitiénuedansmonsalon,jemeraclelagorgeenprenantplacedansmoncanapé.—Non,je…çava.— Bien. Je vous rassure : ça ne prendra qu’une dizaine de minutes. Nous
recevonsbeaucoupdeCVetçamefacilitelatâchedefaireuntripartéléphoneavantdeconvoquerdescandidatspourdesentretiens,vouscomprenez?—Oui,oui.Auboutdufil,ellesemblebougerdespapiers,puisellelancesoudain:—Vous avez bien un passeport valide, n’est-ce pas ? Nous nous déplaçons
beaucoup,etparfoissansl’avoirprévulongtempsàl’avance.Unpasseport?Soudain,jereconnaislapetiteannoncequim’avaitintriguéeet
jemerelèvepourvérifierladated’expirationdudocument.—Oui,ilestvalidepourencoreunanetdemi.—Excellentenouvelle.Etvousêtesbeletbienmobile?Avez-vouscertaines
obligationsquipourraientvousempêcherdepartirenvoyage?—Euh…non.—Pasd’enfants?Demari?—Non,jerépète,unpeuperplexedevantcetinterrogatoire.Unpetitrirenerveuxrésonneauboutdufil.—Pardonnez-moideposertoutescesquestionspersonnelles,maisc’estqu’il
s’agitd’unemploifortexigeant.Mêmesivousaurezvosweek-ends,laplupartdutemps,tousvosprojetspeuventêtrebousculésàcaused’unsimpleappel.Aussitôt,jedemande:
—Est-ceque…jepourraissavoirdequelgenredetravailils’agit?—Oh!Pardon!J’enoubliel’essentiel!Alors…noussommesuneagencede
production,est-cequeçavousévoquequelquechose?Malàl’aise,jemerésousàdirelavérité:—Pasvraiment.Auboutdufil,ellerigole.— Ne vous en faites pas, j’ai l’habitude. En fait, nous sommes une petite
équipequigéronsdifférents événementsgrâceànotre expertise : celapeut êtredansledomaineduspectacleouducinéma…Noustravaillonsavecdesartistesetdesboîtesspécialiséesdanslemilieudelaculture,c’estpourquoinoshorairesetnotredescriptiondetâchessont…mafoi…peuconventionnels.Commejenedisrien,elles’empressed’ajouter:—Maisc’estunboulotpassionnantpourquelqu’unquiaenviedereleverde
nouveauxdéfis!Retenantunemoue,jeréponds:—Çatombebien,j’aibesoindenouveauxdéfis.— Tant mieux ! rigole-t-elle. Et je vois sur votre CV que vous avez une
formationdesecrétairejuridique.Jenevousmentiraipas,ilyauradelaprisederendez-vous et de l’envoi de documents,mais… disons que ce travail est pluscomplexequecela.Devantlesilencequiperdure,etaussiparcequejedétecteunbrindenervosité
danssavoix,jemesensforcéededire:—Jevousécoute…—Enfait,votretâchelaplusardueseradevousoccuperdemonfrère.Écarquillantlesyeux,jelâche:—Pardon?—Luietmoisommesassociésdanscetteagence,vousvoyez?s’empresse-t-
elled’ajouter.Saufquemon frèreest…commentdire?Difficileàvivre? Il abesoind’uneassistantepour lui rappeler ses rendez-vous,maisaussi…pour leréveilleret…pourl’accompagnerunpeupartout.Vousleconduisez,vousécoutezcequiseditdurantsesrencontres,vousprenezdesnotes…C’estunartisteunpeuexcentrique.Ilsort,ilsecouchetard,quandilestdansunephrasedecréation,ilabesoin d’espace, mais quand il est dans le creux de la vague, il est… assezdésagréable,jenevousmentiraipaslà-dessus.Unsilencepassependantquejeréfléchisàcedrôled’emploi.Pluselleparle,
moinsjecomprendscequ’ellerecherche.—Évidemment, sivousaviezassezdecaractèrepour le remettre à saplace
lorsqu’il dépasse lesbornes, çanepourrait que jouer envotre faveur, ajoute-t-elleencore.Unrireplustard,jerétorque:—Côtécaractère,çapeutsefaire.—Voilàcequejevoulaisentendre!Ehbien…çavousdiraitdepasserànotre
bureau, cet après-midi ? Je vousmontrerai les lieux et vous rencontrerezmonfrère.Aprèsquoi,nousverronssil’emploivousintéressetoujours.Surprise,jeresteunmomentsouslechocdesapropositionavantderépéter:—Aujourd’hui?—Oui, je sais que nous sommes samedi,mais c’est un poste à pourvoir de
touteurgence. J’aidéjàeu troispersonnesquiont abandonnéenmoinsdedeuxmois.Etjesuiscenséeaccoucherdansquelquessemaines,alors…Elleseremetàrire.— Ce que j’ai oublié de spécifier, c’est que je cherche quelqu’un pour me
remplacer,moi!explique-t-elleencore.Idéalement,j’aimeraismieuxsavoirmonfrère entre de bonnes mains avant de partir en congé maternité, mais quelquechosemeditqueceneserapasdetoutrepos.Les yeux dans le vague, je l’écoute rigoler comme si tout était normal en
essayantdereplacerlespiècesdupuzzle.—Vers13heures,çavousirait?insiste-t-elleencore.Revenantàlaréalité,jedis:—Treizeheures,pasdeproblèmes.Jemerelèvepournoterl’adressequ’ellemedicte,puisjeraccroche,perplexe.
Ai-jevraimentpostulépourdevenir l’assistanted’unartiste au sale caractère ?Quelledrôled’idée!
Chapitre3
Pendant que jeme sèche les cheveux, je bois un autre café, puis j’enfile unensemble griffé : une jupe et une veste grises, très professionnelles, maismalheureusementunpeugrandes.Merde.J’aiperdudupoids.Enplus,jen’airienmangé depuis hier soir. Plantée devant mon miroir, j’ajoute une ceinture et jelaisselevestonouvertpourm’assurerquelevidedansmesvêtementsnesevoitpas trop. Quand je ressemble enfin à quelque chose, je récupère mon sac, meglissedansmestalonsetsorsdemonappartement.Unevingtainedeminutesplus tard, je tournepour trouveruneplaceoùgarer
ma voiture dans le centre-ville de Montréal, puis j’entre dans un immeublemodernequi regroupeplusieursentreprises.Dèsque j’arriveauseizièmeétage,celui où se trouve l’agence « Starlight », une femme au ventre proéminentm’accueille:—Amy?JesuisCécilia.J’accepte lamainqu’ellemetendet luisourit.C’estunepetitebrune,unpeu
plusâgéequemoi,avecunvisagerayonnant.—Pardondevousavoir faitdéplacerunsamedi,mais jesuiscenséeêtreen
congé de maternité depuis un mois déjà et je passe mon temps à recruter desremplaçantes.Jesavaisquemonfrèreétaitdifficile,maisjen’auraisjamaiscruàcepoint!Aulieudes’enformaliser,ellerigoletoutenmeguidantàl’intérieurdeslieux.
Le soleil illumine magnifiquement la pièce centrale autour de laquelle desbureauxsedéploient.Avecverve,lajeunefemmereprend:—Généralement, ilyauneréceptionnisteàl’entrée,maisleweek-end,c’est
plutôtrarequedesemployéssedéplacent,saufpourvenirrécupérerdumatériel.Parexemple,encemoment,nousavonsuneéquipequimonteunescènepourunspectacledecirque.Je fais une sorte de « hum hum» en la suivant à travers le corridor qu’elle
emprunte,maisenréalité,jenesuispassûredetoutcomprendre.
—Detoutefaçon,toutçan’aquepeud’importance,carvousserezaffectéeàl’entière assistance demon frère. À ce titre, vous prendrez ses rendez-vous etveillerezàcequ’ils’yrende.Lematin,ilfaudraluifaireducafé.Noir,jamaisdelait.Ildétesteça.Ah,etassurez-vousqu’onneledérangepaslorsqu’ilcrée.Ilestassezsusceptiblesurcepoint.Jehochelatêtedanslevide,puisqu’ellenemeregardepas,maisjecommence
à me sentir nerveuse. Cette fille me parle comme si j’avais déjà décroché leposte.—Lasemaineprochaine,ildoitserendreàLasVegaspourdiscuteravecdes
producteursdelà-basafind’importerundeleurspectacle.Vousl’accompagnerez.Vousparlezanglais,n’est-cepas?—Euh…oui.—Parfait,carvousdevreznoterlesgrandeslignesdeleurconversation.Non,
en fait, vous devrez le récupérer chez lui, le conduire à l’aéroport et le suivredanstoussesdéplacements,àVegas.Devant uneporte fermée, elle s’arrête et pivote enfinversmoi.Étrangement,
c’estlemomentoùjemedécideàouvrirlabouche.—MadameGarrett…—Cécilia.—Cécilia.C’estque…jepensaisque…cen’étaitqu’unentretien.—Oh,maiscen’estqu’unentretien,m’assure-t-elle,maiss’iln’entenaitqu’à
moi,vousauriezlepostesurlechamp.Malheureusement,jenesuispaslaseuleàdécider.Elle pose une main sur la poignée de la porte avant de me jeter un regard
inquisiteur:—Prêteàrencontrermonfrère?Ilestdemauvaisehumeur,cematin,maisne
vousenlaissezpasimposer.Ilabesoindediscipline.Je garde le silence et jem’attends à une attaque dès qu’elle ouvre la porte.
Pourtant, il ne se passe rien. À croire que la pièce est vide. Et immense,d’ailleurs.Ilyabeletbienunbureau,maiségalementunetabledetravailrempliededessins,deuxcanapésquicontiennentchacundeuxplaces,une tablebasseetuneimmensetélévision.Alorsquejem’avance,Céciliachuchote:—Entrez.Installez-vouslà-bas.Ellem’indiquelebureau,refermelaportederrièremoietfileseposteraubout
d’uncanapédontjenevoisqueledossier.—Oli,debout!gueule-t-elleavecénervement.Jen’aipasqueçaàfaire,moi,
j’aiunrendez-vouschezmagynécodansmoinsd’uneheure!Un grognement se fait entendre et un homme se redresse sur le canapé en
position assise.Mal à l’aise, je détournemon attention en direction de la baievitrée.Noussommesauseizièmeétageetlavueestsplendide.—Maisqu’est-cequetuferasquandj’auraiaccouché,hein?J’auraiquelqu’un
d’autre à qui essuyer les fesses, à ce moment-là ! J’en ai marre de tonirresponsabilité.—Hé,moinsfort!râle-t-ilenselevant.—Amyestici,tupourraisfaireunpetiteffort!Etessaiedenepasavoirl’air
tropabruti!Jeréprimeunfourireengardantlesyeuxrésolumenttournésailleurs,mêmesi
jeperçoisclairementdumouvementàmadroite.—Jeprendsdeuxcachets.J’aiunmaldetêtecarabiné,seplaint-il.—Tum’étonnes!Avectoutcequetubois!—C’étaitunefêteavecunclient, tunepeuxrienmereprocher,sedéfend-il.
C’estcommeçaqu’onraflelesgroscontratsettulesais.Céciliamesertunsouriregêné,puisellevients’installersurlachaisefaceà
moi,del’autrecôtédubureau.— Parfois, il faut le secouer un peu, m’explique-t-elle, comme si son frère
n’étaitpaslà.—Arrêtedemetraitercommeungamin.Elleseremetàrire,maisunepetitenoted’exaspérationselaisseentendredans
saréponse:— Tu es un gamin, Oli, mais le jour où j’aurai le mien, je ne pourrai plus
m’occuperautantdetoi.J’entends le bruit d’un tube de comprimés que l’on ouvre, puis le type me
contourneetrécupèreunechaisequ’ilvientdéposeràcôtédecelledesasœur.Surlemoment,j’afficheunsourireamusé,maispendantqu’ilboitdel’eaupouravalersescachets,jeretiensdifficilementunhoquetdestupeur.Bordeldemerde.Lesalaudd’hiersoir!Cen’estpaspossible!Quandilrelèvelesyeuxsurmoi,jemetourneverssasœuretjeprieensilence
pourqu’ilaitétéassezbourré,hiersoir,pournepasmereconnaître,aujourd’hui.Oupeut-êtrequejedevraisfairesemblantdenepasavoirlemoindresouvenirdecequ’ilm’a fait.Oui,voilà ! Jen’auraide toute façon sûrementpas le travail,maiscelavautquandmêmemieuxquedem’enfuirencourant!Du coin de l’œil, je vois qu’il me jauge avec intérêt. Est-ce qu’il me
reconnaît?Est-cequ’ilaencorelalèvresensible?Jemesouvienstrèsbiende
l’avoirmordu…Merde!Jenedoispassongeràcela,jedoismeconcentrersurCécilia…—Putain,c’estuneblague!s’énerve-t-il.Je sursaute sur ma chaise et je daigne reporter mon attention sur lui.
Visiblement,ilm’areconnue,etilestaussisurprisquemoi,carilmedévisage,laboucheouverte.—Oli,pasdeçaavecmoi!Onnevapasrejoueràcepetitjeu!Ilposelesyeuxsursasœuravantderevenirlesplantersurmoi.Qu’est-ceque
jesuiscenséedire?Oufaire?Est-cequ’ilesttempsquejefichelecampavantqu’ildéballecequ’onafaittouslesdeuxhiersoir…?—Amyestqualifiée,elleaunpasseportvalide,pasd’obligationsfamiliales…EllesemetàluiliremonCVàvoixhaute.Dansunsoupirlas,ilcroiselesbras
devantlui.—Arrêteavecça.Uneidioteavecunpeudejugeoteseraitcapabledefairece
travail!Jemefichebienqu’ellesachetaperviteàl’ordinateur!—Oli,çasuffit ! lecoupe-t-elle rudement.Tuespirequ’ungaminet j’enai
plusqu’assezdedevoirpassermontempsàdevoir te trouveruneassistantequifasseofficedegardienned’enfant !Si tune faispasuneffort, tu tedémerderastoutseul,petitcon!Inconsciemment,jepinceleslèvrespournepasmemettreàrire.«Petitcon»,
envoilàunqualificatifintéressantpourledécrire.Devantlacolèredesasœur,ilsembleretrouversoncalme.D’unsignedelamain,illuifaitsignedepoursuivreetprenduntonplusdoucereux:—Pardon.Jesuisdemauvaisehumeur.C’estquelanuitaétécourte.Au passage, il me dégote un sourire charmeur qui me fait vibrer bien
involontairementdespiedsà la tête.Quelsalaud,celui-là!Ilnevapasosersefoutredemagueule,enplus?Satisfaite,Céciliasemetàparlerdeleuragencedeproductionetdesprojets
encours:unspectacledecirque,plusieursdécorspourdesfilmsàgrosbudgetset celui d’une comédie musicale. Je l’écoute à moitié, trop occupée à essayerd’ignorerlepetitsouriresuffisantsurlevisagedesonfrère.Quandellesetait,jeclignedesyeux,persuadéed’avoirratéquelquechose,maisellesepenchepourmieuxvoirsonfrère.—Oli,tuveuxluiposerquelquesquestions?—Pourquoituveuxceboulot?medemande-t-ilsanslamoindrehésitation.Qu’il instaure le tutoiement ne me rassure pas outre mesure. Je croise les
jambes et il suit mon geste avec attention. Mais c’est qu’il me reluque sans
vergognedevantsasœur!Jemeraclelagorgeavantdeluirépondre:—En réalité,monsieurGarrett, jene suispas certainedevouloir ceboulot.
Disonsquejeprospecte.Ilhausseunsourcil,visiblementamusédeladistancequejeremetsentrenous
enlenommantdefaçonaussiformelle.S’iln’entenaitqu’àmoi,jel’appellerais«petitcon»avecjoie.—Etpourquoiest-cequetun’asplusdeboulot?Ça, c’est la question que je redoutais, etmalgrémoi,mes lèvres se pincent,
maisjereprendsrapidementcontenanceetrétorque:—Appelezmonancienpatron,siçavousintéresse.J’ailasensationdel’avoirintrigué.—Peut-êtrebienquejeleferai,dit-ilensecalantsursachaise.Samenacemedéplaît,maisaufond,qu’est-cequej’enaiàfaires’ilcontacte
Ben?Jenecomptepasaccepterceboulot,detoutefaçon!Dèsquejelepeux,jefouslecampdecetendroit!— En fait, le plus important, c’est qu’elle arrive à te supporter, rétorque
Cécilia en direction de son frère. Et tu ne devrais pas le vouvoyer, Amy,autrement il va se croire plus important qu’il ne l’est. N’hésite jamais à leremettreàsaplace.Jeluisouris.Siellem’avaitvulaissersonfrèreenplan,hiersoir…—Voilàlesdocumentsetlesinformationsdonttuasbesoinpourcommencer,
poursuit-elle.Rempliscespapierspourquelacomptabilitépuissemettretoutçaenplacedèslundimatin.Est-cequ’ellem’offreletravail?Avantquejenepuissetempérersespropos,
sondoigtsepromènesurunefeuillequ’ellepoussedevantmoi.—Ça, c’est le salaire,mais tu auras aussi accès à une carte de crédit de la
compagniepourlesfraiscourants:essence,achatdebilletsd’avion,cegenredechoses. Je présume que tu avais quelque chose de similaire dans ton ancienboulot.Jene répondspas, lesyeux rivés sur le salaire.C’estmieuxquemonancien
boulot.Beaucoupmieux.Alorsquejecherchemesmotspourrefusercetteoffreplusqu’intéressante,voilàquemaboucheserefermeetquej’hésitependantprèsd’uneminuteavantdereleverlatêteverselle.—Jepeux…récapituler?Dèsqu’ellehochelatête,jepointeOlid’undoigtavantdereprendre:—Jevaisêtrepayéetoutçajustepourgarderunœilsurlui?Céciliarougitlégèrementavantd’opinerdelatête.
—Passeulement,maisenfin…ilyaunpeudeça.Dans un rire désagréable, Oli se penche vers moi et jette, avec une voix
faussementcharmante:—Çatedit,poupée?Sansattendre,jedécroiselesjambesavantdedéclarerfroidementàsasœur.—Jepensequenousallonsenresterlà.Céciliasursautesursachaiseetsecouerapidementlatête.—Quoi?Mais…non!Essaie,aumoins!Ellefrappel’épauled’Oliavantdepester:—Putain,tunepeuxpasymettreunpeudutien!—Hé!Siellen’aimepasmafaçond’être,jen’ypeuxrien!sedéfend-ilense
frottantlàoùellevientdelecogner.Je me relève et parle vite, déterminée à partir d’ici au plus vite, sans me
retourner.—Jesuisdésoléedevousavoirfaitperdrevotretemps.Jen’aipastournélestalonsquelavoixd’Olirésonne:—Attends.Jenepeuxm’empêcherdemefigeretdemeretourner, intriguéeparcequ’il
pourraitavoiràmedire.Ilnevaquandmêmepastoutdéballerdevantsasœur?—Cél,tuveuxbienallernouschercherducaféaubistrod’enface?Donne-
nousdixminutes.Elletourneundrôlederegardendirectiondesonfrèrequisejustifieaussitôt:—Jesuisunpetitcon,jesais,maisj’aimesbonscôtés.Jeveuxjusteessayer
derattraperlecoup.Dansunsoupir,ellehochelatêteetsortenmelaissantseuleavecOli.Etmoi,
j’ail’impressionquedelaportequiserefermefaitunbruitassourdissantdansmatête.
Chapitre4
Monanxiétégrimpeenflèche lorsque jemeretrouveseuleavecOli.Pendantune interminableminute, peut-êtremême deux, nous restons là, à nous regardersansdire lemoindremot.Au loin, j’entends le«ding»distinctde l’ascenseur,signequesasœurestbeletbienpartie.Mécaniquement,jeremontelacourroiedemonsacàmainsurmonépaule,prêteàmemettreàcouriràtoutesjambes,surtoutlorsqu’ilarboreunsourirecharmeur.—Tiens,tiens…lapetiteallumeused’hiersoir.Commeonseretrouve…Faisant un pas en direction de la sortie, je coupe court à la discussion sans
attendre:—Écoute,onnevapasjoueràcepetitjeu…j’aiautrechoseàfaire…—Pourtant,tun’aspasrefuséquejetebranle,hiersoir,raille-t-iltrèsvite.Surlepointd’atteindrelaporte,jefaisvolte-facepourluiretournerunregard
sombre.—Hé!J’étaissaoule,d’accord?—Tutesouviensdel’orgasmequejet’aioffert,quandmême?Jesursaute lorsqu’ilsepencheversmoi,avecunairdeprédateur,mais ilne
faitquecaressersalèvreinférieuredudoigt.—Tuasvucommeelleestgonflée?Àquilafaute,tucrois?Même si j’essaie degarder la tête froide, je rougis commeune idiote enme
remémorantlascène.—Ettum’aslaissédansunsaleétat,aprèsça,peste-t-il.Devantsontonarrogant,j’aiunmouvementdereculetjerelèvelementonpour
luimontrerqu’ilnemefaitpaspeur.—Laprochainefoisquetuvoudrasagircommeunrustre,tuysongerasàdeux
fois.—Pfft !Quelle susceptibilité !Tu restais aubar à attendre,qu’est-ceque tu
crois que j’en ai déduit ?Tu n’attendais que ça, un gars avec qui t’envoyer enl’air!Çacrevaitlesyeux!
Jereculeendirectiondelaporteetilmesuit.—Etvulavitesseaveclaquelletuaspristonpied,jecroisqueçafaisaitun
momentquetunet’étaispaslâchée,poupée.Jecontinuedereculerjusqu’àsentirlemurdansmondosetjeparleviteavant
qu’ilnesoitsurmoi:—Jet’interdisdemetoucher!—Nedispasça.Jevaist’expédierauseptièmecielenmoinsdedeux.Jesuis
sûrqueçavanouscalmertouslesdeux.Etjet’avouequej’aiadorélafaçondonttuasjoui,hiersoir…Sanslamoindrehésitation,ilglisseunemainentremescuissesetremontesous
majupe.Ilestdéterminéetn’hésitepasuneseconde.Etmêmesijesursaute,aulieu de le repousser, jeme fige, comme si j’attendais quelque chose. Il atteintrapidementmonsexe,maisrestecoincéparlesbarrièresdemoncollantetdemaculotte.Etsijemefaisviolencepournepasécarterlesjambes,ilnesegênepaspour cogner son pied au mien et obtenir le passage que je ne lui refuse pasvraiment.—Sic’estlesalairequetutrouvestropbas,onpeutlerallongerdevingtpour
centsituinsistesunpeu,annonce-t-il,commesinousétionsentraindenégocier.D’uncoupraide,ildéchiremoncollantetfaufilesesdoigtscontremaculotte.
Etmêmesimoncorpsluiresteouvert,jegronde,pourleprincipe:—Tusaisquetesmanièreslaissentàdésirer?—Jeterappellequec’esttoiquim’aslaisséenplan,hiersoir.—Maistu…Mes mots s’étouffent dans un petit cri lorsqu’il contourne effrontément ma
culotte etmepénètred’undoigt.Enproie àunvertige agréable, je le repoussemollement:—Céciliavabientôtrevenir…Sanscessersonmouvementdeva-et-vient,ilremontemajupesurmeshanches
avecempressement.—Non,attends,jesouffle.Un second doigt s’ajoute au premier et je ferme les yeux pendant une petite
secondepoursavourercettedélicieusecaresse.Bordel!Qu’est-cequ’ilestdoué,cesalaud!—Tudisais?menargue-t-il.Énervée, je lui donne un petit coup sur la poitrine, tandis qu’il remonte
emprisonner mon clitoris entre ses doigts. Je sursaute de plaisir et jem’abandonne, laissant ma tête chercher un appui confortable contre le mur
derrièremoi.— Je te fais languir un peu ou je te fais jouir tout de suite ? semoque-t-il
encore.—Tagueule.Lasécheressedemesmotsestatténuéeparletroubledansmavoixetbientôtje
necontrôleplusmarespiration.Monsexes’ouvre,pulseetl’accueilledemieuxenmieuxchaque foisqu’il revientplongerenmoi, et jen’essaiemêmeplusderetenirmespetitscrisdeplaisir.—Oh,oui,poupée…tuvasmelarejouer,jelesens…Unpeu rudement, il forcemes jambesà s’ouvrirdavantage,déchirant encore
mon collant. Je m’accroche à sa nuque et me mords la lèvre pour ne pas lesupplierdemefairejouir.—C’estlamiennequetudoismordre,poupée.J’ouvre difficilement les yeux et je comprends ce qu’il me dit lorsqu’il
approche son visage dumien. Sans réfléchir, je me jette sur sa bouche que jelèche,dévore,puismordspendantqu’ilmefaitperdrelatête.Jesuisdansunétatsecond lorsqu’il ralentit la cadence et je prends un petit moment avant depercevoirlebruitdesabraguettequ’ildéfait.—Génial…tujouisvite.Sionsedépêche,j’aipeut-êtreletempsdetebaiser
avantquemasœurrevienne…Ilsortdéjàsonsexeetouvrel’emballaged’unpréservatif.Unequestionéclate
dansma tête : qu’est-ce que je suis en train de faire, exactement ? Je viens deperdreunboulotparcequejecouchaisaveclepatron,etvoilàquejesuisentraindenégociermonprochaincontratenouvrantlescuisses!Avecungoûtamerdanslabouche,jeglissecontrelemurpourm’éloignerde
luietredescendremaladroitementmajupe.Mescuissescollentàcauseducollantdéchiré,maisaussiparcequejesuistrempéeaprèscequ’ilvientdemefaire.—Retiretaculotteetplace-toifaceaumur,ordonne-t-il,ceseraplusrapide.—Non,je…Sansfaçon.Son érection dans une main, il me scrute avec un air ébahi pendant que je
remontelabandoulièredemonsacàmainsurl’épaule.—Finalement,çanemeditrien,j’annonceenreculantpourrejoindrelasortie.—Non!Tudéconnes,là?Malgrémoi,j’aienviederigolerensongeantquejesuisentraindeleplanter
làpourlasecondefois,maisjeprofitedufaitqu’ilaitsonpantalonàmi-cuissespourouvrirlaporteetfoutrelecamp.—Hé!Poupée!Nemefaispasça!Jet’aifaitjouirdeuxfois,merde!gueule-
t-ilenessayantdemesuivre.Je l’entends qui titube derrière moi pendant que je me plante devant
l’ascenseur.Auloin,ils’énerve:—Putain,tupourraisêtregentille!Etleboulot,alors?Je ne lui réponds pas et jem’engouffre dans l’ascenseur dès que les portes
s’ouvrent.Audiablecejobétrange!Jeneveuxplusrienavoiràfaireavecdessalaudsdanssongenre!Aumoins,cettefois,c’estmoiquiaitoutraflé.Lorsquejesorsdel’immeuble,lecorpsapaisé,jem’installeauvolantdemavoitureetjelâchelerirelepluslibérateurquisoit.Ilenaprispoursoncompte,celui-là,tiens!Etplutôtdeuxfoisqu’une!
Chapitre5
Pendantaumoinstroisbonnesminutes,jefixelaportedel’ascenseur,laqueueencoreenmain.Quandmonérectionretombe,jecomprendsquecettefillem’adenouveaufiléentre lesdoigts.Commentelleaosémefaire lecoupunesecondefois ? Devant le bruit caractéristique qui indique le retour de l’ascenseur, jeremballetoutetjettelepréservatifdanslapremièrepoubellequejetrouve.—Putaindesaletédemerde!jepesteendonnantuncoupdepiedàunechaise
delasalled’attente.Jen’arrivepasàcroirequejemesuisfaitavoirdeuxfois!C’estquandmême
uncomble!Surtoutquejel’aifaitjouir!Maisqu’est-cequinetournepasrond,chezelle?Énervé,jereviensdansmonbureauetrécupèreleCVdecettefillependantque
masœurrefaitsonapparition.Jen’aipaseuletempsdereleverlesyeuxsurellequesaquestionrésonnedéjà:—Oùest-cequ’elleest?—Partie,jegrogne.Ellesoupireetvientdéposerlescaféssurlebureau,devantmoi.—Merde,Oli,tunepourraispasessayerdem’aider,pourunefois?Jerécupèreungobeletavantdelâcher:—J’aiessayé.J’aimêmecruquej’arriveraisàl’avoir,etpuis…LesyeuxdeCéls’écarquillent:—Pitié,nemeditpasquetuasessayédelatripoter!—Maisnon,jemensenportantlecaféàmeslèvres.Jeluiaioffertvingtpour
centdeplusetjeluiaiparlé…desvoyagesettoutlereste.Mêmesij’ail’habitudederacontern’importequoiàtoutlemonde,devantCél,
j’ai toujours plus demal, alors je pivote pourme poster devant la baie vitrée.Derrièremoi,masœursoupireencore.—Oli,ilfautquetuarrêtesdefaireça.—Jenefaisriendutout,jel’interromps,entournantunpeulatêtepourqu’elle
voieàmonprofilquejesuiscontrarié.Aulieudes’emporter,ellesoupireencore.Jedétesteceson.J’ail’impression
deladécevoir.Cen’estquandmêmepasmafautesicettefilleneveutpasdecetemploi!—Jesuisfatiguée,Oli.Etenceinte,merde!Tucroisquetoutcestress,c’est
bonpourlebébé?Jedéglutissansrépondre,enessayantdechasserlaculpabilitéqu’elleessaie
deme faire ressentir. Quelle idée de faire un bébé, aussi ! Ce boulot est tropexigeantpouravoirunefamille!Onestbienplacéspourlesavoir,non?Jeserrelesdentspourcontenirmonénervement.Leschosesétaienttellementplussimplesavantqu’ellerencontrePauletqu’elledécidedeluifairedesgamins!—Oli,j’enaiassez.Jerentre.Derrière,jel’entendsquidéplacedespapiers.—VoilàtouslesCVquej’aireçus.Anxieuxdevantcequ’ellesous-entend,jepivoteverselleetladévisage.—Quoi?Tumelaissestrouvermapropreassistante?—Oui, lâche-t-elle sans lamoindre hésitation.Au cas où tu ne l’aurais pas
remarqué, tu enasdéjà eu troisquiont abandonnéce travail enmoinsdedeuxmois,etmaintenant,macandidatefavoriterefusemêmed’essayer!—Ellesétaienttoutesincompétentes!—Non,Oli.C’estseulementqu’ellesnepouvaientpastesupporter,parceque
tun’esqu’unsalecon!Tulesais,jelesais,toutlemondelesait.Iln’yaquemoid’assezstupidepourendurerlebordelambulantquetues!Je reposemon café sur le bureauunpeuvite, éclaboussant quelques-unsdes
papiersàcôté.Merde!Toutvadetravers,cematin!Cécilialaissetoutenplanavantdemetournerledospourrepartirendirectiondelasortie.Sansréfléchir,jelasuisetjetentedel’amadouer:—Allez,quoi!Laprochaineseralabonne!Jeteprometsdefairedesefforts!—C’esttroptard.—Maistunepeuxpasmelaissercommeça!Elle pivote brusquement pourme refaire face. Cette fois, elle est en colère.
Peut-êtrequesijeluiexpliquecequis’estpasséaveccettefille,aubar,hiersoir,ellevacomprendre?—J’enaimarre.J’airendez-vousavecmagynécoetj’aienvied’allerfaireles
boutiques pour acheter des vêtements àma petite fille. Tu comprends ou ça tepassecomplètementau-dessusdelatête?—Mais…etmonassistante?
—Débrouille-toi,mejette-t-ellesèchement.Peut-êtrequesitutefaisaischieràlatrouvertoi-même,tuenprendraisunpeuplussoin?Parceque…pouravoiroccupé ce rôle pendant trois ans,Oli, je peux te dire que, certains jours, c’estvraimentunboulotdemerde.Quandellemelaisseenplan,jeretienslesrépartiesquimemontentauxlèvres.
Detoutefaçon,çanechangerapasgrand-chose,saufàprolongernotredispute.Labonnenouvelle,c’estquedemain,elleviendras’excuser.JeconnaisCél.Ellenepeutpasresterfâchéecontremoiplusdevingt-quatreheures.Enfin…laplupartdutemps…Dans un grognement, je reviens àmon bureau et je récupère le CV de cette
petite peste. Amy. Joli nom pour un joli cul. Cul que je n’ai même pas vu,d’ailleurs.Ehmerde ! Je contemple longuement son adresse.Cen’est pas loin,maisjenesuispaslegenreàcouriraprèsunefille.Quoique…j’aibienenviedemevengerdecettepetiteingrate.Ellemedoitbienunorgasme,non?Jereprendsmon café que je bois à grandes gorgées. Je cherche unmoyen de l’approcher.Dansunbar,alorsqu’elleestsaouleetqu’elleattendleprincecharmant,c’estunechose,maischezelle?Ilmefautunplan…
Chapitre6
Jerentrechezmoietjeprendsunedouche.Ilfautquejemedébarrassedecessatanés collants que cet idiot a déchirés et j’ai la sensation que mes cuissescollentencore.Aumoins,lajournéeauraeuunenotepositive,aveccetorgasme.Etj’avouequelatêtedecesaletypequandjel’ailaisséenplanvalaitsonpesantdecacahuètes!Souslejet,jesouriscommeuneidiotependantquejemenettoie.Revigorée,jerécupèreunt-shirttroplongquej’utilisepourdormiretunboxer
avantdevenirmefairegrillerunetranchedepain,maisalorsquejecroquedansune première bouchée, on frappe à la porte. Sans réfléchir, jeme poste devantl’entrée et jetteun coupd’œil à travers le judas.Quand je reconnais la têtedel’autrecôté,jeverrouilleavantdegueuler:—Fichelecamp!—Poupée,ilfautqu’onparle.—Jetedéfendsdem’appelerpoupée!Unsilencepasseavantqu’ilnereprenne:—Amy.S’ilteplaît,ouvrelaporte.J’aiuneoffreàtefaire.—Çanem’intéressepas.—Écoute,jenevienspaspourtetripoter,jeveuxjusteteparlerduboulot.Un peu perplexe devant son ton si neutre et détaché, je m’immobilise,
incertaine.Jeneveuxpasouvrirmaporte.—Amy,j’aivraimentbesoind’uneassistante.Commejerestesilencieuse,ilinsisteencoreenymettantunpeuplusdeverve:—Allezquoi!Essaie,aumoins!C’estbienpayéetcen’estpastropexigeant:
tumesuisdansmesréunions,tuprendsdesnotes,tum’accompagnesenvoyage…Tiens, on va à Vegas, la semaine prochaine. La preuve que c’est un boulotintéressant!—Jen’aipasenviedejouerlesnounous.—Oh,maisjenesuispassidifficileàvivrequeça.Enfin,hormislematinoù
je suis un peu demauvaise humeur, ou à certaines étapes demon travail,mais
sinon…jesuisassezcharmantdansmongenre.Tunepeuxpasdirel’inverse!Devantsontonsuffisantdanslequeljeperçoisunpetitrire,jedéverrouilleet
entrouvrelaportepourlefoudroyerduregard.—Charmant?Tuagiscommeunhommedescavernes!Ilsouritavantdehausserlesépaules:—Hé!Çaasoncharme!Je lui referme prestement la porte au nez, ce qui ne semble pas calmer ses
ardeurs.—Amy!Jet’offreunepropositiondetravail!Arrêteunpeudetebraquer!—Va-t’en!Jet’aiditqueçanem’intéressaitpas!—N’oublie pas que c’est un boulot temporaire !Ma sœur ne va pas rester
éternellement en congé maternité ! Je dirais… trois, peut-être quatre mois ?Pendant ce temps, tu peux continuer à envoyer tesCV, et tu en profites pour tefaireunpeudepognon.Jefixelaporteenréfléchissantàsonoffre.—Tuasducaractère,unpasseport, tu aimesbien traînerdans lesbars… je
t’assurequecetravailvateplaire.Sansréfléchir,jerouvrepourluijeterunregardscrutateur.—Etmoi?Tut’imaginesquejesuisinclusedansceprix?Ilhausselessourcilsetsonregardmebalaiedehautenbas.Merde!Comment
ai-jepuoublierquej’étaisàmoitiénue!Jemecacheunpeuderrièrelaporte,etilsoupire.— Écoute, des filles bonnes à baiser, ce n’est pas ce qui manque dans ce
métier,ettadescriptiondetâchesn’arienàvoiravecmaqueue.Sonregardsefaitplussombre.—Maisjenevaispastementir:jetrouvequetuesunesacréeallumeuse,et
quejeméritequelquechoseenretourdescaressesquejet’aidonnées.Alorsque jesuissur lepointdeclaquermaporte, il la retientd’unemainet
ajoute,lesyeuxtoujoursbraquésdanslesmiens:—Allez,unebaiseàl’amiable.—Tuesfou!—Pourquoi?Jesuissûrquet’encrèvesd’envie!Ilnefautpasêtretrèsmalin
pourdevinerqu’ilyabellelurettequetun’aspasétébaiséecorrectement!—Hé!—Quoi?Jenedisquelavérité!Allezquoi,onbaiseetonn’enparleplus.
Unefoisquej’auraicouchéavectoi,tunem’intéresserasplus,çamefaittoujoursça.Etonpourratravaillerensembledemanièrebeaucoupplusefficace.
C’estplusfortquemoi,jelefixe,estomaquée.—Maparole,jerêve!Serais-tuentraindem’offrircetravailuniquementsije
coucheavectoi?—Tudisçacommesic’étaitunecorvée!Jetesignalequetuvasprendreton
piedetraflerunboulotgénial,tugagnessurlesdeuxplans!Décidément, pourquoi faut-il que je travaille toujours pour des types qui
veulent coucher avecmoi ?Celadit, celui-là est clairdès ledépart.Une seulebaiseàl’amiable,unerelationdetravailensuite,etpasdebellespromessesquineseraientjamaistenues.—Quoi ? Tu veux négocier autre chose ? s’impatiente-t-il. J’ai déjà ajouté
vingtpourcentausalaireinitialettuaurasuneprimededépartsiturestesjusqu’àcequemasœurrevienne.Qu’est-cequetuveuxdeplus?Jeledévisagelongtempsavantderedemander,pourêtresûre.—Uneseulebaise,etaprès,tunemetouchesplus,onestbiend’accord?Leregardd’Olidescendsurmatenueetjelevoishausserlessourcilstandis
qu’ilcontemplemesjambes.—Unebaise,c’estpeut-êtreunpeuserré,dit-ilenfin,maistujouisviteetje
suis plutôt balèzepour récupérer, alors… je supposeque j’en aurai assez avecuneoudeuxheures.Ilsortsontéléphonedelapochearrièredesonpantalonetjetteuncoupd’œil
surl’heure.—Onbaisejusqu’aurepas,jepaielapizza,etons’enrefaituntourjusteavant
quetusignestoncontrat,çateva?Étonnée par sa façon d’aborder son emploi du temps de la journée, je reste
figée,àlefixercommes’ilm’avaitparlédansuneautrelangue.Poursapart, ilrange son téléphone et me sourit, à croire qu’il est déjà persuadé que je vaisacceptersonoffre.Etjedoisavouerqu’aprèscequ’ilm’afait,j’enaibienenvie.Alorsquejesuissurlepointdelelaisserentrerchezmoi,ilajoutesoudain:—Ah…underniertruc:jevoudraisquetumesuces.Jemeraidissurleseuildemonappartementetjebafouille:—Je…quoi?—Taboucheestjolieetj’aienviedelasentirautourdemaqueue,explique-t-
ilavecuncalmedéstabilisant.Généralement,jemeficheunpeudetoutça,maissioncontinueàsevoir,quelquechosemeditquejevaisleregrettersijen’yaipaseuledroitaumoinsunefois.Retrouvantunpeudefierté,jepeste:—Pasquestion.Jenefaispasçaàn’importequi.
—Oh,allezquoi!Jeterendslapareille,situveux!—Jesuissérieuse:pasdepipe.Tufaiscequetuveuxavectabouche,mais
pasmoi.—Tuaspeurdenepasêtreassezdouée?Jetemontre,situveux.—C’estnon.Àprendreouàlaisser.Ilmejaugeduregardetjelesoutienssanssourciller.Ils’imaginepeut-êtreque
jevaischangerd’avis,maissurcettequestion,ilsetromperoyalement.—OK,jem’enremettrai,lâche-t-ilenfin.Aulieudemesoulager,saréponsemerenddrôlementnerveuse.Ilaccepte?Ça
veutdirequ’ilvamebaiser?Là?Toutdesuite?Posantunemainsurlecadredelaporte,ilsepencheversmoi,sonvisagetoutprèsdumien.—Etmaintenant?Tumelaissesentrer?Lavoixunpeutremblante,jedemande:—Quimeditquetunevaspasmerefuserleboulotunefoisquetuauraseuce
quetuveux?—Ça,c’esttongenre,poupée,paslemien.Comme je ne m’écarte toujours pas, il glisse une main dans le sac en
bandoulièrequ’iltransporteetensortundossierqu’ilmetend.—Lecontrat,annonce-t-il,etleguidedesurviequ’arédigémasœur,maisilte
faudra aussi la carte d’accès à l’entreprise, un téléphone et les clés de monappartement.—Lesclésde…tonappartement?jebredouille.—Oui.C’est toi quime réveilles, toi quime conduis, toi quime reconduis
quand je suis trop saoul pour rentrer seul. Tu veilles surmoi et surmon géniecréatif.Pourinfo:jeboistoujoursmoncafénoir.Je récupère le tout,unpeuperplexede toutes ces informationsqu’ilme jette
commesitoutcelan’avaitaucuneimportance.Olienprofiteimmédiatementpoursefaufilerdansmonappartement.Contretouteattente,ilneseruepassurmoi.Ilsepromènedansmonpetittroispiècesenjetantunregardcurieuxautourdelui.Lorsque je referme la porte derrièremoi et que je dépose le dossier surma
tabledecuisine,ilpivotepourmefaireface.—Alors?Onbaiseoù?Surtoncanapéoudanstachambre?
Chapitre7
Mêmesimaqueueestdéjàbienàl’étroitdansmonjean,j’attendsqu’Amysedécideàouvrirlabouche.Elleestvêtuen’importecomment,avecunt-shirttropgrand, qui lui tombe sur l’épaule etm’indique qu’elle ne porte pas de soutien-gorge.Çamerappellequejen’aipasencorevusesseins.Fouillantdanslapochedemon jean, j’en sors deux préservatifs,même si c’est plutôt un prétexte pourreplacermonérection,et jepose lespetitssachetssur lecoinde la tabledesacuisine,toutprèsducontrat.Jelasensanxieuse.Etàdirevrai,ellen’estpaslaseule.Cettefilleneressembleenrienàcellesquejeramassehabituellementdansles bars. Je dois l’admettre, c’est plus facile de tenter une approche avec del’alcooldanslesang.Jem’approched’elleetjeremarquesapoitrinequimonteetdescenddansun
rythmeplusrapide.Est-elledéjàsurlepointdechangerd’avis?Parcraintequecesoitlecas,jepasseàl’attaqueetjeviensfrôlersonépaulenuedureversdelamain.Ellesursauteàmoncontactetjeretiremamain,gêné.Merde.Pourquoiest-cequetoutestsicompliquéaveccettefille?—Pardon,jesuis…unpeunerveuse,dit-elleendétournantlatête.Sesjouesrougissent.Tiens,çac’estunepremière.Jel’observe,étonnéparsa
soudaine fragilité. Elle qui passe son temps à m’envoyer des vannes, je ne lapensaispassiprude…— Si tu faisais le premier pas, j’aurais peut-être moins l’impression d’agir
commeunhommedescavernes,jelâche.Ellerelèvelesyeuxversmoienlâchantunrire.Unpointpourmoi.Sij’utilise
l’humour,peut-êtrequeceseraplusfacile…—D’habitude,tuesassezdirectdanstongenre,menargue-t-elleenretrouvant
unecertaineverve.Qu’est-cequit’arrive?Sans réfléchir, jeposemamain sur sa taille et jevérifie sa réactionpendant
que mes doigts descendent caresser ses fesses. Elle cambre le dos et sa têtevacilleversl’arrière,cequim’offreunpleinaccèsàsagorge.Ilnem’enfautpas
pluspourreprendreconfianceenmoi.Sansattendre,jeviensembrassersoncouetjelapoussejusqu’àlaplaquercontrelaported’entrée.Pendantqu’ellem’agrippelescheveux,sajambemontenaturellementprendre
appuisurmahanche.J’enprofitepourmeglisserentresescuissesetjenerésistepas à faufiler une main dans son boxer. Elle gémit dès que je la touche etl’humiditéquej’ytrouvemerendbigrementfier.—Unepetiteenviedejouir?jelaquestionneenplongeantdeuxdoigtsenelle.—Oui!C’estunsoufflequisortdesabouche,maisjeremarquequetoutlerestedeson
corpsmeréponddelamêmefaçon.Amytressailleetétouffeunpremierrâledèsquejelapénètredemesdoigts.Quandjelesfaisdériversursonclitoris,ellesecogne la tête contre la porte en laissant échapper un premier cri. Je souris etm’active enme régalant du spectacle, tandis qu’elleme griffe la nuque de sesongles.—Oh,bonsang,oui!gémit-elle.Alorsquejelasenssurlepointdejouir,jeretiremesdoigtsetlafixeavecun
petitairsatisfaitpendantqu’ellesetortillecontremoi.—Net’arrêtepas!mesupplie-t-elle.—Frustrant,hein?Sonvisagedevientlivideetjelasoupçonnedecroirequejevaism’enaller,en
lalaissantdanscetétat,maisjesuisbientropexcitépourfairedurerlesuspensepluslongtemps!M’éloignant,jem’empressederécupérerunpremierpréservatifsurlecoindelatable.—Jevaistebaiser,jeluiannonce.C’estlemeilleurmoyendem’assurerquetu
netedéfileraspasavantquej’aieeucequejeméritais,moiaussi.Jesorsmonérectionsanslamoindregêneetmecaresseplusieursfoissousses
yeux.—Retirecet-shirtridicule.Avecdocilité,ellebasculelevêtementpar-dessuslatête.Encoreunepremière,
tiens.J’auraiscruqu’ellem’auraitfaittouteunehistoire.Sansattendrequejeledemande,ellefaitchutersonboxersurlesol,maisjerestelà,àcontemplersonadorablepoitrine.Gênée,ellecroiselesbrasdevantelle.—Bon,alors…tuvasmefaireattendrelongtemps?s’impatiente-t-elle.Àmontourdereprendremesesprits.Jelâchemonérectionetretiremont-shirt
quejefaisvalserderrièremonépaule,puisjefaistombermonjeansurlesol.Jelepiétinepourm’avancerverselle,lepréservatifentrelesdoigts.—Putain,poupée,jesensquejevaisprendremonpied.
—Nem’oubliepasdansl’équation,raille-t-elle.Mesmainstremblentpendantquej’habillemaqueue.—Tourne-toi,dis-je,déjààboutdesouffle.Posetesmainsàplatsurlaporte.Pendantqu’elle s’exécute, je sens l’excitationquigrimpeen flèchedansmon
ventreetjeviensécartersescuisses.C’estplusfortquemoi,demesdoigts,jemeremetsàlacaresser.Ellesecambreetrecommenceimmédiatementàhaleter.Ilyaquelquechosedemagnifiquedanscesonqu’ellefait,commesiellecherchaitàretenirsescris,maisqu’ils luiéchappaient.Unepousséesupplémentaireetellerugit, puis se tend contre la porte. Sur le point de la mener à l’orgasme, jem’arrêteànouveauetellepesteencore:—Ohnon!—Jetedevaisbiença,jeraille.—Dépêche-toi!Son impatienceme ravit. Je saisismaqueueque jeguide jusqu’à l’entréede
soncorps.Jen’enpeuxplusd’attendre.Sanssurprise,elles’offreàmoietsepenchepourmieuxm’accueillir.Enfin!
Quandjemeglisseenelle,jeravaleungémissement,submergéparleplaisiretlafierté d’avoir enfin réussi. Je la possède, me retire, reviens en elle avec unincroyablesentimentdepuissance.—Oh,poupée!C’estdivin!—Tais-toi…tais-toietprends-moi!Jeserreseshanchesentremesmainspourlarameneràl’ordre,maisj’avoue
quesonpetitcaractèremeplaîtbien.Pourleprincipe,jelapénètred’uncoupsecet punitif et elle lâche un petit râle agréable en reprenant position. J’adore lasentiraussidocileetjenemepriveplusdelabaiseràgrandscoupsdereins.—Oui!Plusfort!dicte-t-elleencore.Je ferme lesyeuxet jesensmonbassinobéir,mais jeneveuxpasqueçase
finisseencinqminutes!Jeserrelesdentsetjelaplaquecontrelaporte,puisjemeretired’elleetjerécupèreunechaisesurlaquellejem’installe,déjààboutdesouffle.Énervée,ellemejetteunregardsombre:—Quoi?C’esttout?—Vienslà.Grimpesurmoi.Ellefroncelessourcils.—Viens!jem’impatiente.Chevauche-moi,jeveuxvoirtesseins.Àpeinem’a-t-elleenjambéque jeposemesmainssur sapoitrine.Mauvaise
idée!Jesensqueça influencedrôlementmonexcitation.Sesseinssemettentà
monteretàdescendredevantmoietjerestelà,àlescaresseravantd’attraperl’undespointesdurciesavecmabouche. Je lemordilleenserrant lecorpsdecettefille contremoi.Elle s’arracheàmapriseet s’empaleplusvite, se remettant àgémir.Ohbordel!J’adoreça!Sansréfléchir,jelasoulèveetjel’allongesurlatable, puis je lui fais poser ses jambes sur mes épaules avant de revenir lapénétrer d’un trait. Ses bras remontent de chaque côté de sa tête, les cheveuxétaléssurlatable,etjeresteunmomentàlacontempler.Quandjeluidonneuncoupunpeuplusbrutal,ellelâcheuncrisuaveetsecambre.Jen’enpeuxplus,jegrimpesurelleetrecommenceàlaprendre,fort.Ellecrieetjesouffle:—Ohpoupée,oui.Vas-y!Gueule!Ellem’obéit, se lâchant totalement, et jedois l’avouer : c’estmagnifique. Je
reste là, lesyeuxbraqués surelle, et jedeviensplus rudeentre sescuisses.Latablecraque,mais jem’enfous.Quandelle tirematêteàelleetquesabouchevientdévorerlamienne,monespritdérape.Sousmeslèvres,jeperçoissoncri,mais ce n’est rien en comparaison dumien aumoment où je jouis, puis donneencorequelquescoupsdebassinavantdem’arrêter,parfaitementcomblé.Pendantquejereprendsmonsouffle,Amymerepousse.—Bordel,qu’est-cequetueslourd!Encoredansunétatsecond, je la libèreet je reviensm’installersursapetite
chaise, essoufflé. Elle pousse un soupir lourd et se relève. Je souris en lacontemplant,assisesurlereborddelatable,lesjambespendantdanslevide.Jeregrettedenepaspouvoirretrouvermonérectionenunclaquementdedoigt,justepour revenir la baiser encore. De toute évidence, elle arrive à retrouver sesespritsbeaucoupplusrapidementquemoi.—Tuesmeilleuravectesdoigts,m’insulte-t-elle,unepointedemoquerieau
fondduregard.—C’étaitquelepremierround,poupée.Lesecondseramieux.Ellehausseunsourcilsuspicieuxavantdedescendredesonperchoir.Jereste
là,àl’observerremettresont-shirttropgrandetfouillerdanssonfrigo,avantdefilerauxtoilettespourretirerlepréservatifetmenettoyerrapidement.Lorsquejerefaismonapparition,Amyaremissont-shirtetm’aserviunebière.—Bon, en attendant que tu sois apte à reprendredu service, on le signe, ce
contrat?m’apostrophe-t-elle.
Chapitre8
Parce que j’ai soif, je récupère la bière qu’Amy m’a servie et j’en boispratiquementlamoitiéd’untrait.Ceneserapasassezpourm’embrouillerlatête,mais ça fait quandmêmedu bien.Et comme elle paraît un peu amorphe, je luiclaqueunefesse.—Onverraplustardpourlecontrat.Allez!Danstachambre!—Déjà?menargue-t-elleenpointantmonsexeaurepos.Mêmesi jesuisloind’êtreprêtpourlasuite, jen’aipasenviequ’ellearrête
toutmaintenant.Avecsoncaractère,voilàquinem’étonneraitpas.Jel’aibaisée,c’estvrai,maisjesuisloind’avoirmoncompteavecelle.Pendantqu’ellemarcheendirectionde lapiècedu fond, je souriscommeun
gaminquiaunplanentête.Ilestsimple,enfait:jevaislarendrecomplètementdingue.Lafairejouiraupointdelalaisserépuiséeetficherlecamp.C’estsûr,ellevamesupplierdelabaiserdenouveaulundimatin.Oulundisoir,jenesuispas à quelques heures près. Une assistante comme Amy, voilà qui risque depimentermavieprofessionnelle,tiens.Ledeuxièmepréservatifentrelesdoigts, jelasuis.Dèsqu’ellegrimpesurle
lit,jelapousseetlabougeàmaconvenance.Elleestunpeumolle.Voyonsunpeucommentjevaislaréveiller.—Surledos.Écartelescuisses,jeluiordonne.Dansunsoupirunpeublasé,elles’exécuteetglisseunbrasderrièresatête.—Noteàmoi-même:installerunposterauplafonddemachambrepouravoir
quelque chose de plus stimulant à regarder lors demes prochaines baises. Unbeaumec,depréférence.Alorsquejem’apprêteàlarejoindresurlelit,jemefige,sidéré.—Tucroisquetuaurasletempsdecontemplertonplafond,poupée?Ellereportesonattentionsurmoietrétorque,suruntonunpeufroid:—Oh,maisnet’enfaispas.Tuneseraspaslepremieràquiçaarrive.Nile
dernier.Etpuis,huitminutes,cen’estpaslafindumondenonplus.Aumoins,tu
m’asdéjàfaitjouir.Ceseratoujoursçadepris.Jelascrute,laboucheouverte,légèrementchoquéparsespropos.Maparole,
ellemeprendpourunincompétent!Tantpispourlabaise,jejettelepréservatifsurlesoletjeneprendsmêmepaslapeinedeluirépondre.J’écartesescuissesetjeviensembrassersonsexe.Ellesursauteetjelasensquiseraidit.—Mais…qu’est-ceque…?J’émergedesonhumiditéetjeluioffreunregardmalicieux.—Regarde bien ton plafond, poupée.Quelque choseme dit qu’il va bientôt
disparaîtredetonesprit.Elle fronce lessourcils,mais je retourne immédiatementàma tâche.Dansun
grognement,ellepeste:—Neperdspastropdetemps.Jerisquedem’endormir…Déterminéà l’expédierauseptièmeciel, j’écrasesonclitorissousma langue
jusqu’àcequ’elle étouffeunpetit cride surprise.Possiblequ’ellen’ait euquedes incapables dans ce domaine. Pour ma part, même si j’offre rarement maboucheauxidiotesquejeramassedansunbar,jenevaiscertainementpasrefusercepetitdéfi.Sousmescaresses,Amysetendetsonsouffles’emballe.Trèsvite,ellesemetàpousserdesgémissements,et jedois l’avouer,çacommenceàmeplaire.Contrairementauxfillesquejeramènedesbars,Amyestvraie.Ellenefaitpas semblant de jouir. Je la soupçonne même d’essayer de ravaler certainesplaintes ! Je m’arrête un instant pour lui jeter un air malicieux, le visagecomplètementtrempé.—Alors,ceplafond?Ilestbien?—Oh…bordel,retournes-y!Satisfait,jereplongeetj’yvaisfranchement.Aussitôt,ellesemetàsetortiller
et vient enfouir samaindansmes cheveux,memaintenant entre ses cuisses.Lafaçondontsesdoigtssecrispentm’indiquequesachuteestproche.J’adoreça!Je pourraism’arrêter là, juste pour l’entendre hurler de rage,mais comme j’ail’intentionde labaiser justeaprès,mieuxvautque je luioffrecequ’elleattenddèsmaintenant.Elleseradansdemeilleuresdispositionspourlasuite.—Oh…bordeldemerde!Oui!Soudain elle jouit, en me gardant la bouche collée à son sexe. Son cri est
langoureux et libérateur. À l’entendre, on dirait qu’elle n’a pas eu d’orgasmedepuisdessemaines!Maisc’estfaux.J’ensaisquelquechose,pasvrai?Depuishier,jenefaisqueça:luienoffrir!Quandtouts’arrête,jeplongedeuxdoigtsenelleetsavouretoutecettehumiditédontjesuisresponsable.Excitéàl’idéedelaprendrependantqu’elleestencoredanssonétatdebéatitude,jem’éloigned’elle
etjerécupèremonsecondpréservatifsurlesol.Jesuisdurcommeduboisetjeme dépêche de me préparer. Quand je reviens vers elle, un gémissementm’accueilleetAmymechercheduregard.—Désolé,poupée,maislà,ilfautvraimentquejetebaiseoujevaisdevenir
fou.Elleritdoucementpendantquejesoulèvesonbassin,pressédem’enfonceren
elle.Nossexess’emboîtentunepremièrefois,etjefermelesyeuxpoursavourercedélicieuxcontact.Amysecambreets’abandonneàmesgestes.Voilàlaseuleinvitationquej’attendais.Jelaprendsparcoupssecs,laissantquelquessecondesd’attente entre chaque pénétration. Elle soupire de plaisir et j’accélère lacadence.Dèsqu’unrâlerésonne,jedemande,unpeuessoufflé:—Alors,ceplafond?Ellehalète,lesoufflecourt.—Jecrois…quej’yvoisdesétoiles…Jesourisàpleinesdentsetjelaprendsplusvite,cequil’obligeàfermerles
yeuxetàsetordredeplaisirdevantmoi.Ellevajouir,encore,etmoidonc!Jesens que ce sera divin ! Soudain agacé qu’elle soit encore en t-shirt, je luiordonnesansarrêtermescoupsdehanches.—Remonteça.Ellem’obéit prestement et jeme penche pour venir prendre la pointe durcie
entremeslèvres.Monbassinralentit,carjesensquemonexcitationremonteetjeneveuxpasquetouts’arrêtetropvite.Jeveuxluidonnerlemaximumdeplaisir.Jen’aiplusqueçaentête.—Plusfort,gémit-elleenm’entourantdesesjambes.—Jevoudraisbient’yvoir,jeraille,àboutdesouffle.D’uncoupsec,ellemerepousseets’esquivedemonétreintequiétaitpourtant
serrée.Jeresteunmomentàladévisager,perdu,quandellemeplaquedosaulitetgrimpesurmoi.Maqueuepulse,autantparcequ’ellesesentléséeparcetarrêtbrutal,quesousl’excitationdecequ’elles’apprêteàmefaire.Unefoissurmoi,ellesedébarrassedeson t-shirtetsemetàmechevaucheràbonrythme.Oh…putain!Lespectacledanscettelumièreestgénial.Moiquiail’habitudedebaiserlesfemmesdanslenoircomplet!—Onn’estjamaismieuxserviqueparsoi-même,aprèstout,semoque-t-elle.Retrouvantunpeumesesprits, j’enserre ses fesseset jememetsà luidicter
unecadencelascive.Ellesetordsurmoietjemeredressepourlaserrercontremontorse.J’aienviedesabouche,enviedelamordre,enviedevoircettefilledeprèsquandellevaperdrelatête.Bienplusvitequejenem’yattendais,Amyse
remetàgémirdeplaisir.Fort.Satêtetombeversl’arrièreetsoncorps,fougueux,devient avide de posséder le mien. Je l’aide, soulève son bassin, la laisseretombersurmoienétouffantmespropresrâles.Jevaisbientôtéjaculer,maisjeneveuxsurtoutpasquecelaarriveavantqu’elle jouisse. Il fautqu’ellesacheàquelpointjesuisbalèzeaulit.Quandelleestsur lepointd’atteindre l’orgasme,sesongless’enfoncentdans
manuqueetellehalète:—Oh…Ben!Ben!Touts’emballeetellesemetàcriertoutenmechevauchantavecforce.Etmoi,
jerestelà,àladévisageralorsqu’ellevientdeprononcerlenomd’unautre.Maisqui c’est, ce Ben ? Lorsqu’elle retombe contre moi, j’essaie de garder un airdétaché, mais en réalité je me fais violence pour ne pas réagir à ce que j’aientendu.Pourtant,qu’est-cequej’enaiàfoutrequ’ellepenseàunautrependantquejelabaise?Çanedevraitpasmefaireréagircommeça!Reportantsonattentionsurmoi,elleglousseetmesertunregardravi:—Bordel,toutcomptefait,tuassures!Je forceunsourire surmabouche,mais je suisencorecontrarié.Lorsqu’elle
bougesurmoi,elleremarquejesuisencoreduretsonvisages’illumine.—Wow!Là,jesuisimpressionnée!Cette fois, j’affiche un vrai sourire, un peu niais. CeBen éjaculait peut-être
plusvitequesonombre.Aprèstout,elleabienl’habituded’admirersonplafondpendant labaise, pasvrai ?Pendantqu’elle reprenddu service, elle sepenchepourdévorermaboucheetmordillermalèvreinférieure.Jefermelesyeuxetlalaissememener à l’orgasme avec toute sa fougue.Quandmon esprit semet àdéraperetquejegronde,ellemerepoussecontrelelitetlèchemoncoudefaçonvorace. Je perds la tête et je pousse un cri sourd aumoment où je jouis. Je lalaisseembrassermonvisageet je répondsà sonbaiserde furiependantque jetente de gérerma respiration. Je ne suis peut-être pasBen,mais une chose estsûre:jesuissûrquejebaisemieuxquecetimbécile!
Chapitre9
Quand jem’écroule sur le lit, aux côtés d’Oli, j’ai dumal à reprendremonsouffle. Bordel ! Quels orgasmes ! Ce petit prétentieux peut bien l’être ! Jen’arrivepasàcroirequ’ilm’aitfaitjouiraveclabouche!Etmêmes’ilesthorsdequestionquejeluiavouequec’estlapremièrefois,unechoseestsûre:ilavraimentdutalent!Àmadroite,ilessuiesonvisaged’unemainetpivotedansmadirection.—Putain,c’étaitgénial.Osemedirequetuasregardéleplafond!—Presquepas,admets-jeavecunsouriregêné,maisàmadéfense,j’étaisau-
dessus.Jeviensluipinceruneoreilleavantd’ajouter,enrigolant:—Jevoyaistatêtedepetitcon!—Etdesétoiles,souviens-toi.Jerisencore.Bonsangquejemesensbien.Tellementlégère!Sansrépondre,
jetirelescouverturessurmoietjeluitourneledos.—C’était chouette,maismaintenant, laisse-moi dormir un peu.La nuit a été
courte.—Àquituledis,poupée.Y’aunesalegarcequim’aposéunlapinalorsque
j’étaisàdeuxdoigtsdelarameneràl’hôtel.Mêmesij’essaiedeleretenir,jenepeuxpasempêchermonrirederésonner.
Si j’avaissuqu’ilétaitaussidoué, jen’auraispeut-êtrepas fuicommeça,hiersoir.Quoique…j’étaisunpeusaoule,etprobablementqu’ill’étaitaussi,alorsjedoutequelesexeauraitétéaussichouette.Je sursaute lorsqu’il se serre contre moi, enlaçant ma taille d’un bras, et
enfouissantsonnezprèsdemonépaule.—D’ailleurs, çaneme ferapasdemaldepiquerunpetit somme,aussi.On
remettraçaauréveil,çatedit?C’est plus fort quemoi, je me redresse et je me tourne pour lui dégoter un
regardsombre.
—Tunedorspasici!—Jeveux justefaireunesieste!Je tesignalequ’onavaitdit :baise, repas,
baise.—Alorsvachercherlerepaspendantquejemerepose.Unlargesourireapparaîtsursonvisage.—Jesuistropfort,hein?Tuasbesoinderepos,poupée…?Pasdesouci,je
comprends.Ilvautmieuxrechargertesbatteriesavantledeuxièmeacte.Mais…quelsalepetitprétentieux!Jetirelacouvertureetdésignesaqueueau
repos.—Pourtagouverne,onnepeutrienfaireavecça.Nullementchoqué,ilfaitdansersesdoigtsdevantmoi.—Oh,maisj’aidesamispourprendrelerelais.Net’enfaispaspourmoi.—Pfft!Bon,j’enaiassez!Tantpispourlerepasetlasuite,tupeuxficherle
camp.Jepensequ’onafaitletour.Ilfroncelessourcilsetparaîtcontrarié.—Hé!Onavaitditpizzaetbaise!merappelle-t-il.Tunevaspasmedireque
jet’ennuie,quandmême?Jesoupire.—ÉcouteOli,c’était super,c’estvrai,mais tuesunvraimoulinàparoles !
Alors si tu veux avoir droit à la suite, fiche-moi la paix une petite heure. Varegarder la télé, prends une douche, commande une pizza, je m’en fous. Maisdégagedemonlit!Jepointelaporte,persuadéequ’ilvafoutrelecampdechezmoienemportant
cefichucontrat.Tantpis.Jen’aipasenviequ’unhommes’incrustedansmonlit,etencoremoinsdansmavie. J’auraispréféréqu’il soitnulau lit,cet imbécile.Maintenant, jene suispluscertained’avoirenviedecourir le risquedebosseraveclui.Unpeuauralenti,Olisortdemonlitetsoupire.Pourleprincipe,jereluqueses
fessesquandilselève.Iln’auraitpaspuêtrevilain,unpeu?Ilauncaractèredemerde,maissesautresatoutssontnonnégligeables…D’unemain,ils’ébouriffelescheveuxetmelanceunregarddebiais.—C’est bon, poupée, je vais aller regarder la télé en attendant que tu sois
prêtepourlasuite.J’espèrequetuaslecâble.Ilmesemblequ’ilyaunmatch,aujourd’hui…Quoi?Parcequ’ilreste?Lesyeuxécarquillés,jelescrute,incertaine.—Jetelaisseuneheure,aprèsquoi,jecommandelerepasetonselarefait.Tu
m’asassezfaitpoireauter,etilvautmieuxvidertoutecettetensionsexuelleentre
nousavantquetudeviennesmanounou…Sansattendre,ilsortdemachambreenrefermantlaportederrièrelui.Sousle
choc,jemelaissetombersurmonlit,maisjen’arrivepasàfermerlesyeux.Jel’écoutesepromenerdansmonappartemententendantl’oreille.Jenevaisquandmêmepasdormirenlaissantunparfaitinconnufairecequ’ilveutchezmoi!Lesminutes passent, mais mon attention se porte sur chacun des bruits qui meparviennent.Ilmarcheetrécupèresabière,carjel’entendsposersabouteillesurla table basse. La télé s’allume, et même si le son est bas, je ne peux pasm’arrêterd’écouter.Tantpis.Dormirnemeditplusrien.Agacée,jerepousselesdrapsetjerenfilemont-shirt.Jesorsdemachambreetmemetsàlarecherchedemon boxer, quelque part près de l’entrée. Sans la moindre gêne, je le remetspendantquejesenslesyeuxd’Olibraquéssurmoi.—Onn’aimepasdormirnue?menargue-t-il.—Tum’ascoupél’envie,jepeste.Mêmesi ellen’estplus très fraîche, je reprendsmabouteilledebière etme
postedevantledocumenttoujourssurlatable.Àlatélévision,ilyaunmatchdebasket,etjerécupèreledossieravantdevenirm’écrasersurlefauteuil,bienplusconfortablequ’unechaisedecuisine.—Ilyaundocumentdesurviefaitparmasœur.Tupeux le lire.Çarésume
assezbienmespetitesmanies.Desabouteillepresquevide,ilpointeledossiersurmescuisseset j’ensors
lesfeuillesagraféespourmemettreàleslire.JehausseunsourcildevantlalistederecommandationsdeCécilia:nepasréveillerOlisionn’apasuncafénoiretbien corsé en main, ne pas brimer sa créativité, le laisser bosser tard, leraccompagnerchezlui,lesoir…—Dis donc, c’est vraiment une gardienne d’enfants qu’il te faut, je râle.Tu
veuxquejetemontrecommentonutiliseunréveil?—Àtaplace,jenemeplaindraispas.Jetepaieassezcherpourlefaireàma
place!—Ouais,maissitutelèvestôtetquetutecouchestard,etqu’ilfautenplus
quejefasselesdeuxservices…jedorsquand,moi?Iltourneunregardagacédansmadirection.— Le matin, mes journées ne commencent pas avant 10 ou 11 heures.
D’ailleurs, assure-toi dene jamaismeprendreun rendez-vous avant 11heures,13,c’estencoremieux.Mêmesi j’essaiedegarderunair impassible, jesuisassezsurpriseparcette
information.Ainsi,j’allaispouvoirfairelagrassematinéetouslesjours?Voilà
quimeplaîtassez,commeidée…—Etpourlesoir,jeterassure,poupée,jen’aipasbesoinquetumetiennesla
chandellequandjeramènedesfillesaprèsminuit.Tupourrasallerdormirenpaixvers 22 heures, peut-êtreminuit quand on doit s’occuper de gros clients.Maisdanscescas-là,tuneprendspasdenotes,tuécoutes.Tufaisofficedemémoire,enquelquesorte.—Jevois,dis-jeavecunemouecontrite.J’écoutependantquetubois,etjete
racontetapropresoiréelelendemain.Charmant,commeconcept.—Maisçapaiebien.—C’est relatif.Être sobreaumilieud’unebandede typessaouls, jenesuis
passûrequeçameplaisebeaucoup,commeboulot.—Tuparles.Si tuportesdesvêtementsplusmoulants,histoiredemettre ton
joli petit cul en valeur, les clients vont te reluquer comme desmalades. Tu neseraspasenreste,poupée.Jesoupire.—Super.Jevaisdevoirmefarcirlesidiotsavecquitubossesenplusdetoi.
Envoilàunprogramme!—Tun’aurasqu’àlesenvoyersefairefoutre.Çatepasseraletemps.Etpuis,
tudevraisavoirl’habitudederembarrerlesidiots.—Ouais,maisparfois,ilsontlatêtedure,jeraille.Olitourneunregardmalicieuxdansmadirection,puissemetàrireauxéclats.
Je pouffe àmon tour,même si je suis un peu surprise de le voir aussi détendualors que j’essaie délibérément de l’énerver. Il est là, à moitié nu, dans monsalon,latélécommanded’uncôté,labièredansunemain.Pendantunefractiondeseconde, jeme dis qu’il est charmant, dans son genre,mais dès qu’il ouvre labouche,jecomprendsmonerreur.—D’ailleurs,lapremièrechosequetuvasdevoirrevoir,pourcetravail,c’est
tonattitude.Jefroncelessourcilsetlaquestionrésonne,unpeufort:—Pardon?D’ungeste,ilmefaitsignedemecalmer.—Tonpetit caractère, je l’aimebien,mais certains clientsontbesoind’être
bichonnés.Tupeuxm’envoyeraudiabledixfoisparjour,siçateplaît,maissoispolieaveceux.—S’ilsme tripotent, ils se ferontcasser lenez.Etçavautaussipour toi, le
préviens-je.Ilseremetàrigolerdeboncœur.
—Putain,jeveuxbienvoirça.FaudraquejeteprésenteDrew,tiens.Jesuissûrqueçaferadesétincellesentrevousdeux.—Jesuissérieuse,Oli.Jesuistonassistante,pastapute.Ettesclientsn’ont
pasintérêtàmemanquerderespect.Ilcesseimmédiatementderire.—Hé!Évidemment!Siun type t’énerve, tumelediset j’irai luiéclater la
tête.Enfin…sijepensepouvoirlebattre…Jemedemandes’ilestsérieux.Est-cequ’iliraitfoutreuneracléeàBensije
luidemandais?J’endoute,maissoudain,cetteidéemeplaîtbien.— Et ça vaut pour nous deux, reprend-il plus sérieusement. On baise
aujourd’hui,maisaprès,c’estfini.Autantquetulesaches:jedrague,jetripoteetjebaise.Souvent.Il me dévisage, comme si j’étais trop bête pour comprendre le sens de ses
propos.—Àlamoindrecrisedejalousie,t’esdehors,compris?Jelâcheunpetitrire.—Voilàquiexpliquepourquoitesassistantesnerestentpasbienlongtemps.—Rienàvoir.Jen’enaibaiséqu’une,etelleétaitmoche.Jehausseunsourcil,intriguée,lorsqu’ilgrimace.—J’étaissaoul,seul,etenmanque.Findel’histoire.Etl’autreavaitcinquante
balais.Mêmesaoul,çane lefaisaitpas.Le troisième,c’étaitun type.J’aibeauboirecommeuntrou,ilesthorsdequestionquejebaiseunmec.Lorsqu’il cesse enfin de déblatérer, jememets à pouffer, avec bruit et sans
aucunegêne.Olimedévisage.—Quoi?—Alorslà…tuesvraimentunsacrésalaud!Je rigole tellement que je m’essuie les yeux lorsque je sens des larmes
brouillermavue.—Tucroisqu’unamantcommemoiseformeenclaquantdesdoigts?Hénon,
poupée,ilfautdel’expérience.Etj’enai!—Oh…maisjetecrois!Etnet’enfaispas.Iln’yaurapasdemalaise.Dès
que tupasseras le seuildecetteporte, tudeviendrasmonemployeur,etpour tagouverne:sachequejenecoucheplusavecmespatrons.Ilmetoiseavecunregardcurieux.—Qu’est-ce que ça signifie ? Que tu as déjà couché avec ton patron ? Ce
fameuxBen,jesuppose?Jeretiensdifficilementuneexclamationdesurprise.
—TuconnaisBen?—Nope.Maiscommetuasgueulésonnompendantquejetebaisais…—Quoi?Non!medéfends-je.Il soutientmon regard et je pince les lèvres enmedisant que c’est peut-être
possible.Merde.—Désolée.—Y’apasdequoi.Jenesuispassusceptible.Il se penche pour déposer la bouteille de bière sur la table basse, puis se
relève.—Bon, jevaiscommanderunepizza. J’espèreque tun’espasvégétarienne,
parcequejesuisdugenreàdemanderunextraviande.—Super,j’adorelebacon.Ils’arrêteàmahauteurpourmedégoterunsourirecharmeur.—Tuesvraimentmongenredefille,toi.Jeretiensmongloussement.—Nerêvepastrop,petitcon.Jedétestelessalauds,tuterappelles?—Oh…c’estvrai!Nous partageons un rire pendant qu’il s’éloigne. Tout compte fait, il est
charmant,quandilveut…
Chapitre10
Danslesalond’Amy,nousmangeonsunepizzabiengarnieavecdenouvellesbières.Pendantquejeregardelafindumatch,elleterminedelireledocumentdemasœur,unstyloentrelesdoigts.C’estcalme.Jen’aimêmepasbesoindefairelaconversation.Quandjem’exciteàcauseduscore,Amyrelèvelatêteetsourit.Pendantlespublicités,elleenprofitepourmedemander:—Àquelleheurejepasseteprendre,lundi?Jeprendsmontéléphonepourvérifier.—Jedois être aubureauà11heurespourprésenterdesmaquettesàWillis.
C’estunmetteurenscènequiveutdesdécorspourunecomédiemusicale.Si tuétais chez moi vers 10 heures, ça me donnerait le temps de me lever, de medoucheretdemepréparer…ah,etn’oubliepaslecafé.Jel’observequigriffonnelesinstructionsdanslecoind’unefeuille.—Toi,tuécoutesettuprendsdesnotes,merappelle-t-il.J’aimebienqu’onme
fasseunrésumédesrencontres:cequeleclientasuggéré,cequ’ilaaiméounondansmesidées,cegenredetrucs.—OK,dit-ellesimplement.— À 14 heures, j’ai un autre rendez-vous. C’est pour l’organisation d’une
premièredefilm,maisc’estlegenred’événementsquejen’aimepastrop.Jevaissûrementimproviser,maisnet’enfaispas.Jefinistoujourspartrouveruneidéedegénieàladernièreminute.Ellenebronchepas,commesiçanel’intéressaitabsolumentpas.—Jesuisdouédanscequejefais,j’insiste.—Tantmieux.Donc…11heures,14heures…quoid’autre?Ellerépondd’untonneutre,concentréesursonagendaplutôtquecesurquoije
bossevraiment.Tantpis.— Le soir, reprends-je, nous avons une soirée. C’est à 19 heures dans un
restaurantavecpleindefourchettes.Deuxtypesveulentmeproposerunconceptpourunspectacleàgranddéploiement.Ilsvontymettrelepaquetpourm’avoir:
bouffe,alcool…,probablementqu’ilsvoudrontterminerlasoiréedansunbar.Amymescruteavecunetêtequin’augureriendebon.—Masœurdittoujoursqueleplusintéressant,c’estd’apprendreàconnaître
nosclients.Etonnesaitjamaiscequisepasseunefoisquelesgenssontsaouls.Ils disent des conneries et ils lâchent parfois des infos intéressantes…Évidemment,pourcomprendrequelquechose,ilfaudraqueturestessobre.—Évidemment,répète-t-elle.Devantsontonironique,jemepermetsdejeter:—N’oubliepasquetuesbienpayéepourça.—Heureusement.Aulieudemequestionnerdavantagesurcettesoirée,ellechangesubitementde
sujet:—Tasœurdisaitquej’auraisdroitàmesweek-ends?—Laplupart du temps,ouais,mais jene tementirai pas, il arriveque j’aie
besoin d’une assistante le samedi soir. Et n’oublie pas qu’on va à Vegas lasemaineprochaine.Ellesoupireetdéposelesdocumentssurlatablebasse,toutprèsdesonreste
depizza.Qu’est-cequeçaveutdire?Qu’ellejettedéjàl’éponge?—Autantquetulesaches,medit-ellesèchement.Jevaistesterunesemaineou
deux,maissitum’énervestrop,jeficherailecamp.Surprisparsafranchise,jehochenéanmoinslatête,soulagéqu’elleacceptede
tenterlecoup.—Bon,jevaisprendreunedouchependantquetuterminestonmatch,lâche-t-
elle encore. Après, soit on passe aux choses sérieuses, soit tu fiches le camp,parceque jesuis fatiguéeetque jen’aipasenviede t’avoirsur ledos toute lasoirée.Jeretrouveunpetitsouriremoqueur.—Oh,net’inquiètepas,j’enaibientôtfiniavectoi.Jevoissabouchesepincerdansunemouequiassombritsonvisage,signeque
mesparoles l’ontblessée.Tantpis. Ilvautmieuxque leschoses soientclaires.Surtout sinous travaillonsensemble. Je la regardeme tourner ledoset filerendirection de la salle de bains. Etmoi, au lieu de reportermon attention sur lematch,jevidemabièreetjemelèvepourvérifierqu’ilmerestebeletbienunetroisième capote dansmon portefeuille. Tout compte fait, il vaut mieux que jerèglelaquestionaveccettefilleunebonnefoispourtoutes.J’aidéjàtroptraînéici…
Chapitre11
Jeruminesouslejetd’eauchaude.Enréalité,jen’avaispaslamoindreenviedeprendreunedouche.J’auraispréféréqu’Olimebaiseunedernièrefoisavantdefoutrelecampdemonappartement.J’aienvied’êtreseulepourfairelepointsurtoutcequisepassedansmavie.Quand Oli se faufile derrière moi, sous la douche, je lâche un petit cri de
surprise.—Merde!Tum’asfaitpeur!Jenepeuxpasm’empêcherdebalayermonregard,despiedsà la tête. Ilest
vraimentmignon,cepetitcon.—Çateplaît,poupée?medemande-t-ilencommençantàsebranlersans la
moindregêne.Troublée,jepréfèrerenchérirparuneautrequestion:—Ettonmatch?—Tant pis pour lematch. Je ne suis pas très fan de basket, de toute façon.
J’attendaisjustequetusoisprêtepourlasuite…Toutenparlant,ils’avanceversmoisanscesserdesecaresser.—Tum’aides,poupée?Tupeuxlatoucher,ellenetemordrapas…Avecsonhabituelleimpolitesse,ilrécupèremamainqu’ilenrouleautourdesa
queue,entrelaçantsesdoigtsauxmiens,etrecommenceàsebranlerainsi.— J’aurais préféré ta bouche, mais puisque tu es capricieuse, je veux bien
baissermonniveaud’exigence.Agacée,jeletoiseduregard:—Tuveuxmabouche?Sesyeuxs’illuminent.—J’enrêve,poupée!Jelibèremamainetremontelasienneversmabouche.Sanshésiter,jeglisse
deux de ses doigts entre mes lèvres et je me mets à les sucer doucement.Visiblementsouslechoc,Olimedévisage.Jeprofitedesasurprisepourrevenir
empoignersaqueuequej’entreprendsdecaresser.Excité,ilsemetàmouvoirsesdoigtsdansmaboucheaumêmerythmequemamainplusbas,etnetardepasàperdrelesouffle.—Oh…Amy…J’appréciequ’ilfassel’effortdemurmurermonprénometjeleluitémoigneen
raffermissantmesgestes.—Oh…putain,poupée…oui!Sesdoigts forcentmabouchedeplusenplusvite.Jesuissonrythmedemes
doigts.Ilsemetaussitôtàdonnerdescoupsdebassinversl’avantetgrondeavantdesemettreàjouir.Sonspermegiclesurmonventre,etjecontinueàlebranlerjusqu’àcequ’ilsevideentièrement.Lorsqu’illibèreenfinmabouche,ilmelanceun regard luisantd’envie.Pendantune fractionde seconde, j’espèrequ’ilva sejetersurmoi,maisilchuchotesimplement,lavoixtrouble:—Ça,c’était…trèsexcitant.Jenepeuxpasm’empêcherdehocherlatête.Sonorgasmem’adonnéenviede
ressentirlamêmechose.Maisavecmachance,ilvaprofiterdecetinstantprécispourfoutrelecampetmelaissermedémerdertouteseule.Contretouteattente,Olimeplaquecontrelemur.Pourunefois,ilsetait,etje
savoure autant son silence que sa main qui remonte entre mes cuisses. Sansattendre, j’ouvre les jambes et je le retiens contre moi dès que ses doigts mepénètrent.—J’aimequandtuesdocile,chuchote-t-il.Jegronde:—J’aimequandtulafermes.Il rit doucement avant de se mettre à caresser mon clitoris, vite, presque
rudement.Incapabledeleretenir,jelâcheunpetitcrideplaisiretécraselanuqued’Olientremesdoigts.—Etquandjetefaisjouir?Tuaimes?menargue-t-il.Mavoixtremblelorsquejeréponds:—Oui!—Bonneréponse,poupée.Il accélère ses caresses et j’en oublie toutesmes réserves. Je jouis sous ses
doigtsavecunbonheursansfin,dansunorgasmetropviteconsommé,etsavourele moment de silence qui suit. Mon bras autour du cou d’Oli m’empêche detomberausol,maisdèsquejereprendsmesesprits,jem’éloignedeluietjeluitourneledospourretournermenettoyersouslejetd’eauchaude.—J’aimebeaucoupquandtutelâches,dit-ilderrièremoi.Etilmesembleque
j’yarrivedemieuxenmieux.Jenerépondspaset jeplongematêtesousle jet. Ilaraison.Ilmefait jouir
trop facilement. Ça me trouble. Pourquoi je ne peux pas tomber sur un gentilgarçonquisaitmefairecegenredechoses,pourunefois?Pourquoifaut-ilquelesbonsbaiseurssoienttoujoursdessalauds?—Jevaistefairegueulerencoreunefois.Oupeut-êtremêmedeux,tiens.Puis
je prendrai ma dernière capote pour te baiser un dernier coup, annonce-t-ilencore.Entremescuisses,j’ail’impressionquesesparolesrendentmonsexesensible.
Sonprogrammemeplaît.Beaucoup.Maispourleprincipe,jejette:—Tun’asplusdecapote.— J’en ai toujours une en rab dans mon portefeuille. En cas d’urgence, tu
vois?Ilcrispesesdoigtssurmahancheavantdemeramenercontrelui.Ilsefrotte
derrièremoietjefermelesyeux,encoreengourdieparledernierorgasmequ’ilvientdem’offrir.Jel’observequisepenchepourfermerl’eau.—Viens.Onseramieuxdanstonlit.—Jen’avaispasterminé,jesiffle.Ilreculeetfaitminedehausserleton.— Ça ne sert à rien de te doucher. Dans une petite heure, il faudra que tu
recommences.Sansattendremaréponse,ilsortdelabaignoireetrécupèremaserviettepour
s’essuyer.
Chapitre12
Dèsquej’arrivedansmachambre,jerestesurleseuil,gênéedevoirOliquiagit comme s’il était chez lui. Il replace grossièrement les draps et dépose sondernierpréservatifsurlecoindemonlit.Lorsqu’ilm’aperçoit,emmitoufléedansmaserviette,iltapotelematelas.—Enlèveçaetvienst’étendre.Jeprendsquelquessecondesavantdem’exécuter.Pourquoiest-cequejesuis
intimidée,soudain?Peut-êtreparcequec’est tropplanifié.Généralement,c’estplusnaturel.Ons’embrasse,onbasculesur le litet touts’enclenche.Là,çameparaîtunpeutechnique.Lorsquejem’étendssurlelit,ilrécupèreledernierpréservatifetilsemetàse
branlerau-dessusdemonventre.—Touche-toi, poupée. Je veux être biendur avant de t’envoyer au septième
cielunedernièrefois.Autantfinirçaenbeauté,qu’est-cequetuenpenses?Jelefixe,unpeusurprise.—Allez,touche-toilesseins,s’impatiente-t-il.Fais-moibanderbiendur.Unpeumollement, jevienseffleurermapoitrine.Uneétincelles’allumedans
lesyeuxd’Olietsamainsemetàbougerdeplusenplusvite.—Ohoui,poupée…tum’excites.Sansréfléchir,jeglisseunemainsurmonsexeetjecommenceàmemasturber
àmon tour. Je suis nerveuse, parce que je n’ai jamais osé faire un truc pareildevantunhomme,mais avecOli, c’estdifférent. Il se fichedesconvenancesetmoi, je suis douée pour me faire jouir, alors je ne vois pas pourquoi je lelaisseraissebranlertoutseul.—Oh…là,tufaisfort,halète-t-il.Ilsepenchepourrécupérersondernierpréservatif.Pendantqu’illedéroulesur
sonérection,ilsouffle:—Continue.Jevaisteprendrependantquetutefaisjouir.Putain,çavaêtre
génial.
Il semble trèsexcitépar la situation.Et àdirevrai,moiaussi.De sentir sonregardbraquésurmonsexe,çamedonneenviedemecaresserplusvite,demefairevibrerdespiedsàlatêteetdemontreràcetidiotquejen’aipasbesoindeluipourjouir.Lorsqu’unpremierfrissonm’envahit,jefermelesyeuxetsoulèvemonbassinpourvenirplongermesdoigtsdansmaproprehumidité.Oligrondeaussitôt:—Non.Ça,c’estàmoi.Toi,tun’asdroitqu’auclito.Immédiatement je le sens qui vient frotter son gland contre l’entrée de mon
sexe.Jerecommenceàmecaresser,lentement,avidedelesentirplongerenmoi.Aupremierrâlequim’échappe,Olimepénètreenfin.—Continue,souffle-t-il.C’estmagnifique.Ilm’écartelescuisses,soulèvemonbassin,m’exposantdefaçonindécenteàsa
vue.Ohbordel…çam’excite.J’accélèrelerythmealorsquesespénétrationssefontlentesetpuissantes.Çamontetropvite,c’esttropfort,j’exploseenessayantderefermerlescuisses,maisOlim’enempêche.Ilbasculesurmoietcognesonsexeaufonddumien.—Ohpoupée…jenetedispascequeçamefaitdetevoircommeça.Encoreengourdieparmondernierorgasme,j’ai lasensationquetoutestplus
intense,etjecontinuedegémirlorsqu’ilplongeainsienmoi.Mesbrassenouentautourdesesépaulesetjenerésistepasàdévorersabouchelorsqu’elleapparaîtdevantmoi.Oligémitcontremeslèvres,puismesoulèvepourvenirmeplaquerrudementcontrelemuràlatêtedemonlit.Soncorpss’activecontrelemien,etjelâcheunpetitcridesurpriselorsquejesenspoindreunnouvelorgasme.—Oh,bonsang!—Oui,poupée…oui!Dépêche-toi!Ilmeprendavecplusdeforce.Jem’accrocheàceplaisirquigrondeetjele
laissem’envahirtoutentière.Jejouisenpoussantunlongcri,puisviensmordresalèvreinférieure,avantdedériververssoncou,sonoreille,sonépaule,tandisqu’iljouitàsontour.Sesmuscleslâchent,unàun,tandisqu’ilmeredéposesurlematelasetseretire.—Putain,poupée,c’étaitgénial.Jegloussecommeuneidiote,refusantdeluiretournerlecompliment,mêmesi
je suis d’accord avec lui.Quand il tire les couvertures et les remonte surmoncorps,jesoupiredesatisfaction.—Allez,repose-toi.Moi,ilfautquejemetire.Onsevoitlundi.Ciao,poupée.—Ciaosalaud,jemarmonne.J’entends son rire s’éloigner tandis qu’il se rhabille dans l’autre pièce. La
portedel’entréeserefermederrièrelui,etjemelaissetomberdansunsommeilbienmérité.
Chapitre13
Quand jeme réveille, c’est lematin, et jeme redresse vite, étonnée d’avoirdormisilongtemps.Merde.Jenemesuismêmepasrelevéehierpourverrouillermaported’entrée!J’enfileunpeignoiretfileàlacuisinepourmefairecoulerducafé.Toutesten
place.Même les restes de pizza de la veille n’ont pas bougé. Je souris enmeremémorant quelques images d’hier soir.Tout compte fait, j’ai passé une supersoirée.Sansoublierquej’aidormicommeunbébéensuite!Pendantquelecafécoule,jerangeetjereportemonattentionsurledocument
rédigé par Cécilia. « Assistante pour Olivier Garrett ». En voilà un drôle deboulot!Cen’estcertainementpasceàquoijem’attendaisenpostulantpourcettepetite annonce. Quoique… ça risque d’être intéressant. La baise était chouette,c’estvrai,maistoutestfini.Jen’aipaslamoindreenvied’entreteniruneliaisonavecmonpatron.Surtoutquecelui-ciestunvraicoureurdejupons.Je profite de mon dimanche pour organiser ma semaine : je démarre une
lessive, je fais le tourdemagarde-robepourvoircequipeutconvenirpour letravail. Que suis-je censée porter ? Un tailleur, ça ira ? De toute façon, pourdemain, il faudra s’en contenter, mais j’ai intérêt à me racheter quelquesvêtements quand j’auraima prochaine paye. Et rien qu’à songer aumontant decettepaye,j’aienviededanserdansmonsaloncommeuneidiote!Comme il fait bon, dehors, je vais faire quelques courses, je profite des
premiersjoursdeprintempspourflânerdevantlesboutiques,jem’arrêteprendreuncaféquandmontéléphonerésonnedanslefonddemonsacàmain.—Oui?—BonjourAmy,c’estCécilia.Jeme raidis sur ma chaise. Et si ce salaudm’avait arnaquée concernant ce
contrat?Peut-êtrequ’ilafaittoutçauniquementpourmebaiser?—Euh…oui.Quepuis-jefairepourvous?—C’estplutôtàmoideteposerlaquestion,rigole-t-elle.Olim’aditquetu
avaisacceptéleposte.Commentest-cequ’ilaréussiàteconvaincre?Son rire résonne au bout du fil et le fait qu’elle me tutoie me rassure
légèrement.—Ilestvenumesupplierchezmoi,j’improvise.—Alorslà…ilmesurprendratoujours!Ilt’aoffertunbonus?—Devingtpourcent,maiscen’estpascequim’adécidée.—Oh?Devant lacuriositéquemaréponsesuscite, jepince les lèvres.Peut-êtreque
j’auraisdûluifairecroirequel’argentétaitmaseulemotivation?CeseraitbêtequeCéciliasachecequis’estproduitentreOlietmoi.Surtoutquec’estterminé.—J’aienviedereleverdenouveauxdéfis,jelâchesimplement.Unsilencepasseetjemesenscontraintedemejustifierdavantage:—Enfait,çanemesemblepastropmalcommeboulot:lesgrassesmatinées,
lesvoyages,lessoirées…—Etlesalecaractèredemonfrère,poursuit-elledansunrire.Enfait,àpartir
dumomentoùtuleremettrasàsaplace,toutdevraitêtreplusfacile.Lespremiersjourssontlesplusdécisifs.Tuverrassilecourantpasseentrevous.Jesouriscommeuneidiote.Lecourant?Oh,maisilpassetrèsbienentreOliet
moi!Leseulproblème,c’estquecelan’arienàvoiraveclecadreprofessionnel.—Tuasdequoinoter?poursuit-elle.Jesaisqu’Olit’arefilémondocument
desurvie,maisilvautmieuxqu’onrepassesurdeuxoutroispointsavantquetutejettesdanslagueuleduloup.Jesorsaussitôtunbloc-notesdemonsac.—Jesuisprête.Céciliame lancedes tasd’informationsenvrac : le téléphonequ’onme fera
livrerdèsdemainmatin,monagendacommunavecOlivier,lesdifférentsfichiersinformatisés que j’ai intérêt à lire concernant nos partenaires financiers et nosprojetsencours.Jeprendsautantdenotesquejepeuxencomprenantquelatâchenevapeut-êtrepasêtresisimplequeça…—Attends…ilfautquejeconnaissetouscesgens?—Oh,pastoutlemonde,non,maisc’esttoujoursintéressantdeconnaîtreles
pointsfaiblesdeceuxavecquituvasnégocier.Jeretrouveunpetitsourireencoin.—Ah…là,jecomprends.C’estpareilaveclesavocats.—C’estpareilpartout.Cequicompte,c’estdepouvoiradaptertondiscours.
C’est toujours Oli qui négocie, généralement, mais c’est important que tu aiescertains paramètres en tête. Parfois, il aime bien qu’on lui rappelle ces petites
choses.—OK,dis-je.—Etsinon,situaslemoindredouteconcernantuneaffaire,tumetéléphones.
J’ai encore cinq semaines avant l’accouchement. Ça te donnera le temps defamiliariseravectouscesdossiers.—C’estgentil,Cécilia.Merci.—Nemeremerciepas!rigole-t-elle.C’esttoiquimesauveslavie!Surtout,
nelaissepasOlitedéstabiliser.C’estungrandgamin.Ilabesoindediscipline,mêmes’ilnelesaitpasencore.—Net’inquiètepaspourmoi.Çaira,jelarassure.—Parfait.Aubesoin,tum’appelles.Allez,bonnechance!Lorsquejerangemontéléphonedansmonsacàmain,jeterminemoncafé,etje
reprends lechemindu retourvers lamaison.Toutcompte fait, jevaispeut-êtrerelireleguidedesurviedeCéciliacesoir,carquelquechosemeditquej’auraidenouveauxdocumentsàpotasserdèsdemainmatin.
Chapitre14
Ilest10h15quandjesonnechezOli.Ilhabiteenpériphérieducentre-ville,dansunquartier industrieldeMontréal.Samaisonestplutôtunesortedevieuxmagasin sur deux étages qui a été retapé, et dont la façade trahit l’anciennevocationdel’immeuble.J’attends en vérifiant pour la énième fois l’adresse en question,mais comme
Cécilia a indiqué sur son document qu’il valait mieux insister, j’appuie uneseconde fois sur la sonnette pendant presque dix secondes avant de relâcher lebouton.Auboutdecinqminutes,jeréitère.Siçasetrouve,ilestavecunefille.C’est songenre, tiens, de s’assurer que je le trouve au lit avecune autre, justepourquejecomprennequec’estterminéentrenous.Ravalantmafierté,jerelèvela tête et arbore un air professionnel dès que j’entends qu’on tire le verrou del’autrecôtédelaporte.Vêtu d’un boxer et d’un t-shirt blanc,Olivier apparaît dans l’entrée et peste
avantmêmedemereconnaître:—C’estquoitoutcebordel?Tun’aspaslaclé?Déstabilisée,jesecouelatête.—Euh…non.— Alors faudra arranger ça aujourd’hui. Je ne peux pas croire que Cél a
oublié!Etmoncafé?Iltendunemainetjeluidonnelegobeletpleinquejeviensderécupéreràson
bistro préféré. Sansme remercier, ilme tourne le dos et retourne à l’intérieur.Inspirantunboncoup,jelesuisetrefermelaportederrièremoi.Ilfaitsombre,maisOliviermarched’unbonpasendirectiondel’escalier.Jel’interpellealorsqu’ilatteintladeuxièmemarche:—MonsieurGarrett,j’auraisbesoindequelquesinformationsconcernant…Brusquement,ils’arrêteetsetourneversmoi,unsourcilarquédesurprise.— « Monsieur Garrett » ? Putain, tu ne vas quand même pas m’appeler
«monsieur»!Onabaiséensemble,pasplustardqu’avant-hier!
Un peu choquée par sa façon de ramener le sujet à l’ordre du jour, jem’empressed’expliquer:—C’estjustementpourremettredeladistanceentrenous.— Il y a suffisamment de distance à partir dumoment où on ne couche plus
ensemble. Pas besoin deme donner un titre demerde pour ça. J’ai trente-deuxans,passoixante!Ilreprendsamontéependantquejelesuisenhaussantletonpourgarderson
attention:—«Monsieur»,çan’ariend’untitredemerde!Unefoisàl’étage,ilsetourneversmoi.—Toutlemondem’appelleOliauboulot, tuvasfairetachesi tum’appelles
«monsieur».C’estbizarre.Arrête.—Hé!Pasbesoind’enfairetoutunplat!Jevoulaisjustetemontrerquenous
étionsbiendansunerelationprofessionnelle.—C’estlundimatin,tuparlesqu’onestdansunerelationprofessionnelle!Tu
croisquej’aienviedebaiser,lelundimatin?Ilmetournedenouveauledospourpartirendirectiondufonddelapièceque
je vois pour la première fois. Si, en bas, çame semblait un peu sombre et enbordel,àl’étage,çaressemblevraimentàunloftaménagé.Etlapremièrechosequimefrappe,c’estlalumière.Ilyadesfenêtrespartoutautourdenous.Surmadroite, ilyauncoincuisineavecuncomptoirqui sertdebar. Justeen facedemoi, une énorme télévision prend pratiquement tout l’espace entre deux largesfenêtres.Àgauche,ilyaunlitenbordeletdesvêtementssurlesol,tandisquelederniercoinabriteunbureauavecdestasdepapiersdessus.—Jevaismedoucher,annonce-t-ilavantdefiler.Troubléederesterseulechez lui, jem’avanceet je fais le tourde l’immense
pièce.Jeretiensunemoueamuséedevantlavaissellesaledanssonévier,puisjem’avanceverssonbureauoùjeresteméduséedevantlesdessinsquiysontétalés.Est-ceOlivierquilesafaits?J’aperçoisaussidespetitesfigurines.Jeredresseun bonhomme en plastique vers moi en étouffant un rire. C’est une blague ?Olivierjoue-t-ilencoreàdesjeuxd’enfants?—C’estpourlesmaquettes.Lavoixquirésonnederrièremoimefaitsursauteretjepivotepourtombernez
à nez avec Olivier, les cheveux humides et une simple serviette autour deshanches.—Je faisdesaménagementsen3D,explique-t-il,etonyplacedes figurines
pourdonneruneimpressionàl’échelle.
—Ah,dis-jesimplementendétournantlatêtepournepasfixersontorse.Il se penche vers son bureau et déplie un large carton qui prend vie à la
manière d’un livre pour enfant.Les formesmontent dans l’espace et créent unesortedeforêtenpapier.—Cematin,onrencontreWillis,dit-ilenpositionnantlepersonnageprèsd’un
arbre.C’estunmetteurenscène.Ilm’ademandédesdécorstransportablespoursacomédiemusicalequiferaletourdupaysl’anprochain.Dansunsimplemouvement, il referme la forêt,puisdéplace lecartonquien
abrite un second et l’ouvre. Cette fois, c’est une ville qui apparaît. Je suisestomaquéparlesdétails,découpésdansunematièresifragile.Ilsepencheplusavantettendunbraspourallumerunelumièred’appoint.Aussitôt,jevoisl’effet.Ledécorprendvieenombreschinoises.C’estmagnifique!Commenta-t-ilréussiàfaireuntrucpareil?Pendantquejereste là, laboucheouverte,àobserversonœuvre, il tournela
têteversmoi.—Impressionnée,poupée?Lesourirequis’estsournoisementfrayéuncheminsurmeslèvresdisparaîtet
jeluijetteunairsombre.—Règlenuméroun: tunem’appellesplus«poupée».Çapeutencorealler
dansunechambreà coucher,quoique je te soupçonned’utiliser cemot ridiculeparcraintedetetromperdeprénom,mais…—Oh!Onsecalme ! Je te signalequec’est toiquim’asappeléeBen !me
coupe-t-ilavecagacement.Jerefermelaboucheenmesentantidiote,puisjerenchéris:—Peuimporte.Dansuncadreprofessionnel,çanepassepas.J’aiunprénom
etilnecontientquetroislettres,çanedevraitpasêtretropcompliquépourtoidetelerappeler.Ilsoutientmonregardavecunepetitemouemoqueuse,puissedécideenfinà
hocherlatête.—D’accordpoup…euh…jeveuxdire…Amy.—Merci.Jemeraidislorsqu’ilsepenchepourrefermerlalampequiéclairesondécoret
jem’éloignedequelquespas.C’estétranged’êtrelà,chezlui,aprèscequis’estproduitdansmonpropreappartement.—Etlesautresrègles?medemande-t-il.—Hein?Jemetournepourleregarderetmefigelorsquejelevoiscomplètementnu,en
traindes’essuyerlatêteaveclaserviettequ’ilportaitàlataille.—Mais…tupourraisallert’habillerailleurs?jem’écrie,choquée.—Arrêtedefairetaprude.Tum’asdéjàvunu.—Ontravaille,là!—C’estmachambre,tulevoisbien,non?Etjeneveuxpasm’habillerdansla
salledebains,c’estencorehumide.Jereparsendirectiondelacuisineoùjemepostedevantsoncomptoir, juste
pouréviterdecroiserànouveausonregard.Derrière,ils’impatiente:—Tum’asparlédetarèglenuméroun,quellessontlesautres?—Euh…Je prends quelques secondes pour remettre mes pensées en ordre, mais on
diraitqueplus rienne fait sensdansma tête.Bordel ! Je suis ridicule ! Je l’aidéjà vu nu, c’est vrai !Alors pourquoi est-ce qu’il fait aussi chaud, dans cettepièce?Inspirantunboncoup,jelâche:— Je ne veux jamais t’entendre faire la moindre allusion sexuelle à mon
endroit.Siquelqu’unapprendcequis’estproduitentrenous,jefichelecampsurlechamp,compris?Prenantmoncourageàdeuxmains,jepivotepourlefixerdroitdanslesyeuxet
jeretiensunsoupirdesoulagementquandjevoisqu’ilaenfiléunjean.—Tuesdrôlementsusceptible,dit-ilenglissantunt-shirtpar-dessussatête.— Il se trouve que je tiens à ma réputation, mais je me doute que c’est un
conceptabstraitpouruntypequiadûcoucheraveclamoitiédelaville.Il semet à rire,puis se laisse tomber sur lebordde son lit pour enfilerdes
chaussettes.—D’accord,jet’appelleAmyetjepassesoussilencetouteslesbêtisesqu’on
afaitessamedidernier.Autrechose?—Euh…je…non.Jecroisquec’esttout.—Parfait.Unefoissesbasketsauxpieds,ilselèveetvientseplanterdevantmoi.—Voicimarègle:quandnousnesommesquetouslesdeux,tupeuxm’envoyer
audiablesiçatechante,maisdevantlesclients,j’aitoujoursraison,compris?Surpriseparsonsérieux,j’opineensilence.—Bien,alors…puisquetoutaétédit,auboulot!
Chapitre15
Je suis nerveuse pendant que je conduisOlivier au bureau. J’ai la sensationqu’ilmedétaillependanttout le trajet.J’aichauddanscetailleur.Peut-êtrequej’auraisdûenleverlavesteavantdememettreauvolant.—Tuétaisobligéedeporterdestrucsaussigrisdanstonancienboulot?me
questionne-t-il.—Quoi?Qu’est-cequinevapasavecmatenue?—Ilestgris,répète-t-ilavecunegrimace,etilesttropgrandpourtoi.Jeserreleslèvres.— J’ai maigri, je lâche, comme si c’était une maladie honteuse. Et tout le
mondeportaitdescouleurssombresaucabinetd’avocatsoùj’étais.—Alorstuasbienfaitdeficher lecamp.Ilyadequoi tefoutrelecafardà
toujoursêtreengris.EtchezStarlight,tupeuxtepermettredelacouleur.Jeledétailleàmontouravantdeluijeterunairintrigué.—Jepeuxporterdesjeans,aussi?Ilgrimace.—Ceseraitdommagedecachertesjambes.Ellessontjolies.C’estplusfortquemoi,jetiresurmajupepourlafaireredescendreversmes
genoux.—Hé!C’estuncompliment!Mais tupeuxbienmettrecequi techante, tant
que ça reste de bon goût. Tu vois,moi, jemets un jean, un t-shirt et une vestequandjerencontredesclients.—Ouais,maistueslepatron,jeraille.Ilsemetàriredeboncœur.—Pasfaux.Bon,peut-êtrequ’il te fautune tenuepluspropreque lamienne,
histoired’avoirl’airprofessionnelle,maistupeuxterelâcherunpeu.Legris,çanetevapasdutout.Ouc’estletailleur,jenesaispastrop.Je soupire, un peu dépitée de commencer ce nouveau travail sur une note
négative.
—Si çapeut te rassurer, je comptais justement aller fairedes courses, cettesemaine,jeluiavoue.—Super.Profites-enpourteprendreuneoudeuxrobesdesoirée.Jequittelarouteduregardpendantquelquessecondespourlejauger,maisil
sembletoutàfaitsérieux.—Pourquoi?—Tusaisbien!Onvasouventàdespremièresdefilms,àdescocktails,ce
genredetrucs…laplupartdutemps,c’estennuyeux,maisvous, lesfilles,vousadorezvouspavaneravecunerobequiacoûtélapeaudesfesses.Etcesoir,déjà,onvadansunrestotroisétoiles.Pasbesoind’unerobetropclasse,maisquelquechosedeplus…Ilmebalaiedelamainettermine,avecunemoue.—Disons…deplusféminin…etdemoinsgrisaussi.—Unerobenoire,çaira?jequestionneavecunepointed’ironie.Parcequeje
n’aipasgrand-chose…—Pffft!Gris,noir…quelleestladifférence?Tun’aspasderouge?Oudu
vert,tiens,commetesyeux.Çadoitêtremignon,duvert,surtoi.Jemeretiensdenepasprendrel’airétonné.Oliaremarquélacouleurdemes
yeux?Quand il désigne l’entrée du parking de l’immeuble où est situé Starlight, je
suissesindications.Unefoisgaréeàl’emplacementqu’ilm’indique,ilreprend:—Situasundouteconcernantunetenue,tum’envoiesunephotoetjetedirai
cequej’enpense.Connaissantmasœur,tontéléphoneauraétéactivéetposésurtonbureauavantmidi.Ildescendde lavoitureet jem’empressede le rejoindredevant l’ascenseur.
Dèsquenousnousretrouvonsseulsdansl’espaceconfiné,ilmequestionne:—Tutesouviensdemarègle?—Ettoidesmiennes?jem’exclameimmédiatement.Ilmejetteunregarddecôté,unpeuexaspéré,avantd’expliquerlesensdesa
question:—Willisserabientôtlà.Etcommejenesaispass’ilvaaimermamaquette,
j’aimeraisquetucomprennesquetonboulot,c’estd’êtredemoncôté.Jeluisersmonplusbeausourire.—Oh,Olivier…tuesungénie.Lemeilleurdetous!Lorsquelaportes’ouvre,jehausseleton,mêmequanddenouvellespersonnes
nousrejoignentdansl’ascenseur:—Tuesmagnifique.Unvéritabledieuvivant.
Ilgrimace,gêné.—C’estbon.Pasbesoind’enfairetrop,nonplus.Jeretiensungloussementpendantquenousnousélevonsdansleshauteurs.À
notreétage,Olis’empressedesortir.Jelesuis,maisjeresteunmomentdevantlecomptoird’accueil,àobserverl’agitationquirègnedanslesbureauxdeStarlight.Çan’arienàvoiraveclecalmedesamedidernier.Çabougedanstouslessensetc’estbruyant.Dèsqu’elleaperçoitOlivier,laréceptionnisteluifaitdesyeuxdouxetlesalue:—BonjourOli,tuaspasséunbonweek-end?—BonjourCarla.Il continue d’avancer sans s’arrêter, puis s’immobilise pour me dégoter un
regardsombrelorsqu’ilremarquequejesuistoujoursderrière.—Amy,tuviens?s’impatiente-t-il.D’unpasrapide,jelerejoinspendantqu’ilfaitunsignedelamainàlajeune
femmeaucomptoir.—Carla,àlaréception.Amy,monassistante.Carla m’offre un sourire forcé et me souhaite la bienvenue avec une voix
beaucoup moins mielleuse que celle qu’elle réserve à Oli. Pourquoi cela mesurprend-il?Cesalauds’estprobablementtapétouteslesfillesdel’étage!— Quand Willis arrivera, fais-le patienter un peu. Il faut que je monte la
maquettedanslasallederéunion.—Bien,Oli.Lorsqu’ilreprendsespas,jel’imite.J’essaiedenotertouslesnomsqu’ilme
citeaupassage,enmedésignantlesdiversbureaux.Parfois,onl’arrêtepourluiposerunequestion:—Oli,tuesprêtpourWillis?—Ilfautl’espérer.—Bah!Jesuissûrquetuluiasfaituntrucgénial.Etsinon,pourVegas,c’est
arrangé?—Euh…non,marmonne-t-ilenpoursuivantsaroute,maismonassistantes’en
chargera.J’attendsquenoussoyonsdanslebureaudufondpourrépéter:—Jesuiscenséemechargerdequoi?—DuvoyageàVegas.Onseratrois.Ilfautqueturéserveslesbilletsd’avion
ainsique l’hôtelaujourd’hui.Onpartira tôt, samedi,eton reviendra lundi.Voiss’ilrestedelaplaceauBellagio.Unpeusonnéepartoutescesinformations,jesorsmoncalepin.
—Ça,c’esttonbureau.Tuvois?Masœurt’alaissédestrucs.Il se penche dessus pendant que sesmots résonnent encore dansmon esprit.
Quoi?Ici,c’estmonbureau?Mais…c’estlàquej’aipassémonentretien!Etpasseulementça,maisautantéviterdesongeràlafaçondontOlim’afaitperdrelatête…Lorsqu’il tapote divers objets sur la surface plane, je lui accorde à nouveau
monattention.—Tontéléphone,laclédemonappartement,lacarted’accèspourentrerdans
leslocaux,lesmotsdepasse…Delapochearrièredesonjean,ilsortunportefeuille,puisunecartedecrédit
qu’ilmetend.— En attendant que la compta t’envoie la tienne, voici ce qu’il faut pour
réserver l’hôtel et les billets d’avion pourVegas. Tu prends un billet pour toi,pourmoietundernierpourMarcoSullivan.Lorsquejerécupèrelacarteentremesdoigts,jebredouille,gênée:—Merci.—Note,plutôt.MarcoSullivan.C’estledirecteurtechnique.Pendantquejegriffonnesurmonpetitcalepin,ilpoursuit:— Fais en sorte qu’on parte assez tôt, parce qu’on doit être au Rialto à
20heuresetquej’aimebienprendreunedoucheaprèslevol.Ilfaudradeshabitsqui en jettent. Jolie robe, costard, cravate.On essaie d’avoir les droits de leurspectacle,tucomprends?Je fais « oui » de la tête,mais je ne suis pas sûre de tout saisir.Lorsque je
relèvelesyeuxverslui,Olimetourneledos.— Installe-toi. Moi, je vais dans la salle de réunion, juste en face, pour
préparer ma maquette. Quand Clara te téléphonera, va chercher Willis à laréceptionetemmène-ledel’autrecôté.—OK.Quand il sort de mon bureau, je reste là, un peu sous le choc. Mes tâches
deviennent tout à coup beaucoup plus concrètes : réveiller puis conduire Oli,prendredesnotes,réserverdesbilletsd’avionetunhôtel,emmenerunclientdanssonbureau…j’aiintérêtàtoutnoter,autrement,jerisqued’oublierdesétapes!
Chapitre16
LorsqueClaram’annonce lavenuedemonsieurWillis, j’inspireunboncoupavantd’aller à sa rencontre. Je lui offremonplusbeau sourire et lui tendsunemainferme.—MonsieurWillis,jesuisAmyLachapelle,l’assistantedemonsieurGarrett.Pendantqu’ilmeserrelamain,ilmejetteunregardinquisiteur.—Uneautreassistante?Maisilenacombien?Jechoisisderépondresuruntonquifaitminedelemettredanslaconfidence:—MonsieurGarrettestunhommecompliqué.—Oui…ah,cesartistes!Jeluiadresseunsourirepolietleguideendirectionducouloirquimèneàla
salle de réunion.Avant que je ne frappe à la porte,Oli apparaît. Il a enfilé savesteettendlamainendirectiondesonclientpotentiel.—Ah!MonsieurWillis!Vousarrivezjusteàtemps,jeviensdefairelamise
enplacedevotremaquette.Je suis les hommes dans la salle de réunion,mon carnet de notes à lamain.
Commeilyaunetableavecducafé,jem’empressed’enoffrir.Ça,aumoins,jesais faire sans tropde problèmes.Olivier semet à expliquer sonprocessus decréation et les étapes par lesquelles il est passé, à partir de l’idée de baseproposéeparleclient.Mêmequandilrécupèrelatassedecaféquejeluisers,ilcontinuedeparleravecunevervequejeneluiconnaispas.—Comme la pièce est un amalgamedeplusieurs contes pour enfants, jeme
suisditquenouspourrionscombinerdestechniquesquirappellentceshistoires.Lorsqu’il inviteWillis à le suivre au fondde la pièce, je remarque la petite
salleattenanteàcelleoùnousnoustrouvons,etjesuisraviequ’Olivierm’inviteàles accompagner. J’auraisdétesténepas avoirdroit à la suitede saprestation.C’estpetit,sombre,maisquelqueséclairagesmettentenévidencela tableoùsetrouve lamaquette. Il y a une scènequi prend lamoitié de la table, de faussesestrades et quelques figurines en guise de public. Bien à plat sur la scène, je
reconnaislecartondecematin.Avecunevoixplusbasse,Olivier parlede la forêt d’Hansel etGretel avant
d’ouvrir son premier décor. Àma gauche, je sensWillis qui se raidit, puis jeremarque l’espèce de sourire niais qui apparaît sur son visage. Un sourired’enfant.Ondiraitqu’Oli raconteunehistoire. Ildéplacedespersonnagespourdonneruneidéedelataille,parledesmatériauxauxquelsilsonge,puisrefermelecartonpourluiprésenterlesecond.—C’est…vraimentgénial,lâcheWillissansattendrelafindelaprésentation.—Attendez,vousn’avezpasvutouteslespossibilités.Aussitôt, il allume un petit appareil, puis éteint deux lumières. Je suis la
premièreàouvrir labouchedesurpriselorsquejecomprendsqu’ilprojettedesimagessurlespièces.—Vousvoyez,ici,nouspourrionsmontrerdespartiesfilméessurlespiècesdu
décor.C’estléger,maisversatile,etçaoffrebeaucoupdepossibilités.—Çanerisquepasd’êtrefragile?s’enquiertWillis.—Ilexistedescartonsplusépaisqu’onpeutenduired’unproduitquil’aideà
durcir. L’avantage, c’est que c’est moins cher que du plexiglass. Mais c’estfaisableaussi,saufquenousnepourronspasleconstruiredelamêmefaçon.Sivousvoulezl’effetlivre,ilfautunematièresouple.Etvusonprix,vouspourriezenfaireconstruireplusieurs,justeencasdeproblème.Jenesaispasquelletêtejefais,maisOlivierporteunmomentsonattentionsur
moietmegratified’unlargesourire.Aussitôt,jemerendscomptequejen’aipasrefermélaboucheetqu’ilesttempsquejedisequelquechose.—Oli,pourrais-tu…parlerduprixdefabrication?—Ah!Oui!Mercidemelerappeler,Amy.Ilretournedanslapremièresalleetnousinviteàlerejoindreavantdetendre
une feuille en direction deWillis. Tout y est indiqué : les prix en fonction desmatériauxutilisés,lesbonsetmauvaiscôtésdechacund’eux.Encoreunefois,jeresteunmomentbouchebéedevant l’étenduede son travail.Cepetit conqui al’airdesefoutredetoutassureunmax!Jeleurressersducaféetjem’installepournotertoutcequisedit.Unechose
estsûre:Oliconnaîtsondossieretiln’enestpasàsapremièreprésentation.Ilparledesdélaisdefabrication,dutempsdemontageetilsconviennentdefaireuntestpendantl’unedesrépétitionsdugrouped’iciunmois.Jegribouillelesdatesproposées dans un coin demon carnet pendant queWillis se lève, visiblementsatisfait.Dansunétatsecond,etlégèrementsonnéepartoutescesinformations,jele raccompagne à l’entrée et serre la main d’un homme enchanté. Lorsque je
reviensdanslasallederéunion,lepetitsouriresuffisantd’Olim’accueille.—Maintenant,tupeuxledire.—Euh…quoidonc?—Disquej’aiassurécommeunchef,quejesuisundieuvivant…toutesces
belleschosesauxquellesj’aieudroit,pasplustardquecematin.J’éclatederire,maisj’avouequ’ilagagnécettemanche.—Tuasassuré,c’estvrai.Félicitations.Ilfaitmined’êtrechoqué.—Quoi?C’esttout?Jenesuisdoncplusundieuvivant?—N’exagéronspas!jepouffeenentrantdansmonnouveaubureau.—Maisjet’aiimpressionnée,pasvrai?Allez,nefaispastamaligne,j’aivu
queçat’avaitplu.Il me suit, puis referme la porte derrière nous. Pourquoi est-ce que ça
m’angoissedeme retrouver seule avec lui ? Jeposemes fesses suruncoindubureau,tournéeverslui.—Disonsquetuconnaisbientontravail,etcommec’esttrèsloindecequeje
faisaisavant,forcément…—Oh,allezAmy!Çanevapastetuerdemefaireuncompliment!— Tu es doué, je l’avoue, mais n’oublie pas que je n’ai aucun point de
comparaison!— Hum… c’est vrai, concède-t-il en affichant une drôle de moue. Alors il
faudra que je fasse une bonne performance cet après-midi aussi, histoire de temontrerquej’aipleindetalents.Jeveuxdire…destalentsautresqueceuxquetuconnaisdéjààmonsujet.Jeluifaislesgrosyeux.—MonsieurGarrett,vousêtesmonpatron.—Ouais,maisjenesuispasconpourautant.Allez…viens,onvabouffer.Je
crèveladalle.Ilrepartendirectiondelasortieetjeprendsunmomentavantdelesuivre.Je
dois rester avec lui, même pour le déjeuner ? Oh, et puis tant pis ! Autantl’accompagner,j’aifaim,moiaussi!
Chapitre17
Tout compte fait, je suis content qu’Amy soit ma nouvelle assistante. Elleapprendvite,etelleparaîtappréciermespetitesblagues.Voilàunbonpointpourelle.Avantmaréunionde14heures,elleadéjàréservénosbilletsetl’hôtelpourVegas, a fait une recherche sur mon client, lu les notes de ma sœur sur sacompagnie et est venueme résumer le tout pour s’assurer que ses informationsétaientjustes.Bref,elleestdégourdieetc’estexactementcequ’ilmefaut.Je l’avoue, j’aime bien l’impressionner. Son regard quand elle a vu la
maquette, c’était quelque chose !Évidemment, ellene connaît rien à cemonde,maisquelque chosemedit qu’ellen’est pasmécontentede changerde registre.Lesavocats,çadoitêtredrôlementennuyeux.Je refais donc une présentation colorée lorsque Jason, un producteur avec
lequel j’ai l’habitude de collaborer, vient prendre des nouvelles de son projet.Amy, à ma droite, écoute la discussion qui n’avance pas aussi vite que je levoudrais et note le peu quimérite de l’être. Pendant que Jasonm’explique sespropresidées,jeremarquequ’ellemordilleleboutdesoncrayonenécoutantcequ’ildit.Etmoi,commeunidiot,jerestelà,àl’observer.Cettebouche-là,Amymel’arefuséeceweek-end,maisj’aiencoreunsouvenirtrèsprécisdelafaçondontellem’amordillélalèvreetl’oreille.Sansréfléchir,jemelècheleslèvreslorsqueJasonhausseleton:—Oli,tum’écoutes?—Hein?Euh…pardon.Jeréfléchissais.Putain!Moiquiessaied’impressionner lanouvelle,voilàque j’ai l’aird’un
imbécile.J’essaiederattraperlecoupenjetant:—Écoute, on devrait distribuer des petits cadeaux à ceux qui viennent à la
première.Çafaittoujourslebuzz,cestrucs-là.—Oli!Tuespayépournousdégoterdesprojetsbienplusoriginauxqueça!
Tun’asriendeplusintéressantàproposer?Au lieude lui sortir l’idéedu siècle, comme j’en ai l’habitude, voilà que je
sèche.Etc’estAmyquipropose,enjetanttoutenvrac:—Unesortedeconcours?Avecàlacléunerencontreaveclesacteurs?Des
objetsdédicacés?Lorsque je tourne la tête vers elle, je la vois qui se fige et qui s’empresse
d’ajouter:—Maisévidemment,cen’estpasmondomaine,alors…—Non !Non ! Toutes les idées sont bonnes à prendre ! intervint Jason. Et
l’acteurprincipal fait fureurencemoment,alorsçaferasûrementunbuzzsionorganisecegenredeconcours.— Mais on cherche un petit quelque chose de plus original, je siffle,
étrangementagacéqu’elleaiteud’aussibonnesidéesalorsquematêteestvide,soudain.Ellejoueaveclecartonquicontientl’afficheofficielledufilm.— Si je comprends bien, c’est une histoire d’amour entre deuxmusiciens ?
Pourquoionneleurferaitpasfaireunpetitspectacle?—Parcequecesontdesacteurs,jem’énerve.Ilsnesaventpaschanter!—Ilspourraientfairesemblant!s’écrieJason.Envoilàuneidée!Jemeretiensdenepasenvoyeruneinjureendirectiond’Amy.Maispourqui
elleseprend,cettepetiteassistante?Sousprétextequ’onacouchéensemble,çanesignifiepasqu’elleavoixauchapitre!Elleestcenséeprendredesnotes,dois-jeleluirappeler?—Çacoûtecher,desacteurs.Jedoutequ’ilsacceptent,jemarmonne.— Je m’occupe de vérifier ça. Avec tout l’argent qu’on leur a fourgué, ils
peuventbienfaireungeste!Etsinononpeutaussivoiravec lesdoublures.Hébien,tut’esvraimentdégotéunesuperassistante,Oli!Jefaisbonnefigurependantqu’ilselèvepoursortirdelapièce,maisdèsque
je me retrouve seul avec Amy, j’ai l’impression qu’un mal de tête carabinés’approche. Et mon humeur s’est plutôt assombrie. Me tournant vers elle, jepeste:—Aucasoùtun’auraispascompristonboulot:tuesmonassistante,pasune
consultanteencréation.Devantletonquej’emploie,ellesursauteetserresoncalepincontreelle.—Je…j’aiditçacommeça!—Tuterendscompte?Tesidéesvontnouscoûterlapeaudesfesses!Se levant de son siège, elle récupère ses affaires, puis semble retrouver sa
verve,bienenrobéedecolère:—Écoute, si tuvoulaisune fillequi fermesagueule, il fallait ledire. Jene
pouvais pas le deviner ! Tu patinais, alors j’ai voulu t’aider, moi ! Mais net’inquiètepas,j’aicomprislaleçon!Quand elle sort en trombe de la salle de réunion, je grogne et je jette mon
documentsurlatable.Ehmerde!Qu’est-cequim’aprisdel’engueuler,commeça ? Elle a eu une bonne idée, et alors ? Depuis quand est-ce que j’ai si peuconfianceenmoipourmelaisserdéstabilisercommeça?Unelongueinspirationplustard,jemedécideàtraverserlecouloiretj’entredanslebureaud’Amyquisemblerangersesaffaires.Jemefigesurleseuildelapièce.—Qu’est-cequetufais?jem’exclame,étrangementinquiet.Sansm’accorderlamoindreattention,ellemerépond:—Jerentre.—Quoi?Justeparcequejet’aifaitunepetitecolère?Ellepivoteetmejetteunregardconfus,puissemetàriredoucement:—Idiot!Jevaismechanger.Onarendez-vousà19heures,tuterappelles?Et
ilfautquejetrouveunerobeàmemettre.Jesensmesépaulesquisedétendentetmongestenepassepas inaperçu,car
ellesemetàrigoler.—Tucroyaisvraimentquej’allaisfoutrelecampaussifacilement?Je n’ose pas répondre, mais j’avoue qu’elle me paraît suffisamment
caractériellepourmeplanterlà,sansprévenir.—Écoute,Oli,tuneveuxpasquej’intervienne,j’aicompris.C’estvraiqueje
ne connais rien à cemilieu,mais jepensaisque tu avaisbesoinde tempspourréfléchir,alors…—Non,Amy…attends.Elles’arrêteetjeprendsunmomentavantdetrouverlecouragedeluidirela
vérité:—C’estmafaute,OK?C’estque…aveclapréparationdudossierdeWillis,
jen’aipaseuletempsdetravaillersurceluideJason.—Cen’estpasgrave.Çanemedonnaitpasledroitd’intervenir.—Arrêteça!Jasonaaimétonidée.Tusaiscombienilestdifficile,cetype?
Etenattendantqu’ilvérifieavecsesacteurs,çamedonneunrépitpourtrouverd’autresidéesdutonnerre…Un sourire revient sur le visage d’Amy et j’ai bizarrement l’impression de
mieuxrespirer.Ellerécupèresonsacàmainetjem’entendssoudaininsister:—Vraiment,Amy,c’étaitunesuperidée.Etjenedispasçapourteflatter.Pendantqu’elleposesonsacsursonépaule,elles’avanceversmoiet tapote
montorsed’unemain.—C’estgentil,Oli.Merci.Uneenviesoudainederetenirsamainsurmoi,delaplaquercontrelemurme
saisit.Pourquoiest-cequejenepeuxpasm’arrêterdefixercettebouche?—Toutcomptefait,ilmeplaîtbien,ceboulot,lâche-t-elleencore.Pourtant,ce
matin,çam’angoissaitdevenir travaillerpourun typeavecqui j’avaiscouché,maisfinalement…çava.Iln’yaaucunmalaise.Ses doigts s’éloignent et elle repart en directionde la porte pendant que ses
motstournentdansmatêtesoudainvide.—Oh,Oli?Jepivoteverselle.—Àquelleheurejepasseteprendre?—Euh…jenesaispas.Disons…18h30?—Parfait.Àplustard.Jesuisencorelà,àfixerlaportequ’ellevientdefranchir,quandl’évidenceme
tombesurlatête:Amymeplaîtbien.Siseulementellen’étaitpasdouéepourceboulot…riennem’empêcheraitdel’allongerdirectementsursonbureaupourluiarracherunorgasme.Lesyeux toujours rivés surcetteporte, je soupireavecbruit.Aucunmalaise,
elle a dit ? Alors pourquoi est-ce que je me sens aussi à l’étroit dans monpantalon?
Chapitre18
Jepasseprèsd’uneheureàfouillerdansmagarde-robepourdégoterquelquechosedepotableàmemettre.Unrestauranttroisétoiles…qu’est-cequejesuiscensée porter dans ce genre d’endroit ? À part des tailleurs et des habitsclassiques,probablementtropgrisaugoûtd’Oli,jen’aipratiquementrien.Quandjesorsunvêtementrouge,jereconnaislarobequej’aiachetéepourNoëldernieretlatiensdevantmoipourvérifiercommentellemeva.Elleestjolie,maispeut-êtreunpeutrophabillée?Tantpis.C’esttoutcequej’aiquinesoitpasnoirougris.Aprèsunedoucherapide,jel’enfileetvérifiequ’ellemevatoujours.Vulepoidsquej’aiperdu,c’estunpeugrandauniveaudeshanches,maisledécolletévautlecoupd’œil.Direquej’aiachetécetterobepourBenetquejen’aijamaiseul’occasiondelaporter.Peuimporte.Cesoir,c’estcequejemettrai.À18h30,jemegaredevantchezOlietluitéléphonedelavoiture.—J’enaipourdixminutes,annonce-t-il.Tupeuxmonter.—Non,jet’attendsenbas.Ilgrommelleauboutdufil,maisjen’aiaucuneenviedeluiexpliquerquemes
escarpinsvontmetuerlespiedssijenelimitepasmesdéplacements.Pourallerauresto,çapasseencore,mais jen’iraiscertainementpasdanseraveceux!Etpuis,jeluisersdetaxi,ilnevaquandmêmepasseplaindresijenevaispaslechercheràlaporte!Jefroncelessourcilslorsquejelevoisdébarquerdanslamêmetenuequetout
àl’heure.Jean,t-shirtetveste.C’estuneblague?Devantmonairstupéfait,ilmejetteunregardintrigué.—Quoi?—Jedoismechangerpournepastefairehonteaurestaurantettoiturestesen
jean?—Hé!Cesonteuxquimeveulent,pasl’inverse.Jenevoispaspourquoije
ferais des efforts pour essayer de leur plaire. Mais toi, tu es une fille. C’estnormalquetutefassesbelle…
Sesyeuxs’arrêtentsurmescuissesetjem’empressedetirersurletissurougepourcacherunminusculeboutdepeauenespérantqu’ilcessedemereluquerdelasorte.— Bon, où est-ce qu’on va ? je demande, avant qu’il ne fasse le moindre
commentairedéplacésurmatenue.Il se racle la gorge, puism’indique le chemin. Je ne sais pas pourquoi, son
regardm’agênée.C’estridicule,puisqu’ilm’adéjàvunueetquecetépisodeestcenséavoirétéreléguéauxoubliettes.Etpourtant,jenepeuxpasm’empêcherderessentirunepetitetensionquandOliposelesyeuxsurmoi,commeill’afait.Pendant le trajet, ilme parle des hommes que nous allons rencontrer :Marc
BromptonetCarlStandford.IlsviennentdeLosAngelesetespèrentexporterunspectacle d’envergure au Canada. D’après Olivier, ils veulent s’entourer desmeilleurspouradapterleurproduction,tantauniveaudelamiseenscèneetdesdécorsquedelapromotion.—Pourquoiilsneterencontrentpasaubureau?jeluidemande.— Parce que ça ne m’intéresse pas. Ils m’ont envoyé un DVD avec leur
spectacle et là, ils vont essayer de me le vendre et de faire en sorte que jem’investisse.Toutça,c’estunetentativedésespéréepourmeconvaincre.—Maissiçaneteditrien,pourquoituacceptesd’allerdîneraveceux?—Pourlerepas,dit-iltoutbêtement.C’estchouettedemangerdansungrand
resto,tunetrouvespas?—Euh…jenesaispas.Jecroisqueceseralapremièrefois.Ilsemetàrigoler.—Alors,amuse-toi!Cestypesenontpleinlespoches,ceseraitbêtedenepas
enprofiter.Etcesonteuxquiontinsisté,hein!Ilss’imaginentqu’ilspeuventmeconvaincre.Jedemandeàvoir,moi,c’esttout.Je ne réponds pas, mais en réalité, je suis un peu déroutée. Allons-nous
réellement à ce dîner en sachant dès le départ que c’est fichu ? Çame paraîtbizarre…Dèsquenousarrivonsaurestaurant,Olivierm’aideàretirermonimperméable
etresteunmomentàdétaillermatenuesansdirelemoindremot.Encoreunefois,monangoisseremonte.—Quoi?C’esttrop?—Non.C’est…sexy.—Tuauraispréféréuntailleur?Quelquechosedeplusclassique?jedemande
enlissantnerveusementlecôtédemarobe.—Non.C’estjusteque…çatechange.Ettacoiffureaussi.C’estclasseettout.
—Trop?jevérifieenreplaçantmescheveuxsurlecôté.—Non.Allez,viens.Il me fait signe de le suivre et je m’exécute, même si je ne peux pas
m’empêcherd’insister:—Mais…disquelquechose!Ondiraitqueçanevapas!—Mais non,marmonne-t-il.C’est juste que je commence àme demander si
c’estmoiqu’ilsvoudrontàlafindecettesoiréeoumonassistante!Jeclignedesyeux, incertaine,et ilmefaitunsourire taquin.Aussitôt, j’ai la
sensationdemieuxrespirer.Alorsmaroben’estpastropmal?Pourquoiest-ceque quelque chose dans le regard d’Oli me fait encore douter ? Pendant quel’hôtessenousaccompagneversunetable,jejaugelatenuedesautresfemmesqueje croise. Jeneme senspas spécialement différente,mais j’avoueque c’est unpeutropguindépourmoi.Dansquoiest-cequejemesuisencoreembarquée?Lorsquenousarrivonsà la table,deuxhommesse lèventet seprésentent.Le
premier,Carl Standford, est dans la quarantaine, et le second,MarcBrompton,danslajeunetrentaine.Ilestassezmignondanssongenre,avecdesyeuxperçantsetunsourireàfairefondrebiendesfilles.—Monassistante,Amy,meprésenteOli.—MonsieurBrompton,jelesalueenserrantsesdoigts.—Appelez-moiMarc.C’estunrepasquiseveutconvivial,aprèstout.Je le fixe en essayant de sourire de façon naturelle,mais je n’y arrive qu’à
moitié.Unrepasconvivial?Dansunrestaurantdecetordre?Pourquoiest-cequeçameparaîtbizarre?Unechoseestsûre :çan’arienàvoiravec lapizzaquem’aofferteOlivier!
Chapitre19
Pourquoi ai-je accepté de rencontrer ces types, au juste ? Pendant queMarcconseille Amy sur les plats au menu, je me retrouve à devoir écouter lespéripétiesdeCarlàl’aéroportdeLosAngeles.Qu’est-cequejem’enfichequ’ilaitfailliratersonavion!Çam’auraitfaitdesvacances,tiens!Çam’énerve de voir le regard que poseMarc surAmy. Elle lui plaît, c’est
évident.Maisquelleidéed’avoirmiscetterobe,aussi!Ondiraitquesesseinsontdoublédevolume!Pendantquejefaisminederegarderlesplats,jenepeuxpasm’empêcherdetendrel’oreillepourécouterleurconversation.—Enfait,c’estmonpremierjourdetravail,etjesuissurtoutlàpourprendre
desnotes.— Vous avez de la chance, Olivier, rigole Marc. En voilà une magnifique
assistante!Amysourit,visiblementcharméeparlecompliment.Pourquoineleremet-elle
pas en place ? Si j’avais osé lui sortir une phrase similaire, j’en auraiscertainementprispourmongrade,tiens!— Si vous aimez l’agneau, vous devriez essayer ce plat, propose-t-il en
tapotantlafeuilledevantelle.Ladernièrefoisquejesuisvenuici,c’estcequ’onm’arecommandéetjepeuxvouspromettrequeçavalaitlecoup.Le rire de cet idiotme déplaît. Sa gueuleme déplaît. Et la façon qu’il a de
louchersurledécolletéd’Amy…Putain,maisqu’est-cequimeprend?C’estmoiquiaifaittoutecettehistoirepourqu’ellemefichelapaixquandoncommenceraitàbosserensemble!Alorspourquoiest-cequeçam’énervesicetypeladrague?Tantpis!S’ilveutsefrotteràsonsalecaractère,libreàlui!—Lefiletmignondebœufesttrèsbonaussi,m’entends-jedire.Etc’estservi
avecdesfrites.Amytournelesyeuxversmoietmesourit.—Desfrites?Ici?—Ouais,etellessontsacrémentbonnes!
—Maisonpeutmangerdesfritespartout,protesteMarc.Alorsque l’agneauestunplatqu’onnemangepastouslesjours.C’estl’occasiondegoûterdestrucsdifférents,non?—Ah, mais les frites sont vraiment délicieuses, soutiens-je. Et le bœuf est
vieilli,tendrecommenullepartailleurs.Jerepoussemonmenuavantdeconclure:—Entoutcas,moi,c’estcequejeprends.Du coin de l’œil, je voisAmy scruter sonmenu en pinçant les lèvres.C’est
ridicule,mais j’espère qu’elle prendra lemême plat quemoi, histoire de fairefermersonclapetàceMarcausourirecharmeur.Lorsqu’ellereportesonattentionsurmoi,elledemande:—Sijeprendslecanard,tumeferasgoûtertesfrites?C’estplusfortquemoi,devantsonpetitairsuppliant,jecèdesanshésiter.—OK,maistudevrasmefairegoûtertoncanard.—Çamarche,concède-t-elle,visiblementravie.—Puisque tout lemonde prend de la viande rouge, je vais essayer de nous
dégoterunvinquiiraavectoutça,commenteCarl.Jemedétendsetjesuisplussereinquandnouspassonscommande.Lorsquela
discussionbifurquesurlesujetpourlequelnoussommesréunis,jelaisseCarlmevanter lesméritesduspectaclequ’il représenteenme tartinantunboutdepain.Sanssurprise,Amynotetoutcequiseditdanssoncarnet.— Nous avons de gros investisseurs sur ce projet. Ce sera vraiment un
spectacled’envergure.—Jenedispasquelespectaclen’estpasintéressant,Carl,interviens-je,mais
jenevoispascequejepeuxapporteràceprojet.Jecréedesdécors,jenelesrefaispas.Etceux-ciexistentdéjà.— Vous n’avez qu’à changer quelques détails ici et là, lâche-t-il avec une
pointed’agacement.Vousl’avezbienfaitpourletrucdeBroadway…commentças’appelait,déjà?—LeFantômedel’Opéra,répondMarc.—Voilà!—PourleFantôme,j’aieucarteblanchesurtoutelamiseenscène.Çan’avait
plusrienàvoirauniveaudesdécors.Ilyavaitdesplateauxquisesurélevaientdanslasalleafindesurprendrelesspectateurs.Jesouriscommeunidiotenmeremémorantcespectacle.Qu’est-cequej’étais
fierdemoi,cesoir-là!—Alors faites lamême chose ! Je doute que les producteurs se formalisent
pourquelqueschangementsdedécors.—C’esttroplimité,poursuis-je.Ilyadesacrobatiesdansvotrespectacle.Ça
prendradesmoispourcalerlesnouveauxparamètres.Pourquoivousnereprenezpassimplementlesdécorsexistants?— Parce qu’on a beaucoup critiqué la mise en scène, expliqueMarc, mais
aussi parce qu’on aimerait vraiment rendre ce spectacle parfait. Vu qu’on val’exporter,autantenfaireuntrucgénial.Je mange mon pain en l’écoutant d’une oreille distraite, mais le voilà qui
insiste:—Écoutez,vouspouvezjustevoirsivousavezdesidées!Onpeutenreparler,
s’illefaut.Carletmoiavonsenviedepoussercespectacleaumaximumdesescapacités.Choisissezlasalle,lamiseenscène,lesdécors…oubliezl’originalsivousvoulez.—C’estbeaucouppluscher,jeluirappelle.—Etbien,s’illefaut,nousvouspaieronsundevis!Surprenez-nous,onattend
queça!Jeretiensunemoueexaspérée,parcequ’ilestrarequ’unclientmelaissecarte
blanche,surtoutàleursfrais.Jesuiscontentquandonvientnousservirnosplats,parceque jemesenscoincé. Jenesuispas le seulàpouvoir fairecegenredeboulot,pourquoiest-cequ’ilinsisteautant?Quandlerepasestbienentamé,Carlrevientàlacharge.— Alors Olivier ? Qu’est-ce que vous pensez de nous revoir dans trois
semainespourquevousnousexposiezvospremièresréflexions?Jelanceunregardendirectiond’Amyquivientdemepiquerunefriteavecun
petit air canaille, mais comme la discussion de travail reprend tout juste, elleessuierapidementsesdoigtssursaservietteetseprépareànoterdenouveau.— Le problème, Carl, c’est que nous sommes débordés au bureau, en ce
moment.Masœurestenarrêtparcequ’ellevabientôtaccoucheretjenesaispasquandellevarevenir.Amyvientd’arriveretj’aipratiquementtoutàgérer.—Maisc’estunprojetstimulant!Vousnepouvezpaspasseràcôté! insiste
Marc.Réfléchissezbien!Jesuissûrquevousallezleregretter!J’avaleunefriteavantdehausserlesépaules.—JevaisenparleravecmonéquipeetrevisionnerleDVDquevousm’avez
remis. Donnez-moi jusqu’à la semaine prochaine pour vous dire si je veuxvraimentmelancerdansleprojet.LesouriredeCarlfaitplaisiràvoir,maisjesensquemonvisageserembrunit.
Merde!Maintenant, jevaisêtreobligédemettre lesbouchéesdoublessurmes
autresprojetspourarriveràtoutboucler!Pendantlerestedurepas,jesuisunpeumaussade.Peut-êtreàcauseduboulot
quis’empilesurmonbureau…ouduvinquej’aibuunpeuvite…oupeut-êtresimplementàcausedeMarcquin’arrêtepasdediscuteravecAmy.Elleparaîtd’humeur joyeuse. Elle rit et répond à son interrogatoire sans se soucier dedévoiler sa vie privée à un parfait inconnu. C’est comme ça que j’apprendsqu’elleestfilleunique,quesonpèreestpartiquandelleétaittrèsjeuneetquesamèrehabiteplusaunordavecsonnouveaumari.—Etvousfaisiezquoi,avant?—J’étaissecrétairejuridique.—Oh?Dansquelcabinet?Amy retient son souffle et je vois que tout son corps se crispe. Elle a eu la
mêmeréactiondurantsonentretien.Pourquoi?Peut-êtrequejedevraispasseruncoupdefilàsonancienemployeurpourposerquelquesquestions…—ChezCBI,lâche-t-elleenfin.— Intéressant, répond-il comme si elle venait de lui révéler un secret. Et
commentunesecrétairejuridiqueseretrouve-t-elledanslemondeduspectacle?—Euh…enrépondantàunepetiteannonce?Jeretiensunrireetellemejetteunregardenbiais.—Hé!L’annoncedetasœurn’étaitpastrèsclaire!—Dequoituteplains?C’estunchouetteboulot,non?Depuiscematin,tuas
vuunemaquette,émisuneidéequiaemballéunclientetdînédansunrestauranttroisétoiles.SansoublierlevoyageàVegasdeceweek-end.Marcsemetàrireàsontour.—C’estvraiquecen’estpasbanal.Auboutd’unehésitation,ellehochelatêteetsourit.—Oui…j’avouequepourl’instant…çava.Legamindontjem’occupeneme
faitpaslavietropdure.Jefroncelessourcils,sentantlacolèrememonteraunez.Commentose-t-elle
metraiterdegamindevantdesclients?Peut-êtrequeCarlperçoitlafaçondontjeme raidis sur ma chaise car il nous interrompt avant que j’aie le temps de laremettreàsaplace.—Undigestif,Oli?J’inspireunboncoup.—Non,merci.Jecroisqu’onvarentrer.—Maisrestezdoncencoreunpeu,tentedenousretenirMarc.Je repoussema chaise et je bondis surmes jambes, unpeu raide après cette
soiréebienarrosée.—Etsinousterminionsdansunbar?propose-t-ilencore.Pourquetupuisseslafaireboireetladraguerjusqu’àcequ’elletecède?—Non.Sansfaçon,merci.Lorsqu’Amy se lève à son tour, je lui décoche un autre regard qui n’a rien
d’amical.—Situveuxrester,netegênepaspourmoi.Jepeuxprendreuntaxi.Sonexpressionsefaittristeetelles’empressedesecouerlatête.—Mais…non,je…jeteraccompagne.—Maisvousnousdonnerezdevosnouvelles?insisteCarlenvenantseposter
devantmoi.—Biensûr,dis-je,mêmesil’envien’yestplusdutout.Jeleurserrelamainenévitantlesyeuxd’Amyquitententvraisemblablement
decroiserlesmiens.Elleaperçumacolère,çameparaîtévident.Tantmieux!Çaprouvequ’ellen’estpasbête.J’aibienenviedelafoutreàlaporte,tiens!Çaluiapprendraàmetraiterdegamin!
Chapitre20
Pendant que je récupère mon imperméable, j’ai la gorge nouée. Moi et magrandegueule!Quelleidiote,jefais!Lesrèglesd’Oliétaientpourtantclaires!J’aiàpeineeuletempsdereprendremonsacàmainqu’ilmarcheendirectiondel’extérieur.Etavecceschaussures,jepeineàlesuivre!—Oli!meplains-je.Il continue sans ralentir et je jette,même si j’auraispréféréquenous soyons
dansmavoitureavantd’aborderlesujet.— Écoute, je suis désolée. J’ai parlé trop vite, mais c’était juste pour te
taquiner!Ilfaitvolte-faceetrevientseplanterdevantmoi.—Tum’as ridiculisé devant des clients potentiels ! s’énerve-t-il. Et tout ça
pourquoi?Pourterendreintéressantedevantcetype?Jesursaute.—Quoi?—Arrêtedejoueràcepetitjeuavecmoi!Cegarst’adraguéetoutelasoirée,
tucroisquejenem’ensuispasrenducompte?Tun’espaspayéepourça,dois-jetelerappeler?—Hé!Onajustefaitconnaissance!jem’emporte.Jereculed’unpaspourmieuxleregarder,suspicieuse.—Attends,tumefaisunecrisedejalousie?—Danstesrêves,poupée!Tupeuxfairecequetuveuxaveccejolipetitcul,
je m’en branle !Mais je ne te paie pas pour faire ton numéro de charme auxclients!Ettumériteraisquejetevirepourcequetuasditcesoir.Aussitôt,jeperdscontenanceetbaissepiteusementlatêteverslesol.Merde!
L’ai-jefâchéàcepoint?C’estvraiquej’aiparlétropvite,maispourunefoisjenepensaispasàl’insulter,plutôtàlefairerire!Jerelèvelatêteversluietjehochelatête.—D’accord.Sic’estcequetuveux:vire-moi.
—Putain,Amy!s’énerve-t-il.Tucroisquej’ailetempsdechercheruneautreassistante?Tuvoisbienleboulotquej’ai!Je retrouve une petite note d’espoir. S’il avait vraiment voulu me virer, il
l’auraitfaitsanshésiter,aprèstout…—Écoute,Oli, si je t’ai traité de gamin, c’était sansméchanceté…,mais je
peuxconcevoirquej’aidépassélesbornes.Ilmefixe,silencieux.Espère-t-ilquejeluifassed’autresexcuses?— Je ne vais pas te supplier pour garder ce travail, poursuis-je un peu
rudement,maissituveuxlavérité:çameplaît,etjecroisquejem’entireassezbien,alors…àtoidevoir.Nemefaispasperdremontemps.Illâcheunsoufflebruyantetplantelesmainsdanslespochesdesonjean.—Peut-êtrequejemesuisunpeuemporté,lâche-t-ilplusdoucement.Jemesensinstantanémentpluslégère.—Allez,viens,jeteramène.Jesouris lorsque je l’entendsm’apostropherd’un ton taquin,alorsque jeme
dirigeverslavoiture.—Hé!Çanechangerien!Jetedéfendsderecommencer!—Oui,patron!Ilsemetàriredeboncœuretj’ail’impressionquenotredisputeestoubliée.
Et pourtant, une chose est sûre : je ferai attention à ce que je dirai à Oli, laprochainefoisquenousrencontreronsdesclients!Alorsquenousroulonsendirectiondechezlui,jedemande:—Jevienstechercheràquelleheure,demain?Ilfaitdéfilersonagendasursontéléphone.— On n’a qu’une rencontre dans l’après-midi, alors je dirais… vers
13heures?—Avecuncafé?—Ouais.Quandjen’airienlematin,jebosselanuit,avoue-t-il.Jesourisenl’imaginantfairesonbricolageminutieux.—Etpourquoitunevienspasdirectementmerejoindreaubureau?Ducoindel’œil,jevoissonvisagequiserembrunit.—Jen’aimepasça.Je prends deux secondes pour vérifier que je n’ai pas rêvé, mais son air a
perdutoutelégèreté.—Soislàà13heures,répète-t-il.—D’accord.C’estjusteque…jepensaisalleraubureaupourlirelesdossiers
de ta sœur, alors… jeme disais que tu pourrais venir m’y rejoindre quand tu
seraisprêt?—Jetepaiepourvenirmechercher,merappelle-t-ilsèchement.Sacolèresoudainemechoque,maisjefaisminedepasseroutre.—OK.Jeserailàà13heuresavectoncafé.Lesilences’installejusqu’àcequejemegaredevantchezluietjem’attendsà
cequ’ilfichelecampàlasecondeoùjem’arrête,maisilrestelà,àregarderdanslevague,auloin.—Oli?—Dansl’ensemble,tuasbienassuré,aujourd’hui.Uncompliment?Aprèstouslestrucsqu’ilvientdemejeteràlatête?—Merci,dis-jesimplement.—Etjesaisquej’aiuncaractèredifficile…etqueparfois,jenemetspasde
gantspourdireleschoses…—Net’inquiètepaspourça.Aucasoùtunel’auraispasremarqué,jenesuis
pasdugenreàprendredesgants,nonplus.Iltournelatêteversmoietsouritlégèrement.—Ouais.C’estvrai.—C’estletempsdeprendrenosmarques,j’ajoute.Ilhochelatêteavantd’ouvrirlaportière.Surlepointdesortir,ilsetourneà
nouveauversmoi.—Tusais,j’aileDVDdeleurspectacle,enhaut,siçatedit…Jeleregardeavecunairperdu.—Pardon?—LeDVDduspectacledontonaparlé,cesoir,insiste-t-il.Situveuxyjeter
uncoupd’œil…justepoursuivreledossier…aucasoùonprendraitlecontrat…Jeclignedesyeuxàrépétition.Qu’est-cequ’ilmedemande?Deregarder le
DVD?Pourquoifaire?—Euh…jenecomprendspastropcequetuattendsdemoi,j’avoue.—Bah,parfois tuasdebonnesidées.Etpuis,avecCél,ondiscutaitsouvent
desprojetsensemblepourenvoirlafaisabilité.Çam’aided’enparler.La nervosité grimpe en flèche dans mon ventre et je me sens obligée
d’admettre:—Oli,c’estque…jeneconnaisrienàtoutça!—Cen’estpascompliqué.Tuvisionnes, tunotescequi teplaît et cequi te
plaîtmoins,etonpartiradelà.Çatepermettraitdet’impliquerunpeuplusdansleprojet.Jehausselesépaules,toujoursaussiincertaine.
—Jepeuxbienessayer,mais…jeneteprometsrien.—Çameva.Allez,viens.Il sort de la voiture et je me retrouve à éteindre le moteur pour le suivre.
Pourquoiçame troublede lesuivrechez luiaussi tard, lesoir? Ilva justemedonnerunDVD,aprèstout.
Chapitre21
Ilfaitnoir,chezOli,avantqu’ilallumeleslumièresdubas.Jeremarquequ’ils’agitenfaitd’unatelier,etpendantqu’ilmeguideversl’étage,jejetteuncoupd’œil rapide en direction des dessins et des tas de petites maquettes sur lesdiversessurfacesplanes.Àl’étage,dèsqueleslumièresilluminentlapiècecentraledesonappartement,
ilsedirigeverslefrigod’oùilsortdeuxbières,dontunequ’ilmetend.—Euh…non,merci.—Quoi?Tupeuxbienprendreunebière!s’énerve-t-il.C’estàpeinesituas
buduvinpendantlerepas.Enplus,j’avaisfaitensortequ’ilsencommandentuncher!Je grimace. Je suis censée conduire et prendre des notes, comment peut-il
exigerquejeboivedurantunrepasd’affaires?—LeDVD,Oli,jeluirappelle.Sonexpressionserembrunit,puiss’illumine.—Hé!Pourquoionneleregarderaitpasensemble?propose-t-ilenvenantme
tendrelabièredenouveau.Onpourraitenparlerdirectement,qu’est-cequetuenpenses?Je le jauge d’un œil suspicieux. Oli n’est quand même pas en train de me
draguer,si?—Écoute,jesuisfatiguée,alors…onverraçademain.Aubureau,plutôt.—Pourquoi?Qu’est-cequeçachange?Onserabienmieuxici…—JenesuispashabilléepourregarderunDVD,jelâcheenluimontrantma
tenue.—Tun’asqu’àtefoutreàpoil.Yapasdesoucipourmoi.Jeluidégoteunregardfaussementréprobateuravantdememettreàrirecomme
uneidiote.C’estqu’iln’enratepasune!Aulieudem’emporter,jesoupireetlesalued’unsignedelamainavantdetournerlestalons.—Jerentre.Onsevoitdemain.
—Hé!Amy!Avantquej’aieeuletempsderejoindrel’escalier,ilseplantedevantmoi.— Je te prête un t-shirt, suggère-t-il encore. Tu dormiras sur le canapé si
jamaisonfinittroptard.Allez,quoi!—Hé…t’essaieraispasdemeramenerdanstonlit,toi?— Mais… non ! s’écrie-t-il très vite, avec un air outré. Enfin… on peut
regarderleDVD,boireunpeu,et…siçadégénère,cen’estpaslafindumonde,nonplus.J’écarquillelesyeux.—«Siçadégénère»?—Quoi ?On a déjà couché ensemble, ce ne serait pas catastrophique si ça
arrivaitencore!Je lève une main pour le faire taire et le contourne pour poursuivre mon
chemin,tandisqu’ilmesuit.—Bonnenuit,Oli.—Mais…quelestleproblème,exactement?Çat’aplu,non?mequestionne-
t-ilenmesuivantjusqu’enbas.Cen’estpascommesitun’enretiraispasquelquechose!—Oli!jegrogne.—Quoi?Je faisvolte-facesur le seuildesaportepour luidécocher le regard leplus
sombrequej’aienréserve.—D’abord,onaditquec’étaitfini.Etpuis…Jelebalaiedelamain,lagorgeétrangementsèche.—Tuesmonpatron!Illèvelesyeuxauciel.—«Patron»!C’estungrandmot!Onbosseensemble,c’esttout!—Oli,arrêteçatoutdesuite.Jenecouchepasavecmespatrons.—Mais…qu’est-cequeçachange?insiste-t-ilavecsonhabitueltondétaché.
Onestadultes.Onsaitqueçaneporterapasàconséquences…Je sors de chez lui en coup de vent, le souffle court et les nerfs en pelote.
Derrière,ilmecrieendésespoirdecause:—J’aidescapotes,hein!—Tantmieuxpourtoi!Jem’enfermedansmavoitureetjedémarreentrombe.
Chapitre22
Putain!Jen’ycroispas!J’airatélecocheavecAmy!Maispourquoirefuse-elledecoucheravecmoialorsqueças’estsibienpasséladernièrefois?Jenepeuxpascroirequecesoitcettehistoiredepatronquilabloque,quoique…j’aibienvuqu’ilyavaittoujoursunmalaisequandonabordaitlesujetdesonancientravail. Se peut-il qu’Amy soit partie de son cabinet d’avocats parce qu’elleauraitcouchéavecsonpatron?Jepesteenouvrantmonordinateur.Ilesttôt.Sij’avaissuqu’Amyseferaitla
malle,jeseraisrestéaubaretjemeseraistrouvéunefillepourlanuit.Pasquejesoisenmanque,maisboireetbaiser,c’estquandmêmeplusagréablequebosser.Etjen’aipaslamoindreenviedemetapercefichuDVDtoutseul.Quand mon ordi démarre, je file regarder les fichiers que m’a transmis ma
sœur. Jene tardepasà retrouver leCVd’Amyet jechercheses références.Lenomdesonanciennecompagniefiguresurledocument.Peut-êtrequejepasseraiunpetitcoupdefil,demain…Mabièreàlamain,jedescendsdansmonatelier.Jedétestelessoirsoùjesuis
sobre.Pasquejen’aierienàfaire,aucontraire,maisjesuismaussade.Cen’estpaslapremièrefoisqu’unefillemeditnon,alorspourquoiçamecontrarieautantavecelle?Jedéposemabièredansuncoinet jerécupèredesfeuillesblanches,puisun
boutde fusain.Quand je suisdanscet état, autantplongerdans lenoir total. Jeferme les yeux quelques secondes. Le visage de Marianne apparaît aussitôt,commetouteslesnuitsoùj’ailespenséesclaires.Jeserrelesdentsetjecanaliselapeinequim’étrangle,puis jerouvre lesyeuxsur lafeuillevierge.Je trace laformedesonvisage.Tropvite.Je l’ai tellementdessinéequejen’arriveplusàprendremon temps. J’inspire longuement,puis je ralentis.Cevisage, c’estmonchâtiment.Jeneveuxpaslefairerapidement.Quand le téléphone sonne, je sursaute et mon trait dévie de sa trajectoire.
Merde!Jeréponds,unpeusec:
—Quoi?—Encoredemauvaisehumeur?Qu’est-cequ’elleafait?—Quiça?—Amy!Unpeuconfus, jepivotesurmachaise.Amyaurait-elle téléphonéàmasœur
pourseplaindre?—Pourquoitumedemandesça?jequestionne,suspicieux.—Parcequetumesemblesàcran.Etgénéralement,cesonttesassistantesqui
terendentfou.Jesoupireavantderépondre:—Ellen’arienfait.Ças’estmêmeassezbienpassé.Saufpourlapartieoùelles’estfaitdraguerparunclientetlemomentoùellea
refusédebaiseravecmoi,jesongeavecunemoueagacée.—Voilàquifaitplaisiràentendre!Essaiedenepastropl’énerver,tuveux?
J’aimeraisbienpasserquelquessemainessansavoiràmesoucierdemonfrère.Jesoupireavecbruit.—Arrêtedet’inquiéterpourmoi.Aucasoùtunel’auraispasremarqué,jene
suisplusungamin.Elle semet à rire au bout du fil. Je ne peux pas l’en blâmer, ces dernières
années, je lui enaivraiment faitvoir.Àcroireque jepassemon tempsà fairen’importequoi.—Alors?Qu’est-cequetufais,là?medemande-t-ellepourtenterdechanger
desujet.—Jesuisdansmonatelier.—Ettubossessurquoi?Jeprendsquelquessecondesavantdeluirépondre.—Rien.Jedessine,c’esttout.Un interminable soupir me répond et je sens que ma réponse vient de la
décevoir.Tantpis.Jen’aipasenviedementiràCél.—Oli,arrêteça.—Jenepeuxpas.—Bien sûr que tu peux ! Fais plutôt quelque chose de constructif ! Tu n’as
doncriend’urgentàavancer?Jehausselesépaules.J’aidestasdetrucsàfaire,évidemment,maisjeneveux
pas oublier Marianne. J’ai besoin de garder son souvenir intact. Ça m’aide àvivre.—Jen’aipasenviedemeretaperleDVDdeStanford, jelâche,enespérant
fairebifurquerlaconversation.—Pourquoituteleretaperais?Tunedevaispaslerencontrerpourluidire:
«merci,maisnonmerci»?—Si…Maisilm’adonnécarteblanche.Etproposedemepayerundevis.—Oli!medispute-t-elle.Tun’aspasletempsdeprendredenouveauxprojets
de cette envergure avant la fin du projet Willis. Surtout si le show de Vegasfonctionne!Commenttuferaspourtouttraiterdefront?Elle a raison, et j’aurais certainement dû refuser, mais je me suis laissé
attendrir. Il y a des jours où je suis vraiment nul pour le contact client. Laprochaine fois, il faudra que je dise àAmy de ne pasme laisser accepter desprojetsquejenesuispassûrdepouvoirmeneràbien.Aprèstout,Célnem’auraitjamaislaisséefaire…—Jevaisjusteyréfléchirencoreunpeu.—Oli,situprendsunnouveauprojet,tudevrasmettrelesbouchéesdoublessi
tuveuxlivrerdanslestemps…—J’engagerai!jelâcheunpeuvite.—Tun’esmêmepasfichudegardertonassistanteplusdetroissemaines!—Hé!Tudisçacommesic’étaitfaciledeteremplacer!—Attention,Oli!J’aivumagynéco,samedi,etmapressionétaitunpeuhaute.
Alors je suis hors-service jusqu’à l’accouchement, compris ? Et après, j’auraid’autrespriorités.SituperdsAmy,tutedémerderas.Cen’étaitpasdesmenacesenl’air!Je me rembrunis en retenant un juron. Pourquoi ma sœur avait-elle eu si
soudainement envie d’un bébé ? Est-ce qu’on n’avait pas un boulot de rêve etsuffisammentderesponsabilités,avecStarlight?—Çaira,finis-jeparmarmonner.—C’estexactementceque jevoulaisentendre.Etmaintenant, lâchece fichu
dessindeMarianne.Elleestmorte,ettunepeuxplusrienyfaire.Enplus,tul’assuffisamment dessinée. Je suis sûre que tu pourrais faire son portrait les yeuxfermés.—Jefaiscequejeveux,jemaugréeentremesdents.—C’estvrai,maistuasduboulot,alorsarrêtedeperdretontemps.Demain,tu
voisJoubert.Samedi,tun’avaisencoreriendeprêtpourvotrerencontre.—T’inquiètepas.J’ailasituationenmain,mens-je.—C’estça.Ets’ilmetéléphonepourseplaindre,tuvaspasserunsalequart
d’heure.—Çam’étonnerait.Tuasd’autrespriorités,non?jelanargue.
Ellesetaitetuninstantjepensel’avoirfâchée…etpuiselleéclatederireetjesouris comme un idiot. Le rire dema sœur, c’est définitivement le son le plusrassurantquejeconnaisse.Jepeuxfairen’importequoi,elleseratoujourslàpourmoi.Etellepeutdirecequ’elleveut,siAmydégage,ellevarappliquerpourmefileruncoupdemain.Ça,j’enmettraismamainaufeu!—Bon,ilfautquejetelaisse,j’aiunemaquetteàterminer.—Ah!Çac’estmonpetitfrère.Enfin…lecôtésage…—Mouais…onverrasiçadonnequelquechose.—Tuesungénie.Nel’oubliepas.Jesuissûrequetupeuxl’impressionnersi
tuymetsunpeudebonnevolonté.Je raccroche en soupirant.De la bonne volonté.Comme si je n’essayais pas
d’enavoir!JerepousseledessindeMarianne.Detoutefaçon,ilestgâchéaveccetraitquiesttombésursonvisage.JeboismabièreenrepensantàlamaquettedeJoubert.C’estvraiqueje l’aicommencée,maiscen’estpasmapréférée.Jeme lève et je vais me planter devant, déterminé à la scruter jusqu’à ce qu’unéclairdegéniemetraverse.Auboutdecinqminutes,jedéplacequelquesobjetsquinemeplaisentpasetd’autresidéesmeviennent.Çayest,jesuispartipouruneautrenuitblanche…
Chapitre23
Je me lève tôt. J’ai des tas de choses à faire avant d’aller récupérer Oli.J’avoue que j’ai mal dormi, cette nuit. Quelle idée il a eu de me faire cetteproposition,aussi!Jepensaisqueledossierétaitclos.Bordel!Maisqu’est-cequinevapas,chezlui?Ilyasuffisammentdefillesdanslesbars,non?Si au moins le travail était inintéressant, je pourrais ficher le camp…mais
non:c’estdifférentdetoutcequej’aifaitavant,etdrôlementbienpayépourcequ’on me demande. Il y a des tas de projets stimulants, des voyages, desrencontres…TantpispourOli.Jesuissonassistanteetriendeplus.Ilfinirabienparlecomprendre!J’enfilequelquechosedemoins formelqu’hier.Demoins féminin,aussi :un
pantalonnoiretunechemiseblanche,sanslaveste.Cen’estpastrèsjoli,parcequejeflotteunpeudedans,maisjen’aiqueçaenréserve.Ilestplusquetempsquej’aillefairelesboutiques!Maispasaujourd’hui.Mêmes’il est tôt, je file aubureaupour lire lesnotesdeCécilia.Ses fiches
clientssontdétailléesetilyadesdossiersd’archivescontenantdesimagesquimontrent l’évolutiondeplusieursprojets réalisésparStarlight.Merde ! Ils ontdéjàconstruitunesalledespectacle!C’estquandmêmeincroyable!Commentunsipetitbureauarriveà faired’aussigrandeschoses?Parfois, je tombesurdesextraits de spectacles où Oli a assuré les décors. C’est toujours trèsimpressionnantdevoircequesespetitesmaquettesdeviennentunefoisréaliséesà l’échelle. Jen’arrivemêmepasà imaginer sespetits livresencarton surunescènedecettetaille!Quandletéléphonequ’onm’aremissonne,jeréponds,incertaine:—Assistanted’OlivierGarrett?—Amy?C’estCécilia.—Oh…bonjourCécilia.—Jenetedérangepas?Jesaisquel’agendaestvidejusqu’à14heures,alors
situdormaisou…
—Non!Jesuisaubureau,entrainderegarderlesfichesquetuasfaites.C’estunsupertravail.— Tu parles ! La compagnie fait tellement de choses que je n’ai pas eu le
choix.Les fiches sontvitedevenuesunenécessité.Cen’est pas tropdifficile àpotasser?— Non, avec les avocats, c’était pareil. Il fallait que je me tape toute la
documentationpréalableauprocès,alors…j’aiunpeul’habitude.— Tant mieux, mais si tu as des questions, n’hésite surtout pas. D’ailleurs,
comments’estpasséetapremièrejournée?Olin’apasététropvacheavectoi?J’hésiteavantdeluirépondre:—Non.Çaaété.—Génial,parcequ’ilasalecaractèreparfois,maisnetelaissepasabattre.Tu
leremetsàsaplaceethop!Toutirabien.Je n’ose pas lui dire que c’est exactement ce que j’ai fait, hier soir, mais
j’espèrequ’elleditvrai.Est-cequecelasignifiequ’Oliviernemereparleraplusde cet épisode ? Qu’il aura suffisamment compris pour me foutre la paix,maintenant?—TuasréservépourLasVegas?mequestionne-t-elleencore.—Oui,hier!—Excellent.Trouve-toi une jolie robe.Lesgens sont toujours tirés à quatre
épingles,là-bas.Enplus,lesclientsquevousallezrencontrersontpointilleuxsurcegenrededétails.—D’accord,dis-jeensoupirantintérieurement.Jesongeaisjustementàrefaire
unepartiedemagarde-robe.—Oh?J’adorefairelesboutiques!Tuveuxqu’onyailleensemble?s’écrie-
t-ellesubitement.Çanouspermettradediscuterunpeu.DeparlerdeVegasetdureste…Je reste unmoment silencieuse, surprise, et jeme demande siOlivier ne lui
auraitpasditquelquechosequilapousseraitàmevoirenvrai.—Amy?vérifie-t-elle.—Euh…oui,situveux,jelâche,attendsquejeregardemonagenda…—Inutile,jel’aisouslesyeux,ettueslibredemainmatin.Àquelleheuretute
lèves?Sionsevoyaitvers10heures?Onfaitquelquesboutiquesetonprendunpetiten-casavantquetupartesbosser?—Je…euh…OK.—Super.Jet’envoieuntextopourtedireoùonseretrouve.Situasunsouci,
tum’écris,d’accord?Allez,bonnejournée!
Quand je raccroche, je suis un peu sous le choc de la façon dont Cécilia anaturellement décidé de ce rendez-vous pour nous deux. En moins de troisminutes,ils’affichedansmonagendapersonnel.Quelquechosemeditque,mêmesielleestencongé,ellecontinueàgarderunœil sur toutcequi sepassedanscettecompagnie…
Chapitre24
Quandj’arrivechezOlivier,jemesensbizarred’avoirlacléetderentrerchezluicommeça.J’allumeenbas,parcequ’ilfaitsombreavectouscesrideauxquimasquentlalumière,etjen’aipasenviedemecasserlafigureavecsoncaféàlamain.Avecmachance,ilm’obligeraitàallerluienchercherunautre.Lamachineàcafé,ilneconnaîtpas?Unpeuparcuriosité, jevais jeteruncoupd’œilàsa tabledetravailquifait
une sorte de « U » et sur laquelle il y a un sacré bordel. J’y retrouve desmaquettes,évidemment,maiscesurquoijem’arrête,cesontlesdessins.Surladroite, ilyadesplans,desesquissesdedécors,quelquespaysagesaussi,maissurlagauche…ilyadesportraits.Enfin,non,ilyaunseulportrait,toujourslemême, mais en plusieurs exemplaires. Une femme avec de grands yeux et auxcheveuxqui s’étalent sur la feuille.Belle,maisunpeu triste.Qui est-elle ?Unamourqu’Oliviern’auraitpasoublié?—Amy?Jesursauteetjemetourneendirectiondel’escalier.—Oui?—Qu’est-cequetufous?—Je…j’arrive.Unpeugênéed’avoirfouiné,jem’éloignedelatableetjemonteàl’étageoùje
le retrouve en boxer et torse nu. Il a les traits tirés et les cheveux en pagaille.Malgré moi, je le reluque quelques secondes. Pourquoi faut-il que les salaudssoientaussisexy,mêmequandilssortentdulit?—Café,marmonne-t-il.Je lui tends le gobelet chaudqu’il s’empresse de récupérer et je détourne la
tête.—Tuasvulamaquette,enbas?medemande-t-il.—Euh…ouais.J’essaiedemelaremémorer,maisj’avouequejen’aiplusquedesimagesde
cettefilleentête.—Alors?mequestionne-t-ilaprèsavoirbuunegorgée.Jehaussenerveusementlesépaules.—Tusais,moi…jenepeuxpasvraiment t’aideravecça.Cen’estpasmon
domaine…— Ouais… c’est sûrement moins impressionnant que le pop-up en carton,
soupire-t-ilenreportantlecaféàseslèvres.Je reportemon attention sur lui. Il semble fatigué, cematin. Est-ce qu’il est
ressorti,hiersoir?Sansréfléchir,jedétaillelachambreduregard,commesijepouvaistrouverunindice.—Tut’escouchéàquelleheure?—Troptard,parcequej’ailasensationqu’untrainm’estpassésurlecorps.Ilboitàgrandesgorgéesavantdereportersonattentionsurmoi.—Finalement,c’estunebonnechoseque tusoispartie,parceque j’avaisdu
boulotpourlaréuniondecetaprès-midi.Safaçondésinvoltedereparlerdemonrefusdeluicéderhiersoirmeserrele
cœur,alorsjenedisrien.Unefoissoncaféàmoitiébu,Oliledéposesursoncomptoiretmetournele
dos.—Jefileàladouche.Tupeuxmefaireunpetittrucàmanger?—Jet’apportelecafé,maisjenesuispastamère,jepeste.Ilritavantdes’arrêterprèsdelaportedufondetsetournepourmedécocher
unsourirecharmeur.—Allezquoi, tupeuxbienme fairegrillerunpeudepain !Àmoinsque tu
préfèresvenirmelaverledos?—Oli!Arrêteçatoutdesuite!Sonvisages’assombrit.—Oh,maissionnepeutpluss’amuser,maintenant!Il laisse laportede la salledebainsouverteet retire sonboxer sansaucune
gêne.C’estqu’illefaitexprès!Aulieudedisparaîtresousladouche,ilmefaitfaceetprendsoudainsondébutd’érectionenmain,commençantàsecaresserenmeregardantdroitdanslesyeux.—Tuessûrequeçaneteditrien…?Jemeraidis,fascinéemalgrémoiparsonmouvementlascif.Excitéeaussi,si
j’encroislefourmillementquisefaitsentirdansmonbas-ventre.Jedoisclignerdesyeuxàplusieursreprisesavantderetrouvertoutematête—Je…jevaist’attendredanslavoiture,jebafouille.
—Commetuveux,poupée.Il disparaît et je reste immobile pendant de longues secondes, les joues
incroyablementchaudes,àimaginerOlientraindesemasturbersouslejetd’eauchaude.Direqu’ilestcertainemententraindelefaire,justelà,àquelquespas!Pendantune fractionde seconde, jeme sensprised’unehésitation coupable, etpuisjeretrouvelaraisonetjefilel’attendredanslavoitureavantquelatentationnesoittropforte.
Chapitre25
Je cesse deme toucher dès que j’entendsAmy descendre l’escalier, puis laporte d’entrée claquer.Merde !Ma stratégie n’a pas fonctionné ! Pendant unebonneminute, j’aibiencruqu’Amyse laisserait tenter!Tantpis.Je laissemonérection retomber et jeme savonne en grognant.Cette fille va finir par être enmanque,pasvrai?ÀLasVegas,j’auraipeut-êtreplusdechance?Encore patraque dumanque de sommeil, jeme rince en quatrième vitesse et
sors de la douche. Pendant qu’Amy m’attend dans la voiture, probablement àruminercontremoietàimaginerquejemecaressesousl’eauchaude,jefileendirection demon ordinateur et je retrouve son CV. Je profite demes quelquesminutesensolitairepourtéléphoneràsonancienboulot.—CBIbonjour?merépond-on.— Bonjour madame, je cherche des informations à propos de l’une de vos
anciennesemployéesquiapostulécheznous.—Jevoustransfèreauxressourceshumaines,veuillezpatienter…J’attendsenvirondixsecondesavantderéitérermademandeàuneautrefemme
quisemetàpianotersursonordinateuravantd’annoncer:—Elleadémissionnéilyaunmois,aprèsdeuxannéesdeservice,c’esttout
cequejepeuxvousdire.—Mais…pourquelleraisonest-ellepartie?Ilyavaitunproblème?—Pasque je sache. Iln’ya riend’indiquédans sondossier.Aimeriez-vous
parleravecsonemployeurdirect?J’hésiteavantdemedécider.—D’accord.Passez-le-moi.—Ilestpeut-êtresortiàcetteheure,maisn’hésitezpasàluilaisserunmessage
sursaboîtevocale.Ilvousrappellera.Quelquessecondesplustard,çasonneàplusieursreprises,puislerépondeur
s’enclenche. Jesoupire lorsque lemessagedémarre :«Bonjour,vousêtesbiensurlamessagerievocaledeBenjaminRoussot…»Jemefige, tellementsurpris
quejeresteunbonmomentàfixerlevide,mêmequandle«bip»sefaitentendreauboutdufil.Aussitôt,jecoupelacommunicationavantdepincerleslèvres.Ondirait bien que j’ai trouvé le fameux Ben…Voilà qui confirme ma théorie etexplique, en partie, le problème d’Amy à ne pas vouloir coucher avec sonemployeur.—Merde!jesiffleenjetantmontéléphonesurlebureau.J’inspireunboncoupavantdemerappelerquejesuisenretard.Jemelèveet
jefileendirectiondemachambrepourenfilerdesvêtements.Jesuisénervéparma découverte,mais je ne suis pas sûre de savoir vraiment pourquoi. Possiblequ’Amyait couché avec son ancienpatron…possible aussi qu’elle soit encoreamoureusedeceBen…Etalors?Çanemeregardepas!Une foisvêtu,etmoncaféavalé, jedescendsdansmonatelieret jepesteen
retrouvant les portraits de Marianne bien en évidence sur la table de travail.Doublemerde!Amylesaprobablementvuesetjen’aiaucuneenviedeluiparlerdeça.Jesouffled’exaspérationavantderetournerchaquedessinàl’enverspouréviter d’avoir à croiser ce regard triste quand je rentrerai, ce soir. Enfin, jerécupèrelamaquetteetjesorsenessayantdenerienrenverser.SiAmym’avaitattendudansl’appart,aussi…elleauraitpumefileruncoupdemain!Dèsqu’ellemevoit,ellesortdelavoitureets’empressedevenirm’ouvrirle
coffre. Je dépose la maquette bien à plat et je lui sers un regard sombre,étrangementdemauvaisehumeur,soudain.—Tuauraispum’aider!—Pourtamaquette,jeveuxbien,maispourtaqueue,démerde-toi,s’énerve-t-
elleenmetournantledospourrevenirs’asseoirauvolant.Son tonme choque, et jem’installe du côté passager avant de pester àmon
tour:—Situn’aspaslesensdel’humour,ilvautmieuxqueturetournesjoueravec
lesavocats.Jemedéfendsd’évoquerlenomdeBen,mêmesij’enaibienenvie.Avecma
chance,ellemejetteraithorsdesavoitureetjemeretrouveraisàdevoirreportermonrendez-vous…etpeut-êtremêmeàdevoirrefairemamaquette…—Aucasoùtunelesauraispas,petitcon,cequetuasfait,ças’appelledu
harcèlementsexuel,mejette-t-elleàlafigure,etçapeuttevaloirjusqu’àtroisansdeprison.Mon air trahit certainement le doute qu’elle fait jaillir dansmon esprit.Une
secrétaire juridique,ças’yconnaît forcément…Ellenemeferaitpasça,quandmême?
—Tes propositions, tu te les gardes, OK ? me dit-elle encore. Je suis tonassistante,pastapute!—Quoi ? C’est une question d’argent ? je raille. Tu veux qu’on revoie ton
salaire,peut-être?Lavoiturefreinesurleborddelaroute,sibrusquementquejedoismeretenir
au tableau de bord. Amy se tourne vers moi, le visage si rouge que j’ail’impressionqu’ellevaexploser.—Hé!Faisgaffeàlamaquette!dis-jesansréfléchir.—Là, tuvastroploin,Garrett.Et tuasdixsecondespourt’excuser,sinontu
sorsdecettevoitureettuvastefairevoir.—M’excuser?Pourquoi?—Ettuasleculotdeledemander?De toute évidence, je l’ai fâchée, et pas qu’un peu. Confus, je retrouve les
dernières saletés que je lui ai balancées et essaie de désamorcer Amy en luifaisantsignedesecalmer:—Hé!Onsedétend,tuveux?Jenevoulaispast’insulter!—Tuviensdemetraitercommeunepute!Tut’attendaisàquoi?—Mais…non!medéfends-je.Écoute,poupée,jen’aipasbeaucoupdormi,et
ilm’arrivedediren’importequoi.Tunepeuxpasm’envouloirchaquefoisquejelâcheuneconnerie,quandmême!Elle soupire et je m’empresse de poursuivre, conscient que le temps me
manqueunpeu:—Tucroisquej’ail’habitudequ’unefillemedisenon?Sonregardsombremefoudroiesurplace.Merde!Qu’est-cequ’ilssontverts,
sesyeux,quandelleestencolère!—Çanejustifieenrientesparoles!dit-elle.—C’estvrai.Pardon,jelâcheenessayantd’afficherunairrepentant.Elle me scrute comme pour s’assurer que je suis sincère. Je déteste ça. On
diraitmasœur…enplussexy,jel’avoue,quoiquedanscesvêtements…—Écoute,jenevoulaispast’insulter.Jesuisnerveuxàcausedecettefichue
présentation. J’ai bossé sur cette maquette la moitié de la nuit et je n’en suistoujourspassatisfait.Etjesuisfatigué.Voilà.Suruntonmoinsrude,ellelâche:—Çanejustifiepastaconduite.—Jesais.Pardon.Lorsquesonvisagesedétend,jenepeuxpasm’empêcherd’ajouter:— Tu ne peux pas m’en vouloir de te trouver mignonne, quand même ! Et
puis…lesexeétaitsuper,entrenous.Jen’aiquandmêmepasrêvé.Tum’asbienditavoirvudesétoiles,non?Sesjouesrougissentunpeu.Ah!Enfinunbonsigne!—Oli,merde!Tuesmonpatron!— Je ne suis pas ton patron vingt-quatre heures sur vingt-quatre ! Et
certainementpaslanuit!Ellemefaitlesgrosyeux,maisjevoisbienqu’elleaenviederigoler.Quoi?
C’estvrai!—Oli, arrête, s’il te plaît. Le fait est que j’ai eu ma dose de salauds, ces
dernièresannées,etjerefusedem’enprendreunpouramant.Surtoutsic’estmonpatron.Voilàquialemérited’êtreclair.—Tantpispourmoi,alors,jesoupireenfaisantmined’êtreconciliant.Jevais
essayerd’êtremoinscon…—Ça,jedemandeàvoir,rigole-t-elleenreprenantlaroute.Devantsonsourire,jerespiremieux.— Je peux toujours essayer de te promettre de ne plus te draguer,mais à la
secondeoùjeseraisaoul,jerisquefortdenepasyarriver,admets-je.Elleritencore.Cesonmerassure.Commentpeut-ellevouloirquejecessede
ladraguer?J’adoresesréactions!— Dois-je te rappeler la façon dont on a joui ensemble, l’autre jour, et
plusieursfois…?—Çasuffit.Stop!s’écrie-t-elle,lesjouesmagnifiquementrouges.—D’accord.Jemetais.Maisjen’enpensepasmoins.Jetentederefrénermonpetitairsatisfait,maisjemerégaledesrougeursqui
persistentsurlevisaged’Amy.
Chapitre26
JedétestelafaçondontOliviersecomporte,etpourtant,jedoisavouerqu’ilaun charme fou. Pendant que je le conduis au bureau, il semet à parler de sonprojet,davantageàlui-mêmequ’àmoi.Ilsemblenerveux.Peut-êtrequec’estsafaçonàluideselibérerdesonstress?—C’estunnouveauprojet?jeluidemande.—Non,maisgénéralement,c’estCélquisongeauxdétailsdecetordre.Moi,
j’aimelebricolage,lamiseenœuvredeséléments.—Ettunepeuxpasengagerquelqu’unquiauradebonnesidées?Ilmejetteunregardentenduquimerendlégèrementmalàl’aise.—Oh…,maisc’estque…jenesuispasfamilièreavec…—C’estbon,mecoupe-t-il.C’était tropcompliquéderemplacermasœur, il
auraitfalluqu’onembauchetroispersonnesdifférentesdoncons’estcontentésdecomblerlapartielaplusdifficileduposte.Jepinceleslèvres,maisjenepeuxpasm’empêcherdepouffer.—Quelqu’unpourteréveiller,t’apporterducaféetprendredesnotes?—Hé!Masœuretmoi,onformeunesortedetout,etsijenesuispasdansde
bonnesdispositionspourcréer,cen’estpasbonpourcettecompagnie.—Mais…etlesautres?Ilsfontquoi?—Ilsmettentmesidéesenœuvre,rumine-t-il.Pendantquejemegare, jeréfléchisàcequ’ilvientdedire.Peut-êtrequ’ila
raison.Peut-êtrequesoncaractèreénervantestdûaufaitquec’estunartisteetqu’il a une pression constante sur les épaules. SansCécilia à ses côtés, est-cequ’ilvaarriveràmenerde front tous sesprojets?Unechoseest sûre,c’est lapremièrefoisquejelesensaussinerveux.Dèsquej’arrêtelemoteur,jepivoteverslui:—Écoute,ilnousrestedixminutesavantnotrerendez-vous.Tuveuxmeparler
plusendétailduprojet?Jenetedispasquej’aurail’idéedusiècle,maispeut-êtrequesionendiscuteensemble,ceseraplusfacile?
Olime scrute comme si je venais de dire n’importe quoi.C’est possible, aufond.Cen’estpasparcequej’aieuunebonneidée,hieraprès-midi,quejepeuxenfaireautantsurdemande.Aumoins,iln’éclatepasderire,c’estdéjàça.Auboutd’unedizainedesecondes,ilsortdelavoitureetjelesuis,anxieuseà
l’idéequ’ilme trouve idiote,maisdèsque j’ouvre lecoffre, il semetàparler,vite.Letempsnousestcompté,etillesait.Ilpointesamaquetteenmeparlantduprojet:unspectacleinspirédel’EnferdeDante,avecdesréférencesbibliques.Jeserrelesdents,dépitéeparlepeuquejeconnaisenmatièredelittératureetdereligion,maisjel’écoutemeparlerdesafaçadereprésentantunmurd’églisedontleclocherseraitamovible.Ilbougelespiècesréaliséesenboisfin.Ilm’expliquequ’ilsongeàprojeterdesvitraux,puisdesanimationsdedémonssursondécor.—Sionlaissedesentaillesauxmurs,onpeutfairepasserdepetitsrayonsde
lumièreàl’intérieur.Oualorsonaccrochedesspotsicietlà,maisjetrouvequeçaferaitmoinsnaturel,surtoutsionlesvoit.Quand il se tait, à bout de souffle, et qu’il attendmon avis, je le scrute, la
boucheouverte.—Maisc’est…j’adore!Qu’est-cequinevapasaveccetteidée?Ilgrimace.—C’est banal. Je suis sûr que ça a déjà été fait,marmonne-t-il avec un air
dépité.—Jen’aijamaisrienvudanscegenre.Ettonidéeseraforcémentmieux,plus
moderne, plus esthétique. Tu ne dois pas te décourager, c’est une idée géniale,Oli!Ilhausse lesépaules,visiblement incertain,puissepenchepour récupérersa
maquette.Detouteévidence,mondiscoursn’apaseul’effetescompté,maisjenepeuxpasluienvouloir.Enmatièredespectacled’envergure,jen’yconnaispasgrand-chose…—Etsitujouaisavecuneplateformequimonteetquidescend?Pourl’enfer?
jesuggèrependantquel’ascenseurnousemmèneaubureau.—C’estcompliqué.—Tufaisdanslespectaculaire,qu’est-cequinel’estpas?Tupourraismonter
tonéglisesuruneplateformequisesoulèveetlesacteursjoueraientendessous?Ilhausselessourcilsetcontemplesamaquettependantunbrefinstant.Quand
l’ascenseurs’arrêteànotreétage,iltournedenouveaulesyeuxversmoi.—Putain.C’estunesuperidée!Surprise,jeleregardesansriendire.—Çapourraitlefaire!s’écrie-t-ilenretrouvantunpetitsourireheureux.Bon,
jenedispasqueceserafacile,maisjevaisvoiraveclatechniquesionpeutlefairesansqueçaaugmentetroplescoûts,autrement…Ilserapprochedemoietmeplaqueunbaisersurlatempeavantderetrouver
untonautoritaire:—OK,toituretiensJoubertpendantquej’installelamaquettedanslasallede
réunion. J’ai besoin d’aumoins cinqminutes pourm’entretenir avecDrew surl’idéedelaplateforme.Çaira?Malgré la nervosité qui me gagne, je hoche la tête et j’affiche un sourire
faussement confiant avant deme planter devant Clara quim’annonce que notreclientestdéjàarrivé.Quoi?Déjà?Olifileendirectionducouloir.Jem’avanceversl’hommequivientdeseleverdesonsiègeenrassemblanttoutmoncourage:—MonsieurJoubert?JesuisAmyLachapelle,puis-jevousoffriruncaféen
attendantqu’Oliviersoitprêtpourvotreprésentation?
Chapitre27
C’estridicule,maisl’idéed’Amym’aredonnéconfianceenmoi.Parfois,desmotsd’encouragement, c’est tout cequ’il fautpourmedonnerdesailes.Et sonidée!Peut-êtrequeçacoûtera tropcher,maisçadonneuneautredimensionauprojet.Resteàvoirsiçaconviendraauclient.Pendant ma présentation, je parle avec assurance, même si je suis forcé de
préciser qu’il me reste encore à vérifier plein de détails, surtout en ce quiconcerne la faisabilité et lesprix.Heureusement, il ne s’en formalisepasoutremesureetparaîtaucontrairetrèsemballé.Chaquefoisquelevisaged’unclients’illumine,jesaispourquoijefaisceboulot:parcequejeprendsdesidéestoutessimplesetquejelesrendsextraordinaires.J’essaiededonnervieàleursrêves,enfait.QuandJoubertsortdechezStarlight,Amypeineàcachersajoie.—Ilaadoré!—Tuparles!Onaassurécommedeschefs!Je fais mine d’être au-dessus de tout ça, mais en réalité, je suis tout aussi
fébrilequ’elle,etdrôlementsoulagéquenotreprésentationsesoitdérouléesansencombre.Cen’étaitpasgagné, audépart !Surtoutquand il a fallu soulever lamaquettemanuellement.J’aibiencruquej’allais toutfairefoirer,maisAmyestintervenuepourexpliquernotreconceptetçaatoutdesuiterendul’ambianceplusdécontractée.—Enplus,onadéjàterminénotrejournée,annonce-t-elle.Jerisàmontour.—Profite,n’oubliepasqueceweek-end,tuserascoincéepourbosser.—ÀLasVegas!Cen’estpasvraimentduboulot!Ellegloussecommeunegamineavantdem’aideràtransportertoutlematériel
dans le bureau. Sa bonne humeur est contagieuse. On dirait vraiment que sajournéedetravailluiaplu.Enplus,elleassure!Dèsquetoutestenplace,ellesetourneversmoietdemande:
—Jeteramène?—Unburgeretunebière,çat’intéresse?Sonsouriresefige.Approchetropdirecte,d’accord,alorsj’ajoute:— C’est ma tournée ! Et puis, il faut bien fêter ça ! Tu as assuré un max,
aujourd’hui!Ettuvasvoir,lebaroùjeveuxt’emmenerestgénial.Elleme lanceunpetit regardsceptique,maisprobablementparceque jen’ai
pasrenchériavecunerépliquedenaturesexuelle,ellefinitparselaissertenter.—D’accord.Allonsvoircebar…Noteàmoi-même:avecAmy,j’aipeut-êtreintérêtàgardercertainesdemes
réflexionspourmoi.Çapaie,ondirait…
Chapitre28
Olivierm’emmènedansunesortedebrasserieoùl’onfaitjouerdelamusiquewestern.Ilyadestablesavecbanquettesetunbarauquelsemblentinstallésdeshabituésdel’endroit.Quandl’hôtesse,d’unecinquantained’années,aperçoitOli,ellevientseplanterdevantnousavecunlargesourire.—Tiens,tiens…çafaitunbail,Oli,qu’est-cequetudeviens?—Jebosse,qu’est-cequetucrois!Ilrigoleensegrattantl’arrièredelatête.Ondiraitqu’ilestnerveux.—Tumeprésentestacopine?—Ouais!Alors…voiciAmy,monassistante,etlà,c’estDoris.Cetendroitest
àelle.Jehochelatêtepourlasaluer.—Enchantée,Doris.Elle récupèredesmenusetnous fait signede lasuivre.Olimefaitpasser la
première et je me retrouve sur une banquette confortable pendant que Doriscontinue:—Çafaitdubiendeterevoir.Jesupposequetuprendraslamêmechoseque
d’habitude?—Ouais!Lafemmeportesonattentionsurmoi:—Oli apassé lamoitiéde sonadolescence ici. Il amêmepris sapremière
cuiteavecmonfilsenvidanttouslesfondsdebouteille,derrièrelebar.Lespetitschenapanspensaientquejeneleremarqueraispas!Jesourisendégotantunpetitregardnarquoisàmonpatron.—Bah,onétaitjeunes,tusaiscequec’est,sedéfend-ilavecunsourire.Duboutdesdoigts,Doristapotelemenudevantmoi.—Jetelaissequelquesminutespourregarderça?JequestionneOlivierduregard.—Qu’est-cequetuprends,toi?
— Le burger express avec frites et salades, et une bonne bière fraîche,annonce-t-ilavecunlargesourire.—Alorsjeprendrailamêmechose,maisavecdubacondansleburger,dis-je
enrepoussantlemenu.—Parfait.Jereviensavecvosbières,dit-elleens’éloignant.Olimescruteavecunsourireniaissurleslèvres.—Quoi?—Unefillequiaimelebacon,cen’estquandmêmepasbanal.—Pfft!Touteslesfillesaimentlebacon,qu’est-cequetucrois?C’estjuste
qu’ellesadorentvousénerveravecleursrégimes!Il semet à rire de bon cœur, et j’en profite pour poursuivre, en essayant de
garderuntondétaché:—Etpuis,j’aiperdudupoids,cesdernièressemaines,jepeuxbienenprofiter
encoreunpeu…—Çameplaît,avoue-t-il.Etc’estlaraisonpourlaquellejet’aiemmenéeici,
parcequeladernièrefoisquej’aiinvitéunefilledanscetendroit,elleaprisunesaladeet avoulum’informerdunombredecaloriesque j’ingurgitais avecmonburger.J’éclatederireenm’imaginantlascène.—Lahonte!Qu’est-cequetuasfait?—Jeluiaiditdeficherlecamp,rigole-t-il.Ellem’avaitgâchélerepas!Nous rions ensemble pendant que Doris revient en déposant deux bières
immensesdevantnousetunpetitbold’olives.—Deuxbièresbienfraîches,annonce-t-elle.—Merci,Doris.Oli est le premier à récupérer son verre et il le tend dansma direction dès
qu’elles’éloignedenous.—Àmanouvelleassistante.Flattée,jetrinqueaveclui.—Merci.—Onaencorequelquesajustementsàfaire,dit-il,mais…dansl’ensemble,on
formeunebonneéquipe.—C’estvrai,jeconfirme.Troubléepartouscescompliments,jepianotesurmonverre,puisjeplongele
boutdemondoigtdans lamoussedemabièreavantde leporteràmes lèvres.QuandjerelèvelesyeuxversOli,ilmefixeavecunedrôledemoue.—Qu’est-cequ’ilya?
—Tuessaiesdem’exciterouquoi?Jemeraidissurmonbanc.—Tuviensdetelécherledoigt!m’explique-t-il.—Mais…jejouaissimplementavecmabière!medéfends-jeunpeuvite.—Sais-tulesouvenirquimeviententêtequandtufaisça?Monventreseserredevantleregardqu’ilposesurmoi.Laplupartdutemps,
Oli est un gamin et j’ai l’impression qu’il semoque de tout,mais quand ilmescrutecommeça,j’ailasensationquelatensionestpalpableentrenous.Etici,jenepeuxpasmedéfiler,niluifaireunescène…—Oli,arrête,dis-jebaissantlesyeuxversmabière.Ilsoupireavecbruit.—Tuétaisbienplusdocileavantquejet’embauche.—Jenetravaillaispaspourtoi.Ilmescrute.—C’est justeàcausedeça?Jeveuxdire…cen’estpasparcequej’aurais
faituntrucquit’auraitdépluou…jenesaispas,moi!Sonexpressionmetrouble,àcroirequ’ilsesoucievraimentdecequejepense
delui.C’estétrange.Laplupartdutemps,Oliagitcommeunsalepetitprétentieuxet le moment suivant, il quémande des compliments. Un peu comme ce matin,avantnotreréunion…—D’accord, admettons que je ne sois pas ton patron. Tu coucherais encore
avecmoi?—Sijedisoui,tuvasmeficherlapaix?—Probablementpas,avoue-t-ilavecunegrimace.Jerisquemêmedevouloir
tevirerpourteramenerdansmonlit.Lepensantentraindeplaisanter,jeris,puischangedestratégie:—Etsijedisquec’étaitmoyen,commebaise?—«Moyen»?répète-t-il,estomaqué.Tudéconnes,poupée?Jelerappelleàl’ordred’unsimpleregardetils’empressederectifier:—Jeveuxdire…Amy,évidemment.Non,maissansblague,tun’aspasledroit
dedireun trucpareil.Lesmursde tachambreont tremblé. Jesuismêmeàpeuprèssûrqu’ilyaunsismographequiaenregistréçaquelquepart!Jepouffeensecouantlatête.—Quelprétentieuxtufais!—Maisavouequec’étaitgénial!Ehmerde ! Jeboismabière,plusnerveuseque jene levoudraisdevantune
discussiondecetordre.
—Allez,soishonnête!s’impatiente-t-il.— C’était absolument merveilleux. La baise la plus incroyable de toute
l’histoiredel’humanité,jememoqueaussitôt.—Oh,Amy!Faisaumoinsuneffort!Jen’arrêteplusde rigolercommeune idiote,etçacommencesérieusementà
meplairequ’ilinsisteautant.Sansréfléchir,jetapotelerestedemoussequ’ilyasur le dessus demabière et jem’arrête juste avant de portermondoigt àmeslèvres.Pourtant,Olin’a rien ratédemongeste et ilme fixeavecunair amusépendantquej’hésiteàpoursuivre.Sanslequitterdesyeux,jeglissemondoigtsurma langue et j’enlève toute trace de cette mousse sur mon doigt en le suçantdiscrètement.— Putain, je bande, annonce-t-il sur un ton solennel en s’adossant contre la
banquette.—Envoilàunenouvelle,jeraille.Etpourtant,iln’estpasleseulàressentirundébutd’excitation.—Quand tum’as sucé le doigt, sous la douche…c’était vraiment chaud, se
remémore-t-il.Moinsconfianteque je levoudrais, jegronde,en fixantmabièrepouréviter
sonregard.—Oli,çasuffit.—Jenepeuxpasm’empêcherd’ypenser,admet-il.J’inspire un bon coup. Quand Doris réapparaît avec nos assiettes, je suis
presquesoulagéequ’elleinterrompelesilencemalsainquiperdureentreOlivieretmoi.—Voilà,mespetits.Régalez-vous!Etpourtant,mêmequandelle repart,ni luinimoine touchonsànosplats.À
croirequenousavonslemêmenœudaufonddelagorge.Finalement,c’estluiquitenteuneblaguedemauvaisgoûtcommeilenalesecret.—Bon,ehbien…àdéfautdemebouffermoi,tudevraisgoûtercesfrites.Elles
nesontpasmalnonplus.J’éclate d’un rire franc, étrangement heureuse de pouvoir enfin relâcher la
pression.EtcommeOlivierestdéjàentraindedévorersesfrites, jel’imite,enespérantquecerepasnousfasseoubliernotreprécédentediscussion.
Chapitre29
Cette fille commence sérieusement à me rendre fou. Décidément, je ne lacomprendspas!Ilyadesmomentsoùjelasensprêteàcraqueretd’autres…oùelleagitcommesiellesefichaitéperdumentdemoi.Elleacertainesqualités,ça,jenevaispas lenier. Iln’yaqu’àvoir la façondontelle récupèreunboutdebacon pour le porter à sa bouche… Pour sûr, c’est ma queue que je voudraisglisserentreceslèvres…Jefermelesyeuxetj’inspireunboncoupavantdereportermonattentionsurle
repas.Ilfautquej’arrêtedepenserausexe,autrementjevaispasserlasoiréeenérectionalorsqu’ilnesepasseraabsolumentrien.QuandAmycroquedanssonburger,elle lâcheungémissementdeplaisirqui
accaparetoutemonattention.Jel’observe,latêtepleinedecespetitsbruitsquejeluiaisoutirés,iln’yapastroisjours.Lorsquesesyeuxreviennentsurmoi,elleexplique,laboucheencorepleine:—C’estdélicieux.—Oui.Ondirait.Je bande tellement que ça commence à m’incommoder. J’essaie de me
concentrersurmonrepas.Jecroquedansmonsandwich,megavedefritesetdebière, mais dès qu’elle plonge dans sa boisson et qu’elle lèche sa lèvresupérieured’uncoupdelangue,jedemande,unpeurudement:—AllezAmy,faisons-leencoreunefois.J’aitropenviedetabouche.Elles’étouffe.—Bordel,Oli,tupeuxarrêteravecça?s’énerve-t-elle.Jet’aidéjàditqueje
necouchaispasavecmonpatron!Jeserrelesdentsetmaréponsefusesansattendre:—EtBen,alors?Ellerepoussesonassietteettentedeselever.—Non!Amy,attends!dis-jeenfaisantunsignedelamainpourlaretenir.Surlepointdequitterlabanquette,ellemefoudroieduregard.
—Tuvastroploin,Garrett.Dèsquesesdoigts seposent sur le rebordde la table, je les saisisentre les
miens,justepouressayerdelaretenirunpeupluslongtemps.—J’aiunegrandegueule,jesais!jem’excuseplatement.—Cen’estriendeledire!—Lavérité,c’estquejenepensaisplustereparlerdetoutça,etpuis…quand
tufaiscegenredechoses…putain,jenetedispasl’effetqueçamefait!Elledéglutitet je réalisequesesmainssontmoites.Est-ceque je lui faisde
l’effet,moiaussi…?—Écoute,jesuissûrquesionbaiseencoreunefois,onrégleralaquestionune
bonnefoispourtoutes.— Je passemon temps à te dire non,Oli. Il serait peut-être temps que tu te
fassesuneraison?—OK!Onabaisé,c’étaitchouette,maispassuffisammentpourrecommencer.
D’accord,j’aicompris.Jerécupèrequelquesfritesquej’enfoncedansmaboucheavantdedireplusde
bêtises.Enréalité,j’aienviequ’ellemeparledeBen,qu’ellemedisepourquoielles’obstineàmedirenonalorsquejesensqu’ilyatoujoursunpetitquelquechoseentreelleetmoi.—Je terappellequec’était ton idéeque touts’arrêtesamedi,merappelle-t-
elle.—Ouais.—Et j’aime bien ce travail, alors nem’oblige pas à démissionner pour une
partiede jambesen l’air, tuveux?Necroispasunesecondeque j’hésiteraisàtirermarévérence.Jel’aidéjàfait.Ça confirme l’idée qu’elle a baisé avec ce stupide avocat avant de foutre le
campdesonboulot.—Jen’aipasenviequetupartes,j’avoueàcontrecœur,parcequetuesdouée,
et parce que j’aime bien ta franchise. Dans ce boulot, c’est important de biens’entourer.Unsourireapparaîtsurleslèvresd’Amy,signequemesparolesontportéleurs
fruits. Quand elle reprend sa place et qu’elle reporte le verre de bière à seslèvres, je ramène plus de frites à ma bouche, juste pour m’assurer que mesprochainesbêtisesrestentàl’intérieur.— J’ai oublié de te dire : demain, je vais faire les boutiques avec ta sœur,
lâche-t-ellesubitement.Jelascrute,surpris.
—Cél?Elleglousse.—Parcequetuasd’autressœurs?—Euh…non.—J’aibesoinderefairemagarde-robe,explique-t-elleenfaisantdanserune
friteentresesdoigts.Mesvêtementssonttropgrandsetilparaîtqu’ilmefautdestenuespourVegas.Sansréfléchir,jesouris.—N’oubliepasdelesprendrebiensexy.—Oli,megronde-t-elleavantd’éclaterderire.—Quoi?Si jenepeuxpas tebaiser, jepeuxaumoinsmerincer l’œil !Ce
n’estquandmêmepasinterdit?Elle souffle pour tenter de reprendre son sérieux,mais quelque chosemedit
queçaneluidéplaîtpastantqueçaquejerevienneàlacharge.—Tunepensesvraimentqu’àça?— Je suis un artiste ! Évidemment que je pense à ça ! Pas toujours, mais
souvent.Aprèstout,baiser,c’estcommefairedusport.Çam’aideàfairelevide,àgarderlaforme,àm’inspirer…—Tun’asqu’àessayerlejogging,menargue-t-elle.Jenepeuxpasm’empêcherderire.Sonhumourmeplaît, ilestpresqueaussi
mauvaisquelemien.— Enfin… c’est juste pour que tu le saches, reprend-elle. Si jamais tu as
besoindemoienmatinée,jerisqued’êtredanslesboutiques.—Tum’enverrasdesphotosdetesvêtements?—Certainementpas!pouffe-t-elle.—Oh,allezquoi!Jepourraitedonnermonavis!—Célseralà.—Etalors?Çanevautpasl’avisd’unhomme!Ellerit,sansanimosité,puisellehausse lesépaulesetporteunregardtaquin
surmoi.—Sij’aiundoute,pourquoipas?C’est ridicule,mais cette simplephraseme fait sourire.Si ça se trouve, elle
serabiensexypournotreweek-endàLasVegas.Unvoyage,unspectacle,unhôteldeluxe,duchampagne…nulbesoinderestreindresesconsommations,vuqu’elleneconduirapas…Quisaitcequipeutarriver?
Chapitre30
JeraccompagneOlivierchezlui.Mêmesinotresoirées’est terminéesurunenote positive, le trajet du retour est plutôt silencieux. Il joue avec ma radiojusqu’àtrouverunestationdevieillevariétéetchantonneenfixantlaroutedevantnous.C’estcalme,maissesgoûtsmusicauxlaissentàdésirer.Quandjem’arrêtedevantsaporte,ilmedécocheunpetitregardmoqueur:—LeDVD,tuessûrequetuneleveuxpas?C’estplusfortquemoi,jerigoleensecouantlatête.—Jenepeuxpascroirequetuessaiesdemefairelecoupdeuxfois!—C’étaituneblague,lâche-t-il,enfin…saufsituasterriblementenviedemoi
cesoir.Surtout,neteretienspas.Jelèvelesyeuxauciel.Décidément,iln’arrêtejamais!—Tusais,techniquement…àlasecondeoùjesortiraidecettevoiture,jene
seraiplustonpatron,insiste-t-il.Etce,jusqu’àdemainmatin.—Oli!—D’accord,j’arrête!Detoutefaçon,jesuiscrevé.J’aivraimentbesoind’une
bonnenuitdesommeil.Sans insister davantage, il ouvre la portière et c’estmoi quim’empresse de
jeter:—Mercipourleburger.Ilpivotesursonsiègepourpouvoirmevoir,mêmes’ilfaitasseznoiràcette
heure.—Ilétaitbon,hein?Leburger?—Oui.—Etlabièreaussi?—Oui,jerépèteenriant.—Etletypeavecquituaspartagétoutça?Jepouffeettentedeluifairelesgrosyeux,sansyarriver.—Oli!Jerêveoutupassestontempsàmequémanderdescompliments?
—Qu’est-cequet’esdureavecmoi!seplaint-il.Laconfiance,c’estbonpourmontempéramentd’artiste,tucomprends?—Allez,file!Il sortde lavoitureen riantet j’attendsqu’il soit sur lepointde refermer la
portièrepourajouter:—J’aipasséunetrèsbonnesoirée.Aussitôt,ilsepenchepourvérifierquejeluidislavérité.—C’estvrai?Mêmesij’aiditpleindebêtises?Jehochelatête.—Mêmesituasditpleindebêtises.Àcroirequeçaauncertaincharme,les
typesquiracontentn’importequoi.Malgrémoi, jemerembrunisensongeantàBen.Qu’est-ceque jesuisdouée
pourtombersurdestypessansscrupule!Olienestlapreuvevivante,tiens.C’estun petit con, et ilme plaît beaucoup trop. Pourquoi je n’arrive pas à rester demarbreavec lui?Agacéeparmespropresréflexions, jem’empressedecoupercourtàlaconversation:—Allez,bonnenuit,patron.—Amy?Étouffantunsoupir,jereportemonattentionsurlui.—J’aipasséunebonnesoirée,aussi,mêmesij’enaipasséunepartieàbander
toutensachanttrèsbienquejen’auraisledroitàrienaprès.Jen’arrivepasàretenirmonrire.—Bordel,Oli!—Hé!Jenedisque lavérité ! Je trouvequec’estcequi fait lecharmede
notrerelation,tunepensespas?Jenerépondspas,maisenréalité,jesuisassezd’accordaveclui.C’estbienla
premièrefoisquejepeuxenvoyermonpatronaudiablesansrisquerdemefairefoutre à la porte. Et même si ça m’énerve, la plupart du temps, j’appréciequ’Oliviermediselavérité.C’estunpetitcon,certes,maisilesthonnête…—Etpuisqu’onsedittout,reprend-ilencore,jeveuxquetusachesquejene
mesuispastouché,cematin.J’aiarrêtédèsquet’esparti.—Oli!—Etj’aitéléphonéàtonancienboulot,ajoute-t-iltrèsvite.Unsilencepasse.—Tuasquoi…?jem’écrieenfin.—Jevoulais juste…jen’aiparléàpersonne,hein!Dèsque j’aientendu le
nom…
—Bordeldemerde!—Hé!Techniquement,j’ailedroitdevérifiertesréférences!Jelefixe,attendantlasuitequejedevinesanstropdemal.Etsavoixsefait
plusdoucelorsqu’ildit:—Alors,euh…tuascouchéavectonpatron…?—Çaneteregardepas!—OK,OK,tuneveuxpasenparler,j’aicompris…Jemetournefaceauvolantetravalemacolère.—Hé!Onfaittousdesconneries!Jesuisleroidanscedomaine,jesuisbien
placépourlesavoir!Tuascouchéavectonpatron,cen’estpaslafindumonde,non plus. Regarde un peu où tu te trouves,maintenant : ton nouveau boulot estmieux,non?J’avouequ’iln’apastort.Cetravaileststimulant,bienpayéet,pourl’instant,
jem’amuseassezbien.Etjemesensrelativementencontrôle.C’estpeut-êtrelaraisonpourlaquellejeluijetteunregardentendu.—Tupeuxmecroire:jen’aipasl’intentiondecoucheravecmonpatron,cette
fois-ci.Est-cequec’estassezclair?Ilserembrunit,maisjem’enfiche.—C’esttrèsclair,finit-ilparrépondre.—Génial.Maintenant,vadormir.Jeterappellequejefaislesboutiquesavec
tasœur,demainmatin.Illâcheundrôlederire,forcé,jecrois,etsepencheunedernièrefois.—Bonnechance.Jenerépondspas,maisjenesuispasmécontentequ’ilrefermemaportière.Je
démarreavantqu’iln’aiteuletempsderentrerchezlui.Jesuisàcran.Jen’arrivepasàcroirequ’ilaittéléphonéàmonancienboulot!
Chapitre31
Je m’installe à une table dans un restaurant un peu huppé où je suis censéerejoindreCécilia.Vulequartieroùnousavonsrendez-vous,quelquechosemeditquecetteséancedeshoppingvamecoûterlapeaudesfesses.J’aibesoindedeuxou troisvêtementspour leboulotetd’une robepourVegas, riendeplus. Il fautquejem’entienneàça,autrementjevaisfairedesfoliesetjeconsidèrequej’enaifaitbiensuffisamment,cesderniersjours.Quandellearrive,unpeuenretard,Céciliaseconfondenexcusesets’installe
devantmoientenantsonventrerond.—Désolée,maisaveclagrossesse,jepassemontempsàpisser.Etilafallu
quejechangedepantalon,ilestdéjàtroppetit,tuterendscompte?Vivementquej’accouche!Je ris. Une chose est sûre : elle a quelques similarités avec son frère, côté
franc-parler!Etphysiquement,elleluiressembleaussi.Passeulementàcausedelacouleurdesescheveux,brunsassezfoncés,maissurtoutauniveaudesyeux.Ilssontrieurs,taquins.Commeceuxd’Oli.—Tuvas voir, cet endroit est génial !Ony fait lesmeilleures omelettes en
ville!Enplus,jecrèvedefaim.L’avantage,aveclagrossesse,c’estquetupeuxmangertroispetitdéjetpersonneneteditjamaisrien,alorsj’enprofite!Elle se met à commenter le menu qu’elle semble bien connaître et je me
retrouveàsuivresasuggestionetàcommanderuneomelette.Unefoisquenousavonseuledroitànosbreuvages,elleboitunegorgéedesondécaetsepencheversmoi.—Alors…raconteunpeucommentçasepasseavecOli?—Çava,dis-jeunpeuvite.Ellesemetàrire.—Amy!Jeconnaismonfrère,tusais?Ilasûrementessayédetetripoter,ou
alors il t’a insultée parce que le café n’était pas assez chaud. Il a un don pourrendrelaviedesautresimpossible.
Haussantlesépaules,jerestevague:—Bah!Çanevapassimal.—Àd’autres!Allez,dis-moitout!Dépitéeparsoninsistance,jemerésousàlâcherquelquesinformations:—Disonsqu’onaeuquelquesengueulades,maisqu’ils’esttoujoursexcusé.Sesyeuxs’écarquillentdesurprise.—Oli?S’excuser?Maparole,ilesttombésurlatête?Ellemedétailleduregardquelquessecondes.—Ilaessayédetetripoter?Jegigote,malàl’aise.— Disons que… il a fallu le remettre à sa place à une ou deux reprises,
j’avoue,malàl’aise.—Hum…voilàquiestintéressant…Intéressant ?Envoilàundrôlede termepourdécrire les agissementsde son
frère.Lacuriositéétanttropforte,j’insiste:—Quoi?—Bah ! S’il te trouvemignonne et qu’il essaie d’être gentil pour te plaire,
peut-êtrequ’ilseramoinspénibleàvivre?Jepeineànepasrougirlorsquejedis:—Bah…iln’estpassipénible…Céciliamescrute,intriguée:—Amy,tun’espasentraindet’amouracherdemonfrère,hein?Jesursautesurmonsiège.—Non!Jamaisdelavie!Elleposeunemainsursapoitrine,l’airsoulagé.— Tant mieux ! Et autant que tu le saches avant que l’irréparable ne soit
commis:Olivatejeterdèsqu’ilt’auraeue.Aveclui,ellessesuccèdent!—Oh,maisjel’aibiencompris,j’affirmeenmeraidissantsurmachaise.—Tantmieux,répète-t-elle.Enréalité,jesuisunpeuflattéeparcequ’ellemedit.Olim’aeue,etdetoute
évidence,ilmeveutencore…voilàquifaitplaisiràmonego,tiens…— Ne t’inquiète pas pour moi. Les salauds, je les repère vite. Et pour le
moment, avecOli,on s’engueuleenvirondeuxou trois foispar jour,mais je leremetsàsaplaceetçasecalme.—Excellent!C’estexactementcequ’ilfautfaire,m’encourage-t-elle.Aprèsunpetitsilence,j’ajoute:—Quandilnefaitpasl’imbécile…ilestassezsympa.
Elleseremetàrire.—Ouais.ÇarésumeassezbienOli:unconbiencharmant.Jesouris,amusée.Notrediscussionestinterrompueparl’arrivéedenosplats
etCéciliasembleoublierjusqu’àmaprésencelorsqu’elledévorecequiestdanssonassiette.Labouchepleine,ellefinitparreprendre:— En tout cas, si tu fiches le camp, je lui ai bien fait comprendre qu’il
chercheraitsaprochaineassistantesansmoi.Jesouris.—Jepensequeçaira,dis-jesimplement.—Tantmieux. Et ne va pas le dire à Oli,mais j’ai commencé à avoir des
contractions,lasemainedernière.Inquiète,jeposedesyeuxpaniquéssurelle.—Oh,maiscen’estpasgrave,ajoute-t-elleenriant,maismagynécoditqueje
pourrais accoucher n’importe quand, alors… tu comprends… j’espère vraimentquecettefois-ci,çafonctionne…Est-cequecelasignifiequ’ellepeutavoirsonbébéaujourd’hui?Pendantnotre
séancedeshopping?— Ça énerve surtout Paul, mon mari, poursuit-elle. Pour ma part, j’ai hâte
qu’elle sorte, parce qu’elle commence à être drôlement lourde ! Alors si ellearrivedeuxoutroissemainesplustôt,jenevaiscertainementpasmeplaindre!Ellerit,visiblementinsouciante,etjemedétendsdevantsoncalme.Verslafin
durepas,ellesortsontéléphoneetfaitdéfilersonagenda.—Alors…onaVegasetundînerdecharitépourlasemaineprochaine.Il te
fautdonc…deuxrobesdesoirée.— Euh… non, la contredis-je avant qu’elle ne poursuive sur sa lancée, une
seulesuffira.Jepeuxtrèsbienutiliserlamêmepourlesdeuxsoirées.—Qu’est-cequeturacontes?s’exclame-t-elle.Tunevaspasmettrelamême
robedeuxfoisenquelquesjours!Jefroncelessourcils,nevoyantpasoùestleproblème.—Jenesaispasdansquelpressingtuterends,m’explique-t-elle,maisilsne
pourrontcertainementpasnettoyerunerobedececalibreensipeudetemps.Une robedececalibre?Maisdequelcalibreparle-t-elle?Etpourquoi ses
parolescommencent-ellesàm’inquiéter?—Euh…Cécilia… jeveux justeune robe.Riende tropcompliquéoude…
tropcher.Jesuisgênéedeluiparlerd’argent.Mêmesi j’enaisuffisammentdecôté, je
n’aipaslamoindreenviedefaireuntroudansmonbudgetpourunvêtementque
jeneremettraipeut-êtrejamais!—Oh,mais ne t’en fais paspour ça ! rigole-t-elle encore.Onvapasser tes
vêtementssur lacartede lacompagnieetpuisc’est tout.C’estnormal, tuviensd’êtreembauchée.Tun’aspasassezdefondspourrefairetagarde-robe!—Non,mais…jepeuxpayer,dis-jetrèsvite.Ellebalaiel’airentrenous.—Arrête avec ça. On a fait la même chose avec les autres, tu sais ? Sauf
qu’ellesn’étaientpasassezsympathiquespourquej’aillefairelesboutiquesavecelle,rigole-t-elleencore.Jenesaispaspourquoi,maisquelquechosemeditqueça peut marcher avec toi. Peut-être parce que tu ne te laisses pas faire ? Lesautres,sousprétextequ’Oliétaitleurpatron,ellesfaisaienttoutcequ’ilvoulait.Forcément,çafinissaitpardéraper…Jemeforceàsourire.Siellesavaittoutcequesonfrèreadéjàfaitavecmoi!
Dirait-ellelamêmechose?Jen’ensuispascertaine.Maisilyapire:malgrésonsalecaractère,Olimeplaîtbien.—Resteforte,meconseille-t-elleencore.Enfait,Oli,c’estjusteungaminqui
apeurdesresponsabilités.Ilasurtoutbesoind’êtreencadré.Cequ’ilaime,c’estcréer.Dès qu’il sent que les choses deviennent trop sérieuses, il fait n’importequoi,ilboit,ilbaise…,puisilrentrechezluietseremetautravail.Jeretiensunsoupir.Ellerésumeparfaitementlaviedesonfrère.Pourquoiest-
cequejenepeuxpastombersuruntypenormal,pourunefois?—Nelejugepastropsévèrement,tuveux?renchérit-elle.—Net’inquiètepas.Jesouris,maiselleaffichesoudainunvisageplussombre.—Tusais,Olin’estpasvraimentméchant,meconfie-t-elle.Ilestjuste…mal
danssapeau.Priseaudépourvu,jerestesilencieuseetimmobile,àessayerdecomprendre.
Oli?Maldanssapeau?Çameparaîtbizarre…quoique…est-cequ’ilnepassepassontempsàquémanderdescompliments,laplupartdutemps?—Ilavécuuneadolescencedifficile,déjà.Nosparentssontmortsquandon
étaitassezjeunes,luietmoi.Çaaétélongavantqueleschosesnerentrentdansl’ordrepournousdeux.Etpuis,ilyaeuMarianne.Je fais immédiatement le lien avec les images que j’ai vues sur la table
d’Olivier.—Chagrind’amour?jeprésume.—Siseulement!Olilaramenaitchezellequanduncamionaratéunvirageet
apercutésavoiture.Ilaeuunejambecassée.MaisMariannen’apassurvécu.
Magorgesenoue.—J’aibienessayéde luidirequeça faithuit ansetqu’il serait tempsqu’il
arrêted’ypenser,mais…ondiraitqu’iln’arrivepasàpasseràautrechose…Ellesoupireavantdeseforceràsouriredenouveau.— Il va bien finir par s’en remettre, hein ! En attendant, disons qu’il a ses
phases…parfois,ilabesoindecréer,parfoisdetoutbriser.C’estsafaçondenepasdevenirfou,jesuppose…Jenedisrien,maisjehochelatêtepourluidirequejecomprends.Pourtant,je
nesuispassûrequecesoitlecas.Olivieraperduquelqu’unqu’ilaimait.Çadoitêtreaffreux…
Chapitre32
Céciliame traîne dans des boutiques hors de prix etm’oblige à essayer desrobesqu’ellechoisitelle-même.Sesgoûtssontassezsimilairesauxmiens:robesnoires ou rouges, courtes ou longues,moulantes, avec des jupes échancrées ouvolantes…Leproblème, s’il en est un, c’est qu’ellesmevont bien.Trop bien.Pendantqu’ellemeparleduclientquenousallonsrencontreràLasVegas,jeresteunmomentdevantlemiroiràadmirerlafaçondontlevêtementrougeépousemoncorps.—Alors?s’impatiente-t-elle,del’autrecôté.JetirelerideaupourluimontrerlerésultatetlesouriredeCéciliameconfirme
cedontjemedoutaisdéjà:çaenjettevraiment.—Onlaprend,annonce-t-ellesimplement.Essaielanoire,maintenant.Jetiresurl’étiquettepourenvérifierleprixetm’étrangle.—Tuesfolle?jechuchotepouréviterquelavendeusenousentende.Çacoûte
lapeaudesfesses!—Tuparticipesàdesévénementspour lacompagnie, lacompagniepaie, fin
del’histoire.EtpourgarderunœilsurOli,cen’estpassicherpayé,tupeuxmecroire!Sabonnehumeurfaitplaisiràvoir,etellemepousseendirectiondelacabine.—Allez,essaiel’autre.Etarrêtederechigner.Iln’yariendepirequedese
sentirmalàl’aisedansunerobequinecorrespondpasaustandingd’unesoirée.Crois-moi, tumeremercierasdecesachats,et tumesupplierasderevenirfairelesboutiquesavectoidanstroissemaines!J’obéis.Detoutefaçon,j’adorecetterobe.EtCéciliaaraisonsurunechose:
jen’aipaslamoindreenviedemesentirgênéeàcausedematenuependantquejetravaille.La robe noire est aussi belle que la rouge que je viens d’essayer. C’est une
robebustier,avecunrebordbrodédepierresvertessimilairesàdesémeraudes.C’estmagnifique.La jupeest légèrementgonfléegrâceàunecrinoline, justece
qu’ilfautpourdonnerl’impressionquelevêtementflottequandjebouge.Danslacabine, je tournoie en retenant un rire idiot. Je me sens vraiment comme uneprincesse!—Alors?mequestionneCécilia.Jetiredenouveaulerideau.—Waouh!lâche-t-elle.J’adoreça!Avecdestalons,tuvasêtreàtomber!JemepostedevantunmiroirextérieurpendantqueCécilias’installederrière
moipourvérifierl’élasticitédubustier.—Celle-ciserapourVegas.Ellefaitplusfestive,parfaitesituveuxterminer
lasoiréeendansant.Larougeestplusappropriéepourledînerdecharité.J’acquiesce,sanspouvoirquittermonrefletdesyeux.Quandun«bip»sefait
entendre,Céciliajetteuncoupd’œilàsontéléphoneetreculededeuxpaspourmeprendreenphoto.Jelafixe,interloquée.—Qu’est-cequetufais?—Oliveutsavoircommentsepassenotreséancedeshopping.Moinsdetrentesecondesplustard,montéléphonesonnedanslefonddemon
sac à main et je me penche pour le récupérer. Sur l’écran, quelques motss’affichent:«TUPRENDSCETTEROBE!»Jeglousse.—Alors,mesdames?nousquestionnelavendeuse.—Onvaprendrelarougeetcelle-ci,annonceCécilia.—Vousfaitestrèsbien,voussavez,cestissusontétésélectionnéspar…— On s’en fout, la coupe Cécilia. Ça ne vaudrait jamais ce prix, mais
réjouissez-vous:onlesachètequandmême.D’unsignedelamain,ellefaitsigneàlavendeusedeficherlecamp.Encore
un trait quime rappelle drôlement Oli. Enfin, elle se plante devantmoi et medécocheunregardtaquin.—L’important,Amy,c’estd’avoirduplaisirdanscesrobespourqueçavaille
vraimentleurprix.Je risnerveusementavantdevérifierunedernière foismon reflet.Merde. Je
n’arrivepasàcroirelesmotsquejem’apprêteàprononcer:—Jenetedispascommejelesaime.Touteslesdeux.—Évidemmentquetulesaimes!rigole-t-elleencore.Ellessontsuperbes!Ellemepousseendirectiondelacabine.— Allez, va te rhabiller ! Il vaut mieux ne pas être en retard chez Oli.
Autrement,ilvatefairelagueuletoutelajournée.Jerisavantdem’enfermerdansmacabine.J’aiunsourireniaissurmonvisage
etune folle enviededanserdevant lemiroirpour regarder commentcette robe
bougesurmoi.J’espèrequejepourraidanser,àVegas!
Chapitre33
Un peu en retard, je branchemon kit mains libres et je téléphone à Olivierpendantquejefaislaqueuepourrécupérersoncafé.—Alors,cetterobe?mequestionne-t-ilsansmêmemesaluer.Tul’asprise?—Surtonbudget,oui,ordredetasœur.Mercipourlecadeau,patron.Malgré mon petit malaise devant ce présent inopiné, ma voix s’est faite
moqueuseetOliviersemetàrireauboutdufil.Detouteévidence,çanelegênepasoutremesuredem’offrirdesrobes.Peut-êtrepouréviterqu’ilm’endemandeleprix,jeprofitedesonsilencepourajouter:— Je serai chez toi dans dix minutes. Descends directement, autrement on
risqued’êtreenretardpourlaréunion.—Tuaspeurdemoi,maintenant?Parcequejesuisdouchéethabillé,siça
peutterassurer,plaisante-t-il.—Merci pour l’info, mais ça n’a rien à voir : je te rappelle qu’on a une
réunion dans quarante-cinqminutes et que tu nem’as absolument rien dit à cesujet.Je pose une main devant le haut-parleur du téléphone pour m’adresser au
serveurquivientprendremacommande,puisjereviensàmadiscussion.—Toncaféestcommandé,j’annonce.—Génial,poupée,maisnet’enfaispaspourlaréunion,c’estjusteunsuivides
dossiersencours.Tuvas rencontrer tous lescréaset les techniciensseniorsdeStarlight.Onfaitçatouslesmercredisaprès-midi.—OK,dis-jependantquejepaie.—Maisc’esttoiquidevrasfairelecompte-rendudelaréunion.—Enfinduboulotdansmescordes!Maplaisanterie le fait rire.À croire qu’il est de bonne humeur, aujourd’hui.
Tantmieux!Àlasecondeoùjerécupèremacommande,jequittel’établissement:—Tupeuxdescendre,j’arrivedanscinqminutes.
—Çamarche.Soisprudente.La lignesecoupeet je resteunmoment immobile,devantmavoiture.«Sois
prudente ». Céciliam’a bien parlé de cet accident de voiture,mais je n’avaisencore jamais vu Olivier anxieux à ce sujet. Devant sa résidence, il y a unevoituregarée,etj’aitoujourscruquec’étaitlasienne…Lorsque j’arrive chez Oli, il est là et il s’empresse de monter sur le siège
passager.Curieuse,jepointedudoigtlevéhiculegris.—C’estàtoi?—Oui.—Tul’utilises,parfois?Ilposesurmoiunregardinquisiteuretjemesensobligéed’ajouter:—Non,mais…commejefaisletaxi,jemedemandejusteàquoipeutbiente
servirtavoiture.Ilsoupire.—Putain,ellen’apaspusetaire,hein?Jefaisminedenepascomprendre.—Quoi…?—Arrête.Tu crois que je n’ai pas compris ?Ma sœur t’a fait le coup du :
«pauvreOli,ilnefautpasluienvouloird’êtreaussichiant»,c’estça?Jeme raidis surmon siège, gênée.Mais à quoi est-ce que je pensais en lui
parlantdesavoiture,aussi?—Maisnon!—Ellet’aparlédeMarianne?m’interroge-t-ilfranchement.Jefixelarouteavantdemerésoudreàluirépondre:—Oui.Sonsoupirmeparaîtlourdetj’ajoute,unpeuvite:—Maisjenet’aipasposélaquestionpourça.—Bahvoyons!N’essaiepasdemefairecroirequeçan’arienàvoiravecde
lacuriositémalplacée!Jeluijetteunregardréprobateur.—Delacuriositémalplacée?Tutesouviensdem’avoirdemandésij’avais
couchéavecmonpatron?Ilserenfoncedanssonsiègeetmarmonne:—Jenevoispaslerapport.—Ahnon?Parcequ’àmonavis,ça,c’estvraimentdelacuriositémalplacée,
jepeste.Vérifiersi tuasunepeurmaladivedelavoiture,çafaitpartiedemonboulot.Jetesignalequejeteconduisdanslamienne.
Unsilencepasseavantqu’ilfinisseparlâcher:— Je ne suis pas traumatisé,mais je n’aime pas conduire. Ça te va comme
réponse?Sontonestrude,maissaréponseparaîthonnête,alorsjehocherapidementla
tête.—Oui.— Et la prochaine fois, pose la question franchement. Je déteste quand on
essaiedeprendredesgantsavecmoi.—Tuesun sale con et jen’ai pasdu tout l’intentionde teprendre enpitié,
c’estmieux,commeça?Ducoindel’œil,jelevoisquisouritetquisedétend.Enfin!Àcroirequeça
luiplaît,lesinsultes!Pendantquejetournedansleparkingdel’immeubleoùsetrouveStarlight,ilajoute:—C’estvraiquejesuiscon.Sijen’avaispasrâlé,tum’auraispeut-êtrepris
enpitiéetj’auraispeut-êtreputeramenerdansmonlit…Soulagéequelaconversationreviennesurunterrainplusfamilier,jerétorque:—Jeterappellequetum’asdéjàbaisée.Techniquement,tuescensépasserà
autrechose.Il défait sa ceinture de sécurité à peine la voiture garée et se tourne soudain
versmoi,posantsamainsurmacuisse.—Si seulement tum’avaisdonné tabouche…peut-êtrequece serait le cas,
chuchote-t-il.Troublée,jechassesamainetlefoudroieduregard.—Arrêtederêver.Maboucheestinterditeauxsalaudsdetonespèce.Soudain,jeregretted’avoirmisunejupesanscollant.Jenem’attendaispasà
cequ’ilmetouche.Pourquoiçamefaitunteleffet?Jesorsdelavoitureenlelaissant en plan et jemarche en direction de l’ascenseur, le doigt crispé sur latélécommande de ma voiture. Dès que je l’entends refermer sa portière,j’enclencheleverrouillageduvéhiculeàdistance.— Et ton fameux Ben ? Il y a eu droit à ta bouche ? me demande-t-il
brusquement.Choquée,jefaisvolte-facepourluijeterunregardnoir.—Mais…çaneteregardepas!—Pourquoi?D’aprèscequej’ensais,c’estunsalauddepremière,luiaussi.
Alorss’ilaeudroitàtabouche,ilyaforcémentdel’espoirpourmoi!—Vachier!J’appuie sur leboutonde l’ascenseuraumoinsquatre fois,mêmesi çane le
ferapasvenirplusvite,puisjelance,déterminéeàluifermerleclapet:—TuétaisamoureuxdeMarianne?Àsontourdeseraidir.Jelevoisjusteàlafaçondontilreculed’unpas.—Onne touchepasàMarianne,poupée,meprévient-il enmepointantd’un
doigtmenaçant.—AlorsnemeparleplusdeBen,compris?Jesuissurlepointdem’emporter.Olilèvelesmains.—OnnetouchepasàBen-le-salaud,d’accord.Me retenant de rugir, je me replace face à l’ascenseur, mais la colère
m’étrangle.Quand laporte s’ouvre et que jem’y engouffre, ilme rejoint etmechuchote:—Tesyeuxsontvraimentmagnifiquesquandtuesencolère.—Situn’arrêtespas,tuaurasuncocardsurundestiens.Ilrit,puisseplantedevantmoi,sonvisagetoutprèsdumien.—Tucroisquej’aipeurd’uncocard?Ceneserapaslepremier,poupée,et
certainementpasledernier.Jelerepoussemollement.—Onaditquetunem’appelaisplus«poupée»!L’ascenseur s’arrête et des gens nous rejoignent. Olivier en profite pour se
colleràmoi.—Désolé,Amy.Anxieusedecettesoudaineproximité,jedétournelatêteetjefixeleschiffres
desétagesquidéfilent.Lamaind’Oliseglissediscrètementsurmatailleetjelerepoussed’ungestenerveux.—Enpassant,lesdeuxrobesdecematin,çaacoûtémilleseptcents.Etilest
horsdequestionquejeterembourse.Ilsiffleprèsdemonoreille.—Mille sept cents… en voilà une jolie somme. Et qu’est-ce que j’aurai en
échange?Samainrevientsurmataille,plusfermecettefois.Machinalement,mesdoigts
seposentsurlessiens,maisjen’arrivepasàlerepousser.—Arrête,jeluiordonne,paniquée.—Jenepeuxpasm’empêcherdepenseràcetterobequetuportais,cematin,
avoue-t-ilàvoixbasse.Je sursaute quand il se penche vers moi, si près que je perçois son souffle
lorsqu’ilchuchote:—J’aienviedetemordillerl’oreille…maintenant.
Enproieàuneviveexcitation,jefermelesyeuxunefractiondeseconde,maisdèsquesalangueeffleuremonoreille,jelerepousseensecouantlatête.—Arrête…Moncœursedébatdansmapoitrine.Oliareculé,àpeine,etmêmesisamain
m’a relâchée, il est toujours assez près pour que sa chaleurme parvienne. Oualorsc’estlamiennequiirradiesifort?Quand l’ascenseur s’arrête et que des gens descendent, je glisse sur le côté
pourrécupérerunpeud’espacevital.Deuxétages.Ilnerestequedeuxétages,jesongeenfixantlepanneauindicateur.Etmêmesinoussommesseulsdanslapetitecabine,Oligardesesdistancesjusqu’àdestination,maisdèsquelaportes’ouvre,ilsepencheversmoietsavoixrésonneprèsdemonoreille:—Ça,c’étaittrèsintéressant…Ilmecontourne,passedevantmoietentredansleslocauxdeStarlightpendant
que j’aiunepetiteabsence.Qu’est-cequiétait intéressant? Iladonc remarquémon trouble ?Merde ! J’ai intérêt à me ressaisir, autrement, je vais faire unebêtise!
Chapitre34
Je jubilequand j’entredans lasallede réunion.Amya réagiàmoncontact !Clairement,elleenavaitenvieaussi.Putain!Jebandecommeunconet jesuisdrôlementcontentdem’asseoirsurmachaisepourcamouflermonmalaisedevantmes collaborateurs. Je savais bien qu’elle finirait par baisser sa garde, maisj’avoue que je nem’y attendais pas si tôt !Et encoremoins dans un ascenseurbondé!Amymelanceunregardfroidetprendplaceàmagauche,soncarnetdenotesà
la main. Elle croise les cuisses et je les contemple en me remémorant leurdouceursousmesdoigts.—Oli,j’aitesprixpourlaplateforme.La voix deDrewm’oblige à détachermes yeux d’Amy et je grogne, surtout
pourmasquermontrouble:—Tuenasmisdutemps!—Dutemps?Tudéconnes!Tuesarrivéavecçahier!Ils’installeàmadroite.Voilàquinemeplaîtpas,surtoutquandilsepenche
pourobservermonassistante.—Encoreunenouvelle?Qu’est-cequetuasfaitdeladernière?Jehaussenonchalammentlesépaules.—Elles’estbarrée.—Tuparles!Tul’assûrementtripotée,tiens,semoque-t-il.Jegrimace.—Tuesfou?Elleavaitcinquantebalais!—Pfft!Quandtuessaoul,tubaisesn’importequi,c’estbienconnu.Jeserrelesdents,agacé,maisiln’apastoutàfaittort.—Pasn’importequi,jeprotestepourtant.Ellessontmignonnes,lesfillesque
je ramène chezmoi. Elles n’ont peut-être pas un QI très élevé, mais elles onttoutesdesculsd’enfer.IlseremetàrigoleretpointediscrètementAmydumenton.
—Etelle?Tuvastelafaire?Jeluidégoteunregardsombrepourlerameneràl’ordre,maisjenepeuxpas
luidirenon.Detoutefaçon,Drewnemecroiraitpas.Amyestbelle,mêmedanscette jupe tropgriseàmongoût.Soudain,ellesepencheversnousets’adressedirectementàmoncollègue:—Aucasoùmavie sexuellevous intéresserait,messieurs, sachezque jene
couche pas avec des hommes auxmanières préhistoriques. Et il se trouve quevousenêtesdeuxjolisspécimens.Drew éclate d’un rire franc qui dérange tout le monde pendant que je la
dévisage, gêné. Elle a donc tout entendu, et voilà ce qu’elle pense de nous. Jereportemon attention sur Drew et le jauge rapidement. Il plaît aux femmes et,c’estsûr,ilestencorepirequemoiavecelles!—BonDieu,elleaducaractère,lapetite!rigole-t-ilencore.Ellemeplaît.Iltendunemainendirectiond’Amy,passantdefaçonimpoliedevantmoi:—JesuisDrewMackenzie.—AmyLachapelle.—Enchanté,Amy.Quand ils se lâchent, les doigts de Drew viennent m’ébouriffer les cheveux
commesij’étaisungamindetroisans.—Netelaissepasembobinerparcepetitsalaud,Amy.—Merci du conseil,mais je n’en ai pas l’intention, rétorque-t-elle avant de
replongerlenezdanssoncarnetdenotes.J’ai enviede lui rappelerqu’ellem’adéjà cédéetqu’elle a failli ouvrir les
cuissespasplustardqu’ilyadixminutes,danscefichuascenseur!Jesuissûrqueça lui enboucheraituncoin, àDrew !En revanche, jedoutequ’Amy restemonassistantesijeluifaisuncouppareil.Nem’a-t-ellepasbienfaitcomprendrequepersonnenedevaitsavoir,pournousdeux?Pourlaramenerdansmonlit,cen’estsûrementpaslastratégieidéale…Autourdelatable,lesgenss’impatiententetjefaissigneàDrewdedémarrer
laréunion.Ilcommenceimmédiatementàparlerdesesprojetsencourset,grandegueulecommetoujours,tentedem’épingleràlapremièreoccasion:—D’ailleurs,tonidéedeplateformepourleprojetJoubert,çarisquedenous
coûterlapeaudesfesses…—Cen’étaitpasmonidée,maiscelled’Amy,j’annonce.Légèrementconfus,ilquestionnemonassistanteduregardquiconfirmeparun
petithochementdetête.—C’estunebonneidée,maisellecoûtecher,lâche-t-ilencore.
— Les clients viennent nous voir pour qu’on leur donne des idéesextraordinaires.S’ilsneveulentpasymettrelefric,cen’estpasmonproblème,jepeste.Drewlèvelesmainsensignedereddition.—OK.C’esttoilepatron.Je souris.C’est vrai, après tout,même si – techniquement– je ne suis qu’un
associé à parts égales avec ma sœur. Pas la moitié la plus autoritaire, maisqu’importe.Mêmesionformeuneéquipeetque jen’aimepasavoirà trancherlorsqu’on n’est pas d’accord, je suis content que Drew mette mon statut del’avant,surtoutdevantAmy.C’estabsolumentpuéril,j’ensuisconscient,maisçameplaîtquandmême.J’écouteavecattentionmescollaborateursmeparlerdel’avancementdeleurs
projetsrespectifs.Ducoindel’œil,pourtant,j’observeAmyquiprendsesnotes.C’est plus fort que moi, chaque fois qu’un nouveau projet est abordé, je mepencheversellepourluirésumerdequoiils’agit.Jamaisjen’aipriscettepeineavecmesautresassistantes,maisAmysembleréellements’intéresseràcequisepassechezStarlight.Elleposedesquestions,ellenesecontentepasdenotersanscomprendre. Çame plaît. En fait… des tas de petites chosesme plaisent chezelle…ycompris ses cuissesque je reluquechaque foisque j’en ai l’occasion.Encoreunebonneraisondemepencheraussisouventdesoncôté…À la fin de la réunion, je remercie tout le monde et je réponds à quelques
questions en particulier. Certains s’enquièrent de la grossesse de Cél et je lesrassure,mais j’avoueque je reste concentré surAmyqui range ses affaires. JesensunepointedecontrariétélorsqueDrewseposteàcôtéd’ellepourentamerune discussion. Je n’entends rien de ce qu’il dit, mais elle rigole. Ça suffit àm’énerver.— Pardon, dis-je en coupant court à ma propre conversation pour aller les
rejoindre.Amy,onrentre?Ellepivoteversmoietmelanceunregardperplexe.—Déjà?—Commentça,«déjà»?Onafini.Tuasunautrerendez-vous,aujourd’hui,
peut-être?C’estplusfortquemoi,jehausseleton,parcequejedétestequ’elleessaiede
me tenir têtedevantmes employés.SurtoutdevantDrewqui a toujoursunpetitsourirefrimeurauxcoinsdeslèvres.— Je voulais juste taper le compte-rendu avant de partir, m’explique-t-elle
avecunfroncementdesourcils.Martinl’ademandé,jeterappelle.
Merde.Lepire,c’estqu’ellearaison.—Tuenaspourcombiendetemps?—Vingtoutrenteminutes.Maissituespressé,tupeuxtoujoursrentrerentaxi.Drewétouffeunriredésagréableetjeluidécocheunregardsombre.Moiqui
pensais qu’il se plairait à taquinerAmy, voilà que c’estmoi qui ai droit à sonironie.—Toi,vajouerailleurs,jepesteenpointantlaporte.—Alors là, tu asvraiment trouvé l’assistante idéale, rigole-t-il sansbouger.
Surtout,restecommeça,Amy,jesensquetuvaslerendrefou.—Hé!—Oh,çava!Tunevaspasenfairetoutunplat!lâche-t-ilengrimaçant.Lorsqu’ils’éloigne,leregardvertd’Amyseposesurmoi,avecunepetitelueur
demalicetoutaufond.—Intéressantpersonnage.— Question comportement avec les femmes, il ne vaut pas mieux que moi,
poupée.Ellefroncelessourcilsetjem’entendsreprendre:—Amy,pardon.—Jesensquetumecherches,aujourd’hui.J’afficheunsourirefaussementsuffisant.—Pasdecettefaçon-là,enfait.Ma blague tombe à plat et elle me tourne le dos pour sortir de la salle de
réunion.Etmoi, je la suis jusqu’à sonbureauoù je prends soin de refermer laportederrièrenous,puisjel’observeouvrirsonordinateur.—Tuenaspourtrenteminutes,c’estça?Ellerelèvelesyeuxversmoi,commesiellevenaitderemarquerquejel’avais
suivie.—Oui.Jem’installesurlecanapéetjecroiselesjambes.—Oli?Tun’aspasquelquechoseàfaire?m’apostrophe-t-elle.—Non.—Pourquoitunevaspasaidertescollègues?—Pourquoialleraidermescollèguesalorsquejepourraisfaireunesiesteen
t’écoutanttaperàl’ordinateuretenrêvantàtabouche?Ellesoupire.Jesorsmontéléphoneet,enfaisantdéfilerlesphotos,jeretrouve
cellequem’aenvoyéemasœur,unpeuplustôtcematin.—TuvaslamettreàVegas,larobe?
—Lanoire?Oui,répond-elled’unairabsent.—Jevaismerincerl’œil,autantquetulesaches.—Çanem’étonnepasdetoi,siffle-t-elle.Profite,c’esttoutcequetuaurasde
mapersonne,monmignon.Jemeredresseunpeupourluidégotercegenrederegardsquelesfillesaiment
bienengénéral.—Alorslà…j’endoute.Ses yeux presque noirs me foudroient, et elle retourne prestement à son
ordinateur.Étouffantunrire,jemelaisseretombersurledos.—Sionavaitétéseulsdansl’ascenseur,cematin,jet’auraistouchée,tupeux
mecroire.Etjesuissûrequetuauraispristonpied…—Tupeuxtetaire?Jebosse!s’énerve-t-elle.Jemerassois,lesyeuxrivéssurelle.—Oh,allezquoi!Cen’estpascommesijenet’avaispasdéjàfaitjouir.J’indiquelaporte:—Justelà,enplus!Lachaisegrincequandelleseredresse,etellecontournelebureaupourvenir
seplanterdeboutdevantmoi.Jelèvelatêtepouressayerdesoutenirsonregard,maismesyeuxsontirrésistiblementattirésparsesseins,subliméssouscetangle.—Tucommencessérieusementàm’énerver,Oli,annonce-t-elleenposantune
mainsursahanche.—J’adoret’énerver.Etplusjet’énerve,plusjebande,jeluiavoue.Jemecaressemollementpar-dessus levêtementpourattirersonattentionsur
monérection.J’ai tellementenviequ’ellesemetteàgenouxetqu’ellemesuce.Ouqu’ellegrimpesurmoietqu’ellemebaisesurcecanapé.Siellesavaittouslesscénariosquimepassentparlatête,encemoment…—Attention,Oli,situveuxjouer,çarisquefortdedéraper,etpasdelafaçon
quetuvoudrais,meprévient-elle.—Ohoui,poupée,faistoutdéraper.Toutdesuite.Ellecroiselesbrassursapoitrineetsoupirelonguementavantdefaireunpetit
signedetête.—Tuveuxqueçadérape?D’accord…mais tupeuxmecroire : tuvas t’en
mordrelesdoigts.
Chapitre35
JesuisremontéecontreOli,maisjesuisquandmêmetrèsexcitéedelevoirsetoucherainsidevantmoi.Jenesaispaspourquoi,mêmes’ildéfaitsabraguetteavecempressementetde façon trèseffrontée, je le trouvevulnérabled’affichersontrouble.Pourmapart,j’auraispréféréqu’ilneremarquejamaisl’effetqu’ilasurmoi. Jedétesteme sentir faible.Quand saqueueapparaît et qu’il sebranledoucement, je fixesamainquibougedefaçon lascivependantqu’unevaguedechaleurinondemonbas-ventre.—Suce-moi,chuchote-t-il.Il croit vraiment que je vais lui obéir, surtout ici ?Alors que n’importe qui
pourraitentrerdanscebureau?Toutententantdegarderlatêtefroide,jeremontelentementmajupejusqu’àlafrontièredemaculotte.Olihocherapidementlatêteetsamainsemetàlebranlerdavantage.—Ohoui,grimpesurmoi.Ça, j’enmeursd’envie,mais il esthorsdequestionque je lui cède.Pendant
que l’unedemesmains retient levêtementbienhaut, jeglisse l’autreversmonsexe et je viens contournerma culotte pour trempermes doigts dans le délugequ’il a provoqué, un peu plus tôt ce matin. Si je ne me retenais pas, je mecaresserais, là, devant lui. Avec lui.Mais même si je titille discrètement monclitoris en retenant un râle, je retire rapidementmamain et jeme penche pourvenirenfoncermesdoigtsentreleslèvresd’Oli.Illesaccueillesansrechigneretles suce, les yeux rivés sur moi, pleins d’envie. Autre coup de chaud qui mehappeetjemefaisviolencepournepasvenirm’empalersursonérection.D’untrait, je laisse ma jupe retomber et j’arrache mes doigts de sa bouche. J’ail’impressiondetituberquandjeretourneendirectiondel’ordinateur.—Amy?mequestionne-t-ild’unevoixinquiète.Qu’est-cequetufous?—Jevaisbosser,j’annonce,tremblante.—Quoi?Non!Reviensici!Putain,tuasvuunpeumonétat?—Oui,etplustuvasm’énerver,plusjeteferaibandercommeunconsanste
donner lamoindregratificationenéchange,dis-je,enserrant lescuissessurmachaise.Je suis soulagée d’être à l’abri de son regard, bien planquée derrière mon
écran,maisOlivierselèveducanapé,àmoitiénu,etmejetteunregarddefeu.—Tutefousdemagueule?—Exact,monchéri,dis-jesansreleverlesyeuxverslui.Oh,maissiçanete
convientpas,tupeuxaussimefoutreàlaporte.Maintenant,tumelaisses,s’ilteplaît,j’aiuncompterenduàfaire.J’ignorecomment jesuisparvenueà lui jetercesmotssans trembler,mais je
suisplutôt fièredemonassurance.Pourtant, j’aichaud,et je suis sûrequemonvisageestbienrouge…Lorsqu’Olis’avanceversmoi,jemeraidis.—Oh…tuneveuxpasjoueràçaavecmoi,poupée,memenace-t-ild’unevoix
affreusementdouce.Jerelèveversluidesyeuxquej’essaiederendredurs.—Arrêtededépasserlesbornesetjeseraisage,dis-jesimplement.Ilmesourit.—Leproblème,c’estquejeneveuxpasquetusoissage.Jecroyaisavoirété
assezclairsurlesujet,menargue-t-il.Jeleregardeserhabiller.—Tujouesàunjeudangereux,Amy.Ilaraison.Avecmachance,jevaisperdremonboulot.Tantpis.Jepréfèreçaà
l’idéedeperdretoutedignité.—Àtaplace,jecommenceraisàchercheruneautreassistante.Ilserrelesdentsetjepoursuis,implacable.—Jeterappellequetumepaiespourtapercefichucompterendu.Alorssoit
tuficheslecampdemonbureau,soitc’estmoiquidégagedecetendroit.Olipesteetfinitpartournerlestalons,claquantlaportederrièrelui.J’expire,
soulagée,maisquelquechosed’indéfinissablerestetendudansmonventre,etj’ailagorgenouéesansbiensavoirpourquoi.
Chapitre36
JeramèneOlivier.Jenedispaslemoindremotetilmelerendbien,àcroirequ’ilaenfincomprisquej’étaissérieuse,aubureau:jen’aipasl’intentiondeluicéder.Quandmon téléphone sonne, dans le fond demon sac,mon dispositifmains
libress’activeetsansréfléchir,j’appuiesurlatouche,surmonpare-soleil,pourrépondreàl’appel.—Oui?—Salutmabelle,réservetonvendredisoir,parcequetoietmoi,onremetça.JegrimaceenreconnaissantlavoixdeJulietteetjesensleregardd’Olipeser
immédiatementsurmoi.—Sansfaçon,dis-jesimplement.Sur lemoment, je songe à révéler à Juliette que jene suis pas seuledans la
voiture, et qu’elle est sur le haut-parleur, mais je retiensmesmots, persuadéequ’Oli risque de s’imaginer que j’ai quelque chose à lui cacher. Autant fairecommes’iln’étaitpaslà.—Oh, allez ! Tu ne peux pas dire non ! Il y a unmatch de je-ne-sais-quoi,
vendredi,alorsj’aipromisàGabqu’oniraitlevoirauKeos.—Tum’emmènesvoirunmatchdansunresto?—Jet’emmènevoirdesmecs,rectifie-t-elle.Onvaboufferdescochonneries,
boiredelabière,etmêmedelatequila.L’endroitserabondédetypesbourrésdetestostérone.Tuaurasl’embarrasduchoix.Jesoupireenlevantlesyeuxauciel.—Jenepeuxpas,désolée.—Arrêtedefairetadéprimée!Tunefaisaucuneffort!s’énerve-t-elle.Gab
veut te faire rencontrerWilliam. C’est un type bien, il paraît. Tu ne peux pasrefuserça!Tusaiscommec’estrare,desgarsquinesontpasdessalauds?Étouffantunrire,jelanceunpetitregardendirectiond’Oliquisemblenerien
raterdemaconversation.
—Tuparlesqu’ilssontrares!Iln’yaqueça,surcetteplanète!—Bahvoilà!Willestcharmant,célibataireetbaraqué,d’aprèscequ’ellem’a
dit.—Etprobablementnulaulit,jelâchesansréfléchir.—Hé!Nefaispaslafinebouche!Aumoins,iln’estpasmarié!Jeserrelesdentsetévitedecroiserleregardd’Oli.—Gabditquetunepeuxpasrateruneoccas’pareille.D’aprèscequ’elleme
dit,c’estleprincecharmant.—Biensûr, jeraille,maisçanechangerien: jenepeuxpasyaller.Jesuis
crevée,j’aibesoindemereposer.—Oh,Amy!Viens!Onjoueraaubillardpendantquecesidiotsregarderontle
match!Jetepaieraimêmelapremièretournée,situveux!Jenerépondspas,tropoccupéeàmegarer,presséequ’Olifichelecampavant
quecetteconversationnedérapedavantage.AvecJuliette,c’estfortpossible…—Allez!insiste-t-elle.ImaginequeWillsoitvraimentl’hommedetavie.Tu
t’envoudrasjusqu’àlafindetesjoursd’avoirlaissépassertachance.—Jul,écoute…jenepeuxpas.JeparspourLasVegas,samedi.Un silence passe et j’en profite pour faire signe à Oli de descendre de la
voiture, mais après avoir détaché sa ceinture il reste immobile, visiblementdéterminéàattendrelafindemaconversationavantdeficherlecamp.—TuvasàVegas?medemandeJuliette.Commentçasefaitquetunem’enas
jamaisparlé?Prenantmoncourageàdeuxmains,jelâchetout:—C’estparceque…j’aiunnouveauboulot.—Unboulotquit’emmèneàVegas?Bontédivine,maisqu’est-cequetufais?
Tu travailles pour un avocat spécialisé dans les… cas liés aux addictions auxjeux?tente-t-ellededeviner.Jerigoleavantdeluirépondre:—Nah!Jesuisl’assistanted’untypebizarrequitravailledansledomainedu
spectacle.—Unavocat?mequestionne-t-elle.—Non.Un…(j’hésiteàtrouvermesmots)disons…untypecréatif.Ilfaitdes
maquettes, il songe à desmises en scène… je t’avoue que c’est encore un peuconfus.—OK…Ettufaisquoi,danstoutça?—Jeprendsdesnotes,jeleconduis,jeprendssesrendez-vous.—Tuessasecrétaire,quoi.
—Sonassistante,etjesuisfortbienpayéepourça.Àmadroite,Olihochelatêteavecunairappréciateur,commes’ilvalidaitmes
réponses. Pour la seconde fois, je lui fais signe de sortir dema voiture, justeavantquelaquestiondeJuliettenerésonne:—Ilestsexy?—Qui?—Tonpatron!Lanervositégrimpeenflèchependantquejechercheuneréponseàsaquestion.—Euh…—Quoi?Ilestvieux?—Non.Àmadroite,Olimemontresesdoigtsenarborantunsourireravi.—Trente-deux,finis-jeparcomprendre.—Marié?Desenfants?—Ilest trop idiotpourça, je raille.C’estunsalauddepremièrequicouche
probablementavectoutcequibouge.Jejetteuncoupd’œilàOliquinesemblenullementdérangéparmespropos.—Hum!lâcheJuliette.Ildoitêtresexy,quoi.—C’estunsalepetitprétentieux.Mêmetoi,tun’envoudraispas.—Attention,Amy,nefaispaslamêmeerreurqu’avecBen!JefixeOliavantderépondre.—Alorslà,çanerisquepas.—Bah…aumoins,celui-làn’estpasmarié.Jedétesteleregardqu’Oliposesurmoietjedétournelatêtepournepasavoir
àlesoutenir.Est-cequeJulietten’auraitpaspusetaire?—Net’inquiètepaspourmoi,ilnem’intéressepaslemoinsdumonde.—S’ilestmignon,penseàmoi.JeterefourgueWill,leprincecharmant,ettu
me prêtes ton petit salaud sexy. Si ça se trouve, je pourrai te négocier demeilleuresconditionsdetravail,rigole-t-elle.— Crois-moi, tu n’as aucune envie de le rencontrer. Il est… prétentieux,
arrogant…,ettrèsimpoli.Juliettesemetàrire.—D’accord,tum’asrenduecurieuse:jeveuxabsolumentrencontrercetype.
Essaiedel’emmeneraumatch,vendredi.—Je…mais…non!Jul,tun’aspasentendu?C’estunsalaud,jetedis!—Arrête. Quand tu dénigres un type à ce point, c’est qu’il doit être super
craquantetquetutefaisunfilmpouressayerdenepast’yaccrocher.N’oublie
pas que je te connais,ma belle ! Et j’ai le vague souvenir que tu avais fait lamêmechoseavecBen.Lacolèrememonteaunez.—Çan’a rienàvoir !De toute façon,c’esthorsdequestionque je l’invite,
compris?C’estmonpatronetjemeletapesuffisammentenjournée!—Tuteletapesdéjà?s’excite-t-elle.— Non, je voulais dire… je le vois bien assez ! Oh, puis arrête de
m’embrouiller!Ilfautquejeraccroche.—N’oubliepasvendredi!Je coupe brutalement la ligne. Juste pour me contrarier davantage, Oli
s’exclame:—Oh,poupée,jeveuxdéfinitivementrencontrercettefille!Jelepointed’undoigt.—Toi,jet’aiassezvu.Qu’est-cequetufichesencoreici,d’ailleurs?Onest
arrivéscheztoi,alorsdégagedemavoiture!Ilmejaugeavecunpetitairsatisfait.—AlorsBen-le-salaudétaitmarié?Envoilàuneinfo.Tuesunepetitevilaine,
enfait…—Sorsd’ici!Ilsoupireavantd’ouvrirlaportièreetjetentederetrouvermoncalmequand,
unefoissorti,ilsepencheversmoi.—ÇateditdevisionnerleDVDdeStanford?Ilesttôt.Onpourrait…—Non.— Oh, allez, quoi ! Tu es mon assistante, tu es censée m’épauler dans ma
tâche…Jeluidégoteunregardnoir.—Tun’esqu’unsalepetitpervers,Garrett,alorsnevienspasmeparlerdece
fichuDVD, tuveux? Jene rentreplus là-dedans.Et tu saisquoi ?Àpartir dedemain,jet’attendraidanstavoiture.—Hé!Tonboulot,c’estdevenirmeréveiller,proteste-t-il.—Siçaneteconvientpas,fous-moiàlaporte,maisjetepréviens:jegarde
lesrobes.Etmaintenant,ouste!Dubalai!Jemepenchepourvenir refermer la portièredu côtépassager et je démarre
sansluilaisserletempsdeprotester,furieuse.
Chapitre37
J’ai la sensation qu’on me vide un bol d’eau froide sur la tête quand letéléphonerésonne.Jepeineàouvrirlesyeuxpouryrépondre,puismoncœursemetàbattrelachamadelorsquejesongequec’estpeut-êtreCél.Jemeredresseenportantlecombinéàmonoreille,lesyeuxencorefermésetlavoixenrouée:—Quoi?—Lève-toietvatedoucher.Jeseraidansmavoiture,enbasdecheztoi,dans
vingt-cinqminutes.Lorsquejereconnaislavoixd’Amy,j’ouvrelesyeuxetjepeste:—Tuescenséevenirmeréveillerchezmoi!—Jetel’aidit,hiersoir:jenerentrepluscheztoi.Detoutefaçon,jeperds
montempsàattendrequetutedouchesetquetut’habilles.—Tun’asqu’àvenirprendretadoucheavecmoi.Situveux,jesuismêmeprêt
àmeleverdixminutesplustôtpourça.—Continuede rêverpendantque jevaischercher toncafé,maisdansvingt-
cinqminutes,soitenbasdecheztoi.—Ousinon?Unsilencepasseavantqu’ellen’osemerépondre:—Sinon,tuprendrasuntaxipourterendreaubureauettupasseraslajournée
àéplucherdesCVpourtrouvertaprochaineassistante.Jecommenceàenavoirplusqu’assezdetescaprices,Garrett.Elleraccrochesansmelaisserletempsdeplacerdeuxmotsetjegrogne.Dire
quej’étaisàdeuxdoigtsdemelafaire,hiermatin,etvoilàqu’elleneveutmêmeplusvenirchezmoi!Pourquoijelapaiesiellen’estpasfichuedemeréveillercorrectement?Jerepoussemesdrapsetjemelève.Jedétestenepasavoirmoncaféauréveil.
La saleté ! Cette fois, elle va m’entendre ! Je rumine en me dirigeant vers ladouche et je savoure le jet d’eau chaude sur ma tête. Ça m’énerve qu’Amym’appelleGarrett.Peut-êtreparcequec’estlesurnomqu’utilisaitmamèrequand
elle était en colère contremoi.Mais qu’est-ce qu’elle a, cematin ?Ce n’étaitpourtantpaslapremièrefoisqu’onsedisputait,hiersoir.C’estàcausedecettehistoireavecBen?Dufaitqu’ellecouchaitavecunhommemarié?Envoilàuneinformation,d’ailleurs!Ilfaudraitpeut-êtrequejeluidisequecen’estpasavecsespatronsqu’elledevraitéviterdebaiser,maisavecleshommesmariés!Jeterminedemevêtirquandonsonneàmaporteàcoupsbrefsetrépétés.Je
meplanteenhautdel’escalieretjegueule:—Hé!Jeterappellequetuaslaclé!Unedizainedesecondesplustard,maported’entrées’ouvre.—Dépêche-toi,Garrett!—Jesuisentraindem’habiller.Etjeterappellequesansmoncafé,jenesuis
pascapabledemedépêcher!Jen’entendsplusrienpendantdelonguesminutes,assezpourquej’aieletemps
d’enfilermeschaussures,puislespasd’Amyrésonnentdansmonescalieretelleapparaît,fortjolie,vêtued’unimperméable,danslalumièredumatin.Elleporteune jupe. Comme un idiot, je souris, mais elle ne m’accorde pas la moindreattention, dépose mon café sur la table de cuisine et repart en direction del’escalier.—Tuascinqminutespourramenertesfessesdansmavoiture.Aprèsquoi,je
rentrechezmoiettutedémerdes.—Hé!Pourquoituestellementremontéecontremoi,cematin?Ellesetournepourmefairefaceetposesurmoiunpremierregard.—J’enaiassezdecejeuqu’ilyaentrenous,Oli.Toietmoi,c’étaitclairdès
le départ : on baise et c’est fini. Je te rappelle que c’était ta propre règle.Respecte-la.Merde.—Tudevraisêtreflattée,dis-je.Généralement,jenecouchejamaisdeuxfois
aveclamêmefille.Ellesoupire,lestraitstirés.Àcroirequ’elleamaldormi,lanuitdernière.— Ça m’épuise, Oli, m’avoue-t-elle enfin. Et c’est dommage, parce que ce
boulotmeplaîtbien,maisjepensequeçanemarcherapas…Parcequej’aibesoinderéfléchir,jem’avancepourvenirrécupérermoncafé,
maisjen’aimepaslemalaisequ’ellevientdejeterentrenous.Oualorsc’estlefaitqu’elleessaied’avoirunediscussionsérieuseavecmoi.Jedétesteça.C’estplussimplequandons’engueule.—Merde…jenepensaispasquej’étaissilourd,jeplaisante.Commeellenesouritmêmepas,jesoupireetj’ajoute:
—Hé!J’essaied’établirlacommunication,là.Sansmerépondre,ellemetourneledosetannonce:—Jevaist’attendredanslavoiture.—Non!Amy,attends!Elles’arrête,lamainsurlarampe,etpivotelégèrementdansmadirection.—C’estquoi, cetteattitude,cematin?C’est justeparceque j’ai apprisque
Benétaitmarié?Elleblêmitetj’ailasensationd’avoirviséjuste,alorsjem’empressedejeter:—Mais on s’en fout de cet abruti ! Tu ne veux plus que j’en parle, je n’en
parleraiplus,c’esttout.Lesilences’éternisependantdixbonnessecondesavantqu’ellelâche:—Merci.C’estbête,maisçamesoulage.Sansréfléchir,jem’explique:—Tusais,laplupartdutemps,jet’énerveuniquementpourrigoler.Sij’avais
suquetuétaisaussisusceptible…—Jenelesuispas,mecoupe-t-elle,maistuesmonpatronetj’aibesoinque
notrerelationresteprofessionnelle.Ses yeux me fixent, comme si elle cherchait à me faire prendre conscience
qu’elleestsérieuse.Commesij’endoutais!Leproblème,c’estquej’aid’autresplansen têteaveccette fille…et ilsn’ont rienàvoiravec leboulot…Jeboispouressayerderetrouvermoncalme,maiscommeellen’essaiepasdes’enfuir,j’aitoutletempsqu’ilfautpourtrouverd’autresmotspourtenterdelarassurer.—Donne-moi des limites à ne pas franchir et je te donnerai lesmiennes, je
lâchesansréfléchir.—Arrêtedeparlerdesexe,déjà!Jelafixe,ébahi.—Tuesfolle!Jenepeuxpas!Sonvisagesedurcitetellemejetteunregardréprobateur.Jepeste:—Poupée,jenepensequ’àça!Tunepeuxpasmedemanderl’impossible!Ellechangedejambed’appuietcroiselesbrasavantdehocherlatête.—OK,alors…défensedem’incluredanstesproposdéplacés.Etlaprochaine
foisquetusorstaqueuedevantmoi,jedégage.Merde.C’estqu’elleestvraimentsérieuse!—Oli, je commencevraiment à aimer ce travail,mais j’ai l’impressionque
toutestàrefairechaquejourentretoietmoi.C’estépuisant,tucomprends?Jen’osepasluidirequec’estjustementcequimeplaîtdepuisqu’elleestlà:
cettelutteconstanteentrenous,sespetitescolères,sesdéroutes,aussi,àcertains
moments…—Leproblème,c’estque…j’aimebientonpetitcaractère,etlafaçondonttu
m’envoiesaudiableaussi !Sionne faitquebosser, ceboulot seraennuyeuxàmourir!Ellesebraque,jelevoisjusteàlafaçondontsesbrasseresserrentautourde
sapoitrine,alorsjepeste:— D’accord ! Je ne sortirai plus ma queue et je vais essayer de moins
personnalisermesfantasmesautourdetabouche.Çateva,commeça?C’est longavantqu’ellene sedérideunpeu,puis ellehochediscrètement la
tête:—Merci.Ondiraitquemesparoleslasoulagentd’unpoidsconsidérable.Pourmapart,
unebriquevientdemetombersur lesépauleset jegrogne,enpointantdudoigtl’escalier:—Bon,alors…commeonnepeutplusm’amuser,allonsbosser!Je récupère mon sac pour lui tourner le dos pendant quelques minutes et je
serre les dents pendant que ses pas s’éloignent. Décidément, cette journéecommencemal…
Chapitre38
Olivier ne dit pas unmot pendant tout le trajet.D’accord, peut-être que j’aiexagéré,mais je suis sûreque leschosesserontplus facilesainsi. Jedéteste latension qu’il y a entre lui etmoi.À force de dépasser les bornes, comme hieraprès-midi,jevaisfinirparmejetersurluietjerefusequecelaarrive.Jenepeuxpas luicéder.Oliestunsalauddepremière.Dèsqu’ilauraeuce
qu’ilveutdemoi,ilvapasseràlasuivanteetjevaismeretrouverlà,àluitenirlachandelle, pendant qu’il va se taper des tas de filles sans se soucier de mapersonne. Depuis cette histoire avec Ben, j’ai le cœur trop fragile pourm’embarquerdansunerelationcommecelle-là.Jesuiscenséefairepassermonboulot au premier plan.Ce n’est pas comme si lemondemanquait d’hommes !Bon,peut-êtrequ’ilsn’ontpastousletalentd’Oliàmemenerauparadisentroisminutes,maistantpis.Jenesuispasàseptouhuitminutesprès!Pendantnotrerendez-vousdumatin,Olidiscuteetjenotetoutcequimesemble
important, en bonne secrétaire que je suis. C’est à peine s’ilme regarde.Celadevraitmesoulager,maisenréalité,c’estl’inversequiseproduit.Peut-êtreparcequelaclienteestmignonne,mêmesiunpeuplusâgéequenous.Olirigoleetfaitle pitre avec elle. Voilà exactement pourquoi je refuse de lui céder. C’est uncharmeur. Il nepeut pas s’empêcherde séduire.Moiouune autre, c’est pareil.J’évitedereleverlesyeuxdemoncarnet.Jeneveuxpasvoirlesregardsqu’ilss’échangent. J’entends suffisamment les gloussements de la cliente pour savoirqu’ellen’estpasinsensibleàsesblagues.Etjenepeuxpasl’enblâmer.Oliestpeut-êtreledernierdessalauds,maisilauncharmefou.Jenote,enessayantderesterconcentréesurlesproposéchangés,maisdèsqueladiscussiondérapesurdespropospersonnels,j’interviens:—Est-cequejepeuxvousproposeruncafé?Olitournelatêteversmoi,àcroirequ’ilavaitoubliéjusqu’àmaprésencedans
cettepièce,alorsquelaclientemesourit.—Envoilàuneexcellenteidée.
Tuparlesquec’estunebonneidée!Tumeursd’enviequejefichelecampdecette pièce, ça crève les yeux !Avec un sourire poli, jeme lève et je sors enlaissant la porte entrouverte.Devant lamachine à café, j’inspire profondément.Autant j’avais besoin de sortir de là, autant je regrette à présent de les avoirlaissésseuls.Maparole!Jenesuisquandmêmepasjalouse!SiOliveutcettefille,jem’enfous!Unefoislescaféscoulés,j’installetoutcequ’ilfautsurunplateau.Jemeforce
àprendremontemps.Jesuisanxieuseàl’idéederevenirdanslasallederéunion.Mêmesilaporteesttoujoursentrouverte,j’aipeurdecequejevaisytrouverdel’autre côté. Olivier a seulement changé de chaise et s’est assis aux côtés demadameRiopelle. Il luimontredifférentsprojetsqueStarlightadéjà réalisésàpartirdenotrebrochureofficielle.Quandj’entre,ilselèveetvientrécupérerleplateau que j’ai entre les mains. Il me dégote un regard sombre au passage.Pourquoi?Aurait-ilpréféréquejesoisabsentepluslongtemps?La cliente prend un café et le boit en continuant de feuilleter le document
d’Olivier. Elle pointe du doigt des images et pose des tas de questions. Pourm’occuper lesmains, je prends un gobelet àmon tour,mais comme elle paraîtinstalléesursonsiègepourunbonmoment,jemerisqueàdemander:—Oli,tuasencorebesoindemoi?Iljetteuncoupd’œilàsamontreetsetourneendirectiondelacliente.—Jesuisdésolé,madameRiopelle,c’estque…—Clarisse,l’interrompt-elle.— Clarisse, oui… Je vais devoir couper court à cette rencontre, car mon
assistanteetmoiavonsunautrerendez-vousàpréparer…Elleparaîtcontrariéedel’apprendre,etjesuissurprisepourmapart.Unautre
rendez-vous?Aujourd’hui?J’airatéunépisode?Anxieuse,jequestionneOliduregardquimefaitsignedeficherlecamp.—Tupeuxyaller,Amy,jeterejoinstoutdesuite.Un peu perdue, je prends mon sac et mon café, lance quelques formules de
politesseàlacliente,puissors.Unefoisdansmonbureau,jevérifiemonagenda.Ma confusion augmente.Merde ! Il n’y a rien ! Est-ce que j’ai oublié quelquechose? Jevérifie lesmessageset lesPost-itprèsdemon téléphone…toujoursrien. Quand Oli entre, il referme la porte derrière lui et se poste devant monbureaupourmefoudroyerduregard.—Putain,tueslourde,Amy!—Je…pardon?Surprise par sa colère, je commence à craindre d’avoir réellement oublié
quelquechoseetjeluimontremontéléphoneoùl’agendaestencoreaffiché.—Mais…iln’yapasderendez-vous,jebredouille.Ilprendmonappareiletlejettesurledessusdemonbureau.—Encoreheureuxqu’iln’yaitpasderendez-vous!Cettefemmeaétirélesien
devingt-troisminutes!Jeregardel’heuresanscomprendre.Oui,d’accord,larencontreavecmadame
Riopelles’estunpeuprolongée,etalors?Cen’estpaslapremièrefois…—Maparole, tuesaveugle? s’énerve-t-ilencore.Elleapassé lamoitiéde
sontempsàmefairelesyeuxdoux!Incapabledemeretenir,jerétorque:—Tuparlesquej’airemarqué!Maisvucommetupassestontempsàdraguer
toutcequibouge,jepensaisqueçatefaisaitplaisir!Ilsefigesoudainpourmejaugerduregard.—Serais-tujalouse?Saquestionmedéstabiliseetjem’emportesansattendre:—Moi!Maisnon!Lapreuve,j’aicherchéuntasdeprétextespourtelaisser
seulavecelle!Ilsoupireetlèvelesyeuxauciel.—Amy!Cettefemmen’estabsolumentpasmongenre.Etpuis,detoutefaçon,
çanechangerien!Larègle,c’estqu’onnetouchejamaisauxclientes!Même s’ilm’en coûte de l’admettre, jeme sens soudain soulagée.Ai-jemal
interprété ses réactions ?Peut-être.Après tout, j’ai passé lamoitié du temps àfixermoncarnetdenotes!—Donc…tunetouchespasauxclientes,maisiln’yapasderègleencequia
traitàtesassistantes,c’estça?Ilfroncelessourcils.—Hé!Aucasoù tune l’auraispas remarqué, jene t’ai faitaucuneavance,
aujourd’hui!Jelèveunemainpourlerameneraucalmeetjeretrouveunevoixplusdouce:—Tuasraison.Pardon.Unsilencepassedurantlequelnousnousdévisageonssansdirelemoindremot,
quandenfin,ilexpireetsemblesedétendre.Sesdoigtspianotentsurlecôtédesacuisseetilprendsoudainunairmalicieux.—Alors,euh…tuasvraimentcruquejedraguaiscettefille?Gênée, jehausse lesépaulesetme tourneversmonordinateurpour tenterde
medéroberàsonregard.—Bah!Avectoi,commentsavoir?
—Putain,Amy! Je suisquandmêmemignon. Jepeuxme trouvermieuxquecettefille.Jeluisersunregardhautain.Qu’est-cequ’ilestprétentieux!Illèvelesmains
devantlui.—D’accord,jel’avoue,jenelesuisvisiblementpasassezpourmetapermon
assistante.Vasavoirpourquoi!Surtoutquejel’aidéjàfaitjouir!Maisenfin…des filles qui cherchent unmecd’un soir, cen’est pas cequimanque, dans lesbars!Jelefixe,etsoudain,jelâcheunpetitrirenerveux.Merde!Pourquoisuis-je
incapablederésisteràsesblagueslesplusridicules?—Enfin ! lâche-t-il sur un ton soulagé. Je pensais que tu allaisme faire la
gueulejusqu’àlafindetemps!J’essaie de retrouver un air sérieux, mais je sens qu’un petit sourire flotte
toujourssurmeslèvres.Etpourtant,jeforcelanotepourannoncer:—Tantqueturestesprofessionnelavecmoi,toutirabien.— Pfft ! Quelle plaie, ta règle ! rumine-t-il. Si on ne peut plus s’amuser,
continuonsdoncàtravailler…Iltournelestalonsetvaouvrirlesportesd’unegrandearmoire,installéejuste
devantlecanapédemonbureau.UnetélévisionapparaîtetOliinsèreundisque,puisvas’asseoirconfortablement,unetélécommandeenmain.—Mais…qu’est-cequetufais?—JeregardeleDVDdeStandford,lâche-t-iltoutbonnement.Etcommetune
veuxplusvenirchezmoi,jemedisaisqu’onpourraitleregarderici.—Maintenant?Iljetteuncoupd’œilàsamontreavantdehocherlatête.—Iln’estque14heures.Tuasquelquechosedeprévu?—Je…non,admets-je.—Alorsvoilà.Fermeleslumièresetviensvoirça.D’unemain,iltapotelaplaceàsescôtéset,aprèsunehésitation,jemelèveet
m’installe,pourleprincipe,àl’autreboutducanapé,mêmesijevoismoinsbien.Oli ritdemevoiraussi loin,puis ilposenonchalamment lespieds sur la tablebasseavantdedémarrerleDVD.Contrairementàmoi,ilparaîtbiendétendu.Est-cequejedevraismeméfier…?
Chapitre39
Amyestraidecommeunpiquet,justelà,àunmètredemoi,pendantquejejoueles typesdécontractés, lespiedssur la tableet la télécommandedansunemain.Avecunebière,ceseraitmieux,maisonestaubureau,quandmême!Pourtant,jesuisnerveux.Ilfaitsombre,mêmesilejourfiltreàtraverslespersiennes,etjesuissuruncanapéavecunefille.Bon,unefillequineveutpasquejelatouche,maisquandmême…C’estlatroisièmefoisquejeregardeceDVD.Lesdeuxpremières,jen’yavais
accordé aucune attention, parce que je ne voulais pasm’occuper de ce projet.Quandlascèneapparaîtetquelesacteursarrivent,jemelèveetjefilecherchermonsacdanslequelsetrouvemoncahierdedessins.Jel’installesurmescuisseset jefaiscommed’habitude: jenotequelquesmotsquimeviennententête.Aubout d’une dizaine de minutes, ce ne sont plus des mots, mais des images quiapparaissent. Un agencement, des modifications, et puis pratiquement unenouvelle mise en scène. Merde ! J’ai envie d’arrêter le DVD pour prendredavantagemontemps,maisjen’osepas,carAmyestvisiblementbienaccrochée.Alorsjetracedeslignesmaîtresses,sachantquejepourraipeaufinerplustard.—Qu’est-cequetudessines?mequestionne-t-ellesoudain.—Pasgrand-chose.Lesidéesquimeviennententête.J’essaiederesterconcentrésurl’imageàlatélé,sansregardermoncrayonqui
glissesurlepapier.—Tuarrivesàfaireçasansregarder?Jebaisselesyeuxsurmondessin,unpeuenbiais,etjepinceleslèvres.—C’estplusfacileenregardant,mais jeneveuxpasmettrepausetoutes les
troisminutes.Jelesreferaiplustard.—Oh,maistupeuxl’arrêter!Çanemegênepas!mecertifie-t-elle.C’estplusfortquemoi,jem’exécuteaussitôtetrepassesurmestraits.Jeveux
juste avoir un canevas potable au cas où je garderais l’idée, plus tard. J’aimeavoirbeaucoupdedessinspourm’inspirerquand jedoisprendreunedécision.
C’est souvent, au final, un mélange de toutes mes idées non réfléchies quifonctionne.Auboutdedeuxminutes,Amychuchote:—Commenttuarrivesàdessineraussivite?—L’expérience,dis-jesansréfléchir.Elleglissesurlecanapéetserapprochedemoi.C’estautomatique,jeretiens
monsouffleetmoncrayons’activeplusvitesurlepapier.Sij’avaissuquemondessin pouvait intriguer Amy au point d’éliminer le gouffre qu’elle persiste àmettreentrenous,j’auraisinitiéunetelleséancebienavant!Unefoismestraitsdebaseposés,j’utiliselaminedemoncrayonpourcréerdesombres.J’étaleletoutavecleboutdemondoigt.Jepeaufineaulieuderelancerlavidéo.Avecmachance,Amyvareprendresaplaceàlasecondeoùlespectaclevarecommencer.—Tuesvraimentdoué,souffle-t-elle.Jedaignereleverlesyeuxverselle,siprèsetsiloinàlafois.Jesourisdevant
soncompliment.—Cen’estqu’undessin,finis-jeparlâcher.— C’est un don, me contredit-elle. Tu sais que moi, je ne suis même pas
capabledefaireunbonhommeallumette?Elle rit et s’empourpre. Merde ! Elle est trop mignonne, cette fille. Elle a
vraimentquelquechosedespécial.Sabouche,sûrement.—Onatousuntalent,ilparaît.—Ilparaît,lâche-t-elleenhaussantlesépaules.Jelaquestionne,duregardd’abord,avecdesmotsensuite:—Etceseraitquoi,letien?Ellehausselesépaules.—Jen’enaipasvraiment.—Allez,dis-moi!Ladanse?Unautresport,peut-être?Conscientquejejugesoncorpsplutôtquesontalentartistique,jem’empresse
d’ajouter:—L’écriture?Lapeinture?Untrucàl’ordinateur,peut-être?—Non,riendetoutça.—Allez,quoi,ilyaunbienuntruc!—Non.Enfin…j’écrivaisbiendespoèmes,avant,maisc’étaitassezmauvais,
admet-elleenrougissant.Jeprendsunmomentavantdeclignerdesyeux.Despoèmes?Amy?—N’écoutepascequejedis.C’étaitmauvais,répète-t-elle.Pourquoiest-cequej’endoute?Sansréfléchir,jelâche:
—Bah,jedisaisçademesdessinsavantd’enfairelabasedemonjob.Mal à l’aise devant le silence qui passe, je relance le DVD en serrant la
télécommande entre mes doigts. J’ai peur qu’Amy retourne de l’autre côté ducanapé,maisnon,ellerestelà,étonnammentdécontractée.Auboutdesixouseptminutes,elleremontemêmelesjambessurlatablebasse,prèsdesmiennes.Auxpremierseffetsspéciaux,Amyseraiditetsabouches’ouvredesurprise.
Je tourne la têteverselleet je l’observe.Ouplutôt…je lacontemple.Elleestdrôlementmignonne…Normalement,jeposeraisunemainsurcettecuisse,justelà,àmaportée,etjeremonteraisdoucement.MaisavecAmy,jenepeuxpas.—C’estbeau,dit-elle,toujoursplongéedanslespectacle.—Ouais.C’estd’elledont jeparle,pourmapart,maisellene le remarquemêmepas.
Toute son attention est rivée sur ce qui se passe à la télé. Son regard estémerveillé.Ondiraitunepetitefille.Sijelepouvais,jeladessinerais.Ceseraitagréabledefairesonportrait…Magorgesenouedevantmesproprespensées,etjesursautelorsqu’elletournelatêteversmoi.—Maisregarde!megronde-t-elledansunrire.—Jel’aidéjàvu.Ettuesbienplusintéressante.Elle rigole, reporte son attention sur l’écran, mais comme je reste là, à
l’observer,ellem’envoieunsemblantderegardsombre.—Arrêtedemeregarder.—Tuesbelle,jenepeuxpasm’enempêcher.Dès que lesmots sortent dema bouche, j’en réalise la teneur et je détourne
prestementlatêteavantdebredouiller:—Désolé.Jenevoulaispas…jen’aipasréfléchi.Je retourneàmondessinetmemetsàgribouillern’importequoienespérant
qu’ellenem’engueulepas.Jesenssonregardsurmoi.Est-cequ’ellechercheuneinsulte à me balancer ? J’attends, mais rien n’arrive. Quand elle reporte sonattentionsur l’écran, j’ai la sensationdemieux respirer,mais jemedéfendsdetourner la tête dans sa direction. Il fait terriblement chaud, tout d’un coup. J’ail’impressionquechaquemotquisortdemabouchedoitêtrepesé,analysé.Pouruntypequipassesontempsàtoutbalancersansréfléchir,c’esttoutsaufévident.Auboutdedixminutesdurantlesquellesjenefaisriend’autrequededessiner
n’importequoi,elleglissesurleboutducanapé,prêteàselever,etpivoteversmoi.— Je vais te laisser travailler. Je vais plutôt aller taper le résumé de notre
rencontreavecmadameRiopellependantquec’estencorefraisdansmamémoire.
Jesoupire.—C’estparcequej’aiditquetuétaisbelle?Çaveutdirequejen’aimême
plusledroitdetefaireuncompliment?Elle fronce les sourcils et détourne la tête. Pourtant, je perçois un certain
troubledanssavoix,mêmesielletentederesterdétachée.—Maisnon.Jen’arriveplusàmeconcentrersurlespectacle,c’esttout.Jefixesonépaule,sondos,lemouvementrapidedesarespiration.—Etpuis, pourune foisque tume sorsunvrai compliment, pas trop lourd,
lâche-t-elleavecunrirebizarre.Jenepeuxpast’engueuler!C’est plus fort que moi, je m’avance. J’ai besoin de voir son visage, de
comprendrecequi sepasse.Quelquechosem’échappe…Elle soupireetprendquelques secondes avant de tourner les yeux versmoi. Ils sont foncés, presquenoirs,etelleselècheleslèvres.Jefixecemouvementdiscretavecattention.J’ail’impressionquelatensiongrimpedanslapièce.JerêveouAmyestanxieuse?Ilmesemblequeceregardmeditquelquechose…—Je…jevaistravailler,bredouille-t-elleenselevant.Je l’observependant qu’elle s’éloigne. Il fait frais, soudain,mais je nepeux
pasdéviermonattentiond’elle.Est-ceque j’aieuunehallucination?Amym’abien regardé d’une façon bizarre, non ?Est-ce qu’elle attendait que je fasse lepremierpas?Non!Maparole,jedélire!Inspirantlonguement, jem’avachisdenouveaudanslecanapéetfaisminede
meconcentrer,maisenréalité,jenepensequ’audoutequim’anime.Est-cequejeviensderatermachance?Est-cequej’auraisdûluisauterdessus?Ehmerde!
Chapitre40
Jedétestel’étatdanslequeljesuis.Oliviermetrouble.C’estridicule!Toutçaparcequ’ilm’aditquej’étaisbelle?Jenesaispas.Ondiraitqu’ilafaituneffortpourêtregentil.Pourquoiçam’étonneautant?Jeretapemesnotesenoubliantpeuàpeusaprésencesurlecanapé.L’avantage
du DVD, c’est qu’il dure suffisamment longtemps pour que je refasse mesdéfenses.J’envoie ledocumentàOli,cequi faitvibrerson téléphone. Ilmet lavidéosurpauseettournelesyeuxversmoi.—Çayest?medemande-t-il.Tuasfinideretranscriretesnotes?—Oui.Iltapotelecanapé.—Tuveuxregarderlafinavecmoi?Monventreseserreetjesecouelatêteavantdeluirépondre:—Non,je…çava.Parcequejeviensdebafouiller,jemereprendsetj’ajoute:— Oh, mais ne t’inquiète pas pour moi. Tu peux terminer. Je ne suis pas
pressée.Jeteraccompagneraiplustard.—Maissi tu leregardaisavecmoi, tupourraismedirecequetuenpenses,
insiste-t-il encore. On pourrait en discuter, histoire de voir si mes idées setiennent…Çaaussi,çametrouble.Àcroirequemesidéesluiplaisentvraiment!Pourtant,
jen’avaisjamaisfaitçaavant!—Oli!Cen’estpasmondomained’expertise!dis-jedansunrirenerveux.— Arrête, tu as de bonnes idées ! Et parfois, rien que d’en parler, ça me
stimule!Jedétestequandilmesupplieainsi,etdavantageencorelefaitquej’aienvie
de luicéder.Maisqu’est-ceque j’ai, aujourd’hui?C’estparceque jen’aipasassezdormi?Dansun soupir exagéré, jeme lèveetviens reprendremaplace,cellequiestloind’Olivier.IlmejetteundrôlederegardetrelanceleDVD.Je
reste là, les yeux rivés sur l’écran, à ne rien voir de ce qui s’y passe. J’ai lasensationque tout ce quemon cerveau est capable d’analyser, c’est la distanced’Olivier, la façondont ilbougesur lecanapé, lemouvementdesesdoigtsquipianotentsursescuisses.Quand il se remetàdessiner, je jettedescoupsd’œildiscrets,mais jenevoisrien.Jesuis troploinet il tientsoncarnet troppenchépour que je puisse percevoir quoi que ce soit. Au bout d’une quinzaine deminutes,ilarrêtetout.—Çanesertàrien.Jenesuisplusd’humeur,marmonne-t-il.Autantrentrer.Je suis soulagée de le voir se lever pour aller rallumer la lumière. Cette
pénombresefaisaitlourde.Oualorsc’étaitcetteproximité,jenesaisplus.Jemeredresseàmontouretjevaisrécupérermonsac.Olirestesilencieux,mêmes’ilgardelesyeuxbraquéssurmoi,depuisleseuildelaporte.Jesorsetfaisminedenepas leregarder. Ilmesuitensilence,s’engouffredans l’ascenseuravecmoi.Unautremalaises’installeetjefaisminedenepasleressentir.Pourtant,çamefait se hérisser tous les poils des bras.Qu’est-ce qu’il se passe ? Je délire ouquoi?LetrajetestsilencieuxetmêmesiOlin’habitepastrès loin, j’ai lasensation
que larouteest interminable.Jeretiensunsoupirdesoulagement lorsque jemegaredevantchezlui.J’aicruqu’onn’yarriveraitjamais!—Tumontes?demande-t-ilsimplement.Sa question fait grimper la tension qui m’anime. Peut-être que je préfère la
méthodedirecte,toutcomptefait.Quandilmebalanceuneblaguelourdeàlatête,çamedonneenviederépliquerunevacherieenretour.Là,jepeineàsecouerlatête.— Putain, Amy, je ne suis pas fou : il y a encore cette fichue tension entre
nous!Jepensaisavoirrêvé,mais…non!Jelasens!Je pince les lèvres et garde les yeux rivés quelque part sur le capot dema
voiture.—Oli,va-t’en,jesouffle.Ilsepencheversmoiet jemecrispe,parcraintequ’ilnemetouche.Àdeux
doigtsdeposerunemainsurmacuisse,ilsefige,surprisparmongestederecul.—Nefaispasça,lepréviens-je.—Quandj’étaisdirect,leschosesétaientbienplussimplesentrenous.Jedésignelaportièrederrièreluietj’ordonne,suruntontremblant:—Dehors.Ilgrogneetmejetteunregardaffreusementsombreavantdefoutrelecampde
mavoiture.J’expireavecbruit,soulagéelorsqu’ilrefermelaportièrederrièrelui
etque jeme retrouveseule.Etpourtant, je sais trèsexactementcequimeplaîtchezOlivier : soussonregard, j’aiparfois lasensationd’être la femme laplusdésirablequiexistesurcetteTerre.Et pourtant, tout ça n’est qu’un leurre, je suis bien placée pour le savoir.
Demain,dansunesemaineoudansquinze jours,ce regard,c’estpouruneautrequ’Olivierl’aura.J’inspirelonguementpourreprendremoncalmeetjereparsendirectiondechezmoiavantdechuchoter:—Jesuisjustefatiguée.Demain,çairamieux.
Chapitre41
Je tourne en ronddansmon appartement. J’ai envie de sortir, de trouver unefille,del’entraînerdansunhôteldemerdeetdelabaiserjusqu’àcequ’Amymesortedelatête.Pourquoijenelefaispas?Parcequejesensqu’ilyaencoredel’espoir.Etparcequejen’aipas legoûtdebaiseruneidioteensongeantàuneautrefille.Jeveuxcelle-là,bordel!Dire qu’elle était à ça de me céder, aujourd’hui, et que j’ai laissé filer ma
chance!Unechoseestsûre:jenereferaiplusjamaislamêmeerreur!Lesyeuxnoirs,c’estsignequ’elleaenviedemoi.C’esttoutcedontjemerappelle.Jamaisjen’aicruquelesyeuxétaientréellementlemiroirdel’âme,maisavecAmy,sesyeuxendisentassezpourquejeparvienneàlaramenerdansmonlit.Etc’esttoutcequim’intéresse.Demain, jevais luisortir legrand jeu.Le jour, jeseraidétaché,poli, toutce
qu’elleneconnaîtpasdemoi.Maislesoir…,jevaismepointerauKeospourluifairemonpetitnumérodecharme.Aprèstout,sacopinem’abieninvitéaumatch,non?Etaubillard,jesuisplutôtdoué.Celasuffira-t-ilseulementàimpressionnerAmy?Jecuisineet jepasse lasoiréeà regarderunfilmsansyaccorder réellement
mon attention. Je réfléchis à ma tactique de séduction. Quand mon téléphonesonne, j’espère que c’estAmyqui craque,mais le nomdeCécilia apparaît surmonappareil.—Salut,Cél,jerépondsenessayantdeparaîtrejovial.—Saluttoi,commentçava?—Çava,dis-jesimplement.Ettoi?—J’attendsladélivrance,rigole-t-elle.Etjet’avouequejem’ennuieunpeu.
Alors,dis-moi:commentçarouleaubureau?Jen’aipasreçud’appeld’Amyquimesuppliedevenirlasauverdetonsalecaractère,çachange!Commed’habitude,sonriremecalme.—Ilfautcroirequ’ellesurvit,dis-jesimplement.
—Elle doit être plutôt douée, parce qu’elle ne m’a pas téléphoné une foisdepuisqu’elleestenposte.TutesouviensdeSolange?Ellepassaitsontempsàm’appelerpourvérifierchaquedétailidiot.Pendantquema sœur rit encore, jegrimaceenme remémorantmonancienne
assistante.C’estvraiqu’Amyassure.Elleestprofessionnelle,débrouillarde…etaquasimentaussimauvaiscaractèrequemoi.—Ellen’estpasmal,jelâche.—Attention,Oli!N’oubliepasquejeteconnais!Évitedelamettredanston
lit,celle-là.Uneassistantedouée,çanesetrouvepassifacilement.Jegrimaceetjeravalelesparolesquimebrûlentleslèvres.Autantéviterde
dire àma sœur que j’ai déjà baiséAmy et que j’ai bien envie de remettre ça.Aveclagrossesse,jeneveuxpasqu’elles’inquiète.Ellevas’imaginerquetoutpartiraenvrilledanslesprochainsjours,puiselleiraenparleravecAmypourlamettreengardeet jevaismeretrouver,commeuncon,àmefairegiflerdemainsoir, alorsque j’aibiend’autreschosesen tête.De toute façon, c’est ridicule :Amy etmoi, on a déjà baisé, et nous n’en restons pasmoins professionnels autravail.Enfin…laplupartdutemps.Unefoisquejel’auraieueencoreunefois,leschosesserontbienplusfaciles.—Oli,nefaispaslecon,tuveux?—Mais non, je mens pour essayer de la rassurer. De toute façon, elle me
repoussedèsquejetenteuneapproche.— Enfin une fille sensée ! Je commençais à croire que ça n’existait plus !
rigole-t-elle.Jesoupirebruyamment.—Ouais,ouais.Sic’est toutcequet’asàmedire,arrête toutdesuite.Moi,
j’aidescroquisàterminerpourVegas.—Ahoui!Merde.Çamemanque,Vegas,tiens.Prometsquetuirasmangerune
gelatopourmoi.Jesouriscommeunidiot.Masœuradorelesglacesetellesefaisaitunplaisir
d’aller en prendre une auCaféGelato.Voilà qui pourrait plaire àAmy.Est-cequ’ellealadentsucrée?—Promis,dis-je.— Super ! Et profite donc du voyage, un peu. Arrête de te sentir coupable
chaquefoisquetut’amuses.Jemerembrunis.—Neboispastrop,ajoute-t-elleencore.Tubaisesn’importequoiquandtues
saoul.Etn’essaiepasdetripoterAmy.
—Tuasfini,oui?jem’énerve.—Hé ! Je fais çapour toi !Parceque jene serai làpour ramasser lespots
cassés,cettefois!Alorsusedetatête!Jegrogneenguisede réponseet je luipromets tout cequ’elleveut avantde
raccrocher.Leplusdésagréable,avecCél,c’estqu’ellemeconnaîttropbien.Passeulement pour la culpabilité,mais parce qu’elle a deviné qu’Amyme plaisaitbien.Etquej’avaisl’intentiondelatraînerdansmonlit.Etpasplustardquedemainsoir.
Chapitre42
J’arrive chez Oli juste après le déjeuner, parce qu’il a un rendez-vous à14heures.J’aiprofitédemamatinéepourallerfairedushopping.Commejen’aipas eu à payerma robe pourVegas, j’ai pum’achetermes nouveaux tailleurs.Certainssontgris,maisd’autressontpluscolorés.Vêtuedansdesfringuesquimevont, j’entre sanssonneret jemontedirectement.Olidortencore. Jedéballe lepaquetque j’ai apporté et je l’installe sur soncomptoirde cuisine.Àcausedubruit,ilseredresseengrognant,torsenuetlescheveuxenpagaille.J’essaiedenepasregarderdesoncôté,maiscen’estpasfacile.—Amy?demande-t-il,encoreendormi.—Tupeuxrestercouchéencorecinqminutes.Jetermineuntruc.Soncorpsretombesurlematelasetilprendunebonneminuteavantdejeter:—Tuviensmerejoindre?J’aiunejolieérection,lematin…Jeretiensunrire,maisjeréponds,faussementénervée:— Il est 13h15,Oli.On a rendez-vousdansquarante-cinqminutes.Allez !
Dépêche-toi!J’entreprendsdenettoyerlamachineàcaféquejeviensdeluiacheterquandil
seredressedenouveau,pluséveillé,cettefois.—Qu’est-cequetufais?Mavaisselle?—Jet’installeunemachineàcafé,jeluiannoncefièrement.Jepivoteversluietluimontreunepetitecapsulequej’insèredanslamachine.
J’installeunetasseetappuiesurlebouton.—Tuasvu?Endeuxminutes,toncaféestprêt.Ilselève,vêtudesonsimpleboxerdéforméparsonérection.Jedétourneles
yeux,maiscen’estpasévident,carilvientseplanterdevantmoietpeste:—Quiaditquejevoulaisunemachineàcafé?—Moi,dis-je.Tuespeut-êtreidiot,maistuescertainementcapabled’appuyer
surunbouton.Jeluimontrelaboîtecontenantunevingtainedecapsules.
—Tuplacescetruciciettuappuieslà.Pourunmeilleurcafé,tumetsdel’eaufraîchedanslerécipient.Tuvois?Mêmetoitupeuxlefaire.Jerécupèrelecaféquivientd’êtrecouléetjeleluitends.—Etvoilà.Toutfraisetbienchaud.Ilmefoudroieduregardetrécupèrelatasseengrognant.—Jedétestequandonchangemaroutine.—Oh,maiscesseunpeuderâler:c’estpourlemieux!Ilserisqueàprendreunepetitegorgéeetgrimace,maisfinitparlâcher:—Cen’estpasmauvais.— Tu vois ? Je t’en ai apporté un tas de sortes. Tu pourras mêmeme dire
lequeltupréfères.Etjecroisbienquejevaism’enfaireunpendantquetuirasprendretadouche.Unéclairdemalicepassesursonvisage.—Situvenaismefrotterledos,jesuissûrquececaféseraitbienmeilleur.Jeretiensunautrerireetsecouelatêteenrevenantaccordertoutemonattention
àlamachineàcafé,maisjesenssonregardpesersurmoi.—C’estnouveau,cetensemble?mequestionne-t-il.—Oui.Jesuisalléefairelesboutiques,cematin.J’enavaisassezdestailleurs
tropgrands.Pendantquemoncafécoule,jemerisqueàluirefaireface.Lafaçonqu’ilade
medévorerdesyeuxn’estpassanscharmeet je sais,bienavantqu’ilouvre labouche,quematenueluiplaît.—Çatevabien.C’estbeaucoupmieuxquetouscestrucsgris.—Merci,patron,dis-jed’unevoixjoyeuse.Allez,fileàladouchemaintenant,
sinononseraenretard.Ildéposesatassesuruncoinducomptoiretmelanceunsourirecharmeur.—Situchangesd’avis,tusaisoùmetrouver.Jeluifaissignedesedépêcher,maisjenerésistepasàl’enviedelereluquer
pendant qu’ilmarche en direction de la salle de bains.Et lui, il n’hésite pas àretirersonboxeravantd’êtrecomplètementmasquéàmavue.Quelcul!Pourquoilessalaudsdoivent-ilsavoirautantdesex-appeal?Lavieestvraimentinjuste!
Chapitre43
Je suis drôlement calme aujourd’hui, probablement parce que je sens que cesoir, c’est le grand soir. Toute la journée, j’ai été gentil avec Amy. Aucuneréplique déplacée, aucune dispute, quelques compliments subtils, sortis au bonmoment.Detouteévidence, jen’aipasperdulamaincôtécharme,carAmymesouritsouventetjeparviensàluisoutirerquelquesrougeursetquelquesriresquifontdubienàentendre.Sur le trajetdu retour, jemefaisviolencepournepas l’inviteràentrerchez
moi. Il faut qu’elle me trouve différent de d’habitude. Tout vient à point, ilparaît…etAmyestpresqueàpoint.Cen’estsurtoutpaslemomentdefairefoirerl’opération!Ilfautqu’ellem’inviteaumatchdecesoir…—Alors?lâche-t-elleensegarantdevantchezmoi.Je ladévisage.Espère-t-elleque je l’inviteàmonter?Va-t-elleme rappeler
notresortiedecesoir?—Demain,jeteprendsàquelleheurepourl’aéroport?mequestionne-t-elle
soudain.Putain!Dansmonobsessionpourlasoiréeàvenir,j’aicomplètementoubliéle
voyageàVegas!Unpeuvite,jedis:—Euh…tuproposesquoi?—Bah…9heures?Letempsquetutedouchesettoutlereste.Maisilfaudra
quetupréparestonbagagecesoir,parcequ’ondoitarriverunpeuenavance.Jeretiensmamoueboudeuseethochelatête.—OK.—Super,alors…àdemain.C’estplusfortquemoi,jerestelà,sursonsiègepassager,àattendre.Sacopine
m’abieninvité,non?Enfin…pasdirectement,mais…—Ilyaunproblème,Oli?—Etcesoir?Elleafficheunairconfus.
—Quoi,cesoir?—Bah…lematch!Tusais,tacopine,lebar,lebillard…,jeluirappelleen
agitantlesmains.—Euh…ouais,etalors?—Onnedevaitpasyallerensemble?Elleécarquillelesyeux.—Pardon?Euh…Oli,danstonénumération,tuasoubliéquelquechose,ilme
semble:jevaisaumatchpourrencontrerWill.Tusais,leprincecharmant?Comment j’aipuoublierça?Dépité, je répondscommesiçan’avaitaucune
importance.—Bah…sitacopineestmignonne,jem’encontenterai.Ellelèvelesyeuxaucieletsemetàrire.—Bon,c’étaittrèsdrôle,maislà,ilfautquej’yaille.Jepasseraiteprendreà
9heuresprécises,demainmatin.N’oubliepasquetuasunenouvellemachineàcafé.Apprendsdoncàt’enservir…Parcraintedem’emporter, jeravalelesmotsquimeurentd’enviedefranchir
meslèvresetjesorsdesonvéhiculeavantdetoutfairecapoter.Commentpeut-elle avoir le culot deme parler de cette foutuemachine à café alors quemesprojetssesituentàuntoutautreniveau?Avecunpeudechance,c’estellequimeferamoncafé,demainmatin.Etcomplètementnue!
Chapitre44
Jen’aipaslamoindreenviedemerendredanscebar,cesoir.EncoremoinspouryrencontrercefameuxWill.Leproblème,c’estquejeconnaisbienJuliette:si je ne me pointe pas au Keos, elle va me faire la gueule pour les troisprochainessemaines,etcommec’estmacopinedebar…JebouclemonpetitbagagepourmonvoyageéclairàLasVegas.Àcontrecœur,
j’enfileunjeanetunt-shirtmoulant,jemetsdurougesurmeslèvresetj’attachemescheveux.Dèsquemonrefletmeplaît, jefile.Plusvitej’yserai,plustôtjepourrairentrer.Àcausedumatch, ilya fouleauKeos,mais Juliettegueuleà la secondeoù
j’entreenme faisantdegrandssignesavec lesbras.Àsa table, ilyapleindegens.LequelestWill?Lebrunauxcheveuxlongsetàlajoliecarrure?Tiens…voilàquinemedéplairaitpas.Jemeplanteenbout-de-tableetjesaluetoutlemonde.JereconnaisGab,une
copinedeJuliettequiadorelesport:tennis,jogging,escalade…ellefaitdetout!Lesnomsdéfilent,maisjesourislorsquelebrunquej’avaisrepéréserévèleêtrelefameuxWilliam.Unprincecharmantauxcheveuxlongs?Intéressant.Julietteselèveetmecèdelaplace,justeàcôtédelui.Avecungestedeconnivence,jelaremercieetjem’installe.Aveclebruitquirègne,ilestforcédeparlerfort:—Alorsc’esttoi,Amy?—Ondirait.—Moic’estWill.Ilmetendunemainpoliequejerécupère,puismedemandecequej’aienvie
de boire. Il fait signe à la serveuse de venir prendre ma commande. Galant,tiens…demieuxenmieux.Sonsourireestcharmant.Doux.Rienàvoiravecleregardperversd’Oli.Merde!Pourquoiest-cequeje lescompare?Jeforceunsouriresurmeslèvres,répondsàsesquestions:j’aiétésecrétairejuridiqueetjebossedansuneboîtedeproduction,jeparspourVegasdemainmatin.Jemesensfébrileenyrepensant.Unvoyagepayéparleboulot.Etunerobe!Ceweek-end,
jevaisjouerauxprincesses!—Jesuisprofd’éducationphysique,medit-il.J’adorelesport,tut’endoutes.
J’aid’ailleursfaitbeaucoupdefoot,dubaseball,duplongeon…L’été,jefaisdutrekkingetdel’escalade.Tout ça ? Je le scrute avec unœil neuf, soudain. Voilà qui explique le côté
baraquédecegarçon.—Ettoi?medemande-t-il.—Euh…moi,bien…jenesuispastropsport.Pourquoiçamegênedeleluidire?Cen’estpasuncrimedenepasaimerle
jogging,àcequejesache!Nullementcontrarié,ilsemetàrireetsecouelatête.—Cen’estpasgrave.C’estjustequelescopinesdeGab,généralement…— Ah ! Oui, c’est logique, je confirme, mais Gab est surtout une amie de
Juliette,alors…—Oh,maisçanemegênepas!s’empresse-t-ildedire.Aucontraire!J’avais
justementenviedesortirdemesréseauxhabituels.Faireautrechosequedusport,aussi.Il paraît intimidé. Jenevoispaspourquoi.Moi, j’ai enviede sortir avecun
typebien,pourunefois.Onatousnospetiteslubies,non?—Ettufaisquoidetontempslibre?mequestionne-t-il.—Bah…cestemps-ci,pasgrand-chose,maisj’aimebiensortir:resto,ciné,
théâtre…Sonexpressions’adoucitetilhochelatête.—Leciné,j’aimebien.Ma bière apparaît et la serveuse me demande si je compte manger quelque
chose.Jesuisaffaméealorsjem’enquiers:—Votrespécialité,c’estquoi?—LeburgerexpressoulesBBQribs.—Ellevaprendreleburgeravecdubacon,entends-je.Jesursaute.OlivierestentraindesefaufilerentreJulietteetmoi,traînantune
chaisequ’ilarécupéréeje-ne-sais-où.Laserveusemequestionneduregardetjehochesimplementlatête.Prenantplacedanscetespacerestreint,Oliajoute:—Jevaisprendrelamêmechose.Avecunebière.Dèsque la serveuse s’éloigne, je pivotepour faire face àOlivier.La colère
m’étrangle.—Qu’est-cequetufichesici?—Jeviensvoirlematch,lâche-t-ilsimplement.Il se penche vers la table et récupère une poignée de nachos qui traînent au
centre, porte le tout à ses lèvres. Je le scrute, ne comprenant absolument paspourquoiilmejouecepetitnuméro,nicequ’ilfaitlà.—Saluttoi,intervientJuliette.Tuesqui?Ilmepointedumenton.—Sonpatron.Lesyeuxdemacopines’illuminentetseposentsurmoi.—Ah!Maisdisdonc,onseconnaît?Voilàexactementcequejecraignais.Juliettealamémoiredesvisages.Jene
luiaipasditque l’imbécilede l’autre soiravait eu le tempsdeme faire jouir,maisj’auraispréféréquemonpatronluisoitinconnu.Quelqu’undontelleignorequ’ilm’adéjàfaitunepropositionindécente,quoi.—Ah…oui.TuétaisavecAmylesoiroùjel’airencontrée,expliqueOli.Je le fusilleduregard. Ilnepeutpasse taire,parfois?Quand je réaliseque
Will me dévisage avec incompréhension, je soupire et fais rapidement lesprésentations:—OlivierGarrett,JulietteBérard.Voilà.Vouspouvezfaireconnaissance.Sansattendre,jeleurtourneledosetmeplantefaceàWilliamquiaunsourire
figé.Pourunefoisquej’aiunrendez-vousavecuntypenormal,pourquoifaut-ilqu’Olivier vienne s’ypointer ?Avecunpeude chance, Juliette va comprendrequ’elledoitm’endébarrasserpouruneheureoudeux…Etmoi, il fautque j’oubliequ’ilest làetque j’accorde toutemonattentionà
Will.
Chapitre45
Direque jepensaisqu’Amyoublieraitsonprincecharmantà lanoixdèsquej’apparaîtraisdevantelle.Maisnon.Depuisque jesuis là,ellediscuteaveccetype aux cheveux longs et au torseunpeu tropmusclé àmongoût.Ellenem’amême pas accordé deux minutes ! D’accord, peut-être que j’aurais dû insisterpourqu’ellem’inviteaulieudemepointersansprévenir,maissarencontreaveccetype,cen’estpasvraimentunrendez-vousgalant,si?—Alors,c’esttoiquiladraguais,l’autresoir?mequestionneJuliette.Jereportemonattentionsursacopine,mignonne,rousse,maispasdutoutcelle
quejevenaisrécupérercesoir.—Onpeutdireça,jerépondssimplement.Ellerigoleetmejaugeduregard.—Tuesmignon.Legenrebiensalaud,jeprésume…Heureuxdevoirmabièreapparaître,jelaporteàmeslèvresavantdehocher
latête.—C’estmondeuxièmeprénom.Olivier–leSalaud–Garrett.Jedétachebienmesmots, justepour luimontrerque jen’en éprouveaucune
honteouculpabilité.Poursapart,ellesemetàrirebruyamment.—Hébien…onpeutdireque tu lesattires !gueule-t-elleensepenchanten
directiond’Amy.Enguise de réponse, l’intéressée grimace et retourne à sa conversation avec
monsieurMuscles.—Alorsquoi?Tul’asembauchéepouressayerdetelafaire?medemandela
rouquine.Envoilàuneidéebizarre!J’ai envie de lui dire que je me la suis déjà faite, mais je doute qu’Amy
appréciequejemettesonamiedanslaconfidence.Enmêmetemps,sijelafousdansunecolèrenoire,cetypevapeut-êtredégager?—Ceseraitvraimentvachede tapart,poursuit-elle,parcequ’elleenadéjà
bienbavéavecledernier.
Lesyeuxrivéssurmabière,jelâche:—Ah.Oui.LefameuxBen.—Ellet’enaparlé?Leregardsurprisqu’ellemejettemeplaît,mais jen’aipas l’intentiondelui
racontercommentAmyagueulé lenomdeBenpendantque je labaisais. Ilesthorsdequestionquejenuiseàmapropreréputation.—Unpeu,dis-jevaguement.Ellesemetàpianotersursonverredebièrependantqu’elleréfléchit.—«Unpeu»…?OK,peuimporte.Évitedeluibriserlecœur.—Ellesaittrèsexactementàquois’enteniravecmoi,jelâche.Sur la chaise voisine, j’entends le rire d’Amy, et je pince les lèvres, énervé
qu’elles’amuseaveccetypealorsquejesuisjustementvenupourêtreavecelle.Quandnosburgersarrivent,elleestcontraintedecesserdemetournerledosetellemejetteunpetitregarddebiais.—Bonappétit,dis-je.Elle croque la première dans son burger en fermant les yeux et semble se
détendreunpeu.Pour leprincipe, je l’imite.C’estvraiqu’ilestbon.Pasaussibonqu’aurestooùjel’aiemmenée,maisj’avouequejem’attendaisàpire.Lorsqu’elleavalesapremièrebouchée,ellerigole:—Deuxburgersenunesemaine!Jefaisfort!Jeris.Moi-même,çam’arriverarementdeboufferdelanourritureaussiriche.
Àsagauche,lebaraquéafficheunairestomaqué.—Deuxburgers?Maisest-cequetusaiscombienilyadecaloriesdansce
truc?Amya lamêmeréactionquemoi :ellecessedemangerpour lui jeterunair
surpris.Putain!Ilestvraimententraindeluiparlercaloriespendantqu’ellesetapeunburger?—Jen’enaiaucuneidée,avoue-t-elle,etjem’enfousroyalement.Jerisdenouveau.Ça,c’est laAmyquejeconnais.LaAmyquej’aimebien,
aussi.Honnête,directe,unpeurustredanssespropos.Commemoi,quoi.—Oh,mais je ne disais pas ça pour toi, se reprend-il très vite, c’est juste
que…j’étaisavecunefillequicalculaitsescalories,avant,alors…c’estcommeunautomatisme.— Il vaut mieux éviter ça avec Amy, dis-je en m’interposant dans leur
conversation.Ellebouffecommedeuxetelleestunpoilsusceptible.—Hé!—Quoi?Rienquecettesemaine,jet’aivut’enfilerdelapizzaetdeuxburgers
avecbacon…—J’aidupoidsàreprendre,sejustifie-t-elle.—Oh,maisjenedispasçapourt’énerver.Enfait,tueslaseulefillequeje
connaissequinebouffepasdelasaladedefaçonmaladive.Jeprofitedufaitquesesyeuxsoientrivésauxmienspourajouter,enluiservant
monsourirelepluscharmeur:—Etçameplaîtbeaucoup.Ellesefige,incertaine.Évidemment,monsieurMusclesenprofitepouressayer
deregagnersonattention.—C’estimpressionnant.Moi,jem’entraînecommeunfoupourgarderlaligne.—Onnepeutpastousêtreparfaits,jeraille.MonsieurMusclesémetunpetitrireetquestionneAmyduregard.—Quic’est,cerigolo?—Monpatron.C’estcommeungamin : ila toujoursbesoind’attention.Fais
commes’iln’étaitpaslà.Ellepivotepourpoursuivresadiscussionaveccetype.Maisqu’est-cequeje
ficheici?Àmadroite,Juliettesepencheversmoi.—TueslàpourlematchoupourAmy?Jenerépondspas.Jemecontentedem’empiffrerdefrites.Danslesdeuxcas,
jemesensridicule.D’abordparcequ’Amyn’avisiblementpaslamoindreenviedes’occuperdemoi,maissurtoutparceque jesuis là, toutseul,àbouffermonplat aumilieu d’un groupe d’étrangers. J’aurais dû emmener Drew. Aumoins,j’auraispujoueraubillard…Quand une idée pas très netteme traverse l’esprit, jeme tourne franchement
versJuliette:—Dis,poupée,tujouesaubillard?
Chapitre46
Olivier s’éloigne. Si j’ai, pendant dix secondes, l’espoir qu’il fiche le campd’ici, je reste estomaquée lorsque je l’aperçoisqui sedirigevers les tablesdebillard. Ce qui m’étonne le plus, c’est de le voir en compagnie de Juliette.D’accord, j’ai sous-entenduqu’ellepouvaitm’endébarrasser,mais ellenem’apasvraimentprise aumot, hein ?On s’est pourtantpromisqu’onne coucheraitjamaisaveclemêmetype,mêmesi,danslesfaits,elleignorequej’aibaiséavecOli. Je baisse la tête en direction demon burger pourme donner le temps deréfléchir. Bordel ! Mais qu’est-ce qui me prend ? Oli n’est pas mon type !Incapabledemeretenir,jejetteunautreregardendirectiondestablesdebillardetj’essaied’analyserlesouriredeJuliette.Est-cequ’elleletrouvedesongoût?Possible…aprèstout,ilestcraquant,danssongenre…—Tuveuxqu’onaillefaireunepartie?mequestionneWilliam.—Hein?Euh…J’hésite.Sij’yvais,Olivas’imaginerquejeviensl’espionner.Qu’est-ceque
jesuiscenséefaire?S’ilveut jouer lesbourreauxdescœurs, jenepeuxquandmêmepasl’enempêcher!N’est-cepascequejevoulaisqu’ilfasse,aprèstout?S’ilenbaiseuneautre,peut-êtrequ’ilvameficherlapaix,maisfaut-ilvraimentqu’illefasseavecJuliette?—D’accord,jelâche.Willselèveetjelesuisendirectiondestables.Olimetdubleusursaqueue
debillardetsouritlorsqu’ilm’aperçoit.Jedétestecesourire,àlafoissûrdeluietcharmeur.Peut-êtreparcequ’ilmeplaîtunpeutrop.—Vousvoulezjoueravecnous?suggèreJuliette.Willaccepteetjemeretrouveenéquipeavecmonnouveaucavalier.C’estbien
maveine.Macopineestdouéeaubillardetvulesourired’Oli,jeprésumequ’ilse débrouille plutôt bien, lui aussi. En plus, ça fait unmoment que je n’ai pasjoué…Comble du malheur, le match débute pendant que Juliette casse le jeu. Ça
s’agite dans le bar et, déjà, je sens que l’attention deWill diminue. Ses yeuxlouchent vers l’écran géant. Il me propose d’y aller la première, alors je mepencheau-dessusdelatableetj’envoietroisbillesautrou.Ah!Jen’aipastropperdulamain.Oliestlesuivantetmefélicited’unsimpleregardcharmeur.Lui,ilempoche deux billes et Juliette lui fait un « high-five » ravi. Devant mon airsombre,ilmejette,unpeutaquin:—Serais-tucompétitive,Amy?—Pasdutout,jemens.— Tu parles ! Elle me faisait tourner en bourrique quand on était à
l’université!rigoleJuliette.Quandc’estautourdeWill,ilretrouvesaconcentrationetseplacedevantmoi
pourviserunebillerouge.Jereluquesonculavecunpetitsourireencoin,surtoutparcequ’Olim’observe.Moiaussi,jepeuxjoueràcejeu-là,tiens.Enplus,ilestdrôlementbienfoutu,Will.Malheureusement,iln’estpasterribleaubillard.Unebille empochée et c’est déjà au tour de Juliette. Je ravale un grognement.À cerythme,onvaperdreenmoinsdedixminutes!Julietteratesoncoup.Jemeretiensd’émettreunsoupirdesoulagement.C’est
mon tour,et si jeveuxgagner, jen’aipasdroità l’erreur. Jem’installe,unpeugênée de sentirOlivier derrièremoi. Je suis sûre qu’il regardemes fesses, cepetitsalaud!Çadevraitmefaireplaisir,maisjesensquelanervositémonte.Jeprendspresquedixsecondesavantde joueret j’aiunpetitcride joiequand jeparviensàempocherlabille.—Jolicoup,mecomplimenteOli.—Merci.Je tourneautourde la table,cherchant l’angleexactpourréussirundeuxième
coup.Olivierseposteàmescôtésetpointeunebilleorange.—Celle-là,danslecoindroit,çapeutlefaire.Il a raison, mais j’aurais préféré que ce soit Will qui me conseille.
Malheureusement,toutesonattentionestdirigéeverslematch.—Çaaussi,c’estfaisable,dis-jeenmontrantunautrecoup.—Oui,maisplusrisqué.Situréussislaorange,tuvasdégagerlableue.Çate
feraitunebellesérie.—Hé!Tuesdansmonéquipe,seplaintJuliette.Oliritetmedégoteunautreregardcharmeur.—Ellearaison.Démerde-toi.Sonpetitclind’œilcomplicemeravit.Ilvoulaitpeut-êtrejoueravecJuliette,
maisilyatoujourscepetitquelquechoseentreluietmoi.Sansattendre,jetente
lecouppourlabilleorange.Quandjel’empoche,jefaisunedansedelajoie.—Bravo!meféliciteWill.—Heureusementqu’undevousdeuxsaitjouer!lenarguemacopine.—Unefillequijoueaubillard,çaaussic’estrare,dit-ilsimplement.Moiqui
pensaisquej’étaispasmal.Denouveauprèsdemoi,Olimarmonne,suffisammentbaspourquemoiseule
puissel’entendre:—Rare,oui,maissurtouttrèssexy.Jegloussecommeuneidioteetjemepenchesansaucunegênedevantluipour
tenterlecoupdelabillebleue.Lesouvenirdesamainentremescuissessurmatabledecuisinemereviententête.Merde!Ilfautquejemeconcentre,mais jepeineàréfléchir.Mêmesi jeprendsuntempsaffreusement longpour trouver lebonangle, jeratemoncoupet jerâle.Bordel!Enplus,c’étaituncoupfacile!Sansréfléchir,jelanceunregardnoirendirectiond’Oli.—Qu’est-cequit’arrive,poupée?melance-t-ilavecsonpetitaircanaille.Je ne réponds pas. Je boude en essayant de ne pas trop lemontrer.Willme
donneunepetitetapesurl’épauleenguisedegestederéconfort,maisOlimetdubleusursaqueuedebillardavantderevenirprèsdemoi.—Tuasunsacrécul,mecomplimente-t-ilàvoixbasse.Jeserrelesdentsetjefroncelessourcilspendantqu’ils’installepourjouer.Il
ne semblemêmepashésiter. Ilviseet empocheunebille. Iln’en restepresqueplus. Et avecWill comme coéquipier, je doute de pouvoir gagner cette partie.Déjàqu’ilpasse son tempsà fixer l’écrangéantau lieude seconcentrer sur lejeu!QuandOliserelèveetsemetàréfléchiràsonprochaincoup,jemeposteàsa
droiteetjefaisensortequemahanchelefrôledefaçondiscrète.—Tum’asdéconcentrée,jel’accusetoutbas.Intrigué,iltournelatêteversmoietsedéfendaussitôt.—Jenet’aimêmepasparlé!— La table, ma position…, et toi derrière… ça m’a rappelé un drôle de
souvenir.Je fixe son expression, le temps que lui reviennent les mêmes images, et il
déglutitavantdereportersonattentionsurmoi.—Oh…Devantsontroublejesouris,satisfaite.—Maintenant,c’estplusjuste,jetrouve.Jereculeafindemeposterderrièreluietilpivotepourmesuivreduregard,
uneexpressionconfusesurlevisage.Pourmapart,jenemegênepas:jereluquesonculet je le faisde façonouverte.De toute façon,Will s’en ficheet Juliettesemble trouverma façon de faire assez amusante. L’avantage, avec une copinecomme elle, c’est qu’on n’a pas besoin de lui expliquer les choses bienlongtemps.Elleacomprisquejem’amuseauxdépensd’Oliet,cettefois-ci,ellenetentemêmepasd’intervenir.Lorsqu’Oli se penche pour tenter un coup, il rate et je pince les lèvres pour
éviterdememoquer.L’airsombre,ilvientseposerdevantmoi:—Satisfaite?—Plutôt,oui,admets-je.JuliettesortWilldesa torpeurpourqu’il joueson tour.Merde !Siçane lui
disaitpasdejouer,ilnefallaitpasmeproposerlapartie!Jepesteintérieurementpendantqu’ilfaitletourdelatableetchercheunebouleàempocher.—Laverte!luidis-jesuruntonunpeuénervé.Olisepencheversmoi.—Toietmoi,surcettetable…onenferaitdesétincelles,hein?Jedétestelapetitetornadequ’ilprovoquedansmonventreetjeluidécocheun
regardnoir.—Arrêteça.—Maisc’esttoiquiasdéclenchéleshostilités,poupée,merappelle-t-il.Sans répondre, je change de place juste pour m’éloigner de lui.
Malheureusement,Juliettemerejointets’ymetàsontour.—Disdonc,çamesemblebienchaudavectonpatron.— Ne m’en parle pas. Je ne sais plus quoi faire pour qu’il cesse de me
harceler,jesoupire.—Bah,sic’estunsalaud,baise-le.Après,ilteficheralapaix.Jegrimace.Siseulementc’étaitaussisimple!Ilyadesmomentsoùjemedis
qu’ilsuffiraitdeleramenerdansmonlitpourquetoutcecirques’arrêteenfin,etd’autres où j’ai peur de perdre mon boulot. On part pour Las Vegas, demainmatin!Jen’aisurtoutpasenviederaterça!Pourunefoisquej’aiunerobedeprincesse…—Qu’ilaillesefairevoir,jepeste.Elleritàmescôtésetjeconstatequejen’aipasvulecoupqueWillvientde
réussir.Enfin!Est-cequec’estunmiracle?—Ilestmignon,lepetitWill,lâche-t-elleencore.—Ouais,réponds-jesimplement.—Maparole,maisqu’est-ceque tu as, ce soir ?Ondirait que tu es encore
déprimée!Jesoupireenravalant lesmotsquisebousculentdansmabouche.Non, jene
suispasdéprimée,maisOliacepetitquelquechosed’énervant…etd’excitant.Ilfaittoutpourmetroubleretjedoisavouerqueçamarcheredoutablementbien.—C’estsûrementlafatigue,dis-jeauboutd’unlongsilence.Lasemaineaété
longue:aveclenouveauboulot,etlevoyage,demainmatin…—Et ce beau brun qui te colle aux fesses, ajoute-t-elle dans un rire. Jeme
doutequeçanedoitpasêtrefacile.Jepivoteverselleetsoupire.— La vérité, Jul, c’est que j’essaie de tenir mes résolutions, mais j’avoue
qu’Olinemefacilitepaslatâche.Probablementàcausedelatêtequejetire,macopinepinceleslèvresetfinit
parhausserlesépaules.—Aumoins,iln’estpasmarié.Jenerépondspas,maisqu’importesiOliestcélibataire?Iln’enestpasmoins
mon patron et l’un des pires salauds que j’ai rencontrés au cours de ma vie.Pourtant,jedétienssûrementlapalmedanscedomaine.—Tuasvraimentledondelesattirer,rigoledenouveauJuliette.— Tu parles ! Je commence vraiment à me demander ce que j’ai fait pour
mériterça.—Alorslà,elleestbonne!s’écrieOli.Nousnous tournonsvers la partie quim’était complètement sortie de la tête.
Willvientd’empocherlabillenoire.Génial,ilvientdenousfaireperdre.Olivierritcomme lepetit salaudqu’ilestetmoncavalier tourneunairdépitédansmadirection.—Désolé.—Cen’estpasgrave,dis-jeavecunnœudaufonddelagorge.—Allez,onenrefaitune,enchaîneOlivierenremettantlesbillessurlatable.—Sansmoi,j’annonceenallantrangermaqueue.Jen’aipasfaitdeuxpasqu’Olisepostedevantmoi.—Oh,allez,Amy!Justeune!—Non.Jedoismelevertôt,demainmatin.J’aiuncrétinàallerrécupérerà9
heuresprécises.Ilserembrunit.Ehmerde!Pourquoiest-cequejel’aiinsulté?Parcequej’en
aimarrequ’ils’amuseàmesdépens?—Pardon.Jesuisfatiguée,jemereprends.Çairamieuxdemain.Willapparaîtetjesuisdenouveaucontraintedeluiexpliquerlaraisondemon
départ.—Jevenaisjustefaireuntour.Onsereverraunsoiroùiln’yapasdematch,
jeplaisante.Jesaluetoutlemonded’ungestedelamainetmefaufileparmilafoulepour
sortirleplusrapidementpossible.J’aibesoind’air,desommeil,dechassermesidéesnoiresavantdefaireunebêtise.Unebêtisedontj’aisacrémentenvie!Etpourtant,unefoisdansmavoiture,jeserrelesdents.Oliapréféréresterlà-
bas,avecJuliette.Quelleidiotejefais!Biensûrqu’ilestrestélà-bas!Cebarestbourré de filles qui n’attendent que ça, qu’un type comme Oli les envoie auseptièmeciel!Jesoupireenchassantcetteidéedematête,avantdem’exclamertouthaut:—Tantpis!Qu’ilenbaiseuneautreetqu’ilmefichelapaix!
Chapitre47
Je dorsmal, cette nuit. J’ai envie de téléphoner à Juliette. Envie de vérifierqu’Olin’estpasrepartiavecunefille.Surtoutpaselle!Jedétestemesentirainsi.Pourquoiest-ceque jen’aipas réussiàm’intéresseràWill,quiavait tout l’aird’un gentil garçon ? Oli a tout fait foirer. La soirée, mon rendez-vous, mesréserves…grrr!Jeledéteste!Quandmonréveilm’arracheausommeilaprèsunenuittropcourte,jerumine
enfilantsousladouche.Unjetd’eaufroidedevraitfairepartirquelquescernes.Ceseraitquandmêmeuncombled’avoirunerobedeprincesseetunetêteàfairepeur!Surmontéléphone,untextodeJuliettemeredonnelemoral:«Disdonc,ilen
pincepourtoi,tonpatron.Tuessûrequec’estunsalaud?».C’estplusfortquemoi,jel’appelle,mêmes’ilestbientroptôt.Savoixendormiemerépond:—Quoi?—C’estquoiceSMS?—Oh…merde,Amy,jedors,là!—Pourquoitum’asécritqu’Olienpincepourmoi?Réponds!Ellesoupirelourdementauboutdufilavantdelâcher:—Parcequ’ilestrestélà,àfixerlaported’entréependantdixminutesaprès
tondépart.Àcroirequ’ilespéraitquetureviennes.Puisilafoutulecampàsontour, avant la mi-temps. Tu es aveugle ou quoi ? Tu n’as pas remarqué qu’ilpassaitsontempsàteregarder?Je ne sais plus quoi penser. Oli ne s’est pas jeté sur la première fille à sa
disposition. Oli est rentré chez lui. Pourquoi est-ce que ça me fait tellementplaisir?—Ilveutjustemebaiser,jelâcheencore.—Envoilàunenouvelle,petiteidiote!C’estunmec!Àquoitut’attendais?
s’énerve-t-elleauboutdufil.Baise-leetvoiscequeçadonne.Siçasetrouve,ilestnulaulitettuserasbiencontentedet’endébarrasser.
Je n’ose pas lui dire que c’est déjà fait, et qu’Oli est tout sauf nul au lit.Ç’auraitétédrôlementplussimple,tiens.—C’estmonpatron!—Merde,Amy,ça te ronge!Avoue-le!Enplus,audébut, j’aivraimentcru
qu’ilt’énervait,tusais?Maisenfait…ilteplaîtbien,cetype.—Mais…non!—Hé!Cen’estpasuncrimed’avoirdesyeux,àceque jesache!Et jene
peuxpas teblâmerde le trouvermignon. Ilauncertaincharme.Etun jolipetitcul.Ellerigolependantquejerestelà,àsoupirerauboutdufil.—Tuescenséemediredenepastoucheràmonpatron,jegronde.—C’estvrai,maisilestcraquant,quandmême.Etiln’estpasmarié.Jetrouve
quetulimitesunpeulesdégâts.—Etletravail,alors?—Oh,maistumesaoulesavecteshistoiresdeboulot!grogne-t-elle.Vousêtes
adultes,non?Arrangez-vous,merde!Tun’asqu’àbaiseravecluienplanquanttoncœuràl’abri.Tudoisbiensavoirfaireça,non?Jenerépondspas.Surcepoint,jen’aipasétédouéeavecBen.Évidemment,
leschosesauraientétéplussimpless’ilnem’avaitpassortitousces«jet’aime»ou s’il ne m’avait pas menti en disant que ça n’allait plus avec sa femme…Qu’est-cequej’aiétéstupide!Etaveugle!—Amy,tun’asquandmêmepaslebéguinpourcetype,pasvrai?—Certainementpas!—Alorsiln’yaaucunproblème.Tun’asqu’àmettreleschosesauclair.Etsi
çatournemal,tutetrouverasunautreboulot.J’essaie de lui dire qu’ilme plaît, àmoi, ce travail,mais ellem’interrompt
avantquejen’ouvrelabouche:—Écoute,c’étaitcharmant,cetteconversation,maisc’estsamedimatinetj’ai
enviede faire lagrassemat,alors…rappelle-moiquand tu te serasdécidée, tuveux?Etenpassant,Willm’ademandétonnuméro.Jefroncelessourcilsetjerépète:—Will?—Ouais,tusais:lebeautypemuscléquejet’aiprésenté,hiersoir?Luiaussi,
ilparaissaitdéçuquetupartesaussitôt.—Pfft ! Il était tellement concentré sur sonmatch que çam’étonne qu’il ait
mêmeremarquémonabsence!—Amy,merde !C’était une soirée sportive et c’est un sportif ! Il est super
baraqué.Etaulit,ildoitbiensedéfendre!EtGabn’apasarrêtédemedirequec’étaitungarsvraimentgentil…—Mouais,dis-je,incertaine.—Hé!Ilnefautpasdemanderungentilgarçonsic’estpourallertejetersur
lepremiersalauddeservice!Ilfaudraitsavoircequetuveux!Jemerembrunis,maisellearaison.SiOlin’étaitpasvenuauKeos,hiersoir,
peut-êtrequej’auraispasséunebonnesoiréeensacompagnie?Avecunsoupir,jedemande:—Tuluiasdonné?Monnuméro?—Non.Jeluiaiditquejet’enparleraisavant.J’aibienvuqu’ilsepassaitun
trucpastrèsnetavectonpatron,alors…Unsilencepasseavantqu’ellen’ajoute:—Voilàcequejevaisfaire:jet’envoielenumérodeWill.Àtoidevoirsitu
lui téléphones.Mais si tu veuxmon conseil : règle cette histoire avec Olivieravantdelecontacter.Neluifaispasperdresontemps.D’aprèscequejesais,luiaussi,ilaeusonlotdeconnasses,cesderniersmois.Tuvoiscequejeveuxdire,pasvrai?—Ouais,j’avoue.—Parfait,maintenantque j’aiéclairé ta lanterne, jepeuxallermerecoucher
maintenant?Jeris.—OK.Merci,Jul.—Nemeremerciepas.Unjour,tudevrascertainementmerendrelapareille.—Jeleferai,promis-je.Quandjeraccroche,jeresteunmomentàréfléchirauxconseilsdeJuliette.Je
nesuispasplusavancée.Est-cequ’il fautque jecèdeàOlivierpourquecettefichueattiranceentrenousdisparaisseenfin?Peut-êtrequesijerèglecettehistoire,entreluietmoi,jeseraisenfincapable
d’allerversuntypeplusgentil?UntypecommeWill,parexemple…
Chapitre48
Quelquechosepassedansmescheveuxetmeforceàouvrirlesyeux.Jegrogneen chassant l’intrus avant deme tourner dans le lit pour retrouver une positionconfortable.—Oli…debout.Cettefois,jetendsl’oreille,parcequejenesuispassûrd’avoirbienentendu.
C’estlavoixd’Amy,maisenversiondouce.Jedoisrêver,forcément!Jegrogneensongeantàhiersoir.Direqu’elles’estfoutuedemagueuleavantdemelaisserlà-bas,danscebaroùjeneconnaissaispersonne.Sacopineabienessayédemefairelaconversation,maisj’étaisdégoûtéparlafaçondontlasoiréeseterminait.Cen’étaitpasdutoutainsiquejel’avaisplanifiée!—Oli!La voixme force à ouvrir les yeux et j’aperçoisAmy, juste là, assise sur le
borddemonlit.Jemeredressed’untrait.Amy?Dansmonlit?Jerêveouquoi?—Amy?—C’estl’heuredetelever.Ondoitpartirdansvingtminutes.Jeladévisage,souslechoc.Ellemesouritavantdepassersesdoigtsdansmes
cheveux.—Turessemblesàungaminquandtudors!Ellesoupireavantdeposersamainsursacuisse.—Allez,fileàladouche,jevaispréparertoncafé.Elleselèveets’éloigne.Jen’ycomprendsplusrien.Hier,elleétaitunevraie
teigne et voilà qu’elleme la joue sympa comme jamais, cematin !Mais c’estquoi,sonproblème?—Dix-septminutes,annonce-t-elleendémarrantlamachineàcaféqu’ellem’a
offerte.Jerepousse lesdrapset je fileà ladouche.Jerêveoùsavoixchantonne,ce
matin ? J’imagine des trucs, forcément ! Amy est sûrement de bonne humeur àcauseduvoyageàLasVegas,jenevoisqueça.
Septminutesplustard,jereviensdansmachambre,uneservietteautourdelataille. Amy est là, café en main, et je le prends en la jaugeant avec intérêt.Pourquoi est-cequ’elle n’essaiepasde s’éloignerdemoi ?Généralement, elleme fait du café et elle s’empressed’allerm’attendredans lavoiture. Jeprendsune gorgée du breuvage chaud en espérant que cela suffise àm’éclairer sur lecomportementbizarred’Amy,cematin,etjefroncelessourcilspendantquesesyeuxdescendentlelongdemontorse.—Maparole,tuneseraispasentraindemereluquer,là?Sesyeuxremontentverslesmiensetellesoutientmonregardsanssourciller.—Etalors?Aucasoùtunel’auraispasremarqué:tutepromènesàmoitiéà
poildevantmoi!Ellemetourneledosetrepartendirectiondelacuisine.Cettefilleadécidéde
merendrefou,c’estça?Commel’autrejour,lorsqu’ellem’afichusondoigtdanslabouche,aubureau,avantdemelaisserenplan.J’aibiencruquej’allaisjouirsansavoirbesoindemetoucher!Jedéposema tassesur lepremiermeubleàproximitéet je laisse tomberma
servietteparterre,dévoilantmonérection.—Situveuxtoutvoir,voilàpourtoi.Ellerécupèreunetasseetseretournedansmadirection.Ellesouritenportant
sonproprecaféàseslèvres.Ilyaquoi?Dixpasentrenous?—Tuesbienfoutu,dit-ellesimplement.—Etjesuisassezdouéaulit,tunepeuxpasdirel’inverse.Ellerit,d’unairpeut-êtreunpeutropdétaché.— C’est vrai que tu as certains talents, m’accorde-t-elle avec une pointe
d’humour.—Jetemontre?Ellesoupireetdéposesatassesurlecomptoir.—L’offreestalléchante,maisonn’apas le tempspourça. Il fautqu’onsoit
dansmavoituredansdixminutes.Marcoestdéjàenroutepourl’aéroport.Merde !LevoyageàVegas !Pourquoi jepassemon tempsà l’oublierquand
elleestlà?Amyn’aurait-ellepaspumefairesonnumérohiermatin?Aumoins,onavaitunpeudetempsenrab!Malgrésonrefus,elles’avancelentementversmoi.Ellemescrutebizarrement.A-t-ellepeurquejeluisautedessus?Pasquejen’enaipasenvie,mais avecmachance, ellevamegifler etme repousser à lasecondeoùjevaisposerlamainsurelle.Lorsqu’ellearrivetoutprès,elleglissesesdoigtssurmontorseavantdeplongerdesyeuxmagnifiquementvertsdanslesmiens.
—Si tu es gentil aujourd’hui, peut-êtreque je demanderai à voir tes talents,plustard,chuchote-t-elle.Sesdoigtssedétachentdemapeauàquelquescentimètresdemaqueuequise
tenddouloureusementverselle.Jeserrelesdentsetjefermelesyeuxpourgarderlatêtefroidetandisqu’elles’éloigne.Soudain,sesmotsfontsensdansmonespritet l’espoir renaîtenmoi.Est-cequ’elleavraimentdit«plus tard»?Elleveutdire…aujourd’hui?—Tuessaiesdemerendrefou,maparole!—Oh,maissitupréfèrestetrouverunefilleàVegas,cen’estpasgrave.Jene
m’enformaliseraipas.C’estplusfortquemoi,jetraversel’espacequ’ellevientdemettreentrenous
etjelaplaquecontrelecomptoir,lafaisantsepencherenavant.Lecaféqu’elleétaitsurlepointdeporteràseslèvres,serenversesurlasurfaceplane.Jem’enfous. Jeme frottecontre ses fesseset tentede remonter sa robe tailleur sur seshanches.—Oli,onn’apasletemps,dit-elleens’accrochantaucomptoir.Lavache!Ellenebougepas!Mêmequandjeviensempoignersesfesses,elle
melaissefaire!Ondiraitquemoncerveaudisjoncte,jecontournesaculotteetjegrognelorsqu’elleécartelesjambespourmedonneraccèsàsonsexe.—Quatreminutes,halète-t-elle.—Onseraenretard,c’esttout.Jeplongedeuxdoigtsenelleetjeravaleunrugissementd’hommedescavernes
devantl’humiditéquiyrègne.Jepeineàcroirequ’ellemecède!—Oli,bordel!Parcraintequ’ellenetentedemerepousser, jevienscaressersonclitorisde
mesdoigtshumides.Ellegémitetsecambre.—Onnepeutpas…onn’apas…letemps!Ses protestations meurent dans un petit cri qui ne fait que m’inciter à
poursuivre.Ellevajouir,jelesens!Jedeviensfou,jepoussemesdoigtsenelle,savourecepetitdélugequim’accueille,puisjerevienslatoucherenluiécartantunpeupluslesjambes.Ellem’obéitsansbroncheretrestelà,coincéeentremoietmoncomptoir,àgémirdeplusenplusfort.Quandsonclitorisgonflesousmesdoigts,ellemesupplie:—Net’arrêtepas!Net’arrêtepas!Elle se tait lorsque l’orgasme la saisit, puis refermebrusquement les jambes
pendantqu’ellesetortilledevantmoi,coinçantmamaindansunvéritableétau.Jesavourelechantdesajouissanceetlafaçondontellevientdes’offriràmoi.Je
viensglissermamainlibresursanuqueetl’attireversmoi.Amyselaissefaireetbascule dos contre mon torse. Je lui fais tourner la tête en emprisonnant samâchoiredemesdoigtsetdévoreimmédiatementsabouche.Quandsesjambesmepermettentderécupérermamain,elleouvrelesyeuxet
seredressepourreprendresonéquilibre.Soncrifuseaumêmeinstant:—Merde!Onestenretard!—Ahnon!jeprotesteenessayantdelaretenircontremoi.Tunevaspasme
laisserdanscetétat,poupée!Ellepivotepourmefairefaceetécarquillelesyeux.—Tun’esmêmepashabillé!Dépêche-toi!Onvaraternotreavion!Jeluidésignemonérection.—Etmoi,alors?—Cesoir.Situessage,ajoute-t-elleenmejetantunregardentendu.—C’est-à-dire?Elle me fait signe de me dépêcher, mais comme je me bute à rester là, en
érection,devantelle,Amygrogne:—Soisgentiletdiscret,ceseradéjàça.Jehausseunsourcilsuspicieux.—Tunevaspasmetendreunpiège,heinpoupée?Sonregards’assombrit.— Arrête de m’appeler poupée ! Et va t’habiller ! Dans trois minutes, je
démarrelavoiture!Elle rajuste sa robe et marche en direction de l’escalier en replaçant ses
cheveux.JerêveouAmyvientdemepromettreunebaiseàVegas?Jeretournemevêtirenquatrièmevitesseetjemesensaussiheureuxqu’unadolescentàquil’onvientdepromettresespremièresrelationssexuelles.
Chapitre49
Olivierestdrôlementsilencieuxpendant le trajetquinousmèneà l’aéroport.Tantmieux. Je suisconcentrée sur la routeet j’essaiedenepasme tromperdechemin.Ceseraitbien lecomble sion rataitnotreavion !Pourune foisque jevaisàLasVegas!Pendantquejerécupèremapetitevalisedanslecoffrearrièredemavoiture,
Oliseplanteàmescôtés,sonsacsurl’épaule.—Cettehistoiredebaise,cen’estpasunefaçondetevengerparcequejesuis
venuauKeos,hiersoir,pasvrai?Jeledévisage,étonnée.—Non,parceque…quelquechosemeditquec’esttongenre,ajoute-t-il.C’est
vraiqu’ilm’arrivededépasser lesbornes, etd’êtreassez salaudparmoments,mais…jeneteferaisjamaisuncouppareil.J’étouffeunrireavantdedemander:—Tucroisquejetefaismarcher?— Ce ne serait pas la première fois que tu rafles tout sans me donner une
miette,lâche-t-iltrèsvite.Jesourisdevantsonairdépité.Àcroirequ’ils’imaginevraimentlepireàmon
sujet.—C’est vrai, je confirme en hochant la tête. Et si je pouvais l’éviter, je ne
recoucheraispasavectoi.Sonvisageserembrunit,alorsj’ajoute,unpeuvite:—Maistuasraisonsurunechose:ilyaunetensionconstanteentrenousetje
veuxqu’elledisparaisse.Aussitôt,unlargesourireapparaîtsurleslèvresd’Oli.—J’aimeceboulot,dis-jeencore.Peut-êtrequ’ilfiniraparm’énerverouqu’il
deviendratropexigeant,maispourlemoment,j’adorecequ’onfait.Lesvoyages,lesréunions,leshistoiresdemisesenscène.C’estvraimentstimulant.Jefaisunsigneentreluietmoi.
—Alorsjeneveuxpasque…toutça…interfèreavecletravail.—Biensûr,acquiesce-t-iltrèsvite.—Super.Alors voilà le nouveau contrat : onbaise encore une fois, et tu as
intérêtàenprofiterparcequedèsqu’onrentredeVegas,onredevientdesimplescollèguesdeboulot,c’estclair?Ilmejaugeavecsurpriseavantdehocherlatête.—D’accord.—Alorsonfaitcommeça.Jerefermelecoffreetjeverrouillemonvéhiculeavantdemarcherendirection
del’aéroport.Jesuisnerveusedeluiavoirfaituneoffredecetordre.Pourtant,c’estmoiquiairaflél’orgasmecematin,et luiquiestrestésansrien.Àcroirequej’essaievraimentdelerendrefou!Olimesuitetinsisteànouveau:—Maiscettehistoireàproposd’êtregentil…c’étaitdupipeau?Jem’arrêtepourluijeterunregardnoir.—Ahnon!Situm’énerves,tupourrasallertefairevoir!jepeste.Etdéfense
dedirequoiquecesoitàMarco,compris?Jen’aipasenviequetoutlemondesachequejemetapemonpatron!Ilseremetàhocherlatête.Dirait-ilouiàtoutetàn’importequoiuniquement
pourquejeluiconfirmequ’onvabaiser?Cenesontpourtantpaslesfillesquimanquent,àVegas!Lorsquejereprendsmaroute,ilrécapitule:—Alors…toutletempsoùonseraàVegas,tuferascequejeveux?—Ceque jeveux, jerectifieaussitôt,maisne t’inquiètepas :quelquechose
meditquetuneseraspasenreste.—Ettuvasmesucer?Nouvelarrêtbrusqueetjem’emporteenlefoudroyantduregard.—Alorslà,c’esthorsdequestion.—Pourquoipas?Est-cequejenetefaispasplaisiraveclabouche,moi?—C’esttonproblème!Ettun’asqu’ànepaslefaire,voilàtout!Nousnous toisonspendantde longuessecondeset j’ai lasensationdenepas
être laplusdouéeàce jeu.Surtoutque j’ai trèsenviede sentir sa langueentremescuisses.Enessayantdegarderunvisageimpassible,jebluffe:—C’estàprendreouàlaisser.Ilgrimace.—D’accord.Pasdejeudelangue.Tantpis.Quoi?Est-cequ’ilvientdeconfirmerquejen’yauraipasdroit,moinonplus?
Voilàquec’estmontourderavalermadéception.Est-cequ’ilfautquejecèdeàsa fichue fellation pour avoir le droit de jouir sous sa bouche ?Ah non ! Pasquestion!J’aivécuvingt-huitanssansça,jepeuxcertainementcontinuer!—En fait,onnedevraitpasdéterminerà l’avancecequ’on fera, ce soir, je
lâchedèsquenousentronsdans l’aéroport.Je trouvequeçaenlève tout lecôtéspontané.—Tu parles ! siffle-t-il. Comment veux-tu qu’on enlève cette fichue tension
sexuelleentrenousalorsquejerêvedetabouchedepuisunesemaine?Je m’arrête, surprise. Oli rêve donc de moi, et pas seulement de n’importe
quellefemme?—Quoi?s’énerve-t-ilenpercevantmaquestionmuette.C’estnormal,non?
Tutesouvienscommenttum’assucéledoigt,dansladouche?Biensûrquejem’ensouviens.Etsoudain,j’aitrèsenviedelerefaire,justeici,
devanttoutlemonde,pourlerendrefou.MaisOlihausselesépaules.—Tantpis,répète-t-il.C’esttoiquivois.Il repart le premier et je me retrouve à le suivre en direction des départs.
Marconousyattend,visiblementsoulagéquenoussoyonsarrivésà temps.Moiaussi.Etpourtant,jeregrettedenepasm’êtrepointéeunpeuplustôtchezOli,cematin.Quelquechosemeditquecetempsauraitététrèsbienrentabilisé…
Chapitre50
Pendanttoutlevol,jematediscrètementlescuissesd’Amy,assiseàmadroite.Ellealesjambescroiséesetlitledocumentqueluiapréparémasœurenvuedece voyage. D’une oreille distraite, j’écoute Marco qui me parle du poids desplateformesetdecertainsmatériauxplus légers,maisplusdispendieux,sinotreprojetestaccepté.Pourquoiiltienttellementàcequ’ondiscutedutravail?Pourmapart,j’aidesprojetsplusstimulantsentête…Levolmeparaît interminable.Jenepensequ’ànotrearrivée.Est-cequ’Amy
vamelaisserlabaiseravantnotrerepasdecesoir?Ceseraitunebellefaçondecommencer notre voyage. Autrement, je me demande comment je pourrai meconcentrerdurantlespectacle.Ladouane,lachaleur,letaxijusqu’àl’hôtel…toutm’horripile.Àlalimite,si
Marconenousaccompagnaitpas!J’auraisputripoterAmydansletaxi,maislà,jejoueautypeprofessionnel,détaché,intéresséparlavilleetladiscussionsurletravailquin’enfinitplus.Jesursauted’excitationlorsquej’aperçoisleBellagio.Enfin!Jejaugel’heureavecunsourireniais:ilnousrestetroisheuresavantdesongeraurepas.Lorsquenousrécupéronsnosclés,àl’accueildel’hôtel,Marcosetournevers
moi.—OnvaauPicassoouauSteakhouse?—Steakhouse,dis-jesansréfléchir.—OK,jevaisfairelaréservation.Onserejointvers18heures?Amy est la première à confirmer avant de faire rouler sa petite valise en
direction de l’ascenseur. Est-ce que je devrais lui proposer de la porter ? Lesgentlemenfontbiencegenredechoses,pasvrai?Etcommeellem’ademandéd’êtregentil…Letempsquejelarejoigne,nousnousretrouvonsdansl’ascenseur,alorsjeme
pencheverselleetjechuchote:—Tachambreestjusteàcôtédelamienne.
—Jesais,puisquec’estmoiquiaifaitlesréservations,merappelle-t-elle.—Latienneoulamienne?jedemandesimplement.Elle tourne la tête versmoi, un sourcil levé. Quoi ? Elle a bien dit qu’elle
seraitàmoiàVegas,pasvrai?Etonyest!—Désolémonmignon,maisj’airéservéuneséanceauspadansvingtminutes
etensuite,c’estcoiffureetmanucurepourêtretoutebelledansmarobe,cesoir.Jecroisqueladéceptionestlisiblesurmestraits,carellevientmepincerla
jouecommesij’étaisungamindeneufans.—Allons,allons…attendrecesoir,cen’estpasbienlong.—Çafaitunesemainequej’attends.—Etçan’enseraquemeilleur…Elles’esquivedèsquel’ascenseurs’ouvreetjelasuisensoupirant.Devantla
portedemachambre,elles’arrête,puisellemeplaquecontrelebattantetvientmelécherlalèvredubasavantdelamordredoucement.Sesyeuxremontentversles miens et sont d’un vert profond. Ma théorie est donc la bonne… elle estexcitée,cettefoisjen’endouteplus.Pourtant,dèsquejel’enlace,elleinspireunboncoupavantdereculerpourreprendresaliberté.—Dixminutes,jelasupplie.Ellecontinuedereculerengardantlesyeuxrivéssurmoi.—Branle-toiensongeantàtoutesceschosesquetumeferascettenuit,souffle-
t-elle en me dévorant des yeux. Ce serait dommage que tu éjacules trop vitelorsquetupourrasenfinm’avoir.Avecmonsalecaractère,jerisquedeleprendretrèsmal!Elleglousseenseretirant.Quandelles’enfermeàl’intérieurdesachambre,je
grogneenrentrantdanslamienne.Elleveutquejemecaresse?D’accord!Maisjevaislefaireenimaginantsabouchesurmaqueue!Aprèsquoi,jevaisavoirbesoind’unesacréedouchefroide!
Chapitre51
JetraîneaubarencompagniedeMarco.Onesttouslesdeuxencostardetonsiroteunebière.Jemesenscommeunimbécilehabillédecettefaçon,àboireauverreetnonàlabouteille,maisdanscetétablissement,ilfautfairecommetoutlemonde.C’estlebusinessquiveutça.C’estDrewquimel’aappris.—Ellesaitqu’onaréservépour18heures,hein?s’impatienteMarco.—Maisoui,dis-je,incertain.Àdirevrai,jesuisaumoinsaussiimpatientqueluiqu’ellearrive,maisjejoue
lesblaireauxquin’enarienàfoutre.L’idée,c’estqueMarconesedoutederien.Horsdequestionqu’Amymefileentrelesdoigtsparcequej’auraiscommisunetellebêtise.Dansunsoupir,jem’adossecontrelebaretlachercheduregard.Maisqu’est-
cequ’ellefiche?Jeluiaifoutulapaixtoutl’après-midi,ellenevaquandmêmepasmeposerunlapin!C’estlarobenoirequejeremarqueenpremier.Lamêmequesurlaphotoque
m’avait transmise ma sœur. Et je comprends l’expression « avoir le soufflecoupé » lorsque je vois Amy dedans, magnifique, et souriant largement. Elles’approchedemoi.Jenerespirepluspendantprèsdedixsecondes,tropoccupéquejesuisàclignerdesyeuxpourm’assurerquejenerêvepas.Elleestvraimentincroyabledanscette robe !Et sacoiffureet…ses jambes !Étaient-ellesaussilongues, la dernière fois ? Moi qui jouais les désintéressés il n’y a pas deuxminutes,voilàquejenepeuxplusdétachermesyeuxd’elle!—Waouh!lanceMarco.Disdonc,tonassistante…elleestdrôlementjolie!Jenerépondspas,surtoutparcequejen’aipasencoreretrouvémonsouffle.Et
puismignonne,cen’estpas lemot.Elleestà tomberpar terre !Lorsqu’elle seplantedevantmoi, elle poseunemaingantéedenoir surmon torse et lâcheunpetitrirequejeconnaisbien.—Queljoligarçon.Elleoffrel’éclatdesonvisageàmoncollègue.
—Toiaussi,tuestrèschic.HeureusementqueMarcoestbeaucoupplusvieux,unpeubedonnant,etsurtout
marié, autrement je ne suis pas sûr que j’aurais apprécié sa façon de lecomplimenter.—C’estVegas!sejustifie-t-il.C’estbienlapremièrefoisquejesuisheureuxd’êtreencostard.Généralement,
jedétestecegenredevêtements,maissiçamepermetderameneruneaussijoliefilledansmonlit,jeveuxbienfaireuneffort.Marcos’empressedenousguiderendirectiondurestaurant.Iloffremêmeson
brasàAmypendantquejerestederrière,incapablededétachermesyeuxdecettefemmesublime.Elleritavecluidefaçontoutenaturelle.Jenelareconnaisplus.Est-cequec’estlamêmeAmyquej’aitouchéeaubar?Lamêmequimangeaitdela pizza extra-bacon, dans ce chandail beaucoup trop grand pour elle, sur lecanapé?J’aidumalàlecroire…Iln’yapasàdire,elleademultiplesfacettes,etjelestrouvetoutesaussiattiranteslesunesquelesautres.Unefoisquenoussommesinstallésànotretable,Amyglousseencontemplant
l’endroit.Marcofaitminedelirelemenu,maismoi,jenepeuxdétachermesyeuxdecettefillequejenereconnaispastoutàfait.Lorsqueleserveurseplanteàmadroite pour nous proposer quelque chose à boire, je dis, sans la moindrehésitation:—Apportez-nousduchampagne.—Duchampagne?répèteMarco,surpris.Enquelhonneur?—Bah…c’estlepremiervoyaged’Amy,déjà,j’explique,gênédedevoirme
justifier. Et puis… tant qu’à être coincés ici pour unweek-end, autant se faireplaisir.Marco hoche la tête, visiblement heureux de pouvoir se régaler àmes frais.
Dans un endroit comme ici, ça n’est rien d’extraordinaire de commander duchampagne. Dans deux jours, Starlight aura peut-être un autre contrat à fêter.Disonsqu’onprendjusteunpeud’avance…On trinque et sirote notre verre pendant que chacun observe sonmenu.Amy
sembleravied’êtrelà,oualorsc’estàcausedelarobe.Ilyaunelumièresursonvisage.Lorsqu’elleremarquemonregardinsistant,ellemefaitlesgrosyeux.—Qu’est-cequitefaitenvie?jeluidemandepourconserversonattentionun
peupluslongtemps.Ellemeregardeetselècherapidementlalèvredubas.Ungestesibrefquej’ai
lasensationdel’avoirrêvé.—Qu’est-cequetusuggères?mequestionne-t-elleenmedévorantdesyeux.
Je sens toutmon corps réagir à ses sous-entendus et son attitude aguicheuse.Heureusementquejesuisassis,autrementtoutlemondeverraitcequecettefillemefaitjusteenmeregardantdecettefaçon.—Nous,onprendtoujoursle«terreetmer»,annonceMarco,quiatoujoursle
nezfourrédanssonmenu.—Vraiment?rétorqueAmysansdétournerlatête.—C’estunequeuedehomardavecunmédaillondefiletmignon.Unvrairégal,
insiste-t-il.Lesyeuxd’Amys’illuminentavantdesedétournerdesmiens,puiselledépose
son menu sur la table et paraît retrouver ses esprits lorsqu’elle soutient laconversationavecnotrecollègue.— Ça me semble délicieux. Je vais prendre la même chose, lâche-t-elle
simplement.—Etellemange!rigoleMarco.Envoilàunefilleintéressante!Amysouritetcontinuedesirotersonverreenseplaignantdurepasqu’ilsnous
ontservidansl’avion.Jenesaispascommentellefaitpourêtreaussidétachéejuste après ce qui vient de se produire. Peut-être que j’ai imaginé le regardqu’elleaposésurmoi?C’estpossible.Toutcequisepassedepuisqu’elleestarrivée,danscetterobe,mesemblecomplètementirréel.Etpourtant…elleacesyeux bizarres… dont la couleur change selon son humeur. Chaque fois qu’elletourne la tête vers moi, j’ai la sensation que ce vert si sombrem’indique sonniveaud’excitation.Sinous étions seuls, elle etmoi, quelque chosemedit quenousmangerionscerepassixétagesplushaut,dansmonlit.Tout va trop lentement. Je m’impatiente du temps que prend le repas avant
d’arriver sur notre table, du temps que cela prend avant que je puisse payer.QuelleidéededescendreauSteakhouse!Onauraitdûallermangeruntacosdansla bicoque d’en-face. Quoique… avec cette robe, je doute qu’Amy auraitapprécié…Nous traversons le hall, immense, en direction de la salle de spectacle, et
couponsàtraverslecasinodel’hôtel.Amyregardepartoutautourd’elle,amuséeparlesmachinesàsousquiclignotentetquirendentl’endroitassourdissant.—Cesoir,jevaism’enfairedeuxoutrois,prometMarco.C’estsaroutinehabituelle.Iljouejusqu’àdeuxoutroisheuresdumatin,puisil
secouche.Encoreundésavantageaufaitd’êtremarié.Moi,généralement,jesorsdans un club de stripteaseuses, je bois – trop, comme toujours – puis je viensterminerlasoiréeaubar,justepourmetrouverunefillequimetiendracompagniepourlanuit.Saufquecesoir…j’aidéjàtoutcequ’ilmefaut.
Siseulementlanuitpouvaitarriver!
Chapitre52
J’adorecetterobe!J’adore lafaçondontellemetmes jambesenvaleur!Etj’adore cet endroit : lumineux, plein de vie, avec des tas de restaurants et demachinesàsouspartout.Ilyadesgenshabillésdetouteslesmanières,justedansce hall : en costume, en jean, en robe d’été, en robe de gala… c’est à la foisbizarreetcharmant.Etsurtout : j’adore leregardd’Olivier lorsqu’ils’arrêtesurmoi.Et il lefait
souvent. À croire qu’il essaie de me charmer. Dans ce costume, avec cettecravate, il est à tomber ! J’ai envie de lui lécher la bouche, de lui mordre lanuque.Jen’arrêteplusdepenseràcequenousallonsfaire,cesoir.JecroisquesiMarcon’étaitpaslà,jepasseraismontempsàluidéblatérerdestrucssalacespourlerendrefou.Lorsqu’Olim’offresonbraspourentrerdanslasalledespectacle,jeleprends
sanshésiteretmerégaledusourirequ’ilm’offreencontrepartie.Marcosortlesbillets et on nous guide en direction des balcons. Je me sens comme uneprincesse !Pas seulementàcausede la robeouduchampagne,maisparcequetout se déroule commedans un conte de fées. Je suis là, àVegas, au bras d’unhommesupersexy,etjevaisvoirunspectaclegrandiosedepuisunbalcon.C’estfou!Audiablelesecrétariatjuridique!J’adoreceboulot!Lorsqueles lumièressefermentetquecellesdelascènes’allument, j’oublie
tout,etj’accordetoutemonattentionsurledécorauxalluresdefondsmarinsquiapparaît. Quand je cligne des yeux pour observer les gens qui descendent duplafond,jeremarquelesdoigtsd’Oliquiseposentsurmonaccoudoir.Surprise,jetournelatêteversluietilsepenchelentementversmoi.—Turessemblesàunepetitefille,semoque-t-ilàvoixbasse.—Mais…c’est…— Génial, je sais. Pourquoi tu crois qu’on essaie d’obtenir les droits du
spectacle?Sans réfléchir et sans cesser de regarder, je me penche vers la droite pour
dire:—Avectontalent,ceserait…fabuleux.Commeilneditrien,jemetourneversluietlevoisentraindemecontempler,
avecunsourirebizarre.—Quoi?—Tuesbelle.Etquandtumefaisuncompliment,jenesaispas…j’aimebien.Jerisenessayantdenepaslefairetropfort.Merde!Aveccesyeux-làposés
surmoi,j’enoublielespectacle.J’aienviedeprendresanuquesousmesdoigtset de l’attirer à moi pour lui donner un baiser digne de ce nom. Si seulementMarcon’étaitpaslà!— En plus, généralement, tu ne te prives pas pour m’envoyer des vannes !
rigole-t-il.Jesouris,lagorgetropnouéepourluirépondre.Tantmieux,carj’aienviede
lecomplimenterencore.Surtoutcesoir,alorsqu’unseuldesesregardsarriveàme rendrebelle. Il avraimentundonpourmeséduire.Etaussi…parceque jeconnais le talent de ses mains : pour le dessin, pour ces espèces de petitesmaquettes qu’il construit dans son atelier, mais pour me faire perdre la tête,également…Je retiens mon souffle lorsqu’il se penche un peu plus vers moi et que sa
bouchefrôlemonoreille.—Quandtumeregardescommeça…jenetedispasl’effetqueçamefait…J’ai envie de rire,mais tout s’arrête dansmon cerveau lorsque sa langue se
posesurmon lobeetqu’il lemordilledélicatement.Jeserre lesdents lorsqu’ildéposeunbaiserdiscrettoutprèsdemonoreille.Bordel!A-t-illamoindreidéedu feu qu’il vient de créer dans mon ventre ? Quand il s’éloigne, je le fixe,perplexeetétrangementprêteàmejetersurlui.Quelsalauddemefaireuntrucpareil!Onenestàpeineàlamoitiéduspectacle!—Hé!Concentre-toi!LavoixdeMarcopercel’espècedebullequ’Olivenaitdecréerentrenous.Je
reposemachinalement les yeux sur la scène,mais on dirait que je ne vois plusrien.Toutemonattentionestconcentréesurmonbas-ventreetjebrûled’enviedemejetersurmonvoisindedroite.Vivementqu’iléteignecefeupourquejecessedeledésirerautant!Pendantladeuxièmemoitiéduspectacle,OlietMarcodiscutentboulotàvoix
basse.Moi,jerestelà,àessayerderecentrermonattention,maisjenefaisquevoirdesgensquidansent,quichantentetquivirevoltentpartout.J’aidesimagesd’Olisurmoi.Jesongeàlafaçondontjevaismegaverdesoncorps,cettenuit,et
çaaccaparemonesprittoutleresteduspectacle.Àtelpointquejenemeremetspas de ma surprise lorsque la salle plonge dans le noir et que les lumièress’allument.J’airatélefinal!Avecunsourireforcé,j’acceptelamaind’Olivierpourmeleveretjesuismes
collèguesdetravailencoulissesoùnouséchangeonsdespoignéesdemainsavecplein de gens : lemetteur en scène, le scénariste, quelques acteurs vedettes. Jepeineàretenirlesnomstantmonespritestailleurs.Danslesbrasd’Oli,quelquepartdansmachambre.Àcroirequ’iln’attendquemoncorpspours’endonneràcœurjoie!Alorsqu’onnousfaitvisiterlescoulisses,Olisepencheversmoietlâche,sur
untonmoqueur,maissuffisammentbaspourquemoiseulel’entende:—Amy,oùes-tu?Je lui jette un regard de feu qui fait fondre son sourire instantanément. Au
moins, il a compris. Et lorsque samain se pose dans le creux demon dos, jeretiensmonsouffle.—Arrête.Tuvasmefairebandercommeuncheval,etjesuiscenséconvaincre
cestypesdemevendreleurshow!megronde-t-il.Ilsedétachedemoietvaserreruneautremain.Marcoparledetechnique,de
matériaux, de coûtsdeproduction.Moi, je nevois rien et je n’entendsquedesmots sans aucun lien entre eux. J’espère que je n’étais pas censée prendre desnotes,parcequejeseraisbienincapabledemesouvenirdelamoindrephrasequis’échangeici.
Chapitre53
J’aiunpeudemalàmeconcentrersurlesexigencesdumetteurenscène,maisMarcohochelatêtecommeunfouàtoutcequ’ildit,alorsjefaispareil.LorsqueNicknousproposedeterminerlasoiréeaubar,jem’empressedeleverunemain.— Après un tel spectacle, et le voyage, j’aimerais mieux me reposer et
réfléchir à quelques détails supplémentaires avant d’entamer une discussion decetordre.Maisnouspourrionsmangerensemble,demainmidi?jepropose.Lesdeuxtypesseregardentetl’und’euxhochelatête.—C’estunebonneidée.OnseretrouveauPicassoversmidietdemi?Jefaisouienmeretenantdenepassauterdejoie.J’aiAmyàmagauche,prête
àmesuivreauboutdumonde,etjesuiscoincéici,àparlerspectaclealorsquej’ai juste envie deme retrouver entre ses cuisses. Vivement qu’on se retrouveseuls,elleetmoi!Lorsquej’arriveànoussortirdelà,Marcoestlepremieràmedisputer:—Mais c’est quoi tondélire ?Depuisquandon refusedediscuter aprèsun
spectacle?Généralement,tutraîneslesclientsdanslesbars,tuleurfaistongrandnumérodeséducteuretonseretrouveàsecoucheràl’aube!—Jesuisfatigué.Etjesuissûrqueceseraplusefficace,demain.Unefoisquej’auraibaiséAmyjusqu’àplussoif,j’ajouteenpensée.—Bon…OK,concèdeMarco.Onvaprendreunverre?Unverre?Là?Maintenant?Jeserrelesdents.—Je suis fatigué, je te rappelle.Et jeveux… jedois travaillerunpeupour
parfairenotrerencontrededemain.Jemens,parcequejemedoutequeMarcon’estpassicon.Ilvabiensedouter
que j’ai une idéederrière la tête.Leboulot, c’est l’excuse idéale.Contre touteattente,Amyposelamainsurl’avant-brasdemoncollègue.—Unverre,jeveuxbien.Çam’aideraàdormir.Mabouches’ouvresousl’effetdelasurprise.Quoi?Elleveutallerprendreun
verre?Etqu’est-cequ’elleraconteàproposdedormir?Jen’aipasl’intention
de la laisser dormir ! Elle va tellement crier de plaisir qu’elle aura mal à lagorge,demainmatin!—Super!lâcheMarco.Tuessûrquetuneveuxpasveniravecnous?Quandilmeposelaquestion,j’hésite.Jeneveuxpasquecettefillequittemon
champdevision.Qu’est-cequej’airaté,encore?J’aiditquelquechosequ’ilnefallait pas ?Mon cerveau carbure à toute vitesse lorsqu’elle tapote le bras deMarco.—Tupeuxnousprendreuneplaceaubar?JeraccompagneOliàl’ascenseur.Ellemeraccompagne?J’attendsqueMarcos’éloigneavantdepester:—Tuvasprendreunverre?—Pouréviterlessoupçons,petitcon,medispute-t-elleàsontour.Tumontes,
jemonte…iln’estpassibête!D’unemain, elle me fait signe de marcher en direction de l’ascenseur et je
m’exécute, pressé. Plus vite elle prendra ce foutu verre, plus vite elle viendraensuitemeretrouverdansmachambre.—Enplus,tudevraisvraimentnoterquelquestrucsdecequis’estdit,toutà
l’heure, ajoute-t-elle,parceque j’étais complètementàcôtéde laplaque. Jenemerappellepratiquementderien.Jem’arrêtepour la regarderet je remarquequeses jouessont rouges.Etses
yeux…Merde!Elleaenviedemedévorer.Jelesaisjusteàlafaçondontleurteinteestassombrie!—OK,dis-jesimplement.Devantl’ascenseur,elleparlevite,commesinousallionsmanquerdetemps.—Gardetoncostume,tuveux?Etparpitié:net’endorspas!—Alorslà,iln’yaaucunechance!Samain frottemon torse, par-dessusma chemise, pendant qu’elle reporte ce
regardmagnifiquesurmoi.—Jevaistedéshabillerettechevaucheravecmarobe,promet-elled’unevoix
sensuelle.Marespirationsecoupeetjemesenstropàl’étroitdansmonpantalon.—Dépêche-toi,dis-jelorsquelesportess’ouvrentderrièremoi.—Donne-moivingtminutes.Vingtminutes.Uneéternitédansmonétat!Etpourtant,jesouriscommeuncon
pendant que je m’engouffre dans l’ascenseur. J’ai tellement de trucs à faire,soudain : passer par la salle de bains, commander du champagne et sortir unemontagnedecapotes.
Chapitre54
Je me concentre pour tenir une discussion à peu près sensée avec MarcopendantquejeboisuneMargaritaensongeantàlanuitquis’annonce.Ilmeparleducasino,delafoisoùilaempochémilledollars.Jesourisetj’opine,maisjebois,vite,enespérantqu’ilmelaissefileraprèsunseulverre.—Çateditdeveniressayerdeuxoutroismachines?mepropose-t-il.—Non.Cen’estpasmontruc.—Allezquoi!TuesàVegas!Ilfautjouerunpeu!—Non,jerépèteenmelevant.Jevaisallermecoucher.Maisj’espèrequela
chanceseraavectoi.Ilritavantdehocherlatête.—Pasplusdecinqcentsdollars.Jel’aipromisàmafemme.—Alorssoissage!Etrafletout!dis-jeavantdem’éloigner.Jesuissoulagéedepouvoirfilerendouce,maisdèsquejemeretrouvedans
l’ascenseur,manervositérevientenforce.Jetâchedemeconcentrersurleplaisirquejevaisprendrecettenuit.Horsdequestionquejeprivemoncorpsdutalentd’Oli.Jesaisqu’ilmedésire.Jelesensjusqu’ici.Lorsquejesorsdel’ascenseur,Oliapparaîtdevant laportedesachambreet
sonsourireirradietoutl’étage.Ilmeguettait?C’estadorable!Jemarcheaussivitequejelepeuxaveccesescarpinsetjemejettedanssesbrasquis’ouvrentàmonapproche.Nosbouchesseretrouventavecfièvreet jeriscontreses lèvrespendant qu’ilm’entraîne dans sa chambre. La porte claque derrièremoi et sesmainssontdéjàentraindeglissersousmarobe.—Oli,jesouffleentredeuxbaisers.—Laisse-moifaire,grogne-t-ilentirantsurmaculotte.Il tombe à genoux pour me la retirer et je glousse de plaisir devant son
impatience.Et pourtant, jem’empressedegronder, avant deneplus pouvoir lefaire:—Non,c’est…avant,ondoitmettreuneoudeuxchosesauclair.
Ilremonteversmoietsamainreviententremescuisses,surmonsexe,puissesdoigtsmepénètrentavecunelenteurexquise.Jefermelesyeuxengémissant.—Tudisais?semoque-t-il.—Oli,je…c’estjusteunenuit,onestbiend’accord?—Tantqu’onestàVegas.D’unemainferme,jelerepousse.Devantsonairsurpris,jepointedudoigtle
canapédesachambreetj’entreprendsderetirermesgants.Horsdequestionquejenepuissepasletoucher!Raviparmonordremuet,Olis’exécutependantquejelesuis,enlaissanttomberausol,unàun,mesaccessoires.Etpourtant,avantdemejetersurlui,jeplongemonregarddanslesien.—Prometsquetoutçanechangerarienpourleboulot.—Jeprometstoutcequetuveux,maisputain!Vienslàavantquejedevienne
fou!Jeretiensungloussementridiculeavantdevenirm’agenouillerdevantlui,entre
sesjambes.Olimedévoredesyeux,prisparsurprise.Jedéfaissabraguetteetjetiresursonpantalonpoursortirsonérection.Jesuistellementexcitéequejedoismeretenirdenepasleprendredansmabouche.Jenesaispass’ilremarquemontrouble,carilposeunregardsuppliantsurmoi.Non,jenepeuxpas.Jerécupèrelepréservatifquej’aiplanquédansmondécolletéet jeviensledéroulersursaqueueraide.Bordel!Jenemesouviensplusdeladernièrefoisoùj’aiétéaussiexcitée par un homme ! Lorsque je me relève pour pouvoir grimper sur sescuisses, lesmains d’Olim’attirent à lui dans un geste impatient, remontentmarobe et guidentmes hanches sur son érection. Je ferme les yeux pour savourercettepremièrepénétrationetilsoupiredesatisfaction.—Enfin!rugit-il.Sesmainsm’ordonnentdem’activeràbonrythme,cequejenerefusepas.J’ai
enviequecesoitfort,rapide.Onatoutelanuitensuitepourprendrenotretemps.Là,jedoiscalmercefeuquirègnedansmonventredepuisledébutdelasoirée!Dansungrognement,Olivierdescendmonbustieretempoignemesseins.—J’airêvédecemomenttoutelasoirée!Je ravale un rire et je me cambre sous la délicieuse friction que mon
déhanchement génère entre nous. Je deviens empressée, et je jubile lorsque jel’entends gémir de plaisir, la bouche écrasée contre mes seins. Ses mainsreviennentsousmesfessesetsonbassinsemetàcomplétermescoupsdansdesgestesdélicieusementbrusques.—Oui!gémis-je.J’étouffemescrissurses lèvresque jedévore.Quandjesuissur lepointde
perdrelatête,jemordssalèvreetjegriffesanuque.Ilaccélèrebrutalementsesmouvements.Jesombreetjenesuisplustoutàfaitlàpendantqu’ilcontinuedeme donner des coups de reins. Je relève la tête lorsque tout s’arrête et qu’ilpousseuncri rauqueprèsdemonoreille.Puis ilmeramènecontre luiet jemelaisse choir dans ses bras. J’adore le silence qui s’installe entre nous et je lesavoureensoupirantdebéatitude.—Putain,c’étaitgénial!lâche-t-il,essoufflé.Je risavantdemeredresser sur luietdèsquenos regardssecroisent, ilme
demandeaussitôt:—Etpourtoi?C’étaitcommetuveux?—Tuchercheslescompliments?jerigole.—Non!Mais…t’avaisunemiseenscèneentête,alors…jesaisàquelpoint
çacomptequandonsouhaitequeleschosessepassentd’unecertainefaçon.Qu’ilfasse le lienavecsonemploimefaithausserunsourcil.C’estvraique
j’avais une idée en venant dans sa chambre,mais je n’ai jamais eu de souci àchanger mes plans. S’il m’avait jeté sur le lit pour me faire l’amour avec sabouche,jen’auraispasémislamoindreprotestation!—J’aieuunorgasme,alorsjenemeplainspas.Ilsemetàrireethochelatêteavecl’aird’ungaminheureux.—Alorsçava,dit-ilsimplement.Jemedéfaisdesonétreintepourmerelever,maisjen’aipasretrouvélaterre
fermequ’ilordonne:—Retirecetterobeetétends-toisur le lit.Moiaussi, j’aiunepetitemiseen
scèneentête…
Chapitre55
Amys’éloigne endirectiondemon lit pendant que jemedébarrassedemonpantalon,toujourscoincéàhauteurdemeschevilles.Jebifurqueverslasalledebains pour jeter mon préservatif, mais elle reste là, debout dos à moi, et ellesemble attendre que je revienne dans la pièce pour faire glisser la fermetureÉclairdanssondos.Jem’arrête,lachemiseàmoitiédéboutonnée,pourobserverlejeudeslumièressursapeauparfaitementdorée.Ondiraitunpapiersurlequeljepourraisdessineràmaguise.Quandsarobeglisse jusqu’ausoletqu’elleseretrouvecomplètementnue,àquelquespasdemoi.Jeretiensmonsouffle,troubléparcetteétrangedocilité.Généralement,Amymecontrariepourunouiouunpournon,maispasce soir.Cesoir, j’ai l’impressionque jepeux toutavoirdecettefille.Lorsqu’ellepivoteversmoi,jeclignedesyeuxetjesouriscommeunidiot.—Tuesbelle,dis-jesimplement.Mêmecemotmeparaîtfade,soudain.C’estvraiqu’Amyétaitfollementsexy
dans cette robe,mais voilà qu’elle l’est bien davantage dans sa nudité qu’elledévoilesansaucunepudeur.— Tu es un sale petit charmeur, Garrett, rigole-t-elle, même si elle semble
gênéeparmoncompliment.Jem’approche d’elle, lentement, comme si j’avais peur de tout briser enme
déplaçant trop vite.Amym’accueille en glissant sesmains surma chemise. Jel’observe défaire les derniers boutons avec minutie, puis elle repousse levêtementquitombelelongdemesbraspourchutersurlesol.Ellefixemontorseetlecaresseduboutdesdoigts.—Tuasuncharmefou,avoue-t-elleenfixantmoncorps.Je la dévore des yeux pendant que ses doigts pianotent surmon ventre. Pas
seulementparcequec’estagréable,maissurtoutparcequ’ilest rarequ’ellemefasseuncompliment.Mesyeuxse ferment lorsqu’ellevientparsemermon torsede petits baisers. J’apprécie sa langue qui glisse vers mon cou et son souffle
chaudquidansesurmapeau.Ellememordillel’épauleetsesmainscontournentmes hanches pour venir saisir mes fesses, assez fort pour que ses ongles mepincent légèrement. Je reporte mon attention vers elle avec un sourire amusé.Voilàquin’estpasdésagréable…Lorsque sa bouche descend vers mon ventre, ma respiration s’emballe et je
fermeànouveaulesyeuxenespérantqu’elleselaissetomberàgenouxpourmeprendreentre ses lèvres.Queldommagequemonérectionne reviennepasplusvite!—Alors,cettemiseenscène?mequestionne-t-elleenseredressant.Son menton prend appui sur mon torse et je ravale mon air défait avant de
reporter mon attention sur elle. J’essaie de retrouver l’idée qui m’a traversél’esprit,unpeuplustôt,maisaveccesyeuxmalicieuxposéssurmoi,réfléchirn’ariend’évident…—Étends-toisurlelit.Surledos,finis-jeparlâcher.Elles’exécute.Lorsqu’elles’allongesurlematelas,elleposeunbrasderrière
satêteetétendnonchalammentsesjambesavantdereportersonattentionsurmoi.Jeresteunmomentdansmacontemplationdecetteimageparfaite:Amy,étendueainsi, ses cheveux étalés sur l’oreiller et un genou légèrement relevé. Si je lepouvais, je la dessinerais,mais jeme contente de fermer les yeux pendant unefractiondeseconde,pouressayerdecapturerlemomentprécis.—Ensuite?medemande-t-elleenlaissantglisserdeuxdoigtsentresesseins.Jemeraclelagorgeavantdejeter:—Écartelescuisses.Ellesouritetm’obéitsansmequitterdesyeux.—Touche-toi,dis-jeencore.Ellerigole.—Qu’est-cequetuesprévisible!Etpourtant,samaindescendimmédiatement.Sansréfléchir,jecommenceàme
caresserpendantqu’ellesetouchedevantmoi.Leregardd’Amyetsonsouriresefigentsoussespropresgestes.Unepartiedemoiaenviederesterlà,enretrait,àobserver la scène de l’extérieur, parce qu’elle me paraît étrangement intime.Jamais je n’aurais osé demander un truc pareil à une autre fille. Pourquoi jel’exiged’Amy?Jenesaispas.Probablementparcequ’elles’esttouchéependantquejelabaisais,lasemainedernière,etparcequeçam’aexcitécommeunfou.Etdetouteévidence,çam’exciteencore…Lorsque je perçois son souffle qui s’emballe, jem’avance de deux pas, une
érectiondéjàunpeuplus fermeentremesdoigts.Leregardd’Amymecherche,
puistombeplusbas.—Oui,approche,chuchote-t-elle.Moiaussi,jeveuxtevoir…Mespiedsavancentetjemeretrouveàgrimpersurlelitpourmepositionner
entresescuissesouvertes,làoùjevoisabsolumenttoutcequisepassedanscettezonequ’elleexhibe. Je retrouve toutemavigueurbienplusviteque jenem’enserais cru capable, surtout quemongland frôle régulièrement les doigts d’Amyquis’activentdeplusenplusvite,euxaussi.Jefixelascèneavecenvie,puismesyeuxremontentversellelorsqu’uncrifranchitseslèvres.—Continue,jelasupplie.—Oui!Elleremontesonbassinversmoiensemettantàgémirdeplaisir.Mescaresses
ralentissent et je relâche mon érection, tout occupé que je suis à savourer cespectaclequ’ellem’offresansretenue.Jenerésistepasàglisserundoigtenelle,cequisemblelasecouertouteentièrevulerâlequirésonnedanslapièce.—Oh…oui!Je n’ai pas le temps de la pénétrer davantage qu’un cri étouffé franchit ses
lèvres,puisqu’unautresuit.Danslaminute,elleperdlatête.Là.Justecommeça,devantmoi.Pourtant, jen’aiabsolument rienfait,maisunechoseestsûre : j’aitoutvu.Pendantqu’ellesedétend,jejoinsunseconddoigtaupremier,puisjelespoussedoucementenelle.Amyretiresamainetmecèdesoncorps.Ellesoupiresousmesgestesquisefontplusenvahissants.Jeglissemonpoucesursonclitoris.Ilestdur,gonflé,etjelecaressed’abordavecdouceur,pournepaslebrusqueraprèssonorgasme.Jeprendstoutmontemps,étrangementheureuxdepouvoirmeconcentrersursonplaisirsansmesoucierdumien.Ellesetortillesurlematelas,gronde,répèteuntasde«oui»délicieux,puiselleselaissechuterdansunautreorgasmerapide,sansmêmetenterderésister.—J’adoreça,soupire-t-elleavecunpetitsourirerêveur.—Etmoidonc…Sans réfléchir, je ramène mes doigts humides autour de ma queue et je me
caresselentement,lajouissanced’Amymeservantdelubrifiant.Elleseredressepartiellement et me contemple, bouche entrouverte. Je m’arrête, étrangementintimidédemesentirobservé,etjechercheàrécupérerunpréservatifsurlatabledechevetlorsqu’ellegronde:—Non.Continue.Je vérifie qu’elle n’essaie pas de semoquer demoi,mais son regard se fait
insistant et plus sombre que de coutume. Ça l’excite donc ? Sans attendre, jerecommenceàmebranler,envérifiantsaréaction.Amys’assoitfranchementdans
lelitpourmieuxassisteràlascène.Merde!Jedoisavouerquejenesuispastoutàfaitàl’aisedemecaresserdevantunefille.Ondiraitquejen’arrivepasàmelâcher.C’estàpeinesiçameplaît…—Jeveuxtebaiser,dis-je,àboutdesouffle.—C’estmoiquivaistebaiser.Jen’aipasletempsdeprotesterquesamainseposesurmontorseetqu’elle
mefaitbasculersurlelit.—Amy…touche-moi!C’estimmédiat:samainchasselamienneetmecaresseavecplusdelenteur
que jene le faisais justeavant. Jepeineànepasgrognerdeplaisir lorsqu’elleprendlecontrôledesopérations.Jesavoureladouceurdesesdoigtsetleplaisirquidécouledechacundesesgestes.Lentement,ellesepenchesurmoietvientembrassermonventre.Monexcitationgrimpeenflècheet jegémispendantquemamaincherchesanuque.Cettebouchedontj’aitantenvie,voilàqu’elleestsiprèsetsiloinàlafois…—Oh,Amy!Tuvasmerendrefou!rugis-je.Elle glousse et accélère le rythme de ses caresses. Sa langue taquine mon
nombriletdériveverslebas.Siellecontinue,ellevamefairehurler!Jeserrelesdentspourétoufferuncri,puismonsoufflesebloquedansmapoitrinelorsquelabouched’Amys’approchedemaqueue.Quand une langue vient taquiner le bout de mon gland, j’ai la sensation de
rêver.Jebaisselesyeux,cherchantàvoirlascène.Amycontinuedemebranler,mais elledéposede tout petits baisers sur leboutdemonérection.Quandelleremarquequejel’observe,ellefaitminedemeléchercommeuneglace.Matêteretombeversl’arrièreetjelâcheuninterminablecripendantquej’éjacule.Tout s’arrête et je mets une bonne minute à retrouver mes esprits. Puis je
ramèneAmyàmoiet je l’embrasse,mêmesi jen’aipasencore lesoufflequ’ilfautpourlefairecorrectement.Elleritensedétachantdemonétreinte.—Jevaisallermenettoyer,annonce-t-elle.Jelaretienscontremoi.—C’étaitgénial,j’avoue.—Vuquetouts’estterminéenmoinsdedeux,jetecrois.Ellerigoleetsesyeuxmoqueursbrillentlorsqu’elles’éloigne.—Restelà,jereviens,ordonne-t-elle.Resterlà?Commentpourrais-jefaireautrement?Ellem’asciéeendeuxavec
cedébutdefellation!J’inspireunboncoupetjefermelesyeux.Auloin,danslasalle de bains, je l’entends faire couler l’eau, puis elle réapparaît avec une
serviette mouillée. Lorsqu’elle remonte sur le lit, elle s’affaire à me nettoyer,avecdesgesteslentsetpresquetendres.— C’est quoi le problème avec ta bouche ? je lui demande, peut-être pour
détournermonattentiondecequesonattitudeéveilleenmoi.Ellemechercheduregard.—Quelproblème?—Tunesucesjamais?C’estcontretesprincipes?Devantsonfroncementdesourcils,j’ajoute:—Quoi?J’essaiedecomprendre!Ellejettelaservietteausol.—Jenevaispassucerunequeuequibaisen’importequoi!Etsuceravecune
capote,trèspeupourmoi!—Attends,tuveuxdireque…tuaspeurd’avoirunemaladie?—Évidemment!Je ne sais pas pourquoi, mais ça me soulage. Au moins, elle n’a pas un
problèmeavecl’acteenlui-même.—Jetejurequejesuisclean!—Vafairedestestsmédicauxetjetecroirai,tranche-t-elleensoutenantmon
regard.Jusqu’àpreuveducontraire,taqueuen’entrepasici.D’undoigt,ellepointesabouchedontj’aitoujoursfollementenvie.—EtBen,ilavaitfaituntest,lui?Là,jevaistroploin,jelevoistoutdesuiteàl’expressiondesonvisage.Avant
qu’ellenes’emporte,jemereprendsaussitôt:—Non,jenevoulaispas…pardon,c’estjusteque…—Non, iln’avaitpas faitde test,mecoupe-t-ellesèchement,maiscommeil
étaitmarié,jepensaisqu’ilétaitclean,j’aiétéconne,mercidemelerappeler.Jel’aiblessée,maisellesevengeimmédiatement:—EtMarianne,elletesuçait,elle?Ondiraitqu’ellevientdemefrapperenpleincœuravecsaquestionpourrie.Et
pourtant,jesaisbienquejel’aicherché,alorsjesoupire.—Parfois.—Etelleétaitdouée?—Écoute,j’aimerdé,pardon,dis-jesimplement.—Réponds!ordonne-t-elleenhaussantleton.—Jenesaisplus,d’accord?Putain!Çafaithuitansqu’elleestmorte !Tu
croisquejemesouviensdeça?Unsilencedemortsuitmesparoles,probablementparcequejeviensdetout
gâcher.Jepasseunemaindansmescheveuxavantdereprendremesesprits.—JeneparleraiplusdeBen,promets-je.—Merci.Elleachuchotéetsoudain,j’aipeurqu’ellechercheunprétextepourficherle
campdemachambre,maisaprèsuninterminablesoupir,ellemerepoussecontrelematelasetsecollecontremoi.Elleenfouitsatêtedanslecreuxdemoncouetm’enlaced’unbras.C’estungestetoutbête,destinéàfairelapaixentrenous,etmêmesiçamesoulage,ilyacommeuneenviedepleurerquimeresteentraversdelagorge.—Situfaisuntest,jetesuceraipeut-être,lâche-t-elleauboutd’unsilence.C’estridicule,maisjesouris,puisjememetsàrirecommeunidiotetjetourne
latêtepourvérifierqu’elleestsérieuse.Ellepouffeàsontour.Jenesaispassielle interprète ça comme un refus de ma part, mais elle ne semble pas s’enformaliseroutremesure.Putain!Elles’imaginevraimentque jevaisaller faireuneprisedesangjustepouravoirdroitàsabouche?Pendantune fractiondeseconde, je songeàcette idée…puis jeme remetsà
rire en secouant la tête.C’est hors de question ! Je ne suis pas désespéré à cepoint!
Chapitre56
Uncertaincalmes’estabattusurnouset je reste immobileunbonmoment,àattendrequelesouffled’Amysoitrégulier,avantdereleverlatêtepourmieuxlavoir.Elles’éloignedemoiets’étiresur lematelas,complètementnue.Sapeaume plaît. Dorée, étalée à ma vue. Je pivote pour mieux l’observer quand elletournelatêteversmoi.—Qu’est-cequetufais?—Jeteregarde,dis-jebêtement.Sa main remonte vers un sein et en taquine la pointe jusqu’à ce qu’elle se
dresse.—Etçateplaît?Jerépondsparunsimplehochementdetête,lesyeuxunpeuécarquillés.Sans
réfléchir, je tends un bras en direction de la table de chevet. Elle rit, croyantprobablement que je suis sur le point de me jeter sur elle, mais j’ouvresimplementletiroiretjerécupèrelestylo-billedel’hôtel,tropflemmardquejesuispourallercherchermonsac.Quandjemepositionneàgenoux,surlelit,jeluimontremonarmeetdis:—Jeveuxdessinersurtapeau.Amyarboreunairintrigué.Pendantunefractiondeseconde,jelasoupçonnede
croirequejeplaisante.Siseulementc’étaitlecas!Nevoit-ellepaslamagnifiquefeuilledepapierqu’elleétaleainsiàmavue?Lorsquej’approchelestylodesonsein, en la questionnant du regard, elle retire aussitôt ses doigts et remonte sesbrasau-dessusdesatête.Monventreseserredevantcetteimmensetoileviergequ’ellem’offre.Jemepencheet je tapote lapointedesonseinavec leboutdemon stylo, juste pour m’assurer que l’encre adhère à la peau. Elle rit, puiss’excuseaussitôt:—Pardon.Çachatouille.Autourdesapointe,jetracedepetitspétales,créantunefleur.C’estridicule,
maisc’estlapremièrechosequim’estvenueentêteaveccetteformeaucentre.
Entredeuxtraitsbombés,jetireuneligneplusloinetjerefaisuneautrefleurdelamêmetaille.Amyretientsonsoufflelorsquejelachatouille,maisresteàpeuprèsimmobile.Pourmapart,j’oublietout.Petitàpetit,jetraceunemosaïquesursa peau, comme si je l’habillais de dentelle.Une dizaine de petites fleurs plustard,jerecommencesursonautreseinetjefaisserejoindrelesdeuxtextures.Çadoitfaireunevingtainedeminutesquejetracedesformessursachairlorsquejemeremémorel’endroitoùjedessineetjerelèvelatête.Amym’observe,unbrasderrièrelatête.—Jet’ennuie?—Non.Jet’admire.Jelascrute,intriguéparsaréponsequ’elles’empressed’expliquer:—Tuesbeauquandtucrées.Tueslà,tellementconcentré…ondiraitqueplus
riend’autren’existe.Jerougissoussoncompliment.—Ouais,c’estque…jenesaispas…çamevidelatête.Je reporte mon attention sur l’espèce de mosaïque que j’ai tracée sur sa
poitrineetjeglisseunemainentresesseinsavantdedescendreverssonventreencoretoutblanc.—Tapeauestvraimentunemerveille,admets-jeencontinuantdelacaresser.
Unjour,ilfaudraquetumelaissesdessinersurtondosaussi.C’est fou comme ça m’inspire. Déjà, je songe à tous les éléments que je
pourrais y intégrer. Avec les courbes naturelles d’Amy, je pourrais réaliser undésertmagnifique,avecunchâteau…touteunefresque!—On dirait que tum’as fait une robe, rigole-t-elle en touchant l’un de ses
seins.C’estvraietc’étaitlebut.Enfin,jecrois.C’estlapremièrefoisquejedessine
suruncorps,etcen’estpasaussisimplequ’onpeutlepenser.Laprochainefois,jeprendraiunfeutre.Ceseraplusrapideetplusdoux,probablement.Alorsquejesongeàpoursuivremonœuvre,aumoinsjusqu’aunombril,Amysemetàsuivredes lignesduboutd’undoigt. Jem’arrêteet je l’observe.Elle s’étireet j’ai lasensation que mon œuvre prend vie quand elle bouge, surtout quand l’ombrebrouillelestraits.Soudain,uneautreidéemeviententête,bienmeilleurequelapremière.—Étire-toi,jechuchote.Amyétendsesjambes.Jesongeàreprendremespetitsdessinstoutlelongde
cesmagnifiques cuisses.Malheureusement, le temps file, et je dois profiter ducorpsd’Amypendantqu’ilestaussidocile.D’unemainlourde,jevienstaquiner
sesseinsjolimentdécorés,puisjedescendscaressersonventreavantdeglisserentre ses cuisses. Elle inspire profondément et gémit lorsque je plonge deuxdoigtsenelle.Sapoitrinesegonfleetondiraitquesapeaujoueaveclalumière.Je me penche pour venir embrasser son ventre en continuant de la pénétrerlentement.Ses râles se font plus lourds et jemedélecte de l’humidité quemesgestes provoquent.Mon érection s’éveille lorsque je viensmordiller la pointed’unseinfleuri. J’ai lasensationd’avoircrééuneœuvreàdévorer.Uneœuvrequiréagitàtoutcequejeluifais.Maboucheremonteencore,vientlécherlecoud’Amy,puisrépondaubaiserqu’ellequémandeenm’offrantses lèvres.Plus jemonte, plus mes pénétrations se font rapides et je n’ai qu’à me redresserpartiellementpourobserveruneAmysous le jougdemesdoigts.Lorsqu’uncrirésonne,jesouriscommeunidiot.Monœuvre,cen’estpascedessinquitapisselapoitrined’Amy,c’estcecriquejegénèreetdontjesuislemaître.J’adorelavoiràmamerci.D’autantpluslorsqu’ellesemetàperdreainsilatêteetquesamainenserrelapremièrechosequ’ellearriveàagripper,soitmonavant-bras.—Oh,Oli!Je cligne des yeux, incertain d’avoir bien entendu. Est-ce qu’elle vient de
prononcermonnom?Mesdoigtssesontfigésenelle,provoquantunrugissementchezAmydontlatêteserelèveversmoi:—Oh,bordel!Net’arrêtepas!Aussitôt, je me remets à la pénétrer, un peu trop vite. Amy retombe sur le
matelasetparvienttrèsrapidementàlajouissance.Pendant un moment, je l’observe se remettre de son orgasme, les doigts
toujoursplongésenelle.Moncerveaurepasseenbouclelemomentoùelleagémimonnom.L’effetqueçam’afait!Commentfairepourl’entendredenouveau?Sansréfléchir,jedescendslatêteplusbas,écarterudementsescuissesetviens
dévorersonsexedemabouche.Lecorpsd’Amysecambrecommeunevagueetellecrie:—Oh!Oui!Samaintombesurmatêteetjepoussemalangueenelleavantd’écraserson
clitoris.C’estrapide.Mesdoigtsquejeplongeànouveauenelleentémoignent.Tous ses muscles se contractent. Ses ongles me griffent par inadvertance etm’indiquentquelachuteestproche.Jeralentis,parcraintedenepasentendrecesmotssidésirés.Aussitôt,ellehalète:—Oli!N’arrêtesurtoutpas!Cen’estpastoutàfaitcequej’avaisentête,maisc’estundébut.Jemeremets
àlaprendreavecmalanguejusqu’àcequesescuissessoientsurlepointdeme
broyer la tête, puis tout s’emballe. Amy se tortille, et les mots que j’attendsrésonnentenfin:—Oli!Oli!Oh…bordel…oui!AdieuBen…c’estavecmoiqu’Amybaise,cettenuit.Soncorpsestmien,etje
sais que je suis partout, pas seulement entre ses cuisses, mais dans sa têteégalement…etçamefaitunbienfou!Quand j’émerge de cette zone que je viens d’inonder, Amym’attire jusqu’à
elle,sabouchevenantprendrelamienneetsesgriffesmarquantsonterritoirelelongdemesépaules.Lorsquejem’éloignepourretrouvermonsouffle,elleouvredesyeuxbrillantsd’enviesurmoi.—Jecroyaisquec’étaithorsdequestionquetumelèches?medemande-t-elle
avecunairtaquin.Jehausselesépaules.—Tumeconnais,jesuisunpetitcon.Jefaisn’importequoi.Elleglousseavantdevenircaressermonvisagedesesdoigtsfins.Quandelle
joueavecmalèvreinférieure,ellechuchote:—J’adoretabouche.Encore un compliment ! Sur le point de revenir l’embrasser, je reste choqué
lorsqu’Amy pousse son pouce entremes lèvres pour venir le frotter contremalangue.Je lascrute, intrigué,pendantqu’elle reprendsondoigtpour leporteràses lèvres. Elle le lèche devant moi, sans me quitter des yeux. Je sens monérection revenir immédiatement à la vie et j’ai soudain l’envie folle de laposséderd’uncoupdereins.Jecherchelespréservatifs,quelquepartsurlatabledechevet,maisdèsquej’enrécupèreun,Amymerepousse:—Étends-toi.C’estmontour…J’aienviederefuser,deluidirequec’estmoiquiveuxcontinuerdedirigerles
opérations,parcequ’elleesttoujoursmonœuvre,maiselleestdéjàassiseetdansun soupir, je me laisse tomber sur le matelas et je consens à lui céder lecontrôle…aumoinspourquelquesminutes…
Chapitre57
Dèsqu’Oliestétendudansl’immenselitdesachambred’hôtel,destasd’idéesme viennent en tête. Je songe à l’attacher et àme caresser juste sous son nez,jusqu’àcequ’ilmesuppliedelebaiser,puisdescendrelechevaucherjusqu’àceque tout s’enflamme… Et pourtant, pendant près d’une minute, je reste là,immobile,àlecontempler.Oliestdéfinitivementsexy.Etdoué!Tellementdouéqueçamedonnelevertiged’avoirlecontrôledesopérations.Sesyeuxglissentsurmapoitrinequ’ilapatiemmentornéedefleurs.—Tuesjoliecommeça,chuchote-t-il.Jenerépondspas,tropoccupéeàmepencherversluipourluivolerunbaiser.
Mamainenprofitepourcaressersonventre,puisjelegriffedélicatementavantdevenirempoignersaqueuequejecommenceàbranler.Olirespirefortavantdeposersesdoigtssurmonavant-bras.—Ducalme…sinontoutvapartirenvrilleenmoinsdecinqminutes!Jenete
dispascommejesuisexcité.Monrirefuse,nerveux.Jen’osepasluidirequec’estréciproque,mêmeaprès
touslesorgasmesquejeviensderafler.—J’aienviedet’entendrejouir,j’avoue.Enréalité,j’aienviedeluirendreunpeucequ’ilm’aoffert.Jenepeuxpeut-
être pas rivaliser,mais je veux bien essayer de lui offrir aumoins un orgasmemémorable.Monaveusembleleravir,carilsouritdavantage.—Jecomprends.J’aisouventcegenred’enviequandjesuisavecunecertaine
Amy.Jegloussecommeuneidiote,flattée.Ilrépètesouventmonnom,cesoir.Jene
suisplusune«poupée»auhasard,ramasséedansunbar,maisAmy.Moi.Etj’ail’impressionqu’ilyaunlienplusintimeentreOlietmoicesoir.Est-cequec’estparcequenousnousconnaissonsmieux?J’embrassesonvisagequejetrouvesibeau:sonnez,sabouche,sonmenton.
Jedescendspourléchersontorseenfaisantglissermescheveuxsurlui.Ilgémit
etjesenslesmusclesdesonventrequisetendent.Demamainlibre,jerécupèrele préservatif qu’Oli tient toujours entre ses doigts, puis je glisse mes lèvrestoujoursplusbas,toutprèsdesongland.Olilâcheunrâlequinemasqueenrienl’excitation que cette simple proximité provoque en lui.Mamain s’active plusrapidementsursonsexequej’observesegonflerentremesdoigts.J’aienviedemejeterdessus,delesentirenmoi,maisjefaiscequej’aitoujoursrefuséàOli:jelèchesonglandavecleboutdemalangue.Délicatement.Justepourgoûteraufruitinterdit.—Oh…oui…Je savoure sa plainte en fixant ce sexe gorgé de sang. Au bout d’une bonne
minute, je saisis son gland entremes lèvres sans cesser de le branler et jemeretireaussiprestement.C’estinstantané:Olisemetàgémirenseraidissantsurlematelas. Je me sens soudain envahie d’un pouvoir étrange. Quand son souffles’apaise légèrement, je recommence, détachant mes doigts de sa queue pourpouvoir la prendre en entier entre mes lèvres. Dès que je remonte, ma mainretrouvesesgestesmécaniques,aidéeparlasalivequejeviensdelaisserautourdesachairferme.Uneautresecoussesembleleterrasseretsesdoigtsmeserrentl’épaulependantqu’ilgémit:—Oh,Amy!Lorsqu’Oli le dit de cette façon,mon nom est le plus beau chant qui existe.
Commes’iln’existaitquemoidanssonesprit.J’aienviedechassermesrèglesidiotes,demejeterdenouveausurcesexeenfeuetdecomblercethommesansaucune réserve, mais je reprends mes esprits, puis le préservatif que je viensdéchireravecmesdents.J’ai lasensationde tremblerenvenant ledéroulersurson gland rougi par mes soins. Pourquoi est-ce que je n’arrive pas à êtreraisonnablequandunidiotmefaitmesentiraussispéciale?Oli lâche un soupir. Jem’empresse de venirme jucher sur lui et je savoure
l’instantoùcesexegonflém’habiteenfin.Jen’aipascommencémachevauchéequ’ilseredresseetemprisonnematêteentresesmainsavantdevenirécrasersabouchecontrelamienne.C’estrapide,urgent.Ilempoignemesfessesetm’obligeà démarrer mes déhanchements avec un rythme soutenu. Je m’accroche à sesépaules et tente de me mouvoir comme il le souhaite, mais il devient plusempresséquejamais.Tellementqu’ilmeplaquedosaulitpourvenirmeprendreavecunefouguedetouslesdiables,puisilralentitetvientposerdoucementsonfrontcontrelemien.—Oh,putain…Jeneveuxpasjouirtoutdesuite!Ses yeux cherchent les miens et il m’arrache un petit cri de plaisir en me
donnantunsolidecoupdereins.—Tumerendsfou.Tulesais,aumoins?Savoixrésonnecommeunreprocheetsespénétrationssefontdeplusenplus
rudes, commes’il n’arrivait plus à retenir sesgestes. J’adore levoir ainsi ! Jeretienssonvisageprèsdumienpendantqu’ilsemetàgémir,lesyeuxrivésauxmiens.Entredeuxrâles,ilhalète:—Jenepeuxplus…tenir!Je retiens un sourire charmé. Est-ce qu’il espérait me donner encore un
orgasme?Sansréfléchir,jesoulèvelatêtepourvenircapturersabouche,puisjeterminemonbaiser en retenant sa lèvreentremesdents. Jen’aimêmepasà lemordrequetouts’emballe.Olimerepoussecontrelelitetbloquemesmainsau-dessus dema tête, puis il me pénètre puissamment encore une, puis deux fois.Lorsqu’ils’immobiliseenfin,ilexpireavecbruitpuisselaissetombersurmoi.—Hé!Tueslourd,meplains-jedansunrire.Ilrouleàmescôtés.Auboutdeplusieursminutespendantlesquellesilessaie
dereprendresarespiration,iltournelatêteversmoi.—Est-cequetum’assucé,Amy?Jesecouelatêteavecunpetitairinnocent.—Tuas rêvé.J’aiseulementenduitmamaindesalivepourquecesoitplus
agréable.Il fronce les sourcils et je vois, dans son regard, qu’il doute de son propre
ressenti,puisilinsiste:— Je ne suis pas fou ! Je sais quand même reconnaître la sensation d’une
bouchesurmaqueue!J’attends,puisj’essaieaussitôtdemejustifier:—D’accord,jet’aipeut-êtreunpeusucé.Maisjusteunefois!Pasdequoien
fairetoutunplat!Unpeuvite,ilpivotesurlecôtéetprendappuisurunemainpourmeregarder.—Etlestestsmédicaux?Jeserrelesdents.—J’aifaituneerreur.Çanesereproduiraplus.Detoutefaçon,jeterappelle
quedemain,onredevientdesimplescollèguesdeboulot.—Lanuitnefaitquecommencer.Ettumel’aspromisetoutentière.—Oui,maisjenetereprendraipasdansmabouche.Ilsoupirecontremonoreille.—Tuasvuunpeul’effetqueçam’afait?Lerirequejeperçoisdanssavoixmeplaîtetjeglousseenhochantlatête.
—C’estvraiquec’étaitplutôtimpressionnant…Jecommenceàmerelever.—J’aibesoind’unedouche.Ouplutôtd’unbain,tiens.Çatedonneraletemps
deretrouverlaforme…Jen’aipasfaittroispasqu’ilselèveàmasuite.—Jeviensaussi.Quelquechosemeditquelaformereviendrabienplusvitesi
jeresteprèsdetoi.Ilmerattrapeetmeclaqueunefesseaupassage.—Maisjen’aipasditmonderniermotpourlapipe,tusais.—Quelidiottufais!—Jesais!Maisl’espoirfaitvivre,pasvrai?C’estplusfortquemoi,j’éclatederire.
Chapitre58
Amychantonneensesavonnant les jambes, ledoscollécontremontorse.Ladernièrefoisquej’aiprisunbain,jedevaisêtregamin.Etpourtant,jerestelàetjel’observe,amusédelavoirsecomportercommesijen’existaispas.Aveclesautresfemmes,j’aitoujoursprisdesdouches.Unbain,c’estlong.Ilfautattendre,discuter…,maisenfait,pasvraiment.Amyestsilencieuse.Quandelles’avanceun peu pour se rincer les bras, j’essuie les bulles de savon sur sa peau.Évidemment,elleaversélapetitebouteilledebainmoussantdansl’eaupendantquelabaignoireseremplissait!Etmêmesij’aihausséunsourcilsceptiquesurlemoment, c’est vrai que je trouve ce bain apaisant. Peut-être un peu trop,d’ailleurs.—Parle-moi un peu des clients qu’on verra demain, lâche-t-elle soudain en
revenants’étendrecontremoi.Jeclignedesyeuxavantdedemander:—Euh…tuveuxqu’onparleboulot?—Pourquoipas?Étirantunbras,jefaisglissermamainentresesjambes,caressantl’intérieurde
sescuisses.—Onaquandmêmemieuxàfairequedeparlerboulot,toietmoi,j’explique
enessayantdelafairetournerfaceàmoi.Elle rigole, mais cède et se positionne de biais pour que nos regards se
croisent.Jenerésistepasàvenircaressersonsexesousl’eau.—Oli,megronde-t-elledansunrire.—Quoi?Tuesnue,dansmonbain…tunevasquandmêmepast’offusquersi
jetetripote!Elleglousseencore,puissonsouffles’emballelorsquej’atteinssonclitoris.—C’estque…jevoulais…qu’onsoitprêtspourdemain, finit-ellepardire,
visiblementbientroubléparmescaresses.L’avantage de ma position, c’est que j’ai un bel accès à son sexe et je
m’empresse de venir la pénétrer de deux doigts.Amy ferme les yeux quelquessecondes.—Commentveux-tuqu’ondiscutesitumetouchescommeça?—Moi,jen’aiaucunproblèmeàdiscuter,jeraille.Sanscesserdepoussermesdoigtsenelle,jememetsàluiparlerduprojet,du
fait que nous sommes deux boîtes en lice pour acheter les droits du spectacle,maiscommenoussommespluspetitsetquenotrebudgetestpluslimité,j’ignoresinosargumentspèserontsuffisammentlourddanslabalance…Amyluttecontreleplaisirquejegénèreenelleetdemande,lavoixtrouble:—Alorsonfaittoutçapourrien?Je reviens sur son clitoris et l’eau tremble sous son spasme. Elle se retient
d’unemainàmonépaule.—Onnefaitjamaisrienpourrien,dis-jeenfixantseslèvres.Ellemecherchedesyeuxàtraversunbrouillardquisembleagréableetjelui
laissequelquessecondespourretrouversesespritsavantdem’expliquer.— On est plus petits, mais plus créatifs. On a des idées, une équipe, une
expertiseetune réputationquin’a rienàenvieràces idiotsdeDevex.Eux, ilsfontdufast-food.Ilsn’innoventpas!Soudain, jeremarquequ’Amym’écouteréellement,signequemesdoigtssont
restés immobilespendant trop longtemps.Je lapénètreaussitôtdenouveau.Sesyeuxsefermentetsarespirationsetrouble.—J’aimecommentturéagis,dis-jesansréfléchir.Je reviens sur sonclitoris, dansune caresseplus appuyéecette fois. Jeveux
qu’ellejouisse,vite,commeça,sansprévenir.L’eautangue.Amyaussi,etsatêteprend appui surmon épaule pendant qu’elle lâche un premier râle qui résonnedanslapièce.Dansl’eau,jesenssescuissesquis’ouvrent,commesisoncorpscherchaitàprendretoutleplaisirquejeluidonne.Lorsqu’unpetitcrifranchitseslèvres, elle relève son visage versmoi et écrase sa bouche sur lamienne. Cebaiserressembleàunsignepourquejel’achève,alorsj’yvaisfranchementetjesavoure la façon dont elle accueille l’orgasme que je lui offre : elleme serrecontreelle,mordmalèvreassezfortpourquej’engrimacededouleur,puiselles’éloignelégèrementpourlâcheruneplaintequin’enfinitplus.Lorsqu’elleretrouvesonsouffle,jeretiensunpetitairsuffisantpourassener:—Enfinbref,jecroisqu’onaencorenoschancesderécupérerlespectacle.Leregardd’Amyaffichedelaconfusion,avantqu’elleéclatederire.Unrire
quivientducœur,beau,etlongaussi.—Toi,alors!Tun’enratespasune!
—Tuvoulaisqu’onparleduboulot, je teparleduboulot! jemedéfendsenfeignantunairoutré.Un autre rire résonne, puis elle vient nouer ses bras autour de mon cou et
reprendre ma bouche avec une sensualité qui redonne de la vigueur à monmembre.Lorsqu’elleleremarque,Amychuchoteentredeuxbaisers:—Tuveuxquejetefassejouirici?Jesecouelatête,maislalaissecontinueràmecaresser.J’adorecequ’ellefait
etlespetitsspasmesqu’elleprovoquedansmonventre.—Dequoiest-cequetuasenvie?demande-t-elleencore.—Detabouche,dis-jesansréfléchir.J’aiunmomentd’absenceavantde réaliser lesmotsquiviennentde franchir
meslèvres.—Tuestellementprévisible,rigole-t-elle.Elle se relève soudain, et je me demande si elle l’a mal pris. Légèrement
anxieux,jelaquestionne:—Qu’est-cequetufais?—Jet’attendssurlelit.Onvavoirsionpeuttrouverunpetitarrangement…Un arrangement ? Pour qu’elle me suce ? Je me lève si prestement dans la
baignoirequel’eautanguedanstouslessens.Amys’enrouledansuneservietteetritdevantmonempressement.Jeladévisage,perplexe.—Attends,tuasditçapourmefairemarcher?Avecunairlubrique,elleplongedeuxdoigtsentreseslèvresetlessucedevant
moi.C’estautomatique :monérectionretrouve toutesavigueur,etelleobservemaréactionavecunairamusé.—Allez,dépêche-toi!Ettuasintérêtàmeprendreenlevrette,après.Unepipeetunelevrette?Jedoisvraimentêtreentrainderêver.Jerécupère
uneservietteetjelasuisenm’essuyantenquatrièmevitesse.
Chapitre59
Je cours presquepour arriver àm’installer sur le lit avantmêmequ’Amynel’aitatteint.Jemecouchesurledos,offert,avecunpetitsourireséducteur.Devantmonmanège,Amylâcheunrire,puisellelaissetomberlaserviettesur
lesol,récupèreunecapoteetvientmerejoindresurlematelas.Elleesttellementbelle!Jeprendsdeprofondesinspirations,espérantretrouverunpeudecalme.Siçacontinue,jevaisjouirenmoinsdetroisminutesetjen’aipasautantespérécemomentpourquetouts’arrêteaussivite!Soudain,ellesepenchepourvenirembrassermonventre.Jeserrelesdentset
retiensunrâled’envie.Ellelèchemapeauendescendantverslebas.Ellen’apasencoreatteintmonérectionquejepousseungrognement.Ellerelèvelesyeuxversmoi,taquine:—Serais-tusiexcité?—Tun’aspasidée!jelâche,incapablederetenircesmots.Lorsqu’elle dépose un baiser surmon gland, je ferme les yeux et je savoure
l’instant à venir. Elleme taquine de la langue, puis plongema queue entre seslèvres.Ondiraitqu’unélectrochocmetraversedebasenhaut.—Oh…Amy!gémis-je.Cettefois,c’estsûr,jenetiendraipastroisminutes!Jebaisselesyeuxpourla
regarder.J’enaitellementrêvé!Maisaulieuderevenirmeprendreenbouche,jelavoisquiinstalleunpréservatifcontreseslèvres.Jem’exclame:—Qu’est-cequetufous?Ellerelèvelatêteversmoi,surprise.D’unemain,elleéloignelacapotedesa
boucheetdit:—Jetemetsunpréservatif.—Quoi?Tuvasmesucerdanscemachinenplastique?—Oli,onenadéjàparlé,merappelle-t-elleenmejetantunregardlourdde
sens.—Mais tuviens justedeplongermaqueuedans tabouche !Tun’asqu’à le
refairedixoudouzefois,qu’est-cequeçachange?Ellesoupire.—Écoute,c’estàprendreouàlaisser,tranche-t-elle.Autantquetulesaches,
çanem’excitepasplusque toidedevoirutiliserunecapote,maisc’est leseulmoyen.Situfermeslesyeux,tuneverrasmêmepasladifférence,mepromet-elle.Comme elle attend que jeme décide, je finis parme laisser retomber sur le
matelasetravalemadéception.Uneinspirationplustard,jebaisselesyeuxverselleetjel’observedéroulerlepréservatiflelongdemaqueueavecsabouche.Sijen’étaispasaussiamer, jeseraisprobablementimpressionnéparsatechnique.Quandelledémarresafellationetquemonsexefrémitaucontactdeseslèvres,jeserre les dents et je détourne la tête pour essayer d’oublier ce fichu bout deplastiqueentreelleetmoi.C’esténervantdenepassentirsasalive.Oulatexturede sa bouche contrema peau. Çam’empêche de profiter de cemoment. Alorsqu’elles’activedavantage,jesoupireetjegronde:—Jenevaisjamaisyarriver!Elleseredresseetjeprendsunpetitmomentavantdedescendremesyeuxvers
elle.—Cen’estvraimentpascequej’avaisentête,jeluiavouedoucement.Àsontourdesoupirer.—Jesuisdésolée,Oli,maisjenepeuxpastedonnerplusqueça.Ravalantmadéception,jem’assoisdanslelit.—Jepeuxtebranlerenembrassanttonventre,propose-t-elleaussitôt.Jesecouelatête,dépité.Jenepeuxpasm’empêcherdelaquestionner:—Maistuenasenvieou…?Jeveuxdire…demesucer?Elleselècherapidementleslèvrespuisavoue,avecunpetitsouriretimide:—Jenel’auraispasfait,autrement.Jenesuispasvraimentdugenreàtefaire
deschosesuniquementpourtonbonplaisir,jeterappelle.Sansréfléchir,jeposemesdoigtssursanuqueetjel’attireversmoipourlui
volerunbaiser.Àdéfautd’autrechose,jeviolesaboucheavecmalangue,avecunesortederagequejenem’expliquepas.Pourquoiest-cequej’exigeautantdecettefille?Jepourraismecontenterdecequ’onfaitdéjàensemble!Amysecolleàmoietfrottesonsexecontrelemien.Jerugislorsqu’elleglisse
monérectionenellesansinterromprenotrebaiser.Là,aumoins,j’ailasensationde contrôler quelque chose, et je ne résiste pas à prendre ses fesses entremesmainspourluidicterlerythmequimeconvient.Tropavidedemeperdreenelleetdel’avoiràmamerci,jelarepousseetla
déplaceàmaguise,lafaisantpivoterpourqu’elleseretrouvedosàmoi,unpeu
rustre dans mes gestes. Amyme laisse la positionner contre la tête de lit, lesmainsbienàplatcontrelastructureenbois,puiselleécartelescuissesdèsquejecherche à la prendre par-derrière. Si fort que nos peaux claquent lorsque jeplongeenelle.Jegrondedevantsadocilitéetrecommencemesviolentscoupsdebassin. Amy lâche un crimagnifique qui ne fait que ravivermon excitation. Àdéfautdepossédersabouche,jevaispossédersoncorps.J’agrippeseshanchespourlaramenerdeplusenplusviteversmoiquandsoudainellesemetàgémirmonprénom.Jeserre lesdents, j’essaiede respirerparà-coups, je fais toutcequejepeuxpourretenirmonéjaculation.Touts’emballelorsqu’Amylâcheuncriassourdissantetquesoncorpsm’enserredel’intérieur.Elleglissecontrelemurquandjeviensl’yplaquer,perdantlatêteàmontour.Jepousseuncrisourdquirésonneàmesoreilles,avantde reprendrepeuàpeuconsciencedemoncorps.L’arrière de mes cuisses me fait un mal de chien, mais ce n’est rien encomparaisondemesjointures.Jel’aiserréesifortquej’aidûluiimprimermesempreintesdigitalesdanslapeau.Quandj’arriveàouvrirlesyeux,jemedétached’elleavantdemelaissertombersurlelit.Dansunsoupir,elles’écrouleàmescôtésettournelatêteversmoiavecunrire.—Bonsang,c’étaitgénial!m’annonce-t-elle.Jenerépondspas,tropessoufflé,maisjesouris,plutôtfier.Moiquicraignais
qu’elle me reproche ma rudesse ! Peut-être que ça lui plaît bien, tout comptefait…Defaçon toutenaturelle,Amyseglissecontremoietposeunemainsurmon
torse pour me caresser doucement. Je ferme les yeux et je savoure le contactdélicatdesesdoigtsavantdesombrerdanslesommeil.
Chapitre60
Lesoleilfiltredanslapièceetm’obligeàouvrirlesyeux.Jem’étiresouslesdrapset je sursaute lorsque jeperçoisuncorpsprèsdumien.Oùest-ceque jesuis?Jemeredresse,unpeudans lesvapes,puis jeprendsquelquessecondespourobserver l’endroit,et jeporteuneattentionpluspréciseà la femmequisetrouveàmescôtés.Amy.Jem’essuie le visage d’unemain lourde.La nuit dernièreme revient en tête
dans une série d’images fixes : Vegas, la robe d’Amy, son regard empreintd’excitation…,puis la façondont ellem’a sautéaucou…, tout ce sexeet cettecomplicité…Je chasse mes souvenirs et je soupire pendant qu’elle continue de dormir à
poings fermés. Elle est dos à moi, complètement nue, et le drap la recouvrejusqu’auxhanches.Sescheveuxsontdéfaitsets’éparpillentsursonoreiller.Jesouris,puismerembrunisdenouveau.PourquoiAmyest-ellerestéedormir
ici?Sachambreestjusteàcôté…Etpourquoiçamecontrarie?Cen’estpassigrave.Elles’estprobablementendormiejusteaprèssondernierorgasme,commemoi.Çaneveutriendire.Ellen’estquandmêmepaslegenredefilleàs’imaginerque notre relation a progressé parce qu’on a dormi l’un à côté de l’autre, pasvrai?Dansungestelascif,Amybouge,puiss’étalesurledos.Sesseinsaccrochent
monregardpendantquesamainchercheettrouveledrapqu’elleremontesursapeau.C’estautomatique : jebande.Qu’est-cequ’elleestbelle !Jenepeuxpasm’empêcherde jeteruncoupd’œil à l’heure. Je souris commeun idiot. J’ai letempsderemettreça.Pasbeaucoup,alorsj’aiintérêtàmedépêcher.Jerepousseledrappourqu’ellesoitnue.Ellegrogneettentedesecouchersur
le côté, mais je retiens sa cuisse un peu cavalièrement pour qu’elle reste enposition et je viensm’installer entre ses jambes.Elle expire bruyamment, posesonavant-brassursesyeuxpoursecacherdelalumièrequ’ilyadanslapièce.
Même si j’ai envie de la prendre, je vérifie d’abord qu’elle est prête àm’accueillirenpoussantdeuxdoigtsenelle.Amybougelégèrementpendantquejem’appropriesonintimité,chaudeethumide.Ellegémitlorsquejerecommence,et je sens que son corps acceptemon intrusion sans rechigner. Juste à la façondont sa respiration se transforme et que ses cuisses s’ouvrent davantage, jecomprendsqu’elles’éveilleagréablement.Dèsqu’unpremiergémissementsefaitentendre,j’accélère,percevantdeplusenplusd’humiditéquiseformeautourdemes doigts. Amy se cambre en étouffant un râle, puis elle reprend consciencependantque jeviens caresser sonclitoris.Dansun sursaut, ellehoquette et sesyeuxseposentenfinsurmoi.— Je t’ai… donné la permission deme baiser ?me questionne-t-elle d’une
voixenrouée.—Toncorpsnesemblepass’enplaindre.Je me penche en direction de la table de chevet, déterminé à récupérer un
préservatifpourpouvoirmefaufilerenelle,maisAmyretientmongesteenposantunemainfermesurmonépaule.—Ungentlemanpensedavantageauplaisirdesapartenaire,merabroue-t-elle
encore.Jelascrute,visiblementimpatientequejereviennelatoucher—Jen’aijamaisprétenduêtreungentleman,dis-je.Etpourtant,jeramènemesdoigtscontresonsexeetjeviensemprisonnerson
clitorisdansunepetitesecoussequilaforceàrefermerlesyeux.—C’estmieux,commeça?jeraille.Retenantunrâle,ellereportesonattentionsurmoi,forçantlanotepouressayer
demerabrouerduregard,quandelleremarquequejesuisparvenuàrécupérerunpréservatif. Ses doigts s’accrochent à mon poignet et elle résiste aux petitesfrictionsquejeluisersavantdegronder:—Pastoutdesuite.Continue.J’accélère jusqu’à ce qu’elle semette à gémir, puis je plongemes doigts en
elle.Toutlecorpsd’Amysecambre,commeunevaguesurlelit.Pendantquejelacontemple,sarespirations’emballeetellesouffle:—Oli…,tutriches!Ellerefermelaboucheavantqu’uneplaintenetroublesavoix,maissesyeuxse
fermentet leplaisirdéformeses traits.Qu’est-cequej’aimelavoirainsi!Dèsqu’elle baisse sa garde et laisse ses cuisses s’écarter, je profite de cet espacepourenfilerlepréservatifavantdevenirluidonneruncoupdereinsbiensenti.Enfin!Aussitôt,Amygrogne:
—Tuauraispucontinuerunpeu…—Tumeconnais.J’adoreêtreunsalaud.Dans un rire, elle remonte une jambe derrière moi et tente de cogner mes
fesses.—Alorsbaise-moi!J’empoigne son bassin que je ramène brusquement vers moi. Elle pousse
immédiatementunpremiercri.Merde.Jesuisfébrile.J’aienviedejouir,etvite.—Touche-toi,jeluiordonne.Onn’apasbeaucoupdetemps.Lamain d’Amy glisse sur son sexe, et je prends quelques secondes pour la
contempler avant de reprendre mon déhanchement. J’accélère le rythme et medélectedespetitscrisquejegénèreetduplaisirquicommenceàm’étourdir.Mesgestesm’entraînentversunechuteaussirapidequecertaine.Tantpis.Cematin,c’estchacunpoursoi.Quandelledevient trop lourdeàsoulever, je relâchesonbassinetjegrimpesurelle.Jeforcesescuissesàm’accueillirpendantquejelaprendsplus rudement.Amym’attireverssabouche,m’embrasseavec fougueetsesongless’enfoncentdansmescheveux,puismegriffentlanuque.J’adorequandellefaitcetruc!Jemeraidisetjepousseuncri,puisjem’enfonceunedernièrefois en elle pour jouir, aveuglé par cemélange de sensations qui m’écrase depleinfouet.Lorsque je reprendsmesesprits, jedis lespremiersmotsquimeviennenten
tête.—Oh,poupée…tuasvraimentledondemerendrefou…Jemeredressepourlalaisserrespirer,puismelaissetomberàcôtéd’ellesur
lematelas.Lorsquemesyeuxcroisentl’heure,jemarmonne,encoreengourdiparmonorgasme:—Merde! Il fautque tu fiches lecamp,autrementMarcovasepointeret te
trouverdansmonlit…Unsilencepasseetjetournelatêteverselle.Jecroiseleregardd’Amy,quime
fixe avec un drôle d’air, puis elle se redresse brusquement. Qu’est-ce qu’il sepasse, qu’est-ce que j’ai mal fait ?Merde ! Amy n’a probablement pas eu letemps d’atteindre l’orgasme ! C’est forcément ça ! Elle s’assoit et glisse sesjambeshorsdulit,visiblementpresséedequittermachambre.Sansréfléchir,jemerapproched’elleetnoueunbrasautourdesataillepouressayerdelaretenir.—Tuveuxquejetefinisseaveclesdoigts?jeluiproposefranchement.Ellemejetteunregardnoir.—Tun’esvraimentqu’unsalecon.Ellechassemamainet se lèvependantque je reste immobile, sonnéparson
intonationacerbe.—Attends…c’estparcequetun’aspaspristonpied?J’aijouitropvite?Ellecontinuedesevêtirsansdaignermejeterlemoindreregardquandjeme
redressebrusquementsurlelit.—Merde!Jet’aiappelée«poupée»,jemesouviensenfin.Amys’arrêteetmejetteunnouveauregardnoirquiconfirmemadéduction.—Ça ne devrait pasm’étonner. Tu n’es un salaud, après tout.On est toutes
pareillesàtesyeux,interchangeables.—Écoute,parfois…tusaiscommentjesuis…—Çava,mecoupe-t-ellerudement.Ilfautquejefile.Ellesepenchepourrécupérersonsacetseschaussures,puissedirigeversla
sortie.Jem’exclame:—Tuesfâchée?Lamainsurlapoignéedelaporte,elles’arrête.—Non.Toutcomptefait,jesuissoulagée.Jelafixesanscomprendrequandelleajoute:—Voilàquiclôtureàmerveillecettepetiteparenthèse.Sans attendre, elle s’enfuit pendant que mon cerveau analyse sa dernière
phrase. Qu’est-ce que c’est censé vouloir dire ? Que nous ne sommes plusamants?Ouqu’ellepenseàmedonnersadémission?
Chapitre61
Jerentredansmachambreetretiremarobe.D’unpaslourd,jemeréfugiesousladoucheenespérantquel’eauchaudechasseralegoûtamerquej’aienbouche.Commentai-jepuimaginerquejepartageaisquelquechosedevraiavecOli?Jenepeuxpascroirequejemesoisencorelaisséebercerd’illusionsparunsouriretropcharmeur!Jem’étaispourtantpromisdegardermesdistancesaveclui!Quand je pense qu’il a eu le culot de me ficher hors de sa chambre enme
traitantde«poupée»!Amy,lafillequin’estbonnequ’àbaiserencachette!Moiquipensaisqu’Olicommençaitàm’apprécier…quelleidiotejefais!Onnem’yreprendraplus!Jediminuel’eauchaude,petitàpetit,commepourretrouvermesesprits…ou
essayerdemepunirdemastupidité.Quandlefroiddevientintenable,jecoupelejet et je reste unmoment à inspirer longuement, pour reprendremon calme. Siseulement je n’aimais pas ce travail et si je pouvais tout larguer, comme ladernièrefois!Leschosesseraienttellementplussimples!Avecmachance,Olivaessayerdesedébarrasserdemoi.Maintenantqu’ilm’abaiséeunefoisdepluscommeillevoulait,ilacertainementenviequejeluifichelapaix.Iln’yaqu’àvoirlafaçoncavalièreaveclaquelleilm’afichuedehors!Maissijeneparspas,est-cequ’ilvaessayerdemepousseràboutpourquejedémissionne?Alorslà,il peut rêver ! J’ai bien l’intention de lui montrer de quel bois je me chauffe.Jamaisiln’auraeuuneassistanteaussidouée…niaussiénervante,tiens!Jevaisluifairepayersafaçondemetraiter.Je sors de la douche et me sèche rapidement les cheveux. Si, à la base, je
n’avaispaslamoindreintentiondememaquiller,jeprendsquelquesminutespourle faire, juste pour souligner mes yeux et mes lèvres. Il faut que j’aie l’airparfaitement sûre de moi. Je m’habille avec une petite robe d’été et deschaussuresàtalonsplats.Jen’enfaispastrop:pasdetailleur,maisriendetropsexynonplus.Jeneveuxpasqu’Olis’imaginequej’essaiedel’aguicher!Unevingtainedeminutesavantnotrerendez-vousauPicasso,jeboisuncaféet
je relis les notes de Cécilia en songeant aux parties du spectacle dont je mesouviens. Il faut que je sois au niveau pour soutenir la discussion et ce seraitgénial que je trouve une idée intéressante à proposer. Lorsque l’on frappe à laportedemachambre,jeposematasse,refermemonpetitdossieretrécupèremonsac avant d’aller ouvrir sur Marco et Oli, dans des tenues plus décontractéesqu’hier.—Trèsjolierobe,mecomplimenteMarco.JeluisourissansaccorderlamoindreattentionàOlietsorsenfermantlaporte
de ma chambre. Je les suis dans l’ascenseur qui nous emmène en bas et noustraversonslehallremplidesallesdejeuxavantd’arriverauPicasso.JeresteunpeuenretraitetOlivérifietrèsrégulièrementsijelessuis.Jefaisminedenepasremarquersonairinquietetafficheuneexpressionparfaitementneutrelorsquejem’installeàlatable,soulagéequelesclientss’ytrouventdéjà.Jesuislapremièreà entamer la discussion par des politesses sans intérêt, mais je suis ravie depratiquermonanglaisetde les féliciterpour laqualitéduspectacleauquel j’aiassistéhier.Laconversationrestebanalejusqu’àcequechacuncommandesonplat.Après
quoi,Oliestlepremieràaborderlesujetbrûlant:—Alors…avez-vousétudiénotreproposition?Nick et Daniel paraissent troublés. À croire qu’ils n’ont pas une bonne
nouvelleànousannoncer.—Vousneserezpassurprisd’apprendrequeDevexnousoffrebeaucoupplus
d’argentpourobtenircespectacle.—Passurprisdutout,confirmeOlienportantsonverreàseslèvres,maisils
enferontdelamerdeetvouslesavez.Aprèsquoi,vousperdrezdelacrédibilitépourlaventedevotreprochainspectacle.Choquée, j’enai le soufflecoupé.Est-il réellementen traindeparlerainsi à
des clients potentiels ? Marco me fiche un coup de pied sous la table et jecomprends qu’il faut que je dois rester solidaire avec mon équipe quoiqu’ilarrive.— Nous sommes des artistes créatifs, reprend Oli, et nous ne sommes pas
seulement là pour acheter un spectacle et en faire quelque chose de tiède quiconviendra à la masse moyenne. Ce que nous voulons, c’est en faire quelquechosedeplusgrosencore.Exploitertoutsonpotentiel.—Ilestdéjààsonpleinpotentiel,lâcheNickd’untoncondescendant.—Biensûrquenon,soutientOlisansgêne.L’éclairageestfaible,onvoitles
plateformes, et des projections rendraient l’immersion du public tellement plus
efficacelorsdesscènesaquatiques.Sansparlerdetoutesleséconomiesquevousferiezsivousadaptiezlégèrementvotremiseenscène.LeshommessedévisagentensilencependantqueMarcos’imposeàsontour:— Rien qu’au niveau des matériaux, nous pourrions vous faire économiser
environ 42 % de vos frais de production, et c’est compter sans la facilité dedémontaged’untelspectacle.Avecdelachance,vouspourriezfaireunetournée.Olihochelatête.— Exactement. Une tournée, c’est bien plus efficace que de confiner un tel
bijoudansunegrandesalle,vousnepensezpas?—Nesoyezpasridicules: ilyabeaucouptropd’élémentsàtransporter! le
contreditDaniel.—Nous avons fait lamêmechose il n’y apas sixmois, renchéritMarco, et
notreadaptationétaitbienplusefficace.Oliestungénie!Jenepeuxpasnierquejesuisd’accordaveclui,malgrétoutesmesréserves
vis-à-visd’Oli,cematin.Devantledoutequ’afficheNick,jemedécideàprendrelaparole:—Pourma part, je ne suis pas l’assistante d’Olivier depuis très longtemps,
maiscequejesais,c’estqu’ilaimesontravail…etqu’ilneprendpastouslescontrats qui lui tombent sous la tête. Il les sélectionne. Ilmarche aux coups decœur,etunefoisqu’ils’estattachéàunprojet, ildonne toutpour lui.Peut-êtreque ce ne sera pas une bonne opération financière, mais si vous tenez à votrespectacle, vous voulez certainement lui offrir une seconde vie de qualité. Plusl’adaptationseraàlahauteur,plusvousrenouvellerezvotrepublic.Personneneparlependantunlongmoment,puisOlisedécideenfinàromprele
silence.— Amy a raison. Si c’est une question d’argent, il est clair que nous ne
pouvons pas rivaliser avec Devex. Ceci dit, je suis certain que ce que vousperdrez en achat des droits vous sera doublement remboursé avec le prix desentrées.Parcequelebutdecetteadaptation,c’estdel’améliorer.Etjepeuxvouspromettrequelesgensseruerontpourvenirvoirvotrespectacle…Un autre silence s’installe et je suis soulagée de voir nos plats arriver. J’ai
faim,et j’attendsque l’undenos invitésattaque son repaspouren faireautant.L’avantagependantquenousmangeons,c’estquepersonneneparle,etjesavourelerepasautantquecetteaccalmiequirègneautourdecettetable!
Chapitre62
JesuissurprisparlafaçondontAmym’adéfendu.Sielleétaitautantencolèrecontremoi,n’aurait-ellepasdûprofiterdecedossierdélicatpoursevenger?Etpourtant,elleagitcommed’habitude :ellesouritauxclients,elle leurposedesquestionssurcequ’ilsontentêtepouruneéventuellerefontedelamiseenscène.Sonanglaisestimpeccable,maisc’estsarobequiattiremonattention.Ellemetsa poitrine en valeur, et même avec ses chaussures plates, elle a des jambesd’enfer.Unechoseestsûre:cettefillemeplaîtbeaucoup.Peut-êtremêmetrop.Soudain,ilmetardedebouclercetteaffaireetdemonteràmachambre.Avec
unpeudechance,Amynerechignerapasàm’aiderpourfairemesvalises.— À votre place, je prendrais sérieusement le temps de réfléchir à la
proposition de Starlight, lâche mon assistante. Notre entreprise a rafléénormémentdeprixcestroisdernièresannées.Jesuissûrequ’OlivieretMarcopeuventfairedevotrespectaclequelquechosed’unique.Je l’écoute, de plus en plus surpris. Elle me rappelle Cél dans sa façon
d’argumenter,avecunetelleferveur.—Évidemment, si vous ne voulez pas revoir lamise en scène…ou si vous
considérez que Devex est plus qualifié pour adapter votre travail… c’est uneautrehistoire,lâche-t-elleencore.—La question se pose, en effet, soutientMarco, parce que vous connaissez
notremanièredetravailler:nousnesommespasuniquementlàpourreproduirefidèlementvotreœuvre.—Jesais,oui,confirmeNickenhochantlatête.Monpartenaireetmoiavons
visionné le DVD que vous nous avez envoyé à plusieurs reprises et c’est trèsimpressionnant. Seulement… je ne suis vraiment pas à l’aise à l’idée de vousdonner carte blanche sur l’adaptationdemon spectacle.Et si çanemeplaisaitpas?Il ne parle plus d’argent : on a avancé sur le terrain des négociations. Sans
attendre,j’interviens:
—Vous aurez votremot à dire à chaque étape, bien évidemment,mais vousdevezcomprendrequecequimeplaît,dansceprocessus,c’estderevoirlamiseenscèneet tout levolet technique.Si jen’aiaucunplaisiràprendrececontrat,j’enprendraiunautre,c’esttout.Devant le regard queme jetteAmy, je comprends que j’ai peut-être été trop
sec.C’estpossible.J’avouequejen’aipasl’habitudededevoirautantlécherlesbottesdeclientspotentielspourobtenirunspectacle.Généralement,cesonteuxqui veulent que je m’en occupe. Mais comme j’aimerais bien décrocher cecontrat,j’ajoute:—Écoutez,Nick, si j’ai sélectionnévotreproduction, c’estque j’y crois.Et
j’ai des tonnes d’idées dont je ne peux parler avant que nous ne soyons souscontrat,maiscroyezbienquecettecollaborationseraitriche,autantpourvousquepournous.Jel’intrigue,jelesens.Personneneparlependantunebonneminute.—Etvotrecontratmedonneravraimentundroitderegardsur l’adaptation?
s’enquiertNick,suspicieux.—Tout à fait,mais étant donné les frais encourus, une clauseme permet de
tranchersurlesquestionslitigieuses.Ceciétantdit, jesuispersuadéquetoutsepasserabienetquenosvisionspeuventconcorder.Danielposeunemainsurcelledesonassociéetl’arrêteavantqu’iln’ouvrela
bouche.—Tun’aspasà répondre,maintenant.Onaencore le tempsd’yréfléchir, tu
sais?Nicksoupire,puishochelatête.— Oui. Nous reviendrons vers vous dans une semaine avec notre réponse
définitive.Ils prennent congé et dès que nous nous retrouvons seuls, je lâche, peu
convaincu:—Bon…ehbien…ilnenousresteplusqu’àcroiserlesdoigts.— Ils ne vont quand même pas signer avec Devex ! s’énerve Marco. Et
pourquoitun’aspasaugmentéunpeulemontantinitial?Onn’estpasàdixmillesprès,nonplus!—C’est une question de principe, dis-je, incertain de ne pas avoir fait une
erreur.À ma gauche, je remarque qu’Amy récupère un peu du coulis de framboise
qu’ilyasurlereborddesonassietteetporteleboutdesondoigtàseslèvres.Est-cequ’ellechercheàmedéconcentrer?Elleaffirmesoudainavecunaplomb
surprenant:—Arrêtez de vous en faire. Je peuxvous certifier qu’ils rappliqueront dans
quarante-huitheures.—Commenttupeuxenêtresûre?luidemandeMarco.— Une intuition. Un truc que j’ai appris dans mon ancien boulot, dit-elle
simplement.—Un truc ? je répète, soudain énervé tandis qu’elle reporte son doigt à sa
bouche.— Ça se voyait qu’il avait envie de négocier et d’accepter votre offre,
explique-t-elle,maisilespéraitunpetitbonusdevotrepart.Commevousavezétéfermes,ilsvousferontattendre,maisilsn’ensontpasmoinscoincés.Ilsaimentcespectacle.Ilsn’ontpasdutoutl’intentiondesigneravecDevex.Jefroncelessourcilsetlajaugeduregard.—Tusemblesbiensûredetoi…—Tum’en reparleras dans quarante-huit heures.Bon, c’était très bien,mais
j’aimeraisfaireunpeudeshoppingavantqu’onrentre,alors…Ellereposesaserviettesurlatableetjetteuncoupd’œilàsamontre.—Onseretrouveàl’accueildansdeuxheuresetdemie?—Super!confirmeMarco.Çamedonneunpeudetempspourallerjouer…Jem’empressedemeleveràmontouret lâchedesbilletssurlatable.Alors
commeçaAmyveutoccuper son temps à aller faire lesboutiques ?Après sonpetitnuméroaveclecoulisàlaframboise,j’aiplutôtd’autresplansentête…
Chapitre63
Jen’aipasfaitdixpasendirectiondesboutiquesqu’Oliapparaîtdevantmoiettentedemebarrerlaroute.—Oùest-cequetuvas?—Fairedushopping,jerépète,agacée.—Onadeuxheuresetdemiedelibreetc’esttoutcequetuasentête?Commentose-t-ils’imaginerquej’aienviederetournerdanssonlitalorsque,
pasplustardquecematin,ilm’afichueàlaportedesachambreenmetraitantdepoupée!—Désolée,j’aid’autresprojets,jerefuseenlecontournant.Ilm’emboîteaussitôtlepasetinsiste:— Quoi ? C’est quand même plus intéressant de baiser que de faire les
boutiques!Etc’estpluséconomique!—Désolée,maisc’estnon,dis-jesanscesserd’avancer.—Mais…onavaitdit…tantqu’onestàVegas…Jem’arrêteetpivotepourluifaireface.—Jepréfèrequ’onenrestelà.Olimeretientenmesaisissantlebras.—Tuesvraimentsifâchée?Justeparcequejet’aiappelée«poupée»?Quelquechosesenouedansmagorge.—Ce n’était pas très délicat de ta part, c’est vrai,mais peu importe. Si tu
voulaisplusdesexe,tun’avaisqu’àresteréveillé,hiersoir.Detouteévidence, je toucheunpointsensible,vusonexpression.Est-ildéçu
des’êtreendormi,hiersoir?—Justement…jepourraisrattraperlecoup,jette-t-ilencore.Jesecouelatête.—Sansfaçon.—Mais…pourquoi?—Oli!Çasuffit!Tuescharmantàtesheures,maistun’enrestespasmoinsun
salecon.Etsituasassuré,hiersoir,onnepeutpasendireautantdecematin.—Alorsc’estbiença,c’estcequit’afâchée!s’exclame-t-il.Tuveuxquejete
demandepardon,c’estça?Je sens la colère qui grimpe, mais je me fais violence pour conserver mon
sang-froid.Quandjesensquemavoixsortirasanstrembler,jelâche:—Pourmapart,c’étaitseulementuncoupd’unsoir.Maisnetegênepaspour
moi:cetendroitestprobablementremplid’idiotesquiseferontunplaisirdetedistrairepourlesdeuxheuresquiterestent.Ilesthorsdequestionquej’avoueàquelpointcetimbécilem’ablessée.—D’accord,finit-ilpardire.Jenevaispastesuppliernonplus!Jeluitourneledosetm’éloigneaussitôt.J’ailagorgenouée.Matêtenecesse
de me répéter que c’est mieux ainsi, parce que cette histoire va forcémentm’exploserenpleinvisageetqu’ilvautmieuxquetouts’arrêteavantqu’ilnesoittroptard.Etpourtant…çanechangerienaumalaisequejeressens.
Chapitre64
Je reste debout, au milieu des gens qui me bousculent, à regarder Amy quis’éloignedans la foule.Putain !Elleestvraiment furieusecontremoi !Toutçaparcequejel’aiappelée«poupée»?Çameparaîtexcessif!Jerevienssurmespasetprendslecheminquimeramèneverslesascenseurs.
Jem’arrêtedevantl’und’euxetj’appuieaumoinscinqousixfoissurleboutonpour l’appeler, étrangement énervé. Après tout, pourquoi est-ce que je prendscettehistoireàcepointausérieux?Cen’estpascommesij’envisageaisdevivrequelquechoseaveccettefille!Moi-même,jecomptaisluiservirundiscoursdugenre « restons-en là », lorsqu’elleme déposerait chezmoi, en fin de journée.Alorspourquoiest-cequecelam’énerveautantqu’ellelefasseelle-même,unpeuplustôtquejenel’avaisprévu?Autantvoir leboncôtédeschoses : cen’estmêmepasàmoique revient le
travaildudiscoursderupture,pourunefois.Etpeut-êtrequ’ilvautmieuxqueças’arrêtedèsmaintenant.Après tout,Amyadéjàpassé lanuitdansmachambre.C’estlegenredechosequej’évitecommelapeste,généralement.Possiblequ’Amysesoitimaginéquej’allaisdevenirungentilgarçonaprèsla
nuitdernièreetquemoncomportementaumatinl’aréellementchoquée.J’auraispeut-êtredûluidirequejenecesseraijamaisd’êtreunsalaudetquesiellecroitpouvoirmechanger,elleseravitedéçue.Iln’yapasdeplacepourunefilledansmavie.Pasdeplacepourl’amourettoutescesconneries.J’aidéjàtoutcequ’ilmefaut,merci.Quandjepensequejen’aimêmepaspuavoirsabouche!Quejesuispasséà
deuxdoigts de l’obtenir, cette nuit !Et dire que je songeais à faire ces satanéstests pour avoir droit à unepipede sapart !Pourquoi étais-jeprêt à autant deconcessionspourobtenird’elledesfaveursqued’autresfillesseraientraviesdem’offrirsanscondition?J’inspireunboncoupetmesyeuxseposentsurlabouteilledechampagneque
j’aicommandéexprèspourAmy,hier soir.Direquenousne l’avonsmêmepas
ouverte.Mêmesiellen’estplusfroide,jelarécupèreetjefaissauterlebouchonavantdem’installersurmonlit.Jeboisàmêmelegoulot,puisj’allumelatélé.Tantpissijesuissaoulpourrepartirtoutàl’heure.Aumoins,l’alcoolnem’ajamaisfaussécompagnie.
Chapitre65
Olinem’adressepaslaparoledetoutletrajetquinousmèneàl’aéroport.Sonhaleineempestel’alcooletlorsqueMarcol’ataquinésurlesujet,ilamarmonnéqu’ilpouvaitbienfairecequ’ilvoulaitavantdeserecroquevillerdanssoncoinpouressayerdedormir.Peut-êtrequ’il a traînéaubar…ouqu’il a ramenéunefille dans sa chambre. C’est bien ce que je lui ai suggéré de faire, après tout.Pourquoiest-cequeçametroubledepenserqu’uneautrepourraitavoirdroitauxmainsexpertesd’Olivier?Peut-êtreques’ilallaitvoirailleurs,çam’aideraitàlechasserdemespensées?Pendant le vol, il dort la bouche ouverte, etMarco rigole chaque fois qu’il
ronfle.—Ah!SacréOli!dit-ilenposantlesyeuxsurmoi.Ilaprobablementramené
unefilledanssonlit,hiersoir,etfaitlafiestajusqu’àpasd’heure…C’esttoutàfaitsongenre,tiens…Jen’osepasluirépondre,parcraintederougir,maisils’empressed’ajouter,
suruntonpaternaliste:—Ne le jugepas trop,Amy. Ila l’aird’unpetitcon,mais ilenasacrément
bavé,Oli.J’avoue que la curiositéme ronge. Est-ce qu’il fait référence à son accident
avecMarianne?Pourquoij’aienvied’ensavoirdavantage,soudain?—Céciliam’enaunpeuparlé,jeluiavoueensentantmesjouesrougirunpeu.— Ouais. Ça n’a pas été une époque facile, dit-il avec une mine contrite.
SurtoutpourCél,évidemment.Onabiencruqu’OliiraitrejoindreMariannedanslatombe…C’estplusfortquemoi,moncœurseserre,puisjedemande,enbaissantleton,
justepourêtresûrequ’Oliviernepeutpasm’entendre:—Ill’aimaittantqueça?Marcogrimacedenouveau,puishausselesépaules.—Vasavoir!Laplupartdutemps,onavaitl’impressionqu’elleluimettaitles
nerfsàrudeépreuve…maisvoilà,quoi…elleestmorte.Etcommec’estluiquiconduisait, il s’est senticoupable.Etpuis, tusaiscequec’est :quand lesgensmeurent,onlesidéaliseetonnesesouvientplusquedupositif…Jenerépondspas,maisc’estpossible.Mamèrealongtempspleurémonpère
même si c’était un salaud avec elle.Àcroire que j’ai hérité de sesgènespourchoisirleshommesquejefréquente,moiaussi…— Je ne te mentirai pas, Amy. Tout le monde a hâte qu’Oli se case. Qu’il
rencontrequelqu’unquivaarriveràlesortirdecemodedesurviedanslequelils’est enfermé depuis bien trop longtemps.On dirait qu’il ne fait que bosser etboiredepuiscinqans.Etencore,iladelachanced’avoirlamoitiédespartsdecetteentreprise.Etd’êtredoué,aussi!Parcequesij’étaisàlaplacedeCél,jel’auraisfoutuàlaportedepuisbienlongtemps!AlorsquesonregardseposesurOli,ilrevientprestementsurmoi.—C’estuncasassezdifficileàgérer,tusais?—Jesuppose,dis-jesimplement.—Aumoins,ilneconduitplus.C’estdéjàça.Maiss’ilcontinueàcerythme,il
finiraforcémentparsedétruire.Jen’osepasrépondre,parcequejenepeuxpasvraimentimaginerceparquoi
Oli est passé.Et parceque jene suis pas sûreque jedevrais en savoir autant.Avecmachance,jevaisleprendreenpitiéetbaisserunpeutropmesbarrières.Etça,c’esthorsdequestion.—JesuiscontentqueCélpenseenfinunpeuàelle,lâche-t-ilencore.Elles’est
tellement occupée de son frère que j’ai bien cru qu’elle n’oserait jamais semarier…oufairedesenfants.Etilesttempsqu’Oliapprenneàsedémerder.Ilatrente-deuxans,aprèstout.Ilmedésigned’unemain.—Etgrâceàtoionalapreuvequequelqu’unpeuttoutàfaitlaremplacer,chez
Starlight!Tuesplutôtdouée,hein!Jet’aivueavecNick,luiparlerdesprojetssur lesquels on a bossé. Tu avais fait tes devoirs. Pourtant, ça ne fait qu’unesemainequet’eslà.Flattée,jesouris.—Bah…Céciliam’avaitlaissédesfichestrèsdétailléessurtousnosdossiers,
etj’aivisionnépasmaldevidéos.— Oui, mais c’est plus que ça, insiste-t-il. Tu viens peut-être d’un cabinet
d’avocats, mais on voit que tu as quand même une sensibilité qui convient aumilieudesarts.Et tuasdûremarquerqu’Oliest toutsaufungestionnaire.C’estplutôtmondomaine,ça.Lui,iladesidées,unevision…
Noustournonstouslesdeuxlesyeuxendirectiond’Olipendantqu’ilgrogneetsereplacesursonsiège.Pendantuninstant,j’aieupeurqu’ilseréveilleetqu’ilnousengueuleparcequ’onparledelui.Quandils’immobilisedenouveau,Marcoreportesonattentionsurmoi:—Neva surtoutpas luidire,mais…Cél etOli, ce sontunpeucommemes
enfants. J’étais plutôt proche de leurs parents. Son père était un artiste. Ilconfectionnaitdesdécorspourlecinéma.Etsamèreétaitactrice.Devantmonairintrigué,ilajoute,suruntonléger:—Oh,maisellen’étaitpastrèsconnue.Ellefaisaitdelapub,duthéâtre,des
secondsrôles…,cegenredechoses.Maisçaaétéuncoupdefoudre,entrecesdeux-là.Daven’arrêtaitpasdemeparlerdecettefillequ’ilavaitvue,entredeuxchangementsdescènes.Marcos’installeconfortablementsursonappuie-têteetsemetàparler,lesyeux
perdusdanslevide:—Dèsqu’ilasusonnom,jenetedispastoutcequ’ilafaitpourlacharmer!Il rigole, puis soupire, le cœur visiblement lourd à l’évocation de tous ces
souvenirs.—Ah…Dave!C’étaitunsacrécharmeur,celui-là.Etilm’afiléunboncoup
demainavecMarie.Mafemme,explique-t-ilenretrouvantunpetitsourire.Sanslui,jenesaisvraimentpassijeseraisarrivéàlaséduire…Je réponds à son sourire en essayant de ne pas paraître trop émue par ses
confidences.—Vousêtesmariésdepuislongtemps?—Presquequinzeans.Etjecomptebienleresterjusqu’àlafindemesjours.Sacertitudemetouche.Etj’admetsquejel’enviedepenserquesafemmesera
ladernièredesavie.—Ettoi?medemande-t-ilsoudain.Tuasunpetitami?Je lâche un rire nerveux, même si j’aurais plutôt envie de pleurer, puis je
secouelatête.—Non.Personne.—Bah…quandtutrouveraslebonmec,tulesauras,lâche-t-ilsimplement.C’est plus fort que moi, je grimace. Une chose est sûre : Oli n’est pas ce
garçon.Peut-êtrequ’iln’existepas?Pourquoiaurait-on tousunepersonnefaitepournous?—Quoi?mequestionne-t-il.—Rien, c’est juste… disons que j’ai probablement hérité des gènes dema
mèredanscedomaine-là.
Marcohausseunsourcil,intrigué.—C’est-à-dire?J’hésiteàluirépondre,puisjevérifiequ’Olidorttoujoursavantdelâcher:—Disonsquenous sommes toutes lesdeux trèsdouéespour tomber surdes
salauds.—Aïe!rigole-t-il.Enfantdudivorce?—Enfanthorsmariage.Monpèreabienessayéderesteravecmamère,maisil
n’apastenuplusdecinqans.Etencore,ilparaîtqu’ilaétéinfidèlependantunbonboutdetemps.LevisagedeMarcos’assombrit.—Passympapourtoi.Jehausselesépaules.—Bah…j’étaisjeunequandilssesontquittés,alorsjenem’ensouvienspas
vraiment.Jemerappellesurtoutdesidiotsquemamèrefréquentait,aprèsça.Etplusilsétaientgentils,moinsellelestolérait…Je détourne la tête vers le hublot, espérant que la vue des nuages chasse les
images désagréables qu’il me reste de ces années-là. Tous ces types dont elledisaitêtreamoureuse…ettoutescesruptures!Etquandmonpèreestmortd’uncancer,j’aibiencruqu’elleavaitperduunboutdesoncœur…—Maisçava,maintenant,jelerassure.Ellehabiteavecunarchitectedepuis
deuxans.J’ail’impressionquec’estuntypebien.—Tuasl’impression?répète-t-il.Tuleconnaissipeu?— Ben… on se voit une ou deux fois par an. C’est peu pour connaître
quelqu’un.Il paraît surpris. Peut-être parce que je ne suis pas très proche demamère,
maisquandonpasseunepartiedesavieàdevoirgérer lesémoissentimentauxd’unefemmecenséeêtreplusmaturequesoi,onaviteenvied’avoirsaproprevie…—Ettoi?poursuit-il.Pourquoitudisquetuaslesmêmesgènesquetamère?—Parcequej’aieumonlotdesalauds,probablement,dis-jeenespérantque
mavoixrestelégère.Cettefois,jerefusedetournerlatêteendirectiond’Oli.Jeneveuxsurtoutpas
queMarcosedoutedequelquechose.Ilsemetàrire.—Ah!JecomprendsmieuxpourquoiOliasipeud’effetsurtoi,alors!Jenerépondspas.Siseulementc’étaitvrai!Siseulementilpouvaitmelaisser
deglace!—Bah !Ne t’en fais pas troppour ça, tente-t-il deme rassurer. Il n’en faut
qu’unseulpourbalayertouscessalauds!—Ouais…iln’enfautqu’unseul.Commeauloto,quoi…—Voilà!renchéritMarco.Il paraît satisfait dema réponse, qui se voulait pourtant ironique. Ignore-t-il
seulementquepersonnenegagneauloto?
Chapitre66
Olinem’apasadressélaparoledepuisnotredépartdeLasVegas,etneditpaslemoindremotpendantquejeleraccompagnechezlui.C’estvraiquej’aiétéunpeu rude, cemidi, et je commence à craindre qu’il ait envie deme foutre à laporte,surtoutmaintenantqu’ilaeucequ’ilvoulait.Quelleidéedecoucheravecsonpatron,aussi…çacompliquevraimenttout!Quandjemegaredevantlaportedesamaison,jen’éteinspaslemoteur,juste
pouréviterqu’ildébutelamoindrediscussion.Olidéfaitsaceinturedesécurité,ouvresaportière,etposeunpiedhorsdemonvéhicule,puissetourneversmoi.—Peut-êtrequej’aiagicommeuncon,cematin,lâche-t-ilsoudain.Jeledévisage,surprise.—Peut-être,eneffet,jeraille.—Jesuisunsalaud,j’aicompris!Tucroisquejen’aipasentendul’histoire
quetuasracontéeàMarco?Jeserrelesdents.Merde!Qu’est-cequ’ilaentendu,exactement?—Qu’est-cequetuveux,Oli?jejette,agacéeparlesilencequipasseentre
nous.—Jeveuxcomprendre!— Comprendre quoi ? Que tu as été un sale con, ce matin ? C’est vrai, et
alors?Jem’ensuisremise.Cen’estpascommesionavaitunehistoire,touslesdeux!Sonvisages’assombrit.—Non.Onn’apasd’histoire,confirme-t-il.Même si le ton avec lequel il a dit ça me trouble, je fais mine de rester
détachée:—Alorsvoilà.C’étaitchouette,maisc’estfini.Ilsoupire.Qu’est-cequeçasignifie?Qu’iladesregrets?Non,jenedoispas
imaginerça,alorsjem’empressed’ajouter:—Etsituessaiesdemefoutreàlaporte,jet’avertis,jenemelaisseraipas
faire!Olivierrelèvelesyeuxversmoietfroncelessourcils.—Quoi?Non!Tuesfolle!s’emporte-t-il.Autantquetu lesaches: jen’ai
paslamoindreenviedemetaperdesentretienssupplémentaires!EtCélm’abienfaitcomprendrequ’ellemelaisseraitmedémerder!Au moins, je ne suis pas sur le point de me retrouver au chômage. Plus
confiante,jesouris.—Alorsc’estcool.Parcequej’aimebiencetravail.Aulieud’êtrecontentdemel’entendredire,ilsoupireencoreetmarmonne:—Çamefaitunebellejambe,tiens!Sansmesaluer,ilsortdelavoitureetclaquelaportièreavecforce.J’attends
qu’ilaitrécupérésonbagagedanslecoffreetjedémarre,perplexe.Qu’ai-jeditdesiterrible?Je mets un moment à chasser cette conversation de mon esprit. Lorsque je
m’arrêteàunfeurouge,jeconnectemontéléphoneportableàmonsystèmemainslibres.J’aibiensongéàprendremesmessagesensortantdel’aéroport,maisavecmachance,Juliettem’auraitlaisséuntruccomplètementfarfelu.EtavecOlivierdanslavoiture,j’aidéjàdonné.Quandlepremiermessagerésonne,jetendsl’oreilleennereconnaissantpasla
voix.—SalutAmy,euh…c’estWill.Julm’adonnétonnuméro.Enfinnon…pasJul,
c’est Gab qui l’a fait. C’est parce que ta copine voulait vérifier que tu étaisd’accord,avant.JesaisquetuesàVegas,ceweek-end,j’espèrequetunevaspasrevenirmariée…Jehausse les sourcilsdevant sablague idiote.Mariée?Moi?Quelle idée !
MêmesiOlivierestunpeufou,ilnel’estsûrementpasàcepoint-là!—Enfin,jevoulaisjustetedireque…ehbien…j’aimeraisqu’onserevoie.Et
dansuncontextemoinsbruyantqueladernièrefois.Unrestoou…jenesaispastropcequitebranche,enfait.Ah!Etnevapascroirequejevaisteharceler,nonplus ! Je vais juste te laisser un message et puis… si ça t’intéresse, tu merappelles,OK?Çatevacommeça?Ilajoutesonnumérodetéléphonequ’ilrépètedeuxfois,commesimonmobile
ne l’avait pasmémorisé.Son anxiété est évidente aubout du fil et j’avouequec’estplutôtcharmant.—Bon,alors…tum’appelles?ajoute-t-il.Enfin…c’esttoiquivois.Salut.Quand il raccroche, je souris comme une idiote. J’adore le côté anxieux de
Will.Voilàquin’arienàvoiraveccepetitprétentieuxd’Oli.
Lorsquejerentrechezmoi,jelaissetombermonbagagedansuncoinetjemeplantedevantlafenêtredemonsalon.Jenevoispratiquementriendanscetterue,mais j’aienviedefaire levide.Il fautquejechasseOlidematête.Etquoidemieuxpourçaquedesortiravecungentilgarçon?Sansréfléchir,j’appuiesurleboutonpourrappelerWill.—Allô?Amy?Surprisequ’ilreconnaissemonnumérodetéléphone,jesourisenrépondant.—Salut,Will.Jeviensjustederentrerchezmoi.—Alors?C’étaitbien,LasVegas?—Jesuiscrevée,jeluiavoue,consciented’éviterlaquestion.—Oui,jem’endoute.Alors,euh…unpetitresto,jeudi,çatedirait?Unechoseestsûre,ilneperdpasdetemps,maiscen’estcertainementpasmoi
qui vaism’en plaindre ! Sur le point d’accepter, jeme remémoremon agendaavantdesoupirer:—Ah!Merde!J’aiundînerdecharitéouuntrucdanslegenre,cejeudi.Mêmesij’aihâted’enfilermalongueroberouge,jenepeuxpasm’empêcher
degrimacerensongeantqu’Olivientdemefaireratermonpremierrendez-vousavecWill. Avant de céder à l’humeurmorose que je sens poindre, je proposeaussitôt:—Vendredi,plutôt?—Hum…jesuiscoachpouruneéquipedebaseball, levendredisoir.Çase
termineasseztard.Maissiçateditdeveniryassister…—Euh…non.Enfinnevapascroireque…— Non, je comprends ! s’empresse-t-il de m’interrompre. C’est long, le
baseball.Ettun’espasvraimentunesportive,pasdesouci!Unsilencepasse.D’accord,Willestgentil,maisest-cequ’onavraimentdes
pointscommuns,luietmoi?— Samedi ? suggère-t-il encore. On pourrait aller faire une promenade en
forêt?Jenesaispassituaimeslanature,mais…—Euh…ouais,dis-jeunpeuvite.Enfin…çafaitunmomentquejen’yaipas
mislespieds,mais…jedoisavoirdesbasketsquelquepart.Ilritauboutdufil.—Onprendranotretemps,ceneserapasunecourse,net’inquiètepas.Etje
t’emmèneraidansunrestogénial,lesoir.Untrucbien,avecdelafonduesuisse.Tuaimeslefromage,aumoins?— J’adore ! je confirme en retrouvant mon sourire. J’avais peur que tu me
proposesunrepassantéavecdelasalade!
—Non!J’aibiencomprisquecen’étaitpastongenre!Etçameva!—Tantmieux!dis-je,étrangementsoulagée.Alorsonsedit…àsamedi?—Ouais.Àsamedi.Quand je raccroche, jeprendsunmomentpour réfléchiràceque jeviensde
faire.IlnefautpasquejeforceledestinavecWill,jelesais,maisjeneveuxpasm’accrocher à Oli. J’ai envie de croire qu’il y a quelque chose de mieux quim’attend.Ungarçongentil.Pasunsalaud,pourunefois.J’ailedroitderêver,non?
Chapitre67
C’estlundi.Jem’éveillesansAmy.ÀcauseduvoyageàVegas,Céciliaaprévuune journéeoff,aujourd’hui.Autrementdit, jen’ai rienà faire.Etçamefile lecafard.Jemepostedevantlamachineàcaféquem’aofferteAmy.Jel’allume,j’enlève
le réservoir que je remplis d’eau, je récupère une capsule et j’appuie sur lebouton.Aussitôt, l’engindémarreet l’odeurducaféquicoulemerassure.C’estbête,mais jesuiscontentqu’ellem’aitapportécegadget.Çam’évited’avoiràenfiler des vêtements pour aller au coin de la rue m’en acheter un. Et nonseulement c’est rapide, mais il est bon, son café, en plus. Je reste devant lecomptoirpourleboire,pendantquejemedemandecequejevaisfairedecettefoutue journée. J’ai bien un DVD à regarder pour la énième fois, mais sansAmy… non, je ne veux pas songer à Amy. Je vais juste descendre dans monatelieretdessinerMarianne.Aprèsceweek-enddefolie,ilesttempsquejeluiaccordeunpeudetempsetquejemesouviennedetoutcequejeluiaivolé.Oui. Voilà à quoi servira ce fichu lundi. À bosser et à ruminer cette vie de
merde.Etcesoir,jevideraisûrementunebouteillequim’aideraàdormir.Avecdelachance,j’auraiuneidéedegéniepourlespectacledeMarcBrompton.Celacompenserait lapertedu showdeVegas.Si tant estque je l’aivraimentperdu.Amysemblecroireque…Jegrogneenm’éloignantducomptoir.Putain!Ilfautquejecessedepenserà
cettefille!Jedéposematassepratiquementvideetvaismedoucher.Aumoins,sousl’eauchaude,jevaispeut-êtrearriveràlachasserdemonesprit?
Chapitre68
Jeprofitedemonjourdecongépourpréparerlasemainequis’amorce.Jemelèveunpeuplustardqued’habitude,jeboismoncafé,jedémarreunelessive,jerange un peu… c’est étrange de ne rien avoir à faire alors que tout le mondebosse.Vers11heures,jetéléphoneàJulietteetluiproposeunrendez-vousentrefilles, lesoirmême.J’aienviede luiparlerducoupde téléphonedeWill…etpeut-êtreaussidecequis’estproduitavecOli,ceweek-end.J’aibesoindesonavis.Besoind’entendrequemadécisionest labonne.Unecopine,çasertàça,aprèstout!Ilest19heureslorsquejelarejoinsànotrerestaurantdesushispréféré.Nous
prenonsdusakéetunplateaucomposédetasdebouchées.Ilyenatoujourstrop,maisJulietteadorerapporterlesrestesàsacolocataire.Etmoi,jemegoinfredethonrougeetdecrevettestempura.Pendantquej’ailabouchepleine,elleabordelaquestionquejen’aipaseule
couraged’évoquer:—Alors,cevoyageàVegas?Jeprendsletempsd’avaleretdemerincerlaboucheavecunegorgéedesaké.—Çaaété,dis-jesimplement.—C’estça,ouais,semoque-t-elle.Tuasfaillit’étranglerquandjet’aiposéla
question.Jeluidégoteunregardnoir,puisposemesavant-brassurlereborddelatable.—J’aicouchéavecOli,j’annonced’untonmorne.Sur le point de gober un sushi, Juliette s’arrête dans son élan et hausse un
sourcilintrigué.—C’étaitsimauvaisqueça?—Hein?Non!Çan’arienàvoir!dis-je.—Alorsquoi?Jemeversedusaké.Àcerythme,nousn’enauronspasassezd’unecarafeetje
seraiobligéederentrerentaxi.Tantpis.Ilmefautducouragepoursoutenircette
conversationetiln’yaqu’avecJuliettequejepeuxparlerdeça.—C’esttoujoursunsalaud,maisilassurevraimentaulit.Un sourire que je n’aime pas apparaît sur les lèvres de ma copine et elle
s’empressedefaireunsignedelamain.—Raconte!Etn’hésitepasàentrerdanslesdétails!Jerigoledevantsonpetitairsalace,etjenerésistepasàl’enviedeluidécrire
marobedeprincesseetlafaçondontOlim’acomplimentée.—Parle-moidesontalentaulit,merde!s’énerve-t-elle.Mêmesijedevraisêtreamère,jenepeuxpasm’empêcherdesourirecomme
uneidioteenjetant:—Ilestvraimentdoué.Avecsesdoigts,avecsaqueueet…avecsabouche!Sursachaise,Julietteseraidit.—Ilestdouéentout?Tudéconnes!—Non,dis-jedansunsoupir.—Etc’estunproblème,parceque…?—Parcequec’estunsalaud,jeluirappelleenretrouvantmonairsombre.Julietteéclatederire.—C’esttonpatron,c’estvrai,maisiln’estpasmarié.Quelestleproblème?—Ilneveutpasderelationstable.—Merde!lâche-t-elleenmedévisageant.Vousavezdéjàdiscutédeça?Danslesfaits,jen’aipasvraimentabordélaquestionavecOli.J’aiprésumé
quec’était lecas. Ilabienditquenousnevivionspasunevraiehistoire luietmoi,pasvrai?Jen’aiquandmêmepasrêvécettephrase!—Est-cequetuluiasditcequetucherchais,toi?Unvraipetitami,ettout?Jene répondspasetmecontented’engouffrerunmorceaudenourrituredans
mabouche.— Évidemment ! en conclut-elle. Tu te contentes d’ouvrir les cuisses sans
discuter!C’estnormalquetun’aiesrienaufinal!J’avalemabouchéeunpeuvite.—Non, là,c’estdifférent.C’estOliquiadéfini lesrèglesà labase.C’était
censéêtreuncoupd’unejournée,etpuis…Je me tais en m’apercevant que je viens de faire une erreur. J’avais veillé
jusque-làànepasmentionnermapremièrebaiseavecOli.Etcommej’afficheunvisageconfus,ellecomprendimmédiatementqu’ilyaanguillesousroche.—Qu’est-cequetunemedispas?—Rien.C’estjuste…rien.Jebois.Jemange.J’essaiedemedéfilerduregardinsistantqu’ellenedétourne
plus.Énervée,jepeste:—Onaaussicouchéensemblelasemainedernière!Juliette cligne des yeux avant de répéter, comme si je n’avais pas parlé
suffisammentfort:—Lasemainedernière?—Mais oui, tu sais ! C’est l’idiot qui me faisait du rentre-dedans, au bar,
vendredidernier.—Maistunem’asjamaisditquetuavaiscouchéaveclui!—Ouais.Jesais.—Tutefousdemoi?Tucouchesavecuntypedeuxfoisettunem’enparles
quemaintenant?Sonintonationinsistesurlemot«deux»,àcroirequec’estunchiffremagique.
Enquoiest-cesiexceptionneldesetaperdeuxfoislemêmetype?J’aibaiséunebonnevingtainedefoisavecBen.—Jenepensaispasqueçat’intéresserait.—Attends !Tudéconnes?Même lespetitscons récupérésdans lesbars, je
veuxlesavoir!Enplus,tumedisqu’Oliassureàtouslesniveauxcôtécul!Etiln’estpasmarié,ilestbeaugosse…vraiment…jenecomprendspaspourquoitunetejettespasàl’eauaveclui.Jehausselesépaules.—Quelquechosecoince.—Quoi?s’énerve-t-elle.— Je ne sais pas,mais je le sens, lui dis-je.Oli n’est pas… il ne veut pas
s’investir.Ilveutjustebaiseretpasseràlasuivante.Ellehésiteavantdeporterunnouveausushiàseslèvres.—Charme-le.Jem’étouffeavecmagorgéedesaké,puisjeluijetteunregardperdu.—Quoi?—Tun’asqu’àlecharmer,répète-t-elle,commesic’étaittoutsimple.Montre-
luiquetuesextraordinaire.Ilfinirabienpartomberamoureuxdetoi!Jeclaquemonverresurlatable.—Tutefousdemagueule?—Quoi?Ilabienvoulucoucheravectoideuxfois!Sic’estunaussigrand
coureurdejuponsquetuledis,c’estqueçaadûsignifierquelquechosepourlui.Laisse-le courir,mets-le àgenoux, et il finiraparnepluspouvoir sepasserdetoi!Je l’observe,encolèremalgrémoi.Ellenevoitdoncpasquej’essaiedeme
protéger?—Ouais,etBen,ilaquittésafemme,peut-être?—Tuesvraiment tropnaïve,Amy.C’était inscritdans lesastresqueBenne
quitterait jamais sa femme. Mais la situation est complètement différente avecOli!—C’est làoùtute trompes, lacontredis-je.Oliestmonpatron…etc’estun
salauddepremière.Jenetedispastouteslesvacheriesqu’ilm’adéjàfaites.Jecrois que j’ai assez donné. Je veux un type bien, maintenant. Un type que jen’auraipasàfoutreàgenoux,justement.Maintenant,jeveuxtournerlapageet…metrouverungentilgarçon.Jemarqueunehésitationavantd’ajouter:—UngarçoncommeWill,parexemple.Juliettehausselessourcils.—Tun’espassérieuse?—Pourquoipas?Ilestmignonet…gentil.C’estbête.JecherchemesmotspourdéfinirWill,parcequejenesaisrienà
sonsujet.Jevidelerestedelacarafedansmonverre.Merde!Jesavaisquejen’enauraispassuffisamment.JegrommelleintérieurementcontrelafindusakéetcontreJuliettequiestcenséem’encouragerdansmesprojets.Unefoisquej’aibuunpeud’alcool,jelâche,vite:—J’airendez-vousavecluisamedi.Unsilenceplustard,ellefroncelessourcils,visiblementdésapprobatrice:—Tuessûred’avoirenviedefaireça?—Etpourquoipas?Onvajustemarcherenforêt!Ilnem’apasdonnérendez-
vous chez lui en sous-entendant d’apporter des capotes ! Tu vois, ça, c’estexactementcequeferaitOliàsaplace.J’aienviedevoircequeçafaitdesortiravectypenormal,pourunefois.Untypequinevapasmebaiserencachetteetquin’aurapashontedemeprendrelamainenpublic!Juliettemescrutependantunbonmoment,puissesépauless’affaissent,signe
qu’ellerendlesarmes.—Ça,jepeuxlecomprendre.Maisjepensequandmêmequetuteprécipites
surWill,commes’ilétaitleseulhommedisponible.—Jevaisjustemarcherenforêtaveclui.Siçasetrouve,çanemarcherapas
dutoutentrenous.Ellepinceleslèvresetvidesonverredesakéavantdefairesigneauserveur.—Unechoseestsûre:onadéfinitivementbesoindeplusd’alcool,toietmoiJeris,soulagée,maishochelatête.Jesuisonnepeutplusd’accordavecelle!
Chapitre69
Leréveilestdifficile.Jesuisrentréetard,unpeusaoule,etlatêterempliedeconseils stupides de Juliette. Le problème, c’est qu’elle m’a servi le mêmediscoursavecBen,àl’époque.Résultat?Ilesttoujoursavecsafemmeetmoi,enplusd’avoirlecœurbrisé,j’aidûmetrouverunnouveauboulot.Jesautedansladouchesanspasserparlacase«café».J’ail’estomacunpeu
retournécematin,etjenesuispassûred’êtreapteàavalerquoiquecesoit.Enplus,jenesuispasenavance.Ilfautquej’aillerécupérermavoitureavantdemepointerchezOli.Quelleidéedeboireautantunlundisoir!QuandjepensequeJuliettedevaitserendreautravailà9heures,cematin,jelaplains!Il estmidi quand je retrouvemavoiture et daigne grignoter un bout de pain,
bieninstalléederrièremonvolant,histoired’avoirquelquechosedansl’estomacavantdecommencerma journée.Sur lepointd’arriverchezOli,mondispositifmainslibresrésonne.Jerépondsenessayantdetrouverunevoixjoyeuse.—Oui?—J’aibienréfléchiàtonproblème…LavoixdeJulietterésonnedefaçondésagréabledansmonpetithaut-parleur.—Dis-moiquetuaslagueuledeboistoiaussi,jemarmonne.—Tuparles!Jeleuraiditquej’avaisuneintoxicationalimentaireetj’aipris
majournée.Ettoi?Jefaislamoue.Julietteaprisunejournéedecongé?Nedevrait-ellepasêtre
solidaireavecsameilleureamieetallerautravail,elleaussi?—Jesuissurlepointd’allerrécupérerOli,dis-jeenretenantmontonacerbe.—Ilvapeut-êtret’attendrenu.Ellerit,etjecommenceàregretterdeluiavoirracontétouteslesbêtisesqu’Oli
m’a faites.Maudit alcool ! Pourquoi est-ce que je ne peuxpas tenirma langueavecJul!—Iln’apasintérêt!jepeste.—Aucontraire!Çateprouveraquetusaisencoreluirésister!Etarrange-toi
pourqu’ilsachequetusorsavecWill,samedi.Onverras’ilréagit!—Tuescenséem’encourageràsortiravecungentilgarçon!—Maisdequoiest-cequ’onparleraquandtuserascoincéeavecWill?Deses
biceps?D’entraînement?Debaseball?Je ravale un soupir. Je n’aurais pas dû lui dire queWill était coach sportif,
vendredi soir.Alors que je trouve plutôt bien qu’il ait des activités, voilà queJuliettes’imaginequejevaispassertouslessoirsàattendremonsieuràlasortiedesesentraînements.—Siçasetrouve,tuneserasmêmepasfichuedeluirésisteràtonbeaubrun,
menargueJuliette.Etsitucouchesdenouveauaveclui,tuasintérêtàannulertasortieavecWill!Jedéteste quand ellemedonnedesordres !Est-ceque je lui dis quoi faire,
moi?—Oh,maisarrêteunpeu!—Jetepariecequetuveuxqu’Oliteramènedanssonlitavantvendredi.J’écarquillelesyeux.—Alorslà,prépare-toiàpayernotreprochainetournéedesushisetdesaké!
jesiffleentremesdents.—Oulala!Jesensquejevaismerégaler,vendrediprochain!rigole-t-elle.Et
oniradanser,tiens.Oncuveramieux.Àmoinsquetusoistropoccupéeàbaisertonpatron!Jegrogned’énervement,surtoutquej’approchedechezOlietquejecommence
réellementàcraindrequeJulietteaitraison.S’iltentedemecharmer,est-cequeje suis suffisamment fortepour lui tenir tête ? Jenevoispaspourquoi je ne leseraispas:j’ysuisbienparvenue,lasemainedernière!Pourquoiest-cequej’ail’impressionquetoutachangé,depuisVegas?Alors que je me gare, je suis surprise de découvrir Oli devant sa porte, à
m’attendre.—Euh…Jul…jetelaisse.Jesuisarrivée.—Tum’appelles,compris?Ettuasintérêtàmedirelavérité!—Maisoui!jesoupire.Laportières’ouvreetOliselaissetombersurlesiègepassagerpendantqueje
raccrocheprestement.—Tuesenretard,rumine-t-il.Ondoitpasseràlapharmacie,jen’aiplusde
cachetspourlemaldetête.Sans réfléchir, jeplongeunemainau fonddemon sac àmain et en sorsune
boîte demédicaments que je lui tends. Ilme jauge quelques secondes avant de
s’enemparer.Déjà,j’ail’impressionquesonexpressions’adoucit.—J’aibesoind’unautrecafé,annonce-t-il.—Durenuit?—Onpeutdireça.Savoixestsèche,fatiguée.Àcroirequ’ilafaitlafête,luiaussi.Sanshésiter,
et parce que mon estomac m’indique qu’il est apte à ingurgiter un café, jepropose:—Onn’aqu’às’arrêteraucoindelarue.Avecunairsuspicieux,ilmequestionne:—Pourquoiest-cequetuesaussigentille,cematin?—Jenesuispasgentille,j’aijusteenvied’uncafé.Jen’aipaseuletempsde
m’enfaire,avantdepartir.Ilparaîtétonné,maisnecommentepas.C’estpeut-êtremieuxainsi.Jen’aipas
enviequemonpatronsachequejemesuiscouchéetroptardhiersoir,etencoremoins laquantité de sakéque j’ai ingurgitée.Alorsque je reprends la route, illâchesoudain.—Jenesuispasleseulàavoirunetêtededéterré,cematin.Maboucheformeunemoue,maisjeneprotestepas.J’aimisdufonddeteint,
cequim’arriveassezrarement,signequej’étaissuffisammentfripéepourlefaire.—Qu’est-ceque tuasfichu?medemande-t-ilencore,envoyantbaladermes
espoirs.—Rien.Justeundîneravecunecopinequis’estterminétard.Ilavaledeuxcachetsàsecavantdecontinuersoninterrogatoire:—Quiça?Larouquine?Juliette?Ilsesouvientd’elle?Est-ceparcequ’illatrouvemignonne?Est-cequec’est
songenre?—Vousavezparlédemoi?s’informe-t-il.Jeluilanceunregardtroubleavantdereportermonattentionsurlaroute.—Je…non!mens-je.—Quoi?C’est tacopine,onabaisé,c’estpratiquementunecertitudequetu
luiasracontécequ’onafaitceweek-end.—Jeluiaiditquetuétaisunsalecon.Iloserire,etjefinisparcéder:—D’accord,jeluiaiditqu’onavaitcouchéensemble.—Ah!s’écrie-t-il,satisfait.Alors?Tum’asdonnéunebonnenote?Étonnée,jeluijetteunpetitcoupd’œilavantderépéter:—Unenote?
—Bah ouais, c’est le genre de truc que les filles font. Elle t’a demandé sij’assuraisaulitet tu luiasdit…neufsurdix?Jevauxsûrementneufetdemie,mais je supposeque tuas tropd’amour-proprepourmedonner lemaximumdepoints.Incapabledemeretenir,j’éclatederire.—Tucroisvraimentqu’onvousdonnedesnotes?Maparole,onn’estplusau
lycée!—C’estça,raille-t-il.Tupeuxdirecequetuveux,maisnemefaispascroire
qu’ellen’apasvoulusavoirsij’assuraisaupieu.Je prends le temps de me garer devant le café. Croit-il que Juliette a une
arrière-pensée le concernant ? Mais pourquoi cette idée m’incommode-t-elleautant?—Tuveuxsavoir?dis-jeenfin.Alors,ouais,elleaposélaquestion.Etjelui
ai dit que tu avais quelques talents,mais que tu n’en restais pasmoins dans lacatégoriedessalauds.Sonvisagesecontractelégèrementetj’enprofitepourajouter:—Maisnevapascroirequ’onapassélasoiréeàparlerdetoi,petitcon.Elle
voulaitsurtoutm’arrangerlecoupavecWill.Mes joues rougissent, parce que je mens, mais ce n’est qu’un tout petit
mensonge.C’estbiengrâceàJuliettequejeconnaisWill,aprèstout.Olifroncelessourcils.—Will ? Tu veux dire…Monsieur Muscles ? Le type que tu as rencontré
vendredi?Amusée devant le surnom, je retiens le sourire qui cherche à se frayer un
cheminsurmeslèvres.—Eneffet.—Parcequetucomptesrevoircetidiot?mequestionne-t-ild’unevoixsèche.Je le jauge unmoment. Est-ce qu’il est jaloux ?Moins fermement que je le
voudrais,jeconfirme:—Oui,euh…enfait…j’airendez-vousavecluisamediprochain.Jelarguecesmotscommeonjetteuncailloudansl’eau,trèsvite,enespérant
nepasêtretropéclabousséeencontrepartie.Pouréviterdegardermonattentiontrop longtemps surOli, je récupèremonsac,prêteàbondirhorsdemavoiturepourallernouschercherdescafés.Soudain,j’enaibesoin.J’ailagorgesècheetun affreux doute au fond du ventre. Pourquoi l’avis d’Olivier m’importe-t-ilautant?Pourquoijeluilancecetteinformationenespérantqu’ilfasseunpasversmoi?Jen’aiquandmêmeplusvingtanspourfairecegenredebêtises!
Ilmeretientparl’avant-brasavantmêmequejesoissortiedelavoitureetmetireversluipourreprendremonattention:—Depuisquandtuasrendez-vousaveclui?—Je…onafixéçahiersoir…Devantledoutedanssonregard,j’ajoute:—Ilm’alaisséunmessagesurmonrépondeur…jel’airappeléet…c’esttout.Sesdoigtsmerelâchentbrusquement,maisc’estplusfortquemoi,jerestelà,à
lefixer,pendantqu’ildétournelatête,commesiladiscussionétaitclose.—Quoi?Ilyaunproblème?—Jen’enairienàbranler,lâche-t-il.Maistufaisfausseroute:cetypen’est
absolumentpasungarspourtoi.Saréponsemeblesseetjepeste,incapablederetenirlesmotsquimebrûlent
lagorge:—Évidemment!Iln’yaquelessalaudsquimeconviennent,àmoi!Ehbien,
tusaisquoi,Garrett?J’enaimarredessalauds.Jeconsidèreavoirsuffisammentdonné, de ce côté-là ! Mais c’est gentil de partager ton opinion. J’en tiendraiprobablementcomptequandjeseraiheureuseencoupleaveclui.Avantdem’emporterdavantage,jedescendsdelavoitureetclaquelaportière
enmeretenantdenepasfoutreuncoupdepieddanslaroue.Quelsalaud,celui-là!Jenepeuxpascroirequ’ilm’aitsortiunevacheriepareille!
Chapitre70
Jeresteimmobile,furieux.J’ailatêteenfeud’avoirsipeudormi,etj’auraisdûêtreplusprudentaveclavodka.Jen’aidéfinitivementpasl’espritassezclairpourréfléchircorrectementàcequ’Amyvientdemebalanceràlatête.Moiquiessayais de paraître détaché devant son rendez-vous avec monsieur Muscles,voilàquejeviensdeluidonnerl’enviedesejeterdanssesbras!Espéronsquecescachetsfassenteffet…etvite!Direqu’à la secondeoùellem’a largué,elle s’estempresséede rappelerun
autretype!Jeprendsappuicontrelesiègeetjefermelesyeuxpouressayerderetrouver
mon calme. Mais qu’est-ce qui ne va pas, chez moi ? Pourquoi est-ce que jeconsidèrequ’ellem’a largué,alorsque jesavaisquec’étaituncoupéphémère,commetouteslesautres?Sielleveutsortiraveccetidiotmusclé,grandbienluifasse!Cen’estpascommes’ilyavaitunavenirentreelleetmoi,nonplus.Jeportemamainàmonfrontpouressayerdecalmermonmaldecrâne,puis
j’inspire un bon coup. Je voudrais avoir les idées claires pour réfléchirconvenablement à tout ça.C’est évident,Amyne cherche pas un simple amant,aussibonsoit-il–etbon,jelesuis,etj’aibiencomprisquejeluiplaisais.Amyveut un petit ami. Un idiot avec qui elle pourrait dormir, quelqu’un qui luitiendraitlamainaucinéma…Bordel!Pourquoilesfemmesnepeuvent-ellespassecontenterdebaisersanspenseraulendemain?Pourquoiexigent-ellestoujoursdavantage ?Maintenant, je sais pourquoi je préfère récupérer chaque soir unenouvellefilleaubar.C’est tellementplussimple!Jelesemmèneàl’hôtelet jefiledèsquej’enaifiniavecelle…QuandAmyrevientetqu’ellemetenduncafé,jeleprendssanslaquitterdes
yeux. Pourquoi est-ce que ça m’angoisse autant de l’avoir blessée ? Pendantqu’elleportelesienàseslèvres,jelâche,avantdeneplusenavoirlecourage:—Jenevoulaispasêtreméchant.Mauvaise entrée en matière, car le sourire que vient de lui offrir son café
disparaîtaussitôt.—Jenepensepasque tuneméritesquedes salauds,me repris-je.Cen’est
absolumentpascequejevoulaisdire.Ellesoupireetsecouelatête.—J’aimeraismieuxqu’onneparlepasdeça.—Moiaussi,parcequej’aiunputaindemaldetêteetquejesuisloind’être
enétatdesoutenircegenredeconversation.Amy lève une main pour essayer de me faire taire, mais je m’empresse de
poursuivre:—Non,écoute-moi.Tuesunefillebien,Amy.Peut-êtrequetuaseutonlotde
salauds,cesdernièresannées,etquecetimbéciledeBent’afaitcroirequetuneméritaisqueça,mais…c’est faux,OK?Leproblème,c’estquemoi, j’en suiseffectivementun.Etjeneseraijamaisautrechosequeça.Putain.Jenepeuxpascroirequejeviensdeluibalancerça.EtAmymefixe
avecunedrôled’expressionetprendunebonneminuteavantdelâcher.—Bien,alors…voilàquialemérited’êtreclair.Elle dépose son café dans le socle prévu à son effet et remet sa ceinture de
sécurité. Quoi ? C’est tout ? Comment je fais pour rattraper le coup moi,maintenant?—Mais…euh…tusais…çaneveutpasdirequeçameplaîtquetuvoiesce
type…etsituvoulaiscoucheravecmoi…detempsentemps…Surlepointdeseremettreenroute,elletournelatêtedansmadirection.—Serais-tuentraindemeproposerdedevenirtonamante?Jeserremoncafécontremoi,unpeutroublé.—Ouais…enfin…disons…enattendantquetutrouvesuntypebien.Ellesecouelatête:—J’aidéjàuntypebien,Oli.J’airendez-vousavecluisamediprochain.Jen’osepasluirediremesdoutessurcettehistoire.Jecroyaisqu’elleessayait
seulementdemerendrejaloux,maissoudain,jen’ensuisplusaussicertain.Jemerembrunis etportemoncaféàmes lèvres.Amysemblecomprendreque jen’aiplusrienàdire,puisqu’ellereprendlaroute.Etpourtant,jementiraisenaffirmantqueçamelaisseindifférentqu’ellesorte
avecunautrehomme,maisilvautmieuxmetaire.Ilyaquandmêmedeslimites.
Chapitre71
Je reprendsmonmasqued’assistanteprofessionnelleenessayantd’oublier lecoup qu’Olivier vient de m’octroyer.Même s’il a essayé d’être gentil, ça faitquandmêmeunmaldechiendesefaireremettreàsaplacedelasorte.PourquoijeluiaiparlédeWill,aussi?Pourquoij’aiécoutélesconseilsdeJul?Jesavaisbien que quelque chose ne collait pas avecOli ! Je voulais une preuve ? Bahvoilà!Jen’aiplusqu’àoubliercepetitconavantdefaireuntruccomplètementdébile.Commetomberamoureuse,parexemple.Dès que nous arrivons au bureau, Clara accueille Oli avec des yeux qui
papillonnent.Moi, jedoismecontenterd’une listedepersonnesà rappeler.Çameva.Pendantquejeseraiautéléphone,jepenseraiàautrechose.Je ne suis pas encore assise derrière mon bureau qu’Oli fait un signe pour
captermonattention.—VoisavecMarcos’il aunpetitmomentàm’accorder.Attention,dansune
heure et demie on doit rejoindre Drew à l’autre bout de la ville pour vérifierl’avancementd’uneinstallation.—Jesais,jem’exclame,agacéeparsonrappel.J’aipassédixminutesàvérifierlecheminleplusrapidepourmerendreàcette
salle, justement!Dansunsoupir, jemelaissetombersurmonsiègeetrécupèrel’enveloppejaunesurlaquellemonnomestinscrit.J’enfaistomberlecontenuetpousseuneexclamationdesurprise.Olis’avanceetsourit.—Ah!Tuasenfinreçutacartedecréditdelacompagnie!Effectivement,lacarteestdanslelot,maisjesuisbienplusflattéedevoirdes
cartesdevisiteàmonnom.Sobres,noires, trèsclasses…Jecaresse les lettresquiforment«AmyLachapelle,assistanteadministratived’OlivierGarrett»,justesouslelogodeStarlight.Cen’estpeut-êtrepasunposteàhautesresponsabilités,mais je trouve que ça sonne drôlement mieux que secrétaire juridique. J’aiégalementlesdocumentsdesressourceshumainesetcequ’ilfautpourentrerdansl’immeuble à n’importe quel moment. À croire que je viens de devenir une
employéeàpartentière.—C’estbien,ditsimplementOli,maisilfautquetumetiennesaucourantde
tesdépenses,carjedoissignertafeuilleàlafindechaquemois.Je hoche la tête avant de glisser quelques-unes des cartes dans mon
portefeuille.Jen’aiaucuneidéedecequej’enferai,maisjem’enfiche:sijenemeretenaispas,j’englousseraisdejoie.—Maintenant, trouve-moiMarco. Je dois lui parler, dit-il enme tournant le
dos.Ilmeparaît demauvaisehumeur,mais jenem’en formalisepas.Grâce à ce
petitsacdecadeauxsurprise,majoieresteaubeaufixe.Jerappellelesclients,jenoteleursquestions,jevérifieavecOlivierlorsqu’il
s’agitdeplanifierunrendez-vous,maisjem’arrêtedèsqueMarcoentredanslebureauoùnoustravaillonstouslesdeuxdansuneatmosphèrestudieuse.—Qu’est-ce qui se passe ? lâche-t-il en s’installant à notre petite table de
réunion.Ignorant si je doisme joindre à eux ou rester surmonordinateur, je jette un
coupd’œilàOliquinem’accordepaslamoindreattention.Ilsortuncarnetdedessinsqu’ilouvredevantMarco.Aussitôt,lenouveauvenufroncelessourcils.—Qu’est-ceque…—LeprojetBrompton,annonceOlivier.Enfin…sionleprend.Ma tête rouleàcentà l’heure.LeprojetBrompton?Qu’est-cequec’estque
ça?Etpourquoicenommeditquelquechose?— Depuis quand on est censés le prendre ? questionne Marco avec un air
sombre.Olisegrattel’arrièredelatêteetbredouille:—Bah…tusais…Vegasestloind’êtreconfirmé.EtenregardantleDVDpour
lamillièmefois…jenesaispas,j’aitrouvéqu’ilyavaitdupotentiel…Soudain, ses mots font sens. Le DVD ! Oli a bossé sur le projet de Marc
Brompton et a décidéd’accepter le contrat !Est-cedonc cequ’il a fait de sonlundi?— Mais on avait dit qu’on ne pourrait pas assumer une mise en scène
supplémentaire,grommelleMarco.Et siVegasétait confirmé?Commentest-cequ’onpourramenerdefronttouscesprojets?UnsilencepasseetOlisecontentedehausserlesépaules.—Regardeaumoinsmesidées,lâche-t-ilenpointantsoncarnetdumenton.Marco souffle bruyamment,mais accorde un peu d’attention aux dessins. Là,
enfin,Olitournelatêtedansmadirection.
—Çanet’intéressepas?Jebondisdemonsiègeetjem’empressedevenirlesrejoindre.— Si ! Au contraire ! me défends-je. C’est juste que… je ne sais pas… je
pensaisquetuvoulaislemontrerseulementàMarco…Il attend que je sois assise pour nous faire son petit numéro. Il montre ses
dessins, parle du spectacle et de cequenouspourrions faire si nous changionsl’équipement. Avec ses mains, il invente des plateformes et mime des effetsspéciaux.Etmoi, jedoismefaireviolencepournepasafficherunsourireému.Olivier a vraiment un talent fou. Pas seulement pour le dessin, mais pour lacréationet lesidéesnovatrices.Ilparleavecfougueetpassion,obligeMarcoàtournerlapageetrecommenceàdétailleruneautrescène,deplusenplusexcitéparl’idéequil’habite.Etjedoisdirequequandilestcommeça,ilavraimentuncharmefou.Quandilsetait,unpeubrusquement,ilfroncelessourcilsavantdejeter:—Quoi?Tun’aimespas?Marco se gratte lementon en contemplant les dessins d’Oli et il soupire de
nouveau.Ilparaîtépuisédevantlatâchequereprésenteceprojet.Jenesuispasdans ce milieu depuis très longtemps, mais je me doute que de créer desplateformesenfibredeverre,c’estplusfacileendessinquedanslaréalité.—Tufaischier,Oli!lâche-t-ilsimplement.Surpris,Olivierblêmit.—Mais…pourquoi?Avouequecesontdebonnesidées!—Tuastoujoursdebonnesidées!s’énerveMarco.Etc’estbienleproblème!
Commentveux-tuqu’ongèreunprojetdecetteenvergurecesprochainsmois?Cen’est pas juste une question d’idées, mais d’organisation ! Cél n’est pas là, etmêmesiAmyfaitdubontravail,ellen’aaucuneexpériencepourembaucherdenouveauxtechniciens.—C’estunpeuserrédansl’échéancier,c’estvrai,opineOlivier,maisjepeux
essayerdem’investirunpeuplusdansceprojet?EtDrewpourraitnousfilerunpetitcoupdemain?—Merde,Oli!Drewarriveàpeineàbouclersesprojetsdanslestemps!Et
lemotd’ordre,c’étaitde terminer lesdeuxprochainesmisesenscèneavantdereprendredesprojetsdecettetaille-là!Célapourtantétéclairesurlesujet!— Ouais… mais… si Vegas tombe à l’eau, il n’y aura pas de problèmes,
persisteOli.—Ahnon!Vegas,c’estdudéjà-vu,lecontreditMarco.Noussommesàl’aise
avec ce type de technique, là, tu nous demandes d’expérimenter avec des
plateformesenmouvementetdesmatériauxquenousn’avonsjamaistestésqu’enfixe.Lestestspourlasécuritédesacteursvontêtresupercontraignants!Oliserembrunit,puiscroiselesbrassursontorsecommeunenfantquiboude.—Jesaisqu’onpeutlefaire,sebute-t-il.—Avecdutemps.Etuneéquipe.—Onembaucheradunouveaupersonnel.Destechniciensdehautniveau,s’il
lefaut.Ilsontlebudget.—Merde!Tunelâcheraspaslemorceau,c’estça?—Non.Tumeconnais:unefoisquej’aileshowdanslatête…ilfautqueje
m’ycolle.Jetejurequejenevoulaispasleprendreaudébut,mais…D’une main lourde, Marco referme le carnet de dessins et le repousse en
directiondemonpatron.—Bah…tupeux toujoursenparlermercredi.Onverraqui a le tempsde te
prêtermain-forte.Lorsqu’ilselève,Olivieral’airconfus.—Mais…c’esttoilemeilleurpourcomprendrecegenredemiseenscène.Je
neveuxpastravailleravecquelqu’und’autre…—Écoute… je suis fatigué. Tout ça, c’est stimulant, c’est vrai,mais je n’ai
plus trente ans, moi. J’ai envie d’avoir un peu de temps pour vivre… pourvoyageravecmafemme,parexemple.Tusaisqueçafaitunbailquejen’aipasprisdevacances?—Mais…aprèsceprojet,situveux…—Oli,merde!lecoupe-t-il.Cegenredeprojets,cesontdesmoisdeboulot!
Bryanestparti,tasœurestencongé,etlerestedel’équipesedémènepourfaireavancerlereste.Nevienspasenrajouter!OnavaitconvenuqueVegasseraitledernieravantunboutdetemps!Olivierpinceleslèvres.—Choisis:VegasouLosAngeles,persisteMarco.Onnepeutpasmenerdeux
projetsdefront.Tuvasépuisertonéquipe.Oliviersebraqued’uncoup.—C’estmacompagnie.Jeferaicequejeveux.Situneveuxpasbosseravec
moi,jetrouveraiquelqu’und’autre.Je sens le malaise dans la pièce, mais Marco se contente de hausser les
épaules.—C’esttoiquivois.D’un pas lourd, il sort en me laissant seule avec un patron qui bout de
l’intérieur.Iln’attendpasplusdedixsecondesavantdepester:
—Putain!Elleestgénialemonidée!Ilreportesonattentionsurmoi.—Elleestgéniale,non?—Si.—Jevaistrouverunesolution.Ilyenaforcémentune.Ilvérifiel’heuresursontéléphoneportableavantdepester.—Ehmerde!Ondoitpartir.Enplus,jemeursdefaim!Jem’empressederécupérermonsac.Oliestdéjàdehors,àruminer.Déjàque
lajournéenes’annonçaitpasjoyeuse,là,j’aivraimentl’impressionqueleresteneseraguèremieux…
Chapitre72
Je rumine tout le long du trajet qui nousmène de l’autre côté de la ville. Jedétesteavoirl’aircon.SurtoutdevantAmy.Pourtant,j’ail’habitudeavecelle…Est-ce que je ne suis pas censé être le patron de cette entreprise ? CommentMarcoa-t-ilosémetenirtêtedelasorte?—Auretour,tudevrasfouillerdanslespapiersdeCélpourqu’onembauche
deux nouveaux techniciens de scène. Et des bons ! Il me semble qu’elle avaitrassemblé des C.V. de ce genre l’an dernier. En juillet, si mes souvenirs sontexacts.Sonregardquittelaroutequelquessecondespourvenirseposersurmoi.— Je suis conscient que j’en demande beaucoup à mon équipe, j’éprouve
soudainlebesoindemedéfendre,maissionpeutengagerdesgensd’expérience,jenevoispaspourquoiçan’iraitpas.Jen’aiqu’àdonnerunplusgroscoupdemainqued’habitudesurceprojetetpuisvoilà!Après tout, Cél s’investissait toujours beaucoup, alors… je devrais être
capabled’enfaireautant…etpuis,elleneresterapasencongéindéfiniment,nonplus!Ellefinirabienpars’ennuyer…Je retrouve ma bonne humeur lorsque nous arrivons. Généralement, c’est le
momentquejepréfère :quandDrewveutmemontrer l’avancementd’unprojet.C’est commes’il donnait vie àmesdessins. J’entrepar laportedes employés,Amysurmestalons,etjemarchepluslentementpendantquemesyeuxs’habituentàl’obscuritédelasalle.JereconnaislavoixdeDrewentraindegueuler:—Non!Plusàgauche!Etplushautaussi!Dèsqu’ilmevoit,ils’avanceversmoi.—Ah!Tueslà!Viensvoirunpeu!Mike,Oliestlà!Préparetonéquipe!Il fait de grands gestes avec la main et les lumières se rallument. Avant
d’aborderlaraisondemaprésence,ilsouritàAmy.—Saluttoi.Toujoursenposte?—Toujours,confirme-t-elle.
—Alors, il ne t’énerve pas trop ? Parce que je peux lui botter le cul, si tuveux…—Bon,tumemontreslamiseenplace,oui?Jen’aipasqueçaàfaire,moi!—Aïe!Tuesàcran,aujourd’hui,disdonc…Il envoie un clin d’œil en direction d’Amy que j’aurais préféré ne pas voir.
Pourquoiest-cequetousleshommeslatrouventcharmante?Etpourquoiest-cequ’ellesortavecunimbécilemusclé?Unsportif…cen’estcertainementpassongenre!Jesoupireetessaiedechassermesidéessombres.Pourquoiest-cequejem’en faisautant?Willestprobablementennuyeux.Amyfinirapeut-êtreparmerevenir…enfin…jusqu’àcequ’elletrouveunautregentilgarçon…Mike nous rejoint, armé de son talkie-walkie, et pendant qu’on tamise les
lumières, nous nous installons sur les sièges au centre de la salle. Là où nousavonsunevued’ensemblesurlascène.Ontirelesrideauxetlesplateformessemettentenplace.LorsqueMikelèveunbras,lasalleestsoudainplongéedanslenoir.OnperçoitlamachinerieetDrews’empressededire:—Aveclamusique,onn’entendrapastoutça.Jegrimace,puis l’éclairagese teintederouge.Unemusiquedémarrependant
qu’une plateforme s’élève. Il n’y a pas d’acteur, mais quand les projectionsapparaissent sur la toile de fond, je revois la scène dans ma tête. La lumièrechange et la nuit tombe pendant qu’une lune descend du ciel. L’entrée de cettesphèrelumineuseestparfaiteetmamouededépartsetransformeenpetitsouriresatisfait.—Joli,hein?menargueDrew.—Ouais,avoué-je.Lorsquejesuissatisfait, je tournela têteversAmyquiafficheunairsurpris,
avec la bouche ouverte.On dirait une petite fille lors de sa première sortie aucirque.Quandelleremarquequejel’observe,elledétachedifficilementsesyeuxdelascènepourlesposersurmoi.—Ça,c’est…montravail,dis-jesimplement.—Etlascènetrois,annonçaDrew.Tout s’arrête, unpeubrusquement,d’ailleurs,mais jenem’en formalisepas.
J’attendsquel’éclairagechangeetquelecimetièreapparaisse.Envrai,d’abord,avecuneplateformesurroulettesquel’onapportesurlascène,maissurtoutavecla projection qui donne un effet de profondeur.Grâce à des lasers, des étoilesapparaissentsurlesmursautourdenous.Moi-même,jesuisimpressionnéparlafaçondontcesimpledétailchangel’atmosphèredelapièce,maisjesuisd’autantplusfierducommentaired’Amyquirésonne,dansunsouffle:
—OhmonDieu!—C’estbeau,hein?sevanteDrew.Oui, c’est beau. Surtout quand la musique démarre. On se croirait vraiment
dansuncimetière.Etmêmesic’estlegenred’émotionquejerecherchais,voilàquecettescènememetétrangementmalàl’aise.—C’estbon.Onarrêtelà,dis-je.—Jesongeaisàramenerlalunedudépart,maisunenuitsanslune,c’estbien
aussi,qu’est-cequetuenpenses?mequestionneDrew.Rien.Jen’enpenserien,saufunechosequej’évoquedevivevoix:—Arrêteça.C’est long,mais lamusiques’éteint,puis la lumière se rallume,et je respire
enfin.—Alors?medemandeDrewenpivotantfranchementversmoi.—C’estbien.Onvadanslabonnedirection,dis-jesimplement.Jeprendsunedizainedesecondesavantd’arriveràajouter:—Ilfautrevoirlebruit,audébut.—Maisaveclamusique…—C’estencoretropprésent.Jecommenceàévoquer lesmodificationsàeffectuerplusendétail, avantde
tournerlatêteversAmy:—Ilfaudraitquetuprennesdesnotes.—Oh!Oui,pardon.Elle rougitetouvresonsacpourensortir soncarnet.Drewetmoidiscutons
encoreunmomentdelamiseenscène,puisjemelèveunefoisquenousenavonsterminé.Aprèsdeséchangesdepolitessesdont jen’aiquefaire,nousrepartonsverslavoitured’Amy.Une fois que nous sommes seuls, bien enfermés dans son véhicule, j’attends
qu’elledémarre,maisellen’enfaitrien.Elleprendunelongueinspirationavantdesetournerversmoi.—C’étaitvraimentmagnifique.—Merci.Jerépondsvite,gêné,puisjem’empressed’ajouter:—C’estDrewquifaittoutça…moi,je…—C’esttonidée.C’esttoiquiastoutescesscènesdanslatêteaudépart,me
coupe-t-elle.Jedéglutis,puishausselesépaules.—Bof…souvent,cesontdesadaptations.
—Tuasvraiment…beaucoupdetalent.La vache ! J’ai l’habitude qu’on me jette des compliments, mais quand ils
proviennentd’Amy,ondiraitquejenesaisplusoùmemettre!—Lascèneducimetièreétait…trèsémouvante,avoue-t-elleencore.Jetournelatêtepouréviterqu’ellenevoiemontrouble.—Ouais.C’estlebut.—Jenesuispassûred’avoirenviedevoir lespectacledanssonentier.On
diraitqueçasetermineplutôtmal…Mes yeux reviennent sur elle et les mots s’échappent d’eux-mêmes de mes
lèvres:—Lavieseterminetoujoursmal,Amy.Aprèsuninstantdesilence,jejettedurement.—Bon,onyva?Elle hésite, puis démarre lemoteur, et nous effectuons le trajet du retour en
silence.
Chapitre73
Olivierestnerveuxdepuis lascèneducimetière.C’étaitunmomentà la foisbeauetémouvant,visiblement troppourOli.Ses traits sesontdéfaits,puis j’aisentisesdoigtss’agripperàl’accoudoirquinousséparait.Au départ, j’ai eu envie de lui demander ce que ça lui faisait de voir ses
dessinsprendrevie,etpuisquandjel’aivuréagirainsijemesuisravisée.Avecsonpassé,jemedoutequelecimetièrereprésentequelquechosededouloureux.Etvulafaçondontilm’arembarrée,jeprésumequec’estsonmoyendedéfensepouréviterd’enparler.Lorsque jeme gare devant chez lui,Oli n’attend pas que j’éteigne lemoteur
pourouvrirlaportière.—Hé!—Jesuisfatigué,grogne-t-ilenseretournantversmoi.Vatereposer.Demain
seraunerudejournée.—Jenepeuxpasmereposer!Jedoisdémarrerlesrecherchespourembaucher
deuxnouveauxtechniciens,tuterappelles?Il fronce les sourcils. Pourquoi ? Il m’a bien demandé d’effectuer des
recherches,non?—Bah…çapeutattendredemain…Jecomprendsqu’ilsesentemalàl’aisedemelaisserretourneraubureaualors
qu’ilestsurlepointderentrerchezlui.Jem’efforcedelerassurer.—Jevaisjustefaireunsautaubureau.Çamepermettradevérifiersimacarte
fonctionne.Etpuisjevaisjeteruncoupd’œilauxdossiersdeCécilia.Jeprésumequetucomptesparlerdecesprochainesembauchesàlaréuniondedemain?Ilaunmomentd’absence,puisilfinitparhocherlatête.Possiblequ’iln’yait
pasencoreréfléchi.Pourtant,Marcoposeracertainementlaquestiondevanttoutlemonde.Autantêtreprêt.—C’estbête,jen’aimêmepassongéàenparleravecDrew,avoue-t-ilavec
unairdépité.
—Bah…ill’apprendrademain,c’esttout.Certes, ç’aurait été plus simple d’avoir un appui supplémentaire, pendant la
réunion,maisaprès lascèneducimetière,Oliviern’étaitdéfinitivementplusenétatdediscuter.Tantpis.J’aientendulesréservesdeMarco,alors jemedoutequ’onnousserviralesmêmes,demain.D’icilà,jevaisfairecepourquoijesuispayée,soitassisterOlivierdanssonprojetetl’aiderdumieuxquejelepeux.—Tuveuxqu’onsevoieplustôt,demainmatin?propose-t-il.C’estunebonne idée.Si j’aidesquestions,ceseraplussimple…etçanous
donneraletempsd’ajusternosdiscours.—Jepeuxpasserteprendrevers11heures…—Deuxheuresplustôt?—Letempsquetutedouches,quetuprennestoncafé,qu’ondiscute…Unedrôledelueurtraversesonregardquejem’empressed’éteindre:— C’est seulement pour préparer la réunion. J’apporterai de quoi manger.
Croissantsaujambon,painsauchocolat,cegenredetrucs.Aveclecafé,ceserabon.—D’accord.Vapour11heures.Il descend de ma voiture avant de se pencher de nouveau vers moi par la
fenêtre.—Tunevaspaspassertasoiréeaubureauquandmême?—Maisnon,jelerassure.Ilhésite.—Situasbesoindequelquechose…tumetéléphones?Parpolitesse,jesourisethochelatête,maisenréalité,sijenetrouvepasce
quejeveux,c’estCéciliaquejerisqueplutôtdecontacter.EtJulietteaquelquesamischasseursdetêtes,peut-êtrequejepourraisleurtéléphoner?—Net’inquiètepas.Allez,onsevoitdemain.—OK,alors…àdemain.J’attends qu’il ferme la portière et je repars. Soudain, jeme sens confiante.
Voilà que j’ai un vrai défi à relever et j’entends bien montrer ce dont je suiscapable.Olivierserafierdemoi.J’aiunprojet,aujourd’hui,celuideméritermaplacedanscetteentreprise.
Chapitre74
Jem’acharne sur la feuille de papier. J’ai dessinéMarianne desmillions defois.Pourquoiest-cequ’aucundecesportraitsnemesemblejuste,cesoir?Même si j’ai déjà l’estomac retourné et que la fatigue m’écrase, je
recommence,encoreetencore,meversantplusdevodkaqu’iln’enfaut,promessed’unenouvellegueuledeboisdemainmatin.Jeruminemajournée,cetteprisedetête avecMarcoet cette scèneau cimetière, beaucoup trop similaire à celledemessouvenirs…Untraitdetraversetjefrappelatableavantdefaireuneboulettedemafeuille
depapier.Putain!Commentest-cepossiblequejen’arriveplusàfaireleportraitdeMarianne?Jepouvais lereproduirelesyeuxfermés,avant!Jetraceencoreunefoislecontourdesonvisage,laformedesesyeux,lalignedesonnezfin…Je soupire en me remémorant ma conversation avec Amy. J’essaie de meconvaincrequecetimbéciledesportifseradigned’elle,luiquin’apasétéfichudedétachersonregardd’unécrandetélévisionalorsqu’Amyétaitlà,prèsdelui,penchée au-dessus de cette table de billard,magnifiquement sexy dans ce jean.Quelhommesensépréféreraitunmatchàcettefemme?Jereviensàmondessinetfroncelessourcilsavantderefaireuneboulettede
papier avec cet autre essai.Cen’estpas ça.Cen’estpas elle.Àcroireque jen’arriveplusàlagardervivantedansmamémoire.Épuisé, j’étale mes anciens dessins, tous les mêmes, sur la table. Sous les
multiplescopiesdeMariannequimeregardeavecreproche,jevidemonverredevodkaetjerécupèremontéléphone.Presque21heures.PourquoiAmynem’a-t-ellepasappelé?Est-cequ’elleatrouvécequ’ellecherchait, toutsimplement?Sansréfléchir, jepianotesurmonappareil,et jedoism’yreprendreàplusieursreprisespourparveniràtapercorrectement:«Bienrentrée?»J’attends, les yeux rivés sur l’écran. Amy dort peut-être déjà ? Elle était
fatiguée, elle aussi, non ? Jeme laisse tomber surma chaise.Qu’est-ce que je
ficheencoreici?Jen’airieningurgitésaufcettefichuevodka.Etdirequejedoismeconfronteràtoutemonéquipe,demainaprès-midi.Quandmonappareilvibre, jeme redressesurmonbancpour lire la réponse
d’Amy.«Oui.J’allaismemettreaulit.Tupeuxdormirtranquille,jesuisparéepourla
réuniondedemain».Jerelissonmessageaumoinstroisfois.«Paréepourlaréuniondedemain»?
Qu’est-cequeçasignifie?«Cequiveutdire?»Laréponseestlongueàvenir,etpasvraimentcequej’attendais.«Fais-moiconfiance»,m’écrit-ellesimplement.Etpuis,toutdesuiteaprès:«Jevaismecoucher.Jesuisépuisée.Bonnenuit,Oli.»Mesdoigtss’immobilisentetcessentd’écrire.Jerestelà,àfixerson«Bonne
nuit»enimaginantsavoix.UnnœudseformedanslefonddemagorgelorsquejesongeàAmy,danssonchandailtropgrand,surlepointdes’étendredanscelitoùj’aipasséunmerveilleuxmoment,iln’yapassilongtemps.Quand je reviens à la réalité, je retombe sur les images deMarianne, et la
culpabilitém’étrangledenouveau.Jeserremontéléphoneentremesdoigtsetjeme lève,unpeuchancelant,avantderemonterchezmoi. Il fautque jedormeetquejechasseAmydematête,autrementjevaisdevenirfou…
Chapitre75
J’arrive en forme, chezOli, un dossier bien lourd sous un bras et un sac denourriture dans unemain. Tout est silencieux, ce qui n’a rien d’étrange. Il doittoujoursdormir.Jemarcheendirectiondel’escalierquandj’aperçoislesimagesdeMarianne, étalées sur sa tablede travail, toutprèsd’unebouteilledevodkapratiquement vide.Mon cœur se serre.Est-ceque c’est cette fille qui empêcheOlivier de me laisser entrer dans sa vie ? Sur le sol, des tas de boulettes depapier.Sansréfléchir,jedéposemonsacsuruncoindelatableetendéplieune.Encore un portrait deMarianne. Dumoins, c’est ce que je présume, car il estincomplet.Est-ceàçaquese livreOlivier, lesoir?Jenesaispaspourquoi jedéplieunedeuxièmeboulette.Est-cepourm’obligeràcomprendrequelecœurdecethommeneseraplusjamaisdisponible?Etpourtant… je reste figéedevant ledessinqui apparaît sousmesyeux.Les
traitssontceuxdeMarianne,maisleregard…ilmesembledifférent.Jesecouelatête,chassantl’espoirquecesoitlemien,puisjereformelaboulettequejelaissetomberparterre.Ilfautvraimentquejecessed’imaginerqu’ilsepassequoiquecesoitavecOlivier.Surtoutaujourd’hui:jedoismeconcentrersurleboulot.Jemonteàl’étage.Ledésordrerègneenmaître,maisjenem’enformalisepas.
Oli dort. Je profite d’être arrivée en avance pour ranger sa table de cuisine etétalerlepetitfestinquejeviensd’allerrécupérer.Quandunpremiercafécoule,jem’approchedesonlitetjem’installesurlereborddumatelas.Jesourisdevantsa position, un bras sur la tête et un autre sur son torse.Le drap en bataille lerecouvrantjusqu’auxhanches.Jevoudraisnepasletrouveraussisexy.Niavoirautantenviedeglissermesdoigtsdanssescheveuxdéfaits.Auboutd’uneminute,jemedécideàleréveiller:—Oli…debout!Il grogne, mais n’ouvre pas les yeux. Je pose une main sur son torse et le
secoueunpeu.Lachaleurdesapeauestagréable.J’aienviedemeglissercontreluietdeleréveillerparunepluiedebaisers.Dansungémissement,Oliouvreles
yeuxetmarmonne:—Putain…lemaldecrâne…J’auraisdûm’endouter.Jeretiensmonenviedeluifairelaleçonetmelèveen
annonçant:—Jet’apportedescachetsetdel’eau.Lorsque je reviens,Oli est assis, les cheveux en pagaille et les yeux encore
fermés. Il ne lesouvrequepour récupérer ceque je lui tends.Une foisqu’il aavalésesmédicaments,ildaigneenfinmechercherduregard.—Merci.—Pasdequoi.Ses yeux tombent enfin sur moi, comme s’il prenait conscience que j’étais
vraimentlà.Cetteproximitémegêne,alorsjemeredresseenajoutant:—Toncaféestprêt.—J’aibesoind’unedouche,marmonne-t-ilenrepoussantledrap.Il file en direction de la salle de bains et je soupire en préparant un second
café.Oliapassélasoiréeàboirealorsquejemesuistapélesaleboulottouteseule.Peuimporte.S’iln’estpasenformedurantlaréunion,jeprendrailerelais.C’estmonboulot,aprèstout.QuandOli revient,dansunsimplebasde survêtement, il s’installeà tableet
portelatassedecaféàseslèvres.Unsoupirplustard,ilremarquelanourriture.—Toutça?—Jemeursdefaim,jeluiavoue.Boistoncaféqu’onpuissediscuter.Ilrécupèreuncroissantgarnidejambonetdefromage,puisledéposedansson
platavantdereportersonattentionsurmoi.Pourmapart,jesuisdéjàentraindedévorermonpetitdéjeuner.Etjemerégale!Olimeconsidèreavecunairamusé,probablement parce que je m’en mets partout. Tant pis ! C’est délicieux ! Labouchepleine,jemarmonne:—Tudevraisgoûter.Ilpinceleslèvresavantderétorquer:—Çasembledélicieux,maisjecrainsd’avoirtropbuhiersoir.Çarisquede
ressortir.—Tunedevraispasboireautant.Sonregardmerappelleàl’ordreetjedévieaussitôtladiscussionsurunsujet
moinssensible:—J’aipréparéundossierpoursoutenirnotreaffaire,aujourd’hui.Avecun sourire fier, jepousse ledocumentversOli. Il plisse lesyeux,puis
tournedeuxoutroispagesavantdereportersonattentionsurmoi,étonné:
—Tuasfaittoutçahiersoir?Gênée,j’avoue:—J’aicontactéCécilia.C’estellequim’aindiquéoùsetrouvaitlefichier.Et
j’aicontactéunchasseurdetêtes.Ilpourraitnousaideràtrouverl’employéidéal,maisçacoûtecher.Surtoutlestechniciensquiontunebonneexpérience.Enfait,toutdépenddutempsdontnousdisposonsavantledébutduprojet.Plusc’estlerush,plusçacoûteracher.Oliviermescruteavecunairahuri.Jelesurprends,etçameplaît.C’estvrai
queCéciliam’a donné une foule d’informations en prévision de notre réunion.Ellen’étaitpasravied’apprendrequesonfrèreavaittenutêteàMarco,maispourunefoisqu’il tientàunprojet,ellen’apasosés’opposeràsadécision.Certes,j’aiunpeu insistépour laconvaincre,etçam’apermisdeconstaterque j’étaisdéfinitivementprêtepourlaréuniond’aujourd’hui.— Je n’en demandais pas tant, lâcheOli. Je suis le patron. Si je dis qu’on
prendcecontrat,lesautresserontobligésdemesuivre.Jefroncelessourcils.—Situveuxunbonconseil,tunedevraispasagirsansleconsentementdetes
employés.Tonéquipeestsurchargée.—PassiVegasnousfileentrelesdoigts,marmonne-t-il.—Voisçacommeun investissementà long terme.Sinousembauchonsunou
deux techniciens supplémentaires, tu les formes et tu soulagesunepartiede tonéquipe.SansoublierqueMarcBromptonestprobablementprêtàfairebiendesconcessionspourquetuacceptesdet’occuperdesonprojet.Olilèveunregardintriguéversmoi.—Parexemple?—Parexemple…attendreunmoisoudeuxavantledébutduprojet,letemps
quetonnouvelemployésoitapteàprendrelecontrat.Oupayerunpeupluscherpouraccélérerleprocessus.Sabouches’ouvreetilprendunmomentavantdelâcher:—Disdonc,ondiraitquetuaspenséàtout.—Ilvautmieuxavoirplusieursarguments.—Tuasapprisçaavectonavocat?Saquestionmefroisseunpeu,maisjem’empressedesecouerlatête:—Plusjeune,j’aiétévendeusedevêtements.Laréactiond’Oliestétrange.Ilécarquillelesyeux,puiséclatederire.Quand
il retrouve son calme, il récupère son croissant et en mange une bouchée. Ondiraitqu’ilvamieux.Ilreporteunregardmalicieuxsurmoi.
—Tuasvraimentbeaucoupdetalent.Jedéglutis,troublée.—Jesais,dis-jeenfeignantuntonhautain.Jesuisl’assistanteidéale,tunel’as
pasencorecompris?Ilrigoledenouveauetjesavourecettebonnehumeurrevenueentrenous.— Alors… je leur parle de mon projet, je montre mes dessins… et toi, tu
répondsauxquestionscompliquées,c’estça?résume-t-il.—C’estça.Et si jeneparvienspasàconvaincre tonéquipe, tu suspends la
réunionettudisquetuvasencoreyréfléchir.Surtout,netebraquepas.N’oubliepasquenoussommestousdumêmecôté.Ilsoupireavantdehocherlatête.—OK.Detoutefaçon,jen’aipasdemeilleureidée.Jesourisetmelèvepournettoyerlatable.Alorsquejeposemonassiettedans
l’évier,ilajoute:—C’estvraique tuesunebonneassistante. J’auraispréféréque tu soisune
andouille,jenetelecachepas,ajoute-t-ilengrimaçant,maisjesuiscontentquetu t’investisses autant.C’est exactementdesgens comme toi quenousvoulions,quandnousavonscrééStarlight.Enfin…c’étaitl’idéedemasœur.Ellecherchaitdesgenspassionnésquicroientenleursrêves.Magorgeseserreetjerestemuette,incapabledetrouverd’autresmotsqu’un
«merci»toutbête.Surunenotepluslégère,ilajoute:— À l’époque, elle voulait même qu’on ait un slogan : « Rien n’est
impossible ». J’ai failli en faire une crise cardiaque ! Déjà, avec un nom decompagniepareil…—«Rienn’estimpossible»,jetrouveçajoli.Oliviergrimace,puisselèvedetable.—Ouais, ehbien…si tu veuxqueMarco accepte ton idée, tu as intérêt à y
croire,parcequ’ilrisqued’êtrefurieuxdevoirquejevaisdel’avantavecmonidée.Ilmetourneledosetfiledanssachambrepourallers’habiller.Jecontinuede
rangerensouriantcommeuneidiote.Moi,cettedevise,jel’aimebien…
Chapitre76
Mêmesic’estmoiquiexposemonprojet,c’estAmyquidirigelaréunion.Elledistribue un document avec plusieurs scénarios envisagés, parle de ses idéescommesic’étaitlesnôtresetmettoutlemondedanssapoche.Enfin…presquetout lemonde.Marco semble surpris,mais s’abstient de tout commentaire. Il al’air fatigué.C’estpeut-être levoyageàVegas.Peut-êtrequ’iladesproblèmespluspersonnels,aussi…Çafaitunbailqu’onn’apasdiscuté,luietmoi.Ouquejenesuispasallémangerchezlui.QuandAmy répondà laquestiondeDrew, jepivotepourmieux la regarder.
Sesjouessontrougesetelleparleavecfougue.Elleestbelle,surtoutquandelledéfend mon projet comme si c’était le sien. Ça me rappelle Cél, au début deStarlight.Elleaussi,ellecroyaitenmoi.Peut-êtreplusquejenel’aijamaisfait,d’ailleurs. Et pourtant… c’est fou ce qu’on a accompli en seulement quelquesannées…Dèsquelaréunionsetermine,Drewseposteàmescôtés.—Disdonc,elleestsuper,tanouvelleassistante!—Ouais,réponds-je,avecunsourireniais.— Tu la garderas peut-être plus que trois semaines, celle la, se moque-t-il
encore.Enfin,situn’essaiespasdelaramenerdanstonlit.Sonriremedéplaît.Pourtant,Drew,c’estl’imbécileaveclequeljem’entends
lemieux généralement, et comme j’ai besoin de lui pour former les nouveaux,autantnepastroplemalmener.—Heureusement,tun’aspasl’aird’êtresongenre,ricane-t-ilencore.Jenerépondspas,maisjesongequeleschosesseraientbienplussimplessi
c’étaitAmyquin’étaitpasmongenre…Quandjeparviensàmeretrouverseulavecelle, je libèreunimmensesoupir
desoulagementavantdemelaissertombersurlecanapédesonbureau.—Tuasvraimentassuré.—Merci!glousse-t-elle,bieninstalléedevantsonordinateur.Ettuconnaisla
meilleure?Lechasseurdetêtesdontjeteparlais,iladeuxcandidatspotentiels,dontunancienemployédechezDevex.Surpris, je me tourne vers elle pour m’assurer qu’elle ne me fait pas une
blague.—Sérieusement?—Oui,maisjetel’aidéjàdit:unchasseurdetêtes,çacoûtecher.Ondevrait
peut-être essayer de dégotter un candidat par nous-mêmes. On a bien quelquessemaines,quandmême…—Maiss’ilfautleformer…onn’apasdetempsàperdre.Etdestechniciens
avecdel’expérience,çan’apasdeprix,Amy!Elledétachesonregarddesonordinateurpourleposersurmoi.—Nesoispassiimpatient…—Maisjesuisimpatient.C’estcequifaitmoncharme,tun’espasd’accord?Elle rit, puis reporte son attention sur l’écran. J’ai envie de dire n’importe
quoi,justepourqu’ellemeregardeencoreunpeu.Depuisqu’elleaceprojetentête,Amyapleindechosesàfaire.Pleindechosesquin’ontrienàvoiravecmoi.Direqu’elleétaitcensées’occuperdemapetitepersonne.Voilàqu’elledevientunpeucommeCél.Pourquoiçam’embête?Çadevraitmesoulager,non?Quandletéléphonerésonne,ellerépondd’unevoixtranquille:—Bureaud’OlivierGarrett.Jesuissurlepointdem’étendresurlecanapéquandAmysemetàparleren
anglais. Je tends l’oreille, puis je bondis surmes pieds pour venirm’installerdevantlebureauoùelleestassise.Ellemejetteunregardlumineuxetexcité.Surunboutdepapier,ellegriffonnelenomdel’interlocuteur:Nick.LeprojetVegas.Jeluifaissignedemepasserlacommunication,maisellefaitpivotersonsiègeetsemetàblagueravecsoninterlocuteur.Pourquoiest-cequ’elleritainsi?Jemeconcentresurlesmotsquisortentdesabouche:ellemecomplimente,prometquejeseraitrèsheureuxdecettenouvelle,qu’elleluienverralesdocumentsdanslesplusbrefsdélais.Lesdocuments?Quelsdocuments?Quandelle raccroche, jerestemuet de stupéfaction qu’elle neme l’aitmême pas passé.Mais qu’est-cequ’ellefiche?Amybonditàsontouretretientdifficilementsoncridejoie.—Qu’est-cequejetedisais?!—Ilssignent?—Oui !Enfin… ils veulent voir l’ébauche du contrat avant de prendre leur
décision,mais…oui!Quandjetedisaisquej’enétaissûre!Ellerit,incroyablementheureusedel’ajoutdececontratàunelistedeprojets
déjà trop chargée. Et moi, je reste là, à la regarder, ravi du spectacle qu’ellem’offre. J’oublie les problèmes qui vont se poser et la joie que cette nouvelledevraitmeprocurer.J’essaiejustedecapturerl’imaged’Amydanscettelumière.Pascellequiprovientdel’extérieur,maiscellequiestenelle.—Tun’espascontent?mequestionne-t-elle,visiblementconsternéeparmon
manquederéaction.—Si.C’estlafatigue.Oulechoc,jenesaispas,dis-jesimplement.Elleprendsoudainunairinquiet.—C’estàcauseduprojetBrompton?Tuvoudraisn’engarderqu’un?Cen’est
pasgrave,tusais,parcequejenelesaipasencorerappelés.Riennenousobligeàmenerlesdeuxdefront.Jesecouelatête.—Non,je…sionengage,jecroisqu’onpeuttoutfaire.—Tuasraison.Rienn’estimpossible!rigole-t-elleenlevantunpoingenl’air.Jesouriscommeunidiot.PourquoijeluiaiparlédeladevisedeStarlight?En
toutcas,j’aimebienlafaçondontellel’interprète.Etpourtant,quandellereposelesyeuxsurmoi,sonvisageretrouveunairplussérieux:—Prendsquandmême le tempsd’y réfléchir, tuveux?Sionaccepte,onne
pourrapasrevenirenarrière,alorsilvautmieuxêtresûrdetoi.Je hoche la tête, mais je suis d’autant plus persuadé que je veux ces deux
contrats. Non seulement le projet Vegas est bien avancé, mais je vois trèsexactementlamanièredontceluideBromptonvaprendrevie.—Tuveuxque je te raccompagnemaintenant ?Parcequ’il faut que je fasse
prépareruncontratquetudevrasrelireavantquejepuisselesoumettreàNick.Jelafixe,ébahi.—Bah…euh…jepeuxt’attendre,dis-jesimplement.—J’enaipourunebonneheure.Peut-êtremêmedeux.Ilfautquejepasseaux
ressourceshumainesetquejerelisemesnotespourvérifierquelesclausesqueNickaexigéessontbiendanslecontrat.Oh,maisnet’inquiètepas,jemettrailesajoutsencouleurpourquetulesapprouves.Sonsourirerevientenforcelorsqu’elleajoute:—Tusais,lescontrats,çameconnaît.—OK,dis-jesimplement.Elleselaisseretombersursachaiseetdécrochesontéléphone.Jerestelà,un
peu confus, à l’écouter demander la rédaction d’un contrat type. Lorsqu’elleraccrocheetquesesyeuxreviennentsurmoi,jecomprendsquejen’aiplusrienàfairelà.
—Tuasbesoind’uncoupdemain?jeluidemande.—C’estgentil,maisjegère,jet’assure.Je la crois sans problème. Pendant qu’elle pianote sur son ordinateur,
j’annonce:—Jevaisrentrerentaxi.Ellefroncelessourcils.—Jet’assurequejepeuxteraccompagneretreveniraprès,s’empresse-t-elle
deproposer.—Maisnon.C’estridicule.Allez,onseverrademain.Travaillebien.Avantqu’ellenepuisseprotester,jesorspourdissimulermamauvaisehumeur.
Pourtant,toutvabien.J’aileprojetBrompton,leprojetVegas…pourquoiest-cequejemesensaussiconfusetencolère?Quelleidéed’embaucheruneaussibonneassistante!Elleesttellementdouée
qu’ellen’amêmeplusletempsdefairetoutcequej’exiged’elle!Alorsqu’onauraitdûsortirpourfêtertoutça,voilàquejemeretrouveàrentrerentaxi.Seul.
Chapitre77
Je rentre chez moi la tête lourde. La femme de ménage est passée, car lesboulettes de papier ont disparu. Parce que je déteste croiser le regard deMarianne,j’entassesesportraitsenunepileetretournelepremierpourn’envoirquelafacevierge.Jemonteàl’étageetmefaisunnouveaucafé.Jerécupèreunpainauchocolat
resté dans le sac, puis redescends en le portant à ma bouche. Mon assistantebosse.Autant que je travaille unpeu,moi aussi. Surtout si je compte présenterbientôtmesidéesàBrompton.Quandmontéléphonesonne,jesouris.Ah!Amyabesoindemoi!Majoieestdecourtedurée lorsque jereconnais lenuméroquis’affiche.—Salut,Cél.—Saluttoi,qu’est-cequetufaisdebeau?—Jebosse,mens-jeàdemi.—SurleprojetBrompton?s’enquiert-elle.Jefroncelessourcilsavantdecomprendre:—Ah!Amyadiscutéavectoi.—Toutàfait.Dis,tutesouviensqu’onavaitdécidédenouslimiterauprojet
Vegas,quandmême?J’ailasensationdemefairegronderetjemebraqueaussitôt:—Ouais,ehbien…c’estcommeça.— Oli, ne fait pas tout foirer sous prétexte que je ne suis pas là pour te
surveiller, tuveux?Jesuispeut-êtreenceinte,mais jenesuispasstupidepourautant.— Tu n’es pas là, et Amy me supporte. Elle va engager de nouveaux
techniciens.Net’inquiètepas,toutsepasserabien.—Heureusementqu’elleestlà,d’ailleurs!rigole-t-elle.—Oui.—Et j’espèreque tune luimènespas trop laviedure,parceque jepeux te
direqu’onadégotéuneperle.Ellefaitbienplusquecequiétaitauprogramme.Je grimace, même si je sais qu’elle a raison. Et pourtant, je ne peux pas
m’empêcherderuminer:—Ilaquandmêmefalluquejerentreentaxi,aujourd’hui.— Tu n’as qu’à prendre ta voiture. Oli, tu n’as plus dix ans pour qu’on
t’emmènepartout!Tuastoujourstonpermis,jeterappelle!—Hé!jem’énervesoudain.Onaembauchécettefillepourqu’elles’occupe
demoi!—EllegèreStarlightalorsquec’est tonboulot, frérot.Qu’est-ceque tu fais
cheztoià16heuresalorsquetoutlemondebosse?—Mais…jebosse!Unsilencepasseetjemesensobligéd’ajouter:— J’ai demandé à Amy si elle voulait de l’aide, mais elle a refusé. Que
voulais-tuque je fasse?Etondiraitqueça luiplaîtbien,des’occuperde touttouteseule…Auboutdufil,masœursemetàrire.—C’estvrai. J’ai rarementvuune filleavecautantdecrandepuis…laisse-
moiréfléchir…oh!C’estvrai!Moi!Jesouriset,mêmesi je refusede le luidire, jeme rendscomptequ’elleme
manque.—Allons,allons,reprend-elle,siçaluiplaîtdefaireça,nel’enempêchepas.
Siçasetrouve,elleavraimentenviedereleverdenouveauxdéfis.—Oui.AprèssonhistoireavecBen,peut-êtrequ’Amyabesoindes’occuperl’esprit,
commemoiavecmesportraitsdeMarianne.Etl’alcool.Etmonsalecaractère.—Ettoi,tuaslargementdequoifaireaveclasoiréededemainsoir.Confus,jerépète.—Lasoirée…?—Mais…ledînerdecharité !Merde,Oli, tun’asquandmêmepasoublié!
Amys’estachetéunerobepourl’occasion.Une robe ? Elle veut dire… une autre robe ? C’est possible. J’ai souvenir
qu’elleenaachetédeux,effectivement.Marespirationenprenduncoup.Etmoiquiessaiedeprendremesdistancesaveccettefille!Ondiraitqueledestinfaittoutpourmerendrefou!—Oli!Tusaisbien,lafondationdeMaggie!Évidemmentquejem’ensouviens,maiscen’estdéjàplusceàquoijesonge.
AprèsavoirvuAmydansunerobedeprincesseàLasVegas,jecrainslepire.
—Elleestcomment,sarobe?m’entends-jedemander.—Euh…elleestrouge.Trèslongue.Maisnet’inquiètepaspourça.Ellesera
parfaite.Monimaginationestdécidémenttropfertile.—Toi,tuescenséréserverunelimousine,maisjeprésumequetunel’aspas
fait…—Euh…non,admets-je.—C’étaitpourtantdanstonagenda,medispute-t-elleencore.Uninterminablesoupirplustard,ellereprend:—Enfin,tantpis.Jevaispasserquelquescoupsdefiletessayerdetedégoter
unevoiture…,maispourlediscours,ilfaudraquetuvoiesçaavecAmy.Lavoiture?Lediscours?Pourquoiest-cequejen’yaipassongéplustôt?En
plus,j’avaistoutmonlundipourlefaire!Merde!Commentjepeuxêtreaussiàl’ouest,cestemps-ci?—C’estbon,jem’enoccupe.—Jeterappelleunefoisquej’ailaconfirmationpourletransport.19heures,
çaira?—Cél,arrête!Jevais lefaire.Jesuisquandmêmecapablederéserverune
putaindelimousine!Unsilencepasseetjem’empressed’ajouter,parcraintedel’avoirblessée:— Écoute, c’est un peu la folie, ces jours-ci, et c’est vrai que j’ai oublié,
mais…jevaislefaire,OK?J’aidutempsàrevendre,cesoir,profites-en!C’estlongavantquemasœurnelâcheunpetitrire,maiselledemande,fidèleà
elle-même:—Tum’envoies un texto quand c’est fait ? Juste pour que je nem’inquiète
pas?EtsoisgentilavecAmy,ellen’estjamaisalléeàundînerdecharité.—Maisoui.Jeseraigentil,jegrogne.Siellesavaitàquelpointjelesuis…etcombienj’aienviedenepasl’être!—Super!Tuesvraimentunfrèreenorquandtuymetsunpeudutien.Allez,
dépêche-toi de réserver ta voiture avant que ça ferme. Et si tu as un souci,rappelle-moi!Jeraccrocheensoupirant.Moiquimesentaisinutile,voilàquej’aiunetâche.
Etmême deux ! J’espère que j’ai conservé une copie demon discours de l’andernier.Çamedonneraunepistepourpréparerceluidedemainsoir.
Chapitre78
Untextod’Olim’attendàmonréveil:«Onserejointaubureauà11heures,j’aidestrucsàfaire.»Envoilàunenouvelle!Iln’estmêmepas9heures!Assisedansmonlit,jel’appelle.—Alors,enfindebout,marmotte?répond-ild’unevoixmoqueuse.—Pourquoiest-cequ’onseretrouvedirectementaubureau?—Parce que je veux finaliser le dossier Brompton avant de le proposer au
client, explique-t-il. D’ailleurs, si tu pouvais nous organiser une rencontre parwebcamendébutdesemaineprochaine,ceseraitparfait.Jeclignedesyeux.—Tuneveuxpasqu’onengageuntechnicien,avant?—Ilvautmieuxfaireleschosesparétapes:onvadéjàs’assurerqu’ilsaiment
leconcept,puisonleurparleradesproblèmes…disons…plustechniques.Ah!D’ailleurs,j’ailul’ébauchedecontratquetuasfaitpourleprojetVegas.C’estdubonboulot.Jel’aiannotéetmissurtonbureau,çaira?Jerestemuettequelquesinstantspuisposelapremièrequestionquimevienten
tête:—Mais…oùest-cequetues?— Au bureau, quelle question ! répond-il en rigolant. Tu n’as pas entendu
quand je t’ai dit que j’avaisduboulot, cematin ?D’ailleurs, jene suispas enavance.JesuisarrivéàcoincerDrewpourqu’onjetteuncoupd’œilensembleàl’offred’emploique tuaspréparée.Làaussionaquelquesmodifications,maisriendemajeur.—Attends…tuasfaitça…sansmoi?—Tuasbientravailléhiersoir,c’estdoncnormalquejeprennelarelèvece
matin.—Oh,mais…tuauraispumeledire.Jeseraisvenueplustôt.—Maisnon…profite!Jepréfèrequetusoisenforme,cesoir.Jemeraidissurmonlitenmerappelantledînerdecharité.
—Autantquetulesaches,c’estassezépuisant,cegenredesoirées:beaucoupdemainsàserreretdesouriresàrendre.Maisgénéralement,lerepasestbon.Etlespectacledevraitteplaire.Probablementparcequejeresteauboutdufilàneriendire,ilajoute:—Tun’avaispasoubliéledîner,si?—Hein?Non!J’aimême…unesuperrobe.Classeettout.—J’airéservéunelimousine.Jepasseraiteprendreà20heurescesoir.—Unelimousine?—Tunecomptaisquandmêmepasconduireavecdesescarpins!—Mais…etpourquoipas?Jen’aiqu’àremonterunpeumarobeetconduire
piedsnus.Ilsemetàrireauboutdufil.—J’auraisbienvouluvoirça,tiens.Jen’auraispasdûmedémenerautantpour
trouver une limo. Enfin… tant pis. Ce soir, tu m’accompagnes, alors on feracommejel’aidécidé.Sonpetittonautoritairemeplaît.Àcroirequ’ilatoutprévu.Jesaisbienque
cettesoiréen’ariend’unrendez-vousgalant,maisj’avouequ’ilestdifficiledenepassourireensongeantàOlivierencostume…etdansunelimousine…—D’ailleurs, tu pourras partir plus tôt cet après-midi. Cél adorait aller se
fairechouchouteravantcegenred’occasions :coiffure,ongles…jenesaispastropcequ’iltefaut,mais…j’aidécidédetelibérerà15heures.J’espèrequeçaira.C’estbête,jen’yaisongéqu’hiersoir.Je prends un moment avant de rassembler mes pensées, charmée par son
attention,puisl’angoissemesaisitdepleinfouetencomprenantcequ’ilattenddemoi.Ohnon!Jen’aimêmepassongéàprendrerendez-vouschezlecoiffeur!Jevérifiel’étatdemesongles,puisjebondisdemonlit.—Écoute,ilfautque…j’aidestasdetrucsàpréparer,alors…jesautedansla
douche,jepassequelquescoupsdefiletjeterejoinsaubureau,çateva?—Soislàpour11heures.J’aidevancénotrerendez-vous.Lorsque je raccroche, je suis déjà en train de faire couler le jet d’eau. Eh
merde ! Alors que j’étais en avance sur tous mes dossiers, voilà que j’ai denouveaul’impressiond’êtreenretard!Jedétesteça!
Chapitre79
Je suis enavance surmonhoraire.Direque j’auraispudormiruneheuredeplus,cematin!Maisnon,jepréféraisarriverplustôtetvérifierletravaild’Amy.Justepourqu’ellesachequejesupervisesesdossiers.Danslesfaits,iln’yavaitque des broutilles à modifier, mais peu importe. Pour le principe, je veuxchipoter.Elleesttropdouée,cettefille!Pour avancer le dossier Brompton, je numérisemes dessins. Techniquement,
c’estlatâched’Amy,maisjenevaispasm’enformaliser,puisqu’elleadrôlementbienbossé,hiersoir.Cen’estpasurgent,maisj’aihâtedemontrermesidéesàMarc,etaussideluiannoncerqueStarlights’occuperadesonspectacle.Drewpassedevantmonbureauetentre,unnouveaucaféàlamain.—Çaalors!Qu’est-cequetubosses,aujourd’hui!rigole-t-il.Ilaraison.Jen’aipasarrêtédepuisquejesuisarrivé.Çanemeressemblepas.
J’aimerais que tout soit prêt à l’arrivée d’Amy pour qu’elle puisse faire sesmodifications et qu’elle transmette la bonne nouvelle à Brompton. Après, ellepourrarepartirpourlerestedel’après-midi.Jesoupireentournantlapagepournumérisermonprochaindessin.Jenesais
pas si c’est unebonne idéededonner autant de temps àAmypour sepréparerpourcesoir,maisunechoseestsûre:moinsjelavois,mieuxjemeporte.Déjà,envenantautravailparmoi-même,j’évite la tentationdelavoirchezmoidansunesituationtropintime.Seréveillerenérectionavecelleàcôté…çacommencesérieusementàdevenirtropdifficile.J’aipromisàCélquejeseraisgentilavecAmy,maisjenepeuxpasmementiràmoi-même:j’aibienenviedelaramenerdansmonlit.Malheureusement,ceseraitagirensalaud,parcequejenepeuxrienluidonnerdeplus.Aulieudefoutrelecamp,Drews’installesurunechaisedevantlebureauoùje
travaille,etcroiselesjambesavantdedemander:—C’esttonassistantequitefaitbosserautant?Jefroncelessourcils.
—Cesontlesautresquitravaillentpourmoi,est-cequetul’auraisoublié?—Bah…non,mais…généralement,tonassistanteesttoujoursavectoi.—C’estvrai,réponds-je,maisAmyestrestéetardhiersoir,ettumeconnais:
quandj’aiunprojetentête,ilfautqu’ilsorte!Malheureusement,Drewn’estvisiblementpasaussistupidequ’iln’yparaît.—Quandmême!Unjeudià9heures…?—J’aimeraisenvoyermapropositionàMarcBromptonaujourd’hui.Avec le
décalagehoraireetledînerdecharitédecesoir…ilnemeresteplusbeaucoupdetemps.—Çapouvaittrèsbienattendredemain!Ilaraison,etçam’énerved’autantplus.Surtoutlorsqu’ilajoute:—Elleestvraimentmignonne,tonassistante…Oubliantmanumérisation,jerelèvelesyeuxverslui.—Etalors?—Alorsrien.Jemedemandaisjuste…s’ilyavaituntrucentrevousdeux.Jelefixeenplissantlesyeux.—Parcequetularegardesavecintérêt,onnevapasselecacher,ajoute-t-il
dans un petit rire. Déjà, hier, durant la réunion, tu semblais captivé par saprésentation.—Mais…elle a quandmême réalisé un tour de force ! dis-je, comme si je
devaismedéfendred’appréciermonassistante.—Ouais,c’estvrai,avoue-t-ilavecunemouesceptique.Maistunevasquand
mêmepasmedireque tun’aspasenviede te la faire !Elleestassezbandantedanssongenre!Tuasvusesjambes?J’aienviedeluidirequej’aivubienmieuxquesesjambes,maisjescellema
boucheavecuneexpressionchoquée.C’estridicule,carj’aidiscutédebiendesfemmesavecDrew,maisjenesaispaspourquoi,jen’aimepasqu’ilparled’Amyen ces termes. J’ai l’impression qu’il lui manque de respect, et aussi qu’ils’intéresseunpeutropàelle,etça,iln’enestpasquestion.—Net’approchepasd’elle,dis-jesimplement.LevisagedeDrews’illumineetilseredressesursonsiège.—Ah!Jesavaisbienqu’elleteplaisait!— Ça n’a rien à voir ! Amy est douée et je n’ai pas envie de perdre mon
assistanteparcequetunesaispasgardertaqueuedanstonpantalon!Aucasoùtul’aurais oublié, Cél va bientôt accoucher. Je n’ai pas de temps à perdre àembaucheruneautreassistante.Drewfroncelessourcils.
—Qu’est-cequeçaveutdire?Quetunevasmêmepasessayerdetelafaire?Sansattendremaréponse,ilpoursuit:—Elle t’a rembarré, c’est ça ?Envoilàunenouvelle !Toncharmen’opère
doncpassurtoutlemonde?—Ellenem’apasrembarré.Maiscen’estpasunefillepourmoi,vu?Drewéclatederire.— Pas une fille pour toi ? Ma parole ! À t’entendre, on croirait que tu
sélectionnescellesquetubaises!—Mais tu as fini, oui ? Tu ne vois pas que j’essaie de bosser ? Amy ne
m’intéresseabsolumentpas,findeladiscussion.—Jesuiscontentedel’apprendre.La voix d’Amy nous fait sursauter. Aussitôt, je tourne la tête vers l’entrée
qu’elle traversepourvenirdéposersonsacsur lecoindubureauoù jemesuisinstallé.Mortifié,jebredouille:—Jedisaisjuste…—C’estbon,Oli,j’aientendu.Alors,cesmodifications?Tumelesdonnes?Jefouilleparmilespapiersdevantmoi,maisavantdelestendreendirection
d’Amy,jejetteunregardsombreàDrew:—Tunouslaissestravailler?Jenetepaiepaspourboireducafé,àcequeje
sache.Ilétouffeunpetitrireamuséetfichelecampsanssepresser.Aussitôtjevais
fermerlaportepouravoirunpeud’intimitéavecAmy.—Désolé.Ilm’énervaitalors…—Pasdesouci,m’interrompt-ellesansmêmereleverlesyeuxversmoi.—J’essayaisjuste…Amydaigneenfinposersesyeuxvertssurmoietceque j’yvoisnemeplaît
pasbeaucoup.—C’estbon,Oli,insiste-t-elle.Onnevapasenfairetouteunehistoire.—Euh…non.C’estvrai.Jemetaispendantqu’ellereportesonattentionsurledocument.Jenesaispas
pourquoi, mais je sens qu’un malaise plane entre nous, et je ne peux pasm’empêcherd’essayerdeledissiper:—Tuasprisrendez-vouschezlecoiffeur,pourcesoir?Maquestionn’avisiblementpasl’effetescompté.Amyrelèvelatêteversmoi
etmerépondsuruntonacerbe:—Tut’intéressesàmacoiffure,Garrett?Tuaspeurquejetefassehonte?Surpris,jemeremetsàbafouiller:
—Non,je…j’essayaisjustede…d’êtregentil.—Alorsarrête,çanetevapasdutout.Nousnousfixonssansparlerpendantdelonguessecondes,puisellesoupireet
retrouveuntonmoinsrude:—Est-cequ’onpeuttravailler,maintenant?J’aimeraisbouclercedocumentet
postercettedemanded’emploisurdifférentssitesavantderetournerchezmoi.—Tucroisquetuauraisletempsd’envoyerunmailàMarcBromptonavantde
partir?J’étaisentraindenumérisermesdessinspourluimontrercequej’aientête…Levisaged’Amys’adoucitetellejetteuncoupd’œilaubordelquirègnesur
sonbureauavantdehocherlatête.—Ouais.Jesupposequej’aurailetempsdefaireçasurl’heuredudéjeuner.Jesourisetproposeaussitôt:—Onsecommandeuntrucàmanger?Jeterminelanumérisationetjet’aideà
fignolertondocument,situveux.—Je…ouais,OK,dit-ellesimplement.
Chapitre80
Jesuisencolère,etj’avouequejepeineànepaslemontrer.Direqu’aprèslecoup de fil d’Olivier, ce matin, j’ai pensé qu’il était absolument charmant. Etvoilàqu’ilannonceàDrewquejenel’intéressepas,etdequellemanière!Quelchocde l’entendreparlerdemoidecette façonavecce type ! Jene luiai riendemandé,moi!Enplus, iln’yapratiquementrienàchangerdanssondocument.J’enaipour
dixminutes à effectuer lesmodifications, et je n’en aurais eu que pour cinq siOliviern’étaitpasrestéderrièremoi,àvérifiercequejefaisais.—OnintègremesimagesàlapropositionBrompton?propose-t-ildèsqueje
termined’enregistrerledocument.Ilm’enrestequelques-unesànumériser,maisjedevraisenavoirpourdixminutes.Jepivotepourcroisersonregard.—Jepeuxlefaire,tusais?C’estpourçaquetumepaies.Ilhausselesépaules.—Bah…çanemegênepas,insiste-t-il.Commeilresteplantélà,jemedécideàouvrirledocumentBromptonlorsqu’il
ajoute:— En fait, tu devrais commander quelque chose à manger pendant que je
termineça.Avecdelachance,onpourratout intégreraudocumentavantquelerepas arrive. Après, on enverra le mail à Marc Brompton pour voir si notrepropositionl’intéresse.Jenesaispascequejedétesteleplus:lefaitqu’Olisoitaussiavenantavec
moiouqu’ilutiliselemot«nous»pourparlerdeceprojet.C’estvraiquejem’yinvestisbeaucoup,maisjenem’attendaispasàcegenredereconnaissanceaussirapidement.Àcontrecœur, je luicède laplaceetm’installeen facede luipourtéléphoneraurestoducoin.Çatombebien,jemeursdefaim.Dès que je raccroche, je tombe sur le regard d’Olivier quime fixe, lamain
posée sur son carnet de dessins pour le maintenir bien à plat pendant qu’il
numériselapage.—Quoi?jeluidemandeaussitôt.—Rien.Ilattendquelquessecondesavantd’ajouter:—Tuesencorefâchéecontremoi.Cen’estpasunequestion,maisbienunconstatquejem’empressederéfuter:—Maisnon.— Si. Je le vois dans tes yeux. Tu sais qu’ils changent de teinte selon ton
humeur?Commes’ilvenaitdemeprendreenflagrantdélitdequelquechose,jebondis
surmes pieds et jemarche en direction de la porte en faisantmine de ne rienavoirentendu:—JevaisdireàClaradenousprévenirquandlerepasseralivré.—Amy.Letonqu’ilutilisepourmerappelerm’angoisse.Jepivotelégèrementdanssa
direction,unemainsurlapoignée.—JenesavaispasquoidireàDrew,dit-ilsimplement.—Jeneveuxpaslesavoir.Il se lèveetmesdoigtssecrispentsur lapoignée,mais ilnes’approchepas
davantage.—Quandtuasacceptéceposte, j’avaiscommeconditionquepersonnedans
cetteboîtenesachecequis’étaitproduitentrenous,meremémore-t-il.Etcommeilinsistait,j’aiditlapremièrechosequim’estpasséeparlatête.Jenerépondspas.MêmesiOliavoulupréservermaréputation, j’aiungoût
amer en bouche.À croire que je suis condamnée à être lamaîtresse cachée detouslestypesaveclesquelsjebaise.Mêmeceuxquinesontpasmariés.—Jenetementiraipas,j’avaisbienenviedeluifermerleclapetenluidisant
lavérité,lâche-t-ilencore.Encoreunsilenceauqueljen’aipaslecouragedemettrefin.Jedétestequand
Olivierestgentil.Jen’aipasenviedeletrouvercharmant…—Drew…ilteplaît?medemande-t-ilsoudain.Surprise,j’écarquillelesyeux.—Pardon?— Je sais bien que ça ne me regarde pas, hein, ajoute-t-il un peu vite,
seulement…ilsemblaitsous-entendrequ’iltetrouvaitàsongoût,alors…—Oli,tunetrouvespasquemavieestassezcompliquée,encemoment?J’ai
unnouveauboulotetunsalauddepatronavecquijeneveuxpluscoucher.Oh,et
jesorsavecuntypesamediprochainquim’emmènefaireunebaladeenforêtetjenesuismêmepassûred’avoirdesbaskets.Jemetaisbrusquement,gênée.Pourquoiest-cequejesuistellementàcran,ce
matin?— Tout ce que je voulais dire, reprend Oli, c’est que…Drew ne vaut pas
mieuxquemoi.Jedétesteletonqu’ilutilisepourmejeterçaàlafigure.—Maistufaiscequetuveux,ajoute-t-ilencoreenselaissantretombersursa
chaise.Mêmesic’estlemomentrêvépourfuirsonbureau,jedemande:—Pourquoitufaisça?Ilrelèvelatêteversmoi,confus.—Jefaisquoi?—Tupassestontempsàsous-entendrequetuesunsaletype.—Mais…parcequej’ensuisun!sedéfend-il.—Sic’étaitlecas,tuteficheraisbienquejecoucheavecDrew.Unsilencepasseetilfroncelessourcilsavantdepester:—Maisjem’enfous!J’encaisselecoup,moinsbienqueje levoudrais,et jehochela têtepourlui
montrer que j’ai compris. Avant que j’aie pu sortir de la pièce, Oli bondit denouveausursesjambes.—Amy!Attends!C’esttoiquiasditquetuvoulaisungentilgarçon!C’estplusfortquemoi, jepivoteunenouvellefoisetviensmeposter faceà
lui,devantlebureau:—Etalors?Tudisçacommesic’étaituncrime!—Mais…non!J’essaiejustedet’éviterlesemmerdes!—Alorssoisunsalecon,etarrêted’êtregentilavecmoi.Jedétesteça!Ilsefige,etvoilàquejeregrettemesmots.Commentluidirequej’aitroppeur
detombersoussoncharme,etquejepréfèrequandilmefaitdescrassesquimedonnentenviedem’enfuir?Dixsecondesplus tard, ilhoche la têteet lâcheunsimple«OK».Lagorge
nouée,jesorsdubureau,soulagéedem’éloignerdecetendroit.J’aibesoind’uncafé. Ou d’une tequila, plutôt. Vivement que cette journée se termine ! Et direqu’ellenefaitquecommencer!Cesoir,Oliviendramechercherenlimousine…etencostume!Merde!
Chapitre81
Amyboudependant tout lerepas.Décidément, jenesuispasdouéaveccettefille.Peuimportecequejefais,çamerevienttoujoursenpleinvisage.C’estàsedemandercommentj’airéussiàlaconvaincredepasserlanuitavecmoi,àLasVegas!Visiblement déterminée à terminer le document sur lequel nous travaillons,
Amypianoteàtoutevitessesursonclavier.Elleajoutemesimagesenannexeetprépare le message qui accompagnera le fichier dans la boîte mail de MarcBrompton.Quandellecliquesur«envoyer»,elleseredressecommes’ilyavaitlefeudanslapièce.—Bon,jefile.J’aidestasdetrucsàfaireavantcesoir,annonce-t-elle.Je l’observe qui glisse son sac sur son épaule et je demande, surtout pour
essayerdelaretenirunpeupluslongtemps.—Tucomptesmefairelagueuletoutelasoirée?Elleme jette un regard noir. C’est vrai que j’ai parlé un peu vite,mais j’ai
l’impressiond’êtresurdescharbonsardentsavecelle,cematin.—Écoute,j’aiundiscoursàprononceretj’aibesoind’unsoutienmoral.Situ
nepeuxpastenirtonrôle,dis-letoutdesuite,OK?—Situcroisquejeneseraipasàlahauteur,tun’asqu’àterendreàcedîner
toutseul.—Àmilledollarslecouvert?Alors,là,pasquestion!Ellesemblesurprise.Peut-êtrequejen’auraispasdûparlerd’argent.Ellejette
soudain:—Pourquoitun’yvaspasavecunedetesconquêtes?Jefroncelessourcils.— À mille dollars le couvert, tu n’aurais certainement aucune difficulté à
trouver une fille qui voudrait t’accompagner, raille-t-elle encore. À ce prix, tupourraismêmelabaiser!Piquéauvif,jerétorque:
—ÀVegas,jet’aieuepourmoinsqueça.Jeregrettemesmotsàlasecondeoùilsfranchissentmeslèvres.Amyblêmitet
je suis persuadé qu’elle va venir me flanquer une gifle mémorable, mais ellesiffle,toutsimplement:—Vaaudiable,Garrett!Jedémissionne!J’ail’impressionqu’unblocdeglacevientdemetombersurlatêtelorsqu’elle
metourneledos.Avantqu’ellenesortedecebureau,jecrie,paniqué:—Amy!Non!Jeparviensàlarattraperdejustesse.D’unemainlourde,jerefermelebattant
avecbruitpourl’empêcherdes’échapper.—J’aiététroploin,c’estvrai,dis-jerapidement,maistun’avaispasledroit
desous-entendrequej’aibesoindepayerpourramasserunefille,compris?Unsilencepasseetjeremarquequejerespirelourdement.Quelstress!Mais
qu’est-cequim’arrive,aujourd’hui?—Amy…tunevoisdoncpastousleseffortsquejefais?Jeviensauboulot,
je t’aideavec lesdocuments, je réorganisema journéepour tedonnerdu tempslibrecetaprès-midi…Ellefixelaportecommesiellen’attendaitqu’unechose:quejelalâcheenfin
pourqu’ellepuisses’enfuir.—J’aipeut-êtredépassélesbornes,dit-ellesoudain,sanstournerlatêtedans
madirection.Quelquechosesedétendauniveaudemapoitrine.—Etjetepréfèreensalaud,lâche-t-elleencore.Jeserrelesdents.—Tunedevraispasdireça…parcequelesalaudenmoiferaitn’importequoi
pourteramenerdanssonlit.Elletiresoudainsurlapoignée,maisjelaretiensencore.—Non.Amy,jeneveuxpasquetupartes.Paspourlesexe,maisparcequetu
esvraimentdouéepourcetravail,etparcequ’onformeunebonneéquipe,toietmoi.Enfin…saufquandons’envoiedesinsultesàlatête…Matentativepourlafairesourireéchouelamentablement.Aprèsunlongsoupir
bruyant,elledaigneenfintournerlesyeuxversmoi.—Jepeuxyaller,maintenant?Jedoisallerm’acheterunepairedegantset
j’ai rendez-vous chez le coiffeur dans une heure et demie. D’ici là, je compteplongerdansuninterminableunbainmoussantpourêtredemeilleurehumeur,cesoir…NonseulementAmynedémissionneplus,maiselleveutbienm’accompagner
ce soir ! Soulagé, je la remercie du regard lorsqu’elle me pointe d’un doigtmenaçant.—Ne va pas croire que tu peuxm’insulter à ta guise, Garrett. Tu as de la
chancequej’aieenvied’enfilermanouvellerobe,cesoir.Maislaprochainefois,jeprendraicetteporteettudevrastedémerdertoutseul.Mêmesijenedoutepasdusérieuxdesamenace,j’afficheunsourireamusé:—Autrementdit:jedoisêtreunsalaud,maispastrop.Elleretientunsourire.—Tupeuxtoujoursessayer.Dumenton,ellemefaitsignedelalaissersortir,etjerelâchelaportequ’elle
s’empressed’ouvrirpours’échapper.Autantj’aifaitensortequ’Amyresteloinde moi, cet après-midi, autant je regrette sa présence à la seconde où elledisparaîtdecettepièce.
Chapitre82
Je suis nerveux quand la limousine se gare devant l’immeuble d’Amy. Jen’arrête pas de tirer sur la chemise qui m’enserre le cou. Satanée cravate !Pourquoi est-ce qu’il faut porter des costumes quand on paie déjà la bouffe sicher?Pourquoiest-cequej’accepted’enfaireautantpourcettefondation,annéeaprèsannée,aussi?Jepourraismecontenterdeleurrefilerdel’argent!Peut-êtrequej’angoisseparcequemondiscoursestnul.Célavaitl’habitudede
lerelireetde lecommenter,mais j’aiété trop lâchepouraborder lesujetavecAmy.Ilfautdirequelajournéen’apasétédetoutreposavecelle…Alorsque jemonte lesmarches, je suis saisi d’une autre crainte : et siAmy
n’était pas là ? Et si elle était revenue sur sa décision ou avait décidé demepunir?Devant sa porte, je tends l’oreille, puis je frappe. Au loin, je l’entends qui
marche et qui vient m’ouvrir la porte. À peine m’a-t-elle accordé un regardqu’ellerepartversl’intérieur.—Entre.J’enaipourcinqminutes.Ondiraitunetornaderougequivirevoltedanstouslessens.Jeresteplantélà,
dans l’entrée, à essayer de la voir dans son ensemble. Je remarque sa robe,d’abord.Rouge.Longue.Échancréesurlecôté.Elletientlevêtementd’unemainpendant qu’elle marche jusqu’aumiroir où elle remet du rouge sur ses lèvres.Pendant qu’elle est immobile, je parviens à voir ses cheveux, remontés enchignon, bouclés, avec des mèches qui encadrent son visage. Le temps que jedescende les yeux plus bas, elle repart de l’autre côté de l’appartement etrécupèreuncollierqu’ellebranditdansmadirection.—Tum’aides?C’esttoutcequej’aitrouvé.J’espèrequeçaira.Jerepousselaportepourvenirlarejoindreàl’intérieur.Çamefaittoutdrôle
de revenir ici, dans cet appartement où des tas de souvenirsme reviennent enmémoire.Cette tablede cuisine, cette chambre, tout près…Merde ! Il faut quej’arrêteça toutde suite !Amys’impatienteet jeprends lebijoubrillantque je
viensglisserautourdesoncou.Sonparfumestdélicieuxetm’obligeàfermerlesyeuxpendantquelquessecondes,puisj’attachesoncollierderrièresanuque.—Voilà,dis-jeenretirantmesdoigts.—Merci.Amy s’éloigne et grimpe dans ses escarpins qui la grandissent
considérablement, avant d’enfiler ses gants. Je l’observe avec un sourire niais.AutantAmyétaituneprincesseàLasVegas,autantc’estunereine,cesoir.Lorsqu’ellerelèvelesyeuxdansmadirection,sesdoigtsvérifient laposition
desoncollier,puiselledemande:—Çaira,tucrois?—Tuesparfaite,dis-jesansréfléchir.L’airinquietd’Amys’estompeetelleafficheunsouriretimide,puisdeplusen
plusconfiant.—Tudisçapourmecharmer,rigole-t-elle.— Je dis ça pour être gentil, la contredis-je, parce que mon côté salaud te
parleraitprobablementdel’érectionquetuesentraindeprovoquer.Ellehésite,puiselleéclatederire.Fort.Et là, j’ai l’impressionderetrouver
mon Amy. Enfin… celle qui me plaît bien. Quand elle cesse de rigoler, ellesecouelatête.—Tuesincorrigible.Je souris comme un idiot pendant qu’elle s’avance vers moi, puis sa main
gantéevientreplacermacravatequej’aidûbougeràforcedetirersurmoncoldechemise.—Tuestrèsélégant,dit-elleencore.—Arrêtedemecomplimenter,jerisquedem’imaginerquetumedragues.Ellesepencheversmoi.Aussitôt,mesyeuxseriventsursabouchepeinteen
rougequis’approchedangereusementdelamienne.—N’oubliepasquejenesuispascomprisedansleprix,lâche-t-ellesurunton
léger.Même si je suis censé rire de sa blague, je n’y arrive pas. Ses lèvres sont
magnifiquementmises en évidence ainsi, et j’ai envie de venir les dévorer. Jesens que cette soirée va être interminable ! Je recule d’un pas et marche endirectiondelaporteavantdegronder:—Allons-y,sinonjenerépondsplusdemoi…Amy ne bouge pas et une fois que je passe le seuil de son appartement, je
pivoteànouveauverselle.—Amy?
—N’essaiepasdemeséduire.Jesoupirebruyamment.—Jeteprometsquejeseraiunsalauddelapireespèce.Jevaisdraguertoutes
lesfillesquipassentjustesoustonnez.C’estmieuxcommeça?jem’impatiente.Ellehésite,puisfaitunpetitsigneavecsatête.—Oui.Jecrois.Ellesedécideenfinàmerejoindreet,unefoisqu’elleaverrouillésaporte,je
lui tends mon bras qu’elle accepte avec un sourire plus confiant. Bordel !Pourquoin’ai-jeaucuneenvied’êtreunsalaudavecAmy?Pourquoiest-cequejen’arrivepasàmefoutredecettefille?Quandellevoitlalimousinegaréedevantsonimmeuble,Amyseremetàrire.
Lechauffeurluiouvrelaportièreetelleengloussedejoie.Sij’étaisnerveuxenarrivant,jelesuisbiendavantageenremontantdanscettevoiture…
Chapitre83
Jesuisstresséependantquelalimousinerouleversunedestinationdontjenesais rien. J’ai les mains moites. Après ma dispute avec Oli, les choses ontcontinuéd’allerdetravers:l’esthéticiennen’avaitplusdeplace,lecoiffeurétaitenretardetj’aidûfairetroisboutiquespourmedénicherdesgantsconvenables.Riennevacommejelevoudrais,aujourd’hui.Jesorsunpetitmiroirdemonsacàmainetjevérifiemonmaquillage,cequi
sembleénerverOli:—Tuesparfaite.Cessed’êtreaussinerveuse.—Jen’aipasl’habitudedetoutça.—C’estpareilqueVegas,saufqu’ilyaplusdemonde.Etdescélébrités.Alorsquejerangemonmiroirdansmonsac,jetournedesyeuxpaniquésvers
lui.—Descélébrités?—C’est un dîner de charité, dit-il simplement. Le but est de faire connaître
l’événement. Il y aura des chanteurs, des acteurs, des athlètes… que sais-jeencore?Illissesonvestondureversdelamain.Qu’est-cequeçaluivabien…Quand
ilreportesonattentionsurmoi,jedétournelatête.Jeneveuxpasleregarder.Jeneveuxpasqu’ilsachequejeletrouvecraquantdanscesvêtements.Sonsoupirrésonne dans tout l’habitacle, puis il se penche et sort une minibouteille dechampagnedubarsituédevantnous.—Onvaboireunverre.Çavanousdétendre.Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée,mais j’en ai vraiment envie,
alorsjerécupèreceluiqu’ilmetendetleporterapidementàmeslèvres.Enunegorgéej’avalelamoitiédemonchampagne,cequisemblelerendrenerveux.—Doucement,chuchote-t-il.Confuse,jeporteunemainàmeslèvresetbredouille:—Pardon.
—ToutirabienLavoiture ralentit bientôt et je finis d’une traitemonverre en apercevant un
escaliermuni d’un tapis rouge et éclairé par des tas de projecteurs.La tensiongrimped’uncranetOliviermeprendlamainpourlaserrerdoucemententresesdoigts.—Arrête,tumerendsnerveux,rigole-t-il.—Jenesuispassûred’êtrefaitepourcegenredetrucs.—Allonsdonc.Tuvasfairetournertouteslestêtes,lâche-t-ilavecunedrôle
demoue.Tun’asqu’àsourireetserrerdesmains.Évidemment,si tupouvaisterappelerdecertainsnoms,çam’aiderait…Je hoche la tête. Les doigts d’Oli jouent avec les miens et son pouce vient
caresser ledessusdemamain.Etpourtant, il a lesyeuxperdusdans levague,commes’ilneserendaitpascomptedesongeste.—Oli…?Il reporte les yeux sur moi, puis il comprend que j’attends qu’il libèremes
doigtsavantdes’exécuter,enarborantunairconfus.—Pardon.Jesuisunpeunerveux,moiaussi.J’aifaitlamiseenscènedupetit
spectaclequ’ilsorganisentet jen’aipaspuassisterà lagénérale.Mais je saisqueJackferadubontravail.Onfaitcetrucensembledepuisaumoinsquatreans.Unsilencepasseetlavoitures’avancedansl’allée.—Est-cequetutesensprêtpourtondiscours,finalement?Ilfaitlamoue.—Bah,çaira.Ceneserapasmémorable,maiscen’estpasgrave.Je lui offre un sourire réconfortant auquel il répond sans hésiter. La voiture
s’arrête et la nervosité me reprend à l’idée que je serai bientôt obligée dedescendredelalimousine.Est-cequ’onn’estpasbien,là,entête-à-tête?—Cequicompte,c’estqu’onpasseunebonnesoirée,dit-ilsoudain.Soudain, il me reprend la main. Le chauffeur descend de la voiture et nous
restons ainsi, à nous regarder, en attendant que la porte s’ouvre. Au lieu dedescendre,Olifaitunsignepourqu’onnousaccordeunmomentsupplémentaire,puisilajoute:—Amy,jesuisvraimentdésoléqu’onsesoitdisputés,unpeuplustôt…Jeledévisage,étonnéeparcesexcusessubites.—Oli,non,c’estmoiqui…—Arrête,me coupe-t-il doucement. La vérité, c’est que j’étais nerveux. Tu
m’assurpris,hier.—Surpris?
—Tuassuresdansceboulot,tunepeuxpasdirel’inverse.—Ehbien…çameplaît,admets-je.—Oui.Etsituétaisunhommeou…unevieillebique…ceseraitplusfacile.Jelaisseéchapperunrirenerveuxlorsqu’ilmebalaieduregard.—Tuasvraimentledondemerendrefou.Son complimentme fait perdre le souffle et il grogne avant de détourner les
yeux.—Amy, je veux vraiment que ça fonctionne entre nous. Professionnellement
parlant,ajoute-t-il.—Évidemment,dis-jeavecunepetitepointed’amertume.—Maisçaneveutpasdirequejen’aipasenviedetegarderdanscettevoiture
pourtefairedeschosestrès…vilaines,ajoute-t-iltoutbas.S’iln’entenaitqu’àmoi, je resterais un salaud. Je tementirais pour te ramener dansmon lit, et jeseraisdéloyalenverscetidiotavecquituasrendez-voussamedi.Je le scrute, étonnée qu’il ramène Will entre nous alors que ses mots sont
affreusementagréablesàentendre.—Maisj’aibiencomprisquetuvoulaisplusqueça.Alorstuvois…j’essaie
d’être…pasvraimentpasuntypebien,mais…quelquechosequis’enrapproche.Magorgeseserreetjesoupire:—C’estplusfacilequandtunedispasdeschosesaussichouettesàentendre.Ilfaitminedesourireetrétorqueàsontour:—C’estplusfacilequandjen’aipasconstammentenviedet’embrasser.Merde.Onsecontempleunmomentdroitdanslesyeux,etc’estluilepremierà
détournerlatête.—Malgrétoutça…onpeutessayerdepasserunebonnesoirée?demande-t-il.Jedéglutis.—Oui.—OK.Alors…onyva.
Chapitre84
Amymetientparlebrasetjelasoupçonnedeneplussavoiroùdonnerdelatête. Moi, je fais mon petit numéro devant les caméras, comme quand Célm’accompagnait.Lesflashsm’aveuglent,maisjefaiscommesiçanegênaitpasetje souris. Après tout, ce n’est qu’une journée par an. Et je dois bien ça àMargaret.Autroisièmephotographequenouscroisons,Amysedétendetseprêteaujeu.
Elle prend une pause plus glamour, se rapproche demoi.Qu’est-ce qu’elle estbelle,commeça,dansmesbras.Seslèvrespeintesenrougeressemblentàunfruitbienmûr.Unfruitquej’aisoudainenviedecroquer.Pendantquelquessecondes,j’imagineclairementlacourbequejepourraisreproduireàl’aidedemoncrayon.—Oli,megronde-t-elleenmetapotantletorse.Regardel’objectif.Jeclignedesyeuxetm’exécute.Dèsqueleclichéestdanslaboîte,jerécupère
mon téléphone portable de la poche intérieure de ma veste et le tends auphotographe.—Vouspourriezenprendreunedenousavecça?Surprise,Amymequestionneduregardetjerétorquesimplement:—C’estpourCél.Immédiatement,ellesouritetrevientprèsdemoipourprendrelapose.Lorsque
jerécupèremonappareil,jejetteuncoupd’œilàl’imageetjesouriscommeunidioteneffectuantunzoomsurlevisaged’Amy.J’auraispréféréunportrait,maistant pis. Ça ira. Comme elle reste plantée à mes côtés, je m’empresse detransmettrelaphotoàCéciliaenajoutantunmessagetoutsimple:«Onyest!»Nonseulementcelaferaplaisiràmasœur,maisjeviensd’obtenirunetrèsjoliephotographied’Amyquipourrameservirdemodèle…enfin…si jamais jemerisqueàladessiner.Nous entrons et j’aperçois Margaret qui met fin à sa discussion pour venir
m’accueillir:—Olivier!Jesuistellementheureusedeterevoir.
Elleposesesmainssurmesépaulesetsehissesurlapointedespiedspendantque je me penche pour qu’elle puisse m’embrasser sur la joue. Elle estrayonnante,commetoujours,etsonsouriremefaitchaudaucœur.—Commenttuvas,monpetit?—Çava,dis-jesimplement.— Je suis venue voir la générale, hier soir. Ta production est magnifique,
commetoujours.Tutesurpasseschaqueannée…Je grimace, gêné par son compliment. C’est vrai que Starlight paie pour le
spectacle,etquejem’occupepersonnellementdelamiseenscèneetdesdécors,maiscettefois-ci,c’estJackquiatoutsupervisé.AveclagrossessedeCéciliaetlesdifférentes assistantesqu’onm’acollées aux fesses, jen’aipaseu le tempsd’enfaireautantqued’habitude.— Oh, mais qui est donc cette charmante personne qui t’accompagne ? me
questionne-t-elle.Me remémorant laprésenced’Amy, je faisunpasde côtépourque lesdeux
femmespuissentsefaireface.—Margaret,voiciAmyLachapelle,manouvelleassistante.Aussitôt,elledétaillemacavalièreduregard,puistourneunvisageamusévers
moi:—Aurais-tuviréCécilia?Nemedispasqu’elleenavaitmarredetoi!Elleétouffeunrireets’adressedirectementàAmy:— C’est une blague. Je savais que Cél ne venait pas, ce soir. Elle m’a
téléphonécematin,pourmeracontertoutça.Elleluitendlamain.—JesuisMargaret.Lafemmeàl’originedecettefondation.Bienvenue,Amy.—Merci,madame.—Allonsdonc…appelez-moiMargaret.C’esttellementagréabledevoirune
femme,autrequeCécilia,encompagnied’Olivier.Ellem’envoieunregardentenduetjeluifaislesgrosyeux.Ellenevaquand
mêmepassous-entendrequejesorsavecAmy?Jevienspourtantdeluidirequec’estmonassistante!—Bon,onvaallersemêleràlafoule,j’annonce.Margaretpivoteetpointedudoigtlefonddelasalle.—SitucherchesJack,ildoitêtreparlà.Allez,vat’amuser.Onserevoitplus
tard.Je ne suis pasmécontent d’entraîner Amy dansmon sillage. J’aime bien lui
montrerquejeconnaispersonnellementcertainsdesacteursouathlètesquenous
croisons.Jelesluiprésentecommes’ilsétaientdevéritablesamis.C’estvraiquejelescroiseparfoissurdesplateauxdontjem’occupe,maisraressontceuxavecqui je suis véritablement allé prendre une bière. Amy fait exactement ce quej’attends d’elle : elle serre des mains, sourit et pose un tas de questions sansintérêt en faisant mine de s’intéresser aux réponses. Je présume que chez lesavocats, çadoit beaucoupparler pourne riendire, aussi, alors elle a peut-êtrel’habitudedehocherlatêteenayantl’airintéressée.Aufonddelasalle,j’aperçoisJackquimefaitsignedevenirlerejoindre.Le
problème,c’estqu’Amysembleengrandediscussionavecunréalisateurquiluiparledesonprochainfilm.Jemepencheverselle:—Jedoisallervérifierquelquespetiteschosespourlespectacledecesoir.Si
jereviensdansdixminutes,çaira?Elletournelesyeuxversmoicommesielleneserappelaitquemaintenantde
maprésence,puisellehochelatête:—Trèsbien.Je ne suis pas encore parti qu’elle reprend la conversation que j’ai
interrompue.Pourleprincipe,jecontemplel’hommeavecquiellediscute,maisje ne vois pas ce qui pourrait la charmer chez ce gros bonhomme.Et pourtant,Amy rigole et hoche régulièrement la tête. À croire qu’elle s’amuse vraiment.Ravalantunsoupir,jem’éloigneetmeposteprèsdeJackavantdedemander:—Alors?Toutestprêt?— Tout est prêt, confirme-t-il. On a fait la générale hier soir, et les jeunes
étaientvraimenttrèsexcitéspartondécor.Jehochelatêteetpivotepourjeteruncoupd’œilàmacavalière.C’estbête,
parce qu’elle est avecmoi et qu’elle repartira avecmoi, mais je ne peux pasm’empêcherdevérifieroùelle se trouve.Àcroireque jen’aimepas laquitterdesyeux.—Onabeaucouprépété,tusais?Jesuissûrqueceseragénial,insisteJack.—Jen’endoutepaslemoinsdumonde,jelerassure.Enréalité,lespectacleestladernièredemespréoccupationsencemoment.Il
estmonté et je suis sûr qu’il est prêt à être joué. Et comme c’est un dîner decharité,siunjeuneoubliesarépliqueouunmouvement,cen’estpasbiengrave.—Alors?Tuvasmedirequiestcettefillequiestarrivéeàtonbrasetquetu
nelâchesplusduregard?mequestionne-t-ilsoudain.Conscientdenepasavoirététrèsàsonécoute,jetournelatêteverslui:— C’est mon assistante. C’est la première fois qu’elle vient à ce genre de
soirée,alors…j’aipromisàCéciliaquej’enprendraissoin.
Jacksourit.—Tusaisque,pendantunmoment,j’aicruquetuavaisunepetiteamie?Jegrimace.—Nesoispasridicule!—Quoi?Ceneseraitpaslafindumonde!Enplus,elleestjolie!Nousnousscrutonssansparlerpendantprèsd’uneminute,puisjereportemon
attentionsurAmy.C’estplusfortquemoi,j’aimesavoiroùelleest.J’aimeaussilafaçonqu’elleadesourire.Sesyeuxsontclairs,cesoir, lapreuvequ’elleestdétendue.Heureuse.Voilàlegenred’imagequej’aienviedecapturerdansmonespritetdereproduiresurpapier.—Ilseraittempsquetucessesdetefermerauxautres,Olivier,lâcheJack.C’esttoujourslamêmephrasequ’ilmesert,annéeaprèsannée.—Maviedecélibatairemeconvienttoutàfait,dis-jeenévitantderegarder
danssadirection.Àmadroite,ilsoupire,puismeflanqueunepetitetapedanslehautdudos.—Bon, je vais voir les jeunes. Retourne donc auprès de ton assistante. De
touteévidence,elleaccaparetoutetonattention.—N’importequoi!Ilsemetàriredeboncœuretdisparaîtencoulisses.Etmoi,jenebougepas.
D’ici, je peux observer Amy en toute liberté sans être obligé de tenir unediscussionavecquelqu’undont jen’aiquefaire.Elleserredesmains,récupèredescartesdevisiteetseprésenteensouriant.Elleal’airplutôtàl’aise.Etmêmesicen’estpaspossiblede làoù jesuis, j’ai l’impressiond’entendresavoixetsonrire.J’enprofitepourlamateràmaguise.Sarobemetsapoitrineenvaleur.Etsescourbesaussi.Etcetteouverturesurlecôté…j’imaginetrèsbienmamains’yglisser…J’expirebruyamment,ravalantmafrustration.Là-bas, levisaged’Amys’assombritetçaaccrochemonregard.Ellesemble
me chercher parmi la foule, mais elle n’a pas le temps de venir me rejoindrequ’untypel’abordeetsepostedevantelleenluifaisantbarrage.Immédiatementje quittemon lieu en retrait pour la rejoindre à grands pas. Dès que je suis àproximité,jeglisseunemainpossessiveautourdesatailleetjeforceunsourireàapparaîtresurmeslèvres.—Pardon.Jevoulaism’assurerquetoutétaitprêtpourlespectacle.Lesyeuxd’Amymeremercientensilenceetjelasensquisecollelégèrementà
moi.Enfin,jetournemonattentionversl’hommedevantnous.Danslatrentaine.Pasunathlèteniunestarducinéma.Jetendsmamainlibreverslui.
—OlivierGarrett.Àquiai-jel’honneur?—BenjaminRoussot.Amyetmoi,on…ontravaillaitensemble,annonce-t-il.Lebras dema cavalière s’enroule discrètement autour dumien, commepour
m’empêcherderéagir.Lavache!C’estBen?LeBen?J’écarquillelesyeuxdesurprise.—Oh!Ehbien…jesuisravidevousl’avoirchipée!dis-jeensoupesantle
doublesensdemesmots.JeserreAmyplusfortcontremoi.—Jesuissonnouvelemployeur.OlivierGarrett,présidentdeStarlight.Sonregardtombesurmamain, toujoursfermementposéesurlatailled’Amy.
Detouteévidence,ça l’intriguequejesoisaussiproched’elle.Ouçal’énerve.Danstouslescas,tantmieux.Çaluiferalespieds,àcesalaud.—Oh…jenesavaispasqu’Amy…avaittrouvéunautreboulot,bafouille-t-il.—J’aieudelachance,c’estvrai,dis-je.Amylâcheunpetitrireetintervient:—C’estmoiquiaieudelachance.Enfait,jenesavaispasdutoutdansquoi
je m’embarquais en postulant pour cette petite annonce, mais il y avait desvoyagesàlaclé,alors…çameparaissaitchouette.Jetournelatêteverselle.—Etc’esttoujourschouette?Ellerougitetjecroisquec’estàcausedelafaçondontjeladévoredesyeux.
Etpourtant,ellen’hésitepasàhocher la têtepouracquiescer.Sansréfléchir, jefaiscequejemesuisdéfendudefairetoutelasoirée,jecapturesabouchedelamienne. C’est juste pour clouer le bec à cet imbécile, qui nous interrompt enbredouillant:—Bien, je…jevoulais juste…il fautque j’yaille.Mafemmem’attend, là-
bas…Jenedaignemêmepasluiaccordermonattention.Jeresteprisonnierduregard
d’Amyetellesembledanslemêmeétatquemoi.Beninsiste:—Jesuiscontentdet’avoirrevue,Amy…tuasl’airenpleineforme.Monsourireseconfirmelorsqu’ellenesetournemêmepasverslui.Ellefixe
maboucheavecenvieetsembleattendrequejem’explique.Saisid’undélicieuxvertige, je ramène Amy à moi et je l’embrasse avec plus de fougue. Dans unendroitpareil,çanesefaitpas,etjesuissûrquepasmaldegensnousregardent,maistantpis.Jem’enfiche.J’enaiassezd’êtresage.Çan’ajamaisétédansmontempérament.
Chapitre85
Jeperds lefilquandOlivierm’embrasse.Safouguem’enivreet jenerésistepasà luigrifferdélicatement lanuque.Quand lebrouhahade la salle redevientaudible,jemeremémoreoùjesuisetjedétachebrusquementmabouchedecelled’Oli. Il me fixe, fiévreux, et j’ai l’impression que mes lèvres sont gonfléestellementnotredernierbaiserétaitintense.—Ilest…euh…parti,finis-jepardire.Olivier cligne des yeux, peinant visiblement à comprendre de qui je parle.
Voilàquiestétrange.Nem’a-t-ilpasembrasséepourénerverBen?Ilsemblesesouvenirdecequivientdeseproduireetposedesyeuxcontrariéssurmoi.—Alors,euh…c’étaitlui,Ben?Ilfaitlamoueavantd’ajouter:—Jedoisdirequejem’attendaisàmieuxdetapart.Jeréponds,enessayantdenepaséclaterderire:—Évidemment,ilnet’arrivepasàlacheville.Cen’estqu’unavocat.—Ilaquandmêmelesmoyensdesepayerunrepasàmilledollarslecouvert,
siffle-t-il.Sesyeuxreviennentdanslesmiensavantqu’ilajoute:—Tun’asrienperdu.C’estunimbécile,cetype.Malgrémonamertume,jehochelatête:—Jesais,oui.Jetel’aidit:jen’aijamaissuleschoisir.Olipinceleslèvres.Jecroisquejeviensdelemettremalàl’aise.Peut-être
que jen’auraispasdûsous-entendrequ’il faitpartiedemesmauvaischoix, luiaussi,maisjen’aipaspum’enempêcher.Surtoutaprèsuntelbaiser!Commentarrive-t-il à me faire tourner la tête aussi facilement ? Espérant dissiper lemalaise,jefeinsunsourire.—Mercid’êtrevenuàmonsecours.—Iln’yapasdequoi.Les lumièresclignotentetunevoixnousannoncequ’ilest l’heuredeprendre
nosplaces.Aussitôt,j’imitelesautresetmarcheendirectiondestables.Auboutdetroispas,Oliviermerejointetcalquesavitessesurlamienne.—Qu’est-cequeçat’afait,delerevoir?—Jenesaispas.Surlemoment,çam’avraimentangoissée.Jem’arrêtepourrefairefaceàOli,puisj’ajoute:—J’avaispeurqueBenviennemeprésentersonépouseetquejen’arrivepas
àlaregarderenface.Surtoutqu’elleestenceinte…Devant ma réponse, les traits d’Olivier se détendent. Voilà qui me paraît
bizarre.Ilneseraitquandmêmepasjaloux?—Pourquoiest-cequeçat’intéresse?—Bah…tusais,lapremièrefoisqu’onacouchéensemble,tuasquandmême
criésonnom…—Oh…oui.Dansunrire,jelâche:— Heureusement, comme on ne couchera plus ensemble, ça ne risque plus
d’arriver!Jereprendsmespas,maisilm’arrêtedenouveau.—Commenttupeuxdireuntrucpareil?—Tusaistrèsbienpourquoi.Onaconvenuquec’étaitterminé.—C’estvraiquetusorsavec…cetype,samedi…—Will.—Will,oui,répète-t-il.Maissiçanemarchepas,tuvoudrascertainement…
jenesaispas,moi…quelqu’un?Jeveuxdire…enattendant?Sesderniersmotsmefontmal.Évidemment!J’auraisdûmedouterqu’Olivier
n’était toujours prêt qu’àm’offrir un plan cul « en attendant » qu’un type bientombeduciel.Lagorgenouée,jegronde:—Merci,maisnonmerci.Je lui tourne le dos,mais jeme sensperduedans cette foule d’inconnus.Au
loin, je vois Margaret Hanson qui me fait signe et je presse le pas dans sadirection. Fidèle à lui-même, Oli réapparaît à ma droite bien avant que jen’atteignelatableenquestion.—Mais…pourquoiest-cequetuteréservespourcetype?Tunelevoisque
samedi!Àcequejesache,vousn’êtespasencoreencouple!Jelefoudroieduregard.Alorsquenouspartageonsunsilencelourddesens,
Margaretseposteànoscôtés.—Oli…viensmanger,autrementtuneseraspasprêtpourtondiscours.Ilclignedesyeux.
—C’estvrai.J’arrivetoutdesuite,Maggie.Sansattendre sonautorisation, je suisMargaret endirectionde la table.Elle
mefaitsignedem’installerprèsd’elle,puismeprésentelesautresconvives.J’ailesjouesenfeu,etpasseulementparcequejesuisencolère.J’ailesouvenirdecebaiseretjedétestel’effetqu’Oliasurmoi.
Chapitre86
Jefaislatêtependanttoutlerepas.AmydiscutedelafondationavecMaggie,faitlaconnaissancedesgensautourdelatableetparleunmomentavecJack.Çam’énerve qu’elle s’entretienne avec celui qui a été mon psy pendant quelquesannées.Évidemment,aujourd’hui,c’estplusuncopainquej’appellequandj’aiuncoupdeblues.On a souvent travaillé sur des petitesmises en scène ensemble.Parcequeçaluiplaîtbiendefaireça,surtoutdepuisqu’ilestàlaretraite,maisquandmême…jen’aipasl’habitudequ’unefilleavecquij’aicouchéparleaveclui.C’estbizarre…QuandMargaretselèveetqueleslumièressetamisent,jeredeviensnerveux.
Merde !Mon discours ! Je fouille dans la poche demon veston et en sors lafeuillequejeserreentremesdoigts.Aussitôt,Amysetourneversmoietposesamainsurlamienne.—Çavaaller?chuchote-t-elle.Je suis tellement heureux qu’elle m’accorde enfin de l’attention que je lui
demandesur-le-champ:—Tuesfâchéecontremoi?Ellesecouelatête.—Non.J’aienviedeluidirequejevoudraisbienêtrelegenredemecsqu’elleattend,
maisquej’ensuisincapable;quechaquefoisquesaboucheestaussiprochedelamienne,jenepensequ’àl’embrasser.Lesmotsmecoincentdanslagorge.Danslasalle,lesgensapplaudissentetAmymetapotelamain.Jetournelatête
vers la scèneet comprends, justeau regardqueposeMargaret surmoi,qu’ellevientdemeprésenteretqu’ilesttempsquej’yaille.Lafeuilledansunemain,jemelèveetj’envoieundernierregardendirection
d’Amyavantdemedirigerverslascène.Jedétesteêtredevantunefoule,maisjelefais,parcequeMargaretmeledemandeetquejen’aijamaisétécapabledeluirefuser quoi que ce soit. Je la laisse m’embrasser sur la joue devant tout le
monde.Ellemesouritetmefaitunsignedetêterassurant.Jem’yaccroche,puisjem’installe au lutrin. Je déplie le papier qui contientmon discours. Un textemauvais,impersonnel.J’yparledetechnique,demiseenscène,dedécor…d’untasdetrucsquin’ontrienàvoiraveclafondation.Dans un soupir, jeme décide à relever les yeux en direction de la salle, en
repliantlafeuilleentremesdoigts.—J’avaispréparéuntexte,mais…tantpis.Autantvouslediredèsledépart,
je ne suis pas doué pour les discours.Ceux qui étaient là, l’année dernière, lesavent.Quelquesriresretentissentetj’inspireunboncoupavantdepoursuivre:—Vous devez vous dire : mais alors pourquoi il est là ? Bah ! Parce que
Maggiemel’ademandé.Jeretrouvetoutmonsérieuxlorsquej’ajoute:—Non, en réalité… si je suis là, c’est parce que je crois en sa fondation.
Parceque je suis lapreuvevivanteque tout le travailqu’elle fait…ehbiençafonctionne…Jeme lèche nerveusement les lèvres.Moi qui ai toujours refusé de faire ce
genredediscours,quipréfèrelargementparlerdelatechniqueduspectacleetdelamiseenscène…qu’est-ceque je fiche ici?Tantpis. J’aicommencé.Autantvidermonsac.—Voussavez,jecroisqu’iln’yapasdepirepériodequel’adolescence.Alors
quandonseretrouveprivédesesdeuxparents,dujouraulendemain,jenevousdispasàquelpointcetteépoquedevientcompliquée.JedésigneMargaretd’unemain,deretoursachaise,justeàcôtéd’Amy.—SiMaggie et Jack n’avaient pas été là, je ne serais sûrement pas ici non
plus.Cequ’ilsfontestextraordinaire.Àtraversdesactivitéstoutessimples,ilsaidentlesjeunesàdécouvrirenquoiilssontdoués.Ilsleurapprennentàvivreencommunauté. Ils les aident à trouver… une autre sorte de famille… différente,reconstituée…avecpasmaldegensbrisés.Mavoixtremble,alorsjemetais.Merde!Pourquoijeparledeça?Jen’aipas
enviedememettre àpleurerdevant tout lemonde ! Jeprendsunmomentpourretrouvermonsouffle,puischercheleregardd’Amy.Ellesouritetmefaitunpetitsignedelatête,commepourm’encourageràcontinuer.Elleesttellementbelle…Je reprends mes esprits lorsque j’entends du bruit derrière la scène. Le
spectacle!Soudain,jemeremémorelaraisondemaprésenceici,etj’essaiedemerappelermontexteinitial.—Jesuislàpourvousparlerdeceprojet,maisdanslesfaits,jenesuispas
celui qui y a travaillé le plus. J’ai juste planifié une mise en scène et ajoutéquelques effets. Celui qui a géré ce spectacle, c’est Jake. C’est le psy de lafondation, qui aime tellement son travail qu’il s’investit dans ce projet, annéeaprèsannée,pouraidercesjeunesàtrouverleurvoie.Etsiceuxquijouentdansma pièce sont là ce soir, c’est parce qu’ils ont envie que ça fonctionne.Alorsj’espèrequevouspasserezunbonmomentaveceuxetque…vousserezgénéreux.Merci.Jesuisassourdiparlesapplaudissements.Jakeapparaît,sortid’arrière-scène
uniquementpourvenirmeserrerlamainavecunsourireému.Jen’aimepassonexpression.Jerelâchesesdoigtsetjeredescends,espérantquelebruits’arrêteetque le spectaclepuisseenfincommencer,maisMaggieapparaîtdevantmoi, lesyeuxpleinsde larmes,etellem’étreintsansunmot.Jecroise le regardd’Amy,brillantluiaussi.—Jesuistrèsfièredetoi,chuchoteMaggieàmonoreilleavantdemerelâcher.Fière?Maispourquoi?Jen’airienfaitpourmériterça!Quand j’arrive àma chaise, jem’y laisse tomber comme si j’étais sonné. Je
fixe la scèneenespérantque les lumières s’éteignent, agacéde sentir le regarddes autres surmoi. Aussitôt, Amy récupèremamain et la serre en silence. Jeréponds à son geste sans la regarder. Peut-être parce que j’ai peur de pleurer.Quand l’obscurité tombe enfin, et que la musique perce le bourdonnement quipersistedansmesoreilles,jepousseunsoupirdesoulagement.Etpourtant,jenerelâchejamaislesdoigtsd’Amy.
Chapitre87
J’aiunnœuddanslagorgependantlediscoursd’Olivier.J’aipeurdepleurer.Etleseulgestequejetrouveàfaire,lorsqu’ilrevient,c’estdeprendresamaindanslamienne,meretenantpournepasl’écrasersousmesdoigts.Quand le spectacle débute, je soupire. L’obscurité me permet de fermer les
yeuxpendant quelques secondes.Puis la lumière derrièremespaupières closesme les fait rouvrir et je souris devant les imagesqui sont projetées sur l’écrangéant,derrièrelascène:unlieudésert,unvillageabandonné,desarbresmorts.La solitude.Les jeunes entrent et semettent àdanser.Moiquim’attendais àunspectacleamateur, jesuissurprisepar laqualitéde leurprestation.Ilssontà lafois doués et touchants. Je passe par toute la gamme des émotions, et passeulement à cause de lamise en scène,mais parce que lesmots d’Oliviermereviennent sans cesse en tête. Après avoir perdu ses parents, Olivier a perduMarianne.Àcroirequelesorts’estacharnésurlui.Parcequejemesensincapabledesoutenirlamoindreconversationunefoisle
spectacle terminé, je m’esquive aux toilettes et me passe un peu d’eau sur lanuque. Je ne pensais pas que cette soirée allait être aussi riche en émotions.Lorsquejesors,lesgenssontdeboutetontrecommencéàdiscuter,unverreàlamain.Commentsuis-jecenséediscuteralorsquej’aiseulementenviederejoindreOlivier et de le serrer dans mes bras ? Est-il trop tôt pour lui demander derentrer?Alorsquejetentederetrouvermoncavalier, jecroiseMargaretquis’avance
franchementversmoi:—Ah!Amy!Cediscours,ilétaitmagnifique,n’est-cepas?Lepeudecontenancequejesuisparvenueàrécupérers’estompelégèrement.—Oui,jeconfirme.—JenesaispascequevousfaitesàOlivier,maisparpitié,n’arrêtezpas!Jelascrutesanscomprendre.—Mais…jenefaisrien!
Margaretsemetàrire.—Allons donc ! Je connaisOli depuis quinze ans, vous savez ?Et c’est la
toutepremièrefoisqu’ils’ouvredecettefaçon.Etenpublic,enplus!Qu’est-cequejeregrettequeCécilian’aitpasétélàpourvoirça!Je secoue la tête de droite à gauche comme si je préférais refuser le rôle
qu’elleestentraindemedonner.— Il n’y aqu’àvoir comment il vous regarde, insiste-t-elle.Et jedouteque
quelqu’unaitratélebaiserquevousavezpartagé,toutàl’heure.Vouspouvezdirecequevousvoulez,Amy,maisOlivierchange.J’enmettraismamainaufeu.Jeserremonpetitsacàmaincontremoi.Olivierchange?Àcausedemoi?
Non!C’esttoujourslemêmeimbécilequej’airencontrédanscebar!— Possible qu’il ne soit pas encore prêt à s’en rendre compte. Ou que ça
l’effraie, poursuit-elle encore. Parce qu’après ce qu’il a vécu… il fautcomprendreàquelpointc’estdifficiled’accepterdecréerdenouveauxliens.Je déglutis. Oui, ça, je l’ai bien compris. Le discours demon cavalier était
clairàcesujet.Àcroirequ’ilnel’aprononcéquepourmoi.Pourquejesacheàquelpointcequeje luidemanden’ariendesimple,pour lui.Margaretposesamainsurmonavant-brasetletapote.—Vousluifaitesdubien,Amy.Ça,j’ensuissûre.Merci.Jerestemuettedevantsagratitude,etelledisparaîtsimplementdanslafoule,
enmelaissant là, tremblante.Jemetsuncertain tempsàrevenirversOlivier. Ilestpostéprèsdelascène,encompagnied’untypequejeneconnaispas.Qu’est-cequejesuiscenséefaire?Par crainte d’interrompre sa discussion, jem’avance discrètement et attends
qu’ilm’aieaperçuequandlaquestiondesoninterlocuteurparvientàmonoreille.—Alorscommeça…tuesencoupleavec la filleenrouge?Tuasdugoût,
elleestmignonne.—Encouple?Moi?Tudélires !Depuis le temps, tudevraissavoirquece
n’estpasmatassedethé!railleOli.J’aisoudaintrèsenviedefaireunpasdecôtépourqu’ilm’aperçoive,lorsqu’il
ajoute:—Àpayerunrepasaussicher,autantquelafillequim’accompagnelemérite!—Etqu’ellet’enrembourseunepartiecettenuit,rigolel’autre.—Ouais!Lerired’Oliviermeblesse.Troppourquejesongeàvenirluifaireunescène
devantcetypedontjen’airienàfaire.C’estladeuxièmefois,aujourd’hui,qu’Olimetraitedecettefaçon.
Jetournelestalonsetjefileendirectiondelasortie.Horsdequestionquejepleure!Jenevaispasgâchermonmaquillagepourcecrétin!L’airdel’extérieurme fait un bien fou, et je compte bien rester ici jusqu’à ce que je soissuffisamment blindée pour revenir affronter le regard d’Olivier. Au diable sonjolidiscours!Quandilvoudraréellementcréerdesliens,onenreparlera!D’icilà,j’aiintérêtàresterdemarbre,autrement,jevaisfinirlecœurbroyé.Encore.
Chapitre88
AmypasselerestedelasoiréeàsepromenerunpeupartoutpourparlerdecequenousfaisonschezStarlight.Luiai-jeseulementdemandédefaireça?Enplus,elle nem’accorde pas lemoindre regard et c’est à peine si elle répond àmesquestions.Maparole!Maisqu’est-cequejeluiaifait,encore?Mondiscoursnel’adoncpasémue?Lorsquejeluidisquej’aimeraisrentrer,ellemesuitsansdiscuterendirection
delasortie.Est-cequ’onvaenfinpouvoirs’expliquer,elleetmoi?J’embrasseMaggieetjeserrelamaindeJack,puisnoussortonspourattendreleretourdelalimousine.—Alors… c’était bien, cette soirée ? je lui demande en espérant briser la
glaceentrenous.—Plutôt,oui.Jecroisavoiridentifiésixouseptclientspotentiels.Je fronce les sourcils. J’ai ouvert mon cœur sur scène et elle me parle de
boulot?Jen’aipas le tempsde lui faire lamoindreremarqueque la limousines’arrête au bout de l’allée. Amymarche dans sa direction. Je la suis, mais lechauffeur est plus rapide que moi et lui ouvre la portière en un tournemain.J’attends qu’elle soit installée sur le siège, que nous soyons seuls, et que lavoitureaitredémarré,avantdedire:—Est-cequ’onestencoreenfroid,oujemefaisdesidées…?Ellemelanceunregardnoir,puistournelatêteverssafenêtre.Qu’est-ceque
çaveutdire?Qu’est-cequej’aifait?—Amy, jenecomprendspas, lasoirées’estplutôtbienpassée,non? Ilya
bieneucebaiserentrenous.Etmondiscoursqui…Ellem’accordeenfinsonattention,maispourm’interromprebrusquement:—Jeneveuxpasenparler.—Mais…—Stop!mecoupe-t-elleencore.Jeneveuxrienentendre!Sesyeuxseplissentdanslapénombre.
—Pourquoi tuas fait cediscoursce soir commeparhasard,d’ailleurs?Tuvoulais que je sache que tu es incapable de créer des liens ? C’est bon. J’aicompris.—Mais c’était… non ! Ce n’était pas le but recherché ! Enfin… c’est vrai
que…c’estdifficilepourmoide…—Oui,c’estdifficile.Oui,j’endemandetrop.Çava,jen’aipasbesoinquetu
mefassesundessin,nonplus!s’emporte-t-elle.Jerestesilencieux.Jenem’attendaispasàcequ’ellesejetteàmoncou,mais
quandmême!Lesgenssontvenusmeféliciterpourmondiscours.Amyavaitdeslarmesdanslesyeux,jen’aipasrêvé!—Jenecomprendspastaréaction,admets-je,perplexe.Ellesoufflebruyammentetjecomprendsqu’elleessaiederetrouversoncalme.
Là,c’estsûr,j’aifaitquelquechosequiluiadéplu,maisquoi?— Qu’est-ce que tu veux, Oli ? soupire-t-elle avec un air las. Dis-le
franchement,qu’onrèglelaquestionunebonnefoispourtoutes.Je l’observe en silence. Ce que je veux ? Elle : sa bouche, sa chaleur, son
corps…,maisjesaisbienquejenepeuxpasleluidireencore,pascommeça,pasdanscettesituation.—Jeveuxquetuarrêtesdejoueravecmoi,lâche-t-elle.—Mais…jenejouepas!Unrireamers’échappedeses lèvreset j’ai l’impressionqu’ellenemecroit
pas.—C’estparceque tuasvuBen? jedemandesoudain, lascènemerevenant
enfinenmémoire.Parcequeçat’afaitunchoc?Ellelèvelesyeuxaucieletgrogne:—Çan’arienàvoir!Jehausseleton,furieuxàmontour.—Tucroisquej’avaisenviedeparlerdecequej’aivécudevant toutesces
personnesdont jen’airienàfoutre?Ehbiennon!Aucasoùçat’intéresse,cen’étaitpasprévu!—C’étaituntrèsbeaudiscours,dit-ellesoudain.Jeladévisage,lesoufflecourt.Quandellereplacesonsacsursescuisses,jejetteuncoupd’œilàtraversla
vitreetserrelesdentsenvoyantquenoussommespratiquementarrivéschezelle.Merde!—Écoute…,jebafouilleenmepenchantverselle,jen’aipasenvie…jen’ai
pasenviequ’onseséparemaintenant.
Ellelâcheunpetitriretristeavantdesecouerlatête.—Oh,Oli…tuestellement…prévisible.Jem’avance davantage, puis je pose unemain sur sa joue pour l’embrasser.
Elleserecule.—Non.—Mais tunevoisdoncpasque j’essaied’êtredifférentpour toi?Decréer
enfindesliens?Les mots m’ont échappé par inadvertance. Qu’est-ce que je raconte ? Je ne
peuxpascréerdeliensavecAmy!JenepeuxpasremplacerMarianne!La voiture s’arrête devant l’immeuble. Après ce que je viens de dire, je
m’attendsàunequestionouàunedemanded’explicationsde sapart,mais elleouvre simplement la portière, comme si notre discussion était terminée, sansmêmeattendrequelechauffeurviennefairesontravail.—Mais…qu’est-cequetufais?Ellepivoteversmoietrépondtoutbonnement:—Jerentrechezmoi.Bonnenuit,Olivier.—Non…attends!Aussitôt,jesorsdemoncôtéetjeviensluibloquerlaroute.Lechauffeurnous
observesanssavoirs’ildoitm’attendreous’ilpeuts’éclipser.Agacéd’êtresoussurveillance,jeluifaissignederesterlàetj’entraîneAmyverssonimmeuble.—Écoute, je ne comprends pas ce qui se passe, je lui avoue en baissant la
voix.Si j’aifaitunebêtise,dis-le, toutsimplement!Quejepuisse tedemanderpardonetqu’onpasseàautrechose!Ellepinceleslèvres.—Jesuisalléeàcedînerdecharité,j’aiserrédesmainsetrencontréuntasde
gens…,jedoismêmerappelerdeuxoutroispersonnes,lasemaineprochaine,quiaurontbientôtdesprojetsàproposeràStarlight.—Mais…jem’enfousdeça!—Pasmoi,rugit-elle.J’aifaitmonboulot,etjesuiscertainequeçavalaitles
milledollarsquetuasdépenséspourmoi.Ellereculed’unpaspendantquej’essaiedecomprendre.— Dans tous les cas, je n’ai pas l’intention d’ouvrir mes cuisses pour
rentabilisermoncouvert.Jemeprécipitepourlasuivreavantqu’ellenedisparaissedanssonimmeuble.—C’estunmalentendu!Amy,jetejurequetoutçan’arienàvoir!—Peuimporte.Alorsqu’elletentedes’enfuir,jelaretiensparlebrasetlaplaquecontremoi.
Commeelleestdosàmoi,monnezs’écrasedanssescheveuxetjegronde,prèsdesatête:—Amy,j’auraisditn’importequoipourquecetidiotmefichelapaix!Elleessaiedeselibérerdemonempriseetj’ajoute,déterminéàlaretenir:—C’est pour toi que j’ai fait ce discours ! C’est toi quim’en as donné la
force!C’estévident,non?Lorsqu’elles’éloigneetqu’ellepivotepourmejeterunregarddefeu,jeretiens
monsouffle.—Désolée,Garrett,maisjenetecroispas.Jeresteplantélàpendantqu’elles’engouffredanssonimmeuble.
Chapitre89
Je rentre chezmoi absolument furieux.Amy neme croit pas.Amyme prendpourun imbécile.Amy.Amy.Amy.Pourquoi il n’yaquecenomqui tourneenboucledansmatête?Ehmerde!Qu’est-cequej’aifaitpourtombersurunefillecomme elle ? Elle n’aurait pas pu être sans intérêt, comme les dernièresassistantes ? Ou alors… elle ne pourrait pas se contenter de baiser avec moijusqu’àcequel’undenousenaitmarre?Moiquiaipassécesdernièresannéesàévitercegenrederelation,pourquoi
fallait-ilqu’Amymetombedessus?Jeresteenbas,j’allumemapetitelumièreetjem’installesurmontabouret.Je
déposemontéléphonesurmatabledetravailavantd’envoyervalsermonvestonderrièremoi. D’unemain empressée, je défais cette saleté de cravate quim’aénervétoutelasoirée.Toutçapourquoi?Pourrien!Amyestchezelleetjesuislà, coincé dans cette vie qui me pèse pour la toute première fois depuis desannées. Je remonte mes manches et je prends un temps considérable avant derécupérerdesportraitsdeMarianne.Jelesétalesurmatableetjelesfixeunàun.Je voudrais que l’image d’Amy ne soit pas aussi présente dansmon esprit. Jevoudrais conserver le souvenir deMarianne intact dans ma mémoire, mais ondiraitquetoutm’échappe,cestemps-ci.Letempseffacemessouvenirsetjepeineà lutter contre lui. Je n’arrivemêmeplus à dessinerMarianne sans l’aide d’unancienportrait.Jevoisbienquelorsquejenemeconcentrepas,lestraitsquejetracesontceuxd’Amy.Amy.Je souffle pour chasser cette fille de mon esprit et je me concentre pour
reproduire fidèlement le portrait deMarianne sur une nouvelle feuille blanche.Commentune imageque j’ai réaliséedesmilliers de fois peut-ellem’échapperdésormaisdelasorte?Quandjetracelaformed’unœil,jem’arrête,dépité.TropgrandpourêtreceluideMarianne.J’ajoutedel’ombrepourlerétrécir,maisc’estplusfortquetout,mamainchercheàcréer leregardd’Amy.Cette lueurqui les
illuminequandelle rit.Cette façonqu’elleadem’observer lorsqu’elleaenviequejel’embrasse.Putain!Jebarbouillelafeuilleetj’enfaisuneboulettequejejettedel’autrecôtédelapièce.Jepinceleslèvresetjerécupèremontéléphone.Laphotographied’Amyetmoi
s’affichesurmonécran,puisj’aperçoislaréponsedemasœur:«Jolicouple.»Jegrimaceet jepianoteaussitôt :«Onn’estpasuncouple!»avantde laissertomberl’appareilsurmatable.J’enfouismonvisageentremesmains.Quandmon téléphone vibre, je le reprends à la vitesse de l’éclair, non sans
espérerquecesoitAmy.«Tuesdéjàrentré?»,mequestionnemasœur.Jerépondsunsimple«oui»pourlarassurer,maislasonnerierésonnemoins
d’uneminuteplustard,etjemesensobligédeprendresonappel.—Qu’est-cequ’ilya?—Aïe!Ças’estsimalpasséqueça,tasoirée?Jemensunpeuvite:—Maisnon!Alors…qu’est-cequ’ilya?—Depuisquandjenepeuxpastéléphoneràmonfrèresansqu’ilyaitquoique
cesoitenparticulier?s’énerve-t-elle.—Arrêteavecça.Ilestpresqueminuitettuescenséeêtreaulit.— Pfft ! Avec un ventre comme le mien, je te mets au défi de trouver une
positionconfortable.D’accord ! Au temps pourmoi. Je présume quema sœur va essayer deme
racontersajournée.Mêmesijenesuispasd’humeur,jesorsunenouvellefeuilleblanche que je commence à noircir. Pendant qu’elle parlera, ça m’évitera deréfléchir.—Çaaété,avecAmy?medemande-t-ellesanspréambule.J’arrêtededessiner.—Pourquoicettequestion?—Bah…elleétaitsupermignonne,cesoir.Etjesaisqueturésistesrarement
auxjoliesfilles…—Hé!Je fronce les sourcils, puis je comprends soudain pourquoi ma sœur
m’interrogedelasorte.—Maggiet’atéléphoné!—Etellem’aditquetuavaisfaitunsuperdiscours!Là,jesuiscontrarié.Pourquoi?SiCélavaitétédanslasalle,j’auraissûrement
ditlamêmechose!
—Crachelemorceau,jesiffle.Qu’est-cequetuveuxsavoir?—Tul’asembrassée?Amy?—Ouais,jelâche,maisc’estparcequesonexétaitdanslasalle.Jeregrettedéjàmesparoles.Pourquoi?C’estvrai,non?CetidiotdeBenétait
làetj’aibienvuquesaprésencedéstabilisaitAmy!Est-cequ’elleressentencorequelquechosepourcetype?—Maggieditquetul’aimesbien,ajouteCél.Jenetrouverienàrépondreàmasœur.—Elleestmignonne,pasbêtedutout,ettunem’aspasappeléàl’aideunefois
depuisqu’elleestlà,poursuit-elle.—Cél,qu’est-cequetuveux?— Jem’inquiète pour toi !Oh,mais qu’est-ce que c’est que cette attitude ?
C’estparcequetun’aspasréussiàlaramenerdanstonlitquetufaislagueule?Jeretiensavecpeinel’injurequimemonteauxlèvres.Maispourquoielleme
cherche,cesoir?—D’habitude,tun’hésitespasàmeparlerdesfillesquetubaises.—Dequoituveuxquejeteparle?Iln’yarienàdire!—Oli,merde !Tupeuxquandmêmem’avouerque tu es en trainde tomber
amoureuxdecettefille!Je vois rouge pendant une fraction de seconde et je bondis demon tabouret
pourm’écrier:—Tuesfolle?Moi?Amoureux?Tusaisbienqueçan’arriveraplus!Lefait
quejeveuillemetaperAmyn’arienàvoiravec…ça!Unsilencepasseauboutdufil.—Wow…queleffetelletefait!souffle-t-ellesoudain.—Mais… arrête, bordel ! Je vais la baiser et la foutre à la porte, fin de
l’histoire!Aussitôt,lavoixdeCélseraffermit:—Çasuffit,tesbêtises!Amyméritemieuxqu’unsalaudcommetoi!Situn’es
pasfoutudelarespecter,fiche-luilapaix!Jemelaissetombersurmonsiègeetjemarmonne:—Écoute…j’aiessayédeluificherlapaix,mais…tuasvusarobe,cesoir?
Comment je suis censé rester de marbre devant une fille pareille ? Elle estchouette,tunepeuxpasdirelecontraire!Etellebouffedubacon!Tuenconnaisbeaucoup,desfillesquibouffentdubacon,toi?Masœuréclatederireetjemesensobligéd’ajouter:—Laisse tomber. Je suisun salaudetAmyveutune relationnormale.Çane
peutpascoller.—Tun’asqu’àcesserd’êtreunsalaud.Jesoupire.—Ellemeplaît,c’estvrai,maisjenepeuxpasluidonnercequ’elleveut.—Tunepeuxpaslesavoirsitun’essaiespas.Je ne réponds pas, mais mes yeux accrochent ceux d’un des portraits de
Marianne.Elle, elle sait que je suis incapable d’être un typebien.Si elle étaitvivante,ellesefoutraitdemagueuleenmepointantdudoigt.—Bon,ilfautquejeraccroche.J’aidestrucsàfaire,mens-je.—EncoreundessindeMarianne?J’esquivelaquestion.—Jet’appelledemain.Vadormir.Ilesttard.Sansattendre,jeraccrocheetjerepousselesdessinshorsdemavue.J’ouvre
laphotod’Amysurmontéléphoneet jezoomesursonvisage.Jesourisdanslevide.Merde!Mêmeavecunappareilphotodebassequalité,sonsourirearriveàmenouerlagorge.Commentest-cequ’ellearriveàfaireuntrucpareil?Jegrogneendémarrantunnouveaudessin.Ilcoulevite,celui-ci,parcequ’ily
auneéternitéquej’aienviededessinerAmy.Lestraitssontrapides,précis.Jeles ai faits cent fois dans ma tête. La petite ligne pour démarquer le nez, cesgrandsyeuxdanslesquelsj’aimemeperdre…Merde!Mêmeletempsnejouepasenmafaveur!Samedi,Amyaunrendez-
vousaveccetimbéciledeWill.Jepensaisattendrequ’elles’ennuieavecluipourramasser les restes,maisvoilàque jen’aiplusdu tout enviequ’elle aille à cepremierrendez-vous.Jem’arrêtededessineretjepinceleslèvresdevantleportraitd’Amyquim’a
parubeaucouptropsimpleàeffectuer.Jedoisprouveràcettefillequejesuisprêtà…àquoi,exactement?Àm’engager?Jen’ensuispascertain.Àcequ’onsemette en couple ? Je ne sais pas. Mais je dois faire quelque chose. Hors dequestionquecetypemerafleAmy!
Chapitre90
Jesorsdeladoucheetjesuisentraindeboiremoncafélorsquej’aperçoisleSMSd’Olisurmontéléphone:«Onserejointaubureau,j’aidestrucsàfaire,cematin.»Jecligneplusieursfoisdesyeux.Quoi?Encore?Est-cequ’ilessaiedesedébarrasserdemoi?Je vide ma tasse en réprimant un grognement. Ce que je craignais est
probablementsurlepointdeseproduire:Olivamevirer.Petitàpetit,iltentedememontrerqu’iln’aplusbesoindemoi,qu’ilpeutmefoutreàlaportesiçaluichante.Etcommej’airefusédecoucheravecluihiersoir,ilvamelefairepayertoutelajournée.Jeclaquematassesurlecomptoir.Merde!Jel’aime,cetravail,moi!Maisje
présumequ’ilfallaitm’yattendre!J’aiencoretoutfaitfoirer,parcequejesuisincapabledegarderdesrelationsnormalesavecmonpatron.Maisqu’est-cequinetournepasrond,chezmoi?Je me prépare rapidement et je file au bureau, arrivant bien en avance sur
l’heure prévue de notre rendez-vous.Olivier n’est pas là.Voilà quim’inquièted’autant plus. Dans l’attente, je m’installe à mon bureau, vérifie mes mails,retourne quelques appels et imprime des CV que j’ai reçus pour le poste detechnicien.Quandilarriveenfin,jen’attendsmêmepasqu’ilmesalue,jerécupèreleCV
quej’aisélectionnéetjelejettesurlebureaupourluimontrerquejebosse.— Voilà un candidat intéressant. Tu devrais jeter un coup d’œil, dis-je en
évitantdeleregarder.Oli ne s’assoit même pas. Il jette à son tour un document devant moi, une
enveloppejaunequejen’identifiepas.Nerveuse,jemedécideàreleverlesyeuxverslui.—Qu’est-cequec’est?—Mesrésultatsmédicaux.Je le fixe sans comprendre, puis une angoisse d’un autre ordre me saisit.
Olivier serait-ilmalade ? Est-ce la raison pour laquelle il refuse de s’engageravecmoi ?D’un trait, j’ouvre l’enveloppe et sors les documents pour essayerd’endéchiffrerlesrésultats.—Comme tu vois, tout est en règle, annonce-t-il.Mais j’aurai le reste d’ici
demainaprès-midi.Il se laisse tomber sur le siège devantmon bureau avec un drôle de sourire
pendantquejereportemonattentionsurlui:—Tuesalléfairedestests?Cematin?—Bah…ouais.Ilsegrattel’arrièredelanuquependantquejedemandeencore:—Tupensaisavoirunsoucidesantéouquoi?—Hein?Oh,non!Mais…tuvois,j’aibeaucoupréfléchi,hiersoir,et…jeme
suisditquesijefaisaisdestests,tuverraisquejesuiscleanetque…jenesaispas,moi,çateprouveraitquejesuismotivéà…disons…essayer?Jereste là, lesyeuxbraquéssur lui,àmerepassersesmotsdans la têtesans
comprendrecequ’iltentedemedire.—Essayerquoi?—Bah…tusais…àsemettreencouple.Commejenedisrienpendantunebonneminute,ilfinitparreprendre,soudain
nerveux.—Jefaisdesefforts,tuvois?—Enallantpasserdestests?—Bah…oui.C’estbiencequefontlescouples,non?Etcommeça,onpourra
baisersanscapote…J’aiunautremomentd’absence,maiscettefois,jecommenceàcomprendreson
délire. Alors que je pensais qu’Oli voulait me mettre à la porte, voilà qu’ilcherchetoutbonnementàcoucheravecmoisansprotection.—Évidemment,tuvas…annulertonrendez-vousavecWill,ajoute-t-il.Jem’adosseconfortablementcontremachaiseetjeledévisage,interloquéepar
sespropos.—Ettucomptesmedemandermonavisàquelmoment?jelequestionneenfin.Oliviermejaugeduregard,àcroirequ’ils’imaginequejeluifaisuneblague,
maiscen’estpasdutoutlecas.Commentpeut-ils’imaginerquejevaisluiouvrirlescuissessousprétextequ’ilestalléfaireunexamenmédical!Jeneluiairiendemandé,moi!—Tuvoulais…autrechosequ’unsalaud,alors…Illaissesaphraseensuspens,enespérantquejefassemoi-mêmeladéduction
quiendécoule,maisjesecouelatête.—Etenquoicespapiersprouvent-ilsquetun’enespasun?Oliviersepencheversmoietplongesonregarddanslemien.—Écoute, je…ce n’est pas comme si j’avais une tonne d’expérience en ce
domaine.Ni que j’avais beaucoup de temps devantmoi pour y réfléchir. Je tesignalequetuasrendez-vousaveccetypedemain.— Et sous prétexte que tu as fait ces tests, tu crois que je vais annuler ma
journéeavecWill?Oliblêmitetbonditdesonsiège,agité.—Mais…puisquejesuisprêtàfairedesefforts!J’aifaitcesexamenspourte
prouverquejesuissérieuxdansmadémarche.Qu’est-cequetuveux,àlafin?C’est plus fort que moi, je sens la colère qui grimpe, mais je refuse de la
laisserjaillir.Jemecontentedesuivrelesdéplacementsd’Olivierdanslapièceetj’attendsqu’ilsetaiseavantderétorquer:—Etquit’aditquej’aienvied’êtreencoupleavectoi?Cettefois,maquestionlesurprend.—Mais…jecroyaisque…—Tudevraisarrêterdepenser,Garrett,parcequeçaneteréussitpas.Jemelève,déterminéeàleplanterlà,maisilm’intercepte.—Ilyabienuntrucentrenous,pasvrai?Jeme dégage sans répondre etmarche en direction de la porte. Si je neme
retenaispas, jememettrais àpleurer commeune idiote.Pourmeprouverqu’ilveut bien être en couple avec moi, Olivier a passé un test médical. Quelromantisme!Dois-jeconsidéreravoirdelachancequ’iln’aitpasexigéunepipesur-le-champ?—Tuasrendez-vousdansvingt-cinqminutes,jeluirappellefroidement.Onse
reverraàcemoment-là,parcequej’aibesoindeprendrel’air.—Non,Amy!Attends!Je claque la porte en sortant etmarche rapidement en direction de l’escalier
pour éviter qu’Olivier neme rattrape.Tant pis pour l’ascenseur. Je n’ai pas letempsdel’attendre.J’aidéjàlesyeuxpleinsd’eauetilesthorsdequestionqueje pleure devant cet imbécile !Mais qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez cetype?
Chapitre91
Amymefaitlagueule.Encore.Dèsquenotrerencontredesuiviavecnotreclientsetermine,Amyselèveet
file taper ses notes à l’ordinateur.Depuis notre discussionde cematin, elle nem’apasaccordélemoindreregard.Cettefillevafinirparmerendrefou!Etdirequenousn’avonsplusriendeprévu,aujourd’hui.Commentjesuiscensérattraperlecoupavantqu’elleneparteenweek-end?J’attendsquelecliquetisdesonclaviersoitconstantavantdevenirm’installer
surlesiègedevantsonbureau.—Amy?Ellerépondsansmêmetournerlatêteversmoi.—Hum?—Tuestoujoursfâchée?Sesdoigtscessentdepianoteretelledaigneenfinm’accordersonattention.—Tuveuxvraimentlesavoir?Autonqu’elleutilise,jemedoutedéjàdelaréponse.Etpourtant,jehochela
tête.Autantcreverl’abcèsunebonnefoispourtoutes.Ellesoupire:—Lavérité,Oli,c’estquejenecomprendspascequetuveux.Unjour,tume
disque tuesun salaudet tumeconseillesde rester loinde toi, etpuis…justeaprès,tuessaiesdemeramenerdanstonlit.Ilfaudraitsavoir!Elle a raison. Je ne voulais pas que cette fille vienne compliquer mon
existence, et je ne suis pas certain de pouvoir lui offrir ce dont elle a besoin.PossiblequeWillsoitmieuxpourelle,maisc’estplusfortquemoi:jen’arrivepasàm’enleverAmydelatête.—J’aichangéd’avis,finis-jepardire.Etjeneveuxpasquetusortesavecce
type.J’aiprobablementparlétropvite,carellefroncelessourcilsetpesteaussitôt:—Tuesmonpatron,Garrett.Mavieprivéeneteregardepas.—Mais… c’est ce que j’essaie de te dire ! Je veux faire partie de ta vie
privée!—Enm’apportantlesrésultatsdetonexamenmédical?Envoilàuneidéede
merde!Ellebonditdesachaiseetjeluibloqueencorelepassage.—Maisqu’est-cequej’auraisdûfaire?— Me parler, m’inviter à dîner…, mais qu’est-ce que j’en sais, moi !
s’emporte-t-elle.Etd’ailleurs,qu’est-ceçasignifiepourtoi:«fairepartiedemavieprivée»?Mebaiserjusqu’àcequetuenaiesmarre?Qu’est-ceque je suis censé répondre à ça ?N’est-cepas ceque les couples
font:resterensemblejusqu’àcequeçaneleurconvienneplus?Est-cequ’ilfautquejemente,enplus?Dansunsoupir,jedis:—Jepensaisqu’onallaitjuste…yallerdoucement…voircequeçadonne…Commeellefaitunpaspourmecontourner,jereprends,plusvite:—Ilfautquetucomprennesquejen’aipasl’habitudedecegenredechoses!Elles’arrêteetprenduntempsconsidérableavantdemerépondre,setournant
pourancrersesyeuxvertsdanslesmiens.—Écoute,Oli…peut-être que tout ça part d’une bonne intention,mais… je
croisquec’estunemauvaiseidée.Est-celadouceuraveclaquelleellemeditcelaquimenouelagorge?Qu’est-
cequeçasignifie?Qu’ellerefusedemedonnermachance?— On a peut-être une certaine attirance l’un pour l’autre, je ne le nie pas,
poursuit-elle, mais j’ai besoin de… quelqu’un de fiable, quelqu’un en qui j’aiconfiance…Je la fixe, estomaqué. Comment peut-elle dire qu’elle n’a pas confiance en
moi?Jeneluiaijamaismenti!— Il se trouve que tu esmonpatron…et que j’aime ce boulot, ajoute-t-elle
encore.Jenevaispas tementir : j’ai toujourspeurque tumefichesà laporte,chaquefoisquejerefusedecoucheravectoi.Là,j’aiungestederecul.—Hé!Jenet’aijamaisforcée!—C’est vrai,mais les choses sontdifférentes,maintenant.Ça allait tant que
c’étaitunjeuentrenous,maislà…çadevienttropcompliqué.—Maisc’esttoiquiasditquetuvoulaisquelquechosedesérieux!Ellehochelatête,puisprendunairgrave.—C’estvrai.Maisjen’aijamaisditquejevoulaisquecesoitavectoi.Là, ellem’achève et je recule jusqu’à une chaise où jeme laisse tomber en
clignantdesyeux.
—Oli,cen’estpasquetun’espasintéressant…—Netejustifiepas,jesiffleentremesdents,sonné.—Maisjeveuxlefaire!— J’essaie de créer des liens ! Tu crois que c’est facile ? je me justifie
soudain.Ellebaisselatêteensoupirant.—Non,avoue-t-elleenfin,maisçaneveutpasdirequetupeuxmeblesseren
essayant.Mesyeuxs’écarquillent.Jel’aiblessée?Comment?Avantquejenepuisselui
poser laquestion,elle s’avanceet s’accroupitdevantmoi.Samain sepose surmongenou.—Créerdesliens,Oli,c’estplusquefaireuntestmédicalpourpouvoirbaiser
sanscapote.Jefroncelessourcilsetjem’apprêteàintervenirquandellereprend:—Jeteplais.Ça,jeveuxbienlecroire.Ettumeplaisaussi,jenevaispaste
mentir là-dessus.Mais onne va pas se leurrer : tu fais tout ça parce que tu asenviequejeteprennedansmabouchecommejetel’aitoujoursrefusé,etparcequej’aiunrendez-vousavecunautrehomme!Tusaisquoi?Turessemblesàungaminquiapeurdeperdresonjouet.—Tun’espasunjouet,jemarmonne,lagorgeétonnammentnouée.Ellemefoudroieduregard.— J’en ai été un assez souvent pour savoir quand c’est le cas,Oli.Mais je
veuxbiencroirequetuestropbêtepourt’enrendrecompte.Desesdoigts,elletapotemongenou,puiselleseredresse.—Jefile.J’airendez-vousavecJul,cesoir.Net’inquiètepas,jevaispréparer
touteslesquestionsd’entretienpourlundimatinetjetelestransmettraiparmail.Je la suis du regard tandis qu’elle s’éloigne.Ce soir, elle sort.Demain, elle
voitWill.Etmoi,visiblement,jen’existedéjàpluspourelle.—Bonweek-end,Oli.Elleattendmaréponsequejelâchesuruntonrude:—C’estça,ouais.Quand la porte se referme derrière elle, j’ai la sensation qu’Amy m’a
abandonné.Commentest-cequej’aiputoutrateràcepoint?
Chapitre92
Quandjerentrechezmoi,jeprendsunedoucheinterminablepourmeviderlatête.Bordel ! Pourquoi est-ce que je ne suis pas fichue deme trouver un homme
normal,pourunefois?Untypequim’auraitsimplementinvitéaurestaurantou…quim’auraitembrassé,toutbonnement!Unbaisercommeceluid’hiersoir,quoi.Maisnon,Olis’estcontentédem’offrirsesrésultatsd’examensmédicaux…iln’yavraimentqu’àmoiquecegenredetrucsarrive!Oliestunartistequiarriveàfairedeschosesextraordinairesavecducartonetde la lumière,est-cequ’ilnepourrait pas essayerd’êtreplus romantique ? Jenedemandepas la lune, ilmesemble!Àpasserautantdetempssousladouche,jetrouvelemoyend’arriverunpeuen
retardàmonrendez-vousavecJuliette.Etjenesuismêmepascalmée!Dèsquejem’installedevantelle,jemeverseunverredesakédelacarafequ’elleadéjàcommandée.—Autant que tu le saches, je n’ai pas couché avec Oli, alors c’est toi qui
paies,cesoir,dis-jeenguisedesalutations.—Ehbien…bonsoiràtoiaussi.Dois-jecomprendrequec’estlemanquede
sexequiterendautantàcran?Jelafoudroieduregard,mêmesiellen’estpasbienloindelavérité.Comme
jemerabatssurmonverre,elleinsiste:—Qu’est-cequis’estpassé?Tonpatronn’apasessayédetesauterdessus,et
finalementtuesdéçue?—Ilm’aapportésoncertificatmédical,cematin!Plusj’ysonge,plussongestemechoque.—Uncertificatmédical?Quoi,commecertificat?mequestionneJuliette.—Ilvoulaitqu’onbaisesanscapote.Non,jerectifieaussitôt,ilvoulaitsurtout
quejelesucesanscapote.Etquej’annulemonrendez-vousavecWill,aussi.Aulieudem’enparler,ilasimplementdécidédefaireunexamenmédicaletdeme
jeterlesrésultatsauvisage,pasplustardquecematin.Juliettemedévisageun instant, interloquée, puis éclatede rire. Je fronce les
sourcilsetvidemonverre.—Alorslà…ilfaitfort.Dis,ilneseraitpasunpeutaré,tonpatron?Jehausselesépaules.Quisaitcequiestpasséparlatêted’Olipourmefaire
uncouppareil ? Jeveuxbiencroirequ’iln’a aucune idéede la façondont lesgenscréentdesliens,maisquandmême!Jeremplisdenouveaumonverreetjesoupireenfixantleliquidetransparent.
Pourquoiest-cequejen’arrivepasàchasserOlidematête?Sadernièrebourdedevraitm’avoirconvaincuequ’iln’yavaitdéfinitivement riendepossibleentreluietmoi,non?—Amy?LavoixdeJuliettemetiredematorpeuretjecomprendsqu’elleattendqueje
disequelquechose.—Net’enfaispas.Danstroisouquatreverres,çairamieux,jelarassure.Dansl’espoirquemesparolessoientvraies,jereportemonverreàmabouche,
cequilafaitriredenouveau.—Merde!Tuvasmecoûterunefortunecesoir,toi!—Ne t’inquiètepas. Jevaispayer l’alcool, je lâche en reposantmonverre,
grimaçantdevantlegoûtprononcédusaké,surtoutingurgitéensigrandequantité.Devantleregardsuspicieuxdemacopine,jemedécideàajouter:—Jen’aipascouchéaveclui…,maisons’estquandmêmeembrassés.Avant qu’elle n’ouvre la bouche, je m’empresse de poursuivre, comme s’il
fallaitàtoutprixquejemejustifie:—Benétaitaudîner,hiersoir,alorsOliafaitsemblantd’êtremonpetitami.
Nevasurtoutpast’imaginern’importequoi.—Tu pourraisme raconter l’histoire dans l’ordre ? Je ne comprends rien !
s’énervesoudainJuliette,meprenantparsurprise.Jesuissoulagéedevoirapparaître leserveurànoscôtés.Maisdèsqu’ilest
parti,jenepeuxplusycouper:jedoistoutraconteràmacopine.Tantpis.JeluiparledudîneretdeBen.Encoreunefois,Juliettesemetàrire.—Wow!Benadûfaireunesacréetête!Jehausse lesépaules.Autantsaprésencem’avaiteffrayéesur lecoup,autant
Oli était parvenu de le chasser de ma tête en un tournemain. Ça aussi, çam’énerve!Est-cequerevoirmonexdansdetellesconditionsn’auraitpasdûmedévaster davantage ? Lui et sa femme enceinte ? Pourquoi est-ce que je m’enfiche,aujourd’hui?
— Dis… tu ne serais pas en train de tomber amoureuse d’Oli, hein ? medemandeencoreJuliette.Jeluifaisdegrosyeux.—Hé!Jesuisstupide,maispasàcepoint!Mauvaiseréponse.Juliettemejetteunregardsuspicieux.—Jenesuispasamoureusedelui.Etcen’estdéfinitivementpasunpetitami
potentiel.—Maisilferaitunsuperamant.Oui.Oliseraitunsuperamant…,siseulementiln’étaitpasmonpatron.—Etpuisd’ailleurs, c’estquoi cetteobsessionàvouloirunpetit ami à tout
prix?mequestionneJul.Ellearaison.Pourquoiest-cequejenepeuxpasmecontenterdebaiseravec
Oli?Pourquoiest-cequej’enexigeautantdelui?—Jenesaispas.Probablementparcequejevaisavoirtrenteans…,etparce
quej’aienviedevivrequelquechosedesain,pourunefois.—Olin’estpasmarié.—Non,mais ça resteune relationquivadevoir rester secrète, commeavec
Ben.Onvabaiserencachette,sevoirlesweek-ends,etdèsqueleschosesvontpartirenvrille,jevaisencoremeretrouverauchômage.Unsilencepasseavantqu’elleajoute:—Ilfinirapeut-êtrepartomberamoureuxdetoi?J’aiunrireamer.—C’estça,ouais.Est-cequetunedisaispaslamêmechoseàproposdeBen?—Pasfaux,concède-t-elle,maisOlin’estpasBen.—Maiscen’estpasleprincecharmant,nonplus…Ellelèvesonverredansmadirection.—Personnen’estparfait.Jetrinqueavecelle.Unefoisquejeportemonverreàmeslèvres,elleajoute:—Etaucasoùtunelesauraispas:tun’espasCendrillonnonplus,hein!Tu
jurescommeuncharretier.Je grimace, puis pouffe de rire. Le bon côté des soirées avec Juliette, c’est
qu’elle finit toujours par me rendre de meilleure humeur. Ou alors c’estl’alcool…quisait?
Chapitre93
Cesoir,jesorsavecDrew.Pasparcequej’enaiparticulièrementenvie,maisparce que j’étais en train de devenir fou, seul chez moi, avec ma bière et àruminerdansmoncoin.Jeboisduscotchpouressayerdemevider la tête. J’enaiassezdepenserà
Amy. Assez d’être de mauvaise humeur. J’ai envie d’oublier cette journée demerde et je compte bienme ramener une fille à lamaison en prime !Une foissaoul,çadevraitaller…Alorsquejefaissigneaubarmandemeresservirunverre,Drewarrêtemon
geste.—Ducalme!Àcerythme,tuvast’écroulerdansl’heure!Etjen’aipasenvie
quetutemettesàvomirpartout!Jegrimaceetilchangedesujet:—Bon,tuvoisquelquechosedepotable,danslecoin?Je faismine de détailler les filles à proximité et je ravale un soupir.Quelle
idéed’avoirsuggérécebar,aussi!Celuioùj’aivuAmypourlapremièrefois.Juste là, à trois tabourets dumien.Ellem’a fait unde ces effets, ce soir-là.Etcommeilétaittard,etqu’ellesemblaitenpiteuxétat,j’étaispersuadéquej’avaistoutesmeschances…—Hé!Regardequiest là!annonceDrewenpointant lefonddelasalledu
menton.Jetournelatêteetj’aperçoisJuliette,puisAmyjustederrière.Jesouriscomme
un imbécile.D’accord,peut-êtrequ’inconsciemment, j’espéraisqu’ellesallaientrevenirdanscebaretqu’ons’yretrouverait«parhasard».Je profite du fait qu’Amy nem’ait pas encore remarqué pour la détailler du
regard.Elleporteunejupecourteetunt-shirtrougebienmoulant.Àmadroite,Drewlèveunbrasdanslesairsetsemetàcrier:—Hé!Amy!Onestlà!Jeluiflanqueuncoupdecoude.
—Maisqu’est-cequetufous?—Quoi?Ilfautbienlasaluer,non?Etpuis,sacopinen’estpasmal,tuasvu?
Lesrousses…jelestrouvecraquantes!Jemarmonne pour le principe,mais Drew est déjà en train de pivoter pour
accueillirAmy.—Salut,toi!Qu’est-cequetufaislà?—Jesors,dit-ellesimplement.Pendantqu’ilsdiscutent,jeresteàmaplaceenmedéfendantdeluiaccorderle
moindreregard.C’estridicule,parcequej’ail’airdebouder,alorsjefaissigneauserveurdevenirmeresservir.—Ettacopine,tumelaprésentes?demandeencoreDrew.Amy s’exécute. Alors que je porte mon verre à mes lèvres, onme tape sur
l’épaule.—Salut,lesalaud.Alorscommeça,lasantéestbonne?Lefouriredelarouquinemedéplaît,etsesparolesaussi.Àcausedel’alcool,
jemetsunmomentàdefairelelienavecmesrésultatsd’examens,puisjepivotesurmontabouretpourdégoterunregardsombreàmonassistante.Putain!Aprèsavoir eu l’air con devant Amy, voilà qu’elle a tout déballé à Juliette ! Maisqu’est-cequejeluiaifait,àcettefille,pourqu’ellemetraitedelasorte?— Bon, eh bien… bonne soirée ! Nous, on va aller s’installer à une table,
annonceAmyentirantsacopineparlebras.—Maisnon,restez!intervientDrew.Allez!Jepaielapremièretournée!Maisqu’est-cequ’ilvientdedire,cetimbécile?Jeluifaislesgrosyeuxpour
qu’iln’insistepas,maisilnemeremarquemêmepas.—Non!Onneveutpasdéranger,protesteAmy.Julietterestelà,àmedétailleravecundrôledesourire.Maparole,ellesefout
de ma gueule ? Je reprends ma place en lui tournant le dos. Tant pis pour lapolitesse.J’aibuetjen’aipasenviequ’onm’énerve,cesoir.—Monmignon,tuveuxbienaiderAmyànousdégoterunetable?Olietmoi
onvousrejointdansdeuxminutes.Anxieux,jechercheDrewduregardpouressayerdelereteniraubar,maisil
obéitàcetterouquineavecunsourireniais.C’estuncomplotouquoi?Dèsqu’illibèresonsiège,Juliettes’yinstalleetjetteàmonintention:—Tuboudes?Sansrépondre,jevidemonverre.—Amym’araconté,pourcematin.Lesexamensettoutlereste…—J’avaiscompris.
—Allez,nefaispascettetête.Tuasjuste…maljouétescartes.Jepivoteverselleetjelatoiseduregard.—Cequiveutdire?— Que tu as agi comme un con, évidemment ! lâche-t-elle sans hésiter.
Commenttupeuxcroirequ’unefillevasejeteràtoncouunefoisquetuluiaurasmontrélesrésultatsdetesexamensmédicaux?Ilfallaitêtreplusromantique:luidirequ’elleestmignonne,qu’elletemanque,cegenredetrucs…oùest-cequ’ont’aapprisàdraguer,toi?Je ne réponds pas, parce que je ne connais que la méthode directe. Elle
fonctionnaitbien,avecAmy,pasplustardquelasemainedernière!—Tuesmignon,danstongenre,Oli,dit-elleencore,maisilvautmieuxquetu
restes toi-même. Fais les choses correctement. Ne lui sors pas le grand jeu sic’estjustepourlabaiser,OK?Jefroncelessourcilsetjem’emporte:—Tucroisque j’avais le tempsde faire leschosescorrectement?Elle sort
aveccetype,demain!Ellehausse les épauleset récupère leverrequevientdedéposer lebarman,
devantmoi,pourlerenifler.—Bah.Tuasquandmêmeeudeuxsemaines,merappelle-t-elle.Tuasratéton
coup,çaarrive.Maintenant,c’estautourdeWill.—TupensesquemonsieurMusclesestmieuxquemoi?Quiteditquecen’est
pasunsalaud,luiaussi?—Jeconnaispasmaldegensquilefréquentent…etleuravisestplutôtbon,
avoue-t-elle.Tuveuxqu’onparledecequepensentlesgensdetoi?Jemerembrunis,etellesemetàrire.—Bon, écoute, reprend-elle, la vérité, c’est que je ne suis pas sûre que ça
colleavecWill.Cequejesais,enrevanche,c’estqu’aprèssonhistoireavecBen,Amychercheàstabiliserleschosesdanssavie.Ses mots tournent en boucle dans ma tête, mais on dirait que l’alcool
m’empêche d’en percevoir le sens. Comment puis-je offrir quelque chose destableàAmy,alorsquejen’aiaucuneidéedeceàquoiressembleunerelationnormale?Quemavieserésumeàcréer,boire,voyager…—Tuvois…jeconnaisAmy.Etsiellesebraque,commeça,avectoi…,c’est
probablementparcequetul’effraies.Jefroncelessourcils.—Jel’effraie?Moi?C’estuneblague!J’essaie de descendre demon tabouret,mais je doisme retenir au comptoir.
Merde!L’alcoolcommenceàfaireeffet.Jen’auraispasdûboireautantavantderejoindreDrewaubar.—Elleapeurdetomberamoureusedetoi, imbécile!m’explique-t-elled’un
tonagacé.Mêmesijeviensdelâcherlecomptoir,mesdoigtsyreviennentprestement.—Quoi?jerépète,incertain.—Ellesebraque,parcequ’ellesaitquetun’espasletypequ’illuifaut,dit-
elleencore.Maisçaneveutpasdirequetuneluiplaispas.Elleseprotège,c’esttout.C’est impossible.Amym’apratiquementenvoyéaudiable, après ledînerde
charité!Sansattendremaréponse,Juliettemetapotelamain.—Allez,viens!Onvaprendreunverre!—Mais…—Arrêtedebouder!insiste-t-elle.Jelaregardepartirendirectiondelatabledufond.LàoùDrewdiscuteavec
Amy.Jenesuispascertaindecequejedoisfaire,maisunechoseestsûre: jeviens deme voir octroyer quelques heures de plus avecAmy.Ai-je encore letempsderattraperlecoupavantqu’ilnesoittroptard?
Chapitre94
Je questionne Juliette du regard à la secondeoù elle revient s’installer àmadroite, mais comme elle fait mine de ne pas le remarquer, je me penchefranchementverselle,rongéeparlacuriosité:—Qu’est-cequetuluiasdit?—Jeluiaiditdetesortirlegrandjeuoudetefoutrelapaix.Jecroism’étoufferavecmasalive.—Quoi?—Hé ! Je t’ai rendu service !Oli auneheureoudeuxpour savoir cequ’il
veut,aprèsquoi,tupourraspasseràunautrenuméro.Laisse-lefaire!Qu’est-cequeçachangepourtoi?TuvoistoujoursWilldemain,non?J’en reste sans voix. Mes yeux suivent le corps d’Oli lorsqu’il vient nous
rejoindreàlatable.Ilal’airsaoul,etsescheveuxvontdanstouslessens.Mêmedans cet état, je le trouve craquant.Quellemerde ! Il se laisse tomber sur unechaise,faceàlamienne,puisilposelesyeuxsurmoi,commes’ilespéraitquejefasselepremierpas.Là,ilpeutcourir!JemerabatssurlabièrequeDrewm’acommandéeetladescendsbeaucouptropvite.Encoreunemauvaiseidée.Aveclesakéquej’aiingurgitéavant,jenesuispassûred’arriveràgardertoutematête.EtavecOlidanslesparages,voilàquiestloind’êtrerassurant…—On va danser ? je demande à mon amie, déterminée à m’éloigner de la
tentation.—Mais… laisse-moi donc faire connaissance avec ce grand gaillard ! me
rabroueJuliette.Elle a l’air prise dans sa conversation avecDrew.Voilà que jeme retrouve
coincée avec Oli. Eh merde ! Pourquoi j’ai accepté de venir ici ? Je m’étaispourtantpromisderentrersagementchezmoiaprèslerestaurant!—J’iraisbiendanseravectoi,maisjesuisunpeusaoul.Etjenesuisvraiment
pasdouépourça,lâcheOli.Jehausselesépaulesetportemonverredebièreàmeslèvres.Qu’est-ceque
jesuiscenséerépondreàça?—C’estjolicequetuportes,dit-ilencore.C’estautomatique:jelefoudroieduregarddevantcecomplimentridicule.—Merde,Oli,qu’est-cequetufichesici?jeluidemandesoudain.Nos yeux restent accrochés pendant cinq secondes qui me paraissent
interminables,puisilhausselesépaulesavantd’avouer:—J’aimebiencebar.Ilyadesfillesintéressantes,parfois…JerepoussemonverreetmeprépareàmeleverquandOlisepencheau-dessus
delatableetm’attrapelamain.—Hé!C’étaituneblague!— Va t’amuser avec tes conquêtes, je ne vais certainement pas te tenir la
chandelle.Jedégagemesdoigtsetmeredresse.Devantl’airintriguédeJuliette,jedis:—Jevaisauxtoilettes.Enfait,j’espèrequ’ellevam’accompagner,justepourquejepuisselasupplier
deme sortir d’ici,mais commeelleme fait un signede tête entendu sans faireminedeselever,jefile,lesyeuxd’Olirivéssurmoi.Jemarched’unpasrapideendirectiondufonddelasalle,enmefaufilantàtraverslafoule.Enréalité,j’aibesoindemedégourdirlesjambes,etdemepasserdel’eausurlanuque.Danslafiled’attente, je respiremieux.Unechoseest sûre,plus jem’éloigned’Olivier,mieuxjemeporte.Ettantmieuxsijerestecoincéeicivingtoutrenteminutes,çamedonneraletempsderetrouvermesesprits.Quand jeme décide à revenir en direction de la table, j’angoisse en voyant
qu’Oliviern’apasbougéd’unpouce.Sansréfléchir,jebifurquedematrajectoireetdisparaisdanslafoule.Jedanseenmelaissantporterparlamusique.Peut-êtrequ’il vaut mieux que j’arrête l’alcool, mais j’ai définitivement besoin dem’étourdir.
Chapitre95
Amydanse,lesyeuxfermés,balançantleshanchesaurythmedecettemusiqueagaçante.Ondiraitqu’elleflotte…ouqu’elleplane.Merde!Elleessaiedemetuer.Jenevoisqueça.—Qu’est-cequetuattendspourallerlarejoindre?mequestionneJuliette.Jepeineàdétachermonregardduspectaclequem’offreAmy.—Jedansecommeunpied.—Ilvautmieuxdansercommeunpiedetéviterqu’unautretelapique.Tun’es
pasleseulvautourdanscetendroit,jetesignale,rigole-t-elle.Ellearaison.Ilyaclairementdeshommesquiluitournentautour.Jefronceles
sourcils.—Alorscommeça,elleneteplaîtpastonassistante,menargueDrew.—Tagueule,jeluijetteenmelevant.TantpispourDrew.Jesaisqu’Amyrefusequ’onsachecequisepasseentre
nousaubureau,maisc’estplusfortquemoi: jenepeuxpaslalaisser là, touteseule. Si elleme jette commeun vulgaire déchet, j’aurai essayé, aumoins !Etpuis…Juliettem’abienconseillédefairelepremierpas,non?Alorsqu’untypedanseenserapprochantdeplusenplusd’elle,jem’interpose
etjeglisseunemainsurlatailled’Amy.Quandelleouvrelesyeuxsurmoi,ellechassemamainetmetourneledos.Jemesensridicule,parmilafoulequidanse,àm’être fait rejeter de la sorte. Je faisminededanser, incapablede suivre cerythmeoudebouger avecgrâce.Tantpis. Je finisparposermesmains sur leshanchesd’Amyetàmecollercontresondoset,étrangement,ellenemechassepascettefois.Ellereste là,àfrottersesfesseset lebasdesondoscontremonbassin.Jenerésistepasàvenirplongermabouchedanssoncouetjel’embrassedoucement.J’ai l’impression de rêver. Amy frissonne et pivote pourme faire face. Dès
qu’elleposelesmainssurmontorse,seslèvress’écrasentsurlesmiennesetnoslanguesseretrouventàdanserdefaçonbienplusenharmonieusequenoscorps.
Même si elle se frotte toujours contremoi, je ne bouge plus, trop occupé à laretenir.Mesdoigtsglissentdanssescheveux.Pendantdixsecondes,toutdisparaîtautourdenous.Cettepistededanse,cebar,ettouscesgensquinousentourent.Etpourtant,ellefinitparéloignerseslèvresdesmiennesetmeregardeavecun
airtrouble.—Tun’auraispasdûfaireça,dit-ellesimplement.Qu’est-ce qu’elle raconte ?C’est l’inverse !Non seulement j’ai bien fait de
venirlarejoindre,maisc’estçaquej’auraisdûfaire,pasplustardquecematin!L’embrasser,laplaquercontrelabaievitréedesonbureauetlacaresser,commelapremière fois,danscebar.Quandelle jouit, aumoins,ellenecherchepasàm’échapper.Je la serre plus étroitement contre moi et je glisse ma bouche près de son
oreille:—Sijenemeretenaispas,jepasseraisunemainsoustajupe.—Tais-toi.Etpourtant,aulieudemerepousser,ellerevientdévorermeslèvres.D’accord.
AvecAmy, il vautmieuxm’en tenir à l’approche directe.Mais ici, dans cettefoule,mesoptionssonttroplimitées.Jemedéfaisdesabouchepourmarmonner:—J’aienviedetoi.Rentrons.Jenesaispascequej’aiditpourquececorps,quiétaitbrûlantiln’yapasdix
secondes,s’échappesoudaindemesmains.Ellesecouelatête,unemaindevantellepourm’empêcherd’approcher.—Cen’estpasunebonneidée,explique-t-elle.—Qu’est-cequeturacontes?C’estlameilleureidéedumonde!lacontredis-
jeaussitôt.Onrentre,onbaiseetonarrêtetoutcecinéma!Tuasenviedemoi,tunevaspasmedirel’inverse!—Cen’estquedudésir,Oli,cen’estpasréel.—Pasréel?Je repousse sa main et viens soudain la prendre dans mes bras. Pendant
quelques secondes elle cède et se blottit contremoi, et elle ne peut que sentirl’évidencedemondésircontresahanche.—Est-cequetusenscommejetedésire…?Commentest-cequetupeuxdire
quecen’estpasréel?Ellemerepousseetsecouedenouveaulatête.Ondiraitqu’ilyadeslarmesau
fonddesesyeux.—Jesuisbonneàbaiser,oui,jesais.Maisj’enaiassezdeça.Avantquejen’aiepuréagir,ellemetourneledosetfoutlecamp.Jeplongeà
traverslafouleetlaretrouveànotretableoùellenefaitquerécupérersonsac.—Jerentre,annonce-t-elle.Lorsquejefaisungestepourlaretenir,ellem’arrêteenbrandissantsondoigt
justesousmonnez.—Fiche-moilapaix,Garrett.J’enaiplusqu’assezdetoi!Enquelquespas, elle sortdemonchampdevisionpendantque sesmotsme
fracassent deplein fouet.Elle en a assez ?Mais…comment elle peut dire unechosepareille?Onétaitàdeuxdoigtsdesefondrel’undansl’autre!—Situvoyaistatête!rigoleDrew.Jenel’écoutepas.JereportesimplementmonattentionsurJuliette.—Qu’est-cequej’aifait?—Tul’asdéstabilisée.Ellesebraque,jetel’aidit.Ellesebraque?Est-cequ’elleneserendpascomptequ’elleestentraindeme
rendrecomplètementfou?Ellefaitlapluieetlebeautempsdansmavie!—Ne t’en faispas,va,me rassure la rouquine.Quandelle reviendradeson
rendez-vousavecWill,elleyverrasûrementplusclair.Je la jauge avec un air dépité. Je suis donc obligé de la laisser sortir avec
monsieurMuscles?C’estuneblague!—Disdonc…tuneseraispasentraindetomberamoureux?semoqueDrew.—Tagueule,jerépète.Je fiche le camp et vaisme rasseoir au bar. Là où j’ai croisé Amy pour la
premièrefois.LàoùjepourrairuminersansqueDrewmefassechier.J’aienviedefoutrelecampdecetendroit,deprendreuntaxi,demerendrechezAmyetdelasupplierdemedonnerunechance.Jesuisunsalaud,c’estvrai,etjenesuispassûr d’être capable de tomber amoureux d’elle… ou même d’être un bon petitami…,maisjesuisprêtàfairedesefforts.Merde.J’aibesoind’elle…commentuntrucpareilapum’arriver?
Chapitre96
Jem’éveilletardetjeprendsunlongmomentavantd’ouvrirlesyeux.J’ai latêtedansunétau.Ondiraitqueçatourneencore.Qu’est-cequej’aibu,hiersoir!Commentçasefaitquejen’aiepaspassélerestedelanuitàvomir?Dans un grognement, je pivote sur le dos et fixe le plafond pour essayer de
stabiliserl’image.Desbribesdelaveillemereviennentenmémoire.J’aibu.J’aifait le salaud, uniquement parce qu’Amy m’a déjà dit que c’était plus simplequand j’agissais ainsi. Je ne vois pas en quoi. J’ai pesté contre Drew qui aembarquélarouquineenfindesoiréesansaucunproblème.Et j’aipestécontrel’universquandjemesuisretrouvéseul.Oh,j’aibienessayédeleverunefilleoudeuxaupassage,maisj’étaisbientropsaoulpourça.Etpourêtrehonnête,jen’enavaisaucuneenvie.J’ai Amy dans la peau. Rien d’autre ne m’intéresse. Et pourtant, cette fille
passe son temps àme repousser. Elle ne voit aucun demes efforts, et pourtantc’estévidentquejenelalaissepasindifférente.Siçacontinue,jevaisfinirparm’enfairedesulcèresd’estomac!Quand ça tourne un peumoins, je jette un coup d’œil à l’heure. Je serre les
dents.Ilest13heures.Est-cequ’AmyestdéjàavecWill?Est-cequ’ellepassedubon temps?Et lui, alors,va-t-il arriverà lacharmer?Est-ce legenrede typequ’illuifaut?Pourquoisuis-jeincapabled’ycroire?Même si c’est vague dans mon esprit, j’ai le souvenir d’avoir demandé au
chauffeurdetaxidepasserdevantl’immeubled’Amy,cettenuit.J’étaispleindebonnevolonté.JevoulaisluiparlerdeMarianne,demespeurs,demesdoutes…,etdecettefichueobsessionquej’aipourelle.Justepourmeviderlecœur,unebonnefoispourtoutes.Puis tout ça m’a semblé être une montagne insurmontable. Ça, mais aussi
l’escalierquimenaitchezelle.J’étaistellementsaoulquejemeseraisécrouléaupremierétage.Oualorsjemeseraisjetéàsesgenouxenpleurant.Commesijenem’étaispasdéjàsuffisammentridiculisé!
Jeme traîne jusqu’à la cuisine et reste planté devant lamachine à café.Magorgeestnouée. J’aienviedepleurer.Enviedebalayer toutcequ’ilya sur lecomptoiretdepousseruncriquiferaittremblertouslesmursdecettemaison.Lesoufflecourt,jemefaiscouleruncafé,mêmesijedoutepouvoirleboire.
Tantpis.Jeprendslatassequifumeetjedescendsdansmonatelier.Ilfautquejem’occupeetjeneconnaisaucuneautreactivitéquipuissem’aiderdanscegenredesituations,hormisledessin.Jesoupireenprenantplacesurmontabouret.Pourleprincipe,jerepousselesportraitsd’AmyetressorsceuxdeMarianne.Faceàson regard, jepince les lèvres.Merde ! J’ai encore enviedepleurer.EnviededemanderpardonàMarianned’avoirvoululachasserdematête.Elle,aumoins,ellem’aimait…Je prends mon crayon et une feuille blanche. J’essaie de faire renaître son
visage,maismavuesebrouille.Jerenifle,puis j’arrêtequandunelarmetombesurlepapier.Jemesensstupide.Jenesaismêmepaspourquoijepleure.Parcequ’AmysortavecWill?Parcequej’ai lasensationdetrahirMarianne?Parcequejen’aiaucunavenir?Jefaisunebouletteetlajettedel’autrecôtédelapièceavantdem’essuyerles
yeux. Il faut que je sorte d’ici. Sans réfléchir, je récupère mon téléphone etcompose lenumérodeCécilia.Ellememanque, tiens. J’ai l’impressionqueçafaituneéternitéquejenel’aipasvue.Pendantqu’ellemeparleradesagrossesse,j’espèrequejecesseraidepenser
àAmy.
Chapitre97
J’ai mal dormi, cette nuit. En rentrant, j’ai fait les cent pas dans monappartement. Est-ce que j’espérais qu’Oli vienne frapper àma porte ?Un peu,mêmesijesaispertinemmentqueçaauraitétéunemauvaiseidée.Jedevraisêtresoulagéequ’iln’aitpasosévenirmevoir,luiquifaittoujoursn’importequoi.Etpourtant…cen’estpaslecas.Devant mon café, je soupire. Est-ce qu’Oli a compris que les choses sont
devenuestropcomplexesentrenous?Quesijelelaissem’approcherencore,j’aipeurdeperdretousmesmoyens?Peut-êtrequeoui.Autrement,ilauraitsûrementramené ses fesses, hier soir. Peut-être qu’il s’en fiche.Après tout, il passe sontemps à dire qu’il a envie de moi. Possible qu’il veuille juste baiser. À cecompte-là, autantqu’il ramassen’importequelle fille,mêmesi cette idéem’estaffreusementdésagréable.Merde!Maisqu’est-cequinevapaschezmoi?Jeneveux pas lui céder, mais je ne veux pas qu’une autre le touche. Ça n’a aucunsens…!J’ai la sensation de me traîner. Dire que je vais marcher en forêt avec un
sportif,aujourd’hui.Commentjesuiscenséesuivresonrythme,avecmaminededéterrée?Allez!Jememotive!Jememaquilleunpeupournepasavoirl’airtrop fatiguée, puis j’enfile des vêtements confortables et des baskets. Tant pispourlecharme.Sijedoisfairedeskilomètres,autantêtreàl’aise!QuandWillarrive, jesuisunpeusurprise. J’essaiedemeremémorerceque
j’aitrouvémignonchezlui,lasemainedernière.Ilestmusclé,c’estvrai,etilaunjolisourire,alors…pourquoiest-cequ’ilnemefaitpaslemoindreeffet?C’estsûrementàcausedemagueuledebois…— J’ai prévu une super journée, annonce-t-il, visiblement heureux de ce qui
nousattend.Jenepeuxquesouriredevantsonenthousiasme.Aujourd’hui,jemedéfendsde
songeràOli!JeveuxdonnerunevraiechanceàWill.J’aibesoindecroirequejene suis pas destinée à passer le reste demes jours avec un salaud. Besoin de
croirequejesuiscapabledevivreunerelationnormale,pourunefois.Je laisseWillm’emmener dans sa voiture sport en relevant de petits détails
agréables:aujourd’hui,jen’aipasàconduire,çachange.Moncavaliermefaitlaconversationetsembleréellementvouloirmeconnaître.Jeluiparleduboulotetil me raconte sonmatch de baseball de la veille. Son équipe a gagné et il ensemblefier.—Ettoi?Qu’est-cequetuasfait,hiersoir?mequestionne-t-il.—JesuisalléeaurestoavecJulietteetonafinidansunbar.Ilparaîtunpeucontrarié,alorsj’ajoute:—Maisjesuisrentréetôt,parcequejevoulaisêtreenforme,aujourd’hui.Jerougislégèrementsouscemensonge.Monheurededépartn’avaitrienàvoir
aveclui.Jevoulaissurtoutm’éloignerd’Oliavantdeneplusavoirlecouragedelefaire…—Tusorssouventdanslesbars?medemande-t-il.—Hein?Non!AvecJuliette,onvasurtoutaurestoouauciné.Maisparfois,
commehier,onvadanser.J’évitedeluidirequej’aidanséenvironquinzeminutesavantdefuircomme
unelâche—J’aimebiendanser, dit-il soudain.Onpourra y aller ensemble, unde ces
jours.Jesouris,sansrépondre.AllerdanseravecWill?Pourquoipas?Enfin…on
verradéjàsicettejournéesedéroulebien…Jemeconcentresurlaroutequinousmènehorsdelaville.J’auraispeut-être
dûlerejoindrequelquepart,avecmavoiture.Çam’angoissedenepasavoirmonproprevéhicule.Etsijevoulaisrevenirplustôtqueprévu?Ilfautvraimentquej’arrêtedemefaireun film.Jesuis làpourpasserdu tempsavecWill.Pour leconnaître. Pour me changer les idées. Pourquoi est-ce que je stresse avantl’heure?Jepeuxlefaire.Forçantunsourireàapparaîtresurmeslèvres,jemecaledansmonsiègeetje
tournelatêtedanssadirectionavantdelâcher:—Allez…parle-moiunpeudetoi…
Chapitre98
JeprendsuntaxipourallerchezCél.Masœurm’accueilleavecuncâlinquifait chaud au cœur. On dirait qu’on ne s’est pas vus depuis une éternité. Sonventre a encore grossi, et elle marche plus lentement quand elle me guide endirection de la cuisine, et pourtant, son sourire me semble plus lumineux quejamais.Ellemeproposeunebièrequejerefuse.Cesoir,j’aibesoind’unepause.Mon
foie aussi. Je lui demande une eau gazeuse et j’attends qu’elle s’installe avantd’entamerlaconversation.—Alors?Commentsepasselafindetagrossesse?—Lemédecinditqueçapeutsurveniràn’importequelmoment,maintenant.
Tuterendscompte?Qu’est-cequej’aihâtedelavoir!Mavaliseestprête.Lachambreestprête.Jepassemontempsàtoutranger.Jenesaisplusquoifairedemesjournées!Je souris,mêmesi j’aiplutôt enviedegrimacer.Comment fait-ellepour être
aussizen?Leboulotneluimanquedoncpas?—Tun’asqu’àvenirdonneruncoupdemainaubureau,jelâchesansréfléchir.— Justement, comment ça se passe ? Vous allez vraiment embaucher un
nouveautechnicien?Monsourirese fane.Ça,c’est ledossierd’Amy.Enréalité, toutmerappelle
cettefille.Commentest-ellearrivéeàsefaufilerpartoutdansmatête?—Ondevraitrencontrerdescandidatslasemaineprochaine,finis-jepardire.Je porte la petite bouteille d’eau àmes lèvres. Soudain, je regrette la bière
qu’ellem’aofferte.Ellem’auraitbienaidéàtenirlecoup,tiens.Etpourquoiai-jedécidé de venir voir Cécilia, ce soir, alors qu’elle va forcément me parlerd’Amy?Jenesuisdéfinitivementpasenétatd’abordercesujet!—SiAmyabesoind’aide,ellen’aqu’àmepasseruncoupdefil.Çaneme
gênepas,tusais…—Jeluidirai.
Enmonforintérieur,j’espèrequeçasuffirapourqu’onpasseàunautresujet,maisj’auraisdûmedouterquemasœurnepourraitpasrésisteràmequestionnerdavantage.Àcroirequ’elleaunesortederadarpourdécodercequej’essaiedeluicacher.—Alors?Commentçavaavecelle?J’avalemagorgéedetraversetmemetsàtousser.—Çavasimalqueça?mequestionne-t-elle.—Jepréfèrequ’onneparlepasd’Amy.Ellesemblesurprise.—Aïe.C’estàcepoint,entrevous?—Laissetomber,jelasupplie.Connaissantma sœur, jeme doute qu’elle en est incapable.Aussitôt, elle se
pencheversmoietcherchemonregard.— Oli, qu’est-ce qui se passe avec elle ? Elle n’a quand même pas
démissionné?Devant son inquiétude, et parce que j’ai l’impression que c’est tout ce qui
l’intéresse,jelèvelesyeuxauciel:—Maisnon!—Alorsquoi?s’énerve-t-elle.Jefinisparlâcher,dansunsoupirlourddesens:—EllesortavecWill,aujourd’hui.—OK…Unsilencepasseavantqu’ellen’osemeposerlaquestion:—Etc’estqui,Will?—C’estuntypequesonamieluiaprésenté.Untypemusclé.Sportif.Pasun
salaud,ilparaît.—Hum…untypecomplètementdifférentdetoi,quoi.J’essaiedenepasm’emporter,mais ellen’apeut-êtrepas tort.Will estmon
exactopposé:untypesain,quinedoitpasboirecommejelefais,etquimangesûrementdeschosesplussainesquemoi.Etc’estungarssérieux,d’aprèsJuliette.Ouais…toutlecontrairedecequejesuis…—EtAmy,elleveutquoi,elle?Jehausselesépaules.Qu’est-cequej’ensais,moi?Pendantunmoment, j’ai
cruquej’avaismeschances,etpuis…ondiraitbienquenon.—Disonsquec’estunpeucompliqué.J’aifaitdestrucscons.Aulieudecompatir,masœurlâcheunpetitrireetsecouelatête.—Tuasfaitdestrucscons?Pourquoiçanem’étonnepas,tiens?
—Hé!Jen’aipasl’habitudede…defairecegenredechoses.—D’essayerderamenerunefilledanstonlit?Tuplaisantes?—Non!Essayerde…charmerunefille.Jemesensridicule.Jamaisjen’aiessayédecharmerAmy.Jel’aitripotéedans
unbar, je lui ai fait des tasd’avances très lourdes, et je lui aimême refilé lesrésultatsdemesexamensmédicaux.Alorsquemasœurattendlasuited’unehistoirequinevientpas,jefermeles
yeux et je soupire, étrangement triste demon constat : j’ai perduAmy, et c’estentièrementmafaute.Vucommejel’aitraitée,cen’estpasétonnantqu’elleaiteuenviedesortiravecunautre…—Oli?chuchoteCél.—Jesuisunimbécile,jegrogne.—Pourquoiça?—Jen’aipasenvied’enparler.J’essaie de me lever. Tant pis pour le repas… et la soirée… autant que je
rentrechezmoi,carjevaisbientôtmeremettreàbroyerdunoir.Quelleidéedevenirici.Masœurlitenmoicommedansunlivreouvert.D’unemainferme,Célmeretientetplongesonregarddanslemien.—Hé!Qu’est-cequ’ilya?Jeserreleslèvres.—Jel’aiperdue,dis-jed’unepetitevoix.—Oh,Oli…Enunbond,masœurse retrouveàmescôtésetpasseunbrasautourdemes
épaules. Je grimace, mal à l’aise devant sa sollicitude. Je déteste l’état danslequeljesuis,maisjecroisquelepire,c’estqu’uneautrepersonneassisteàcespectacle.—Pourquoituneluiparlespas?mequestionne-t-elle.—Ellesortavecunautregars,aujourd’hui,jerépèted’unevoixmorne.Céciliamelâcheetretournes’asseoir,enfronçantlessourcils.—Ahoui,cefameuxWillquesonamieluiaprésentéetquiestl’exactopposé
detoi…— Ce qui est bizarre c’est que Juliette, la copine d’Amy, a l’air de bien
m’aimer,pourtant.Ellem’aracontéuntasdetrucs,tuvois?Dugenre…qu’Amyse protégeait demoi, et qu’elle y verrait sûrement plus clair après son rendez-vousaveccegrostasdemuscles.Elleditqu’ilvautmieuxquejesoissûravantdem’embarquerdansunerelationavecAmy.Masœurmescruteavecundrôled’air.
—Quoi?jem’agace.—Ehbien,cettefillepensequetuasteschancesavecAmy,c’estévident!Et
Amyteplaît,n’est-cepas…?Jemerembrunis,maisavoue,peut-êtrepourlapremièrefois:—Ouais.Vraiment.—Maisalors!Qu’est-cequetuattendspourtebattrepourelle?Tuasfinide
baisser les bras, oui ? Tu ne vas pas laisser ce gros balèze te la prendre desmains,si?Je tesignalequ’Amyest lapremièrefillequi t’intéressedepuishuitans!J’inspireunboncoup—Peut-êtrequeWillestmieuxpourelle,dis-jeauboutd’unlongsilence.—Qu’est-cequeturacontes?s’emporteCél.Qu’est-cequ’ilpourraitavoirde
mieuxquetoi?Tuesbeau,chefd’entreprise,artiste…—Etsalaud.Ellemepointed’undoigt.—Maistuesentraindechanger!Iln’yaqu’àvoircediscoursquetuasfait,
jeudi,pourlafondation.Oli!Nemedispasquetuvaslaluilaisser?Jehausselesépaules,incertain.J’aidéjàessayétellementdechosespourme
rapprocher d’Amy. Pas les bonnes, j’en conviens,mais peut-être qu’il est troptardpourrattraperlecoup?Peut-êtrequejeneméritepasunefillecommeelle?—Tu vasme dire ce qu’il y a vraiment ?me gronde-t-elle encore. Vas-y !
Crachelemorceau,merde!Jedaigneenfinreleverlesyeuxsurmasœur.—Marianne…Unsilencepasse,puisCélreculesursachaiseetcroiselesbras.—Marianneestmorte,Oli.Etdepuisdesannées.Quandest-cequetuvasenfin
tedécideràlalaisserpartir?Monregardsebrouille.—Jen’aipasledroitde…jenepeuxpaslatrahir.—Çan’arienàvoir!s’emporte-t-elle.Bonsang,Oli,tuesrestéseulpendant
huitans!J’aicruqu’onallaitteperdre,àunmoment,tellementtuétaisplusbasqueterre!Brusquement, elle se tait, puis elle inspire si fort que j’ai l’impression de
ressentirsapeinejusquedansmachair.— Écoute… la vie, c’est de la merde, parfois, je ne vais pas te dire
l’inverse…,maislà,ilmesemblequetuasenfinunechanced’êtreheureux.Etsituveuxmonconseil:tunedoispaslalaisserpasser.
Elle se penche, récupèremamain entre ses doigts, puisme tire à elle pourvenirlaposersursonventre.— Il y a tellement de belles choses en cemonde,Oli. Je voudrais que tu le
voies…C’estbête,maisune larmeroulesurma joue,et jemedéfaisdesonemprise
pour venir m’essuyer le visage. Merde ! Je ne voulais pas pleurer. Et encoremoinsinquiétermasœur.—Jepensequejevaisrentrer,j’annonceenmelevant.Jen’aipasfaitunpasendirectiondelasortiequ’ellemequestionne:—Qu’est-cequetuvasfaire?J’auraispréféréqu’ellenemeledemandepas.Aulieude luidirecequ’elle
veutentendre,ouquejevaisyréfléchir,jemarmonne:—Jenesaispas.Lentement,Cécilia se lèveà son touretvientme rejoindre.Samainsurmon
épauleraviveunchagrinquej’aimeraismieuxchasser,maisjeserrelesdentsetj’attendsqu’ellevidesonsac.—Oli,tuesquelqu’und’extraordinaire…Jegrimaceensecouantlatête.—Et si c’était juste un caprice ?Si je n’étais pas capable de lui donner ce
qu’elleveut?Surprise,ellehausseunsourcil:—Maisqu’est-cequetucroisqu’elleveut?—Jenesaispas,moi:unerelationnormale,dessentiments…del’amour!Voilà,jel’aidit.—Tucroisquetunepeuxpasaimer?medemandeencoreCécilia.Encore une larme qui tombe. Eh merde ! Je déteste ça ! Mais au lieu de
l’effacerdureversdelamain,jem’emporte,enmedonnantuncoupsurletorse:—Jesuisvide, là ! Iln’yaplus rien,putain !Toutest sec, tunevoispas?
Maisqu’est-cequejepeuxdonneràcettefille,hein?—OlivierGarrett,tuesvraimentunpetitcon!Lecœur,c’estunmuscle:çase
travaille!Viscequetudoisvivreaveccettefilleetarrêtedeteposerautantdequestions!—Mais…jenepeuxpas…—Bien sûrque tupeux !Tuaspasséceshuitdernièresannéesàbaiserdes
idiotessanstesoucierdetouscesdétails!—C’estdifférent!Amyest…elleméritemieuxqueça!—Alorssoismieuxqueça!rétorque-t-elleaussitôt.
Jesoupire:—Comment?Unsilencepasseetlemaigreespoirqu’elleafaitjaillirenmois’essouffle.—C’esttoilecréatif.Tuvasbientrouverquelquechose,lâche-t-elleavecun
sourireconfiantquipeineàmerassurer.—Siçasetrouve,ellevaadorersajournéeavecmonsieurMuscles,dis-jeen
sentantmesépauless’affaisser.Cécilia se plante devant moi et m’agrippe par les épaules pour me secouer
doucement.—Hé!Situveuxcettefille,récupère-la!Tunevaspaslaissercetypetela
prendre,quandmême!Jefaisnondelatête,maisjenesuispassûrd’êtrehonnêtedansmaréponse.
L’autre soir, au bar, c’était simple d’accaparer l’attention d’Amy. Cet idiot apassé son tempsà regarder lematch.Maismaintenantqu’ilvavoirquelle filleincroyableelleest…IlmerestedeuxjoursavantderevoirAmy.Quoique…jepourraistrouverun
prétextepour lui téléphonerdemain? Justepourvoir sielleest tombéesous lecharmedecetype?
Chapitre99
Will estungarçonplutôt charmant. Il avraiment toutprévu.Mêmesi je suisgauche dans la marche en forêt et que je ne connais rien aux arbres, il m’ennommequelques-uns,meparled’activitésdepleinairetdetechniquesdesurvie.Je n’ai rien contre le camping, mais je ne suis pas sûre que l’expériencem’intéresse,surtoutaprèsavoirpasséunenuitdansunhôteldeluxeàVegas.Surlehautd’unemontagnequejepeineàescalader,Willsortunecouvertureet
unebouteilledevin.Là,jesourisetrévisemonjugement.Noustrinquons,commeça,dans lanature, avecunevue imprenable sur la forêtquenous surplombons,devantlecoucherdusoleil.Ça,c’estromantique…—Jet’avaisditqueçavalaitlecoupdevenirjusqu’ici,menargue-t-il.—Oui.C’estmagnifique.J’ai la gorge nouée en le lui avouant. Pas seulement parce que j’ai râlé à
quelquesreprises lorsdenotreascension,maisparcequ’Olinem’aurait jamaisproposédefaireuntrucpareil.Etpourtant,c’esttoutsimple.Çanecoûterien.Etc’estjuste…parfait.Devantmaréaction,Willsourit.Pendantunmoment,j’ailasensationqu’ilva
m’embrasser, et je replonge dans mon verre. Merde ! Mais qu’est-ce qu’ilm’arrive ?Will estmignon, et ilme sort le grand jeu, exactement comme je lesouhaitais.Qu’est-cequejevoudraisdeplus?J’avalemagorgéeavecamertumedevant la réponse quime paraît soudain évidente : ce n’est pas avecWill quej’auraisvoulupartagercetinstant.Dansunsoupir,jechasselesouvenird’Olietvidemonverreunpeurapidement.—Çatevacommesortie,jusqu’ici?mequestionnemoncavalier.—Çameva,jeconfirmeenhochantlatête.D’undoigt,ilm’indiqueunedirection.—Quandonredescendra,ilyalerestodontjeteparlais,justeàlasortiedu
bois.Jemeforceunpeuàsourire.
—J’aidéjàhâted’yêtre.Enréalité,j’aisurtouthâtequecettesoiréesetermine.PasparcequeWillne
meplaîtpas, aucontraire,maisparcequ’ilnepouvaitpas tomberdansunpiremoment.Alorsquejemereverseunpeudevin,ildemande:—Quelquechosenevapas?—Je…non,mens-je.Peut-êtrequejesuisunpeunerveuse.Jeluimontrelepaysageavantd’ajouter:—C’estque…jen’aipasl’habitudedetoutça.—Laforêt?—Non.Disonsplutôt…leromantisme.Ilpiqueunfardetj’ajoutetrèsvite.—Maisçanemedéplaîtpas,aucontraire!MoncœursemetàbattreplusfortpendantqueWillsepencheversmoi.Ses
yeuxaccrochentlesmiensavantqu’ilavoue:—Enfait…jevoulaisquetoutsoitparfaitpournotrepremierbaiser.Là,mesdoigtsfontunbruitdésagréableautourdemonverreenplastique,mais
je neme défile pas. Autant vérifier l’effet que ses lèvres ont sur lesmiennes.Avecdelachance,ilembrassetellementbienqu’Oliserareléguéauxoubliettesenmoinsdetroissecondes.J’attends,lesoufflecourt,etaprèsquelquessecondescomme s’il vérifiait que j’étais consentante, Will vient cueillir ma bouche defaçondélicate.C’esttropdouxàmongoût.Jeposemonverreàl’aveugleetposeune main lourde sur sa nuque pour le ramener vers moi. Quand j’écrase meslèvrescontrelessiennes,iladumalàsuivrelerythmeetnefaitaucungestepourmeserrercontrelui.Nosbouchess’éloignentàlasecondeoùjetentedeglissermalangueprèsdelasienne.—Waouh…quellefougue!dit-ilenriantbêtement.De la fougue ?Où ?C’est à peine s’ilm’a touchée ! Je reprendsma place,
perplexe.Soudain,j’aienviedeboireplusdevin.Envied’imaginerquelebaiserquenousvenonsdepartageravaitunpetitquelquechosedespécial.Enréalité,hormislepaysage,iln’yariendeparfaitdanscettejournée.LorsqueWillsepenchedenouveausurmoi,jenebougepas.Ilm’embrassesur
la joueet samain seposedoucement surmonvisage, cherchant à ramenermeslèvresverslessiennes.Jelelaissefaire,acceptantsonbaiseràsonrythme,maiscela reste doux et trop lent. On dirait qu’il a peur de me briser. Un tempsinterminables’écouleavantqu’iln’oseaventurersalangueprèsdelamienneetjerecule la tête pour briser notre baiser. Will me dévisage, puis prend un peud’assurance. Il ramènemabouchecontre la sienneetessaiedem’embrasserde
façon plus ferme. Jem’accroche à ses épaules, puisme laisse emporter par safouguequin’ariendecomparableaveccelled’Olivier.Enfait,toutecettemiseenscènenesertàrien.Lepaysage,lecoucherdesoleil,levin…,c’estinutiletantque je suis avec Will. Dès que je ferme les yeux, c’est la bouche d’Oli quej’imagine sur la mienne. Un peu rudement, je détourne à nouveau la tête et jesoupire.—Jesuistroprapide?demande-t-il.—Non.Jecroisque…jenesuispasprêtepourtoutça,j’avoue.Malgrémoi, des larmesme brouillent la vue.Quelle idiote je fais ! Je peux
m’éloignerd’Olivier,mais jenepeuxpas fuircequisepasseenmoi.Cen’estpaslui,leproblème,c’estmoi.—Amy?chuchoteWill.J’aifaitquelquechosedemal?—Non.Maisjepréféreraisque…qu’onrentre.Jetourneunvisagedésoléverslui.—Toutétaitvraimentparfait,j’essaiedelerassurer,maismatête…ellen’est
pasprêtepourça.—Tatêteoutoncœur?Jeserrelesdentsetcontemplel’horizon,auloin.J’espèrevraimentquec’est
matêtequin’estpasapteàgérermarelationavecOlivier,parcequemoncœur,lui… n’est absolument pas en état de revivre un épisode désastreux comme leprécédent!
Chapitre100
Je déteste ne pas savoir où se trouve Amy. Sûrement en forêt, mais oùexactement?EtoùhabiteWill?Sijelesavais,jecroisquej’seraisalléfrapperàsa porte. Surtout avant qu’il… quoi ?Qu’il la touche ? Parce que c’est sûr, ilvoudralatoucher.Quinelevoudraitpas?Etjeneveuxsurtoutpasysonger!J’essaiedelacontactersursontéléphoneportable,maisilestéteint.Pourquoi
a-t-ellefaitça?Ets’ilyavaituneurgence?Quedis-je,maisc’estuneurgence!Auboutdedixappelsquineserventàrien,jemedécideàmerendrechezelle.
C’est ridicule, car il n’est que18heures,mais elle vabien finir par revenir…Enfin…ellenevaquandmêmepasdormir chez lui lepremier soir ?Lagorgenouée,jefrappeàlaporte,nonsansespérerqu’ellesoitdéjàlà.Aucuneréponse.Dépité, jem’assois sur lapremièremarchede l’escalieret j’attends.Chaque
foisqu’unbruit se faitentendre, jesensmoncœurquiseserre.EtsiAmyétaitcontrariée deme voir ici ?Et siWill était avec elle ? Jem’imagine un tas descénariossurlajournéequ’ilsontpasséeensemble,quimemettentlesnerfsàvif.Jenedevraispaspenser à tout ça.Tout ceque jeveux, c’est qu’elle revienne.Que jepuisse luiparler.Tantpis si j’ai l’aird’un imbécile.Aumoins, j’auraistoutessayé.Avant dedevenir fou, je sorsmoncarnet dedessins. Je reproduis le portrait
d’Amy. Il est devenu tout simple à recréer. Et même si j’adore détailler sonregard,j’avouequejeressenstoujoursunepointedeculpabilitéenversMarianne.Deçaaussi,ilfaudraitquej’enparleavecAmy.Lorsquedespasrésonnent,jerelèvelatête.Jesuispluscalme,nem’attendant
plusàcequ’ils’agissed’Amy.Ellevasûrementrentrerunpeuplustard.Aprèslerepas.C’est bête. J’ai faim,maintenant,mais je refusedequittermonposte. Jeveuxqu’ellesachequejel’attends.Quejenesuispasprêtàlalaisserpartirtantqu’ellenemel’aurapasclairementdemandé.Contre toute attente, elle arrive environ quarante-cinq minutes après moi, et
s’arrêteenbasdel’escalierlorsqu’ellem’aperçoit.
—Oli?Jelafixeavecunsourireniais.Amyestrentrée!EtWilln’estpasavecelle!—Qu’est-cequetuficheslà?—Hein ?Euh… je viens te voir, dis-je, soudain gêné de devoir aborder le
sujetdanscetendroitimpersonnel.Aulieudemonterlesmarches,elleprendappuisurlarampeetattend.Ellene
veutquandmêmepasqu’ondiscuteici?—Çaaété,tonrendez-vous?jeluidemandemaladroitement.Sonexpressions’assombrit.—NemedispasquetueslàpourmeparlerdeWill…?s’énerve-t-elle.Ma
parole,tutemoquesdemoi!Elle grimpe les marches deux par deux, et me contourne pour rejoindre sa
porte.Unpeutardivement,jebondissurmesjambes,monsacàl’épauleetmoncarnet de dessins sous le bras. Avant qu’elle ne puisse glisser sa clé dans laserrure,jesuislà,àsescôtés,etjeluidemandetrèsvite:—Amy,accorde-moicinqminutes.Unefoissaporteentrouverte,elletournelesyeuxversmoi.—Pourquoi?—Maispourqu’ondiscute!—Merde,Oli,qu’est-cequetuveux,àlafin?Jeretiensmaréponse,maisellen’estpasdifficileàdeviner:c’estellequeje
veux.Toutdesuite,contrecetteporte.Maisj’inspireunboncoupetretiensmongeste.Cesoir,j’aivraimentintérêtànerienprécipiter,autrementjevaistoutfairefoirer.Encore!— Je veux juste te parler, je répète. Tu pourrais aumoinsm’accorder cinq
minutes!Elleravaleunsoupir,puisbaisselesyeux.— La vérité, c’est que… je ne suis pas sûre d’être en état de soutenir une
conversation,admet-elle.C’estbienmaveine!Pourunefoisquejesuisprêtàtoutluidéballer,ellene
veut rienentendre !Quandelle relève le regard surmoi, jeprésumequ’ellenerateriendemaminedéconfite,maisaulieudemedonnerlecoupdegrâce,elleexpliquesimplement:—Jesuisfatiguée.Etjemeursdefaim.Jeretiensunsouriredes’inscriresurmeslèvres.N’était-ellepascenséedîner
avecWill?—Çatombebien.Jen’aipasmangénonplus.Çatediraitunepizzaavecextra-
bacon?J’ailasensationqu’unmiraclesurvientlorsquelevisaged’Amys’illumineet
qu’unrires’échappedeseslèvres.—Vapourlapizza,accepte-t-elle.Déjà,jerespiremieux.Voilàquej’aidroitàunepartiedesasoirée!Jelasuis
danssonappartementetresteunmomentplantélà,dansl’entrée,pendantqu’ellejettesonsacàmainsurlecanapé,puisqu’ellesedébarrassedesesbaskets.—Fermelaporte, tuveux?dit-elleenfaisantunsignede lamainversmoi.
Tiens,voilàletéléphone.C’esttoiquipasseslacommande.Jem’exécuteetjem’avancejusqu’àlatabledelacuisineoùjelaissetomber
monsacetmoncarnetafinderécupérerl’appareil.Alorsquejetapelenuméroetqu’ondécrocheà l’autrebout,mesyeuxcontinuentdesuivreAmyquisedirigevers le frigo.Pendantque jepasse commande, ellememontreunebière et unebouteilledevinblanc.Jepointelabouteilledebièrequ’elledéposedevantmoiavantdeseservirunverredevin.Quandj’enaifiniaveclacommande,jereposeletéléphonesurlatable.—Voilà.C’estfait.—J’espèrequeceneserapastroplong,parcequejemeursdefaim.Jesouriscommeunidiot,encore,etjenepeuxpasm’empêcherdedemander:—Jepensaisquetumangeaisaveccetype?Ellepivoteversmoiets’adossecontrelecomptoir,sonverredansunemain.—Bon,alors…qu’est-cequetuveux?Pendant quelques secondes, je sens l’angoisse qui revient et ne peux
m’empêcherdecontre-attaquer—Ças’estsimalpasséavecMonsieurMuscles?—Arrêtedel’appelercommeça!s’énerve-t-elle.Bon,tuvoulaismeparler.
Jet’écoute!—Aprèslerepas.Devantsonairsombre,jem’empressed’ajouter:—Tun’espas la seuleàavoir faim, tu sais?Etavecmachance, tuvasme
foutreàlaporteavantquejen’aieledroitdegoûteràcettefichuepizza!Ellepousseungrossoupir.C’estbête,aufond.Qu’est-cequej’attendspourlui
parler?Ducourage?Histoiredem’incrusterdavantage,jeprendsplacesurunechaiseetj’insiste:—Alors?Tumeracontestajournée?Se détachant du comptoir, elle vient s’installer de l’autre côté de la table,
devantmoi.
—Çaneteregardepas,cequejefaisdemesjournées,Garrett.—C’étaitsiennuyeuxqueça?Ellemerabroueduregard.—Çan’arienàvoir!Onestalléssepromenerenforêt,commeprévu.Will
m’aemmenéeescaladerunemontagne.Malgrémoi, jepince les lèvres, incapabledecroirequ’un telplanaitpu lui
plaire,maisAmyfroncedenouveaulessourcilsetajoute,plusrapidement:—Surlamontagne,onaregardélecoucherdesoleilenbuvantduvin.C’était
trèsromantique.Là,ilmefautunmomentpourretrouvermesesprits.—Oui,bon.Commentj’auraispusavoirquetuétaisdugenreromantique?Elleraille:— Évidemment. Ce n’est pas en me tripotant dans un bar à notre première
rencontrequetupouvaisl’apprendre…Saremarquemepiqueauvif,etjerétorqueaussitôt:—D’accord, je ne suis pas un type romantique, pas besoin de me faire un
dessin!Maissic’estdescouchersdesoleilquetuveux,y’aqu’àdemander!Ilsecouchetouslessoirs,tusais?Ellesebraqueaussitôt:— Va chier, Garrett. Je ne t’ai rien demandé, moi. Et au cas où tu ne t’en
souviendraisplus:c’esttoiquiveuxmeparler!Elleboitunebonne rasadede sonverre,puis se lèvebrusquement.Çayest,
ellevamefoutreàlaporte!Maisaulieudem’indiquerlasortie,Amyremplitdenouveausonverreavantdeseremettredosaucomptoir.Ellen’estqu’àdeuxpasdemoi et j’ai la sensationqu’il y adeskilomètres entrenous.Comment est-cepossible?Lesyeuxd’Amys’ancrentdanslesmienslorsqu’ellesiffle:—Allez,crachelemorceau,Garrett.Qu’est-cequetuveux?Jeretiensmonsouffle,maiscettefois,jenemedéfilepas.—Toi.
Chapitre101
Quandlaréponsed’Olivierrésonnedansmacuisine, j’hésiteentreéclaterderireoumemettreàpleurer.Pourtant,ilestbienlà,assisàmatable,àattendrequejedisequelquechose.Depuissonarrivée,ilnecessederamenerWillentrenous.Est-cequ’ilestjalouxouest-cequ’ilaseulementpeurdeperdresonjouet?J’enaiplusqu’assezdemeprendrelatêteaveclui…—C’estvraiquejesuiscon,dit-ilencore,maisjesuisaussiconscientqueje
n’aipasfaitleschosescorrectement,avectoi…—C’estbon,Oli,tupeuxt’arrêterlà,jel’interromps.—Jesuisvenupourteparler!Tupourraisaumoinsm’écouter!Jefermelesyeuxetserremonverredevincontremoi.Pourquoiçam’angoisse
d’entendrecequ’ilaàmedire?Parcequej’aipeurdemefaireembobiner.Peurd’avoirenvied’ycroire.SiOliviermement,jedoutedepouvoirledéceler.—Écoute,jesuisaffamée.Est-cequ’onpourraitattendred’avoirmangéavant
des’engueuler,toietmoi?Il hésite, et pendant une fraction de seconde, j’ai la sensation qu’il va
m’octroyercepetitdélai.J’aibesoindecetemps.Etdevin.J’aipassémontrajetderetouravecWillàruminersurmonsort.D’unemain,Olipoussesoncarnetdansmadirectionet jeprendsunmoment
avantdereconnaître la fillesur ledessin…c’estmoi.Je retiensmarespirationpendantquejem’avancededeuxpas,justepourvérifierquejenerêvepas.—DepuisqueMarianneestmorte,jemesuistoujoursdéfendudedessinerune
autrefille.Illâcheundrôlederireavantd’ajouter:—Enréalité…,jen’enavaisjamaiseuvraimentenvie.Jeveuxdire…avant
toi.Jetremble.J’aipeurquesesmotsfracassentlemurquej’essaiedifficilement
demaintenir.—Etmaintenant…jen’arrêteplusdefairetonportrait.
—Non.Arrête,jelesupplie.—C’est difficile pourmoi, tu sais ? poursuit-il en ignorantma plainte. J’ai
mêmeessayédet’expliquercettehistoiredeliens,audîner,tutesouviens?Jedétournelatête,troublée.—Leproblème,c’estque…j’aiaussipromisàMariannequejenel’oublierai
pas…—Mais jene t’ai jamaisdemandéd’oublier cette fille ! Je saisbienqu’une
partdetoiluiappartiendratoujours!—Oh,Amy!lâche-t-ilensecouanttristementlatête.Leschosessonttellement
pluscomplexesqueça…Son regard brouillé de larmes me bouleverse. Moi qui croyais qu’Olivier
essaieraitdemefairesonnumérodecharmepourmeramenerdanssonlit.Voilàquej’aipeurducontraire.Qu’ilreparteenmelaissantlà,complètementdévastéeparsonaveu.—Jenesaispassijesuisbonpourtoi,dit-ilencore.Ça,tuvois,jesuisprêtà
le reconnaître ! Mais j’aimerais… je ne sais pas… disons… essayer dedevenir… le genre de type que tu souhaites ? Peut-être pas un sportif commeMonsieurMuscles,mais…Mespiedscontournentlatableetjedéposerudementmonverredevinsurle
meubleavantdevenirm’asseoirdirectementsurlesgenouxd’Oli.Mabouchelefaittaireetjeleserresifortcontremoiquenoslarmess’entremêlent.Pourunefois, notre baiser n’a rien de fougueux,mais il suffit à chasser chacun demesdoutes.—Amy,j’aibesoindetoi,chuchote-t-ilenm’écrasantcontrelui.Jerisetjepleureenmêmetemps.Olimetientcommesisavieendépendaitet
jedoispresquemedébattredanssesbraspourréussiràreleversonvisageauxjoueshumidesverslemien.—Jesuislà,tuvois?dis-jeavantdereprendredélicatementseslèvres.Labouched’Olivier répondà lamienne.C’estdoux,maisçane le restepas
longtemps.Ondiraitquenousnepouvonsplusnousdétacherl’undel’autre.C’estluiquiremetunpeud’espaceentrenous.— J’ai encore… tellement de choses à te dire,m’avoue-t-il en essuyant les
larmessurmespropresjoues.—Plustard.Je reprends sa bouche. Peut-être qu’Olivier comprend quemon besoin de le
retrouveresturgent,carilempoignemesfessesetmesoulèvesoudain.Dèsqu’ilmedéposesur la table, jechercheà luienleverson t-shirtquandonsonneà la
porte.Essoufflée,jesoupire:—Jecroisquec’estlapizza.—Merde!Jegloussependantqu’ilserhabilleengrommelant.—Ilssontrapides!—Neteplainspas.Ilsauraientpuarriveràunmomentencorepluscritique…Il lâcheunpetit rire avant de se diriger vers l’entrée, puis pivote à nouveau
dansmadirectionpourmejeterunregarddefeu:—Commesiçam’auraitgênéderépondrenuetexcité!Àmontourderigoler.VoirOliouvriraulivreurdepizza,commesinousétions
unvraicouple,meserrelecœur.J’inspireunboncoupetjechassetouslesdoutesquitententdem’assaillir.Peu
importesi jen’arrivepasàgardercethommeplusdedeuxsemainesous’il selassedemoiouqu’ilmebriselecœur…j’enaiassezdefuir.
Chapitre102
Jemangemapizzaenquatrièmevitesse,etpasparcequejesuisaffamé.Àlavitesse à laquelleAmy engloutit sa part, et à la façon dont ellemedévore desyeux,jecroisquel’envieestréciproque.Aulieudeseprendreunesecondepart,Amyselèveetcontournelentementla
table en me fixant de son regard magnifique. Je recule la chaise, juste avantqu’elle ne vienne se rasseoir sur moi. Sans préambule, elle m’embrasse, et jeprofite de sa position pour glisser mes mains sous ses fesses et l’étreindre.J’adore la façondontsesonglesgriffentmanuque,etplusencoresa languequis’esquivechaquefoisquenotrebaisers’enflamme.—Tuesdrôlementpatient,cesoir,chuchote-t-ellecontremeslèvres.—Jeneveuxriengâcher,jeluiavoue.Mais lorsque sa main relève mon t-shirt, je sens que ma patience vient
d’atteindre ses limites. Sans hésiter, je bondis surmes jambes et l’entraîne endirectiondesachambre.Jemefaisviolencepournepaslajetersurlematelas,maismont-shirtvalsederrièrematêteenuntempsrecord.Étaléesursonlit,Amydéfait le devant de son jean et glisse une main contre son sexe, visiblementdéterminée à me rendre fou pendant que je me prends les doigts dans mabraguette.Jen’aipasencoredescendumonpantalonqu’ellefroncelessourcils.—C’esttontéléphone?demande-t-elle.Je repoussemonvêtement jusqu’à lamoitié demes cuisses,maismaintenant
qu’elle ledit, j’aibien l’impressionque lesonqui résonnedepuis lapièced’àcôtém’estfamilier.Amyseredressepartiellementenprenantappuisuruncoude.—C’estpeut-êtreimportant?J’hésite,puisjevienslarejoindresurlelit.Tantpispourcetappel.Jen’aipas
letempsderépondre.Maisalorsquejetiresursonjean,ellemegronde:—Oli!Imaginequec’esttasœur!—Ellerappelleraplustard…Jecommencedéjààcaresserl’undesesseins.Jen’arrivepasàcroirequ’elle
estjustelà,etqu’ellemelaisselatoucheràmaguise!Jem’étendssurellepourvenirléchersoncou.Sousmoi,Amys’abandonneenétalantsesbrasverslehaut.Moinsdetroisminutesplustard, lasonneriereprendetm’interromptpendant
que jemordilleunseinà traversunsoutien-gorge. Jegrogne. Je tented’ignorercettesaletédetéléphonelorsqu’elleinsiste:—Tudevraisrépondre.ImaginequeCéciliasoitsurlepointd’accoucher…Je serre les dents,mais comme j’ai bien l’impression quemon interlocuteur
continuera de me harceler jusqu’à ce que je réponde, je peste avant d’allerrécupérer l’appareildans le fonddemonsac.Sur l’écran, lenumérodeMarcoapparaît, et même si j’ai bien envie d’éteindre, je gronde, à la seconde où jedécroche:—Cen’estvraimentpaslemoment,Marc…Mavoixs’étouffelorsquejeperçoisundrôledebruitauboutdufil.—Oli?SeigneurDieu,merci!Jenesavaisplusquiappeler!Cettevoix,cen’estpascelledeMarco,etellesembledéformée…—Marie?Lespleursreprennentetmesdoigtsserrentplusfermementlepetitappareil.—Marcoa…ilaeu…unmalaise…Elle bafouille pendant que je recule jusqu’à sentir la table de la cuisine
derrièremescuisses.SiMariepleure,c’estquec’estprobablementgrave.—Oùest-il?jeluidemande,lagorgetellementnouéequ’iln’yaqu’unsimple
filetdevoixquisort.—Àl’hôpital.Ilsfontdestests.Elle se remet à sangloter.Merde ! Incapablede faire autrement, jeme laisse
tombersurlesoletjefermelesyeux.EtmêmesiMarieespèreprobablementquejedisequelquechose,jen’yarrivepas.—JevoulaistéléphoneràCél,mais…Encore des pleurs, puis je sens qu’onme retire le téléphone desmains et le
tempsquej’ouvrelesyeux,jevoisAmyleporteràsonoreille:— Allô ? Ici Amy, je suis l’assistante d’Olivier. Qui est à l’appareil ?
Attendez…doucement.Sonvisageblêmit,puisellehochelatête.—Oui,jecomprends.Biensûr,nousseronslàdèsquepossible.Àquelhôpital
êtes-vous?Jememetsàsecouer frénétiquement la têtededroiteàgauche.Moi,dansun
hôpital?C’est impossible!MêmeCéciliasaitquejen’iraipasvoirsongamintantqu’elleneserapasderetourchezelle.Etpourtant,Amycontinued’insister:
— Calmez-vous. Nous serons là dans une petite demi-heure. Non, netéléphonezpasàCécilia.Attendonslespremiersrésultats,d’accord?Oui.C’estça.Àtoutdesuite.Lorsqu’elleraccroche,jesecouelatêteensilencepourluisignifierquejene
bougepasd’ici.Jecroisquedeslarmestombentdemesyeux,carjenelavoisplustrèsbien.—Oli,ilfautyaller.—Jenepeuxpas,jesouffle.Les doigts d’Amy se referment sur les miens et les serrent à m’en faire
grimacer.—Marieabesoindetoi.EtMarcoaussi.—Tunecomprendspas.Jenepeuxpasalleràl’hôpital.Jedétesteça.— Personne n’aime ça, mais il y a des moments où on ne peut pas faire
autrement.Allez!Onyva!Amyseredresseettiresurmesbraspourm’obligeràbouger.Siçacontinue,
ellevametraînerdeforcehorsdesonappartement.Commeelleinsisteencoreetencore,jefinisparmeleverenreniflant.Aulieudemepousserendirectiondelaporte,ellesejetteàmoncouetmeserresoudaindanssesbras.—Çavaaller,OK?Onvalefaireensemble.—Tunecomprendspas,jepleurniche.Chaquefoisquejevaisàl’hôpital,les
gensmeurent!Mesparents…Marianne…—Oli,tais-toi!Ellemeprendparlesépaulesetmesecouepourmerameneràlaraison.—Toutçan’arienàvoir,compris?Lesgensvontdansleshôpitauxquandils
sontenmauvaisétat !EtMarcovas’ensortir.Siçase trouve,cen’est riendutout!Malgréleslarmesquibrouillentmavue,jegronde:—Marcon’est jamaismalade!Non,vraiment, ilvautmieuxquejeresteici.
Quej’attende.OnvaenvoyerCél.—Olivier Garrett, arrête de faire l’enfant ! Ta sœur est enceinte et elle va
accoucherdanslesprochainsjours!Cen’estvraimentpaslemomentdeluifairesubir plus de stress !C’est à toi d’y aller, compris ?C’est de toi queMarie abesoin!Peut-êtreparceque jepleurecommeungamin,Amyrevientmeprendredans
sesbras.—J’aipeur.—C’estnormal.MaispenseàMariequidoitêtrebienplusterrifiéeencore.Ta
présenceluiferaleplusgrandbien.—Merde,Amy!Commentveux-tuquejel’aide?Jen’arrivemêmepasàgérer
lasituation!—Danslesépreuves,personneneveutpasêtreseul,Oli.Çanenécessitepas
quetusoisfort,seulementquetusoislà.Elle relève lesyeuxversmoi etpose sesmains surmes joues, essuyantmes
larmes—Onyvaensemble,d’accord?Tuserassaforceetjeserailatienne.Jenete
quittepasd’unesemelle.Elle sourit, même si ses yeux brillent, aussi. J’inspire longuement. Je suis
terrifié,mais jeprends le tempsdepenser àMarie.Elle est seule, là-bas.Moiaussi,jel’étais,quandMarianneestdécédée.Etj’aicruquej’allaismourirsur-le-champquandonm’aannoncélanouvelle.—D’accord.Onyva,jemedécideenfin.Amypartimmédiatementenfilerseschaussures.Direqu’onétaitsurlepointde
fairel’amour,elleetmoi.Etvoilàquetoutabasculé.Jemerhabille,meprépareàpartir,pluslentementqu’elle.Jelasuishorsdesonappartement.Dansmatête,lesmêmesmotsrésonnentenboucle:«Marien’apasbesoinquejesoisfortpourelle,elleajustebesoinquejesoislà».Etpourtant…j’aimeraisvraimentêtrefortpourelle.
Chapitre103
Olineditpaslemoindremotpendantquejerouleendirectiondel’hôpital.Ilalamainsurmacuissependanttoutletrajet,maisdansunerecherchederéconfortet non un geste de drague. Si nous n’étions pas aussi préoccupés par Marco,j’auraistrouvécegestetrèsromantique.Dansleparkingdel’hôpital,alorsquej’éteinslemoteur,Olisortdesatorpeur
pourinspirerunboncoup.—Cetype…c’estcommeunpèrepourmoi,dit-ilsoudain.J’afficheunsouriretriste.—Jesais.Ilm’aditqu’ilteconsidéraitcommesonfils,aussi.Ilbaisse la têtevers l’avantet j’aipeurqu’ilse remetteàpleurer,mais il la
redressepresqueaussitôt.—Jeseraifort.Jesuiscapabled’êtrefort,chuchote-t-il.Jemepencheversluietposeunemainsursongenou.—Oli,tun’aspasàl’être.— Arrête. Si Cél était là, elle serait forte. Elle l’a toujours été. Putain !
Commentellefait,tupeuxmeledire?Sa voix tremble. Mes doigts se referment plus fort sur son jean. Lorsqu’il
tournelesyeuxversmoi,ilchuchote,anxieux:—Tunemelaissespas,hein?—Non.Ilinspireunedernièrefois,puism’adresseunpetitsignedetêtedéterminé.—Allez.Onyva.Il marche désormais d’un pas rapide en direction des urgences. Je dois
pratiquementcourirpourlerattraper.D’unefaçontoutenaturelle,lesdoigtsd’Olisaisissentlesmienslorsquenousarrivonsàl’accueil,maisc’estmoiquiprendslaparole:—NouscherchonsMarcoSullivan.Ilaétéadmisunpeuplustôt,cesoir.Aprèsquelquesrecherchessursonordinateur,ellenousindiqueuncouloirque
nous empruntons. Plus nous approchons de l’endroit, plus la main d’Olivierécrase lamienne.Lemasque impassiblequ’il s’efforçaitvaillammentd’arborerse fissure légèrement lorsqu’il aperçoitMarie, assise surun siègedans la salled’attente.Aussitôt,ilrelâchemamainetvalarejoindre.D’unechaiseàuneautre,ilss’étreignentlonguement.—Mercid’êtrevenu,dit-elletoutbas.Olivierfinitparseredresser.—Alors?Tuasdesnouvelles?Ellesecouetristementlatêteetsemetàracontercommentc’estarrivé.Moi,je
restelà,debout,àattendre.Jenesuispassûred’êtreàmaplace,maisj’écoute,gênéedem’immiscerdanscetteintimité.Peut-êtreperçoit-ellemoninconfort,carMarietournelesyeuxversmoietm’adresseunfaiblesourire.—VousdevezêtreAmy.— Oui. Je suis navrée de vous rencontrer dans ces circonstances, dis-je,
contrite.Unsilencepasse,puisOliviermefaitsignedevenirm’asseoirprèsdelui,sur
lachaiseàsagauche.Iln’hésitepasàmereprendrelamain,commeça,devantcettefemme.Songestenepassepasinaperçu,maispersonneneditrien.Moi,çanemegênepas.Pourêtrehonnête…çameplaîtmêmebeaucoup…Marie entame la conversation avec Olivier, probablement pour tuer l’attente
qui va tous nous rendre fous.Elle le fait parler de son boulot,mais au lieu dedémarrerunediscussionsansconséquence,lesdoigtsd’Oliécrasentsoudainlesmiensetilmarmonned’unevoixbrisée:—Marcoétaitfatigué.Iltravaillaittrop.Ilmel’avaitdit…—Hé!lerassureMarieenpassantunbrasautourdesesépaules.Marcoadore
sonboulot!S’ilbosseautant,c’estparcequ’illeveutbien!—Maisilm’abienfaitcomprendreque…iln’enpouvaitplus…—Oli,jelegrondeàmontour,noussommesjustemententraind’embaucherdu
nouveaupersonnel.—Maisj’auraisdû…jenesaispasmoi,luidiredeleverlepied?Pourquoije
n’aipasvuqu’ilenavaittropsurlesbras?Il ravale ses larmes,mais elles sont toujours là, quelquepart au fondde ses
yeux.Personneneditrien,maisMarieluifrotteledospendantquejecaresseledosde samaindupouce. J’aibienpeurquenousne soyons làpourunebonnepartiedelanuit…—Jevaisnouschercherducafé,j’annonce.Oliretientmamain.Jemepencheversluietplongemesyeuxdanslessiens.
—Jevaisjusteàlamachine,àl’entrée.J’enaipourcinqpetitesminutes,dis-je pour le rassurer. On ne sait pas combien de temps cela peut durer. Autantprendredesforces…En réalité, j’ai besoin de faire quelque chose. Et j’ai besoin de café aussi,
surtoutaveclepeudesommeilquej’airéussiàrécupérer,lanuitdernière.Aveccette histoire, il faudra sans doute que planifie une réunion exceptionnelle autravail,etquej’accélèrel’embauchedunouveautechnicien.Dedeuxtechniciens,en fait.Surcecoup, il faudraque jedemandeàJuliettedemefileruncoupdemain…
Chapitre104
Amys’échappedelasalled’attente.C’estdéjàunmiraclequ’elleneprétextepas n’importe quoi pour essayer de nous planter là et rentrer chez elle. Jel’aperçois encore de là où je suis et je ne peux détacher mon regard d’ellependantqu’ellemet enmarche lamachine.Direque j’étais àdeuxdoigtsde laretrouver.Direquecettenuitauraitpuêtremagnifique…—Elleestjolie,chuchoteMarie.Jemetourneverselleethochelatêtesanschercherànier.—C’esttonassistante,c’estça?—Oui.Mais…j’aimeraisbienqu’ellesoitmapetiteamie.Marieposesamainsurlamienne.—C’estbien.Ilétaittemps.Jenerépondspas,parcequejenesuispascertainqu’Amyveuillevraimentde
moi.Direqu’onn’amêmepasprislapeined’endiscuter.«Plustard»,elleadit,avantdem’embrasser,commesiplusrienn’avaitd’importance.Quandellerevient,ellenousdistribuedescaféset jeportemachinalement le
mienàmeslèvres.C’estlong.Lent.Silencieux.Unepartiedemoiprie,alorsquejedétesteça,maispourMarco,jeveuxbienfaireceteffort.Uneautregardeunœil sur Amy qui sort un calepin de son sac à main et se met à écrirefrénétiquement dessus.Un peu déçu qu’elle neme reprenne pas lamain, jemepenchepourvoircequ’ellenote.—Qu’est-cequetufais?—Unelistedetoutcej’auraiàfaire,demain.Jegrogne:—Toutça?—Ilfautréunirtoutlemonde,contacterlesclientsdeMarcopourlesrassurer
et, surtout, embaucher de nouveaux techniciens.Deux, aumoins, sinon trois. JevaisdemanderàDrews’ilpeutfairelatransitionenattendantqu’onaitquelqu’und’opérationnel.
Jeladévisage,surpris.Est-cequeceneseraitpasàmoidefairecegenredechoses?—Jepeux…parlerauxemployés,situveux,jeluipropose.Lesgrandsyeuxd’Amysetournentversmoietellesourit.— Non. Toi, tu t’occupes de Marco et de Marie. Si j’ai un problème, je
t’appellerai.Ah!EtjepensequeceseraitmieuxquecesoittoiquitéléphonesàCécilia.Enfin…quandonensauraunpeuplus.Jepinceleslèvres,puishochelatêtepouracquiescer.Jen’aiaucuneidéedela
manièredontilfautannoncerleschosesàCél.Jemepasseunemainlourdesurlevisage pour chasser la peur quime noue l’estomac. Je ne veux pas queMarcom’abandonne,luiaussi.Est-cequejen’enaipassuffisammentbavé,putain?Pourchassermesidéesnoires,jeboisunpeudecafé,puisjetteuncoupd’œil
àl’heure.Presque23heures.Jeravaleunsoupir.—Situveuxrentrer…c’estOK,dis-jesoudain.Amyvientposersamainsurlamienne.—Jeresteavectoi.Ellen’apasmontrélamoindrehésitation,etçamerassure.Jeserresesdoigts
lorsqu’elleajoute:— Je note tout ça uniquement pour m’occuper l’esprit. L’attente me rend
nerveuse.Je comprends.Moi aussi, je le suis. On dirait que chaqueminute qui passe
ajouteunepierredans le fonddemonventre.Un frissonglacémepasse sur lanuque lorsque j’aperçois lemédecinqui s’arrêteprèsdenous, faisant sursauterMarieàmadroite.J’aidéjàvécucettescène.—Alors?s’empressededemanderMarie.—Plusdepeurquedemal,lâcheledocteur.Ilaeubeaucoupdechance.Probablement parce que jem’attendais à unemauvaise nouvelle, je n’arrive
pasàréagirdevantlabonne.Jerestelà,àfixerledocteurpendantqueMariemeprenddanssesbras.Quoi?Marcovabien?Çameparaîtirréel.—Évidemment, ilaurabesoinderepos.Unmois,peut-êtremêmedeux.Et il
devrafaired’autresexamens,danslesjoursquiviennent…Marie hoche la tête, remercie le médecin, fait tout un tas de commentaires,
alorsquejen’arrivepasàréagir.Cesontlesdoigtsd’Amydanslesmiensquimeforcentàtournerlatêtedanssadirection.—Toutvabien,medit-elle.Tupeuxrespirer.—Oui.Jesais.C’estjuste…Des larmes coulent demes yeux.De soulagement, je crois.On dirait que la
peur que j’ai emmagasinéedepuis que je suis ici s’est donnéepourmissiondesortird’uncoup.Amymeserrecontreelleetmelaissemeviderdemeslarmes.Quand je me calme, je dépose un léger baiser sur ses lèvres. Juste pour laremercierd’êtrelà,cesoir.Sentirseslèvresbougersouslesmiennesmerassure.Ondiraitquec’estdevenutoutnaturel,entrenous.Direqu’hiersoir,jen’arrivaismêmepasàlaprendredansmesbras…—Jevaisallerlevoir,annonceMarie.Lemédecinaccepte,maisseulementpourelle.—Jet’attendsici,dis-jeenfeignantunsouriredétaché.Mariesejetteàmoncou.—Non.Rentrecheztoi.Jevaisresteravecluicesoir,ettuviendrasprendrele
relaisdemain,tuveuxbien?J’acquiescemêmesiçamefaitbizarrederepartirsansavoirvuMarco.Sans
pouvoirm’assurerqu’ilvabien.Sansavoireulachancedeluidemanderpardonpouravoirétéunimbéciledepremière,cesdernierstemps.—Jet’appelles’ilsepassequoiquecesoit,mepromet-elle.Sesmotsdevraientmerassurer,maisçam’angoissedepartir.Pourtant,lorsque
Marie suit lemédecin en direction de la chambre deMarco, je laisseAmymeprendre lamainetme ramenervers la sortie.Mon téléphonevibreavantmêmeque nous ayonsmis un pied dehors. Jem’arrête et sorsmon appareil, la gorgenouée. Marie m’a envoyé une photo de Marco. C’est bien lui, faible, maissouriant.Vivant.Amym’embrassesurl’épaule.—C’est con.Ondiraitque j’aipleindechosesà luidire,maintenant, je lui
avoue.—C’estnormal.Maistupourrastoujoursluidiredemain.J’afficheunpremiervraisourire,avantdeluijeterunregardtimide.—Àtoiaussi,j’aideschosesàdire.Elleémetunpetitrireetj’ail’impressionqu’ellerougit.—Làaussi,onverraçademain.Ilesttard.Rentrons.Jehochelatêteetlasuisendirectionduparking.L’airdel’extérieurmefaitun
bienfouetjelerespireàm’enfendrelespoumons.Mêmesijen’arrivetoujourspasàlecroire,toutvabien.MarcoestvivantetAmyestlà.Avecmoi.
Chapitre105
Amymeraccompagnechezmoi.Jeserreunpeuplusmesdoigtssursacuisse.Dèsqu’ellesegaredevantchezmoi,jem’empressededemander:—Turestes…?Ellegardelesilenceetj’ajoute:—Jen’aipasenvied’êtreseul.—OK,dit-ellesimplement.Ellearrêtelemoteur.Pourquoiest-cequejesuisaussinerveux?—Jesaisque la journéeaété longue,dis-jeencore.Et si tuveuxseulement
qu’ondorme…çameva.Elletourneunvisagesouriantdansmadirection.—J’aisurtoutenvied’unedouche.—Lamienneestàtadisposition.Jen’osepasluidirequemalgrélesvivesémotionsdelasoirée,toutlerestede
moncorps est aussi à sadisposition. Jen’aiqu’à songer au fait qu’Amymontechezmoi,etondiraitdéjàquelafatigues’estompe.—Ilfaudraquetumeprêtesunt-shirtpourdormir,lâche-t-elle.—OK.Jeme retiensde lui dire qu’elle pourrait aussi dormir nue.Avecma chance,
ellevoudraqu’onremetteçaàuneautrefois.Etpourtant,elleest lapremièreàouvrirlaportièrepourquitterlevéhicule.Soulagé,jem’empressedeluiemboîterlepas.Ça fait longtempsque jen’aipasproposéàune filledevenir chezmoijustepourdormir.Amyavraimentchangéladonne.Une fois en haut, je redeviens nerveux comme un adolescent lors de son
premierrendez-vous.J’aiencorepeurdetoutgâcher,maisAmyposesonsacsurlatableetmarcheendirectiondemasalledebains.—Allez!Unedoucheetaulit!annonce-t-elle.Je l’observe pendant qu’elle s’éloigne. Elle s’arrête devant ma porte, fait
basculer son t-shirt par-dessus sa tête et se tourne versmoi, dans son soutien-
gorgetoutsimple.Pendantquesesdoigtsdéfontledevantdesonjean,ellejette,meprenanttotalementparsurprise:—Tum’accompagnes…?Immédiatement, je la rejoins en quelques enjambées. Je fais valsermon pull
puisnousrentronsdanslapetitepièceetjemedépatouilleavecmonjeanpendantqu’ellesepenchepourdémarrerlejetd’eau.Toujoursdosàmoi,elledéfaitsonsoutien-gorgeetfaitglissersonpantalonverslebas.Çadoitêtrelafatigueetlestressdecettejournée,maisj’ailasensationderêver.Amyseretourneversmoi,avised’unregardmonérection,etunsouriremoqueursedessineaucoindeseslèvres.—Jetefaistoujoursautantd’effet,ondirait…Ungloussementplus tard,elledisparaîtderrière lerideauopaque.Jesorsde
ma torpeur et m’empresse d’aller la retrouver sous le jet d’eau chaude. Etpourtant,jeresteàl’écartcommesijen’osaispaslatoucher.Je contemple ses fesses pendant qu’elle se penche pour récupérer le gel
douche.Puissapoitrineapparaîtàmavuealorsqu’elleestentraindel’enduirede mousse. Je comprends soudain qu’elle cherche mon regard. C’estprobablement ce que j’attendais.Un signe.Alors jem’approche d’elle et je laplaque contre lemur pour emprisonner sa bouche sous lamienne.Elle rit sousmes lèvres et neme repousse pas. Il nem’en faut pas plus pour quemamaindescende et s’attarde longuement sur son ventre. Elle gémit et je grogned’excitation lorsqu’elle écarte les jambes pour me faciliter l’accès. Elles’accrocheàmanuquequandjelapénètredoucementdemesdoigts.— J’ai tellement envie de toi, je chuchote en passant mon pouce sur son
clitoris.Sonsouffles’emballeetelleseraiditcontremoi.—Quelleimpatience,marmonne-t-elled’unevoixrauque.—J’aiétépatient.J’aiattendutouteunesemaine,lacontredis-je.Ellerit,maislesons’étouffevitedansuneplainte.J’aienviedereprendresa
bouche,maisjem’enabstiens,carjeveuxcontinueràlavoirainsi:entraindejouirsousmesdoigts,s’abandonnantpeuàpeuàmesgestes.Jepourraissouleverl’unedesesjambespourlaprendreici,toutdesuite,maisjen’enfaisrienetjesavoure ce moment où Amy n’appartient qu’à moi. Quand elle lutte contre leplaisirpourvenirplongersesyeuxdanslesmiens,savoixtremble.—Surtout,net’arrêtepas!Nonseulementcen’estpasmonintention,maisj’accélèremêmemescaresses
contresonclitorisgonflépourlarendrefolle.Amyouvrelaboucheetgémit,puis
megriffelanuquedesesonglesalorsqu’elleperdlatête.—Oh…Oli!Oli!Elle étouffe son cri en attirantma bouche contre la sienne, puis dévoremes
lèvres en se tortillant contremoi. Au lieu de la laisser tranquille pour qu’ellepuissereprendresonsouffle,jelaissemesdoigtsrevenirenelleetjesavourelafaçon dont son orgasme la fait se contracter autour de mes doigts. Je souris,heureuxdelafaçondontellem’acédéetplusencorede l’étreintedontellemegratifie. Sa jambe s’est enroulée autour de ma cuisse comme pour me retenircontreelle,etjepourraissimplementvenirglissermonérectionplusqueprêtelàoùsontmesdoigts,maisjen’enfaisrien.Pourtant,j’aienvied’elle,maisd’unefaçonbiendifférente,cesoir.Enfait,j’aienviedecomblerAmy.Derépondreàsesmoindresdésirsetdel’emmenerauseptièmeciel,plusieursfois.D’êtreàsespetits soins, et qu’elle comprenneque cela dépassede loinune simple relationphysiquepourmoi…
Chapitre106
J’aibiencruqu’Oliallaitsejetersurmoidèsquej’auraisjoui,pourprendresonpiedàsontour.Maisnon.Ils’éloigne,faitcoulerunpeudegeldouchedanslecreuxdesamainetrevientmenettoyer,sansunmot.Sesmainscaressentmapeau,contournantmesseinsetmoncou.Quandilmedemandedemetourner,jeplace mes mains à plat sur le carrelage et lui tends mes fesses. Contre touteattente, il prend sa tâche au sérieux, me massant longuement les épaules et ledos…avant devenir enfin s’attarder plus bas. Je ferme les yeux et savoure cemomentparfaitdedétente.Je suispersuadéequ’ilvabientôt tirermeshanchesvers l’arrièrepourvenir
s’enfoncerenmoi.Ilfrottesonérectioncontremesfessesetjesenscombienilestprêtàmeprendre,maisàmagrandesurpriseilvientenroulersesbrasautourdematailleetenfouirsonvisageprèsdemanuqueavantdes’immobiliser.—Tum’astellementmanqué,chuchote-t-ild’unevoixchargéed’émotion.Jevoudraispivoteretlevoir,maisilmeretientenmeserrantplusfortcontre
lui.—J’aieutellementpeurdeteperdre,admet-ilencore.J’aicrudevenirfou.—Oh…Oli!Je luttecontresaforcepourpivoterentresesbras,et jeviensmejeteràson
cou.Mesdoigtscaressentsonvisageetjelesensémudanslebaiserqu’ilvientposersurmeslèvres.C’estprobablementlestressdecettejournée,lapeurqu’ilaeuedeperdreMarco…,etlafatigue,aussi.Etpourtant,jepeineàcontenirlajoiequesesparolessuscitentenmoi.—Allez,àmontourdetenettoyer,j’annonceenespérantchasserl’émotionqui
megagne.Jememetsimmédiatementàlatâche.Jefrottesapeaudemesmainsenduites
de mousse, puis je rince le tout rapidement sous le jet d’eau avant de venirembrassersontorse.Malangueremonteverssoncouetlèchesabouchependantquemesdoigtsserefermentautourdesonérectionlourdeetgonflée.
—Moiaussi,j’aienviedet’entendrejouir,jeluiavoue.Je lebranledoucement, surtout parceque jeneveuxpasque tout se termine
trop vite. J’aime sentir son regard de feu sur moi. Dans ces instants-là, j’ail’impressiond’êtrelaseulequicompteàsesyeux.Et,jedoisl’admettre,j’aimece lien qui se forme entre nous. C’est peut-être une illusion,mais ce soir, j’aienvied’ycroire.Sans réfléchir, jeme laisse tomberàgenouxet continuede lecaresser tout en déposant de petits baisers sur son ventre. Il se met à gémird’anticipationbienavantque je remplacemesdoigtsparmabouche.Songlandglisserapidemententremeslèvresetjelepoussetoutfondavantdememettreàlesuceravecapplication.Olivierlâcheunrâlequidevienttrèsviteuneplainte:—Amy!Mes mains empoignent ses fesses et j’accélère le rythme, son gland frottant
contrema langueàchaquepassage. Ilgémituneprotestation,et soudainsoncrirésonne dans la pièce. Ses doigts retiennent ma tête contre lui pendant qu’iléjacule. C’était rapide, mais je me doute que l’effet de surprise y était pourquelque chose. Étrangement, je n’essaie pas d’échapper à sa prise. Je reste enplaceet jecontinuedelesucer jusqu’àcequesesspasmess’estompentetqu’ilreprennepeuàpeusesesprits.Aulieudeseféliciterd’avoirenfineumabouche,Oliselaissetomberàgenouxdevantmoietm’étreintavecforce.Ilsouffleàmonoreille:—Merci.Nerveusedevantunetelleémotion,jem’exclameenriantunpeu.—Quoi?Tumeremerciespourunepipe?Ilsereculeetmechercheduregard.—Quoi?Non!proteste-t-ilaussitôt.Çan’arienàvoir!Il pose sa main sur ma joue et me dévisage comme s’il me voyait pour la
premièrefois.— Merci de m’accorder cette deuxième chance, dit-il au bout d’un long
silence.Sesparolesmenouentleventre.Ilvamefairepleurer,cetidiot!Jeserreles
dents.—Parcequetuvasmelaissercettechance,pasvrai?Jeveuxdire…tunevas
pas filer en douce demainmatin, etme dire que tu préfères qu’on en reste là,hein…?Parcequ’autantteledire,jenesuispasprêtàtelaisserfiler.Incapabled’ouvrirlabouche,jereviensmelovercontrelui.Olisoupireprès
de mon oreille, comme si mon geste suffisait à le soulager d’un poidsconsidérable. Je ferme les yeux, étourdie par sa déclaration. Et pourtant, je ne
veuxpascédersivite.J’aipeur.Jecherchedesprétextespournepascroireauxdouces paroles d’Olivier. Après tout, cette journée a été éprouvante pour lui.Peut-êtrequ’ilaeupeurdemeperdre,maisilfinirabienparselasser,pasvrai?— On devrait aller se reposer, dis-je d’une petite voix. On a beaucoup de
travailquinousattend,demain.Oliviermelibère,puishochelatête.—OK.Ilseredresseetmetendlamainpourm’aideràenfaireautant.Unefoissec,il
sort de la salle de bains, complètement nu, pendant que jem’enroule dans uneserviette.Jesorsàsasuiteetresteplantéelàuninstant,gênée.Çamefaitbizarred’être chez lui et de le regarder chercher un t-shirt qu’il me tend bientôt. Jel’enfileetj’attends.Iltapotelaplaceàsadroiteetjevienslerejoindredanssonlit.Ladernièrefoisquenousavonspartagéunlit,c’étaitàVegas,etj’aiencorelesouveniramerdemonréveil…Olivieréteintlalumièreetremontelacouverturesurnous,puisenrouleunbras
autourdemataille.Jebougejusqu’àtrouverunepositionconfortableetfermelesyeuxpouressayerdedormir.Jesuisépuisée,maisçamefaittoutdrôled’êtrelà.Etdetouteévidence,jenesuispaslaseule,carilchuchote,commes’ilcraignaitdemeréveiller:— C’est la première fois qu’une fille dort dans mon lit depuis… depuis
Marianne.J’ouvrelesyeuxetleregarde,éberluée.—Sijeprendstropdeplace,tupeuxmefoutreuncoupdecoude!C’estbête,maissesmotsmefontéclaterderire.Sansréfléchir,j’attiresatête
prèsdelamienneetl’embrasse.Lorsquejelelibère,ilmefixe,surpris.—Jecroisqueça ira, je le rassure.Tantque tunemebaisespascommeun
sauvageauréveiletquetunem’appellespas«poupée».Àsontourd’éclaterderireavantdeselaissertomberdoscontrelematelas.—Sijerefaiscetteerreur,frappe-moi,tuveux?Ilglissesonbrassoussatête.Sansréfléchir,jepivoteetvienscalermajoue
contresonépaule,heureusedecepetitmomentdedétente.—Ceseraavecplaisir,jechuchote.Son torse tremble quand il se remet à rire, puis ilm’enserre d’un bras et sa
mainmecaressedélicatementl’épaule.Jem’endorsenquelquesminutes.
Chapitre107
Quand jeme réveille, jem’étire sous les draps avant deme remémorer lesévénementsdelaveille.Marco…Amy…Aussitôt,jetournelatêteversladroiteetmeredresse,étonnédenepassentirdecorpsfémininprèsdumien.Jeregardepartout, puis je tends l’oreille,mais je neperçois rien.Putaindemerde !Amys’esttirée!Énervé,jemelève,etjerécupèremontéléphonedanslefonddemapochede
jean.J’yretrouveuntextod’elle:«Jesuisaubureau.Repose-toi.A+Bisous.»Jerelissesmotsaumoinstroisfois.Elleaécrit«Bisous»,c’estbonsigne,non?Elleestpartiebosser,maisellenem’apaslargué!Etjen’aipasrêvécequis’estproduit,cettenuit!D’unpaslourd,jeretournemejeterdansmonlitetjeprendsunmomentpourmeremémorerlechantd’Amysousladouchequandjel’aifaitjouir.Jen’arrivepasàcroirequ’ellem’aitdonnésabouche!Encoremoinsunedeuxièmechance!SongeràAmymedonneenviedemeleverpourlasecondefois.Direqu’Amy
estautravailetquejesuislà,àmeprélasserdansmonlit.N’est-cepasàmoidem’occuperdeStarlight?C’estmacompagnie,après tout !Pourmeréveiller, jevaismefairecouleruncaféet jem’habillependantquematasseseremplit.Jetéléphone àAmy, surtout pour entendre sa voix.Et pourm’assurer quenous nesommespasenfroid,elleetmoi.—Saluttoi,merépond-elled’unevoixenjouée.Déjàdebout?Jesourisdevantsabonnehumeur,maismeplainsquandmême:—Tuauraisdûmeréveiller…—J’avaisduboulot,cematin.D’ailleurs,jen’aipasbeaucoupdetemps.J’ai
planifiéuneréunionaveclestechniciensà11heures.Jejetteuncoupd’œilàl’horlogeavantderetenirungrognement.—Onzeheures?Jen’auraijamaisletempsd’yêtre!— Je m’occupe de Starlight pour le moment. Toi, appelle Cécilia et passe
plutôtvoircommentvaMarco.Jeteraconteraitout.
—Àquelleheureturentres?—Jenesaispas.IlfautquejefasseremplacerMarcosursesprojetsactuelset
jedoismettrelesbouchéesdoublespourembaucherdenouveauxtechniciens.Jesais que c’est cher, mais j’ai engagé un chasseur de têtes pour dégoter lesmeilleurscandidatspossible.—Jepeuxt’aider,dis-je,incertain.—Pourl’instant,çava,maisonenreparleraplustard,situveux…Jefroncelessourcils,légèrementagacéqu’ellemetienneàl’écart.Aprèstout,
c’estdemacompagniequ’ils’agit!Meprend-ellepourunincompétent?—Pourlesentretiens,jepeuxlefaire,j’insiste.Etjepeuxcertainementgérer
lesprojetsdonts’occupaitMarco…—JevaisdéjàvoiravecDrewcequ’ilenpense.S’ilabesoind’uncoupde
main, tu l’aideras. Toi, il faut que tu rassures Marco. Et n’oublie pas detéléphoneràCécilia!Avantquejenepuisseprotesterdavantage,jeperçoisunevoixauloin.Jecrois
quec’estcelledeClara,maisAmyreprend,avantquejen’entendecequ’elledit:— Je suis désolée, mais il faut que j’y aille. Donne-moi des nouvelles de
Marcodèsquetuenas,tuveux?D’untrait,elleraccroche,etjerestelà,toutpenaudauboutdelaligne.Merde!
Jenevaisquandmêmepaslaissercettefilletoutgéreràmaplace!
Chapitre108
J’avouequej’aiétéexpéditiveavecOli,maisjecroulesousletravaildepuiscematin.Et jen’aipasassezdormipourêtreàmonpleinpotentiel.Dèsquejesuisarrivéeaubureau,cettepetitepestedeClaram’aregardéedehautlorsquejeluiaidemandédeconvoquertoutlepersonnelpouruneréuniond’urgence.Jesaisbienquejenesuispasicidepuislongtemps,maisjesuisquandmêmel’assistantepersonnelled’Oli!Labonnenouvelle,c’estquemonchasseurdetêtesvas’occuperdemerecruter
des techniciens de qualité. Il faudra quandmême leur faire passer un entretien,mais jevaisgagnerun tempsprécieux!Leplusurgent,c’estderassurer tout lemonde et dem’assurer que les projets dont s’occupaitMarco poursuivent leurprogression…Quandjerejoinslesautresensallederéunion,jesuisnerveuse.Pourtant,tout
estprêt,etjesaisexactementquoidire,maisjen’aimepasavoiràannoncerunemauvaise nouvelle. Embaucher des techniciens, ce n’est pas trop compliqué.RemplacerMarcoaupiedlevé,çal’estdavantage.Surtouts’ilfauts’assurerqueles clients soient satisfaits, et que personne ne se désespère devant la chargesupplémentairedetravailquileurtombedessus…—Bon…qu’est-cequi sepasse?demandeDrewdèsque jem’installe à la
chaiseauboutdelatable.EtoùestOli?—Marcoestàl’hôpital.Lebruitquirégnaitdanslapièces’éteintaussitôt,etjem’empressed’ajouter:—Ilaeuuneattaque,hiersoir,etilapassélanuitàl’hôpital,maisçava.Oli
estretournéluirendrevisitecematinavantdeveniraubureau.Les questions fusent de tous les côtés, et certains employés semblent sous le
choc. Et pour cause ! La semaine dernière encore,Marco paraissait en pleineforme!—Écoutez,dis-jeenhaussant le tonpourramener lecalme,pour lemoment,
tout ce qu’on peut faire, c’est remplacer Marco dans ses contrats actuels en
attendantquejepuisseembaucherd’autrestechnicienspourprendrelerelais.—Ilseraabsentlongtemps?questionneDrew.—Jen’ensaisrien.—Entre sixàhuit semaines,mais il sera suivi régulièrementpendant les six
prochainsmois.La voix qui vient de résonner est celle d’Olivier qui entre dans la salle de
réunion sans s’annoncer. Je suis aussi surprise que les autres de le voir. Nedevrait-il pas être encore à l’hôpital ? Aussitôt, on s’enquiert de la santé deMarcoetils’empressedefairetairetoutlemondeavantdevenirseposteràmagauche.—Ilvabien,maisj’aichargéCéciliadeluitenircompagnie,aujourd’hui,pour
queMariepuissesereposerunpeu.Deboutàmescôtés,ilajouteàmonintention:—Tupeuxcontinuer,Amy.—Bien…euh…Jejetteuncoupd’œilàmesnotes,nerveused’êtresuperviséeparmonpatron.—Ilyadeschancesqu’onsoitforcésdemettrequelquesprojetsenattente,le
tempsquej’embauchedenouveauxtechniciens.Drewdemandeimmédiatement:—Combiendetempsest-cequeçavaprendre?—Jenesaispas, je luiavouefranchement.Selon l’expériencedescandidats
quenousallonsrecruter,jedirais…entretroisetcinqsemaines.Lesvisagess’assombrissentautourdelatableetjesuisforcéed’ajouter:—Jenevousmentiraipas,j’aiaussibesoindevolontairespourreprendreles
dossiersdeMarco.Ondiraitquetoutlemondeestsouslechocautourdelatable,quandOlivier
lâche:—Enfait,jeprendrailamajoritédesesdossiers,maisjenepourraipastout
gérer seul. Il me faudrait un ou deux techniciens pour m’assister dans mesdécisions.Je suis la première à tourner la tête vers lui pour voir s’il ne plaisante pas.
C’estDrewquiréagitenpremier:—Mais…tun’espastechnicien!—C’estvrai,mais jenesuispasunparfait incapablenonplus, répliqueOli
d’untonunpeurude.Etilsetrouvequejesuisceluiquialeplusdetempslibre,autourdecettetable,alorsautantmerendreutile.C’estmacompagnie,aprèstout.Je retiens ma respiration, anxieuse. Jamais je n’avais imaginé qu’Olivier
s’impliqueraitautant…Aurait-ilpréféréquejeleconsulteavantdeproposertousceschangements?Comme personne n’ose intervenir, il fait un petit signe de tête pour clore la
réunion.—Bien.Ce sera tout.Et je tiens àvous remercierduboulotquevous faites
pour Starlight.Des événements comme ceux-cime font réaliser que je ne vousfélicitepassuffisamment.Etmêmesijesaisquelesprochainessemainesserontchargées,jevousprometsqu’Amyetmoiferonstoutnotrepossiblepourqueleschosesrentrentdansl’ordretrèstrèsvite.Je hoche la tête pour appuyer ses paroles. Les gens se lèvent, discutent, et
aussitôtOlisetourneversmoi.—Tuviens?Onaduboulot.Sansunmot, jelesuisendirectiondemonbureau,maisjen’aipasfaitdeux
pasàl’intérieurdelapiècequ’ilrefermelaportederrièrenousetm’enlacepar-derrière.Ilenfouitsabouchedansmescheveux,toutprèsdemonoreille.—Saluttoi.Jet’aimanqué?Jesourisetpivotepourluifairefaceetl’embrasser.Ilcherchemonregard.—Çat’embêtequejeteprennedansmesbrasici?—Non,dis-jesimplement.Jen’oseluidirequej’auraismêmepréféréqu’illefassedevanttoutlemonde,
etnonpasencachette,commeBenavaitl’habitudedelefaire,maisuntelgesteàlaréuniondecematinauraitétédéplacé.—Tum’asmanqué,auréveil,avoue-t-ilenmegardantdanssesbras.Touchée,jem’empressededissimulermonémotion.—TunedevaispasallervoirMarco,àl’hôpital?— Je suis passé en coup de vent pour lui dire que tout allait bien, et j’ai
demandéàCéldeveillersurluiaujourd’hui.Nous,onaduboulot.—Jepouvaism’occuperdelaréunion,tusais.—C’estàmoidefaireça,Amy.Mêmes’iln’yaaucunreprochedanssavoix,jem’empressedemejustifier:—Jenevoulaispastemettreàl’écart.C’étaitjustepourt’aider.—Je sais, dit-il, et je suis conscient que j’ai fait unpeun’importequoi ces
dernières années, mais Cél gérait tout, alors… je t’avoue que je ne sais plusexactementoùestmaplacedanscetteentreprise…—Tuasagicommeunchef,durantlaréunion,admets-jeavecunpetitsourire
ravi.— Oui, bon… j’ai un peu frimé, mais j’étais sincère en disant que j’allais
bosser.Etjenetementiraipas:jevaisavoirbesoindetonaide.—Tupeuxcomptersurmoi.Son sourire se confirme et ilme vole un nouveau baiser enme serrant plus
étroitementcontre lui.Cette fois, sa languechercheàvenirà la rencontrede lamienne et il me bouscule jusqu’à ce que je me retrouve coincée contre monbureau.Jeperds lesouffleenm’accrochantàsoncou,et jesensmoncorpsquis’éveille dans l’espoir qu’il me touche. Lorsqu’il met brusquement fin à notrebaiser,jeravaleungrognementdefrustration.—Ona…dutravail,halète-t-ilenreculantd’unpas.Ilmefixe,puisfroncelessourcils.—Nemeregardepascommeça!Ilrevientsurmoietreprendmaboucheavantdemesouleverpourmejucher
sur le rebord du meuble. Il remonte ma jupe d’une main empressée. Lorsqu’ilatteint ma culotte, je ravale un râle et je retiens sa lèvre inférieure entre mesdents. Il me pénètre de ses doigts avec empressement. De chaque côté de soncorps, mes cuisses l’enserrent et mes pieds cherchent à le ramener vers moi.Bordel!J’aienviequ’ilmebaiseicimême!Dans un juron, Oli cherche soudain à échapper à mon étreinte avant de
gronder:—Descendsdelà!Sur le moment, je ne comprends pas. Quand des coups se font entendre, je
blêmis. On frappe à la porte ! Ma parole, j’ai complètement perdu la tête !Aussitôt,jemelaissetombersurlesoletreplacemajupe.J’ailesjouesenfeu!Olimarcheendirectiondel’entréeenpestant:—Uneseconde!Ilaladélicatesseden’entrouvrirquepartiellementlaportepourrépondreau
visiteur.Moi,jerestelà,perduedanslessensationsqu’ilvientdeprovoquerenmoietleventrebrûlantd’envie.Avecdifficulté,jetentedereprendremesesprits.Quandlaportesereferme,Oliresteàdistanceetmejetteceregardquimefaitvibrerdelatêteauxpieds.—Jenetedispasdansquelétatjesuis,gronde-t-il.Jem’entendsrépondre:—Etmoidonc!Dansungeste lent, ilvient lécher sesdoigtsenmeprovoquantdu regard.Le
salaud!Jesuisvengéeparsonportable,quisemetàsonnerdanssapoche.Illesortengrimaçant.— Eh merde ! Il faut vraiment qu’on bosse, autrement on ne partira jamais
d’ici!Ilrépondetmefaitsignedemeremettreautravailavantdesortirdubureau.
Quoi ? Il me laisse vraiment comme ça ? Bordel ! Comment je suis censéetravailleraprèscequ’ilvientdemefaire?
Chapitre109
Direquejem’étaispromisderesterdigneavecAmy,aujourd’hui.Jemesuisdépêché de venir la rejoindre au travail pour lui filer un coupmain,mais à lasecondeoùjel’aivue,danssonpetittailleurjupe,jen’aisongéqu’àunechose:latoucher,lacaresser,vérifierqu’ellevoulaittoujoursdemoi,surtoutparcraintequemessouvenirsdelanuitdernièreaientétéfaussésparmonimaginationtropfertile…Amyesttoujoursavecmoi.Et maintenant que j’ai failli la faire jouir, je peine à me concentrer sur ma
conversation téléphonique avec Marc Brompton. Je suis obligé de mettre sonprojetenattenteletempsquetoutrentredansl’ordrechezStarlight,maisjedoisréussir à le rassurer et lui faire comprendre que c’est provisoire et que çan’entacherapaslaréussitedenotrecollaboration.— Écoutez, est-ce qu’on peut voir les détails par mail ? Je pourrai
probablementmieux estimer les délais en fin de semaine.Bien sûr, on reste encontact!Quandjeraccroche,jeretournedanslebureauetyretrouvesanssurpriseAmy
entraindetravailler.L’oreillecolléeàsontéléphone,concentrée,elleestentraindeprendredesnotes.Etpourtant,lorsqu’ellerelèvelesyeuxversmoi,mêmesiça ne dure que trois secondes, on dirait que la tension monte dans la pièce.J’adorecettefille.Sijenemeretenaispas,jeluiarracheraiscetéléphonepourl’obligeràm’accordertoutesonattention.Lorsqu’elleraccroche,jefinisd’examinerlesCVdescandidatspotentiels.Elle
raillesoudain:—Tuaslaissélaporteouverte!Jerétorquedutacautac:—Pouréviterdetesauterdessus,qu’est-cequetucrois?En voyant la façon dont elleme dévore des yeux, je regrette de ne pas être
vraimentseulavecelle.Cetteporteentrouvertenesertàrien:jenemesenspas
plussagepourautant!Ellesepasseunemainlourdesurlevisageetgrogne:—Merde!Onn’arriverajamaisàbosserensemble!—Qu’est-cequeturacontes?Onatoujoursbienbossétouslesdeux!—Jeveuxdire…danscetétat!Est-cequ’elleestentraindemefaireuneoffre?Ellejetteuncoupd’œilàson
téléphonepuisunregardmalicieuxsurmoi:—Sionallaitmanger?Jelafixe,unpeuperplexe,etelleajoute:—Ilyadesrestesdepizza,chezmoi.Lesdocuments sur lesquels je travaillais disparaissent immédiatement, autant
de mon esprit que de mes mains, car je bondis sur mes pieds, et balancenégligemmentlespapierssurlebureaudevantelle.—Enmêmetemps,cen’estpastrèsprofessionnel,lâche-t-elleavecunepetite
moue.Onatellementdeboulot…Jem’arrête,effrayéqu’elleveuilleannuler,maisellecontinue,ense tapotant
leslèvresd’undoigt.—Remarque…aprèsunebonnebaise,jeseraisûrementplusproductive,dit-
elleencore.Je hoche fébrilement la tête et pose une main sur la poignée de la porte.
Lorsqu’elles’approchedemoi,jeretiensmonsouffle.—Uneheure,pasplus.Ondoitêtrederetouravant13heures30.Je lui offre mon plus beau sourire. Dire que je me serais contenté de dix
minutes sur ce bureau et que je viens de gagner une heure ! Conscient que letransportet lerepassontprobablementcomprisdanscedélai, jeposeunemaindanslecreuxdesesreinsetlaguidehorsdelapièce.—Vite,autrementjenerépondsplusdemoi.Songloussementmeplaît.Elleparaîtaussipresséequemoi.Jesensquejevais
merégaler,cemidi…etjeneparlepasdesrestesdepizza!
Chapitre110
Je me concentre tant bien que mal sur la route. Ce serait bête d’avoir unaccidentàdixminutesdelamaison!Olineditpaslemoindremot,maisilgigotesurlesiègepassageretjelesoupçonnedelutterpournepassejetersurmoidansla voiture. Eh merde ! Comment est-ce possible d’avoir autant envie l’un del’autre?Moiquipensaisqu’iln’enauraitplusrienàfairedemoiunefoisqu’ilauraiteudroitàmabouche…Alors que je glissema clé dans la serrure, Oli est déjà derrièremoi, à me
caresserlesfessespar-dessusmajupe.J’aiàpeineouvertqu’ilmepoussepourmefaireentreretclaquelaportederrièreluid’unsimplecoupdepied.Jelaisseéchappertoutesmesaffaireslorsqu’ilmecoincecontrematabledelacuisine.Samaincherchedéjààrepoussermaculotteetjegémisdèsqu’ilmepénètredesesdoigts.—Jenetedispascommejesuisexcité,halète-t-ilenm’arrachantunnouveau
râle.S’ilcontinue,ilvafinirpardéfairesabraguetteetmeprendreici,commeça,
maisnon.Ils’évertueàmefairejouiravecdescaressesrapides.—Oli!jegronde,ensentantmontermonorgasme.Baise-moi!—Non…Jeveuxquetujouissesd’abord.Je gémis, puis pousse un cri lorsque mon corps rend les armes, tous mes
musclessetendant.—Bordel…j’adoreça,jemarmonne.—Danstachambre.Toutdesuite.Unpeuamorphe,jerigoledecetonautoritaireettitubeendirectiondelapièce
dufond.Prèsdemonlit,jedéfaislentementlesboutonsdemonchemisierblancquejelaissetomberavantdepivoterversd’Oli.Iladéjàretirésont-shirtetsetortillepourenleversonjean.Étrangement,ilgardesoncaleçon.—Tonsoutif,ordonne-t-ilens’accroupissantpourenleverseschaussettes.Endeuxmouvements,jefaistombermonsoutien-gorge,puisjedéfaismajupe
quitombesanspeinesurlesol.Aulieuderetirermaculotte,jem’assoissurlelitetglisseunemainsousletissu,lesyeuxrivéssurOli.—Tuveuxmerendrefou?—Oui,j’avoueenmelaissanttomberversl’arrièreetenécartantlescuisses.EnquelquessecondesOlivierestsurmoi,àfaireglissermaladroitementmon
sous-vêtement le long de mes jambes. Bientôt il force mes cuisses à s’ouvrirdavantageetjesursautelorsqu’ilvientposersabouchesurmonsexe.Salanguesefaitrudeetvorace,mefaisantvibreraurythmedesescaresses.Moiquisuisdéjàtrèssensibleàsoncontact,jemeremetsàgémir.Ilsaitvraimentyfaire!—Ohoui…Je m’accroche à ses cheveux et, au bout de quelques minutes de délicieuse
agonie,jegronde,soudainpresséedelesentirenmoi:—Oli!Baise-moi!Ilémergedemescuisses,levisagetrempé,puisremonteensetortillantentre
mesjambespourretirersoncaleçon.Demesmains,j’emprisonnesonvisagequej’embrasse sans hésiter,me goûtantmoi-même sur ses lèvres. Se guidant d’unemain,Olimeprendd’uncoupsec.Ilgémitcontremaboucheavantdes’arracheràmonbaiserpourmefixeravecunedrôled’expression.—Sanscapote,çava?Merde!Lepréservatif…jen’ypensaisplus.—Parcequej’enai,s’empresse-t-ild’ajouter,mais…aveclestestset…—Çava,jelecoupeenvenantnouermesjambesderrièrelui.Ilseretireavantdereplongerenmoi.—Oh…Amy…jenetedispascommeçam’excite.Ilremontel’unedemesjambessursonépaule,puismeserrecontreluiavant
desemettreàmeprendreàgrandscoupsdehanches.Jefermelesyeuxquandilhalète.—Jesuistropexcité…jenepourraipastenirlongtemps…Jel’encourageenallantàlarencontredesesmouvements.Lesdoigtsd’Olise
font rudes surma peau et bientôt il perd la tête, tout enfoui entremes cuisses.Après avoir poussé un rugissement, il laisse tomber sa tête près de lamienne,maisneseretirepas.Jel’écoutereprendresarespiration,mêmes’ilestlourdetquesapeausefaitmoitesurlamienne.Unmomentplustard,ilchuchote:—Jen’aipasl’habitudedebaisersanscapote.Jelâcheunrirenerveux.Ça,c’estOli:toujoursdélicatetdistingué.Commeje
nerépondspas,ilseredressepartiellementpourcroisermonregard.—Enfait…çadoitfairedesannéesqueçanem’étaitpasarrivé.
—OK,dis-jesimplement.Ilmescrute,commes’ilattendaitquejerépliquequelquechose.— Disons que ça va me prendre… un peu de temps avant de m’habituer,
explique-t-ilencore.Parcequeçam’excitecommeunfoude teprendrecommeça,jenevaispastelecacher.Jesourisetluicaresselajoue.—D’accord.J’avoue que j’espère qu’il en restera là, mais il fronce les sourcils et me
questionne:—Tun’espastropdéçue,alors?—Déçue?—Ouais,parceque…parcequej’aijouitropvitepourquetuaiesunnouvel
orgasme…Sagênemedonneenviederireetjeneleluicachepas.—Jecroisquejenesuispasàplaindre,jeleraillegentiment.Oliafficheaussitôtunlargesourire.—OK.Alors…çava.Ilseretire,maisrestelà,àgenouxentremesjambes,alorsquesonairsoucieux
revient:—Maistuprendslapilule,hein?Jeveuxdire…iln’yapasderisque?Jemerelèveàmon tour,unpeucoincéeparsoncorpsmassif,etm’exclame,
incrédule.—Toi,alors!Tun’enratespasune!—Quoi?Jeposelaquestion!—Oui,maisilfallaitlaposeravantd’éjaculer,imbécile!Ilfroncelessourcils.—Tuesfâchée?Parceque…l’idéedeteprendresansbarrière…jet’avoue
queçam’aexcité,alors…jenevoulaispasgâcherlemoment.Jesoupireavantdemecontorsionnerpourréussiràquitterlelit.VoilàduOli
toutcraché!Às’excuserpoursesbêtisesaulieud’éviterdelesfaire!Etaulieudem’emporter,jelejaugequelquessecondesetj’éclatederire.—Allez!Viensmanger!Onaunetonnedeboulotquinousattend!
Chapitre111
L’intensitéd’Olivierm’effraie.Qu’est-cequ’ilattenddemoi,exactement?Jepasseàlasalledebains,menettoierapidement,puismedépêchederemettremesvêtements.J’aienvied’unedouche,maisonn’aplusletempspourça.Pendant le trajet du retour, je parle boulot, parce que ça me permet de me
concentrersurautrechose,maisOlim’interrompt:—Jevaisdevoirpartirplustôt.J’aipromisàmasœurquej’iraisvoirMarco.
JeneveuxpasqueMarieetellesetapenttoutleboulot…—Pasdeproblème,dis-jetrèsvite.—Maisaprès,jevoulaissavoir…onserejointcheztoiouchezmoi?Mon cœur loupe un battement et je lui jette un regard inquisiteur avant de
reportermonattentionsurlaroute.—Je…quoi?—Bah…onsevoit,cesoir,non?lâche-t-il,commesic’étaitévident.Jedéglutisnerveusement.Pourquoi?Qu’est-cequimeposeproblèmedansle
faitdepasser la soiréeavecOli ? Jen’en sais rien,maisçam’angoissequandmême. C’est trop fort entre nous. Ou alors, c’est parce qu’il cherche à medéstabiliser,etaveclafatigue,jedoutepouvoirluirésister…—Tusais,jen’aipasbeaucoupdormi,hier,dis-jeenespérantm’entireravec
unepirouette.—Bah…cen’estpasobligéqu’onbaise,nonplus.Onpeutjusteregarderla
télé…mangerunpeu…Jeluijetteunregarddebiais,etilsedéfendaussitôt:—Hé!Jesaismetenir!Jefaislamoue,etiltentedetournerçaaujeu.—Tuveuxqu’onparie?Allez!Pasdesexecesoir!C’estparti!insiste-t-il.Jesecouelatête.—Sansfaçon.Jevaisrentrerchezmoi,mangerquelquechosedeléger,bosser
unpeuetdormircommeunbébé.
—OK. Alors… après l’hôpital, je passe récupérer quelques trucs, et je terejoins.Jesuisunpeuestomaquéeparsoninsistance.—Jet’aiditquejerentraischezmoi,pasquejet’yinvitais!—Pourquoi?Tuaspeurdenepaspouvoirmerésister?J’éclatederire.—Jem’occupemêmedurepas,situveux!dit-ilencore.—Ahnon!Jen’enpeuxplusdelapizza!—Maisjesaiscuisiner!Tuveuxquelquechosedeléger?Jepeuxtepréparer
unesupersaladecomposée,avecdubacon,tiens!Outupréféreraisunesoupe?Oliquiproposedecuisinerpourmoi?Là, ilm’achève! Iln’étaitmêmepas
fichudepréparerducaféavantquejenedeviennesonassistante!Sansréfléchir,jeréponds:—Non.Unesalade,ceseraparfait.—Super.J’apporteraicequ’ilfaut.Mes doigts se crispent sur le volant. Merde ! Est-ce que je viens vraiment
d’acceptersonoffre?Pendantquejemegare,jetenteunedernièreéchappatoire:—Tusais…quandjesuisfatiguée,jenesuispasdetrèsbonnecompagnie.—Justement!Jevaism’occuperdetoi,tuvasvoir!promet-il.Jetepréparele
repas, on regarde la télé… ou alors… tu bosses dans ton coin pendant que jedessine…etpuisonsecoucheetondort.Encoreunefois,jen’arrivepasàcachermonairsceptique.—Justeça?— Juste ça, certifie-t-il avec un hochement de tête. Sauf si tu insistes pour
qu’onbaise,évidemment.—Évidemment,jerépèteenétouffantunrire.— Je peux comprendre que tu aies besoin de te détendre… et je crois être
plutôtdouépourt’yaider.Sonpetitairmalicieuxmeplaît,etsoudain, j’aipeurqu’ilait raison.Quece
soitmoiquin’aiepasenviederesterchaste,cesoir.Chassantcetteidée,j’inspireun bon coup puisme décide à ouvrir la portière. Autant sortir d’ici avant quel’idéedel’embrassernesoittropforte.—Allez!Auboulot!dis-je,enespérantcloreladiscussion.Olimesuitjusqu’auxascenseursetneditrienjusqu’àcequenousnoussoyons
engouffrésdansl’und’eux.Dèsquenouscommençonsnotremontée,ilglisseunemaindanslecreuxdemondosetmeramèneprestementcontrelui.Sabouchesepose sur lamienneet jem’abandonneà sonbaiser.Lorsqu’il reprend saplace,
j’aibesoind’unmomentpourretrouvermesesprits.Ilsepencheprèsdemonoreilleetsouffle:—J’adoretabouche.Dèsque les portes s’ouvrent, il passedevantmoi etmarche à grandspas en
directiondesbureaux,alorsquejerestequelquesinstantsimmobile.Merde!Unsimplebaiseretvoilàque jesuisdans tousmesétats !Comment jesuiscenséerésisteràcethomme,cesoir?
Chapitre112
Dèsquejerentrechezmoi,jefilesousladoucheetyrestejusqu’àsentirmoncorpssedétendre.Enrouléedansuneserviette,j’entreprendsdetrouverquelquechose à me mettre. J’ai bien envie de passer un simple t-shirt et mon boxerpréféré,mais commeOli doit venir… est-ce que je suis censée porter quelquechosedeplussexy?Non.Ilrisquedes’imaginerquej’aienviedesexe.Autantpasserlet-shirt.Àpeineleboxerenplacequel’onfrappeàmaporte.Dèsquej’ouvre,Oliapparaît,unsacàdossurl’épauleetunsacd’épiceriedansunemain.Enmevoyant,ilafficheunlargesourire.—Ah !Tuétaisbien chez toi ! Je t’ai envoyéun texto,mais tunem’aspas
répondu.Ilentresansattendrequejel’yinviteetjerefermederrièrelui.—Jedevaisêtresousladouche,conclus-je.—Ouais.Bah !Ce n’est pas grave. J’espérais juste ne pas avoir à attendre
devant ta porte, comme hier soir. Ça me rappelle de mauvais souvenirs, tucomprends?J’étouffeunpetitrire,puisviensmeposterdevantlatabledelacuisineoùil
déposetoussesachats.Ilsortdeuxbouteillesdevin:—J’aiprisdurougeetdublanc.Jenesavaispascequetupréférais.Leblanc
est frais, siça tedit.Àmoinsque tupréfères labière?Jen’aipaspenséàenprendre.Aveclasalade,jemedisaisque…Monrirel’arrêtedanssonflotdeparolesetjem’empressedelerassurer:—Du blanc, çame va. Je ne t’ai pas demandé de dévaliser l’épicerie, non
plus.—Jesais!Maisjemerendscomptequ’ilyadestasdetrucsquejenesais
passurtoi.Jesaisquetuaimeslebacon,parexemple…Ilensortunpaquetqu’ilmemontrefièrement,avantd’ajouter:—Maissitupréfèresleblancoulerouge…alorslà…jesèche.ÀVegas,tuas
prisdublanc,maispendantlerepas,tuétaisaurouge,donc…
—Lesdeuxmevont,dis-je,amusée.Maisenapéro,commeça, jepréfèrelabière.Ouleblanc.—OK.Jemedirigeversl’armoireetsorsdeuxverreslorsqu’illâche:—Jesuiscensésavoircegenredechoses,non?—Quoidonc?—Bah…tespréférences.Ilmesemblequec’estcequefontlespetitsamis…Sur lepointdemeverserduvin, jem’arrêtenetet repose labouteillesur la
table.—Pardon?—Quoi?Tuesmapetiteamie.J’aienviedeconnaîtretesgoûts.Unsilencepassedurantlequeljelefixe,ébahie.—Tuconsidèresvraimentquejesuistapetiteamie?—Bah…ouais.Jepensaisquec’estévident,non?Jerisnerveusement,etillâche,visiblementconfusdedevoirsejustifier:—Quandjesuisvenu,hiersoir…c’étaitpourdusérieux.Àmontourd’êtresurprise.Ilaraison.Ilafaitcestests.Etilestvraimentvenu
m’attendre, hier soir, devant ma porte… Et pourtant… on dirait que je suisincapabledeluifaireconfiance.Quelquechosefiniraforcémentparm’éclateràlafigure!Jereprendslabouteilleetmeverseunpeudevin.J’attendsqu’Oliviers’active
surlapréparationdurepaspouravouer:—Tusais…généralement,lesgensattendentavantdesedéclarerencouple.Lesmainsdansmonévier,ilpivotepourmejeterunregardintrigué.—Ahouais?Ilsattendentquoi?—Bien…desavoirsiçamarche,déjà.Jeluimontremonverredevin.—Ilsapprennentàseconnaître.Ilsvérifientqu’ilssontcompatibles.Cegenre
dechoses…Olivierserembrunit.—Évidemmentqu’onestcompatibles!Onnepeutpasresterentêteàtêtesans
avoirenviedesesauterdessus!Jelèvelesyeuxauciel.—Labaise,cen’estqu’unfacteurdansuncouple,Oli.Ilyatoutlereste.—Quelreste?Lefaitquetusoislàpourmoi,quandjevaisàl’hôpitalvoir
Marco?Qu’onpassedubontemps,touslesdeux,quandjet’emmènemangerunburger chezDoris ?Ouque tu es là, à lire, pendant que je regarde unmatch ?
Parceque,aucasoùtunet’ensouviendraispas…onadéjàfaittoutça.Ettuveuxsavoir ? J’ai adoré chacun de ces instants. Même quand on s’engueule, je nevoudraisêtrenullepartailleursqu’avectoi.Monverregrincesousmesdoigtstellementjeleserrefort.Merde.Qu’est-ce
qu’ilme fait, ce salaud ? Il essaiedemedéstabiliser ouquoi ?Pour éviter desoutenirsonregard,jeboisunpeuavantdelâcher.—Toutcequejedis,c’estque…c’estrapide.—Rapidepourqui?Pourtoi?Jehochesimplementlatête.—Ah,dit-ilavecunairdéçu.D’accord.Jevais…essayerderalentir,alors.Maparole !C’est lemonde à l’envers !Oli fait des efforts et c’estmoi qui
reculecommeuneidiote!Maisqu’est-cequej’attends,àlafin?Qu’est-cequ’ilmefaut?—Écoute,jesuisfatiguéeet…jet’avouequetumeprendsunpeuaudépourvu
depuishier. Ilyadeux jours, tumedisaisque tunevoulais riende sérieux,etsubitement,c’esttoutl’inverse.Mets-toiunpeuàmaplace!Laminecontrite,ilhochelatête.—Ouais…cen’estpasfaux.Ilm’arrived’êtrecon.Unrirenerveuxnoussecouetouslesdeuxavantqu’ilreprenne:— Je me doute que ça prendra un peu de temps pour que… enfin… qu’on
s’ajuste.Maisjesuissincère,Amy.Jeveuxqu’onsedonneunevraiechance,touslesdeux.Il vame faire pleurer s’il continue àme sortir des phrases comme celle-là.
J’inspireunboncoup,puisjehochelatêteavantdeluifairesignedeseremettreàlatâche.—Montre-moidéjàcequetusaisfaireaveccettesalade!Ilsouritavantdes’exécuter.Jerespiremieuxlorsqu’ilcessedemeregarder.Et
je bois, aussi, surtout pour résister à l’envie de me jeter à son cou et de leramenerdansmon lit.Décidément, je ne suis pas assez fortepour résister à untypecommeOli!
Chapitre113
Jem’appliquedanslapréparationdurepas.Jedoisfairemespreuvesauxyeuxd’Amy.Pourquoisuis-jeaussipresséquetoutfonctionneentrenous,d’ailleurs?Ellenevapass’envoler!Enfin…jecrois.Siçasetrouve,ceWillvaessayerdelarevoir.Oubienjevaisfaireuneboulettemonumentaleetellevamefoutreàlaporte.Putain!C’esttellementcompliquédevouloirbienfaireleschoses…lavieétaitdrôlementplussimplequandjemefichaisdetout.En plus, question cuisine, je ne suis pas super doué, même si j’ai mes
classiques.Masœurm’amontrécommentfairelavinaigrette,déjà,maisc’estlegenredechosespourlequelj’aimebienimproviseravecdeshuilesetdesherbesdifférentes,selonmonhumeur.Jefaisrevenirlepouletdanssongraspourbienlefairerôtir.J’ajoutedestomatesséchéesauxfeuillesdelaitueetjedresseunjoliplatquejedécoredepetitsmorceauxdebacon.J’yajoutequelquesboutsdepainfrottés à l’ail puis grillés. Pas la salade la plus diététique dumonde, mais aumoins,çadevraitêtrebon.Amydresselatablependantquejefinisdepréparer.—Tuasfaim?jeluidemande.— Je suis affamée, oui ! Je n’aimangé qu’une toute petite part de pizza, ce
midi!Je souris comme un idiot en repensant à ce qu’on a partagé d’autre pendant
notrepausedéjeuner,avantdemeforceràsongeràautrechose–inutiled’avoirune érection aussi malvenue qu’intempestive, alors que j’ai promis qu’onpasseraitunesoiréesanssexe.—Çasembledélicieux!Jesuisimpressionnée!avoueAmylorsquejelasers.Jesouris,ravi.Elleretientungloussementdeplaisirendégustantmonpoulet.
Jesuisassezfierdemoi.—C’estbon!Jenesavaispasquetusavaiscuisiner,dit-elle,laboucheencore
pleine.—Ilabienfalluquej’apprenne.J’habitaisavecCél,àunmoment,maiselleen
aeumarredesetaperlapréparationdetouslesrepas.Etcommejenesuispasdugenreàmecontentertoujoursdesandwich…Ellerittoutencontinuantdedévorersonplat.Ellesemblevraimentserégaler.
Voilàquifaitplaisiràvoir!—Jefaisunesupersaucepourlesspaghettis,aussi.Etmeslasagnessontplutôt
bonnes.Jeteferaigoûter…—Quantàmoi,jesaiscuisinerunsaumonencroûtequisedéfend.Tuaimesle
saumon?—Bah…lepoisson,cen’estpastropmontruc,maisjesuisprêtàgoûter.—Ah.OK.Unsilencepasse.C’estuncrimedenepasaimerlepoisson?Elleinsiste:—Tun’aimesaucunplatàbasedepoisson?Mêmelessushis?Jegrimace.—Ben…j’enmangeunpeu,maisj’aimeuniquementceuxquisontcuits.Ellesemetàriredeboncœur.—Cuits,cenesontplusdessushis!—Biensûrquesi!Ilssontenrouleauxaveccesalguesetonfaittouttomber
dèsqu’oncroquededans.Elleritencore,etj’enprofitepourlacontempler.Mêmedanscet-shirtridicule
etsanslemoindremaquillage,elleestbelle.Simple.Rienàvoiraveclesfillesquejeséduishabituellement.Mais,pourêtrehonnête,jen’aivraimentconnuqueMarianne,lesautresétaienttellementdepassagequejen’aipaspusavoirquelsétaientvraimentleursgoûtsetleurmanièred’être…Marianne…sonseulprénomsuffitàmecouper l’appétit.Direquejesuis là,
avecAmy, et que je ris avec elle. Et voilà que cette culpabilitéme rappelle àl’ordre!Peut-être perçoit-elle que mon humeur s’assombrit, car elle jette d’un ton
léger:—Oh,maistusais,çanemegênepasquetun’aimespaslessushis.C’estjuste
que Juliette et moi, on va souvent en manger, alors… tant pis ! Tu t’encommanderasdescuits.Malgrélatristessequimecollesoudainàlapeau,jesouris.Amyestadorable.
Est-ce qu’elle se rend compte qu’elle vient de m’inclure dans des projetsd’avenir ? Bon, pas dans de grands projets,mais quandmême ! C’est déjà undébut…—Unjour,ilfaudraquejeteparledeMarianne,jelâchesoudain.De l’autre côté de la table, Amy s’agite un peu sur sa chaise, l’air
immédiatementinquiète,commesielleappréhendaitlasuite.— Je n’ai pas vraiment envie d’en parler, hein, je m’empresse d’ajouter,
mais…tuvois,quandonestcommeça,touslesdeux…forcément,ilarrivequejepenseàelle.Ellemedévisageensilence,etjesuisobligéd’ajouter:—Chaque fois que je suis… bien… j’ai l’impression que je n’en ai pas le
droit.Parcequ’elle…enfin…tuvois?Jepensequemavoixtrembleunpeu,maisAmyhochelatêteettraduitsansmal
monsilence:—Parcequ’elleestmorte.—Oui.—Etque tunevivras jamaispluscegenredechosesavecelle,conclut-elle
tristement.Jepousseunsoupir. Jepourrais lui raconter toute l’histoire, là, toutdesuite,
maisjepréfèrealleraupluscourt.—Ouais.Sil’onveut…Amyaunedrôled’expression,etj’essaiesoudaindelarassurer.—Hé!Nevapascroirequejeportetoujourssondeuil.C’estjusteque…les
chosessontencorecompliquéesdansmatête…C’estplusfortquemoi,magorgeseserre.Amyse lèveetçam’angoisse.Je
préférerais qu’elle reste loin de moi, ça m’aide à contenir mes émotions. Etpourtant, je ne la repousse pas lorsqu’elle vient s’asseoir directement sur mesgenoux pour m’étreindre. Ça me fait un bien fou de la sentir aussi près,finalement…Sansréfléchir,jelaserredetoutesmesforcesetenfouismabouchedanssoncou.Pendantquelquesminutes,j’oublieMarianneetjemeconcentresurAmy.Amyquej’airetrouvée.Amyquiestlàetàquijem’accrochecommes’ils’agissaitd’unebouée.Etàdirevrai…ilm’arrivedecroirequec’estlecas.—Oli,jenesuispasencompétitionavecMarianne,lâche-t-elleauboutd’un
interminablesilence.Deslarmescoulentdemesyeuxetjenedisrien,pouressayerdelesluicacher.
Jemesenstellementlâchelorsqu’ils’agitdeMarianne…—Unepartiedetoivatoujoursl’aimer.C’estnormal.—Oh…Amy…cen’estpasça…J’ai hoqueté commeun imbécile.Merde !Elle va croire que j’ai unblocage
avecMarianne.Cequin’estpeut-êtrepasfaux,aufond…D’ungestedoux,ellemefait relever levisageverselle.Ellemecaresse les
joues, essuie lentementmes larmes. J’inspire un bon coup et lâche, commeune
énormearêterestéecoincéeentraversdemagorgedepuistroplongtemps:—Justeavantque…Jel’aiquittée.Etpasdelapluschouettedesfaçons…Amymedévisageavecétonnement,maisneditpaslemoindremot.Auboutde
quelquesinstants,jetrouvelecouraged’ajouter:—Toutlemondeacruquej’étaisendeuildemapetiteamie,maisenréalité…
ellenel’étaitplus.Enfin…plusvraiment.Devantlesilencequisuit,ellechuchote:—Cécilianem’ajamaisditque…—Parcequejeneleluiaijamaisdit,jemarmonne.—Mais…pourquoi?Je hausse les épaules, incertain de ce qu’elle veut vraiment dire par là.
Pourquoiest-cequejenel’aiditàpersonne?Jenesaisplus.Pourquoiest-cequejeveuxbienenparleràAmy?Quisait?Ellemeforceàsortirdemazonedeconfort,cettefille…—Aprèsl’accident…ilyavait tellementdepeineetdechosesàgérer,si tu
savais.Etàvingtminutesprès,elleauraitencoreétémapetiteamie…Mavoixsebriselorsquej’ajoute:—J’aicruquec’étaitmafaute…Amypinceleslèvresetréfuteaussitôt:—C’étaitunaccident!—C’est vrai, et alors ? Je venais de lui briser le cœur ! Je lui ai jeté des
saletésàlatêtepourqu’ellearrêtedem’aimer!Jevoulaisqu’onsesépare,oui,mais…jenevoulaispasqu’ellemeure!Ettoutd’uncoup,j’avaislapeinedetoutlemondeàgérer.Commesijen’avaispasassezdelamienne!—Oli!Jesecouelatête,lapoitrinecompriméeparlechagrin.—Tun’auraisjamaisdûgarderçapourtoi.Lesgensauraientcompris!—Ilsauraientcomprisquoi?Quej’étaisleplusgranddessalauds?Jelesais
déjà!Tusaiscequem’aditsamère,enmevoyant?«Aumoins,elleétaitavectoi ». Putain de merde ! Comment voulais-tu que je lui dise la vérité ? Je nepouvaismêmeplusmeregarderdansunmiroir!J’essaiededétournerlatête,maisAmym’enempêcheenposantlesmainssur
mestempes.—Oli…tudoisarrêterdetesentircoupable.—Jenepeuxpas,jesouffle.MêmesijenevoulaisplusêtreavecMarianne,je
l’aimaisquandmême…pascommeellevoulait,mais…—Jecomprends…
—Nontunepeuxpascomprendre!Cettefilleestarrivéeàfranchirunegrossebarrière.Etc’étaitunvéritableexploit,tusais?Avantelle,ilyavait…tellementdemurs autour demoi.Ce n’est pas samort quim’a faitm’enfermer dans unecarapace–j’étaiscommeçaavantqu’elleentredansmavie,tusais.Amyhochesimplementlatête.Nerveux,j’ajoute:—Toiaussi,tuasfranchicesmurs…jenesaispasexactementcommenttuas
fait,mais…—Chut,m’interrompt-elle.Elleposerapidementsabouchesurlamienne,enunbaiserfurtif,puisellese
redressepoursecouerlatête.—Tun’espasobligédedireça.Ilyadelapeurdanssonregardetcelamedonnelecouraged’insister:—Amy,jeveuxledire.Non,enfait:j’aibesoindeteledire.Besoinquetu
comprennesàquelpointçacompte,pourmoi,cequisepasseentrenous.Ellefermelesyeuxetvientappuyersonfrontcontrelemien.—C’esttroprapide,Oli.Jeveuxqueçareste…léger,sansprisedetête…—Jesais.C’estmafaute,mais il fautmepardonner.C’estparceque jen’ai
aucun repère dans les histoires de couple.C’est… complètement nouveau pourmoi.Ellesemetàrirecontremoi,maisquandelleseredressepourquenosregards
secroisent,lesienparaîtbrouillé.—En fait, je voulais te raconter tout ça, hier, j’avoue encore. Je ne voulais
surtoutpasattendrepluslongtemps,parcequec’estcequej’aifait,aprèslamortdeMarianne,etfinalement…jen’aijamaisrienditàpersonne.Ellefroncelessourcils.—Vraimentpersonne?—Non, je te l’ai dit. J’ai attendu, et puis… jeme suis dit que c’était plus
simpledetoutgarderpourmoi.Je m’attends à ce qu’elle me remercie de lui avoir parlé de quelque chose
d’aussipersonnel,maisellemefichesimplementuncoupsurl’épaule.—Bordel,Oli!Commentveux-tupasserautraversd’uneépreuvesitunedis
rien!Surprisparsacolère,jem’empressedemejustifier:—Hé ! Ce n’est pas comme si je pouvais ramenerMarianne en ouvrant la
bouche!Etlefaitestque…jel’aimaisbeaucoup.Pasautantquej’auraisdû,c’estvrai, mais je ne voulais pas qu’on m’empêche de pleurer sa mort… ou deressentir…
—Quoi ?Toute cette culpabilité ?Mais àquoi elle te sert ?Tupeuxme ledire?Jen’en sais rien.À ruminer surmon sort.Àessayerdegarder la tête froide
quandunefemmecommeAmychambouletoutemonexistence.—Çam’aideàgardercertainsmursautourdemoi,finis-jeparlâcher.Toute la colère d’Amy semble retomber d’un coup. Sans un mot, elle vient
reprendremabouche.Jelaserretrèsfortcontremoi.Voilàuncontactquimefaitunbienfou.Uneprésence.Unespoir.Amy.Etc’esttoutcedontj’aibesoin,encemoment…Lorsquesoncorpssemetàsefrottercontrelemien,jesongeàlasouleveretà
laporterjusquedanssachambre,puisjemerappellemapromesse.Pasdesexe,cesoir.Jeveuxqu’Amysachequ’onpeutêtreensembleautrement.Contenantmafougue,jelarepoussedoucementetjegronde:—Non.Onaditqu’onseraitsages,cesoir…Amyéclatederireetposeunregarddefeusurmoi:—Parcequetuétaissérieux?semoque-t-elle.—Oui.J’insisteenhochantlatête.J’espèrequ’ellevam’aidersurcecoup,carsielle
continue,jedoutedepouvoirluirésistertrèslongtemps…—En plus, euh… j’ai besoin d’une douche, j’ajoute, heureux de trouver un
prétexteimmédiatpourlarepousser.—Oh…d’accord.Dèsqu’elleseretiredemescuisses,jesensàquelpointjesuisàl’étroitdans
monpantalon.Tantpis.Jepeuxlefaire.Jevaislefaire.
Chapitre114
Pendantquejesuissousladouche,j’entendsAmyquidébarrasseetquiallumelatélé.Jemesavonneenréfléchissantàtoutcequejeluiaiavoué.Cen’estpasainsiquej’avaisprévudeluiparlerdeMarianne.J’auraispeut-êtredûenparleravecJack,avant.Ilm’alaisséunmessage,ceweek-end,maiscommej’étaisdanstousmesétatsàcaused’Amy,jenel’aipasrappelé.C’estpeut-êtrelemomentdeluioffrirunebière,tiens…J’expirelonguementenessayantdefaireletridansmespensées.Jeveuxfaire
les choses correctement avec Amy, mais j’ignore comment procéder. Je neconnais rien aux relations de couple et, de toute évidence, je fais tout troprapidement.Qu’est-cequeçasignifie?Pourunefoisquejemedécideàvouloirquelquechosededifférent,pourquoiest-cequejedevraisprendremontemps?Pour me calmer, je fais mousser le savon dans mes mains et m’écarte
légèrement du jet d’eau chaude pour me caresser. Je rêve qu’Amy vient merejoindreetqu’ellemelaissejoueravecsoncorps,qu’ellehalèteetqu’ellememordlalèvre…Jefaisjaillirdessouvenirsdenotrepremièrefois…decelleoùje l’ai fait jouir ici, dans cette douche, et qu’ellem’a branlé enme suçant lesdoigts. Au bord de la jouissance, je serre les dents et reviens sous le jet aumomentoùjemerépands,lesjambestremblantes.Jeresteunmomentimmobileetjesavourelecalmequirevientdansmonesprit.Quandjesorsdelasalledebains,avecunsimplecaleçonpourtoutvêtement,
jem’arrêtesurleseuildusalon.Amyestrecroquevilléesurlecanapé,endormie,unbrasrepliésoussatête.Jesensquelquechosequiseserreauniveaudemonventre.Elleparaîttellementfragile,cesoir…Suruncoupdetête,jevaisrécupérermonsacetmoncarnetdedessins,puisje
reviensm’installersurlatablebassepourbienlavoir.J’aienviedecapturersonimage. Si elle était nue, ce serait probablement mieux, mais je ne sais pas sij’aurais réussi à la dessiner au lieu de venir poser ma bouche sur cette peaumagnifique.
Au bout d’une hésitation, je me décide à tracer les contours de son visage.QuandAmychangedeposition,s’étalantdetoutsonlong,jetournelapageetjerecommence, heureux de la voir aussi détendue. Ses jambes sont longues et jen’hésite pas à les reproduire enm’assurant d’en capturer toute la finesse.Montraitresteflou,jereprésentedavantagelapositionetl’abandonquelesdétailsdeson corps. Jeme demande siAmy accepterait d’êtremonmodèle, de temps entemps.Jemeconcentresursonvisage…etsurseslèvres.Jenesaispluscombiendedessinsjefais,maisjecommenceàavoirmalaux
fesses,surcette table.JedéposemoncarnetetmedécideenfinàvenirprendreAmydansmesbras.Autantlaramenerdanssonlit.Elleaurauntorticolissiellerestelà.Dèsquejelasoulève,Amychercheunepositionconfortable,puisentrouvreles
yeux.—Jemesuisendormie,marmonne-t-elle,lavoixlasse.—Cen’estpasgrave.Chut…rendors-toi…Ellenouesesbrasautourdemoncouetcalesa têtecontremapoitrine.Je la
porte,ladéposesursonlitpuistiresurlescouverturespourvenirlaborder.Dèsquejemeredresse,elles’accrocheàmonavant-bras.—Tudorsavecmoi?—Oui.Jevaisjustealleréteindrepartout.Je repars en direction du salon, et prends mon carnet au passage. Quand je
reviens, Amy semble s’être rendormie, alors je m’installe près d’elle, sur lereborddulit,etl’observe,nonsanssongeràrefairesonportrait,aumoinsjusqu’àce que le sommeil me gagne… Lorsqu’elle ouvre les yeux et me cherche duregard,ellemarmonne:—Tunetecouchespas?—Euh…si.D’accord.Possibleque la lumière l’empêchede se rendormir.Tantpis. Jedéposemon
carnet sur le sol et j’éteins avant de m’étendre à ses côtés. C’est bizarre departager l’intimité de quelqu’un, comme ça, et je reste raide de mon côté dumatelasavantqu’Amyseglissecontremoietm’enserretoutnaturellement.Satêtechercheunappuidanslecreuxdemonépauleetonseretrouveàs’étreindreensilence.Aubout d’unmoment et alors que je la crois endormie,Amy semet àcaresserlégèrementmontorse,puisellevientembrasserlecôtédemonmenton.—Mercidem’avoirparlédeMarianne,chuchote-t-ellesoudain.Jesaisqueça
nedoitpasêtreévidentpourtoi.Jenesaispasquoirépondre,alorsjenedisrienetellereprendsoudain.
—Tusais,quandWillm’aembrassée…mêmesic’étaitparfait:lecoucherdesoleil,levin…C’estplusfortquemoi,jemeraidisàcetteévocation.—Laseulechoseàlaquellej’aipensépendantsonbaiser,c’estque…ç’aurait
étéparfaitsi…çaavaitététoi,làavecmoi,dit-elleencore.Je la fais lever le menton pour pouvoir la regarder dans les yeux. Et je lui
promets:—Onferaçaaussi,si tuveux.Coucherdesoleil,vin,peuimporte…tun’as
qu’àdemander!Amyritdoucement,puismecaresselajouedesamainchaude.—Oli,jemefichebiendelamiseenscène.Enfin…jenevaispastementir,
hierencore,jepensaisqueçacomptait,mais…tuvois…jepréfèreêtreici,avectoi,quedansundécorromantiqueavecWill.Sesmotsmetouchentet je laramèneversmoipour l’embrasser,surtoutpour
éviterqu’ellenevoiemonémotion.Sousmeslèvres,elleseremetàrire,puismerepousseavantdeseredresserpartiellementsuruncoude,pourmesurplomber.—Jenesuispasencoreprêteàtefaireconfiance,maisc’estvraiqu’ilya…
cetrucentrenous.—Oui,jeconfirmeenhochantlatête.—Etjet’avoueque…j’aitrèsenviedevivrecetteaventureavectoi.Ellerougit,gênéedemefairecetaveu.—Moiaussi,dis-jesimplement.—Jeneveuxpasdepromesses,Oli.Jen’enaipasbesoin.Mêmesisesparolesm’étonnent,jebredouille:—Euh…OK.—Onverrabienoù tout çanousmènera.Et tantpis si çamecoûteunautre
travail,aufinal.Jefroncelessourcilsetdéposeunbaiserrapidesurseslèvres.—Tuneperdraspastontravail.Tuestropdouée.Starlightabesoindegens
commetoi.Ellefaitminedesourire,maisjevoisbienqu’ellenemecroitpas.Tantpis.Je
trouverai comment la rassurer complètement et la convaincre ! Lorsqu’ellem’embrassedenouveau, je reviensglissermesdoigtsdans ses cheveuxquimetombent tout autour demon visage.Amy lâche et reprendma bouche, semet àm’embrasseravecplusdefougue.Àtraverssonchandail,jesenslapointedesesseinsdurciefrottercontremontorse.Putain!Commentjesuiscensérestersagequandellemefaitdeschosespareilles?Lorsqu’elleredresselatêtepourplonger
unregarddefeudanslemien,ellehalète:—Tuétaisvraimentsérieuxpourunesoiréesanssexe?—Hébien…oui…Ses doigts descendent à la frontière de mon caleçon. Je ferme les yeux en
retenant ma respiration qui s’emballe. Pourquoi suis-je aussi nerveux ?Probablementparceque,mêmesi jemesuisbranlésousladouche, jesuisplusdurquejamaislorsquelacaressed’Amyfrôleleboutdemonsexe.Lorsqu’elleremarquemonérection,elleritdoucement:— Je crois que ton corps n’est pas vraiment d’accord avec tes bonnes
résolutions…—Probablement pas, non, admets-je un peu vite, mais on n’est pas obligés
de…Amyme fait taire d’un baiser, avant dememordiller la lèvre. Je gronde de
plaisirpuisunrâles’échappedemabouchelorsqu’elleenroulesesdoigtsautourdemoietcommenceàmebranler.Jelalaisserepoussertotalementmoncaleçonpourlaisserjaillirmonérectionàl’airlibre.—Grimpesurmoi,dis-jesimplement.Amyrit,puissescheveuxtombentsurmonventreetjesenssabouchequivient
déposerunpetitbaisersurmongland.Maqueuepulseverselleetjemeraidissurlematelaslorsqu’ellem’enveloppedeseslèvres.—Oh…putain,jemarmonneenbaissantlesyeuxsurelle.Elle me relâche dans un petit gloussement avant de me demander avec
effronterie.—Tuveuxvraimentquejeviennesurtoi?Maintenant?—Je…non,tu…faiscommetuveux…Unautrerirerésonneavantqu’ellenemereprennedanssabouche.Moncorps
se tend,puiss’abandonnependantqu’ellemesucedoucement.Quand j’arriveàgarderlesyeuxouverts,jelaissemamainvenircaressersatête,puissajoue.—Oh…Amy…tues…géniale…Jesuisheureuxdem’êtretouchésousladouche.Jesensquejepourraitenirun
peupluslongtempsqueladernièrefois!Etpourtant,lorsqu’elleaccélèreunpeule rythme, jenesuisdéjàplussicertaindeça. Jegémisencrispantmesdoigtsdanssescheveux,puisjegronde,déterminéàgarderunpeudecontrôledanscetteétreinte:—Vienssurmoi!Touts’arrête,puisjesensqu’Amyremonteetvients’empalersurmaqueueen
repoussant sonboxer sans chercher à le retirer.Elle est pressée.Moi aussi.Sa
chevauchée est rapide. Je profite dema position pour empoigner ses fesses etl’accompagner dans sesmouvements. Sansme quitter des yeux, elle fait valsersont-shirtetjeresteunmomentlesyeuxrivéssurcettepoitrinequirebonditdeplus en plus vite.Dans un grognement, j’écarte ses fesses etm’enfonce en elleaussiprofondémentquepossible,tandisqu’ellesemetàpousserdepetitscrisquimerendentfou.—Oui!Oui!Jerefusedejouiravantqu’Amymecède.Jeveuxlacombler.Sanscoucherde
soleil,sansmiseenscèneromantique,justelaperfectiondanscelienquejesensentrenous.Quandsesongless’accrochentàmesépaules,jejubile,d’autantplusqu’ellese
cambreetquesescoupsdebassindeviennentdictésparunbesoinquin’aplusriendecontrôlable.D’ungestebrusque,jelabasculedoscontrelematelasetmeretireavantdeneplusenavoirlaforce.Jeglissemaboucheentresescuissesetjemejettesursonsexeenfeu.—OhOli!Monnomseperddansunchantlangoureux.Jelasenssurlepointd’exploseret
àdirevrai,ilnem’enfaudraitpasbeaucoupnonplus.Jegriffel’intérieurdesescuisses pendant qu’elle se tortille sur lematelas. Son clitoris gonfle contremalangue pendant qu’un cri résonne dans la chambre. Quand elle se détend, jeremontepour venir replonger dans ce sexeplus qu’accueillant.Dèsque je suistout en elle,Amy se cambre et attirema tête contre la sienne pour dévorermabouche. Je perds le souffle, puis je me laisse porter par les spasmes qui fontvibrer mon bas-ventre. Je gémis contre ses lèvres, soulève son bassin pourqu’ellemeprenneenentier,pressentantlachutequis’amène.—Amy…Amy…J’oublietoutquandjecède,inondantceventre,ceterritoirequej’aitellement
envie de posséder. Je reste là, immobile, entièrement enfoncé en elle,étonnammentcomblé.Amysoupire,puisseserrecontremoilorsquejemelaissetomberàsescôtés.Ellevientreposersa têtedanslecreuxdemonépauleetsajambesurmescuisses.Etelles’endort,commeça,sanslemoindremot.Etmoijeprends le tempsdecontemplercevisaged’ange,cettepoitrinequisesoulèveàcadence régulière. Je me tortille discrètement pour récupérer le drap. Je leremontesurnoscorps,commepourformerunebarrièreentrenousetcemonde,puisjem’endorsàmontour,apaisé.
Chapitre115
JemelèveavantOli,prendsquelquesminutespour leregarderdormir,émuedelevoirlà,dansmonlit,puisjefileàladouche.Jeprépareducaféavantdevenir le réveiller. Il sourit,me demande si j’ai bien dormi,m’embrasse sur labouche…J’ail’impressionderêver.Bennepassaitjamaislanuitavecmoivuqu’ilétaitmarié.Cegenredescène,
c’esttotalementnouveaupourmoi.Surtoutqu’Oliagitcommes’ilavaittoujourshabité ici.Avecmoi.Dire que ce n’est que la deuxièmenuit que nous passonsensemble…Nousnouspressonspourmanger.Cematin,nous recevons trois candidats en
entretien,puisOlidoitpartirpourvisiterunchantierdonts’occupaitMarco.Pendant que je l’attends, je sors la feuille de questions que j’ai préparée,
commeme l’avait suggéré le chasseur de têtes. QuandOlivier entre dansmonbureau,jeledévisage,surprise.Iladûrepasserchezluicarilporteàprésentuncomplet noir avec une chemise blanche à colMao. Je le contemple, la boucheouverte.—Qu’est-cequ’ilya?s’inquiète-t-il.Onfaitpasserdesentretiens.Ilfautque
j’aiel’airrespectable,non?Je ris et hoche la tête, inexplicablement ravie. Est-ce que c’est vraiment cet
hommequiadormidansmon lit,hier soir?Là, toutdesuite, je saisceque jeferaissinousétionsailleursquedanscebureau…—Tuestellementsexy,jeluiavoue.Ilsouritetcaressesonvestondureversdelamain.—C’estvrai?Çateplaît?—Humhum.— Alors tu permets que je t’embrasse ? demande-t-il en venant se planter
devantmoi.Je n’attends pas qu’il réitère sa demande, je me jette à son cou et prends
possessiondesabouche.Ilyrépondaussitôt,caressantlebasdemondosavecfermeté.Jememetsàgloussercontreseslèvres.Laportedubureauestouverte.N’importequipourraitnousvoir.J’adoreça!Quand il s’éloignedemoi, je resteunmomentà le fixeravecenvie,et ilme
grondeaussitôt:—Arrête.Onapleindeboulot.—Jesais.Maisquandtueshabillécommeça,jenetedispasàquoijepense.—Aveccesyeux-là,jesaistrèspertinemmentàquoitupenses!soupire-t-ilen
allants’installerderrièrelebureau.Maisonverraçaplustard.Jeneveuxsurtoutpasaccueillirlescandidatsavecuneérectionbienvoyante.Tuimaginesunpeu?Jeglousseencore.Ça,c’estleOliquejeneconnais:franc,direct…ettoutà
faitcharmant.JecontacteClaraetluidemandedefaireentrerlepremiercandidat.Olivierse
lève,seprésente,agitcommeunvéritablepatron.Ilmènel’entretienàpartirdesquestionsquejeluiaifournies,maisdèsqu’onabordelapartieplustechniquedeses spectacles, c’est là qu’il m’impressionne le plus : Oli connaît toutes lesfaçonsdefaire,etpratiquementtoutlemondedanslemilieu.Àcroirequ’ilavutouslesspectaclesd’envergure,cesdernièresannées.Jemesenscomplètementàcôtéde laplaque.Etpourtant, jenotescrupuleusement toutcequiseditetmesimpressionssurchacundescandidats.Lorsquenousenavonsenfinfini,Olivierpivoteversmoietsourit.—Ehbien…c’étaittroistechnicienstrèsintéressants.—Oui.— Charles avait plus d’expérience, c’était évident dans ses réponses, tu ne
trouvespas?Jehochelatête.—Eneffet,maisjel’aitrouvéunpeufroid.AlorsqueGilbertétait…disons…
unpeupluscommeMarco?Oliritdoucement.—Oui. Plus chaleureux. Plus âgé, aussi. On devrait les embaucher tous les
deux.Ilsseraientsûrementcomplémentaires.—Tuneveuxpasfairepasserunedeuxièmevagued’entretiens?—Onn’apas le temps.Et ilsmeparaissentbien.Onn’aqu’à lesprendreà
l’essai.Auboutdedixouquinzejours,onverrabiens’ilsconviennent.—D’accord,dis-jeenécrivantleursnomssurmoncarnet.Olivierjetteuncoupd’œilàl’heure,puisselèvedesachaise.—Avectoutça,jevaisdevoirmangerunsandwichenquatrièmevitesseavant
demerendreàmonprochainrendez-vous.Ilsepencheversmoietmevoleunbaiserrapideavantdechuchoter:—J’auraispréféréqu’onaitletempsderentrercheztoipour…manger…Jeglousseetfaisminedelegronderduregard,maisilseredressedéjà.Surle
pointdesortirdubureau,ilpivotedansmadirection:—Tumeraccompagnesàl’entrée?Jebondissurmesjambesetlesuisaussitôt,moncarnetdenotesàlamain.Ila
peut-êtredesconsignesàmedonneravantdepartir.Lorsquenousarrivonsdevantle bureau de la réception où se trouve Clara, elle se raidit sur sa chaise etdemande,d’unevoixmielleuse:—Çaaété,lesentretiens?—Trèsbien,confirmeOli.D’ailleurs,tuserasgentillederemettreàAmyles
formulairesquelestroistechniciensontremplisenarrivant.—Biensûr.Lesvoilà.Ellemetendunechemiseetc’estàpeinesiellem’accordelemoindreregard,
tropoccupéequ’elleestàdévorerOlivierdesyeux.—Autrechose,Olivier?insiste-t-elle.—Non.C’esttout.Ilpivoteversmoietdemandesanshésiter.—Onsevoitcesoir?—Oh, eh bien… si tu veux, je bredouille, gênée qu’ilme pose la question
devantClara.—Jenesaispasàquelleheurejetermine.J’aimeraispasservoirMarcoavant
derentrer,ajoute-t-ilsimplement.—D’accord.Tun’asqu’àmetéléphoner.Pourquoiest-cequejemesensrougirainsi…?—Tuaslaclédechezmoi.Tun’asqu’àt’yrendreetm’yattendre.Çateva?—Oui.OK.Soudain, il se penche versmoi etm’embrasse.Assez longtemps pour que je
senteleregarddeClarasurnous.Quandilsedétachedemoi,ilajoute,suruntontaquin:—Ah!Etc’esttontourdecuisiner!Surprends-moi!Alorsqu’ilmelaisselà,surpriseetcomplètementsouslecharme,ils’éloigne
dansunrire.Quandj’oseenfinregarderducôtédelaréceptionniste,ellemefixe,laboucheouverte.—Bon,je…j’aidutravail.J’ail’impressiondeflotterpendantquejemarcheendirectiondemonbureau.
Olivientdem’embrasserenpublic.IlvientdeconfirmeràClaraquenousétionsensemble.Cettefois,toutlemondefiniraparlesavoir!Cen’estplusunamourcaché,etjemeretrouve,seuledansmonbureau,àsourirebêtementdanslevide.
Chapitre116
Chaquefoisquej’entredansunhôpital,c’estplusfortquemoi:jeretiensmarespiration,etcettefois-lànefaitpasexception.JedoisvoirMarco.Pourtant,jen’ai rien à lui dire de particulier, sinon qu’il peut dormir tranquille, que jem’occupedetout.Enfin…qu’Amyetmoi,ons’occupedetout.C’estfoucommeon est complémentaires, elle et moi.Même pour de toutes petites choses sansimportance.Ellemedonneenviedemedépasser,desortirdecettefichuebullequej’aiconstruiteautourdemoi.Ellechangetout.Quandj’arriveàlachambredeMarco,masœurestlà,assisedanslefauteuil
invité.Elleselèvepourm’accueillir–sonventremesembleénorme!–puisellem’embrassesurlajoueavantdecaressermonvestonduplatdelamain.—Salut,toi.Qu’est-cequetueschic,aujourd’hui!Ilyauneraison?—Amyetmoi,onfaisaitpasserdesentretiens,cematin.—Oh!Pourdenouveauxtechniciens?Etalors?—Onvaenprendredeuxàl’essai,jeluiannoncefièrement.— Ça, c’est une nouvelle ! Tu as entendu, Marco ? rigole-t-elle. Tu peux
prendresixmoisdecongé,maintenant.Onadesnouveauxtechs!—Hé ! Ne va pas me remplacer trop vite, toi ! proteste-t-il sur un ton de
rigoladequisonnefaux.Savoixestfaible,maisc’esttoujourslui.Jem’approcheetm’empressedele
rassurer:— Il y aura toujours une place pour toi chez Starlight,Marco,mais tu dois
d’abordpenseràtasanté.—Ça,c’estbiendit,renchéritmasœur.Sinon,ilauraaffaireàmoi!Elle rit, et jeme demande comment elle arrive à rester aussi positive.Moi,
mêmesiMarcovabien,j’aitoujoursunfichunœuddansl’estomacàlevoirlà,danscelitd’hôpital.—EtAmy?Commentelles’ensort?mequestionneCél.Jesouriscommeunimbécile.
—Elles’ensortbien.Ellem’aideénormément.Je n’ai que des compliments à faire sur cette fille. Elle est partout dansma
tête…etellem’attenddansmonappartement.Àcetteidée,jejubile.—C’estbien.Jesuiscontentequetuaiesquelqu’undefiableàtescôtés.Parce
que sans Marco, elle va probablement devoir récupérer une partie de lapaperasse.—Net’enfaispas.Ellegère.Onformeunesuperéquipe,elleetmoi.—Oui…on dirait bien.Tout compte fait, tume dois une fière chandelle de
l’avoirengagée…—Ouais…Ellemescruteavecintérêtet,pourunefoisdansmavie,jenesaisplusoùme
mettre.—Alors…çavabien,entrevous?mequestionne-t-ellefranchement.—Oui,jerépète.Toutvabien.Au lieu de poursuivre son interrogatoire, ma sœur reporte son attention sur
Marco.—Tusaisqu’ilesttombésouslecharmed’Amy?Marcoécarquillelesyeux.Est-cequ’iln’avraimentrienremarqué,àVegas?—Toi?Amoureux?répète-t-il.—Bah…disonsque…onestensemble.Ilsouritplusfranchementethochelatête.—C’estbien.Jesuiscontent.C’estunechouettefille.Ils’adressesoudainàmasœur.—J’aibienvuqu’il lareluquait,àVegas,maisj’étaissûrqu’ellen’étaitpas
intéressée.Toujoursprèsdemoi,ellemetapotel’épauleavecunsourireému.— Eh bien… on dirait que mon frère fait son retour dans la vie réelle.
Espéronsqu’ilnefassepastoutfoirer…Avecuntonplussolennelquejenelevoudrais,jerétorque:—Net’enfaispas.Jefaistoutcequ’ilfaut.Autravailet…avecAmy.—Çafaitdubiendetevoirprendretavieenmain,dit-elleencore.—Oui.Jemesenssoulagé,moiaussi,jeluiavoue.Pourunefois, jen’aipas l’impressiond’êtresimplespectateurdemapropre
existence.Jenesuispaslà,àattendrequel’inévitableseproduise.Àboirepouroublier le vide de ma vie. Boire pour essayer d’étouffer ma culpabilité. Non.Cette fois, j’agis. Et je change les choses. Pour Starlight,mais également avecAmy.
Pourunefois, jeveuxquecesoitdusolide.Quelquechosequireste,dansletemps.
Chapitre117
Ilesttardquandjerentrechezmoi.J’envoieuntextoàAmypourlaprévenirquejesuisenroute.Jen’aimepasconduire,encoremoinslesoir,maisjenepeuxplus exiger d’Amyqu’elle joue les chauffeurs, avec tout le travail qu’elle a enplus.Etjesuiscapabledem’occuperdemoi,àprésent.Unefoisarrivé,jemefigedesurprise.Lalumièreesttamiséeetilyaquelques
chandellessurlatable,ainsiquedesbouchéesdisposéessurdesassiettesquimerappellent combien j’ai faim. Amy fait son entrée, vêtue d’une petite nuisettelégère.Jedéglutispendantqu’elles’approchedemoi,etjeresteimmobiletandisqu’ellem’aideàretirermonveston.—Vraiment, je trouveque cet ensemble te donneun charme fou, chuchote-t-
elle.Tuasfaim?—Jesuisaffamé,maispasquedenourriture,jeluiavoue.Elleglousse.Sesdoigtsdéfontlesboutonsdemachemise,l’ouvrent,puiselle
se penche pour m’embrasser le torse. Mon appétit vient définitivement de seconcentrerdans lapartiebassedemonanatomie.Lorsque je faisungestepourreleversanuisette,Amymerappelleàl’ordreduregardtandisqu’elles’attaqueàlabraguette.—Non…cesoir,c’estmoiquim’occupedetoi,chuchote-t-elle.Monpantalonchutesurlesol.Ellesouriteneffleurantmonérection,etjeferme
lesyeuxlorsqu’elleselaissetomberàmesgenoux.Jelâcheuneplaintequandmaqueue se retrouve entre ses lèvres. Est-ce que c’est vraimentma tenue qui l’aexcitéeàcepoint?Parceque jesuisprêtàporterdescostumes tous les jours,danscecas!—Jenesaispas…cequej’aifaitpourmériterça,mais…oh!Sabouchemerendfou,surtoutquandelleempoignemesfessesetqu’elleme
pousseverssagorge.Unnouveaurâlem’échappe.Danscetteposition, jen’osesurtoutpaslaregarder.Jeperdraislatêtetropvite,etunechoseestsûre:jen’aipasenviequetouts’arrêtetoutdesuite.
—Jesuisauparadis,jemarmonne.Sonrirevibreautourdemoi,avantqu’ellereprennesafellationavecplusde
fougue.Elleveutvraimentmetuer!Lorsqu’ellemegriffedoucementlesfesses,jegémis et viens glisser ma main dans ses cheveux. Je me sens gonfler dans sabouche,puis j’exploseavecuncri rauquequi résonnedans toutemacuisine.Jemetsunmomentàrecouvrermesesprits,puisjemelaissetomberàgenouxdevantelle. Sans unmot, j’emprisonne sonvisage entremesmains et je l’embrasse sifougueusementquejedoislaretenircontremoipouréviterqu’ellebasculeversl’arrière.—Jecroisquejevaismettredescostumestouslesjours.Ellerit,puiss’étendsurlesol,remontesanuisettepourmemontrerqu’elleest
complètementnueendessous,écartantlescuissesdevantmoi.—J’aienviedetabouche…,avoue-t-elle.Jesourisavantdeluiobéir,laléchantavecunplaisirfou,poussantmesdoigts
en elle à défaut de pouvoir la prendre. Son corps est un havre de paix. Ilm’apaise.Sanssurprise,Amysetortillesurlesol,soulèvesonbassinethalèteaurythmedescaressesquejeluiprodigue.Jelafaislanguir,puismeredressepourmieuxlavoir.—Encore,mesupplie-t-elle.—Touche-toipendantquejetelèche,jeluiordonned’unevoixrauque.Par-dessus sonvêtement,Amy semet à caresser ses seins, puis l’unede ses
mainsdescendentresescuisses.Ça,c’estunspectacledont jenemelassepas.Elle semasturbe, comme ça, avec une confiance totale. J’attends un peu en lacontemplant,puisjeviensglissermalangueentresesdoigts.—Oh,Bordel…Oli!Ilne luienfautpasbeaucouppluspourchuterdans l’orgasme.J’adore lecri
quisortdesabouche.Quandjequittesescuissesetquejeremonteverselle,jemordillesesseinsautraverssanuisette.Amym’empoigneparlescheveuxetmetireàellepourm’embrasser.—Est-cequetusaisquetueslepremieràmefairejouiravectabouche?C’estridicule,maispendantunebonneminute,jemesensfiercommeunpaon.—C’estparcequetun’aseuquedesincapablesavantmoi,jeclamefièrement.Ellesecouelatête,incréduledevantmonassurance.—Quoi?Jen’aipasledroitd’êtrecontent?Lescomplimentsdetapart,c’est
plutôtrare,tunepeuxpasdirel’inverse!Elleseredresse,mejetantavecaffection:—Allez,viensmanger,petitcon.
Jeme lève, repoussemonpantalon et le laisse sur le sol pour avoir plus delibertédemouvements,puisviensmeposterderrièreelle.Jemefrottecontresesfesses.—Tumerendsheureux,dis-jesimplement.—Parcequejetesuce?raille-t-elle.— Parce que tu es là, chez moi, et que c’est agréable d’avoir quelqu’un à
rejoindreiciaprèsleboulot.Elle se détend et son corps commence à suivremesmouvements de hanches
lascifs.—Qu’est-cequej’aifaitpourmériterunefemmecommetoi?Jesuisunpetit
con,tul’asdittoi-même,etpourtant…tueslà…Elle glousse et porte un petit four à ses lèvres. Puis elle pivote et vient en
amenerunàmabouche.Jelemangesanslaquitterdesyeux.Elleestbelle.J’aiencoreenviedeladessiner.—Tum’asembrassédevantClara,dit-elleauboutd’unpetitsilence.Jeretrouvelesouvenirenquestionetconfirmed’unhochementdetête.—Etalors?—Alorsrien.Çam’afaitplaisir,admet-elleenrougissantunpeu.Toutfaitsensdansmonesprit.AmyétaitavecBen.Unhommemarié,unhomme
quidevaitprobablementnel’embrasserqu’encachette.Quelimbécile,celui-là!—Jet’embrasseraisàlatélésijelepouvais,dis-jesimplement.Pourquetout
lemondesachequetuesmapetiteamie.Elleposeunbaiserfurtifsurleboutdemonmentonavantdehocherlatête.—Ouais…jecroisqu’onpeutdirequejesuistapetiteamie.
Chapitre118
On regarde un film à la télévision en mangeant les bouchées qu’Amy a faitréchauffer.Jesuisenboxer,lespiedssurlatablebasse,àboireunebière.Àtroiscentimètresdemoi,Amyestdanslemêmegenredeposition.Parfois,ellevientrécupérerunepetitequichedansleplatquej’aidéposésurmescuisses.Elleboitàmêmelabouteilleetrigoleauxrépliquesabsurdesdupersonnageprincipal.Sescheveux un peu défaits, sans maquillage… Elle ne cherche même pas à meséduire.Etpourtant,jesuistotalementsoussoncharme.Lorsqu’elleritdenouveau,elletournelatêteversmoi,probablementparceque
je ne réagis plus, tout occupé que je suis à la contempler. Elle me sourit etpropose:—Tuveuxqu’onregardeautrechose?—Non.Jeteregarde,toi,etçamesuffit.Ellerit,visiblementgênée,maisjenepeuxpasm’empêcherd’ajouter:—Tuesabsolumentparfaite.Cettefois,elleéclatederireetmepoussed’unemain.—Idiot!Tudisçauniquementparcequejet’aifaitjouirdansmabouche.Jemepenchepourdéposermabièreetleplatdontilneresteplusgrand-chose,
puisjetiresurlebrasd’Amypourlaramenercontremoi.Tantpispourlefilm.Jel’embrasse,heureuxdelasentiraussiréceptive.Elleauraitpuexigerdevoirlafin du film, mais non. Dès que je reprends mon souffle, elle revient vers mabouche,encoreetencore,enflammantmoncorpsavecbeaucouptropdefacilité.Lorsqu’ellegrimpesurmoietqu’elleretiresanuisetteenmefixantdroitdanslesyeux,jerépète,complètementsouslecharmedesonindécence:—Oui.Absolumentparfaite.Elleglousseavantdelibérermonérectionetdecommenceràmecaresser.Je
pousseunsoupirdebien-être.Lorsqu’elles’empalesurmoi,j’ail’impressionderêver.Ellesemetàmechevaucher,etjecontemplecetteféequis’activesurmoiensemettantàgémir.J’empoignesesfesses,j’embrassesesseins,jemegavede
sesrâlesquirésonnentdeplusenplus.—Oh…Oli!mesupplie-t-elle.Jesoulèvebrusquementlebassin,meplongeantcomplètementenelle.Amyse
cambredansuncri:—Oui!J’adore la sentir aussi fébrile et je recommence. Elle devient empressée,
donnantdescoupsdehanchesdeplusenplusprécis.Jen’arriveplusàretenirletourbillonquimenoue le ventre. Je serre ses fesses entremesdoigts, accélèreencore.Amylâcheuncriétouffé,puisvientdévorermaboucheenseraidissantsurmoi.Elleperdlatêted’uncoupetcessebrusquementdesemouvoirunefoisque la vague de jouissance l’a balayée. Je reprends mes coups de reins, paslongtemps,justeassezpourlarejoindredanscetétatcomateux.Ellememordillelascivementlalèvrependantquejememetsàgémir,etjeretienssoncorpscontrelemienlorsquej’éjacule,toutaufondd’elle.C’esttellement…parfait.C’estbienlapremièrefoisquejemesensliéàunefemmedecettefaçon.Ondiraitqu’onnefaitqu’un,quesoncorpsn’estqu’uneextensiondumien.QuandAmy relève la tête etque son regardcroise lemien, je soupire etdis
encore:—Tuesvraimentparfaite.Amysourit,etpendantuninstant,jepensequ’ellevasemoquerdemoietmes
phrasesridicules.Aulieudecela,ellerevientsimplementm’enlacerdesesbras.C’estdoux.Long.Paisible.Nousreprenonsnotresouffleainsi,noscorpsserrésl’uncontrel’autre,toujoursimbriqués.Jesuisbien.Jecroisquejen’aijamaisétéaussiheureuxdetoutemavie.
Chapitre119
C’est la lumière qui me réveille. Lorsque j’ouvre les yeux, je reconnaisl’endroit : je suis chez Olivier. Dans son lit. Et ce n’est définitivement pas lematin, parce que la chambre est presque en entier plongée dans l’obscurité.Presque.JemeredresseetaperçoisOli,assis,entraindedessiner.—Tunedorspas?jemarmonne,toutendormie.Olisursauteetrelèvelenezdesoncarnet.—Merde.C’estlalumièrequit’aréveillée?Jenerépondspas,mecontentantdejeteruncoupd’œilderrièrelui.Dansun
coinde la pièce, sur le sol, il a déposéunepetite lampede chevet qui éclairepartiellementlapièce.Jeclignedesyeuxàrépétition.—Tumedessines?—Bah…ouais.Pourunefoisquetudorsnue,j’enprofite.Lesommeilmefuitd’uncoupetjemepenchepourluiarrachersoncarnetdes
mains.Jem’attendsaupire.Etpourtant,lecorpsquis’étalesurlafeuilleesttrèsjoli. Il y a des courbes, de l’ombre,mapoitrine,monbras qui repose surmonventre. Sans réfléchir, je tourne les pages et aperçois d’autres images :moi entraindedormirdansuneautreposition,mesfessesrebondiesenavant-plan,meshanches,mescuisses…—Continue,m’encourage-t-il.Jetombesurmonvisage,mesyeux,mescheveux,monnez…àrépétition.Jeme
voissousdiversangles.Parfoisengrosplan.MagorgeseserredevanttoutescesreprésentationsdemoietjemetsuncertaintempsàreleverlesyeuxsurOli.—Tumedessinesbeaucoup,jeconstated’unepetitevoix.—Oui.Jet’aidéjàditque…enfin…jetetrouvebelle.J’aimetedessiner.Ilfroncelessourcils.—Çatedérange,peut-être?—Pasvraiment.Maisjenepensaispasque…tulefaisaisaussisouvent.Ilhausselesépaules.
— Bah… c’est l’habitude, je présume. J’aime dessiner, et j’avoue que cestemps-ci…bah…disonsquetuoccupestoutematête.Jesouris,charmée.Autantparsesparolesqueparsesdessins.—Jesuistouchée,admets-jeenluirendantsoncarnet.— Ouf ! Je pensais que tu allais me demander de tout déchirer ! dit-il,
visiblementsoulagé.Ç’auraitétédommage,parceque…jel’aimebien,celui-là.Ilfaitdéfilerlespagesetmemontreledernier,celuioùjedorssurledos,les
seinsnus.Ilabeaucoupjouéavecl’ombresurmapoitrine.—Cen’estpasévident,tusais,parcequetubougessouvent.Ilfautquejeme
dépêcheavantdeperdrelemomentquej’essaiedecapturer…Je suis troublée qu’il parle de moi comme d’une œuvre d’art qu’il faut
immortaliser dans ce cahier qui été longuement consacré à Marianne. Sansréfléchir,jedemande:—Tuveuxquejeposepourtoi?Oliécarquillelesyeux,puisafficheunsourirelumineux.—Tuvoudraisbien?Parceque…ceserait…ceseraitsuper!Ondiraitque jeviensde lui faireuncadeau.Aussitôt, jemerecouchesur le
matelasetlechercheduregard.—Ilyauneposequetuaimeraisquejeprenne?—Destas,enfait,avoue-t-ilenhochantlatête,maisonvacommencerpar…Ildéposesoncarnet,puissepenchepourvenirmeplaceràsaguise.Monbras
droitremontepar-dessusmatête,etlegauchereposesurlecôtédemoncorps,lamainsurmonventre.Enfin,ilmefaittournerlégèrementdanssadirection.—Unefois,tuétaisplacéeunpeucommeça,surlecanapé,etj’aiessayédete
dessiner,maistuasbougé,explique-t-il.Etcen’étaitpasaussijoli,parcequetuavaiscet-shirttropgrandpourtoi…Ilsemblebientôtsatisfaitdemaposition.—Tuesbieninstallée?—Oui.—Super.Donne-moidixminutes,letempsdefairelesgrandstraits.Ilsereplaceauborddulitetjeleregardesepencherdevantleraidelumière,
commes’iljouaitlui-mêmeavecl’ombresurmapeau.Lorsqu’ils’immobilise,lecrayonsemetàdansersurlafeuille.Olirelèvelesyeuxversmoi,replongedanssondessin,etjerestelà,àlecontemplerpendantqu’ilseconcentresursatâche.C’esttellementétrangedelevoiraussipassionnéparcequ’ilfait.Passionnéparmoi,aussi.Troubléeàcetteidée,jedis:—Tusais…çanemegênepassituveuxcontinueràdessinerMarianne…
Il s’arrête et relève les yeux sur moi, comme s’il revenait de très loin. Iltermineuntraitavantdemerépondre.—Enfait…jeladessinaispournepasl’oublier.Pourmesouvenirque…que
j’étaisvivantetque…chaquejourquipassait,ellenel’avaitpasvécu.Jenedisrien,mecontentantdehocherlatête,lagorgenouée.—Maistuvois…depuisquetueslà…,jen’aiplusenviedeladessiner.Jemeredressepartiellement.—Sijamaisturessenslebesoindeladessinerencore…,jecomprendrai,dis-
jesimplement.Ilfaitundrôledegesteaveclamain.—Ilya…commeungrandmurautourdemoi,Amy,lâche-t-ilsimplement.Un
murquiempêchelesgensdem’approcherdetropprès.Etjenesaisabsolumentpascommenttuesarrivéeàletraverser.Malàl’aise,jemecontentedehausserlesépaules.—Jen’airienfait,j’avoue,lavoixtremblante.Ilaunpetitsourireencoin,deceuxquifontchaudaucœur,puissonexpression
s’assombrit.—Marianneaussi,étaitlà.Danscecôtéquepeudegenspeuventatteindre.Et
forcément,çalaissedestraces.Ilprendunelongueinspiration.— En fait, j’ignore ce que je peux te donner sans me sentir coupable. Ni
combiendetempsceladurera.Sesparolesm’effraient,maisjem’empressedelesbanaliser,suruntondoux:—Personnenepeutprévoirl’avenir,Oli.—Jesais,ça,grimace-t-il,mais jeveuxqueça fonctionne,Amy.Jenepeux
pas te promettre que tout sera facile ou que je ne ressentirai plus jamais deculpabilitéenversMarianne…maisjevoudraisvraimentqueçafonctionne.Illaissetombersoncarnetdedessinetsoncrayon,puisilm’attiredoucement
versluientirantsurmamain.—Lefaitestque…jenesaispassijesuisuntypepourtoi,ousijepeuxte
donner…toutcequetumérites…—Oli!jel’arrêteenposantmesdoigtssursabouchepourlefairetaire.Je peine à ne pas affichermon trouble. Est-ce qu’il parle d’amour ? Est-ce
qu’ilsous-entendqu’ilpourraitnejamaism’aimer?Pourquoiest-cequ’ilditdeschosesaussibellesetaussidésagréablesdansunmêmesouffle?Qu’est-cequejesuis censée comprendre ? Je pensais que les choses étaient plus claires entrenous!
—Cen’estpasgrave,jefinisparchuchoter.Onprendranotretemps.Ungrognementfranchitleslèvresd’Oli.—Maisc’estça,leproblème:jeneveuxpasprendremontemps!Quandtues
là,jevis!Jemesensnormal…j’aidesrêves!Sa main se pose doucement sur ma joue et il la caresse pendant quelques
secondes.Jenouelesbrasautourdesoncouetilm’embrassecommesisavieendépendait.—Parfois,jeressensuntelbesoind’êtreavectoiqueçam’effraie.Je ne réponds pas,mais je hoche la tête pour lui dire que je comprends.Ce
n’estpastoutàfaitvrai,maisjeperçoissondésird’êtreavecmoi.Ondiraitqu’ilabesoindecréerdesliens,commes’ilétaitpousséparunesorted’urgencequ’iln’arrivepasàcontrôler…Pourêtrehonnête…çam’effraieaussi.
Chapitre120
Jeretourneaubureauplus tôt.Passeulementparcequejedoisrécupérerunepartiedelapaperassedonts’occupaitMarco,maisaussiparcequej’aibesoinderéfléchir surma relationavecOlivier.C’est trop rapide.Trop fort.Autant il sefichaitde tout,avant,autantdepuis trois jourschaquemomentquenouspassonsensembleprendune intensitédémesurée.Cequ’ilditmebouleverse. Il fait toutpourmecharmer,maisilm’aclairementfaitcomprendrequ’iln’étaitpascertaindepouvoirm’aimer.Commentest-cequejesuiscenséeréagir?Jamaisjen’aipenséqueleschosesprendraientunteltournant…ouqu’Oliétait
capablederessentirlesémotionsdemanièreaussiintense…—Tuasbesoind’aide?JesursautelorsqueCéciliaapparaîtsurleseuildemaporte.—Qu’est-cequetufaislà?—Jeviensvérifierquetoutroule.L’attentemerendfolle.Elletapotesonventredistendu.— Sans blague, je passe trois heures par jour avec Marco à l’hôpital, je
marche,jenettoie,jetriedulingedebébé…,j’aivraimentbesoindem’occuperl’esprit.Elles’approcheetvienttirerunechaisequ’elleinstalleprèsdelamienne.— C’est la fin du mois, alors je suppose que tu es dans la facturation des
clients?mequestionne-t-elle.Jeris.—Onnepeutrientecacher.Claraafait lepremierpassage,mais jevoulais
vérifierparceque…— Ce n’est pas un dossier facile, ouais. Et Clara est parfois une sacrée
empotée!C’estplusfortquemoi,jemeremetsàrire.Hiersoir,j’avaisunmaildesapart
medisantàquelpointc’étaitunexercicefastidieuxetqueçan’avaitrienàvoiravec la tâche pour laquelle elle avait été embauchée. Sous prétexte que j’ai
demandé à tout lemonde de faire un peu plus que leur part, ellem’a bien faitcomprendre qu’elle avait bâclé le travail, et que je n’avais qu’àme démerderavecça.—Enplus,jenesuispastrèsdouéeavecleschiffres,j’avoueavecunemoue.—Ah,maiscen’estpas sorcier, en fait.Etonaunservicecomptabilitéqui
repasserasurtoutça,maisilvautmieuxquecesoitleplusproprepossibleavant.C’esttoujoursunsacrébordelpourfairemodifierlesfacturesunefoisquec’estenvoyé…Jeluilaisselamainsurmonclavier,etellejetteuncoupd’œilsurledocument
deClaraavantdesemettreàrire.—Ah!Lapetitepeste!Ellet’enveutparcequetubaisesavecOli,ouquoi?Jemetourneverselle,unpeuchoquée.—Quoi?Çacrèvelesyeuxqu’ellen’enferaitqu’unebouchée,demonfrère!
« Bonjour Oli, tu as passé un bon week-end ? », imite-t-elle avec une voixdésagréable.Effectivement, j’ai bien remarqué l’intérêt de Clara pour Olivier, dès mon
premierjouràStarlight,etsatêtequandilm’aembrassée!MaisjesuisunpeutroubléequeCécilia aborde laquestiondema relation avec son frèrede façonaussicavalière.—Ah,maist’inquiète!ajoute-t-ellepourmerassurer.Oliabaisédestasde
filles,maisjamaiscetteidiote!Pasmêmeenrêve!EllesepenchepourmemontreruntableurExcelàl’écran,pointantdudoigtles
casesquiluisemblentproblématiques,quandjel’arrêtebrusquement:—Alors…iltel’adit?—Quoidonc?Quevousétiezensemble?Bah…oui.Remarque,jenevaispas
tementir:jel’espérais.Ilétaittellementmalheureux,samedi,quandtuétaisaveccetype…commentils’appelle,déjà?—Will.—C’estça,Will,répète-t-elleenhochantlatête.Etjenesaispascommentila
faitpourterécupérer,maistantmieuxsiçabaigneentrevousdeux.Pourunefoisqu’ils’intéresseréellementàquelqu’un…Ellereportesonattentionsurledocumentetsoupire.—Alorslà,çanevapasdutout.Tuasvu?Duboutd’undoigt,ellepointeunecasequejefaisminederegarder,maisma
curiositéesttropforte.—Ettuenpensesquoi,toi?Célarrêtedefixerl’écranpourreportersonattentionsurmoi,l’airintrigué.
—Dequoi?Duboulotdemerdequet’afaitClara?Jeclignedesyeux.—Non!Jeparledemarelationavectonfrère!Céciliasourit.—En fait, je ne sais absolument pas comment tu es arrivée à un tel exploit,
maisloindemoil’idéedem’enplaindre!Jet’avouequej’avaisunpeupeurquetu lui claques la porte au nez, à ce petit con. Remarque, je ne t’en aurais pasvoulue,mais…pourunefoisqu’Olisortdesatourd’ivoire,j’espéraisqu’ilneseheurtepasàunautremur,tucomprends?Jen’oseluidirequ’Oliabienfaitplusquequittersatourd’ivoire,pourmoi:
il m’a ouvert son cœur. Pas seulement en me parlant de Marianne, mais enm’exposant sesdouteset sesdésirs. Jenepensepasque j’auraiseu lecouraged’enfaireautant…—Tusais,cesdernièresannées,onaeudespériodesplutôtdifficiles.Cen’est
pas sans raison qu’on est débordés, chez Starlight. C’est parce qu’il fautconstammentlestimuler,autrementilsedéconnectedelaréalitéetc’estdifficiledeleramener.Marcoetmoi…onasouventeupeurpourlui,meconfie-t-elle.Moncœurseserreetjedéglutisnerveusement.—Nevasurtoutpas luidire,dit-elleencore,mais j’aiactivé leGPSdeson
téléphone…justeaucas.SonGPS?Quelleidée!Est-cequ’elleapeurdeperdreOli?Jeblêmisquand
jecomprendslesensdesesmotsetjesouffle:—Àcepoint?—Bah…disonsquedepuisdeuxans,çava,maisavecmoncongématernité…
etMarcoàl’hosto…Ellelaissesaphraseensuspensavantd’ajouter,d’unevoixplusdouce:—Enfinbref,jesuiscontentequetusoislàpourlui,quoi.Etsiçafonctionne
entrevous,c’esttantmieux.Unpeutroublée,jebredouille:—Bah…jecroisqueçava.Sonsouriremefaitchaudaucœur.Mêmesiellejouelesfillestrèsdétachées,
jelasensémue.C’estplusfortquemoi,jebanaliserapidementlasituation:—Siçasetrouve,jenesuisqu’uncaprice.Ilrisquefortdeselasserdemoi
dansdeuxoutroissemaines.Céciliaseremetàrire,deboncœurcettefois.— Alors là, ça m’étonnerait ! On voit que tu ne connais pas Oli. Il est
amoureux.Çacrèvelesyeux!
Sacertitudedevraitmerassurer,maiscen’estpaslecas.Surtoutaprèscequ’ilm’aconfié,hiersoir.—Quoi?s’inquièteCécilia.Tuendoutes?J’essaie,encoreunefois,derendreleschosesmoinsintenses:—Bah…enmêmetemps,c’esttoutrécent,alors…Ellem’arrêteenposantsamainsurlamienne.—Tuespasséedel’autrecôtédumur,Amy.Olit’alaisséeentrer.Etça,c’est
unénormeprivilège.Enfin…situaspiresà…terapprocherdelui.Malgrélenœudquimetordl’estomac,jehochelatête.—Oui.Jecroisque…j’enaitrèsenvie.—Alléluia ! lâche-t-elle.Tu sais,Oli est restéunpeugamin.Pourdesgens
commenous,quiavonsconstammentpeurd’êtreabandonnés…cen’estpasfacilederemettresoncœurentrelesmainsd’uneautrepersonne.—Cen’estfacilepourpersonne,jerétorque,unpeuagacée.—C’estvrai,meconcède-t-elle,maissituessuiesunéchec,ilyadeschances
quetut’enremettesunpeuplusfacilementquelui.PourOlivier,c’estcommesi…tuvenaisdechamboulertoutsonunivers.Sesmots font terriblement sensdansmonesprit.Cequ’Olivier essaiedeme
dire, depuis trois jours, c’est exactement ça : que je bouleverse sa vie, qu’il apeuretqu’ilabesoindemoi…—Nousn’aimonspasbeaucoupcréerdes liens,Amy.Et l’amour,pournous,
c’est tellement effrayant que ça nous donne le vertige. Et quand on comprendqu’onpeutleperdre,alors…ons’yaccrocheparfoisdetoutesnosforces.Ellelâcheunpetitrirequimesortdematorpeuravantdejeter:—Ne te laisse pas trop intimider par tout ça, tu veux ? Il a juste besoin de
tempspourretrouversesrepères…—D’accord,dis-je,lavoixétrangementtrouble.Visiblementaussiémuequemoi,Céciliametapotelesdoigts.— Je suis contente qu’il t’ait trouvée, Amy. J’espère qu’il ne fera pas tout
foirer,cepetitsalaud.Nouspartageonsunrirenerveuxetjehochelatête:—T’inquiète…toutcomptefait,j’aimebienlessalauds…
Chapitre121
Je suis planté dans l’entrée du bureau d’Amy, scotché par ce qu’elle vientd’annoncer à Cél. Elle dit qu’elle aime les salauds. Est-ce qu’elle parleuniquement de moi ? Est-ce parce qu’elle commence à tomber amoureuse demoi?N’aurait-ellepasdûêtreeffrayéeparlamiseengardedemasœur?Près de la porte, j’attends, pendant que Cécilia explique à Amy le
fonctionnementdesfactures.Quandmasœurfaitpivotersachaisepours’éloignerunpeudel’écran,ellem’aperçoitenfin.—Oh…maistuétaislà,toi?Unpeunerveux,jem’avanceetdéclare:—J’arrivetoutjusteduprojetBeaumont.—Tun’étaispasentraindenousespionner,quandmême?—Pourquoi?Est-cequetuconspiresavecmapetiteamie?— Certainement pas ! se défend-elle aussitôt. Je venais simplement lui
souhaiter labienvenuedans la famille !Cen’estpas tous les joursque jepeuxfaireuntrucpareil!Ellepointel’ordinateurdudoigt.—Accessoirement, jevenais lui refileruncoupdemainavec la facturation.
Claraluiafaituntravaildemerde.Jevaisluipasserunsavonenrepartant.Mêmesijesuiscontentquemasœurpasseaubureau,j’avouequesaprésence
me dérange un peu, aujourd’hui. Je pensais me retrouver en tête à tête avecAmy…—Turesteslongtemps?jeluidemande.CélrigoleetpivoteversAmy.—C’estbon?Tuvast’ensortir?— Avec les explications que tu m’as données, oui, confirme-t-elle. C’est
beaucoupplusclair…—Super.Alors, je vais rentrer attendre sagement quemon accouchement se
déclencheenfin,autrement,monfrèrevaboudersijenevouslaissepasseuls.
—Hé!jegrogne.Masœurselèveetmejetteunpetitregard.—Quoi?Jen’aipasraison?Avectoutletravailquetuassurlesbras,situ
prendsletempsdepasseraubureauc’estpourlavoir,non?Avantquej’aiepul’enempêcher,ellevientm’embrassersurlajouepourme
direaurevoir.Jemesensgênédecettemarqued’affectiondevantAmy,maiscettedernièrenousregarded’unairtoutattendri.—Bon…Il est tempspourmoid’aller passerun savonàClara, fait-elle en
marchantendirectiondelasortie.Surleseuil,elles’arrêteetpivoteendirectiond’Amy:—Situasunsouci,tum’appelles?—Promis.Lesyeuxdemasœurreviennentdanslesmiens.—Allez!Profitez-en!Jeleurdiraiqu’onnevousdérangepasetquevousêtes
surundossierurgent.Salut,lestourtereaux!Jegrimace lorsqu’elle sedécide enfin à sortir en refermant laportederrière
elle,etcroiseleregardd’Amyquisemblesoudainmortifiée.—Tucroisqu’elles’imaginequ’onvabaiserici?À dire vrai, l’idéem’a effleuré l’esprit,mais jeme demande siAmyme le
permettrait…Lorsqu’ellereportesonattentionsurl’écran,jepeste:— Tu es tellement occupée que je n’ai pas droit à cinq minutes de ton
attention?Ellesouritavantdemejeterunregardréprobateur.—J’enregistresimplementledocument,est-cequej’aitapermission?Prisaudépourvu,jehochelatêteenarborantunairdésolé,maisj’admetsque
jesuisdrôlementcontentlorsqu’elleselève,trentesecondesplustard,etvientsejeter à mon cou. Aussitôt je prends sa bouche et la pousse contre son bureau,glissantungenouentresescuissespendantquejel’embrasseavecfougue.Quandjedoisreprendremonsouffle,mamainestdéjàentrainderemontersarobe.—Alorscommeça…tuaimeslessalauds?Ellegloussemaisnemerepousse.—Tuécoutesauxportes,maintenant?—Jen’aipaspum’enempêcher, je lui avoueenosant aventurermesdoigts
soussonvêtement.Amyretientsonsoufflependantquejemefaufilejusqu’àsapetiteculotte.Elle
sursautelorsquej’atteinsmacible.—Tun’étaispas…enfin…pasici!souffle-t-elle,visiblementpaniquée.
Sesmotss’étouffentdansuneplaintelorsquejecontournesaculottepourvenircaressersonclitoris,déjàgonfléethumidesousmesdoigts.—Bordel…Oli,megronde-t-elleenresserrantsaprisesurmoncou.Sansattendre,jeglissedeuxdoigtsenelleetdonneuncoupdebassinpourles
enfoncerleplusloinpossible.Elletremblecontremoi.—Onpourrait…noussurprendre,marmonne-t-elleavantderéprimerunpetit
cri.C’est exactement ce que j’aime chezAmy : sa façonde s’abandonner,même
quandelledoute.Jerevienscaressersonclitorisetellesecambrepouraccueillirl’inévitable.Je
faismonterleplaisirdanscecorpsquin’appartientqu’àmoi,etellesemordlalèvre pour retenir ses gémissements. Sa position me laisse tout le loisir del’observerpendantqu’elleperdlatête.Ondiraitqu’unélectrochoclatraverse.Satêtetombeversl’arrièrealorsquesescuissesserefermentbrusquementautourdemoi.Jeplongedenouveaulesdoigtsenellepoursavourerledélugequejeviensdeprovoquerchezelle.J’aienviedeposermabouchejustelà,delagoûter,delarendreivredeplaisir.Etenfait,qu’est-cequim’enempêche?Riendutout!Sansattendre,jelarepousselégèrementsurlemeubleendescendantmatêteverssonsexe. Lorsquema langue se glisse sur cette chair brûlante, Amy sursaute et secrispe.—Oli…mais…N’importequipourrait…J’émerged’entresescuisses.—Tuveuxquejem’arrête?Sonhésitationnedurequ’uneseconde,puisellesecouelatête.—Non.Jamais ellene saura la joieque cette réponse toute simplemeprocure.Sans
attendre, je retourne dévorer son sexe avec plus d’énergie et je la sens qui sedétend, qui accepte le plaisir que je lui offre. Elle étouffe ses petites plaintesd’unemain,maisc’estrapide.Sescuissesserefermentautourdematêteetellelâcheunrâlequin’enfinitplus.Quandtouts’arrête,elletrembleetjem’aperçoisqu’elle rit nerveusement. Jeme redresse pour lui jeter un regard interrogateur,presquevexé.—Jenepeuxpascroirequ’onvientdefaireça,admet-elle,toutegênée.—Cen’estpaslapremièrefoisquejetefaisjouirdanscettepièce,jeraille.Amys’assoitsurlemeubleetenroulesesbrasautourdemoncou.Jeprendsles
lèvresqu’ellemetendetl’embrasseenlaserrantcontremoi.—J’adoretafolie…,murmure-t-elle.
—Alorsjesuissauvé,dis-jeensouriantcommeunidiot.Lesmainsd’Amydescendentetcherchentàdéfairemabraguette.J’aibeauêtre
étonnéparsoninitiative,jesensmoncorpsréagirimmédiatementàcetappel.—Etsionentrait?jememoque.—Tuveuxquejem’arrête…?rétorque-t-elleavecunsourireencoin.Alorsquejem’attendsàcequ’ellem’attireversellepourquejelaprennesur
cebureau,Amymerepousseetselaissetomberdumeuble,puisàgenouxdevantmoi.Letempsquejecomprennecequim’arrive,jelâcheuncridesurprisealorsqu’elle se met à me sucer de la plus divine des façons : doucement, en meplongeant entre ses lèvres, puis en revenant taquinermonglandde sa langue…Trèsvite,unrâles’échappedemaboucheetjemepenchepourprendreappuisurlebureau.D’ici,jelavoisbien.Tropbien.Jenecontrôleabsolumentrien.Nileplaisirquigrimpedansmoncorpsnicequejeressenspourcettefemme.—Oh,Amy…Mesdoigtss’agrippentaureborddubureauetjelâcheuncriridiculementaigu
pendantque jechutedans l’orgasme.Jemerépandsdanssagorgealorsqu’ellecontinue à me sucer doucement. Je suis étourdi, probablement parce que j’airetenu mon souffle, et dès qu’elle me libère, je me laisse lentement tomber àgenoux,devantelle.—J’adorequandtumefaisl’amourcommeça.Ellesemetàriredeboncœur,puissejetteàmoncou.Ellem’embrasseavant
de venir se lover contre moi. Je l’enlace d’un bras sans me soucier de notrepositionridiculeetdemasemi-nudité.Tantpissionnousvoitainsi.Jeviensdefairel’amouravecmapetiteamie.Rienn’estplusimportantquecela…
Chapitre122
Jepasselesjourssuivantssurunpetitnuage.Mêmesionnefaitquesecroiseraubureau,Olivierm’envoiesouventdesmessages.Ilprenddesphotosdesmisesenscènesurlesquellesilbosse,oubienencoredesesrepas,commes’ilvoulaittoutpartageravecmoi.Etsespetits:«Hâted’êtreàcesoir»oumieux:«Tumemanques»merendentsouriantependantdesheures!Même si Olivier ne parle pas clairement d’amour, il agit comme un homme
amoureux. Il memontre à quel point je suis désirable, à quel point il a envied’être avec moi, et exige toujours que nous passions la soirée ensemble. Lesaprès-midi,jereçoissouventuntextoquiressembleà:«Cesoir,cheztoiouchezmoi?».Àcroirequ’ilnousestdésormaisimpossibledepasserunenuitloinl’undel’autre.C’est fort, et ça me rend follement heureuse. La peur n’a pas complètement
disparu,maisjeneveuxpasl’écouter,parcequecetterelationmecomble.Etpourtant,cesoir-là,quandilmedemandeoùl’onseretrouve,jesoupireet
réponds:«Jecroisqu’ilvautmieuxfaireunepause»Moinsdedixsecondesplustard,lasonneriedemonappareilrésonneetlavoix
inquièted’Olisefaitentendredèsquejedécroche:—C’estquoicettehistoiredepause?Nousavonspassétoutesnosnuitsensembledepuissamedidernier.N’a-t-ilpas
enviedeseretrouverseul,unpeu?—Jesuisfatiguée,jeluiexplique.Etjeneseraisûrementpasd’humeur.Autant
rentrerchezmoi,prendreunbonbainchaudetmecoucher…Unsilencepasseavantqu’ilneposelaquestion:—Tuenasdéjàmarredemoi?—Oli!Çan’arienàvoir!Ons’estvustouslesjours,cettesemaine!Çane
nousferapasdemaldepasserunenuitchacundenotrecôté.—J’aifaituntrucquit’adéplu?insiste-t-il.J’aiditunebêtise?
—Maisnon!Jeprendsmoncourageàdeuxmainsavantd’annoncer:—Écoute…ilsetrouvequemesrèglesontcommencéet…voilàquoi.Autant
qu’onremetteçaàdansunjouroudeux.«Outrois.Ouquatre»,jesongeenpinçantleslèvres.Unautresilencepasse,
puisOlivierlâche:—OK,alors…c’estmoiquiviendraicheztoi.J’apportelerepas…duvin…—Oli!jelegronde,incapablepourtantderéprimerunsourire.—Quoi?Onn’auraqu’àdînertranquillement,regarderlatéléetpuisdormir!Son insistance me plaît. Non, en fait… je crois que tout me plaît chez cet
homme.Cette façon qu’il a d’écarter les problèmes pour passer du temps avecmoi.—Amy… j’aime dormir avec toi, dit-il encore. Et quand je n’arrive pas à
dormir, je te regarde…ou je tedessine,et çam’apaise…S’il teplaît,dis-moiquejepeuxvenircheztoi.Jefinisparaccepter:—D’accord.Jeterminedansunepetiteheure.—Parfait.Jefiniscequejesuisentraindefaire,jefileacheterdelabouffe
asiatique,unepetitebouteilledevinetj’arrive.Jevaism’occuperdetoi.Quandjeraccroche,jemelaisseretombersurmachaise,ungrandsourireaux
lèvres.Oliavraimentledondemefairecéderàtoussescaprices.Etjedoisbienl’avouer…j’adoreça!
Chapitre123
Quandj’entrechezAmy,elleestlà,assisesurlecanapé,entouréedepapiersétalés partout autour d’elle. Elle relève la tête et sourit enme voyant, les braschargésdepaquets.—Toutça?rigole-t-elle.—Jenesavaispastropcequetuaimais.Etpuis,çanousferadesrestes.Lentement, elle se lève, en prenant garde à ne pas faire tomber toute la
paperasse.Elleestvêtued’unbasdepyjamableuetd’unpetitt-shirtàmanchescourtesblanc, avecdes étoilesbleues.Dèsque j’ai lesmains libres, ellevientm’enlaceretm’embrassedoucement.—Salut,toi.—Salut,jerépète,heureuxdelaretrouver.—C’estgentildevenirmenourrir,susurre-t-elle.Jesourisetpointelecanapédumenton.—Tuasencoreduboulot?—Jevérifiejustequelquescontrats.Jen’enfaispassouvent,alorsjeneveux
pasfaired’erreurs.—Tu es géniale, dis-je,même simon compliment n’a rien à voir avec ces
documents.Elleglousseentremesbras.—Tun’espasmalnonplus,Garrett.Saboucherevientsurlamienneetjegronded’envieavantdelarepousser.J’ai
promisd’êtresageetjevaisl’être.—Çavaêtrefroid.Tuasfaim?—Jemeursdefaim,avoue-t-elle.—Sers-nousduvin,jevaismettrelatable.Onagitcommeuncouple.Enfait,c’estplussimplequejenelepensais.C’est
commefairedestrucsseuls,maisàdeux,etaulieuderepenseràmajournée,j’aiquelqu’unàquilaraconter.OnmangeendiscutantetAmygoûteàplusieursplats
engloussantdeplaisir.Mêmelacouleurdesesyeuxchangequandellem’écoute.Ils deviennent clairs, brillants, comme si j’étais la chose la plus importante aumondepourcettefemme.Après le repas, je file prendre une douche et m’installe au bout du canapé
pendantqu’Amytermineson travail,àdeuxplacesde lamienne.Soudain, je latrouve loin.Quand elle dépose toute la paperasse sur la table basse et qu’ellevientsecollercontremoi,jesoupire,heureux.—Mercid’êtrelà,dit-ellesimplement.—Jen’aiaucuneenvied’êtreailleurs.—Bah…tuauraispuenprofiterpourfairetestrucs.Jefroncelessourcils.—Quelstrucs?—Jenesaispas.Testrucsdanstonatelier,parexemple.—Dansmonatelier, jedessine.Oualors jepenseàdenouveauxspectacles.
Maiscommeonestdéjàsuruntasdeproductions,ilvautmieuxquejemecalmedececôté-là.Latêtedansmoncou,ellerit,puisjelasensquiopinediscrètement.—Tuétaistoujoursseul,avant.Çanetemanquepas?demande-t-elleencore.—Non,dis-jesimplement.J’attendsunmomentavantdelarepousserpourvérifiersonregard.—Tumetrouvestropenvahissant,peut-être?—Non.C’estjuste…jenesaispas…onestpassésd’unextrêmeàl’autre,tu
nepeuxpasdirel’inverse.Etavant,tufaisaisbiendeschoses,quandturentraischeztoi.—Jebuvais,j’avoueavecuneminecontrite.Oujesortais.Oujebossais.Ou
jedessinais.Monénumérationsemblelasurprendre,alorsjemesensobligéd’ajouter:—Etpuisparfois,jeramenaisunefilleàl’hôtel.Commeellerestelà,àneriendire,jegronde:—D’accord,çam’arrivaitassezsouvent.Baiser,çam’empêchederéfléchir.
Maisçan’arienàvoiraveccequisepasseentretoietmoi.Ellelâcheunpetitrireetlèvelesyeuxauciel.—Quoi?Tunemecroispas?—Biensûrquesi!Pourquoiressens-tulebesoindetoutjustifier?Tuavaisle
droitdegérertaviecommetul’entendais.Voilàquimecontrarie,soudain.—Qu’est-ceque tu racontes?Jenegéraispasmavie !Enfait, jenegérais
riendutout!J’étaiscoincéderrièrecemuroùpersonnenepouvaitm’atteindre.Etçamerendaitfou, tucomprends?Jecouchaisaveccesfillesparcequecelanefaisaitquemeconforterdanscequejeressentais,toutaufonddemoi.Quej’étaisunsalaud.Contretouteattente,Amysourit,puisvients’asseoirsurmoiavantdenouerses
brasautourdemoncou.—Oli,toutlemondeafaitdeschosesdontiln’estpastrèsfier.Regarde-moi:
j’aiétéavecuntypemarié.Qu’elleparledeBenmedonnelecouragedeluiposerlaseulequestionquime
tracasseencoreàsonsujet:—Tuleregrettes,cetype?Elleétouffeunrireetmecaresselajoue.—Maisqu’est-cequetuvasimaginer?—L’autresoir,tun’avaispasl’airbienquandtul’asrevu…L’expressiond’Amyseternit,puisellesouffle:— J’avais surtout peur de voir sa femme. Tu sais, j’étais vraiment sûre que
c’était terminéentreeux.Et jenevoulaispas…jemesentaisplutôtmal faceàelle…Laculpabilité.Oui,ça,c’estunsentimentquejeconnais,alorsjehochelatête,
maisj’insistequandmême:—Tunel’aimesplus,alors?—Biensûrquenon!rigole-t-elle,commesimaquestionétaitstupide.Probablementparceque jen’arrivepasà trouver lecouragede rire, elleme
dévisage,intriguée.—Est-cequetuendoutes?—Non.Enfin…jenesaispas.J’avouefinalement,d’unetoutepetitevoix.—Enfait…çameplairaitbienquetusoisamoureusedemoi…Ellemeregardeavecsérieux,puissepenchepourvenirdéposerunbaisersur
meslèvresavantdeseredresser,unsourirevenantpeuàpeuilluminersestraits.—Quiteditquejenelesuispasdéjà?Moncœurs’emballeetjerestelà,àlafixer,enespérantqu’ellelâchecesmots
qui m’ont si longtemps effrayé. Pourquoi ai-je tant besoin de les entendre ?Sûrementparcequejeneveuxsurtoutpaslaperdre.Etpourtant,ellesemoquegentimentdemoi:—Tunecroisquandmêmepasquejevaistefaireunedéclaration?—Pourquoipas?jequestionne,surpris.
—Parcequecen’estpasmongenre,déjà.Etparcequejepréfèreattendrequeturessenteslamêmechose.—Peut-êtrequec’estdéjàlecas?jelâche,plusvitequejenel’auraisvoulu.Amy se remet à rire, comme si je venais de faire une blague. Et en toute
franchise,jemesenstrèsnerveux:jenepensaispasaborderlesujetavecelle,cesoir…Ellesepencheetcaressemalèvredubasdesonpouced’unairattendri.—Oli,tun’aspasàdirequoiquecesoit,surtoutsitun’enressenspasl’envie.— Je voudrais le dire, admets-je aussitôt, mais… disons que c’est assez
nouveaupourmoi.Etj’aienvied’êtresûrque…—Chut.Ellem’embrassedoucementavantdereplongersesyeuxdanslesmiens.—Destasdetypesm’ontditqu’ilm’aimait,Oli.—Tum’étonnes!jeraille.—Cequejeveuxdire,s’empresse-t-elled’expliquer,c’estquelesmotssont
inutiles entre nous, parce que… je sens bien ce que tu ressens. Et c’est unepremière pour moi, tu sais ? C’est vraiment la première fois que je n’ai pasbesoind’entendrecesmots,parceque…jelessens.Magorgesenoue,surtoutlorsqu’elleajoute,d’untonplusléger:—Toiquivoulaisêtrepartoutenmoi.Ehbien…jecroisquetuasréussi.Pourmasquerl’émotionquimegagne,jelaramènecontremoietlaserreavec
force.Ellea tellementraison.Lesmotssont inutilesentrenous,etpourtant, j’ail’impression qu’elle vient de m’offrir la plus belle déclaration qui soit. Unedéclaration qui m’enlève un poids considérable. Amy est mienne. Et passeulementdecorps…decœuraussi.
Chapitre124
Je rêvasseauboulot.Hier soir,Olivieraétéen toutpointparfait. Iln’a rienexigé.Ilm’asimplementbordée,prisedanssesbrasets’estendormicontremoi.C’est ridicule, mais ces moments-là sont plus beaux que n’importe quelledéclarationqu’ilpourraitmefaire.Jesuissurpriselorsque,contrairementàsonhabitude,Oliviermetéléphoneau
bureauaulieudem’envoyersontraditionnel:«Cesoir:cheztoiouchezmoi?»—JesorsavecJack,cesoir,m’annonce-t-iltoutdesuite.—OK,dis-jesimplement,étonnéeparsontondéterminé.—C’estmonpsy.Enfinnon…c’étaitmonpsy.Là,c’estplutôtunami.Onva
aller manger, et sûrement qu’on ira prendre une bière…, qu’on discutera… tuvois?En fait, jeme souviens très bien de Jack, lors de la soirée de charité,mais
j’avouequeçam’inquiètequ’Oliressentelebesoind’allerluiparler.—Ne va surtout pas croire que je ne veux pas que tu viennes, hein ! dit-il
soudain.C’estjusteque…—Chut,jelecoupe.Iln’yapasdesouci.C’estnormalquetuaiesunevie.Et
puis, ça tombe bien, Juliette voulait justement savoir si ça me disait d’allermangerdessushis,cesoir.—Ettuasditoui?— Je lui avais dit qu’il fallait que je voie, mais comme tu as d’autres
engagements…jesupposequeçaneposepasdeproblèmesij’accepte.—Ehbien…non,lâche-t-ilsimplement.Unsilencepasseavantqu’iln’ajoute:—Tu sais, j’ai juste envie de parler avec Jack de…de ce quim’arrive, tu
vois?—Biensûr.Jelesensmalàl’aiseetcelam’intimide,alors jereprendsaussitôt,d’unton
aussienjouéquepossible:
—Vaàtonrendez-vousetamuse-toi!Pourmapart,jevaisallermegaverdesushisenracontanttousnossecretsàJuliette.—Nossecrets?Qu’est-cequec’estquecettehistoire?Jeglousse,ravied’avoirattisésacuriosité.—Ne t’inquiètepas : jevais seulement luidire àquelpoint tu es charmant.
Quejen’arriveplusàterésister!—Hé!C’estmaréputationdesalaudquivaenprendreuncoup.—Net’enfaispas.Tonsecretserabiengardé,avecJul.Unsilencepasseavantqu’ilajoute,d’unevoixoùpercelesoulagement:—Alorstuvaspasserlasoiréeàparlerdemoi?Çameva.Jevaissûrement
fairelamêmechose,enfait.Jeris,flattée.—Alors…onsetéléphonedemain?jeluipropose.—Hein?Ahnon!Onseretrouvechezmoi!Enfin…cen’estpasquejene
veuxpasallercheztoi,mais…jen’aipaslaclé.Je ferme les yeux, touchée par sa façon de ne jamais vouloir qu’on dorme
séparés. J’ai pourtant essayé à plusieurs reprises de lui donner un peu de lest,mais chaque fois, il persiste à réclamer ma compagnie. Qu’est-ce que ça meplaît ! Trop, d’ailleurs. Est-ce qu’on ne devrait pas en avoirmarre de se voiraussisouvent?—Tupréfèresqu’onnesevoiequedemain?demande-t-ilsoudain.—Non,je…Çameva.Onserejointcheztoi.—Super!Alors…àplustard.Tumemanquesdéjà.—Toiaussi,jechuchote.Lorsqu’il raccroche, je reste là, lesyeuxperdusdans levide,à savourerces
petitsmotsquinedevraientpasêtreprononcés.Commentest-cequejepourraisluimanquer ?On passe toutes nos soirées et nos nuits ensemble ! Et pourtant,c’estvrai:jeressenscemanqueridicule.L’envied’êtretoujoursaveclui.Merde!Qu’est-cequejesuisamoureuse!Etchaquejourquipassemeparaît
pirequelaveille…
Chapitre125
J’envoie une photo dema bière àAmy. Jem’assure que Jack apparaisse enarrière-plan.Jeneveuxsurtoutpasqu’elles’imaginequejedraguedansunbar,alorsquejesuislà,àpenseràelle,etàmelanguirdelaretrouver…—Alorscommeça…tuesencouple?medemandeJack.Je t’avouequeça
m’aétonnédel’apprendre,quandtum’astéléphonépourm’enparler.Montéléphonevibreetj’étouffeunrire.Amys’estpriseenphotoavecunsushi
entrelesdents.Jemontrel’imageàJackquirigoleàsontour.—Elleteplaîtbien,ondirait,lâche-t-il.—Tuparles.Jen’arrivepasàpenseràautrechosedepuisqu’elleestdansma
vie,jeluiavoueenreposantmontéléphonesurlatable.Pourtant,jebosse!Deux,voiretroisfoisplusqu’avant!—Tuesamoureux,c’esttout.C’estnormal.Ilmejetteçacommeça,commesic’étaitévident.Jelescrute,intrigué.—Commenttupeuxdireuntrucpareil?— Mais regarde-toi, Oli ! dit-il en me montrant de la main. Tu souris
constamment, tupensesàcette fille, tu luienvoiesdesphotos,alorsqu’iln’yapasdeuxmois,tuétaisletypelepluségoïstedelaplanète!Sicen’estpasça,êtreamoureux,jemedemandebiencequec’est!Jehausselesépaules,unpeuperdu.—Maiscomment…enfin…jesuiscensé le savoir?Y’apasdemanuelqui
dit:ça,c’estdel’amour.Ça,cen’enestpas.Ilfroncelessourcils.—Qu’est-cequeçaveutdire?Quetun’espassûrd’êtreamoureux?—Mais…jenesaispas ! Jen’avais jamais ressentiun trucpareil,moi ! je
m’énerve soudain. Ou alors… pas de cette façon-là ! Je veux dire… avecMarianne, j’arrivaisàsortiravecmespotessansressentircetteespècede…ondiraitqu’ellememanquetoutletemps!—C’estledébut,c’esttout.Çavafinirparsetasser.Tuesbienlà,avecmoi,
non?—Ouais,maisjepenseàellequandmême,jemarmonne.Je bois ma bière à grandes gorgées. C’est bête, parce que nous avons
commandé des burgers. Je suis coincé ici pour aumoins une heure, si ce n’estdeux.EtAmyestavecJuliette.Toutcetespaceentrenousmefichelevertige.—Oli…situmedisaiscequit’angoisse?—Toutetrienàlafois,admets-je.DevantleregarddeJack,jemesensredevenirtoutpetit.Enmêmetemps,c’est
bienpourtoutluiavouerquejesuislà,non?—J’aibesoind’elleetçam’effraie,jelâcheenfin.Jenesaispascommentelle
faitpourmesupporter.J’aipourtantétéunparfaitsalaudavecelle!Etpasqu’unefois!—C’est signe qu’elle doit beaucoup t’aimer. Et puis, tu sais…quand tu t’y
mets,tuesplutôtuntypebien.Je grimace devant son compliment. Jack a vraiment le don de tout
dédramatiser : pour lui, il vautmieux prendre note du passé et se tourner versl’avenir.Maismoi,pendantdesannées,jen’aijamaiscruquej’avaisunavenir,alors…EtpuisAmyesttombéeducieletilabienfalluquejeréfléchisseàtoutça.—Tun’es pas le premier gars qui a peur de tomber amoureux,Oli.En fait,
c’estletrucleplusflippantquipuissearriveràn’importequi.Jelefixeavecdegrandsyeux,maisilconfirmeenhochantlatête.—Qu’est-ce que tu crois ?Onpasse tous par là ! rigole-t-il.Maismême si
c’esteffrayant,c’estaussilaplusbellechosequipuisset’arriver…Là-dessus,jesuisd’accord.Amyestvraimentlaplusbellechosequipouvait
m’arriver.Etjenelaméritaiscertainementpas…—Je croisque je l’aime, j’avoued’unepetitevoix,mais j’ai peurde le lui
direetque…touts’arrêtebrusquementdanstroissemaines.—Tuaspeurdecesserdel’aimer?m’interroge-t-il,surpris.—Non!Enfin…j’ensaisrien.Jeneveuxpasluimentir.Depuisledébut,j’ai
étéhonnêteavecelle.Merde!Jeluiaiditdestrucsquemêmetoitunesaispas!Aulieud’enêtreintrigué,Jacksourit.—C’estuneexcellentechose,Oli.—Ouais.Jesuppose.Ellenem’apasenvoyémefairefoutre,déjà.Il rigole devant ma façon de m’exprimer, et je profite de son silence pour
ajouter,plussérieusement:—Etellem’aime,tusais?Enfin…ellenel’apasditaveccesmots,maiselle
me le fait clairement comprendre. Tous les jours. Tu ne trouves pas çaincroyable?Jackmeregardeavecundrôled’air.—Sij’aibiencompris…cequitetrouble,enfait,c’estquequelqu’unpuisse
t’aimer?Jefroncelessourcils.—Non!Célm’aime,parexemple,etjen’enfaispastoutunplat!—Cen’estpasd’unerelationforcéedontonparle,Oli.Célt’aimeparceque
c’esttasœur,maiscettefilleachoisidet’aimer.C’esttrèsdifférent.Etcommetuaspassétavieàt’isoler,tuasdumalàcomprendrecommentunechosepareillepeutt’arriver!Est-ilpossiblequ’ilaitraison?Amya-t-ellevraimentchoisidem’aimer?—L’amourn’estpasunchoix.Moijen’aipaschoisid’aimercettefille!C’est
arrivé,c’esttout!—Tuauraispufuirourefuserdevoircequ’elleprovoquaitentoi,maisnon…
tuasacceptédet’ouvriràelle.C’estunchoix,Oli,tunepeuxpasdirel’inverse.—Mais…Amy…?—Elle a fait lemême choix. Elle aurait pu refuser de s’engager dans cette
histoiresousprétextequetuétaisuntypetropcompliqué,maisondiraitquetuesparvenuà touchersacordesensible.Chacundenousseprotègedesautres,Oli,maisilyatoujoursunebrèchedanslemur.Unebrèchequelesgensquiveulentvraiment traverser finissent par trouver. Va savoir comment elle est arrivéejusqu’àtoncœur…outoiausien.C’estunpeucommedelamagie.Etàdirevrai,danscegenredechoses…ilveutmieuxnepassavoir.Ilportesonverreàseslèvres.Sesmotsfontsensdansmatête.Putain.Jesuis
amoureuxd’Amyetjenesuismêmepasfichudem’enrendrecomptetoutseul!—Jesuisunimbécile,jelâche.Direquejeneluiaijamaisdittoutça.— Bah. On évoque nos sentiments quand on se sent prêt, tout simplement.
Quandonestpersuadéqu’ilssontvraisetsincères.Etlefaitqu’ilsgrandissent,jouraprèsjour,estnormalaussi.—Etsiças’arrêtait,subitement?Ilhausselesépaules.— Ça, on ne peut pas le savoir à l’avance. Des gens s’aiment. Certains se
séparent. L’amour change… et parfois, il disparaît. Ce n’est pas comme si onavaituneprisesurça.Cequicompte,c’estlemomentprésent,pascequipeutsepasserdans les semainesou lesmoisàvenir.Tantque tueshonnêteaveccettefille,tun’asrienàtereprocher.
J’inspire.TantquejesuishonnêteavecAmy,toutvabien?Jamaisjen’aiétéplushonnêtedemavie!J’aibienfaillilaperdreàcausedeça,d’ailleurs!—Tuasraison: jesuisamoureux.Maisjesuistropamoureux.Parexemple,
elle a passé la semaine à me dire qu’on devrait dormir chacun de son côté,certainssoirs,mais tuvois, jesuis incapablede lefaire!Tu terendscompte?S’iln’entenaitqu’àmoi, j’enchaîneraiscettefilleàmaviedetouteslesfaçonspossibles.Justepourêtrecertainqu’ellenem’abandonnepas.Jemetaisbrusquement,maisJackpenchelatêtesurlecôtépourmedégoterun
regardperçant.—Ah.Voilàdonclevraiproblème.Jelepointed’undoigtpourlemettreengarde.—Non,attends!Jesaiscequetuvasmedire:qu’aveccequej’aivécu,c’est
normald’avoirpeurd’êtreabandonné,maislà,c’estdifférent!—Enquoi?—J’aiétévacheavecAmyaudébutdenotrerelation.Etpuis…jeneconnais
rienàl’amour,putain!Commentjesuiscensélaséduirepourqu’elleresteavecmoijusqu’àlafindestemps?—Jetetrouvebienduravectoi,Olivier.Tun’aspasvécupendantdesannées
etvoilàquetutombesamoureux.C’estunchocpourtoi.C’estnormal.—Tun’aspasidée,jeconfirme.—Ettuasdelachancequ’unefillecommeAmyt’acceptetelquetues.Etque
tupuissesluiparlerdetoutça.C’est lesignequevotrerelationseconstruitsurdesbasessolides.Jelefixe,lesyeuxremplisd’espoir.—Ahouais?Tucrois?—Oui.Maisessaiedenepastropl’étouffer,quandmême.C’estnouveaupour
toi,maistudoisaussisongeràlaissercettepauvrefillerespirer.Jemerembrunis.Est-cequej’endemandetropàAmy?Quand la serveuse vient déposer nos burgers et que je reste là, à fixer ma
nourritureensongeantàAmy,Jacks’exclame:—Allez,envoie-luilaphoto!Je retrouve un large sourire etm’empresse de récupérermon appareil. Amy
sauraquejepenseàelle.Pourleprincipe,jesoulèvelepainetjeluimontrequej’aiprisunextra-bacon.Justeparcequejesaisqu’elleadoreça.—Net’enfaispas,va,semoqueJack.Dèsqu’onafinidemanger,tupourras
allerlaretrouver.Moiaussi,j’aiunefemmequim’attend.
Chapitre126
Quandjerentre,Amyestdéjàlà.Jelâcheunsoupirdesoulagement.Jen’aipasoséluidemanderoùelleétaitquandj’aiquittéJack.Jenevoulaispasqu’ellesesente obligée de rentrer plus tôt. Obligée de s’occuper demoi. Obligée, quoi.Jackn’a-t-ilpassous-entenduquejeluiendemandaistrop,cestemps-ci,etquejedevraisluienparler?Quec’estlabaseducouple,lacommunication?Dansmonlit,Amyestétenduesurleventre,unbouquinàlamain.Pasdetélé.
Pasdemusique.Ellen’estmêmepassouslesdraps.Elleporteceboxeretcet-shirtbeaucouptropgrandquej’aimebien,toutcomptefait.Quandellem’entendarriver,elleseredressesuruncoudeettournelatêtedansmadirection.—Déjàlà?—Ettoi?JepensaisquetuiraisdanseravecJuliette.—Alorslà…pasdedanger!Elleavaitunrendez-vous…Elleme lance un drôle de regard que je ne relève pas. Je laisse tomberma
vestesurunechaiseetviensm’installersurlereborddulit.—EllesortavecDrew!annonce-t-ellecommes’ils’agissaitd’unenouvelle
importante.—Ah.C’estchouette,dis-je.—Tu parles !C’est à peine si on a pu parler de toi !Elle n’en a que pour
Drew,maintenant!Jesouris.Jeprésumequecen’estpasplusmalqu’ellegardenospetitssecrets.
Sansattendre,ellevientseblottircontremoietm’embrasse.—Ettoi,tasoirée?—Tum’asmanqué,dis-jesanshésiter.—Toiaussi,glousse-t-elleenvenantfrottersonnezcontrelemien.—Etcontrairementàtoi,j’aibeaucoupparlédenousdeux.Elle s’éloigne de moi, et s’installe confortablement sur ses talons pour me
lancerunregardintrigué.—OK…
Jem’empressedejeter:—Avant ton arrivée, j’étais commeun bateau,Amy… je dérivais n’importe
comment. Et puis… soudain… tu étais là. Comme une île perdue aumilieu denullepart.Etquandj’aicomprisquec’estlàquejevoulaisêtre,ehbien…jemesuismisàjeterl’ancre,tuvois?Elle sourit, étonnée parmamétaphore. Pourtant, j’y ai songé pendant tout le
trajetduretour,etcommeelleexprimebiencequejeressens,jepoursuis:—Enfait,jen’arrêtepasdetejeterdesancres,parcequejenesaisjamaissi
ças’accrochequelquepartoùc’eststable.Unendroitbiensolide.Alorsj’envoieetj’envoie…parcequej’aibesoind’avoirtouscesliensavectoi.—Oui.J’avaiscompris,chuchote-t-elle,siémuequejevoisdeslarmesdans
lefonddesonregard.—Maisavectoutça…j’aipeurdet’effrayer.Peurd’ouvrirlesyeuxetdevoir
quel’îleadisparu…peurdetoutfairedetravers,parceque…c’estlapremièrefoisdemaviequejetombeamoureux.Amyfermelesyeuxetinspirelonguement.Unelarmeroulesursajoueetelle
expirebruyammentavantdereportersonattentionsurmoi.—Merde.Jenevoulaispastefairepleurer,jesouffle.Àtraversseslarmes,Amyritsoudainetrevientsejeteràmoncou.—Tuvasfinirparmefaireexploserlecœur,dit-elleàmonoreille.Je la retienscontremoi, sonné.Est-ceunebonneouunemauvaisechose…?
Quandellereculepourrevenirplongerunregardhumidesurmoi,ellemesouritdoucement:—Jet’aime,OliverGarrett.Jeveuxbienêtretonîleoutoutcequetuvoudras,
enfait…Mesdoigtscaressentsajoueetjelaregardeavecuneémotionquiétranglema
voix.—Jet’aimecommeunfou.J’étaisseulementtropconpourteledireplustôt.Ellem’embrasseencoreavantdem’offrirunnouveausourirelumineux.—Riennepresse,tusais.—Au contraire. Je n’ai pas vécu pendant huit ans. Je n’ai plus de temps à
perdre ! Jackdit que le côtéunpeu troppassionnel c’estnormal, que çava sestabiliser,qu’ilfautjuste…qu’ontrouvenotreéquilibre…Amysourit,puisellehochelatêteavantseblottirànouveaucontremoi.—Oniraàtonrythme.Putain!Pourquoiellemedituntruccommeça?Siellesavaitcommeilyades
moments où j’ai envie qu’on soit à des années de cemoment précis.Quandon
seramariés,avecdesgamins,qu’onauraunevraiedefamilleetqu’ons’aimeratoujours. Dans des moments comme celui-ci, je la sens vraiment avec moi.Derrièrecemur.Etjesensquenoussommesprêtsàaffrontertouslesobstaclesquioserontsemettreentrenous…— Tu peux être sûr que je vais faire tout ce qu’il faut pour ne jamais te
perdre…Elleposedenouveauses lèvressur lesmiennes,cettefoisavecuneintensité
quimevrilleleventre.Sesmainss’accrochentàmesépaulesetellesehissesurmoi.Soncorpssefrottecontrelemienpendantquejetanguepourconservermonéquilibre.Amymepousseetjemeretrouveétendudebiaissurlematelas,aveccettefemmeaudésirardentsurmoiquidévoremabouche.—Amy,tuvasmerendrefou…—Etoùest leproblème?mequestionne-t-elle,enramenantsesmagnifiques
yeuxsombressurmoi.—Mais…tuas…tusaisbien!J’ail’aird’unimbécileàêtreincapabledeprononcerlemot«règles»!Les
mainsd’Amys’activentsurmafermetureÉclairetellechuchote:—Tuviensdemedirequetum’aimes…ilfautbienfêterça.—Mais…comment?Quandsamainlibèremonérectionetqu’ellesemetàmebranler,laquestion
s’évapore demon esprit.Qu’elle fasse tout ce qu’elle veut, après tout !Quandj’ouvrelesyeuxetquejelacontemple,penchéesurmoi,jepeste:—Enlèvecet-shirt.Jeveuxtevoir.Ellemelanceunsourireravietretiresonvêtement.Jesuiscomplètementsous
le charme. Samain glisse entre ses seins puis revient s’enrouler autour demaqueue.Ellemecaressedoucement,avantdesepenchersurmoi.Jefermelesyeuxet gémis d’envie. Amy continue embrasse mon ventre. Puis sa voix résonne àtraverslabullequ’elleconstruitautourdenous:—Dis-moiquetuaimeraisquejetesuce…Monsexegonfleetjebafouille,déjàbienébranlé:—Suce-moi.Envoie-moiauparadis.Mesmots se terminent enuneplainte lorsqu’elle plongemongland entre ses
lèvres. Je serre les fesses pour essayer de retenir l’excitation qui grimpebeaucoup trop vite dans mon ventre. Quel délice, cette bouche ! Toutes lessensationss’enregistrentdansmoncerveauàunevitessefolle.Lafaçondontellemedéguste,dontsescheveuxeffleurentmonventre,samainquis’accrocheàlamiennependantquejegémis.Quandjen’arriveplusàrésister,jememetsàcrier,
fort.Amyaccélère,etmoi…jechutedansuneplaintequin’enfinitplus.J’entendsmoncœurquis’affoleàmestempes,puisquireprenddoucementson
rythmenormal.Amymelâcheetvientposersatêtesurmontorse.Mesdoigtsseglissententrelessiens,etjelesserre,justepourm’appropriersamaincommejeviensdem’infiltrerdanssagorge.— Je t’aime, dis-je, incapable de retenir les mots qui s’échappent de ma
bouche.J’emprisonne son visage entremesmains avant de posermes lèvres sur les
siennes.J’aienvied’êtredouxetrudeàlafois.Siellen’avaitpassesrègles,jela ferais jouir comme une folle sur ce lit, histoire qu’elle répète mon nom enboucle pendant l’orgasme…À défaut, je prends sa bouche et caresse sa peauparfaitequifrémitsur lamienne.Jeglissesoudainmesmainssoussonboxeretécrasesesfessessousmesdoigts.Amysoupireetredresselatêtepourmejeterunregardtrouble.—Ilvautmieux…qu’onrestesages.Jeluicaresselescuisses.—Tuasuntampon?Ellesursaute.—Oli!megronde-t-elle.—Tuasuntampon?jerépèteplusrudement.—Oui,mais…onnevapas…Avantqu’ellenepuisseprotester,jeposemonpoucesursonclitoristenduetje
lefrottedélicatement.—Qu’est-ceque…—J’aienviedetetoucher,jeluiavoue.Enviedet’entendregémirmonnom.Elle se cambre, puis je sens sa nervosité s’estomper petit à petit. Son corps
cessedelutteralorsquej’approfondislacaresse.Jeretiensungrognementquandjeretiremamainetviensléchermesdoigtspourleslubrifier.Quandjeretourneentresescuisses,Amysoulèvesonbassinpourmefaciliterl’accès.Jeretourneàmatâcheetbientôtelleselâche,posantunregardtroublesurmoipendantqu’elletentedemedisputer:—Tuescomplètementfou.—Complètementamoureux,jerectifie.Elleglousseavantdefermerlesyeuxsousleplaisirquejeluidonne.J’adore
lafaçondontsoncorpsm’obéit.—Jenepeuxpascroireque…tuesentraindefaireça,marmonne-t-elleentre
deuxrâles.
—Jesuisunpeufou…unpeusalaud…tuessûrequetuveuxd’untypecommemoi?Ses yeuxm’envoient des éclairs, puis elle semet à onduler des hanches, se
frottantcontremesdoigts,visiblementsurlepointdeperdrelatête.—Oh…bordel!souffle-t-elle.—Dismonnom,jeluiordonne.Ellem’embrasseavantdechuchotermonnomunnombre incalculabledefois
contremeslèvres.Quandellejouit,soncorpsdevientraidecontrelemien,puiselles’écroule,sansforces,dansunsoupirapaisé.—C’étaitgénial,marmonne-t-elle,labouchecontremontorse.—C’esttoiquiesgéniale.Elleglousseavantdeseredresserpourquenosregardssecroisent.—Jet’aime,monpetitbateau.Lorsquejecomprendsqu’ellefaitallusionàmamétaphore,jememetsàrire,
puisjeramènecepetitboutdefemmecontremoiensoupirant.Amyestmonîle.Monhavredepaix.
Chapitre127
Je suis nerveux. Décidément, je neme ferai jamais aux hôpitaux. Jemarchevite,lamaind’Amydanslamienne,etm’arrêtedevantlesascenseurs.—Ondevraitalleracheterdesfleurs,proposeAmyenindiquantuneboutique,
aufondducouloir.—Onverra çaplus tard, réponds-je en la tirant endirectionde laportequi
s’ouvre.Dèsquenousmontonsversleseptièmeétage,ellerit.Probablementparceque
jetapedupiedd’impatience.—Tuashâtederencontrertanièce?mequestionne-t-elle.—Hein?Pasvraiment. J’ai surtouthâtedem’assurerquemasœurvabien.
Elleavaitunedrôledevoixautéléphone…Unautrerireluiéchappeetelletentedemerassurer:—Elleapassélanuitàaccoucher!Elledoitêtreépuisée!Je ne réponds pas,mais en réalité, si elle ne voulait pas être épuisée, il ne
fallait pas fairedegamin.Quelle idéededonnernaissance àun enfantdansunmondecommelenôtre.Ellen’étaitdoncpassatisfaitedesavie?ElleaPaulquiestfouamoureuxd’elle.Pourquoia-t-ellevoulumettrelebordeldanssoncoupleavecungamin?Dèsquenoussortonsde l’ascenseur, jememetsàchercherfrénétiquement la
chambredeCél,quandAmytiresurmamainpourm’arrêter.—C’estici,annonce-t-elle.Je pousse la porte qui n’est pas tout à fait fermée et reste figé sur le seuil,
pendantunbref instant. Juste le tempsdevérifierque toutvabienà l’intérieur.Sur un fauteuil, j’aperçois ma sœur avec un bébé dans les bras. Paul se tientderrière.Céllèvelesyeuxversmoietafficheunsourirelumineux,quimeprouveimmédiatementqu’ellevabien.—Tuvoisquiestlà,Emma?C’esttontonOliettataAmy…Savoixsefaitchantante,maiscen’estpascequimetrouble.J’avancededeux
pas et m’arrête de nouveau pour lui jeter un regard sombre. Amy s’est déjàavancéeetsepenchesurlebébéquigigotecontremasœur,félicitantlecouple.—Tul’asappelée…Emma?jequestionneunpeurudement.—Oui.Commemaman.Viensvoircommeçaluivabien.Jenebougepas.Jen’aipasvraimentenviedevoircebébé.Jevoulaissurtout
m’assurer queCél allait bien.Mais je présume que je ne pourrai pas foutre lecamp avant d’avoir fait les choses correctement. J’ancre les yeux sur Amy, entraindecaresserlatêtedupouponenrépétantàquelpointelleestbelle,puisjeme décide enfin àm’approcher.Amyme cède sa place. Sans attendre, Céciliasoulèvesafilleetlatendversmoi.Magorgesenoue.Elleneveutquandmêmepasquejelaporte?—Tiens,tonton,faisconnaissanceavectanièce…—Euh…jenesuispassûrque…—Arrêtedefairetonblaireau.Prends-la.Tuasbesoindecréerdesliensavec
elle.Surtoutquetuvasdevenirsonparrain…Je lui jette un regard intrigué et elle profite de cet effet de surprise pourme
mettred’autoritélapetitedanslesbras.Jeresteimmobileetfroncelessourcils.—Maisregarde-la!s’énervemasœur.C’estlong,maisjedaigneenfinposerlesyeuxsurcettepetitechoserose,bien
emmitoufléedansunecouverture.Sapeauestfripéeetsesbrasbougentdanstouslessens.Jeresserrelégèrementmaprise,parcraintedel’échapper.Merde!C’estfragile,cetruc!Commentmasœura-t-elleosémelarefourguercommeça?Sansréfléchir, je recule jusqu’à la petite chaise et m’y installe tout doucement. Lapetitebouge,semetàgazouiller.J’envoieunregardpaniquéversCélquihochelatête.—Elleditbonjouràsontonton.Tonton…mêmesic’est la troisièmefoisque je l’entends,cematin,ondirait
que jeviensenfindecomprendre lesensdecemot.Tonton…Unpeusonné, jereportemonattentionsurEmmaetforceunsourireàapparaîtresurmeslèvres.—Coucou,toi,dis-jecommeunidiot.Ondiraitqu’elleessaiedemerépondre.Aulieudelaregarder,soudain,jela
vois.Etjecomprendssubitementquemasœurvientdefairetraversermonmurdeprotection à Emma, comme si de rien n’était, et voilà que mon cœur craque.Commentpeut-ilseulementenêtreautrement?—Elleestmagnifique,jemurmure.—Tuparlesqu’elleestmagnifique!C’estmafille,frimeCél.JelaberceetAmyrevientseposterprèsdemoi.Ellemecaressel’épaule.Sur
lemoment,jecroisqu’elleveutmelareprendre,maisnon.Enfait,jem’aperçoisqu’unelarmem’aéchappé.Je reporte mon attention sur l’enfant en affichant un air béat. Près de mon
oreille,Amydéposeunbaiseretchuchote:—Jet’aime,toi.Je relève lesyeuxverselle,heureux.Passeulementdecetamourqu’elleme
donne, mais de cette famille qui se crée autour de moi. Alors que je me suistoujourssentiseul,voilàqu’ilyadestasdegensquim’entourent.Etcesonttousdes gens que j’aime. Jamais il n’y a eu plus d’amour enmoi… et pourmoi…qu’encemomentprécis.—Mercidem’aimer,dis-jesimplement.Jeluitendsmeslèvresqu’elleprendaussitôt,puisjereportemonattentionsur
Emma.Lenomrésonnedansmatêteavantquejeparvienneàlediredevivevoix.—Emma…Jejetteuncoupd’œilàmasœur.—Effectivement,çaluivabien.—Tuparlesqueçaluivabien!Et jesuissûrequemamanauraitadoréêtre
grand-mère.Là aussi, çame ficheun coupqu’elleparledenotremère, d’une façon toute
naturelle. Ça doit faire des années qu’on n’a pas abordé le sujet, elle et moi.Pourtant,jehochelatête.Oui,mamèreauraitétéfière.Passeulementdecebébé,maisdemasœur,aussi.Etpeut-êtremêmedemoi…Pendant queCél semet à parler de nos parents àAmy, je retourne dansma
bulleaveclapetiteEmma.Jenem’attendaisàrienenvenantici,surtoutpasàcequ’unesipetitechosetraverselemurquim’entoureetentredansmaviedefaçonaussipercutante.Emma…manièce…uneautremerveilledelanature…
Chapitre128
Unmois après la naissance d’Emma, Paul et Cécilia font une petite fête enl’honneurde leur fille.Leurmaisonestbondée,et j’aidumalà retenir tous lesnomsdeceuxqu’onmeprésente.Oliviersouritetparaîtheureuxderevoirtoutlemonde. Il parle beaucoup demoi. Quand on lui demande : « Et toi ?Quoi deneuf?», ilmeserrecontre luiet répond :«Cette fille».À l’entendre, je suisresponsabledetout:desonchangementd’attitude,desabonnehumeuretmêmedesasociabilité.— Arrête de parler de moi comme ça, dis-je en rougissant dès qu’on se
retrouveseuls.—C’estpourtantlavérité.Tuastoutchangépourmoi.Jemecontentedesourire,mêmesij’aitoujoursdumalàycroire.Pourtant,je
vois bien qu’Oli change. Tous les jours ! Qu’est-ce qu’il m’impressionne ! Ilessaiederenoueraveclesautres.Dèsqu’iladutempslibre,ilfilechezsasœurpourvoirlapetite.Iladécidéd’êtreunoncleprésent,enplusd’êtreunpetitamiparfait et unpatronattentionné. Il s’estpersonnellement assuréquepersonnenesoit trop débordé au bureau. Il a même délaissé son petit cocon créatif poursuperviser lesprojetsencours. Il sepromènede sallede spectacleen salledespectacleàtraverslavillepourvérifierquetoutsepassebienaveclesnouveauxtechniciens. Il les aide, les forme… pendant que je gère pour lui tout le côtéadministratif. J’aime dire qu’on est complémentaires, lui et moi. Au travailcommedansl’intimité.Leseulmomentoùilconsentàmelâcherlamain,c’estlorsqu’ilaEmmadans
lesbras.Là,ildevienttoutfieretsepavaneenrépétantàquiveutl’entendrequ’ilestleparrain.Alorsqu’ildevientlecentredel’attention,jevaism’asseoirunpeuàl’écart,làoùj’aitoutleloisirdel’admirerdeloin.Régulièrement,ilposelesyeuxsurmoietmesourit.Unsourirequimefaitfondresurplaceetquiprouve,horsdetoutdoute,qu’unliennousunit.Etça,mêmesijeleressenstrèssouvent,cesdernierstemps,j’avouequeçamebouleversetoujoursautant.
—IlestdouéaveclapetiteEmma,hein?Margaretvients’asseoirsurlachaiseàmagaucheetmesourit.—Vousvoussouvenezdemoi?—Biensûr,dis-jesanslamoindrehésitation.Commentpourrais-jeoubliercellequiaaidéOlivieràdevenirl’hommequ’il
est,aujourd’hui?EllereportesonattentionsurOlietsonsouriretémoigned’unesortedebéatitude.—Quelchangementchezcegarçon…—Oui,jeconfirmeavecunepointed’émotiondanslavoix.Jemesouviensdesesparoles,lorsdudînerdecharité.Làaussi,ellem’avait
parlé du changement qu’elle avait remarqué chezOli.À l’époque, je nevoyaisrien.Etjevoulaissurtoutnerienvoir.Maisaujourd’hui,c’estl’évidencemême.Oliestlà,souriant,unbébédanslesbras.Ilvaverslesautres,cequ’iln’auraitprobablementjamaisfait,avant.—Quandj’aiconnuOli,c’étaitunpetitgarçonblessé,lâche-t-elleencore.Elletournelesyeuxversmoi.—Tupermetsqu’onse tutoie?Car lesamisd’Oliviersontmesamis…et il
n’enapasbeaucoup,tut’endoutes…Jerigole,maisjehochelatêtesanshésiter.Elleajoute:— Si tu l’avais vu, à cette époque… il ne parlait à personne, pas même à
Cécilia.Ilétaitremplidecolère.C’estpourçaqueJackl’aincitéàfairedusport.Pourqu’ilsemêleauxautres,qu’ilextériorisesarage…,etilachoisilaboxe.Ilnevoulaitsurtoutpasentrerencontactaveclesautres.AvecJack,çaaétéunlongparcours,tusais?Presquedeuxansavantqu’ilsedécideàluiparlerdetoutetderien.Lesseulesfoisoùilcommuniquaitréellement,c’étaitquandils’emportait.Ilfallaitlepousseràboutpourqu’ilseconfie.Jelecontemple,toujoursdanssabulleaveclapetiteEmma.—Jenesavaispas,dis-jesimplement.—Bah…cen’estpluslemême,aujourd’hui,constate-t-elle.Cequ’ilafait,au
dîner de charité, c’était un véritable petit miracle, Amy. S’ouvrir, comme ça,devanttoutlemonde…Magorgesenoue.Oliviers’estmisànu,pourmoi,devantunpublic.Direque
jemeprotégeaisdelui.Soudain,jelâcheunpetitrirenerveux.—Quoi?mequestionneMargaret.—C’estbizarre…c’estcommesi…Oliétaitarrivéàchasserlemurautourde
luietque…
Jeposemachinalementunemainsurmapoitrineavantd’ajouter:—Parfois…c’estmoiquiaipeurd’enleverlemien.Margaretsemetàriredoucementetjemesensforcéedemejustifier:—Maisj’aimeOlivier,voussavez?Toutesttellement…parfait!C’estjuste
que…—Onatousdesbarrières,Amy,chuchote-t-elle.C’estnormal.—MaisOliestarrivéàtouteslesdétruire.Pourtant,ilavécudeschosesbien
plusdifficilesquemoi…—Oh, mais c’est très différent ! dit-elle dans un petit rire. Oli n’était pas
seulementderrièreunmur,Amy, ilétaitcomplètementenfermé.Mais il suffisaitd’unetoutepetitebrèchepourqu’ilvoie la lumière,et il fallaitqu’ilsortepourvoircequisepassaitdel’autrecôté.Samainvienttapoterlamienne,poséesurl’accoudoir.— Tu l’as obligé à sortir de sa caverne. À enlever ses œillères. C’est une
magnifiquepreuved’amourqu’ilt’adonnée…j’espèrequetuenesconsciente.Jehochelatête,émue.—Oui,finis-jeparsouffler.Nouslescontemplonsencoreunmoment,tandisqu’ilrendlapetiteàsamère.—Ilferauntrèsbonpère,jecrois,lâchesoudainMargaret.Jeluijetteunregarddebiais.—Nousn’ensommespasencorelà!—Oh,jem’endoute!Maistuasvucommeilestaveccetenfant?Ondirait
quetoutletouche,maintenant.Remarque,cen’estguèreétonnant.Lespersonnesqui ont peu vécu ont généralement une très forte envie de tout faire, lorsqu’ilsreviennentàlavie.Ànouveau,ellemetapotelamain.—Jesuisvraimentcontentepourvousdeux.Çasevoitquevousvousaimez.—Oui,dis-jesanslamoindrehésitation.Aprèsunsilence,j’ajouteàvoixbasse.—Parfois,j’ail’impression…quec’esttropfortentrenous.Même siMaggienebougepas, je sais qu’ellem’a entendu, car sesyeuxont
chuté vers le bas, signe qu’elle réfléchit à mes propos que je m’empressed’expliquer:—Enfin,jeveuxdire…Oliétaittellementdifférentquandjel’airencontré!Et
rienneditqu’ilnefinirapasparselasserdemoi…— Il a probablement plus peur que tu l’abandonnes, que l’inverse, dit-elle
simplement.
—Oui,ça,jecomprends.Maisc’estarrivésiviteque…forcément…—Tucroisqu’ilpourraitretournerdanssacaverneetréaliserqu’ilafaitune
erreur?Mêmesijevoudraisnier,j’afficheunemouegênéeavantd’acquiescer.—Tuaspeurqu’il tebrise lecœur,résume-t-elleencore.C’estnormal.Être
amoureuse d’un garçon comme lui n’a rien d’évident. Il passe d’un extrême àl’autre. Aumoindre doute, il pourrait bien te traîner àVegas pour te faire unedemande en mariage express, juste pour s’assurer que tu ne risques pas de lelaissertomber…Jeris.Effectivement,cegenredeplanneseraitpasétonnantdelapartd’Oli!—Mafondationasuivipasmaldecassimilaires,reprendMargaret,etilya
ceuxquines’ensortentjamais…,cedontonaeutrèspeuravecOlivier,jenetele cachepas.Mais… il y a ceuxqui y arrivent.Cécilia, par exemple.Regardecommeelleestheureuse…c’estencourageant,tunetrouvespas?Quandonpensequ’ellepassaitsontempsàbotterlesfessesd’Olivier,iln’yapastroismois…—Oui,dis-jedansunpetitriretimide.—Unechoseestsûre,lorsquecespersonnesdonnentleurcœur,ilsnelefont
pasàmoitié.Oliviert’aime.Çairradiedanstoutelapièce.Tuesunebénédictionpourlui,pasunefillecommeuneautre.Jesouris,émue.— Tu sais… concernant Marianne, je t’avoue que je n’ai jamais compris
commentelleétaitarrivéejusqu’àsoncœur.NevapascroirequejeveuxmédiresurMarianne,maisdansmonsouvenir,ellepassaitsontempsàpousserOlivieràdevenir ce qu’il n’avait pas envie d’être : un homme d’affaires, quelqu’und’important…,alorsqu’enfait,toutcequ’ilvoulait…c’étaitcréer.Unsilencepasseavantqu’ellen’ajoute:— Ils se disputaient beaucoup, surtout vers la fin.Et je crois que ça aminé
Olivier,bienplusquelessentimentsqu’ilavaitpourelle…Jelascruteavecunairébahi.—Oh,maisnevapascroirequejedoutedel’amourqu’illuiportait!dit-elle
trèsvite.Seulement…jene saispas…onauraitditqu’il considérait avoirdesobligationsenverselle.Peut-êtreparcequ’elleest lapremièreavecqui il s’estsentisuffisammentenconfiancepourabattresesbarrières…vasavoir!Jen’osepasluirépétercequ’Olivierm’aconfié,maisj’acquiesceensilence.—Onconspirecontremoi?Lavoixd’Oliviermefaitsursauter,maisjen’aipasletempsdebondirsurmes
jambespourl’accueillirqu’ils’accroupitàmescôtésetrécupèremesmainsentre
lessiennes.—Maggie,tuneluiracontesquandmêmepasmessecrets?fait-ilminedela
réprimander.—Biensûrquenon!Jevenaisseulementluidireàquelpointvousfaisiezun
beaucouple,touslesdeux.Ellesepenchepourcaresserlajoued’Olivier.—C’estbeaudetevoirheureux.—C’estsafaute,blague-t-ilenmedésignantdumenton.—C’estparcequetuveuxbienl’être,monpetit,rétorqueMargaret.Elleselèvepourluilaisserlaplaceàmescôtés.—Jesuiscontentepourtoi,Olivier.EtEmmaabeaucoupdechanced’avoirun
oncleaussiimpliquéquetoi.L’émotionsevoitsurlevisaged’Oli.—Merci,Maggie.Ellesepenchesoudainversluietchuchote:—Tuserasunbonpapa…unjour…—Alorslà,ilfaudraitdéjàconvaincreAmy!raille-t-il.Maggierit.—N’oubliepascequejet’aidit,petit…Quand elle s’éloigne et qu’Olivier s’installe à ma gauche, je ne peux pas
m’empêcherdedemander:—Qu’est-cequ’ellet’adit?—Quellecurieusetufais!—Oh!Allez,quoi!Ilprendletempsdemevolerunbaiseravantderépondre.—Ellem’adituntructoutbête.—Distoujours,j’insiste,deplusenplusintriguée.—Toutvientàpointàquisaitattendre…J’éclatederire.—Quoi?C’esttout?Justeça?—Humhum,confirme-t-il.Ettusaiscequejeluiairépondu?Ilm’embrasseencore,puisjette:—Quej’étaisprêtàt’attendretoutemavie.Souslechoc,jerestelà,àlefixer,émuecommejamais,avantdejeterlesseuls
motsquimeviennententête:—Qu’est-cequejet’aime,toi!Sanshésiter,j’écrasesonpetitsouriresatisfaitsousunbaiser.
Chapitre129
Cesoir,pourcélébrernossixmoisensemble,Olivierm’emmènedînerdansungrandresto.Enfin…c’estceque j’endéduis,car ilm’ademandéd’acheterunerobedeprincessepourl’occasion.Autantcelam’auraitfaitplaisirilyasixmois,autant, après la semainedeboulot, j’auraispréféréunpetit dîner en tête à tête,chezlui.«Onnesortjamais»,s’est-ilplaint.«J’aidel’argent,tusais.Jepeuxinviter
macopinedansunendroitchouette!».J’aicédé.SurtoutparcequeCéciliaétaittrès heureuse de venir faire les boutiques avec moi, et peut-être aussi parcequ’Olivier semblait beaucoup tenir à cette sortie. C’est vrai qu’on ne va passouventmangerdehors.Avecletravail,lesrepasd’affaires,lesvoyageséclairàLasVegasetàLosAngeles…laseulechosequej’aienviedefaire,enrentrant,c’estderetrouverOlivieretderesterlà,lovéecontrelui,surlecanapé.Je suis en train de vérifier mon maquillage quand Oli m’envoie un texto :
« J’arrive dans 5minutes. » Je souris, récupèremon sac àmain et je jette underniercoupd’œilàmonappartementavantdesortir.C’estétranged’êtreicietdesongerquec’estchezmoi,carcesdernièressemaines, jedors toujourschezOli. C’est devenu trop compliqué de gérer les deux endroits, autant pour lesvêtementsquepourlabouffe.Endescendantl’escalierquimèneàl’extérieur,jemedemandesijenedevraispasproposeràOliqu’onhabiteensemble…Quandjesorsdel’immeuble,jeretiensmonsouffleenapercevantlalimousine
quis’arrêtesurleborddutrottoir,puisj’éclatederire.Olidescendetfroncelessourcils:—Hé!J’allaismontertechercher!—Unelimo?jem’exclame.J’auraispuconduire!Ilseplantedevantmoi,uneroseàlamain.—Cesoir,c’estfête,dit-ilavecunpetitsourirecoquin.Personneneconduit,
personnenecuisine…onvapasserunesoiréeparfaite,toietmoi.J’aitoutprévu.Jerécupèresafleuretretiensunpetitgloussementavantdechuchoter:
—Chaquefoisqu’onestensemble,c’esttoujoursparfait…Sonsouriredevientéclatant.—Ça,c’estvrai,confirme-t-ilenm’embrassant.Ilm’entraîneverslalimousineetjem’installesurlabanquettearrière,fébrile.
Cesoir,ondiraitqu’ilchercheàrendrenotresoiréeparticulièrementspéciale.—Oùest-cequ’onva?jedemande,dèsquelavoiturereprendlaroute—Dansunendroitparticulier.Ilmeramènecontrelui.—Avectoutça,j’aioubliéleplusimportant.Nouantmesbrasautourdesoncou,jefaisminedenepascomprendre.—Ah?Quoidonc?—Jesuisheureuxdetevoir.Ettuesmagnifique.Jerisavantdeluicédermabouche.Entredeuxbaisers,ilinsiste:—J’aibeaucoupdechance.—C’estmoiquiaidelachance.J’ailepetitamileplusparfaitquisoit.—C’estvraiquejefaisfort,cesoir,aveclalimo.—Idiot.Jemefousdecettelimo.Toietmoi,çasuffitamplementàfairedema
soiréequelquechosedeparfait.Ilcaressemajouedureversdelamain.—C’estprobablementpourçaquejet’aime…—Parcequejemefichedelalimo?jeplaisante.—Parcequetum’aimes,mêmesijesuisparfoisexcessif.—Alorslà,c’estvrai!Son rire me plaît, et la façon dont il me tient contre lui, aussi. Quand la
limousines’arrêteetquejereconnaisl’endroitoùnousnoussommesrencontréspourlapremièrefois,j’éclated’unrirefranc.—Tum’emmènesdansunbar?Tusaisquejenesuispasdutouthabilléepour
ça!—Disonsquec’estunesoiréespéciale.J’airéservél’endroit.Je le fixe, incertaine, avant de reporter mon attention sur l’entrée, mais le
chauffeurestdéjà làetnousouvre laportière.Unautre rirem’échappe lorsquej’aperçois le tapis rougesur lequelonaétalédespétalesde roses.Pourentrerdansunbar?Quelledrôled’idée!Monsouriresefigesousl’émotionetjefaisminederailler:—Tunetrouvespasquetuenfaistrop?—Cen’estjamaistroppourtoi.Ilposeunemainsurmatailleavantd’ajouter:
—Etpuis…tuconnaismonsensduspectacle…Oui, jeconnaissonsensduspectacle,mais jamaisOlivierne l’autilisépour
moi.Enfin…pasdecettefaçon-là.J’aibieneudroitàdesportraits,descartesen3D,desdéclarationsd’amourspontanées,desvoyageséclairenamoureux,maisunesoiréeorchestréedecettefaçon…non.—Jepensaisqu’oniraitsimplementdansunbonresto…—Depuis le temps queCélm’énerve pour que jemettemes talents à profit
pourt’impressionner…Qu’est-cequejedoiscomprendre?Quec’estuneidéedesasœur?D’unair
entendu,OlimeguideverslaporteetjereconnaisDrew,àl’entrée,quifaitminedenoussaluerens’inclinantlégèrement.—Madame,Monsieur…IltendunobjetàOlivier,puisnousfaitsignerd’entrer.—Tun’asqu’àrefermerensortant.Leverrousemettraautomatiquement.—Super.Merci,Drew.—Bonnesoirée,lestourtereaux.Jelesuisduregardpendantqu’ils’éloigne,maisOlivierreprendmonattention
enmepoussantdiscrètementversl’intérieur.—Allez…viens…Je le suis en me tenant à la main qu’il m’offre. Il fait sombre, même si de
petiteslumièressurlesolnousindiquentlechemin.Jemarcheenvérifiantoùjemetslespiedsetm’arrêtelorsqu’Olicessed’avancer.—Bon…ehbien…c’estlemomentdevérité.Jeclignedesyeuxenessayantdedistinguerquelquechose,maistoutestnoir.
Puis,d’unclic,leslumièress’allumentetjemetslongtempsavantdecomprendrece qui passe.Çane ressemble plus au bar où j’ai rencontréOlivier. Il y a desdrapsblancs tendus sur lesmurset auplafond.Aumilieude la salle, làoù lesgensdansent,habituellement,iln’yaqu’uneseuletablesurlaquelleestdéposéunlargeplateaucontenantdessushis.Jemeremetsàrire.—Jecroyaisquetun’aimaispaslessushis?—J’aiessayéplusieurssortes.Ons’habitueaugoût…Sa moue ne passe pas inaperçue, mais je ne me fais pas prier, je le laisse
m’entraînerendirectiondelatable.—C’était plus simple pour planifier le repas. C’est froid, ça semarie bien
aveclechampagneetonn’apasbesoindeserveurs…—Turéservestoutunbar,maistuneveuxpaspayerunserveur?jeletaquine
enprenantplacesurlachaise.—Jevoulaissurtoutdel’intimité.Lorsqu’ils’installedel’autrecôtédelatable,jel’observependantqu’ilnous
versedu champagne, puis balaie l’endroit du regard.Partout autour denous, letissublancdonnel’impressionqu’Olieavoulucréeruncoconou…—C’estpour…uneprojection?jevérifie,incertaine.Ilfaitunemoueavantdesoupirer.—Décidément,tumeconnaistropbien.Jecomprendssoudainlanaturedel’objetqueluiaremisDrewetjesursaute
lorsqu’ilappuiesurunbouton.Touts’illumine,etlesécransdetissuss’animent.Olivieryprojettedel’eauàl’infinietuncielbleu.—Ce soir, onmange sur une île, ça te va ?me demande-t-il en tendant son
verredechampagnedansmadirection.—Je…ouais…OK.Je trinque avec lui, puis reportemon attention sur l’eau qui nous entoure en
sirotantmonverre.Queldépaysement!Çan’arienàvoiraveclegenrederepasauqueljem’attendais,maisj’avouequec’esttoutàfaitcharmant.—Tudevraismangerunpeu,dit-il. J’ai demandéà Juliettequels étaient tes
sushispréférés.Incapabledemeconcentrersurlanourriture,jereportemonregardsurOli.—Tuasvraimentorganisétoutçapourmoi?—Évidemment.Çateplaît?— C’est… magnifique, je lui réponds, la gorge nouée, en pensant à la
symboliquedel’eauetdel’île.Lesoufflecourt,jeporteprestementmonverreàmeslèvres.—Merde…jecommenceàêtrenerveux,avoue-t-ildansunpetitrire.Oui,c’estvisible,etçam’angoisseaussi.Ilsepasselamaindanssescheveux
fraîchement coupés, puis prend un sushi. Soit il a faim, soit il cherche àrassemblersoncourageavantdese lancer.Anxieuse, je l’imiteetenporteunàmeslèvres.Legoût,familier,merassure.—Miam!J’adoreça!Oliretrouveunairplusserein,etsourit.—Jelesaiprisàtonrestaurantpréféré.Ilajoute,labouchepleine:—C’estvraiquecen’estpassimal,maisçanevautpasunburgeravecdeux
tranchesdebacon.Jerisenhochantlatête.
—Situveux,ensortant,onpourraallers’enprendreun.Ilmesouritàpleinesdents.—Décidément,tuesparfaite,maisça…jelesavaisdéjà.Soncomplimentmecharme.Jenecomptepluslenombredefoisoùilm’adit
desphrasesdecetordre,cesderniersmois:qu’ilm’aime,quejesuislafemmeidéale,quejelerendsheureux…etc’estréciproque.—Est-ceque…tucomprendspourquoij’aivouluqu’onmangesuruneîle?me
demande-t-ilsoudain.Je hoche subtilement la tête en reprenant mon verre de champagne. Oli
s’empressedeleremplir,commes’ilsentaitquej’enavaisbesoin.—Enfait…c’esttonîle,lâche-t-ilencore.Cellequej’aitrouvéeaprèsavoir
dérivépendanttoutescesannées.Moncœursemetàbattrelachamadeetjem’empressededéposermonverre
sur la table, avant que mes doigts le fassent éclater tellement je le tiens fort.Merde.Jenepeuxpascroirequ’Oliviermefassecegenrededéclaration,cesoir.Jemesuispourtantimaginécemomentdescentainesdefois,maisjamaisdecettefaçon-là.Etsurtoutpasmaintenant.—C’esténervantquetumeconnaissessibien,marmonne-t-il.J’éclated’unrirenerveux.Etjem’expliquesansattendre:—Pardon,c’estque…jenem’yattendaispas.Enfin…pascommeça.Nisi
vite.— J’étais prêt dès la troisième semaine, avoue-t-il en arborant un petit air
triste.C’estjusteque…jevoulaisessayerdefaireleschosescorrectement.Quetucomprennes…quejen’allaispaspartir,quoi.De toute évidence, il n’y a pas quemoi qui connaisse bienmon partenaire.
L’inverseestaussivrai. Ilavaitdécidédeme laisserdu temps.Demeprouverquec’étaitsérieux,entrenous,etquejen’étaispasunsimplecapricepourlui.Etilmel’avaitprouvéàmaintesreprises.—Jeveux…vivresurtonîle,lâche-t-ilenplongeantsesyeuxdanslesmiens.
Je veux qu’on jette l’ancre tous les deux. Ici. Enfin… ensemble. C’est unemétaphore,tucomprends?Commejeresteimmobilesurmachaise,Oliselèveetvients’accroupiràma
droite.Est-cequejesuisentrainderêver?—Seigneur,Olivier,tuvasmefairepleurer.—Bah…cen’estpasgrave.Personnenelesaura.Onn’estquetouslesdeux,
aprèstout,plaisante-t-il.Soudain,jesuissoulagéequel’onsoitlà,horsdumondeetsanstémoin,etje
profite de sa proximité pour caresser sa joue. Je n’arrive pas à croire quel’homme que j’aime fasse tout ceci pour moi. Doucement, il repousse monassiette, puis dépose délicatement un bateau en carton devantmoi. Je souris endevinantqu’ils’agitd’unecréationtoutepersonnelle…—Tufais…trèsfort,jerigolenerveusement.Ilacquiescesolennellement,puisjeperdslesoufflelorsqu’ilsoulèveunepetite
ancreauboutdelaquelleunebagueaétéaccrochée.—Çatediraitque…jem’installesurtonîle?mequestionne-t-ilsimplement.Mesdoigtssursajoueviennentseposersurmapoitrineetjechuchote:—Seigneur…tuessérieux…— Amy… on n’est pas obligés de… ce n’est qu’une bague, quoi. On peut
seulementdirequ’onestfiancésetprévoirdesemarierplustard.Deslarmess’échappentdemesyeuxlorsqu’ilajoute:— Quoique… si on pouvait se marier très vite… dans un voyage éclair à
Vegas,parexemple,jenemeplaindraispas.Parcequ’avecCéletsesconseilssurlesmétaphores…jerefusequ’elles’occupedenotremariage.Jemeremetsàrireetemprisonnelevisaged’Oliviersousmesmainsavantde
lefairetaired’unbaiserduquelilsedéfaittrèsvite.—Çaveutdireoui?vérifie-t-il.—Oui.—Pourlevoyageéclairou…?Tuveuxlegrostruc,peut-être?Çanemegêne
pas,hein,c’estjusteque…Jemepencheversl’avantetreprendssaboucheavantdechuchoter:—Onferacommetuveux.Ilmetireversluietmefaitbasculersurlesolenriant.—Tuesvraimentlafemmeparfaite.Jegloussecontreseslèvresetfrémislorsqu’ilajoute:—Etbientôt,tuserasmafemme.Nous restons unmoment, ainsi, à nous étreindre. Je reprends peu à peumon
souffleetmesespritsetvérifie:—Tuveuxvraimenttemarieravecmoi?Parceque…tuvois?Onpeutjuste
habiterensemble.J’ysongeaisjustement,toutàl’heure,àl’appartement…— Chut. Je veux tous les liens. Tu as oublié ? Toutes les ancres qui me
retiennentàtonîle.Jeris,maisjem’empressedechuchoter:—Oli…Aucuneancreneteretiendraàmonîlesitoncœurnesouhaiteplusy
être,unjour…
Ilgrimace.—D’accord,alorsjevaisledireautrement:j’aibesoindesentirquetuneme
jetteraspastropfacilementdetonîle.Jerisnerveusementetilvientsoufflersurmeslèvres:—Amy,tueslafemmedemavie.C’estunecertitudepourmoi.Jenevoispas
pourquoi on attendrait plus longtemps. Je veux que tu viennes vivre avecmoi,qu’onsemarie.Etqu’onfassedesenfants,aussi.Pourquoifaut-ilattendreavantdevivre?Àmoinsquetunesoispascertainequejesoisl’hommequ’iltefaut?Jereviensmejeteràsoncou.—Oli!Jet’interdisdepenseruntrucpareil!Jeveuxêtreavectoi.Jeteveux
surmonîlejusqu’àlafindestemps,situlesouhaites.— C’est tout ce que je voulais entendre, gronde-t-il avant de reprendre ma
bouche.Ses baisers sur ma gorge et mon décolleté m’enflamment la peau lorsqu’il
redressebrusquementlatête.—Merde…jefaistoutàl’envers.Onaunpetitmatelas,là-bas.Jemeremetsàrigoler.—Unmatelas?Parcequetuavaisprévuqu’onbaisedanscebar?—Bien…j’avaisprévuqu’onmanged’abord,mais…Il sedéfaitdemonétreinteet se redresseavantdechercherà tâtonsquelque
chosesurlatable.Lecielbleuetlamerdisparaissentauprofitd’unenuitétoiléeetd’unemagnifiqueluneenguised’éclairage.—Lanuitdevaitdescendredoucementpendantlerepas…Iltendunemaindansmadirectionquej’acceptepourpouvoirmereleversans
tropdedifficulté.Unefoisdebout,j’admets:—Oli…c’estmagnifique.—Etonalesondesvagues,aussi,c’estjusteque…jen’aipasencoremisle
volume.Jemedisaisqu’onpouvaitfairel’amouràlabelleétoile.—Sousunécran,jerectifie.—Tupréfèresqu’onmontesurletoit?Jesecouelatête.—Non.Danstonmonde,c’estparfaitaussi.—Notremonde,mecorrige-t-il.Il récupère labagueetvient laglisseràmondoigt. Je retiensmonsouffleen
suivantsongestedesyeux,puis je lâche,pouressayerdechasser l’émotionquim’habite:—Merde.Maintenant,ilfautquej’annonceàmamèrequejevaismemarier…
—Etalors?C’estunproblème?medemande-t-il,intrigué.—Tuparles!Ellevamedemandersituesunsalaud.Çarisquemêmed’être
sapremièrequestion!—Aïe!Jesuismalbarré! rigole-t-il.Est-cequeçasignifieque tupourrais
changerd’avis?Sonairanxieuxmeplaît,etjesecoueprestementlatête.—Alorslà,jamais,promis-je.Jeviensluioffrirunbaiseretlelaissem’entraînerdanssanuitétoilée.
Sara Agnès L. vit à Montréal et est la première auteure québécoise à êtrepubliée chezMilady ! Elle a toujours aimé raconter des histoires : plus jeune,avecsespoupées,puisdèsqu’ellea su teniruncrayon,avecdesmots.Parfoistendre, parfois rude avec sespersonnages, elle affectionnenéanmoins les récitsquiseterminentbien,toujoursavecunzestederomance.
Dumêmeauteur,chezMilady:
AnnabelleAnnabelle:Nouvelleleçon
ChezEmma:L’OretlaNuit
www.milady.fr
MiladyestunlabeldeséditionsBragelonne
©Bragelonne2016
Photographiedecouverture:©Shutterstock
L’œuvreprésentesurlefichierquevousvenezd’acquérirestprotégéeparledroitd’auteur.Toutecopieouutilisationautrequepersonnelleconstitueraunecontrefaçonetserasusceptibled’entraînerdespoursuitescivilesetpénales.
ISBN:978-2820-52-637-3
Bragelonne–Milady
60-62,rued’Hauteville–75010Paris
E-mail:[email protected]:www.milady.fr
CouvertureTitreDédicaceChapitrepremierChapitre2Chapitre3Chapitre4Chapitre5Chapitre6Chapitre7Chapitre8Chapitre9Chapitre10Chapitre11Chapitre12Chapitre13Chapitre14Chapitre15Chapitre16Chapitre17Chapitre18Chapitre19Chapitre20Chapitre21Chapitre22Chapitre23Chapitre24Chapitre25Chapitre26Chapitre27Chapitre28Chapitre29
Chapitre30Chapitre31Chapitre32Chapitre33Chapitre34Chapitre35Chapitre36Chapitre37Chapitre38Chapitre39Chapitre40Chapitre41Chapitre42Chapitre43Chapitre44Chapitre45Chapitre46Chapitre47Chapitre48Chapitre49Chapitre50Chapitre51Chapitre52Chapitre53Chapitre54Chapitre55Chapitre56Chapitre57Chapitre58Chapitre59Chapitre60Chapitre61Chapitre62
Chapitre63Chapitre64Chapitre65Chapitre66Chapitre67Chapitre68Chapitre69Chapitre70Chapitre71Chapitre72Chapitre73Chapitre74Chapitre75Chapitre76Chapitre77Chapitre78Chapitre79Chapitre80Chapitre81Chapitre82Chapitre83Chapitre84Chapitre85Chapitre86Chapitre87Chapitre88Chapitre89Chapitre90Chapitre91Chapitre92Chapitre93Chapitre94Chapitre95
Chapitre96Chapitre97Chapitre98Chapitre99Chapitre100Chapitre101Chapitre102Chapitre103Chapitre104Chapitre105Chapitre106Chapitre107Chapitre108Chapitre109Chapitre110Chapitre111Chapitre112Chapitre113Chapitre114Chapitre115Chapitre116Chapitre117Chapitre118Chapitre119Chapitre120Chapitre121Chapitre122Chapitre123Chapitre124Chapitre125Chapitre126Chapitre127Chapitre128
Chapitre129BiographieDumêmeauteurMentionslégales