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4 Notre planète se réchauffe. Au cours du XX e siècle, la température moyenne de l'atmosphère a augmenté de 0,6°C dans le monde et de près de 1°C en France métropolitaine. Depuis trente ans, la tendance est nettement à l'accélération. La décennie 1990 a été la plus chaude jamais observée. L'essentiel de ce réchauffement est dû aux gaz à effet de serre émis par les activités humaines : transports, activités industrielles, agricoles et domestiques, feux de forêts... Ils intensifient le phénomène naturel et bénéfique de l'effet de serre en menaçant l'équilibre du climat. La concentration atmosphérique du gaz carbonique (CO 2 ), du méthane et du protoxyte d'azote – pour ne citer que les principaux – ne cesse d'augmenter. La majeure part revient aux rejets de CO 2 , issus de la combustion des énergies fossiles : le charbon, le pétrole et le gaz. Depuis un siècle, la concentration de CO 2 dans l'atmosphère a augmenté de 30 % et continue à progresser. Les changements climatiques induits par cette augmentation des gaz à effet de serre auront des conséquences multiples et difficiles à cerner. Certaines conséquences seront irréversibles ou persisteront des millénaires. L'ensemble de ce feuillet utilise le conditionnel, tant les thématiques abordées sont complexes. Néanmoins, il est certain que des modifications d'ampleur sont à venir. n°149– Février 2008 Le changement climatique et ses conséquences Direction Départementale de l'Equipement de l'Oise DEFINITIONS Atoll : type d'île corallienne que l'on trouve dans les océans tropicaux Etiage : période de l'année où le débit d'un cours d'eau atteint son niveau le plus bas Gulf Stream : courant chaud qui adoucit en partie le climat de l'Europe occidentale Mangrove : ensemble de la végétation qui se développe dans la zone de balancement des marées des régions littorales intertropicales Pergélisol : zone du sol ou du sous-sol, gelé en permanence et complètement imperméable, dans les régimes arctiques et subarctiques Subsidence : lent mouvement d'affaissement de l'écorce terrestre Surcote : montée brutale et temporaire du niveau de la mer Réalisation et contact : service de l’Aménagement,de l’Urbanisme et de l’Environnement France POULAIN Cellule Risque Eau et Environnement Noura MAHMOUDY /Nathalie DUMEIGNIL ml : [email protected] Directeur de la publication : Alain DE MEYERE Réalisation – impression : dépôt légal et ISSN en cours DDE de l’Oise Bld Amyot d'Inville BP 317 – 60021 Beauvis Cx ml : dde-oise @equipement.gouv.fr Dépérissements forestiers Les dépérissements forestiers dus à la sécheresse pourraient être aggravés par l'invasion des insectes ou de champignons pathogènes (scolytes, armillaires...). Il faudra aussi compter sur les incendies de forêts. Une surélévation de la mer Dans l'hypothèse d'une surélévation (de 30 à 50 cm) du niveau de la mer, plusieurs conséquences sont à craindre : aggravation des submersions sur les côtes basses, en particulier les espaces déltaïques (delta du Rhône...), les lagunes, les marais maritimes, les récifs coralliens (qui risquent en plus de souffrir du réchauffement), accélération des érosions sur les falaises et les plages, renforcement de la salinisation dans les estuaires, réduction de volumes des nappes d'eau douce. Ainsi l'intrusion d'eaux salées dans les nappes phréatiques, par l'effet conjugué de la montée des eaux et la subsidence* des terres, est-elle déjà observée dans le delta du Rhône. Ces phénomènes pourraient être aggravés si les cas de « surcote* » étaient rendus plus fréquents qu'aujourd'hui en raison d'une possible intensification des tempêtes et des cyclones tropicaux. L' aménagement du territoire Les variations climatiques pourraient également avoir une influence sur l'aménagement du territoire notamment par une extension des zones inondables et de celles sujettes aux coulées de boue. Des conséquences sur l'urbanisation et sur l'habitat sont alors probables, notamment des dégâts sur les constructions liés au retrait des sols argileux. Les probabilités d'occurrence des évènements extrêmes, ainsi que de leurs conséquences, comme les durées de retour des crues, devront être éventuellement recalculées en fonction des progrès sur la connaissance du climat et les cartes de risque mises à jour dans le cadre des plans de prévention des risques (PPR). La culture du risque devra être développée et déployée à tous les niveaux : collectivités, quartiers et zones d'activités industrielles et commerciales, entreprises et bassins d'emploi, milieu scolaire. L'agriculture et l'élevage En ce qui concerne l'agriculture et l'élevage, des changements importants sont à attendre compte tenu des écosystèmes locaux : modification des aires géographiques consacrées aux principales cultures, culture d'espèces capables de subsister dans de nouvelles conditions climatiques, redistribution des espèces animales en raison des modifications de la végétation et sélection naturelle de nouvelles espèces, évolution de la composition des cheptels. Pour les prairies et les exploitations d'élevage dans le Massif Central, augmentation de la production annuelle d'herbe de l'ordre de 20 % (compte tenu des risques d'épisodes secs) et des modifications de la qualité des fourrages, ce qui pourrait inciter les éleveurs à reconvertir des prairies temporaires en prairies permanentes, changement qui tendrait à augmenter le stock de carbone des sols. Bibliographie : Réchauffement climatique : quelles conséquences pour la France ? ONERC, Paris, mai 2006. Rapport d'évaluation du GIEC sur le changement climatique, 2001

n°149– Février 2008 Le changement climatique et ses … · 2014-11-27 · ... le pétrole et le gaz. Depuis un siècle, ... connaissance du climat et les cartes de risque

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Notre planète se réchauffe. Au cours du XXe siècle, la température moyenne de l'atmosphère a augmenté de 0,6°C dans le monde et de près de 1°C en France métropolitaine. Depuis trente ans, la tendance est nettement à l'accélération. La décennie 1990 a été la plus chaude jamais observée.L'essentiel de ce réchauffement est dû aux gaz à effet de serre émis par les activités humaines : transports, activités industrielles, agricoles et domestiques, feux de forêts... Ils intensifient le phénomène naturel et bénéfique de l'effet de serre en menaçant l'équilibre du climat. La concentration atmosphérique du gaz carbonique (CO2), du méthane et du protoxyte d'azote – pour ne citer que les principaux – ne cesse d'augmenter. La majeure part revient aux rejets de CO2, issus de la combustion des énergies fossiles : le charbon, le pétrole et le gaz. Depuis un siècle, la concentration de CO2 dans l'atmosphère a augmenté de 30 % et continue à progresser.Les changements climatiques induits par cette augmentation des gaz à effet de serre auront des conséquences multiples et difficiles à cerner. Certaines conséquences seront irréversibles ou persisteront des millénaires. L'ensemble de ce feuillet utilise le conditionnel, tant les thématiques abordées sont complexes. Néanmoins, il est certain que des modifications d'ampleur sont à venir.

n°149– Février 2008

Le changement climatique et ses conséquences

Direction Départementale de l'Equipement

de l'Oise

DEFINITIONSAtoll : type d'île corallienne que l'on trouve dans les océans tropicaux Etiage : période de l'année où le débit d'un cours d'eau atteint son niveau le plus basGulf Stream : courant chaud qui adoucit en partie le climat de l'Europe occidentaleMangrove : ensemble de la végétation qui se développe dans la zone de balancement des marées des régions littorales intertropicalesPergélisol : zone du sol ou du sous-sol, gelé en permanence et complètement imperméable, dans les régimes arctiques et subarctiquesSubsidence : lent mouvement d'affaissement de l'écorce terrestreSurcote : montée brutale et temporaire du niveau de la mer

Réalisation et contact :service de l’Aménagement,de l’Urbanisme et de l’EnvironnementFrance POULAINCellule Risque Eau et EnvironnementNoura MAHMOUDY /Nathalie DUMEIGNILml : [email protected]

Directeur de la publication :

Alain DE MEYERERéalisation – impression :

dépôt légal et ISSN en coursDDE de l’Oise

Bld Amyot d'InvilleBP 317 – 60021 Beauvis Cx

ml : dde-oise @equipement.gouv.fr

● Dépérissements forestiers

Les dépérissements forestiers dus à la sécheresse pourraient être aggravés par l'invasion des insectes ou de champignons pathogènes (scolytes, armillaires...). Il faudra aussi compter sur les incendies de forêts.

● Une surélévation de la mer

Dans l'hypothèse d'une surélévation (de 30 à 50 cm) du niveau de la mer, plusieurs conséquences sont à craindre : aggravation des submersions sur les côtes basses, en particulier les espaces déltaïques (delta du Rhône...), les lagunes, les marais maritimes, les récifs coralliens (qui risquent en plus de souffrir du réchauffement), accélération des érosions sur les falaises et les plages, renforcement de la salinisation dans les estuaires, réduction de volumes des nappes d'eau douce.Ainsi l'intrusion d'eaux salées dans les nappes phréatiques, par l'effet conjugué de la montée des eaux et la subsidence* des terres, est-elle déjà observée dans le delta du Rhône. Ces phénomènes pourraient être aggravés si les cas de « surcote* » étaient rendus plus fréquents qu'aujourd'hui en raison d'une possible intensification des tempêtes et des cyclones tropicaux.

● L' aménagement du territoire

Les variations climatiques pourraient également avoir une influence sur l'aménagement du territoire notamment par une extension des zones inondables et de celles sujettes aux coulées de boue. Des conséquences sur l'urbanisation et sur

l'habitat sont alors probables, notamment des dégâts sur les constructions liés au retrait des sols argileux. Les probabilités d'occurrence des évènements extrêmes, ainsi que de leurs conséquences, comme les durées de retour des crues, devront être éventuellement recalculées en fonction des progrès sur la connaissance du climat et les cartes de risque mises à jour dans le cadre des plans de prévention des risques (PPR). La culture du risque devra être développée et déployée à tous les niveaux : collectivités, quartiers et zones d'activités industrielles et commerciales, entreprises et bassins d'emploi, milieu scolaire.

● L'agriculture et l'élevage

En ce qui concerne l'agriculture et l'élevage, des changements importants sont à attendre compte tenu des écosystèmes locaux : modification des aires géographiques consacrées aux principales cultures, culture d'espèces capables de subsister dans de nouvelles conditions climatiques, redistribution des espèces animales en raison des modifications de la végétation et sélection naturelle de nouvelles espèces, évolution de la composition des cheptels.Pour les prairies et les exploitations d'élevage dans le Massif Central, augmentation de la production annuelle d'herbe de l'ordre de 20 % (compte tenu des risques d'épisodes secs) et des modifications de la qualité des fourrages, ce qui pourrait inciter les éleveurs à reconvertir des prairies temporaires en prairies permanentes, changement qui tendrait à augmenter le stock de carbone des sols.

Bibliographie : Réchauffement climatique : quelles conséquences pour la France ? ONERC, Paris, mai 2006.Rapport d'évaluation du GIEC sur le changement climatique, 2001

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Les conséquences du changement climatique au niveau international

● Sur les mers et les océans

D'ici la fin du XXIe siècle, le niveau moyen des mers devrait augmenter de 18 à 59 cm. Le réchauffement et l'augmentation du niveau des mers provoqués par les activités humaines se poursuivront pendant des siècles même si l'on parvenait à stabiliser les concentrations des gaz à effet de serre. Si ce réchauffement persiste pendant de nombreux siècles, la calotte glaciaire du Groenland pourrait fondre intégralement provoquant ainsi une augmentation du niveau moyen des mers de quelques sept mètres.

Cette élévation menacerait, en bien des régions, le littoral (deltas, îles, plaines basses avec habitation comme par exemple les polders hollandais). Des pays comme les Iles Maldives dans l'Océan Indien auraient de graves difficultés à lutter contre l'avancée des mers. Cette élévation engendrerait également trois autres conséquences : l'accentuation de l'érosion des littoraux, l'augmentation de la vulnérabilité aux tempêtes qui génèrent des inondations et la salinisation des littoraux alors impropres aux cultures.

● Sur les courants marins

La modification de la circulation des courants marins due au changement de la physique des océans, tel que le Gulf Stream*, aurait pour conséquence directe un refroidissement hivernal marqué de l'Europe de l'Ouest. Par ailleurs, cela aura également une autre incidence sur les lieux de développement des espèces marines, végétales et animales, et par voie de conséquence sur l'activité humaine qu'est la pêche.

● Sur l'atmosphère

Le bouleversement de la physique de l'atmosphère pourrait entraîner tempêtes et cyclones. L'anticyclone des Açores pourrait migrer, ce qui aurait une influence directe sur la météorologie des diverses saisons. De façon générale, la fréquence des « accidents climatiques » risque de

s'accentuer.

● Sur les systèmes physiques et biologiques

Le changement climatique affecte déjà de nombreux systèmes physiques et biologiques dans de nombreuses parties du globe. Parmi les changements observés, on peut mentionner le retrait des glaciers, le dégel du pergélisol*, le gel tardif et la dislocation précoce de la glace sur les rivières et les lacs, l'allongement de la période de végétation aux latitudes moyennes à élevées, la progression en altitude ou le déplacement vers les pôles des aires de distribution géographique d'un certain nombre d'espèces végétales et animales et la précocité de la floraison des arbres, de l'apparition des insectes et de la ponte des oiseaux.

● Sur les systèmes naturels

Certains systèmes naturels sont particulièrement vulnérables à l'évolution du climat du fait de leur capacité d'adaptation limitée et quelques-uns d'entre eux peuvent subir des dommages considérables et irréversibles.Les systèmes naturels menacés comprennent les glaciers, les récifs coralliens et les atolls*, les mangroves*, les forêts boréales et tropicales, les écosystèmes polaires et alpins, les prairies humides et les pâturages naturels résiduels. Même si l'abondance et l'aire de distribution géographique de quelques espèces peuvent

augmenter, le changement climatique accentuera les risques d'extinction auquel est déjà exposé un certain nombre d'espèces plus vulnérables. Il est bien établi que l'ampleur géographique des dommages ou des pertes et le nombre des systèmes affectés augmenteront proportionnellement à l'ampleur et à la rapidité du changement climatique.

● Sur l'eau

Les modifications possibles en matière de précipitations, de pluie et de neige peuvent également avoir des conséquences sur le régime des cours d'eau, avec des crues plus marquées

dans certaines régions et des périodes de sécheresse dans d'autres.La demande mondiale d'eau douce est en forte augmentation : elle aurait été multipliée par six ou sept pendant le XXème siècle. Son accroissement est deux fois supérieur au taux de croissance démographique et cette tendance devrait encore s'accélérer. A l'échelle planétaire, le risque de pénurie des ressources en eau douce est établi. Ce sera sans doute le cas en Asie dans la région Hindu Kouch-Himalaya, où les glaciers fondent à une vitesse alarmante, menaçant directement l'alimentation en eau de fleuves majeurs comme le Gange et le Yangtze.

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En France, certains effets du dérèglement climatique sont déjà visibles : élévation de 0,9°C en un siècle de la température moyenne annuelle, retrait des glaciers, floraisons précoces. Si les émissions de gaz à effet de serre continuent de s'accroître au rythme actuel, au cours du siècle prochain, la température en France devrait être plus élevée de 1 à 2°C l'hiver et de plus de 2°C l'été et l'automne.

● Fonte des neiges et des glaciers

Le réchauffement a déjà commencé à provoquer un recul du manteau neigeux dans les Alpes et les Pyrénées, recul qui s'accentuera, avec des conséquences socio-économiques importantes notamment sur la diminution des activités touristiques liées aux loisirs de la neige.

Ainsi les simulations de Météo-France montrent que les stations alpines situées aux environs de 1500 mètres d'altitude perdraient environ un mois d'enneigement vers 2050. L'accélération de la fonte des neiges et des glaciers au printemps augmenterait les risques d'avalanches et de glissements de terrain en montagne, de crues intenses dans les vallées du Rhône et de la Garonne.

● Inondations plus fréquentes

D'une façon générale, le risque d'inondations en hiver et au printemps augmenterait, ainsi que la

durée des étiages* (de juin/juillet à octobre/novembre). Plusieurs études ont été conduites sur les ressources en eau qui montrent des crues plus fréquentes, par exemple du type la Somme en 2001.

● Impacts sur la santé humaine

L'épisode caniculaire de l'été 2003, qui a fait près de 15 000 victimes en France, a démontré l'importance des impacts possibles sur la santé. Les fortes chaleurs exigeront une surveillance accrue des personnes âgées et vulnérables, et une amélioration de la sécurité alimentaire et de la chaîne du froid. Dans d'autres domaines liés à la santé, les allergies au pollen suivront la remontée vers le nord de certaines plantes. D'autres maladies infectieuses « à vecteurs », aujourd'hui limitées au pourtour méditerranéen, pourraient s'étendre vers le nord. Les propagations de la dengue et, à un degré moindre, du paludisme pourraient également se trouver favorisées, notamment dans les départements et les territoires d'Outre-Mer.

● Diminution des réserves en eau

La diminution des réserves en eau du sol entraînerait des dépérissements importants et des pertes de production agricoles et surtout forestières, notamment dans les régions du Sud.

Les conséquences du changement climatique en France