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Le Magazine N° 100 Octobre 2006 ———————— www.aide-et-action.org >>> numéro spécial Éducation de qualité pour tous : témoignages d’une ambition Éducation de qualité pour tous : témoignages d’une ambition >>> numéro spécial

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Le Magazine N°100Octobre 2006————————

www.aide-et-action.org

>>> numérospécial

Éducation de qualité pour tous :

témoignages d’une ambitionÉducation de qualité pour tous :

témoignages d’une ambition

>>> numérospécial

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Les médias soutiennent Aide et Action

Aide et Action bénéficie de formes de soutien très diverses :

de la part des parrains, des donateurs, des mécènes,

des entreprises partenaires, des bailleurs institutionnels…

et des médias. En offrant gratuitement des espaces pour

la diffusion de nos spots et annonces, ils participent

à l’accroissement de notre visibilité auprès du grand public.

Un grand merci donc aux régies publicitaires des radios

(BFM et Beur FM) et des chaînes TV, que nous ne pouvons

malheureusement pas toutes citer – entre autres TF1,

France 2, France 3 et M6. Elles nous ont gracieusement apporté

leur soutien en diffusant, comme vous l’avez peut-être vu

ou entendu cet été, le spot mettant en scène la petite Satya.

Nous tenons aussi à remercier la presse régionale et nationale

qui nous aident à sensibiliser le public et à recruter chaque mois

de nouveaux parrains, avec des reportages sur les projets soutenus

par Aide et Action ou des publications gracieuses de nos annonces presse.

Grâce à ces médias, Aide et Action peut toucher un public de plus en plus large,

sensibiliser de nouveaux parrains et donateurs, et par conséquent aider nos équipes

sur le terrain à continuer à défendre le droit à une éducation de qualité pour tous.

Lettre ouverte

Sommaire… expose ses 25 ans 4-5

… en quelques dates 6-7

… affirme son ambition 8

Dossier

Éducation de qualité pour tous :témoignages d’une ambition 9-36

Coordonnées des équipes bénévoles 37-38

Charte d’Aide et Action 39

AIDE ET ACTION - NUMÉRO 10002

Photos de couverture : D. R. - Ce magazine contient un encart jeté p.02/03 et un encart posé sur la 4e de couverture.

Comme tous les ans, le Salon de l’éducation s’installe à l’espaceParis Expo, Porte de Versailles. Bénévoles et salariés d’Aide et Actionvous y accueilleront du jeudi 16 au dimanche 19 novembre de 9h à 18h. L’espace de l’association sera agrémenté d’une exposition photo et côté animation, une zone sera réservée à la mobilisation de la jeunesse. Venez nombreux !

RENDEZ-VOUS AU SALON DE L’ÉDUCATION

Aide et Action au Salon de l’éducation en 2004.

Photo

: AEA

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Donner le goût du futur !

25 ans d’ambition, 25 ans de convictions,25 ans d’engagements traduits concrètementpar 25 ans de travail et d’actions valaientlargement un numéro spécial.

Ce numéro 100 retrace le passé, scrute le présent pour mieux définir le futur de notreassociation, autrement dit, notre avenir.

La meilleure façon d’apprendre, c’est l’action,c’est elle qui alimente tout l’éventail de la mission associative : des orientationsstratégiques que nous avons pu nous donner à la réalisation des objectifs précis sur le terrain. C’est elle qui a poussé chacun de nous à se poser toutes les questions qui, hier, ont fondé l’association d’aujourd’hui :

À quoi sert de construire une école si aucun projet commun et partagé n’arrive à la remplir d’écoliers motivés?

Comment agir sur le VIH/SIDA qui atteinttous les acteurs du système éducatif, de l’élève à l’enseignant sans épargnerparents, formateurs et administrateurs?

Comment gérer le plus efficacement possible une situation d’urgence/post-urgence avec nos objectifs de développement sur le long terme?

Comment mobiliser toujours plus, en faisant partager par le plus grand nombrel’idée que s’il existe un levier pour changer le monde c’est bien l’éducation?

Et c’est toujours l’action qui nous pousse aujourd’hui à nous poser les questions de demain :

Comment respecter au plus juste notre charte et sa fondamentale dimension apolitique et non religieusedans un monde où politique et religions’entremêlent de plus en plus?

Doit-on proposer des actions terrain en France auprès de populations qui n’ont pas les moyens de donner toutes les chances d’égalité à leursenfants, dès le plus jeune âge?

Quelles valeurs et quels repères doit-onapporter à ce citoyen qui, demain plusque jamais, sera forcément citoyen du monde?

Comment intégrer dès aujourd’hui l’explosion des flux migratoires à venir?

Comment agir sur les politiques éducatives pour qu’elles prennent

enfin pleinement en compte les handicapsde chacun, quels qu’ils soient?

Toutes ces questions essentielles, quelquefois inédites, n’ont de sens que si elles sont placées dans la perspectived’un avenir meilleur: il faut donc absolument, soit avoir le goût du futur, soit le retrouver.

Et tout compte fait, l’éducation de qualitén’est-elle pas, justement, une éducation qui ambitionne de donner le goût du futur?

Frédéric Naquet

Aide et Action, magazine trimestriel (octobre à décembre 2006) publié par l’association Aide et Action - 53, boulevard de Charonne - 75545 Paris Cedex 11 - Tél. : 01 55 25 70 00 - Internet : www.aide-et-action.org - E-mail : [email protected] - Représentant de l’association Aide et Action : Frédéric Naquet,président - Directeur de la publication : Jean Jourdan, directeur France - Co-rédaction en chef : Nancy Barrett-Saint-Laurent et AntoineBordallo-Labal - Ont participé à la rédaction : N. Barrett-Saint-Laurent, A. Bordallo, C. Calosci, M. Delannoy, M. Drici, C. Heuzé, B. Jean-Pierre, E. John,C. Memier, F. Naquet, D. Ouedraogo, V. Prabakar, U. Seang - Commission paritaire : 0708G 83 404 - Prix au numéro par abonnement : 1 € - Abonnementde soutien : à partir de 16 € - Tirage : 80 000 ex. - ISSN : 1761-1024 - Dépôt légal : troisième trimestre 2006 - Conception-réalisation : publishing.Tél. : 01 77 75 65 45 - Imprimeur : Imaye, boulevard Henri-Becquerel, 53000 Laval. Aide et Action, première association française de parrainage pour le développement de l’éducation, est une association libre de toutes attaches religieuses et politiques. Aide et Action est une association reconnue d’utilité publique. Elle est, ainsi, habilitée à recevoir des legs et des donations exempts de tous droits de mutation. Aide et Action est agréée par le ministère de l’Éducation nationale.Pour toute information complémentaire, n’hésitez pas à contacter Aide et Action France (voir adresse ci-dessus) - Tél. : 0155257000 et Aide et Action Suisse - 154, route de Malagnou, CH - 1224 Chêne-Bougeries, case postale 338 - Tél. : + 41 79 409 20 46.Les coûts de réalisation, d’impression et de diffusion du magazine, sans cesse optimisés, sont intégralement pris en charge dans l’abonnement des parrains et donateurs d’Aide et Action. En application de la loi du 06/01/1978, vous disposez d’un droit d’accès, de rectification ou de suppression pour les informations vous concernant en vous adressant à notre association.

Éditorial

Frédéric Naquet,présidentd’Aide et Action

AIDE ET ACTION - NUMÉRO 100 03

1981 - 2006

Agréé par :

Photo

: T. L

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AIDE ET ACTION - NUMÉRO 10004

«Aide et Action» célèbre en 2006 ses 25 ansde militantisme pour le développementde l’éducation à travers le monde et monteà cette occasion une exposition de photosillustrant ses objectifs et ses résultats, a-t-elle annoncé jeudi à la presse.

L’exposition, photographiée par Barbara Rix,s’affichera en juin gare Saint-Lazare à Parispuis voyagera. Elle présente seize portraitscroisés: huit personnalités, dont le com-positeur Louis Chedid, les comédiensThierry Desroses et Alexandra Kazan, lavéliplanchiste Raphaëla le Gouvello, ayantparrainé des jeunes d’Afrique, des Antillesou d’Asie, et huit anciens «filleuls» ayantréussi leur vie grâce à l’éducation reçue.

Ainsi, une jeune cambodgienne sourdedevenue enseignante de la langue dessignes, une Sénégalaise devenue sage-femme, un Béninois ayant ouvert ungarage… «Aide et Action» a choisi de nepas montrer des petits enfants malheureuxet «nécessiteux» mais des jeunes «ayantpris leur destin en main», a déclaré sadirectrice générale, Claire Calosci.

Elle a également rappelé l’activité d’Aide etAction pour l’éducation, «premier vecteur dudéveloppement», a-t-elle dit: 60 programmes

Aide et Action expose ses 25 ans

« Aide et Action », 25 ans de militantisme pour l’éducation dans le monde

Comme nous l’annoncions dans le précédent magazine, l’exposition « L’éducation change

le monde » sillonne désormais les routes de France à l’initiative des bénévoles, après être passée

par Paris, Lille et Marseille. Frédéric Naquet, président de l’association, l’a inaugurée le 20 juin

dernier dans la salle des Pas Perdus de la gare Saint-Lazare en compagnie de Raphaëla le Gouvello,

à peine revenue de son périple dans l’océan Indien, Thierry Desroses et Alexandra Kazan.

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dans 18 pays permettant d’accompagner2 millions d’enfants grâce à 800 bénévoles,650 salariés locaux et un budget de 27 mil-lions d’euros dont 70% vient des dons dequelque 65000 parrains.Toutefois, Aide et Action a aussi rappeléquelques chiffres inquiétants : 104 millionsd’enfants privés d’école dont 60% de filles,un enfant sur cinq dans les pays pauvresquittant l’école sans savoir lire, 770 millionsd’adultes analphabètes et un manqued’enseignants évalué à 15 millions de per-sonnes. Elle a donc appelé à participer à la«Campagne mondiale pour l’éducation»qui a lieu chaque année en avril et dontAide et Action est partie prenante à côté d’au-tres organisations d’aide au développement.

DÉPÊCHE AFP DU 6 AVRIL 2006

« Nord éclair » - 28/07/2006

« France catholique » - 14/07/2006

« Enseignement catholique » - 06/2006

« Le Parisien » - 06/2006« Jeune Afrique » 02/07/2006

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AIDE ET ACTION - NUMÉRO 100 05

Des changements peuvent encore avoir lieu dans certains départements : nous vous engageons à vous renseigner auprès des contacts indiqués.

•À Bourg-sur-Gironde (33)du 30 septembre au 5 octobre

À la cave coopérative de Bourg-Tauriac.Contact : Denise Marez au 05 56 67 02 75.Puis les 7 et 8 octobre à Le Barp dans la salle du Val de l’Eyre(dans le cadre du marché africain).Contact : Maryvonne Drexel au 05 56 88 68 29.

•À Oberhausbergen (67) les 7 et 8 octobre

Au parc d’exposition du Wacken pour la Journée des associations.Contact : Pascale Rouillon au 03 88 56 18 06.

•À Bourg-la-Reine (92) les 20 et 21 octobre

À la salle Les Colonnes pour le «Forum ONG 2006».Contact : Mme Martineri au 01 46 32 51 00.

•À Mavilliers (28)du 30 octobre au 14 novembre

Contact : Jean-Paul Romon au 02 37 34 23 65. À l’auberge de jeunesse puis à la mairie.

•À Toulon (83)du 7 au 18 novembre

Au forum de la FNAC.Contact : Maria Legueut au 04 94 38 92 05.

•À Châtelaillon-Plage (17) du 27 novembre au 16 décembre

À la médiathèque de Châtelaillon-Plage. À la chambre des métiers de La Rochelle du 18 au 30 décembre. Lieux et dates à confirmer.Contact : Martine Dupéré au 05 46 56 25 52.

•À Succieu (38) Du 2 au 13 janvier 2007

À l’office du tourisme de Bourgoin-Jallieu.Contact : Madeleine Reynaud au 04 74 92 12 49.

•À Poitiers (86) du 2 au 13 janvier 2007

Au centre commercial «Les Cordeliers ».Contact : Néomaye de Fremond au 05 49 01 24 96.

•À Tinqueux (51) du 26 au 31 mars 2007

Au centre culturel. Contact : Pascale Menetrier au 03 26 06 44 71.

Photo

s: T.

L. S

turm.

Agenda des expositions en France

Thierry Desroses.

Raphaëla le Gouvello.

Frédéric Naquet, Thierry Desroses et Raphaëla le Gouvello.

Le comité de direction international, de gauche à droite : S. Kumar, J. Jourdan, Y. Cissé, C. Calosci, L. Willerval et M. Péricard.

Alexandra Kazan.

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1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993

AIDE ET ACTION - NUMÉRO 10006

Aide et Action en quelques dates

En 1981, un jeune coopérant revientd’Inde où il a travaillé avec des associa-tions indiennes, en particulier avec ASSEFA1,pour l’éducation des enfants les plus pau-vres. À son retour, Pierre-Bernard Le Basse tourne vers l’association anglaiseActionAid, l’un des principaux soutiensd’ASSEFA. Il reprend alors une idéeencore peu connue mais qui fait déjàfureur en Grande-Bretagne : le parrainaged’enfants. Très vite, le nombre de marrai-nes et parrains est tel que la jeune asso-ciation française, nommée Aide et Actionen référence à son parrain anglais, peutvoler de ses propres ailes.Dès 1986, Aide et Action reprend à soncompte le programme rwandais, autonomise

ses liens avec ses partenaires indiens etouvre en toute indépendance des pro-grammes au Togo, au Sénégal, au Niger,en Haïti (en partenariat avec l’associationInter Aide), à Madagascar, au Bénin et enTanzanie. Son combat : l’éducation, qu’elleconsidère comme la clé de tout déve-loppement durable.Mais si l’association se concentre sur l’édu-cation depuis son origine, la philosophiequi guide ses interventions a évolué. Dansles années 80, Aide et Action tire sa raisond’être du transfert de moyens financiers duNord vers le Sud. Les années 90 apportentla remise en cause des modèles éducatifsimportés et souvent mal adaptés. Trop sou-vent, les populations ne sont pas consultées.

Les réunions de Fria (Guinée, 1996) et Kara(Togo, 1997) sont les témoins de cette prisede conscience. Aide et Action se concentrealors sur des modèles qui permettent auxpopulations de redéfinir elles-mêmes leurvision de l’éducation et les modes d’orga-nisation de l’école: pourquoi et commentapprendre? Quels savoirs sont utiles pournotre avenir? Où et par qui ce savoir doit-ilêtre dispensé?Partager cette vision est aujourd’hui unepriorité : influencer, sensibiliser, convain-cre, mobiliser sont donc devenus pourAide et Action des outils incontournables pourla lutte en faveur de l’Éducation pour tous.

1 Association for Sarva Seva Farms.

Aux origines, l’éducation…

Ouverture de programme

Inde Rwanda AA/AEA

Burundi AA/AEA

Rwanda AEA

Togo

Sénégal

NigerHaïti

Guinée

Mada Sud

Burundi

Bénin

Kenya

Kenya AA1/AEA

Fermeture de programme

Création de direction régionale

Création de coordination régionale

Lancement du parrainage individuel

Premier cofinancement de la CEE

Prix Cristal dela transparencefinancière

Première journée nationale d’échanges :week-end des bénévoles

Apparition des premières microréalisations

Création des antennesrégionales bénévoles

Les parrains forment les premiers groupes locaux

Création du collège des bénévoles. Ils sont représentés à l’Assemblée générale

Création du parrainagede classe

1 AA: ActionAid.

AEA/Inter Aide

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31994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006

AIDE ET ACTION - NUMÉRO 100 07

En 1996, Aide et Action, à l’image des sec-teurs du développement et de l’humani-taire, se pose des questions. Elle interrogeses méthodes de travail en entamant unbilan complet de ses actions. Par une largeconsultation dans toutes les entités del’association (bénévoles, marraines et par-rains, salariés du monde entier, Assem-blée générale et Conseil d’administration),une volonté de renouveau, de croissanceet de mobilisation émerge. Ce seront lesÉtats Généraux (ETG) 1998.À l’issue d’une année de travaux (1997), lesjournées des 4 et 5 avril 1998 concrétisentle nouveau projet d’Aide et Action. Il est

prévu sur une durée de cinq ans et modifieprofondément les attitudes, l’état d’esprit etles démarches de l’association. Aide et Actions’oriente davantage vers du transfert decompétences, rendant acteurs les «bénéfi-ciaires» d’hier. Concrètement, ce sont 15 réso-lutions qui sont adoptées.Cinq ans plus tard, c’est l’heure du bilan,avec la parution du Livre bleu, qui rappelle lesobjectifs fixés en 1998 et fait le point sur leursavancées. Il constituera l’une des bases quiserviront à l’étape suivante: les ETG 2004.L’année 2003 est consacrée à la préparationde ce deuxième rassemblement, qui réunitencore une fois l’ensemble des acteurs de

l’association, pour adopter de nouvellesrésolutions, cette fois au nombre de 12.L’objectif de 1998 reste inchangé : devenir«développeur» et «spécialiste de l’édu-cation», deux ambitions qui trouvent leurlégitimité dans des activités menées enpartenariat au niveau micro pour mieuxagir auprès des instances nationales etrégionales afin d’atteindre un niveaud’influence au niveau macro. Pas à pas,Aide et Action a transformé son moded’intervention et s’est professionnaliséedans le domaine de l’éducation, en utili-sant sa légitimité pour influencer les déci-deurs. L’histoire continue…

Les États Généraux : bilans et perspectives

Burkina

Mada Centre

Cambodge

Aide et Action Afrique

CoordinationAsie du Sud-Est

Laos

Mali

Vietnam

République dominicaine

Malawi

Haïti

Sri Lanka

Aide et Action France

Aide et Action Asie du Sud

Coordination Caraïbes

TanzanieMada Nord

Post-urgenceBurundi

Post-urgenceBurundi

Prix Cristal de la transparencefinancière

Aide et Action estreconnue d’utilitépublique

Deuxièmes États GénérauxApparition du parrainage de projet

Rencontre de Fria (Guinée). Les équipes de terrain Afriqueinterpellent : « Des écoles sontconstruites, mais personnene les occupe »

Rencontre de Kara (Togo). Lors d’une grande réunion internationale, AEA passe du quantitatif au qualitatif

Adhésion d’AEA au comité de la Charte

Premiers États Généraux

Obtention de l’agrément de l’Éducation nationale

Création du serviceAction bénévole

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AIDE ET ACTION - NUMÉRO 10008

Aujourd’hui encore, pour plus d’un milliardde personnes, le droit à l’éducation n’est pasune réalité, l’environnement politique etsocio-économique international n’en per-mettant pas nécessairement l’exercice.Pourtant, l’adoption de la Charte des droitsde l’enfant (1959) a contribué à la prise deconscience: une grande majorité d’États, lesprincipaux organismes institutionnels, etnotamment ceux issus des accords deBretton Woods1, déclarent désormais quesans éducation, aucun progrès économiquen’est possible, sans éducation, aucune amé-lioration durable de la santé n’est significa-tive et sans éducation, la démocratie n’aaucune chance de progresser. À l’inverse,grâce à elle, chaque individu se dotera desmoyens de comprendre le monde, de sedévelopper et de choisir son destin.

Une association qui évolue…Depuis 1981, Aide et Action a fait une longuemutation et a pris conscience que la cause del’éducation dépassait largement les frontiè-res françaises. La réunion des États Générauxen 2004 a prolongé les orientations décidéessix ans auparavant par les États Généraux 98,les faisant émerger au niveau international etconstruisant un projet fédérateur autourd’une mission pour «le droit à l’éducation»plus clair, plus fort et plus cohérent.Pour s’ouvrir au monde, Aide et Action doitmaintenant faire évoluer son organisationafin de permettre à tous ceux pour qui elles’est engagée d’accéder à la gouvernance etde développer l’association. Les ÉtatsGénéraux 2004 ont très largement votécette évolution. En devenant une associa-tion internationale, en traduisant les prin-cipes forts de ses démarches dedéveloppement par l’éducation, elle élargitson champ d’action à toutes celles et tousceux qui sont convaincus que l’éducationest un vrai défi pour changer le monde.Issue de ces démarches, sa Charte est unevraie déclaration de foi en l’homme «seulmaître de son destin», seul maître d’œuvrede son développement.

… et qui s’engageAide et Action s’engage à mobiliser sesénergies pour contribuer au mouvement enfaveur d’une éducation de qualité pour tous,parce qu’elle est convaincue que c’est lelevier du développement humain.

•Elle affirme le droit à l’éducation desfemmes, leur nécessaire implication dans lesprocessus de décision et particulièrementdans la définition des politiques éducatives.Elle déclare que, le modèle éducatif uniqueayant révélé toutes ses limites, les poli-tiques éducatives doivent enrichir les diver-sités culturelles et favoriser des modes etsystèmes d’apprentissage ouverts.

Aide et Action affirme son ambition

Il y a 25 ans, Aide et Action a choisi l’éducation comme domaine d’intervention.

Il est par essence évolutif et notre association se doit d’être attentive aux différents contextes,

aux grandes évolutions du monde, sans jamais perdre de vue ce qui fait depuis toujours

sa vocation et son engagement : l’éducation, un droit pour tous.

•Elle soutient la souveraineté et la pleineresponsabilité des États dans leur droit àdéfinir et mettre en œuvre leurs politiquesnationales d’éducation.•Elle accompagne la migration, phénomèneamené à s’amplifier dans les trente prochai-nes années, de manière à ce qu’elle soit unevraie richesse pour les peuples.•Elle combat le VIH/SIDA, car l’éducationest une arme implacable contre la propaga-tion de cette terrible pandémie.•Elle agit en période de crise et d’urgencecar la reconstruction des systèmes éducatifsne doit jamais attendre.

Chacun d’entre nous, qu’il soit donateur,parrain ou bénévole, qu’il soit acteur, ensei-gnant, enfant ou partenaire, fait partie de celarge mouvement pour la défense du droit àl’Éducation pour tous. Une éducation dequalité qui sera le fer de lance des années àvenir, car c’est seulement grâce à elle quel’homme aura les moyens équitables pouraffronter le changement.

Claire Calosci, directrice générale.1 Le 22 juillet 1944, les 44 nations alliées de la Seconde Guerre mondiale signent les accords de Bretton Woods qui dessinent les grandeslignes du système financier international de l’après-guerre. C’est la créationde la Banque mondiale, du Fonds monétaire international et de ce quideviendra plus tard l’Organisation mondiale du commerce.

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AIDE ET ACTION - NUMÉRO 100 09

témoignages d’une ambitionÉducation de qualité pour tous :

N ous avons réuni dans ce centième

numéro du magazine un ensemble

de témoignages. Filleuls, parrains,

bénévoles, salariés, partenaires et

institutionnels décrivent leur quotidien,

leurs réalisations ou leur point

de vue sur l’éducation, mais aussi

leurs difficultés et leurs perspectives.

Chacun d’entre eux témoigne,

en son nom propre, à travers le prisme

d’une thématique chère à Aide et Action.

Au nombre de treize, ces thématiques

font partie de celles que l’association a choisi d’aborder dans le cadre de l’ambition qu’elle s’est donnée :

favoriser l’éducation de qualité pour tous, partout où elle le peut. Le dossier s’ouvre sur la nécessaire

implication des communautés et se ferme sur le tout aussi nécessaire départ de l’association des zones

d’intervention. Deux composantes du travail d’Aide et Action qui offrent les gages d’un développement

éthique, durable et équilibré. Cette « photographie » de l’association représente un fabuleux trésor,

que nous partageons ici avec vous.

SommaireSommaire

Implication des communautés : L’éducation est l’affaire de tous 10-12 VIH/SIDA : Ce que l’éducation peut faire 13Éducation à la citoyenneté : Devenir citoyen du monde 14-15Minorités : Pour une intégration multiculturelle 16-17Formation professionnelle : Changer d’avenir 18Enseignants : Dis maîtresse… 19-21Éducation des filles : Le droit des femmes commenceavec l’éducation des filles 22-23Travail des enfants : Au-delà de la contestation 24-25Handicapés : Des élèves comme les autres 26Mouvement pour l’éducation : Je crois, tu crois, nous croyons… que l’éducation change le monde 27-29Influence : Influencer les décideurs 30-31Crises : Urgence à éduquer ! 32-33Pérennisation : Un engagement… désengagement 34-36

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Implication des communautés

AIDE ET ACTION - NUMÉRO 10010

de tousL’éducation est l’affaire

Affaire de famille, affaire de pédagogie, affaire collective, l’éducation est l’affaire

de tous… Seul, l’enseignant, le parent d’élève, l’élu ne peut rien faire… Quelle que soit

son implication, ses qualités, il ne peut être le détenteur absolu du projet de toute

une communauté. Rassembler les acteurs, tous les acteurs, autour d’un projet construit

en commun, organiser avec eux les espaces et les temps d’échange, de débat et surtout

d’action… c’est un défi de tous les jours. Au-delà de son efficacité opérationnelle,

cette démarche garantit également la transparence des actions, un engagement

de transparence cher à tous et capital pour Aide et Action.

T É M O I G N A G E S D ’ U N E A M B I T I O N

Je m’appelle Yélé Tchamdja, je suis animateur endogène àTchévenda dans la préfecture de la Kozah grâce au projet«Amélioration de la scolarisation au Nord Togo» en 2003. Une fois que la communauté m’a choisi, j’ai bénéficié de forma-tions organisées par Aide et Action. Après chacune, je faisais uncompte-rendu au comité du village avant d’organiser une assem-blée générale auprès de la communauté pour travailler sur l’éla-boration d’un plan d’action scolaire. On a remplacé notre Edil(École d’initiative locale) qui exposait les enfants à tous les dan-gers : vent, soleil, pluie, insectes… Puis sont venus la cantine, lagarderie pour les tout-petits, les latrines et le puits. Un habitant du village nous a donné les 4 hectares du site scolairequ’on a aménagé avec des plants pour que ce soit plus agréable.

Les parents et les enseignants ont également bénéficié de forma-tions sur l’importance de leur rôle dans l’éducation. Et alors queje devais délaisser mon champ pour aller aux formations, les villa-geois ont proposé d’en cultiver un dont la récolte me reviendrait.J’en ai été très content avant de me rendre compte qu’il fallait enfaire de même pour les enseignants quenous avions recrutés. Pour ma part, en tant qu’animateur,j’ai eu beaucoup d’acquis à travers lesformations : je peux notamment animeret sensibiliser les parents sur l’impor-tance de l’école.

« La communauté m’a choisi »

L’action de l’État ne se fera pas sans les communautés.

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Yélé Tchamdja est animateur endogène à Tchévenda, Togo.

“«Nous avons cherché à mettre en valeur le point de vue des communautés qui serontintégrées dans le Plan stratégique de développement de l’éducation dominicaine2003/2012. Aide et Action nous a appuyés dans toutes les démarches, en s’intégrantdans les processus participatifs communautaires. »Amelfis German est experte en participation communautaire du secrétariat d’État à l’Éducation,

dans le cadre du Forum présidentiel pour l’excellence de l’éducation, République dominicaine.

« Il y a eu une grande participation de la part des communautés, l’éducation est unthème très mobilisateur. Cela a permis de révéler des inquiétudes sur la formation desprofesseurs, les infrastructures scolaires, les périodes et la durée des classes.Mais maintenant la société civile espère que les résultats vont se voir. Le manque deressources dédiées à l’éducation, les intérêts et l’agenda politiques peuvent limiter l’am-pleur de l’initiative.»Joséfina Nério est coordinatrice du Forum pour la participation de la société civile, République dominicaine.

Partir du bon pied

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AIDE ET ACTION - NUMÉRO 100 11

Je suis Hok Sothik, directeur du SIPAR, uneONG œuvrant dans le domaine du déve-loppement de la lecture au Cambodge. En2002, nous avons effectué une étude surl’identification des besoins éducatifs de lacommunauté, qui nous a menés à la misesur pied des Centres d’éducation pourtous (CET) au niveau communal. Un Comitécommunal de gestion de projet (CCGP)permet aux chefs de village, aux vénéra-bles de la pagode, aux parents d’élèves ou

aux villageois de collaborer à leur mise enplace. Les membres du Comité sont nom-més par les représentants éducatifs etcommunautaires. Au-delà des réunions, lapopulation participe aussi matériellementet financièrement : elle met à dispositionun local existant (souvent une pagode) ou enconstruit un en recrutant la main-d’œuvre eten fournissant les matériaux de construction.Dans ce cas-là, notre partenaire assureles coûts de main-d’œuvre (pour une salleneuve, environ un tiers du coût total). C’estdire que la contribution locale est impor-tante. Le CCGP recrute également lesanimateurs dans la communauté, avantqu’ils suivent une formation, même s’ils’agit d’anciens enseignants. Ces anima-teurs volontaires n’ont pas de salaire endehors d’un per diem de 4000 riels, soit 1$par jour. Tout compris, un CET coûte environ

100 $ par mois, une dépense assurée parla caisse de fonctionnement à laquellecotisent les familles, tout autant que lacommune, l’association et même desgens de l’extérieur.

Participation communautaire au projet CET

Hok Sothik est directeur du SIPAR, ONG partenaired’Aide et Action, Cambodge.

C’est toute la communauté qui met en place les Centres d’éducation pour tous, y compris financièrement.

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Nous sommes les membres du Comité villageois d’éducation de Valavayal et nous avons décidé de créer une école.

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“Nous sommes des membres du Comitévillageois d’éducation du village deValavayal. En 1999, nous avons décidé decréer une école. Un enseignant de notrecommunauté a été désigné pour ensei-gner à nos enfants dans une pièce uniqueque nous avions louée. La communauté etles jeunes ont levé des fonds et ont dis-tribué aux enfants des uniformes et desfournitures scolaires. Quelques annéesplus tard, 85 enfants étaient inscrits et unenseignant supplémentaire recruté. Cetteannée-là, le gouvernement a autorisé laconstruction d’une cuisine pour les déjeu-ners. Après s’être réunis, les villageois ontbâti une cuisine pour préparer les déjeu-ners des enfants et ont dressé une tentepour servir de classe sur un terrain d’uneacre et demie. Mais les enfants souffraientde l’humidité pendant la mousson.En 2002, Rural Development Organisation(RDO, association partenaire d’Aide et Action)

a organisé une campagne d’orientationet a mobilisé les villageois pour formerun Comité villageois de développementde l’éducation (VEDC). Nous avons suivides formations pour comprendre nosrôles et responsabilités au sein de cecomité. En plus de l’enseignant du gou-vernement, RDO a nommé un enseignantde notre communauté et a offert decontribuer à hauteur de 25 % à son salaire.Aujourd’hui, nous avons l’électricité àl’école, nous avons 130 élèves inscrits,

nous avons collecté des fonds pour ache-ter des bancs, des tableaux et du maté-riel pédagogique, le Panchayat a construitles sanitaires et grâce au programmeindien « Mouvement éducation pourtous », nous avons bénéficié d’un réser-voir d’eau. À l’avenir, nous envisageonsd’ajouter une section collège avec denouveaux bâtiments, de construire unauditorium, de fermer le périmètre del’école et d’aplanir le terrain pour faireune cour de récréation.

Le Comité villageois d’éducation de Valavayal,Inde.

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Un seul acteur manque et rien n’est possible

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«La seule voie qui offre quelque espoir d’un avenir meilleur pour toute l’humanité est celle de la coopération et du partenariat.»

KOFI ANNAN, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ONU.

AIDE ET ACTION - NUMÉRO 10012

“La mobilisation sociale, clé du développementLa mobilisation sociale dans le secteur de l’éducation est une stra-tégie par laquelle tous les acteurs s’impliquent, adhèrent, partici-pent à la conception, à l’exécution et à l’évaluation des projets. Pour construire des infrastructures scolaires (écoles, logements,latrines…), nous, c’est-à-dire l’équipe de mobilisation sociale, pre-nons rendez-vous avec la communauté, échangeons autour duprojet, avant d’identifier les bailleurs potentiels. On sensibilise eton teste la population pour découvrir ses attentes avant d’effec-tuer une analyse déterminant le rôle de chacun. Par exemple, pour la collecte des agrégats (sable fin, cailloux,terre meuble…) destinés à la construction du bâtiment, unemajorité d’hommes les transportent sur les lieux du chantier avecdes charrettes, des brouettes. Quant à l’approvisionnement eneau, il est généralement assuré par les femmes à traversl’Association des mères éducatrices (AME) ou le groupementféminin villageois. Peu de déception à ce niveau, car les femmessont plus soucieuses de l’éducation de leurs enfants. Les chefscoutumiers ou notables, les responsables d’Associations deparents d’élèves et d’AME, ou encore les autorités administra-tives et politiques jouent un rôle stratégique de leaders d’opi-nion qui galvanisent et rassurent la population.Bien sûr, des difficultés peuvent entraver ce processus. Que ce soitla non-appropriation du projet par la communauté ou un jeu de

récupération individuel, voire politique. La mobilisation socialeest une des conditions de réussite de tout projet de développe-ment d’envergure.

Patrice Bationo est chef de service Mobilisation sociale à la Direction provinciale de l’éducation

de base du Sanguié, Burkina Faso.

“Se servir des expériences qui réussissentEn France, l’implication des citoyens dansla mise en œuvre des politiques éducati-ves les concernant est aujourd’hui devenueun principe de bon sens. À mon avis, elle estmême devenue un critère de validité pourl’ensemble des politiques publiques.Cette dimension participative désormaisorganisée au niveau de la commune parle Contrat éducatif local (CEL) et le Planéducatif local (PEL) ne naît pas du néant.Auparavant, d’autres dispositifs existaientcomme le Contrat d’aménagement dutemps de l’enfant ou l’Aménagement desrythmes scolaires. Mais ils manquaient decohérence et, en se limitant à l’énoncia-tion de grands principes, ils ne rendaientpas la participation des populations effi-ciente. Il a fallu tirer la leçon de ceséchecs et matérialiser une participationtout au long du processus éducatif, de laphase d’étude à l’évaluation finale. L’Étata indiqué aux villes qu’une démarche

intégrant et impliquant l’ensemble desacteurs éducatifs (parents d’élèves, Édu-cation nationale, associations…) devaitprécéder chaque CEL. Pour moi, ce travaild’implication de tous est facilité par monexpérience sénégalaise car j’ai été pré-sident de l’Amicale des jeunes deWakhinane à Pikine en 1990, une associa-tion chargée d’améliorer les conditionsde vie des habitants à partir de leurspropres forces.L’implication des citoyens en France nepeut que se renforcer et ce pour une rai-son simple : ils souhaitent de plus enplus être sujets de leur propre change-ment et non plus objets d’intervention.Et puis il est devenu évident que l’édu-cation des enfants ne concerne pas uni-quement la famille, ou bien l’école ;c’est l’affaire de tous.

Sam Ba est responsable du service de réussite éducative à Dreux.Sam Ba : « L’implication des citoyens est (…) un principe de bon sens ».

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Les femmes sont souvent plus soucieuses de l’éducation de leurs enfants.

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VIH/SIDA

AIDE ET ACTION - NUMÉRO 100 13

La mortalité infantile est très élevée au Bénin, il y a de nombreu-ses grossesses précoces et le taux de transmission mère-enfantdu VIH/SIDA est énorme. Mon travail est de renforcer les compé-tences des animateurs béninois qui sensibilisent sur le VIH/SIDAet la santé reproductive.Les spécificités socioculturelles et les tabous sont très forts ici. Il adonc fallu que je modifie mon discours auprès de mes stagiaires.De leur côté il y a des confusions entre des croyances culturelleset des savoirs scientifiques. L’un des animateurs allait faire uneintervention auprès d’élèves : il voulait raconter l’histoire d’un

couple qui avait la syphilis. Quand je lui ai demandé où il voulaiten venir en racontant ça aux enfants, il me répond : « Que lesfilles ne doivent pas courir» ! Cette intervention est dangereusecar cela déresponsabilise totalement les garçons. Le problèmec’est que les animateurs sont trop influencés par les valeursculturelles. Mon objectif, c’est donc de créer avec eux un guided’animation dans lequel les situations et les illustrations ne soientpas sexistes… par exemple!

Ce que l’éducationpeut faire

Enfants déscolarisés, enseignants absents, le VIH/SIDA ravage les systèmes éducatifs

et petit à petit c’est tout l’édifice social qui s’écroule. Informer, sensibiliser, combattre

les tabous et les angoisses est un des rôles que doit porter l’éducation pour stopper

le développement de la maladie. Si le SIDA est un frein à l’éducation, l’inverse

est également vrai : l’éducation contribue à l’éradication de la maladie.

Sabaidee 1 ! Je suis éducatrice spécialiséedans la prévention des risques auprès desenfants qui vivent et travaillent dans la rue.J’aborde des sujets comme l’hygiène, lanutrition, les drogues mais également laquestion du VIH/SIDA.Les enfants et adolescents des rues sontparticulièrement exposés au VIH/SIDA.Comme tous les jeunes, ils se sentent invul-nérables et ne pensent pas à se protéger.Et ce malgré une vie sexuelle parfois trèsprécoce, quand ils ne sont pas forcés à despratiques sexuelles dangereuses (prosti-tution, viols…) sans aucune protection.L’usage des drogues accroît encore plus lesrisques de contamination.

Pour nous, il est essentiel de fournir desinformations «utiles»: pas seulement fairepeur. Nous créons nos outils de sensibili-sation comme par exemple des romans-photos qui expliquent comment se protégerdes MST 2. Par la suite, nous comptonsformer des jeunes à l’utilisation de cesoutils pour qu’ils parlent des dangers duvirus à leurs amis et leur famille. C’est l’effet«boule de neige» que l’on recherche.Leurs questions amènent à de longues dis-cussions et explications. Dernièrement, ilsm’ont demandé si l’utilisation de préserva-tifs mettait leur santé en danger et si lesrelations sexuelles entre personnes dumême sexe pouvaient occasionner la

transmission du VIH/SIDA. Cela vous donneune idée du manque d’information ou pirede l’effet des fausses croyances dans notrepays et… de l’importance de notre travail.

Phonesavanh est éducatrice sur le programme Puean Mit, Vientiane, Laos.1 «Sabaidee» signifie bonjour en lao.2 MST: Maladie sexuellement transmissible.

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L’effet « boule de neige »

Pourcentage d’enfants orphelins en Afrique subsaharienne en 2003

Données non disponibles0-9%10-14%+ 15%

Source : www.unaids.org

“Aller au-delà des tabous

Isabelle Viger est sexologue, formatricedans une ONG béninoise.

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Phonesavanh informe les enfants des rues des dangers du VIH/SIDA.

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Éducation à la citoyenneté

AIDE ET ACTION - NUMÉRO 10014

Je suis professeur des écoles à Villiers-le-Bel (Val-d’Oise) depuis maintenant six ans(…) Dans ma classe, il y a 14 nationalités.Autant dire que le premier mois est consacréà la connaissance de l’autre, sa culture, sesspécificités. Au début, je suis arrivée dansla classe avec de gros a priori. Je voyais denombreux élèves originaires d’Afrique sub-saharienne et je pensais que j’avais ungroupe homogène. En réalité, et c’est uneévidence quand on compare avec l’Europe,ils possèdent des cultures très différentes.Nous sommes partis de ce constat pourfaire des cours d’éducation civique ou dereligion, le but étant de provoquer l’échange.Souvent, on démarre à partir d’un conflit

dans l’école pour faire passer des valeursfondamentales. Mais les élèves font toujoursla différence entre l’école et la cité. Ils ledisent eux-mêmes: «Ce n’est pas pareil»!Ce que nous voulons, c’est planter unegraine de citoyenneté… mais on ne voit pasles résultats tout de suite. Pourtant j’y crois!Un jour un élève m’a dit : «Maîtresse,alors c’est vrai qu’on peut être fier d’êtreimmigré?». Pour moi, c’est beaucoup, et çacorrespond à un vrai travail sur l’immigration

en France : on a repris avec toute la classeles grands mouvements migratoires de cesiècle, en insistant sur l’apport culturel dechacun à ce qu’est la France aujourd’hui.L’idée pour moi, à travers ces projets, c’estde leur faire comprendre que les peuplessont interdépendants. Ils apprennent éga-lement qu’on peut faire beaucoup de cho-ses à plusieurs, que ce n’est pas non plusimpossible de les faire tout seuls, c’estjuste plus difficile.

monde

Nadia Garcin provoque l’échange avec ses élèves.

Devenir citoyen du

« Planter une graine de citoyenneté »

Sensibiliser, sensibiliser, sensibiliser

L’éducation à la citoyenneté mondiale est une éducation qui sensibilise les citoyens

aux réalités du monde. Elle vise à transmettre les valeurs de liberté, de respect,

de solidarité, d’équité, de justice, de paix, d’intégrité et de dignité pour la réalisation

d’un monde de droits humains pour tous.

Nadia Garcin estprofesseur des écoles,Villiers-le-Bel, France.

Je suis bénévole depuis deux ans et demi. J’aipassé des modules de formation pour effec-tuer des animations au sujet de l’éducation desenfants dans le monde, en partenariat avecl’association La Case1. Cette année, j’ai déjàeffectué trois animations à Limoges auprèsd’enfants du primaire à la sixième et j’espèreaugmenter la fréquence de mes interventionsl’année prochaine. Après les animations enclasse autour du thème «L’éducation dans lemonde», les enfants ressortent sensibilisés et

c’est déjà un premier pas. Cependant, l’idéalserait aussi de faire intervenir les parents aucours d’animations communes. Et surtout, monambition personnelle, c’est de parvenir à éta-blir des contacts moins ponctuels, de créer unprogramme sur plusieurs séances pour éviterqu’il s’agisse d’un simple «incident de sensi-bilisation» dans un cursus.

1 La Case – Centre de documentation et d’animation sur la soli-darité internationale basée à Villiers-le-Bel (95)– est une asso-ciation agréée par le ministère de la Jeunesse et des Sports et leministère de l’Éducation nationale.

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Cécile Paillet est bénévoleAide et Action, France, intervenante dans les écoles sur les thèmes éducatifs.

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«Le droit même de vivre ne nous est donné que si nous remplissonsnotre devoir de citoyens du monde. Le nationalisme n’est pas la plus haute conception. La plus haute conception est la communauté mondiale.»

GANDHI, HOMME POLITIQUE ET PHILOSOPHE.

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AIDE ET ACTION - NUMÉRO 100 15

Les gouvernementsscolaires en GuinéeOn a imaginé un processus où les enfantsse désignent des représentants qui par-ticipent aux débats sur les activitésmenées autour de l’école. Pour générali-ser les Gouvernements scolaires (GS) auplan national, il ne s’agira pas de décré-ter à travers des textes leur mise enplace, mais plutôt de voir comment sus-citer une réflexion nationale sur la parti-cipation des enfants dans la gestion del’école. Elle devra faire partie intégrantedu programme de formation des ensei-gnants pour qu’ils acceptent la responsa-bilisation de l’enfant dans la vie del’école. Les parents aussi doivent se pré-parer à ce nouveau positionnement del’enfant. Les GS devront s’intégrer auprogramme d’éducation civique, parexemple en partenariat avec l’Assem-blée nationale. Car l’école, au-delà del’acquisition par l’enfant de compéten-ces académiques, c’est aussi le respectdes principes et des règles de laRépublique et de la vie en groupe.

Moctar Diallo est responsable des partenariats,

Aide et Action Guinée.

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Association for Sarva Seva Farms (ASSEFA), basée dans le TamilNadu en Inde, travaille avec les communautés rurales. L’orga-nisation promeut les valeurs gandhiennes comme l’autonomiedes femmes, la création de plans d’épargne pour la commu-nauté, la mise en place d’écoles prônant les concepts de non-violence ou la création de biens communautaires.Dans nos écoles, hormis les matières académiques, l’attentionest portée sur les concepts d’économie, les activités culturelles

et la formation professionnelle comme l’élevage de chèvres oude volailles, la création de laiteries ou de fermes. Sur ces prin-cipes, ASSEFA a introduit dans toutes ses écoles de jour et sesécoles complémentaires un programme d’éducation à la paixet à la non-violence.ASSEFA est persuadée que les écoles devraient être des modè-les incorporant les valeurs de paix dans toutes leurs activités.Les actions disciplinaires, les abus de pouvoir, le favoritisme ettoutes autres mesures négatives qui éloignent les enseignants desenfants n’ont pas leur place dans un modèle d’éducation à la paix.En tant qu’enseignants dans les écoles ASSEFA, nous utilisons unlivre sur l’éducation à la paix de manière créative, ce qui rendl’apprentissage et l’enseignement intéressant et joyeux. Parexemple, chaque leçon renvoie à un certain nombre de questionset il peut y avoir plusieurs réponses car il n’en existe pas de tou-tes faites. La non-violence implique la créativité, l’acceptation dedivers points de vue, l’encouragement et la pensée positive.Ainsi une atmosphère informelle, détendue et amicale est créée,au sein de laquelle la participation desenfants et la motivation sont importan-tes. Ils sentent qu’ils font partie duprocessus éducatif puisqu’il y a de laplace pour chacun, sans notion degagnant ou de perdant.

Rajendran utilise un programme d’éducation à la paix.

« La non-violence incite à la créativité »

En 2006, les femmes des Nippes (Haïti) ont bénéficié de formations sur les droits etdevoirs de la femme, les processus de vote, la protection de l’environnement, la gestiondu patrimoine et la gestion des conflits. Le 8 mars dernier, à l’occasion de la Journéeinternationale de la femme, elles se sont rendu compte que c’est par l’éducation qu’ellesauront un pouvoir d’action et que l’éducation les libère mentalement. Elles sont doncanimées du désir de changerleurs conditions de vie. Lesconnaissances acquises vontêtre transférées à d’autres fem-mes du milieu rural et urbain.Les connaissances transmisessont pour elles comme un coupde phare projeté sur le sens dela citoyenneté dont l’exerciceest faisable à tout âge.

Fidèle Nicolas est coordonnateur de zone (Nippes),Aide et Action Haïti.

Le pouvoir d’action de l’éducation

Rajendran est enseignant à l’école primaire Sarva Seva Farms d’Andipuram, Madurai, Inde.

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L’éducation libère les femmes.

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Minorités

AIDE ET ACTION - NUMÉRO 10016

Je suis Savithri, enseignante dans uneécole située dans une forêt du parc natio-nal de Nagarhole (État du Karnataka) oùvivent les tribus Jenukuruba. La plupartde mes élèves parlent le jenunudi, la lan-gue tribale. Je leur apprends aussi le kanada,la langue officielle de l’État. Cette école,soutenue par DEED – Developmentthrough Education – partenaire d’Aide etAction, est une école « alternative »,adaptée aux spécificités culturelles demes élèves.Au départ, les enfants refusaient de se rendreà l’école gouvernementale. Rien ne leur était

adapté: aucune leçon ne se raccordait auquotidien et à l’expérience Jenukuruba etl’enseignement ne se faisait qu’en kanada,langue qu’aucun élève ne parlait. Les ensei-gnants, mutés par le gouvernement, nesavaient rien de la culture tribale. Dans plu-sieurs cas, ils ont mal compris les popula-tions qu’ils ont alors considérées commenon civilisées et frustes. L’engrenage del’exclusion s’amorçait et beaucoup d’enfantsn’étaient plus scolarisés. Aujourd’hui, j’en-seigne à ces élèves, autrefois exclus, avecdes outils pédagogiques qu’ils compren-nent et peuvent utiliser. Avec l’appuid’Aide et Action, l’association DEED aformé chaque enseignant à un manueladapté aux Jenukuruba. Les leçons, dansce livre, sont écrites en jenunudi et sont tou-tes basées sur l’environnement et les expé-riences vécues de la tribu comme lanourriture, les chants, les jeux, les fêtes, laforêt, etc. Comme je ne suis pas d’originetribale, j’ai appris l’écriture jenunudi.

multiculturelle

Ici, les enfants de la tribu des Jenukuruba.

Pour une intégration

« Aucun élève ne parlait la langue »

Garantir la diversité culturelle

Les populations autochtones et les minorités ont souvent des références historiques

et culturelles différentes du modèle national. S’appuyer sur ces références pour

qu’elles définissent leurs projets éducatifs constitue un vrai levier d’intégration.

Et ce, à l’opposé d’une pédagogie autoritaire fondée sur la négation des spécificités,

potentiellement « machine à exclure ».

Les populations autochtones sont partisaneset représentantes de la diversité culturellede l’humanité. Historiquement cependant,

les populations autochtones ont été margina-lisées par les sociétés dominantes et ontsouvent été confrontées à l’assimilation et augénocide culturel. (…) En mai 2003, lors de laseconde session, l’Instance permanente surles questions autochtones a exprimé sa pré-occupation à propos des pratiques de déve-loppement qui ne prennent pas en compteles caractéristiques des communautésautochtones en tant que groupes, sapantainsi de manière significative d’importan-tes voies de développement participatif.

Les populations autochtones ont des cultu-res vivantes dynamiques et cherchent leurplace dans le monde moderne. Elles nes’opposent pas au développement maiselles ont trop longtemps été victimes dudéveloppement et demandent maintenantà participer – et à bénéficier – d’un développe-ment qui soit durable.

Extrait du rapport mondial de développement humain 2004,

« La liberté culturelle dans un monde diversifié », publié par

le Programme des Nations unies pour le développement.

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Savithri est enseignantedans une école tribale, État du Karnataka, Inde.

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Ole Henrik Maggaest président de l’Instance permanente des Nations unies sur les questions autochtones.

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Munie du manuel, j’emmène souvent mesélèves en forêt pour identifier les arbres, lesfeuilles, les oiseaux, les produits comesti-bles, les herbes, les animaux… Ils parlentlonguement des choses qu’ils ont vues.L’école s’est petit à petit intégrée à l’envi-ronnement Jenukuruba. Les enfants se sen-tent à l’aise dans leur apprentissage etviennent à l’école avec plaisir. Moi aussid’ailleurs car j’apprends beaucoup d’euxqui viennent et vivent de la forêt.

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«La promotion et la protection des droits de personnes appartenant à une minorité nationale, ethnique,religieuse ou linguistique contribuent à la stabilité sociale et politique des pays dans lesquels ils vivent.»

CHRIS CHAPMAN, MINORITY RIGHTS GROUP INTERNATIONAL - WWW.MINORITYRIGHTS.ORG/ - TRADUIT DE L’ANGLAIS.

«Dans ma classe, beaucoupd’élèves ne peuvent pas biensuivre en cours en raison deleur mauvaise prononciationet compréhension duvietnamien. Comme jemaîtrise bien cette langue et que je suis chef de classe, je fais tous les efforts pour les aiderpar des encouragements et des explications en “raglay” pendant les récréations.»

CAO THI SAN, ÉLÈVE EN CLASSE 4 DE L’ÉCOLE DE SUOI LAU 2, ISSUE DE LA MINORITÉ RAGLAY, VIETNAM.

AIDE ET ACTION - NUMÉRO 100 17

Je m’appelle Dinh Le Chi et je suis enseignante de la classe 4(équivalent du CM1) à l’annexe de Suoi Lau 2 dans une école oùla plupart des élèves sont issus de la minorité Raglay au Vietnam. Ces familles qui ont adopté la vie sédentaire il y a une quinzained’années font face à beaucoup de difficultés : l’adaptation à unnouveau mode de vie, travail agricole, manque de connaissance,revenus extrêmement faibles… Ici, l’école, par faute de moyens,ne fonctionne que sur une demi-journée. Le reste du temps, lesenfants travaillent aux champs et dans les rizières. Ils représententune source de revenus importants pour leur famille. D’autant que

les parents ne sont jamais allés à l’école et ne comprennent pastoujours l’importance de la scolarisation. Lorsqu’ils atteignentl’école, les enfants Raglay ont des difficultés d’ordre linguistiquecar ils ne parlent pas kin (vietnamien), la langue d’enseignement.Ce handicap ne facilite guère notre travail et c’est tout doucement

que nous les accompagnons dans l’apprentissage du kin.Aujourd’hui, la situation s’est améliorée depuis le démarrage duprojet «Support socio-éducatif et sanitaire». Dans mon école, plusde 323 enfants issus des minorités bénéficient des cours sur toutela journée et de repas équilibrés. La santé des enfants est bienmeilleure et certains ont même pris du poids. Les élèves sont trèspeu absents et participent activement aux leçons. Ils ont eu desrésultats encourageants aux examens mensuels. Pour soutenir notre travail (ndlr: celui des enseignants), une équipe desept agents issus des communautés et formés circulent dans les villa-ges pour sensibiliser les parents sur les nécessités de scolarisation,d’hygiène, de protection de l’environnement, de nutrition… Il ne fautpas relâcher nos efforts vers l’insertion sociale de ces enfants. Notreobjectif est de les rendre libres de faire leur propre choix dans l’avenir.

Dinh Le Chi est enseignante à Suoi Lau, Vietnam.

Les enfants Raglay ont des difficultés linguistiques car ils ne parlent pas le « kin » (vietnamien).

Une enseignante en « pays » Raglay

Au Vietnam, les minorités ethniques sontparmi les populations les plus laissées àl’écart du développement du pays. Ellessont 11 millions (soit 14% de la populationdu Vietnam) et vivent dans les régionsrurales les plus pauvres. Elles souffrentdu manque d’infrastructures (communi-cation, éducation, santé) mais aussi deprécarité alimentaire, de dégradation del’environnement. L’analphabétisme est

largement répandu. Depuis quelquesannées, les efforts du gouvernement versl’intégration des minorités au développe-ment du pays ont apporté des résultatsmais avec une scolarisation seulement endemi-journée et le cycle primaire qui nedure que cinq années, le pays affronteencore des difficultés lourdes à surmonter.Conscient de l’énorme chantier, le Vietnama demandé l’appui et l’intervention desorganisations internationales et des ONGen complémentarité des programmesinstitutionnels.C’est dans ce cadre qu’Aide et Actionintervient sur la promotion de l’éducationpour les enfants des minorités, en parte-nariat avec le Service de l’éducation de laprovince de Khanh Hoa.

Le Vietnam veut intégrer les minorités au développement du pays

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Martin Pericard est responsable de la région Asie du Sud-Est, Aide et Action.

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Formation professionnelle

AIDE ET ACTION - NUMÉRO 10018

Je suis directeur et instructeur du centreiLEAD de Chennai (Tamil Nadu). Nous pro-posons des formations professionnellespour permettre aux jeunes défavorisésd’exercer un métier. 200 jeunes ont étéaccueillis, dont 95% embauchés avec dessalaires qui leur permettent de gagnerleur vie décemment. Nous les formons en

informatique, en mécanique ou en hôtelle-rie. La majorité n’avait pas terminé leur cur-sus scolaire pour des raisons financières oupar manque de conseils en orientation. Ilsétaient restreints à être ouvriers non quali-fiés dans de petites entreprises. Au centre,ils découvrent de nouvelles possibilités. Neserait-ce que par les cours d’anglais, de ges-tion du temps, de communication et descours de vie pratique, comme par exemple,comment gérer son argent. Moi, j’ai environvingt ans d’expérience comme employeuret employé. Je n’ai jamais été aussi fier devoir des jeunes timides au départ prendrede l’assurance au fil de la formation. Pourbeaucoup d’entre eux, les filles surtout,c’est un tournant dans leur vie: un premier

pas vers l’autonomie et un soutien finan-cier pour la famille.

Changer d’avenir

Aider les jeunes à changer leur vie

Quel est le rôle de l’école dans la préparation des enfants à leur future vie d’adulte ?

L’école porte-t-elle à elle seule la charge de « l’Éducation pour tous » ? Des formations

professionnelles peuvent l’aider à remplir la mission éducative. Mais cette forme

d’éducation doit prendre en compte l’environnement social et économique des apprenants

en revalorisant les savoir-faire de leur milieu. Loin de s’opposer, éducation formelle

et formation professionnelle poursuivent le même but : donner confiance en l’avenir.

Au Centre d’échanges et de pratiques appliquées à l’agriculture durable, nous formons des jeunes oudes paysans au maraîchage, à l’agroforesterie, à l’élevage des volailles et des petits ruminants.Depuis 2005, dans le cadre de notre collaboration avec Aide et Action, l’accent est mis sur la formationdes jeunes déscolarisés. Ils y apprennent un métier qui leur assurera un revenu. Et puis, ils retrou-vent confiance en eux. En échec scolaire, ils étaient les seuls exemples pour les enfants de lafamille et sources de démotivation pour les parents. Grâce à cette formation, les parents voientque leurs aînés réussissent et sont capables d’apprendre. Ça leur redonne foi en l’apprentissageet influence les inscriptions et le maintien de leurs frères et sœurs à l’école. Notre centre est récentmais nous sommes d’ores et déjà confrontés à des difficultés. Il y a les infrastructures: trop exi-guës. Nous ne sommes pas, aujourd’hui, en mesure d’accueillir l’en-semble des jeunes intéressés. On manque aussi de moyens pour lesappuyer dans l’installation à la vie active. Il existe d’autres centresd’éducation comme le nôtre dans la région. Unissons-nous pour fairele plaidoyer de notre action et obtenir la reconnaissance officielle etle soutien de l’État. Je sais que seul, je n’y arriverai pas.

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udLa formation des aînés influence la scolarisation des plus jeunes “Une ambition

devenue possible

Un tournant dans la vie de ces jeunes: la formation professionnelle.

Boniface Tchantague est coordinateur du Centre d’échanges et de pratiques appliquées à l’agriculture durable (CEPAAD), Dapaong, Togo.

J’ai toujours voulu devenir quel-qu’un. Mais mes résultats scolai-res tombaient comme un coup demassue. Après avoir quitté l’école,j’ai enchaîné les emplois et lessalaires dérisoires. Le programmeTechnologie automobile iLEADreprésente pour moi une lueurd’espoir. J’espère bien réussir etavoir un jour mon propre garage.

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Swaminathan est directeuret instructeur du centreiLEAD (Institut de formationprofessionnelle et de développement),Chennai, Inde.

John Dixon, 20 ans,est étudiant du programmeTechnologieautomobile iLEAD,Chennai, Inde.

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AIDE ET ACTION - NUMÉRO 100 19

Enseignants

Dans l’extrême nord du Togo, BambibaneKanfitine Lène, 45 ans, directrice d’uneécole primaire publique à Dapaong,concrétise ses cours à travers des objetset matériaux qu’elle a rassemblés pour enfaire un musée. La collection représente

près de 240 objets classés par disciplinesd’éveil. L’histoire, la géographie, l’élocu-tion, l’éducation scientifique, l’initiation àla vie pratique, l’environnement… lesobjets rassemblés ont tous un lien avecles matières enseignées et éveillentl’attention des enfants sur les activitéscréatrices et manuelles. Un des formateurset un ancien élève de Mme Lène reviennentsur cette idée originale :

Le manuel scolaire n’est pas la seule source de savoir«La force de cette enseignante est d’avoiréveillé l’attention de ses collègues et desélèves qui croyaient, chaque jour, que lelivre scolaire constituait la seule source dusavoir. Mais à côté, il y a le vrai grand livre

qui est la nature, notre milieu qu’il fautexploiter. C’est d’ailleurs ce que Mme Lène aréalisé dans le musée. Tout le monde yaccourt pour chercher ce qu’il faut pour laconstruction du savoir de l’enfant.»Atakpa Laou Kpatcha est enseignant-formateur de Mme Lène

au CFPA de Dapaong, Togo.

J’ai appris par mon milieu pour mieux le connaître et le préserver« J’ai fait la connaissance de certaines plan-tes de ma région et surtout de leur usagedans les soins de certaines maladies grâceau musée. Ainsi, je participe à ma façon à lalutte contre la disparition de ces précieusesplantes. Je dois à ma maîtresse toutes mesacquisitions en fin de cycle primaire.»Douti Iliassou est un ancien élève de Mme Lène au CM1, Dapaong, Togo.

Mme Lène enseigne avec des objets qu’elle trouve dans la nature.

Dis maîtresse…

Un musée scolaire : une idée géniale qui fait apprendre

« Je n’abandonnerai jamais ce métier »

L’enseignant est la figure centrale des systèmes éducatifs. Mais quelle(s) mission(s)

guide(nt) cette position fondamentale ? Transmettre, instruire, guider… avec quels

moyens, de quelle manière, dans quelles conditions, aux côtés de qui ? L’enseignant

a besoin de conditions de vie décentes, de formation et de reconnaissance. Son action

se déploie bien au-delà des seuls 4 murs de sa classe, il participe au développement

de sa communauté, de son pays et contribue à rendre les gens libres.

Je m’appelle Nguon Kim Len. J’ai 37 ans. Je suis mariée et j’aitrois enfants. Actuellement, je suis institutrice de la classe mater-nelle de Mith Samlanh, une ONG qui travaille à la scolarisationet à la réinsertion sociale des enfants des rues au Cambodge.Cela fait dix ans que je travaille ici.Mon salaire mensuel couvre difficilement les besoins de ma famille.Après dix ans d’expérience, je gagne 180 dollars par mois, ce qui està peine suffisant. Quand j’ai été embauchée, mon salaire ne s’élevaitqu’à 60 dollars par mois. Mon mari n’a pas de métier permanent.Parfois, il travaille comme chauffeur de taxi : avec notre vieille motoou comme ouvrier de chantier. Nous avons quand même pu nousacheter une petite maison avec l’argent que nous avons mis de côtéet avec l’aide financière de Mith Samlanh. La cuisine, la salle debains, la salle à manger et la chambre à coucher ne sont qu’uneseule et même pièce, mais nous avons l’électricité et l’eau courante,même s’il y a beaucoup de coupures. Pour les éventuels frais médi-caux, Mith Samlanh nous donne, tous les mois, un supplément de12 dollars. Les années où nous ne tombons pas malades, cet argent

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sert à financer l’éducation de nos trois enfants, à acheter du matérielscolaire. Mais avec mon seul salaire, nous survivons, nous ne pou-vons pas mettre beaucoup de côté. Malgré ces difficultés, monmétier me plaît beaucoup. J’adore les enfants, surtout les plus petits.J’aime les rencontrer, les voir sourire même si ce n’est pas du toutreposant: vous savez, ils sont excités comme des crabes à cet âge-là!Mais je n’abandonnerai jamais ce métier! Je suis très heureuse quandje suis avec mes petits enfants.Nguon Kim Len est institutrice de la classe maternelle soutenue par Mith Samlanh, Phnom Penh, Cambodge.

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«L’enseignant est l’architecte de l’âme…»NATH BUNROEUN, SOUS-SECRÉTAIRE D’ÉTAT ET COORDINATEUR DE L’ÉDUCATION POUR TOUS AU SEIN DU MINISTÈRE CAMBODGIEN DE L’ÉDUCATION,

DE LA JEUNESSE ET DES SPORTS.

AIDE ET ACTION - NUMÉRO 10020

“« Elle nous a ouvert les yeux sur la situation éducative du pays »

Mon nom est Carlos Roa Zabala, j’ai 22 anset je poursuis actuellement des études decommerce à l’université des Caraïbes. Je me souviens d’une de mes profs delycée : Mme Mercedes Annoris. Ses condi-tions de vie et de travail étaient difficiles.Elle était engagée, elle pensait que l’amé-lioration du statut des enseignants, desconditions d’enseignement, était une clépour une meilleure éducation enRépublique dominicaine. On la soutenaitet on respectait son combat.

Lors de mouvements de grève lancés parson syndicat, l’Association dominicainedes professeurs (ADP)1, elle allait jusqu’àpréférer nous faire cours. C’est vrai quecela peut sembler paradoxal, mais je croisque c’était sa manière de vivre son enga-gement : militer pour un enseignement dequalité, exiger des conditions de vie etde travail décentes et poursuivre coûte

que coûte son activité d’enseignante.Aujourd’hui, quelques années plus tard, jerepense à son engagement. C’est à elleque nous, ses (anciens) élèves, devonsnotre prise de conscience sur la situationéducative du pays et le rôle des syndicats.

1 L’Association dominicaine des professeurs (ADP) est le syndicat d’enseignants le plus ancien et le plus connu en République dominicaine.

“« Nous en sommes très fiers »Je m’appelle Kinnera Chandramma. Je suis présidente du Comitédes mères à l’école des enfants travailleurs de Kuravi, soutenuepar le Child Labour, programme gouvernemental. Je m’y rendssouvent et cela me donne l’occasion d’échanger régulièrementavec le directeur de l’école, M. Mahender.M. Mahender est né dans une ville située à 54 km de l’école. Ilvient d’un milieu modeste et a étudié jusqu’en fin de niveau

secondaire. Il est enthousiaste et dépense beaucoup d’efforts àsensibiliser les parents d’enfants non scolarisés à l’importancede l’éducation. Il a su tisser de bonnes relations avec la commu-nauté et a réussi à gagner la confiance de ses élèves.Un jour, quand un jeune élève de 7 ans s’est fait mordre par unchien, il l’a immédiatement emmené au dispensaire du village.Le docteur lui a conseillé d’emmener l’enfant à l’hôpital car iln’avait pas tous les produits nécessaires. L’état de l’enfants’aggravant, M. Mahender est resté deux jours auprès du garçon,jusqu’à sa guérison. Son intervention a sauvé la vie de l’enfant.Parmi 60 directeurs, le gouvernement l’a choisi au titre de«Meilleur directeur d’école de l’année 2005» pour son travailexceptionnel au sein de l’école des enfants travailleurs. Nous ensommes très fiers. Les membres de notre comité et les élèvesétaient comblés quand il a reçu sarécompense.

Kinnera Chandramma est présidente du Comité des mères à l’école des enfants travailleurs de Kuravi, Inde.

M. Mahender, directeur de l’école de Kuravi, reçoit le titre de meilleur directeur d’école de l’année 2005.

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Et si leur professeur militait pour une éducation de qualité en République dominicaine ?

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Carlos Roa Zabala est étudiant, République dominicaine.

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Pour le 5 octobre, Journéemondiale des enseignants,Aide et Action publie «Vocationenseignant ». Ce livre offreune vision globale de la situation des enseignantsdans le monde, autour de 18 portraits croisés d’enfants et d’adultes qui évoquent leur métier ou leur professeur.

Retrouvez «Vocation enseignant » sur www.aide-et-action.org

AIDE ET ACTION - NUMÉRO 100 21

“« Asséner des vérités, ce n’est pas notre rôle »

Je suis professeur des écoles depuis neuf anset j’enseigne actuellement à l’école desAmandiers à Paris. En même temps, je suisaussi maître-formateur et j’appartiens auGroupe français d’éducation nouvelle(GFEN). Mon investissement dans desméthodes alternatives d’enseignementremonte à mon passage dans une école de

la Goutte d’Or. À l’époque, on atteignait leslimites des méthodes traditionnelles. Lecorps professoral de l’école était jeune engrande majorité, manquant d’expérience eten difficulté pédagogique. C’est la conseil-lère pédagogique, puis le directeur de l’éta-blissement qui nous ont orientés en nousincitant à utiliser de nouvelles méthodes. Aujourd’hui, on continue de se réunir demanière informelle ou avec le GFEN pouréchanger nos expériences et développerde nouvelles pratiques. Notre hypothèsede base: tous les élèves peuvent réussir.Dès lors, nous tentons de les mobiliser autravers de confrontations d’hypothèses, dedébats ou bien encore d’ateliers philoso-phiques sur des thèmes comme la justice.

L’objectif c’est de permettre à l’élève deconstruire son savoir, pas de lui délivrer du«prêt à penser». Nous créons des situationsdans lesquelles l’élève va se construirecomme citoyen, avec par exemple un jour-nal de classe et son comité de rédaction.Asséner des vérités, ce n’est pas notre rôle.Depuis le début, la direction des écolesnous a soutenus dans l’introduction deces nouvelles méthodes. Mais certainsparents ne les comprennent pas toujours.Légitimement, ils s’interrogent : « et lesfondamentaux ?». Il faut créer un dialogueavec eux afin qu’ils admettent que cesméthodes visent une plus grande effica-cité dans l’acquisition des contenus desprogrammes.

Stéphane Coutellier-Morhange est professeur des écoles, Paris, France.

“« L’enseignant porte l’avenir »

Transmettre est, de toute évidence, le plusvieux métier du monde. Le plus importantpour l’avenir aussi. La dignité de l’enseignant est dans savolonté inébranlable d’instruire tous lesélèves (…). Déterminé sur l’éducabilitéde tous, défenseur du droit de l’enfant aurespect, l’enseignant porte l’avenir de laculture et celui des individus à la fois. (…)Il a, ainsi, une mission qui devrait le mettreau centre du corps social et politique. Car,en transmettant les savoirs, il permet à cecorps d’exister et, en éveillant en mêmetemps la liberté des personnes, il faitcadeau à ce corps du bien le plus pré-cieux pour lui.On n’a donc pas besoin de défendre ladignité des enseignants. (…) En revan-che, il faut sans cesse rappeler la néces-sité de leur reconnaissance. Non pas queles enseignants aient besoin d’être cons-tamment remerciés – ils ne font pas cemétier pour acheter la gratitude d’autrui –,mais parce que nul ne peut donner lemeilleur de lui-même sans être reconnu. (…)Trop d’enfants sont, encore aujourd’hui,

privés d’éducation. D’autres ont une édu-cation au rabais. Certains ont la chanced’avoir des professeurs qui peuvent exer-cer décemment leur métier. Pas tous, mal-heureusement. Un monde qui ne donnepas la priorité à l’éducation s’englue dansson présent. Il n’a pas d’avenir. Un mondequi ne fait pas à ses enseignants la placequi leur est due est un monde perdu. Enrevanche, un monde qui parie sur sesenseignants peut retrouver l’espérance.

Extrait de la préface du livre « Vocation enseignant »

édité par Aide et Action.

Philippe Meirieu est professeur des universités, France (www.meirieu.com)

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« VOCATION ENSEIGNANT »DES FEMMES ET DES HOMMES DE TRADITION ET DE LIBERTÉ

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Éducation des filles

AIDE ET ACTION - NUMÉRO 10022

Dans la Gnagna (Burkina Faso), la scolari-sation des filles est faible (28,1 % en2005). La pauvreté, les mariages forcésou précoces, les travaux domestiques etles violences subies à l’école expliquenten partie ce taux. D’où l’idée de mettreen place un projet pour la scolarisationdes filles. On veut rehausser le taux

d’admission et la fréquentation scolaire,mais on ne pourra y parvenir qu’avecl’adhésion et la participation active desAssociations des mères éducatrices (AME),des Associations des parents d’élèves (APE),des élèves, des enseignants, des respon-sables de l’encadrement pédagogique etdes autorités coutumières locales. On souhaite renforcer la motivation desfilles : des tenues scolaires leur serontfournies et des sacs d’école récompense-ront les deux meilleures de chaque classe.Grâce à un système de tutorat, les élèvesd’un niveau supérieur aideront leurs cama-rades. Les enseignants se sont engagés àorganiser des cours supplémentaires auprofit des filles. On va sensibiliser les

parents en faisant du « porte-à-porte »avant d’entamer une campagne plus géné-rale. Les mères éducatrices réalisent deschamps collectifs dont les revenus servi-ront à améliorer les rations de la cantine età acheter des fournitures scolaires pourles filles. Des cercles Reflect 1 seront for-més pour alphabétiser les membres desAPE et des AME. Enfin, les responsablesde l’administration scolaire prévoientquant à eux des sorties de soutien péda-gogique et des formations aux ensei-gnants sur les stéréotypes sexistes et lesviolences faites aux filles.

1 Regenerated Freirean Literacy through Empowering CommunityTechniques – Une méthode de mobilisation sociale et d’alphabétisationdes adultes basée sur leurs préoccupations quotidiennes.

l’éducation des fillesLe droit des femmes commence

avec

Renforcer la motivation des filles

Succès inégalé : trois fillettes sur dix ont réussi l’examen !

Si l’éducation des filles est une priorité, elle ne s’envisage pas sans une vision plus large

de la place de la femme dans la société. Quelle éducation pour quels débouchés,

professionnels et sociaux ? Le déni d’éducation fait aux filles hypothèque leur avenir

et celui de leur pays, en les maintenant dans un rôle économique et social défini sans elles.

Le défi d’une éducation pour toutes et tous ne pourra être relevé qu’avec la participation

des femmes ET des hommes, ensemble.

Je m’appelle Reena Kalra et j’enseigne dans une école Taleemshala1

du village de Jalabas dans le district d’Alwar au Rajasthan. Dans cetterégion, le taux d’analphabétisme est particulièrement élevé dans lapopulation Méos. Davantage encore pour les filles qui travaillent pourleur foyer en allant chercher de l’eau ou en s’occupant des vaches.Elles subissent aussi la pression du mariage dès la préadolescence.Avant notre intervention, leur éducation se limitait à celle, religieuse,dispensée par la mosquée. Notre arrivée constitue donc une avancéepour elles mais des freins existent. Les femmes, les mères notamment,n’interviennent que peu dans l’éducation des filles. De leur côté, ellessont peu assidues. Pour résoudre ces difficultés, je suis en contact régu-lier avec le Comité villageois de développement éducatif (VEDC), enattendant la création d’un Comité d’éducation des mères. Cette année,j’ai été très fière quand trois fillettes sur dix ont réussi leur examen declasse 5 (équivalent au CM2). C’est la première fois que des fillescomplètent ici un cycle d’éducation primaire. Une grande liesse pour

les parents mais aussi pour le village. Malgré ça, certains pensent tou-jours qu’en tant que femme, je ne devrais ni sortir de chez moi, nitravailler à l’extérieur. J’espère que le changement viendra des pro-chaines filles Méos qui sortiront de l’école en sachant lire et écrire.

Reena Kalra est enseignante dans une école Taleemshala, Rajasthan, Inde.1 «Taleem » : enseignement et apprentissage pour l’autonomie. «Shala» : école.

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Trop souvent, être une fille constitue un handicap.

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Hamadou Ouédraogo est responsable de l’amélioration de la viescolaire à la Direction provinciale de l’enseignement de basede la Gnagna, Burkina Faso.

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«Un enfant qui ne va pas à l’école, c’est tout un peuple qui ne grandit pas.»CHEIK ANTA DIOP, SAVANT ET HUMANISTE.

AIDE ET ACTION - NUMÉRO 100 23

La parité entre les sexes fait partie des objectifs de l’Éducationpour tous. Voici aujourd’hui où nous en sommes : les pays en bleusont ceux où l’on constate une disparité entre les sexes en faveur

des filles dans l’enseignement secondaire, les pays en gras sontceux où intervient Aide et Action. Les derniers ne sont pas tou-jours ceux que l’on croit !

L’éducation pour tous et la parité… pour quand ?

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J’ai 13 ans et je suis en sixième année àl’école primaire du Centre à Boffa1. Pendantmes vacances, j’aide ma mère à revendrele pain et les biscuits secs. Le matin, je me

réveille tôt pour acheter le pain à la boulan-gerie située non loin de la maison. Par jour,je peux vendre jusqu’à 60 miches de pain etle soir, après le dîner, je rentre aussitôt mecoucher, très fatiguée. Le bénéfice de la revente nous permettrade m’acheter la tenue scolaire et les cahierspour la rentrée des classes. Un jour j’aime-rais devenir ministre de la Promotion fémi-nine, pour défendre la cause de la femmedans mon pays.1 Région centrale de Guinée.

Des vacances « studieuses »

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Camara M’Balia, 13 ans, est filleule, Guinée.

Atteinte en 200254 dont :

Parité entre les sexes dans l’enseignement secondaire

Bonnes chances del’atteindre en 2005

6 dont :

Bonnes chances del’atteindre en 2015

10 dont :

Risquent de ne pas l’atteindre d’ici 201579 dont :

Proportion

Référence : Rapport mondial de suivi de l’Éducation pour tous, UNESCO, 2006.La liste des pays n’est pas exhaustive. La proportion est calculée sur un total de 149 pays.

67%

6%

6%

21%

Atteinte en 2002100 dont :

Bonnes chances del’atteindre en 2005

9 dont :

Bonnes chances del’atteindre d’ici 2015

9 dont :

Risquent de ne pasl’atteindre d’ici 2015

31 dont :

Albanie, Allemagne, Arménie, Azerbaïdjan, Bulgarie,

Canada, Chili, Chine, Croatie, Émirats arabes unis, Équateur,

États-Unis, Russie, France, Grèce,Hongrie, Indonésie, Israël, Italie,Kazakhstan, Lettonie, Lituanie,

Malte, Norvège, Oman, Ouzbékistan, Pays-bas,

République de Corée, Roumanie,Slovaquie, Slovénie, Ukraine

Estonie

Cuba

El Salvador, Swaziland, Paraguay

Gambie, Mauritanie, Myanmar,Ouganda, Pérou, Pologne,

Rwanda, Zimbabwe; Belgique,Colombie, Costa Rica, Espagne,

Finlande, Irlande, Koweït, Luxembourg, Malaisie,

Mexique, Namibie, Nicaragua, Qatar, République dominicaine,

Royaume-Uni, Suriname, Venezuela

Inde,République arabe syrienne ;

Liban, Panama, Tunisie

Népal, Sénégal, Tadjikistan, Togo, Zambie ; Brésil, Portugal

Bénin, Burkina Faso, Burundi,Cambodge, Comores, Côte-d’Ivoire,

Djibouti, Érythrée, Éthiopie, Guatemala, Malawi, Mali,

Maroc, Mozambique, Niger, Papouasie-Nouvelle-Guinée,

RDP lao, Soudan, Tchad, Turquie, Yémen ; Algérie

Autriche, Bolivie, Guyane, Kenya

République islamiqued’Iran

Égypte

Suisse ; Argentine,

Belize, Bostwana

Arabie saoudite, Ghana

Afrique du Sud,Cameroun,

Macao, Vietnam

Pari

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sexe

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ans

l’ense

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ent

pri

mair

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Proportion 36% 4% 7% 53% 100%

Camara à la boulangerie.

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Travail des enfants

AIDE ET ACTION - NUMÉRO 10024

Bonjour, je m’appelle Va Tey, j’ai 14 ans etje suis élève au centre d’éducation deMith Samlanh (ONG partenaire d’Aide etAction). J’ai un frère, une sœur et noussommes orphelins de père. Mon frère estouvrier de chantier. Ma sœur et moiavons été cireuses de chaussures pendantquatre ans. Nous vagabondions autourdes restaurants et du parc de Hun Sen à larecherche de clients. Ce boulot rapportaitentre 4 000 et 6 000 riels (ndlr : environ90 centimes d’euro et 1,3 euro) par jour. Maisce salaire et celui de mon frère n’étaient pastoujours suffisants pour nourrir la famille. Un jour, ma sœur et moi avons rencontrél’équipe de rue de Mith Samlanh. Ils nousont proposé de venir au centre et aujourd’huij’y apprends à lire et à écrire. Ma sœur, plus

âgée, suit une formation pour deveniresthéticienne. Moi, je reste juste le matinen classe car comme ma famille a besoind’argent, l’après-midi je suis toujourscireuse. Mais peut-être plus pour long-temps! Ma mère a été invitée à suivre uneformation et elle a commencé un petitcommerce. Elle fabrique des colliers, dessacs à main et des bracelets avec du cartonrecyclé que Mith Samlanh achète pour nous.Je sais que je ne peux pas intégrer l’écolepublique: je suis trop âgée pour la classeprimaire. Je vais m’orienter vers une forma-tion en couture pour ensuite travailler àl’usine et sortir ma famille de la misère.

Va Tey est élève au centre de Mith Samlanh pour les enfants

des rues, Phnom Penh, Cambodge.

contestation

Va Tey, ici au centre d’éducation, veut s’orienter vers une formation de couturière.

Au-delàde la

À l’école le matin, cireuse de chaussures l’après-midi

Des millions d’enfants travaillent dans le monde. Au-delà de l’indignation

qu’elle suscite, la question du travail des enfants est complexe. Aucune famille,

aucune communauté, aucun pays ne fait travailler ses enfants par plaisir ! L’objectif

à terme est bien d’éradiquer le recours à la main-d’œuvre enfantine, malheureusement

encore souvent indispensable à la survie des familles. Il s’agit alors d’inventer,

avec elles et l’entourage, de nouveaux modèles d’intégration scolaire qui nécessitent

parfois de concilier travail et accès à une éducation de qualité.

En République dominicaine, on estime à près de 500000 le nombre d’enfants victimes d’exploi-tation par le travail: trafic de drogue, travail forcé, tâches non adaptées à leur capacité physiqueou émotionnelle, voire prostitution. Depuis quelques années, le secrétariat d’État à l’Éducation(SEE) monte des projets de réinsertion pour enfants exploités et déscolarisés. Par exemple, auxcôtés d’Aide et Action, nous tentons d’inciter les enfants qui travaillent dans les décharges deSaint-Domingue de reprendre le chemin de l’école. La démarche pour les réintégrer est de leuroffrir des activités extrascolaires pour augmenter l’estime qu’ils ont d’eux-mêmes, les fairerenouer avec la société, leurs familles et parfois les remettre à niveau scolairement. Sur le longterme, nous voulons étendre ce type de projet au niveau national. Mais pas seuls! Nous visonsl’implication des communautés afin qu’elles soient capables de détecter les cas d’exploitationinfantile et donc les prévenir. Notre devoir est d’assurer, à chaque enfant, la chance d’aller àl’école mais sans le soutien des autres acteurs de l’éducation, notre impact sera limité.

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Un partenariat entre acteurs de l’éducation pour réduire l’exploitation des enfants

Luisa Matéo est directrice du département Éducationen genre et développementdu secrétariat d’État à l’Éducation (SEE), Saint-Domingue,République dominicaine.

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«(…). C’est un cercle fermé, plus on fait travailler les enfants, plusles chances de se développer s’amenuisent puisque les personnessusceptibles d’y contribuer ne sont pas éduquées. (…) »

TITE HABIYAKARE, CHARGÉ DE PROGRAMMES SUR LE TRAVAIL DES ENFANTS EN AFRIQUE AU BUREAU INTERNATIONALDU TRAVAIL (BIT). EXTRAIT DE L’ARTICLE DE FALILA GBADAMASSI PARU SUR WWW.AFRIK.COM

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Sources : www.ilo.org (site officiel de líOrganisation internationale du travail)

Enfants effectuant un travail dangereux :

-36,9 millions

-33,2%

Nombre d'enfants travailleurs :-20,5 millions

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Nombre d'enfants économiquement

actifs : -20,3 millions

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Nombre d'enfants entre 2000 et 2004 :

+7,1 millions

+0,6%

AIDE ET ACTION - NUMÉRO 100 25

“Kodime Ramudu a 14 ans et vit dans unvillage tribal du district de Khammam(Andhra Pradesh). Ses parents sont ouvriersagricoles et il a deux frères et une sœur.La sécheresse conjuguée à l’endettementont obligé ses parents à lui faire arrêterses études en CE1 et le mettre en gageauprès d’un fermier pour 6 sacs de riz par an.

Tous les jours, les mêmes tâches ingratesattendent Kodime et le fermier ne lui laisseque ses seuls restes pour manger.Comme lui, ils sont des milliers d’enfants àêtre mis en gage par leurs parents pour dessommes dérisoires. Mais la pauvreté est siforte que le peu qu’ils rapportent estnécessaire à leur famille. Notre organi-sation, Secure (Socio Economic and CulturalUpliftment in the Rural Environment), enpartenariat avec Aide et Action, travailleavec les populations tribales. Notre objectifest clair : affranchir les enfants gagés, lesréinsérer dans le système scolaire. C’estloin d’être simple! Ces enfants, souvent fra-gilisés, sont accueillis dans des internats detransition où ils se réadaptent au système

scolaire et à leur société. Mais ce qu’il fautpour rendre cette situation durable, c’estrésoudre le problème du manque à gagneret globalement celui de l’amélioration desconditions de vie des familles. Nous organi-sons des groupes d’entraide villageois quisoutiennent financièrement les foyers lesplus pauvres et appelons les autorités àsubventionner l’éducation dans ces villa-ges. Car nous visons l’autonomie des tribuspour LEUR développement. Dans cetteoptique et pour rendre ces villages «libresdes chaînes de la servitude», nous les sen-sibilisons à l’importance de l’éducation desenfants, la santé et l’hygiène, ou encore àl’épargne. Quant à Kodime, son père estvenu le rechercher avec un volontaire deSecure et l’a affranchi de son gage. Tout desuite après, il a été accueilli à l’internat detransition. Aujourd’hui, il participe à toutesles activités de l’école et apprend de nou-velles choses tous les jours. Il voudraitdevenir policier.

Briser les chaînes de la servitude

K. Venumadhav est directeur de l’ONG Secure, Andhra Pradesh, Inde.

Définition du travail des enfants : le travail des enfants est un concept plus restreint que celui «d’enfants économiquement actifs». Il exclut tous les enfants de 12 ans et plus qui ne travaillent que quelques heures par semaine dans l’exécution de tâches légères et permises et ceux de 15 anset plus dont le travail n’entre pas dans la catégorie des « travaux dangereux ».

Évolution du nombre d’enfants travailleurs entre 2000 et 2004 :une baisse encourageante

En 2004, on comptabilisaitun peu plus de 1206 millions d’enfants de 5 à 14 ans et près de 166 millions d’entre eux étaient considéréscomme «enfantstravailleurs» (voir définitionci-dessous).

Malgré ce chiffre toujoursexcessif, la tendance est marquée par la baisseglobale du nombre d’enfants au travail. La plus forte à noter est celle du nombre d’enfants effectuant un travail dangereux qui est passé d’environ 111 millions à un peu plusde 74 millions (soit moins33,2%). Cela souligne les efforts faits pour la lutte contre les pires formes de travail.

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Handicapés

AIDE ET ACTION - NUMÉRO 10026

L’éducation pour les personnes sourdes etaveugles n’a pas de sens sans un effort desensibilisation auprès du gouvernement etde la population. Même des élèves d’un bonniveau n’ont aucune chance de décrocherun emploi si personne n’a confiance en leurs

capacités. En 2005, nous avons lancé unecampagne de sensibilisation pour inciterles parents d’enfants sourds et aveugles àles envoyer à l’école. Sean Vibot et MasVannany, élèves aveugles, ont participé àcette campagne en jouant de la musique.Pour eux, c’est important de prouver que lesenfants handicapés sont capables de réussiret d’inciter les gens à les considérer commedes personnes à part entière. Ils estiment,d’ailleurs, que le plus grand succès du pro-gramme est l’intégration des élèves au sys-tème publique. Pouvoir étudier dans uneclasse d’élèves «normaux» a changé leurregard sur les autres et réciproquement.

les autresDes élèves

comme

Changer le regard des gens

Aveugle, sourd, handicapé moteur, l’enfant différent est souvent marginalisé…

Au handicap s’ajoute alors l’exclusion sociale et économique. Convaincre les décideurs

qu’éduquer les handicapés est un atout, impliquer les communautés, détruire les barrières

culturelles qui parfois aggravent l’exclusion, développer les passerelles entre les approches

spécialisées par nécessité (braille ou langage des signes par exemple) et le système

formel… tels sont les défis d’une éducation de qualité pour tous, réellement.

Je m’appelle Manahori, j’ai 20 ans. Ma mère est morte et mon père s’est remarié.J’ai eu la polio à 3 ans et à cause de mon handicap, je suis devenue la cible favo-rite de ma belle-mère. Je crois que je la dégoûtais. À l’école, c’était pareil.Ma vie était épouvantable, à tel point que j’ai tenté de me suicider mais monpère m’a sauvée. Peu de temps après, Commitments1 a démarré un programmede soutien pour personnes handicapées. J’ai rencontré une assistantesociale à qui je me suis confiée et ça m’a aidée à reprendre confiance enmoi. Elle a suggéré à mon père que je subisse une opération. Un succès,puisqu’après une longue rééducation, je marche presque normalement!Aujourd’hui, de retour à la faculté, j’ai réussi mesexamens de première année. J’ai aussi reçu desdemandes en mariage et mon père s’est décidé àme marier. Voilà une nouvelle vie qui commence.

1 Partenaire d’Aide et Action.

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Histoire d’une survie “Briser les barrières de l’obscurité

Jeunes aveugles, Sean et Mas entrent à l’université.

Manahori, victime de la polio, a suivi le programme de soutien de l’association Commitments, Andhra Pradesh, Inde.

Je m’appelle Arjun Choudhary, j’ai 16 ans. J’étudie en classe 9(équivalent d’une troisième en France) à l’école d’HellenKellar Educational Academy d’Indore (Madhya Pradesh,Inde) et je suis malvoyant. L’association MPWAB1 a créé,dans mon école, un centre éducatif adapté aux enfants mal-voyants, souvent considérés comme aveugles. J’y trouve,par exemple, des loupes qui m’aident à lire et à écrire, ainsique des livres imprimés en gros caractères. Du matériel péda-gogique en couleurs me permet d’utiliser ma vue pour identifierles objets plus facilement. Mon enseignante, Mme Sohani, m’en-courage à utiliser le peu de vue dont je dispose, à l’écolecomme dans mes gestes de la vie quotidienne. Mes parents mevoient progresser et sont confiants dans mon avenir. Je suis pas-sionné par les ordinateurs: mon rêve est de devenir informaticien.

Arjun Choudhary est élève malvoyant, Indore, Inde.1 Madya Pradesh Welfare Association for the Blind.

Phalla Neang est coordinatricedu programme « Éducationdes enfants handicapés »de la fondation KrousarThmey 1, Cambodge.

D’autant que malgré leur handicap, ils sontparmi les meilleurs et rentrent à l’universitél’année prochaine.

1 Krousar Thmey est la 1re fondation cambodgienne d’aide à l’enfance défavorisée. Elle est aussi partenaire d’Aide et Action.

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«Le bénévole à Aide et Action,c’est un militant engagé pour

le droit à l’Éducation pourtous (…) Être bénévole, c’estune façon d’être qui dépasse

les cloisonnements, quimontre une ouverture.»

CATHY ARGOUD, BÉNÉVOLE D’AIDE ET ACTION.

AIDE ET ACTION - NUMÉRO 100 27

change le mondeJe crois, tu crois, nous croyons…

que l’éducation Chaque jour, des milliers de personnes se mobilisent à l’échelle de leur commune,

de leur pays, de leur région pour faire de l’éducation un enjeu mondial. Ce foisonnement

de mouvements citoyens partage un même objectif: celui de rendre une éducation de qualité

accessible à tous. Mais le chemin est encore long pour parvenir à cette « utopie réaliste ».

Mouvement pour l’éducation

Aide et Action : Comment voyez-vous votre rôle de bénévole ? Cécile Courtin : Depuis mes débuts, nosactions de mobilisation se sont modifiées :il y en a moins, mais plus conséquentes.

On essaie aussi de se rapprocher d’asso-ciations qui partagent nos valeurs. À plu-sieurs, nous avons plus d’impact dans nosdemandes d’événements et ça nous crédi-bilise auprès du grand public. Mais celademande du temps : ce n’est pas toujoursévident à gérer. Dans l’optique d’actionsde sensibilisation d’envergure, il faut bienavouer que notre force n’est pas le nombre.Cela constitue à mon avis notre point faible.Certaines personnes intéressées pensentqu’il faut être parrain pour devenir bénévole,ce n’est pas vrai. D’autres souhaiteraientavoir une session de bénévolat régulière,

Sensibiliser le grand public

Les enfants de Kindia se font entendre à leur manièreÀ l’occasion de la cérémonie de clôture de la Campagne mondiale pourl’éducation 2006, des élèves de la communauté urbaine de Kindia(Guinée) ont offert aux représentants officiels un beau spectacle. Lesenfants ont dénoncé les conditions de travail et de vie de leurs ensei-gnants en créant trois sketches.Le premier raconte la vie d’un enseignantqui s’endette car son salaire ne lui permet pas de vivre décemment. Faceaux menaces de ses créanciers, il ne peut plus exercer son métier correc-tement, au détriment de ses élèves. Le deuxième sketch représente uneclasse de plus de 100 élèves. Tout le monde n’entend pas, il n’y a pasd’évaluation et l’enseignant délaisse les enfants en difficulté. La dernièremise en scène montre un enseignant qui n’a pas assez de matérieldidactique. On y voit cinq ou six élèves autour du même livre, pasd’ardoises, ni de craies… Une seule idée à retenir: dans ces conditions,la qualité de l’enseignement est un leurre. Message entendu?

«C’est un cri du cœur qu’ils ont lancé (ndlr: les élèves) aux autorités, auxparents d’élèves et ONG pour leur expliquer les conditions de travail deleurs maîtres (…) En effet, dans une classe de plus de 100 élèves, quellesque soient les compétences d’un enseignant et la motivation des élèves,il est impossible de parler d’un enseignement – apprentissage de qualité.»Abdoul Karim Keita est membre de la cellule d’inspection pédagogique à la Direction préfectorale

de l’éducation de Kindia, Guinée.

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Les enfants de Kindia ont chanté pour la qualité de leur éducation.

« (…) Les enfants ont été plus à même de sensibiliser l’opinionpublique et les décideurs. Cela a plus d’impact que les discoursd’adultes. Ils ont donc demandé qu’on s’occupe davantage de leurmaître (…), l’aider par exemple à satisfaire ses besoins primairesau risque sinon de le détourner de ses occupations profession-nelles, et cela, les enfants ont eu à l’apprécier et ils ont vouluqu’on les regarde en face et qu’on les aide.» Amadou Souaré est vice-président de l’Observatoire régional de l’éducation de base de Kindia, Guinée.

«Tous les enfants de Kindia, nous crions tous. Ce cri du cœur, nousvous le confions. Nous comptons sur vous. Toujours.»Enfants de Kindia, Guinée.

Cécile Courtin est bénévoleAide et Action, France.

chaque semaine. Nous, c’est davantage augré des événements prévus. Cette année,on va essayer d’avoir un agenda mieuxorganisé, avec une prévision des grandeslignes d’action dès septembre.

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AIDE ET ACTION - NUMÉRO 10028

“Mobilisation financière du secteur privé

La politique de mobilisation de ressourcesau Sud dans laquelle s’engage le ProgrammeSénégal intervient dans un contexte marquépar un processus d’internationalisationd’Aide et Action. Pour nous, il s’agit de par-ticiper à l’effort de financement de l’édu-cation de base en suscitant un mécénat enfaveur de l’Éducation pour tous et donnerainsi l’opportunité aux Africains de parti-ciper de façon plus accrue à l’effortd’éducation de leurs propres enfants.Le contexte sénégalais présente quelquesopportunités, notamment grâce à l’engage-ment du pays en faveur de l’EPT et des

Objectifs du millénaire pour le développe-ment (ODM). Il existe des donateurspotentiels parmi les entreprises, les PMEet sociétés, qui s’ajoutent au développe-ment de la coopération décentralisée.Mais nous avons un certain nombre decontraintes et limites, à savoir : la pauvretéambiante qui favorise le développementde stratégies de survie, l’entraide et lasolidarité orientée presque exclusivementvers la famille élargie ainsi que l’échec descampagnes de collecte précédentes quele pays a connues. Aujourd’hui, la mobili-sation repose sur l’organisation de cam-pagnes de levées de fonds ponctuelles(les campagnes de collecte) ou sur ce quenous appelons des engagements àmoyen terme sécurisés : partenariats,conventions et protocoles d’entente. Lafondation Sonatel, par exemple, a décidéd’appuyer le projet que nous leur avonssoumis et qui porte sur la promotion de lascolarisation des filles dans le département

de Vélingara, dans la région de Kolda,pour un montant de 5 000 000 FCFA(7622 euros). Mais ce que nous cherchonségalement à développer, c’est la mobilisa-tion de ressources non financières. C’est-à-dire qui constituent une contributionhumaine, technique ou matérielle afin depromouvoir l’éducation. Il s’agit de seconsacrer résolument au financement del’éducation, aux côtés de l’État et de sesdivers partenaires.

Au Sénégal, des entreprises appuient des projets liés à la scolarisation des filles.

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Nous, responsables universitaires, réunis ce 21 avril 2006 à Santo Domingo,République dominicaine, sur l’initiative de l’ONG Aide et Action :

• considérant l’importance du rôle des institutions universitaires dans l’avenirdes relations haïtiano-dominicaines ;

• considérant l’importance de la production de connaissances scientifiquessur les processus sociaux, économiques, politiques, culturels,démographiques et environnementaux entre la République dominicaine et Haïti, à la fois comme pays et comme région ;

• considérant la nécessité de transformer ces connaissances en outils pourl’élaboration de politiques publiques et la planification du développement des deux pays.

Avons convenu ce qui suit :

1. nous soutenons l’idée de former des professionnels compétents et des chercheurs capables d’interpréter avec rigueurscientifique les réalités nationales, régionales et internationales marquant le développement des deux pays;

2. nous partageons l’idée de la création d’un espace de collaboration entre les institutions universitaires des deux pays.

Dans cette perspective, nous avons décidé :

- de constituer un Comité de suivi dont le mandat est de préparer une deuxième rencontre devant porter sur un document de travail comportant les points suivants :

- identification d’au moins sept axes de recherche dont chacun devrait être pris en charge par une universitéparticipante, en collaboration avec au moins une université de l’autre pays ;

- élaboration d’un portefeuille de deux ou trois projets à présenter par chaque université en relation avec chacun de ces axes ;

- d’établir un réseau de communication pour faciliter les échanges entre les institutions participantes.

LA MOBILISATION PAR LA RECHERCHE À SANTO DOMINGO

DÉCLARATION ISSUE DE LA RÉUNION ENTRE LES RESPONSABLES DES UNIVERSITÉS HAÏTIENNES ET DOMINICAINES, 21 AVRIL 2006.

Fambodji Fall Gaye est représentante pays Aide et Action Sénégal.

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Les universitaires haïtiens et dominicains participent au rapprochement des 2 pays en matière d’éducation.

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«Ne doutez jamais qu’un petit groupe de citoyens sérieux et résolus ne peut changer le monde;c’est en effet la seule chose qui ait jamais fait changer le monde.»

MARGARET MEAD, ANTHROPOLOGUE.

AIDE ET ACTION - NUMÉRO 100 29

“La Chaîne de solidarité pour l’éducation

La Chaîne de solidarité, mouvement néau Bénin, réunit des personnes qui aspi-rent à donner une partie de leur temps,connaissances et moyens pour la causede l’éducation. Chaque membre est unmaillon. Témoignage de l’un d’entre eux :

« Je m’appelle Judith Gbehinto et je suismembre du bureau de l’Association béni-noise pour la promotion de la famille.Nous nous occupons du planning familialet de la lutte contre le VIH/SIDA. Je parssouvent à la rencontre des familles. Jeleur parle d’hygiène, de santé, de protec-tion, etc. À force d’expérience, je me suisrendu compte que nos efforts resteraientstériles s’il n’y avait une amélioration duniveau d’éducation.Alors, quand j’ai su qu’il existait une Chaînede solidarité pour l’éducation, j’ai tout desuite adhéré. J’ai des idées à proposer :je peux écrire des articles et collecter de

l’argent. Mais surtout, je veux convaincreles personnes autour de moi de la puis-sance de l’éducation et je l’espère, allon-ger cette Chaîne de solidarité de plusieursnouveaux maillons.»

“« On n’attend plus que vous ! »

Aide et Action : Quelle approche de la mobilisation avez-vous?Julie Banzet : À RéCit1, nous accompagnonsles gens dans une mobilisation active, pasforcément en grand nombre. Nous visonsdavantage le forum où s’échangent desexpériences phares, des propositionspour faire avancer les visions alternativesde la citoyenneté. Notre ligne d’action,c’est un peu la démarche de Paulo Freire :« personne n’est l’éducateur de qui-conque, personne ne s’éduque lui-même,seuls les hommes s’éduquent ensemble,par l’intermédiaire du monde».

AEA: Quels sont les intérêts d’une structuretelle que RéCit? J.B. : RéCit repose sur le fait que l’éducationdes citoyens ne se résume pas à l’école.

Notre rapport aux arts, à l’environnement,à l’image, aux médias, contribue à chaqueinstant à nous construire en tant quecitoyen responsable et acteur. En matièred’éducation, par exemple, il y a beaucoupd’expériences innovantes mais qui restentconfinées dans un cercle d’individus res-treint malgré leurs bons résultats. C’est surce constat que RéCit est né. Nous voulonsapporter une transversalité, faire partager.Parmi les expériences évoquées sur notresite, on retrouve notamment un grouped’alphabétisation destiné aux parentsd’élèves dans une école maternelle àParis ou encore un projet d’éducation

communautaire mis en œuvre dans unquartier de Villeneuve de Grenoble. La croi-sée des regards sur ces expériencesredonne à chacun un sens à sa propreaction, à ses projets.

AEA: Comment envisagez-vous votre avenir?J. B. : Pour 2007, nous allons continuer àtravailler sur la thématique des outils pourrésister et construire ensemble un mondeplus solidaire, autour de l’engagement desjeunes notamment, et du multiculturel. Onn’attend plus que vous !

1 Réseau des écoles de citoyens : www.recit.net

Julie Banzet est permanenteà l’association RéCit, France.

Une réunion d’échange des membres du Réseau des écoles de citoyens (RéCit).

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Judith Gbehinto est membre de la Chaîne de solidarité pour l’éducation, Bénin. Ph

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Influence

AIDE ET ACTION - NUMÉRO 10030

Les Coordinations régionales des interve-nants en éducation sont apparues suiteau constat de dispersion des actions édu-catives en Guinée. Elles cherchent àregrouper les acteurs de l’éducation d’unemême région. Du 7 au 9 février 2006, cellesde Labé, Kindia et Boké se sont réuniespour un atelier d’échange. Les instancesgouvernementales, associées dès ledébut à ce projet, visent la généralisation.Témoignages de deux participants.

«On s’est rendu compte que plusieurs inter-venants du secteur de l’éducation menaientdes activités sur le terrain, mais de façon trèsdésordonnée. Il y avait des piétinements,des doublons, une concentration d’activitéssur le même personnel, sans aucuneconcertation. Grâce aux coordinations, lesactivités sont harmonisées à l’échelle d’unerégion et profitent mieux au système. Il fautsouligner qu’elles sont en cohérence avecla composante “Gestion décentralisée dusystème éducatif” du programme Éducationpour tous en Guinée. Le ministère, que jereprésente, compte informer et sensibiliserles Inspections régionales de l’éducation del’ensemble du territoire national du bien-fondé d’une telle démarche.»

Saïdou Souaré est conseiller chargé de la coordination des

projets au ministère de l’Enseignement pré-universitaire et de

l’éducation civique, Guinée.

«L’expertise d’Aide et Action Guinée enmatière de mobilisation sociale autour de

l’école fait d’elle un partenaire incontour-nable du ministère. Je m’en suis renducompte quand j’ai visité les écoles de vil-lages éloignés dans la préfecture deTélimélé. Dans ces villages, les associa-tions de parents d’élèves participenténormément au développement de l’école.Et il faut savoir que les coordinations desintervenants en éducation sont une miseen synergie, un cadre de travail facilitant lamobilisation sociale. Sans mobilisationsociale, on ne saurait parler ni d’accès, nide qualité, encore moins de gestiondécentralisée du système éducatif, surtoutquand on sait que ce sont là les trois com-posantes du programme Éducation pourtous en Guinée. Si je m’en réfère à monexpérience à Labé, je m’aperçois que noussommes parvenus à mettre en œuvre des

stratégies communes pour la formationdes formateurs et des enseignants aveccinq intervenants différents! Nous avonségalement constaté que ces programmeset projets se préoccupaient plus de leurapport au système éducatif et aux enfantsque de leur notoriété individuelle.»

Daniel Kerjean est conseiller technique de l’Inspection régionale

de Labé, Guinée.

décideurs

L’amélioration de la qualité de l’éducation est l’affaire de tous.

Influencerles

Succès d’une initiative partagée

Convaincre les décideurs que l’éducation change le monde. Voici en une phrase

la stratégie d’influence d’Aide et Action et de ses partenaires. En nous appuyant

sur l’expérience et l’expertise acquises depuis 25 ans, nous nous positionnons comme

partenaire auprès des gouvernements, des chercheurs, de tous ceux qui

pensent et organisent l’éducation de demain. Notre rôle est d’accompagner dans

un sens contributif ou alternatif, novateur ou classique, leur action dans le respect

de nos valeurs et principes.

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«Si l’on reprend l’histoire d’Aide et Action, nous faisons de l’influence depuis le début. Car notredémarche a toujours inclus la participation des gouvernements et nous avons toujours réfléchi à la manière de faire comprendre aux décideurs que l’éducation est le levier du développement.»

HÉLÈNE RAMA NIANG EST RESPONSABLE STRATÉGIE ET DÉVELOPPEMENT À LA DIRECTION AFRIQUE D’AIDE ET ACTION.

AIDE ET ACTION - NUMÉRO 100 31

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Les participants au colloque d’Hô Chi Minh-Ville.

J’ai toujours été engagée avec des associa-tions humanitaires et dans la coopérationdécentralisée par le biais du Conseil géné-ral des Hautes-Alpes. En tant que parle-mentaire, j’ai une vision large etstratégique des problématiques du déve-loppement. En tant que marraine, cettevision devient plus personnelle, tout enétant fondamentale et complémentairede la précédente. Je suis présidente dugroupe d’études «Population et dévelop-pement» de l’Assemblée nationale. Notregroupe vise à mener des actions de plaidoyer,

notamment sur les sujets concernant l’aideau développement. Il réfléchit, auditionneet intervient auprès du gouvernement,notamment lors du vote du budget de lacoopération. Notre objectif ? Travaillerprincipalement sur la santé (femmes etenfants, grossesses, contraception, vacci-nations) et sur l’éducation. Je suis parailleurs rapporteur du réseau des femmesparlementaires francophones qui travaillesur les questions relatives au développe-ment des pays du Sud.Mes différentes responsabilités me per-mettent de me faire entendre – ou au moinsde m’exprimer ! – à différents niveaux :gouvernement et parlement en France età l’étranger, mais aussi colloques interna-tionaux et tout simplement auprès de mesconcitoyens. Au Niger, les parlementairesnous ont parlé d’un projet de loi concer-nant la lutte contre les mariages précoces.Finalement, ce texte n’a pas été voté! Il est

important d’aider nos collègues parlemen-taires des pays en développement à cons-tituer des groupes de plaidoyer sur lesquestions de santé ou d’éducation, maisaussi sur la place et le rôle des femmes.Notre rôle en tant que parlementaire estdonc de continuer ce travail de lobbyingauprès de tous, ici et là-bas… si seulementtout le monde arrivait à se coordonner!

Abdel Kader, filleul d’Henriette, entouré de sa mère et de son institutrice.

« Si seulement tout le monde arrivait à se coordonner »

Le colloque organisé à Hô Chi Minh-Ville, au Vietnam, en avril dernier,sur le thème des stratégies mises en œuvre dans la recherche de laqualité dans l’éducation et la formation, était organisé par desorganismes de recherche français et vietnamiens. Les participantsd’Aide et Action et leurs partenaires ont pris une part active auxdiscussions et aux débats. Ils ont montré, par la qualité de leursinterventions, par leur manière de gérer les sessions qu’ils prési-daient ou animaient, à la fois qu’ils avaient des choses à dire et qu’ilsétaient ouverts à la discussion. Acteurs à part entière de l’éducation,

ils ont montré une connaissance approfondie des autres acteurs etdes réalités éducatives dans leurs différentes zones d’intervention.Les ONG sont jusqu’à présent restées en retrait par rapport au mondede la recherche. La participation d’Aide et Action à ce colloque cons-titue, comme la réflexion commune menée au Vietnam dans le cadred’un projet de recherche sur les comportements des différents acteurspar rapport à la qualité de l’éducation, un pas en avant. Il a permis depositionner Aide et Action par rapport à la réflexion des décideurs età celle des scientifiques sur la qualité de l’éducation, mettant parfoisen évidence l’éloignement entre certaines approches de recherche etles réalités du terrain. Si les chercheurs ne sont pas des acteursdirects de l’éducation, ils ont un impact réel sur la prise de décisiondans le domaine éducatif, ce qu’ont bien compris les organisationsinternationales. Aide et Action a su nouer àcette occasion de nombreux contacts avecles chercheurs de diverses institutions, quidéboucheront, je n’en doute pas, sur desactions conjointes en faveur du développe-ment d’une éducation de qualité pour tous.

Pour un partenariat recherche-action en éducation

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Henriette Martinez est marraine et députée-maire, Hautes-Alpes, France.

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Nolwen Henaff, économiste, est chargée de recherches à l’Institut de recherche pour le développement, France.

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Crises

AIDE ET ACTION - NUMÉRO 10032

éduquer !Urgence

àL’éducation est un droit. Or, les catastrophes naturelles, écologiques, sanitaires ou

les conflits armés bouleversent les systèmes éducatifs et en empêchent souvent l’exercice.

Les régions touchées doivent être soutenues pendant et après la crise pour que l’éducation

reprenne ses droits. L’éducation, c’est aussi reconstruire. C’est une passerelle

fondamentale vers le retour à la vie « normale » pour des enfants souvent traumatisés,

qui retrouvent plus rapidement un sentiment de dignité et d’espoir en l’avenir.

T É M O I G N A G E S D ’ U N E A M B I T I O N

Je m’appelle Rajendran et j’habite àKosalaikuppam, à 1 km de la côte. Je visavec ma femme, Jayalakshmi, et notrefils adoptif, Kadiravan. Je possède 2 acres de terrain que je cultive malgréun faible rendement. La récolte étaitprête pour la moisson quand le tsunamia frappé notre village. En quelquesminutes, tous mes efforts et investisse-ments ont été balayés. J’ai perdu beau-coup d’ustensiles et même des réservesde grains stockées chez moi. Ma terre aété salinisée par l’eau de mer. Pendant

deux mois, je me suis battu pour gagnermon pain quotidien. J’avais peur deredémarrer à zéro et décidai de partirpour de bon dans une ville voisine pourchercher du travail. À ce moment-là, Aideet Action, en partenariat avec AvvaiVillage Welfare Society, est intervenuedans le village. Grâce à son soutien, nousavons repris doucement une vie normale. Notamment, le programme «De l’argentpour du travail » offrait un emploi immé-diat avec des bénéfices possibles pourle développement de l’agriculture. Auprogramme : l’amélioration des canauxd’approvisionnement en eau et desbassins, la construction de digues…Le salaire versé immédiatement m’aévité de partir en ville.Ma femme a formé un groupe d’entraide,Asoka Chakkaram, et elle participe égale-ment au centre de soins pour enfants eny cuisinant une fois par semaine. Les habitants recyclent les matériaux de construction.

… et plus confiants en notre avenir

“Le 27 avril 2005, Aide et Action et Avvai VillageWelfare Society ont démarré, dans le cadre du

Projet de réhabilitation équitable aux victimesdu tsunami, le programme «De l’argent pourdu travail» (Cash for Work) pour venir en aideaux fermiers. Les Dalits ont alors eu régulière-ment du travail, notamment pour la recons-truction des canaux de distribution d’eau etles bassins à creuser. Les canaux ont sauvé400 acres de terres très fertiles. 277760 roupiesont été distribuées en salaires. Le Centre desoins pour enfants (CCC) a été construit parla suite. Il accueille en ce moment 73 enfants.

Encore plus forts après la crise…

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Après le tsunami, il faut réapprendre à vivre.

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Rajendran est agriculteur à Kosalaikuppam, Inde.

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Biju Georges est coordinateur supérieurdu Projet de réhabilitationtsunami.

Par la suite, dans le cadre d’un programmede désalinisation des terres, ma parcellefut labourée. J’ai à nouveau pu cultiver duriz et, la saison suivante, j’en ai produitsuffisamment pour m’acheter une vachelaitière, source de revenu complémentaire.Nous sommes désormais plus confiantspour faire courageusement face aux tra-vers de la vie.

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«Il faut immédiatement reconstruire l’éducation. On ne peut pas attendre que les trains roulent à nouveau ! Il faut sauver les esprits, tout comme les corps (…).»

BEVERLY ROBERTS, COORDINATRICE DU RÉSEAU INTER-AGENCES D’ÉDUCATION D’URGENCE.

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Aide et Action : Quelles sont les perceptionsdes gens aujourd’hui par rapport aux crisesou aux risques comme le cyclone Jeanne? Honorat Michel : Le cyclone Jeanne a causébeaucoup de dégâts sur son passage.Depuis, des émissions radiophoniques etdes spots télé ont informé les gens sur laprévention des désastres naturels, pourqu’ils soient mieux préparés émotionnel-lement. Au lieu d’avoir peur en entendantl’orage gronder, ils deviennent vigilantset solidaires entre eux.

AEA : Quelles sont les relations qui existententre les risques, les désastres naturels et le système éducatif en Haïti ? H. M. : Le manque d’éducation et de for-mation à la gestion des risques et desdésastres naturels peut donner lieu àde graves accidents lors de catastrophes.C’est là une carence de notre systèmeéducatif. Pour y remédier, des associa-tions locales, des ONG et des ministères,voire des bailleurs de fond (PNUD 1, BID 2)ont contribué à la réalisation d’activitésd’information et de formation. Ce n’est pastout. Au-delà d’un plan opérationnel de pro-tection de l’environnement, il reste à mettreen place un système d’alerte pour la popu-lation en cas de catastrophe. Et puis, biensûr, il faut définir la politique nationale d’édu-cation environnementale et la développer.

1 Programme des Nations unies pour le développement.2 Banque internationale de développement.

L’éducation à la gestion des risques minimise l’impact des catastrophes.

Tirer parti des désastres

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“Le 7 avril 1994, le Rwanda a sombré dans l’horreur. Plus de 800000 mortset 2 millions de personnes réfugiées témoignent de l’ampleur dudrame. Aide et Action au Rwanda a payé un lourd tribu à ce conflit:des salariés et des filleuls ont été tués, le plus souvent avec leurfamille. Et pourtant, dès septembre 1994, l’association lançait unprojet de soutien pour la rentrée scolaire. Toujours convaincue quele retour à la paix ne se fera pas sans l’éducation.

«Le Rwanda, pays où nous intervenons depuis 1982, est dans la tour-mente, victime d’une guerre et de la folie meurtrière de groupesextrémistes. Alors, que faut-il faire? (…) Aide et Action se doit d’inter-venir auprès des enfants rwandais dans les camps de réfugiés. (…)Nous devons être auprès d’eux, mettre en place des projets d’anima-tion et de scolarisation en collaboration avec d’autres partenaires. (…)Et dès que possible nous relancerons nos activités au Rwanda. (…)Nous serons face à l’urgence du développement, domaine où l’édu-cation des enfants retrouve tout son sens. Car relancer l’éducation estsans doute l’un des meilleurs moyens pour combattre l’intolérance,l’exclusion et la peur de l’autre. Mais aujourd’hui, il faut agir vite. (…)En agissant dans le domaine de la scolarisation qui est le nôtre.

Urgence Rwanda

Le génocide au Rwanda a fait plus de 800 000 morts et 2 millions de réfugiés.

Honorat Michel est maireadjoint de Gros-Morne, Haïti.

En alertant l’opinion publique sur l’immensité du drame pour quel’on n’abandonne pas le Rwanda. Enfin, en réclamant avec d’autresque ces crimes ne restent pas impunis, que les responsables desmassacres soient jugés. (…) Agir sur place et lutter contre l’indiffé-rence font partie d’un même devoir humanitaire.»

Extrait de l’éditorial du numéro spécial, « Urgence Rwanda », juillet 1994.

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Pérennisation

AIDE ET ACTION - NUMÉRO 10034

désengagementUn engagement…

Financer les frais auxquels les populations ne peuvent faire face pour l’éducation

de leurs enfants, « a priori » l’intention semble louable ! Mais quelles perspectives

offrirait une telle démarche ? En quoi permettrait-elle, demain, l’autonomie des projets ?

Loin de se substituer aux acteurs locaux, Aide et Action a choisi de les aider à faire face,

eux-mêmes, aux enjeux qui sont et resteront les leurs. Le chemin est sans doute plus long,

parfois plus difficile… Mais à terme, l’objectif est clair : des projets autonomes

et des acteurs capables de mobiliser eux-mêmes les ressources nécessaires

à leur réalisation ou à leur poursuite.

T É M O I G N A G E S D ’ U N E A M B I T I O N

Le cheminement de Modern Architects forRural India (MARI) a commencé en 1992quand une communauté tribale deParvatagiri Mandal a demandé qu’une écolesoit installée dans son hameau car il était trèsdifficile pour ses enfants de se déplacer jus-qu’à l’école du village voisin. J’ai personnelle-ment fait plusieurs voyages au village, ce quisurprenait les villageois mais leur a aussipermis de m’accepter. Les anciens se sontréunis et ont mis au point un plan d’actionpour ouvrir une école dans le hameau.Certains villageois firent donation d’un boutde terrain et MARI construisit une petite huttepour pouvoir commencer une École d’entraide(Self Help School). Ils ont choisi, dans le cadre

du Comité villageois d’éducation (VEC enanglais), un volontaire payé en nature dansle hameau, chargé d’inscrire les enfants et defaire tourner l’école. J’ai proposé que les VECservent de «banques» auxquelles les villageoisabondent pour financer des projets éducatifs àtravers un Fonds pour le développementscolaire. Aujourd’hui, Aide et Action ne finance

plus ce projet et depuis janvier 2006, toutes lesVEC de Parvatagiri Mandal ont pu payer à leurenseignant un salaire de 800 roupies par mois.La participation active des gens est une cléindispensable pour faire aboutir un projet.

R. Murali est responsable de l’association MARI,

Andhra Pradesh, Inde.

Réunion du Comité villageois d'éducation de Pasra.

Ouvrir des choix

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“Pour progresser d’une relation d’aide vers unpartenariat, le premier pas consiste à redéfi-nir le statut et les rôles respectifs de tous ceuxqui veulent s’impliquer dans une démarchequi reconnaît et accepte véritablement une

dignité et une responsabilité égales chezles partenaires, transcendant les différen-ces de cultures et de niveaux de développe-ment. Le type de partenariat que nousdevons favoriser ne peut se fonder sur unerelation verticale dans laquelle s’exercentl’autorité, la contrainte, l’imposition d’unrapport de force, une souveraineté de sub-stitutions et la transposition des modèles ou,dans le même ordre d’idées, le paterna-lisme et la condescendance. Au contraire, lepartenariat doit se fonder sur des élémentscomme le dialogue authentique dans unerelation horizontale, dans laquelle les acteurs

se reconnaissent mutuellement comme égauxet agissant dans une optique d’échanges réci-proquement utiles et enrichissants pour cha-cun par le fait même de leurs différences.Dans cet esprit, il est important que nousdéveloppions notre capacité d’écoute, nonseulement à l’égard des institutions, maisaussi des particuliers, des cultures et des pro-cessus internes qui déterminent les mouve-ments du monde réel. Cette étape estindispensable si nous voulons parvenir à unemeilleure compréhension des spécificités dechacun et une compréhension commune desobjectifs et des stratégies de développement.

De l’aide au partenariat

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Abdou Diouf est secrétairegénéral de la Francophonieet ancien président du Sénégal.

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AIDE ET ACTION - NUMÉRO 100 35

Au sein d’Aide et Action, nous parlonsbeaucoup de démarche, car la finalité detout projet en dépend énormément. Sinous savons (ou pensons savoir!) quoi fairepour le développement de l’éducation, laquestion du comment est primordiale :pour travailler dans la durée, il faut envisa-ger l’autonomie de tous, savoir ne pas res-ter indispensable. Or cette démarche, àquelles valeurs répond-elle? Une démar-che, c’est tout autant des principes, unephilosophie, une attitude, un comporte-ment et une éthique. C’est finalement un

chemin de maturation. Il est important des’éloigner de la démarche caritative, quiimplique d’être basée sur l’aide, deconcevoir l’acteur comme un bénéficiairequi ne fait que recevoir, de rechercherseul les besoins et d’y satisfaire, ensomme d’imposer le développement…alors subi par les acteurs.Si l’on veut que le bénéficiaire devienneacteur, quelques règles simples doivent être

L’acteur élabore ses projets et les met en œuvre ici à l’aide de l’outil d’animation MARP (Méthode active de recherche participative).

Le « faire avec », au-delà du « faire faire »

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Inauguration des bureaux d’Aide et Action dans la région des Plateaux, Togo.

“À Aide et Action, nous recevons desdemandes d’intervention de la part descommunautés: habitants, maires, institu-teurs, parents d’élèves. Nous nous servonsensuite d’études comme «l’analyse pays»et « les évaluations de programmes» pour

élaborer notre stratégie d’extension et«choisir» les régions où nous intervenons,car les demandes sont nombreuses. Enfin,nous lançons une analyse régionale danslaquelle nous prenons en compte un maxi-mum de critères objectifs permettant d’en-visager « l’ouverture de zone» en termesd’engagement et de désengagement. Maiscomment faut-il «entrer dans la zone» pourpouvoir en sortir dans les meilleures condi-tions possibles pour les communautés?Les différentes évaluations des actionsdéveloppées par notre programme ontpermis de poser un regard critique sur sespratiques antérieures. Il a porté et conduit

pendant longtemps un certain nombred’activités par lui-même sans une réelledémarche de transfert de compétenceset de responsabilisation au niveau local.Ce qui a fragilisé la pérennité et la durabilitédes actions. Depuis, nous avons décidéd’orienter nos démarches vers le transfertde compétences aux acteurs locaux enmatière de planification et de gestion deprojets. L’identification et la formulationparticipatives de projets ont été privilé-giées à la place d’une approche d’appuitechnique, matériel et financier au coup parcoup, portée de bout en bout par nous.L’animation endogène 1 a été adoptée à laplace de l’animation exogène afin de mieuxresponsabiliser les communautés dans lagestion de leurs projets de développement.C’est pourquoi nous disons qu’il n’y a pasun temps pour entrer et un autre pour sortir.Autrement dit, dès lors qu’on s’engagedans une zone, on doit en même tempspréparer le désengagement. Il s’agit depréparer le départ à l’arrivée; le départ nesignifiant pas seulement retrait mais repo-sitionnement par rapport aux fonctionsd’appui-accompagnement et de conseil.

1 L’animateur endogène, à la différence de l’animateur exogène,est issu de la communauté et choisi par elle.

Penser le départ… dès l’arrivée

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Tcha Berei est coordinateurpour la région Plateaux,Aide et Action Togo.

Claire Calosci est directricegénérale d’Aide et Action.

respectées: il n’est plus question de besoins,mais de demandes et de résolution de problè-mes. L’acteur lui-même conduit sa réflexion,élabore ses projets et les met en œuvre. Il estau centre de la démarche. Le développeurl’accompagne, propose les outils, les savoirset les techniques nécessaires à la conduitedes projets. L’acteur est alors maître de seschoix, on lui en donne les moyens: c’est le«faire avec», au-delà du «faire faire»!

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«Si vous faites des plans sur un an, plantez du riz, sur dix ans, plantez des arbres et sur toute une vie, éduquez vos enfants.»

CONFUCIUS, PHILOSOPHE (551 AV. J.-C. - 479 AV. J.-C.).

“Au Cambodge, former des chercheurs pour l’avenir de l’éducationJe m’appelle Sochea Phok, j’ai 26 ans etje suis diplômé en sociologie à l’Univer-sité royale de Phnom Penh. J’ai pu fairepartie d’un projet conjoint entre Aide etAction et l’Institut pour le dévelop-pement des sciences sociales auCambodge (IDSSC). Le but de ce projetest de développer la recherche éduca-tive au Cambodge. En effet, il n’y a pasassez de chercheurs en éducation et laplupart sont à l’âge de la retraite ! Nousavons été formés pendant un mois auxtechniques de recherche : collecte dedonnées, enquêtes, techniques d’inter-view. On nous a laissés libres de choisirnos sujets de recherche, autour de la pro-blématique de l’éducation. J’ai rencontrédes ONG locales avant de me décider à

traiter la décentralisation par l’étude decas des Centres d’éducation pour tous àKratié. Les études et leur analyse ontpris trois mois. J’ai présenté mes résultatsà mi-parcours à un jury composé demembres de l’IDSSC et d’Aide et Action.

Pour moi, c’est un premier pas dans lemonde de la recherche. Sans ce projet, jen’aurais jamais pu apprendre comment ana-lyser et réaliser cette étude par moi-même.

Sochea Phok est étudiant au Cambodge.

“« Mon parrainage profite à tous »

Au mois d’avril, je me suis rendue à Allada,au Bénin, pour voir Gloria, l’une de mesfilleules. On l’a rencontrée, elle et sesparents. Ils ont réussi à se libérer quelquesheures pour nous voir. Leur accueil a étéformidable. On a également pu voir lesrésultats concrets de notre parrainage.La coordinatrice du projet nous a expliquéles réalisations, les projets actuels auniveau sanitaire ou pour l’éducation desparents à l’hygiène. Déjà, depuis que ceprogramme est là, un tiers des enfantsparviennent à continuer leurs études au-delà du cycle primaire malgré le coût de lascolarité. Mais on sent que le développe-ment du village prendra du temps. C’estvraiment un travail de longue haleine,avant que les enfants ne fassent bénéficierla communauté de leurs connaissances.

Pourtant, tous, les éducateurs, responsa-bles de village semblent particulièrementconcernés et motivés. Et pour cause, puisquece sont eux («la communauté») qui décidentde leurs besoins et les transmettent en-suite à l’association. Par l’intermédiaire deGloria, mon parrainage profite à tous. Unetelle vision induit forcément une distance

vis-à-vis du filleul, même si des liens arri-vent à se créer après quelques années. Etbien sûr, il n’y a pas de suivi des enfantsaprès le parrainage et on peut le regretter,mais en même temps, il me semble quenotre action gagne en sens. À mon avis, leparrainage ne suffit pas, mais c’est un pre-mier pas pour le développement du pays.

Pascale Théophile est marraine d’Aide et Action.

Gloria, filleule de Pascale, accompagnée de sa famille.

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Les étudiants sont formés aux techniques de recherche.

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Coordonnées des équipes bénévoles

02 AISNECHÂTEAU-THIERRYLydie BAZIN*03 23 84 15 [email protected]

SAINT-QUENTINMarie-Joëlle MERLIN03 23 63 46 [email protected]

05 HAUTES-ALPESGAPChristiane FERDINAND*04 92 53 60 [email protected]

ROMETTEAnne-Marie et Josy EGON04 92 51 45 34

06 ALPES-MARITIMESANTIBESAgnès ROZE04 93 95 93 [email protected]

NICEAnne BOUTEL*04 93 89 34 [email protected]

Anne-Marie SUSINI04 93 55 11 [email protected]

08 ARDENNESYannick GUILLAUME*03 24 59 24 [email protected]

13 BOUCHES-DU-RHÔNEAIX-EN-PROVENCELorette GAILLAT-REYNAUD*04 42 26 92 [email protected]

ARLESDaniel MOUGENEZ04 90 49 89 65 [email protected]

14 CALVADOSCAENDanièle STRUBER*02 31 86 00 [email protected]

ÉVRECYColette LEBLOND02 31 08 01 [email protected]

LEFRESNE-CAMILLYChantal et Gérard MOTEL02 31 80 30 [email protected]

16 CHARENTEANGOULÊMEMichèle LONGUET*05 45 38 13 55

COGNACMimie LAMBERT05 45 32 30 60

17 CHARENTE-MARITIMECHÂTELAILLON-PLAGE Martine DUPERE05 46 56 25 52 [email protected]

SALLES-SUR-MERPaule BOUCHON*05 46 56 19 [email protected]

18 CHERBOURGESStéphanie GARCIA-LIEVANA*02 48 24 64 [email protected]

LA GUERCHEGinette GROUX02 48 74 01 60

VIERZONMadeleine BLANCHET02 48 51 51 08

19 CORRÈZEBRIVE-LA-GAILLARDEJean-Marc PUYRAIMOND06 30 35 97 [email protected]

21 CÔTE-D’ORDIJONGérard NUGUES*03 80 47 54 [email protected]

22 CÔTES-D’ARMORLOUANNECMarie B. SIMON*02 96 23 24 [email protected]

24 DORDOGNEBERGERACJean LECLERC*05 53 57 38 [email protected]

SORGESGeneviève PLAGNE05 53 35 37 21

25 DOUBSPONTARLIERAnne-Marie POBELLE03 81 39 45 61

VALENTIGNEYFrançoise BOILLETOT*03 81 37 02 [email protected]

26 DRÔMEPIZANCONJean-Charles COURNIL*04 75 05 18 [email protected]

28 EURE-ET-LOIRCHARTRESJean-Paul ROMON* 02 37 34 23 [email protected]

30 GARDNÎMESJean-Louis BAUDOT04 66 23 10 [email protected]

André BONY*04 66 26 62 [email protected]

31 HAUTE-GARONNETOULOUSEPhilippe DESANGE*05 61 44 54 [email protected]

32 GERSAUCHPatricia POUBLANCQ05 61 91 08 95

33 GIRONDEBORDEAUXDenise MAREZ*05 56 67 02 [email protected]

LE BARPMaryvonne DREXEL05 56 88 68 [email protected]

34 HÉRAULTMONTPELLIERJean-Louis BEVELACQUA*04 67 79 24 [email protected]

35 ILLE-ET-VILAINERENNESJany PARTOUCHE*06 81 52 03 [email protected]

36 INDRECHÂTEAUROUXJean-Luc MURZEAU*02 54 47 19 [email protected]

37 INDRE-ET-LOIRETOURSMarie-Agnès CHEMLA*02 47 41 45 [email protected]

38 ISÈREBOURGOIN-JALLIEUMicheline DUPLAND04 74 93 43 [email protected]

Madeleine REYNAUD*04 74 92 12 [email protected]

SASSENAGEGuy VENIN04 76 27 25 [email protected]

VIZILLEPaul MERAND04 76 68 12 [email protected]

VOREPPEClaudette MOREL04 76 50 20 [email protected]

39 JURADOLEAndré BOICHUT*03 84 70 22 [email protected]

44 LOIRE-ATLANTIQUEBASSE-GOULAINENicole THIBAUD02 40 03 58 [email protected]

LA CHAPELLE-SUR-ERDREChristian CHOBLET02 40 77 89 [email protected]

LE PALLETMarie-Jo PAVAGEAU02 40 80 48 54

SAINT-NAZAIREBrigitte LE THERONDAT02 40 00 13 [email protected]

SAINTE-LUCE-SUR-LOIREJean-Michel MOQUAY02 40 30 15 [email protected]

46 LOTCARNACMarie-Christine CHAUMIE*05 65 36 96 [email protected]

49 MAINE-ET-LOIREANGERSClaudine PAYS*02 41 43 72 [email protected]

SAUMURAlain GASNIER02 41 67 91 34

50 MANCHECARENTANMichelle LELAIZANT02 31 77 69 [email protected]

CHERBOURGHélène HENRY*02 33 54 14 37

51 MARNEÉPERNAYGilles CHANTEGRAIL03 26 57 92 [email protected]

>> N’hésitez pas à entrer en contact avec l’équipe bénévole de votre région. Elle sera heureuse de répondre à vos questions…

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* Délégué départemental.

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REIMSPascale MENETRIER*03 26 06 44 [email protected]

53 MAYENNELAVALMartine DURAND02 43 56 65 [email protected]

Martine WIART*02 43 91 70 [email protected]

MAYENNEGérard NEVEU02 43 04 32 [email protected]

56 MORBIHAN LORIENTSylvette CHABRIER*06 21 16 55 28 ou 08 79 28 99 [email protected]

57 MOSELLEJean-Claude SACREZ*03 87 65 79 [email protected]

58 NIÈVREGARCHYRobert ESTORGES*03 86 69 11 61

59 NORDLILLE MÉTROPOLEMarie-Hélène DESMETTRE*03 20 05 52 [email protected]

63 PUY-DE-DÔMEMOZACJean-Marie MARSAT*04 73 63 02 [email protected]

64 PYRÉNÉES-ATLANTIQUESBILLÈRENadine ARCHAMBEAU*05 59 72 93 [email protected]

67 BAS-RHINOBERHAUSBERGENPascale ROUILLON*03 88 56 18 [email protected]

68 HAUT-RHINSPECHBACH-LE-HAUTAndré SCHAEFFER*03 89 07 00 [email protected]

69 RHÔNEGIVORSMonique FRANCE04 72 30 71 64

LYONSylvie BAGES-LIMOGES*04 78 72 53 [email protected]

RILLIEUXColette ZAFFARANO04 78 88 22 12

72 SARTHELE MANSÉvelyne DELAISTRE*02 43 78 96 [email protected]

73 SAVOIEAVANT-PAYS SAVOYARDJosseline BELLEMIN04 79 28 98 48

CHAMBÉRYYvonne VERGNE*04 79 69 06 [email protected]

Jean-Pierre ARGOUD*04 79 72 28 [email protected]

COMBE-DE-SAVOIEOdile CHARBONNIER04 79 36 44 12

HAUTE-MAURIENNEChristiane DURAND04 79 20 51 72

MAURIENNEJosiane CHAUMAZ04 79 59 65 02

TARENTAISESuzanne GRATTERY04 79 08 45 [email protected]

74 HAUTE-SAVOIEANNEMASSELouis SILVESTRE*04 50 39 21 [email protected]

THONONYvan JACOB04 50 71 28 35

75 PARISYannick HOFFMANN*06 84 76 80 [email protected]

Isabelle GIRAULT01 41 71 13 [email protected]

76 SEINE-MARITIMELE HAVREDanièle BOBÉE02 35 20 55 [email protected]

ROUENVéronique COUROUBLE-LECOUFFE*08 73 68 77 85 ou 02 35 88 77 [email protected]

77 SEINE-ET-MARNELAGNY-SUR-MARNEAnnie GOURBAT*01 60 07 71 [email protected]

78 YVELINESCOIGNIÈRESJean-Marc BEDOUELLE01 34 61 40 [email protected]

MAISONS-LAFFITTEAnne DIALLO01 74 13 74 07

VERSAILLESMonique HENRY*01 39 50 47 [email protected]

79 DEUX-SÈVRESBRESSUIREJacques TOURAINE05 49 65 16 04

CELLES-SUR-BELLEBrigitte BRISSON05 49 06 52 [email protected]

LA CRÈCHEColette FAUT05 49 05 31 [email protected]

MELLEGuy PENAUD05 49 29 36 [email protected]

NIORTRoselyne MATHIEU*05 49 24 98 [email protected]

PARTHENAYVéronique COUDREAU05 49 72 49 [email protected]

81 TARNALBIVéronique PIQUEMAL*05 63 77 55 [email protected]

82 TARN-ET-GARONNEMONTAUBANMichel BOYER*05 63 27 76 [email protected]

83 VARHYÈRESMaria LEGUEUT*04 94 38 92 [email protected]

LA GARDEM. et Mme VAUDAUX04 94 27 25 54

LE REVESTDenise BLANC04 94 98 95 85

SANARYMaryse et Marcel AUDIFFREN04 94 74 38 [email protected]

85 VENDÉEDOMPIERRE-SUR-YONJean-Luc MERCIER02 51 07 51 [email protected]

LUÇONChantal et Joël BORDAS02 51 27 97 54

MONTAIGUMarie-Jo BUTAUD02 51 46 31 23

86 VIENNEPOITIERSNéomaye DE FREMOND*05 49 01 24 [email protected]

87 HAUTE-VIENNELIMOGESCécile PAILLIER*06 63 61 09 [email protected]

89 YONNESAINT-MARTIN-DU-TERTRENicole MALENFANT*03 86 64 05 84

91 ESSONNEGOMETZ-LE-CHÂTEL Valérie BARDOT*01 76 91 60 [email protected]

YERRESFrançoise LAURENT*01 69 48 51 [email protected]

92 HAUTS-DE-SEINECHÂTENAY-MALABRYMarie-Christine MARTINERIE06 07 64 96 [email protected]

CHAVILLEMichel SCHOEMACKER01 47 50 81 [email protected]

93 SEINE-SAINT-DENISLIVRY-GARGANBulle BARDOUX01 43 02 01 [email protected]

MONTREUILCécile COURTIN*01 43 60 79 [email protected]

94 VAL-DE-MARNENOGENT-SUR-MARNENathalie PINEAU01 48 76 12 [email protected]

95 VAL-D’OISEEAUBONNEFrançoise BOUSQUET*01 48 22 35 [email protected]

LA RÉUNIONSAINTE-CLOTILDEGérard BEGUINOT*02 62 28 28 [email protected]

NOUVELLE-CALÉDONIENOUMÉASerge RAOUL*(687) 26 35 [email protected]

TAHITIMichèle LEYRAL*(689) 45 34 [email protected]

AIDE ET ACTION - NUMÉRO 10038

Il n’y a pas d’équipe bénévole dans mon département, je souhaite que la Direction action bénévole prenne contact avec moi.

Mme, Mlle, M. (rayer les mentions inutiles)Nom ...............................................................................................................

Prénom ..............................................................................................

N° ................ rue ........................................................................................

Code postal................................... Ville..................................................

Téléphone .................................. E-mail...................................................

Profession (facultatif) ................................................................................

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Aide et Action - 53, boulevard de Charonne - 75545 Paris Cedex 11 - Tél. : 01 55 25 70 00 - www.aide-et-action.org

Numéro100

Numéro100

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