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Maison GénéraleSœurs de la Charité deSainte Jeanne-Antide ThouretVia Santa Maria in Cosmedin, 500153 Roma - Italia

Responsable de la revuePère Bruno SECONDIN

Equipe de rédactionSr Catherine BELPOISSr Wandamaria CLERICISr Marie Jacqueline [email protected]

RédactionOnt collaboré à la revue:- Père Bruno SECONDIN,

Italie- Père André DAHER, Liban- Laure MELKI AKL, Liban- Sara COLLODELLO, Italie- Abbé Gédéon

NDOUBAMBAY, Tchad- Gabriele ROSSI, Italie- Michel LABALETTE, France- Rosalba ROMANO, Italie- Janin Landry PAMIERI,

Centrafrique- Evariste Moïse

KEBAMGAMA, Centrafrique- Les Sœurs de la Charité

Projet graphique, mise enpage et ImprimerieVICIS SrlV.le delle Provincie, 3700162 Roma - Italiewww.vicis.it

Protection desdonnées personnelles

Conformément à la loi 675/96 sur laprotection des personnes et desdonnées personnelles, laCongrégation des soeurs de laCharité de sainte Jeanne-AntideThouret, titulaire de la revue“Partout dans le monde” garantitque les informations relatives auxabonnés, gardées dans sesArchives électroniques et sesdocuments, ne seront pas cédées àd’autres et seront utiliséesexclusivement pour ce qui concernel’envoi de la revue.

REVUE desSOEURSDE LA CHARITÉDE SAINTE JEANNE-ANTIDE THOURET

Anno I - n°1 Mars 20093 numéros par anReg. Trib. de Rome n°7/2009du 16 Janvier 2009www.partoutdanslemonde.it

S SO OM M

M MA A

I IR RE E

3 Editorial4 Parole et Vie6 Point de Vue8 Aux Sources du Charisme

12 Références - Racines13 Chemins de la Mission14 Presentation

En Afrique15 En Egypte16 Au Tchad

En Asie17 En Inde18 Au Pakistan

En Amérique19 En Bolivie

En Europe21 En France22 En Italie24 A Malte25 Visages de Sainteté26 News et Evènements28 Point Jeunes30 Amis de Jeanne-Antide32 Gouttes de Solidarité33 Nous avons choisi34 La Poste

7La non-violence:un style de vie.

4Bartimée:un compagnonde Jésus.

22S’enracinerà Palerme.

18Les chrétiens:un objectifvulnérable.

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31Une fraternitéappelée Kisito.

La «Maman desaint Victor»:un exemple actuel.

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Notre histoire, malheureusement, conti-nue à être souillée par la guerre et parla violence. Dans nos sociétés, la vio-lence est chez elle. Certaines formesde cette violence sont criantes, d’autresplus subtiles et plus sournoises, ce quifait qu’à première vue, elles ne sont nireconnaissables, ni identifiables. Maisdans notre monde, de la violence, il yen a… et beaucoup.Tant de violence en Inde contre leschrétiens… Pourquoi? Il semble qu’àl’origine, il y ait l’assassinat du chef hindou SwamiLaxmananda Sarswati, survenu le 23 août dernier à Orissa.La réaction des extrémistes, rassemblés en foules agressi-ves et armées, ne s’est pas fait attendre: ils ont attaqué leschrétiens de la zone et leurs propriétés. De nombreusespersonnes ont perdu la vie, beaucoup d’autres ont été tor-turées et battues, tandis que les églises et les propriétés decertains chrétiens ont été livrées aux flammes.Toujours en Inde, une autre explosion de violence a touchéMumbai, la capitale économique du pays. Cette fois, les au-teurs des attentats, un groupe de militaires musulmans superentraînés, ont pris pour cible les principaux symboles du luxedont quelques hôtels et maisons d’autres marques de luxe.De même, la région africaine des Grands Lacs est redeve-nue le théâtre de la guerre. Depuis des années, dans laRépublique Démocratique du Congo, précisément dans lazone du Nord Kivu, a lieu ce qu’on appelle la premièreguerre mondiale africaine, car si elle a lieu en Afrique, elle sefait également au nom de nations non africaines qui, à leurtour, exploitent le pays pour ses richesses. Au cours desmois passés, de nouvelles vagues de combats ont contraintà la fuite, une population civile déjà à bout de forces.Et encore, la reprise de la violence à Gaza…Et que dire de la violence faite aux femmes… aux enfants?La violence sur les femmes ne connaît pas de bornes. Desdivers rapports sur la condition féminine se dégage la dra-matique photographie d’une réalité qui n’épargne aucunenation ni aucun continent. La violence contre les femmesest endémique dans les pays industrialisés comme dans

les pays en développement. Elle neconnaît pas de différences sociales ouculturelles: les victimes et leurs agres-seurs appartiennent à tous les rangs,à toutes les classes économiques. Laviolence sur les femmes est un scan-dale pour les droits humains.S’agissant des enfants, le tableau estégalement d’une teinte obscure: en-fants abandonnés sur les routes, en-fants qui meurent de faim, enfants ré-duits en esclavage, enfants qui travail-

lent 15 heures par jour au service des multinationales, en-fants abattus, massacrés, tués, enfants maltraités, enfantsexploités par des clans criminels ou par le marché de la por-nographie, enfants envoyés au front comme soldats: cesont des horreurs auxquelles la conscience, au moins pourceux qui en ont une, ne peut rester insensible et contre les-quelles on lutte souvent hélas, sans l’efficacité ni la persé-vérance nécessaires. La violence sur les enfants est de ma-nière non équivoque le symbole d’une vie civile détériorée,d’une citoyenneté malade, sur le déclin, qui a perdu le sensdes valeurs nécessaires à sa survie.L’homme d’aujourd’hui, ne se découvre-t-il pas alors, im-puissant et timide face aux défis d’un monde sans violence?N’est-il pas tenté, peut-être, dominé par la peur, de fuir l’his-toire pour s’enfermer dans son propre chez-soi, dans sonpropre horizon?La non-violence est la route qui conduit à vivre la fraternitéuniverselle. C’est un style de vie, c’est une ressource à ladisposition de toutes les personnes et de toutes les commu-nautés pour affirmer ses propres droits et par conséquentsa propre dignité. Elle accepte de combattre les mécanis-mes d’oppression et d’injustice sans tomber prisonnière dela spirale déshumanisante de la violence.La non-violence possède en soi la charge positive de labienveillance universelle devenue l’amour proclamé parl’Evangile – que d’une certaine mesure, nous retrouvonsaussi dans le Coran et dans les textes sacrés del’Hindouisme. La non-violence est donc un impératif reli-gieux avant d’être un principe d’action politique et social.

EEDDIITTOORRIIAALL

Mère Maria Luisa ColomboSupérieure générale

de

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Au cours de ces dernières années, les mouvements enfaveur de la non-violence et de la défense des droits et dela paix ne sont peut-être plus aussi vigoureux qu’ils nel’étaient, dans les décennies antérieures. Un certainfatalisme, semble-t-il, s’est emparé de nous tous: laviolence et la tyrannie ont mille façons de se manifester etde réapparaître et la non-violence semble toujoursmanquer de souffle, contrainte à s’inventerperpétuellement de nouvelles stratégies. Les religions,elles-mêmes, ont subi une espèce de contamination. Ellesrisquent même parfois d’apparaître comme une des causesde la violence: par leur intransigeance, leur totalitarismeexclusiviste, leur manière violente d’imposer jusqu’auxvaleurs de leur foi.Je crois qu’il est opportun de reconnaître cette ambiguité, pastoujours consciente peut-être, mais visible en fait et d’opérerune transformation dans la manière dont nous concevonsnotre “possession de la vérité”, afin qu’elle devienne source,non d’offense, mais d’identité sereine et guérie.

Un épisode biblique pour trouver denouveaux stylesDans l’évangile de Marc, il y a un épisode miraculeux qui, àpremière vue, n’a pas de rapport avec ce discours: il s’agit de

la guérison de l’aveugle Bartimée, devenumendiant dans la banlieue de Jéricho (Mc10, 46-52). Nous en rappelonsbrièvement les faits principaux.

Selon Marc, Jésus est en train de terminer son grandvoyage vers Jérusalem; Jéricho est la dernière halte, avantde monter vers les hauteurs de Jérusalem et d’entrer dansla ville, du côté de Béthanie. Tout le monde vit dans unecertaine nervosité car les conditions posées par Jésus pourêtre de ses disciples et les attentes et les espérances desdisciples et de la foule, sont divergentes. On devine undestin tragique pour le maître et donc les disciples et lafoule s’alarment, troublés et tendus. Jésus, Lui, estcontraint de forcer le pas pour achever sa mission. C’estdans ce contexte que se situe l’épisode de la rencontreavec Bartimée qui a perdu la vue, jusqu’à un certain point,mais qui ne s’est jamais résigné à sa disgrâce et a conservétonus et audace, malgré tout.Apprenant que passait Jésus de Nazareth, Bartimée enprofite pour crier et implorer: “Fils de David, Jésus, aie pitiéde moi!” (Mc 10, 47-48). Ce cri de douleur et desupplication agace les disciples et la foule qui réagissentd’une manière agressive: “Beaucoup le rabrouaient pourqu’il se taise”. Le jeu des deux expressions – crier et s’écrier– est très significatif: c’est une manière agressive, de part etd’autre qui humilie encore plus le pauvre aveugle, mais quimontre en même temps que, sur ce chemin, aucun des deuxne se résigne. L’agressivité ne fait que monter et s’échauffer,presque avec férocité. A la foule qui suit ses pensées tristeset ses peurs, peu importe cette imploration, ce cri ne ladémonte pas, mais la renforce. A Bartimée, ce reproche nefait pas peur: il donne vie à sa lutte. La situation s’inverse complètement quand Jésus intervientcomme protagoniste. Il agit de façon exactement opposée:il s’arrête (Mc 10,49) c’est-à-dire qu’il rompt nettementavec cette attitude qu’ils voulaient lui faire prendre decouper court, de ne pas se laisser distraire. Il est là pourdonner la vie à tous ceux qui sont avilis et qui implorent, ilest là pour toute l’humanité des flagellés et des exclus. Etjustement, en voici un. Tandis que la foule veut protéger saroute vers ce but (qui semble vraiment absurde), Jésusrefuse cette “protection” qui s’était transformée enagression et en absence de miséricorde. Et il provoque àchanger de relation: si au début, le dialogue avait fini dansl’aggression réciproque, “criant encore plus fort”,maintenant la voix doit changer: “Appelez-le!” (Mc 10, 49)dit Jésus. Son geste décisif de s’arrêter et sa parole

PPAARROOLLEE EETT VVIIEEd’autorité tout-à-fait en opposition, font naître un nouveautype de relation qui provoque des effets en chaîne.

Dialogue de libération et d’espéranceLe dialogue s’inverse alors totalement pour devenir celuid’une libération réciproque, dans la confiance: “Courage!Lève-toi, il t’appelle!” crie la foule. Ceux qui ont vu lechoix tout-à-fait différent de Jésus, quand il s’est arrêté,entendu son invitation péremptoire à l’appeler au lieu de lechasser, entrent dans un processus de créativité quichangent leur esprit et leur cœur. Ils ne se limitent pas àdonner à l’aveugle l’information qu’il est possible de voirJésus, mais ils accompagnent l’invitation de troisexpressions qui marquent le respect, la confiance,l’encouragement, la dignité. Des paroles qui provoquentune réponse encore plus audacieuse et incroyable: “Jetteton manteau, mets-toi debout, viens vers Jésus! (Mc 10,50). Car le manteau est pour ce pauvre sa maison et sarichesse, se mettre debout pour un aveugle n’est pas uneopération facile, quand on n’a pas la perception sûre del’espace et puis s’approcher de Jésus, alors tendu vers sonbut, était faire preuve d’une grande audace pour obtenirune concession inattendue.La foule vit alors ce moment avec une pleine créativité,

s’identifie à l’espérance de Bartimée, lui restitue sa dignitéet sa liberté. Et l’aveugle répond, de manière mêmeexagérée, presque incroyable: lorsque la solidarité et ledialogue trouvent le ton juste et que tombe l’hostilité, deschoses étonnantes se produisent, riches de liberté etd’originalité, dont les pauvres, surtout, sont capables.

Dialogue d’authenticité et de guérisonLa troisième scène est celle de la rencontre rapprochéeentre Jésus et l’aveugle, riche aussi d’éléments quiméritent une réflexion attentive. Quand il se trouve devantcet aveugle Bartimée qui auparavant avait hurlé sa rage etsa révolte – qui maintenant s’est dépouillé même dumanteau qui le protégeait et le distinguait –Jésus ne semblepas pressé et il se montre presque distrait: “Que veux-tu queje fasse pour toi?” lui demande-t-il (Mc 10, 51). On resteperplexe, Jésus ne voyait-il pas qu’il était aveugle et qu’ildésirait être guéri? Alors, pourquoi, par cette question,retarder la guérison et presque se moquer de lui?Mais les choses ne sont pas ainsi. Par sa question, Jésusoblige Bartimée à donner un sens plénier et sincère à sesdésirs. Devant sa requête: “Que je retrouve la vue” (Mc10, 51), Jésus ne prend pas son temps, ne se moque pas delui, mais il l’invite à bien formuler son propre désir, àdévoiler devant tout le monde la souffrance qui l’a humiliéet à laquelle il ne s’est jamais résigné. Il lui permet des’exprimer en tant que personne et de dire qu’une disgrâcel’a bloqué en provoquant sa mise à l’écart sociale, la

paralysie de son envie de vivre. Une envie de vivre qu’ilavait montrée cependant quand il hurla encore plus fort,qu’il abandonna son manteau par terre, dans son élan pourrencontrer Jésus. C’est un homme marqué par lasouffrance, mais capable aussi de réagir, de reconnaitre lesoccasions favorables et de les saisir. C’est pourquoi Jésusreconnaît en lui la “foi qui sauve” (Mc 10, 52), la confiancedans le “Rabbouni” de Nazareth, en qui l’aveugle reconnaîtla tradition de bonté du grand pasteur David. C’est cela quesignifie le titre “Fils de David” (Mc 10, 47).Plus que la simple guérison miraculeuse, Jésus veut montrerà la foule, avilie et déçue, la confiance totale et dépouilléede Bartimée. Et donc le fait d’exprimer ses désirs les plusauthentiques et ensuite de suivre Jésus: “il le suivit sur laroute” (Mc 10, 52) qui conduit tout de suite à Jérusalem– ce qui, au contraire, terrorisait les disciples et la foule –deviennent l’exemple et le modèle du vrai disciple.

Une vie transforméeEn toile de fond, il y a la ville de Jérusalem, ville qui seprépare à humilier et à tuer le Maître. Mais Bartimée,disciple libre de tout “manteau”, de tout alibi pour sadéfense, authentique dans son identité d’humilié et dans saconfiance envers le maître contesté par les autres, n’a paspeur d’être associé à Jésus. Lui, maintenant, il “voit bien”,car la foi, plus que la vue des yeux, lui a ouvert les horizonsde l’authenticité. Lui, qui était mis à l’écart, qui vivait aubord de la route et à la périphérie de la ville, devient alorscompagnon de voyage et de destin de Jésus, son “Rabbouni”.En conclusion, nous pouvons voir comment il est possiblede sortir de la relation violente quand la Parole est écoutéeet obéie, quand elle devient dans le cœur, créative etlibérante. Quand aux préjugés et au fanatisme aggressif sesubstituent l’encouragement et la participation auxespérances. Quand surtout on reconnaît dans les histoiresvécues non pas des menaces pour nos proprescommodités, mais des implorations nourries de souffrance,de non-résignation, de dignité défendue et prête à semettre en jeu avec audace et liberté. Des paroles deconfiance et d’accueil - semblables à celles de la foule, quia obéi à l’invitation de Jésus, authentiques et de pleineparticipation - peuvent faire des miracles, changer les coeurset les horizons, libérer des énergies nouvelles. Il y a un sigrand besoin de retrouver ces paroles neuves, cessollicitations à l’encouragement et au protagonisme pour unenouvelle convivialité. Il y a besoin aussi de s’arrêter pourécouter les histoires vécues, car les plaies et les cicatricesreconnues et respectées, peuvent être source de nouveauxpactes de paix et de communion, d’espérance et de foi.

Père Bruno Secondin o.carm.Professeur à l’Université Pontificale Grégorienne, à Rome

[email protected]

de

“Courage! lève-toi, Il t’appelle!”Inventer des paroles et des gestes de libération

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PPOOIINNTT DDEE VVUUEE

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PPOOIINNTT DDEE VVUUEE

Preuve du respect de la liberté de chacun, le pluralisme seprésente comme un fait inévitable dans le monde. Ladiversité culturelle n’est pas propre à une nation, elle estinhérente à toute société moderne et complexe. La plupartdes communautés humaines sont des associationscoopératives d’individus dont les projets et les plans de viedivergent, dont les valeurs proviennent de sourcesdifférentes, parfois multiples, et souvent conflictuelles,mais qui, pour une raison quelconque (le hasard de lanaissance étant le plus commun), sont contraints de vivreensemble dans une société particulière. Cette diversité seprésente comme richesse, pourtant, dans plusieurs coins dumonde, sa gestion est source de conflits. Pour traiter lestensions liées à l’équilibre entre la diversitéd’appartenance et la culture commune et écarter le recoursà la force et à la guerre au temps de la mondialisation dela peur, il existe plusieurs modes.La violence ne fait qu’appeler la violence. L’histoirerécente et passée ne fait que prouver combien il estdifficile d’arrêter un conflit une fois qu’il est enclenché, cequi signifie entrer dans un engrenage de violence. Lesadversaires sortent tous perdants d’une guerre, même ceuxqui croient l’avoir gagnée, du fait des incommensurablesdégâts humains et matériels, et de leurs répercussionspendant de nombreuses années et sur plusieursgénérations. Il en fut ainsi lors des guerres au Liban.Aucune des parties en présence n’a pu gagner la guerre.Toutes ont déjà perdu la paix. Une fois de plus, lesévénements du Liban montrent que la violence estincapable de résoudre les conflits politiques. On n’a pascessé de subir des guerres pour rien. Mais larguer desbombes, faire appel à la force et ne pas favoriser ledéveloppement économique, c’est - on le voit bien -favoriser les vocations criminelles de nouveaux BenLaden. Les Libanais se sont rendus compte dernièrementque les moyens militaires classiques n’ont jamais résolules questions pendantes, ni dans l’histoire ni dans un passérécent, et ce n’est qu’après les conflits que l’on s’aperçoit,devant les dégâts à réparer, qu’il eût été beaucoup plus

simple et moins coûteux de jouer le réalisme et depréparer la paix plutôt que la guerre. La guerre ne conduitpas à la paix. La guerre est souvent la mère d’autresguerres. Ces guerres engendrent plus de terroristes queceux qu’elles tuent. La violence est toujours une défaite,c’est la défaite de l’humanité et la défaite de l’espérance etdes attentes de paix.La violence n’est pas la solution. Elle est, au contraire, leproblème politique qu’il faut résoudre pour espérer créerun processus de paix. Face à la tragédie de la violence,face à son inhumanité, son absurdité et son inefficacité, lemoment n’est-il pas venu, par réalisme sinon par sagesse,de prendre conscience de l’évidence d’un travailinternational pour une éducation à «la volonté de vivre encommun». Il ne suffit pas d’exhorter les citoyens aurespect réciproque et à l’importance de la prise de paroleet du débat. Il ne suffit pas non plus de prétendre formerl’esprit critique, encore faut-il développersystématiquement une pédagogie de la délibérationdémocratique, qui forme à la convivialité et permet le«vouloir vivre en commun». Ce dernier ne demande passeulement à être transmis par une histoire (mémoirecollective) mais aussi à être réédifié dans un esprit dedialogue et de décentration, débarrassé des préjugés et desstéréotypes qui sont des obstacles à la connaissance et à larelation à autrui. A travers ces compétences citoyennes,nous pouvons former sur le «pouvoir vivre ensemble».Il s’agit d’instaurer une formation qui puisse produire uneconscience commune suffisante pour mettre en place lavolonté de vivre en commun et qui reconnaisse et honore,en même temps, la pluralité des appartenances et lanécessité d’asseoir les sociétés sur une formation quifavorise les interactions communautaires, la participationcitoyenne dans une attitude de tolérance, voire l’unitéautour d’une culture commune.

les haines et les divisions? Combien d’émissions prônentl’entente et l’amour?Mais aussi et surtout il s’agit de savoir bien choisir sesmots dans un monde dominé par les mots. Le Verbe deDieu, le Christ nous donne l’exemple: face à sesbourreaux, Il se tait (silence plus éloquent que touteparole); face à ceux qui lapident la femme adultère, Il secontente d’une seule phrase qui, par ailleurs, agitmerveilleusement; face aux pharisiens hypocrites etprétentieux, Il hausse le ton, réprimande sévèrementmais en termes bien choisis: ce n’est pas la personne entant que telle qui est visée mais son comportementsinueux et scandaleux.Et nous, quels mots disons-nous? Sont-ce des reproches,des dépréciatifs, des accusations qui éveillent autour denous des démons? Sont-ce des répliques sarcastiques,acérées, pour surpasser l’autre en méchanceté, pour ne pasêtre traité de naïf ou de poltron? Quand pourrons-nousrépondre à l’insulte par un silence indulgent, un regardcompréhensif, une parole ou un geste d’amour?Tendre l’autre joue n’est pas une attitude lâche. C’est, aucontraire, l’attitude la plus courageuse qui soit, celle quirétablit la justice et l’ordre. Je me souviens de ce jeunechrétien, nouvellement engagé et plein de zèle, quicroyant bien faire, déblayait la neige à un homme quivoulait sortir sa voiture. Soudain arrive le voisin, criant etinjuriant, qu’on avait bloqué l’entrée de sa maison. Onattendait la querelle vu l’attitude exagérément agressivedu type mais le jeune homme répond par des excusespolies et se met à débloquer le passage. L’autre,confondu, se tait et rentre chez lui.J’ai toujours été frappée par les grottes, leurs labyrinthesextraordinaires, leurs crevasses fantastiques. Toute cetteœuvre est réalisée par l’eau qui, goutte après goutte, se creuseun passage pour traverser la pierre et aboutir à la rivière…Serions-nous plus durs que la roche pour que la douceur nepuisse nous traverser et faire son chemin en nous?

Le monde entier se débat dans une violence cruelle etdestructrice. Les médias nous en font tous les jours un rapportdétaillé. Mais je me demande: quels fruits en récolte-t-on?Au Liban, nous avons fait l’expérience tellement regrettablede la guerre dont les conséquences continuent à se ressentirjusqu’aujourd’hui, souvent sournoisement et parfoisouvertement. La violence s’insinue aussi dans les sociétésd’une manière plus hypocrite: à travers les films, les vidéo-clips, les jeux électroniques et mille autre sources soi-disantludiques. Nos jeunes ont dorénavant le comportementagressif et provocant des pseudo-héros qui pillent,massacrent, ravagent ou qui s’expriment dans des chansonsau rythme virulent avec insolence, ponctuant leur discours degrossièretés devenues si courantes qu’elles ne choquent plus.Au cœur de ce chaos, une seule bouée de sauvetage: la non-violence, cette vertu sublime si bien décrite par le prophèteIsaïe: «Voici mon serviteur que je soutiens […] il ne crierapas, il n’élèvera pas le ton, il ne fera pas entendre dans larue sa clameur; il ne brisera pas le roseau ployé, iln’éteindra pas la mèche qui s’étiole […] (Is 42,1-3)Cette attitude n’est pas du tout facile à vivre dans lequotidien. La non-violence est un mode de vie qu’onchoisit en toute liberté lorsqu’on est devenu mûrspirituellement; alors on se sent capable de répondre auxassauts par le jeûne et la prière, à la malédiction par labénédiction, à la haine par le pardon. Peut-on parvenir à ceniveau dans nos relations? N’est-ce point utopique? Et s’ilnous est impossible de vivre ainsi, devons-nous continuerà agir et à réagir instinctivement ou selon la loi du talion?Ce serait désastreux! Alors que faire?D’abord, il s’agit d’aller à la source, à l’école de Celuiqui a pardonné à ses meurtriers; là, on pourraitcontempler son amour sans bornes et désirer de toutes sesforces devenir un de ses disciples. Ensuite, on pourraitbâtir sur des bases solides, c’est-à-dire, apprendre auxenfants, dès leur tendre enfance, la tolérance, le respect del’autre et le pardon. N’oublions pas le rôle des médiasdans l’éducation. Que voit-on à la télé? Qu’entend-on à laradio? N’est-ce pas des discours et des débats qui attisent

La violence Bienheureuxles douxne résout pas les conflits

Tyr et Sidon: 2localités visitées parJésus, situées au bordde la Méditerranée,l’une à 70 kms etl’autre à 35 kms ausud de Beyrouth.

Père André Daher, oamdocteur en pédagogie, directeur du collège antonin, à Beyrouth

[email protected]

de Laure Melki Akldoctorat en littérature française, professeur au Liban

[email protected]

de

Saint Charbel (1828-1898) moine dumonastère saintMaroun, puis ermitependant 23 ans;canonisé en 1977.

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AAUUXX SSOOUURRCCEESS DDUU CCHHAARRIISSMMEE

Attentats, guerres, conflits violents ou larvés, collectifs ouindividuels, agressions verbales, harcèlement moral, colèreou mépris, …nous avons aujourd’hui tant de mots pourdésigner les formes multiples de la violence autour denous, en nous parfois… La violence a multiples visagesmais elle est toujours destructrice des biens, des relationshumaines et de la vie.Comment y faire face, comment la désarmer, est-ce mêmepossible de ne pas se laisser gagner par le cercle infernalde la violence répondant à une violence?Jeanne Antide a quelque chose à nous partager de sonexpérience. Il y aurait beaucoup à apprendre de la manièredont elle s’est située dans des conflits personnelsdouloureux avec Monsieur Bacoffe ou Monseigneur dePressigny, mais nous la regarderons vivre plusparticulièrement les années de Révolution. Quand tout unpeuple bascule dans la peur et la violence, quand uneminorité dicte la loi et règne par la terreur, quand lepouvoir des armes et des foules impose comme norme, lespires abus, comment continuer à vivre, et aider d’autres àvivre, quels repères pour orienter choix et engagements,comment continuer à espérer, comment œuvrer pourqu’adviennent des rapports nouveaux entre les hommes.Ces questions sont celles de tant d’hommes et de femmes,aujourd’hui encore plongés dans les conflits idéologiquesou ethniques qui dévastent notre terre.

Héritière d’une histoire tourmentée…Si l’enfance de Jeanne Antide s’est déroulée dans unecampagne paisible, elle a entendu les récits atroces de laconquête française qui a ensanglanté la Franche Comtédurant tout le XVII siècle… Elle a entendu parler desmercenaires suédois brûlant les villages, affamant despopulations entières, les obligeant à se terrer dans desgrottes secrètes au fond de vallées reculées. Elle en aappris les sentiers, loin de se douter qu’un jour, ellerejoindrait là d’autres proscrits… Elle a entendu témoignerde la résistance inflexible de ses aïeux qui même morts,protestaient encore en se faisant “ensevelir le visagetourné contre terre pour ne pas voir le soleil français”.Ces récits ont marqué l’enfant qu’elle était. L’évocation dece passé douloureux a forgé en elle une force de

résistance, des convictions solides, un goût de la vérité etde la liberté. Et la fière devise comtoise s’est inscrite enson cœur: «Comtois rends-toi - Nenni ma foi!» au côté du«Dieu Seul» qui ornait les intérieurs régionaux. Ce sont là,sans nul doute, les racines de sa ténacité invincible dans leservice des pauvres comme pour le bien de saCongrégation, et de son attachement à Dieu Seul, leSeigneur de sa vie.

Fille de la Charité dans Paris au plus fortde la Révolution…A vingt-deux ans, Jeanne Antide rejoint la Communauté desFilles de la Charité. Une nouvelle vie commence pour elle,une vie marquée par la prière et le service des pauvres. Elleest à Langres, lorsqu’éclatent les premières émeutes de laRévolution en juillet 1789. A partir de juillet 1790, JeanneAntide sert les malades à l’Hôpital des Incurables…elle estalors plongée sans y être bien préparée, en pleine tourmenterévolutionnaire. Vexations, perquisitions, agressions semultiplient envers les Religieuses. De nombreusescommunautés de Filles de la Charité sont accusées d’ouvrirleurs portes et celles de leur chapelle aux prêtres réfractaires.En juin 1791, après de multiples menaces, la communauté estexpulsée de l’hôpital des Incurables. Comme la plupart de sesconsœurs Jeanne Antide refuse de prêter le serment deloyauté envers la Constitution. Avril 1792, les costumesreligieux sont interdits. Mère Antoinette Deleau écrit à sesSœurs: “Pour pouvoir continuer le service des pauvres, prêtez-vous à tout ce que l’on peut honnêtement exiger de vous dansles circonstances actuelles, pourvu qu’il n’y ait rien contre lareligion, l’Eglise et la conscience… Habillez-vous simplementet modestement.” Comme ses sœurs, Jeanne Antide, à la foisaccueille ces situations difficiles, et les vit avec au cœur cesdeux visées essentielles: le service des pauvres et la fidélité auChrist et à l’Eglise, en référence constante à sa conscience. Cesdeux convictions fortes éclairent et éclaireront désormais, seschoix et ses engagements.

Face au fanatisme idéologique, JeanneAntide choisit son campEn fin d’année 1791, Jeanne Antide est envoyée à l’hôpitalde Bray sur Somme en Picardie. Là elle retrouve des

malades, mais le climat n’est guèreplus serein…Les sœurs sontépouvantées, voire divisées: Faut-ilou non prêter serment? Pouvons-nousavoir recours aux sacrements desprêtres constitutionnels? “Lesautorités de cette petite ville…allèrent à l’église pour y débiter deserreurs, et envoyèrent chercher lesSoeurs par des soldats armés. LaSoeur Thouret qui avait résolu de nepas aller, ni de gré ni de force,entendre ces impies, prit la fuite enmontant des murailles. Les soldats…ne la trouvant pas, menèrent lesautres à l’église. On dit qu’ils leurfirent faire des promesses et leserment. Quand tout fut fini… ilsvirent Soeur Thouret. Ils lui dirent:«Voulez-vous donc souffrir lemartyre?» Elle leur répondit: «Jeserais bien heureuse. Depuis cetemps, … elle disait qu’elle avait maldans le côté gauche et souffraitbeaucoup” (LD p.507). En effet, Jeanne-Antide demeure fidèle à ses convictions:son attachement à l’Eglise de Rome estindéfectible… même au prix de sa vie.Au cours de cet épisode, elle est blessée,les côtes défoncées par un coup decrosse. Malade, elle regagnera la

Sancey-le-Long:village natal deJeanne-Antide.

Maison Mère de Paris où elle continueraà être témoin des troubles de laRévolution à Paris même….Dans la capitale, la colère du peuplegronde… Il faut désormais compteravec un nouveau pouvoir celui de larue. Les 9-10 Août 1792 c’estl’Insurrection: le peuple attaque lesTuileries et arrête la famille royale.La Royauté s’effondre. Le 18 Août,toutes les communautés religieusessont supprimées… les prêtresréfractaires ont quinze jours pourquitter le territoire français. Beaucoupsont arrêtés et déportés. Plus de millearistocrates, religieux et prêtresréfractaires retenus dans les prisonsparisiennes sont exécutés. Avec sessœurs, Jeanne-Antide est à la maisonMère où «des garnisons de soldatsnationaux se sont établis… reléguantles Sœurs dans un petit logement. Ilsutilisent pour leur usage les biens dela communauté: literie, nourriture,linge, bois et chandelle». Grièvementblessée, elle accepte de se laissersoigner, remettant sa vie entre lesmains de Dieu. Et les bruits de laguerre parviennent jusqu’à son lit demalade, Jeanne Antide entend lesclaquements de bottes, les ordres

hurlés, les grincements des clés, etelle demeure en profonde compassionavec ceux qui subissent la violencemeurtrière, elle les accompagne de saprière et offre sa vie, accueillant samort pour que soient épargnéesd’autres vies: “C’était dans le plusfort de la Révolution, dans le tempsque 1’on fit mourir le Roi. Elle en euttant de peine que, si elle eût été samaîtresse, elle était disposée à allerse présenter à sa place pour que 1’onne le fit pas mourir” (LD p.509). Contretoute attente Jeanne Antide guérit etdès lors elle ne saurait rester un témoinimpuissant de cette folie meurtrière.

Pour continuer à servirDieu et les pauvres, JeanneAntide entre en résistance…Une résistance active au risque de savie: “Quand elle eut la force demarcher, une maîtresse des novicesl’habillait souvent des ornements de laMesse, pour les porter à des prêtrescatholiques qui étaient cachés dansParis. Elle allait ainsi toute seule avecsa confiance en Dieu; personne nes’en apercevait: elle était grande etmince, et mettait une robe légère par-dessus… si elle eût été reconnue àfaire cela, on 1’aurait fait mourir.”Et les évènements politiques, unenouvelle fois décident de sa vie: “laChambre Nationale décréta ladissolution de la Communauté et lerenvoi de toutes les Sœurs, chacunedans leur famille”.Jeanne-Antide reprend la route de laFranche-Comté, le 5 Novembre1793… Elle a vécu avec intensité, aumilieu de la tempête révolutionnaire,

Dans la tourmenterévolutionnairele témoignage de Jeanne-Antide

Sr Marie Nicole [email protected]

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AAUUXX SSOOUURRCCEESS DDUU CCHHAARRIISSMMEE

ces six années comme Fille de laCharité…Elle a fait l’expérience de lafolie des hommes, elle a été affrontéeà la violence, à l’athéisme, mais safoi en Dieu Seul s’est fortifiée. Ellerevient en Franche Comté habitéed’un trésor spirituel: «les usages etl’esprit primitif que St Vincent dePaul avait établis dans cet Institut»Elle y restera fidèle toute sa vie.A Besançon, pour se faire proche deceux qui souffrent, elle rejoint lecamp des résistants: “elle allaitvisiter dans les prisons les prêtrespersécutés pour la foi” soignant lesmalades et les blessés, accompagnantde près ou de loin de sa prière et desa compassion ceux qui meurent surl’échafaud tel le Père Zéphirin, uncapucin originaire d’un village prochede Sancey…Elle reste et s’affirme avec force,religieuse, témoignant d’une droitureet d’une vérité d’être entières:“Quelqu’un lui dit qu’elle aurait unebonne pension de l’État, si elle faisaitsa déclaration au Départementcomme ex-religieuse. Elle réponditqu’elle était autant religieusequ’auparavant. - Mais n’étant plusdans votre Communauté, vous avezdroit à une pension. - Il est vrai, dit-elle, mais on ne peut l’obtenir

qu’avec la condition d’un serment…et je n’en veux point faire. Je ne veuxpas compromettre ma consciencepour de l’argent, ou pour toute autrechose: j’ai tout sacrifié et veux toutsacrifier pour sa tranquillité.” (LD p.511)Son point d’ancrage donc, uneréférence constante à sa conscience,une conscience éclairée par la foi enDieu et en l’Eglise.

Elle allait toute seule, avec saconfiance en DieuDe retour à Sancey, Jeanne-Antidevoit les besoins, elle y répond, ellemet ses dons, ses talents, sescompétences au service de tous, sanscompter ni son temps, ni ses forces…Sa foi se fait engagement, sacompassion la met en action… Elleprie et agit tout à la fois. “Uneépidémie étant survenue… chacunréclamait mes soins pour les malades,et je crus devoir les secourir. Enmême temps, on voulait établir desmaîtres et des maîtressesconstitutionnels, pour enseigner auxenfants une mauvaise doctrine. Pourparer à cet abus, j’ouvris une écolegratuite… Après l’école…, j’allaisvisiter les malades de la paroisse ….Arrivée le soir auprès d’eux, je leurdonnais mes soins, et je repartais la

nuit pour arriver chez moi à la pointedu jour et recevoir mes écoliers. Jemarchais seule la nuit, en été et enhiver, par les forêts, les montagnes,les vallées, par les neiges, la glace, lapluie; allant au nom de Dieu, il nem’arrivait, rien de fâcheux… Jerecevais les bons prêtres catholiquesqui se cachaient, et je les conduisais lanuit auprès des malades… etquelquefois je passais trois jours et troisnuits de suite sans dormir… Toutes lesfêtes et dimanches, je rassemblais lesbons catholiques pour sanctifier tousensemble ces saints jours.” (LD p.473)Et un ancien se souvient “Ah elleétait intrépide cette Soeur THOURET,elle allait jusqu’à la Baume, dans lesgrottes de la source, à Surmont, toutpar là. Quand on lui disait qu’ellefinirait par se faire découvrir, elleriait un bon coup: «le Bon Dieu estavec moi» répondait-elle. C’estqu’elle y croyait à son Bon Dieu,aussi ce qu’Il lui en a fait faire!”Pour témoigner de son espérance, elleaura désormais toutes les audaces,dans son agir comme en parolesdevant le tribunal révolutionnaire: “Jefus dénoncée aux Autorités … - «Citoyenne, tu tiens des assemblées,qu’as-tu lu? - J’ai lu des prières et l’Évangile; le

connaissez-vous? - Tu enseignes des enfants: quel est lecatéchisme ou doctrine que tu leurenseignes?- Celle que l’on m’a enseignée, qui estla doctrine de la Sainte Église de J. C.- Nous t’ordonnons de les instruiredésormais selon les loisconstitutionnelles. - Et moi, je vous déclare que je ne leferai jamais; plutôt mourir et je veuxcontinuer à les enseigner selon leslois chrétiennes, etc.» Ils se retirèrenttout confondus.” (LD p.473)Où Jeanne-Antide, trouve-t-elle tantde force et de détermination pourrejoindre celui qui souffre, et face àune deshumanisation de la société,devenir force de proposition? En fait,elle vit une profonde expérience deDieu, au cœur de ce service si prenant:

Grottes de la Baume:qui ont servi de refugeaux populationspendant les conflits.

Au-dessus:Jeanne-Antidedevant le tribunalrévolutionnaire.

A guache:Jeanne-Antide visiteun pauvre.

elle reconnaît et accueille un Dieu quiintervient dans sa vie et bouscule sesprojets, un Dieu qui l’accompagne etla protège: “allant au nom de Dieu, ilne m’arrivait rien de fâcheux”, unDieu qui est sa force au cœur même dela contradiction et de la persécution etlui donne toutes les audaces, “Je vaisà la fête…Soyez tranquilles: je n’aipas peur, … c’est la cause de Dieu, illa défendra.” (LD p.518)A travers ces multiples services où sereconnaissent déjà les orientations duservice des Sœurs de la Charité,Jeanne Antide fait œuvre de vie, elles’investit tout entière pour permettreaux personnes de vivre, de grandirhumainement et spirituellement, ellecontribue déjà à l’avènement d’unenouvelle société plus juste, plusfraternelle, plus humaine. Tour à tour

institutrice, soignante, assistantepastorale, Jeanne Antide engage toutson être pour «parer à ces abus», elleaffronte, de face, cette réalitécontraire: sa confiance en Dieu estson armure et son bouclier, sa foi, sonarme de victoire. Comme l’apôtre,elle porte comme «chaussures auxpieds, l’élan pour annoncer ettémoigner de l’Evangile.»Sa foi la rend libre, la confiance enDieu fait fondre la peur, l’Amourqu’elle exprime est tour à tourservice, compassion et œuvre de vie,œuvre de paix… Autour d’elles’instaure un ordre nouveau, où lapersonne est accueillie et respectée,soignée et espérée… Un mondenouveau est en train de naître.LD: “Lettres et Documents”- Sainte Jeanne-AntideThouret Besançon ed. 1965 et 1982

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RRÉÉFFÉÉRREENNCCEESS -- RRAACCIINNEESS

«Mon espoir, une fois de plus, c’est que les droitsfondamentaux de l’homme soient protégés par tousles peuples et partout. Les responsables politiques etreligieux ont le devoir d’assurer le libre exercice deces droits, dans le plein respect de chaque libertéindividuelle de conscience et de religion. Ladiscrimination et la violence dont aujourd’hui encoreles croyants font l’expérience à travers le monde, etles violentes et fréquentes persécutions dont ils sontl’objet représentent des actes inacceptables etinjustifiables et extrêmement graves et déplorableslorsqu’ils sont faits au nom de Dieu. Le nom de Dieune peut qu’être un nom de paix et de fraternité, dejustice et d’amour. Nous sommes conviés àdémontrer, par nos mots et par-dessus tout par nosactes que le message de nos religions estindéfectiblement un message d’harmonie et decompréhension mutuelle…»

«O mon Dieu, Souverain Seigneur du ciel et de laterre….mettez-vous entre moi et mes ennemis. Lesvoici qui viennent pour me chasser de l’Institut et dela famille que vous m’avez confiée…O mon Dieu, ayez pitié de moi, conduisez-moi etdirigez-moi par votre Esprit saint. Je pardonne à mesennemis le mal qu’ils me font, pour l’amour de vous;et je suis disposée à souffrir tout ce qu’il vous plaira,avec le secours de votre grâce, désirant que ce soitpour votre plus grande gloire et pour ma sanctification»

«… Le niveau global actuel des dépenses militairesdes États est préoccupant. Comme j’ai déjà eul’occasion de le souligner, le fait est que «lesimmenses ressources matérielles et humainesengagées pour les dépenses militaires et pour lesarmements sont en réalité soustraites aux projets dedéveloppement des peuples, spécialement à ceuxqui sont les plus pauvres et qui ont le plus besoind’aide. Cela va à l’encontre de ce que la Charte desNations-Unies elle-même affirme, quand elle engagela communauté internationale et les États en particulier,«à favoriser l’établissement et le maintien de la paix etde la sécurité internationale en ne détournant vers lesarmements que le minimum des ressources humaineset économiques du monde» (art. 26)

«La non-violence, c’est la révolution totale: celle quicommence par soi-même et non pas par les autres»

Messages pour la paix“Heureux les artisans de paix: ils seront appelés fils de Dieu” Jésus de Nazareth

Du Pape Benoît XVIlors du Forum islamo-chrétien, à Rome, le 6novembre 2008

De sainte Jeanne-AntideExtrait de la prière qu’elle écrivit, à un momentde grande difficulté, avant 1821

De Lanza del Vasto (1901-1981)

pour la célébration de la journée de la paix, le1er janvier 2009

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Entre l’Inde et lePakistan, les frontièressont fermées… ununique point depassage terrestre:Wagah, à unequarantaine dekilomètres de Lahore.Chaque soir, aumoment du changementdes gardes, les portess’ouvrent sous lesovations de la foule:indienne, d’un côté,pakistanaise, de l’autreet les soldats des deuxpays se saluent, en seserrant la main; chaquearmée procède à ladescente du drapeaupuis les portes sereferment… Jusques àquand?

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Élèves de l’écoleSainte Jeanne-Antided’Alexandrie avec lesenfants de la rue.

Le monde entier fête les 60 ans de la déclaration des Droitsde l’homme… et au pays des pharaons, le trafic d’organesprend de plus en plus d’envergure! De par sa culture,l’égyptien sait que son corps est sacré, c’est l’héritage despharaons. Comment se fait-il qu’aujourd’hui, l’Égypteoccupe le 4° rang au monde dans le trafic d’organes, aprèsla Chine, les Philippines et l’Inde? et pourquoi sommes-nous arrivés à ce point? violences? pauvreté? misère? ousimplement un commerce florissant qui épouse le contourdes inégalités entre pauvres et riches?Dans notre société, pleine de contrastes et d’inégalités, deviolence et de non-violence, je partage avec vous ces extraitsd’un article de Aliaa Al-Korachi: «Récit d’un désespéré»Ezzat, 16 ans, songe sérieusement à vendre un de ses reins,tout en étant conscient des risques qu’il court, beaucoup deses amis ayant perdu la vie à cause de ce genre d’opérations. Cheveux décoiffés, pieds nus, il est un enfant de la rue. Ilpasse sa journée à vendre des mouchoirs dans le métro, ousimplement il traîne d’une rue à l’autre pour le plaisir degêner les écoliers et les étudiants… Dans cette misère, il nefait pas exception. Il fait partie de ce million d’enfants etplus, qui n’ont que le ciel comme toit ou un pont, dans lemeilleur des cas. Ce sont les chiffres du dernier

recensement de l’Organisation mondiale de la santé.Drogues, sexualité, crimes et enfin un marché épanouissant,celui du trafic d’organes. Les enfants de la rue sont la proiela plus facile pour les courtiers des organes humains. Ezzatconfirme: C’est une affaire assez banale dans notre universde rue, et elle se pratique depuis longtemps dans ladiscrétion… Du sang, des reins, un lobe de foie, descornées, ici tout est possible et avec le moindre prix. Ilaffirme qu’une dizaine de ses amis ont subi de tellesopérations. Pour lui, les 50 000 L.E. qui lui ont étéproposées en contre partie d’un de ses reins est une sommequ’il ne doit pas laisser filer facilement. C’est une sommeélevée jamais proposée à quelqu’un comme lui.Contrairement à l’accoutumée, ce contrat lui a été proposédirectement par un médecin et non par l’intermédiaired’un courtier.Pourtant, Ezzat est bien sensibilisé. Il fréquente, de temps àautre, une association qui s’intéresse aux enfants de la rue.Des activités de peinture, d’informatique, des repas et mêmeun lieu pour prendre des bains ou pour se reposer, leur sontofferts. Mais cette réception est de courte durée, elle prendfin à 16h et les enfants se retrouvent à nouveau dans la rue. Il dit avoir reçu des cours de sensibilisation pour ne pasvendre ses organes. Le médecin indique aux enfants lesdangers de telle opération qui risque de leur faire perdre la vie.Un danger qu’il connaît bien. Il l’a même vu de ses yeux…Avoir un logement, c’est tout son rêve. Il assure qu’il neveut pas, comme beaucoup de ses compagnons, vendre sesorganes pour acheter de la drogue, qui est, pour ces enfantsde la rue, une chose vitale afin de supporter le froid, lafaim… Lui, il préfère un logement qui le protège de lacruauté de la vie de la rue.

Le rêve d’Ezzat!

en Afrique

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En Egypte

De la Déclaration universelledes droits de l’Homme

Et 60 ans après son adoption,en 1948, où en sommes-nous?

Temps de violence…Violence aux mille facettes…Violence aux dimensions du monde

CCHHEEMMIINNSS DDEE LLAA MMIISSSSIIOONN

Sr Pauline Massouh [email protected]

de

Nous, sœurs de la Charité, avec les élèves de nosécoles du Caire et d’Alexandrie, prenons en chargeles enfants de la rue dans les centres de Caritas.Nous collaborons avec eux.Nous sommes attentives aux besoins… Nous jouonsavec les enfants, les écoutons, nous nous intéressonsà ce qu’ils font : ordinateurs, dessins, peintures etc. …Les filles reviennent à l’école toujours heureuses dece don d’elle-même et de la joie donnée et reçue …. En plus, à Alexandrie, en tant que comité social denos écoles catholiques dont je suis responsable, nousavons organisé le 4 mai dernier, pour terminer nosactivités sociales de l’année scolaire, une journée dudon de soi: 120 de nos élèves ont encadré 200 jeunesmarginalisés dont 30 enfants de la rue pour les inviterà s’intégrer avec d’autres jeunes de leur âge…

• Article 1. Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et endroits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns enversles autres dans un esprit de fraternité.

• Article 4. Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude: l’esclavage et la traitedes esclaves sont interdits sous toutes leurs formes.

• Article 5. Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels,inhumains ou dégradants.

• Article 9. Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ou exilé. • Article 19. Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui

implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher,de recevoir et de répandre, sans considération des frontières, les informationset les idées par quelque moyen que ce soit.

Les articles de la Rubrique: «Chemins de la mission» sont des témoignages de lavie quotidienne… Ils parlent de violences, de conflits, de discriminations… de per-sonnes humiliées, blessées, abimées par la vie… ils mettent devant nos yeux desvisages connus et inconnus, proches ou lointains: Enfants de la rue… Paysansattaqués, battus, dépouillés de leurs maigres ressources … Personnes exclues dela vie sociale…Minorités chrétiennes devenues la cible des terroristes…

Dans le même temps, ces témoignages nous disent: Le courage des chrétienspersécutés… La solidarité… La dignité des pauvres… Les valeurs des cultu-res… L’urgence d’être constructeurs de paix, frères et sœurs de paix.

«… nous essayonsde faire des pasdans le sensde l’évangile etde la pédagogiede sainteJeanne-Antide.Le charismeéducatif de cettegrande femme,dans la mesureoù nous lecomprenons,nous aidebeaucoup.»

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en Asieen Afrique

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CCHHEEMMIINNSS DDEE LLAA MMIISSSSIIOONNCCHHEEMMIINNSS DDEE LLAA MMIISSSSIIOONN

L’Inde avec plus d’1milliardd’habitants est le deuxième pays leplus peuplé du monde: 80 % de la population est hindoue, 15% musulmane, 3% chrétienne avectrois rites catholiques, 2 ritesorthodoxes et des protestants.Aujourd’hui, dans certains états:l’Eglise est persécutée; des hindousfondamentalistes attaquent leschrétiens et leurs institutions: églisesdétruites, prêtres, chrétiens tués ouobligés de fuir. Dans ces états, le partipolitique, favorable aux hindous, apromulgué une loi qui interdit lesconversions, reprochant auxmissionnaires de convertir deshindouistes. De plus, certainescouches de la société indienne,surtout dans le nord du pays, neveulent pas que les pauvres soientinstruits, mission dans laquelle lesChrétiens sont bien engagés. En effet,en Inde existe encore le système descastes. Or, les Dalits ou Intouchablessont des hors castes, une communautéopprimée et exploitée; mais quand ilsdeviennent chrétiens, ils retrouventdignité et considération dans lacommunauté et cela n’est pas acceptépar les hindous fondamentalistes… En Inde, nous sommes 21soeurs: 1italienne, 2 libanaises et 19 indiennesen 2 communautés: à Nadaikavu,dans le Tamil Nadu, diocèse Syro-Malankar de Marthandam et nousdesservons 3 paroisses voisines. Le 6janvier 2009, a été bénie la nouvelle

La violence fait partie des fléaux qui gangrènent notresociété. Les milieux où la violence s’expérimente auquotidien et de façon intense sont entre autres le milieuscolaire, les milieux ruraux exposés à l’insécurité totale,mais aussi les milieux urbains. En milieu scolaire parexemple, pour des raisons vaines, on se livre aux bagarresqui se soldent mêmes par des pertes humaines; pour desintérêts égoïstes, on fait violence, en milieu rural, auxpauvres citoyens de sorte que la plupart vitperpétuellement dans la peur et l’insécurité. Sur les routesmenant aux marchés hebdomadaires des villagesenvironnants, des groupes de gangsters communémentappelés “Zaraguina” en Arabe local s’organisent pourarracher aux pauvres paysans les maigres revenus quiservaient à assurer leur survie. Non seulement ils lesdépossèdent de leurs maigres ressources mais ils leuradministrent parfois des châtiments corporels indésirables. Cependant, il y a de bons esprits qui, convaincus de ce quela violence est un mal à combattre s’évertuent à chercher età instaurer la quiétude. A la violence ils opposent etprêchent la non-violence. Lorsqu’en 1979 les hostilitésavaient éclaté au Tchad. Les Sudistes exterminaientsystématiquement les fonctionnaires et commerçantsnordistes qui étaient au Sud. Les Nordistes ont contrecarrél’action du côté ennemi en tuant aussi les fonctionnairessudistes en poste au Nord. La haine s’est désormais infiltréeau sein d’un peuple qui vivait autrefois dans une harmonieenviable. Les répercussions de cette haine continuent parpeser sur le peuple tchadien jusqu’aujourd’hui. Lorsqu’en mémoire je m’efforce de restituer ce que j’avaisexpérimenté en ce temps où j’avais à peine cinq ans, jeredécouvre dans la relecture de tous ces événementsaffreux un témoignage de foi chrétienne que je me permetsde partager avec vous. Le frappant souvenir que j’ai toujours gardé en mémoireest celui de Yassouk. C’est un pacifique commerçantmusulman nordiste qui s’était implanté dans mon villageBam jusqu’aujourd’hui centre de la Paroisse. Comme ceMusulman distribuait presque chaque matin les bonbons

aux enfants de mon âge, il avait conquis toute notreestime. Au moment où les hostilités avaient éclaté, ilfallait qu’il déguerpît du village pour échapper auxmenaces de mort. Aux dires des uns et des autres, surtoutceux qui ont perdu leurs frères et sœurs au Nord ou qui nesavaient plus la destination de leurs frères et sœurs danscette débandade, il fallait mettre à mort les deux ou troiscommerçants musulmans qui s’étaient implantés depuisquelques années dans le village et dont la cohabitationn’avait guère posé problème. Quelques chrétiens se sontopposés à ce sale dessein qui se trouve aux antipodes de lavolonté divine. Ces chrétiens sont venus nuitammentavertir Yassouk pour qu’il prenne la fuite sous peine deperdre sa vie. Cela fut fait et une vie humaine futépargnée. Beaucoup d’autres témoignages ont étérecueillis dans ce contexte de violence qui sont preuved’une vie de foi indéniable en Dieu, source d’Amour.A vrai dire, dans d’autres centres importants où un bonnombre des commerçants musulmans s’étaient implantés,des massacres s’étaient organisés par séries. Dans monactuel lieu d’apostolat d’où je donne ce témoignage, il y aun endroit dénommé le lieu dit du “crâne” en comparaisonavec l’endroit où Jésus a été crucifié. C’était l’endroit oùdes centaines de musulmans ont été tués par les Sudistespendant les temps durs qu’avait connus notre pays. J’avaisété frappé par les propos de quelques témoins oculairesdont quelques-uns nous sont collaborateurs dans lesactivités pastorales. Au milieu de tous ces événements,nous rencontrons des hommes et des femmes qui révèlentle visage d’amour de Dieu comme fut le cas des chrétiensqui ont sauvé le commerçant Yassouk de la mort.

En IndeAu service de la vie et de l’unité

Sr Maria Rita Bossetti et Sr Feriale [email protected]

[email protected]

de

Au TchadUn Témoignage

Abbé Gédéon Ndoubambayde

maison du Noviciat. Une deuxièmecommunauté, depuis Juillet 2008, està Kulathoor, dans le Kerala etl’Archidiocèse de Trivandrum. Pour être au service de la vie et del’unité, nous sommes engagées dans: • Le travail pastoral, les visites et lessoins des malades. • Le soutien scolaire: pour les enfantspauvres des différentes paroisses. • Les centres de formation: pourpromouvoir l’éducation des jeunes, etaider des mamans à trouver du travail.• La prise en charge, à la demande del’évêque, du Mouvement d’ActionCatholique “Children for Unity andIntegral Progress” (mouvement pourl’unité) pour former des groupeschrétiens à devenir témoins de laParole Incarnée “afin que tous soientun” (Jn17, 21).La formation se base sur la Parole deDieu, choisie pour chaque mois dansles deux langues: le tamil et le

malayalam. Avec 75 animateurs, cesgroupes existent dans 37 paroisses.750 enfants et adultes en bénéficient:- enfants des classes primaires etmoyennes - adolescents - missionnaires (au-delà de 17 ans)- parents et animateurs.La “Unity House” (la maison pourl’Unité), à Nadaikavu est le centre deformation des “Children for Unity”:une fois par mois, les moniteurs serencontrent pour prier et partager.Cette maison accueille aussi descamps de formation, des journées derecollection pour les parents. Elle accueille en permanence 20 fillesétudiantes qui désirent faire uneexpérience de vie fraternelle, de un àtrois ans, pour approfondir la Parolede Dieu, toutes castes confondues.

[email protected]

A gauche:Enfants: dans unvillage, au sud duTchad.

En bas:Groupe de nomadessur les pistes au sud duTchad.

Juillet 2008Bénédiction de lamaison de Kolathoorpar Mgr BaseliosCleemis, Archevêquede Trivandrum.

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ce contexte, tout s’accomplit au prixde sacrifices. Effectuées souvent avecl’intention de remplir le devoir deservir le village où l’autorité estconçue vraiment comme un service etplus encore, pour l’honneur de servir,les longues marches, kilomètres aprèskilomètres, sur des sentiers de pierreset d’épines, blessent les pieds et lecœur aussi quand tout s’efface devantl’indifférence ou le mépris desautorités politiques, sanitaires oujudiciaires. L’exclusion des gens de laterre est vraiment forte et remonte auxorigines de l’oppression de laColonisation. Elle a obligé lespopulations à vivre dans les lieux les plusinhospitaliers pour se sauver. Et depuis cetemps, les indigènes ont été laissés enmarge de tous les progrès advenus pourles blancs ou les métis seulement.Mais dans son silence, le peupleindigène n’a pas renoncé à sa dignité.Après des siècles, il est parvenu à faireentendre sa voix. Au prix de grandessouffrances, il est arrivé au plus hautniveau de l’Etat avec le Président de laRépublique, Evo Morales. Mais la vie des personnes avec qui j’aivécu se noue parfois à côté de toutecette politique, s’égrène dans lamonotonie des jours qui passent,scandée par le rythme des semailles, larécolte des fruits de la terre cultivésavec tant d’efforts, par la joie de voirnaître les chevreaux, de marcher tousles jours pendant des kilomètresderrière les chèvres et de défier lasolitude, le temps, les dangers. Cesgens ont au cœur une très grandereligiosité qui les unit à la nature, quileur fait voir Dieu en tout ce qui leurarrive, qui gardent jalousement rites etcroyances. Chez beaucoup le désir des’améliorer, de s’instruire fait qu’ils nemesurent pas les sacrifices pour venirau Centre dans l’intention de récupérerle temps perdu à cause de la pauvretéet de rêver d’un lendemain meilleur.

en Amériqueen Asie

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Ce mot rappelle à mon cœur l’étonnanteexpérience que le Seigneur m’a permisde faire pendant près de neuf années. Mais de quelle Bolivie allons-nousparler?Il existe une Bolivie de la plaine, avecses plantations, ses cultures de soja,intensives et rentables, avec sesélevages de bestiaux et les industriesde transformation des produits, quiaccroissent les exportations et donnentaux habitants (non pas à tous, mais àun petit nombre) la richesse, celle qui,la plupart du temps, n’est pas auservice de la solidarité. Cette Bolivie-là est peuplée d’immigrants européensqui ont fait de cette région leur gloire.Ils possèdent d’immenses propriétésfoncières, allant jusqu’à une centainede milliers d’hectares pour une seulefamille. Dans cette zone, vivent aussiles propriétaires ancestraux de cetteterre et les indigènes comme leschiquitani… les guarayos et d’autresethnies encore, mais qui pour laplupart ont été contraintes de vivredans la forêt sur des lopins de terre deplus en plus petits, asservis commemanœuvres dans les exploitationsagricoles des européens. A ceux-civiennent s’ajouter encore les fermiersqui volent à la forêt de minusculesmorceaux de terre au prix d’un travailaccablant, afin de cultiver ce qui leurest nécessaire pour vivre. La majeurepartie de ces fermiers viennent deshauts-plateaux, là où il n’y a pas deterre cultivable.Il y a ensuite la Bolivie de la forêt

“Au Pakistan, le problème est celui de la survie. Il s’agitde vie ou de mort … il n’est plus possible de se tromper”.Ces paroles d’un journal local, parues en novembre 2008,traduisent ce que pense l’opinion publique, aujourd’hui,dans le Pays. Le Pakistan a souvent été appelé: “nid du terrorisme” parle monde occidental. Même si de telles affirmations trèsrépandues ne peuvent se justifier tout-à-fait, on ne peutnier les nombreux actes de violence qui se produisentrégulièrement. Sa longue frontière montagneuse avecl’Afghanistan est idéale pour faire naître et alimenter laviolence incontrôlée. Le terrorisme et le fondamentalismeforment désormais une véritable famille dans le monde,comme au Pakistan. Le manque de tolérance est devenu lanorme pour qui est considéré comme antimusulman etpour ce que promeut l’Occident, par ex: des CD quin’exprimaient pas de sentiments islamistes ont été brûlésen public. Ces scènes familières de violence etd’intolérance risquent, malheureusement, de ne pas retenirnotre attention sur leur signification cachée.Les auteurs d’attentats et les tueurs irrationnels ne sont pasles seuls terroristes présents dans le pays ces dernièresannées. D’autres formes de terreur existent, silencieuses etpassives, souvent ignorées parce qu’elles n’ont pas desuccès et n’ont pas de répercussions universelles. Il y aune violence directe surtout envers les membres de lasociété les plus vulnérables: femmes, enfants et minoritésparmi lesquelles la communauté chrétienne est l’objectif leplus évident. Elle est désignée comme cible plus que lesautres minorités religieuses, car, entre tous les ennemis duPakistan, celui qu’on craint le plus, c’est le mondeoccidental “chrétien” Même si la communauté chrétienne a toujours été considéréecomme une communauté de seconde classe et si les chrétiensont été privés des droits dont jouissent légitimement lamajeure partie des musulmans, depuis le “11 septembre”, leschrétiens sont devenus un objectif plus vulnérable même sila majorité des musulmans les considèrent comme des genssilencieux, honnêtes et pacifiques.

Ce qui touche le plus, c’est le fait qu’ils sont courageux etn’ont pas peur de déclarer leur foi, malgré lesdiscriminations. Ils sont vraiment admirables, si onconsidère que leur foi semble leur fermer de nombreusesportes pour leur promotion et leurs carrières! Cela neconstitue pas un obstacle à l’expression extérieure de leurfoi, et ils continuent fidèlement à participer à toutes lesactivités organisées par l’Eglise. Nous aussi, nous nevoulons pas nous laisser intimider par cet “ennemiinconnu”, ne sachant ni quand, ni où, ni comment ilfrappera. Notre présence continuelle aux côtés des gens, àla vie de l’Eglise et aux divers services – qui n’ont pasdiminué – semble leur donner foi et courage. Et nous, ànotre tour, nous sommes encouragées par leur fidélité etleur espérance sans bornes dans un pays qui parle de tout,sauf de l’espérance. Leur foi en Dieu est édifiante!L’expression de leur foi n’est peut-être pas toujourscorrecte théologiquement, mais une chose est sûre dansleur esprit: ils appartiennent à Dieu et ils ne trahirontjamais la foi mise en lui. Le défi du terrorisme et du fondamentalisme sont bienprésents à la conscience et dans l’esprit des évêques et desreligieux. A la fin de l’année dernière, par exemple, lesévêques et les supérieurs majeurs réunis dans uneconférence unitaire en ont fait le thème-guide, sedemandant comment l’Eglise peut faire face à ces deuxmaux, qui se sont infiltrés de manière subtile dans toutesles sphères de la vie sociale.Dans cette société, la communauté chrétienne peut être uncatalyseur silencieux mais puissant si elle s’enracine encoredavantage dans les valeurs évangéliques. Nous aussi, parnotre témoignage et notre présence, nous pouvons donnernotre contribution pour que s’affirment toujours plus lesvaleurs les plus hautes de la paix et de la tolérance.

En BolivieAprès neuf années vécues en Bolivie

Sr M. Laura Debernardi, sdcdeSr Natalie Abela [email protected]

de

Au PakistanIl n’est plus possible de se tromper

amazonienne avec ses richessesnaturelles exploitées pour la plupartpar le tourisme. Il enrichit un petitnombre de personnes et laisse dans lapauvreté absolue des ethnies entièresd’indigènes tandis que le progrèsdevient l’apanage des minoritéssouvent au détriment de l’intégrité dela nature luxuriante qui constituel’habitat naturel et la nourriture despopulations autochtones.Mais la Bolivie que je porte dans moncœur, c’est la Bolivie du silenceabsolu, des épines qui fleurissent letemps d’une journée, c’est-à-dire descactus aux mille formes, des pierresqui forment le tissu de la vie et dupaysage des Andes dans la zone dePotosi. Une Bolivie qu’on ne peutcomparer à rien et avec nulle part, unmonde à part, avec ses richessesparticulières et ses douleurs profondes. C’est pourquoi, la montagne avec sataille imposante, son aridité, sesdangers, ses solitudes où circulent desvents très violents, la dureté du travailagricole qui permet de cultiverpéniblement le nécessaire pour vivresur les minuscules lopins de terre,forgent la personnalité des habitantsde cette zone, faite de force et deténacité, de capacité à résister auxsituations les plus adverses: réserve etténacité qui les aident à garder dans lavie une endurance que je n’ai vuenulle part atteindre cette mesure. Dans

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en Europeen Amérique

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La situation actuelle de la Bolivie, ce pays de 10 millionsd’habitants, le plus pauvre d’Amérique du Sud, ne peutpas être définie comme un “temps de paix”. Depuis deuxans et demi, le pays est gouverné pour la première fois parun indigène, un indien, Evo Morales, syndicaliste etfondateur d’un parti bien présent dans plusieurs régions dupays où la grande majorité sont des indigènes “quechuas,aymaras, guaranis”, qui vivent du travail des champs oudans les mines.Dès son arrivée au pouvoir, le président proposait doncun “changement” à orientation “socialiste”, avec lesoutien du parti MAS, qui a vaincu les élections en 2006avec 54% des voix. Le 1er mai 2006, Evo Morales annonçait par décret lanationalisation des hydrocarbures (surtout le gaz car laBolivie n’a pas beaucoup de pétrole) et la renégociation detous les contrats des entreprises étrangères dans un délaide 180 jours. L’objectif était que 82% des revenus deshydrocarbures soient réservés à l’État. La compagnienationale (YPFB) devint ainsi la seule instance autorisée àcommercialiser les hydrocarbures. Cette initiative affectaitau premier chef la société brésilienne Petrobras.Les réformes économiques et constitutionnelles mises enœuvre par la majorité présidentielle ont rencontré de vivesrésistances au sein des élites économiques de l’est du paysqui concentrent les principales richesses.Un référendum portant sur un statut d’autonomierégionale, et déclaré illégal par le pouvoir central, s’esttenu en mai 2008 dans la province de Santa Cruz. Enréponse à ce qui pouvait apparaître comme une remise encause de sa légitimité électorale, le président Morales adécidé de remettre son mandat en jeu lors d’un référendumqui s’est tenu le 10 août 2008. Morales gagna ceréférendum avec 67% des voix.Avec ces chiffres on pouvait être tranquille. Mais il n’estpas ainsi, parce que l’opposition est forte, 35%, et englobela partie la plus riche du pays.La parole à la mode est le DIALOGUE, mais avec peu dedisposition pour dialoguer. Les moyens de communication,TV, radio, journaux, ne permettent pas un rapprochement

entre les différentes tendances, au contraire, ils secontredisent les uns les autres. Les deux tendances s’éloignent toujours davantage.Récemment, ont eu lieu des évènements douloureux dansune région, une Préfecture au Nord: le “Pando”. Desaffrontements entre les forces opposées ont causé la mortde 30 indigènes. Plusieurs ont laissé leur maison et ontpassé la frontière du Brésil. Le couvre-feu imposé par legouvernement a permis la recherche des personnes qui ontété séquestrées et exilées. Pourtant, même dans ce climat de tension, les occasionspour marquer les anniversaires…les fêtes patronales…nemanquent pas, surtout dans les régions des indigènes etcelles qui sont loin des villes. Ce sont des moments où onrespire la tranquillité…des temps de partage avec lesdanses et musique… Et le printemps pousse l’agriculteur àpenser à son terrain et à l’ensemencer pour qu’il procurece qui est nécessaire pour sa vie…

En BolivieUn dialogue difficile

L’Association de l’œuvre du fourneauéconomique a fêté ses 100 ans en2007. Ces nombreuses années ont étémarquées par le dévouement et l’espritdes sœurs de Notre- Dame de Digne.A présent, nous poursuivons cetteœuvre avec Sœur Olga, 2 religieux etune vingtaine de bénévoles.Le but est toujours actuel: «Fournir, sans aucune discrimination,gratuitement ou moyennant uneparticipation très modique, des repas auxpersonnes sans ressources ou nedisposant que de ressources très faibles». L’objectif est clair, la tâche est immensemais les locaux n’étaient plus adaptés àl’activité.En partenariat avec les conférences de StVincent de Paul, nous avons aménagé denouveaux locaux. Le 1er septembre2008, nous avons servi le 1er repas. Lespersonnes accueillies ont été surprises,honorées au point de dire: c’est tropbeau pour nous! Et le 30 septembre,Monseigneur Sankalé, évêque de Nice,est venu pour la bénédiction. Ce fut un

jour de fête pour tous. A cetteoccasion, Marie Laure qui participeau groupe de réflexion a offert àMonseigneur, «le carnet du synode»,travail réalisé par les personnesaccueillies.

Que vivons-nous chaque jour? Nous servons des repas à unecentaine de personnes démunies ouen précarité.Ils sont confectionnés par une équipede bénévoles de bonne volonté. Dansles nouveaux locaux, avec selfservice, chacun peut s’exprimer surla quantité ou le choix du dessert.Pour garder une bonne relation«entre le serveur et le servi» il fautbeaucoup de tact, de gentillesse, demaîtrise de soi et d’objectivité. Peude chose peut faire dégénérer unesituation en drame… Il faut garderson calme, le silence est le meilleurremède, mais les paroles fusent,parfois blessantes et violentes. A cemoment là, il y a toujours unepersonne qui fait un geste amical etcalme la situation.Nous recevons une population trèsfragilisée, instable, détruite par la viedans la rue, blessée dans sa dignité;les personnes ne se sentent plus despersonnes; elles nous disent souvent:«je n’ai plus de valeur, je suisinutile, pour la société et même pourma famille»La personne errante devient de plusen plus dépressive, agressive etviolente. Face à ces situations, lapeur risque d’engendrer un

Sr Rachel Mettraux, sdcde

En France A Nice«Ami, si tu as froid, viens chez nous te réchauffer»

Sr Pierangela Canavesi, [email protected]

de

comportement inhumain. Nous encourageons les personnes àfaire des démarches pour régulariserleur situation. Elles se déplacentbeaucoup: pour trouver un lieu pourdormir et pour manger, se laver, sevêtir. Nous accueillons de plus enplus des malades relevant de lapsychiatrie, traités de fous par lesautres. Nous leur proposons 3 après-midis par semaine un accueilconvivial où chacun se sent reconnu,estimé. Pendant une année, une damequi était venue régulièrement sansjamais rien faire s’est mise tout-à-coup à dessiner et de ce fait est entréeen relation avec les autres.

Notre service? Accueillir les personnes… Créer unespace de sécurité… Nous avons lagrande chance d’avoir deux religieuxprêtres qui viennent à tour de rôletrois fois par semaine. Avec lesbénévoles et les personnes accueillies,ils créent une ambiance que l’on peutappeler «spirituelle», au niveau del’écoute, du dialogue, du respect dechacun. Un lieu de paix, de fraternitéqui fait dire aux personnes «ici on estcomme dans une église».J’ai appris dans ce travail la patience,le parler vrai, le respect de l’inaction,l’écoute… Le soir en rentrant, je peuxoffrir au Seigneur toute cettesouffrance, demander pardon pourcette société de consommation etd’argent qui crée un mondesuperficiel, égoïste, sans place pourles personnes démunies.

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Une route nationale assez fréquentée, dans le voisinage, unport très actif et un aéroport International, une granderoute qui relie deux grandes villes industrielles, desespaces sans habitation, occupés par des centrescommerciaux et de petites agences: les conditions idéalespour l’enracinement du phénomène des tractations pour laprostitution. Avec l’aide et l’engagement des Communes,Régions, Assl, Caritas, paroisses, coopératives quis’occupent des immigrés, une Association de volontariats’est engagée pour libérer les filles devenues esclaves. LaCaritas diocésaine a décidé de collaborer avec des projetsd’accueil et de conscientisation ainsi qu’une communautéde Sœurs de la Charité à l’écoute des cris de douleurs, depeur, de mépris, de révolte des filles nigérianes, moldaves,russes, ukrainiennes, brésiliennes, souvent mineures,forcées à subir la violence à quelques pas de lacommunauté: ainsi est née la Maison Jasmine. L’Equipe de la route de l’Association approche les filles etcherche à gagner leur confiance. Peut alors commencer undialogue avec proposition d’un parcours pour en sortir;l’une d’elles, finalement, trouve le courage de se présenteraux bureaux de l’Association pour des entretiensd’orientation et des consultations. Quand la fuite estdécidée, la Maison Jasmine est le premier refuge; la jeunepeut jouir d’une ambiance protégée et sereine. “Chaquefois - racontent les Sœurs de la Charité - nous accueillonsparmi nous le mystère d’un être humain qui ne veut passuccomber à la violence, qui cherche sa propre libérationmême par des moyens les plus désespérés, qui implore lerespect pour sa personne, des occasions pour l’avenir etmême aussi pour les enfants laissés en terred’origine…Quelquefois, en pleurant, elles parlent des“seigneurs du travail” qui, dans leur pays, profitent de

ceux qui sont en difficulté, de ceux qui ont faim et sontdésespérés, à qui ils promettent un travail à l’extérieur enéchange de grosses sommes d’argent et dont ellescraignent, terrorisées, la vengeance sur leurs parents etleurs familles, maintenant qu’elles ont la possibilité de“sortir de l’engrainage”. Nous n’entendons pas toujoursle récit des violences odieuses qu’elles ont subies, lesouvenir seulement peut être source d’angoisseinsoutenable. Elles racontent rarement l’expérience demépris total subi dans les rencontres avec les clients. Tousles jours, le matin et le soir, nous entendons leur grandeprière chantée à Dieu, leur libérateur. La fuite advientsouvent à l’improviste pour ne pas la faire suspecter à leurexploiteur si bien qu’elles arrivent chez nous sans leurseffets personnels … Malgré cela, elles ne se privent jamaisde leur Bible. Les filles nigérianes sont protestantes deconfessions variées et la Bible, dont les pages sontconsumées par la prière et les larmes, reste leur trésor.Elles ne la quittent jamais. Chaque accueil est pour nous toutes, une expérience delibération: pour nous sœurs, une libération de nospréjudices, de notre présomption, de notre moralisme.Pour Benedetta, Gloria, Augustine, Joy, Viviane, Pauline…une libération du sens de l’impuissance, du fatalisme, dujoug de la soumission auxquels les “seigneurs du travail”les avaient obligées, du souvenir obsessif de l’enfer deviolence dont elles étaient prisonnières. Après cinq ou sixsemaines Evelyn, Mary, Beth, Tracy… avec la volonté decommencer une vie nouvelle, laissent la Maison Jasminepour entrer dans le parcours de protection prévu par lalégislation italienne. Elles seront prises en charge: avec unpermis de séjour pour des raisons humanitaires, unemaison d’accueil qui leur donne une plus grandeautonomie et un réseau de relations qui favorisent leurintégration et leur offrent la possibilité de travailler. Ainsila semence d’espérance semée sur les collines, pourraprendre racine et fleurir.

En ItalieUne semence d’espérancesur les collines

en Europeen Europe

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P. A. volontaire à la Maison Jasminede

«A Palerme, dans le quartier Zen, la police a découvert unbunker souterrain à l’intérieur duquel avait été réalisé unchamp de tir: dans le local ont été trouvées des munitionset diverses doses de cocaïne prêtes pour la vente.»Quand on vit à Palerme, au bout d’un certain temps, ledanger est de s’habituer à ces nouvelles de violence quiépouvanteraient dans d’autres contextes; et il ne s’agit passeulement du quartier Zen, mais de presque tous lesquartiers périphériques de cette cité magnifique etdifficile: Capo, Albergheria, Borgo vecchio, Brancaccio(où est située notre communauté) etc.S’enraciner à Palerme, c’est prendre conscience descontradictions et des souffrances des personnes qui viventet grandissent dans cette ville où la violence, du gesteapparemment le plus insignifiant, jusqu’à l’organisationétudiée et contrôlée de l’illégalité, cherche à dominer toutetentative de changement.Vous arrivez à l’aéroport “Falcone et Borsellino”: vousêtes accueillie par une mer splendide. Vous parcourez 30km, et arrivez dans la ville dont l’enchantement est bienvite rompu dès qu’on s’aventure dans les très nombreusesruelles, à forte densité de population où pauvreté,dégradations et violence règnent en maître.Prendre conscience de ces réalités fait croître en nousl’urgence d’être sœurs de paix parmi nos frères, même si nousnous sentons bien timides face à l’ampleur de cet engagement.Il faut tout faire pour essayer d’améliorer la vie de ceux quise trouvent dans des situations de marginalité culturelle,sociale et économique et sont donc particulièrementconditionnés par les choix séducteurs et illusoires de laviolence dans leur apparente facilité. Il faut surtoutexpérimenter et faire grandir la solidarité, créer des relationsd’amitié et de confiance par de petits gestes de connaissanceet d’accueil: c’est la non-violence au quotidien. Il est impossible de demander l’aide de l’Administrationpublique; elle-même nous fait appel parce qu’elle n’a niinstruments ni ressources économiques. Il nous fautinvestir dans les milieux populaires du quartier là où lecentre religieux et social est encore la paroisse, lieu de

Sr A. Gabriella Bandini et Communauté[email protected]

de

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référence et de propositions. Ce cheminement se fait entissant des liens, au quotidien, avec patience,silencieusement; en brisant la méfiance initiale, ces liensconstruisent la communauté. Sous les maisons, sur lestrottoirs, dans les ruelles, nous rencontrons des gens detous âges: enfants dans les rues l’après-midi, femmes etpersonnes âgées qui passent leur journée à attendre dansles maisons ou sur les balcons: l’illusion de ne pas êtreseul laisse croire que la vie est plus supportable ensemble. La communauté a pris du temps pour s’interroger sur lasignification profonde de sa présence. Au départ, ce n’étaitpas facile puis, au fur et à mesure qu’ont grandi l’amitiéavec les gens et la connaissance de leur histoire, le regards’est élargi pour considérer les problèmes et leurs causes etdépasser ce qui nous avait désorientées et déconcertées.Nous découvrons qu’il ne s’agit pas tant de choses à donnerque d’aide à apporter par de petits gestes de paix, la fidélitéde la présence, aux jeunes en particulier, pour qu’ils aientconfiance en eux, qu’ils découvrent leurs dons, s’ouvrent àleur avenir. Ce n’est pas la réussite qui compte, mais letemps passé ensemble, en apprenant à comprendre leurspeines, à nous mettre au diapason de leurs joies et de leurstristesses et à avancer dans l’espérance.Cette manière d’agir ne repose pas sur le pouvoir, maiselle implique de se reconnaître pauvre parmi d’autrespauvres. Un engagement de ce type demande disponibilitéet soutien réciproque. «Il s’agit - affirme le penseur bien connu Z.Bauman,confirmant nos simples intuitions de sœurs de la charité -de comprendre l’histoire dans laquelle nous sommesimmergées pour en limiter les risques énormes et endévelopper les potentialités, au nom d’une responsabilitéenvers l’humanité à laquelle on ne peut se soustraire.»Une tempête déferle sur notre terre… mais ne voit-on pasaussi tous ces petits arcs-en-ciel de paix!

Jasmine est le nom d’une jeune nigériane, forcée à laprostitution et trouvée morte sur la voie de chemin-de-fer en 2001, au pied “des collines”. Le cas a suscité unevague d’indignation que la Caritas diocésaine a sutransformer en un projet d’accueil pour les jeunes.

Une communauté à Palerme, en SicileEn Italie

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Tôt le matin, dès que j’entre au Centre Jeanne-Antide, jeme sens tout de suite en paix avec moi-même et avec lemonde. Un jardin avec un vieil oranger, de nombreusesplantes, quatre bancs en bois et un puits, me séparent de lachapelle. Le jardin ressemble à une petite placeaccueillante d’un village. Je la traverse et je rejoins lessœurs qui prient avec toute la communauté. Nous, laïcs qui travaillons avec la Fondation Ste. JeanneAntide, nous apprécions l’engagement de travaillerensemble avec les sœurs pour développer et gérer desservices socio-pastoraux et d’éducation. Tous, noussommes des étincelles divines et nous pouvons mettreensemble nos énergies spirituelles, nos compétences et nosaptitudes pour servir les autres en Christ. Le Centre Antide est l’un des services gérés ainsi. Al’entrée, Sr. Rose Rizzo, une Assistante Sociale experte, SrAgnese Farrugia, une infirmière puéricultrice, et MiriamGrech, notre Administratrice sont toujours là. Un certainnombre de volontaires s’occupent aussi de l’accueil desvisiteurs et des clients qui entrent pour une tasse de thé,une écoute, pour prendre un rendez-vous ou voir si nousavons un travail à leur donner. Comme nous sommes auservice des paroisses voisines, nous sommes souvent partissur les routes, pour visiter les familles dans les quartiers àconcentration importante de problèmes sociaux. Lesprêtres et les volontaires dans la pastorale sont nosprincipaux partenaires. Dans la Fondation, Soeurs et laïcs travaillent ensemble demultiples manières. Les laïcs sont des personnesrémunérées ou bénévoles. Le financement des salairesvient des projets financés par le gouvernement ou des donsdes sociétés publiques ou privées. La Province de Maltes’investit dans cette initiative qui avance lentement, maisqui porte déjà des fruits. Dans le Service social, par exemple, Sr Rose, travailleavec deux groupes de volontaires qui collaborent avec elle.Un groupe offre le soutien scolaire aux enfants qui nepeuvent l’avoir chez eux. Ce groupe est guidé par levolontaire Jessie Spiteri, un enseignant retraité qui fait

partie des Amis de Jeanne Antide depuis longtemps. L’ex-directrice Sr Antoniette Attard, en retraite depuis bien desannées a été le Tuteur de ce groupe de volontaires durantles 21 mois derniers. Le second groupe est le Groupe del’Amitié conduit par la volontaire Caroline Cortis; legroupe assiste des personnes qui ont besoin d’amitié parcequ’elles sont seules ou malades et il visite les femmes enprison. Ce groupe est guidé par Sr M. Adele Baldacchinoqui a travaillé dans les prisons pendant 18 ans, dont les 5dernières années comme volontaire. Ce qui nous stimule, nous laïcs, c’est le fait que les Soeursde la Charité à Malte continuent d’être actives, quelquesoit leur âge. Quand l’Archevêque de Malte, Monseigneur PaulCremona OP a béni le Centre Antide, dans son discours del’ouverture officielle, il a remercié les Soeurs de la Charitécette initiative de bonté envers les autres, malgré lemanque de vocation pour la vie consacrée. L’Archevêquedisait à l’assemblée de 150 personnes, Soeurs, volontaireset hôtes: “… il est vraiment difficile de porter le nom de lacharité; c’est un idéal très haut. La Charité c’est Dieu.C’est l’amour purifié. C’est s’oublier soi-même. Ce n’estpas facile. Cela me fait plaisir de savoir que cetteinitiative est guidée par vous, Sœurs de la Charité. Pourmoi, cela signifie que vous n’êtes pas consacrées dansune vie religieuse anonyme, à qui manquerait le sceau dela charité.”

Nous pouvons nous souvenir de Soeur ENRICHETTAALFIERI, la “Maman de Saint-Victor” pour laquelle, le 22novembre 2008, à Milan, le Préfet de la Cause des Saints,l’Archevêque A.Amato a fait un splendide éloge, àl’occasion de la célébration eucharistique marquant le 57°anniversaire de la mort de la servante de Dieu.Soeur Enrichetta a servi 28 ans dans l’enfer de la prison deSaint-Victor à Milan et partagé la vie très dure de ceux qui,privés de liberté et de dignité humaine, deviennent souventviolents envers eux-mêmes et envers les autres.Elle est passée par des périodes de l’histoire dominées parla violence, la guerre, la domination fasciste des nazis, lestortures, les révoltes des détenus, mais elle a résisté enpermanence et avec courage, dans une attitude non-violente.Soeur Enrichetta est un exemple actuel et susceptible d’êtreproposé, parce qu’elle s’était donné un projet personnel,simple, fondé sur trois verbes: prier, souffrir, travailler.Soeur Enrichetta est une femme libre, capable de sacrifier saliberté pour défendre celle des personnes qui lui ont étéconfiées. Son humanité, sa féminité, toutes deux fécondéespar son amour pour Jésus-Christ, lui permettent de voir avecle cœur et lui donnent le courage et la force d’être créative,avec la fantaisie de la charité, personnelle et communautaire,en fidélité et en obéissance à Dieu et à l’humanité.Sa paix intérieure et extérieure est enracinée dans lesentiment d’être aimée de Dieu Père, qui aime tous leshommes. Ce qui la caractérise, c’est un regard attentif, unsourire doux et serein, une humanité profonde etaccueillante, une charité intelligente, ferme et audacieuse.Elle est capable de gestes concrets et de parolesauthentiques, capable de tisser une trame de relations depaix, destinées à favoriser la rédemption et le salut desdétenus et de tous ceux qu’elle rencontrait. Soeur Enrichetta est une femme qui fascine par son visagesouriant; elle est un modèle de sœur de la Charité dont lestyle délicieusement féminin la fait apparaître comme unange de paix. Elle vit toujours dans la paix tout enaccueillant les défis de son histoire personnelle faite demaladies, de souffrances et d’incompréhensions. Est-ce

pour cela aussi, peut-être, qu’elle affrontetoutes les provocations et y répond d’unemanière pacifique et non-violente.Dans l’exil de Grumello del Monte, suiteà son arrestation, Soeur Enrichettaécrivait: “Comme tu es bon, SeigneurJésus! Je m’humilie devant Toi, Moi siindigne objet de tant d’amour! Dansl’éternité seulement, je pourrai Teremercier dignement. En attendant, jefais miens les coeurs de tous leshommes. Je Te les offre pour que Tu lesconvertisses et qu’ils te donnent louange…de la même manière que je voudraisdonner, pour cela, langue et coeur à toutesles créatures. Seigneur, je T’offre encoremon exil, pour honorer le Tien, je Tel’offre pour toutes les raisons inconnuespour lesquelles tu le permets et qui sontcertainement bonnes, même simaintenant je ne comprends rien. Je tel’offre pour la paix de ce pauvre mondedéchiré et ensanglanté. Je Te l’offre,avec toutes mes ferventes prières, pourmes chers prisonniers et déportés dansun exil pire que celui-ci.”(8-14 octobre 1944, Saints Exercices)

A MalteSœurs et laïcs ensemble, au centre Sainte Jeanne-Antide

Sœur Enrichetta AlfieriL’attrait d’une vie en faveur de la paix

Nora Macellide

VVIISSAAGGEESS DDEE SSAAIINNTTEETTEE

[email protected]

Sr Maria Guglielma Saibene et Sr Wandamaria [email protected][email protected]

Dates principales de la vie de sr Enrichetta Alfieri

23 février 1891 Elle nait à Borgo Vercelli (Italie).20 décembre 1911 Entre dans la Congrégation des

sœurs de la charité.1923 Est envoyée à la prison saint Victor

à Milan, après 3 années de maladie.23 septembre 1944 Accusée d’espionnage, menacée

d’être fusillée, elle est incarcérée4 mois dans un camp d’internement.

1945 Elle retourne à la prison saint Victor.23 novembre 1951 Meurt à Milan.30 janvier 1995 le Cardinal Carlo Maria Martini,

Archevêque de Milan, introduit lacause de béatification.

Septembre 2008, jourde l’inauguration: MgrCremona, Nora Macelli,la directrice et unejeune accueillie aucentre.

en EuropeCCHHEEMMIINNSS DDEE LLAA MMIISSSSIIOONN

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“L’année 2009 a été déclarée «AnnéeMondiale de l’Astronomie» parl’UNESCO, l’organisme des Nationsunies pour l’Éducation, les Sciences etla Culture. Elle coïncide avec le 400eanniversaire des premièresobservations faites avec une lunetteastronomique, par Galilée (1564-1642), et ses premières découvertessur les montagnes lunaires, les tachessolaires, les phases de Vénus, lessatellites de Jupiter (1609).

Cette année est l’occasion pour tous les citoyens dumonde de redécouvrir leur place dans l’Univers parl’observation du ciel, de jour et de nuit, et faire sentir àchacun l’émerveillement de la découverte. Ce sera aussiune plateforme pour informer le public sur les plusrécentes découvertes en astronomie et mettre enévidence le rôle essentiel de l’astronomie dansl’éducation des sciences”.

L’Assemblée des Nations-Unies reconnaissant que lesprocessus de réconciliation sont particulièrementnécessaires et urgents dans les pays et les régions dumonde en souffrance ou qui ont souffert lors de situationsou de conflits affectant et divisant des sociétés dans leursmultiples facettes, internes, nationales ou internationales, aproclamé 2009 Année Internationale de Réconciliation.

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«je viens vous annoncer officiellement le prochainChapitre général, le XIXème comme notre Règle de Vie leprévoit, dans l’article 7.5.3. … Commence pour toute la Congrégation un temps degrâce… un itinéraire! Le chemin capitulaire, qui débuteavec la préparation, atteindra son point le plus élevé dansla célébration du Chapitre qui se déroulera à Rome, dansnotre maison générale, à partir du 1er juin 2010. Lechemin capitulaire se terminera avec l’application dans lesChapitres et dans les Assemblées locales.«C’est le temps d’être “ensemble” prophètes et saints»A partir de cette provocation, la Parole qui guidera le chemincapitulaire, extraite du chapitre 4 de saint Jean, ne nous laissepas immobiles, mais nous provoque, nous convoque au puitsde l’histoire, au moment le plus critique de notre temps, alorsque Jésus nous dit aussi, comme à la samaritaine qui vientpuiser à l’heure la plus chaude de la journée: «Crois-moi femme! … c’est le moment… et il est arrivé»A qui Jésus donne-t-il rendez-vous? Et à quel puits? …Dans la réalité globale où nous vivons… nous noussentons convoquées, comme Congrégation, comme famillede Sainte Jeanne-Antide et avec toute l’humanité, à cerendez-vous avec le Christ, Parole Vivante du Père.»

Au Cameroun, à N’JindomLes sœurs de la charité sont présentes au Cameroun à

Yaoundé, la capitale et à N’Gaoundal, au nord. Elles ontété appelées par l’évêque de Bamenda pour une nouvellecommunauté dans le Cameroun anglais. N’ JINDOM, à 6 heures de route de Yaoundé et situé à1370 mètres d’altitude, est le nom du village qui accueilleles 3 sœurs de la nouvelle communauté: sr Salvina Grech,sr Félicité Saidou et sr Claudine Boloum.En novembre, Mère Maria Luisa et sr Monica conseillère

Annonce duChapitre général 27 novembre 2008

Nouvellescommunautés

Mère Maria Luisa Colombo de

générale, avec sr Maria Rosa, la provinciale de l’Afriquecentrale, sont allées visiter le lieux de la mission: école,dispensaire et ont rendu visite aux autorités locales etspécialement à celui qui est le chef, le sage: «le Cheffeire»qui veille sur la montagne sacrée et reçoit les visiteurs.La mission des sœurs: un travail d’évangélisation dans uneparoisse qui s’étend sur plusieurs villages, dispersés dansla montagne, l’éducation pour la promotion des personneset la santé.

En Indonesie, à NiasAu cours du mois de novembre, sr Léonarda Periti et srKristina Liyam, accompagnées de sr Maddalena Ferrero,

déléguée pour l’Indonésie ont quitté leur communauté del’ile de Kalimantan pour une fondation sur l’île de Nias,au large de la côte sud-ouest de l’île de Sumatra… L’île, de 150 000 personnes, a été touchée en décembre2004 par le tsunami qui a pris naissance à cet endroit et enmars 2005 par un terrible tremblement de terre.Dans cette forêt équatoriale avec palmiers, bananiers,arbre à cacao, les routes sont bordées de petites maisonsdont la plupart sont en reconstruction grâce à l’argent etaux organismes venus après le tremblement de terre. Lapauvreté matérielle est évidente (67% de la population estillettrée) … à laquelle s’ajoutent bien d’autres difficultés:le poids des traditions… la situation des femmes et desjeunes filles… les maladies: malaria, tuberculose…. Lessœurs qui sont appelées pour l’évangélisation s’engagerontaussi pour la promotion humaine.«Quand Dieu appelle et qu’on l’entend, il donne tout cequ’il faut» Ste Jeanne Antide

En Italie, à Naples

La Maison de Tonia est une des initiatives du CardinalCrescenzio Sepe, le cardinal de Naples dans le cadre duProjet de solidarité et de partage: Au nom de la vie dansle but d’offrir un accueil à des mamans et enfants endifficulté. La Maison a le nom de Tonia Accardo, la maman-couragedécédée le 3 février 2007 à l’âge de 33 ans alors que,frappée en 2005 d’un carcinome très rare aux glandessalivaires, elle renonça aux soins de chimiothérapie pourfaire naître sa fille Sofia. Le 27 novembre 2007, à l’occasion de sa visite à l’hôpitaldes Incurables, le Cardinale a manifesté à la Supérieureprovinciale, Soeur Enrica De Fede, le désir de confier leProjet d’accueil et d’accompagnement des femmes et desenfants en difficulté aux Soeurs de la Charité et par lasuite il écrivit: “…Pour cette haute et noble mission, jecrois que les Soeurs de la Charité de Sainte Jeanne-AntideThouret, avec leur charisme caractéristique, peuventremplir parfaitement ce ministère d’amour. Donc, je vousdemande de pouvoir destiner un groupe de Soeurs qui,avec votre appui et en pleine communion avec l’Évêque,se consacreront à cette tâche si importante et délicate…». La réalisation du projet est confiée à Soeur AntoniettaIntondi et à Soeur Lidia Gatti qui seront engagées pouraccueillir les mamans avec leurs enfants, dans un climat desérénité et de famille, pour les soutenir dans leurengagement de parents et les accompagner dans unparcours personnel d’autonomie et de réinsertion sociale,en collaboration avec les autres réalités socialesimpliquées dans la réalisation du Projet.

Au dessus: le curé dela paroisse, les 3sœurs et des chrétiensde N’Djindom.

En bas: Des enfantsdu village de N’Jindom.

Année 2009

Sœur Leonarda

Sr Aurelia Suriano, sdc [email protected]

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Je suis très reconnaissante aux Soeurs de la Charité de laProvince Italie-Nord qui ont proposé le projet “Les couleursde la Charité”, auquel j’ai participé à Milan à raison d’undimanche par mois, durant toute l’année. Un tel parcours deformation m’a permis de réaliser mon rêve: vivre uneexpérience missionnaire à Laguna Naineck, près de Formosa.Le 30 juillet 2008, je suis partie de l’aéroport de MilanLinate, inconsciente de la réelle difficulté de mon voyagemais vraiment désireuse de connaître et de découvrir denouveaux horizons, de nouvelles cultures et traditions etsurtout une langue nouvelle. Au début, je me suis sentie étrangère et me suis fermée surmoi-même; j’ai senti la difficulté de se trouver dans uneambiance complètement nouvelle et de ne pas pouvoirexprimer ses propres sensations. Sr. Alicia et les autressœurs essayaient de me parler en italien et s’efforçaient dem’apprendre à écouter et à réfléchir avant de commencer àparler le Castillano. Dès le lendemain de mon arrivée, tout de suite, j’ai eul’opportunité de participer aux préparatifs de la “Fiesta delniño” et avec Sr. Alicia et Sr. Francisca nous avons préparéles jouets à donner aux jeunes, organisé les jeux en fonctionde l’âge et confectionné des habits de clown. Cette fête fut ma première “entrée” dans la communauté deNaineck et, même si j’ai eu de vraies difficultés decommuniquer avec les enfants et les jeunes, cela a été pourmoi une expérience très forte et un bon démarrage pourinteragir dans une nouvelle langue. Les jours suivants, j’ai compris le but de la présence desSoeurs de la Charité à Laguna Naineck: l’annonce, letémoignage, et la poursuite du projet déjà commencédepuis plusieurs années, c’est-à-dire un service deformation pour les pauvres. J’ai eu encore la possibilité d’aller tous les dimanchesvisiter les prisonniers qui vivent dans des conditionsd’hygiène peu adéquates et qui suivent des rencontres deformation spirituelle. Avec eux, j’ai lu la Parole de Dieu etnous avons échangé, puis ils m’ont montré les travauxmanuels qu’ils confectionnent durant leurs journées pouroccuper le temps et pour gagner aussi un peu d’argent qu’ilsenvoient à leur famille.

Après une très longue attente, le 9 octobre, quelquesclasses de l’Institut St Vincent de Paul à Reggio Emilia ontenfin pu réaliser leur rêve: le voyage à Naples sur les pasde Ste Jeanne-Antide.Le projet concernait les élèves des classes de 5èmeprimaire et de la 1ère classe du secondaire, accompagnésde leurs enseignants. Cette initiative a vu aussi laparticipation de quelques parents et la présence dudirecteur des études, le professeur Luciano Bonacini.Ainsi les participants ont pu connaître l’Institut ReginaCoeli de Naples, lieu où a commencé en Italie l’œuvre deJeanne-Antide, Fondatrice de la Congrégation des Sœursde la Charité. Visiter la chambre de Ste Jeanne-Antide et prendre letemps d’y rester un moment, fut pour tous une grandeémotion. La prière récitée ensemble a été notre action degrâce la plus affectueuse et la plus sincère pour son œuvre.Un autre motif d’étonnement et de joie fut pour tous, ladécouverte de Naples depuis la terrasse de la maison.Après cette première maison des sœurs à Naples, la visitecontinua par celle de l’hôpital des Incurables où commençal’œuvre commune des compagnes de Jeanne-Antide. Les élèves s’étaient préparés au voyage en étudiant la vieet l’œuvre de Ste Jeanne-Antide et des six sœurs aveclesquelles, à l’invitation de Laetitia Bonaparte, elle étaitarrivée à Naples, le 18 novembre 1810.Au cours de ce voyage, les élèves ont pu visiter encore lamaison royale de Caserta, les fouilles d’Herculanum etfaire connaissance avec la Naples des petites ruelles,accompagnés par des guides locaux.Cette initiative entre dans le plan de formation offert parl’école. Il prévoit la réalisation d’expériences communesentre enseignants, élèves, parents C’est la suite idéale duvoyage-pèlerinage réalisé à Rome en mars 2007, où, aprèsl’audience avec le Saint Père sur la place Saint-Pierre, ilsavaient pu visiter la maison générale.

En organisant ces voyages, les enseignants et les sœurs del’école St Vincent ont voulu conduire les élèves et leursfamilles sur les principaux lieux où travaillent les sœurs dela Charité et les leur faire connaître.Cette initiative a été réalisée aussi en vue de l’importantrendez-vous du Bicentenaire (1810-2010) de l’arrivée enItalie, à Naples de la Fondatrice.

Le mercredi et le vendredi, les plus jeunes Soeurs vont à lacolonie des indigènes “Tobas” où se trouve l’école avec unprojet pensé pour le développement de la connaissance destravaux manuels et du tissage pour les femmes et leshommes habitant des villages et qui ne gagnent rien de laculture des bananiers, en hiver. L’avant-dernière semaine, j’ai eu la joie de connaître une fillede mon âge, Andrée qui m’a présenté l’éducation scolaire etla vie quotidienne des paysans de Naineck et m’a présenté samère qui est directrice d’une école primaire et qui m’a donnéla possibilité de visiter l’école et d’assister aux leçons. Les gens, sans même que je les connaisse, ont suscité enmoi beaucoup d’émotions et souvent, j’ai senti que c’étaitmoi qui recevais l’aide de la population locale, quiremarquait ma difficulté pour la langue et les habitudes.J’étais l’étrangère et pourtant, ils me faisaient sentir quej’étais vraiment chez moi. Mon expérience s’est terminée le 29 août 2008, àl’aéroport de Milan Linate. Je suis arrivée fatiguée et riched’émotions contrastées, avec le désir de retourner à lamaison, mais aussi celui de pouvoir revoir les personnesque j’ai rencontrées et connues.

Sur la terrasse deRegina Coeli a Naples.

Dans le jardin del’hôpital des Incurablesà Naples.

Sara [email protected]

de

Gabriele [email protected]

de

PPUUNNTTOO GGIIOOVVAANNIIPPOOIINNTT JJEEUUNNEESS

Un voyage-pèlerinagesur les pas deSte Jeanne-Antide

Un moisen Argentine

Au dessus:Sara et les jeunesfilles à Naineck.

A droite:Sara et lacommunauté dessœurs de la Charité àNaineck.

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Le point sur lestravaux de l’équipede coordination

R.C.A: Dieu nous arejoints à Berbérati!

Le texte fondateur L’importance du texte fondateur des amis de Jeanne-Antide n’est pas à démontrer. Les réactions qui nous sontparvenues témoignent de la façon dont laquelle lesgroupes se sont appropriés ce document. Véritable pierreangulaire de notre mouvement, il se veut à la fois sobre,fédérateur et exigeant.

CommuniquerLe site internet des Amis de Jeanne-Antide est en phased’achèvement. A l’initiative de Gabriele Rossi qui en portele souci technique, cet outil de communication se veutconvivial et ludique. IL vient d’être traduit en plusieurs

langues. Son élaboration a été notre principale activité lorsde nos dernières rencontres.

CalendrierL’équipe s’est retrouvée fin août à Sancey, en novembre2008 et en janvier 2009 à Rome. A l’ordre du jour: le site internet: comment recueillir et diffuserles informations de tous les groupes. Le statut juridique etfinancier du mouvement. Les fêtes du bicentenaire de l’arrivéede Jeanne-Antide à Naples en lien avec les sœurs de la charité.Si je devais qualifier ces rencontres, je dirais qu’elles sontde véritables temps de Pentecôte car malgré la barrière dela langue, les échanges sont vrais et profonds.

Le hasard pour nous n’existe pas. Nous vivons dans lacertitude qu’en 2002, Dieu nous a rejoints ici à Berberati.Oui, nous avons été confrontés à un phénomène qui estcelui du grand nombre d’enfants et d’adolescents quivivent dans la rue. Sr Elvira, une sœur de la Charité deSainte Jeanne-Antide nous a aidés à comprendre cetteréalité et plutôt que de nous orienter vers la création d’un“orphelinat” pour ces enfants, nous avons ouvert noscœurs et nos familles pour les accueillir.Au commencement nous étions trois couples, aujourd’huinous sommes quinze (plus quatre en formation) et 60enfants répartis dans les différentes familles. Grâce à uneformation humaine et spirituelle et à une grande amitiéentre les couples, nous sommes devenus une fraterniténommée KIZITO: enfants KIZITO, parents KIZITO,projet KIZITO et depuis 2 mois “l’ONG KIZITO” estreconnue par les autorités administratives.Petit à petit, nous découvrons la joie profonde et la fatigued’une paternité et d’une maternité qui vont au delà duphysique. Des enfants rejetés, blessés et trahis dansl’amour, considérés comme “sorciers”, agressifs etvoleurs, appelés en sango GODOBE, retrouvent uneidentité, une grande dignité, un sourire qui remplissent dejoie nos cœurs de parents et nous fait espérer pour eux unavenir meilleur. Les commencements ne sont pas faciles et nous sommesmis à l’épreuve. Les enfants nous “défient” avec leurscomportements provocateurs pour voir nos réactions etcomprendre si nous les aimons vraiment comme nosenfants biologiques. Une fois qu’ils expérimentent l’amour(une année minimum), leurs attitudes changent. Un des secrets pour réussir est l’entente dans le couple, enaccord sur tous les plans. Finalement nous constatons quel’accueil des enfants a été un grand DON DE DIEU pournous les couples: les enfants (les nôtres et les accueillis)nous obligent à changer, nous aussi.Nous avons beaucoup gagné dans la relation du couple,dans le respect réciproque, dans la capacité de dialogue,dans le partage, dans l’organisation concrète de la vie.

Nous gardons bien nos bonnes coutumes africaines, maisnous essayons de faire des pas dans le sens de l’évangileet de la pédagogie de ste Jeanne- Antide. Le charismeéducatif de cette grande femme, dans la mesure où nous lecomprenons, nous aide beaucoup.Il ne s’agit pas d’assister les enfants, d’avoir “pitié” maisde les faire grandir. Notre slogan en langue nationale sangose décline ainsi: “SARA MBI GAZO” qui veut dire “aidez-moi à devenir un homme.” C’est bien ça le cri caché queles enfants nous adressent! Au-delà et même à travers noslimites, nous voudrions bien répondre à leurs attentes!Voilà notre petit message dans le désir de continuer àpartager notre expérience.

L’Association Catholique du Volonta-riat “Sainte Jeanne-Antide Thouret”qui œuvre auprès des Hôpitaux Réu-nis de Foggia est née en 1999 de parla volonté des Soeurs de Charité et laprésidence en est assurée par SoeurAntonina Piazza. Elles ont fait leur,vraiment, le message de leur fonda-trice, en manifestant leur amour pourles pauvres et les souffrants. Tout d’abord, l’ouverture de deux “mai-sons” de la solidarité qui, situées dansles alentours de la Policlinique, reçoi-vent ceux qui viennent assister leursproches hospitalisés. Les appartementssont confortables et les sœurs qui s’oc-cupent de la gestion de ces locaux, pourlaisser toute liberté à leurs hôtes, les ontéquipés de deux cuisines. Comment travaillent les membres del’association et à travers quels canauxrejoignent-ils le cœur des gens? La cinquantaine d’adhérents qui consti-tuent l’association, personnes debonne volonté et professionnels detous âges ont en commun un seul

grand but: celui d’être proche de ceuxqui souffrent. Ils n’ont aucun instrumentmagique, rien de spécial, ils sont seule-ment habités par l’amour. Oui, l’amourde Dieu pour les frères, cet amour quine fait pas de distinction entre les raceset les couleurs et qui dure toute la vie. “Le regard de ces personnes - raconteRosy, une des plus jeunes volontaires- te demande seulement un sourire,une caresse et un peu de compagnie.En fin de compte, qu’est-ce qu’il tecoûte de donner ces choses? rien.Nous, de Sainte Jeanne-Antide, ainsique nous nous définissons, nous al-lons, régulièrement dans les couloirs,vêtus de blouse blanche, toutes lesfois que nous le pouvons, même tousles jours; deux fois par semaine, nousallons auprès des malades pour réci-ter le Chapelet puis nous nous attar-dons auprès de nos frères les moinsfortunés… Je ne peux pas nier la co-lère que j’éprouve de voir un grandnombre d’entre eux, spécialement lespersonnes âgées, abandonnées à el-

les- mêmes, laissées dans un lit d’hô-pital à mourir dans la solitude la plusgrande… Notre devoir de volontairesest de les prendre par la main, de leurfaire sentir notre présence, la douceurd’une famille, de les écouter avec uncœur ouvert et de les faire rêver, aumoins pour quelques heures”Pour faire cela, nous avons besoind’une préparation intérieure particu-lière. Tous les mois, en effet, l’associa-tion se réunit avec les Soeurs et lePère Angelico di Fede, “notre Direc-teur Spirituel et Aumônier” pour descatéchèses qui sont ensuite à vérifier,à travers des échanges et des débats.L’association opère aussi dans le do-maine socioculturel avec la publicationd’un magazine: “Lumières et Ombres”et à travers l’organisation de congrèsannuels. L’espérance est donc, quel’association puisse grandir et quel’œuvre de ces “anges en blouse blan-che” puisse être un exemple pour ceuxqui ne réussissent pas à donner sonjuste poids à la solidarité.

A Foggia: au côté des malades de Rosalba Romano

A gauche:Au centre Kisito: unmessage!

En bas:Landry, Moise, srElvira et jeunes ducentre Kisito, dans laplantation.

Michel [email protected]

de Janin Landry Pamieri et Evariste Moïse [email protected]

de

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NNOOUUSS AAVVOONNSS CCHHOOIISSII

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Gomorra de Roberto Saviano, roman qui a reçu plusieurs prix,est à présent devenu un best-seller.Il s’agit d’un voyage dans le monde des affaires criminelles de laCamorra qui s’ouvre et se ferme sous le signe des marchandiseset de leur cycle de vie. Il y a des marchandises “fraîches” quisous des formes les plus variées, arrivent au port de Naples poury être stockées et occultées. Il y a aussi des marchandises “mor-tes”, qui arrivent de toute l’Italie et de la moitié de l’Europe pourêtre déversées abusivement dans les campagnes napolitaines,où elles empoisonnent les terrains et les nappes acquifères.Dans ce livre, personne n’est innocent. Tout le monde trahit toutle monde et la trahison semble être l’unique forme de relationshumaines. Tout le monde est ennemi de tout le monde. Larichesse est obtenue par le crime, la vie humaine est chair deboucherie, il n’existe plus aucun code d’honneur. Pouvoir, écono-mie, violence et contrôle serré sont les piliers de ce phénomèneénorme où il n’existe pas de ce frontières entre qui est licite et illi-cite et où l’illégalité est à la base de ce qui paraît légal. Les prin-cipes juridiques, les lois, l’Etat de droit sont absents.Mais le terme Gomorra revêt désormais plusieurs significations.Gomorra est une représentation théâtrale dont la régie a étéréalisée par Mario Gelardi (première Olympiade du Théâtre2008, Meilleur auteur de nouveauté italienne).Gomorra est un film dramatique dirigé par Matteo Garrone, (GrandPremier Prix spécial du Jury au 61° festival de Cannes 2008).Gomorra est une chronique, car le récit dramatique des activi-tés criminelles du Clan des Casalesi est devenu une réalité avecla sentence émise voici quelques mois par le Tribunal de Naplesqui a confirmé la peine de la prison à vie pour le “boss” de ce clan.Gomorra est une prison pour l’auteur qui, après avoir été missous escorte et avoir été nouvellement menacé de mort, estcontraint à une vie presque sans avenir.Gomorra, désormais, est un acte d’accusation qui incite àavoir le courage de la légalité et de la conscience civile pourconstruire une société alternative à celle du “Système” repré-senté par la Camorra napolitaine. Par son roman, Saviano a crééun tremblement de terre qui a fait bouger les consciences, l’opi-nion publique et l’information. Une forme de résistance pacifiquede ce type, surtout en ce moment de l’histoire, est une façonpleine d’audace de défendre la démocratie italienne.

Ce titre résonne comme une provocation et un défi. Shirin Ebadicrie la fierté de ses origines, ses convictions et son ambition defaire se rejoindre dans une république islamiste, l’identité iraniennemarquée par le chiisme musulman et la revendication de libertéreconnaissant à tout citoyen des droits universels, inviolables.Cette contradiction profonde, Shirin l’a ressentie dans les crisessuccessives qui ont ensanglanté son pays. Elle a été blessée parl’oppression politique touchant des personnes de son entourageou rencontrées dans son métier. Elle l’a vécue surtout dans sachair. C’est de ce point de vue, en retraçant sans complaisanceson propre parcours, qu’elle relit les années sombres de l’histoirede l’Iran. Elle avait 6 ans en 1953 quand un coup d’état renverseMossadegh, le «père de l’indépendance», 24 ans quandl’Ayatollah Khomeiny devient le symbole de la lutte contre le Shah,33 ans quand celui-ci est renversé en janvier 1979.Mais, loin d’apporter le bonheur au pays, l’avènement tant désiréd’une république islamiste a contribué à son malheur: «Il me fallutmoins d’un mois pour déchanter…, confie-t-elle, j’étais une femmeet la victoire de la Révolution exigeait ma reddition».Démise de son métier de juge, parce que femme, elle aurait pu,comme tant d’autres fuir l’Iran. Elle a préféré attendre auprèsdes siens des jours meilleurs et se mettre au service de lacause des plus accablés, dès qu’il lui a été permis d’exercer laprofession d’avocate. Aujourd’hui, consciente des menaces qui continuent de peser sursa vie, malgré l’expérience des semaines passées en prison, ellene renonce ni à l’amour de son pays, ni à sa foi musulmane, ni àson combat pour une interprétation plus humaine, plus équitabledes lois de l’Islam chiite afin que soient reconnus les droits desfemmes et des enfants, des prisonniers, des faibles. Elle saitjusqu’où il faut aller pour rendre possible un avenir meilleur: «Leprix à payer pour la métamorphose pacifique de l’Iran est le sacri-fice suprême, celui de la vie».Cette vie engagée au service des plus méprisés lui a valu de rece-voir en 2003, le Prix Nobel de la Paix.

GomorraVoyage dans l’empire économiqueet dans le rêve de domination de la camorrade Roberto Saviano

Sr Wandamaria [email protected]

de

Iranienne et libreMon combat pour la justice

de Shirin EbadiEditions Arnoldo Mondadori, 2006(titre en français: “Gomorra, dans l’empirede la camorra”, Editions Gallimard)

Editions Découvertes, 2007

Sr Catherine Belpois, [email protected]

de

LIVRES LIVRES

Les Soeurs de la Charité sont engagées avec desmédecins, des infirmiers, des associations pour dessoins préventifs et curatifs auprès des malades dansdes dispensaires et hôpitaux, au cours des visites dansles villages et les quartiers.

Pour prolonger la vie des personnes et pour aider lesfamilles en difficulté, les Soeurs assurent une aidealimentaire - première défense contre le Sida - et lestraitements indispensables.

“Dans un village, je rencontre Marie; elle est dans sacase…amaigrie, les yeux rougis, l’air épuisé…Elle me dit: “je suis malade, je n’ai pas la force dem’occuper de mes enfants… on me donne desmédicaments… mais j’ai faim…”Le plus souvent, ce que demandent les personnes touchéespar la maladie?: d’abord la nourriture et non lesmédicaments, ni même l’argent.

«ici, la foi s’appelle espérance! Il faut espérer… espérer!”Ici, il y a une bonne terre… mais on peut être sur unebonne terre, tout avoir pour soigner la terre, la graine peutgrandir… et en une seule nuit, tout peut être détruit… Ilnous faut résister et résister par la prière…»

Pour permettre à des jeunes de faire des études, pour lesaider à se préparer aux responsabilités qu’ils devrontassumer, une bourse de 250€ par an et par personneest nécessaire.Par ta contribution, tu participeras à l’avènement d’unenouvelle société, solidaire et fraternelle.

Une église pauvre…sans cesse menacée…mais une églisevivante, courageuse, témoin de la foi…

50€ par mois et par personne sont nécessaires pour quedes frères et des soeurs qui souffrent retrouventSECURITE… ESPERANCE… un peu de LUMIERE dansles yeux et dans le cœur.

Projet AfriqueDans la lutte contre le Sida

Projet VietnamLes Jeunes: avenir d’un pays

En Afrique centrale • à N’Djamena, Sarh,Kyabé, Koumra,Goundi, Bam, Goré• à Bocaranga,Bohong, Berberati• à N’Gaoundal

GGOOUUTTTTEESS DDEE SSOOLLIIDDAARRIITTEE

Si vous désirez apporter votre contribution pour l’unde ces projets, vous pouvez envoyer votre don à:Istituto Suore della CaritàGocce di SolidarietàProjet Afrique ou Projet VietnamCompte courant postal n° 97470009

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LLAA PPOOSSTTEE

Partout dans le monde

Quelques échos

“Du point de vue graphique, la revue me semble bien présentée” “Une rubrique par page permet

d’insérer des articles variés: articles de fond, témoignages des missions, les jeunes… les gens n’aiment

pas les articles trop longs” “La revue, telle qu’elle est conçue est un instrument pour développer le

sens de l’appartenance au corps-congrégation…” “… l’intention de s’ouvrir au monde est visible…”

“Il est intéressant que soit donné un espace pour les Amis de J.A. parce que la dimension mondiale

est encourageante pour les petites réalités locales.” “Je suis très heureux de connaitre le charisme

de votre institut et son incarnation dans les diverses parties du monde” “Je valoriserais aussi la

dimension artistique et culturelle des différents peuples auxquels vous êtes envoyées” “Une critique

est relative au choix des photos: qu’elles soient toujours belles, capables d’évoquer le contenu des

articles, de montrer la beauté de la mission, de réveiller la conscience des lecteurs”.

Pour quel motif, le mot«Partout» est-il séparé endeux? Ne serait-il pasjudicieux d’en donnerl’explication?

Un élément de réponse… parmid’autres:

«Dieu est partout… notre prochainest partout…» a dit Jeanne-Antide.Dieu sans limites, toujoursinattendu… nos frères et nos sœurs,proches ou lointains, toujours àdécouvrir et à aimer… alors, tout estpossible quand nous laissons place àl’ouverture, à la nouveauté, àl’espérance qui traverse le monde…l’espace est ouvert pour l’accueillir…

Pourquoi le titre en français?

Un lecteur répond à cette question:

“… il me semble que le titre, écrit enfrançais, est un lien direct avecl’histoire de votre Fondatrice; ilsignale les origines de votre Institut.”

La revue est publiée en italien, en français et en anglais. Elle paraitra 3 fois dans l’année.

Le tarif pour les 3 numéros:

15 euros20 euros - Abonnement de soutien

Abonnements

De l’Italie: C/c postal n°93851491

Des autres Pays: Chèque bancaire ou postal au nom de:Istituto Suore della Carità Partout dans le monde

Ou bien

Virement bancaire ou postale sur le compte suivant:IT85 F 07601 03200 000093851491au nom de:Istituto Suore della CaritàPartout dans le mondeVia santa Maria in Cosmedin,500153 Roma Italia

Et spécifier le nom de la personne qui fait l’abonnement.

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