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N Il est vivant · créateur, est tout heureux de L’en remercier. Il n’en est nullement humilié. Un jour il réalisera qu’il a également besoin de sa grâce pour réussir

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« Par la foi, Abraham, mis à l’épreuve, a offert Isaac, et c’est son fils unique qu’il offrait en sacrifice, lui qui était le dépositaire des promesses, lui à qui il avait été dit : C’est par Isaac que tu auras une postérité. (…)

Par la foi, Moïse quitta l’Égypte sans craindre la fureur du roi : comme s’il voyait l’Invisible, il tint ferme. Par la foi, il célébra la Pâque et fit l’aspersion du sang, afin que l’Exterminateur ne touchât point leurs premiers-nés. (…)

Et que dirais-je encore ? Car le temps me manquerait si je racontais ce qui concerne Gédéon, Baraq, Samson, Jephté, David, ainsi que Samuel et les Prophètes »

(He 11, 17-18 ; 27 ; 32)

De gauche à droite : Melchisédech, Abraham, Moïse.

Cathédrale Notre-Dame de ChartresSculptures du portail Nord.

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Année de la foi

Le père père Pierre Descouvemontest prêtre du diocèse de Cambrai. Il prêche de nombreuses retraites et a déjà publié plusieurs ouvrages sur la foi.

Benoît XVI nous offre cette année une occasion unique de revisiter les fondements de notre foi. Le parcours que nous vous proposons, à vivre seul ou en groupe, a pour seule ambition de vous permettre de rendre compte de l’espérance qui vous habite. Yallah !

“Je crois”ÉTAPE 1/11

1Comment puis-je être sûr de ma foi, alors que personne n’a jamais vu Dieu ?

I l y a des réalités dont je suis absolument sûr, alors que je ne les ai jamais vues de mes yeux. Je ne vois pas comment,

en dansant d’une certaine façon devant la ruche, les abeilles réussissent à avertir les autres récolteuses qu’elles trouveront à 450 mètres, dans telle direction bien précise, une bonne source de pollen ; je me dis que cette danse a dû être programmée dans leur ins-tinct, même si je ne vois pas le programma-teur. Je ne vois pas la conscience morale de mon voisin, mais je suis sûr qu’il pense, comme moi, qu’on n’a pas le droit de faire n’importe quoi. D’où lui vient ce jugement immédiat qu’il porte sur le comportement de quelqu’un qui vient de tabasser plus faible que lui ? En disant : « On n’a pas le droit de faire ça ! », il est sûr de ne pas se tromper. Un

dernier exemple : dans l’expérience que nous avons de l’amour, on trouve une belle analo-gie de la foi. L’amour n’est pas visible à l’œil ; il se manifeste non par des preuves (scienti-fiques) mais par des signes ; et pourtant j’ai des raisons solides de croire à l’authenticité de l’amour que me manifeste mon époux ou mon épouse.Par ailleurs, se poser des questions ou ren-contrer des difficultés à croire tel ou tel point du credo n’est pas contraire à la foi. Comme l’a écrit Newman : “Dix mille difficultés ne font pas un doute.”

2Adhérer à un credo, c’est être pris dans un système qui m’empêche d’être libre

A dhérer à la foi catholique, ce n’est pas adhérer à un système ou à des théories théologiques, c’est

adhérer à Quelqu’un en qui on a cru recon-

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naître Dieu. À partir du moment où l’on a découvert de bonnes raisons de croire qu’Il est vraiment « Dieu venu sur terre pour nous sauver », on Lui fait confiance. On croit en ce qu’il dit et l’on essaye de vivre conformément à ce qu’Il demande.C’est vrai qu’Il nous dit souvent des choses qui nous dépassent… Mais pourquoi s’en étonner ? Il suffit de se rappeler qu’on n’est pas capable de comprendre le mys-tère de sa propre existence : nul n’est capable de se faire une idée claire et dis-tincte de son propre esprit, de cette mer-veilleuse capacité qu’il a de se souvenir de son passé et de se projeter dans l’ave-nir. Alors, si Dieu existe et s’il vient nous révéler qui il est – c’est cela, le Credo –, faut-il s’étonner de ne pas tout com-prendre ?Pour autant, il est de la nature même de la foi de chercher à comprendre. Croire oblige donc à penser. Saint Anselme a bien exprimé ce lien nécessaire entre foi et raison : « Je crois pour comprendre, je comprends pour croire. »Enfin, à force de scruter les secrets de la Vie de Dieu, on finit par repérer la logique qui les relie. Dieu a « de la suite dans les idées » : tout ce qu’Il nous dit ne fait que refléter son Amour. Loin d’être un carcan qui nous emprisonne, ses paroles nous révèlent un Dieu qui nous rend libres et heureux !

3Dieu donne la foi aux uns et pas aux autres… C’est une vraie loterie !

L a foi est un don de Dieu. C’est vrai, Dieu est « bizarre » dans sa façon de choisir l’un plutôt que l’autre.

Pourquoi, par exemple, guérit-il miracu-

leusement tel malade et non pas son voi-sin, qui va mourir en laissant sept orphe-lins ? Pourquoi cet enfant a-t-il plaisir à se rendre à l’église, alors que son frère s’y ennuie ? Si nous étions Dieu, pensons-nous spontanément, nous donnerions à tous les mêmes chances de Le rencontrer au plus vite ! Il est vrai que certains Le rencontrent « comme on rencontre un platane », pour reprendre l’expression d’André Frossard à propos de sa conversion soudaine… Mais pour Le rencontrer il faut le plus souvent Le chercher, dans une quête humble et sincère. D’ailleurs, n’est-ce pas la loi de toute rencontre ? Pour entrer en amitié avec quelqu’un, il faut se présenter à lui, apprendre à le connaître, le fréquenter régulièrement…D’autre part, Dieu aime se servir de nous pour distribuer ses dons. De même qu’Il demande aux bien-portants de se mettre

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Année de la foi¨¨¨ au service des malades, il demande à ceux

qui ont déjà reçu le don de la foi d’aider leurs frères à trouver Dieu.

4Croire, n’est-ce pas une manière de se rassurer ?

E n découvrant l’existence d’un Dieu qui ne cesse de le créer et de l’ai-mer, le croyant éprouve, c’est vrai,

un immense soulagement : il n’est plus seul au monde. Sur tous les chemins de sa vie, Quelqu’un veille sur lui.Tout le problème est de savoir s’il a des

raisons d’y croire. Il ne suffit pas qu’une nouvelle soit merveilleuse pour qu’elle soit vraie. C’est pourquoi Jésus n’a jamais dit : « Voyez comme ce que Je vous dis est formi-dable ! » Il nous a donné et Il nous donne encore de nombreux signes qui montrent que Dieu est avec Lui ; bien mieux : qu’Il est Dieu. Les miracles étonnants qu’Il a faits devant ses disciples, ceux qu’Il fait encore aujourd’hui, font partie de ces rai-sons solides et objectives dont nous avons besoin pour croire.

5J’ai appris à ne dépendre que de moi-même. Ce n’est pas pour dépendre de Dieu !…

Q ue nous le voulions ou non, nous dépendons tous d’autrui. Ce sont nos parents qui nous ont donné la

vie, et combien de personnes nous ont aidés à devenir ce que nous sommes ! Je ne me sens nullement humilié de leur manifester ma reconnaissance : c’est avec un tel amour qu’ils m’ont donné – souvent à leur insu – la somme énorme de sourires, d’exemples, de conseils et de connaissances qui m’ont structuré… De la même manière, le croyant, en découvrant un jour que son âme, son corps et tout ce qui l’entoure lui sont don-nés avec beaucoup d’amour par un Dieu créateur, est tout heureux de L’en remercier. Il n’en est nullement humilié.Un jour il réalisera qu’il a également besoin de sa grâce pour réussir sa vie. Cette dépen-dance, il ne la ressentira absolument pas comme une aliénation, mais comme un immense bonheur.

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6On n’a pas besoin de religion, l’humanisme suffit pour vivre

Un jour ou l’autre, ne serait-ce qu’à l’occasion de la mort d’un proche, les hommes s’interrogent inévitablement :

« Que deviennent nos défunts ? À quoi bon vivre, s’il ne reste absolument rien de tout ce que nous faisons sur terre ? À quoi bon travailler à des lendemains qui chantent, si ces lendemains périssent à leur tour ? » Tout homme sent qu’il est difficile de vivre sans jamais se poser le problème de l’au-delà, le problème auquel toutes les religions apportent une réponse. Suffit-il, pour être heureux, d’avoir les moyens de vivre ? Ne faut-il pas aussi des raisons de vivre… et de mourir ? Quelle joie de croire, au cœur même de nos épreuves, que Dieu veille très spécialement sur chacun de ses enfants et que, malgré les apparences souvent contraires, Il fait tout concourir à notre bien !… Quelle joie de croire aux retrouvailles éternelles que nous vivrons avec nos chers défunts !

7Pourquoi aurais-je besoin de l’Église pour croire en Dieu ?

L’Église est « colonne et soutien de la vérité ». Elle garde fidèlement la foi qui lui a été transmise. C’est vrai, les

erreurs et les fautes de certains – parfois scandaleuses – ne sont que trop évidentes. Néanmoins, les chrétiens pensent que l’Esprit Saint anime son Église de telle manière qu’Il l’empêche d’errer en ce qui concerne les choses essentielles de la foi et de la morale. C’est pourquoi l’Église peut changer d’avis sur

certains points ; par exemple, elle n’interdit plus aux chrétiens de prêter leur argent avec intérêt comme elle le faisait au Moyen-Âge. En revanche, elle ne reviendra jamais sur la présence réelle du Corps du Christ dans l’Eucharistie ou sur l’existence du purgatoire.Le Christ a voulu faire confiance à des pécheurs pour se faire connaître et donner sa vie à tous. C’est incroyable mais c’est vrai ! D’ailleurs si je suis membre de l’Église, cela signifie que le Christ me fait confiance mal-gré mes limites et mon péché !

8Comment oser dire que la foi chrétienne est supérieure aux autres !…

Les chrétiens reconnaissent volontiers que les croyants d’autres religions professent des idées justes et accom-

plissent des rites tout à fait respectables. Qu’il suffise d’évoquer les gestes d’adoration ou le jeûne du Ramadan accomplis par les musul-mans. Mais à partir du moment où l’on pense avoir de bonnes raisons de croire que le Fils de Dieu en personne est venu à un moment précis de l’Histoire – sous Ponce Pilate – pour nous révéler des choses essentielles sur sa vie intime et sur son dessein d’amour pour nous, on a envie de faire connaître cette Bonne Nouvelle au monde entier!Le missionnaire chrétien français ne prétend pas être plus intelligent que les Esquimaux auxquels il s’adresse. Il pense seulement leur rendre un fameux service en leur partageant la Bonne Nouvelle… qu’il a lui-même reçue de missionnaires venus jadis de la province d’Asie pour évangéliser la Gaule. ¨

DOSSIER COORDONNÉ PAR REMI BARJOLIN

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Année de la foi

GUIDEDELECTURE¨ Qu’est-ce qui me gêne ou me choque dans l’épisode du sacrifice d’Abraham ?

Qu’est-ce que je ne comprends pas dans cette histoire ?

¨ L’épître aux Hébreux, en particulier en 11,17-19, donne une interprétation de Gn 22,1-14. Comment résout-elle les difficultés posées par le texte de la Genèse ?

¨ Trouvez-vous éclairant le lien qu’établit He 11, 1 entre la foi et l’espérance ?

Abraham dit “Me voici”

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GENÈSE 22,1-14

1 Dieu mit Abraham à l’épreuve. Il lui dit : « Abraham ! » Celui-ci répondit : « Me voici ! »02 Dieu dit : « Prends ton fils, ton fils unique, celui que tu aimes, Isaac, va au pays de Moriah, et là tu l’offriras en sacrifice sur la montagne que je t’indiquerai. »03 Abraham se leva de bon matin, sella son âne, et prit avec lui deux de ses serviteurs et son fils Isaac. Il fendit le bois pour le sacrifice, et se mit en route vers l’endroit que Dieu lui avait indiqué.04 Le troisième jour, Abraham, levant les yeux, vit l’endroit de loin.05 Abraham dit à ses serviteurs : « Restez ici avec l’âne. Moi et l’enfant nous irons jusque là-bas pour adorer, puis nous revien-drons vers vous. »06 Abraham prit le bois pour le sacrifice et le chargea sur son

fils Isaac ; il prit le feu et le cou-teau, et tous deux s’en allèrent ensemble.07 Isaac interrogea son père Abraham : « Mon père ! - Eh bien, mon fils ? » Isaac reprit : « Voilà le feu et le bois, mais où est l’agneau pour l’holocauste ? »08 Abraham répondit : « Dieu saura bien trouver l’agneau pour l’holocauste, mon fils », et ils s’en allaient tous les deux ensemble.09 Ils arrivèrent à l’endroit que Dieu avait indiqué. Abraham y éleva l’autel et disposa le bois, puis il lia son fils Isaac et le mit sur l’autel, par-dessus le bois.10 Abraham étendit la main et saisit le couteau pour immoler son fils.11 Mais l’ange du Seigneur l’ap-pela du haut du ciel et dit : « Abraham ! Abraham ! » Il répondit : « Me voici ! »12 L’ange lui dit : « Ne porte pas la main sur l’enfant ! Ne lui fais aucun mal ! Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m’as

pas refusé ton fils, ton fils unique. »13 Abraham leva les yeux et vit un bélier, qui s’était pris les cornes dans un buisson. Il alla prendre le bélier et l’offrit en holocauste à la place de son fils.

HÉBREUX 11,17-19 17 Grâce à la foi, quand il fut soumis à l’épreuve, Abraham offrit Isaac en sacrifice. Et il offrait le fils unique, alors qu’il avait reçu les promesses18 et entendu cette parole : « C’est d’Isaac que naîtra une descendance qui portera ton nom. »19 Il pensait en effet que Dieu peut aller jusqu’à ressusciter les morts : c’est pourquoi son fils lui fut rendu ; et c’était prophé-tique.

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Le sacrifice d’AbrahamJan Lievens le Vieux (1607-1674).

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Le père des croyantsANALYSE PAR ALAIN DE BOUDEMANGE, PRÊTRE

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L e verbe croire apparaît pour la pre-mière fois dans l’Écriture au sujet d’Abraham : « Abram crut dans le

Seigneur, qui le lui compta comme justice » (Gn 15,6). Le verbe hébreu est celui que nous employons à chaque fois que nous disons ‘Amen’. Commentant ce passage (cf. Ga 3,1-18), Paul présente Abraham comme le père des croyants : ce qui fait que nous sommes fils d’Abraham n’est pas la filiation charnelle mais bien la foi. Par la foi nous héritons de la bénédiction accordée à Abra-ham. Qu’est-ce donc qui fait de la foi d’Abraham un modèle pour notre foi ?L’épisode du sacrifice d’Isaac (Gn 22,1-14) fait partie de ces passages bibliques qui nous provoquent. Comment peut-on com-prendre que Dieu ait demandé à Abraham le sacrifice de son fils ? Bien des interpré-

tations ont été données de ce passage. Parmi les commentaires, plusieurs se trouvent à l’intérieur même de la Bible. En particulier, l’auteur de l’épître aux Hébreux réfléchit sur cet épisode en se concentrant précisément sur la foi d’Abraham (He 11,17-19).Le chapitre 11 de l’épître aux Hébreux nous livre une galerie de portraits de grands croyants de l’Ancien Testament. Dès le pre-mier verset la foi y est ainsi définie : « La foi est la garantie des biens que l’on espère, la preuve des réalités qu’on ne voit pas » (He 11,1). La foi est donc ce qui permet de s’ap-puyer sur des réalités dont nous sommes sûrs mais que pourtant nous ne pouvons pas encore voir clairement. Ce décalage propre à la foi peut conduire à des com-portements qui apparaissent absurdes aux

LA FOI D’ABRAHAMC’est la référence de la foi des croyants, non seulement dans l’Ancien mais aussi dans le Nouveau Testament. Hormis la lettre aux Hébreux, c’est un thème central de la théologie de Paul. Jacques, dans son épître, propose lui aussi une méditation sur la foi et les œuvres du père des croyants.

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« Abraham et les trois Anges » (Genèse, XVIII, 6-8) [1960-1966],Marc Chagall (1887-1985)Musée de Nice.

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yeux des non croyants. En effet, la certi-tude, par la foi, d’un autre ordre de réa-lité nous fait adopter une certaine manière de vivre.Dans les versets 17-19 de ce même chapitre 11, nous lisons le commentaire qui est fait de l’épisode du sacrifice d’Isaac. Abraham s’appuie sur la certitude d’avoir reçu la promesse d’une descendance, et plus spé-cifiquement d’une descendance par Isaac (v. 18). Cette certitude étant assurée, Abra-ham est convaincu, mais sans savoir com-ment, qu’Isaac vivra et qu’il aura par lui une descendance. Car il y a une logique dans l’action de Dieu : Dieu peut demander des choses qui nous apparaissent incom-patibles, mais qui à ses yeux sont tout à fait cohérentes. La logique de Dieu échappe à Abraham mais ce dernier garde la foi dans la parole reçue.La foi est une épreuve intérieure qu’Abra-ham doit affronter : « Par la foi, Abraham, mis à l’épreuve, a offert Isaac » (He 11,17). Nous n’avons pas de mal à imaginer la souffrance d’Abraham pendant ces trois jours de marche vers le mont Moriah. Pour nous aussi, ne pas pouvoir saisir la logique de l’action divine dans notre vie est une épreuve. Nous pouvons alors être tentés de

faire prévaloir notre logique humaine. Abra-ham triomphe de cette épreuve de la foi : il n’est pas tombé en voulant réaliser par lui-même ce qu’il aurait pu imaginer être la volonté de Dieu.La foi d’Abraham est une confiance totale dans la puissance de Dieu : « Dieu, pensait-il, est capable même de ressusciter les morts » (He 11,19). En méditant sur la logique de Dieu qui lui réclame son fils, Abraham en vient à penser à la résurrection des morts. Il a confiance dans la cohérence du dessein divin au point d’imaginer une action inédite de Dieu. Et même si la réponse finalement apportée par Dieu ne correspond pas exac-tement à la réflexion d’Abraham, nous constatons que par la foi il a vu juste : Isaac sera épargné et Jésus, nouvel Isaac, sacrifié sur le mont Moriah (identifié à Jérusalem en 2 Ch 3, 1), sera rendu à la vie par la résur-rection. Ce qui fait dire à Jésus, au sujet du père des croyants : « Abraham, votre père, exulta à la pensée qu’il verrait mon jour. Il l’a vu et fut dans la joie. » (Jn 8, 56). ¨

* Le père Alain de boudemange est prêtre du diocèse de Versailles et membre de la communauté de l’Emmanuel.

La pratique des sacrifices d’enfants, répandue au Moyen Orient, a pu pénétrer çà et là en Israël (cf. 2R 16,3 ; 21,6). Mais elle est sévèrement interdite par la Loi (Lv 18,21 ; Dt 18,10), et cette interdiction est régulièrement rappelée par les prophètes (cf. Mi 6,7 ; Jr 7,31…). L’épisode du sacrifice d’Isaac doit se comprendre dans la même lumière : Dieu condamne les sacrifices humains. Le sacrifice qui lui plaît, c’est la foi de son peuple.

SACRIFICE HUMAIN

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ENPRATIQUE¨ Ce mois-ci, je me réjouirai de ce

que ma foi n’est pas un dû mais un don de Dieu.

¨ Dans les moments de sécheresse, je pense à appeler Jésus au secours : « Augmente en moi la foi ! » (Lc 17, 5)

¨ Quand je ne sens plus que je crois, je multiplie les petits actes de foi et de confiance au cours de la journée.

¨ Je peux apprendre par cœur et dire l’acte de foi : « Mon Dieu, je crois fermement en toutes les vérités que tu nous as révélées et que tu nous enseigne par ton Église, car tu es la Vérité même, et tu ne peux ni te tromper ni nous tromper. »

Pour avancer CLIN D’ŒIL

Une de ces affirmations évoque-t-elle quelque chose de votre expérience de foi ? Dites en quoi.

¨Croire en Dieu, c’est aussi croire en l’homme.

¨ Jésus est vraiment Dieu.

¨ Jésus est au cœur de la foi, l’Église non.

¨ Croire, c’est difficile.

¨Dieu s’occupe des plus petits détails de la vie.

¨Il existe un Être divin au-dessus de nous mais on ne peut pas le connaître vraiment.

¨ Croire, c’est faire confiance à l’Esprit Saint et se laisser guider par lui.

¨ Quelle joie de croire !

À PLUSIEURS

Par le père Joël Guibert

ParolesdelaViergeMarieÀ Pellevoisin, lors de ses apparitions à Estelle Faguette, la Vierge Marie a deux paroles fortes qui ont de quoi booster notre foi.

1 Non sans humour, Notre-Dame invite d’abord Estelle à ne pas enfermer la foi dans la seule raison raisonnante : « Tu as bien le caractère du Français : il veut tout savoir avant d’apprendre, et tout comprendre avant de savoir… »

2 Lors de la quinzième apparition, Marie prévient Estelle : « Tu ne me reverras plus. » La jeune fille se met à pleurer : « Qu’est-ce que je vais devenir sans vous, ma Bonne Mère ? » Marie l’enracine alors dans cette vérité : « Je serai invisiblement près de toi. »

Un funambule s’est lancé le défi de traverser le Niagara sur un fil, en longeant les chutes. Après son premier passage, il est accueilli par un tonnerre d’applaudissements. Il demande à la foule : « Croyez-vous que je peux faire l’aller-retour avec une brouette ? » « Ouiiii ! » Il réussit cette nouvelle prouesse. Il demande alors : « Et maintenant, croyez-vous que je peux retraverser avec un passager dans la brouette ? » Cette fois, la foule reste muette… Enfin, un homme crie : « Oui, je

crois que tu peux le faire ! » Le funambule lui répond du tac au tac : « Viens donc t’asseoir dans la brouette ! »

Difficile de croire tout en demeurant spectateur…

ÀLIRE • Catéchisme de l’Église Catholique § 142-184.

• Croire n’est pas si compliqué Denis Biju-Duval, Éd. de l’Emmanuel.

• La foi en action, Père Étienne Michelin, Petits traités spirituels, Éd. Pneumathèque.

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