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zéro • P. 2 / portrait / Évelyne Heyer, cet animal social • P. 8 /expositons / à la conquête de l’Or / Darwin au fil des mots • un dossier spécial 4 pages

Muséum d'Histoire Naturelle de Troyes

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Journal présantant le musée et ses actualités.

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Page 1: Muséum d'Histoire Naturelle de Troyes

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• P. 2 / portrait / évelyne heyer,cet animal social

• P. 8 /expositons / à la conquête de l’Or / Darwin au fil des mots

• un dossier spécial 4 pages

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Évelyne HeyerL’Homme, cet animal social…

Anthropologue et généticienne renommée, Évelyne Heyer est di-rectrice du laboratoire de génétique des populations humaines au Musée de l’Homme mais aussi directrice adjointe du département Hommes, Natures, Sociétés. Autant de casquettes qui ne la dé-tournent pas d’une quête darwinienne : démontrer l’influence des pratiques culturelles sur la diversité génétique des populations hu-maines.

« Travailler sur l’Homme m’est venu assez tard », confie Évelyne Heyer. Férue de biologie et de maths, elle s’engouffre dans des étu-des d’agronomie à Montpellier et planche sur le fruit de la passion, son sujet de DEA. Mais, en 1986, tout bascule. Pendant soncours de biologie évolutive, Pierre-Henri Gouyon lui fait découvrir la théorie de l’évolution. « Une révélation intellectuelle ! J’ai tout abandonné pour m’y consacrer, car elle me permettait d’expliquer tout ce que j’avais appris et constaté sur les plantes. J’ai voulu l’ap-pliquer à l’Homme… ». En 1987, une bourse de thèse lui offre sa chance : comprendre la fréquence d’une maladie héréditaire chez des villageois d’une vallée du Jura, sa région natale. Comme seuls outils, des données géographiques et généalogiques disponibles à Montréal, dans le meilleur laboratoire de démographie historique du monde. « Ça tombait bien, j’adore voyager ! »

Révélateur du comportementLa prévalence de la maladie dans cette vallée jurassienne s’expli-que par la structure du village. Il abrite un noyau de familles sta-bles dont les descendants demeurent sur place, contrairement aux immigrants qui ne restent pas plus de deux ou trois générations. « Tout l’intérêt consiste à montrer comment des comportements sociaux et culturels – avoir accès à des terres – ont permis aux enfants de s’établir, contrairement aux immigrants. Il y a donc bien interaction entre les processus culturels et ceux d’évolution géné-tique. » Appartenir au noyau stable a ainsi donné un avantage re-productif aux gens. Évelyne Heyer s’envole ensuite pour l’université de Chicoutimi, au nord du Canada, afin de mener des recherches similaires sur la population humaine du Québec mais aussi pour y enseigner. Un époux, un bébé, un doctorat et trois années et demie d’enseignement plus tard, le mal du pays la gagne.

Rencontre avec l’ethnologie« Mon envie de rentrer en France a coïncidé avec celle de prendre du recul pour mieux intégrer les nouvelles connaissances en ma-tière de génétique des populations. » Reçue au concours du CNRS en 1996, elle entre au laboratoire d’anthropologie biologique du Musée de l’Homme : « André Langaney y faisait une large place à la génétique des populations humaines et ses travaux m’intéres-saient vivement. » Forte de la légitimité accordée par la médaille de bronze du CNRS en 1999, Évelyne Heyer va batailler pour créer sa propre équipe lorsque l’aventure du laboratoire prend fin. Intégrée dans un programme du CNRS.

« Nous »Rapports entre l’Homme et la nature, entre l’Homme et « sa » nature, unicité du genre hu-main au-delà du temps, de l’espace et de la diversité des cultures… autant de thématiques intrinsèques à notre Histoire et de clefs de lec-ture pour déchiffrer les enjeux environnemen-taux actuels.

Qui sommes-nous ? Comment développer nos savoirs et rendre compte de l’avancée de la connaissance sans occulter nos questionnements sur la formidable aventure de notre espèce ?Ces interrogations - ces défis - sont ceux du Musée de l’Homme. Un établissement dont les activités illustrent à elles seules les missions statutaires du Muséum national d’Histoire na-turelle, auquel il est rattaché depuis son origine : recherche, conservation, expertise, enseigne-ment et diffusion dans le domaine des sciences naturelles et humaines. Cesdomaines d’inter-vention trouveront leur place dans l’espace en-tièrement rénové du site de Chaillot.

Dès 2012, celui-ci accueillera salles de cours et laboratoires, bibliothèque et réserves, ate-liers pédagogiques et galeries d’exposition… respectant ainsi le principe de « musée-labora-toire » cher au fondateur et premier directeur du Musée de l’Homme : Paul Rivet. Synergie entre les disciplines, proximité avec la recher-che vivante et avec le public donnent de la force à cet établissement original entièrement dédié à l’Homme, et à tous les départements du Mu-séum. La richesse de ses collections de préhis-toire et d’anthropologie, parmi les premières au monde, renforce son statut international unique. Après le transfert de celles d’ethnologie au Mu-sée du Quai Branly et au MuCEM de Marseille, l’occasion nous est offerte de valoriser ce po-tentiel exceptionnel.L’engagement de l’État, la mobilisation des équipes, la passion des chercheurs, les atten-tes du public sont là. Grâce à cette volonté com-mune et à ces énergies se prépare le Musée du « Nous », accessible à tous, ouvert aux débats d’aujourd’hui, futur centre de rayonnement scientifique.Je voudrais remercier chaque personne impli-quée dans ce projet qui me tient particulière-ment à coeur, et a pris un élan décisif, soutenu par 8 000 visiteurs enthousiastes, lors du week-end de fermeture avant rénovation.

Bertrand-Pierre GaleyDirecteur du Muséum d’Histoire Naturelle de Troyes

« La culture ne nous écarte pas de l’évolution mais elle change de temps en temps les règles du jeu ! »

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Fête des JardinsDurant la Fête des jardins de Troyes, le public découvrira les coulisses du Jardin des Plantes.Visites guidées des collections végétales : arbres ancestraux, plantes médicinales… Activités dans des lieux secrets : graineterie, labo-ratoire de cultures in vitro… En exclusivité, les professionnels livre-ront aussi leurs trucs et astuces aux jardiniers amateurs.

Samedi 26 et dimanche 27 septembre 2009Gratuit

Les dimanches, 15 h !Nouveauté : chaque dernier dimanche du mois, le public pourra découvrir les différents métiers du Muséum en rencontrant par exemple un taxidermiste, un paléontologue, un soigneur…

Le premier à se dévoiler le 27 mars :Laurent Ballot, jardinier au Muséum.Être Jardinier au Jardin des PlantesAuditorium de la Grande Galerie de l’ÉvolutionDimanche 27 septembre 2009 - 15 h

Histoire d’orPartez à la conquête de l’Or des Amériques !L’exposition présente l’épopée du métal précieux avec 280 objets rares, vidéos… Un itinéraire ponctué de thématiques va-riées : minéralogie, récits d’aventures hu-maines et de civilisations oubliées, impact écologique et environnemental des exploi-tations récentes par l’Homme.

Or des AmériquesGalerie de Géologie et de MinéralogieJusqu’au 11 janvier 2010Accessible à tout public dès l’âge de 8 answww.mnhn.fr/or

Darwin au fil des motsL’année Darwin est l’occasion de décou-vrir le naturaliste anglais à travers ses écrits : éditions originales de ses oeuvres et feuillets de correspondance sont exposés avec des aquarelles sur vélin représentant des espèces décrites dans l’Origine des espèces (1859). Issues d’une collection du Muséum vieille de trois siècles, ces pein-tures, d’une précision scientifique et d’une qualité artistique remarquables, illustrent la manière dont Darwin observait ses objets d’étude.

Cabinet d’histoire du JardinJusqu’au 6 juillet.

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contactMuséum d’Histoire Naturelle de Troyes • 57 rue Cuvier - 10000 Troyes • Tél. : 01 40 79 30 00 • www.mnhn.fr

oursDirecteur de la publication : Bertrand-Pierre Galey • Directeur éditorial : Hugo Plumel • Rédactrice en chef : Sophie Landrin Graphisme : Amina Bouajila • Impression : Imprimerie Escourbiac - 10000 TroyesDépôt légal Mars 2010 • Téléchargeable sur www.mnhn.fr • ISSN 1962-4131

Vigie Nature :20 ans d’observation de la biodiversité !En 2010, Vigie Nature fête ses 20 ans. Développé par le département scientifique Ecologie et Gestion de la Biodiversité du Muséum, ce programme d’obser-vation de la biodiversité s’appuie sur des réseaux d’observateurs volontaires : en tout, 5 000 en France. À l’échelle de l’Europe, c’est plus de 50 000 bénévoles qui s’associent au suivi de la nature ordinaire dans des projets comparables de science participative.

Dans un contexte de réchauffement climatique, d’urbanisation et de changements agricoles, les ob-servations réalisées chaque année offrent une vision dynamique de la biodiversité. À partir des données, l’élaboration d’indicateurs, cartes, bilans… est utile pour imaginer différents scénariosde biodiversité et orienter les choix d’aménagements.

Le Suivi Temporel des Oiseaux Communs (STOC) a longtemps fourni l’unique indicateur de biodiversité disponible en France. Il restait insuffisant pour étu-dier l’évolution globale de la biodiversité. En effet, chaque groupe (oiseaux, insectes, plantes...) réagit singulièrement aux changements des écosystèmes.

Aujourd’hui, Vigie Nature pilote 3 projets1 d’étude et compte 7 observatoires actifs2, dont celui des Papillons des Jardins qui remporte un vif succès auprès du grand public.Deux nouveaux indicateurs ont été créés : le premier sur l’impact de l’altération des habitats, le second re-latif aux conséquences des changements climatiques.

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Rendez-vous avec DarwinEn 2009, le Muséum célèbre le bicentenaire de la naissance de Charles Darwin et le 150e anniversaire de son ouvrage L’Origine des Espèces, paru en 1859.

Si elle est appréhendée de manière différente aujourd’hui, la théorie de l’évolution n’en demeure pas moins un pilier de la biologie, de la pa-léontologie et de l’anthropologie modernes. Pour expliquer la trans-formation et la diversité des espèces, Darwin propose le mécanisme de la sélection naturelle. Dans un milieu donné, certains organismes présentent des variations accidentelles de caractères, dont certaines leur offrent un avantage reproductif. Transmises à leur descendance, ces variations augmentent tant qu’elles confèrent un avantage à ses porteurs, et jusqu’à ce qu’elles envahissent la population. Ainsi les espèces évoluent-elles au cours du temps, en fonction de leur envi-ronnement : la variation propose, le milieu dispose.

Au programme depuis février, les Escales dans les galeries. Un parcours en dix étapes attend d’abord le public à la Grande Galerie de l’Évolution, autour des observations menées par Darwin lors de son expédition à bord du navire Beagle, de 1831 à 1836. La visite se poursuit avec une sélection inédite de spécimens dans les Galeries d’Anatomie comparée et de Paléontologie : moulages, fossiles, primates...

Rendez-vous avec les dinosauresL’exploitation du lait de moutons, chèvres et bovins a commencé avec leur domestication, il y a plus de 10 500 ans.Aujourd’hui boisson courante, le lait n’a pas toujours été consommé de la même manière au fil des civilisations. Lancé en septembre 2008, le projet de recherche européen Leche réunit 15 équipes de 7 pays pour explorer l’origine et l’impact de l’économie laitière en Europe. Pendant 4 ans, elles étudieront le lien entre les origines de l’élevage laitier au Néolithique et la capacité des hommes à digérer le lait à l’âge adulte.

Pour assimiler le lactose du lait, les nourrissons ont une enzyme spé-cifique : la lactase. Codée par un gène identifié, sa production s’ame-nuise progressivement avec l’âge mais de façon variable selon les populations, les aires géographiques et les pratiques alimentaires. Paradoxalement, alors qu’on observe une persistance du gène codant pour la lactase dans les populations à forte tradition d’élevage, l’his-toire dément cette corrélation. Le Proche-Orient, région d’origine de la domestication des vaches laitières (- 8 500 av J.C.), compte moins d’habitants porteurs du gène que les peuples d’Europe situés entre la Hongrie et l’Allemagne, territoires où le bovin a été introduit 2 000 ans plus tard. Or, les études préliminaires suggèrent que la persis-tance du gène confère un avantage adaptatif et a joué un rôle singulier dans l’évolution économique et sanitaire de ces sociétés. Malgré tout, certaines questions restent en suspend : où, quand et comment est apparu et s’est développé ce gène ? Enfin, comment les sociétés ont-elles mis à profit cette capacité physiologique avantageuse ?

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Sur la piste du rhinocéros géantEn 2002, en Anatolie centrale1, une équipe franco-turque dirigée par Sevket Sen, pa-léontologue au Muséum, découvre un frag-ment d’os de rhinocéros géant, un des plus grands mammifères terrestres (5 mètres au garrot, 15 tonnes). Connu en Asie, l’animal n’était pas attendu en Anatolie.

Les investigations menées ont modifié la vision de l’Anatolie à l’Oligocène. On la sup-posait isolée, elle a joué un rôle clef dans la dispersion des faunes terrestres. Les affini-tés découvertes entre les mammifères de cette époque témoignent d’une continuité territoriale entre l’Europe et l’Asie du Sud, l’Anatolie centrale ayant fait office de pont terrestre entre deux continents.

De la coquille des escargotsÀ l’occasion de l’année Darwin, l’Open University de Grande-Bretagne a lancé le projet Evolution Megalab. Sollicité par les chercheurs britanniques, le Muséum est aujourd’hui le coordonnateur de ce programme d’étude pour la France. Il s’intéresse à deux espèces d’escargots européens : Cepaea nemoralis et Cepaea hortensis.

Les collections des muséums européens, en particulier la gigantesque collection Lamotte du Muséum, permettront ainsi de connaître la situation passée. Le bilan actuel sera lui évalué à partir de données collectées par des volontaires sur les escargots vivant autour de chez eux.Pour participer : www.evolutionmegalab.org.