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Mouvement international ATD Quart Monde 107, avenue du Général Leclerc - 95480 Pierrelaye - France OCTOBRE 2009 – N° 72 LETTRE AUX AMIS DU MONDE Forum Permanent sur l’extrême pauvreté dans le monde « Ces souhaits d'enfants... un droit, pas un rêve. » Ainsi conclut le rédacteur de l'article paru dans un journal don- nant la parole à des enfants de tous milieux. « Un droit, pas un rêve », cela ne se décrète pas, cela se bâtit à travers des liens de proximité, des liens d'amitié, des liens de compré- hension, de confiance et de compassion, des liens d'action aussi. C'est ce qu'expriment de différentes manières et dans différents contextes les articles de cette Lettre. « Quand il pleut dans la nuit, j'ai le coeur serré et le som- meil troublé lorsque je pense aux familles des quartiers très pauvres. » « Elles ont appris à défendre leurs droits ; elles s'engagent à défendre les droits d'autres femmes. » « Les gens sont en train de se mettre debout. Notre combat ne sera pas vain. » « Brigitte (fillette de 4 ans souffrant de paralysie cérébrale) m'apporte un grand exemple de constance dans sa lutte pour la vie. » « Malgré toutes les difficultés, la communauté a réussi à créer et à maintenir les conditions d'une grande conviviali- té et se mobilise pour bâtir son propre avenir. » Les réactions reçues concernant la Convention internatio- nale des droits de l'enfant (page 4) sont de la même veine. Si elles parlent de réalités graves, douloureuses, inaccepta- bles, elles révèlent la grandeur des hommes et des femmes qui les vivent, qui les refusent et qui entraînent d'autres à les refuser avec eux. « Sans la solidarité, rien n'est possible dans ce monde ; vivre c'est aider les autres à vivre. » Par ce plaidoyer, des jeunes en entraînent d'autres à agir en faveur d'enfants en difficultés. Vivre, c'est aider les autres à vivre, c'est avoir de l'ambition pour tous. HUGUETTE REDEGELD É ditorial Vivre, c’est aider les autres à vivre « Les gens sont en train de se mettre debout » « Aujourd'hui, 30 août, je suis allé au Camp Dandara. J'en suis revenu plein d'espoir. J'ai vu Joviano qui accueillait une énorme file de familles nouvellement arrivées, dé- sespérées par le besoin pressant de trouver un toit. J'ai parcouru tout le Camp, félicitant ceux qui sont en train de construire leur maison et encourageant tout le monde à le faire. Il y a déjà plus de trente petites maisons en construction. Les gens n'ont plus peur. On voit des briques qui arrivent sur des vélos, dans des voitures, à motocy- clette, en brouette, en landau et dans des poussettes, dans des bassines, etc. J'ai déjeuné dans une maisonnette déjà finie, avec de l'eau courante et l'électricité. C'était chez Madame Maria, une dame âgée très intelligente, M. Joaquim, Eduardo et Luísa, qui a 15 ans et qui est à son 4ème mois de grossesse. Le déjeuner était délicieux. J'ai pu sentir que les gens sont en train de se mettre debout. Notre combat ne sera pas vain. Tous les combats valent la peine quand on a un grand cœur. Mais je pense que nous devrions commencer à construire aussi un Centre Communautaire. » FREI GILVANDER M., BRÉSIL 1

Mouvement international ATD Quart Monde 107, …...Je m'appelle Liliana et je suis puéricultrice à la Fondation AMI. Je prodigue des soins aux enfants et les accompagne dans toutes

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Page 1: Mouvement international ATD Quart Monde 107, …...Je m'appelle Liliana et je suis puéricultrice à la Fondation AMI. Je prodigue des soins aux enfants et les accompagne dans toutes

M o u v e m e n t i n t e r n a t i o n a l AT D Q u a r t M o n d e107, avenue du Général Leclerc - 95480 Pierrelaye - France OCTOBRE 2009 – N° 72

LETTRE AUX AMIS

DU MONDEForum Permanent sur l’extrême pauvreté dans le monde

« Ces souhaits d'enfants... un droit, pas un rêve. » Ainsiconclut le rédacteur de l'article paru dans un journal don-nant la parole à des enfants de tous milieux. « Un droit, pasun rêve », cela ne se décrète pas, cela se bâtit à travers desliens de proximité, des liens d'amitié, des liens de compré-hension, de confiance et de compassion, des liens d'actionaussi. C'est ce qu'expriment de différentes manières et dansdifférents contextes les articles de cette Lettre.« Quand il pleut dans la nuit, j'ai le coeur serré et le som-meil troublé lorsque je pense aux familles des quartiers trèspauvres. »« Elles ont appris à défendre leurs droits ; elles s'engagent àdéfendre les droits d'autres femmes. »« Les gens sont en train de se mettre debout. Notre combatne sera pas vain. »« Brigitte (fillette de 4 ans souffrant de paralysie cérébrale)m'apporte un grand exemple de constance dans sa luttepour la vie. »

« Malgré toutes les difficultés, la communauté a réussi àcréer et à maintenir les conditions d'une grande conviviali-té et se mobilise pour bâtir son propre avenir. »

Les réactions reçues concernant la Convention internatio-nale des droits de l'enfant (page 4) sont de la même veine.Si elles parlent de réalités graves, douloureuses, inaccepta-bles, elles révèlent la grandeur des hommes et des femmesqui les vivent, qui les refusent et qui entraînent d'autres à lesrefuser avec eux. « Sans la solidarité, rien n'est possibledans ce monde ; vivre c'est aider les autres à vivre. »Par ce plaidoyer, des jeunes en entraînent d'autres à agir enfaveur d'enfants en difficultés.

Vivre, c'est aider les autres à vivre, c'est avoir de l'ambitionpour tous.

HUGUETTE REDEGELD

Éditorial Vivre, c’est aider les autres à vivre

• « Les gens sont en train dese mettre debout »

« Aujourd'hui, 30 août, je suis allé auCamp Dandara. J'en suis revenuplein d'espoir. J'ai vu Joviano quiaccueillait une énorme file defamilles nouvellement arrivées, dé-sespérées par le besoin pressant detrouver un toit. J'ai parcouru toutle Camp, félicitant ceux qui sonten train de construire leur maisonet encourageant tout le monde àle faire. Il y a déjà plus de trentepetites maisons en construction.Les gens n'ont plus peur. On voitdes briques qui arrivent sur desvélos, dans des voitures, à motocy-clette, en brouette, en landau et dansdes poussettes, dans des bassines, etc. J'aidéjeuné dans une maisonnette déjà finie, avecde l'eau courante et l'électricité. C'était chez MadameMaria, une dame âgée très intelligente, M. Joaquim,Eduardo et Luísa, qui a 15 ans et qui est à son 4ème moisde grossesse. Le déjeuner était délicieux.

J'ai pu sentir que les gens sont en train de se mettredebout. Notre combat ne sera pas vain. Tous les combatsvalent la peine quand on a un grand cœur.Mais je pense que nous devrions commencer à construireaussi un Centre Communautaire. »

FREI GILVANDER M., BRÉSIL

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• « Elles ont découvert un nouveau sensà leur vie »

La ville de Ilo, située au sud du Pérou, compte plus desoixante-dix mille habitants dont la majorité sont des im-migrés des zones de l'alti plano. La situation économiqueau Pérou et à Ilo est très difficile ; il y a peu de possibili-tés de trouver un emploi et c'est plus difficile encore pourles femmes, les jeunes et les sans profession.

À Ilo nous sommes environ quatre mille domestiques, lamajorité sont des immigrées et n'ont aucun métier. Allertravailler dans une maison nous permet seulement desurvivre parce que le salaire est bas, ils nous paient enmoyenne entre 50 et 70 euros pour plus de 320 heures detravail par mois. Ce qui aggrave notre situation est quenous n'avons pas un jour de repos fixe par semaine, nousn'avons pas de bénéfices sociaux et à l'intérieur de lamaison nous sommesmaltraitées, exploitées,marginalisées et violéessexuellement par nosemployeurs et leursenfants. Depuis 2004, uneloi nous donne quelquesavantages mais personnene la respecte et nos droitssont violés.

• « CEPRODETH est unespace de rencontre, d'a-mitié, de partage avec lesautres compagnes, unespace pour nous édu-quer sur nos droits, oùnous apprenons à être despersonnes et des êtressociaux. »Elizabeth, 27 ans

• « Chaque dimanche nous nous retrouvons entre noustoutes, nous avons appris à tricoter, coudre, broder, deschoses manuelles, à faire des chocolats, encore beaucoupplus d'autres choses, nous nous sentons utiles. » Maria,21 ans

• « Quand nous connaissons une amie qui est exploitée etmaltraitée, nous nous passons le mot pour l'amener versCeprodeth, pour connaître ses droits et lui faire savoir quenous allons la soutenir parce que les patrons abusentd'elle. » Jesusa, 24 ans

• « J'ai vécu comme une esclave, ils me faisaient tout faireà la maison, je n'avais pas de jour de repos, je ne sortaispas de la maison, je vivais enfermée ainsi pendant plus de6 ans parce que la dame m'avait amenée de la sierraquand j'avais 12 ans. Ils me disaient que je devais appren-dre à ne pas être paresseuse, ils ont abusée de moi et nem'ont rien payée. » Alicia, 21 ans.

Elizabeth, Jesusa,Maria et Alicia sontdes compagnes deCeprodeth. Elles ontdécouvert un nou-veau sens à leur vie,elles ont appris l'ami-tié, la confiance, àrecevoir de la tendres-se de soeurs, elles ontappris à défendreleurs droits, elles sesont responsabiliséespour être de meilleu-res personnes et ci-toyennes et elles s'en-gagent à défendre lesdroits d'autres fem-mes qui, commeelles, sont des domes-tiques.

ANA H, CEPRODETH,PÉROU

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• C'est important de vous lire régulièrement car j'apprends ceque les autres font autour d'eux pour améliorer la vie des per-sonnes en difficultés. Je pense que mon esprit humanitaire sedéveloppe de jour en jour. Ici à Abidjan, nous sommes en plei-ne saison des pluies. Quand il pleut dans la nuit, j'ai le coeurserré et le sommeil troublé lorsque je pense aux familles desquartiers très pauvres de Mossikro et d'Abobo. Aux parents quin'ont pas eu le courage de quitter leurs maisons car ils nesavent plus où aller. Aux familles qui avec tristesse et impuis-sance voient leurs maisons inondées par les eaux de pluie.Aux enfants et aux adultes qui sont enterrés vivants par desglissements de terrain sinon emportés par les eaux de pluie.J'aimerais lancer un message à tous ; aux autorités ivoiriennes,aux organisations humanitaires locales et internationales, auxpersonnes de bonne volonté afin que ces personnes en difficul-tés logées pour l'instant dans les écoles, puissent avoir accès àun logement pour vivre en sécurité et réaliser leurs projets.

O. Siaka, Côte d'Ivoire

• Le travail de la "Casa Seis" repose sur la participation de tousles membres de la communauté du quartier, qui doivent s'en-gager pour trouver une solution à leurs problèmes. Comme il ya des contacts personnels très fréquents et une présence perma-nente, il est plus facile d'obtenir la confiance des gens et decréer une responsabilisation commune et effective des jeunes etdes enfants, mais aussi des adultes. Mais le travail avec environ600 familles exige des moyens qui ne sont pas toujours dispo-nibles. Pourtant, malgré toutes les difficultés, les résultats sontvisibles, car la communauté, en dépit des situations probléma-tiques d'un grand nombre de ses habitants, a réussi à créer et àmaintenir les conditions d'une grande convivialité, d'un échan-ge inter-culturel et se mobilise pour bâtir son propre avenir.

Rui A., Portugal

C o u r r i e r d e s l e c t e u r s – C o u r r i e r d e s l e c t e u r s – C o u r r i e r d e s l e c t e u r s

Vous aussi, vous pouvez partager vos observations et vos expériences viale site : www.atd-quartmonde.org (cliquer sur «Échanges d’expériencesdans le monde») ou par email à [email protected]

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• « À l’écoute des songes »

Une lectrice, interpellée par deux petites silhouettessous une couverture au pied de son immeuble, nouspartage cet article :

Ils sont égyptiens et ont entre 6 et 12 ans. Ils viennent d'ho-rizons fort divers, que ce soit d'un foyer dans un quartierrésidentiel ou populaire ou encore de la rue où ils dormentet travaillent. Ils ont tous des rêves. Écoutons-les.

• « On m'a raconté que mon grand-père était dompteur detigres. Quand je serai grand, j'espère faire le même métier.Le monde du cirque me fascine. Je rêve aussi d'un toit oùmes frères et moi pourrons dormir en paix, sans craindre lelendemain. »

• « Devenir diplomate pour aller faire le tour du monde,découvrir d'autres cultures et apprendre des langues étran-gères. »

• « Devenir médecin. »

• « Être enfermé dans un hypermarché de jouets toute lanuit pour toucher à tous les jeux et manger toutes les frian-dises qui s'y trouvent. »

• « Devenir footballeur et marquer des buts aussi beauxque ceux d'Abou-Treika. »

• « Quand je serai grand, je rêve de devenir boucher.Comme ça je mangerai de la viande tous les jours. »

• « Je rêve d'avoir des professeurs qui sourient en classe,qui me parlent sans crier, de jouir pleinement de ma jour-née scolaire, de ne pas rentrer à la maison accablé par untas de devoirs et révisions à faire, une vie sans " il faut ", unevie où je peux me libérer de tous ces fardeaux. Je rêve quel'on m'écoute attentivement avant de me parler, de me tou-cher délicatement, c'est ainsi que je grandirai vrai-ment. »

En les écoutant parler, il semble que l'onpeut tous contribuer à ce que leursrêves soient exaucés. Etnombreux sommes-nous à y être engagés,que ce soit en tant queparents, professionnelsou membres d'associa-tions. Ces souhaitsd'enfants, il s'agitsouvent d'un droit etnon pas d'un rêve.

TIRÉ D'UN ARTICLEPARU DANSAL-AHRAM HEBDO,LE 31.12.2008ET ÉCRITPAR AMIRA DOSS,EGYPTE

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• « Ce partage nous rend plus humain »

« NUESTRO HOGAR » a été créé et animé par laFondation AMI. Il s'agit d'un foyer destiné à accueillir desenfants meurtris par la vie âgés de 0 à 5 ans. Certains desenfants sont recueillis par d'autres structures, puis confiésà Nuestro Hogar au vu des handicaps/retards/ problèmesrencontrés, ou nous sont directement confiés par lesautorités (hôpitaux, police, juges, etc.). Les conditionsd'accueil de chaque enfant sont différentes. Ils arriventau foyer avec de lourdes expériences de vie : abandon-nés par les parents naturels ou par leur famille, maltraitésphysiquement et émotionnellement, abusés, martyrisés,gravement malades. AMI est responsable non seulementdes enfants qui arrivent au foyer mais aussi du suivi deceux qui retournent dans leur famille. La réinsertionfamiliale des enfants accueillis au foyer est une préoc-cupation permanente de la Fondation.

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Je m'appelle Liliana et je suis puéricultrice à la FondationAMI. Je prodigue des soins aux enfants et les accompagnedans toutes leurs activités. Ce travail me donne beaucoupde satisfaction puisque, jour après jour, j'ai l'occasion deconnaître davantage les enfants, de les écouter et de lescomprendre. Ce partage nous rend plus humain, il nouspermet de nous joindre à eux pour retrouver le chemin dela joie, du bonheur et de l'innocence.

Dans ce foyer, chaque enfant fait l'objet de gestes d'atten-tion, de protection, de respect, de gratitude et d'autresvaleurs encore, de la part de tous les adultes qui les entou-rent.

Brigitte est une petite fille souffrant de paralysie cérébrale.Chaque jour, elle fait des efforts pour essayer de bouger unpeu plus, effectuant des mouvements très impressionnants.Pour moi, c'est une douleur et une tristesse très grandes devoir Brigitte désespérée de ne pouvoir sortir et courircomme les autres enfants. Néanmoins elle m'apporte ungrand exemple de constance dans sa lutte pour la vie.

La présence de cette fillette de 4 ans représente une grandeopportunité pour le foyer car elle lui permet d'être fidèle àsa mission. En effet, une des bases importantes est le respectdu rythme de chacun. L'évolution de Brigitte depuis sonarrivée est impressionnante. Elle démontre une capacité decommunication stupéfiante et un bonheur facilité par sonintégration avec les autres enfants, lesquels lui témoignenténormément d'affection.

C'est une expérience très enrichissante de rencontrer desêtres humains si spéciaux puisque tout en étant si petits, ilssavent ce que c'est de souffrir, d'être privés d'un foyer. Etmalgré cela, ils conservent une force impressionnante. Leplus important pour moi est de savoir qu'ici leurs premiersjugements et valeurs vont se former de manière positive. Lesconnaissances que j'acquiers chaque semaine et à la fin dumois me permettent de connaître plus en profondeur l'at-tention qu'il faut accorder à l'enfant, en même temps quecela me forme pour devenir une guide pour ces enfants.

Chaque enfant est un être unique, rempli de valeurs et debonheur, et surtout d'un grand coeur avec beaucoupd'amour.

LILIANA A., LA FONDATION AMI, ÉQUATEUR

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Le « Forum Permanent sur l’extrême pauvreté dans le monde » est un réseau de personnes engagées qui veulent développerune amitié et une connaissance à partir de ce que nous apprennent les populations pauvres et très pauvres : celles qui cumu-lent plusieurs précarités au niveau de l’éducation, du logement, du travail, de la santé, de la culture, celles qui sont les plus reje-tées et les plus critiquées. Il invite à le rejoindre tous ceux qui veulent faire partie d’un courant de refus de l’extrême pauvretédans le monde pour rebâtir la communauté à partir et avec les plus pauvres. Ce courant s’exprime dans la Lettre aux Amis duMonde qui publie trois fois par an, en français, anglais, espagnol, portugais les écrits de nos correspondants, grâce à des traduc-teurs professionnels qui offrent leur service bénévolement. Le Forum Permanent est développé par le Mouvement ATD QuartMonde, OING dont le siège est à Pierrelaye, France, et permet à ceux qui le rejoignent de garder leur identité, sans pour autantêtre membre d’ATD Quart Monde. Email : [email protected] Site Internet : www.atd-quartmonde.orgAbonnement $8 / 8 € par année – De soutien $10/ 10 € par année. © Mouvement international ATD Quart Monde - ImprimerieATD - Méry-sur-Oise - N°72 - Octobre 2009.

LES DESSINS SONT DE

HÉLÈNE PERDEREAU QUI

LES OFFRE GRACIEUSEMENT,DEPUIS DE LONGUES ANNEES,AU MOUVEMENT

ATD QUART MONDE

MISE EN PAGE :LYDIE ROUFFET

Les droits de l’enfantsont des droits de l’homme, donc universels et inaliénables

✏✏ Des milliers d'immigrés continuent àarriver en bateau sur la côte sud del'Italie, et des centaines d'autres meurenten essayant d'atteindre mon pays. Parmices personnes, beaucoup d'enfantsaccompagnés de parents et beaucoupd'autres qui viennent seuls. AmnestyInternational les appelle « les invisibles ».Beaucoup d'entre eux échappent auxcontrôles d'identité et ensuite tombentdans le piège de l'activité criminelle et dela prostitution. Dans le monde, il y a desmillions d'enfants et de jeunes qui, àcause des guerres et de la pauvreté, sontobligés de quitter leur maison pourdemander l'asile dans un autre pays. Lechemin reste long pour arriver à nousrendre tous compte que les droits desenfants sont des droits de l'homme etdonc universels et inaliénables.

Sergio P., Italie

✏✏ La RDC, notre pays, met en placeles mécanismes nécessaires pour ras-sembler, analyser et publier régulière-ment et en temps voulu les données leurpermettant de suivre les indicateurssociaux relatifs au bien être des enfantstels que les taux de mortalité néo-nataleet infantile et de mortalité maternelle etde fécondité, des niveaux nutritionnels,la couverture vaccinale, les taux demorbidité concernant les maladiesayant de l'importance pour la santépublique, et les taux de scolarisation, deréussite scolaire et d'alphabétisation.Chaque année le Congo est invité à révi-ser, compte tenu de sa situation particu-lière, son budget ordinaire et, dans le casdes pays donateurs, le budget d'aide audéveloppement, de façon que les pro-grammes destinés à réaliser les objectifsde la survie, de la protection et du déve-loppement de l'enfant soient considéréscomme prioritaires lors de l'affectationdes ressources. Les enfants ont besoind'une protection et d'une attention parti-culière en raison de leur vulnérabilité.

A. B. A,République Démocratique du Congo

✏✏ Il ne faut jamais naître dans desendroits isolés de tout. On a beau énu-mérer le droit à une éducation gratuite,à des soins de santé et à une protectionspéciale, jusqu'à ce jour, toutes ces prio-rités restent des illusions. Il est prouvéstatistiquement que le taux d'abandonscolaire et de mortalité enfantine esttoujours en hausse car les enfants nepeuvent pas affronter la faim. Le che-min de l'éducation est inaccessible pourceux qui vivent dans l'extrême pauvre-té. Des enfants (...) restent toute une vieblessés moralement par le fait d'être nésdans un milieu pauvre.

Stephen Serge T., Madagascar

✏✏ La paix dans le monde commenceavec l'enfant d'aujourd'hui (...). Danscertains endroits au Ghana, le trafic et letravail des enfants sont en augmentation.Il y a même des enfants qui sont engagésdans la prostitution. Tout cela parce queles parents ne peuvent pas subvenir àleurs besoins à cause de la pauvreté.Avant de lever des fonds en faveur desvictimes des inondations au Ghana en2007, j'ai parlé à des « kayayie ». Lenom kayayie désigne des filles, le plussouvent des enfants, qui émigrent dunord du pays vers Kumasi dans la régionAshanti, à la recherche de pâturages plusverdoyants mais qui, en fin de compte,transportent des marchandises sur leurtête pour gagner de l'argent. Sans maisonfixe, elles dorment dans des bâtimentsnon achevés. Mon discours portait sur laprostitution enfantine, les maladiessexuellement transmissibles et le SIDA.En 2006, je m'étais trouvé avec des jour-nalistes hommes de la radio Fox FM quis'étaient précipités à un lieu où la plupartdes kayayie dorment pour obtenir l' enre-gistrement d'une des enfants en traind'avoir des relations sexuelles avec unadulte, pour de l'argent. J'étais très triste.Et si elle avait attrapé le SIDA, queserait-il arrivé ? Je vais continuer à êtreau service de la jeunesse et de toute lacommunauté quel que soit le lieu où jeme trouve.

A. Justus Triumph, University forDevelopment Studies (UDS), Ghana

✏✏ Mon mari qui travaille depuis 10 ansavec les enfants de la rue, d'abord auRwanda et ensuite au Congo, a étécontent de lire la lettre de Mai 2009 surla Convention internationale relative auxdroits de l'enfant. Nous avons partagéavec l'équipe d'AFIA-FEV, notreassociation, ce petit article : « Pour lesadultes comme pour les enfants il n'estjamais trop tard ni jamais impossibled'apprendre ». Nous nous sommes ditque beaucoup des pays d'Afrique etsurtout le nôtre devraient davantages'inspirer du courage de M. KimaniNganga Maruge et de l'expérience deKenya et de la Bolivie avec CEMA surla gratuité d'école.

Beatrice K-B pour l'AFIA-FEV,République Démocratique du Congo

✏✏ Nous, jeunes de l'AssociationSauvons les Orphelins pour unDéveloppement Intégral et Meilleur(ASODIM), partageons l'organisationd'une activité atypique de soutien à l'en-fance démunie. Cette activité dénomméeOpération « une Pensée pour Eux » aconsisté à se présenter à la population etdans les services administratifs locaux,avec une fiche de collecte de dons, depensées et de fonds en vue de venir enaide aux enfants vivant dans des condi-tions extrêmement difficiles. Cette opé-ration est un plaidoyer pour la promotiondes Droits de l'Enfant (...) soutenue parla philosophie « le développement parl'Éducation et la Solidarité » - pour direque sans la solidarité, rien est possibledans ce monde.Pendant l'opération, quand une personnefaisait la sourde oreille à l'appel, les col-lecteurs de pensées et de dons lui lançaitsagement la phrase : « Vivre, c'est aiderles autres à vivre ». Autrement dit, elle aune part de responsabilité dans l'amélio-ration des conditions de vie des enfantsen difficultés.À la fin, l'Association avait pu collecterdes fournitures et kits scolaires, desvêtements, des vivres, des fonds et despensées à l'endroit des orphelins et autresenfants vulnérables.

Rodrigue G.,Association ASODIM, Burkina Faso

Voici quelques réponses aux questions posées sur les droits de l’enfant dans le dernier numéro :