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La mesure du passé : contributions à la recherche en archéométrie (2000-2006) Edited by Allison Bain Jacques Chabot Marcel Moussette Série archéométrie numéro 5 CELAT, Université Laval Québec, Canada BAR International Series 1700 2007

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chimie

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La mesure du passé :

contributions à la recherche en archéométrie (2000-2006)

Edited by

Allison Bain Jacques Chabot

Marcel Moussette

Série archéométrie numéro 5 CELAT, Université Laval

Québec, Canada

BAR International Series 1700 2007

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This title published by Archaeopress Publishers of British Archaeological Reports Gordon House 276 Banbury Road Oxford OX2 7ED England [email protected] www.archaeopress.com BAR S1700 Série archéométrie numéro 5. CELAT, Université Laval, Québec, Canada La mesure du passé : contributions à la recherche en archéométrie (2000-2006) © the individual authors 2007 ISBN 978 1 4073 0142 6 Printed in England by Chalvington Digital All BAR titles are available from: Hadrian Books Ltd 122 Banbury Road Oxford OX2 7BP England [email protected] The current BAR catalogue with details of all titles in print, prices and means of payment is available free from Hadrian Books or may be downloaded from www.archaeopress.com

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Archéométrie : perspectives et prospectives

Jean-François Moreau Résumé Alors même que l’archéologie tend à se distancer de l’anthropologie comme discipline autonome autour des années 1800, elle repose déjà sur des liens étroits avec les sciences naturelles et fondamentales. En effet, notamment, la matrice même du document archéologique exige une lecture géologique. De même la compréhension des restes de faune, de flore, d’hominidés, est tributaire de la biologie. Plus tard, lors de l’entre-deux-guerres, en particulier sous la forme de diverses méthodes de datation, la physique vient joindre le cortège des sciences naturelles et fondamentales appliquées à l’archéologie. À partir des années 1950, chimie et biochimie notamment viennent se joindre à ce cortège. Au même moment encore, un domaine nouveau tente de fédérer les disciplines naturelles et fondamentales appliquées à l’archéologie : l’archéométrie. Cette contribution croissante des sciences naturelles et fondamentales à l’archéologie éloigne-t-elle cette dernière de son objectif généralement considéré comme principal de rendre compte des cultures, des sociétés du passé ? Ou au contraire, ces approches affinent-elles notre compréhension de ces cultures ? Abstract While Archaeology began to cut its ties to Anthropology in the 1980’s, it has been rooted since the 1800’s to the natural and so-called "hard" sciences. For example, no archaeological data can be properly understood without its geological (soil) context. In the same fashion, remains of plants as well as human and animal bones found on archaeological sites can not be understood without direct biological references. Physics came to be applied to archaeological data during the period between the two World Wars, specifically for the use of dating archaeological sites. From the 1950’s onwards chemistry as well as biochemistry began to play a greater role in the analyses of archaeological data. Around the same time, a new field began to be defined by grouping all of these "hard" sciences under a same title- archaeometry. Does this increasing contribution of sciences to archaeology drive the latter from its main objective of the (re)construction of past societies, of explaining past cultures? On the contrary, does this contribution help us attain a finer understanding of the past societies? Lien entre archéologie, sciences naturelles et sciences fondamentales Les débuts de l’archéologie sont marqués du sceau des sciences naturelles et fondamentales. Ainsi en est-il des pierres à foudre (témoins archéologiques eux-mêmes) ou encore du système des trois âges de Thomsen (contexte stratigraphique des vestiges). S’agissant du contexte des témoins archéologiques, au cours de la première moitié du XIXe siècle, singulièrement au Danemark, la mise en place du concept des Trois Âges (pierre, bronze, fer) par Thomsen (Gran-Aymerich 2001 : 659-660) et Worsaae (Gran-Aymerich 2001 : 726-728) est intimement inscrite dans la principe de la stratigraphie (superposition des couches : la plus tardive étant la plus proche de la surface et inversement), alors que ce principe était aussi en cours de formalisation en géologie (Davies 1981 : 16-18 ; voir Trigger 1989 : 73-86). Les témoins archéologiques eux-mêmes ont aussi été « mesurés » à l’aune des disciplines des sciences naturelles et fondamentales. Ainsi la méthode dite de « sériation », c’est-à-dire l’ordonnancement chronologique des témoins selon leurs fréquences n’aurait pu être accomplie aussi bien pour l’Ancien que dans le Nouveau Monde si les témoins eux-mêmes n’avaient été analysés selon leurs caractéristiques naturelles intrinsèques (biologiques, physiques, chimiques) et ordonnés selon des principes empruntés aux mathématiques (O’Brien et Lyman 2000). De façon générale, le développement des sciences naturelles et fondamentales à partir du XVIe siècle va

offrir à l’archéologie des outils qui lui seront très précieux. Ce développement est tributaire des observations savantes aussi bien que populaires. Ainsi, Rémy Chapoulie, collègue du Centre de recherche en physique appliquée à l’archéologie de l’Université de Bordeaux III m’a aiguillé vers l’observation du principe de la dendrochronologie rapportée dès le XVIe siècle par Montaigne dans son Journal de voyage :

Delà, suivant la plaine, j’arrivai sur les bords de la mer Tyrrhenienne, où d’un côté je découvrois à main droite Erici, & de l’autre, encore de plus près, Livourne, Château situé sur la mer. Delà se découvre bien l’Isle de Gorgone, plus loin celle de Capraia, & plus loin encore la Corse. Je tournai à main gauche le long du bord de la mer, & nous le suivîmes jusqu’à l’embouchure de l’Arno, dont l’entrée est fort difficile aux vaisseaux, parce que plusieurs petites rivieres qui se jettent ensemble dans l’Arno, charrient de la terre & de la boue qui s’y arrêtent, & font élever l’embouchure en l’embarrassant. J’y achetai du poisson que j’envoyai aux Comédiennes de Pise. Le long de ce fleuve on voit plusieurs buissons de Tamaris. Le Samedi j’achetai un petit baril de ce bois, six jules ; j’y fis mettre des cercles d’argent, & je donnai trois écus à l’orfévre. J’achetai de plus une canne d’Inde pour m’appuyer en marchant, six jules ; un petit vase & un gobelet de noix d’Inde qui fait le même effet pour la ratte & la gravelle que le Tamaris, huit jules. L’artiste, homme habile & renommé pour la fabrique des instrumens de mathématique, m’apprit que tous les arbres ont intérieurement autant de cercles & de tours qu’ils ont d’années. Il me le fit voir à toutes les especes de bois qu’il avoit dans sa boutique ; car il est menuisier. La partie du bois

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Tableau 1 : Table des matières de La Découverte du passé

tournée vers le septentrion ou le nord est plus étroite, a les cercles plus serrés & plus épais que l’autre ; ainsi quelque bois qu’on lui porte, il se vante de pouvoir juger quel âge avoit l’arbre, & dans quelle situation il étoit (Montaigne 1774 : 138 ; 1983 : 318-319 ; italiques J.-F.M.)

Perspectives : synthèses du dernier demi-siècle Brothwell et Pollard (2001 : xiii) estiment que le premier ouvrage à tenter de synthétiser la contribution des sciences naturelles et fondamentales à l’archéologie est La Découverte du passé publié en 1952 sous la direction d’Annette Laming. En quinze chapitres et 363 pages, il était alors possible de faire le tour de l’ensemble des disciplines des sciences naturelles et fondamentales contribuant à l’archéologie (tableau 1). Onze ans plus tard, Brothwell et Higgs (1963) proposent un livre intitulé Science (noter le singulier) in Archaeology. A comprehensive Survey of Progress and Research pour lequel ils ont réunis 55 auteurs afin de couvrir la matière en 54 chapitres et 595 pages. L’ouvrage est présenté en partie frontispice de la jaquette de protection comme : fifty-five international authorities present the definitive sourcebook of method and technique (exergue en gras : J-F.M.). Les 54 chapitres ont nécessité un ordonnancement plus complexe que le simple ordre consécutif des quinze chapitres de La Découverte du passé. Les chapitres sont regroupés en cinq sections (Dating, Environment, Man, Artifacts et Prospecting); le nombre de chapitres de la seconde, nettement plus important que les autres sections, a d’ailleurs incité les éditeurs à la subdiviser en quatre sous-sections : Climate, Soils, Plants et Animals (Voir tableau 2). À peine six ans plus tard, en 1969, Brothwell et Higgs éditent à nouveau l’ouvrage, d’abord sous couverture dure (1969) puis sous couverture souple (1971) sous le même titre accompagné du sous-titre : a survey of progress and research, revised and enlarged edition. Cette édition comprend 61 chapitres totalisant 720 pages. Deux nouvelles sections sont ajoutées : Microscopy and radiography et Statistics (voir tableau 3).

Plusieurs raisons ont probablement empêché que Science in Archaeology soit, depuis, réédité, notamment le décès en 1976 de l’un des éditeurs, Éric Higgs. En fait, l’ouvrage Archaeological Method and Theory : An Encyclopedia (Ellis 2000) pourrait être considéré comme un ouvrage couvrant la même thématique générale. Toutefois sa forme d’articles courts rend difficile la comparaison avec La Découverte du passé ou l’une et l’autre des deux éditions de Science in Archaeology. Notons cependant que le poids des articles portant sur la contribution des sciences naturelles et fondamentales à l’archéologie est certainement très sensible, nonobstant les articles nombreux traitant de thématiques archéologiques à teneur sciences sociales et humaines. L’ouvrage d’Ellis constitue un point de repère utile pour mesurer la croissance rapide de la contribution des sciences naturelles et fondamentales qu’il est possible de noter au cours du dernier demi-siècle au moyen d’articles encyclopédiques courts par rapport à des chapitres élaborés comme ceux de La Découverte du passé, des deux éditions de Science in Archaeology et du Handbook of Archaeological Sciences (noter le pluriel). C’est en effet sous ce titre que, trente-deux ans après la seconde édition de Science in Archaeology, Brothwell et Pollard (2001) proposent un ouvrage qui tente une synthèse de l’application des sciences naturelles et fondamentales à l’archéologie. Le choix même du terme Handbook indique bien qu’il s’agit d’un manuel (au sens de Robert 1993 : 1347, « Ouvrage didactique présentant sous un format maniable les notions essentielles d’une science, d’une technique »). L’ouvrage comprend 59 chapitres totalisant 762 pages. La structure du volume comprend 9 sections qui regroupent, chacune, un nombre sensiblement égal de chapitres : Dating, Quaternary palaeoenvironments, Human palaeobiology, Biomolecular archaeology, Biological resource exploitation, Inorganic resource exploitation, Archaeological prospection, Burial, decay and archaeological conservation, Statistical and computational methods (voir tableau 5).

ScInArch'63 ScInArch'69 Handbook2001

I - La photographie aérienne (G.Bailloud & P. Chombart de Lauwe) 44II – Méthodes électriques de prospection en archéologie (R.-J.-C. Atkinson) 54 61 43III – Le détecteur électro-magnétique (A. Laming) 53 60 43IV – L’étude des sédiments, base de la reconstitution du milieu physique : le sol, les eaux, le climat 11, 12 10, 11 14V – L’étude des vestiges zooarchéologiques (A. Leroi-Gourhan) 20 12VI – L’étude de la flore (G. Lemée) 14 14 31VII – L’analyse des cercles de croissance (A. Laming) 17 17 3VIII – La datation des os fossiles par l’analyse de leur teneur en fluor (K.-P. Oakley) 2 1IX – Le C14. La datation des matériaux archéologiques et géologiques par leur contenu en carbone radioactif (H.-J . Movius) 3 2 2X – L’aimantation thermorémanente des terres cuites (A. Laming) 8 8 4XI – Reconstitution des voies de commerce : l’identification pétrographique des instruments en pierre (J.-F.-S. Stone) 46 50 37XII – Les microorganismes du silex 46 50XIII – Reconstitution des techniques : la poterie (H. Balfet) 47 52 36XIV : Reconstitution des techniques : le métal (A. France-Lanord) 49 47 39

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Tableau 2 : Table des matières de la première édition (1963) de Science in Archaeology

I-DATING1. Archaeology and dating (C.B.M.McBurney)2. Analytical methods of dating bones (K.P. Oakley)3. Radiocarbon dating (E.H. Willis)4. Obsidian dating (I. Friedman, R.L. Smith, D. Clark)5. Archaeomagnetism (R.M. Cook)6. The potassium-argon dating of Upper Tertiary and Pleistocene deposits (W. Gentner, H.J. Lippolt)7. Dating basalts (J.A. Miller)8. Dating pottery by thermolumiscence (E.T. Hall)II-ENVIRONMENT9. Environmental studies and archaeology (J.M. Coles)Climate10. The significance of deep-sea cores (C. Emiliani)Soils11. Soil Silhouettes (L. Biek)12. Soil, stratification and environment (I.W. Cornwall)13. Cave sediments and prehistory (E. Schmid)Plants14. Pollen analysis (G.W. Dimbledy)15. Wood and charcoal in archaeology (A.C. Western)16. The Condition of 'wood' from archaeological sites (J.W. Levy)17. Dendrochronology (B. Bannister)18. Palaeoethnobotany (H. Halbaek)19. Diet as revealed by coprolites (E.O. Callen)Animals20. Fauna (E Higgs)21. A scrap of bone (K.A. Joysey)22. Osteo-archaeology (C.A. Reed)23. The rate of evolution (B. Kurtén)24. The cave hyena. An essay in statistical analysis (B. Kurtén)25. The science and history of domestic animals (W. Herre)26. The Ageing of domestic animals (I.A. Silver)27. The origins of dog (J. Clutton-Brock)28. The palaeopathology of Pleistocene and more recent mammals (D. Brothwell)29. Bird remains in archaeology (E.W. Dawson)30. Remains of fishes and other aquatic animals (M.L. Ryder)31. Non-marine mollusca and archaeology (B.W. Sparks)III-MAN32. The biology of earlier human populations (D. Brothwell)33. Microscopy and prehistoric bone (A. Ascenzi)34. Sex determination in earlier man (S. Genovès)35. Estimation of age and mortality (S. Genovès)36. Stature in earlier races of mankind (L.H. Wells)37. Cremations (N.-G. Gejvall)38. The palaeopathology of humjan skeletal remains (M.S. Goldstein)39. The radiological examination of human remains (C. Wells)40. The study of mummified and dried human tissues (A.T. Sandison)41. The hair of earlier peoples (D. Brothwell, R. Spearman)42. Palaeoserology (M. Smith Glemser)43. Blood groups and prehistory (J.D. Garlick)IV-ARTIFACTS44. Artifacts (L. Biek)45. A statistical analysis of flint artifacts (A. Bohmers)46. Petrological examination (F.W. Shotton)47. Some aspects of ceramic technology (F.R. Matson)48. Optical emission spectrsocopy and the study of metallurgy in the European Bronze Age (D. Britton, E.E. Richards)49. Microscopic studies of ancient metals (F.C. Thompson)50. The analysis of glass in archaeology (R.W. Smith)51. Remains derived from skin (M.L. Ryder)52. Fibres of archaeological interest : their examination and identification (H.M. Appleyard, A.B. Wildman)V-PROSPECTING53. Magnetic location (M. Aitken)54. Resistivity surveying (A. Clark)

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Tableau 3 : Table des matières de la seconde édition (1969/1971) de Science in Archaeology

. Scientific studies in archaeology (D. Brothwell, E. Higgs)I-DATING1. Analytical methods of dating bones (K.P. Oakley)2. Radiocarbon dating (E.H. Willis)3. Quaternary dating by fission track technique (R.L. Fleischer, P. Burford Price, R.M. Walker)4. Obsidian dating (I. Friedman, R.L. Smith, D. Clark)5. Archaeomagnetism (R.M. Cook)6. The potassium-argon dating of Upper Tertiary and Pleistocene deposits (W. Gentner, H.J. Lippolt)7. Dating by the potassium-argon method - some advances in technique (J.A. Miller)8. Dating pottery by thermolumiscence (E.T. Hall)II-ENVIRONMENTClimate9. The significance of deep-sea cores (C. Emiliani)Soils10. Soil Silhouettes (L. Biek)11. Soil, stratification and environment (I.W. Cornwall)12. Fluvial geology (C. Vita-Finzi)13. Cave sediments and prehistory (E. Schmid)Plants14. Pollen analysis (G.W. Dimbledy)15. Wood and charcoal in archaeology (A.C. Western)16. The Condition of 'wood' from archaeological sites (J.W. Levy)17. Dendrochronology (B. Bannister)18. Palaeo-ethnobotany (H. Halbaek)19. Palaeo-ethnobotany in America (R.A. Yarnell)20. The domestication of yams : a multi-disciplinary problem (J. Alexander)21. Diet as revealed by coprolites (E.O. Callen)22. The anthropology of prehistoric Great Basin human coprolites (R.F. Heizer)Animals23. Pleistocene mammals and the origin of species (B. Kurtén)24. The science and history of domestic animals (W. Herre)25. Social organization as a population regulator (V.C. Wynne-Edwards)26. The Ageing of domestic animals (I.A. Silver)27. The origins of dog (J. Clutton-Brock)28. The palaeopathology of Pleistocene and more recent mammals (D. Brothwell)29. An assessment of a prehistoric technique of bovine husbandry (C.F.W. Higham, M.A. Message)30. Osteological differences between sheep (Ovis aries Linné) ande goats (Capra hircus Linné) (J. Boessneck)31. Bird remains in archaeology (E.W. Dawson)32. Remains of fishes and other aquatic animals (M.L. Ryder)33. Non-marine mollusca and archaeology (B.W. Sparks)34. Marine mollusca and archaeology (N.J. Shackleton)35. Molluscs as food remains in archaeological sites (C.E. Meighan)36. Molluscs from human habitation sites and the problem of ethnological interpretation (E.J. Biggs)III-MAN37. Sex determination in earlier man (S. Genovès)38. Estimation of age and mortality (S. Genovès)39. Stature in earlier races of mankind (L.H. Wells)40. Cremations (N.-G. Gejvall)41. The palaeopathology of humjan skeletal remains (M.S. Goldstein)42. The study of mummified and dried human tissues (A.T. Sandison)43. Buried bones (J.D. Garlick)IV-MICROSCOPY AND RADIOGRAPHY44. The application of X-rays to the study of archaeological materials (D. Brothwell, T. Molleson, R. Harcourt, P.H.K. Gray)45. Microscopy and prehistoric bones (A. Ascenzi)46. Remains derived from skin (M.L. Ryder)47. Microscopic studies of ancient metals (P.C. Thompson)48. The study of archaeological materials by means of the scanning electron microscope : an important new field (D. Brothwell)V-ARTIFACTS49. Artifacts (L. Biek)50. Petrological examination (F.W. Shotton)51. Obsidian analysis and the obsidian trade (J.R. Cann, J.E. Dixon, C. Renfrew)52. Some aspects of ceramic technology (F.R. Matson)53. Optical emission spectrsocopy and the study of metallurgy in the European Bronze Age (D. Britton, E.E. Richards)54. The analytical study of glass in archaeology (R.W. Smith)55. Fibres of archaeological interest : their examination and identification (H.M. Appleyard, A.B. Wildman)VI-STATISTICS56. Archaeology and statistics (D.J. Tugby)57. Classification and computer (F.R. Hodson)58. Evolution at the population level : a statistical approach (B. Kurtén)59. Stones, pots and people (D. Brothwell)VII-PROSPECTING60. Magnetic location (M. Aitken)61. Resistivity surveying (A. Clark)

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Tableau 4 : Comparaison du contenu des deux éditions de Science in Archaeology

De La Découverte du passé au Handbook of Archaeological Sciences La table des matières de La Découverte du passé est rapportée au tableau 1 avec les chapitres correspondants des deux éditions de Science in Archaeology et du Handbook of Archaeological Sciences. Il va de soi qu’en cinquante ans, toutes les disciplines des sciences naturelles et fondamentales et leurs applications à l’archéologie se sont amplement développées. Les chapitres indiqués comme équivalents consistent donc en chapitres dont la matière couverte dans les ouvrages les plus récents recouvre bien mais ne déborde pas de façon significative la thématique du chapitre de La Découverte du passé. Première observation, le chapitre premier de La Découverte traite de la photographie aérienne, thème quasiment absent des deux éditions de Science in Archaeology mais qui revient en force dans le Handbook. En effet, le principe de la photographie en hauteur recourt aujourd’hui à des altitudes non accessibles il y a cinquante ans (satellites, etc) tout autant qu’à des techniques photographiques (senseurs photoélectriques qui remplacent la pellicule), le tout dans un contexte de traitement numérique.

Deuxième observation, l’absence d’un chapitre traitant de la faune dans la seconde édition de Sciences in Archaeology découle de ce qu’aucun chapitre n’y traite la question de la faune dans son ensemble. En fait, l’absence d’un tel chapitre s’explique par le contexte de développement majeur de la zooarchéologie au cours des années 1960 sous l’impulsion des travaux portant notamment sur la production de nourriture et le début de l’agriculture : Néolithique et Formatif respectivement dans l’Ancien et le Nouveau Monde. La seconde édition de Science in Archaeology reflète largement cet état des choses par la spécificité des questions traitées en zooarchéologie (voir tableau 3) : par exemple, comparaison des chèvres et moutons (chapitre 30), ou le vieillissement des espèces domestiquées (chapitre 26). Troisième observation, à l’inverse presque de la précédente, l’absence d’un chapitre dans le Handbook portant spécifiquement sur les techniques analytiques appliquées aux restes osseux. Il convient d’abord de remarquer que son auteur (K. P. Oakley) est le seul ayant contribué à La Découverte et aux deux éditions de Science in Archaeology, et que son décès en 1981 n’a donc pas pu conduire à une contribution au Handbook. Par ailleurs, La Découverte et les deux éditions de Science in Archaeology ont été publiées alors que la fraude de Piltdown venait récemment d’être mise au jour

Nb.chap. Nb.chap. Nb.chap'63 Nb.chap.'63 Nb.chap. '63 Nb.nouv.1963 1969 repris en '69 transf.sect.'69 omis en '69 chap. '69

I - DATING 8 8 7 1 1

II - ENVIRONMENTTotal 23 28

Introduction 1 1Climate 1 1 1

Soils 3 4 3 1Plants 6 9 6 3

Animals 12 14 7 5 7

III - MAN 12 7 6 5 1

IV - MICROSCOPY AND 5 3 2RADIOGRAPHY

V - [IV 1963] - ARTIFACTS 9 7 6 1 1

VI - STATISTICS 4 4

VII - [V 1963] - PROSPECTING 2 2 2

Total 54 61 38 3 13 20

76% 67% 24% 33%

}

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Tableau 5 : Table des matières du Handbook of Archaeological Sciences

Section 1 - DATINGOverview - Dating in archaeology; past, present and future (R.E.M. Hedges)1-Quaternay geochronological frameworks (J.J. Lowe)2-Radiocarbon dating (R.E. Taylor)3-Dendrochronology and other applications of tree-ring studies in archaeology (P.I. Kuniholm)4-Trapped charge dating (ESR, TL, OSL) (R. Grün)5-Uranium-series dating (A.G. Latham)6-Magnetic properties and archaeomagnetism (R.S. Sternberg)7-Obsidian hydration dating (W.R. Ambrose)8-In situ cosmogenic isotopes : principles and potential for archaeology (F.M. Stuart(Section 2 - QUATERNARY PALAEOENVIRONMENTSOverview - Environmental reconstruction (K.J. Edwards)9-Modeling Quaternary environments (A. Wise)10-Insects as palaeoenvironmental indicators11-Non-marine mollusca and archaeology (R.C. Preece)12-Mammals as climatic indicators (D.W. Yalden)13-Peat stratigraphy and climate change (K. Barber, P. Langdon)14-Archaeology and soil micromorphology (D.A. Davidson, I.A. Simpson)15-Taphonomic investigations (R.A. Nicholson)16-Global biogeochemical cycles and isostope systematics - how the world works (A.M. Pollard, L. Wilson)Section 3 - HUMAN PALAEOBIOLOGYOverview - Human palaeobiology : then and now (J.E. Buikstra)17-Okeistocene and Holocene hominid evolution (D.R. Brothwell)18-Human palaeobiology as human ecology (H. Schutkowski)19-Disease ecology (D.J. Ortner)20-Assessment of age of death and sex in the dault human skeleton (M. Cox)21-The study of preserved human tissue (M.R. Zimmerman)22-Palaeodemography (A.T. Chamberlain)23-Body tissue chemistry and paleodiet (J. Sealy)24-Cremated bone (J.I. Kinley, J.M. Bond)Section 4 - BIOMOLECUR ARCHAEOLOGYOverview - Archaeological science in the biomolecular century (A.M. Pollard)25-Ancient DNA (T.A. Brown)26-Blood residues in archaeology (P.R. Smith, M.T.Wilson)27-Survival and interpretation of archaeological preteins (A.M. Gernaey, E.R. Waite, M.J. Collins, O.E. Craig, R.J. Sokol)28-Lipids in arcaheology (R.P. Evershed, S.N. Dudd, M.J. Lockheart, S.Jim)29-Archaeological microbiology (G. Grupe)Section 5 - BIOLOGICAL RESOURCE EXPLOITATIONOverview - At the beginning of the task : the archaeology of biological remains (C. Higham)30-Biological resource exploitation : problems of theory and Method (M. Charles, P. Halstead)31-Human impact on vegetation (L. Dumayne-Peaty)32-Archaeobotany and the transition to agriculture (M.K. Jones, S. Colledge)33-Dietary evidence from the coprolites and the intestinal contents of ancient humans (T.G. Holden)34-Vetebrate resources (A.K.G. Jones, T.P. O'Connor)35-The exploitation of invertebrates and vertebrate products (K.D. Thomas, M.A. Mannino)Section 6 - INORGANIC RESOURCE EXPLOITATIONOverview - Materials study in archaeology (M.S. Tite)36-Ceramic petrology, clay geochemistry and ceramic production - from technology to the mind of the potter (I.K. Whitbread)37-Lithic exploitation and use (M. Edmonds)38-Glass and glazes (J. Henderson)39-Science, speculation and the origins of extractive metallurgy (D. Killick)40-Pyrotechnology (J.G. McDonnell)41-The provenance hypothesis (L. Wilson, A.M. Pollard)Section 7 - ARCHAEOLOGICAL PROSPECTIONOverview - The role and prectice of archaeological prospection (A, David)42-Surface collection techniques in field archaeology : theory and practice (T.J. Wilkinson)43-Geophysical prospection in archaeology (Y. Nishimura)44-Remote sensing (D.N.M. Donoghue)45- Geochemical prospecting (C. Heron)46-Archaeological data integration (M. Van Leusen)Section 8 - BURIAL, DECAY AND ARCHAEOLOGICAL CONSERVATIONOverview - Degradation, investigation and preservation of archaeological evidence (C. Caple)47-Defining the burial environment (R. Raiswell)48-Electrochemical processes in metallic corrosion (M. McNeil, L.S. Selwyn)49-Post-depositional changes in archaeological ceramics and glasses (I.C. Freestone)50-The deterioration of organic materials (J.M. Cronyn)51-The detioration of bone (A. Millard)52-Maximizing the life span of archaeological objects (D. Watkinson)Section 9 - STATISTICAL AND COMPUTATIONAL METHODSOverview - Numbers, models, maps : computers and archaeology (R.D. Drennan)53-Spatial infornation and archaeology (M. Gillings)54-Multivariate analysis in archaeology (M.J. Baxter)55-Applications of the Bayesian statistical paradigm (C.E. Back)56-Animal bone quantification (T.P. O'Connor)57-Quantification of broken objects (M.J. Shott)58-Numerical modelling in archaeology (M.W.Lake)59-Synthetizing analytical data - spatial results from pottery provenance (H. Neff)

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(1953) par les travaux de datation par le contenu en fluor des os. En fait, s’il ne fait aucun doute que cette méthode de datation relative demeure une méthode tout à fait adaptée aux besoins archéologiques, elle fait partie des outils habituels de l’archéologue, et ne présente plus l’importance acquise au cours du troisième quart du XXe siècle, ainsi que l’indique l’absence de toute référence à cette méthode dans l’index général du Handbook. Quatrième observation, le chapitre douze portant sur les microorganismes dans les silex est indiqué dans les deux éditions de Science in Archaeology et dans le Handbook comme l’un des moyens d’identification du silex mais est largement remplacé aujourd’hui par des approches géochimiques (éléments majeurs, mineurs et traces). Deux éditions de Science in Archaeology Le tableau 4 rend compte sous forme de pourcentages de la comparaison entre les deux éditions de Science in Archaeology. Nous avons considéré comme identiques les chapitres qui présentent et le même titre et le(s) même(s) auteur(s) ; seule exception, les titres intégrant le terme Paleo(-)ethnobotany orthographié avec un trait d’union en 1969 alors que dans l’édition de 1963 il est omis. Au total, les 38 chapitres sont reconduits de l’édition de 1963 à celle de 1969 au sein des mêmes sections/sous-sections; combinés aux 3 chapitres reconduits de l’une à l’autre édition mais dans une section/sous-section différente ; ces 38 chapitres constituent respectivement 76 % et 67 % du nombre total de chapitres, selon qu’est pris en considération celui de la première ou de la seconde édition. Inversement, 13 chapitres (24 %) n’ont pas été reconduits de la première édition à la seconde. Vingt nouveaux chapitres se retrouvent dans l’édition de 1969. De façon générale, ces nouveaux chapitres couvrent des domaines peu ou pas touchés précédemment. D’abord des champs de la zooarchéologie en voie de spécialisation, d’une part selon les regroupements taxonomiques (mollusques, poissons, etc.) et d’autre part selon des processus biologiques spécifiques (domestication, vieillissement, pathologie). De plus se retrouvent une section regroupant des chapitres sur les domaines de la microscopie et une autre traitant de la statistique, deux sections dont les balbutiements en 1969 font figure de prophéties à l’examen de l’état actuel de ces domaines proposé dans le Handbook. Le Handbook of Archaeological Sciences Publié en 2001, le Handbook se caractérise au premier chef par un remplacement de génération : en fait Brothwell (auteur et éditeur) est le seul artisan commun au Hanbook et aux deux éditions du Science in Archaeology. Par ailleurs, beaucoup plus rarement que dans La Découverte ou dans les deux éditions de Science in Archaeology, les chapitres sont-ils de types

« spécialisation en cours de développement ». Les chapitres du Handbook tentent très généralement un survol global d’une thématique, amenant la réflexion de la contribution des sciences naturelles et fondamentales à l’archéologie à un haut niveau de théorisation. À titre d’exemple, le chapitre 41 de Pollard qui traite des implications de notre questionnement sur la source des matières premières, indépendamment du matériau spécifique. Lorsque les chapitres sont « plus techniques », la volonté de synthèse globale demeure bien présente : ainsi en est-il, par exemple, du chapitre 4 traitant des méthodes de datation fondées sur la rétention de certaines caractéristiques physiques/chimiques anciennes au sein même d’un matériau (ESR, TL, OSL). Parmi les chapitres dont les thématiques sont essentiellement nouvelles, il convient de retenir les suivants. D’abord en zooarchéologie, un chapitre (10) consacré à la paléo-entomologie ; de plus, une attention donnée à la taphonomie (chapitre 15) au sein de la section Quaternary Environments qui n’est pas sans lien avec le souci particulier soulevé par la section Burial, Decay and Archaeological conservation, thématique essentiellement absente des ouvrages des années 1950 et 1960. Dans la section 6, Inorganic Resource Exploitation, le chapitre sur la pyrotechnologie illustre les difficultés à bien saisir le processus d’utilisation d’une source d’énergie, le feu, afin que l’être humain puisse se doter des divers outils nécessaires à sa survie. La section (4) qui traite de la Biomolecular Archaeology, regroupe diverses méthodes en biologie moléculaire mises récemment à la disposition de l’archéologie afin d’élucider divers aspects du passé de l’humanité. Il n’est pas sans intérêt de noter que dans la première édition de Science in Archaeology (datant de 1963, rappelons-le), trois chapitres (41 : The Hair of earlier peoples ; 42 : Paleoserology et 43 : Blood groups and prehistory) faisaient certainement figures de visionnaires eu égard à la contribution de la biologie moléculaire à l’archéologie. Ces trois chapitres n’ont pourtant pas été retenus dans la seconde édition de Science in Archaeology et ce ne sera donc qu’environ trente ans plus tard que réapparaîtra cette thématique dans le Handbook. Enfin, le Handbook se démarque encore de ses prédécesseurs par sa dernière section (9) intitulée Statistical and Computational Methods qui, bien sûr, synthétise l’approche quantitative, notamment à variables multiples, mais aussi l’utilisation incontournable de l’ordinateur en archéologie, ne serait-ce que pour tenir compte à la fois des tailles échantillonnales généralement imposantes en archéologie, tout comme des nombres de variables interpellées. Prospectives : un domaine nouveau, l’archéométrie ? En 1958, sous la forme d’un humble cahier de petite dimension, parut le premier numéro du Bulletin of the

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Research Laboratory for Archaeology and the History of Art, Oxford University, ancêtre de la revue Archaeometry. Très rapidement, ce bulletin s’est transformé en une revue scientifique avec évaluation par les pairs ; la complexité de sa publication a même conduit récemment à ce qu’elle soit assumée par une compagnie privée spécialisée dans le domaine, Blackwell. À ce jour, Archaeometry n’a qu’une seule revue à portée internationale concurrente dans le domaine général de l’application des sciences naturelles et fondamentales à l’archéologie : le Journal of Archaeological Science (JAS) publié depuis 1973 par Academic Press, aujourd’hui Elsevier. Bien qu’il ait été proposé dès 1958, le terme « archéométrie » (et ses diverses versions selon les langues) n’a guère pris racine au cours du demi-siècle écoulé depuis lors. Ainsi, aucun des ouvrages synthèses dont nous venons d’analyser le contenu n’a jugé bon de garder le terme dans son titre ; bien plus, il n’est pas, par exemple, relevé dans l’index général du Handbook. Un relevé du WEB accompli le 20 mars et un autre le 18 septembre 2005 (respectivement, date de mise en forme de la communication sur laquelle est basée cet article et date de l’ultime rédaction du texte pour publication : voir tableau 6), de différents termes archéologiques à l’aide du fureteur Google démontre la faible pénétration du terme, qu’il s’agisse de l’anglais ou du français. Par contraste, les termes archaeological science(s) (au pluriel ; pour l’essentiel, ne sont pas décomptés les renvois au JAS) comptent pour un pourcentage plus sensible. Il convient d’ajouter qu’en six mois, l’accélération de la pénétration des termes archéométrie/archaeometry ainsi que archéosciences/archaeological science(s) est remarquable (doublement) mais d’ordres de grandeur moindres qu’archéologie/archaeology et préhistoire/prehistory. Il faut cependant probablement assigner cette différence d’ordres de grandeur, au moins en partie, à la structure du Web lui-même –tendance à une réticulation en arborescence avec effet multiplicatif non linéaire. Peut-être plus parlantes encore, les données du tableau 7 tirées d’Amazon.com (États-Unis) et Amazon.fr (France) indiquent un nombre limité de volumes en anglais (aucun en français) qui inclut le terme archéométrie ou ses dérivés. En somme, l’usage limité du terme archéométrie en général permet de comprendre pourquoi aucune des quatre synthèses proposées au cours du dernier demi-siècle n’inclut, en aucune façon, le terme archéométrie, trop spécialisé probablement pour être vendeur. Par ailleurs, il est intéressant de constater que les définitions de ce terme proposées par les spécialistes dans des publications encyclopédiques savantes présentent des écarts importants de compréhension du champ couvert. Ainsi, dans les éditions successives du Dictionnaire de la préhistoire publié sous la direction de Leroi-Gourhan (1988, 1994, 1997, 2005), Berthoud propose la même définition, plutôt large, du domaine :

Terme repris du titre de la revue britannique Archaeometry. Son usage et la définition de son contenu font l’objet de discussion. Toutefois, le sens de plus en plus communément admis est celui de sciences de la nature (physique, chimie, géologie, sciences naturelles, sciences de la vie…) appliquées à l’archéologie (Leroi-Gourhan 1988 : 62 ; Leroi-Gourhan 1994 : 64; Leroi-Gourhan 1997 : 64 ; Leroi-Gourhan 2005 : 64).

Ainsi, bien que les auteurs aient eu, à l’occasion de chaque réédition, le loisir de modifier le texte des définitions dont ils avaient la responsabilité, Berthoud n’a pas modifié sa définition de l’archéométrie alors qu’une de ses propres spécialités, l’application des mathématiques et de l’ordinateur à l’archéologie, s’est développée de façon très sensible entre 1988 et 2005. Dans son ouvrage, Collins Dictionary of Archaeology, Bahn (1992 : 28) propose aussi une définition large du domaine en insistant sur la contribution d’un ensemble de techniques empruntées aux sciences dites dures, lesquelles contribuent à l’interprétation du document archéologique : [T]he use of techniques derived from the hard sciences in the interpretation and analysis of archaeological data. Il est à remarquer que ne s’y trouve aucun renvoi à l’archéométrie lors de la collecte des données archéologiques (travaux de terrain). L’archéométrie est essentiellement perçue comme étant une opération de laboratoire contribuant à la production et à l’interprétation de données. Michaels propose la définition quelque peu extensive qui suit :

Archaeometry is the application of various analytical techniques from the physical sciences and engineering to archaeological materials. The term « archaeometry » is very broad and encompasses a wide range of interdisciplinary studies. Examples of archaeometry in modern archaeology are many. Applying trace element analyses to learn the source of obsidian used to manufacture artifacts is one example. Chemical analysis of the growth rings of marine shells to detect seasonal changes in local temperature over time is another example. Much of what we consider modern archaeology would not be possible without archaeometry. The sections on excavation techniques, remote sensing, dating methods, and various techniques used in artifact and ecofact analyses that occur throughout this volume contain many examples of archaeometry in common use in archaeology. Modern archaeometry has its roots in the development and acceptance of radiocarbon dating in the 1950s. Since then fruitful collaborations between archaeologists and various physical scientists and engineers have dramatically increased the arsenal of tools available to

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Tableau 6 : Occurrences de différents termes archéologiques sur Google les 20 mars et 18 septembre 2005

Termes (GOOGLE 20 mars 2005) Français Anglais Français / Anglais

1 ) Archéométrie / Archaeometry 8 010 56 500 14,2%

2) Archéosciences 693 1 010 000 0,1% / Archaeological science[s] [570 000] 0,1%

3) Archéologie / Archaeology 807 000 8 330 000 9,7%

4) Préhistoire / Prehistory 336 000 1 040 000 32,3%

5) Paléolithique / Palaeolithic 61 400 466 000 13,2%

6) Néolithique / Neolithic 105 000 934 000 11,2%

7) Paléoindien / Paleoindian 298 32 600 0,9%

8) Formatif x archéologie 121 62 600 0,2% / Formative x archaeology

1 / 3 1,0% 0,7%

1 / 4 2,4% 5,4%

2 / 3 0,1% 12,1%[6,8%]

2 / 4 0,2% 97,1%[54,8%]

Termes (GOOGLE 18 septembre 2005) Français Anglais Français / Anglais

1 ) Archéométrie / Archaeometry 26 800 166 000 16,1%

2) Archéosciences 706 2 280 000 0,03% / Archaeological science[s] [5 810 000] 0,01%

3) Archéologie / Archaeology 3 950 000 554 000 000 0,7%

4) Préhistoire / Prehistory 2 210 000 3 960 000 55,8%

5) Paléolithique / Palaeolithic 197 000 639 000 30,8%

6) Néolithique / Neolithic 319 000 1 770 000 18,0%

7) Paléo-indien / Paleoindian 313 107 000 0,3%

8) Formatif x archéologie 179 204 000 0,1% / Formative x archaeology

1 / 3 0,7% 0,03%

1 / 4 1,2% 4,2%

2 / 3 0,02% 0,41%1,05%

2 / 4 0,03% 57,58%146,7%

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Tableau 7 : Occurrences de différents termes archéologiques sur Amazon.com et .fr les 20 mars et 18 septembre 2005

archaeologists to decipher the details of past human lifeways. In the future, archaeometry’s importance in archaeology will expand, driven by increasing constraints on new excavation and demands to extract more information from existing artifacts collections. Continuing trends toward higher levels of specialization in archaeology will also expand the ranks of archaeometricians, as the ranks of general archaeologists decline. It is through the efforts of dedicated specialists in archaeometry, coupled with powerful computer-based data analysis and storage tools to manage the masses of minute details that future developments in archaeometry will produce, that will allow the next generation of archaeologists to develop more refined interpretations of past human behavior (Fagan 1996 : 44).

Langouet (1999), dans un article de six pages, estime que l’archéométrie en France « … s’est engagée dans quatre voies principales : la prospection, la datation, l’analyse des matériaux et le traitement des données ». La description détaillée qui suit est cependant limitée aux trois premiers de ces champs. De façon générale, l’accent est mis sur les techniques/méthodes elles-mêmes plutôt que sur les contributions à l’interprétation même du passé.

Dans un dictionnaire publié récemment, La Préhistoire, Histoire et dictionnaire, Thiébault propose la définition suivante du terme archéométrie :

Terme regroupant sous un même vocable les techniques qui mesurent et quantifient les vestiges du passé. Ces différentes techniques sont utilisées par diverses disciplines, certaines essentielles à l’archéologie, d’autres utilisées plus occasionnellement. Depuis les années 1950 et sous l’impulsion de naturalistes comme E. Vogt ou de préhistoriens comme A. Leroi-Gourhan, le but de l’archéologie n’est plus la seule constitution de collections d’objets mais la connaissance des modes de vie et des activités humaines dans leur environnement. Pour cela, l’archéologie a fait appel aux disciplines relevant des sciences naturelles (géologie, sédimentologie, pédologie et minéralogie; zoologie et paléobotanique) pour étudier les paléoenvironnements, et aux disciplines relevant des sciences physiques et chimiques pour la prospection, les analyses d’objets et les datations. Toutes ces disciplines se sont développées grâce à l’amélioration des techniques de microscopie, la mise au point d’appareils d’analyse fondés sur les propriétés d’émission ou d’absorption des rayons par la matière et surtout par la généralisation de l’outil informatique. Ce concept d’archéométrie, comme la plupart des concepts en archéologie d’ailleurs, reste malgré tout difficile à définir. Certains, en effet, parlent de « sciences exactes » ou d’« archéologie scientifique »

AMAZON.COM 20/03/05 18/09/05

Archaeology 61949 71964Archaeolog* 94800 109097

Prehistory 17781 20590Prehistor* 14473 56634

Archaeometry 361 440Archeometry 30 35

Archaeometr* 416 485Archeometr* 73 87

AMAZON.FR 20/03/05 18/09/05

Archéologie 7489 7533Archéolog* 9096 9157

Préhistoire 2189 2232Préhisto* 2963 3025

Archéométrie 0 0Archéométr* 6 6

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Figure 1 : dynamismes des champs de l’archéologie et de l’archéométrie

SuperstructureidéologiqueSuperstructure

socio-politique

Infrastructuredémographique &

économique

famille

société

langue

valeurs

démographie économie

ARCHÉOLOGIE ARCHÉOMÉTRIE

Figure 2 : reconstruction culturelle, les apports comparés de l’archéologie et de l’archéométrie

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par opposition à une archéologie dans laquelle l’archéologue, homme de terrain, n’étudierait les comportements passés qu’au travers de l’objet recueilli sans avoir recours à une machine perfectionnée (microscope ou accélérateur, par exemple). Si le terme même d’« archéomètres » s’applique à ceux qui mesurent le passé au sens propre du terme, c’est-à-dire aux laboratoires de datation ou à ceux qui expriment la composition d’une monnaie ou d’une céramique, cela ne peut être le cas pour les naturalistes travaillant pour l’archéobotanique, l’archéozoologie ou la géologie pour lesquelles la prise en compte et l’intégration des comportements humains dans l’interprétation des résultats s’avèrent fondamentales (Vialou 2005 : 231-232).

Ces diverses définitions de l’archéométrie indiquent clairement, au-delà du malaise de la communauté archéologique à adopter le terme lui-même, l’existence d’un champ de disciplinaire empreint des sciences naturelles et fondamentales et qui entre en symbiose avec l’archéologie. Une symbiose qui s’effectue à l’échelle géographique, puisqu’un nombre de revues à portée moins internationale qu’Archaeometry et JAS ont vu le jour, par exemple, en France, la Revue d’archéométrie, et en Suède, Laborativ Arkeologi devenu depuis peu JONAS (Journal Of Nordic Archaeological Science). Des séries de publications traitant à fréquence régulière d’archéométrie existent, telles par exemple celle de l’American Archaeological Society (Orna 1996, Jakes 2002). À l’échelle québécoise, quelques regroupements de textes ont déjà été publiés (Chapdelaine, Clermont et Marquis 1995, Moreau 1999, Fortin 2001). Cette symbiose archéométrie/archéologie revêt aussi diverses approches. Certaines couvrent directement les disciplines des sciences naturelles et fondamentales interpellées, par exemple en chimie : Archaeological chemistry (Pollard et Heron 1996). D’autres interpellent des thématiques globales telle que celle de la culture matérielle ; ainsi en est-il du livre de Henderson (2000), The Science and Archaeology of Materials. An Investigation of Inorganic Materials ; ou encore les principes de techniques et méthodes des sciences naturelles et fondamentales selon leurs applications spécifiques à l’archéologie : Modern Analytical Methods in Art and Archaeology (Ciliberto et Spoto 2000). Enfin, se retrouve encore le souci de vulgarisation : Traces of the Past . Unraveling the Secrets of Archaeology Through Chemistry (Lambert 1997). En somme, l’application des sciences naturelles et fondamentales s’inscrit à toutes les étapes de la démarche archéologique, de la découverte et de la fouille d’un site archéologique à l’analyse et l’interprétation des objets et de leur contexte. Si toutes les sciences naturelles et fondamentales participent à la démarche archéologique, la géologie occupe, de façon non exclusive, une place prépondérante lors de la collecte des données, ne serait-ce

que parce que la matrice des cultures passées est le sol. Par ailleurs, que les objets archéologiques ou leurs données contextuelles soient analysés à travers le prisme des approches typologiques classiques en archéologie ou au moyen des sciences naturelles et fondamentales, ils ne pourront être interprétés qu’à la lumière du processus intellectuel d’analogie, lequel permet de proposer une (re)construction des modes de vie du passé tout autant que leurs dynamismes, contribuant ainsi à la compréhension des phénomènes sociaux (voir figure 1). En adoptant le modèle classique de la culture comme un ensemble tripartite (infrastructure démographique et économique, superstructures sociopolitique et idéologique : voir figure 2), l’archéométrie en tant que champ intégré des disciplines des sciences naturelles et fondamentales et appliquées à la solution de problèmes archéologiques semble aujourd’hui particulièrement contribuer à la compréhension des processus économiques. Ainsi l’anatomie animale a-t-elle au cours des troisième et quatrième quart du XXe siècle permis de distinguer les formes domestiquées des espèces sauvages (voir par exemple Ucko et Dimbleby 1969). La biochimie, aujourd’hui, permet de distinguer, notamment, les sources bovines et ovines de lait (voir par exemple la série de trois articles publiés par Copley et al. 2005 a, b et c dans JAS). Par contre, l’archéologie semble posséder aujourd’hui davantage d’outils pour permettre de saisir les aspects sociopolitique et idéologique que l’archéométrie. Encore faut-il rappeler que les succès dans ces domaines sont pour une bonne part récents. Ainsi les efforts d’interprétation, fondés notamment sur l’apport des sciences neurophysiologiques, ont abouti en une réinterprétation – encore hypothétique bien sûr – de l’art pariétal comme le résultat d’hallucinations du type de celles induites par la transe chamanique (Lewis-Williams 2002). Autre exemple : les sciences cognitives, elles aussi, offrent un cadre à partir duquel il est possible de saisir les étapes de mise en forme du cerveau au cours de l’hominisation. Ainsi en est-il de l’ouvrage de Mithen, The Prehistory of the Mind, dont on notera au passage que le sous-titre a quelque peu changé de portée entre l’édition « savante » (1996) sous couverture dure, The cognitive origins of art, religion and science, et l’édition en format de poche (1998), A search for the origins of art, religion and science, sans pour autant que l’ouvrage ne subisse d’autres transformations. En somme, dans la mesure où le développement de la saisie interprétative du document par l’archéologie peut être transposée à l’archéométrie, la contribution de cette dernière à la compréhension des domaines du sociopolitique et de l’idéologique est susceptibles d’un développement majeur. Remerciements Rémy Chapoulie (IRAMAT/CRPAA, Université de Bordeaux 3) et Réginald Auger (Groupe d’archéométrie,

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