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Monialibus Bulletin international des Moniales de l’Ordre des Prêcheurs Nº 36 Printemps 2017 Sommaire: La letter du Promoteur général des moniales «Avec mon affection fraternelle…» …………………… . ………………...……p. 3 Échos des régions: L’Association des monastères des Dominicaines d’Amérique du Nord ...................p. 4 Fédération Saint-Dominique de Guzman des Moniales Dominicaines Équateur ……………………………………………p. 6 Au sujet de la Fédération Saint-Dominique Espagne ...........................................p. 9 Rencontre de formation pour les novices et leurs maîtresses des novices à Ratisbonne ..........................................................................p. 11 Nouvelles des communautés Vivre en Communauté ………………………..………..………………..………...p. 12 D’Eucharistie en Eucharistie—Toro .………..…………………………..………...p. 14

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Monialibus

Bulletin international des

Moniales de l’Ordre des Prêcheurs

Nº 36 Printemps 2017

Sommaire:

● La letter du Promoteur général des moniales

«Avec mon affection fraternelle…» …………………… .……………… ...……p. 3

Échos des régions:

L’Association des monastères des Dominicaines d’Amérique du Nord ...................p. 4

Fédération Saint-Dominique de Guzman

des Moniales Dominicaines – Équateur ……………………………………………p. 6

Au sujet de la Fédération Saint-Dominique – Espagne ......................... . .................p. 9

Rencontre de formation pour les novices et leurs

maîtresses des novices à Ratisbonne ..........................................................................p. 11

Nouvelles des communautés

● Vivre en Communauté ………………………..………..………………..………...p. 12

● D’Eucharistie en Eucharistie—Toro .………..…………………………..………...p. 14

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Bulletin international des Moniales de l’Ordre des Prȇcheurs_____________________________

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============================================================================== Monialibus est le bulletin international officiel des moniales de l'Ordre des Prêcheurs publié par la

Commission Internationale des Moniales (CIMOP) deux fois par an, en avril et en octobre. Il est

disponible sur le site Internet de l'Ordre - www.op.org

==============================================================================

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« Avec mon affection fraternelle… »

Chères sœurs,

Il est ressuscité! Il a fait exploser la vie! Nous

nous sentons enveloppés par la lumière de la vie

inextinguible!

Avec mes salutations de Pâques, je veux vous

donner, mes sœurs, le témoignage d'un homme

d’Église que j'admirais, un religieux comme

nous; un spécialiste de l'Écriture comme nous

devrions l’être aussi ; professeur, archevêque,

cardinal, papabile, et maintenant décédé : Carlo

Maria MARTINI. Voici une histoire qui remonte

au lointain mois de juin 1959, et qu’il a partagée

avec ses lecteurs dans une œuvre de ses

dernières années, intitulée Mes trois villes :

«J’allais seul ce matin-là. Nous logions chez les

Franciscains de Casa Nueva. Jérusalem était

divisée, et je me souviens de ce qu'il en coûtait

de passer par la porte Mandelbaum. De plus, sur

le chemin du Cénacle, on pouvait voir des fusils

qui sortaient ostensiblement des murs. La maison

des Jésuites était très proche du no man’s land,

cette « terre de personne », et au-delà de notre

maison était le consulat français, qui était encore

habité, puis commençaient ces 300 ou 400

mètres d’espace vide où les bombes pleuvaient,

et de là la muraille s’étendait jusqu’à la porte de

Jaffa. C’étaient, déjà à l’époque, des temps très

durs et des moments très difficiles.

Je me suis levé vers 3h30 et me suis dirigé vers

la basilique (du Saint-Sépulcre) par les ruelles

désertes de la ville. De cette messe, je garde le

souvenir d’une sensation très forte de vie, de ce

que signifie la vie. En priant et en célébrant tout

seul sur la pierre du Sépulcre, avec quelques

rares personnes qui assistaient de l´extérieur, il

me semblait que j´appréhendais de manière

extraordinairement lucide que la vie est le thème

essentiel de toutes les religions, qu’elle est le

désir de l´humanité, qu´en ce lieu se concentrait

toute espérance, toute certitude, toute la

confiance de la vie. Il est difficile de décrire

cette expérience, j'ai eu l'intuition d'une vie qui

ne finit jamais, qui éclate, déborde, embrasse

l'univers; toutes les religions se jouent sur le

thème de la vie pour toujours, de la résurrection,

et que, par conséquent, tout devait être compris

et jugé à partir de là »1.

Au moment où j’écris ces lignes, par une soirée

d’intense lumière qui annonce le printemps qui

va arriver sous peu, le train dans lequel je

voyage a traversé la ville d'Avila en Espagne, la

ville de « des chants and des saints », à laquelle

ma vie a été liée alors que j’ouvrais la porte de la

jeunesse. Ici, j’ai fini mes études de premier

cycle et c’est d’ici que je suis parti pour le

noviciat. Ici, j’ai commencé à rencontrer « La

Sainte ». C’est ainsi que les habitants appellent

Teresa de Jésus Cepeda y Ahumada. Cette

femme confiante dans le Bien-aimé me stimule

toujours à renouveler ma propre confiance. On

dit que sur son lit de mort, elle a rendu grâce à

son Bien-aimé de mourir dans son Eglise, elle

qui se sentait toujours observée et avait peur des

condamnations. Et on dit aussi que, dans un

dernier soupir, avec sa spontanéité coutumière,

elle a dit: « Seigneur, il est temps de nous nous

voir », elle qui, comme Paul de Tarse, s’est à la

fois usée et dépensée pour lui.

Le soleil se couche sur les plaines de Castille.

J'apprécie ce moment dans lequel la lumière se

dore et envahit les horizons lointains, et se font

entendre des murmures d'immensité. Non loin de

là, à droite de là où le train passe maintenant, il y

a Caleruega. Il est facile d'imaginer la lumière du

crépuscule rebondissant sur les pierres de la

vieille tour des Guzman et embrasser le silence

de ce lieu habité seulement par le murmure

mélodieux de la prière du soir des sœurs

contemplatives et des frères qui y habitent. Là

aussi, il y a plus de huit cents ans, une vie tendre

a commencé à plonger dans la confiance dans le

mystère ; cela l’a rendu tenace et lui a donné un

courage et une force qui le faisaient toujours

rêver et désirer avec véhémence d'autres champs

et d’autres villes pour que la grâce du Bien-aimé

y soit connue. Et de même sur son lit de mort, sa

confiance s’est faite parole et message

d’espérance : « Ne pleurez pas mon départ. Je

vous serai plus utile du ciel » - la maison de

l'amour.

1 Traduction d’après Zenit :

https://fr.zenit.org/articles/italie-card-martini-a-jerusalem-

j-ai-decouvert-mes-racines/ (NdT)

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Le soleil se cache. Bientôt les ombres envahiront

tout et rendront le silence encore plus dense, et

peut-être plus amère la souffrance. Mais l’Astre

qui ne connaît pas de couchant s’est levé pour

toujours. Il fait que la vie, si fragile et

vulnérable, menacée de violence et blessée à

mort soit aussi habitée de Pâque et appelée à la

Résurrection.

C’est Pâques! Sentons-nous confirmés dans la

certitude de la rencontre, cette rencontre dans

laquelle la vie nous prend dans ses bras et nous

fait siens pleinement et pour toujours.

Heureuse fêtes de Pâques, mes chères sœurs.

fr. César Valero Bajo, OP

Promoteur Général des Moniales

Original: espagnol

ÉCHOS DES RÉGIONS

L’Association des monastères des

Dominicaines d’Amérique du Nord a tenu son assemblée générale à la maison mère

des sœurs dominicaines de Ste Cécile, à

Nashville dans le Tennessee du 13 au 23

septembre 2016. Les sœurs dominicaines ont

accueilli généreusement l’assemblée tout en

célébrant le jubilé des 800 ans de l’Ordre.

Le thème choisi pour l’Assemblée était «Dans la

joie de St Dominique, une joie toujours nouvelle,

une joie partagée ».

Nous avons commencé par une journée de

retraite le jour de la fête de l’exaltation de la Ste

Croix. Le Père Walter Wagner o.p., notre

assistant, a donné 2 conférences centrées sur la

Ste Croix et sur l’idée que par la Croix elle-

même Dieu nous montre comment il transforme

les limites et les fragilités de la vie monastique et

la rend ainsi féconde pour notre propre

croissance spirituelle. Quand la crainte a été

reconnue et assumée, il devient possible de vivre

une vie sans crainte en suivant le modèle de

notre St Père Dominique

Le Père César Valero Bajo, o.p., promoteur des

moniales de l’Ordre des Prêcheurs, est resté 2

jours à l’Assemblée. Il a posé cette question aux

moniales : « Comment, nous les Dominicains,

prêchons-nous dans un monde et une société où

les gens sont indifférents à la religion ? » Il

pense que cette question est vitale pour l’Ordre

Dominicain et il souhaite que la vie dominicaine

contemplative soit profondément irriguée par

l’immense amour de Dieu. La joie de Dieu

brillait toujours sur le visage de St Dominique et

la joie de Dominique est en elle-même une

prédication merveilleuse.

Le Père César a mis les moniales au défi de

réfléchir sur les réalités qui sont susceptibles de

faire rayonner leurs visages. Il a dit aux moniales

qu’elles doivent toujours chercher la lumière de

l’espérance qui vient de Dieu. Il citait le Saint-

Père disant que chaque monastère doit pouvoir

être comparé à un phare qui brille pour

quelqu’un qui est perdu en mer. Le Père César

supplie les moniales d’avoir une spiritualité de

mendiantes, d’être toujours attentives, humbles

et persévérantes.

Deux intervenants avaient été invités : le frère

Herman Johnson o.p., province de St Martin de

Porrès et le Père John Paul Walker o.p., province

de St Joseph.

Le sujet du Frère Herman était la vocation des

frères coopérateurs et la joie qu’il avait

expérimentée dans sa propre vocation. Il a

magnifié l’intercession si puissante de St Martin

de Porrès et comment il continue à être très aimé

de tant de personnes, dominicaines ou non.

Durant une partie de son intervention, il a

présenté avec enthousiasme la vie de St Martin

de Porrès pour la plus grande joie des moniales.

Le Père John Paul Walker o.p. a donné deux

conférences. La première était intitulée

« Nouveaux commencements ». Il a proposé 6

caractéristiques pour un nouveau commence-

ment, en insistant sur le fait qu’elles ne peuvent

prendre place sans la volonté préexistante de

faire mourir ce qui est ancien. Citant le Libellus

du Bx Jourdain de Saxe et les Vies des frères, le

Père a donné en exemple les frères qui étaient

envoyé prêcher le 15 août 1217 sans avoir rien

préparé mais avec la confiance de St Dominique

dans la grâce de Dieu. Un autre exemple était la

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confiance dans la Providence divine et la joie des

frères en dépit de leur manque de succès au bout

d’une journée entière de quête mendiante.

Le thème de la conférence de l’après-midi était

« Foi, confiance et joie ». Il a commencé par

l’histoire des frères nourris par les anges alors

qu’ils n’avaient plus de nourriture. Leur joie fut

telle que les témoins ont pensé qu’ils étaient

ivres après une longue journée de quête sans

aucun succès. Le Père a souligné des aspects de

cette JOIE comme la passion, la bienveillance. Il

nous a mises en garde de ne pas nous prendre

trop au sérieux. Le P. John Paul a insisté sur le

fait que la vraie joie est un fruit de l’amour.

Les prieures et les déléguées sont ensuite passées

aux affaires de l’Assemblée proprement dites. La

journée se déroula dans un véritable esprit de

gouvernement dominicain. Les propositions

faites par les monastères membres de

l’Assemblée, ainsi que les changements dans les

statuts et les directoires ont été discutés et votés

par l’Assemblée.

L’Assemblée a élu les nouvelles officières de

l’Association :

Présidente, S. Maria Christine, o.p. du

Monastère du Corpus Christi, Menlo Park, CA ;

vice présidente, S. Mary Catharine, o.p., du

Monastère de Notre Dame du Rosaire, Summit,

New Jersey; première conseillère, S. Mary Rose,

o.p. du monastère de l’Enfant Jésus, Lufkin, TX;

seconde conseillère, S. Marie Tersidis, o.p. du

monastère de la Reine de la Paix, Squamish

Valley, BC, Canada; troisième conseillère, S.

Mary Jeremiah, o.p. du monastère de l’Enfant

Jésus, Lufkin, TX.

A la fin de l’Assemblée une journée s’est

déroulée dans la jolie région du Tennessee chez

les soeurs dominicaines de Ste Cécile à la

maison de retraite Béthanie. Les moniales ont

bien profité de ce jour de détente et ont apprécié

la compagnie des unes et des autres ainsi que

l’hospitalité chaleureuse des sœurs dominicaines.

Original: anglais

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Fédération Saint-Dominique de Guzman

des Moniales Dominicaines – Équateur

BRÈVE DESCRIPTION DE L’HISTOIRE

D’UN PETIT SENTIER DE FRATERNITÉ ET

DE COMMUNION

Croissant dans la charité au cœur de l’Église

elles font grandir le peuple de Dieu par une

secrète fécondité

et par leur vie cachée elle-même, elles annoncent

prophétiquement que le Christ est l’unique

béatitude,

aujourd’hui par la grâce, demain par la gloire

(LCM 1s)

Quito est une ville située dans la Cordillère des

Andes avec ses sommets enneigés, qui font de sa

géographie irrégulière une gamme de paysages

uniques. L’histoire de cette ville coloniale est

tissée de légendes et de faits tissés dans leur

majorité par l’ambiance religieuse qui, depuis le

commencement de son existence, est marquée

par l’esprit dominicain et franciscain de ses

premiers missionnaires, qui travaillèrent

inlassablement à semer et maintenir la foi dans le

cœur de tous les fidèles colons et autochtones.

Dans les années 1592, un groupe de femmes

pieuses se réunit pour fonder le Monastère de

Sainte Catherine de Sienne, dirigées et aidées

spirituellement par les frères de l’Ordre des

Prêcheurs, elles furent les fondements de vertu et

de sainteté qui forgèrent les premières moniales ;

décidées à vivre en communauté elles

incarnèrent de par leur vie le projet que N.P.

Dominique dessina pour les moniales

contemplatives de son Ordre.

Depuis lors, le Monastère Sainte-Catherine, à

travers le temps, de génération en génération, a

été présent à l’Église et à l’Ordre avec des

moniales vivant en communauté au sein d’une

structure coloniale, avec ses grands cloîtres et

ses dépendances, ornés d’icônes réalisées par des

artistes à l’âme religieuse mise au service des

pinceaux, ces œuvres et l’ambiance étant

témoins de tant de vies livrées à une observance

régulière contemplative. Comme le montre

l’histoire, elles sont toujours empressées à louer

le Seigneur par leurs chants et la liturgie bien

menée, en latin. Plusieurs se sont distinguées par

leurs dons naturels et spirituels.

L’idéal de Dominique, lors de la fondation de

son ordre, apparaît universel, ici même dans ces

cloîtres, avec son critère et ses décisions : « Si le

grain se disperse il sera fécond ». Le 15 août

1959, le Monastère Sainte-Catherine réalise sa

première fondation : le Monastère de Notre-

Dame du très Saint Rosaire. Il se trouve dans la

province de Imbabura, dans une propriété de 5

hectares environ, patrimoine et héritage de deux

des fondatrices, Sr Maria Angélica et Sr Imelda

Espinosa de los Monteros, lieu champêtre situé

sur les pentes de la colline d’Imbabura ; la

construction de la maison, dit-on, s’élabora avec

la collaboration et le travail des voisins, en

particulier pour tout ce qui touche la maçonnerie

, la charpente et plus ; chaque année au temps

des récoltes, les habitants du secteur, faisant la

fête, apportent au monastère un peu de tout ce

qu’ils ont récolté. La Communauté, depuis ses

débuts, a toujours joui de l’affection, de la

proximité et de l’aide de tous les gens. La

discipline, l’observance régulière étaient et

continuent d’être la clé de l’itinéraire

communautaire

En 1980, le monastère Sainte-Catherine fonde un

nouveau Monastère, à 30 minutes de la ville de

Quito, dans la vallée de los Chillos, sous le nom

de Monastère de la Sainte-Famille.

Le 8 août de cette même année 1980, du

Monastère de Notre-Dame du Très Saint Rosaire

naît la fondation du Monastère Vénérable

Catherine de Jésus Herrera (moniale de

Guayaquil, qui se sanctifia au monastère de

Sainte-Catherine de Quito), dans la province de

Guayas en Duran, à 15 minutes de Guayaquil.

C’est un lieu au climat totalement tropical.

L’histoire de ce nouveau monastère ressemble en

un bonheur de chaque instant, de la pure

miséricorde et du pur amour de Dieu. La

présence spirituelle de notre Père Saint

Dominique est la douce brise qui accompagne le

quotidien de la communauté.

DES VIES D’ÉTROITE COMMUNION

FRATERNELLE

La relation de communion est manifestation

de cet amour qui jaillit du cœur du Père…

La communion fraternelle est l’image de la

manière d’être de Dieu

et de son don à Dieu, elle témoigne que « Dieu

est Amour »

(Vultum Dei Quaerere, 24,25)

Dans les événements que la vie nous offre, il y a

toujours des circonstances qui font que les

chemins peuvent se rencontrer puisque le but

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final est d’atteindre l’idéal définitif, c’est-à-dire

par l’amour à la maison du Père.

Les 4 monastères établis, chacunE,

personnellement, poursuit le cours normal de sa

vie chorale, d’étude, de travail et

communautaire, cherchant jour après jour à faire

la volonté de Dieu. Il semblerait que ce soit

suffisant, comme si là où naît toujours le soleil

un autre crépuscule doit se cacher et en ce lieu

tout se termine, mais non, dans la vie réelle de

nos communautés sans peut-être en être assez

conscientes, nous avons vécu un climat d’unité

et de fraternité comme les grains d’un même épi,

peut-être coupées avec de courtes périodes de

séparation et d’éloignement propres à la nature

humaine, mais ensuite réunies de nouveau par le

don de l’amitié.

Cet esprit d’harmonie et de fraternité nous ne

l’avons pas expérimenté seulement entre nos 4

monastères. La fraternité avec l’Ordre a été

également présente semant dans nos

Communautés des souvenirs impérissables de

gratitude et d’affection, comme par exemple : La

Fédération de l’Immaculée de Torrente a été et

est la maison aux portes ouvertes qui, grâce à

son aide et à son exemple de communion, a tracé

le chemin pour notre petite fédération.

Le Monastère Catherine de Jésus Herrera a

bénéficié, dans ses débuts, de la fraternité

d’autres monastèreS, comme Sainte Rose de

Puebla durant 3 ans ainsi que celui du très saint

Rosaire de Duitama, Colombie ; tous ces

événements ont donné lieu à ce que l’esprit de

fraternité et de communion entre sœurs

augmente et se concrétise pour voir plus

clairement que le monde de nos monastères ne se

termine pas aux murailles de chacun ; cette

relation va au-delà et prend vie quand nous nous

donnons la main entre sœurs ; le sentier de notre

communion fraternelle reste illuminé par la

lumière de l’espérance que donne la communion

fraternelle, parce que l’esprit de l’Ordre n’a pas

de frontières et cette réalité est une grâce, est un

don.

Depuis 18 ans environ, les deux jeunes

communautés, de la Sainte Famille et de

Catherine Herrera de Duran, nous vivons de plus

près ce partage de la vie fraternelle avec

l’échange de sœurs, la liturgie, et aussi au lien

économique partagé et merveilleusement

expérimenté, celui de partager ce qu’il y a « un

unique pain partagé pour deux sœurs pauvres »

qui s’aiment et cheminent main dans la main

pour ne pas défaillir en chemin.

Les deux monastères sont nés la même année

1980. Celui de la Sainte Famille est situé à la

campagne, avec un climat merveilleux ; c’est un

quartier résidentiel ; les propriétés du voisinage

sont éloignées les unes des autres, ce qui fait que

le monastère jouit du silence monastique ; à cela

s’ajoute l’air embaumé des alentours, avec

l’odeur des eucalyptus ; le désavantage est que

les vocations dans ce lieu de classes moyennes

ne sont pas nombreuses. Pour l’économie, au

début, la communauté s’appuyait sur l’aide de

ses bienfaiteurs, qui, avec les aléas du temps

passèrent à une vie meilleure ou changèrent de

lieu. Pour remédier à cette situation économique,

les deux communautés s’unirent et se lancèrent

dans l’élaboration de vins de messe sous le nom

de « Benoît », non à cause du nom du pape

puisque Jean-Paul II était encore en vie, le nom

de « Benoît » ne fut qu’une coïncidence

amusante avec le nouveau pontife qui, en

choisissant ce nom, fut pour nous comme un

signe de gratitude envers le Seigneur car, les

inconvénients qui contrarièrent la réalisation de

ce projet, et devant servir à améliorer, en partie,

la situation économique des deux monastères, ne

manquèrent pas, surtout pour le monastère de la

Sainte Famille.

Notre union fraternelle ne pouvait en rester là et

nous espérions toujours qu’à un moment nous

pourrions réaliser le rêve que les deux autres

monastères ouvrent leurs portes pour pouvoir

s’unir à nous et jouir de la même protection de la

très sainte Marie et de Dominique notre Père

dans une fédération formellement établie,

puisque nous avions vécu sporadiquement,

quelques années auparavant, l’amitié et l’aide

nécessaire pour nous tirer d’affaire.

Nous pourrions appeler ces temps-là : de longues

années de pré-fédération. Enfin, depuis 2015 on

commença à tenir des réunions périodiques au

cours desquelles, avec le P. Vice-provincial et le

P. Assistant, on rédigea un brouillon des statuts,

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dans le but de les étudier et de les faire

approuver par les Chapitres respectifs et ensuite,

qu’ils soient envoyés à Rome pour approbation.

Pendant ce temps-là, des différences de critères

surgirent si bien qu’il fut nécessaire de laisser du

temps, dans la prière constante, pour que le

Seigneur travaille dans le cœur de chaque sœur,

jusqu’à ce que, enfin, l’acceptation prenne le

dessus.

En date du 19 juillet 2016, arriva de la S.

Congrégation l’approbation de la fédération.

Dieu Notre Seigneur a daigné nous accorder

cette grâce voulue et désirée durant tant

d’années. Qu’il en soit pour toujours béni et

adoré! Nous sommes convaincues que, unies en

fédération, les liens de fraternité se resserreront

pour chercher un futur commun meilleur, selon

le vœu de l’Église et l’esprit de l’Ordre.

Nous espérons que cette petite graine semée dans

le sillon germe et porte des fruits pour la gloire

de Notre Seigneur et pour le bien de beaucoup

d’âmes.

Sœur Catalina Almeida, o.p.

Prieure fédérale

Fédération Saint-Dominique de Guzman - Équateur

Original: Espanol

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Au sujet de la Fédération Saint-

Dominique – Espagne Nous sommes la Région de moniales

dominicaines la plus nombreuse du monde.

Assemblée fédérale à Caleruega

La première réunion ou première

Assemblée fédérale eut lieu à Valladolid en août

1957. Deux ans plus tard, notre Fédération fut

érigée canoniquement.

Depuis ce vécu de collaboration

fraternelle, nous continuons à cheminer en ce

temps d’histoire qu’il nous est donné de vivre.

Au long de cette marche de plus de 50 ans,

quelques monastères sont nés, d’autres ont

disparu de la liste mais leur passage et leur

apport sont toujours vivants dans la mémoire.

Actuellement, la Fédération Saint-

Dominique est composée de 40 monastères ; 30

d’entre eux sont situés sur le sol espagnol et les

10 autres sont répartis en différents lieux :

Amérique, Afrique, Portugal, Grèce, Taiwan et

Corée. Fait partie de notre Fédération, l’Union

fraternelle Mère de Dieu, créée en 1981, régie

par les statuts fédéraux et les siens propres ; elle

dépend du Monastère d’Olmedo.

Sauf cas exceptionnels, les Assemblées

Fédérales sont convoquées tous les 6 ans.

Plusieurs fois nous avons réuni plus de 100

moniales. Les défis qui se présentent à nous sont

très grands : la fermeture de quelques

monastères, le lent vieillissement des

communautés, le manque de personnel pour la

relève générationnelle, l’aide mutuelle, la

formation, les échanges, etc. Nous sommes

nombreuses et, de ce fait, nous avons parfois des

points de vue différents, mais c’est une bonne

chose, parce que c’est vrai.

Le bulletin Nœud d’Union paraît

périodiquement 3 fois par an, plus d’une

centaine de numéros sont déjà parus. Nouvelles,

événements, célébrations spéciales, les joies et

les peines que toutes nous voulons partager.

Les Rencontres Interfédérales avec les

deux autres Régions de moniales dominicaines

d’Espagne sont d’une grande importance. Déjà

au printemps 2007, le Maître de l’Ordre, frère

Carlos Aspiroz, avait convoqué les Prieures

fédérales avec leurs Conseils respectifs et les

Pères Assistants, pour pouvoir célébrer une

rencontre à Caleruega. Ensemble, nous

organisons des cours de formation et des

exercices spirituels, nous nous répartissons les

différents bulletins et mettons en commun les

thèmes qui nous préoccupent toutes et nous

interpellent. En conclusion, il semble que nous

nous acheminons, dans un futur proche, vers un

Noviciat interfédéral.

Je voudrais mentionner maintenant le n°

257 des actes du Chapitre Général de Bologne de

1216, qui dit : « Nous recommandons au Maître

de l’Ordre que, assisté par le promoteur général

des Moniales, il se préoccupe de la présence de

nos sœurs contemplatives dans les monastères

historiques de l’Ordre en Espagne (Caleruega,

Ségovie et Santo Domingo el Real de Madrid),

pour qu’ils continuent à briller par une vie

spirituelle et communautaire ».

Ces 3 monastères historiques, véritables

sanctuaires pour l’Ordre en Espagne, se trouvent

sur le territoire de notre Fédération, et les 3 ont

pour patron Saint Dominique.

Santo Domingo el Real de Caleruega a le

privilège d’avoir vu la naissance de notre père et

la re-naissance de chacun de ses fils et de ses

filles dans la crypte vénérée, le petit puits de

l’Eau Vive, au fond duquel le dessin de l’étoile

indique le lieu exact de la naissance du fondateur

de l’Ordre des Prêcheurs, selon l’indication du

Bienheureux Manès. À Caleruega également se

trouve la Cave de sainte Jeanne d’Aza et le

Torreón des Guzman.

Au monastère de Santo Domingo el Real

de Madrid, on garde la cuve baptismale de notre

père, qui est toujours portée au palais lorsque

l’on doit baptiser un fils de la famille royale

d’Espagne. Les moniales de Madrid gardent

aussi avec amour l’unique lettre de saint

Dominique : « Nous nous réjouissons beaucoup

et nous rendons grâces à Dieu pour le bienfait de

votre sainte vie ». Une fois fondé le monastère

madrilène, Dominique laissa les moniales sous la

vigilance de son frères Manès, « un homme

contemplatif et saint » comme dit Gérard de

Frachet.

Santo Domingo el Real de Ségovie

apporte à la mémoire de notre cœur toute

l’intimité de la prière de Dominique, son sang

répandu devant l’image du Crucifié. La Grotte,

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appelée de Saint Dominique, dans la cité

médiévale de Ségovie, est un lieu de profonde

vénération pour nous tous qui vivons de son

charisme. Au bord du fleuve Eresma, il y a

plusieurs terrains abrupts, et, dans le silence de

la nuit, le prêcheur Dominique se retirait dans les

recoins d’une grotte obscure, dans ce lieu

inhospitalier où se déversait tout son désir de

souffrir pour ressembler au Bien-Aimé de son

âme.

Toute ce poids historique, chères sœurs,

fait partie de la vie de la Fédération Saint-

Dominique d’Espagne.

Après ce long chemin, nous avançons,

ouvertes à la sincérité et à la liberté, même

consigne autrefois et maintenant : essayer de

transmettre le message de vie de notre existence

quotidienne et la beauté de notre consécration.

Merci d’avoir lu ces mots.

Sœur María del Mar Castro, o.p.

Monastère de Sainte-Catherine - Alcalá de Henares -

Espagne

Membre de la C.I.M

Original: Espanol

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Rencontre de formation pour les novices

et leurs maîtresses des novices à

Ratisbonne. Du 25 au 29 juillet 2016 a eu lieu au Monastère

de la Sainte-Croix de Ratisbonne une rencontre

des novices avec leurs maîtresses. Huit Sœurs

venant de 5 monastères et de quatre pays

différents y ont participé. Parmi les maîtresses

des novices et les sœurs qui avaient organisé la

rencontre, Sr Anna de Lage et Sr Marina de

Ratisbonne étaient responsable de l’organisation.

Du monastère suisse de Weesen était venue Sr

Consiglia, de Prague la Prieure, Sr Marie. Parmi

les jeunes Sœurs, il y avait Sr Katharina de Lienz

en Autriche, les deux professes temporaires, Sr

M.Benedikta de Ratisbonne et Sr Diana de Lage,

ainsi que la novice Sr Klara de Prague.

Notre rencontre débuta le lundi 25 juillet au soir

par un tour de présentation auquel a pris part en

tant qu’invité notre frère belge, le P. Mark de

Caluwe OP. La matinée du mardi était consacrée

aux échanges. Pendant que nous, les jeunes

sœurs échangions sur la Miséricorde, sa

signification pour st Dominique, notre ordre,

notre vie communautaire quotidienne, les

maîtresses des novices discutaient sur la base

d’un exposé dans une perspective théologique et

éthique d’expériences de crise et de leur

potentiel des défis pour la vie religieuse.

L’après-midi, nous nous sommes rendues dans

l’ancien couvent de dominicains Saint-Blaise où

a lieu l’exposition « Plus que noir et blanc » à

l’occasion du 800e anniversaire de l’Ordre. Mme

Dr Susanne Biber, curatrice de l’exposition, nous

en a fait la visite.

Les deux autres jours (27 et 28 juillet) étaient

consacrés à l’étude des Béatitudes dans

l’Evangile de st Matthieu. M. Hans-Ulrich

Weidmann, professeur d’exégèse néo-

testamentaire à l’université de Siegen, nous a

donné, en quatre étapes, des conférences sur les

Béatitudes dans le Sermon sur la montagne.

Comme pour chaque exégèse, nous avons, au

début de nos séances pris conscience, à l’aide du

document « Verbum Domini » (2010) que la

méthode historico-critique est indispensable à la

compréhension des textes bibliques, mais ne

suffit pas pour l’explication complète des textes,

car la Bible nous transmet la Parole de Dieu

inspirée et vivante. Pour mieux comprendre les

Béatitudes dans leur contexte culturel et

historique, nous avons donc commencé par nous

occuper de l’enracinement historique, culturel et

textuel du Sermon sur la montagne. Dans un

second temps, nous avons étudié la structure du

Sermon sur la montagne. Ensuite, nous avons eu

la possibilité de poser des questions, de réfléchir

ensemble sur l’Ecriture sainte et de laisser la

Parole de Dieu nous interpeller.

Le mercredi soir (27 juillet), nous avions encore

la possibilité d’échanger de manière informelle

avec notre professeur et de discuter en commun

de passages bibliques qui nous paraissaient

difficiles, remarquables ou spécialement

importants. Mais n’avons pas parlé que de la

Bible. Nous avons aussi parlé de la situation

actuelle des étudiants en théologie en Allemagne

et de notre vie quotidienne avec ses côtés joyeux.

Nous avons passé la soirée du jeudi avec toutes

les Sœurs du monastère de Ratisbonne en une

récréation commune, dans laquelle nous avons

pu exprimer notre joie du revoir et notre

reconnaissance pour cette rencontre. Le

lendemain, après le petit déjeuner, nous nous

sommes mises en route pour le retour.

Notre rencontre ne nous pas seulement apporté

des enrichissements et des occasions de

réflexion, mais aussi la grande joie de faire

connaissance avec des membres de l’Ordre

jusque-là inconnues et d’en revoir d’autres plus

vues depuis longtemps. L’identité dominicaine

commune a permis un échange ouvert sur des

thèmes profonds et pendant les poses, sur des

problèmes et des joies de notre vie quotidienne.

Il y a un intérêt déterminé pour une prochaine

rencontre.

Sr M.Klara (Prague) et Sr M.Benedikta (Ratisbonne)

Original: allemand

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NOUVELLES DES COMMUNAUTÉS:

Vivre en Communauté Comme la spiritualité augustinienne est à la

racine de notre vie dominicaine, nous devons y

réfléchir souvent pour rester fidèles à notre

appel. Durant cette année jubilaire de l’Ordre, il

est bon de considérer à nouveau le genre de vie

choisi par saint Dominique et les premiers frères.

La Règle de saint Augustin était familière à

Dominique qui l’avait vécue comme chanoine

régulier à Osma. Comme la nouvelle

communauté se développait, il devenait évident

que ce genre de vie serait le meilleur fondement

pour des prêcheurs contemplatifs de la Parole.

Au début de sa Règle, st Augustin nous dit que

nous sommes réunis pour vivre en harmonie

dans le monastère. Durant ses dix premières

années de sacerdoce, Augustin semble avoir

pensé que le détachement des biens matériels

apporterait l’unité. Cependant, après l’année

401, il place l’accent sur l’anima una et le cor

unum. Comme le dit le Père William

Hinnebusch, o.p. dans son livre Spiritualité

dominicaine, la vie de communauté va beaucoup

plus loin que la possession commune de choses

matérielles. Bien plus important est le partage

des richesses de l’âme et de l’esprit. Cette

harmonie est à la fois fruit et signe visible de la

charité. Pour Augustin, la vie monastique était le

miroir de celle des apôtres. Suivre le Christ

signifie que le Christ est la tête de la maison et

que les apôtres sont ses amis. Il voyait le

monastère comme une communauté d’amis et on

retrouve cela chez saint Thomas qui désignait la

charité comme l’amour d’amitié. St Thomas

enseigne dans la Somme que plus une chose est

en lien avec sa fin, plus elle est parfaite. Aussi la

communauté est-elle censée être un miroir

limpide de la vie de la Trinité et c’est donc une

observance extrêmement importante. C’est un

élément essentiel de la vie dominicaine et dans la

formule de profession primitive employée par les

premiers frères, ils promettaient vie commune.

La communauté est le lieu où nous nous

entraînons et devenons aptes à vivre avec Dieu.

La vie de la sainte Trinité nous enseigne

comment nous devons être les uns pour les

autres. Comme le Fils est envers son Père, ainsi

le positionnement du membre de la communauté

est le don de soi, la mise à la disposition des

autres membres.

La communauté n'est pas une simple question de

cohabitation, et elle n’advient pas toute seule.

Nous devons y travailler. Nous devons nous y

engager autant qu’il est possible : abandonner

constamment mes préférences, mes projets, ma

commodité, mon confort, mon temps - pour

combler les besoins et même les désirs des

autres. Selon saint Augustin, il y a un signe que

nous apprenons la perfection de la charité : c’est

que nous apprenons à aimer nos ennemis, ceux

avec lesquels nous avons déjà appris à vivre en

harmonie. La perfection de la charité, c’est être

prêts tant à mourir pour les autres qu’à vivre

pour eux. C’est une mort est à nos pensées, nos

jugements, nos goûts et nos caprices. Vivre pour

les autres, c’est organiser ma vie dans l’intérêt de

ceux que j’aime le moins ou qui semblent ne pas

m’aimer. Quand nous commençons à sentir le

poids de la vie commune, on peut se souvenir de

la remarque du Père Don Goergen, o.p. : « Si

seulement nous pouvions voir nos problèmes de

la perspective de ceux qui luttent contre la mort,

la faim ou le désespoir. » Nous souvenir de ce

que les sœurs dominicaines d’Irak vivent en ce

moment nous aidera à voir nos problèmes dans

cette perspective. L’unité demande que nous

nous renoncions, c’est une expression de la

charité. Celle-ci est un don de Dieu et nous

devons supplier incessamment pour l’obtenir.

Dans ses Confessions, saint Augustin dit qu’il

n’y a de vraie amitié que quand Toi (Dieu)

renforce les liens entre les personnes attachées à

Toi par la charité répandue dans nos cœurs par

l’Esprit Saint qui nous a été donné. Nous devons

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Monialibus Nº 36

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être constamment sur le qui-vive pour aider

l’autre.

Dans son livre Pratiques monastiques, Charles

Cummings raconte l’histoire d’un homme appelé

Thor Heyerdahl qui a navigué de l’Afrique à

l’Amérique du Sud sur un bateau en papyrus.

"Ce n’étaient pas les vagues de l'océan ou le

vaisseau primitif qui l'ont le plus inquiété, mais

la question de savoir comment les sept hommes

à bord s’entendraient. Ils venaient de sept pays

différents et étaient d’âges différents, de

religions différentes, des langues différentes. Ils

devaient vivre côte à côte sur un petit bateau

pendant quatre mois. En fait, il y eut des

moments difficiles, mais tous les hommes à bord

étaient véritablement engagés dans le projet de

l'expédition. Aussi leur voyage se conclut-il avec

succès sur une note de fraternité.

Notre vie monastique ressemble beaucoup au

bateau de papyrus d’Heyerdahl. Notre

observance de la clôture nous empêche de quitter

le bateau librement. Notre voyage du monastère

au Paradis peut être joyeux, ou il peut devenir un

enfer de solitude, de querelles et de soupçon

avec une fin désastreuse. Je ne peux rechercher

Dieu comme si j’étais ermite. Mon chemin de

sainteté passe par et avec mes compagnons de

route. Si je dois devenir sainte, ce doit être dans

cette maison, en ce temps, avec ces sœurs. Elles

comme moi avons été appelées par Dieu à vivre

cette vie ensemble et je serai fidèle à ma

vocation et expérimenterai le Dieu vivant grâce à

elles et non pas malgré elles. Mes paroles

peuvent construire ou détruire le

compagnonnage qui est nécessaire à la charité.

Je dois être en termes amicaux avec tous ceux

avec lesquels je vis, même si le niveau de

partage n’est pas le même avec tous.

Saint Jean de la Croix enseigne que la vie

commune apporte consolation et soutien dans la

vie religieuse. C’est sans doute vrai, et nous

pouvons tous en attester, mais elle nous éprouve

et nous teste aussi. Comme le fait remarquer le

Père William Hinnebusch, « Il est impossible de

vivre jour après jour, année après année en

communauté, en se tenant auprès de la même

personne au chœur, en étant assise auprès d’elle

au réfectoire sans être éprouvé de multiples

manières. » La communauté parfaite n’existe pas

et je ne peux pas attendre que les autres sœurs se

réforment pour vivre dans l’amour.

Je peux trouver la présence de Dieu même au

milieu de ces autres âmes imparfaites qui

forment ma communauté. C'est là que Dieu m'a

placée, et c'est ici que je peux toujours le trouver.

Dieu m'a appelée ici pour me préparer au paradis

et c'est ici que j’en trouve le chemin.

Être fidèle dans ce cadre moins que parfait exige

une bonne mesure d'oubli de soi et d'auto-

discipline. La communauté peut être

enrichissante, mais c'est aussi une forme

d'ascétisme: je dois patiemment supporter les

infirmités des autres comme elles supportent les

miennes. C’est en nous efforçant ensemble de

résoudre les problèmes et de prendre des

décisions tout en respectant les opinions

divergentes que nous grandissons toutes en

sainteté.

Le Père Donald Goergen, o.p, dans son livre

Lettres à mes frères et sœurs, propose de bonnes

questions à se poser sur la vie commune:

Est-ce que j'attends trop de mes sœurs?

Les autres doivent-ils répondre à mes attentes?

Pourrais-s-je être plus accueillante et

compréhensive?

De qui est-ce que j’examine la conscience?

Qu'est-ce que je me sacrifie pour les autres en

communauté?

Quel est le niveau de mon engagement?

Dans quelle mesure est-ce que j'essaye de faire

en sorte que la communauté marche?

Qu’est-ce qui vient en premier - mes intérêts ou

la communauté?

Si j'ai peu de choses positives à dire au sujet de

ma communauté, qu'est-ce qui ne va pas en moi?

Comment puis-je commencer à y remédier?

A qui puis-je me tourner pour m'aider?

La vie communautaire est la manière dont nous,

moniales contemplatives, prêchons l'Évangile.

Prêchons en vérité. Dans cet effort, nous avons

l’aide de saint Dominique qui nous a promis :

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« Je vous serai plus utile après ma mort et je

vous aiderai plus alors que durant ma vie »

Soeur Mary of the Sacred Heart Desmond, o.p.

Monastère Mary the Queen

Springfield, Illinois USA

Original: anglais

D’Eucharistie en Eucharistie

Cette année 2016 fut pour nous, les sœurs du

Sancti Spiritus « El Real » de Toro, une année

trois fois heureuse : à la joie de célébrer le

800ème

anniversaire de la confirmation de notre

ordre et au Jubilé de la Miséricorde s’ajoutait le

bonheur des 700 ans de notre monastère.

Combien de motifs pour rendre grâces à Dieu

pour tout, pour tant… ! C’est pourquoi toutes les

célébrations, les activités et les rencontres que

nous avons réalisées ont été autant d’aides pour

nous rappeler à nous-mêmes le besoin d’une

action de grâces en continu et pour encourager

d’autres à s’unir à notre gratitude.

Dans ce sens, l’Eucharistie était le meilleur

« cadre » pour les évènements qui se sont

succédés dans notre maison, à mesure que

passaient des mois tout à fait extraordinaires.

Ainsi toutes les activités réalisées ont été

« assumées » par le Seigneur de l’histoire de ce

monastère de Toro dans l’action de grâces par

excellence qui est la célébration de

l’Eucharistie : mais oui, tout s’est développé

entre l’eucharistie de l’ouverture de la

célébration jubilaire pour notre anniversaire sept

fois centenaire et celle qui terminait 2016. Entre

ces deux eucharisties tout a lieu.

La première fut présidée par l’évêque du

diocèse, D. Gregorio Martinez Sacristán, avec le

vicaire pour la vie consacrée, notre aumônier,

des prêtres amis et des connaissances de la

communauté. Au cours de l’homélie il nous

recommanda chaleureusement de faire famille

entre les cinq communautés contemplatives de

Toro. Ce jour-là, deux de nos sœurs de Zamora

se joignirent à nous ainsi que deux sœurs

Prémontrées de Toro. La dernière Eucharistie

fut présidée le 7 novembre, fête de tous les saints

de l’ordre, par le dominicain P. Angel Almarza

de la province du rosaire, accompagné par le P.

Salas OP et plusieurs prêtres diocésains. Pendant

toute la célébration nous fûmes accompagnées

par nombre de parents, de voisins et de

bienfaiteurs qui nous faisaient parvenir ainsi de

cette manière la proximité du Seigneur et de sa

miséricorde à notre égard.

Aux actes commémorant spécifiquement le

800ème

anniversaire de la confirmation de notre

ordre s’ajoutèrent ceux qui se rapportaient aux

700 ans de la fondation de notre monastère.

Ainsi, chaque célébration était une actualisation

du grand jubilé dominicain et une occasion

exceptionnelle pour faire connaître notre Père et

son Ordre.

Le 30 avril fut présenté le livre Un désir qui

perdure, que vous avez toutes entre les mains ; à

la suite nous eûmes le premier concert de l’année

avec, à cette occasion, le chœur de voix graves

de Madrid. Ce fut une véritable merveille selon

tous ceux qui y assistèrent

Le jour dominicain par excellence fut la fête de

Pentecôte, le 15 mai. L’eucharistie fut présidée

par l’aumônier des sœurs le P. César Valero, OP,

assisté par un bon groupe de dominicains

provenant de différents couvents.

Dans son homélie, le frère César, citant les

paroles d’une sœur contemplative qui définissait

sa vocation non comme une fuite loin des

ténèbres mais comme une recherche de lumière,

résuma l’histoire du monastère comme « 700 ans

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de lumière sur le Duero pour le monde entier ».

Il souligna aussi l’importance que la vie

contemplative continue encore aujourd’hui pour

l’Eglise et la société : « face à un monde

convaincu que le néant nous attend derrière

cette vie, la vocation des contemplatives annonce

au monde que ce néant est habité par l’amour ».

Il termina son homélie en s’adressant à nous, en

nous incitant à rendre grâces à Dieu parce que

nous avons beaucoup à raconter de ces 700 ans

d’histoire, pour le présent que nous vivons et

pour un futur d’espoir au cours du quel nous

pourrons approfondir ce mystère de lumière.

Enfin, les frères Sixto et Jaime nous

enchantèrent avec un joli concert d’orgue et de

violon. La journée s’acheva avec un partage

fraternel.

La succession des mois nous apporta d’autres

concerts, des conférences aux thèmes variés : la

tombe de notre Père à Bologne, le grand retable

de l’église du monastère, le moyen âge et

l’influence des rois sur les monastères, la

maladie dans la Bible… Au cours d’autres

rencontres autour de la Vierge priant et orant,

nous avons mis en évidence le « le rosaire

pèlerin » que nous eûmes les 16 et 17 mai et le

mois d’octobre avec la fête de la vierge du

rosaire. Ce fut des journées conviviales autour de

la Parole d’un Dieu de miséricorde pour faire

connaître notre vie et notre mission dans l’Ordre

de la Parole…

Le jour de notre père Saint Dominique nous

eûmes la joie d’inaugurer une nouvelle chapelle

pour que les fidèles puissent participer avec nous

à la liturgie. L’eucharistie eut lieu à 7 sept heures

en compagnie de nombreux fidèles et de prêtres.

Tout ce programme put se réaliser grâce aux

sœurs et à l’aide d’amis, de proches et de

bienfaiteurs et voisins de Toro. Nous en rendons

grâces à Dieu qui a eu à cœur de nous soutenir

tout au long de cette année si riche et si spéciale

dans tant d’aspects de notre vie consacrée. Par

ces lignes nous sommes reconnaissantes à tous

les monastères de la Fédération vous sachant

unies à nous d’une manière ou d’une autre.

Combien d’anecdotes où nous avons vu

s’incarner la miséricorde que nous essayons de

vivre et de prêcher ! Combien de personnes se

sont approchées de nous au motif de ces

célébrations ! Celles qui sont une prolongation

de notre communauté par leur attachement

montré par une infinité de détails ont été

rejointes par d’autres que nous ne connaissions

pas et qui forment part de notre vie d’ores et

déjà.

Tout, tout a eu lieu entre eucharisties. Ainsi

d’eucharistie en eucharistie, notre action de

grâces a passé d’être à nous seulement pour être

au Seigneur. C’est à lui que nous demandons

qu’il présente au Père toute cette année qui a

voulu être, avant tout, un hommage à la Trinité

par le don immense au monde d’un homme qui,

après huit cents ans d’histoire continue à

illuminer les consciences avec la Vérité qui est le

Christ et en prêchant la grâce qui est le Verbe

fait chair.

Vos sœurs de Toro

Monastère Sancti Spiritus

España

Original: Espanol

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