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VENDREDI 30 JUIN 2017 73 E ANNÉE– N O 22538 2,50 €– FRANCE MÉTROPOLITAINE WWW.LEMONDE.FR― FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY DIRECTEUR : JÉRÔME FENOGLIO Algérie 220 DA, Allemagne 3,00 €, Andorre 3,00 €, Autriche 3,10 €, Belgique 2,70 €, Cameroun 2 100 F CFA, Canada 5,20 $, Chypre 2,70 €, Côte d'Ivoire 2 100 F CFA, Danemark 33 KRD, Espagne 2,90 €, Finlande 4,50 €, Gabon 2 100 F CFA, Grande-Bretagne 2,40 £, Grèce 3,00 €, Guadeloupe-Martinique 2,90 €, Guyane 3,00 €, Hongrie 990 HUF, Irlande 2,90 €, Italie 2,90 €, Liban 6 500 LBP, Luxembourg 2,70 €, Malte 2,70 €, Maroc 17 DH, Pays-Bas 3,00 €, Portugal cont. 2,90 €, La Réunion 2,90 €, Sénégal 2 100 F CFA, Slovénie 2,90 €, Saint-Martin 3,00 €, Suisse 3,90 CHF, TOM Avion 500 XPF, Tunisie 3,10 DT, Afrique CFA autres 2 100 F CFA MONDE DES LIVRES – SUPPLÉMENT L’HISTOIRE DE LA GAUCHE PAR PETER WEISS - LIVRES DE POCHE POUR CET ÉTÉ LE REGARD DE PLANTU Le 27 juin, au ministère de l’Europe et des affaires étrangères. STÉPHANE LAVOUÉ POUR « LEMONDE » Parlement : Emmanuel Macron bouscule les usages En décidant de s’expri- mer devant le Parlement réuni en Congrès, le 3 juillet, le chef de l’Etat s’affranchit des coutumes républicaines Le président innove, en établissant la feuille de route, pour cinq ans, de la majorité, à la veille du dis- cours de politique géné- rale du premier ministre M. Macron abandonne également l’entretien télévisé rituel du 14-Juillet. Il semble, plus globale- ment, vouloir se tenir loin des médias A l’Assemblée nationale, les groupes LR et PS accu- sent la majorité de ne pas respecter les équilibres démocratiques et les droits de l’opposition Plusieurs députés menacent de boycotter le discours de Versailles et dénoncent la dérive monarchique de l’Elysée PAGE 9 BUDGET LA CHARGE DE LA COUR DES COMPTES L’ audit des finances publi- ques, publié le 29 juin par la Cour des comptes, est sévère. A propos du budget 2017 ou du programme de stabilité que Paris a transmis à la Commis- sion européenne, les magistrats parlent d’« insincérité ». Les recet- tes ont été surestimées, les dé- penses « manifestement sous-éva- luées », jugent-ils. Conséquence, le déficit public devrait atteindre 3,2 % du produit intérieur brut en 2017, loin des 2,8 % promis à Bruxelles. Soit un dérapage de près de 8 milliards d’euros. PAGE 8 Dans un entretien au « Monde », le mi- nistre de l’Europe et des affaires étrangères souhaite « une France influente » Il met l’accent sur la lutte contre le terrorisme, plaide pour « une Europe qui protège » et milite en faveur d’un approfondisse- ment du dialogue avec la Russie PAGES 2-3 TRUMP, UN AMÉRICAIN  À PARIS PAGE 22 1 ÉDITORIAL Finance Les Bettencourt investissent en dehors de L’Oréal CAHIER ÉCO – PAGE 3 Justice Rwanda : plainte contre la BNP pour « complicité de génocide » PAGE 4 Ma petite France Les désillusions de Schiltigheim, la capitale de la bière alsacienne PAGES 14-15 CFDT et FO se disent prêts à négocier sur ce texte, qui entend « renforcer l’accord d’entreprise mais aussi la négociation de branche » PAGE 11 Loi travail Les syndicats prudents sur le projet de loi Acheter un appartement à proximité d’un collège réputé coûte entre 7 % et 27 % plus cher que dans le reste de la ville. C’est ce que la plate-forme MeilleursAgents appelle l’« effet cartable ». PAGE 12 Immobilier De l’influence de la carte scolaire sur les prix LA DIPLOMATIE FRANÇAISE, SELON JEAN-YVES LE DRIAN Les plus grandes marques de literie : André Renault, Bultex, Dunlopillo, Duvivier, Epéda, Mérinos, Sealy, Simmons, Swiss Confort, Swiss Line, Tempur, Tréca... Paris 15 e sur 500 m 2 : 66 rue de la Convention 01 40 59 02 10 - 7j/7 - M° Boucicaut, P. gratuit Paris 12 e sur 300 m 2 : 56-60 cours de Vincennes 01 43 41 80 93 - 7j/7 - M° Porte de Vincennes ou Picpus Canapés, armoires lits, mobilier, dressings CeLio, meubles Gautier : toutes nos adresses sur www.topper.fr s ldes DU 28 JUIN AU 8 AOÛT VOTRE BIEN-ÊTRE COMMENCE ICI

MONDE DES LIVRES – SUPPLÉMENT L’HISTOIRE …pics0.meilleursagents.com/resources/press/LeMonde_29062017.pdf · 12|france VENDREDI 30 JUIN 2017 0123 L’immobilier porté par «

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VENDREDI 30 JUIN 201773EANNÉE– NO 22538

2,50 €– FRANCE MÉTROPOLITAINEWWW.LEMONDE.FR―

FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRYDIRECTEUR : JÉRÔME FENOGLIO

Algérie 220 DA, Allemagne 3,00 €, Andorre 3,00 €, Autriche 3,10 €, Belgique 2,70 €, Cameroun 2 100 F CFA, Canada 5,20 $, Chypre 2,70 €, Côte d'Ivoire 2 100 F CFA, Danemark 33 KRD, Espagne 2,90 €, Finlande 4,50 €, Gabon 2 100 F CFA, Grande-Bretagne 2,40 £, Grèce 3,00 €, Guadeloupe-Martinique 2,90 €, Guyane 3,00 €, Hongrie 990 HUF, Irlande 2,90 €, Italie 2,90 €, Liban 6 500 LBP, Luxembourg 2,70 €, Malte 2,70 €, Maroc 17 DH, Pays-Bas 3,00 €, Portugal cont. 2,90 €, La Réunion 2,90 €, Sénégal 2 100 F CFA, Slovénie 2,90 €, Saint-Martin 3,00 €, Suisse 3,90 CHF, TOM Avion 500 XPF, Tunisie 3,10 DT, Afrique CFA autres 2 100 F CFA

MONDE DES LIVRES – SUPPLÉMENT  L’HISTOIRE DE LA GAUCHE PAR PETER WEISS  ­  LIVRES DE POCHE POUR CET ÉTÉ

LE REGARD DE PLANTU

Le 27 juin, au ministèrede l’Europe et des affaires étrangères. STÉPHANE LAVOUÉ

POUR « LEMONDE »

Parlement : Emmanuel Macron bouscule les usages▶ En décidant de s’expri­mer devant le Parlement réuni en Congrès, le 3 juillet, le chef de l’Etat s’affranchit des coutumes républicaines

▶ Le président innove, en établissant la feuille de route, pour cinq ans, de la majorité, à la veille du dis­cours de politique géné­rale du premier ministre

▶ M. Macron abandonne également l’entretien télévisé rituel du 14­Juillet. Il semble, plus globale­ment, vouloir se tenir loin des médias

▶ A l’Assemblée nationale, les groupes LR et PS accu­sent la majorité de ne pas respecter les équilibres démocratiques et les droits de l’opposition

▶ Plusieurs députés menacent de boycotterle discours de Versailleset dénoncent la dérive monarchique de l’Elysée PAGE 9

BUDGETLA CHARGE DE LA COUR DES COMPTES

L’ audit des finances publi­ques, publié le 29 juin parla Cour des comptes, est

sévère. A propos du budget 2017 ou du programme de stabilité que Paris a transmis à la Commis­sion européenne, les magistrats parlent d’« insincérité ». Les recet­tes ont été surestimées, les dé­penses « manifestement sous­éva­luées », jugent­ils. Conséquence, le déficit public devrait atteindre3,2 % du produit intérieur brut en 2017, loin des 2,8 % promis àBruxelles. Soit un dérapage deprès de 8 milliards d’euros.

PAGE 8

▶ Dans un entretien au « Monde », le mi­nistre de l’Europeet des affaires étrangères souhaite « une France influente »▶ Il met l’accentsur la lutte contrele terrorisme, plaide pour « une Europe qui protège » et milite en faveur d’un approfondisse­ment du dialogue avec la RussiePAGES 2-3

TRUMP,UN AMÉRICAIN

 À PARISPAGE 22

1É D I T O R I A L

FinanceLes Bettencourt investissent en dehors de L’OréalCAHIER ÉCO – PAGE 3

JusticeRwanda : plainte contre la BNP pour « complicité de génocide » PAGE 4

Ma petite FranceLes désillusions de Schiltigheim, la capitale de la bière alsaciennePAGES 14-15

CFDT et FO se disent prêts à négocier sur ce texte,qui entend « renforcer l’accord d’entreprise mais aussi la négociation de branche »PAGE 11

Loi travailLes syndicats prudents sur le projet de loi 

Acheter un appartement à proximité d’un collège réputé coûte entre 7 % et 27 % plus cher que dans le reste de la ville. C’est ce que la plate­forme MeilleursAgents appelle l’« effet cartable ».PAGE 12

ImmobilierDe l’influence de la carte scolaire sur les prix

LA DIPLOMATIE FRANÇAISE, SELON JEAN­YVES LE DRIAN

Les plus grandes marques de literie :André Renault, Bultex, Dunlopillo, Duvivier, Epéda,Mérinos, Sealy, Simmons, Swiss Confort, Swiss Line,Tempur, Tréca...

Paris 15e sur 500 m2 : 66 rue de la Convention01 40 59 02 10 - 7j/7 - M° Boucicaut, P. gratuit

Paris 12e sur 300 m2 : 56-60 cours de Vincennes01 43 41 80 93 - 7j/7 - M° Porte de Vincennes ou Picpus

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Page 2: MONDE DES LIVRES – SUPPLÉMENT L’HISTOIRE …pics0.meilleursagents.com/resources/press/LeMonde_29062017.pdf · 12|france VENDREDI 30 JUIN 2017 0123 L’immobilier porté par «

12 | france VENDREDI 30 JUIN 20170123

L’immobilier porté par « l’effet cartable »La proximité de « bons » collèges fait monter les prix des logements de 7 % à 27 % dans les grandes villes

D es agents immobiliersle constatent tous lesjours : certaines fa­milles sont prêtes à

débourser beaucoup pour l’achat de leur logement si elles sont as­surées que leurs enfants seront« sectorisés » dans ce qu’elles con­sidèrent comme les meilleurs éta­blissements scolaires. Une straté­gie qui se répercute sur les prixde l’immobilier. La plate­formeMeilleursAgents a voulu mesurer le surcoût lié à la proximité d’un collège réputé, ce qu’elle appelle « l’effet cartable ». Elle a observé leprix du mètre carré, à Paris et dans huit autres villes, dans unrayon de 300 mètres autour des collèges publics ayant obtenu la note « A » dans le classement du mensuel L’Etudiant d’avril 2017. Le« A » est attribué aux 25 % des col­lèges qui ont obtenu les plus fortstaux de réussite et de mentionsau diplôme national du brevet surles trois dernières années.

Verdict : acheter un logement àcôté de ces établissements coûte entre 7 % et 27 % plus cher quedans le reste de la ville. « C’est àBordeaux que la surcote est la plusraisonnable, + 7 % », indiquel’étude. Suivent Lille (+ 8 %), Lyon(+ 9 %), Nice (+ 11 %), Rennes (+ 12 %), Nantes (+ 13 %), Montpellier (+ 22 %) et Toulouse (+ 27 %).

A Paris, MeilleursAgents a iden­tifié 27 collèges publics notés « A » :« Ils sont presque tous situés dans les quartiers les plus aisés, observe Sébastien de Lafond, cofondateur du site, où le prix du mètre carré est,dans un rayon de 300 mètres, en moyenne de 17 % plus cher que le prix moyen de la ville. » Un surcoûtqui affiche de fortes disparités à l’échelle du quartier. « Le mètrecarré est jusqu’à 37 % plus cher loca­lement, comme autour du collège Victor­Hugo, dans le Marais (3e ar­rondissement), détaille M. de La­fond. Le record, + 51 %, s’établit autour du seul collège public du 7e arrondissement, Victor­Duruy. »

Dans le 18e arrondissement, aubas de la butte Montmartre, on paye 16 % plus cher son logement

dans les 300 mètres autour du collège Yvonne­Le­Tac qu’ailleurs dans le quartier Clignancourt.« L’avenue Junot est l’une des plus chères de Paris mais il y a très peu d’établissements scolaires et c’est la bagarre pour aller dans ce­lui­ci », raconte Sylvie Potel, direc­trice commerciale de l’étude im­mobilière Lepic. Elle a récemmentvendu un appartement à un cou­ple qui avait préféré rester septans en location dans 50 mètrescarrés avec leur fille en attendant de trouver un appartement dansce même secteur.

Dans le 11e arrondissement, lecollège Anne­Frank fait, à lui seul, grimper de 5 % les prix des loge­ments alentour, comparés à ceux du quartier Sainte­Marguerite.Habiba Hani, de l’agence Voltaire

des collèges », confirme Jean­Al­bin Richard, agent immobilier.

La plupart des lycées et collègesréputés de Lyon sont privés – laza­ristes, maristes, chartreux –, à l’ex­ception du lycée du Parc. Deux col­lèges publics font nettement grim­per les prix : Jean­Moulin, dans le quartier Saint­Just, sur la colline deFourvière, contribue à une surcotede + 13,2 % par rapport au quartier, comme Saint­Exupéry à la Croix­Rousse (+ 3,3 %). « Le collège est un des éléments de l’environnement decette vie de village conviviale, avec son marché, son art de vivre », ré­sume Patrick Almeida, de l’agence locale Stéphane Plaza. « Lyon, no­tamment le quartier Fourvière, à quelques minutes du centre par le funiculaire La Ficelle, s’est trans­formé, observe Cécile Rollet, de la

Régie des Célestins. Le collège Jean­Moulin est donc bien coté ».

Difficile, souvent, de démêler,dans les phénomènes de fièvre immobilière, ce qui tient à la mode, à l’amélioration des trans­ports et du cadre de vie ou à la ré­putation des écoles. De tels écarts ne s’expliquent pas par la seule présence de collèges performants ;adresse et environnement socio­logique sont plus déterminants encore. Ces collèges dessinent toutsimplement la cartographie des ménages les plus aisés.

Deux chercheurs de l’Ecoled’économie de Paris, Gabrielle Fack et Julien Grenet, avaient, en 2010, montré l’impact d’un col­lège sur l’immobilier en s’intéres­sant aux frontières des secteurs dela carte scolaire parisienne où, d’un trottoir à l’autre, ils consta­taient une prime d’en moyenne + 5 % liée à la sectorisation dans un« bon » collège. « Même à l’intérieurdu secteur public, la ségrégation so­ciale peut être très forte, allant de 0,3 % d’élèves de milieux défavori­sés dans le 7e arrondissement jus­qu’à 63 % dans le 20e arrondisse­ment, analyse Julien Grenet. La carte scolaire est, de ce point de vue,plutôt inefficace pour atteindre la mixité sociale », relève­t­il. Beau­coup de Parisiens contournent, d’ailleurs la carte scolaire.

Pour le fondateur de la plate­forme MeilleursAgents, Sébastien de Lafond, les écarts constatés for­ment « un constat alarmant, qui pose la question de l’égalité des chances et de l’accès à une éduca­tion de qualité ».

isabelle rey­lefebvre

L’intégration des élèves handicapés à l’école reste à faireMalgré une scolarisation en hausse, le médiateur de l’éducation nationale estime que trop d’obstacles persistent

U n élève handicapé qui at­tend cinq ans pour obte­nir une place dans un

établissement spécialisé ; des fa­milles en lutte pour obtenir un auxiliaire de vie scolaire (AVS) ; unrefus d’épreuves aménagées au bac… Malgré des progrès indé­niables, la scolarisation des élèveshandicapés demeure un « sujetde tension ». Pour certaines fa­milles, elle relève même du « par­cours du combattant ». C’est, tout du moins, ce qui remonte auxoreilles du médiateur de l’édu­cation nationale, Claude Bisson­Vaivre. Recevant, chaque année, plusieurs centaines de réclama­tions de parents d’élèves handi­capés, il a décidé d’en faire l’un desprincipaux axes de son rapport annuel, présenté jeudi 29 juin.

Celui qui est chargé d’arrondirles angles entre l’école et ses usa­gers, le rappelle d’emblée : « Depuisla loi de 2005 qui a instauré un droità la scolarisation pour tout jeune en situation de handicap, des pro­grès considérables ont été faits pour tendre vers l’objectif d’une école inclusive. » Un chiffre en at­teste : ces dix dernières années, leseffectifs d’élèves handicapés scola­risés en « milieu ordinaire » ont augmenté de 80 % – 123 600 élèvesde plus dans les écoles, collèges et lycées. « La révolution est faite, mais des améliorations sont en­core attendues par les parents », rapporte M. Bisson­Vaivre.

Quels obstacles rencontrent cesfamilles ? Il y a, d’abord, les dé­marches administratives truffées de sigles, de dispositifs, de structu­

res (MDPH, CDAPH, PPS, PAI, PAP, ULIS…) – une étape nécessaire pour se voir reconnaître ses droits,mais qui gagnerait à être plus lisi­ble, souligne le médiateur.

Il y a, ensuite, les longs délaisd’attente pour pouvoir bénéficier d’un accompagnement. En cause, des maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) qui croulent sous les dossiers à traiter. Car ces structures, char­gées d’évaluer les besoins et de définir des réponses adaptées, ne reçoivent pas seulement des de­mandes de parents d’enfants han­dicapés, mais également, de plus en plus, de parents d’enfants en difficulté scolaire.

« C’est un peu le revers de ces évo­lutions, analyse M. Bisson­Vaivre. Quand on crée des structures, on crée le besoin. Des parents inquiets des difficultés de leur enfant sou­haitent, à juste titre, qu’une atten­

tion particulière lui soit portée. Sauf que toutes les difficultés sco­laires ne relèvent pas du handicap, mais parfois de la pédagogie. At­tention à ne pas médicaliser la diffi­culté scolaire. » Cette demande so­ciétale s’observe également dans le nombre de demandes d’épreu­ves aménagées aux examens (temps majoré, dispenses, usage autorisé d’outils informatiques…). Au bac, cette année, plus de 40 000 candidats en ont bénéfi­cié. Un chiffre qui ne cesse de croî­tre de session en session.

Difficultés pour les professeursToujours est­il qu’une fois la déci­sion de la MDPH prise, encore faut­il que les moyens suivent. Le rapport passe en revue les témoi­gnages de parents dont l’enfant devait être accueilli dans une classe ou une structure spéciali­sées et se retrouve, faute de places,dans une classe ordinaire, non adaptée à ses besoins. D’autres quin’ont pas obtenu les heures d’ac­compagnement par un auxiliaire de vie scolaire (AVS) qui leur étaient octroyées, ou ne trouvent pas d’AVS. Le médiateur alerte aussi sur le manque criant de mé­decins scolaires – on en compte unpour 12 000 élèves –, alors que ces derniers jouent un rôle­clé dans la détection des problèmes de santé et le suivi des élèves handicapés.

Surtout, le rapport montre toutela difficulté, pour un élève handi­

capé, à être scolarisé avec les autres enfants. Ici, un écolier at­teint de troubles du comporte­ment victime de harcèlement de la part de ses camarades. Là, un lycéen reconnu hyperactif ris­que l’exclusion pour son compor­tement jugé « perturbateur ». Ailleurs, un élève n’est pas auto­risé à se servir de son ordinateur alors que cet usage est prescrit par la MDPH. Ailleurs encore, des éco­les maternelles refusent de scola­riser des enfants autistes – ou im­posent une scolarisation à temps partiel, parce qu’elles ne se sententpas armées pour faire face à ce handicap ou craignent la réaction des autres parents…

En classe, des difficultés se po­sent, aussi, pour les professeurs. « La présence de trois ou quatre élè­ves à besoins particuliers dans une classe peut mettre dans l’embarras l’enseignant qui, malgré sa bonne volonté, n’est pas formé pour gérer une telle hétérogénéité », rapporte M. Bisson­Vaivre.

Si le défi quantitatif de la scolari­sation des enfants handicapés est réussi, le médiateur appelle à ga­gner celui de leur intégration en milieu ordinaire. « L’école sera in­clusive quand tous ses membres porteront un regard autre sur le handicap, estime le médiateur. C’est une question de citoyenneté, de vivre ensemble, qui passe par l’apprendre ensemble. »

aurélie collas

« Toutes les difficultés

ne relèvent pasdu handicap,

mais parfois de la pédagogie »CLAUDE BISSON-VAIVRE

médiateur de l’éducation nationale

Immobilier, a récemment venduun 90 mètres carrés, rue Faid­herbe, au prix de 11 000 euros le mètre carré, alors que le prixmoyen, dans cet arrondissement, est autour de 8 600 euros.

« Ségrégation sociale »La règle qui veut que les meilleurscollèges soient situés dans lesquartiers les plus chics connaît, heureusement, quelques excep­tions. Le collège Georges­Courte­line, dans le 12e arrondissement, bien que réputé, ne fait pas décol­ler les prix alentour ; dans le16e arrondissement, autour du collège La Fontaine, bien coté, les prix sont même inférieurs(–3,8 % par rapport au quartier, – 12 % comparé à la moyenne de l’arrondissement), tout comme

Bu�on1- Charlemagne

Janson-de-Sailly

Georges-DuhamelRaymond-Queneau– 10,7 %

Jean-de-La-Fontaine

Lavoisier

Jean-Baptiste-SayFr.-Couperin

Pierre-de-Ronsard

2- Montaigne

Pierre-Alviset

Chaptal

Anne-Frank

Georges-Courteline

Jules-Romains

Victor-Duruy

André-Malraux

Henri-IV

2

1

Pierre-Jean-de-Béranger

César-Franck

Yvonne-Le-Tac+ 15,7 %

Octave Greard

Victor-Hugo

Carnot

Condorcet

Rognoni

Les cercles sont proportionnels au prix du mètre carré dans le périmètre des collèges,allant de 7 991 euros (Georges-Courteline) à 13 156 euros (Victor-Duruy) SOURCE : MEILLEURSAGENTS

Des prix plus élevés autour des établissements réputésCOMPARAISON DES PRIX DU M2 AUTOUR DES MEILLEURS COLLÈGES PARISIENS

(rayon de 300 mètres)Supérieur au prix du quartier

Inférieur au prix du quartier

Entre 5 % et 15 %

Supérieur de 15 %

Entre 0,5 % et 5 %

Entre – 1 % et – 5 %

Entre – 5 % et – 15 %

« La carte scolaire est

plutôt inefficacepour atteindre

la mixité sociale »JULIEN GRENET

chercheur à l’Ecole d’économie de Paris

FAMILLEProcréation assistée : vers « une évolution de la législation »L’avis du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) sur la procréation médicalement assistée (PMA) « permet d’envi­sager une évolution de la légis­lation », même si le calendrier n’a pas encore été « arrêté », a déclaré, le 28 juin, Christophe Castaner, porte­parole du gou­vernement. Le CCNE s’est pro­noncé pour l’ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux célibataires. – (AFP.)

JUSTICEPasseurs de migrants : le parquet fait appel des dispenses de peineLe parquet a fait appel du ju­gement du tribunal de Boulo­gne­sur­Mer qui, mardi 27 juin, a dispensé de peine Béatrice Huret et Laurent Caf­fier, jugés pour avoir aidé des Iraniens à gagner l’Angleterre en bateau. Un an de prison avec sursis avait été requis. L’appel concerne aussi leurs deux coprévenus. – (AFP.)

Corse : l’ex-député Paul Giacobbi mis en examenSix mois après avoir été con­damné pour détournement de fonds publics, l’ex­député de Haute­Corse Paul Giacobbi (PRG) a été mis en examen mercredi 28 juin pour « dé­tournement de fonds publics ». L’enquête porte sur des soup­çons d’emplois fictifs à l’épo­que où M. Giacobbi dirigeait l’exécutif corse. – (AFP.)

Mieux informer sur APBLe médiateur de l’éducation nationale considère qu’en 2016 la plate-forme Admission post bac (APB) « a plutôt bien fonctionné techniquement [et] assuré le service qui en fonde le fonctionne-ment ». Il préconise néanmoins d’en améliorer la transparence, la lisibilité, son adéquation avec la réglementation, mais surtout sa compréhension par les familles. Claude Bisson-Vai-vre évoque une « méconnaissance du fonctionnement d’APB ». Son rapport recommande donc de systématiser les réunions d’information dans tous les établissements scolaires, « ainsi qu’un accompagnement à la saisie des vœux » des candidats, de réserver des heures en classe de terminale « pour consolider l’adéquation vœu/profil de l’élève », et de garantir « un accueil per-sonnalisé » des candidats n’ayant pas reçu de proposition à la fin de la procédure et qui se retrouvent souvent seuls et démunis.

autour du collège Raymond­Que­neau (5e arrondissement), près duJardin des Plantes (respective­ment – 11 % et – 17 %).

A Rennes aussi, le collège desOrmeaux, dans le quartier Sainte­Thérèse­Sacrés­Cœurs, ancienne­ment cheminot, aujourd’hui em­bourgeoisé et où l’on trouve de charmantes maisons des années1930, a fait flamber les prix, quidépassent de 33 % ceux du sec­teur Sud Gare. « Ici, c’est le change­ment sociologique qui a fait évo­luer le niveau du collège, désor­mais recherché », confie Morgan Dreano, de l’agence locale Century21. « Les Parisiens qui arri­vent, grâce à la ligne à grande vi­tesse, jettent leur dévolu sur cequartier proche de la gare non sans avoir consulté le palmarès