138E ANNÉE. Nouvelle série — N°10 P R I X : 3 E U R O S MARS 2019

FONDATEUR

Rodolphe SALIS

DIRECTEUR DE PUBLICATION

Romain NOUAT(Souris châtiée)

A B O N N E M E N T S

1 An . . . . . . . 35 e »Europe . . . . . . 50 e »Monde . . . . . . 55 e »

TIRAGE LIMITÉ

1.000 Exemplaires numérotés

(Paraissant un samedi)ORGANE DES INTÉRÊTS DE MONTMARTRE

Rédaction et Administration, 6, rue Cortot, 75018 Paris.

journallechatnoir@gmail.com

Maison recommandée 150

Réclame 300

Grand encart 500

RÉDACTRICE EN CHEF

Theresa Maybe ?

R E L E C T E U R G É N É R A L

l’âne lolo assisté de enkoR' hectoR

Académicien

GENTILHOMME CROBARDIER

monsieuR Binu

MaîTre déraTiseur

ENLUMINEUR

(ET BIEN PLUS ENCORE...)

émile touchatout

LITTÉRATEURS

champo, la pRédiction, mathias pizzinato, n.k.,

#paRistesouRis, Rodolphe tRouilleux,

V.e.m.

POUR RÉCLAMES S’ADRESSER À E. Satie

journallechatnoir@gmail.com

SECRÉTAIRE DE RÉDACTION

BeRnaRd et Bianca

sur Bouteflika Airways

Envoyez votre lettre de motivation ainsi qu'un chèque

à l’ordre de : Romain Nouat, Journal Le Chat Noir.

QUAND LES SOURIS DANSENT AVEC LE CHAT

ien heureux qui de nous deux pourra dire qui est le chat et qui

est la souris. C'est à s'y perdre parfois et ce n'est pas plus mal... Car si l'on joue au Chat

et à la Souris, c'est qu'il y a bien des règles et qu'elles sont donc

faites pour être contournées...

Déjà à l'époque de nos vénérables fondateurs, le Chat savait rentrer ses griffes pour aller jouer sagement avec la Souris. Ainsi au coin de la rue Victor

Massé, à 50 mètres du Cabaret Le Chat Noir se trouvait la Souris, l'un des tout

premiers club lesbien de Paris. Tenu par Madame Palmyre, elle ne tolérait alors qu'un seul

Chat chez elle : Henri de Toulouse Lautrec. Ainsi, la chef des Souris suspendait les règles pour un matou, Lautrec, qui était un grand ami des Souris...

Alors quand les Arts s'en mêlent, c'est à s'y perdre. J'étais, jusqu'il y a peu convaincu d'être un Chat. Vous conviendrez qu'il faut déjà être fou pour prétendre à la Direction de ce journal, vous comprendrez donc que je ne puisse m'offrir le luxe d'une schizophrénie. J'étais donc Chat et non Souris. Convaincu j'vous dis. C'était un vendredi, de ce mois-ci. Décrété Journée des Droits de la Femme. Un ami, que je pensais Chat aussi, avait convié quelques personnes, que je découvrais plus tard Souris, ce vendredi, pour l'aider à poser une œuvre sur les murs de Paris. Des amis à moi, que j'imaginais donc Chats, étaient tous venus là, descendus des toits. Après les léchouilles et miaulements de rigueur, la bande se mit au labeur, pendant... peut-être une heure. C'est alors qu'une patrouille vint tout inverser. Les règles du jeu allaient changer...En un instant nous devînmes tous Souris, implorant les nouveaux Chats de rentrer leurs griffes. Mais les Chats étaient bien plus embêtés que nous par la situation. Eux aussi ne

voulaient pas jouer, juste regarder. Surtout la Chatte. Elle était très emballée par la fresque, forcément sensibilisée par le sujet de l'oeuvre qui attendait, figée par leur arrivée. Je n'avais pas encore compris ce qui venait de se passer mais qui que soient les Chats et les Souris, aucun n'avait envie de jouer au jeu voulu par ceux qui les avaient appelés.

Les Chats étaient bien embêtés pendant que les Souris, elles, sautillaient. Ils demandaient des papiers, comme pour s'occuper à faire semblant de jouer en attendant de pouvoir faire ce qu'ils voulaient. C'est alors que les Souris qui devaient être Chats demandèrent aux autres, enfin je crois : « Et si, pour une fois, on changeait les règles ? ». Ce à quoi on répondit, mais je ne sais plus qui : « Mieux encore, qu'on les ignore ! ».Ainsi, encore une fois, les Arts avaient uni les Chats et les Souris. Sur ce terrain de jeu magique qu'est l'artistique, de vieux ennemis s'étaient dit oui. Et, qu'ils soient Chats ou Souris, je ne saurais vous dire qui et c'est tant pis, ils se séparèrent, non sans se dire merci.

Car pour jouer il faut au moins être deux. La Souris n'est rien sans son Chat qui ne serait pas vraiment Chat sans sa Souris. Et donc parfois, il faut savoir prendre soin de son partenaire, faire une pause et vérifier que tout va bien et qu'on peut y retourner. Quitte à faire semblant, autant qu'il n'y ait pas de blessés. Car trop souvent ces derniers temps, ce sont de mauvaises gens qui ont forcé les Chats à être méchants, quelle que soit la couleur de leurs vêtements. Il serait peut-être temps que chaque Chat écoute sa Souris. Et si certains ne veulent vraiment plus faire semblant, qu'ils s'inventent un autre jeu où ils risqueront autre chose que la vie de ceux qui savent jouer ensemble.

Et s'il n'y a que les fables pour raconter ce genre de choses, il n'y a bien que la réalité pour les inventer. Convaincu que j'étais...

Rom

{Les souris qui ont envahi votre journal sont l'œuvre de Steinlen}.

UN TEXTE QUI A BIEN FAILLI PASSER À LA TRAPPE

Aux souris de Montmartre La Fortune sourit,À celles qui des plâtres N’essuient que ceux d’autrui.

C’est qu’elles rasent les murs, Egyptiennes, sans bruit, Ravalant leur murmure, Hiéroglyphes de nuit.

Aux souris de Montmartre La Fortune sourit, Fourrée dans sa martre, L’une fume sans soucis

Cent espoirs au compteur Au comptoir du Rat Mort. Où ses plus folles heures Ne se content en louis d’or,

Mais se comptent en vertes Aux douceurs amères. Funambule alerte, Filendouce, monte en l’air.

Une Ariane dont le fil D’argent est un serpent Malin qui se faufileEt brise les serments.

Fille d’acrobate,Aux pas de chat,Elle glisse sans hâte Comme un rat d’opéra.

Prouesse, c’est tout un art, Costumée en une nuit, D’alcôves et de couloirs, C’est l’étoile qu’elle poursuit.

L’escamoteuse enfin, S’éclipse de l’hôtel, Telle une magicienne, Oui, elle a pris, la belle. Champo

MON PREMIER CARNAVAL DE DUNKERQUE

11h : j’arrive en retard chez mes amis du Nord. Je suis accueilli par un “zôt’che”, un petit bisou sur la bouche afin de ne pas abimer le maquillage. Pas de temps à perdre, j’enfile mon “clet’che” : jupe, bas résille, mitaines et chapeau, sans oublier LE vêtement traditionnel, la fourrure !11h17 : maquillage. J’opte pour les couleurs de la ville, des rayures blanches et bleues. 12h : c’est parti ! Mais avant la bande, il y a l’avant-bande ! Rdv à la 1ère chapelle ! 12h04 : je me disais bien que c’était pas pour prier !13h85 : en rût’ por un n’vell pachelle.15h17 : je régurgite le trop-plein.15h18 : CHAPEEEEELLE!16h20 : on trouve enfin la bande! On forme une ligne en s’accrochant par les bras, et on entre. Je me sens un peu seul, car je ne connais pas les chansons. La musique accélère. C’est mon premier chahut ! Attendez... je la connais celle-là ! Je cherche fortune, au retour du chat noir, mais au clair de... je ne peux chanter la suite, je manque de mourir compressé. Mais quel bonheur !17h : direction l’hôtel de ville pour le fameux jet de harengs. Au milieu de la marée humaine, je joue des coudes et j’en attrape un... en pleine face.20h54 : réveil à la Croix-Rouge entre une licorne dépravée et une tortue ninja.J’ai perdu ma voix, mon téléphone, une chaussure, et ma dignité... mais bon sang, vivement l’année prochai... quoi ? Les 3 joyeuses ? On remet ça demain ? Mardi aussi ? Un bal ce soir ? Mais ça va pas être poss... oh et puis zut ! CHAPELLE !

V. E. M.

L E C H AT N O I R

N° ISSN : 2609-4568 - Dépôt légal : mars 2019 - Impression : HIRECH Graphic - 47 rue Ramey, 75018 Paris - Tél. : 01 42 54 08 36. En espérant que Brigitte ne soit pas musophobe !

Très Très Brèves Prophéties par Mathias Pizzinato

Tout ce qui est écrit va arriver (sauf si finalement non)

Ä 1er mars : Macron fait une allocution au JT de TF1.Ä 2 mars : Carnaval de Rio. Terribles incidents pendant le défilé : la même compagnie de CRS qui s’était perdue à Venise (voir numéro précédent) s’est mise à mitrailler à coups de flash-ball les chars du défilé prétextant « qu’avec leur roucoulement et leurs plumes dans le dos, on a cru que c’était un tir au pigeon, Chef. » Bilan : 24 brésiliens font maintenant des clins d’œil permanents et la compagnie de CRS s’est vue remettre la médaille du mérite par Jair Bolsonaro.- Macron continue son allocution au JT de France 2.Ä 3 mars : Élections législatives en Estonie. Jalouse, la Westo-nie va organiser les siennes le lendemain.Ä 4 mars : Macron démarre la conclusion de son allocution au Canal Football Club sur Canal +.Ä 5 mars : Macron finit son allocution dans C à Vous sur France 5.- Mardi gras. Une nouvelle fois, Jean-Marie Bigard remporte le concours de blagues.Ä 6 mars : début des Championnats du Monde de Biathlon. Le caporal Demichaud de la compagnie de CRS se voit remettre la médaille d’honneur de la Fédération pour son travail de pro-motion de ce sport en milieu urbain- Macron fait la morale à une mère célibataire dans 60 minutes Inside sur M6. Ä 7 mars : Macron fait du tennis dans un documentaire sur Arte.Ä 8 mars : journée internationale des droits des femmes. Rac-courcie en “Journée de la Femme”, la Journée va essayer de rap-peler l’importance que son intitulé soit complet mais elle sera interrompue par un homme qui va vouloir lui vendre des rasoirs roses.- Macron accuse les gouvernements précédents chez Quotidien sur TMC.Ä 9 mars : nouvelle journée de mobilisation chez les Gilets Jaunes. L’événement est dorénavant sponsorisé par les fabricants de monocle.- Macron annonce la vente d’armes à la Corée du Nord dans Les Reines du Shopping.Ä 10 mars : élections législatives en Corée du Nord. Ca sera toujours plus démocratique que le Grand Débat National.- Macron défend les CRS dans Marié au Premier Regard sur M6.Ä 11 mars : Macron vend le Code du Travail dans Affaire Conclue.Ä 12 mars : semaine internationale de la courtoisie au volant.

J’en ai rien à foutre, je fais du vélo. - Macron débat du voile sur BFM TV.Ä 13 mars : sortie du nouveau film de Xavier Dolan. Le Guin-ness Book homologue un nouveau record de poncifs journalis-tiques avec “un film coup de poing” recensés plus de 24 fois dans les articles de la presse culturelle.- Macron accuse les écologistes de naïveté dans TPMP.Ä 14 mars : Macron explique sa politique économique dans N’oubliez pas les Paroles.Ä 15 mars : Salon du Livre de Paris. C’est comme le Salon de l’Agriculture sauf que les veaux ont une écharpe rouge autour du cou.- Macron défend la réforme du Bac dans Top Chef.Ä 16 mars : Championnat d’Europe d’Echecs à Skopje. Le Brexit remporte la compétition sans se servir une seule fois de sa reine.- Macron justifie la politique d’immigration dans l’Amour Est Dans Le Pré.Ä 17 mars : Macron fait son bilan hebdomadaire dans Sept à Huit.Ä 18 mars : Macron engueule les chômeurs dans Motus sur France 2.Ä 19 mars : Macron justifie sa “petite phrase” dans un épisode de Plus Belle La Vie.Ä 20 mars : début du printemps. Pour encourager la saine concurrence, l’État annonce la vente de l’Hiver et de l’Automne aux deux autres grands magasins. Les quatre saisons sont main-tenant : « Printemps, Été, Bon Marché et Galeries Lafayette ».- Macron organise son conseil des ministres chez Les Douze Coups de Midi.Ä 21 mars : : Macron explique sa pensée complexe dans Les Marseillais à Miami sur W9.Ä Du 22 au 24 mars : 10e édition du concours équestre le Saut Hermès au Grand Palais. Victoire de l’équipe des 1 %, déjà habituée à sauter par-dessus la fiscalité française.- Macron culpabilise les Gilets Jaunes dans Vendredi Tout Est Permis.Ä 23 mars : Macron vend le livre de Marlène Schiappa dans On N’est Pas Couché.Ä 24 mars : Macron protège Benalla chez Michel Drucker.Ä 25 mars : Journée mondiale de la procrastination. Alerte arnaque. Il faut toujours se méfier d’une journée de la procrasti-nation qui parvient à avoir lieu.

- Macron explique l’importance de la défiscalisation des très riches dans C’est Mon Choix.Ä 26 mars : Macron visite les SDF dans Recherche Appartement ou Maison.Ä 27 mars : journée nationale du fromage. Comme tous les jours. Sortie de Dumbo au cinéma. Grande surprise chez les spectateurs qui s’émerveillent de voir un éléphant qui a encore ses défenses.- Macron explique qu’il faut travailler pour se payer une maison au Touquet dans The Voice.Ä 28 mars : Macron annonce les réductions budgétaires sur Télématin.Ä 29 mars : à minuit, sortie du Royaume-Uni de l'Union eu-ropéenne. L’Équipe de France de Rugby tient enfin sa revanche.Ä 30 mars : Macron dénonce la fraude des pauvres dans Les Enfants de la Télé.

De-ci de-làÀ mon grand regret, l'année Japonismes prend fin... À l'issue de l'exposition Art brut japonais Halle Saint-Pierre, un arrêt nécessaire à la librairie : on y trouve bien sûr le Chat Noir à côté du Chat Rouge. Cette délicieuse maison d'édition remet au goût du jour la prose décadente et décapente et de nos collaborateurs Allais, Lorrain, Rollinat, Verlaine pour ne citer qu'eux. Dans cette halle dévolue au singulier, à l'inattendu, au bizzare, rencontre de Bertrand Matot dont le Paris occulte (Parigramme, 2018) nous apprend qu'Ésoterik Satie composa trois Sonneries de la Rose-Croix jouées lors du Salon de peinture de la Rose-Croix organisé par le Sâr Péladan... (Va rendre visite à Fernand Khnopff au Petit Palais, il t'en dira plus...). Et que Maurice Magre raconte dans La Magie à Paris, son initiation à la Fra-ternité des Polaires 36 avenue Junot... En poursuivant les souris, voilà ti pas qu'elles me conduisent à La Laiterie La Chapelle, fromagerie artisanale en plein XVIIIe (arrondissement et non pas siècle) entre Marx Dormoy et La Chapelle. Paul Zindy y fabrique et affine des fromages au lait cru 100 % franciliens (72 rue Philippe de Girard, 75018 Paris). Fais un tour sur le site de Cuneo, l'Argentin de la Goutte d'Or et si l'envie te prend, fais-toi réaliser l'intérieur de ta mansarde avec chat et vue sur les toits de Paris. Digne héritier des fabricants de lanternes magiques et de maisons minatures, il ressus-cite à sa manière le théâtre d'ombre d'Henri Rivière. (www.josecuneo.com). Rendez-vous sur arte le 27 mars à 22h50, on y passera le documentaire de David Dufresne consacré à Pigalle (et en replay jusqu'au 25 mai). Il fait suite à son excellent livre sur le New Moon (Seuil, 2017), cabaret mythique de la célèbre place, retraçant la chronique des poètes et peintres rebelles de la Nouvelle Athènes jusqu'aux groupes de la scène alternative rock des années 1980. De Rimbaud à la Mano Negra ! Et pour finir, avis aux amoureux de la Butte, notre collaborateur Rodolphe Trouilleux vient de commettre un indispensable Aux origines du Musée de Montmartre de Rosimond à Utrillo (Éditions Bernard Giovanangeli et Le Vieux Montmartre). Ah j'oubliais, chausse tes semelles de vent, direction Char-leville-Mézières, musée de l'Ardenne pour l'exposition : Le cabaret du chat noir entre marionnettes et poésie (du 20 Mars 2019 au 23 Juin 2019).

N. K.

© A

. W

ILL

ET

TE

jouvence de l'abbé souris

car c'est lui le coupable : une cure de

m'a redonné de l'énergie. C'est à elle que je dois d'être toujours jeune et alerte à mon âge dit “critique”.La vie aussi est un escalier parfois dur à monter.La jouvence de l'Abbé Souris, qu'aucun autre produit ne peut remplacer, permet d'en franchir facilement les degrés.

la JOUVENCE DE L'ABBÉ SOURIS, préparée aux laboratoires Mag. DUMONTIER, à Rouen, se trouve dans toutes les pharmacies.PRIX : le flacon - Liquide - Pilules : 13 fr

Bien exiger la véritable JOUVENCE de L'ABBÉ SOURIS qui doit porter le portrait de l'ABBÉ SOURIS et la signature : Mag. DUMONTIER. Méfiez-vous des contrefaçons !

...Vous gravissez allègrement ces marches pénibles et me voici à bout de souffle, dès le départ.- C'est l'anémie qui t'enlève tes forces, ma chère Jacqueline. Sang trop pauvre, sang irrégulier... je sais ce que c'est, j'ai toujours été comme toi, mais cela n'a pas duré longtemps :

Comme je vous envietante Annie !

j'ai soigné le sang

L'avenir de feu le SIM (suite... et fin !!!)

Dans notre numéro de juin 2018 (numéro 2 de la nouvelle série, encore quelques exemplaires disponibles...) l'Adminis-tration du Chat Noir s'alarmait sur le sort du Syndicat d'Ini-tiative de Montmartre. On savait le dossier chaud-chaud et les caisses pas aussi bien gérées qu'on aurait pu logiquement l'attendre de celles et ceux qui en ont pourtant tant profité, mais cette fois-ci ça sent le sapin et plus tôt que prévu. Le Président tout frais et plein de bonnes volontés n'était pourtant pas si mal parti. Après quelques bourdes d'usage : « C'est qui André Roussard ? » ou encore « Y avait qu' des nuls avant moi je vais tout faire mieux, j'suis l'plus fort et l'plus beau » (véridique) on pensait pourtant avoir trouvé un Monsieur qui n'y était pas pour défendre ou placer ses intérêts. Malheureusement sitôt arrivé on lui présente la facture. Trop salée. L'avenir du SIM s'est donc assombri et très vite. Merci donc aux anciens gestionnaires qui ont tué le SIM. Heureux de savoir que leurs affaires, elles, se portent bien.

L E C H AT N O I R

dictionnaiRe foutRaque des Rues de paRis

ou Carnet des adresses remarquables,

des embrouilles pas possibleset des coins pittoresques

de Montmartre etde ses abords

Rue touRlaque

48° 53’ 16” N, 2° 19 59” E :« Jamais ne fut ni ne sera, qu’une souris fasse son nid

dans l'oreille d'un chat. »

l paraît que les plus courtes sont les meilleures. La présente voie fait partie de cette catégorie enviée des urbanistes et des piétons fainéants. Pour se faire un peu plus remarquer, elle est en pente et sectionnée en trois parties mais je l’aime bien pour des raisons

sentimentales et nostalgiques. C’est par là, en effet, que, tout loupiot, venant de mes natives Batignolles, j’abordais la butte en compagnie de mon papa.François Tourlaque (1767-1844) était son nom, et pour que la basse-cour parisienne se rappelât de sa chétive personne, il baptisa de son patronyme cette rue percée sur son terrain. Et il faut bien reconnaître que les chanceux habitants de cette rue,

#PARISTESOURIS

« J'ai une idée pour ce monde mais tout le monde a son idée. Si tout le monde vivait dans son monde dans quel monde je vivrais ? Si je vous demandais de pouvoir vivre dans votre monde est-ce que vous me l’autoriseriez ?Vivre seul dans ce monde voilà une drôle d'idée ! Un monde, sept milliards d'êtres avec chacun sa pensée. Un nouveau monde où les pensées naissent et demeurent partagées. C'est mon idée et je ne peux m'empêcher d'y penser... »Ma souris, mon combat, ma vie, mon drapeau blanc à moi.

« Ce dont nous avons besoin ce n'est pas uni-quement d'un cessez-le-feu ou d'une solution militaire. Nous devons voir comment faire renaître ce berceau de la civilisation et com-ment faire renaître les valeurs qui rendent la vie désirable et possible entre les gens quelles que soient leurs différences sur le plan culturel. Parce que nous sommes tous unis dans le même esprit humain... »En mars,Une occasion en or,De cristalliser le débat...Mais pas avec du cristal,Avec de la poésie.

Mettez votre poésie à la fenêtre ;Quand je me trouve au bord de l’eau,j’attends l’appel de la mer.Maintenant, qu’on se trouve au bord du gouffre,l’appel de la rue résonne.Plus fort que jamais... Cessez le feu et libérez la culture. En mars, on recouvre les trottoirs de la Butte Montmartre avec une chape de poésie en plâtre. 20 000 sculptures, 20 000 souris. La culture à portée de main...

#paristesouris

L E C H AT N O I R– L A P L A N C H E D E M O N S I E U R B I N U , M A Î T R E D É R AT I S E U R –

quand ils disent « j’habite rue Tourlaque » forcent le respect. On a coutume de dire « Montmartre est un gruyère » et c’est bien vrai, comme en témoignent les effondrements dont le village est parfois le théâtre. Creusée à tours de pioche jusqu’au XIXe siècle, la pauvre butte en a perdu une partie de son relief et de son intégrité. Quand les promoteurs de cette époque lointaine se sont mêlés de construire à Montmartre, ils ont remblayé les cavités avec des gravats et du tout venant. Pas très stable vous en conviendrez ! Maria Chevalier, femme de ménage résidant au 86 bis rue Lepic, fit les frais de cette négligence. Le 30 octobre 1909, alors qu’elle descendait la rue Tourlaque, le sol se déroba subitement sous ses pieds à la hauteur du n°14. Cent cin-quante mètres cube de terre et de sable avaient disparu dans un gouffre, en entrainant la pauvrette ! L’immeuble situé juste au bord, au coin de la rue Damrémont, était presque suspendu dans le vide. Les pompiers s’activèrent, le pré-fet Lépine se déplaça, toucha de sa main les fondations des immeubles et leva les bras au ciel en signe d’impuissance. Des enfants jetèrent des fleurs dans le trou… C’était beau, on pleura abondamment sur le sort de Maria, remontée des entrailles de Montmartre dix jours plus tard. Depuis que je connais cette histoire, allez savoir pourquoi, j’évite de passer devant le n°14.N°4 Ici fut arrêté dans son domicile l’écrivain anarchiste Félix Fénéon, accusé d’être l’auteur de l’attentat contre le restaurant Foyot en avril 1894. Acquitté, il continua ses mul-tiples collaborations dans les revues dont le fameux Journal – toujours excellent ! – le Chat Noir. Si un jour, vous en avez le temps, dégustez la spécialité de Foyot : une fameuse côte de veau panée, vous m’en direz des nouvelles. Et si certains lecteurs – ou mieux, lectrices ! – veulent m’inviter à la dégus-tation, prière de s’adresser au journal qui fera suivre. N°7 Là, travailla pendant deux longues années, le peintre Henri de Toulouse Lautrec, bien connu des milieux autorisés et des amateurs de souvenirs à deux sous. Ici aussi posa pour lui Suzanne Valadon, qui n’était pas la moitié d’une moche et qui apprécia à sa juste valeur le pinceau vigoureux du grand artiste. N°22 Ici, en 1911, habitait le fameux Exbrayat éditeur de médailles, enfin presque, c’est Charles qui écrivait des livres policiers, et ça n’a aucun rapport d’ailleurs, je commence

à être confus, hein ? En 1898, le célèbre graveur Georges Lemaire vivait ici, le peintre Derain aussi, ça commence à faire du monde. Il faut dire que pour citer tous les artistes passés par là, un numéro du Chat noir n’y suffirait pas. Miró écrivait d’ailleurs en 1938 : « je louais un atelier au 22 de la rue Tourlaque, villa des Fusains, où ont habité André Derain et où Pierre Bonnard a encore son atelier. À cette époque, il y avait là Paul Eluard, Max Ernst, un marchand belge de la rue de Seine, Goemans, René Magritte, Arp. Je mis sur la porte une pancarte que j’avais trouvée dans une boutique : Train passant sans arrêt. Ça marchait mieux, mais c’était encore assez dur. Une fois avec Arp, nous avons déjeuné de radis au beurre. »Dans cette cité des Fusains résidait dans un galetas, le “père la souris” hypnotiseur de chats et grand chasseur de rongeurs. Né en Turquie d’une mère hongroise, danseuse de son état, et d’un père Anglais chanteur à voix, le bonhomme, que l’on prétendait presque centenaire, sillonnait les rues de Mont-martre, poussant une petite charrette utile à transporter son matériel. Contre quelque menue monnaie ou même, parfois, un simple bol de soupe, il exterminait les surmulots et souris grâce à une pommade empoisonnée de son invention. Etonnamment doué de ses mains, il s’était lui-même confec-tionné un manteau en fourrure à l’aide des souris capturées par ses soins, d’où ce surnom pittoresque. Le lendemain de sa mort, fut découvert dans l’humble réduit où il abritait sa modeste condition, un épais matelas de billets de banque et un testament où le défunt léguait la totalité de la somme à la Société Protectrice des Animaux. Regrets éternels…

Rodolphe Trouilleux

AISONS ECOMMANDÉES

Le Café de la Butte – 71 Caulaincourt – Suite aux nombreuses plaintes à cause que « c'est toujours blindé en terrasse l'week-end », le patron de l'établissement tient à vous informer que le restaurant l'est aussi régulièrement en semaine – Numéro Urgences Réservations : 01 46 06 46 82.

Montmartre Addict – C'est comme le Sacré Coeur, si vous ne passez pas sur le site vous êtes sûr de rater quelque-chose. www.montmartre-addict.com

(La Défense)Les Chats :Ô souris effrontées ! Êtres vils des rues, femmes des trottoirs,vous qui ne dormez jamais. Êtres sans répit... Vous faites la fête,vous rêvez, vous mangez et dégustez nos restes, et maintenant vous vou-lez plus encore ? !Nous voulons plus de votre sueur, de votre peur, de vos pleurs.Je vous le dis pauvres pécheresses, ne croyez pas que notre fin est là. Vous êtes le cyanure de nos rues, vous ré-ingurgitez ce que vous régurgi-tez... Des antibiotiques, des œstrogènes... bientôt rates, vous quémandez l’égalité, mais sans aucun moyen de vous défendre !

Heureusement que nous sommes là, nous les chats ! À battre trop des cils pour gratter quelques restes,à faire remuer les queues pour que l’on vous regarde,alors que sans vous le monde irait plus droit.QUOI ? ! Sans vous le monde n’existerait pas ?Écoutez-nous, souris ! Il faut se résigner.Le monde allait mieux lorsque vous ne sortiez que la nuit...

(L’accusée)La Souris :Je bois certes, je danse aussi. Je sors, j’me colle aux gensque je rencontre. J’les drague, j’les fume, j’m’en sers puisje m’en décolle. Je les écoute, je retiens rien, je m’en balance,je bouffe la vie et votre poison. Je le vomis avec une putainde gueule de bois le lendemain. Je dors, je regarde Netflix,j’aime les films d’horreur, et j’aime les chats parce qu’ils sont chats, pas parce qu’ils sont matous. La nuit j’ai pas peur.Je crie, j’écris, je rate et je réécris, je chante, je hurle beaucoup aussi.Je pleure en mangeant le cyanure que vous injectez dans votre propre nourriture, ou quand je dors et que je ne me suis pas faite chasser du week-end. Je cherche le sens de ma vie, et j’apprends à écrire mes émo-tions pour que les gens se souviennent des maux d’aujourd’hui. Pour que les gens s’en souviennent quand j’aurai plus d’espace de stockage et que je serai grabataire.

Je rêve, je marque mes rêves. J’en ai trop. Pas assez de temps. Trop de chats dans les rues et pas un qui ferme l’œil ou ne l’ouvre un peu plus grand. Pas l’ombre d’un chasseur de tête, ni d’une chasse à courre. Pas un seul chat qui me fasse la cour. Seule la chasse aux sorcières et plus aucune souris dehors. Et que de chats orphelins... Hystérie, trop de fourrure sur le corps, pas assez souris et un peu trop chatte...Je dessine ma chatte d’ailleurs, et note tous mes orgasmes, parce que j’ai peur que ma vie ne m’échappe.Pourtant je la regarde, je la contemple, et je l’aime même si elle me fait mal. Comme si mes autres vies de chatte avaient été trop faciles, il a fallu que cette fois-ci je sois souris. « Il faudrait un peu plus sourire mademoi-selle ! » s’octroient le droit de dire les chats ! Quel comble... Sourire avec cette vie...Mais au moins je vis, là où d’autres sont mortes, et si la vie est violente au moins je la ressens jusqu’au plus profond de mes entrailles.