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Roger Mialon

La poésie, le garde foudu monde,

l'Irak et l'après



LA POÉSIE, LE GARDE FOU DU MONDE,L'IRAK ET L'APRÈS, éditions Mille Poètes

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Editeur en chef : GUY BOULIANNE

© Le contenu de cet ouvrage est sous Copyrighttous droits réservés à ROGER MIALON

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Roger Mialon

La poésie, le garde foudu monde,

l'Irak et l'après



Préface

Dans ce deuxième recueil de 1995 à 2005, le choix des poèmes s’est articulé autour de l’amour, de l’érotisme qui vient adoucir la cruauté de la guerre, de la vie sur cette planète en ce début de troisième millénaire. Les hommages aux disparus, aux célébrités comme aux illustres inconnus, les phénomènes cosmiques, climatiques, les atten-tats terroristes, les catastrophes naturelles rythment le texte où alter-nent en poésie régulière, irrégulière, libre, en prose, en haïkus, senryüs et tankas ou en ballades, les poèmes d’amour, les maillons d’une chaîne poétique de métaphores filées qui tentent d’approcher de plus en plus près le concept déroulant et déroutant de la création poétique.

En dix ans nous passons de la fureur destructrice en Algérie, du Zimbabwe, à la fin de l’apartheid, aux tours jumelles du World Trade Center, à Madrid, au tsunami, aux éruptions volcaniques, aux tremble-ments de terre, aux découvertes sur l’ADN, à Al Quaida, aux deux guerres d’Irak après le Koweït, aux dérèglements climatiques, à la conquête spatiale en passant par la chute de l’empire soviétique et la guerre en Tchétchénie, en Afghanistan, au Liban, en Palestine, au Darfour déjà, à la mort de François Mitterrand, à celle de Yasser Arafat, de Ray Charles, de Claude Nougaro et de tant d’autres.

Le poète Roger Mialon essaie ainsi de rassembler en 247 pages de poèmes, la quintessence de sa progression poétique, l’essentiel des faits survenus à l’humanité souffrante de ce début de millénaire en y faisant apparaître de temps en temps la lueur d’une comète, l’ombre d’une éclipse solaire ou lunaire, la clarté de l’amour éclatant en geysers de feux de Bengale, la joie et en clair obscur la douleur, la mort. Un recueil qui somme toute, au fil des pages déroule la vie.



A vous lecteurs

Je vous envoie ces recueilsComme on jette une bouteilleA la mer que la mer rayeOu brise sur les écueils

Je vous envoie mes poèmesComme on hurle sa révolteAux déboires qu'on récolteAux détours de la vie même

Je vous envoie mes chansonsComme on glisse un billet douxEn dansant le guilledouA sa belle sans façons

Je vous envoie mes mots ditsComme on brandit les deux poingsA la face des dieux vainsQue le malheureux maudit

Je vous envoie mes graphèmesComme on lance un SOSQuand on connaît la détresseQui submerge ceux qu'on aime

Je vous envoie mes balladesComme on offre hélas son cœurEn espérant le bonheurComme ultime Désirade

Je vous envoie mes imagesComme au détour d'un cheminJadis quand j'étais gaminMes pensées pas toujours sages



Algérie

La petite fille prend dans ses mainsLa tête aux yeux clos de son pèreLui baisant les joues elle espèreConjurer ce qu'ont fait les assassins

De décollation en recollationUne cicatrice sanglanteMacule ses mains implorantesTraces d'une abominable ablation

De cette horrible décapitationNe subsiste que la souffranceQui oint désormais son enfance

Et la plonge dans l'incompréhensionDu drame que vit l'AlgérieSubmergée par la barbarie.



Calcutta

Une barbarie des âges anciensSurvit à Calcutta en IndeOù toute société se scindeEn castes et en églises sans lien

Fulminent les bûchers au bord du GangePrincières les vaches sacréesContemplent la misère ancréeAu cœur des hommes plongés dans la fange

Sous les regards résignés à l'avanceDes amoureux que tout sépareDans le monde dès le départ

Rhouma et Hussein eurent la malchanceDe naître hélas l'un musulmanL'autre hindoue de très haut clan.



Balle au pied Foot fou

Les hooligans ont encore frappéRhino rhino rhinocérosDe Southampton à SaragosseDans la violence ils ont dérapé

Les hooligans ont encore frappéLes suppos suppos supportersEt leur ont fait bouffer la terreLes skins furieux ont à nouveau tapé

Comme quilles s'écroulent les estradesSous les coups de boutoir les jets de pierresDans l'ambiance survoltée de la bièreEn champs clos se transforment tous les stades

Une bataille sanglante y fait rageLes grilles et garde-fous meurtriersTombent comme chiffres à la criéeS'abattent les fous furieux mis en cage

Les hooligans comme de vrais tarésDans un tohu-bohu d'enferPrennent leur pied sur pied de guerreSous les regards médusés effarés

Les hooligans comme de vrais démonsFont la nique à dieu et au bienQue tous tous les hommes de bienSe dressent contre le mal d'un seul bond

Et que souffle l'esprit de CoubertinQue vive celui des anciensQue l'unique prix de revientDu sport et que son unique butin

Soit la fraternitéDe notre humanitéEnfin réconciliée.



Khalida

Khalida MessaoudiUne algérienne aux yeux clairsEt à la blonde crinièreQue la fatouah maudit

Parce qu'elle est femme libreQu'elle clame haut et fortSon NON au FIS à la mortDebout face aux calibres

D'une horde sanguinaireCondamnée à vivre en ratA la force de ses bras

Elle soulève en ses frèresEt sœurs l'espoir du refusD'un monde sur soi reclus.



USA

USA les morts en sursisTexas couloir de la mortL'esclavage en MississipiEt le Woodstock des hippiesUSA la chaise électriqueEtats Unis d'AmériqueEldorado des chercheurs d'orD'un grand pays sans merci

Salt Lake City sel de la terreDes technologies nouvellesNœud des autoroutes câbléesOù l'homme va s'ensablerEtat des grands espaces viergesD'où pointent comme des vergesDes fusées que l'espace appelleOu des bombes pour la guerre.



Pâques

La Pâques juive et la chrétienneSe croisent en lune rondeDu jour où le ciel furieux grondeAu jour où les cloches reviennent

La fête du renouveauBat son plein à coups de bourdonEt chacun d'offrir son donD'œufs peints en guise de cadeau

Gros de promesses à naîtrePrimes cellules de la vieQui refleurit à l'envi

Au plus secret de tous les êtresQu'ils soient mâles ou femellesMus d'amour perpétuel.



Le refus

Non non non N.O et NNon non non non à la haine

Deux consonnes emprisonnentComme deux garde-chiourmeUn petit O dont la gourmeJetée à terre résonne


Refuser c'est dire nonOser forcer l'occlusionTuer dans l'œuf l'éclosionDu mal et de ses démons


Clamons non no nein ou nietPeu nous importe la langueMais brisons enfin la gangueDe la force d'un coup net


Non non à l'intoléranceBarrons la voie à la guerreNon au viol à la misèreQui sévit aussi en France


Pour braver l'ignominieDressons-nous d'un seul élanDe l'amour formons le clanStoppons ce flot de sanie

Non non non N.O et NNon non non non à la haine.



Lilas

Les senteurs de lilas en grappes pigeonnantesMêlent leur luxuriance par amples boufféesAux fragrances subtiles de l'herbe coupéeComme des notes atonales dissonantes

Aux chansons de geste des trouvères d'antanDans une exubérance de couleurs nouvellesOù les mauves le vert tendre et le blanc appellentPour sillonner sans fin d'azur les plus beaux chants

Comme courent mes doigts sur le grain de ta peauEt ma langue pour en extraire les saveursQue tu niches dans tes secrets replis au cœur

Même de ton être source vive d'une eauPure qui m'est aussi nécessaire que celleD'une nature aux airs de fraîche jouvencelle.



Complainte de l'incarcéré

Qui n'a pas été en prison n'a pas vécu

Dit l'amoureux de vastes espaces sauvagesSur lesquels domine le lion en grand sageComme lui je me voudrais libre sans entravesPour ne plus être comme un rat hélas en cavePour ne plus vivre en cage du soir au matinEt inversement à en perdre mon latin


A condition d'en sortir sans trop de ravagesAfin d'être en mesure de tourner la pageD'une vie antérieure parmi d'autres cavesDont les honnêtes gens aux faits divers se gaventPour accompagner le café noir du matinA l'heure où rentrent de leur turbin les catins


De l'autre côté on ne voit que des visages Lisses sans aspérités et comme sans âgeDurs d'un éclat intérieur comme de la laveAux regards éteints à la fois moqueurs et gravesDes incarcérés qui l'autre bord ont atteintQui rêvent aux femmes à leur peau de satin

Qui n'a pas été en prison n'a pas vécu.



Sur le banc

Les bonimenteurs de la TV italienneLa machine à café n'ont pas perdu leur gouailleCe matin ni les cloches appelant leurs ouaillesEn battant le rappel des chrétiens et chrétiennes

Le flux le reflux du lac prennent le relaisEn cadence quand enfin tous les bruits se taisentPendant que sur notre banc nous prenons nos aisesSur le rythme balancé des coups de balais

D'un ouvrier chargé de nettoyer les rivesQue la nuit d'avant a parsemé de débrisDans l'atmosphère brumeuse fusent les cris

De flottilles de volatiles qui arriventCous tendus pour happer les miettes de painQue tu lances à la volée contre la faim.



Découragement

Sous les molles grappes de glycines pendantesDans l'ambiance bavarde d'un camp de vacancesIsolé dans un monde en frénésie je lanceVers toi mes pensées aussi calmes et dormantes

Que les eaux lisses et tranquilles des bassinsOù prolifèrent les nénuphars rougeoyantsSur mes jeunes années m'en allant larmoyantRepenti trop tard comme un absurde assassin

Qui pleurerait sa victime ainsi que son crimeLes camélias gorgés de vie de l'an passéSont morts sans rémission par le temps harassés

Leurs dépouilles flasques tombent des hautes cimesProduisant un petit bruit de torchon mouilléQui éclate d'un coup sec sur le sol souillé.



L'ourse 12 mai 1995

La journée du souvenir à peine passéeLa puissance de feu de Moscou se déchaînePour mettre en morceaux la république TchétchèneA l'image des pogroms nazis du passé

Sous les regards dubitatifs de l'occidentDont les chefs d'états divers tournent les yeuxPudiques quand passe le tonnerre de dieuEt ses missiles que salue le président

D'un empire déchu tout aussi redoutableQue l'ancienne ourse soviétique sanguinaireQui s'applique à déchirer ses enfants ses frères

Leur taillant de ses griffes le cœur et le râbleParce qu'elle refuse de les voir grandirEt quitter son giron elle les fait périr.



Jeanne

Jehanne la pucelle à son corps défendantNourrit les fantasmes nationaux d'un partiQui confond l'anglois de jadis et les harkisMêlant le dieu chrétien au mythe de Wotan

Jeanne d'Arc offrit sa vie au gentil dauphinQu'elle fit couronner pour finir en brasierSur les rives de la Seine par l'ost razziéesAu grand dam des chevaliers comme du Guesclin

Ses cendres frémissent à chaque invocationHaineuse des nouveaux démons contemporainsMis bas par la peste brune au-delà du Rhin

Pour étendre son infection sur les nationsEt les bons peuples prompts à dresser des bûchersEn offrande aux dieux de toutes les lâchetés.



Le couloir de la mort

Les jeunes dont la route est une impasseUn cul de sac un cul de basse fosseLes jeunes dont la société se gausseSe sentant pris comme dans une nasse

Transpirent l'angoisse des lendemainsSe révoltent ou se laissent allerDans l'enfer des drogues sans dessaoulerN'espérant plus qu'on leur tende la main.

A tâtons dans le couloir de la mortIls avancent en se cognant aux grillesEn plein ventre l'horrible peur les vrille

Les taraude comme un hideux rotorPour éteindre dans leurs yeux la lueurDe l'espoir de la vie et du bonheur.



Iqubal

Iqubal le jeune esclave de LahoreDu haut de ses douze ans assassinésAccuse les patrons qu'il veut ruinerDe condamner les enfants à la mort

Et de l'âme et du corps sans rémissionA l'âge où d'autres sous d'autres cieux jouentDe son micro il tient le mal en joueEt hurle sur les ondes sa mission

Sa voix enfantine mais aussi fermeQue celle d'un avocat généralVeut proclamer son refus viscéral

De l'esclavage pour y mettre un termeQuand d'une rafale de plombs vengeursLes tueurs le fauchent touché au cœur.



Le mûrier

Le mûrier lance ses poussesA l'assaut de la lumièreComme une gerbe de fersBarbelés aux taches rousses

Emaillées de touches blanchesQui se mêlent au jasminA ses odeurs de cuminLes rameaux alourdis penchent

Vers les tiges érigéesQue je tente d'imiterSans pourtant trop t'irriter

M'amour ma petite féeQue j'enserre de désirsEn vue de fougueux plaisirs.



Fin d'année

Que vivent bien les vacancesEnvolés tous les soucisNotre année sent le roussiDonnons-nous à tous la chance

De savourer le bon tempsLaissons rouler les beaux joursVers encore plus d'amourEt partons le cœur content

Pour hisser l'esprit en paixLe grand foc de l'espéranceSur la route des vacances

Brisons net le flot épaisDes conflits et dissensionsEt soyons pleins d'attentions.



Srebrenica (poème ouvert au Président le 14 juillet 1995)

La honte de SrebrenicaDe l'Europe sonne le glasA la saison des caniculesLa haine des hommes acculeLa paix et l'amour aux aboisChaque jour recule la joieDans les yeux meurtris des enfantsPar la faute de l'occidentQui complice d'un génocideNous rappelle une haine acideQu'il a connue en d'autres tempsIl y a juste cinquante ansPour que cesse cette infamiePour que les nations soient amiesJe vous prie tant qu'il est tempsD'agir monsieur le président.



Nagasaki Saint Amour

Nagasaki Saint AmourTrois jours après HiroshimaLa bombe en ces tristes joursToute vie d'amour décima

Nagasaki vitrifiéeEt Hiroshima mon amourEn postures horrifiéesMuettes hurlent tour à tour

Vers les cieux où plane encoreUne menace nucléaireAux âcres relents de guerre

Comme un couvercle de suie d'orPesant sur les survivantsPour en faire des morts-vivants.



Epithalame

Que la vie s'écoule doréeDe vos lèvres jumelles jointesQu'au travers d'elles suinteComme des perles mordorées

Des vins voluptueux du RhinPour mûrir en chais de tendresseComme un nectar que l'amour presseAu fil des jours les plus sereins

Et que la coupe de vos mainsRecueille de vos cœurs l'offrandeQue toujours les amants quémandent

Comme tous ces verres faits mainSoufflés à la bouche en AlsaceRecueillent des vignes la trace.



Assolement

Mon champ de poésie est en jachèreY prolifèrent au fil des saisonsLes fleurs sauvages parmi les chardonsEt les images bleues qui me sont si chères

Mon champ de poésie est en reposY croissent librement au fil des joursLes pensées sauvages de mon amourPour l'engrosser de leurs riches dépôts

Limons à labourer quand vient l'automnePour qu'éclatent les mots en mottes grassesD'où suintent les rêves qui s'entassent

Tout comme les poèmes que j'entonneAu fil des jours et au fil des saisonsComme jaculatoires oraisons.



Novembre

La pénombre colle à la peau de l'hémisphère nordComme à la face cachée de la luneQuand les brouillards retombent en cataractesPour celer la lumière des cieuxD'une chape griseOù tout se fondDélitéQue le temps passe vite à l'échelle humaineLes fleurs et les années se fanent sans retourDans un tourbillon incessantDe feuilles mortes accumulées en stratesComme nos regrets et nos espoirsAussi.



Le sapin

Symbole d'éternitéDes Vosges à la Forêt NoireQu'il recouvre de sa moireComme un drap de sérénité

Depuis quatre siècles parureDe nos fêtes de NoëlQuand des monts s'empare le gelDans les foyers il perdure

Nimbé de flocons de lumièreComme un îlot de verdureIl défie ces temps de froidure

Où la mort saisit la terreSymbole de vie éternelleD'une nature rebelle.



L'homme à la rose

Las celui qui abolit la peine de mortL’homme à la rose au poing que les siens appelèrentLe vieux tonton pour ne pas dire Dieu le pèreLuttant contre un cancer ne fut pas le plus fort

L'homme des grands travaux de la nation est mortLe nouveau Louvre et sa pyramide de verreOrsay marquèrent son passage sur la TerreLa BNF sous lui l'arche prit son essor

L'homme à la rose au Panthéon a pris congé Discret sans l’annoncer sans tambour ni trompettesD’un peuple entier qui l’avait aimé l'âme quiète

Le pèlerin de Solutré ayant longéLes sentes raides sans faillir au fil des ansS’en est allé du pas lent d'un vrai président.



Au fil des jours

Passent les jours passent les semainesEt les annéesAu fil des quatre saisonsRecommencéesDes cristaux de glace aux feux de l'étéDes brouillards givrants aux douceurs automnalesDes pousses nouvelles aux amours de printempsDu carnaval des fleurs aux rigueurs de l'hiverPassent les jours passent les semainesEt les annéesAu fil de ma vieDérouléeDes amours d'enfance aux premières peinesDu soleil provençal aux brumes d'AlsaceDes premiers émois au mariageDe l'enfantement à l'âge mûrPassent les jours passent les semainesEt passent les années.



Potocari

Les ossements de tout un peuple de BosnieExterminé parsèment les champs les forêtsSous la neige percent les crânes apparaîtD'un génocide l'horreur en visiophonie

Le chemin de croix des gens de SrebrenicaMarque du sceau de la honte tout l'occidentLe fer rouge de la haine plante ses dentsCruelles sans possibilités de rachat

Car les crimes commis ont dépassé les bornesQu'avait fixées elle-même la ForpronuEn portant l'uniforme bleu azur aux nues

Jusqu'à tromper les innocents au regard morneAux yeux morts enfin sur leurs illusions perduesA Potocari là-bas dans ce coin perdu.



Le thé

Thé au citron ou thé au laitNuage ou rondelle effiléeA l'abri de notre chaletPendant que tombent d'affilée

En rangs serrés les floconsNous nous réchauffons le gosierPeu nous importe le flaconCar c'est l'ivresse qui nous sied

Les pieds au chaud le cœur contentEntre copains de longue dateParfois nous dilatons la rate

Afin que trépasse le tempsLe temps d'un fou rire amicalQui explose à travers la salle.



Les cigognes

Les cigognes en couples décrivent de larges cerclesRémiges déployéesPour s'approprier l'espace ailes grandes ouvertesPuis après avoir rejoint leur nidCraquettent en renversant le colInscrivant dans les cieuxAu plus haut des clochersEn hiéroglyphesUn cœur de plumes blanchesPour apposer un sceauUn cartouche royalD'amour sur le monde revivifié.



Urbi et Orbi

Les arbres craquent crépitent sous le soleilComme ma langue sous les feux de la passionHurle mon désir d'amour et ma répulsionDe toutes les haines qui sous la vie sommeillent

Du Guatemala au Caucase en TchétchénieDe l'Est à l'Ouest et du Nord au Sud sans cesseLe mal chevauchant la rose des vents me blesseDu Rwanda au Sri Lanka jusqu'en Bosnie

Du Népal aux mégalopoles d'occidentD'Irlande du Nord aux favelles d'AmériqueDes bidonvilles d'Orient aux cités du fric

Pendant que murmure le cèdre du LibanSa complainte d'amour sans fin recommencéeSur un monde mort à nouveau ensemencé.



Bulletin de santé (8 avril 1996)

Une bombe à retardementEnclenchée dans l'enfanceEgrène le temps qui passeDepuis quarante ansMécanique implacableQui délite mes fibres nerveusesLentementProgressivementInéluctablementElle fige ma carcasseQui n'en peut maisLe temps passé Ne se retrouve pasQu'il soit perdu ou simplement gâchéLes secondes les heures les annéesTombentUniquesDans le trou noir de ma mémoireTraversée parfois De lumineuses zébruresD'éclairs azurésDe ciels bleusFugacesEt changeant comme tes yeux truités de braise.



Les nuées hivernalesPèsent comme un couvercleSur la ville de plus en plus griseEt mon cœur gagné par le givreSe figeDans une gaine de cristaux.



Barbara

La poitrine enserréeBarbara s'en est alléeComme une volute de cigaretteEvanescente mélodie en suspensDans l'air du tempsDu temps passéEn bonne compagnieEntre Brassens, Brel et GainsbourgSes pairs devant l'éternel.



Le sapin

Symbole d'éternitéDes Vosges à la Forêt NoireQu'il recouvre de sa moireComme un drap de sérénité

Depuis quatre siècles parureDe nos fêtes de NoëIQuand des monts s'empare le gelDans les foyers il perdure

Nimbé de flocons de lumièreComme un îlot de verdureIl défie ces temps de froidure

Où la mort saisit la terreSymbole de vie éternelleD'une nature rebelle.



A l’écoute de Zamfir

Sur fond de flûte de PanJe configure mon écranLe vent souffle dans les branches de marronniers en fleursInlassablementProjetant à l’enviLarousse végétalSes spores par nuées En vue d’amours fécondes et aléatoiresPlaisirs d’amour ne durent qu’un étéSouffrances d’amour durent toute la vieChante la flûte divineEt je contemple mon écran printanierEt mes regards encadrés plongent au-delà de ma fenêtrePour se noyer dans le vert rosé Des marronniers en folie.



sous la lune rousse

Sous la lune rousse du SoudanDes huttes incendiéesDes femmes violéesDes enfants et des vieux massacrésMonte la triste mélopéeDes peuples razziés

Sous la lune rousse du SoudanDes cohortes de rescapésA la queue leu leuDes colonnes de jeunes gensDéfilent sans dire motEn route vers une autre destinée

Sous la lune rousse du SoudanDes images de soudards plein les yeuxDes cicatrices plein le corps et l’espritAvec des relents de cendres plein la boucheSe dressent les esclaves libérésIn extremis

Sous la lune rousse du SoudanDes poitrines exténuéesDes corps mutilésDes esprits acculturésJaillit le cri Liberté

Quand, pour 600 F, des êtres humains, des créatures divines, mesfrères, mes sœurs, mes semblables, enfin les miens sont achetés comme vous faites vos emplettes au marché.



Fête des mères

Par cette fête des mères pluvieuseAubaine sans pareilleDes fleuristesEt autres marchands d’accessoires diversDe nos contrées d’OccidentJe souhaiteAux mamans du monde entierLa paix originelle CelleQui n’existe que dans les livres fondateursLa dignité premièreCelleQui est mise à mal sous toutes les latitudesLa liberté Celle Qui est refusée en AfghanistanEn Mauritanie Au SoudanEn ArabieAu PakistanEt bien ailleurs sous d’autres cieuxL’égalité des sexesSi malmenée un peu partoutEt l’amour dont nous manquons tous dramatiquement



Les hooligans encore

Les hooligans de ManchesterEt d’ailleursOnt encore frappéFoot foot footLe crâne raséLa lippe pendanteLes idées platesLa hure en forme de canette de bièreIls ont franchi le ChannelPour en découdre à MarseilleA deux pas de la CanebièreA l’orée du VélodromeFoot foot footSans billet pour y entrerIls se fraient leur cheminA coups de poingsA coup de latteA coup de piedFoot foot footHorde de brutes avinées et débilesFoot foot footIls sont la honte bue De l’AngleterreAu grand damDe la reineEt de son gouvernementQui n’y peuvent maisQui protestentQui se répandentEn plates excusesInvectivantCeux Qu’on appelle des hooligansDes crétinsIndignesFoot foot foot



De la qualité britanniqueQui inventa le fair playEntre gens de bonne compagnieEn d’autres tempsEn d’autres lieuxQuand on ne confondait pasLes stadesEt les bistrotsFoot foot footLa connerie coule à flotDes packs de bière éventrésFoot foot footLes gueules casséesCrachent leur hargneEnsanglantée.



Le téléphone

Voilà un instrument qu’on vouerait bien aux gémonies En maintes circonstances !Petit, un air bonasse, un cadran rond lui servait de visage dans l’ancien temps ce qui le rendait sinon séduisant du moins attendrissant surtout quand son combiné se terminait sur un câble entortillé comme une queue de petit cochon.Ces dernières années, il a beaucoup changé.Il a perdu son cordon ombilical, son sourire suranné, ainsi que ses ron-deurs.Mais au lieu de grandir, il a rétréci jusqu’à n’être plus qu’une évanescen-ce, un vague souvenir de ce qu’il fut.Aujourd’hui donc, il est petit, anguleux, extra plat, muni d’une bouche à plateau rétractile, d’un pavillon auriculaire de la taille d’un petit pois, ce qui, avec sa face rectangulaire parsemée de boutons, lui confère un air juvénile et constipé !Sa plus grande qualité est aussi son plus grand défaut.Il se glisse dans toutes les poches pour se promener partout, dans les endroits les plus invraisemblables, les plus inattendus ou les plus incon-venants.Son apparente discrétion est en fait le signe d’une fatuité sans égale et d’un manque total de savoir-vivre.En effet, il a la manie pernicieuse de se rappeler à votre bon souvenir dés que vous vous trouvez dans une posture inconfortable, scabreuse ou tout simplement extatique. Que vous soyez en train de faire l’amour, de pren-dre votre douche, de faire la sieste ou de vous restaurer, sa stridence vient polluer votre environnement sans vergogne. Non seulement il vous gène, mais de plus il proclame à l’envi que vous êtes un malappris.A quand les implants vissés dans nos pavillons ?Ne glisse-t-on pas déjà certaines puces sous la peau des chiens en guise de cartes d’identité ?



Courriel

Au Québec la poésie nouvelleNée des mots qui se font l’amourVoluptueusementEclôt sur la toile d’InternetAu détour d’un courriel.

Peu me chaut en pays de FranceLes vocables saxonsQui claironnent sans vergogneLa force d’AlbionAu grand dam des francophones

De toutes les nations l’anglaiseEst certainement celleQui marque le plus son territoireEn compissantLes quatre coins de la planète

Pour y lâcher de nauséeuxE-mail en forme d’[email protected] le webEn guise de frissons câblés.



Myrtilles, fraises et framboises,Iris bleus à ses yeux mêlés,Ces fruits des bois la font rêver.Heureuse et vive elle nous toiseEt prend des airs de jeune fille,Là, quand elle parle myrtillesEt que ses yeux d’azur sourient.



La soupe cosmique

Nous sommes tous originairesDe la même soupe cosmique.Tout ce qui est, est identique.Du quasar à l’astre solaire,

De la moindre forme de vie,Animale ou bien végétale,Jusqu’au règne du minéral,Tout émarge au même devis.

Que dire de l’espèce humaine ?Si ce n’est qu’elle est bien étrangeDe parler du sexe des angesDe guerre lasse en guerres vaines.

De tout ce qui est, a été,Dans l’espace-temps expansé,S’il est une utile penséeDepuis quinze milliards d’années,

Elle doit être tout fors humaineCar l’homme comme sa femelle,L’espace d’un froissement d’aile,Amuit de son dieu la semaine.



les peupliers

Les peupliers balancentSous les vents en cadenceLeurs cimes ploient et roulentEt leurs feuilles en fouleMassées doucement bruissentPour que le temps s’enfouisse.



A l’Abbaye en GrandvauxChez Muriel et Jimmy

Au restaurant du Lac chez Jimmy et MurielUne carte variée accueille le clientDe la croûte aux morilles dont je suis friandAux écrevisses à la nage et aux truitelles

Que d’occasions de se réjouir les papillesEn passant par les filets dorés de perchettesEt les grenouilles au beurre frais aux trois fourchettesDe quoi traiter les plats des grands chefs de vétilles

De quoi laisser comme ronds de flan les gourmetsDe quoi les laisser pantois quand s’ajoute aux metsLe joli sourire de l’hôtesse des lieux

Qui nous fait prendre place à la table des dieuxSous l’égide du nouveau pape des grenouillesQui métamorphose en carrosse les citrouilles.



Rabiâ

Tout le sel et le mielDe la vallée de l’OurikaTous les trésors de VolubilisDe Fès et de MekhnèsTransportésPar la magie du nomLe charme des yeux rieursLes formes et les parfumsD’une chevelure luxurianteSous les cieux peu cléments De Grande RivièreEn plein JuraTrès loin de CasablancaRabiâServeuse au grand cœurQui nous sert sur un plateauD’un sourire Le soleilDe là-basQui me manque tant.



A mes beaux-parents que j’aime tantNoces d’ Or

Cinquante ans après. Après quoi donc ?Des hauts et des bas certes,Mais des hauts qui atteignirent parfois des sommetsEt des bas qui ne furent jamaisNi des gouffres noirs, Ni de mornes plaines.Tout randonneur le sait bien :La descente succède toujours à la montée ;Après la peine vient la joiePuis après la joie revient la peine.De montées en descentes et de descentes en montéesCheminent les épouxSur le sentier sablé d’or parfoisEt de braises souvent.La route est tout à la fois si longue et si courteQu’on se demande comment on a bien puLa parcourir sans trop trébucher,Sans trop se casser la gueule sur les embûches parsemant malgré tout le chemin,Quand on jette un regard par-dessus l’épaule de l’autreQu’on aime toujours autantCinquante ans aprèsComme cinquante ans avant,Quand on lance un coup d’œilEn arrièreEt qu’on revoit défiler le kaléidoscope de la viePar flash, par éclairs fulgurants,En millions de couleurs après le noir et le blancUn peu bruniComme brûléDes premiers daguerréotypes,De la grisaille un peu surannée Des premières annéesLentement métamorphoséesSous l’effetCombiné Des joies et des peines amasséesAu fil des annéesEt par l’amour liées.



Le temps

Le temps coule et s’écouleComme la lave d’un volcanEt roule puis s’enrouleTel la vague d’un océan

Tout au long d’une vieQui se dévide par à coupsSoudée à l’autre vieQu’on aime tant par-dessus tout

Malgré le temps qui hélas couleEt s’écoule toujoursComme le torrent qui débouleDans un grondement sourd

Puis s’apaise tranquilleEt vient chuchoter sa romanceA l’approche des villesDes villages et bourgs de France

Le temps coule et s’écrouleComme le sable entre nos doigtsEt roule puis s’enrouleComme la grêle sur les toitsComme le temps sur toi et moi.



La vie

Passe le temps et passe la vieEn deux temps trois mouvements

Quand le film de ma vie passeSans trop de déchiruresDe plans en plansDans un coin de ma mémoire

Passe le temps et passe la vie En deux temps trois mouvements

Le temps d’un sourire figéL e temps d’un coin de jupeQui se fait voilePour l’éternité


La vision magiqueD’un instant fugaceMe traverse l’espritEt m’illumine la tête


Que de temps passésQue d’instants roulésQue de joies exploséesEn jeux d’ombres et de lumières

Passe le temps et passe la vieEn deux temps trois mouvements.

A un ami quelque peu misanthrope qui s’est enfui sur une planète de poésie.



La canicule

Le terme lui-même a quelque chose d’obscène. Avec ses trois syllabes qui claquent rondement dans l’air immobile et lourd, il occupe tout l’espace comme un cul trop gras sans laisser la moindre chance d’exister à la fraîcheur.

A la recherche éperdue de cette dernière, les corps blancs, mous et flas-ques, s’affalent, hors d’haleine, sur la première plage, au bord d’un élé-ment liquide qui les fera dégouliner de plus belle. Cette quête les occupe durant la majeure partie de la journée comme s’il s’agissait d’une œuvre sacrée. De plage en plage, de douche en douche et de flaque en flaque, ils exsudent leurs huiles et leur mauvaise humeur, mécontents du présent, regrettant le passé et aspirant à un futur glacial, ce que tout le monde, une fois la période caniculaire révolue, s’empresse bien évidemment d’oublier pour trouver un autre sujet d’insatisfaction.

Le soleil, dispensateur de vie sur terre, a ceci de particulier qu’il est tout a fait capable en même temps de tuer à petit feu ; ce qui d’ailleurs semble être sur toute la surface de la planète une caractéristique humaine harmo-nieusement répartie quelle que soit la couleur de l’épiderme des individus concernés.

En effet ceux-ci, sous presque toutes les latitudes, en s’agitant sans cesse comme les fourmis, projettent dans l’atmosphère des particules de ben-zène, ce qui on s’en doute ne peut que provoquer maintes lésions pulmo-naires tout en formant une nappe d’impuretés englobant la planète. Celle-ci, manquant d’oxygène et développant un trop plein d’ozone étouffe, s’époumone, comme elle asphyxie ses enfants, ses vieillards et surtout ses asthmatiques. De sorte qu’elle se fane en maints endroits et que la santé des terriens décline en se fragilisant fors les progrès pourtant constants de la médecine. Seuls semblent s’en accommoder, encore une fois, les fourmis, les araignées et les scorpions qui ont, paraît-il le maxi-mum de chances de survivre à un cataclysme nucléaire et qui par voie de conséquence sont sans conteste l’avenir de l’homme.



Tout cela n’est guère réjouissant ; mais malgré ces tristes perspectives, l’homme, imperturbablement continue son travail d’autodestruction n’ayant comme horizon, au mieux, que ses petits enfants et se foutant éperdument de tout ce qui n’est pas d’un rapport immédiat.

Ainsi va la vie des hommes sur cette petite planète bleue qui ressemble à une orange vue du satellite de Sirius sur lequel tu t’es réfugié.

Je t’envoie ce courriel comme on lance une bouteille à la mer, en espé-rant qu’il franchira les flatulences environnantes.



Cambodge

Sourires massacrés à coups de hacheCrânes défoncés mains coupéesFemmes éventrées Rires d’enfants en hurlements d’horreur muésCris lancinants des victimes expiatoiresLe décor funesteD’une réconciliation nationale est plantéAu sommet d’un charnierOù pourrissent deux millions d’hommes de femmes et d’enfantsLeurs cris de détresse à jamais hantent la mémoire abolieLa mémoire châtréeLa mémoire enfouieDe l’humanitéL’espèce humaineUne fois de plus se voile la face honteusementUne fois de plus refuse sa culpabilitéUne fois de plus s’absoutPour qu’après son mea culpaTout puisse recommencer.



Rap

Rap rap rapLes analphabètes tiennent le haut du pavéEt de rap en rapS’éclatentPar clip interposéRap rap rapLa culture des banlieuesS’étale comme la lèpreLa culture des cités radieusesSe gratteLà où ça la démangeCependant Les Marie Chantal du 16èLes vieux beaux des alentoursEt les gigolos de PigalleS’esclaffentS’ébaudissent s’ébahissentAux bons mots mécaniquesQui pleuvent comme grêlons sur tôle onduléeMétalliqueRap rap rapLes analphabètes en haut de l’afficheTrônentEt fiententSur les meufsSur les keufsSur le monde la société Qui leur remplit les poches de thunesRap rap rapMachos mais attention du bon côtéDe celui qui assurePas du côté fils de puteEt rape et rape et rape…



Léo

Le prénom de poète un peu anar Fuse comme l’appel du paonEn deux mouvements des lèvresQui semblent quêter un baiserQuand sa maman l’appelle pour la tétée.

Le prénom de poète de ce tempsClaque comme un coup de claironEn un étirement des lèvresQui se lovent en rondeQuand son père le nomme à la face du monde.

Le prénom de poète à naîtreS’écoule comme un gazouillis d’onde pureEn deux syllabes mouilléesQui se câlinent l’une l’autreQuand l’aïeule ravie le chantonne

Le prénom de poète en devenirChante comme l’oiseau à la bruneEn douces trilles flûtéesQui chutent dans la paix du soirQuand je le cite à ma postérité.



Léo

De génération en générationPar tranche de quart de siècleSe succèdent en autant de maillonsLes Mialon



Kéo

L’espèce humaine a ceci de particulierQu’elle unit en son sein tout et son contraireCapable du pireComme du meilleur Sur son fumierFleurissent les plus belles idéesComme les plus terribles atrocitésUn roi en mourant réunit les plus grands ennemisSur une terre gorgée du sang de ses victimesPendant que d’autresSongeant à ceux qui n’existeront plusEnvoient dans l’espace et le tempsQuelques gouttes d’eauEt de sangQuelques grains de sableUne goulée d’airSaisis dans le diamantEt toute une médiathèquePour que l’homme de l’espaceDans cinquante mille ansSache peut-êtreQui était son ancêtreCet intérêt pour les archéologues d’un futur incertainFaisant pendant aux massacres aux viols aux génocidesDes camps de la mort aux sept collines du RwandaRévèle son visage déconcertantTantôt peint à coup d’eau forte comme au scalpelTantôt au fusainTantôt comme un pastelComme le poète d’autres encoreTentent d’attraper les comètes par la queuePour contempler des poussières d’astresEt lancent des messages gravés dans l’or le plus purBouteille à la mer dans le videDans une quête éperdue de l’autre.



La Saint Valentin

En guise de don d’amourUne rose à solifloreEt du mimosa encoreComme un printemps un peu gourd

Le plérôme universelUnit tous les amoureuxJusqu’aux derniers temps heureuxDont ils deviennent le sel

A chaque Saint ValentinPrintemps au cœur de l’hiverJ’offre mon cœur encor vert

Comme un bouquet de plantainAux oiseaux offre ses grainesA toi que j’aime ma reine.



Iris

Un nom de fleurs jaunes ou mauvesDont les couleurs irradientDe leurs charmes le paradisOlympe que les dieux sauvent

De la tristesse et de la mortEn le saupoudrant d’étoilesComme s’il s’agissait d’un voileJeté sur le mauvais sort

Nom aux couleurs de l’arc-en-cielBrûlées aux queues de comètesDans la perpétuelle fête

Ballet spatio-temporelDe ces galaxies en folieQui te saluent ma jolie.



La camarde

La camarde une vieille connaissanceA osé montrer le bout de son nezAprès quelques années bénies d’absenceFaisant croire que l’heure avait sonné

Le vieux routier l’a laissée sur le seuilAvec sa faux son linceul son cercueilLui faisant le plus piètre des accueilsTant que dépitée elle en fit son deuil

Et s’en retourna d’où elle venaitAu diable - vauvert ou diable tout courtA ses appels insistants restant sourd

Il sut lasser celle que chacun haitPour demeurer lui-même ici-basParmi les siens il sut la mettre au pas.



Kosovo

Longue est la route De Srebrenica à PristinaEtroite est la voie Du Kosovo à l’AlbanieA la Macédoine au Monténégro

Les longues théories de réfugiésJalonnent les chemins de ferEntre les rangées de minesPoussés par leurs tortionnairesLes femmes les enfants les vieillards trébuchentA bout de souffleExténuésPendant que la bourse indifférente continue sur sa lancéeSon petit bonhomme de cheminComme si de rien n’étaitComme si la vie ne comptait pas

Longue est la route Etroite est la voieEntre les deux mondesDe ceux qui ont tout De ceux qui n’ont rien

Les longues colonnes s’étirent interminablementLe long de la route de l’exodeEn une fuite éperdueVers l’impasse d’un no man’s land incertainOù s’entassent pèle mêleLes souffrances des dix dernières annéesAu seuil de la vie sauveA l’entrée d’une hypothétique vie nouvelleDés l’origine amnuie Parce qu’éclose en un cloaque immondeOù ne fleurit que la mort en ces premiers jours de printemps



Longue est la routeDe l’intolérance Large est la voie de la bêtise humaine recommencéeDe Sarajevo à PristinaEn passant par Srebrenica.

La poudrière des Balkans tel un funeste phénixRenaît de ses cendres pestilentiellesEt un ultime tyran En fait le creuset de ses crimes sans cesse renouvelésCroyant Avec quelques siècles de retardReprésenter de l’occident chrétien le rempartContre le mahométan de l’empire Ottoman Défunt depuis longtempsIl s’acharne sur un peuple de femmes d’enfants de vieillardsDont les hommes sont absents

Longue est la routeDe l’histoire du mondeEtroite est la voie de ferDe toutes les guerresEt de leurs cortèges de misères.



Une combattante

Nuriye combattante à la blonde crinièreJeune musulmane aux yeux bleus au teint de roseKalachnikov au poing et la rage au ventre oseDéfier la Serbie pour brandir la bannière

De l’aigle bicéphale sur fond rouge sangAux couleurs noir sur ciel rouge comme la guerreQui depuis six siècles plonge dans la misèreDeux peuples le chrétien et le mahométan

Fer de lance d’un empire ottoman défuntElle venge ses sœurs violées éventréesAvec ses frères du Kosovo faisant un

Elle monte à l’assaut des chemins labourésPar les mines l’artillerie les canons serbesPour la liberté de son peuple de son verbe.



Les assassins

Mladic et Karadzic de sinistre mémoireCes derniers jours noirs sont sortis de leur tanièreTels des hyènes attirées par le sang à boireEt par le parfum mortel qui flotte dans l’air

Ils s’ébrouent d’un plaisir démentiel dans la fangeDont se couvre le Kosovo ensanglantéSystématiquement réduit au néant l’angeDe la malemort ces lieux veut toujours hanter

Comme si une malédiction funesteY avait rabattu les pires assassinsLes fauves les vautours les corbeaux du destin

Tragique de tout un peuple dont il ne resteAprès le triste passage de ces barbaresQue des enfants mort-nés aux yeux vides hagards.



Le potiron

Rond, aux formes amples, pleines et rebondies, quasi voluptueuses, il épouse la forme ainsi que les teintes orangées, flamboyantes et lumineu-ses de l’astre symbole d’Apollon dont il sait si bien imiter les poses langoureuses, les fesses nonchalamment vautrées, à l’ombre de son feuillage, dans le terreau gras et frais du potager où il trône tel un pacha oriental parmi ses houris, au plus secret de son sérail de belles plantes inutiles mais nécessaires à l’embellissement de son environnement, com-me certaines espèces de potimarons tantôt lisses comme la peau tendre et suave d’un nouveau-né, tantôt horriblement scrofuleux comme la chair douloureuse d’un arthritique, d’un eczémateux, voire d’un lépreux aux crevasses insoupçonnées mais toujours colorés dans des tons pastel délicatement mêlés ou au contraire striés de violentes couleurs primaires éclatantes ou encore délicatement sucrées comme les lanternes japonai-ses aux jupes solaires qui l’éclairent de leur ravissement béat presque à la limite de l’extase, ou encore d’une musicalité frémissante aux doux accords du sistre ou de la harpe éolienne comme les gerbes de monnaie du pape qui semblent incliner leurs pétales d’argent respectueusement avec un petit sourire en coin dont l’insolente obséquiosité n’est jamais totalement absente cependant, quelque peu narquois face à la plantureuse et royale présence quoique attentifs à garder leur sang froid et un quand à soi de bon aloi coincés qu’ils sont entre leur maître et ses sbires sévères, les cardons velus, les artichauts écailleux, les bettes et les cardes qui les encadrent comme à la parade d’une haie à la fois douce et rugueuse plutôt inquiétante de larges feuilles lancéolées dont le velours n’est qu’un leurre à l’image de celui de la mygale tueuse.



La poupée orpheline

Sur la route d’Albanie convois fracassésCorps déchiquetés écartelés se succèdentEn un amoncellement de gens qui décèdentInterminablement toutes gueules cassées

Les yeux ronds et fixes une poupée pendouilleLamentable d’une ridelle de tracteurLaissée par une fillette blessée au cœurEt qui se vide de tout son sang qui la souille

La maman virtuelle lance vers la mortImminente un regard lourd sur le bas côtéLabouré par les missiles qui ont sauté

Lourd d’incompréhension face à ce mauvais sortQui fait sa poupée de chiffons blancs orphelineAu détour d’une belle petite colline.



Ils accusent

La folie meurtrière s’est emparée d’euxPar charretées pleines les déportés affluentAux frontières des pays qui les ont élusCinq cent mille dit-on ou plus de miséreux

Une litanie comme un leitmotiv mauditLancinant dans leur exode les accompagne Gémissements lamentations dans la campagneFont une musique de requiem ourdi

Ponctués de tirs automatiques de crisD’accusations de génocides et de crimesContre l’humanité du viol de ces victimes

Que sont les faibles sous tous les cieux à tueriesMilosevic barbare suprême du siècleFinissant en répondra face aux saintes règles.



Le professeur de français

Ismaïel Ismaïel le cœur lourd et légerQuitte enfin le camp de Blacec en MacédoineA la tête de toute sa famille idoineA lui-même en vue de fuir ce maudit Léthé

Où demeurent malgré eux ses compatriotesMoins chanceux mais si nombreux encore hélasQu’on peut croire que le sort jamais ne se lasseDe foutre les pauvres gens au fin fond des chiottes

La fuite en Lyonnais d’Ismaïl IsmaïlEt de tous les siens vers cette terre promiseDes foyers Sanacotra qui sont las de mise

En ces temps troublés où pleuvent comme la grêleLes balles les mitrailles de la soldatesqueQui évoquent celles des anciens tudesques.



L’attente du patriarche

De l’autre côté de la frontière le pèreA l’aspect sépulcral fantomatique attendQue la bonne volonté serbe ou de l’OTANAutorise sa famille de franchir l’aire

Close et interdite par les policiers serbesDepuis la fermeture pétrifié il guetteLa venue de tous ceux qu’un autre peuple jetteSur les chemins rocailleux rendus bien acerbes

Tremblant sous sa couverture de laine griseIl se métamorphose en statue de gros selA l’inverse du couple de Loth et sa belle

Il fixe Sodome malgré la pluie la biseEt il attend attend interminablementA la fois là et ailleurs hors du temps présent.



L’ancêtre

La vieille femme appuyée sur sa canne blancheCassée par l’âge et les souffrances de la vieLes yeux flamboyants parmi ses rides ne vitPlus que dans l’espoir fou qui lui maintient les hanches

A peu près d’aplomb fesses calées sur la trancheFine de sa petite valise en cartonGuetter l’arrivée des siens au son du canonFrêle et légère comme l’oiseau sur sa branche

Le regard fixe hébété au droit du cheminSans ciller scrute obstinément cette barrièreQui s’est refermée derrière elle sur la frontière

Laissant pour solde de tout compte les gaminsQui l’ont comblée de joie il y a peu de tempsQui la plongent dans son désespoir maintenant.



Litanie d’aujourd’hui

Pourquoi faut-il donc

Que deux jeunes fousA la démence Quasi généraleDe l’humanitéEn rajoutent tant


Qu’au nom d’un emblèmeCouleur de la mortDe la négationDe l’homme et de dieuD’autres jeunes meurent


Qu’au détour d’un camp Campus de DanverExplose la haineEclate la peurLa désolation


Que les faux dieux mortsFührergeburtstagCrevés au ReichstagRessuscitent làCinquante ans après




Faut-il donc mon dieuQue tu laisses faireCes atrocitésSans cesse sans cesseLas recommencées


Que notre planèteDans cet universQui a tout pour plaireTue tue tue et tueRéduite au néant


Que le beau le vraiLe juste et le cœurLa vie les étoilesSoient toujours niésEt tombent en quark


Faut-il donc mon dieu Que ma rage fuseVers toi tout là-hautY a t- il quelqu’unN’y a t- il personne

Pourquoi faut-il doncFaut-il donc bon dieuPourquoi faut-il doncFaut-il non de dieuHaine faite dieu que ne réponde rien rien rien rien.



Bluette

Les vitrines d’Amsterdam

Se mirent dans l’EscautPour que les belles damesSoient gardées bien au chaud


Brillent de mille feuxSous les lampes du damPour le plaisir des yeux


Gorgées de leurs soieriesQui revêtent les femmesAux si gentils souris


Pour la galanterieDe ses premières gammesLaisse l’homme ravi.



Divertissement de circonstance

La saint Fidèle

A la saint FidèleChantent et caracolent Toutes les écoles Scotchées à la selle

De leur coursier webLes ondes courrielParmi les plus bellesSillonnent le web

Tous par WanadooSurfent sur le netGrâce à InternetQui fait les yeux doux

Aux communicantsDe la toile rondeDu monde des mondesPour un bout de temps.



Mimosa

Mimosa la jeune blonde comme les blésEn compagnie de ses amis filles garçonsDu même âge qu’elle au visage encore rondSur le sentier de la guerre s’est engagée

Pour elle et ses copains pas de soirées dansantesPas de printemps pas de musique ni de rêvesAutres que ceux de tout Kosovar qui se lèveFusil brandi pour la liberté qui le hante

Vers la lutte s’ébranle le train qui l’emmèneVers le pays de ses racines retrouvéesVers son peuple qu’elle veut préserver sauver

De la barbarie génocide de la haineEn luttant à mains nues contre tous les canonsSerbes pour en exorciser tous les démons.



Arménie 1915

Dans la nuit du 24 avril à ErevanLe massacre des innocents par l’OttomanJeta tout le peuple Arménien hors de ce tempsEt lui fit rejoindre des ancêtres les mannes

Cinq cents intellectuels furent sacrifiésAvant l’aube sur l’autel de la folie bruneAu nom des idoles des faux dieux de la thuneDont le pouvoir dérègle partout les coquins fieffés

Dans une fuite éperdue les populationsPaniquées terrorisées par leurs tortionnairesQuittèrent en toute hâte leurs biens leurs terres

Fuyant les exactions de leur propre nationAinsi la boucle est hélas bouclée à nouveauDe l’Arménie au Rwanda au Kosovo.



Mira

Mira marckckovic cette femelle du monstreDes Balkans Slobodan Milosevic le fouDans l’ombre tapie guette sa proie comme un loupSon appétit happe insatiable tous les êtres

Vivants qui peuplent la province KosovoSombre sorcière elle brandit malédictionsEt anathèmes noirs sur sa propre nationReniant ainsi l’humanité à nouveau

Satan réincarné à l’aube de ce siècleQui conduit le mal suprême à l’assaut du mondeEn chevauchant ses canons elle fait la ronde

Sur le drame de tout un peuple qu’elle boucleD’un rictus nauséabond à faire frémirLes anges déchus par dieu de leur avenir.



L’écriture poétique

Ecrire dire chanter sans rimes ni raison

Pour conjurer le mauvais sortPour lui faire la niqueEt refuser l’inacceptableEt réfuter Avec la dernière des énergiesL’intolérable


Sur des tablettes d’argile comme les anciens scribesOu sur les murs des cavernes pictogrammes magiquesSur des parcheminsDes peaux tendues de moutonDes papyrusDes vélins encrés par les imprimeries chinoises


Sur un tableau noirSur Internet la toile les yeux dans les étoilesEn triturant avec volupté les motsLes sons les images subliminales les émotionsPour en faire une œuvre De rédemption de catharsis et d’accomplissement répété

Ecrire dire chanter pour survivre par le verbeEcrire dire chanter pour transfigurer la condition humaineEcrire dire chanter symbole parfait de la rondeur du mondeEt de dieu Descendu en l’homme oiseau de feu et d’amour consumé.



Maîtrise des langages ?

Les valeurs fondatrices du langageEclosent En une explosionDe spores sémantiquesComme les moustiques en pleine taïga au printemps

Logorrhée logogriphes discours grifféL’extase poétiqueAppartient à l’innocentAu poète Qui ne peut s’empêcher de céder à la contagion du dire

Qui ne peut éviter la mise à jourDes mots du verbe éternellement recommencéQui ne peut qu’ouvrir la boucheComme l’accouchée ne peut qu’ouvrir la vulvePour donner la vie.



Harcèlement

Les colonnes de réfugiés défilent lassesLe visage défait dans les lamentationsEn grappes sur leurs tracteurs ou bien leurs camionsDepuis des mois interminablement ils passent

Le poste frontière sous les lazzi des gardesA la queue leu leu dans un couloir de l’exodeQui ressemble fort au couloir où la mort rôdeDes condamnés des pauvres gens vêtus de hardes

Témoignent du harcèlement subi par ceuxD’entre eux qui sont les plus faibles femmes enfantsEt conservent dans les yeux l’horreur de ce temps

Le déni du droit élémentaire à la vieDon d’amour de dieu à sa créature l’hommeQu’un dictateur veut annuler d’un coup de gomme.



Sur la toile

Il y a toujours quelqu’un sur la toile

Qui guette par hasardOu tenaillé par sa faim vorace du moucheronD’autruiDe son unicitéQui guette le moindre signeQui tend l’oreilleAux bruissements plus ou moins harmonieux des étoilesDans l’espoir Parfois vainMais toujours si réconfortant malgré toutD’attraperDe saisir quelques bribesQuelques étincellesQuelques poussières d’astresDe comètes par la queue

Il y a toujours quelqu’un sur la toile

Il suffit d’attendre un peuSans perdre patienceEt de faire confianceA sa bonne étoileA sa bonne féeEn y croyant dur comme ferPour qu’elle devienne réalitéNodier, Jules Romain, Marcel Aymé disaient justementEn un tempsOù pourtantwww. N’avait guère de sensQue l’imaginaire est bien réel justement parce qu’il est le produit de l’imagination.



Responsables

Sous la conduite d’un dictateurTout un peuple pervertiCroit dur comme ferEtre la cible élueDe l’occident révolté Qui a pris les armes Contre la peste bruneQui le ravageDepuis si longtemps

Sous la conduite d’un dictateurTout un peuple pervertiDanse le rockSur les places publiquesSous les bombes de l’OTANFait la chaîne Sur les ponts de BelgradeEt par bravade Les jeunes gens

Sous la conduite d’un dictateurTout un peuple pervertiRelèvent la tête par défiPendant que les femmesDans les caves les abris tapiesTremblent et prientSe remémorant Dans leur chair blesséeLes horreurs passées



On croit rêver

La diplomatie grandguignolesqueDans la gravité des événements guerriersFait piètre figureQuand elle se mêle de confondreSoldats et boy scoutsEt que sur fond de menées mafieusesNos dons le ravitaillement les médicamentsNécessaires aux pauvres gens d’Albanie de Macédoine du KosovoSont bloqués à quaiDans leurs camionsEn colonnesFace au bakchich au racket droit de péage des gangstersDont meurent les sociétés désorganiséesAutant que de la guerreDes séismes ou autres fléauxQui ne manquent pas de s’abattre sur cette fin de siècleComme un point d’orgueAvec la fougue d’un coup de canonEn plein bal champêtreEn plein centre de l’Enfer d’un Jérôme Bosch visionnaire revenu.



Bombes au graphite

L’OTAN lance ses bombes au graphiteDans le but d’éteindre les réverbèresSe prenant pour le maître de la terreElle met en panne en Serbie tous les sites

Rebelles au sacro-saint règlementAu détriment de ce peuple compliceDont l’envers tapis de très haute lisseSert hélas de sûr refuge au tyran

Quand explosent les missiles ricainsSe répandent des poussières si sombresQu’au soleil lui-même elles font de l’ombre

Et la sphère céleste c’est certainA l’œil divin se cache sans vergognePendant qu’en bas toujours le canon cogne.



Saint Louis du Sénégal rêves africains

Ali Ouali le boxeur sénégalaisDes rêves de grandeur plein la tête

Se voit déjà tout en haut de l’afficheDes poids coqsEn attendantIl s’entraîne sans relâcheCourant sautant tapantLe long du fleuveEntre les cordes Et parfois Punching-ball brinquebalantIl vacille sous les coups redoublés D’un concurrent

Ali Ouali le boxeur sénégalaisDes rêves de grandeur plein la tête

Se voit déjà en Europe Loin de son Afrique nataleSe voit déjà là où tout va mieuxSous un soleil filtréAseptisé mais sans risquesChampion du mondeToutes catégoriesToutes espérances dehorsSa volonté en avant comme la proue d’un beau navireIl fonce vers demain.



Le pont de l’Europe

Le pont de l’EuropeDe Strasbourg à KehlSe tourne vers le Kosovo

Petite écharpe de territoire ballottée aux vents diversQui traversent ce siècle finissantEn tornades dévastatricesPetite peau de chagrinQui se vide de son sangDe ses hommes de ses femmes et de ses enfantsPetite écharpe pas plus grande qu’un départementDont les esprits frappeurs claquent des dentsAu son des canons

Le pont de l’EuropeDe Strasbourg à KehlSe tourne vers le Kosovo

Pendant qu’au Conseil de l’EuropeQuinze écrivains réunis en colloqueColloquentDeux jours durantSur les frontières virtuelles hypothétiquesDes petits pays environnantsQui cernent le Kosovo d’envieEt le dévorent des yeuxEt le mangent tout cru

Le pont de l’EuropeDe Strasbourg à KehlSe tourne vers le Kosovo.



La Grande SerbieLa Grande AlbanieLa Grande GrèceLa Grande CroatieLa Grande MacédoineEt pourquoi pas la Grande Slovénie

Aux relents de Gross Deutschland über allesMartèlent leurs litanies nationalistesSur fond de nostalgiesMonarchistes impérialistesPendant que tonne le canonPendant que souffrent les populationsPendant que pendant sempiternellementDans cette région des BalkansTourne la roue du destin

La Grande SerbieLa Grande AlbanieLa grande GrèceLa Grande CroatieLa Grande MacédoineEt pourquoi pas la Grande Slovénie

Aux relents de Gross Deutschland über allesScandent au pas cadencéAu rythme des bottesQui claquent comme coup de fouetSur le dos du pauvre mondeQui n’en peut maisEt qui ne sait plus où se mettre à l’abriTant l’accumulation de ces Grands paysFait manquer de place à toute notre petite planète.



L’œil de dieu

Quand résonne le bruit des bottesQuand la guerre fait des siennesEt quand s’ébattent les hyènesQuand rôde la mort en Europe

Qu’une erreur de plus de l’OTANFauche détruit et las ruineUne ambassade de ChineEt las Nis dans le même temps

La troisième guerre mondialeEn ce siècle finissantQuelque peu hallucinant

Sur le point de brandir le palQui crèvera l’œil de dieuNous met à sang et à feu.



Abdullah Moussa

Abdullah Moussa l’ancêtre de train en trainParcourt l’Albanie à la recherche des siensDe loco poussive en wagons crasseux il vientL’espérance au cœur jusques au bord des ravins

Contre lesquels butte chancelant son regardQue ses yeux scrutent jusques au moindre recoinPour retrouver ses enfants qui ont fui au loinLe laissant las sur le bord du chemin vieillard

Impotent à l’amour tenace qui soulèveA défaut de montagnes sa carcasse lasseA l’image de son ancien peuple il fait face

En homme debout malgré sa canne il s’élèveContre la tyrannie qui pousse tout un peupleA massacrer sans honte tout un autre peuple.



Barbara Hendricks

Barbara Hendricks de Dubrovnik 1990A Cannes 1999Ambassadrice du Haut Commissariat aux RéfugiésEt fabuleuse cantatriceSe bat

Au nom de l’humanité souffrante

Contre l’intoléranceContre la barbarieContre l’intolérableElle donne de la voixSes mélodies les plus bellesJaillissent comme l’extase du plus profond de son être

Au nom de l’humanité souffrante

Contre tous les racismesContre tous les génocidesContre toutes les tyranniesElle donne de la voixSes chants transfigurés par les décibelsJaillissent comme les geysers du plus profond de la terre

Barbara Hendricks de Dubrovnik 1990A Cannes 1999Ambassadrice du Haut Commissariat aux RéfugiésEt fabuleuse cantatriceSe bat en chantant.



L’armada

La plus grosse armada de cette fin des tempsEngage ses forces aériennes en vainL’aigle bicéphale or argent sur lie de vinImpassible regarde mourir ses enfants

Les drônes et les hélicoptères ApacheEt les F117 et les avions furtifsAinsi que les tomahawks le Kosovo griffentEn tombant sur les boucliers humains des lâches

Le porte parole porte croix Jamie SheaA u nom de L’OTAN aux côtés de Wesley ClarkA l’opinion TV fait part de ses remarques

Et toute une pendule normande nous chieDes erreurs collatérales hélas fatalesS’abattant sur un peuple en position fœtale.



Cuisine à la mode Kosovar

Les familles Amzaï du camp de réfugiés De Kukes en Albanie près de la frontièreAprès l’exode veulent faire bonne chèrePour retrouver ainsi que tous les exilés

Les saveurs du pays qu’elles ont dû quitterMaintenant les femmes se mettent aux fourneauxEt traînent de l’autre côté du camp leurs seauxDe victuailles afin de les apprêter

A la mode Kosovar qui tient mieux au corpsA leurs dires que l’italienne de leurs hôtesPratiquant pourtant une cuisine sans fautes

Dont les pâtes al dente sont le seul vrai tortAinsi donc la vie de l’autre côté renaît A mesure que la malemort disparaît.



Dix ans après

A l’époque des amours pour les hirondellesMelhia Karic une jeune tennis womanDans sa chaise à roulettes un dur combat mèneContre le destin qui lui a brisé les ailes

Avec les jambes un jour à SarajevoUn jour de marché et de convivialitéQuand une bombe pour toujours l’a alitéeDepuis elle se bat sachant ce qu’elle vaut

En chaise électrique une raquette à la mainFrappant la balle non contre son adversaireMais contre la mort de sa sœur contre la guerre

Qui continue non loin d’ici sur le terrainDes opérations militaires de l’OTANAujourd’hui comme si n’existait plus le temps.



Henriette nouvelle esclave

Henriette la jeune femme togolaiseEn révolte contre ceux qui n’ont pas tenuLa parole donnée à la fille venueEn France pour y connaître une vie à l’aise

A déposé plainte contre l’exploitationDe l’homme nouvel esclave par son semblableLaissant filer entre ses doigts comme du sableLa dignité de l’autre sans plus de façons

Et sa liberté à sa plus simple expressionRéduite pour survivre sans en déciderComme les petites bonnes si tôt bridées

Au Sénégal à Dakar par les noirs marronsAllant faire leurs emplettes de jeune chairComme vous allez au marché les jours impairs.



Lettre ou courriel aux ministres de l’Education Nationale au sujet d’une directrice de Montluçon dite Andrée Pinon qui s’est fait battre sa coulpe pour avoir fait fredonner l’une des plus belles chansons française hors de propos. Qui l’eût pu penser

Le déserteur de Boris VianPlus de cinquante ans aprèsPar un sous-préfet de l’AllierA la tête d’une délégationD’anciens combattantsToujours résistantsToujours survivantsA été châtié pour menées subversivesL’abus de pouvoir étant toujours de mise

Qui l’eût pu penser

Le déserteur de Boris VianPlus de Cinquante aprèsA fait une nouvelle victimeUne institutrice de la RépubliqueQuelle honte et quel scandale mon dieuA oséL’aimer et le faire chanter un 8 maiDevant l’aréopage des AutoritésEt des Notables faisant la roue


Madame et monsieur les ministres de l’Education Nationale Je vous fais une lettreQue vous lirez peut-êtreSi vous avez le temps Pour vous direA vous ainsi qu’au sous-préfet Que ce crime perpétré par Boris Vian il y a longtempsL’a été également par tous vos agentsQui enseignent la littérature française à nos enfants




Une suspension à vie pour une maladresseVoilà une sanction bien disproportionnéeAu nom de maître François VillonQue d’aucuns auraient voulu pendre haut et courtAu gibet de MontfauconAu nom de Marot de Baudelaire de Rimbaud d’Eluard d’AragonEt de tous les poètes de langue françaiseJe vous supplie à genoux Madame et monsieur les MinistresD’user de votre pouvoir d’amnistie


Quand en Haute-Vienne un préfetJoue à saute-mouton avec les A et les S des plaques d’immatriculationOù va donc se nicher le patriotismeUn sous-préfet dans l’AllierS’offusque comme d’un affrontD’entendre chanter Le déserteur de Boris VianPar deux enfants Qui n’y voyaient pas maliceAu grand dam de leur directrice

Qui l’eût pu penser.



La paix peut-être

Quinze longs jours sans chansonsDans un monde en ébullitionComme grêle ou munitionsMe hachent menu sans façons

Le cœur ni l’âme en reposSur les chemins du KosovoVont les soldats les ribaudsVers la paix de Kumanovo

Quand pour de longues annéesS’installent vainqueurs les soldatsEn un pays à mettre au pas

Renaissent hélas damnéesLes âmes abandonnéesAu diable lui-même données.



Un jeune petit con

Un jeune présomptueux Du haut de ses vingt deux ansS’autoproclame œuvre d’artA l’examen des beaux artsEt d’un rictus méprisantJette à la fosse les vieux

Qu’il déclare sentencieuxFinis artistiquementMalgré ma couenne et mon lardMoi j’ose affirmer sans fardQue le beau et le vivantNe peuvent aller par deux

Et que l’art pour être heureuxNe peut être débutantPour bien prendre son panardEn art jamais de hasardLe mariage d’un bec blancN’est pas un cadeau des dieux.



Bogota

Petit éclair de Bogota il fuseA tout va à toute allure à traversLa foule des passants à ras de terreDans son sillage ses enfants s ‘amusent

Et rient de voir leur père sur roulettes Sauter les obstacles d’un coup de reinsSe propulser au loin de ses deux mainsOuvrant le passage à coups de machette

Quand les méchants leur barrent le cheminAinsi à Bogota un cul de jatteApprend à l’humanité à deux pattes

Que rien n’est impossible à l’homme rienMême coupé en deux s’il le veut bienIl peut tenir debout sur ses deux mains.



Hassan II

Hassan II grand roi chérifienCommandeur de tous les croyantsEst mort à soixante dix ansDans la tombe a rejoint les siens

Son père dit Mohamed VEt son frère cadet MoulayA Salé dans leur mausoléeDevenu ainsi un lieu saint

Son fils sera-t-il assez fortPour réaliser son grand rêveD’un Maghreb qui léchant la grève

D’une Europe sudiste mordSur les contrées bordant la merMéditerranée notre mère.



L’Abbaye en Grandvaux

Le tonnerre gronde furieux dans l’atmosphèreDu lac impassible de l’Abbaye ce soirAlors que tous deux nous sommes en train de boireSur la terrasse de Lou Grandval une bière

Le gris bleu du ciel à celui du lac se mêleEn passant sur l’ardoise du clocher comtoisMariant les vert des bois et les rouge des toitsLumières vespérales ailes d’asphodèles

A l’éphémère éclat translucide et fragileComme notre vie qui coule coule et s’écouleTout en courant après le destin qui déboule

Des chemins suivis choisis parmi plusieurs milleLabyrinthe où se perdent toutes les couleursLes lueurs et les rumeurs sourdes de nos cœurs.



L’éclipse du 11 août 1999

L’éclipse du 11 août mille six cent quatre ansAprès celle qui épouvanta les germainsD’Argentoratum Strasbourg devenus romainsAngoisse les populations toujours autant

La peur panique du tout premier millénaireDe trois cent quatre vingt quinze recommencéeFaisant renaître les histoires romancéesDu début de l’humanité sur notre terre

Resurgit ici et là encore et toujoursDes cavernes à Paco Rabane le mageNostradamus de haute couture new age

Comme une mante religieuse par amourLa lune mange le soleil en grignotantProgressivement sa couronne de diamants.

Prochain rendez-vous en 2082Ou sous les cieux d’Afrique australe le 21-06-2001 du côté de Madagascar.



An 2000

Il est tout de même inouïQue depuis si longtempsJe n’ai rien écrit rien écritDepuis la dernière éclipse de luneAvoir laissé rouler le tempsEt de mariage en appartementN’avoir pas vu le millénaire se cloreNi s’ouvrir Sur l’année du dragonEn 4698

Il est tout de même inouïQue depuis si longtempsQuand j’étais gamin l’an 2000Bornait l’éternitéImpossible d’y arriverDu haut de mes dix ansC’était trop loin pour le happerComme un phare par temps de brumeClignotant ses signauxDe détresse parfois de liesse



Le monde comme il va

Ethiopie la bêtise des peuples en guerreExtermine à coup de famines les enfantsAfghanistan la cruauté des TalibansBrise les femmes en suaire comme verre

Soudan terreur des plus faibles joie des vautoursQui guettent sans pitié leurs proies désespéréesSénégal Zimbabwe désert du TénéréOù l’esclavage remonte aux tout premiers jours

Népal Irak Iran Corée GuatemalaTerres de tous les maux lieux de désespéranceOù comme un rêve de somnambule j’avance

Vers le monde des frontières de l’au-delàLaissant derrière moi la haine et son cortègeD’horreurs que mon amour renaissant désagrège.



Communiqué

San A le tombeur de ces damesQui tant aimait les darderS’en est alléSur la pointe des piedsSans fracasPour cause de palpitantQui s’est fait la malle aux abonnés absentsAlexandre Benoît, la Berthe, Marie-Marie, Antoinette son chiare, Félicie sa matouse, la Pine, Félix l’empereur du chibreEt tous les zôtresMézigue y comprisNous portons le deuilDu grand hommeQui savait si bien chatouiller le clitoris de la langue françoiseSes amis, ses parents, ses chiens et ses chats l’enterrentAujourd’hui à 15 heuresA Saint Chef près de Bourguoin-Jallieu dans le Dauphinois.Que la pierre tombale du caveau Qu’il s’est choisi avec vue directeSur le Mont Blanc,Lui soit légère Et fasse le ciel Qu’au paradis des écrivains, on ne soit pas en radeDe petites RemingtonEt que sa plage d’écriture côtoie celle de Georges Simenon.



Novembre 2000

Théodore Monod

L’avaleur de désertsLe marcheur infatigableLe marathonien des sablesJusqu’au bout à l’affûtD’une découverteD’une trouvailleD’une lectureD’une vision du monde et de la vie sous toutes ses formesAu grand damDe son insatiable appétit de toutS’est éteintTout doucementD’un coup.



Epiphanie

Les portes sacrées du jubilé de la chrétienté Catholique et romaine En ce jour d’EpiphanieD’allégeance des grands de cette terre Au fils de Dieu nouveau-néSe sont refermées sur l’an 2000AgonisantAfin de fermer la parenthèse d’un siècleTonitruantSur un ultime étripage collectifSur un dernier massacreUn génocide de plusAurons-nous le temps D’attendre Un quart de siècle de plusPour lire le message du pape à l’humanitéLorsque les portes sacrées de la basilique Saint PierreSeront dessilléesPar celui que nous ne connaissons pasOù serons-nousQue serons-nous devenus ?



Silences cycliques

Passent les heures passent les annéesPassent les amours aussiDans les silences amnuisS’accumulent les ennuisPassent les heures passent les années



Un rayon de soleilLe pépiement agaçant des moineauxDans la brise d'un printemps finissantLa vieQui couleComme torpilléeEt qui s'écouleLe long d'une penteDe plus en plus abrupte.



Irak

Après un galop d'essaiEn AfghanistanLes bombes américainesRavagent à nouveau l'IrakLe grand seigneur de la guerreGeorge W. BushPrésident des Etats UnisFait démonstration de sa force de sa puissanceEn s'attaquant à un peuple sans défenseA la merci d'un dictateur sanguinaireQui taille les pauvres gens depuis plusieurs décennies.Le grand seigneur de la guerre Veut la peau d'un petit.Le grand seigneur de la guerreAlcoolique repentiVeut faire le travailCommencé par son père.Cette affaire de famille Met à feu et à sangUn peuple qui n'en peut maisDepuis plus de dix ans.



Monsieur Le PrésidentJe vous fais une lettreQue vous ne lirez jamaisFaute de tempsSur votre ordreVotre arméeLa plus puissante de la planèteS'est mise en branleEn ce premier jour de printempsDe l'an de grâce 2003Pour tailler en piècesLe pays d'un tyranMais monsieur le PrésidentCe faisant votre arméeDont vous êtes si fierDu même coupRéduit à néantUn peuple qui n'y peut maisDes enfants, des femmes et des hommesDont le sang Eclaboussera à jamaisVotre renommée.



Brel est mort il y a vingt ansDans son île sous le ventLe grand Jacques a cassé sa pipe voilà déjà longtempsMais le temps ne fait rien à l’affaireLa valse à mille tempsContinue de tourner à trois tempsSous les étoilesDans le port d’AmsterdamEt d’ailleurs.



L’écrit

L’écriture est un présent que les dieux veulent bien nous faire quand ça leur chante.Et qu’ils nous reprennent de même.La poésie ça va, ça vient.ça va et vient.Les écrits s’entassent comme les feuilles mortes et quand vient le gel étouffent le gazon pour pourrir quand vient le redoubLa poésie ça va, ça vient.Ça va et vient.Mes feuilles s’entassent ,s’empilent en strates depuis fort longtemps.Certaines se sont perdues car la mémoire est évanescente mais c’est parfois tant mieux.La poésie ça va, ça vient.Ça va et vient comme nos courriels qui vont se perdre entre vous et moi dans le flot, le flux, le reflux des ondes d’Internet et du temps qui las trépasse.



Malédiction

Tombé de son OlympeDe ses palais des mille et une nuitsDans l’antre obscur du châtimentLe tyran, sale, pouilleux, repoussantTremble et geint les yeux dans le vaguePeut-être pense-t-il à ses innombrables victimesQue le destin a marqué au fer rougePeut-être pense-t-il à ses innombrables crimesQu’aucun dieu, présent, passé ou à venir ne pourra absoudrePeut-être pense-t-il au destin de son peuple massacréPeut-être pense-t-il que l’heure est venue de payerPeut-être pense-t-il que l’heure ultime sonne son glasAprès avoir si souvent résonnéSous le gong qu’il mania tel une fauxHideux symbole de la mort de l’autreHorrible signe de tous les génocidesLâcheté du plus fort exterminant le plus faibleQu’il soit maudit jusqu’à la septième générationEn expiation de ses fautesDe ses crimes contre l’humanitéQue roulent les millions d’annéesQue ces temps d’infamie ne reviennent jamaisEt qu’il tremble de tous ses os pour l’éternitéA jamais dans le léthé.



Alliance

Sur un anneau d’or enchâsséCe rubis goutte de sang rougeDe mon cœur taillé à la gougeD’un destin qui m’a enlacé

Jour après jour au tien à toiComme le lierre à son tuteurJe suce la vie à ton cœurSuspendu avec tant d’émoi

Que ce signe de la passionTe fasse souvenir toujoursQue nous avons connu l’amour

Qu’il soit le sceau de notre unionEt le symbole du bonheurJusqu’à notre dernière heure.



Un rubis sur trois larmes de lumière

Cet anneau d’or de rubis sur lit de diamantsComme un sceau sur nos trente cinq années d’unionParfois rouges comme le sang de la passionTantôt scintillantes comme larmes d’amants

Je te l’offre pour que tu gardes souvenanceDes années qui ont roulé leurs flots sous nous deuxIrriguant notre vie à deux de jours heureuxEt inondant de leurs limons nos deux souffrances

Modeste talisman contre la mort des cœursQue je souhaiterais faire revivre enfinPour qu’ils battent à l’unisson jusqu’à la fin

Sans se lasser des petits moments de bonheurQui sont autant de joyaux éclairant nos joursComme les lucioles parent les nuits d’atours.



Bonne et heureuse année

En cette veillée de NoëlJe rêve pour l’an de grâce 2004Non d’une société de pastoureaux de pâtresMais d’une planète plus belle

D’une petite orange bleueQue je pourrais léguer à mes petits enfantsQui y vivraient en paix encore très longtempsJusqu’à la fin des temps heureux

En cette veillée de NoëlJe rêve d’une planète toujours plus belleTransfigurée par l’amour de l’homme fait dieu

Je vous souhaite d’être heureuxDans un monde sauvé des misères enfinDes maux de la guerre des tyrans de la faim.



Donner

Donner la moitié pour recevoir en retourLe double de ce qu’on n’a pasDonner pour recevoir de l’amourVoilà un marché qui n’est pas de dupeUn jeu où l’on est toujours gagnantDonner pour recevoirSans le vouloirParadoxe étonnantDu qui perd gagneDonner pour recevoirMiracle des relations humainesProdige de ceux qui s’aimentMagie de la vie Magie de ce qui est.



Arg-e-Bam

La terre d’Iran a tremblé une fois de plusUne fois de tropSa citadelle de piséSes palais de terre et de paille Se sont effondrés d’un seul tenantSes hautes muraillesSont tombéesComme devant les trompettes de JérichoAux alentours les briques rouges du sang de tous les pauvres gensOnt enseveli à jamais des hommes des femmes des enfantsEt tous les êtres vivants à la rondeLa bénédiction Urbi et Orbi Qu’assène le pape avec obstination depuis un quart de siècleNe parvient guère à réfrénerLes ardeurs du Mal La guerre la faim la maladie les séismes l’injustice l’inégalité l’intolérance la bêtise le fer le feu et l’eau la torture l’esclavageSe répandent toujours sur ce vaste monde et se disputentSans trêve hélas les rares territoires préservés de paix d’amour de vie de bonheur.Le temps passe les civilisations trépassent Nos œuvres survivent un temps pour s’écrouler enfin Comme nos ridesComme la peau plissée de nos ventres sur nos genouxComme poussières redevenues poussièresVanités des vanités tout n’est donc que vanitéTout est vain à l’aune du tempsLe temple des millions d’annéesN’est qu’illusionSeule survit un temps la penséeQuand son support n’est pas à son tour amnuit.



Le coin des poètes

Modeste doux sans grande prétentionIl a le cachet rare de ta peauComme elle il cache en ses replis le beauLe suave mais sans ostentation

Le coin des poètes est l’encoignureAux parfums de chèvrefeuille et de roseUn cabinet secret un boudoir roseAux tons pastels à la douce texture

Le coin des poètes est le refugeOù je cours blottir mon amour ma peineOù tombent par enchantement les chaînesQui me lient et font de moi un transfuge

Sans visa sans bagage un passager Un SDF de la vie amoureuseUn mal logé de la cité radieuseQui dans un coin à l’abri vient songer

Le coin des poètes est l’interfaceQui me permet de surfer sur la toileDes courriels les yeux dans les étoilesCœur contre cœur en me voilant la face



C’est un endroit zen par les dieux béniLe coin de mon âme où je te rejointsPour te garder musique en contrepointDe nos cœurs à tout jamais réunis

Le coin des poètes est mon OlympeLe paradis des mots que je mets basOù la salle de travail d’ici-basQuand l’extase de cette langue grimpe

Le coin des poètes est d’outre mondeIl est rond doux et chaud comme ton seinIl est blond et fond comme le bon painSous ma langue qui te fouaille et te sonde

Le coin des poètes est le recoinLa cache cabane et maison de l’enfanceQui recèle en sa matrice mes stancesFaites poèmes en revenant de loin.



Epitaphe

Le clown Dédé est mortLe clown Dédé n’est plusNous ne le verrons plusNous ne l’entendrons plusLe clown Dédé est mortMais je le vois encoreSous le chapiteau rougeAvec son gros nez rougeSon pantalon trop largeEt ses longues bretellesPour reprendre le large Sur ses jambes attellesMais je le vois encoreAu loin dans ma mémoire Dans un pays d’antanDans le pays du tempsDans mon pays d’enfantOù j’allais à la foireGuidé par sa trompetteEt ses chausses claquettesJusques au disque d’orDe la piste aux étoilesOù décalé sans voilesIl attendait son sortLumignon d’espéranceDans la nuit de l’enfance.

Hommage à André Gruss



L’amour de la rose

A celle que j’aime depuis longtempsJe dédie ces quelques vers amoureuxEn souvenir des quelques jours heureuxQui ont égrené l’horloge du temps

A celle que j’aime éperdumentJ’offre ces bouquets de mots de graphèmesAux vents taquins câlins pour qu’ils essaimentDe cœur en cœur d’amantes à amants

Jusqu’à former un parterre de fleursQui arborent les couleurs du bonheurDans une resserre où je l’aimerais

En grand secret je la câlineraisFleur fée à la corolle épanouieBelle rose au matin évanouie.



Chanson

Darling liebling chérieAu gué le gui l’an neuf

Pour cette année 2004Je veux t’embrasser sous le guiEt te faire guili guiliSans couper de cheveux en quatre


Je veux te donner mon amourA multiplier chaque jourRecevoir de toi en retourTon grain de peau nue sans atours


Que bonheur et plaisir t’inondentChaque jour que dieu veut bien faireQue la musique de cet airParcourre l’année sur les ondes


La légende du gui nous ditQue ceux qui s’embrassent sous luiSont liés pour toute la vieLe bonheur sera dans leur lit




Le bonheur sera dans leur vieJusqu’à la fin des temps heureuxD’une si tendre vie à deuxDieu que cela me fait envie


Je veux te câliner chérieJe veux te voir sourire sans fardL’étincelle de ton regardQuand tu jouis je veux qu’elle brille


Et qu’elle illumine nos viesComme un très beau feu d’artificeAux chandelles de haute lisseOrgasme qui tous deux ravit


Donc je te souhaite l’amourL’amour sans détour mon amourL’amour partout l’amour toujoursNue comme la main sans atours


Pour que mes caresses parviennentA enflammer ton frêle cœurJe prie dès matines mes heuresA genoux pour que la joie vienne




Mes lèvres bien collées aux tiennesJe goutte avec joie aux douceursQue tu m’offres en ouvrant les miennesNos corps enlacés de bonheur


Pour que passe en moi ta chaleurPour que passe en toi ma passionEt pour consacrer notre unionJe t’offre dès ce jour mon cœur




Geisha et samouraï : Fantasme d’un autre temps

Je te vois bien en kimonoUne chevelure posticheTe donnant l’air un peu godicheDans de petits souliers croco

Et moi vêtu en samouraïUn grand sabre au pommeau d’ivoireUn chignon faisant peine à voirDerrière un bouclier d’écailles

Dans une maison de papierJe te baiserais les deux piedsPour que tu prennes le tien

Face au soleil levant couchantJe t’aimerais à bout touchantPour que tu prennes le mien.



Première neige

La froidure a saisi les marronniersDans l’atmosphère grise et cotonneuseLeurs rameaux prennent des airs de pleureusesVêtues de blanc de leur tête à leur pied

Cette douceur duveteuse m’imprègneD’une mélancolie morose et terneEt me met sous les yeux de vilains cernesTriste est la neige qui sur mon cœur règne

Mon amour saigne des larmes d’argentAu souvenir doux des neiges d’antanQui jamais hélas ne reviendront

Comme jamais ne reviendra hélasLa flamme de vie dans ton regard lasNi le galbe soyeux de ton sein rond.



Ballade rhénane

Une ballade aux bords du RhinToi devenue ondine blondeAux yeux pervenche comme l’ondeEt moi qui reste sur ma faim

Ballade bleue aux bords du RhinToi tout sourire et si aimante Aux bras hospitaliers d’amanteEt moi avide de tes reins

Ballade d’or aux bords du RhinToi toute rose et si girondeAux formes déliées et rondesEt moi assoiffé à tes seins

Ballade rouge aux bords du RhinToi devenue Lorelei féeAux charmes tant de fois griffésEt moi pliant sous le destin

Ballade mauve aux bords du RhinToi devenue myosotisAux teintes de vergissmeinnichtEt moi dieu Pan ivre du vin

Ballade coulant de tes lèvresSi aimantes et tant aiméesAux douces saveurs bien aiméesEt moi Dieu Pan devenant chèvre

Ballade grise aux bords du RhinToi devenue cygne d’argentAu col plumage et duvet blancEt moi succombant dieu païen



A l’amour fou que tu me portesDepuis la rivière aux trèflesQui nous fut meilleure que nèflesPour l’amour qu’elle nous apporte

Depuis le chalet d’il y a vingt ansOù je t’ai reconnue bibliquementEt où tu m’as aimé divinementToi qui fais naître les neiges d’antan

Cette ballade aux bords du RhinDemeurera dans ma mémoireSymbole d’un ultime espoirDe m’unir à toi par le Rhin.



Miraculée de Bam

Il faisait nuitUne nuit d’encreSans étoilesEt j’étais de longs jours dans un long couloirPuisqu’il n’y avait jamais d’étoilesJ’ai prié dieu de me sortir de làS’Il le voulait bienDe me rendre la lumière du jour Du soleilL’or de la vieL’astre divinDont l’homme quête les poussières célestes en lui attrapant la queueJ’ai attendu longtemps longtempsLa bouche sèche le ventre videDes rêves plein la têteEt vous êtes venu me tirer du trouDu tombeau de la sépulture du sarcophage couloir de la mortOù je soliloquaisOù je suffoquaisFace à moi-mêmeFace à Dieu mêmeMoi son humble servante qui avais tant vécuQuatre vingt dix sept années de joies de souffrancesTransformées en ridesEt en poésie dont je vous fais don puisque vous me rendez la vie.



Ma Muse chérie

Ma Muse tu m’insuffles la vieQue ferais-je sans toi dans mon fauteuilDe bien des choses j’ai pris le deuilMais toi Muse toujours tu me ravis

La poésie chemine avec l’amourLes mots que je couche sur le papierEn sont l’origami tout dépliéQuand mes tempes résonnent d’un sang lourd

Et que couché à tes côtés je geinsL’orgasme extatique n’est pas très loinQue ferais je sans toi Muse chérie

Me passer de toi ne puis je périsQuand ne vois l’étincelle de tes yeuxUn jour ou deux sans toi ne suis heureux.



Les corbeaux et l’orchidée

Les corbeaux lancent leurs cris lancinantsSur la plaine enneigéeDans le silence de l’hivernal blancSous les flocons légers

Leurs croassements rauques et funèbresViennent éclater lugubresEn écho aux derniers pétards de fêteQui jouent les trouble-fête

En ce début d’année 2004Où je m’engage fermeA t’aimer m’amie m’amour comme quatre

Jusqu’à ce qu’en toi germeL’orchidée unique de la passionSigne de notre union.



Catastrophe au décollage

L’aéronef décolle De Charm-el-Cheikh De bon matinPour s’abîmer dans la Mer Rouge A quelques encablures de làLa carlingue et ses occupantsEn moins de temps qu’il n’en faut pour le direSombre corps et biensDans l’eau glauque des profondeurs marinesSeuls surnagent quelques débrisTraces dérisoires des vies anéantiesLe clapotis des vagues insensibles Berce une mule de vairNon loin d’un chapeau de pailleEt d’un sac de voyage ultime

Nous sommes peu de chose Puisque nous tenons si peu de placeQuand la Camarde passe nous faucherLes seules véritables traces De notre passage ici basSont dans l’esprit De tous ceux que nous aimonsLes seuls véritables signesDe notre immortalitéSont dans la mémoire De ceux qui se souviennentEn nous faisant exister dans une temporalité recomposée.



Epiphanie

Les rois mages annoncent le sauveurEsprit de lumière et de paix fait hommeEn suivant l’étoile du berger commeSi c’était la clef d’or du Sacré Cœur

A venir montrant leur divinationAux béotiens qui n’y comprennent maisHors la galette l’hydromel le laitDe chamelle pour l’enfant de passion

Ces trois rois poussés par l’inspirationDivine sont le symbole vivantDe l’entente des peuples et des gens

Ainsi que de toutes les nationsAutour d’une crèche bien plus belleQue le mur de la honte d’Israël.



Spirit le bien nommé

L’esprit humain abolit les frontièresEn passant de la terreA la planète rougeEt faisant un beau songeL’esprit de l’homme abolit les barrièresReplongeant en arrièrePlus de quatre milliardsD’ans à coups de dollars

Spirit et la NASA sautent les mondesButinant au passageLes étoiles hors d’âgeLeur volant une part de queue d’arondeA coup de bon géniePour qu’elles soient béniesEt que l’espèce humaine par sa sondeArrive au firmamentExtase des savantsEt qu’explose l’origine du mondeQui remonte au big bangA l’orgasme cosmiqueDont nous terriens captons encor les ondes

En pressentant dieu dans l’immensitéEt le diable dans la vacuitéD’un univers si plein et déliéVide noir expansé fou à lierPassant de l’orange bleue au trou noirA la planète rouge de ce soir.



Excision

Il est un crime horrible qui se perpétueDepuis des millénaires des générationsLà-bas en terre d’Afrique l’excisionQui en mutilant les femmes hélas les tue

Annulant le plaisir à fleur de peau de glandCet attentat contre l’humaine conditionDe l’intégrité physique la violationAutre signe infâme de l’asservissement

Des femmes en d’autres lieux prenant d’autres formesComme le haïk la burka le triste voileQue les tyrans imposeraient à leurs étoiles

De peur qu’étant vues par d’autres qu’eux elles cornentEt soient reconnues comme trop belles femellesLibres de disposer d’elles-mêmes tel quel.



A celle que j’aime tant

Je t’aime tant j’ai une envie folle de toiMon amour que j’aime tant depuis si longtempsLes fibres de mon corps sont imprégnées de toiJe te veux amour toute entière et tout le temps

Surfer d’une langue agile sur la surfaceDe ta douce peau d’amoureuse aux yeux de braiseTitiller tes muqueuses au goût sucré de fraiseSuçoter sans fin ton clitoris qui m’agace

Le sexe raidi chaque jour que les dieux fontJe veux te donner l’estocade d’amour fouPour entrer dans ta chaude intimité d’un coup

Y rester les lèvres soudées au mamelonDe ton sein rond où j’aime tant tant m’abreuverConnaissant l’extase à deux qui nous a sauvé.



La boulangère

Madame la boulangère qui vous sentez Vieille le soir à la chandelleSachez que vous êtes bien belleQuand votre cœur sourit à ma santé

D’un sourire radieux vous vendez le bon painLes brioches les galettes et les bretzelsDont les effluves ravivent la vie réelleDe sorte qu’on ne sait vers où penche le gain

Vers celle qui empoche les piécettesVers celui qui engrange les mirettesEt qui voit ainsi la vie embellie

Soyez sans crainte au soir de votre vieLes ans que la vieillesse vous ravitEst ainsi le signe d’une embellie.



Junior Gayakpa

L’enfant noir qui nous vient du Togo en passantDe son continent au nôtre par le GabonEcarquille sur l’Europe ses deux yeux rondsDe stupeur d’incompréhension d’un autre temps

De l’école de la rue de la brousse il passeA celle de la République obligatoireLaïque et gratuite mais pour lui sans espoirCar le temps a roulé déjà douze ans hélas

Sa maman s’échine à ses tâches de ménagePour gagner son pain quotidien leur subsistanceQu’il est donc difficile de survivre en France

Et pour un jeune d’Afrique d’y être sageLes boites de fer blanc les capsules de bièreQu’il sait si bien usiner n’y sont que misère.



Les Niebelungen

Te souviens-tu des Niebelungen mein LieblingT’en souviens-tu mon amour

En ce temps là j’avais quinze ansEt tu n’en avais guère plusQuand tu virevoltais sans plusTes petits seins en avant

Te souviens- tu des Niebelungen mein LieblingT’en souviens-tu mon amour

Dans ta jupe rouge plissée Et ton petit caraco blancQue tu étais jolie pourtantLe long de ce sentier grisée


Ta chevelure brun doréOmbrait tes yeux d’un vert pervencheComme pour prendre sa revancheSur l’éclat de l’astre doré


Tu descendais le sentier d’orPrimesautière à souhaitEt moi déjà je t’admiraisAssez pour t’unir à mon sort




D’un tour de reins si gracieuxTu faisais tressauter ta jupeMe nouant d’émotion les tripesEt l’amour me gonflant les yeux


C’est dans cette forêt anciennePeuplée de légendes de dieuxQu’à ton amour j’ouvris les yeuxPour te chanter cette antienne


Encore aujourd’hui mon amourJ’ai le cœur serré de désirA l’aube pourtant du vieillirPour t’aimer encore et toujours


Jusqu’à la fin des temps heureuxJe verrai sous le vert feuillageTa beauté d’ange sous l’ombrageQui filtre le vert de tes yeux


Tu es la lumière azuréeSymbole de la perfectionQui nourrit ma douce passionChérie je peux te l’assurer




Je veux te câliner sans finMon ange brun ma fée germaineTout dans ce monde me ramèneA toi dont j’ai une grand faim


Je veux te cajoler t’aimerSans avoir le cœur dépitéCoupé en tranches débitéComme ces antiques rochers


Je veux être le vent folletQui te taquine l’entrejambeEn te chantant vers rimes iambesTon amour m’a pris au collet

Te souviens-tu des Niebelungen mein Liebling T’en souviens-tu mon amour?



Xin Tchin danseuse étoile

La volonté la technologie les hormonesUn zeste de chirurgie Au statut chéri de filleL’ont fait passer après avoir été un homme

Colonel de l’armée populaire chinoiseIl fut danseur chorégrapheAvant de troquer son pafContre une vulve au délicat parfum d’armoise

Pleinement femme fleur il est devenu elleEt règle de doux balletsVive comme un feu follet

Il était beau et elle est devenue bien belleQuand elle est tombée des nuesJeune fille devenue.



Wangenbourg

Wangenbourg wangenbourg mon amourTe souviens-tu

De la tour féodaleDe ses marches moussuesDu garde corps foutuDes poutres vermouluesEt de nos mains cousues Dans la nuit abyssale


Que je te précédaisUn briquet à la mainPour lampion incertainUn lumignon badinEclairant le cheminParce que je t’aimais


Que dans cette pénombreNos cœurs battant chamadeLe long de la baladeLa troupe en débandadeNous laissant seuls en radeNous profitions de l’ombre




Pour rapprocher nos soufflesTremblant du bout des doigtsReliés par la soieD’un fil de bon aloiEntre toi et puis moiQuasi à bout de souffle


Des tendres frôlementsSubreptices et subtilsDes battements de cilsQue tel l’espiègle TillJe t’envoyais untilTu sentes follement

Wangenbourg wangenbourg mon amourQui revenait de loin

D’un temps passé lointainChenu comme la tourAbritant nos amoursSuite à de moult détoursVenant à WangenbourgTe prendre par la main.



Scandale

Malheur à celui par qui le scandale arriveScandalon petite pierre dans la sandaleQui fait trébucher sur un obstacle fatalPour que la douleur d’exister ici-bas vive

Scandalon symbole en deux parties symbolonQui unissent la partie mâle à la femelleA jamais soudées par un lien charmant charnelPour ne faire qu’un unique disque bien rond

Et combiner le ying et le yang sinueuxPour avoir tapiné sous la tente dresséeAfin que la femme ne soit pas délaissée

Par le blanc cavalier par le chevalier preuxEn ces temps reculés où explosaient les sensDes mots avant d’être de tous les corps l’essence.



Wangenbourg dans les prés

C’est dans les prés mouillésC’est en pleine campagneQue tu fus ma compagneAux yeux de ciels mouillés

Le long de ce cheminParsemé d’herbes follesPour témoins quelque TrollTe prenant par la main

Je t’ai dit mon amourQui revenait de loinTe l’offrant avec soinParlant clair sans détour

Ma main sur ton épaulePuis sur ta nuque nueTremblante et ingénueFrêle rameau de saule

Agitée par la briseDes sentiments d’antanLes vents coulis du tempsQui d’un coup nous dégrisent

Nous mettent face à faceEt font lever en nousDe passionnés remousQuel doux état de grâce



Que ces frissons qui courentA fleur de peau de cœurRecherchant le bonheurSans détours tour à tour

Passant du creux des reinsFrémissements nerveuxEn chaud et froid frileuxJusques au bout des seins

Faisant bouillir nos ventresQu’une humide chaleurPrépare à nos bonheursQuand l’un dans l’autre on entre

Pour sceller une unionDe nos deux vies soudéesPar la félicitéQue créée notre passion

Sous la bruine automnaleD’une fin de journéeSemblant à peine néeD’un ciel de feu d’opale

Nous cheminions heureuxJe t’enserrais la tailleEt toi vaille que vailleTu m’offrais tes beaux yeux .



L’esprit US

Aux Etats Unis une galéjade Vous conduit en prisonEn plein centre du BronxEn guise de balade régalade

Méfiance voyageurs aux pieds agilesQuand passez par New YorkCraignez des flics la morgueEt de ses hôtesses de l’air la bile

Bannissez l’humour la plaisanterieN’est pas comprise iciOn vous prend au mot si

Vous pensiez en faire un bon Jean qui ritEst vite pris de courtMenotté sans détour.



Guantanamo

Guantanamo paradis des prisonsGuantanamo l’île de la chansonPassée hélas par la baie des cochonsGuantanamo camp de concentration

Couloir de la mort à l’américaineOù croupissent pèle mêle vaincusCriminels de droit commun convaincusEt victimes d’une quête bien vaine

C’est sous la férule de leurs bourreauxSous le soleil et la pluie des TropiquesQue trébuchent des êtres sous la trique

Vêtus d’orange des pieds au garrotTête basse comme suppliciésSans espoir aucun d’être un jour graciés.



Retour sous la pluie

A l’abri bien au chaudLa pluie battant à verseContre les vitres perceBien à nu notre peau

J’en profite bien sûrPour relever ta robeA toi qui es si probeD’un doigt coquin mais sûr

Progressant sur la soieDe tes bas jarretièreJusqu’à cette lisièreQui me met en émoi

Frontière entre deux mondesPublic et puis privéOù j’ai les yeux rivésQuand mon amour t’inonde

Alors que nous roulonsA l’opposé du butFixé pris par le rutVers la joie déboulons

Sans bien nous rendre compteSous ce ciel d’orageOù nous allons volagesPour solde de tout compte.



Dusenbach

Dusenbach pèlerinage d’amourChemin de croix aux nombreuses stationsSur la rocaille sous les frondaisonsDusenbach chapelle de nos amours

Il est des lieux sacrés privilégiésSur lesquels flottent comme des effluvesDe vies antérieures trois fois reniéesS’écoulant comme torrents et grands fleuves

Délaissant leurs pépites et morainesComme autant de trésors d’ors arrachésA leurs flancs où ils étaient bien cachés

Avant d’arriver calmées dans la plaineOù elles s’étalent en marécagesPour très longtemps jusqu’à la fin des âges.



Petite annonce offre d’emploi

Recherche homme pour me faire mangerRecherche personne de confiancePour me remplir si possible la panseEt auparavant mon garde manger

Ainsi parlait le boucher cannibaleDe Rothenbourg du pays de HanauA ses victimes dans tous les journauxAvant de passer à table dans sa salle

Chambre froide de boucherie sordideOù méthodiquement il dépeçaitTous ceux qui par chez lui hélas passaientLes crevant au coutelas par le bide

Se réservant les bas morceaux le foieLes reins le ris de veau et les rognonsPour en faire ses tristes rogatonsDes jours de carême sans loi ni foi

Pour avoir consommé la chair humaineIl ne fut condamné qu’à huit annéesDe privation de la libertéDieu que la justice ici bas est vaine.



Mes petits enfants

Petite fée petit lutinEn mouvement perpétuelLola Anne blonde et si belleLeo Willie un peu coquin

Aux aguets à l’affût de toutL’étincelle de vie aux yeuxD’éternels sourires heureuxVifs comme des puces ils jouent

Lestes comme des passereauxIls s’envolent à tire d’aileVers la télé ou la poubelleChez papi on ne joue pas gros

Apprendre le monde des grandsQuand on teste les grands parentsC’est tellement plus hilarantQue chez papa et chez maman

P’tits grimlins pas plus hauts qu’un pinsQui savent bien faire les pestesEn y mettant complices un zesteD’amour comme le font les djinns.



Rothenburg

La réalité parfois rejoint la fictionQuand on passe à un Rothenburg sans hSans o consonne et voyelle qui fâchentD’Alsace en Allemagne en franchissant le pont

Le cannibalisme n’est plus un crimePrévu par le code pénal de ce paysD’outre frontières quelle est donc cette folieArmin qui exécuta sa victime

Aurait suivi les propres volontésD’un masochiste culpabiliséPar le suicide de sa mère déguisé

E n mort naturelle à perpétuitéQu’il évitera pour avoir mangéAux petits oignons le paf d’un doux dérangé.



La barbe

Le grand Duduche notre ministre aviséBras ballants cheveux au vent et dégingandéA une fois de plus eu la mauvaise idéeD’être de tous les honnêtes gens la risée

Sans peur du ridicule il part en guerreContre les systèmes pileux les bandanasEt pourquoi pas puisqu’on y est les panamasLiguant ainsi contre lui les cinquantenaires

Héritiers eux des hussards de la RépubliqueDe l’autre Ferry Jules au collier d’ébèneQui pour les jeunes ne ménageait pas sa peine

Et qui ne perdait surtout pas son temps en vainA nous raser gratis nous ses contemporainsSoucieux qu’il était de la chose publique.



L’abbé Pierre

Cinquante ans après il relance son appelDe l’hiver 1954Contre la misère des gens sans âtreCinquante ans après à la guerre il appelle

Les petits les puissants les faibles et les grandsPour que l’humanité de leur planèteSoit aujourd’hui décrétée jour de fêteDevant le Dieu éternel de tous les vivants

Egaux en droits en naissant mais pas dans les faitsToujours égaux pour demander face à l’espoirMais jamais égaux cependant pour recevoir

Egaux en pauvreté le plus grand des forfaitsTransformé en crime contre l’humanitéPar la grâce des puissants de leur lâcheté.



Le rideau de douche

J’envie le rideau de douche qui te protègeT’enserre de près comme une seconde peauLe voile de Tanit celui de SalammbôDont le plissé tombe à tes pieds en doux arpèges

De ta nuque perlée de fines gouttelettesA la chute callipyge de tes beaux reinsContournant les pointes dressées de tes deux seinsEt tes hanches ces poignées d’amour mignonnettes

Qui certains jours s’agitent pour faire la fêteEn écho aux herbes folles aux fleurs de linQui frissonnent sur leur toile de bon matin

Comme moi qui suis en perpétuelle quêteD’une irréfragable irréfutable beautéEn vue enfin d’atteindre la félicité.



L’objet du délit

Cachez donc ce sein droit que je ne saurais voirDit l’Amérique choquée à Janet jacksonStarlette chanteuse aux allures polissonnesBattant en brèche puritains vêtus de noir

Républicains de bon ton et gens de tous poilsLa vertueuse nation à la table ovaleQui macule de foutre sa robe de balPrend peur quand sur scène un téton jaillit à poil

Ce que le peintre Delacroix fit œuvre d’artOutre Atlantique devient objet de scandaleSème la panique dans tout un récital

Métamorphose le corps du délit en tareA l’aune de la bêtise cette nationRemporte décidément le pompon Jackson.



Aïd el Khebir

A l’occasion de l’Aïd el KhebirLa stèle de Satan à l’encan lapidéePar la foule des Hadj et par leurs sbiresLa mort à la Kaaba de la Mecque a guidé

C’est deux cent quarante quatre cadavresEt autant de mutilés par écrasementQui sur la place n’ont trouvé ni havreSalut ou abri sur le triste pavement

A l’occasion de la fête du moutonQui célèbre le sacrifice d’AbrahamEn envoyant en enfer plus de deux cents âmes

Jetant ainsi entre toutes les religionsUn pont historico théologiquePour faire au Dieu des mécréants la nique.



L’Andlau

Sous la cité de l’ours coule l’AndlauLarge torrent impétueux fougueuxSes flots limoneux sont tantôt furieuxTantôt calmes durant ses basses eaux

Qui s’allument alors comme cristalDe roche pour ruisseler cristallinesVers les rives herbeuses des collinesLes truites dans cet élément vital

Prospèrent prolifèrent à foisonJoyeuses elles happent cette vieQui passe fugace et qui me ravit

Comme elles j’ai besoin qu’un moucheronPasse sur l’eau vive pour me nourrirDe ton amour heureux à en mourir.



La Saint Valentin

Vols de rouge-gorge chardonnerets moineauxPrésage heureux de mariage dans l’annéeSe font rares en ce milieu de févrierLa canicule les a tués par boisseaux

La loterie de l’amour tire les sept saintsSans vergogne héritage des LupercalesFêtes où le dieu des bergers menait le balLe dieu romain transformé en Saint Valentin

Par la grâce héritée de la chrétientéQui en a fait bien d’autres pour former les couplesQui en a fait bien d’autres en restant bien souple

Qui a su s’adapter avec habiletéAux sentiments païens des filles et garçonsCavaliers et cavalières à l’occasion



« Parlez-moi d’amour »

« Parlez-moi d’amour et surtout de choses tendres »O vous qui êtes la dame de mes penséesMadame qu’au détour de la vie j’ai croiséeSans savoir vraiment à quoi je pouvais m’attendre

La fois là on ne parlait pas de MSTLes préservatifs étaient capotes anglaisesOn ne parlait pas de risques à dieu ne plaiseAutres que d’enfantement pour avoir fauté

En ce temps là le sentiment prenait le pasSur la technique encore bien mystérieuseDes relations amoureuses filles rieuses

Ne vous moquez pas la pilule n’était pasEncore passée par là ce temps d’autrefoisOù se faisaient écho tendrement toi et moi.



Anne

Anne chère Anne aux yeux pleins d’étincellesSi autour de vous certains rabats-joieJalousent vos jambes gainées de soieLorgnant sous la jupe vos jarretelles

Dans l’espoir d’arriver au paradisNe vous frappez pas et dites-vous bienC’est l’envie qui fait bouger les vilainsLeur opinion ne vaut pas un radis

La mini-jupe des années rétroFée callipyge vous va à ravirSi elle fait se lever les désirs

Pour la beauté on n’en fait jamais tropDites-vous que la vie est assez laidePour ne pas l’enjoliver sans son aide.



A la Saint Valentin

A la Saint Valentin les amoureuxEchangent de tous petits billets doux

Puis vont danser le guilledouMain dans la main yeux dans les yeux

A chaque Valentin sa ValentineCavalière pour la vie cavalier

A jamais à l’autre liéLorsque l’augure ailé devine

Dans les cieux la date des épousaillesCouleur rouge gorge ou moineau

Pauvre ou riche vaille que vailleOn s’établit en tourtereaux.



Les oiseaux de Valentin

La symbolique des oiseauxPour la fête de ValentinMe fait pencher c’est très certainAu détriment des étourneaux

Vers les roucoulades des tourtereauxVoire le plumage des rouge-gorgeQui le printemps venu déploient leur gorgePour devant leur belle être les plus beaux

Les chardonnerets ont leur grâce aussiToute de modestie bien faiteBien que sur la tête ils dressent la crête

Ou les moineaux qui ont plus de soucisEt qui piafs sont et resterontEn sifflotant sur tous les tons.



Les amants

Ta culotte blanche roulée en bouleDans le creux de la main au fond du sacTes yeux me répondant du tac au tacTu étais jolie j’en étais maboule

T’en souviens tu nos promenadesDans la campagne alsacienneOù tu es devenue mienneAvaient de vrais airs d’escapades

T’en souviens tu les rets du soirNous protégeaient des indiscretsT’en souviens tu ça me plaisait

T’en souviens tu quand l’espoirDe la jouissance montaitT’en souviens tu je râlais.



Tiphaine

Abidjan Côte d’Ivoire Sélestat FranceD’un continent à l’autre ballottée sans finChassée par la guerre rejetée par les siensTiphaine sort hélas tout juste de l’enfance

Un coup de fil d’Afrique va donc déciderDu sort de cette jeune fille perturbéeLes études en France ou l’Afrique embourbéeSon destin va se jouer sur un coup de dés

Jeune victime de la mondialisationEt de l’égoïsme de ceux qui ont pour tâcheDe la faire grandir dans un monde de lâches

Elle sourit au fil de la conversationRésignée déjà et résignée avant l’âgeAcceptant que sur elle s’abatte l’orage.



Le centenaire alsacien

Un vieillard un poilu âgé de cent sept ansUn vestige de l’antépénultième siècleQui a encore sa tête a richtiga sècleNous parle du Kaiser son empereur d’antan

Qu’ il a honoré à l’école quand enfantIl chantait par cœur chaque matin ses louangesEn ce temps là il ressemblait yo à un angeParlant la langue de l’occupant Allemand

Dépassant s’esch wohr le bail emphytéotiqueIl a parcouru quatre nationalitésDe l’Empire au Reich et puis à la République

Troisième quatrième et cinquième du nomAutant de mondes différents de sociétésParcourus pour l’essentiel au son du canon.



Les icônes

Mes petites madones de tendresseEn pleine gloire portant l’enfant roiAmoureusement peintes sur le boisPoli par un geste repris sans cesse

L’une penchant vers la droite la têtePour câliner l’enfant JésusL’ autre vers la gauche sans plusLe présentant à l’assistance en fête

Me tiennent compagnie tout en veillant sur moiDu moins je l’espère parfoisRetrouvant peut-être la foi

Qui par osmose doit passer de toi à moiComme l’huile de MarinaQu’elle exhale près de Damas.



Carnaval

Mais quel temps de patachonEn ce mois de carnavalOù tous les gens vont au balEt font sauter les bouchons

En ce mois de carnavalVirevoltent les floconsLes giboulées les flonflonsSans en demander l’aval

Virevoltent les floconsEn guise de serpentinsPar d’espiègles lutinsLancés sans trop de façons

Les giboulées les flonflonsSur mon cœur éperdu fondentSentiments dansant la rondeAinsi font et se défont

Sans en demander l’avalSentiments de patachonPourtant vrai temps de cochonEn ce mois de carnaval.



Rosetta

L’Agence Spatiale Européenne ASEDeux cents ans après Champollion Veut déchiffrer l’univers à travers PégaseLe message d’un vagabond

Erratique qui nous vient du tréfonds des âgesUne comète comme celle de HalleyTchourioumov-Gérassimenko dont le passageTous les six ans près de nous comme un feu follet

Doit permettre une chevauchée cosmiqueLa pierre de Rosette des originesInscrite dans sa queue c’est d’un comiqueLa fusée Ariane et les dieux androgynes

Guident le robot Rosetta De Kourou au gros glaçon cheveluQui contient l’alpha le bêta et l’OmegaAugure qui sera peut-être lu.



Al-Hoceima

Le mercredi des cendres et Al-HoceimaNous rappellent hélas que nous sommes poussièresQue nous y retournerons de toutes manièresAvec ou sans secousses séismes ou pas

Quarante quatre ans après celui d’AgadirLe tremblement de terre a ravagé le RifTout le long de ce fossé tectonique actifLe Maroc à nouveau est en train de souffrir

Six virgule quatre sur l’échelle RichterDes centaines de morts blessés et sinistrésPar dizaine de milliers dans cette contrée

De Volubilis à Im Zouren la berbèreDepuis cet épicentre d’Aït-KamaraOù l’angoisse tient secouristes et paras.



Le bon droit

Pour tout l’or de YanacochaPour tous les trésors du PérouVolés autrefois aux IncasDont descend Tupac Amaru

Je ne vendrais la RépubliqueEt toutes ses valeurs laïquesSon humanisme juridiquePour en finir hors dialectiqueAvec le temps passé antiqueThéologico-politique

Ni pour tous les puits de pétroleCet or noir plus ou moins liquideQui souvent la terre désoleN’en laissant que coquille vide

Ni pour les mines de diamantsDont croulent les coffres d’AnversEn ces temps de la fin des tempsDe la société De Beers

Je ne veux pas qu’un jour soient loiLes textes de la ChariaNi ceux bien sûr des USAJe ne fais pas feu de tout bois.



Ce que je ne veux pas

Le droit à la différence n’est pas la différence des droitsLa Déclaration des Droits de l’Homme des pères Fondateurs de notre République j’espèreRestera pour tous mes descendants le bon droit

Pour Léo je ne veux pas du turban Je ne veux pas du haïk pour Lola

Ni voile islamique ni hidjab ni burkaNi fanatiques intégristes talibans

Si je ne sais pas encore ce que je veuxJe sais du moins ce que je ne veux vraiment pas

N’est-ce pas là déjà faire un grand double pasVers un état dont les citoyens sont heureux.



Année bissextile

Trois cent soixante six jours de bonheurs ou d’ennuisUn jour de plus que nous devons à Jules CésarEt au Grand Pontife dans les règles de l’artTous les quatre ans grâce à l’annus bissextilis

Mise au point par le grec Sosigène astronome D’Alexandrie qui eut lors l’idée toute bêteDe la journée intercalaire quelle têteMais le quart ne faisant pas de l’année la somme

Tous les mille ans l’homme perdait une semaineLors vint Grégoire treize et son calendrierGrégorien qui sut ajuster et trier

Les années multiples de cent cependant sainesQui sans être des multiples de quatre centsPerdureraient tous les quatre ans au fil des ans.

NB : La marge d’erreur n’en reste pas moins de 0,0016 secondes par siècle ce qui ne me perturbe pas trop puisqu’il me faudrait vivre 10000 ans pour subir un décalage de trois jours.



Schievas, schievesschläuje

Un symbole de bois incandescentCe soir fait tournoyer les étincellesAutour de la baguette une coupelleUn disque de bois rouge rubescent

Célèbre l’équinoxe de printempsSur le rocher moussu des anciens celtesS’active le jeune homme leste et sveltePour chasser les démons de l’ancien temps

Faisant tourner le schievas et sa queueDe comète il illumine les cieuxEt du même coup envoie tous ses vœux

A sa belle pardessus monts et creuxScellant ainsi en secret son amourDe la vie malgré la fuite des jours.



Les cigognes

Les cigognes claquent du bec C’est que le temps revient au secSur leur perchoir elles surveillentL’apparition du soleil

Leur lancinant djidiridouDes âges premiers d’origineFait tomber la dernière bruineDans un seul mouvement du cou

En gardiennes de la citéElles veillent sur SélestatSemblant fières de leur état

Connaissant la félicitéEntre Saint Georges et Sainte FoyLes deux grands piliers de la foi.



Handicap

La loi sur les personnes handicapéesAu Québec elles sont exceptionnellesAu Sénat prend des airs de ritournelleAvec ses amendements ses ratés

Les paroles fusant dans l’hémicycleMartèlent le droit à compensationLa solidarité de la nationElle aurait pu être la loi du siècle

Elle ne sera malheureusementQu’un bavardage une désillusionPour avoir validé la création

D’un accueil et d’un accompagnementDans les maisons de tout départementElle n’aura pas amnuit mon tourment.



Claude Nougaro

Un poète de plus s’en est alléRejoindre la cohorte de tous ceuxQui banquètent déjà là-haut aux cieuxS’empiffrant de mots doux ou bien salés

Ce p’tit noir cathare je l’aimais bienCar c’était un pays de mon grand pèreQui marchait dans la vie le nez en l’airA l’affût des mots chantés pour les siens

Un poète de moins sur cette terreJ’en suis navré pour Toulouse la rosePour le Capitole en berne et morose

Qui continue de swinger sur son erreEnvers et malgré tout en vraie symbioseAvec celle que la Garonne arrose.



Pantalonnade

Savez-vous mesdames qu’une bien vieille loiLe siècle dernier tombée en désuétudeDont l’annulation n’est toujours pas à l’étudeVous oblige à demander au Préfet le droit

De porter ce pourquoi se sont battues jadisMoult femmes célèbres de notre douce FranceJeanne D’Arc la pucelle s’est battue la lanceEn avant l’épée levée jusqu’à son supplice

En hauts de chausses interdits par son évêqueAurore Dupin de Francueil ou George SandQui en son temps trois fois hélas au roi quémande

Le droit d’aller à sa façon comme les mecsEt plus près de nous les trois Simone d’espoirWeil la Signoret et Simone de Beauvoir.



Aubade de la gent ailée

Bien avant le lever du jourC’est le coq qui le premierPousse son cri érailléPour égayer les alentours

Faisant fuir les oiseaux de nuitDont le chant modulé crouleAu lit je me mets en bouleEt mes rêves nocturnes fuient

Sur l’ultime stridulationDe la hulotte chevêcheQui rentre au nid à la fraîcheA la grande satisfaction

De toute une populationDe souris et de mulotsPendant que le fin grelotDu merle se met en action

Quand le hautbois des tourterellesChante son djidiridouLancinant têtu et douxEn contrepoint la ritournelle

Des mésanges charbonnièresFait bruire ses picatasBien soulignés sur le tasPar les coups d’estoc du pic-vert

Au loin les cigognes claquètentEn renversant leur long couPour s’élancer tout d’un coupVers les champs objets de leur quête



Puis le filet mélodieuxDes passereaux des pinsonsSe fait suave chansonPendant que du très haut des cieux

Tombe le triste grondementD’un aéronef qui passeEn me réveillant hélasSur le moment complètement.



Un coin de poésie sur le coin des poètes

Je me souviens lorsque j’étais enfantC’était le plus souvent au fond du litQue je passais mes jours avec ennuiNe pouvant apercevoir le ciel blanc

A cause des trop lourds rideaux tirésJe m’étais inventé un coin choisiC’était un peu comme mon ciel de litOù les farfadets partaient en virée

Le long du tuyau de plomb qui couraitD’un angle à l’autre de la pièce sombreCulbutes et cabrioles dans l’ombreD’une vie malicieuse les paraient

Ainsi grâce aux quatre coins de ma chambreA quelques protubérances changeantesAinsi qu’à leurs formes évanescentesJe parcourais le monde sur mes membres

En aventurier imaginatifJe façonnais le réel de mes contesA dormir debout dans mon lit sans hontePour que la poésie pointe le pif

En métamorphosant mon coin de litEn un coin béni de la poésieRendez-vous de toutes les fantaisiesTellement nécessaires à toute vie.



Dominick Arduin

En route vers le point zéro du NordDominick Arduin tire son traîneauTout comme elle ferait d’un baleineauFrappé sur la grève de malemort

Sa course en solitaire de l’extrêmeLa conduit vers le royaume du froidOù la neige et la glace font la loiLe jour du soir au petit matin blême

Depuis trois jours son émetteur s’est tuDans la mortelle blancheur de l’ArctiqueUn caprice météorologique

Un pépin suffisent pour qu’on se tuePour qu’une femme d’honneur disparaisseEngloutie sous des tonnes de détresse.



Poésie ?

La poésie m’est aussi nécessaireQue mon verre d’eau matinalQuoique inutile elle reste vitaleA respirer comme un bol d’air

Qui me revigore en haute montagneA l’heure où l’astre solaire se lèveEt que le flux et reflux de la sèveMonte d’un coup du vivant et me gagne

Tout en rythmant à grands coups de boutoirTam-tam primitif des temps d’origineOu moulins à prières de la Chine

Le verbe tout puissant signe d’espoirDe la transmutation spirituelleDe la condition humaine charnelle.



Attentat à Madrid

L’Espagne est en souffrance et me fait mettre en berneLes oriflammes européens et françaisAu fronton du collège qui ploie sous le faixD’un deuil indicible pour notre Europe en germe

Quels que soient les criminels qui ont fait celaIls n’obtiendront jamais le pardon de leurs fautesDu moins j’en ai l’espoir car quand ainsi on ôteLa vie de ses prochains fût-ce au nom d’Al Quaida

On ne mérite pas au nom d’un dieu vengeurLa moindre pitié ou la moindre compassionL’espoir d’un monde nouveau sombre dans l’action

Seules tombent sur nos plaies les larmes du cœurIl pleut sur Madrid il pleut du sang sur la ville Il pleut dans nos cœurs car tout cela est trop vil.



L’espoir fait vivre

De tous temps j’ai eu l’espoir chevillé au corpsL’espoir fait vivre l’espoir d’un monde meilleurOù tous les hommes auraient la main sur le cœurMême s’ils sont accablés par le mauvais sort

C’est à la fois leur force double et leur faiblesseL’espoir fait vivre l’espoir du Dieu vivantJe n’ai rien à perdre sinon l’espoir latentQu’il existe vraiment un divin de tendresse

En ces temps du printemps des poètes l’espoirDes lendemains qui chantent leur chanson heureuseEn courant dans les prés au milieu des scabieuses

Les yeux dans les étoiles dés que vient le soirLa tête dans la lune ou dans la nébuleuseDu fin fond de l’univers dite Bételgeuse.



Johnny

Johnny Johnny ah ! que oui!Ah que non! Que non ! que non !

Sept heures de confrontationDevant Eric de MontgolfierJe ne sais si l’on peut s’y fierA lancer des accusationsEn campant sur ses positionsJohnny Hallyday le RockersA beau être en bonne santéC’est dur pour sa réputation


Les portes du pénitencierNe peuvent pas se refermerSur celui qui l’avait chantéA toute ma générationAvec une grande passionIl mérite la protectionDe tous ses fans ses affidésPour avoir été abusé




Attentats en série en un quart de siècle

13 août mille neuf cent soixante dix huitBeyrouth au Liban deux cents mortsLe 20 du même mois et de la même annéeAbadan en Iran plus de 400 mortsLe 23 octobre 1983Camions suicide piégés à Beyrouth Liban 300 mortsLe 23 juin 1985Attentat sikh Un boeing 747 d’Air India tombe en mer d’Irlande 329 mortsLe 21 décembre 1988Un being 747 encore explose au-dessus de Lockerbie en Ecosse270 mortsLe 7 août 1998Kenya-Tanzanie 224 morts10 août 2001Angola 260 mortsLe 11 septembre 2001Le World Trade Center à New York Le Pentagone à Washington3000 mortsAl-Qaida Puis en 2002 la Jamaah Islamiyha en IndonésieEt puis l’Irak à Bagdad à KerbalaLes morts s’entassentS’ajoutent à tous ceux de Serbie du Rwanda d’Algérie des PhilippinesDe Casamance du Congo du Zimbabwe du Tibet et d’ailleursQuel gâchis Que de crimes contre l’humanité Que de vies briséesQue de sang versé sans raisonQue de Mozart assassinés avant l’âgeQuel gâchisEt quelle hontePour Dieu Qui n’y peut mais.



Le printemps en avance

Le printemps en avance exploseEt gonfle le cœur d’espéranceCette année peut-être la chancePourra-t-elle sourire aux roses

Les oiseaux ne s’y trompent pasLes pinsons prennent des couleursPour orchestrer leurs coups de cœurEn sortant joyeux des frimas

Le soleil de l’est encor pâleRéchauffe déjà l’atmosphèrePour faire revivre la terre

Et nous recouvrir de son hâleUne fois de plus la saisonDes amours reprend sa chanson.



L’espoir qui se casse la gueule

EspoirEspérance Espérer sperare spero j’espèreEsperantoHopeWunschenTour de Babel hélicoïdaleTour de Babel vis sans finQuand seras-tu abolieQuand t’écrouleras-tu sous ton propre poidsQuand partiras-tu en couilleVictime consentante de ta logorrhéeQui dégouline des cieuxSous la forme du Verbe fait DieuDégringolantDans un fracas du tonnerre de DieuTintamarre divinPonctué de silences en creuxTout du long de l’échelle de Jacob.



A l’aube

Une goulée d’air frais mon dieu que c’est donc bonLe matin au lever quand il fait beau soleilQue le monde nous abreuve de ses merveillesEt que reprend en ritournelle sa chanson

Le merle siffleur inlassable dés le jourPour célébrer la renaissance du printempsMa terrasse et mon jardin tous deux se font chantPour répondre en écho à la saison d’amour

Qui voit refleurir d’un coup les jupes légèresSe jouant dans les rues des vents coulis coquinsPour me laisser las à chaque fois sur ma faim

Quand un parfum de mimosas flotte dans l’airMon dieu que les femmes en corolles sont bellesCes femmes fleurs où je veux butiner mon miel.



A Dieu

Il m’arrive d’être tentéPar le pari de PascalAlors contre Toi je râleSeigneur car cette liberté

Que Tu offres à l’humanitéEst cadeau empoisonnéTa créature emprisonnéePour toute l’éternité

Dans l’enfer de sa conditionCrie sa révolte et son amourEt sa souffrance au jour le jour

Sans attirer Ta compassionTu es aux abonnés absentsHélas depuis bien trop longtemps.



Des bouchons pour un fauteuil

Remplissent remplissentLes cartons qui se plissent

Les bouchons de plastiquePour que se dupliquentFauteuils d’hémiplégiquesDe paraplégiquesDe tous les gens en gique


De bouchons de couleurPour qu’un coup de cœurFasse un peu le bonheurDes frères et sœursPlongés dans le malheur


De tout petits bouchonsRemplissent un camionC’est pas très folichonMais c’est pourtant bonQuand on veut faire un don


C’est plutôt rigoloEt le geste est beauIl permet un cadeauAux gens qu’ont pas d’potSans en faire des seaux




En plus c’est écoloGâte pas les eauxLa terre aura moins chaudLes éconocrocsNe seront pas de trop


De cartons en cartonsOn fait un cartonAvec l’opérationDes petits bouchonsPour que leurs picaillons

Remplissent remplissentLes cartons qui se plissent.



Ludmila

Ludmila tchérina n’est plusLa danseuse étoile est morteElle a frappé à sa porteLa camarde qui toujours tue

De fouettés en entrechatsToujours dans ses ballerinesDroite comme une tsarineAvec la souplesse d’un chat

Elle est passée dans cette vieDu théâtre au cinémaEn passant par l’opéra

Partant des ballets de ParisElle a su créer l’art totalMi ange ou démon fatal.



Gouvernement ter

D’un gouvernement à l’autreOn prend le même on recommenceSans s’occuper de la FranceOn ressert les mêmes apôtres

A l’opinion qui n’en veut plusAux électeurs des régionsQui tout en bloc leur ont dit nonVos réformes ne plaisent plus

Il serait temps de mettre finO monsieur le PrésidentA votre trop triste présent

Jetez Sire RaffarinToute sa clique de comparsesAu rebut en fin de farce.



Poisson d’avril

Petit poisson rieurTourne en rond sans se lasserAvec beaucoup de cœurEn souvenir du passé

Il fait le tour du mondeSur place autour du bocalTourne tourne la blondeQu’il entraîne dans le bal

Tourne tourne la vieQui passe jusqu’au trépasAu fil de ses entrechats

Tourne tourne la vie Qui passe pour toi et moiComme pour le poisson chat.



Chanson sur quatre tempsNous avons tous besoinD’un recoin d’un petit coin

Dont nous prenons bien soinPlus ou moins de loin en loin

Le mien est de poésieSur un coin de la toileIl bécote les étoilesPour leur sucer la vie

Nous avons tous besoinD’un recoin d’un petit coin

D’un boudoir d’un cabinetOù tutoyer les dieuxLes yeux perdus dans les cieuxSurfant sur l’internet


La neige du magnoliaRecouvre le jardinDe pétales câlinsVeinés de rose sépia


Ainsi l’amour de la vieComme un amour de femmeNous revigore donc l’âmeEn coin de poésie




C’est sur le coin des poètesQue nous suçons la moelleLa substance des étoilesPour un banquet de fête

Nous avons tous besoinD’un recoin d’un petit coinDont nous prenons bien soinPlus ou moins de loin en loin.



George

George Sand née Aurore Dupin de FrancueilBaronne Dudevant mariée à son grand damDu dix neuvième siècle la plus grande dameDu Panthéon très bientôt franchira le seuil

Née à Paris il y a bientôt deux cents ansDescendante directe d’un roi de PologneEchouée en Berry non loin de la SolognePrès de La Châtre en Indre au château de Nohant

De Consuelo aux sept cordes de la lyreDe son premier amant à Frédéric ChopinElle fut fidèle aux thèses de Ledru-Rollin

Et nous donne une multitude d’œuvres à lireOù l’engagement le dispute au poétiquePassant par Pierre Leroux l’ami utopique.



La Pâque juive

La Pâque juive est l’occasionDurant quinze jours de l’annéeDe livrer à la propretéTous les intérieurs des maisons

Les linges blancs recouvrent toutComme le don du pain azymeDans le désert par ElohimShema Israël tiens debout

La prière trois fois par jourPurifie tous les cœurs et l’âmeQui de sept à huit jours se pâme

Selon la haggadah l’amourDe la liberté fit PessahQuand le vin d’Elie on versa.



Kigali 2004

Se sont-ils couverts d’infamie à Kigali Les soldats français de l’opération TurquoiseOu sont-ce les fous de l’autre bord qui dégoisentPour refaire de l’intolérance le lit

Tenter de justifier le génocide ethniqueCe crime horrible contre notre humanitéOu rongés par les remords croient-ils reporterLeur faute sur des soldats à l’armée éthique

Toutes les trois minutes un assassinatPendant trois longs mois pour engraisser les charniersA la machette par centaines de milliers

Ont volés en l’air les têtes les mains les brasNe me dites pas que mon pays est compliceDe cette horreur infâme de basse police.



Urbi et Orbi 2004

La bénédiction Urbi et Orbi du PapeRésonne lugubre sur la place Saint PierreY frissonnent les fleurs disposées en parterreCar la paix en Irak est passée à la trappe

Les trompettes de guerre en écho aux tamboursD’un bout à l’autre de notre planète bleueOù depuis si longtemps nous voulons être heureuxSonnent pour tuer l’espérance de l’amour

En ces temps bénis de renouveau de la foiComme Christ ressuscité refusant la mortLes hommes avant d’arriver au dernier port

Feraient bien de transformer son amour en loiPour ne pas sombrer dans le mal sans rémissionAu nom de la nation ou de la religion.



A Sylvie Botter, artiste peintre d’Obernai

En aquarelles ou sur toiles d’acryliqueEt parfois à l’huile ou à la cire brosséeL’artiste peintre dans l’objectif de hausserLes formes et les couleurs en Art Poétique

Métamorphose le monde réel trop laidA son goût dans son filtre le faisant passerDe l’imaginaire il n’a jamais assezIl recrée l’environnement qui lui déplait

Ainsi naissent ses œuvres au printemps nouveauEclosent les chairs nacrées et rondes et blondesComme pétales de magnolia qui abondent

En cette saison de résurrection du beauDe la plus belle eau ses créations et ses toilesRivalisent en éclat avec les étoiles.



La loi

La loi e st très dure mais c’est la loiDura lex sed lex Elle ne se marchande pas de droitDura lex sed lex

Quand nos députés ont parlé votéDura lex sed lexElle s’applique et sans hésiterDura lex sed lex

C’est l’esprit des lois qui vraiment importeDura lex sed lexEt c’est aussi ce qui la rend plus forteDura lex sed lex

Les compromis sont des compromissionsDura lex sed lexEt ce n’est pas là sa noble missionDura lex sed lex

Le voile islamique n’est pas du toutLe signe folklorique de MayotteCe dernier très traditionnel me botteLe voile lui relève de la fauteContre l’humaine condition c’est fouUn signe politico-religieuxMais qui n’a rien du tout de religieuxNi folklorique ou même religieuxVeut établir la charia partoutPour un monde de mâles vraiment fous.



Oasis

La photo nue en noir et blancTransmuée par l’artiste Des couleurs prend la pisteComme des formes par grands pans

Dans leur texture cristallineLes nappes d’eau ruissellentEn belles cascatellesEclaboussant de gouttes fines

Les mains tendues de l’inconnueQui offre son visageAux fraîcheurs du rivage

La vie s’empare des seins nusSon élan créatifRend l’artiste inventif.



Le porche

En soutenant l’arche la jeune femme nueDessine en arabesque une ligne très pureLe trait primordial de ceux qui ont la main sûreDe ses fesses à ses dix doigts pointant les nues

Elle exhale en harmonie la beauté sereineDes déesses primitives de l’ancien tempsDans le plus simple appareil comme les enfantsEt retient la voûte des cieux comme une reine

Sa chevelure brune tombant en cascadeDans le creux de ses reins la nuque renverséeLes paupières chastes fermées les seins dressés

Elle devient Vénus Callipyge ou naïadeMétamorphosée par la magie de ton artRivale des dieux qui nous la montrent sans fard.



La Lorelei

La belle était nue elle dévoilait ses charmesSans pudeur aucune en toute innocenceTout droit sortie du monde de l’enfanceElle fourbissait encor ses premières armes

Prête à en user et abuser pour séduireTous ceux qui passeraient à sa portéeAyant besoin d’être réconfortésPar ses yeux étincelants qu’elle faisait luire

Tels des phares jumeaux attirant les marinsQui par gros temps dans les flots s’abîmaientQuand sa chanson magique s’élevait

Que les brumes se déchiraient dans le lointainPour révéler d’un seul coup sa beautéEclatant dans toute sa nudité.



Le vieux rosier et la monnaie du pape

La monnaie du pape à fleurs mauves feuilles rondesSupplante le vieux rosier mourant faméliqueDans un recoin de la terrasse rouge briqueElle le voit mourir dans la lumière blonde

Du soleil qui malheureusement n’y peut rien A profusion durant de très longues annéesIl nous a fait cadeau de roses surannéesD’un rouge sang écarlate comme seul bien

Du printemps à l’automne triomphant modesteEt royal à la fois la joie des puceronsEn attestait ainsi que leur ventre bien rond

Il nous offrait ce que l’autre petite pesteQui reprend sa place laissée hélas vacanteNe pourra ja payer en monnaie trébuchante.



Creutzwald

La dernière mine de charbon en LorraineVient de fermer ses portes au puits de la HouveCette fois c’est bien la mélancolie qui couveAu fond du cœur des gueules noires dont la peine

De mille huit cent cinquante six à nos joursNe fut guère ménagée pas plus que les deuilsLa mine prenait les hommes passant son seuilEt les hommes se prenaient pour elle d’amour

Comme d’une femme aux entrailles généreusesQu’ils fouaillaient malgré les gros coups de grisouIls s’enterraient au fond pour gagner quatre sous

Pour tourner la page des années malheureusesPourtant bien heureuses dit l’ancien chef porionLes enfants du charbon font fête à la nation.



Shadocks

Les Shadocks ont arrêté de pomperEt d’un seul coup ils se sont dégonflésLas on ne les entendra plus ronflerNostalgie d’une sagesse pompier

Car leur gourou les a laissés tomberSa pompe à lui lui ayant fait faux bondA son corps défendant qu’il avait bonJe regretterai leur ventre bombé

D’un appendice nasal surmontéTaillé en pointe comme un stylo BicEt leur façon de lancer loin leurs piques

Tout en pompant dur sans se démonterD’une voix criarde très obsédanteImagerie d’une vie basculante.



Les cigognes d’Alsace

Le ballet des cigognes est le signeInscrit dans les cieux de la renaissanceDe toute vie qui repart dès l’enfanceUn clin d’œil malin par- dessus les vignes

Craquètements par-dessus les clochersEnvolées d’envergure blanches noiresSoulignées d’un bec rouge clown de foireAvant de choisir l’endroit où nicher

Pour y pondre ses œufs et les couverJusqu’à éclosion d’un cigogneau nuPlus chétif que tous les êtres connus

Mais que la chance peut parfois sauverS’il ne pleut pas trop s’il ne gèle pasOu si de son nid il ne tombe pas.



Herrlisheim o weh !

J’ai honte pour l’Alsace mon pays d’enfanceL’Alsace mon pays d’enfance me fait honteLe tendre pays des légendes et des contesCette nuit a perdu hélas son innocence

Par la faute crime d’abrutis qui se croientTout le sel de la terre parce qu’ils sont blondsIssus de la cuisse de Jupiter les consNe savent-ils pas que tous les humains sont rois

Et que l’humanité les rend égaux en droitQu’ils soient blancs noirs jaunes rouges ou même vertsIls rejoignent tous à la fin leur cimetière

Quelles que soient leurs idées leurs croyances leur foiIls ont droit à un coin de repos de respectPour leur passage ici-bas dans l’amour la paix.



Europe

L’Europe aujourd’hui s’est agrandie de dix membresSoixante années après le grand démembrementQuinze ans après la guerre froide avec l’OTANLes pays de la Baltique coulés dans l’ambre

Ont rejoint tous ceux de la MéditerranéeL’île de Chypre de Malte feront le pontPeut-être si un jour prochain nous le voulonsAvec le vieux continent des millions d’années

Quatre cent cinquante millions de citoyensRéconciliés enfin se prenant par la mainPour l’instant du Nord au Sud unis font la fête

Et dansent une farandole de l’unionPour fédérer d’Europe toutes les nationsL’hymne à la joie du grand Beethoven dans la tête.



Virus

Le virus Sasser petit ver morbideFait des siennes sur le netComme un grand goulu il têteLa mémoire des disques durs perfide

Il s’insinue sournoisement discretDans le dédale des pucesSans en avoir l’air il suceLes données comme si c’était du lait

Microsoft son terrain d’électionRéagit mais n’y peut maisRien qu’en ce début de maiFleurissent les différentes versions

De cette abominationDont les hackers sont wantedContre une prime torridePour toute délation.



Alice

Alice la femme bedeau de mon enfanceAvait un air niais avec son grand chignonSon rire gras son regard à bouffer du sonDans ses cotonnades noires sentant le rance

Elle oeuvrait à l’église sans faillir le jourEpoussetant balayant cirant et grattantLes coupelles des chandeliers de métal blancMais quand venait la nuit dans ses pensées l’amour

Prenait toute la place en faisait la nymphoDe la ville entière et de tous ses environsChatte en chaleur elle était à disposition

De tous les mâles en rut difformes ou beauxQui voulaient bien la besogner jusqu’à jouissanceTrès complète qu’elle allait confesser en transes.



Mille neuf cent cinquante quatre

Dien Bien Phu la fin d’un empire colonialLa fin de l’hégémonie française d’antanSéparation des rouges noirs jaunes et blancsEn cascade les asiatiques ouvrant le bal

Mille neuf cent cinquante quatre an du changementDu commencement de la mondialisationRévolte très sanglante contre l’oppressionMille neuf cent cinquante quatre chambardement

Et révolte aussi des miséreux de tous bordsConduits par l’abbé Pierre ou ATD Quart MondePour défendre l’humanité en ce bas monde

Et ses valeurs contre les mauvais coups du sortSix milliards d’êtres humains se tenant la mainCheminent vers l’utopie du monde demain.



La Faute

La préposition à accent grave disparaît De la langue quotidienne de nos élèvesHélas tout comme la Convention de GenèveDe l’esprit puéril des soldats de la paix

Les uns et les autres font les grands étonnésQuand un rappel à la règle se fait pressantIls s’empressent lors de jouer les innocentsClamant qu’ils ne savaient pas faut pas déconner

Que les premiers soient déformés par la téléTrop peu soucieuse du parler académiqueC’est dommage mais c’est pas une faute éthique

Alors que les seconds viennent révélerQue l’ignorance des valeurs fondamentalesDe l’humanité aboutit toujours au Mal.



Le Darfour

Le Conseil de sécurité s’est penchéA l’O.N.U il faut l’oserA tête froide et reposéeSur le Darfour et ses lynchés

Sur le Soudan terre d’AfriqueDepuis si longtemps torturéeDans son silence bien muréL’Occident blanc jamais ne tique

Quand les nettoyages ethniquesQuelle association dans l’horreurDes mots des faits et de la peur

Frappent l’un des peuples d’AfriqueIl hésite à le qualifierCrime contre l’humanité.



Poésie et poète

La poésie est au cœur de l’hommeAu cœur du mondeAu centre de toutEpicentre et colonne vertébraleMat de cocagne Erigé en érection Comme membre priapiquePerpétuellement turgescentQui dans l’extase de la jouissanceArrose de mots éblouissantsLe morne déroulement de nos existences terrestresLa poésie est un volcanDont la lave incandescente rabote les collines les plainesLa poésie est un séismeQui engloutit les montagnesCreuse les abyssesComme autant de cicatrices douloureusesD’une évolution vers la vieillesseLe poèteEst le maître d’œuvreCelui qui met en ordre les mots pour dire le poèmeL’accoucheurL’obstétricienLa sage femmeQui poussent en chœur au cri primal des origines.



Outreau outré ou trop

La chape de plomb de la justice est tombéeSur les accusés qui hélas n’en peuvent maisLeur entôlage las ils n’oublieront jamaisNi les sordides et injustes retombées

D’une affaire de pédophilie sur leur vieComplètement massacrée tuée dévastéePar la faute d’un juge au jugement gâtéQui s’est pris pour dieu ou pour le nouveau messie

Ce faisant il a détruit tout impunémentLes treize familles maintenant démembréesSur son intime conviction hélas cambré

Rien ne pourra jamais au grand jamais du tempsRacheter hélas cette faute criminelleS’il est vrai que leur innocence est bien réelle.



Mariages princiers

Les princes héritiers d’EuropeDu Danemark jusqu’ à l’EspagneFont grimper au plus haut le topDe la roture qui y gagne

Sa gloire par les épousaillesD’un genre nouveau populaireEt qui pousse vaille que vailleLes princes vers les roturières

Les unions d’intérêt font placeEn ce troisième millénaireEt cela sans perdre la faceA cette pantoufle de vair

Des contes de fée de l’enfanceOù l’amour est roi avant toutNous en avons tous souvenanceComme un opéra de quat’sous.



Pentecôte 2004 vœux pieux

Que la flamme de la pentecôte descendeSur tous les fronts chefs de chefs d’organisationsSur toutes les têtes dirigeant les nationsPour que la paix enfin l’humanité transcende

Que la flamme de la pentecôte descendeSur le front des hommes de bonne volontéEt qu’elle éclaire de sa divine clartéL’esprit de l’humaine condition las en cendres

Que la flamme de la pentecôte illumineLe regard des hommes des femmes et enfants Que dans les yeux blessés de tous les innocentsL’étincelle de la joie divine fulmine

Et que descende comme au fond d’un puits de minePour y être enseveli enfin à jamaisLe feu de la guerre et du mal que l’homme faitPour y être là métamorphosé en ruine.



Crépuscule

La clarté diffuse qui tombe des nuéesMet en relief comme en un tableau d’aquarelleLes objets d’une nature qui se fait belleA u crépuscule après l’orage ensoleillé

Un trait de khôl sombre souligne l’horizonLa terre au regard embué et langoureuxExhale lascive tous les lavis brumeuxOù se noient les couleurs formes et pastels blonds

C’est l’heure évanescente attrapée par la queueC’est l’instant fugace qu’il ne faut pas raterC’est l’instantané devenant éternité

Quand il sombre dans l’abîme de l’azur bleuOù toute la lumière se fait perfectionEt que fulmine l’étincelle de passion.



La pluie

Le bruit de la pluie claque sur le carrelageDe notre terrasse comme sur un tambourLancinant djembé djideridou au son sourdO musiques qui nous viennent du fond des âges

O pulsions primales de notre humanitéO rythmes éternels de ce jardin d’EdenQue nous avons hélas troqué contre la peineMoteur par le travail de toutes les beautés

Dont nous avons encor et toujours souvenanceAu fin fond de notre être rassis en plein cœurAu fond de nous-mêmes où se trouve l’âme sœur

Que nous avons perdue sur le seuil de l’enfanceLa terre gorgée des pleurs tombant des nuéesSe noie de chagrin pour la triste humanité.



Vénus

Grain de beauté mouche agaçanteVénus tous les cent ans fait un câlinAu vieux soleil qui en a bien besoinPassant devant lui toute frémissante

Son ardeur lui brûle le teintDe rose elle devient la Vénus noireAux charmes épicés d’Afrique noireSceau d’amour passé au feu saint

De la source de vie de l’universSymbole de l’élan vital premierMouche du coche qui fait avancer

Les hommes et les femmes de la terreDepuis longtemps l’un par l’autre attirésAfin de croître et de multiplier.



Ray Charles

Ray Charles le pianiste aveugle est mortSon grand sourire planté sur les dentsAvec son entrain turbulent d’enfantEt son humour contre le mauvais sort

Qui lui faisait dire qu’il y a pireAux Etats-Unis que la cécitéCe handicap y a droit de citéBeaucoup plus que la noircité aux dires

De tous les descendants d’esclaves noirsLui l’aveugle aux grosses lunettes noiresAvait la chance de ne pas pouvoir

Se voir tout noir noir sur son piano barOù il chantait sa soul très tard le soirPour de la musique chanter la gloire.



No comment

Les nouvelles m’encrassent le cerveauLes news no comment no comment les newsDès le réveil las me filent le bluesN’y parlera-t-on donc jamais du beau

Du tendre du doux de paix et d’amourY montrera – t-on donc toujours du sangFera-t-on toujours pleurer les enfantsLa douleur se déversant chaque jour

Inonde les écrans du vaste mondeLas le mal est plus payant que le bienDe la vie et de tous ses petits riens

Le diable chasse à courre sur les ondesDe l’Irak au Darfour à l’ArabieLes hommes sont las saisis de folie.



Solstice d’été

Le solstice de l’été m’élance le cœurPar ses augures de mort subite annoncéeLa vie en pleine renaissance est défoncéeComme une horloge qui ne donnera plus l’heure

La canicule las qui pointe à l’horizonPrélude à la sécheresse des sols du cœurEt de l’âme de ceux qui sont frères et sœursSur cette planète du Sahel aux Frisons

Mais qui se comportent hélas comme des scorpionsS’injectant par bêtise leur propre veninD’un tour de queue d’un tour de dard d’un tour de reins

En oubliant que nous ne sommes que les pionsD’un échiquier planétaire auquel jouent les dieuxTout puissants de ce bas monde si loin des cieux.



Kim Sun-Il

Je ne veux pas mourir i do not want to dieLe cri déchirant du jeune homme kidnappéN’a pas été entendu par l’horreur happéDans l’autre monde sur son col las le sang caille

Je ne veux pas mourir i do not want to dieFace déformée par le rictus de la mortFatale il se révolte contre le sortDont le menacent ses bourreaux vaille que vaille

L’horrible folie de l’homme atteint son sommetD’inhumanité en égorgeant froidementSon semblable son prochain son frère innocent

Détruisant la vie de ceux qui n’y peuvent maisAu nom de la guerre sainte et las de son dieuQui n’a ni détourné leur bras ni las ses yeux.



Joyeux anniversaire George

C’est ma chère George à deux siècles de distanceQue je souhaite à l’écrivain épistolièreA la romancière un heureux anniversaireA l’Aurore Dupin de Francueil de l’enfance

Bercée en doux Berry au château de NohantNon loin de Châteauroux en Indre en pleine FranceTout près de La Châtre aux souvenirs parfois rancesAu gai Paris de la baronne Dudevant

Devenant par la grâce de Jules SandeauUne femme libre en ces temps de changementsSous le pseudonyme de George Sand mentant

Ainsi sur son sexe caché sous le boisseauMais en pleine floraison quand surgit l’amourOu la poésie qui égrenaient tous ses jours.

(Il y a deux cents ans,le 1er juillet 1804, est née la petite Aurore qui devint la romancière de génie de Consuelo et la Comtesse de Rudolstadt, de Lélia, de Mauprat, la dramaturge des Sept Cordes de la Lyre, l’inépuisable épistolière aux 18000 lettres, la mécène de toutes les utopies de son siècle, celle qui n’était intéressée par les Louis d’or que dans la mesure où ils permettaient de faire progresser les idées ainsi que la société.)



Independance day

La célébration de l’Independance dayAprès le onze de septembre deux mille unTrois ans de deuil furent utiles à chacunPour recouvrir le World Trade center d’un dais

Et en faire un autel aux trois mille victimesExpiatoires de la bêtise de l’hommeEt las de la cruauté de tous les pogromsA l’ambition cette année d’atteindre des cimes

Que les States n’ont jamais franchies à ce jourCinq cent soixante seize mètres s’élançantVers le ciel transpercé d’une flèche de sang

Sur sa pierre d’angle de granit une tourEncore plus démesurée que les deux autresFera un bras d’honneur aux terribles apôtres.



Sacha Distel

Sacha Distel chanteur de charme Crooner frenchie gominéDiscrètement s’en est alléDéclenchant des torrents de larmes

Ses œillades et sa voix chaudeNe berceront plus les mamiesPrêtes à toutes les foliesPour twister le swing à la mode

Monsieur scoubidou bidou ahNe vendra plus pommes ou poiresSur ses disques de vinyl noirs

Monsieur scoubidou bidou ahS’en est allé au plus grand damDe la population des dames.



Centaines d’amour (Souvenir de Pablo Neruda)

Centaines d’amour écritesBien avant que tu ne me quittesCentaines d’amour chantéesAvant que viennent me hanter

Tous les jours défunts d’antanNous étions encor des enfantsNous nous aimions tant heureuxJe plongeais mes yeux dans tes yeux

M’y noyais avec délicesUn chevalier entrant en liceSaluant haut yeux baissés

La gente dame des penséesCentaines d’amour hommageAux années folles les moins sages.



L’homme errant

Invité de la vie il va de porte en porteFrapper au carreau de chaque seuil de maisonQu’il franchit parfois à l’invite en quelque sorteDu sourire accueillant d’un hôte sans façons

Ainsi depuis plus de deux mille ans il sillonneDe long en large la planète sans relâchePar chance il trouve parfois la place bonneMais d’autrefois si mauvaise qu’elle le fâche

Alors son bâton de pèlerin à la mainIl reprend la route caillouteuse à souhaitEn quête ultime d’un dernier havre de paix

Jusqu’à ce qu’il trouve à un détour le cheminSablé d’or bordé de fleurs en guise d’amourQui conduit au bonheur de vie jour après jour.



L’homme de l’air

L’homme de l’air joue la fille de l’airSans racines pour fixer Le corps et l’âme luxéeSans arrêt il va sans en avoir l’air

A la recherche d’un monde meilleurSur ses deux jambes il courtParfois il a le cœur lourdLourd de tous les petits et grands bonheurs

Accumulés dans ses nombreux voyagesEt las perdus hors mémoireAinsi arrivé au soir

De sa vie d’errant percluse par l’âgeIl pleure les douces chaînesDe toutes les joies et peines.



Chaleur estivale

L’été déroule son tapis de laineDans la chaleur et le silencePonctué de la musique bien vaineQui du fond des jardins s’élance

Tondeuse à gazon ou jet rotatifZonzons rythmés de cris d’enfantsLes seuls êtres en ville encore actifsLes autres se faisant du mauvais sang

Pour la météo à trois joursSur les plages de la Côte d’AzurOu d’ailleurs pas à Sélestat c’est sûr

Car la torpeur estivale y rend gourdAvide de fraîcheur et d’ombreEn quête du Graal la pénombre.



L’enfant de Beslan

Un enfant les mains sur la têteA Beslan ville d’ OssétieD’un seul coup d’un seul a vieilliFou de peur et perdant la tête

Comme un jeune faon aux aboisJetant des regards éperdusSans espoir il se sent perduFace à ses bourreaux qui aboient

Le pied sur un détonateurLe visage sous la cagouleUn Tchétchène tel une goule

S’abreuve las de la terreurQu’il a fait naître autour de luiA Beslan ville d’Ossétie.



Yasser Arafat (11-11-2004)

Yasser Arafat dit Abou Amar est mort Son peuple pleure sa révolte en PalestineSa nation devenue ce matin orphelineRecherche sans fin son destin quête son sort

Homme de contrastes qui voulait être aiméHomme au fusil doublé d’un rameau d’olivierPrix Nobel de la paix aux destinées déviéesTerroriste du Hamas et de l’OLP

Venu mourir à Clamart quelque part en FranceCe matin-ci jour du destin en RamadanAvant l’Aït el Fitr la fête des enfants

D’Allah et de Mahomet en toute innocenceLa main sur le cœur en expatrié errantD’Egypte en Syrie en passant par le Liban.



Saint Valentin

Quand j’ai fait ta connaissance mon bel amourJe suis né au monde et à la vie avec toiComme Salomon je suis devenu dieu-roiDe ce jardin merveilleux où fleurit toujours

La tendresse en fleurs d’hibiscus mauves et roses Si finement entrelacées dans leur étreintePassionnée au chèvrefeuille de blanche teinteImages en négatif des meilleures choses

Qui nous ont submergés toi moi en ce bas mondeToi et moi depuis si longtemps Toi et moi depuis tant de temps

Nous entrelaçant sommes entrés dans la rondeDes amoureux énamourésBelles de nuit et centaurées.



Sœur Marie des Douleurs

Sœur Lucie Marie des DouleursA rejoint hier son cousinageAu ciel azur de son grand âgeEt la vierge au sacré cœur

Le siècle elle aura recouvertEn sœur du Cœur ImmaculéAux catastrophes acculéeLe grand secret n’est pas ouvert

A l’heure de sa mort naissanteLa Carmélite déchausséeN’a pas pu en redire assez

Sur l’avenir en bas de senteDe notre planète la terreQui a traversé tant de guerres.



Tsunami

Tsunami séisme raz de maréeQuand la terre du fond de ses entraillesPousse un sombre grondement qui défailleLa vague au fond de l’abîme amarrée

S’élève en lame couperet fatalPour dévaster la vie sur son passageRouleau compresseur du tréfonds des âgesElle tranche dans le vif du banal

Des jours renversés et en plein chaosDémembre en un éclair l’union sacréeDe l’homme et de la femme que dieu créé

Avec leurs enfants comme autant d’échosSon cri de monstre catarrheux aphoneLas éructe ses menaces atones.



Rafic Hariri

Beyrouth encore et toujours plaie ouverte au pireLe cèdre majestueux saigne abondammentTerre des rencontres possibles O LibanDont la gangrène au fil du temps s’étire

La foule qui hurle son désespoirRemplit de clameurs sourdes LebanonA Byblos à Tyr gronde le canonEt à Baalbek le soleil se fait noir

La pourpre sanguinolente envahitLe pays de Baal et du livre saintPuis d’une malemort elle le teint

Aux couleurs noir et rouge de SyrieLe bon voisin faux amis tutélaireQui depuis si longtemps lui fait la guerre.



Variations

Tombe doucement sur la plaineLa neige fin sucre glaceBlanche écharpe de tendre laine

Les ramures ont deux facesL’une immaculée l’autre noireComme négatif de l’espoir

Quand tombent assourdis les floconsToute vie suspend son volSeul stridule encor le faucon

Les deux yeux fixés au solEn quête de fines empreintesQu’une proie sur la neige teinte

Tombent la neige et mes espoirsEn flocons de froids cristauxRendus encore plus beaux

Par la touche de grenat noirQue fait la goutte de sangDe la victime passant.



La ronde des lapins

La ronde des lapins de PâquesS’emballe à la boulangerieKoenig-Hurstel quoiqu’on en rie

La ronde des lapins de PâquesEn couple avec les lammelaValse sur l’air des chocolats

La ronde des lapins de PâquesCe symbole du renouveauInaugure les temps nouveaux

La ronde des lapins de PâquesDe brioche ou de chocolatMet dans les grands les petits plats

Avec leurs œufs de chocolat.



Virelai pascal

Lapins poules coqs et agneauxDans le cacao le plus beauEt leurs œufs pondus à souhaitQue la maison Hurstel a faitCaracolent gais en vitrineAvant de peupler les jardinsAprès carême le jour saintParmi les denrées les plus fines

Lapins poules coqs et agneauxDans le cacao le plus beauOu la plus fine des briochesPrésagent le jour de bambocheQuand reviennent toutes les cloches.



Ballade

Virelais rondeaux lais ballades épigrammesVillanelles et sonnets chantent pour les dames

En toutes saisons trouvères et troubadoursFont feu de tout bois pour ressusciter l’amourEndormi à la belle et devenu ja gourd Les vieux mêmes à leurs charmes ne restant sourdsSe réjouissent les oreilles en un tourEt chantent sans fin trouvères et troubadours

Virelais rondeaux lais ballades épigrammesVillanelles et sonnets qui sont pour les dames

Virelais rondeaux lais ballades épigrammesVillanelles et sonnets chantent pour les dames

La plainte rêveuse des amoureux d’antanEt l’amoureuse nostalgie de l’ancien tempsSur un air de vielle ou de musette pourtantA la fois vieux et intemporel dont le sangIrrigue les veines des fées et du dieu PanPour que revive l’amour à chaque printemps

Virelais rondeaux lais ballades épigrammesVillanelles et sonnets chantent pour les dames.



Cantilène

Quand ma cantilène ma complainte amoureuseDéroule sa plainte de notes langoureuses

Ensemble toi et moi à jamais à toute heureJ’ai le cœur qui frémit de dolente douceurA la ressouvenance des heures passéesEnsemble toi et moi sans jamais nous lasserDevisant gentiment de l’essentiel d’amourQui flambe les étoiles comme autant d’atoursDans tes beaux yeux énamourés truités de braisesVolcans rougeoyants de ton âme que je baiseChastement du bout des lèvres errant un peuM’attardant sur les douceurs qui rendent heureux

Quand ma cantilène ma complainte amoureuseDéroule sa plainte de notes langoureuses

Mon doux chant poétique se fait élégiePour celle qui est devenue mon EgérieFontaine d’eau pure qui chaque jour m’abreuveMuse dont l’absence m’est une vraie épreuveMuse qui sans cesse m’amuse éperdumentEt dont je ne me sépare pas indûmentMême le temps roulant sa bosse n’y peut rienPuisque j’aime toujours tous les tout petits riensQue tu m’offres en guise de très grands bonheursQuand je sens sous l’étoffe palpiter ton cœur

Quand ma cantilène ma complainte amoureuseDéroule sa plainte de notes langoureuses.



La journée internationale des femmes

Google pour la journée des femmesEn transformant son deuxième O

S’est mis à faire le beauPassant des mâles aux damesEt de la flèche à la croixPlantée vers le bas je croisla Turquie hélas la veilleA battu jeunes et vieillesMilitantes de la causeDes femmes qui partout osentDemander l’égalitéAinsi que la libertéTous deux droits fondamentauxDe l’âme de l’homme femme


S’est mis à faire le beauPassant des mâles aux damesMoitié de l’humanitéLa douce féminité Est la mienne égalementJe ne pourrais vivre sansA un chromosome prèsUne femme je seraisUn mont de Venus divinM’abriterait le vaginEt un clitoris coquinComme son petit frangin


S’est mis à faire le beauPassant des mâles aux dames.



Le printemps

Fleurissent les pâquerettes et primevèresDans les prés verdoyants à la fin de l’hiver

La terre au soleil se réchauffe brusquementEclosent les fleurs de l’année nouvellementSourdent les pousses vert tendresse en explosantSous les rayons de l’astre solaire exposantLes mille richesses de l’année à venirLes fleurs-fruits en gestation de notre avenirLa planète continue sa course à traversLes poussières d’étoiles de son univers

Fleurissent les pâquerettes et primevèresDans les prés verdoyants à la fin de l’hiver

Et lève partout la vie avec la chaleurRenaissante du printemps qui tient chaud au cœurL’amour se met de la partie dans tous les règnesLes mâles pour leurs belles se foutent des beignesEt entament à la lune leur cantilèneComme une goualante pour conjurer leur peineSur un air de rondeau-ballade lancinantCommence la ronde des chats et chats-huants

Fleurissent les pâquerettes et primevèresDans les prés verdoyants à la fin de l’hiver.



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