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Université Paris VI - UPMC MASTER SCIENCES ET TECHNOLOGIE Mention BIOLOGIE CELLULAIRE ET MOLECULAIRE 1 ère année de Master 2011-2012 Mise au point du diagnostic prénatal de la thrombopénie fœtale allo-immune Aurélie DENIS Responsable du laboratoire : Dr Cécile KAPLAN Maître de stage : Emilie LE TORIELLEC Laboratoire d’Immunologie Plaquettaire Institut National de la Transfusion Sanguine 6 rue Alexandre Cabanel 75739 Paris cedex 15

Mise au point du diagnostic prénatal de la thrombopénie fœtale … · 2013-04-10 · Université Paris VI - UPMC MASTER SCIENCES ET TECHNOLOGIE Mention BIOLOGIE CELLULAIRE ET MOLECULAIRE

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Université Paris VI - UPMC

MASTER SCIENCES ET TECHNOLOGIE

Mention BIOLOGIE CELLULAIRE ET MOLECULAIRE

1ère

année de Master

2011-2012

Mise au point du diagnostic prénatal de la thrombopénie

fœtale allo-immune

Aurélie DENIS

Responsable du laboratoire : Dr Cécile KAPLAN

Maître de stage : Emilie LE TORIELLEC

Laboratoire d’Immunologie Plaquettaire

Institut National de la Transfusion Sanguine

6 rue Alexandre Cabanel

75739 Paris cedex 15

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Université Paris VI - UPMC

MASTER SCIENCES ET TECHNOLOGIE

Mention BIOLOGIE CELLULAIRE ET MOLECULAIRE

1ère

année de Master

2011-2012

Mise au point du diagnostic prénatal de la thrombopénie

fœtale allo-immune

Aurélie DENIS

Responsable du laboratoire : Dr Cécile KAPLAN

Maître de stage : Emilie LE TORIELLEC

Laboratoire d’Immunologie Plaquettaire

Institut National de la Transfusion Sanguine

6 rue Alexandre Cabanel

75739 Paris cedex 15

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Je remercie, tout d’abord, le Docteur Cécile KAPLAN-GOUET responsable du

laboratoire d’Immunologie plaquettaire de m’avoir accueillie au sein de son équipe.

Je tiens à remercier particulièrement Madame Emilie LE TORIELLEC, mon maître de

stage, ingénieur de recherche, pour avoir encadré mon travail, et pour la confiance qu’elle m’a

accordée tout au long de ce stage.

Je remercie également Monsieur Gérald BERTRAND, ingénieur de recherche, pour

tous ses conseils et ses explications, et pour son extrême gentillesse.

Merci à Monsieur Vincent JALLU, ingénieur de recherche, pour sa bonne humeur et

d’avoir partagé son bureau avec moi.

Je remercie également toute l’équipe du laboratoire : Corinne MARTAGEIX, Jeannine

QUESNE, Frédéric BIANCHI, Christophe CHENET, Cécile CASALE, Thomas

BERANGER, Sébastien PHILIPPE, Nicolas GIULIANI, Virginie DUFOUR et la secrétaire

Théréza MARIE pour leur disponibilité et leur sympathie.

Toutes ces personnes ont contribué, par leur disponibilité et leur bonne humeur, à rendre mon

stage enrichissant et motivant.

REMERCIEMENTS

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Les thrombopénies fœtales et néonatales alloimmunes sont les plus fréquentes des

thrombopénies isolées sévères du fœtus et du nouveau-né avec une incidence estimée à un cas

pour 800 à 1000 naissances et sont à l’origine d’accidents hémorragiques graves. Elles

résultent de l’immunisation maternelle vis-à-vis des antigènes plaquettaires du système HPA

(Human Platelet Alloantigen) présents chez le fœtus et absents chez la mère. Les plus

fréquents, dans la population caucasienne, sont HPA-1a, -3a et -5b. Le diagnostic prénatal

(DPN) des thrombopénies fœtales est réalisé à l’heure actuelle à partir d’amniocentèse, un

geste invasif pouvant être à l’origine de fausses couches spontanées. Le DPN non invasif est

donc un enjeu majeur du laboratoire d’immunologie plaquettaire. Une méthode de génotypage

sur l’ADN fœtal présent dans le sang maternel a déjà été développée pour HPA-1 en

combinant deux techniques : la PCR-SSP et la PCR-HRM afin de permettre un diagnostic non

invasif plus sûr et à un terme précoce de la grossesse.

L’objectif de ce travail de recherche était d’une part d’augmenter la cohorte de

patientes pour lesquelles un génotypage plaquettaire HPA-1 fœtal était nécessaire, afin de

valider la méthode. D’autre part, il s’agissait de mettre au point un protocole pour le

diagnostic prénatal des systèmes HPA-3 et HPA-5.

Pour HPA-1, l’incompatibilité ou la compatibilité avec le fœtus pour neuf patientes a

pu être observée dans les deux techniques, augmentant ainsi la cohorte à 58 patientes. Le DPN

pour HPA-3 a pu être mis au point, à l’exception de l’allèle « b » en PCR-SSP. La majorité

des femmes impliquées dans une immunisation HPA-3 étant de génotype « bb », la recherche

de l’allèle « a », présent sur l’ADN fœtal, permettra de diagnostiquer pour la majorité des cas

une incompatibilité dans ce système. Pour HPA-5, la PCR-SSP a donné de bons résultats. De

plus, le programme utilisé est le même que pour le système HPA-1, permettant un génotypage

en même temps et donc un gain de temps sur le rendu des résultats et la prise en charge des

patientes.

La suite de ce projet consiste à valider la méthode de DPN pour les systèmes HPA-3 et

-5 en effectuant ces techniques sur une centaine de patientes afin d’évaluer la reproductibilité

de la méthode. A terme, il ne sera plus nécessaire d’effectuer des amniocentèses pour le

diagnostic prénatal de la thrombopénie fœtale ou néonatale allo-immune, un simple

prélèvement de sang maternel suffira au diagnostic. De tels progrès seront un atout

considérable pour la prise en charge thérapeutique dans le domaine de la périnatalité, élément

essentiel de la santé publique.

RESUME

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ABREVIATIONS

INTRODUCTION…….……………………………………………………………………...1

I) Présentation………………………………………………………………………….1

1) L’INTS………………………………………………………………………1

2) Le laboratoire d’immunologie plaquettaire…………………………………1

II) Les plaquettes……………………………………………………………………….1

1) Structure……………………………………………………………………..1

2) Fonction……………………………………………………………………..2

III) Thrombopénie fœtales ou néonatale allo-immune…………………………………2

1) Aspects cliniques……………………………………………………………2

2) Cause………………………………………………………………………3

3) Antigènes plaquettaires impliqués…………………………………………..3

4) Diagnostic…………………………………………………………………...4

a) Cytométrie en flux…………………………………………………4

b) MAIPA………………………………………………………………4

c) Typage plaquettaire………………………………………………….5

5) Prise en charge post-natale…………………………………………………..5

6) Prise en charge des grossesses à risque.……………………………………5

OBJECTIF DU PROGRAMME DE RECHERCHE……………………………………...6

MATERIELS ET METHODES……………………………………………………………7

I) Matériels……………………………………………………………………………7

II) Méthodes……………………………………………………………………7

1) Extraction ADN…………………………………………………………...7

2) Quantification……………………………………………………………..7

3) PCR-SPP…………………………………………………………………….7

4) PCR-HRM……………………………………...……………………………9

RESULTATS……………………………...…………………………………………………10

I) Validation de la méthode de DPN sur HPA-1……………………………………...10

II) Mise au point du DPN sur HPA-3…………………………………………………14

III) Mise au point du DPN sur HPA-5………………………………………………..17

DISCUSSION………………………………...……………………………………………19

TABLE DES MATIERES

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ADN Acide Désoxyribo Nucléique ARN Acide Ribo Nucléique Ct Threshold Cycle DMSO Diméthylsulfoxide DNases DésoxyriboNucléases DPN Diagnostic PréNatal EDTA Ethylène Diamine Tétra-Acétate Fc Fragment constant FNAIT Foetal and Neonatal Allo-Immune Thrombopenia GP Glycoprotéine GIP Groupement d’Intérêt Public HIC Hémorragie Intracrânienne HLA Human Leucocyte Antigen HPA Human Platelet Antigen HRM High Resolution Melting IgG Immunoglobulines G INTS Institut National de la Transfusion Sanguine MAIPA Monoclonal Antibody Immobilization of Platelet Antigens MgCl2 Chlorure de Magnésium MHNN Maladie Hémolytique du Nouveau-Né PCR Polymerase Chain Reaction PRP Plasma Riche en Plaquettes RNases RiboNucléases SSP Single Specific Primer VIH Virus de l’Immunodéficience Humain

ABREVIATIONS

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I) Présentation

1) L’INTS

L’Institut National de la Transfusion Sanguine (INTS) est un Groupement d’Intérêt Public

(GIP). Il se rattache à la veille et la sécurité sanitaire. Ses activités sont dévolues à l'analyse, à

la maîtrise et à la prévention des risques transfusionnels ainsi qu'à l'évolution de la transfusion

sanguine et de la médecine transfusionnelle en France et dans le contexte européen.

L’INTS regroupe un centre national de référence pour les groupes sanguins, un centre

national de référence pour la surveillance des hépatites B et C et du VIH, un laboratoire du

polymorphisme génétique et un laboratoire d’immunologie plaquettaire.

2) Le laboratoire d’immunologie plaquettaire

Ce dernier est un laboratoire multidisciplinaire regroupant des compétences en immunologie,

hématologie, biochimie et biologie moléculaire. Il possède deux activités principales :

laboratoire d’analyses médicales et laboratoire de recherche fondamentale.

Des prélèvements de patients thrombopéniques, provenant de tous les hôpitaux français et de

grands laboratoires privés (Biomnis, Cerba) sont reçus. Plusieurs techniques sont utilisées

pour la recherche d’une cause immunologique à la pathologie : la détection des

immunoglobulines (IgG) fixées à la surface des plaquettes par cytométrie en flux, la détection

des anticorps anti glycoprotéines plaquettaires, libres dans le sérum ou fixés sur les plaquettes,

par la technique MAIPA (Monoclonal Antibody Immobilization of Platelet Antigens) et le

typage plaquettaire : phénotypage par méthodes sérologiques et génotypage par biologie

moléculaire.

II) Les plaquettes

1) Structure

Les plaquettes sanguines, également appelées thrombocytes, sont les plus petits éléments

figurés du sang. Ce sont des particules anucléées, discoïdes, mesurant de 2 à 3 µm de

INTRODUCTION

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diamètre et prenant naissance dans la moelle osseuse. Elles sont produites par fragmentation

de précurseurs : les mégacaryocytes. Dans le sang, elles sont au nombre de 150000 à 400000

par mm3 et leur durée de vie est d’environ 8 à 10 jours. Elles sont ensuite éliminées par les

macrophages dans la rate1. La membrane plasmique des plaquettes est composée de

nombreuses glycoprotéines (GP) et de phospholipides. Ces GP, appartenant à la famille des

intégrines, sont présentes sous forme de complexes multimoléculaires GPIIb/IIIa, GPIa/IIa et

GPIb/IX. Elles portent des déterminants antigéniques, appelés HPA (Human Platelet

Antigen), responsables d’allo-immunisation lors de transfusions ou de grossesses2.

2) Fonction

Leur rôle majeur intervient lors de l’hémostase primaire : elles permettent le maintien de

l’intégrité du système vasculaire et constituent la première ligne de défense contre les

hémorragies grâce à leurs propriétés d’adhésion, de sécrétion, d’agrégation et leur activité

pro-coagulante. La GPIa/IIa interagit avec le collagène, et la GPIb/IX avec le facteur

vonWillebrand lié au sous-endothélium, ce qui permet la formation d’une mono couche de

plaquettes sur la lésion afin de l’obstruer, et l’activation des plaquettes se fait ensuite en

quelques secondes. La GPIIb/IIIa se lie enfin au fibrinogène plasmatique afin de former un

caillot réversible appelé thrombus2.

III) Thrombopénie fœtales ou néonatale allo-immune

L’allo-immunisation plaquettaire materno-fœtale, qui touche un cas sur 1000 naissances, est à

l’origine de thrombopénies fœtales ou néonatales allo-immune (FNAIT : Fœtal and Neonatal

Allo-Immune Thrombocytopenia), ayant pour conséquence une diminution de plaquettes.

Cette affection est considérée comme l’équivalent plaquettaire de la Maladie Hémolytique du

Nouveau-Né (MHNN) avec cependant la possibilité que le premier enfant soit atteint3.

1) Aspects cliniques

Pour un nouveau-né, le diagnostic de FNAIT est suspecté lorsqu’il présente des pétéchies ou

un purpura généralisé à la naissance ou dans les heures suivantes, sans signe clinique d’une

infection ou de malformations. Les enfants avec une thrombopénie modérée sont

asymptomatiques et le diagnostic peut être méconnu. Chez le fœtus, la thrombopénie peut être

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suspectée à l’échographie fœtale. Dans 20 à 30% des cas, l’enfant présente une hémorragie

intracrânienne (HIC) in utéro ou lors de l’accouchement pouvant conduire dans 10 à 15 % des

cas au décès4.

2) Causes

La FNAIT résulte d’une incompatibilité materno-fœtale pour un ou plusieurs antigènes

plaquettaires fœtaux hérités du père et absents chez la mère. Au cours de la grossesse, lors

d’une incompatibilité entre les allo-antigènes plaquettaires de la mère et du fœtus, la mère

peut s’immuniser, synthétisant des anticorps d’isotype IgG vis-à-vis des allo-antigènes du

fœtus considérés comme étrangers. Le transfert transplacentaire des anticorps maternels IgG a

lieu dès 14 semaines de gestation, et les antigènes plaquettaires étant exprimés fortement dès

16 à 18 semaines de gestation, les plaquettes fœtales recouvertes d’anticorps vont pouvoir être

détruites tôt dans la vie fœtale par le système réticulo histiocytaire5.

3) Antigènes plaquettaires impliqués

A ce jour, 28 allo-antigènes plaquettaires ont été décrits. La majorité d’entre eux est située sur

le complexe GPIIb/IIIa. On compte six systèmes bi-alléliques (HPA-1 à -5, et -15) (table1).

Antigène Glycoprotéine Nucléotide modifié Acide aminé modifié Référence

HPA-1 GPIIIa 176 T>C L33P Newman et al.6

HPA-2 GPIb 482 C>T T145M Kuijpers et al.7

HPA-3 GPIIb 2621 T>G I843S Lyman et al.8

HPA-4 GPIIIa 506 G>A R143Q Wang et al.9

HPA-5 GPIa 1600 G>A E505K Santoso et al.10

HPA-15 CD109 2108 C>A S703Y Schuh et al.11

Table 1 : Allo-antigènes plaquettaires fréquents.

L’allèle le plus fréquent est désigné par la lettre «a», l’allèle le moins fréquent par la lettre

«b». La différence entre les deux allèles est liée, dans la majorité des cas, à la substitution

d’un seul nucléotide (l’antigène HPA-14w est une exception, le polymorphisme correspond à

une délétion de trois nucléotides)12

.

La fréquence des allo-antigènes plaquettaires varie selon la population. Chez les caucasiens,

l’antigène HPA-1a est le plus souvent impliqué et le plus sévère dans les thrombopénies

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néonatales allo-immune suivi de HPA-5b et HPA-3a ; chez les Asiatiques il s’agit de

l’antigène HPA-4b13

.

4) Diagnostic

L’enfant étant à risque hémorragique pendant toute la phase de thrombopénie sévère, il

importe de faire rapidement le diagnostic de thrombopénie néonatale allo-immune afin de

mettre en œuvre le traitement adapté. Le diagnostic est établi lorsque les allo-anticorps

maternels sont identifiés correspondant à l’incompatibilité antigénique plaquettaire entre la

mère et l’enfant. Il importe donc d’effectuer la recherche et l’identification de l’alloanticorps

maternel et d’effectuer le typage plaquettaire de la famille14

.

a) Cytométrie en flux

La cytométrie en flux permet l’identification des immunoglobulines associées aux plaquettes.

Cependant, cette technique ne permet pas de déterminer si les anticorps sont fixés aux

glycoprotéines ou au récepteur Fc des plaquettes.

Cette technique, considérée comme un test de dépistage, ne permet pas d’affirmer le caractère

immunologique de la thrombopénie. En effet, les anticorps fixés aux plaquettes peuvent être

dirigés contre le système HLA, les groupes sanguins ABO, ou les systèmes HPA15

.

b) MAIPA

A la différence de la cytométrie en flux, les méthodes d’immunocapture antigénique

permettent de caractériser ces anticorps.

La détection des anticorps est réalisée par la technique de MAIPA (Monoclonal Antibody

Immobilization of Platelet Antigens). Cette méthode immuno-enzymatique demeure la

méthode de référence pour la détection et l’identification des auto- ou allo-anticorps anti-GP

plaquettaires. Elle est basée sur l’immobilisation sur plaque des glycoprotéines plaquettaires

sensibilisées par des anticorps monoclonaux murins. Seuls les anticorps ayant une spécificité

pour les glycoprotéines, qu’ils soient sériques ou fixés aux plaquettes, sont détectés16

.

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c) Typage plaquettaire

Le typage plaquettaire est réalisé par phénotypage grâce à des antisérums humains de

référence contenant des anticorps anti-HPA1a, anti-HPA-3a, ou anti-HPA-5b. Cependant la

connaissance des bases moléculaires des alloantigènes plaquettaires ainsi que le manque de

réactifs sérologiques pour effectuer le phénotypage, ont conduit à la réalisation du génotypage

plaquettaire. Le génotypage plaquettaire est effectué par une technique de PCR multiplexe

qui associe l’utilisation de billes fluorescentes et de puces à ADN (HPA BeadChip, BioArray

Solutions). Pour le diagnostic prénatal sur liquide amniotique, le génotypage sur BioArray est

associé à une technique de PCR SSP (Single Specific Primer - Polymerase Chain Reaction) 17

.

5) Prise en charge post-natale

En cas d’hémorragie ou de numération plaquettaire inférieure à 30000/mm3

pendant les 24

premières heures de vie, la transfusion de plaquettes maternelles lavées et irradiées est le

traitement de choix. A défaut, le nouveau-né peut-être transfusé par des plaquettes de

donneurs HPA-1bb (l’incompatibilité HPA-1a étant la plus fréquente) ou en cas d’urgence,

par des plaquettes standards associées à l’administration d’immunoglobulines polyvalentes18,

19.

6) Prise en charge des grossesses à risque

Lors d’une grossesse suivante, pour tout fœtus incompatible, le risque de récurrence est élevé

avec une aggravation de l’atteinte.

Lorsque l’incompatibilité entre les parents n’est pas obligatoire (père hétérozygote pour un

antigène plaquettaire), le laboratoire réalise un diagnostic prénatal par génotypage du fœtus.

La prise en charge thérapeutique maternelle repose sur une injection hebdomadaire

d’immunoglobulines polyvalentes (1g/kg) de 16 à 20 semaines d’aménorrhée jusqu’au terme

de la grossesse avec l’éventuelle adjonction de corticoïdes à partir de 30 semaines.

L’accouchement est réalisé par césarienne20

.

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Le diagnostic prénatal (DPN) non invasif des thrombopénies fœtales est un enjeu majeur du

laboratoire d’immunologie plaquettaire. Le DPN est réalisé à l’heure actuelle à partir

d’amniocentèse. Ce geste invasif peut être à l’origine de fausses couches spontanées.

Une méthode de génotypage sur l’ADN fœtal présent dans le sang maternel a été développée,

dans le laboratoire, pour HPA-121

. La combinaison de deux techniques de génotypage

plaquettaire fœtal : PCR-SSP et PCR-HRM (High Resolution Melting - Polymerase Chain

Reaction) à partir de l’ADN fœtal circulant dans le sang maternel permet un diagnostic non

invasif plus sûr et à un terme précoce de la grossesse.

Deux autres systèmes sont régulièrement impliqués dans les thrombopénies fœtales et

néonatales : HPA-3 et HPA-5. Cependant il n’existe pas, à ce jour, de diagnostic prénatal non

invasif pour ces systèmes.

L’objectif de ce travail de recherche est d’une part d’augmenter la cohorte de patientes pour

lesquelles un génotypage plaquettaire fœtal pour HPA-1 est nécessaire, afin de valider la

méthode. Pour cela une PCR-SSP et une PCR-HRM seront effectuées selon le protocole déjà

développé.

D’autre part, il s’agit de mettre au point un protocole pour le diagnostic prénatal des systèmes

HPA-3 et HPA-5. En effet, le protocole pour HPA-1 ne peut être totalement applicable pour

ces deux systèmes en raison d’une région à amplifier riche en GC pour HPA-3 (formation de

structure secondaire diminuant l’accès aux amorces) et d’un amplicon plus long pour HPA-5.

OBJECTIF DU PROGRAMME DE RECHERCHE

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I) Matériels

Les prélèvements recueillis au laboratoire proviennent de patients thrombopéniques, ou de

familles sujettes aux thrombopénies fœtales et néonatales (un consentement pour l’étude

génétique est recueilli). Pour les femmes enceintes, pour lesquelles une thrombopénie

néonatale avait été diagnostiquée pour un précédent enfant, le génotypage plaquettaire fœtal à

partir du sang maternel (sérum/plasma) est effectué dès la 10ème

semaine de grossesse Le

sérum est préparé à partir de 5mL de sang, prélevé sur tube sec et centrifugé 10 min à 2200g.

Le plasma est, quant à lui, préparé à partir de 5mL de sang, prélevé sur tube EDTA (Ethylène

Diamine Tétra-Acétate), centrifugé 4 min à 850g à 20°C. Le surnageant, correspondant au

plasma riche en plaquettes (PRP), est récupéré puis centrifugé 10min à 2200g à 20°C. Le

surnageant recueilli correspond alors au plasma.

II) Méthodes

1) Extraction ADN

L’ADN circulant est extrait à partir de 1mL de sang maternel par le kit QIAmp Circulating

Nucleic Acid (Qiagen), permettant l’extraction d’ADN circulant à partir de grands volumes (1

à 5mL) de plasma ou de sérum. La méthodologie, décrite dans le guide du kit, a été suivie

sauf pour l’élution qui a été réalisée dans 65µL d’eau.

2) Quantification

Il s’agit de déterminer la concentration d’ADN extrait à partir de sérum ou plasma par la

technique précédente. Pour cela, la quantification d’ADN est réalisée par le fluorimètre Qubit

(Invitrogen) à l’aide d’un agent fluorescent et intercalant de l’ADN, en suivant les

recommandations du fournisseur.

3) PCR-SSP

La PCR-SSP en temps réel est basée sur la détection d’un signal fluorescent (SYBR Green)

permettant de mesurer en continu la quantité d’ADN synthétisée au cours de la phase

exponentielle. Le Sybr Green ne fluoresce que lorsqu’il est lié à l’ADN double brin. La

quantification de la fluorescence du Sybr Green est à associer à la courbe de fusion

MATERIELS ET METHODES

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correspondante afin de vérifier la spécificité des produits amplifiés. En effet, chaque amplicon

spécifique a une température de fusion qui lui est propre. La PCR est effectuée à l’aide du

Rotor Gene 2QPlex HRM de Qiagen et repose sur l’utilisation de deux couples d’amorces.

Chaque couple est composé d’une amorce commune et d’une amorce spécifique de l’allèle à

amplifier (table 2). Ainsi, deux amplifications sont réalisées pour chaque antigène plaquettaire

HPA-Xa et HPA-Xb (figure 2).

Nom de l’amorce Séquence

HPA-1a sens 5’-ACTTACAGGCCCTGCCTCT-3’

HPA-1b sens 5’-ACTTACAGGCCCTGCCTCC-3’

HPA-1 anti sens 5’-AGCCCTTGTCGCTGAGG-3’

HPA-3a sens 5’-GGGGGAGGGGCTGGGGA-3’

HPA-3b sens 5’-GGGGGAGGGGCTGGGGC-3’

HPA-3 anti sens 5’-GGCCCTGGGACTGTGAAT-3’

HPA-5a sens 5’-AGTCTACCTGTTTACTATCAAAG-3’

HPA-5b sens 5’-AGTCTACCTGTTTACTATCAAAA-3’

HPA-5 anti sens 5’-CTCTCATGGAAAATGGCAGTAC-3’

Table 2 : Séquence des amorces utilisées en PCR-SSP pour l’étude de HPA-1, -3 et -5.

Figure 2 : Principe de la PCR SSP appliquée au génotypage plaquettaire.

Deux mix sont préparés pour l’ensemble des échantillons, contenant l’amorce commune et

soit l’amorce HPA-Xa soit l’amorce HPA-Xb, et sans ADN. 15µL de ce mix sont distribués

dans chaque tube puis 10µL de chaque échantillon d’ADN, préalablement ajusté à 1ng/µL,

sont ajoutés (table 3).

Concentration

initiale Concentration/quantité

finale

Real Master Mix Syber Rox (5 Prime) 2,5 X 1X

MgCl2 25 mM 2 mM

Primer c 20 µM 0.5 µM

Primer 1a/1b 20 µM 0.5 µM

ADN - 10 ng

Table 3 : Préparation du mix SSP pour la système HPA-1, pour un échantillon.

Homozygote HPA-Xaa

Homozygote HPA-Xbb

Hétérozygote HPA-Xab

Amorce antisens commune

Amorce sens allèle b spécifique

Amorce sens allèle a spécifique

Allèle a

Allèle a

Allèle b

Allèle b

Polymorphisme HPA

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Un programme de deux heures est utilisé pour le système HPA-1 : 2min à 95°C, (30sec à

95°C, diminution de 0,4°C à chaque cycle de 68 à 58°C, 30sec à 68°C ) x 25 cycles, (30sec à

95°C, 30sec à 54°C, 30sec à 68°C) x 25 cycles, courbe de fusion entre 70 et 95°C avec un pas

de 1°C/sec

4) PCR-HRM

La PCR-HRM en temps réel est basée sur l’intégration à de l’ADN amplifié par PCR d’un

fluorochrome intercalant (Eva Green) permettant de mesurer en continu la quantité d’ADN

synthétisée au cours de la phase exponentielle. L’Eva Green ne fluoresce que lorsqu’il est lié

à l’ADN double brin et est plus saturant que le Sybr Green. La PCR est effectuée à l’aide du

Rotor Gene de Qiagen et repose sur l’utilisation d’un seul couple d’amorce qui encadre la

région d’ADN correspondant au polymorphisme de HPA-X (table 4).

Nom de l’amorce Séquence

HPA-1 sens 5’-CTCCTGTCTTACAGGCCC-3’

HPA-1 anti sens 5’-CACAGCGAGGTGAGCC-3’

HPA-3 sens 5’GCCTGACCACTCCTTTGC-3’

HPA-3 anti sens 5’GTCTGCGATCCCGCTTGT-3’

HPA-5 sens 5’-GAAGGAAGAGTCTACCTGTTTACTA-3’

HPA-5 anti sens 5’-GCAAATTAAACTATTAGTTTATTTTTTTTTTTTTACCT-3’

Table 4 : Séquence des amorces utilisées en PCR-HRM pour HPA-1, -3 et -5.

Un mix commun pour tous les échantillons est préparé sans ADN. 15µL de ce mix sont

distribués dans chaque tube puis 10µL de chaque échantillon d’ADN à 1ng/µL sont ajoutés

(table 5).

Concentration

initiale Concentration/quantité

finale

HRM Master Mix (Qiagen)

2X 1 X

Primer 10µM 0,7 µM

ADN - 10 ng

Table 5 : Préparation du mix HRM pour le système HPA-1, pour un échantillon.

Un programme de trois heures est utilisé pour le système HPA-1: 5min à 95°C, (10sec à 95°C,

30sec à 60°C) x 50 cycles, 30sec à 95°C, 30sec à 60°C, cycle de HRM : augmentation de la

température de 70 à 90°C avec un pas de 0.05°C/sec, et une courbe de fusion entre ces mêmes

températures est également réalisée (pas de 1°C/sec).

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I) Validation de la méthode de DPN sur HPA-1

La validation de la méthode de DPN sur HPA-1 a pour but d’évaluer sa reproductibilité, sa

fiabilité et sa sensibilité. Afin d’augmenter la cohorte de patientes pour lesquelles un

génotypage plaquettaire HPA-1 fœtal est nécessaire, une PCR-SSP et une PCR-HRM sont

effectuées selon un protocole déjà développé. Ces deux méthodes doivent être réalisées pour

un DPN complet.

1) PCR-SSP

La PCR-SSP est effectuée sur des échantillons contrôles HPA-1aa, 1bb, sur les échantillons

de patientes et sur un contrôle négatif (l’eau). Les courbes d’amplification et de fusion sont

obtenues pour chaque allèle « a » et « b ».

Figure 3 : PCR-SSP sur les échantillons contrôles HPA-1aa (rouge), HPA-1bb (bleu),

l’échantillon patient 643350 (vert). A et B représentent respectivement les courbes

d’amplification et de fusion pour l’allèle « a ». C et D représentent respectivement les courbes

d’amplification et de fusion pour l’allèle « b ».

Une droite seuil est tracée à la moitié de la phase exponentielle de cette courbe correspondant

à la moitié de la fluorescence finale. L’intersection entre la droite et la courbe en phase

exponentielle correspond au cycle seuil Ct (Threshold Cycle).

Cycle

5 10 15 20 25 30 35 40 45 50

Norm

. F

luoro

.

-0,510

-1,010

-1,510

-2,010

-2,510

-3,010

Threshold

ºC

75 80 85 90 95

dF/d

T

7

6

5

4

3

2

1

0

Cycle

5 10 15 20 25 30 35 40 45 50

Norm

. F

luoro.

-0,510

-1,010

-1,510

-2,010

-2,510

-3,010

Threshold

ºC

75 80 85 90 95

dF/d

T

7

6

5

4

3

2

1

0

A

RESULTATS

B

C D

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Tout d’abord, le contrôle négatif doit être vérifié. Pour l’allèle « a », l’eau sort entre 33 et 37

cycles et pour l’allèle « b », elle sort à 26 cycles, mais aucun pic spécifique pour ces deux

allèles n’est observé (non représenté).

Des critères d’analyse ont été définis au préalable. Les duplicats de chaque échantillon

(contrôles et allèle correspondant au génotype de la mère) doivent sortir entre 23 et 31 cycles

et avoir un écart de sortie de cycle de moins de 0,3. Les courbes de fusion obtenues, pour être

spécifiques de l’amplicon recherché, doivent posséder un pic à 90,5 ±0,5°C. Les échantillons

testés correspondent bien à ces critères.

Le contrôle HPA-1aa sort à 23 cycles pour l’allèle « a » et l’écart type de sortie de cycle est

inférieur à 0,3 (figure 3A). Un pic à 90,5°C est observé sur la courbe de fusion, il s’agit donc

d’une amplification spécifique de l’allèle « a » (figure 3B). Pour l’allèle « b », le contrôle 1aa

sort à 32 cycles, l’écart type est inférieur à 0,3 (figure 3C) mais aucun pic à 90,5°C n’est

observé. Il n’y a donc pas d’amplification spécifique de l’allèle « b » (figure 3D).

Le contrôle HPA-1bb sort à 25 cycles pour l’allèle « b » et l’écart type est inférieur à 0,3

(figure 3C). Sur la courbe de fusion, un pic à 90,5°C est observé, il s’agit d’une amplification

spécifique de l’allèle « b » (figure 3D). Pour l’allèle « a », le contrôle 1bb sort à 27 cycles,

l’écart type de sortie de cycle est supérieure à 0,3 (figure 3A), mais sur la courbe de fusion, un

pic de faible intensité à 90,5°C est observé (figure 3B). Il y a donc, étonnamment, une

amplification spécifique de l’allèle « a ».

Les deux contrôles doivent montrer que la PCR a bien marché et doivent montrer la

spécificité des amorces : pour le contrôle aa, amplification de l’allèle « a » et pas

d’amplification pour l’allèle « b » ; pour le contrôle bb, amplification de l’allèle « b » et pas

d’amplification pour l’allèle « a ». Or on retrouve une amplification de l’allèle « a » dans le

contrôle bb. Ceci est du probablement au fait que le prélèvement provenait d’une femme qui

venait d’accoucher d’un bébé incompatible. L’ADN fœtal n’a pas complètement disparu, et

est en faible quantité, d’où un écart type de sortie de cycle entre les duplicats supérieur à 0,3.

Ceci met donc en avant la difficulté d’avoir un «réel» contrôle.

Pour l’allèle « b » la patiente sort à 28 cycles et l’écart type de sortie de cycle est inférieur à

0,3 (figure 3C). Sur la courbe de fusion, un pic à 90,5°C est observé, il y donc une

amplification spécifique de l’allèle « b » (figure 3D). Pour l’allèle « a », la patiente sort à 28

cycles et l’écart type de sortie de cycle est supérieur à 0,3 (figure 3A). Les duplicats ne sont

pas bons mais sur la courbe de fusion, un pic à 90,5°C est observé pour un des duplicats

(figure 3B). L’écart type de sortie de cycle peut être supérieur à 0,3, même si ce n’est pas

l’idéal, car il s’agit d’évènements rares. Pour pallier cet effet, la PCR peut être recommencée

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avec une quantité d’ADN plus importante. Il y aurait donc de l’allèle « a » provenant du fœtus

puisque la mère est connue pour être de génotype 1bb. La patiente est de génotype 1bb,

comme le confirment les résultats mais il existe de l’allèle « a » en petite quantité dans

l’échantillon. Il semble donc y avoir une incompatibilité entre la mère et le fœtus.

Des résultats similaires ont été obtenus pour sept autres patientes. Les résultats sont à

confronter avec ceux de PCR-HRM pour pouvoir conclure à une incompatibilité ou non.

2) PCR-HRM

La PCR-HRM est effectuée sur les échantillons de plasmas ou de sérums de patientes, avec

les contrôles HPA-1aa et 1bb appropriés extraits à partir de plasma ou de sérum en fonction

de la nature des échantillons patients à analyser. Les courbes HRM normalisée et

différentielle par rapport au contrôle HPA-1bb sont obtenues, car les patientes étudiées sont

de génotype 1bb. Si la mère est de génotype 1aa, la courbe HRM différentielle se fait par

rapport au contrôle 1aa.

Figure 4 : PCR-HRM sur les échantillons contrôles HPA-1aa (rouge), HPA-1bb (bleu),

l’échantillon plasma patient 643350 (vert) et l’ échantillon sérum patient 643940 (turquoise).

A et B correspondent respectivement à la courbe HRM normalisée et à la courbe HRM

différentielle par rapport au contrôle HPA-1bb, pour les échantillons de sérum. C et D

correspondent respectivement à la courbe HRM normalisée et à la courbe HRM différentielle

par rapport au contrôle HPA-1bb, pour les échantillons de plasma.

deg.

74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86

Norm

alis

ed F

luore

scence

100

80

60

40

20

deg.

74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86

Norm

alised m

inus B

BS

0

-5

-10

-15

deg.

74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86

Norm

alis

ed F

luore

scence

100

80

60

40

20

deg.

74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86

Norm

alised m

inus B

B

0

-5

-10

C D

A B

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Des critères d’analyse ont été préalablement définis. Les duplicats de chaque échantillon

doivent sortir avant 30 cycles, et la différence de sortie de cycle entre les contrôles et les

patients doit être inférieure à 3. Les courbes de fusion obtenues, pour que l’amplicon soit

spécifique, doivent posséder un pic entre 81 et 82,5°C.

Les échantillons de sérum sortent avant 30 cycles et la différence de sortie de cycle entre les

contrôles et l’échantillon patient est inférieure à 3. Sur les courbes de fusion, un pic à 81°C est

observé pour le contrôle 1aa et à 81,7°C pour le contrôle 1bb et la patiente. Dans un tableau

de résultat, le logiciel détermine le génotype des échantillons en fonction des contrôles

prédéterminés et calcule un pourcentage de confiance à accorder à ce génotypage. Un seuil de

confiance a été établit à 95%. En dessous de ce seuil, l’échantillon est noté «variation», il est

alors ni 1aa ni 1bb homozygote, mais il existe un «contaminant». Il est possible de voir sur le

graphique si l’échantillon est plus proche du contrôle 1aa ou 1bb et donc de déterminer la

nature du contaminant, 1b ou 1a sachant le génotype des parents. L’échantillon sérum patient

643940 est noté HPA-1bb avec un pourcentage de confiance supérieur à 95%. Il possède le

même profil que le contrôle 1bb et ces résultats sont également observés sur les graphiques

normalisés et différentiels (figures 4A et 4B). La mère étant de génotype 1bb, il semble

exister une compatibilité entre la mère et son fœtus.

Les échantillons de plasma, quant à eux, sortent bien avant 30 cycles et la différence de sortie

de cycle entre les contrôles et l’échantillon patient est inférieure à 3. Sur les courbes de

fusion, un pic à 81°C est observé pour le contrôle 1aa et à 81,7°C pour le contrôle 1bb et la

patiente. Dans le tableau de résultats, l’échantillon plasma patient 643350 est noté «variation»

avec un seuil de confiance définit à 95%. En effet, son profil est différent de celui des

contrôles et ces résultats sont également observés sur les graphiques normalisés et

différentiels (figure 4C et 4D). La courbe du patient coupe la courbe du contrôle 1bb. La mère

étant de génotype 1bb, il existe donc un allèle a dans l’échantillon. Il semble donc qu’il y ait

une incompatibilité entre la mère et son fœtus.

Des résultats similaires ont été obtenus pour les sept autres patientes.

3) Résultats des DPN

Pour toutes les patientes testées, les résultats des PCR-SSP et HRM sont concordants entre

eux et avec les résultats attendus, permettant de conclure une incompatibilité avec leur fœtus

dans le système plaquettaire HPA-1 sauf pour la patiente 643940 qui présente une

compatibilité.

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II) Mise au point du DPN sur HPA-3

1) PCR-SSP

Pour la mise au point de la PCR-SSP pour le système HPA-3, l’utilisation des amorces : sens

HPA-3a (5’ACTGGGGGCTGCCCAT-3’), sens HPA-3b (5’ACTGGGGGCTGCCCAG-3’)

et antisens (5’GTCTGCGATCCCGCTTGT-3’) n’a pas permis d’obtenir des résultats

satisfaisants. L’ajout d’additifs tels que du MgCl2, du glycérol, du formamide et du DMSO,

seuls ou combinés, et à des doses croissantes, a été testé sans aucun succès. Une concentration

en amorces de 1µM a donné les meilleurs résultats. Nous avons également testé plusieurs

conditions dans le programme de PCR en faisant varier la température d’hybridation, le

nombre de cycles ou le temps de dénaturation.

Pour finir, un mix contenant les amorces (décrites dans la table 2) à 1µM et sans additifs, une

quantité d’ADN de 10ng, un volume final de réaction de 25µL et le programme de PCR

suivant : 2min à 95°C, (15sec à 95°C, diminution de 0,4°C/cycle de 68 à 66°C, 30sec à 72°C)

x 5 cycles, (15sec à 95°C, 30sec à 61°C, 30sec à 72°C) x 30 cycles, courbe de fusion entre 70

et 95°C avec un pas de 1°C/sec, ont permis l’obtention d’une amplification spécifique de

l’allèle « a » pour les échantillons de génotype aa et ab. Les différentes conditions testées

n’ont pas permis l’amplification spécifique de l’allèle « b ».

Les courbes d’amplification et de fusion sont obtenues pour chaque allèle « a » et « b ».

Figure 5 : PCR-SSP sur les échantillons contrôles HPA-3aa (rouge), 3bb (bleu), 3ab (violet).

A et B représentent les courbes d’amplification et de fusion de l’allèle « a », C et D les

courbes d’amplification et de fusion de l’allèle « b ».

Cycle

5 10 15 20 25 30 35

Norm

. F

luoro

.

-1,010

-1,510

-2,010

-2,510

-3,010

Threshold

ºC

75 80 85 90 95

dF/d

T

2,25

2,00

1,75

1,50

1,25

1,00

0,75

0,50

0,25

Cycle

5 10 15 20 25 30 35

Norm

. F

luoro

.

-1,010

-1,510

-2,010

-2,510

-3,010

Threshold

ºC

75 80 85 90 95

dF/d

T

3,5

3,0

2,5

2,0

1,5

1,0

0,5

A B

C D

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Tout d’abord, le contrôle négatif doit être vérifié. Pour l’allèle « a », l’eau ne sort pas et pour

l’allèle « b », elle sort à 30 cycles mais aucun pic spécifique pour les deux allèles n’est

observé. Il ne s’agit donc pas d’une amplificaction spécifique (non représenté). Pour la mise

au point, les tests ont été effectués en simplicat pour économiser le volume des échantillons

du fait du manque de prélèvement. Ainsi, l’ écart type de sortie de cycle ne peut être calculé.

Les critères d’analyse sont les mêmes que ceux définis pour HPA-1.

Le contrôle HPA-3aa sort à 24 cycles pour l’allèle « a » (figure 5A). Un pic à 91°C est

observé sur la courbe de fusion, il s’agit donc d’une amplification spécifique de l’allèle « a »

(figure 5B). Pour l’allèle « b », le contrôle 3aa sort avant 30 cycles (figure 5C) mais aucun pic

à 90°C n’est observé. Il n’y a donc pas d’amplification spécifique de l’allèle « b » (figure 5D).

Le contrôle HPA-3bb sort avant 30 cycles pour l’allèle « b » (figure 5C). Sur la courbe de

fusion, un pic à 90°C est observé, il s’agit d’une amplification spécifique de l’allèle « b »

(figure 5D). Pour l’allèle « a », le contrôle 3bb sort à 35 cycles (figure 5A) mais sur la courbe

de fusion, aucun pic à 91°C n’est observé (figure 5B). Il n’y a donc pas d’amplification

spécifique de l’allèle « a ».

Le contrôle HPA-3ab sort à 30 cycles pour l’allèle « a » (figure 5A). Sur la courbe de fusion,

un pic à 91°C est observé (figure 5B). Il y a donc une amplification spécifique de l’allèle

« a ». Pour l’allèle « b », le contrôle 3ab sort avant 30 cycles (figure 5C). Sur la courbe de

fusion, un pic à 90°C est observé mais il est de très faible intensité (figure 5D). Il est donc

difficile de conclure sur l’allèle « b » pour ce contrôle.

Pour l’allèle « a », les contrôles aa, bb et ab montrent que la PCR a bien marché et montrent la

spécificité des amorces : pour les contrôle aa et ab, amplification de l’allèle a, pour le contrôle

bb, pas d’amplification. Cependant, les résultats pour l’amorce « b » ne sont pas encore au

point étant donné que le pic du contrôle ab n’est pas assez franc.

2) PCR-HRM

Pour la PCR-HRM, une PCR en gradient de température a permis de déterminer la meilleure

température d’hybridation. Nous avons testés les amorces décrites dans l’article de Liew et

al22

et de nouvelles amorces (table 4), à des concentrations différentes et avec ajout d’additifs

tels que du MgCl2, du glycérol ou du formamide. Les meilleurs résultats ont été trouvés en

utilisant un mix de PCR avec les nouvelles amorces à 1µM et sans additifs, et le programme

suivant : 5min à 95°C, 20sec à 95°C et 30sec à 61°C pendant 60 cycles, suivi d’un cycle de

HRM (augmentation de la température de 80 à 95°C avec un pas de 0.05°C/sec).

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La PCR-HRM est effectuée sur les échantillons de plasmas ou de sérums de patientes, avec

les contrôles HPA-3aa et 3bb appropriés extraits à partir de plasma ou de sérum en fonction

de la nature des échantillons patients à analyser. Les courbes HRM normalisées et

différentielles par rapport au contrôle HPA-3bb (pour les mères HPA-3bb) et au contrôle

HPA-3aa (pour les mères HPA-3aa) sont obtenues.

Figure 6 : PCR-HRM sur les échantillons contrôles HPA-3aa (rouge), HPA-3bb (bleu),

l’échantillon sérum patient 645976 (marron) et l’échantillon plasma patient 644753 (vert). A

et B correspondent respectivement à la courbe HRM normalisée et à la courbe HRM

différentielle par rapport au contrôle HPA-3bb, pour les échantillons de sérum. C et D

correspondent respectivement à la courbe HRM normalisée et à la courbe HRM différentielle

par rapport au contrôle HPA-3bb, pour les échantillons de plasma.

Les échantillons de sérum sortent entre 34 et 37 cycles et la différence de sortie de cycle entre

les contrôles et l’échantillon patient est inférieure à 3. Sur les courbes de fusion, un pic entre

88 et 89°C est observé en fonction des échantillons. Dans le tableau de résultat, l’échantillon

sérum patient 645976 est noté «variation». En effet, il ne possède pas le même profil que les

contrôles et la courbe coupe celle du contrôle 3bb. Ces résultats sont également observés sur

les graphiques normalisés et différentiels (figure 6A et 6B). La mère étant de génotype 3bb, il

semble exister une incompatibilité entre la mère et son fœtus.

Les échantillons de plasma, quant à eux, sortent entre 33 et 36 cycles et la différence de sortie

de cycle entre les contrôles et l’échantillon patient est inférieure à 3. Sur les courbes de

fusion, un pic entre 88 et 89°C est observé en fonction des échantillons. Comme pour HPA-1,

il existe un tableau de résultats avec un seuil de confiance définit à 95%. L’échantillon plasma

patient 644753 est noté HPA-3aa pour un des duplicats avec un pourcentage de confiance

supérieur à 95%. En effet, il possède le même profil que le contrôle 3aa et ces résultats sont

également observés sur les graphiques normalisés et différentiels (figure 6C et 6D).

deg.

83 84 85 86 87 88 89 90 91

Norm

alis

ed F

luore

scence

100

80

60

40

20

deg.

83 84 85 86 87 88 89 90 91

Norm

alis

ed m

inus B

BS

0

-5

-10

-15

-20

-25

deg.

83 84 85 86 87 88 89 90 91

Norm

alis

ed F

luore

scence

100

80

60

40

20

deg.

83 84 85 86 87 88 89 90 91

Norm

alis

ed m

inus A

AP

L

5

0

-5

A B

C D

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Cependant, il existe un écart entre les duplicats (∆Ct = 0.44), en effet l’autre duplicat indique

une incompatibilité. La mère est de génotype 3aa mais il est impossible de conclure à une

incompatibilité ou non, la PCR devrait être refaite.

La PCR-HRM a également été réalisée sur quatre autres patientes pour lesquelles

l’incompatibilité ou la compatibilité étaient connues. Des profils communs aux patientes

compatibles d’une part, et aux patientes incompatibles avec leur fœtus d’autre part, ont été

trouvés.

III) Mise au point du DPN sur HPA-5

La PCR-HRM ayant déjà été mise au point auparavant, seule la PCR-SSP a été faite dans ce

projet. Comme pour le système HPA-3, nous avons testés des concentrations croissantes

d’amorces et d’additifs tels que le MgCl2, le glycérol, le formamide ou le DMSO. Plusieurs

programmes ont été testés : 2min à 95°C, (30sec à 95°C, 30sec à 61°C, 30sec à 72°C) x 50

cycles, courbe de fusion entre 60 et 95°C avec un pas de 1°C/sec ; ou 2min à 95°C, (30sec à

95°C, Diminution de 0,4°C/cycle de 68 à 58°C, 30sec à 68°C) x 25 cycles, (30sec à 95°C,

30sec à 54°C, 30sec à 68°C) x 25 cycles, courbe de fusion entre 70 et 95°C avec un pas de

1°C/sec. Pour chaque programme, différentes températures d’hybridation ont été testées.

Les meilleurs résultats ont été obtenus avec un mix contenant les amorces (table 2) à 0,5µM et

du MgCl2 à 3,5mM et avec le programme suivant : 2min à 95°C, (30sec à 95°C, diminution

de 0,4°C/cycle de 68 à 58°C, 30sec à 68°C) x 25 cycles, (30sec à 95°C, 30sec à 54°C, 30sec à

68°C) x 25 cycles, courbe de fusion entre 70 et 95°C avec un pas de 1°C/sec.

La PCR est effectuée sur des échantillons contrôles HPA-5aa, bb et ab en utilisant une

quantité d’ADN de 10ng. Le volume final de réaction est de 30µL. Les courbes

d’amplification et de fusion sont obtenues pour chaque allèle « a » et « b » (figure 7).

Tout d’abord, le contrôle négatif doit être vérifié et ne pas présenté d’amplification spécifique.

Pour l’allèle a, l’eau sort à 39 cycles et pour l’allèle « b », elle sort à 41 cycles, mais aucun pic

spécifique sur la courbe de fusion n’est observé pour les deux allèles.

Le contrôle HPA-5aa sort à 31 cycles pour l’allèle « a » et l’écart type de sortie de cycle est

inférieur à 0,3 (figure 7A). Un pic à 79°C est observé sur la courbe de fusion, il s’agit donc

d’une amplification spécifique de l’allèle « a » (figure 7B). Pour l’allèle « b », le contrôle 1aa

sort à 41 cycles, l’écart type est inférieur à 0,3 (figure 7C) mais le pic observé est inférieur à

79°C. Il n’y a donc pas d’amplification spécifique de l’allèle « b » (figure 7D).

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Le contrôle HPA-5bb sort à 35 cycles pour l’allèle « b » et l’écart type est de 0.66 (figure 7C).

Les duplicats ne sont pas bons, cependant sur la courbe de fusion, un pic à 79°C est observé.

Il s’agit donc d’une amplification spécifique de l’allèle « b » (figure 7D). Les duplicats

donnant les mêmes résultats, et du fait du faible volume du contrôle, la PCR n’a pas été

refaite. Pour l’allèle « a », le contrôle 1bb sort à 41 cycles et l’écart type de sortie de cycle est

inférieur à 0,3 (figure 7A), mais aucun pic à 79°C n’est observé sur la courbe de fusion

(figure 7B, pic à 75°C). L’amplification n’est donc pas spécifique.

Le contrôle HPA-5ab sort à 33 cycles pour l’allèle « a » et à 35cycles pour l’allèle « b » avec

un écart type de sortie de cycle inférieur à 0,3 (figure 7A et 7C). Sur les courbes de fusion, un

pic à 79°C est observé pour les deux allèles (figure 7B et 7D). Il y a donc une amplification

spécifique de l’allèle « a » et de l’allèle « b ».

Figure 7 : PCR-SSP sur les échantillons contrôles HPA-5aa (rouge), 5bb (bleu), 5ab (violet) et

l’eau. A et B représentent les courbes d’amplification et de fusion de l’allèle a, C et D les

courbes d’amplification et de fusion de l’allèle b.

Les trois contrôles montrent que la PCR a bien marché et montrent la spécificité des amorces :

pour le contrôle aa, amplification de l’allèle « a » et pas d’amplification pour l’allèle « b » ;

pour le contrôle bb, amplification de l’allèle « b » et pas d’amplification pour l’allèle « a » ;

pour le contrôle ab, amplification des deux allèles.

Cycle

5 10 15 20 25 30 35 40 45 50

Norm

. F

luoro.

-0,510

-1,010

-1,510

-2,010

-2,510

-3,010

Threshold

ºC

75 80 85 90 95

dF

/dT

3,5

3,0

2,5

2,0

1,5

1,0

0,5

0,0

Cycle

5 10 15 20 25 30 35 40 45 50

Norm

. F

luoro.

-0,510

-1,010

-1,510

-2,010

-2,510

-3,010

Threshold

ºC

75 80 85 90 95

dF

/dT

3,5

3,0

2,5

2,0

1,5

1,0

0,5

0,0

A B

C D

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Les thrombopénies fœtales ou néonatales alloimmunes sont les plus fréquentes des

thrombopénies isolées sévères du fœtus et du nouveau-né. Au cours des grossesses

successives, l’atteinte fœtale est de plus en plus sévère. Le diagnostic biologique doit pouvoir

bénéficier des techniques les plus sensibles, fiables et reproductibles afin de mettre en place

un traitement adapté pour l’enfant atteint, et proposer une prise en charge adaptée des

grossesses ultérieures. Le DPN des thrombopénies fœtales est réalisé à l’heure actuelle à

partir d’amniocentèse. Ce geste invasif peut être à l’origine de fausses couches spontanées. Le

DPN non invasif est donc un enjeu majeur du laboratoire d’immunologie plaquettaire.

Une méthode de génotypage sur l’ADN fœtal présent dans le sang maternel a déjà été

développée pour HPA-1 en combinant deux techniques : la PCR-SSP et la PCR-HRM afin de

permettre un diagnostic non invasif plus sûr et à un terme précoce de la grossesse (dès 15

semaines d’aménorrhée). La technique par les sondes Taqman, étant plus coûteuse et ayant

donné des résultats non spécifiques pour l’allèle « a » recherché, n’a pas été retenue. Afin de

valider la méthode et sa reproductibilité, le DPN doit être réalisé sur un certain nombre de

patientes (entre 30 et 100). Pour l’instant, ce nombre est de 49 mais nous souhaitons

l’augmenter. Pour cela, nous avons réalisé les deux techniques de PCR sur neuf patientes

HPA-1bb présentant une incompatibilité ou une compatibilité connue avec leur fœtus. Pour

les neuf, l’incompatibilité ou compatibilité a pu être observée dans les deux techniques,

augmentant ainsi la cohorte à 58 patientes. En 2011, Scheffer et al. avaient développé une

méthode de génotypage fœtal HPA-1a non invasive par PCR en temps réel. Les résultats

faussement négatifs causés par l’amplification non spécifique de l’ADN maternel avaient été

exclus par digestion enzymatique de l’ADN grâce à Msp1. Cette digestion permettait de

détruire l’allèle « b », la majorité des mères étant HPA-1bb, et de n’amplifier que l’allèle « a »

s’il était présent chez le fœtus23

. La méthode que nous utilisons, grâce à deux techniques

fiables, est moins sujette aux amplifications non spécifiques et aux digestions incomplètes qui

pourraient se produire avec l’utilisation d’enzymes de restriction. De plus, la technique est

applicable aussi bien aux immunisations HPA-1a que HPA-1b.

Deux autres systèmes sont régulièrement impliqués dans les thrombopénies fœtales et

néonatales : HPA-3 et HPA-5. Cependant il n’existe pas, à ce jour, de DPN non invasif pour

ces systèmes. Le protocole pour HPA-1 ne peut être applicable directement pour ces deux

systèmes en raison d’une région à amplifier riche en GC pour HPA-3 (formation de structure

secondaire diminuant l’accès aux amorces) et d’un amplicon plus long pour HPA-5. Il est

DISCUSSION

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donc nécessaire d’adapter le protocole pour ces systèmes. Le DPN pour HPA-3 en PCR-SSP a

pu être mis au point pour l’allèle « a » mais les différentes conditions utilisées n’ont pas

permis l’amplification spécifique de l’allèle « b ». La recherche de l’allèle « a », présent sur

l’ADN fœtal, permettrait de diagnostiquer une incompatibilité entre la mère et son fœtus pour

la majorité des cas d’incompatibilité dans ce système étant donné que la majorité des femmes

impliquées dans une immunisation HPA-3 sont de génotype « bb ». La PCR-HRM a été

réalisée sur six patientes pour lesquelles l’incompatibilité ou la compatibilité étaient connues.

Des profils communs aux patientes compatibles d’une part, et aux patientes incompatibles

avec leur fœtus d’autre part, ont été trouvés. Il serait cependant nécessaire d’effectuer cette

technique sur d’autres échantillons dont l’incompatibilité est connue afin d’augmenter la

cohorte et de vérifier ces profils. Pour HPA-5, la PCR-HRM a déjà été mise au point. Nous

nous sommes donc concentrés sur la PCR-SSP. Cette technique a donné de bons résultats

avec une bonne spécificité des amorces pour chaque allèle et un pic à 79°C retrouvé sur les

courbes de fusion pour chaque amplification spécifique. En revanche, de manière surprenante,

les résultats obtenus avec un volume final de réaction de 30µL ne sont pas retrouvés dans

25µL, alors que la quantité d’ADN et la concentration des différents réactifs du mix sont

restées les mêmes. Il serait donc préférable d’effectuer une nouvelle PCR afin de recontrôler

cette information. De plus, il est intéressant de noter que le programme utilisé pour le système

HPA-5 est le même que pour le système HPA-1. Ainsi, le génotypage de ces deux systèmes

pourra se faire en même temps : dans des tubes séparés, puisque la composition du mix est

différente, mais lors du même programme de PCR. Ce regroupement permettra de gagner du

temps sur le rendu des résultats et permettre une prise en charge encore plus rapide des

incompatibilités.

La suite de ce projet consiste à valider la méthode de DPN pour les systèmes HPA-3 et

-5 en effectuant ces techniques sur une centaine de patientes afin d’évaluer la reproductibilité

de la méthode. Le seul problème est le manque de prélèvements arrivant au laboratoire pour la

recherche d’incompatibilité dans ces systèmes. Cependant, la mise au point de ces techniques

s’ajoute à celles de HPA-1 et à la PCR-HRM déjà effectuée pour HPA-5 et constitue ainsi les

méthodes de génotypage plaquettaire non invasif des trois systèmes pour lesquels les

immunisations sont les plus fréquentes chez les caucasiens. A terme, il ne sera plus nécessaire

d’effectuer d’amniocentèse pour le diagnostic prénatal de la thrombopénie fœtale ou

néonatale allo-immune, un simple prélèvement de sang maternel suffira au diagnostic. De tels

progrès seront un atout considérable pour la prise en charge thérapeutique dans le domaine de

la périnatalité, élément essentiel de la santé publique.

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