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8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
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T^'T T7
langue
I
I II textes
%4
JL^/JL
JLi
histoire
VALES
I
N° 30
-
PRINTEMPS 1996
A LES
DÉPENDANCES
f F
AU TRAVAIL
M)
I
F
AU
"Q
TRAVAIL
I
M)
§
duCentre
evue
Nationalubliéedu
vec
Livre
e
concours
etduC.N.R.S. llfduCentreationaluLivretduC.N.R.S.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 2/165
MÉDIÉVALES
Langue
Textes Histoire
Revue semestrielle
publiéepar
es
PressesUniversitairese
Vincennes-ParisIII
avec le
concours
u CentreNational u
Livre
et du
Centre e la
Recherche
cientifique
fondée
ar
François-J.
eaussart,
ernard
erquiglini,
rlando e
Rudder,
François
Jacquesson,
laude
Jean,
dile
Redon
Directeure la publicationOdile REDON
Comité
de
rédaction
Simonne
ABRAHAM-THISSE
Patrick
OUCHERON
Alain
BOUREAU
Monique
BOURIN
Geneviève
ÜHRER-THIERRY
Lada
HORDYNSKY-CAILLAT
Bruno
AURIOUX
DidierLETT
LaurenceMOULINIER
Danièle
SANSY
Conseil
scientifique
Jérôme
aschet,
Chiara
Frugoni,
Allen
J.
Grieco,
Christine
apostolle,
Michel
Pastoureau,
Danielle
Régnier-Bohler,
ernard
Rosenberger,
Barbara
Rosenwein,
imone
Roux,
Françoise
Sabban,
Thomas
Szabó,
Elisabeth
adora-Rio
© PUV, Saint-Denis, 996
Couverture dessinde
MichelPastoureau
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
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MÉDIÉVALES 30 PRINTEMPS 1996
LES
DÉPENDANCES
AU TRAVAIL
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
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CONSIGNES AUX AUTEURS
A
-
Articles
Les
textes serontremis
dactylographiés
u
imprimés
n double
interligne,
n feuillets e 1
800
signes
30
lignes
60
signes)
surformat
21 X
29,7
cm. Le
texte et les notes seront
présentés éparément,
es
notes numérotées n
continu la
suite de l'article. Les articles
notes
comprises)
ne
dépasseront as
45 000
signes (y compris
es
blancs),
sauf
consignes
spécifiques
du
responsable
du numéro.
Les
disquettes
seront ournies ans un secondtemps.
Normes de
présentation
Les
mots et les citations n latin
seront
présentés
n
italiques
ou
soulignés.
Les
citations
hors
e
latin)
figureront
ntre
guillemets.
es
illustrations eront
présentées
part,
en cliché
positif
noir
et
blanc,
numérotées t avec une
légende
dactylographiée.
e
nombredes illus-
trations
ar
article ne
dépassera pas
5. Les dessins au
trait ont les
bienvenus.
Notes
Dans les noteset
les références
ibliographiques,
n
respectera
es
normes uivantes initiale
du
prénom
de l'auteuren
capitales,
uivi du
nom
de l'auteur en
petites
apitales
sauf
l'initiale en
capitale)
titre
d'ouvrage
en
italiques
tomeou volume lieu
et date d'édition
pages.
Pour es
articles e revue titre e
l'articleentre
uillemets,
irec-
tement
uivi,
près
une
virgule
sans
dans
ni
in),
du titre e la revueen
italiquesou souligné tome ou volume année pages.Pour les articles nclusdans des
ouvrages
collectifs
actes
de col-
loques,
mélanges...),
même
présentation
mais le
titrede l'article est
suivi du mot
dans,
puis
du nom
de l'éditeur
scientifique
en
petites
capitales)
suivi de éd.
ou
dir.,
et du titre e
l'ouvrage
(en
italiques).
Pour les éditionsdes
textes
médiévaux,
e
prénom
t
le nom de
l'auteur eront n
petites apitales
sauf
initiales,
n
capitales)
le titre
du texte
en
italiques)
sera suivi du
prénom
et
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de l'éditeur
scientifique
en
petites apitales)
suivi de éd. ou dir.
B
-
Notes
de lecture
On indiquera ans l'ordre l'auteur, e titre n italiques y compris
l'intégralité
es
sous-titres),
e lieu
d'édition,
a maison
d'édition,
a
date de
publication,
e
nombrede
pages,
le nombrede
planches
et la
nature
es index.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
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SOMMAIRE
N° 30
PRINTEMPS
1996
LES DÉPENDANCES
AU TRAVAIL
Les
dépendances
u travail
AlessandroSTELLA
5
La
peine
des hommesest-elle
objet
d'histoire
Philippe
BRAUNSTEIN
9
Arachné
igotée
la fileusedu
Moyen Âge
face au
drapier
Dominique
CARDON
13
Entre a
complémentarité
t la
dépendance
rôle
économique
et
travaildes
femmes t des enfants ans le
monde ruralvalencien
au
bas
Moyen Âge
AntoniFURIÒ
23
Travail, famille,
maison formes
t raisons du
placement
dans
les sociétés traditionnellesAlessandroSTELLA 35
Entre
mbre t lumière
quelques
aspects
du travail es femmes
à
Montpellier
1293-1408)
Cécile
BÉGHIN
45
Relationsfamiliales
t
rapports rofessionnels
hez
les artisans
du bâtiment
n Provence à la findu
Moyen Âge
Philippe
BERNARDI
55
Les enfants u travaildans l'industrie extile lorentinees xivc
et xve
iècles
Franco FRANCESCHI
69
Exploités
ou
profiteurs
Les
apprentis
marseillais vant a Peste
noire
Francine
MICHAUD
83
Indispensable
t caché.
Le travail
quotidien
des
enfants u bas
Moyen Âge
et à la
Renaissance
Katharina IMON-MUSCHEID
97
Les
«
Ciompi
»
:
cardeurs,
oulons,
âtards
Robert
PARIS
109
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
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4 SOMMAIRE
ESSAIS ET RECHERCHES
Occulta cordis. Contrôle
e soi et confession u
Moyen Âge
(II)
PeterVON MOOS
117
Notes
de lecture
139
Sandro
Carocci,
Baroni di Roma.
Dominazioni
ignorili
e
lignaggi
aristocraticinel Duecento
e nel
primo
Tre-
cento
P.
Boucheron)
;
Jole
Agrimi t Chiara
Crisciani,
Les Consilia médicaux (M. Nicoud) ; Comprendre t
maîtriser
a nature u
Moyen Âge Mélanges
ď histoire
des sciences
offerts Guy Beaujouan
(G.
Comet)
;
Michel
Fixot,
Elisabeth Zadora-Rio
dir.,
L'environne-
ment es
églises
et la
topographie
eligieuse
des
campa-
gnes
médiévales
(C.
Treffort)
;
Frédérique
Audoin-
Rouzeau,
Hommes
et animaux en
Europe
de V
poque
antique
ux
temps
modernes.
orpus
de données
rchéo-
zoologiques
et
historiques Jacques
Voisenet,
Bestiaire
chrétien.
'imagerie
animale des
auteursdu Haut
Moyen
Âge
(ve-xie
iècle) (B. Laurioux)
;
Martin
Aurell,
Les
noces du comte mariage et pouvoir en Catalogne
(785-1213) (D.
Lett)
;
Jacques
Berlioz
(éd.),
Moines et
religieux
u
Moyen
Âge
(M.
Gaillard)
;
VictorMortet
et Paul
Deschamps
éd.,
Recueil
de textes
elatifs
l'his-
toire de l' architecture
t à la condition
des architectes
en France au
MoyenÂge
xie-xmeiècles rééd.
P.
Bou-
cheron).
Livres
reçus
156
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
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/';-=09 )(8*
=-0/']
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
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=-0/']
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
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=-0/']
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=-0/']
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Médiévales0, rintemps996,p. -7
Alessandro
STELLA
LES
DÉPENDANCES AU TRAVAIL
Le
premier
historien,
érodote,
disait
que
chez les
Athéniens e
travail
domestique,
vant d être
assuré
par
des
esclaves,
avait été la
tâche
des femmes
t des enfants
Les
historiens es
xixe-xxe
iècles ont
bâti un
cadre
conceptuel
t
mené des
études ur e
travail,
ans
lesquel-
les les
protagonistes
resque
exclusifs
étaient es hommes
adultes.
Jusqu à
une date
récente,
ux
femmesn était
accordée
qu une place
secondaire,
ans
l ombre des
hommes ur e chemin
de
l émancipation.
Mais alors
que
les
anthropologues
t es
sociologues
dressent,
u
travail
dans les pays pauvres,un tableauoù non seulement es femmesmais
aussi les enfants
ouent
un rôle
central,
es
historiens
ardent ouvrir
cettefenêtre.
ans le
meilleur es
cas,
les manuels
d histoire ont tat
des
enfants u travail
dans les
usines de la
révolution
ndustrielle ces
connaissances,
ailleurs,
nous
viennent on
pas
de recherches
istori-
ques,
mais
de
rapports
e
médecins
et de
parlementaires
es années
1830-18502.
C est
que, parmi
es
réductions
implificatricesui
ont
emprisonné
l analyse,
celle
qui
s est focalisée sur
e travail alarié a
pesé
lourd.
S il
est
relativementisé de
saisir
exploitation
e l homme
par
l homme,
les
repères
deviennent
mouvantsdès
qu on introduite sexe, l âge, larémunérationutre
que
le salairemonétaire. omment e construisent
les
rôles et les relations
nterpersonnelles
ans un atelier ù
travaillent
coude à
coude le
patron,
a
femme,
on
fils,
un
ouvrier t un
apprenti
Quelle
est a
nature es
dépendances
ans une
ferme amiliale ù vivent
et
travaillentnsemble
rois
générations
individus
C est cette om-
plexité
des
rapports
e
travail
que
le
présent
numérode
Médiévales
veut aborder.
1. J-P.
ernant t P.
Vidal-Naquet,
ravail t
esclavage
n
Grèce ncienne
Paris,
988,
.
104.
2. L-R.
Villermé,ableau e étathysiquetmoral es uvriersmployésanslesmanufacturese oton,e aine t e oieParis 840,ééd.aris,DI,1989E. Duc-
PETIAUX,
e la
condition
hysique
t
moralees
eunes
uvrierstdes
moyens
e
amé-
liorer
2
vol.,
Bruxelles
843,
ééd.
aris,
DHIS,
1979 Ch.
Dupin,
u travail es
enfantsu employ
nt
es
teliers,
es
usines,
es
manufactures,
onsidéréans es ntérêts
mutuels
e a
société,
es
amilles
tde industrie
Paris,
840-1847.
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6
A.
STELLA
S
agissant
du
Moyen Âge
(mais
on
pourrait
ussi bien
parler
insi
des
sociétés
traditionnelles),
tudier es
rapports
e
dépendance
u
sein
des
exploitations gricoles
et dans les
ateliers artisanaux
quivaut
à
aborder
e
gros
du
travail
ui
se
faisait cette
époque,
connu dans le
lexique
courant ous
le nom d économie
domestique.
Or,
en
laissant
volontairement
e côté es
grands
ystèmes
t es théories
conomiques,
ce
qui
nous intéresse ci est
précisément
e
comprendre
a
naturedes
liens
qui
unissent es
personnes
ans l unité de travail
domestique.
l
y
a
quelques
années,
Médiévales
consacraitun numéro aux
«
liens de
famille
3
;
celui-ci aurait
pu
aussi
s intituler liens de
travail
.
Les
liens de sanget es liensde travail,ntimementnterdépendants,omme
le
souligne
vec force
Antoni
Furiò,
e
retrouvent la base de
l agglo-
mération
umaine.Et ce n est ni
pour
fairede la
peine
à
Malthus,
ni
pour
exaucer es vœux de
l Église que
les
couples
paysans
faisaient es
enfants
ôt et en
nombre,
mais
plus simplement
ous la
contrainte u
travail
accomplir.
Philippe
Braunstein,
n ouverture es
contributions
résentées
ci,
nous
rappelle ustement
ette
monstruosité ffichée
par
les
nazis à
l entrée
des
camps
«
le travail
end ibre . L histoirenous
montre
ue
c est,
au
contraire,
ar
le
biais du travail
que
l asservissement e
plus
inhumain omme a
dépendance
a
plus
sournoise
e
formentt se défor-
ment.Mais il n est pas bon pour ordre social de laisser voir a dure
réalitédu
travail,
t sa
représentation
souvent
oué
la fonction exu-
toire e la
plaie
humaine est-ceun
hasard,
nous dit
Dominique
Cardon,
si
l iconographie
de la fileuse met
en scène les
Parques
ou
la
Vierge
Marie dans des
paradis
bucoliques,
tandis
qu elle gomme
es
images
réelles du
plus grand
nombrede femmes
iées
quotidiennement
leur
quenouille
utant
u à
leurs
donneurs e travail
Quand
elles n ont
pas
été
reléguées
sous
l escalier,
comme la
fileuse
peinte par
Giotto,
es
femmes
u travailn ont
pas
laissé
beaucoup
de tracesdans les
registres
notariaux t dans es livres
omptables.
a difficulté
este ncore
grande
en effet, t l article de Cécile Béghin le confirme ne fois de plus,
d appréhender
es activités
conomiques
des femmes n dehorsde leur
espace
«
naturel
qu est
la maison. l
ne fait ucun
doute,
au demeu-
rant,
ue
du meix l atelier
familial es femmesn étaient
pas
des
figu-
rantes,
compris
dans des métiers
omme ceux de la
construction,
us
a
fortiori
ommevirils.
hilippe
Bernardi,
ur a base
de milliers actes
notariaux,
montre
ue
la
présence
féminine,
même au
plus
hautniveau
de
l entreprise
rtisanale,
st loin
d être
négligeable,
lors
que
le rôle
des
femmes,
auf en cas de
veuvage,
n est
pas
reconnu ur e marché
du travail
salarié solidement enu
par
les
hommes. Le travail salarié
appartiendrait-il
un autre
registre
u travail
domestique
Qui
saurait
en fixer es frontièresans le cas d une entrepriseamiliale
La
plupart
es historiens
ollicités
pour
collaborer ce numéro e
Médiévales ont choisi délibérément
e mettre accent sur les
grands
3. Médiévalesn°
19,
utomne990.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
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LES
DÉPENDANCES
U
TRAVAIL
7
oubliés de
l histoire
u travail
les enfants t les adolescents.Avec ces
apports
nous ne
ferons
ue
commencer
remplir
e trou
noir et subs-
tituer des
images
à
la Zola ou
à l étude
de
la
transmission
es
savoirs
une
approche
des conditions
e
vie et de
travaildes
jeunes,
sans
pour
autant
n faireun
genre
historiographique
ouveau,
séparé
non seule-
ment
par
choix
méthodologique,
mais
parce
qu il
nous
paraît
mpensa-
ble d aborder
a
mise au travail
des
enfants
ors du contexte
amilial,
ou
pour
mieux dire
domestique,
ui
le
sous-tend.
Franco
Franceschi
remet
es
pendules
à
l heure la
présence
des
enfants ans
es manufactures
extiles
e date
pas
du
xixe
iècle.
Ils sont
déjà nombreux ans l industrie lorentinee la laine et de la soie aux
derniers
iècles
du
Moyen
Âge.
Katharina
Simon-Muscheid,
après
des récits
utobiographiques,
ous montre
e
quoi
étaient aits
es
pre-
miers
pas
des
enfants,
ugés
capables
à
l âge
de
six ou
sept
ns
d appor-
terun
soutien,
n
soulagement
ux tâches
variées
de l économie
domes-
tique.
Elle attire
insi
notre
attention,
ans
pouvoir
faire
a
part
de
l exploitation
t celle
de la
formation,
ur
a mise au
travail n
bas
âge,
correspondant
une initiation
la dureté
de la
vie autant
qu à
une
distribution
es tâches
à l ensemble
des
membres
du
groupe.
On
ne
saurait
nvisager,
n
effet,
e
rendre
conomiquement
entables
sauf
dans des
tâches
particulières)
es
travailleurs
vant
un certain
ge.
Ce
seuil se situegrossomodo autourde l âge de la puberté dès lors, e
grand
nfant u
le
eune
homme
fait
on entrée
fficielle
ans
e monde
du
travail,
mais
dans une
position
de subordination
ictée
avant tout
par
âge.
À la suitedu
père
ou de la
mère,
du maître
u
du
compagnon,
le
jeune
travailleur
st soumis
à un
large
éventail
de
dépendances
qui
peuvent
éanmoins
ui devenir
lus
favorables
comme
e montre
ran-
cine
Michaud
-
lorsqu ils
savent
profiter
une
conjoncture
émogra-
phique
ou
économique,
l instar
des travailleurs
dultes.
De l étude des
contrats
e mise
au travail
d enfants
t de
jeunes
gens,
se
dégage
-
et
c est au
cœur de
ma contribution
ersonnelle
une catégorieparticulière
individus
les
orphelins.
ls constituent
es
gros
bataillons
apprentis
t autres
nourris-logés
,
pour
ui le contrat
de
travail
ignifie
n
même
temps
a
reconstitution
e
liens de
ménage
rompus.
Dépourvus
d une
protection
arentale,
ls étaient
lus
exposés
à devenir
des ouvriers
ans
qualifications,
es
«
Ciompi
».
Nous
avons
voulu conclure
e recueil d articles
par
la
publication
de la
découverte
aite
par
Robert
aris sur
origine
du mot
«
Ciompi
».
Ce
n est
pas
une
petite
rouvaille
depuis
des siècles
beaucoup
s étaient
interrogés
ans
apporter
ne
réponse plausible.
Celle
de Robert
Paris
paraît
out
fait atisfaisante
ur
e
plan
exicographique
t contextuel
de
plus,
elle
nous
rappelle
origine
du
mépris
voué à
ces
dépendants
par leurscontemporains« enfants es champs , « bâtards .
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 14/165
Médiévales0, rintemps996,p. -12
Philippe
BRAUNSTEIN
LA PEINE
DES HOMMES EST-ELLE
OBJET
D HISTOIRE
?
Le
tourisme
istorique
aventure
arfois
n des lieux
désertés,
ù
il
n y
a
plus
rien à voir.
Ainsi,
cette
prison
de
transit,
ue
l on
visite
à
Gorée et où s entassèrent es
milliersde
captifs
fricains
promis
au
travail
u,
par
défaut,
la mort dans le silence du lieu
surgissent
es
images
de
souffrance,
ue
la
«
compréhension historique
a rendues
présentables,
inon
supportables.
Il
est vrai
que depuis
a traite
es Noirs des formes
ystématiques
d inhumanité nt fait
urgir
e nouvelles
mages,
devenues
épouvanta-blement anales,sous l enseignedu « travail ui rend ibre : des sque-
lettesambulants
poussant
vers des
foursdes
«
palettes
de
cadavres
secs ou faisant
glisser
dans des fosses des amas de
corps souples
et
grotesques,
n
Jugement
ernier
ous un ciel vide.
Ni
les commentaires
des
historiens,
i
les souvenirs ollicités
des survivants e
permettent
de combler e hiatus ntre es
images
de déréliction
t celles
des lieux
ordinaires,
estinés l exterminationu à
l épuisement
rogrammé,
ue
l on visiteen
groupes
t où
les oiseaux sautillent
nouveau sur un
sol
gras.
Entre e
départ
des
uns et
la destruction es
autres,
l
n y
pas
de
proportion,mais un lien,celui du travailforcé,rentabledans un cas,
prétexte
nutiledans
l autre,
qui
réduit être à des muscles et à des
tendons. ravail de
masse,
souvent
nalysé,parfois
écrit,
amais
mon-
tré2.
Aborder a réalité
historique
u travail
par
les
portiques
ontem-
porains
de l humiliation t de la
mort,
est s inscrire élibérément ans
une tradition
ui
décrit e malheur es hommes
ui
ne sont
ni
ceux
qui
combattent
i
ceux
qui
prient
comme
le dit Adalbéronde
Laon,
«
il
1. La nécessité
conomique
une
bondante
ain-d œuvre
par xemple
.
Cas-
telo-Branco,
Escravatura
pretenso
acismoo
Portugueses
,
Anais
19, 970,
.
252.
La référencest mpruntéeun rticleparaîtree A. Stella.2. Quelqueseintrese sontisquésreprésenterefforteshommestdesfem-
mes u
travail
pas
eulementes
gestes,
ais es
déformations,
a
sueur,
accablement.
Les
photographiesui
ont assemblées
groupes
ouvrierstd ouvrièresur eur ieu
du ravaile sont ien
ardé
efixeres ltérationse a
fatigue
l effortst
égradant,
le hérosst
aisible.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 15/165
10
Ph.BRAUNSTEIN
n y
a
pas
de fin la
plainte
t aux larmesdes serfs 3. On aura
compris
que
le travaildont
il
est
question
ci n est
pas
celui de
l artisan,
de
l artiste,
u notaire
u de la mère
de famille
c est le labeur
qui
fait
vivre une société dans
les
champs,
ur es chantiers
t dans
les entre-
prises
industrielles.
ous le terme
aujourd hui
affaibli
de
«
travail
coexistent
es
réalités rès
différentes,
ar
uniformisation
es
pratiques
sociales a étendu
image
et le statut u
salariat,
utrefois
ndigne
et
contraignant,
un
large
spectred occupations
professionnelles4.
ette
situation
cculte
le brutal ouvenir
des
rapports
e
dépendance
dans
lesquels
vécut
a
plus grande
partie
de la
population
Europe pendant
des siècles : précarité hysique tmentale, onton n a pas finid inven-
torier es
signes.
Une
histoire e la
sujétion,
une
«
chronique
du sala-
riat»
ne
peuvent
s écrire
à
partir
des
seules
représentations
u une
société se donne
d elle-même
il faut
aussi
s efforcer
e
retrouver t
de rassembler
es traces
du travail vécu
»,
que
le discoursnormatif
t
les
données chiffrées
e
prennent as
en
compte.
Or,
es intéressés
ont aissé
que
de
maigres
onfidences
ur eurs
conditions
de
travail5,
ue
la
conservation u
la restitution
es
lieux
permet
exceptionnellement
appréhender
des
édifices
déserts,
es
cathédrales
uinées
de la
grande
ndustrie,
xposent parfois
outils
et
machines,
mais
ils ont
perdu
eurs mes
mortes t aucune
«
animation
ne peutressuscitera peine des travailleurs isparus quantaux gens
de
plume
et
d ordinateur,
ls
ont bien rarement
expérience
du
labeur
in sudore
vultis6.
Il
est des
lieux de mémoire
ui
ne sont
pas
théâtres
e commémo-
ration. a vie
qui
s y
déroulait
tait ans
histoire,
arce
que
des histoires
de vie les
ontabandonnés
our
toujours.
e sont
es
carrières,
es fosses
et les
galeries
de
mine,
es
puits
de
salines,
durement
reusés,
taillés,
foncés,
ccès aux
œuvres
vives,
décor obscur
t
menaçant,
adre
ntem-
porel
et
durable,
ù des
hommes
ont consommé
eurs forces
ce sont
aussi
les chantiers
e construction
t de
radoub,
es
verreries,
es
forges
et
affineries,
vec leurs
retenues,
hutes et
dérivations,
es moulins
à
fouler, cierieset
papeteries
il en restetoujoursquelque chose, ne
serait-ce
ue
des
plans
d eau
démesurés
par
rapport
ux
vestiges
du
3.
Poème u
roiRobertCl.Carozzi
d.
Les
lassiques
e histoire
e France
32),
Paris,
979,
.
23.
4. C est
objet
u ivre e
R.
Castel,
Les
métamorphoses
e a
question
ociale.
Une
hronique
u
alariat
Paris,
955.
5.
Ph.
Braunstein,
La communication
ansemonde
u ravail
la fin u
Moyen
Âge
,
Kommunikation
nd
lltag
m
pätmittelalter
nd
rüher
euzeit
Österreichische
Akademie
er
WissenschaftenPhilosophisch-historische
lasse,
itzungsberichte
596,
Vienne,
992,
.
95
«
dans e
champ
e histoire
u
ravail,
a
parole
st estée
ceux
qui ont rise ar crit,est-à-direunenfimeractione apopulationaborieuse.
6. Cité
ar
ebastian
ünster,
osmographia.
as ist
eschreibung
er
antzen
Welt
..,Bále, 628,
ac-similé
indau,984, ,
09
un
xpert
osgien,
ans
aubensack,
s étonnant
ue
histoire
énérale
it
orté
i
peu
attention
activitéinière
n
Europe,
apporte
ui-même
explication,
n
onstatant
«
personne
est
nmesureécrire
érieu-
sement
ur es hoses
u il
n a
pas
vues u mises n
pratique
.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 16/165
LAPEINE ES HOMMES ST-ELLE BJET HISTOIRE
11
bâti ce sont
enfin,
certaines
tapes
du
travaildans les filières e la
transformation,
es
espaces
clos,
parfois
rès vastes
-
les
tenderies,
la dimensiondes
pièces
de
drap
-
qui
ont aissé
leur
marque
dans les
cadastres u la
toponymie,
même si les murs nt
disparu.L enquête
de
terrain estitue es
lieux,
les
textes es
évoquent parfois,
bruyants
t
malodorants Jeande Garlande nstalle es
peigneresses
n un lieu nau-
séabond7 une ordonnance
minière saxonne
déplore
qu en
nombre
d exploitations,
les mineurs oient
placés
dans des lieux
à
risque,
dans
des
conditions
aérages
détestables
t sous le
danger ermanent
inon-
dation...
8
;
Biringuccio, ui
a visité à Milan une fonderie e
laiton,
où toutes es phasesde la productione déroulent ans la mêmehalle,
déclare
que
«
voyant
ravailler
utantde
personnes
ans le même
ieu,
tout
visiteur
ourrait,
omme
moi,
se croire n enfer...
9
Dans cet
enfer
es
premières
nnées du
xvr
siècle
-
rappelons ue
les conditionsde travail dans
le
bruit,
a
poussière,
a chaleur et la
promiscuité
e
portent as
nécessairement
estampille
de la
«
société
industrielle
-
les ouvriers t
es maîtres
métallurgistes
appartiennent
pas
à la mêmehumanité
ue
ceux
qui
écrivent
our
des administrateurs
et des lecteurs ultivés.
Ainsi,
pour
Filarète,
ui
se renddans
entreprise
sidérurgique
e
Ferriere,
ans le Val Nure
Placentin),
es fondeurs
u
teint
âle,
empoisonnés
par
les
vapeurs
sulfureuses,
essemblent ces
gaillardsqui, dans les demeuresde Pluton, ourmententes damnés 0.
Oui,
il
fautune condition
hysique
t mentale
xceptionnelle our
résister ux
épreuves uxquelles
est soumis e
corps
des travailleurs u
métal.
Biringuccio
ait de
quoi
il
parle,
car
il
a été maîtrede
forge.
Écoutons-le
«
Jevoudrais ire
u un
homme e noble ondition
t,
de
surcroît,
oté
d une
ntelligence
écanicienne
ngenium)
u d un
penchantour
esarts
du
feu,
e devrait
as
et ne
pourra as
exercere métieransmouiller
a
chemiset
upporter
ien es
désagréments,
insi, été,
jouter
la chaleur
ambiantea chaleurxtrêmet ontinueesénormes
eux écessairesla
production,t, hiver,ndurerhumidité,es eauxglacées,efroidnsou-
tenable.
n
outre,
n ne
peut
tre e
complexion
élicate
il
faut
tre
ort,
jeune,puissant,apable
de
manipulerresque
out
e
temps
es choses
pesantes
t
ue
e
poids
end ien
ncommodes,
ommee sontes
bronzes,
les
fers,
e
bois, eau,
la
terre,
es
tonneaux,
es
briques
t des choses
semblables.
nfin,
l
n y pas
de doute
ue s engager
ans e
métier,
est
accepter
e
vivre
ans a
saleté,
arce ue
ceux
qui y
vivent essemblent
communémentdes
ramoneurs,
ouleur echarbontdefumée e
uie,
es
vêtements
oussiéreux,
moitié oussis
ar
e
feu,
es mains t e
visage
barbouillése terre
étrempée.
cela
s ajoute
e fait
ue
es
forces
hysi-
ques
sont ontinuellementtviolemment
ollicitées,
e
qui
finit
ar
nfli-
7. Dictionnarius.h.Wrightd.,AVolumefVocabularies,, 1873, .128.
8. Premièrerdonnanceinièree
Schneeberg
1492),
itée
ar
H.
Ermisch,
as
sächsische
ergrecht
esMittelalters
Leipzig,
887,
.
109,
VI/20.
9.
V.
Biringuccio,
e la
Pirotechnia,
.Carugo
d.,Milan, 977,
.
20.
10.
A. Averlino etto l
Filarete,
Trattatoi ArchitetturaA.
M.Finoli t
L. Grassi
d.,Milan, 972,I,
p.
477.
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Médiévales0, rintemps996,p. 3-22
Dominique
CARDON
ARACHNÉ
LIGOTÉE :
LA
FILEUSE DU MOYEN ÂGE FACE AU
DRAPIER
De tous les travailleurs e
la
grande
ndustrie
u'était
la
draperie
en
Europe
occidentale au
Moyen Age,
la fileuse futà la fois la
plus
mythifiée
t
a
plus mystifiée,
a
plus
mise en scène
-
par 'iconographie
contemporaine
et a
plus
escamotée
par
a
réglementationechnique.
C'est en
scrutant,
ans
les bribes de textes
que
l'on
peut
rassembler
concernant
on
travail,
es modalités
echniques
elon
esquelles
s'effec-
tuecelui-ci, ue l'on peutfaire pparaître,u-delà de l'image mythique
de la
fileuse,
un
portrait lus
réalistede sa condition.
Propriétaire
e ses outilsde
travail,
ont ertains e
perfectionnent
et se standardisent
u cours du
Moyen Âge,
tandis
que
d'autres
appa-
raissent
u XIIIe
iècle,
telle a roue à filer
ui marque
un
gain mportant
de
productivité1
détentrice 'un savoir-faire
ui
se
perd
dans la nuit
des
temps2
travaillant son
rythme,
oit chez
elle,
soit aux
champs
n
gardant
es
troupeaux,
i elle habite a
campagne,
u encoredans
la rue
en
compagnie
de ses
voisines,
uand
elle est
citadine3,
a fileuse ibre4
pourrait
araître
n
position
e
forcevis-à-visdu
drapier.
ela,
d'autant
plus que son interventionorrespond u premier tade irréversible u
1.
Discussionur
esoutils u
filage
ans .
Cardon,
echnologie
e a
draperie
médiévale,
ue u
Languedoc
tdes
pays
e a
Couronne
'Aragon
à
paraître).
2. Pour
xemple,
a
régularité
t a finesse
3
à
6/ 0e
e
mm)
dmirableses en-
taines 'échantillonse
fils etors
ui
onstituenta
majorité
es
vestiges
extilesu ite
néolithique
e
Charavines,
acde Paladru
Isère).
ublication
n ours
ar
. Cardon.
3. Les assembléese
fileusesla
roue
filer ans es ruellestroitesesvilles
médiévalesausentu ouci
ux utorités
unicipalesui,
Palma e
Majorque
omme
à
Pamiers,
u
xive
iècle,
rennent
esarrêtés
our ue
es fileusesient tournera
pointe
e a brocheucôté es
maisons,
tnon
ers es
passants
«
que
toute emme
filantla roue
filer ans a rue ie à tenira dite oue t a brochee tellemanière
qu'elle
e
puisse as
faire al
quiconque,
'est-à-direournéeerse mur
,
A.
Pons,
Libre elMostassafeMallorcaPalma eMajorque,949, .56 §21 même hose
dans es
Statuti
els anassierse
Pamiers,
rchives
unicipales,
B 1 f°
8v°
4.
4. Même i c'estd'elle
u'il s'agit
ci,
l
ne faut
as
oublier
a
présence,
hez
quantité
'habitantses
villes e
l'Occident
éditerranéen,
e
nombreuses
sclaves
domestiques
onte
filage
onstitue'une esmanières
entables,
our
eurs
maîtres,
e
les
occuper.
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http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 19/165
14
D.
CARDON
processus
de
production
on
peut
retrier,elaver,
epeigner
u recarder
de la
laine,
mais
l
est
mpossible
de faireun beau
drap
fin
vec un
gros
fil
rrégulier.
On va voir
cependant
omment
e
drapier 'arrangepour
a
«
bri-
der
»,
comme le
dit
très
ustement
t
cyniquement
n texte
du
xnr
siècle5,
pour confisquer
son
propre
profit
es
gains
de
productivité
réalisés au stade du
filage,
t
pour
nsérer a
fileuse,
ans les
conditions
qui
lui
conviennent
lui,
dans la vaste toile
d'araignée que
constitue e
système
e
production
e la
draperie
médiévale.
La
fileuse,
e
mythe
t
la morale
Le
jour
sous
lequel
est montrée
filage
dans
l'iconographie
médié-
vale
est,
bien
entendu,
ignificatif pour
quelques
images
de fileuses
ordinaires,
uenouille
enrubannée
passée
dans la
ceinture,
ilant u
fuseautout n
gardant
eurs
moutons,
eursbébés ou les deux à la fois
ou bien
debout côté de leurroue à
filer,
éhanchéesdans
des
postures
aussi
gracieuses
à
regarder ue pénibles
à
garder
durant
des heures
d'affilée
ou
encore,
plus
rarement,
assises au coin
du
feu,
dévidant
et filant au
rouet,
ombien de
représentationsymboliques
des trois
Parquesfilant, évidant t coupant mplacablemente fildes destinées
humaines,
'Arachné
piégée
dans un duel
inégal
avec
Athéna, u,
dans
le
registre
iblique
et
chrétien,
'évocations
d'Ève,
de la
Vierge
Marie
ou de telle ou
telle
sainte,
venantdonner e bon
exemple
du
filage6
C'est
qu'en
effet,
même es
«
femmes llustres
,
toutes
atégories
confondues,
ont censées
pratiquer
et art. Et
cela,
parce que,
depuis
les sociétés
néolithiques,
es
besoins de la
production
extile
mposent
que
tous les membresd'une
communauténon
occupés
à des tâches
dangereuses
u demandant
eaucoup
de force
physique
c'est-à-dire,
en
gros,
urtout
es/emmes
passent
u
moins
une
partie
e leur
temps
à filer.Au Moyen Âge,pour limenter n filés 'industrie e la draperie,il faut
compter
nvironune trentaine e fileuses
par
métier tisser
battant7
t,
à
des
lieues à la ronde ux alentours e
chaque grand
entre
textile,
es centaines e femmes e la
campagne
filent
our
es
drapiers
5.
«
Orfaut
..traoul,
ote
coter,
t
peson our
mieux riderelle
ui
fille
,
Dit
des utils e 'hôtelMs.
Chantilly
578,
°
05.
6. Le thèmee a
Vierge
ilantst
videmmentié celui 'Ève ondamnéefiler
après
a Faute
riginelle.
e thèmest
lus
are
ans
'art ccidentalu
Moyen ge ue
dans es hrétientésrientalest
d'après
.
Réau
Iconographie
e 'Art hrétien
Paris,
1955,
.
179),
l
dénoteraitne nfluence
yzantine.
7. Tout
épend
videmmentu
tempsuotidienue
chacune
eut
onsacreru
filage,ans a mesureù elle umuleetravailufilagevec es travauxgricolest
domestiques.
n
exemple,ris
ans a
Compagnia
'Arte ella anadu célèbre ar-
chand-drapier
ePrato
rancesco
atini
en
1396-97,
our
a fabrication'une
ièce
e
drap
n
aine
nglaise,
9
fileuses
articipent
u
filage
e a
chaîne,
4
autresu
filage
de a trame
F.
Melis,
ocumenti
er
a
Storiaconomicaei ecoli
III-XVI,
lorence,
1972,
.
108
t
Aspetti
ellaVita conomica edievale
Sienne,962,
p.
65-66).
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
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AR
ACHNÉ IGOTÉE
1
5
de la ville8. Rien
d'étonnant,
ar conséquent,
ce
que
le
filage
soit
alors
présenté,
travers es
images
ou au détour
es textes
de
sermons,
comme e
symbole
mêmedu travail éminin t e recours
ar
excellence
de la femmevertueuse ontre
'oisiveté,
mère de tous les vices9.
Pourtant,
même
sainement
occupée
à ce travail
exemplaire,
a
fileuse uscite
oujours
a
méfiance,
u
point ue
ce
que
l'on va trouver
principalement
ans es textes e
règlements,
propos
du
filage,
e sont
des
exigences
d'ordre
moral,
bien
plus que technique
être
propre
t
soigneuse
et
garder
a laine
dans une
corbeille
pour qu'elle
ne traîne
pas par
terre t
ne
prennepas
la
poussière
et les salissures
0
;
ne
pas
mettre ans une bobine de filde chaîne un fild'autre aine que celle
de la chaîne en cours de
filage11
ne
pas mélanger
es lots de laine
confiés
t,
d'une manière
énérale,
endre
bien et
oyalement
,
«
légi-
timement
,
ou
«
diligemment
à chacun sa
laine,
rien
que
sa laine et
toute a
laine
12. a
suspicionexpriméepar
la
réglementation,
aturel-
lement laborée dans 'intérêt es
drapiers,
st donc
principalement
iée
à leur craintede se fairevoler ou
gâcher par
les fileuses une matière
première récieuse, uisque
son
prix
d'achat
peut
représenter
8 à 52 %
du
prix
de revient
'un
drap13
8. ToujoursouracompagnierapièreatinienneePrato,n onstateadisper-sion esfileusese aine echaîneu de trameans n
rayon
e 35km ux lentours
de a ville
Ibid.).
Même hose
Cuenca,
n
Castille,
u milieu u
xvr
iècle la laine
destinée
alimenter
a
draperie
ocale st istribuéefileranses
villages
es
lentours,
jusque
ans n
ayon
e 10 12
ieues,
'est-à-dire0
km,
e a
ville,
.
radiel
Muru-
garren,
volucione a Industriaextilastellanan os
iglos
III-XVI,
alamanque,
1974,
.
193.
9.
Exempleconographique
ien onnula fileuseu fuseau e a
«
VieActive
au Portail
ord e a Cathédrale
e
Chartres.
ans e domaine
ittéraire,
on
xemple
aussi hez e
prédicateur
t
polémiste
ranciscaine
Valence,
rancese
iximenis
(av.1327-1409),
egiment
e a Cosa
publica
P.
Daniel
de Molins
e Rei
d.,
Barce-
lone, 927,
.
129.
10. Ordonnancearcelonaise
ur a
draperie,
u
21
nov.
438,
.
de
Capmany
d.,
Memorias
istóricasobre
a
marina,
omercioartes e a
Antigua
iudad eBarce-
lona rééd. arcelone,962, .470.
11.
Perpignan,èglement
u 8 août
311,
.-B.
lart,
Documentsur
a
angue
catalanees nciens
omtése Roussillontde
Cerdagne
1311-1390)
,
R.L.R.
XV,
1866,
.
54.
12. Barcelone
Ord.
u
4
nov.
1387,
.,
M. et F. de
Bofarull,
Coleccion
e
DocumentosnéditoselArchivoenerale a Corona e
Aragon
=
Codoin),
arce-
lone, 876-1910,L,
p.
296
Perpignan
Ordonament
e a lana
ue
hom e
deja er
draps er
vestirJ.-B.
lart
éd.,
Documents
,
R.L.R.
V, 1874,
.
97
et
règlement
u
28
août
311,bid., V,1866,
.
54.ValenceEstabliments
eyts
tordenatsobreos
draps rims
n ixere
1371,
.
Sevillano
olom,
alenciarbana travesel
ficio
de
Mustaçaf
alence,957,
.
217.
Toulouse,
tatuts
es isserandst
pareurs
e 1227
etde
1279,
.M.Mulholland
d.,
Statutesn
loth-making
Toulouse,
227
,
dans
J.
H.
Mundy,
.
W.
Emery,
. N.
Nelson,
ssays
n medieval
ife
nd
thought
New
York, 955, .173 tEarly ildRecordsfToulouse,ewYork, 941, .5.
13. Le
premier
hiffre
orrespond
u
pourcentage
oyen
alculé
our
es
prix
d'achat e
toutes
es
qualités
e ainesmises n
œuvre,
u cours e son
xistence,
ans
la
compagnie
'Arte ellaLana de
Datini,
.
Melis,
Documenti
op.
cit.,
.
115
le
deuxième
eprésente
a
part
u
prix
'achat e a laine
anglaise)
ans
a
production
e
5 brunettes
'Ypres
J.H.
Munro,
TheMedieval
carlet
nd he conomicsf artorial
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 21/165
16
D.
CARDON
Cettecrainte
'est certes
pas
dénuée
de fondements.
out
d'abord,
parce
que
la laine est
une
matière rès
hydrophile, ui
peut
absorber
jusqu'à
30 %
de son
poids
d'eau sans
paraître
humide au
toucher
il
peut
donc être
entant
our
une fileuse
malhonnête,
u
simplement
ous-
sée
par
un
pressant
esoin
d'argent,
e
prendre
e
risque
de
garder
ne
partie
de
la laine
qui
lui a été
confiéeet de
la vendre son
profit,
out
en
essayant
de
dissimuler on larcin
n
chargeant
es écheveaux
rendus
d'eau,
de
poussière,
de
poudre
de craie
ou autre
mixture rauduleuse.
À
première
ue,
ce
genre
de
ruse aurait
uelque
chance de
réussir
uis-
que,
dans toutes es
grandes
égions
extiles,
'est à un
poids
fixe,
égle-
menté, u'est confiée a laine à filer t contrôlée a quantité e filren-
due.
De
plus,
e
grand
nombre t a
dispersion
éographique
es fileuses
ne
facilitent
videmment
as
le
contrôlede
la
production
e chacune
d'entre
lles. On va
voir en
outre,
par
des
exemples
tirésdes
pays
de
la
Couronne
d'Aragon,
ue
les
drapiers
herchent onstamment
main-
tenir
u
minimum,
inon à
diminuer utant
ue possible
le
salaire des
fileuses,
poussant
ainsi
certaines
d'entre elles à tenter
e se
rattraper
sur a
laine.
En
réalité,
ependant,
e
système
igoureux
e
titrage
es fils
qui
s'est
imposé
dans la
draperie
médiévale a
permis
u
drapier,
on
seu-
lement
de
disposer
d'une
gamme
de fils
de
grosseurs
tandard,
orres-
pondant chacune des qualitésde lainagesfabriquées,mais du même
coup
-
et c'est
ce
qui
nous
importe
ci
-
de réduire
resque
à
néant es
possibilités
de
fraude
aissées aux
fileuses,
tout
simplement
n leur
imposant
e
respect
'un
paramètre
echnique
upplémentaire.
ar
il
ne
s'agit pas
seulement
our
elles
de rendre n
certain
oids
de
laine,
mais
il
faut
de
plus
qu'à
ce
poids
correspondent
es
longueurs
e
fils déter-
minées.
Titrage
de la laine
par
le
système
du
poids
«
fixe
»
:
modalités techniques, mplicationséconomiques et sociales
Le
titrage
'un
fil
étant a
grosseur
xprimée
ous forme e
relation
entre a
longueur
t son
poids,
pour
un
poids
donné,
plus
un fil
est
fin,
plus
la
longueur
de fil
est
grande
et
pour
une
longueur
donnée,
plus
un
fil
est
fin,
moins
l
pèse.
C'est la
base des deux
systèmes
e
titrage
en
usage
de
nos
ours
: le
poids
fixe,
généralement
tilisé
pour
es fils
discontinus
'origine
naturelle,
rtificielle
t
synthétique,
t a
longueur
fixe,
utilisée
pour
la
soie naturelle
t les fils
continus
d'origine
artifi-
cielle.
Dans le
premier ystème,
n
exprime
a
grosseur
es
fils
-
leur
titrage
en nombrede
kilomètres
ar kilogramme.
Pour a laine,typemêmede filformé e fibres iscontinues,ssem-
blées
par
torsion,
'est ce
système
u
poids
fixe
qui
a
prévalu,
e toute
Splendour
,
dans
N.
Harte
et K.B.
Ponting
d.,
Cloth nd
Clothing
n
Mediaeval
Europe
Londres,
983,
ableau.12
p.
52).
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 22/165
ARACHNÉIGOTÉE
17
antiquité.
e
plus
ancien
poids qui
subsiste u monde est d'ailleurs un
poids
à
peser
la laine c'est un
poids
sumérien,
n
pierre14.
n
Crète
et
à
Mycènes,
l
existe
également
ne unitéde
poids
fixe
pour
a laine
et,
sur touteune série de
tablettes,
n
trouve
différents
ultiples
e ce
poids,
mis en relation vec différentsoms de
tissus,
e
qui
dénote
déjà
une diversificationt une standardisation e la
production
n
partie
basées sur différents
itrages
e fils à
partir
u
système
u
poids
fixe15.
Ce
système
rès ancien se retrouve
nchangé
en
Europe,
dans
la
draperie
médiévale.
À
Toulouse,
par exemple,
au débutdu
xme
iècle,
le
poids
fixe
pour
a laine est
toujours
a
pierre,
etra peyra
16,
ontun
exemplaire en pierre, ien sûr était onservé u Musée Paul Dupuy
jusqu'au
débutde ce siècle
17. a
pierre
st
aussi
usitée
Lodève
(peieral
de 8
livres)
et dans
la
draperie
de
Catalogne pyrénéenne
les consuls
de
Baga
en font aireune en
1399
pour
a somme de 5 sous18.
Le cas de la
«
livre
de
filage
»
dans
les
pays
de la Couronne
d'Aragon
Mais,
à côté de ces
gros poids, toujours
utilisés
pour
a laine des-
tinée au
filage
de la
trame,
n
constate,
ans
beaucoup
de centres ex-
tiles du Moyen Âge, l'existence d'un poids plus petit,utilisépourle
titrage
e la chaîne c'est la
«
livrede
filage
»,
comme
par
hasardtou-
jours supérieure
la livre
poids
de table. L'abondance et la
précision
des textesde
réglementation
ur la
draperie
des
pays
de la Couronne
d'Aragon permettent
n outre
de
s'apercevoir
que
cette liura
filanera
ou
filadora
manifesteune certaine tendance à l'inflation.
Fixée à
13 onces
(384
g)
au lieu de
12
(comme
dans la livre
poids
de
table)
à
Alzira,
près
de
Valence,
par
une ordonnance e 1372
,
elle est
égale-
ment
de 13
onces
(429
g)
à Torroellade
Montgri, rès
de
Gérone,
en
14. Conservél'Ashmolean
useum,
Oxford
il est
ravé
'une
nscriptionui
a
permis
e e datere2500 v.J.-C
nvironW.
Hustwick,
Wool
weights
,
Journal
of
he
radford
extile
ociety
1957-58,
p.
3-39.
15. J. .
Killen,
TheWool
ndustry
fCrete
nthe ateBronze
ge
,
Annals
of
he ritishchool
fArchaeologyf
Athens,9, 1964,
p.
1-15.
16. Statutse
1227,
.A.
Mulholland,
Statutes
,
oc.
it.,
.
173
Quod
mneš
hominest mine uius ille holoseam rbis
uam
uburbii
ui
vel
ue
anam
re-
bebuntd
filandum,uod rebeant
llamd
pondusetre
endendee
VI
ibris
tmedia
de ah t s.
17.
Cat.
Rachou,912,
°
04
A.
Machabey,
oids tMesuresu
Languedoc
t
desProvincesoisines
Toulouse,953,
.
123.
18. J. ablón,ManufactureesDraps Lodèvethèse ourediplôme'archi-
viste-paléographe,ontpellier,
vril
949,
.
56. J. erra
Vilaro,
aroniese
Pinos
i
Mataplana
rééd.
aga,
989,I,
p.
470
«
Donam
n
P.Traper,er
na
edra ue
féu
del
pes
dels
raps,
ss.
19.
Ord. u 19
uillet
372,
. M.
Alzira,
ol. 7
f°
9
cit. ansR.
Chabas,
El
Libro e as
Ordenanzas
unicipales
eAleira
,
El
Archivo,II,Valencia,893,
.
316.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 23/165
18 D.
CARDON
141920.Mais à
Baga,
dans les
Pyrénées,
i le
gros poids
utilisé
pour
a
laine de
trame,
e corto
correspond oujours,
la
fin
du
xive
siècle,
à
un
multiple
'une ancienne ivrede
filage
de 13
onces,
a lliura
iladora
utilisée
pour
a
chaîne, lle,
est
déjà passée
à 17 onces
-
en
l'occurrence,
634
g21.
Et si elle se maintient
18 onces
(605
g)
à Barcelone durant
le
xive
et le
xve
siècles22, Sabadell,
où le
systèmemétrologique
st
pourtant
e même
qu'à
Barcelone,
la lliureta
filanera
sera
passée
à
19
onces à la findu xvp
siècle23.
L'emploi
de
cette livrede
filage
traditionnelle,
chappant ppa-
remment
l'étalonnage
officiel,
eut
à l'occasion être ourcede conflit
entre nseigneur t es représentantses drapiers c'est le cas, en mars
1360,
à
Baga
où les consuls font
ppel
aux
conseils
d'un
juriste
de
Berga
contre ne tentative
aite
par
a
Marquise
de Pinos
pour
contrôler
des lliures
iladores
de
plus
en
plus
ourdes.
En
l'occurrence,
l
ne
s'agit
probablement as,
de sa
part
ou du
moins,
pas principalement
d'une
manifestatione sollicitude u de solidarité éminine nvers es
fileuses,
mais
d'affirmere contrôle
eigneurial
ur tous les
poids
et mesures
locaux.
Quoi
qu'il
en
soit,
'arbitrage
st
rendu n
faveur e la tradition
et des
usages
des habitants e
Baga...
c'est-à-dire
ue
«
ceux
qui
don-
nent a laine à filer un
poids supérieur
au
poids
habituel)
ne doivent
pas
être
punis,
comme s'ils avaientfait
usage
d'un
poids
faux
»24
En dehorsdes questionsd'ordretechnique osées par l'augmenta-
tion
d'un
poids
censé être fixe
les
fileuses doivent-elles endre
our
ces
nouveaux
poids
la même
longueur
de
fil
qu'auparavant
et dans
ce
cas,
le
fil
era un
peu plus gros
ou
une
ongueur
n
peu plus grande,
de manière conserver e même
titrage
),
une chose semble
sûre,
'est
que
les
fileuses sont
perdantes
ans l'affaire.Car c'est aussi
d'après
.
cette liura
filanera
qu'est
calculé leur salaire.
Or,
dans
aucune
grande région
de
draperie,
ucun des textesde
réglementation
édiévale entérinant ne
augmentation
'un
poids
uti-
lisé
pour
e
titrage
es fils ne fait
mention 'une
quelconque
modifica-
tion
oncomitante
e
la rétributiones fileuses25. u
contraire,
l
semble
20. Ord novellesu28 nov.
419,
rchivoe a
Corona
e
Aragon eg.
.591,
f° 6 °
25.
21.
J. erra
Vilaro,
aronies
op.
cit.,I,
pp.
72,
66.
22.
«
Bo e
just es
xicom s acostumat: Archivoistoricoe a Ciudad e
Barcelona,
rd. u27 nov. 416
72.
23. J.
egura,
Historia
Igualada,
arcelone,908, I,
p.
124 il
s'agit
e la
réponse
es onsulseSabadell ceux
Igualada,
propos
u onflit
ur e
blocage
u
salaire es
fileuses,
n
1598
«
ara e
acostume
e
pagar...
o filar raho e dos
ous
y
mig
a liuretailanerae děnou nses .
24.
J. erra
Vilaro,
aronies
op.
cit.,I,
p.
469.
25.
On trouve
ans
peine
es
exemples
u même
ype
ans outeses
grandes
régionsedraperiecf., our'Angleterre,'inflatione a«pierreepeignage(com-
bing
tone)
e 5 à
7
livres /2 ans
ugmentation
u
alaire es
peigneuses
L.
F. Salz-
man,
nglish
ndustries
f
heMiddle
ges
Oxford,923,
.
215)
t
des
documentse
1463-1465 ontrantes
drapiers
raudantur e
poids
es aines onfiées
A.
R.
Brid-
bury,
edieval
nglishlothmaking,
n conomic
urvey
Londres,982,
.
77et
p.
84
n.
25).
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 24/165
ARACHNÉIGOTÉE
19
qu'il
y
ait
eu,
en
Catalogne,
une tentative
our
unifieres tarifs u
filage
de la laine destinée
à la chaîne et à la tramedes
draps
en
fixant n
salaire
unique
maximum e 8
deniers
par
ivrede laine
c'est dans une
ordonnance ur
«
les
draps
faits
de
laines
étrangères
,
promulguée
e
19
mars 1470 à
La
Pobla
de Lillet26
u'on
trouve a
première
racede
cettemesure mais
en
1598
encore,
Igualada, près
de
Barcelone,
es
fileuses viennent e
plaindre auprès
des consuls
de la
ville
que
leur
salaire soit
toujours
ixé
à
8
deniers
par
livre de laine
filée,
conformé-
ment
une ancienneordonnance
our
es
pareurs.
On ne s'étonnedonc
pas
de les voir se
décrire,
ans eur
upplique,
comme une « gent pauvre et misérable , qui « pâtitde trèsgrande
manière,
e moultes
t innombrables
ouffrances,
t tant
ue
dans cer-
taines
maisons,
on est
obligé
de subsister t de
vivre avec
1
sou,
qu'à
force
d'un
grand
t continuel
abeur,
n se
levant l'aube et en travail-
lant
tard dans la
nuit,
parvient
gagner
une
personne
experte
au
filage
27. Car
la fileuse est véritablement
iégée,
dans
la mesure où
elle ne
peut
même
pas essayer
de
gagner plus
en
filant
plus gros,
et
donc
plus
vite,
puisqu'
lors
elle n'aura
pas
assez de
longueur
de
fil
pour
réaliser e nombre
d'écheveaux
qu'elle
doit rendre
our
e
poids
confié.
Poids fixe et
longueur
variable en fonction
de la finesse des
fils
importance
de
l'aspe
et des échets standardisés
Pour
«
toute
ivrede laine
qui
se donne
à filer ou
pour
tout utre
poids
fixe de laine
reçu
en
dépôt,
a fileuse doit en
effet endreune
longueur
déterminée
e fils de
chaîne ou de
trame,
uivant e
type
du
tissu
auquel
ils
sont destinés.Plus
les fils doivent tre
fins,
plus
cette
longueur
st donc
grande
t,
pour
a
mesurer,
outefileuse
a chez elle
l'instrument
tandard e mesure
qui
lui
permet
e
vérifier,
u
fur t à
26.
Ordinacions
obre
es
obratges
els
draps
aedors
e lianes
trangeres,
mars
470,
d.J. erra
Vilaro,
aronies,
p.
it.,I,
p.
392.
27. «... la dita
obra
miserable
ent ateix
n
grandissima
anera
olts innu-
merables
reballs,
tants,
ue
n
lgunes
ases an e
passarse
viure eun
ou
ue
b
continuo
gran
reball,
atinejantvesprejantot uanyar
na
ersona
ractica
e
filar,
per
ausa
e
dita rdinacio
an
njusta
en
peijudici
edita
obra
miserable
ent
eta...
Per
o
naHieronima
onjons,
a
Çorrives,
a
Font,
idua,
a
Velada
mullereGuillem
Velada,
a
Vidalamulleren
Miquel
idal,
a Hieronima
atheva ulleren
Joan
Matheu,
aPaula
rancolina,idua,
a
Mongota
ulleren
ere
Mingot
lanquer
sa
filia,
a Guillona
ullerenPau
Guillo,
a
Cotiques,
a
Batxellina uller
en
Joan
Batxelli
na
Busquera
ulleren oan
usquer,ersones
obres
miserables,
upliquen
a Vs.
ms. ien ervitsom
pares ui
onde a
republica...
anar
evocaren millor
commutara dita rdinacio...ar s contraley e caritattota aho considéranta
Sterilitätel
temps
los
preux
ant
xcessius el manteniment
v
mplorant
er
dit
effecte...J.
egura,
istoria
'Igualada,
p.
cit.,
I,
pp.
122-123.
Venise,
n
1383,
les
règlements
ur e
filage ualifient
ussi es fileusese
«
povera ente
: N.
Fano,
«
Ricercheull'Arte
ella ana Venezia
elXIIIe
XIV
secolo
,
Archivioeneto5e
sér., enise,
936,
.
86.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 25/165
20
D. CARDON
mesure de son
travail,
ue
son
fil
correspond
u
titrage
oulu28.Cet
instrument,
'est
l'aspe,
sur
equel
elle dévide
son
fil
chaque
fois
que
son fuseau est
plein.
Or tous es
systèmes
e
titrage
ifférents
ui
existent
ncore ctuel-
lement en
Grande-Bretagne,ar exemple
-
sontbasés à
l'origine
sur
les dimensions
de
l'aspe
sur
lequel
le
fil
était
mis en écheveau dans
chaque région.
«
La circonférence
e
l'aspe
donnait a
longueur
d'un
tourde
fil,
t le nombre
e tours
ue
l'on
pouvait
faire enir ur
'aspe
sans
que
la laine
commence à s'ébouler donnait a
longueur
otale du
plus petit
cheveau
pris
comme unité.La méthode
ui s'imposaitpour
comparer a grosseur es fils étaitd'énoncercombien allaientd'éche-
veaux
dans une livre
29.
C'est
exactement e
système ue
décrit,
ar
exemple,
a
réglementation
édiévale
oulousaine,
uisqu'un
article
es
Statutaministeriorum
anasseriorum t
pentheneriorum
e Toulouse
du
18
uillet
1448
interdit la fileused'être
«
assez audacieuse
ou hardie
pour
faire 'une livre
de trame
lus
de deux échets
t d'une livred'étaim
plus
de troiséchets
30. Dès
1279, d'ailleurs,
e
Statutum
aratorum,
textorum
t tinctureriorumnterdisait
de vendre ucun
filé de laine
teinte u
non teinte utrement
u'en
échets
nisi
in
escautis)
»31,
'est-
à-dire sous
la formede ces écheveaux
standardisés,
ont
e nombre
la
livre
ndique
automatiquement
e
titrage
es
fils.
Du point de vue du drapier,ce systèmeest excellentcomme
méthode
de
contrôle,
ar on
peut
facilement t
rapidement
ompter
e
nombre otald'écheveaux
rendus,
eser
e
poids
total t s'assurer
insi
globalement
u
respect
u
titrage our
e lot entier on
peut
également
vérifier
apidement,
ur
quelques
écheveaux
pris
u
hasard,
ue
le nom-
bre de tours et le
poids
nécessaires
y
sont aussi.
Théoriquement,
e
système
mpêche
donc
toute
fraude,
out n
obligeant
es fileuses
se
tenir u
titrage
emandé
apeson
et traoul
c'est
le nom de
l'aspe
en
langue
d'oc)
lui ont bel
et
bien
permis
de les
«
brider .
28. Si
ellen'en
pas,
l
luifaut n acheter
n
pour ouvoir
ravailler
our
n
drapier.
'est
insi
u'en
écembre
396,
a
compagnie
'Arteella
ana eDatini
end
un
aspe,
nnaspatolo
à unedes ses
fileuses,
our
sous
F.
Melis,
Aspettiop.
cit.,
p.
466).
La
rémunérationesfileusesariant
e 1 sou57
pic.
par
ivre
our
es aines
italiennes,
5 sous 0
pic. ar
ivre e aine
nglaise,
etteomme
eprésente
e salaire
d'un u de
plusieursours
e travail
plein emps.
29.
J.
owey,
he
echniquef
Weaving,
ondres,
965,
.
76.
30.
«
Item rdenen
uedeguna
ilandiera
e
deguna
utra
ersona
o ia... i usans
ho usaxda e far e
hunaiura etramatra
oas scautastde
hunaiura estamres
escautas
qui
fara
o contrari
agara
er ena erusticiaer
ascuna
iura reze eniers
tolosas
plicadors
om esús
,
Archives
unicipales
e
Toulouse,
A
57
f°
6-87.
e
tirea traductionescautaar échet deDuhameleMonceau,'Art e aDraperie
Paris, 765,
p.
8-39
«
quand
esfileuses
nt ilé ne ertaine
uantité
e
fusées,
n
les
dévideur ndévidoir
ommé
spe
t 'on n
formees
cheveaux,
u'on
nomme
Echets
.
31.
M.A.
Mulholland,
Early
ildRecords
,
oc.
it.,
.
11.
Le mot estmal
transcrit
estancis).
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 26/165
ARACHNÉ
IGOTÉE
21
Conclusion en
forme de fabliau
:
dérisoires essais de
vengeance
des fîleuses
sur les
drapiers
Il
ne reste n
fait la fileuse
u'un moyen
pour
échapper
u
carcan
où l'enferme
a double
contrainte u
poids
de laine
et des
longueurs
e
fil
à rendre u
drapier
il
s'agit
d'ailleurs
plutôt
d'une
ruse,
à la fois
très
stucieuseet
stupide
comme a
plupart
es
fraudes
raquéespar
la
réglementation
echnique,
ui
nous
plongent
n
pleine
ambiancedes
fabliaux t
contes du
Moyen
Age.
Celle-ci est
décritedans
l'article 20
des
Statuta
ministeriorum
anasseriorum t
pentheneriorum
e Tou-
louse du 18 juillet 1448, évidemment ous couleur de l'interdire
«
Qu'aucune
fileuseou
aucune autre
personne
ne soit
assez hardie
pour
mettre
ur
aspe
(traolhar)
aucun
échet
(
escauta avec deux
fuseaux,
mais
qu'elle
le fasse
seulement vec
un fuseau»32.
Mais on la
rencontre
également,
uasiment
ans les mêmes
termes,
ans les
réglementations
florentinest
pisanes
des xive-xve
iècles33.
À
Florence,
es
représen-
tants
de
Y
Arte
della Lana
vont même
usqu'à
demander
l'évêque
d'ordonner tous es
prêtres
u
diocèse
d'inclure ette
nterdictionans
leur
prêche
ux
quatre
grandes
êtes
olennelles
t de menacer
es fileu-
ses
d'excommunication ès la
quatrième
écidive
Quelle
importance
i
extraordinaire se
demandera-t-on
peutdoncbien avoirpour e drapiere fait ue la fileusene forme n éche-
veau
qu'avec
le
fil
contenu
ur un seul
fuseau
plutôt ue
sur deux ? Et
quelles
raisons
peut
bien
avoir a fileuse
pour agir
autrement
C'est ce
qu'on
ne
peut
comprendre u'à
la lumière e ce
qui
a été
expliqué^
récédemment
ur les
méthodesde
titrage
n
vigueur
dès le
Moyen Âge.
Car les
contraintes e ce
système
ont elles
qu'il
ne laisse
effectivement
u'un moyen
la fileuse
de
gagner
un
peu
de
temps
et
donc,
un
peu plus d'argent
tout n
livrant e
nombre 'écheveaux
du
nombre
de tours t du
poids requis
c'est de
déviderdeux fuseaux
en
même
temps
sur
l'aspe.
Elle économise
ainsi la moitié
du
temps
de
dévidage, telle doitespérer u'avec unpeu de chance, e ou les éche-
veau(x)
frauduleux e fondront ans la masse de fil livrésans
qu'on
puisse
identifiera
coupable
du méfait. e
sel de
l'histoire,
'est
que
l'écheveau ainsi réalisé
est
quasiment
ndévidable,
t donc
inutilisable,
sinon au
prix
d'heures de
patience...
d'où la
rage
des
drapiers.
Mais on
voit aussi
qu'il
ne
peut s'agir que
d'un
exutoire ccasion-
nel
pour
a
rancœur es
fileuses es
plus
furieuses
u
les
plus
désespé-
rées. Ce
mauvais tour
qu'elles
ont trouvé
lui
jouer
ne
changeait
n
rien,
fondamentalement,
eur
dépendance
nvers e
drapier.
32.
«
Item rdenen
uedeguna
ilandiera
e
deguna
utra
ersona
o ia iausaxda
de traolharegunana scauta e filh mdosfuzes ino mhun us ,A.M.T.AA57
f°
6.
33.
Florence,
remiers
tatutse
Y
Arte
ellaLana de 1317 t
Statute
1428,
signalés
ansA.
Doren,
ie
Florentiner
ollentuchindustrieom
ierzehnten
is
um
sechzehnten
ährhundert
Stuttgart,
901,
p.
53-54
pour
ise,
f.
tatutineditiella
città i Pisa F.
Bonaini,d.,
lorence,854-57,
II,
p.
739.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 27/165
22
D.
CARDON
Dominique
Cardon,
CNRS,
UMR
9967, 18,
quai
Claude-Ber-
nard,
F-69365
Lyon
Cédex 07
Arachné
ligotée
la fileuse du
Moyen Âge
face au
drapier
De tous es
travailleurs e
la
grande
ndustrie
u'était
a
draperie
en
Europe
occidentale u
Moyen
Âge,
la fileuse
fut la fois la
plus mythifiée
t la
plus
mystifiée,
a
plus
mise
en scène
-
par
l'iconographie
contemporaine...
t
la
plus
escamotée...
par
la
réglementation
echnique. ropriétaire
e ses outils
de
travail,
ra-
vaillant son
rythme,
a fileuse ibre
pouvaitparaître
n
position
de forcevis-à-visdu drapier.Cet articlemontre e quelle façon,
en
imposant
un
système
de
titrage
e
la laine
d'après
un
poids
fixe t
d'échets
standardisés,
elui-ci a néanmoins
éussi insérer
la
fileuse,
dans
les conditions
ui
lui convenaient
lui,
dans la
vaste toile
d'araignée
que
constitue e
système
de
production
e
la
draperie
médiévale.
Tâche féminine
technologie
e la
draperie
systèmes
e
titrage
filage
Bound Árachne : theSpinnerand the Cloth-maker n the Mid-
dle
Ages
Of
all the workers
mployed
n the
rapidly
panding
west
Euro-
pean
clothmaking
ndustry
n the Middle
Ages,
the
spinner
s at
the ame
time hemost
mythicized
nd themostfooled
themost
frequently epresented
n
iconographie
ources
-
and the
least
often onsidered
by
technical tatutes nd
regulations.
Working
withher own tools
and at her own
pace,
the
ndépendant pinner
would
appear
to have
been in a
position
of
strength
n
regard
o
the loth
maker. he article
emonstrates ow the
atter,
y mpo-
sing a system f countring ased
on the standardization
f the
weights
f wool and
lengths
f hanks
managed,
however, ocatch
the
spinner,
n the
way
best suited to his own
profit,
nto the
weblike
ystem
f
production
revailing
n themediaevalwoollen
cloth
ndustry
tandardization
f the
weights
of wool
managed,
however,
o
ntegrate
he
pinner,
nder
onditionsmostfavorable
to
himself,
nto hevast weblike
ystem
hemedieval
wollencloth
manufacturing
ndustry.
Women's Work
textile
echnology
standardization
spinning
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 28/165
Médiévales0, rintemps996,p. 3-34
AntoniFURIO
ENTRE
LA
COMPLÉMENTARITÉ
ET LA DÉPENDANCE
:
RÔLE
ÉCONOMIQUE
ET TRAVAIL DES
FEMMES
ET DES ENFANTS
DANS
LE
MONDE
RURAL
VALENCIEN
AU BAS
MOYEN ÂGE
Le
silence des sources
sur la
participation
es femmes
u travail
agricole,
de même
que
les inerties
istoriographiques,
nt contribué
renforcer
'image topique
qui
confine
e rôle
économique
des
femmes t
leurtâcheproductive l'intérieur e la maison,dans 'espace plusstric-
tement
omestique.
D'autre
part, arce
que
le monderural
st
trop
ou-
vent
erçu
ommeun
monde
mmobile,
etardé
t ancrédans
a
tradition,
on tend à
minimiser a
qualification
du travail
paysan
et
à réduire
l'apprentissage
es
eunes
campagnards
contrairement
celui des arti-
sans,
beaucoup plus technique
t
spécialisé
à une transmission
lémen-
taire
et
routinière,
naturelle
,
de
pères
en fils.
Pourtant,
n
peut,
à
partir
es
multiples
ndices
que
nous
fournissent
es sources
d'archives,
notammentes
actes notariés
t es
registresudiciaires,
uivre
es traces
des
paysannes
n
dehorsde la
maison,
dans les
champs
de blé et
dans
les
vignobles
et l'on
peut
surtout
emarquer
eur
mportance
conomi-
que,
leurcontribution
ndispensable
l'entrepriseamiliale, ès l'apport
du
capital
initial
-
avec
la dot
-,
de
la
propriété
artagée
des
biens
familiaux
usqu'à
la
gestion
ommune
ou même
en solitaire
dans
le
cas des veuves
-
de ces
biens.
Complémentaire
e
l'apport
et de
la
participation
u
mari
l'entreprise
omestique,
e rôle
économique
des
femmes
peut
être aussi
analysé
en
termesde
dépendance.
La même
relation,
ntre a
complémentarité
t la
dépendance, eut
servir
ussi
à
caractérisere travail
t la fonction
conomique
des
jeunes,
surtout e
ceux
qui
se sont
mis,
omme
pprentis
u comme
garçons
e
ferme,
ous
l'autorité
'un maître.
Complémentarité,
arce
que
les
garçons
lloués
- fournis ardes familles xcédentairesnfils tdéficitairesn terres
servent
couvrir
e déficit e
fils
ou
les nécessités
upplémentaires
e
main-d'œuvre
es familles
paysannes
plus
aisées.
Dépendance,
parce
que
l'apprenti
u l'alloué
s'engage
aussi
comme
domestique,
omme
serviteur tout
faire,
ous
les ordresdu
maître-père
ui
l'accueille.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 29/165
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 30/165
ENTRE A
COMPLÉMENTARITÉ
T LA
DÉPENDANCE
25
linge, oyaux
et ornements e la maison
-,
ratione
servicii
quod ego
sibi
feci
et 24 lui
appartenant
e
l'héritage
de son
père
(15
pour
la
moitiéd'un morceaude terre t 9 en biens
meubles)2.
Qu'il
fût en
numéraire,
n
linge,
en terre u même en titres e
créditou rentes onstituées
censáis),
le montant e la
dot,
toujours
estiméen
argent,
scillait entre 0 et
50 livres chez les
paysannes3.
l
venait comme
complément
e
la contribution u
mari
qui apportait
généralement
es
terreset
les
immeubles. Un dernier
exemple
le
18 octobre
1470, Joana,
fille
orpheline
de
Joan
Roig,
collocando me
ipsam
n
matrimonium,
e volúntatematrismei et
parentum
t amico-
rummeorum vec BernâtTorra, aboureur Albalat,apporta25 livres
de dot
dix
en
argent
t
quinze
en
oyaux, parement
t
inge
de
maison),
de
quitus
vivamus
prout
asuetum est intervirum t uxorem.De son
côté,
'époux apporta
une
maison,
une
vigne,
rois
parcelles
de terre e
'
plus
de deux
hectares,
t une mule de
poil
roux,
e toutdonné
par
son
père4.
La nouvelle
entreprise
amiliale
naissait
ainsi avec les
apports
complémentaires
es deux
conjoints
le
capital
mmobilier
pporté ar
le mari et le
capital
mobilier
provenant
e la femme.
Les deux
conjoints
taient itulaires e cette
ntreprise omestique.
La femme
pparaît
oujours
côté de son mari au moment 'acheter
ou de vendre
quelque propriété,
e louer un
champ,
de
prendre
ne
domestique,de s'obliger à un prêt.Une présenceactive amplement
certifiée
ar
les actes notariés
qui
rendent
ompte
de tous les
petits
négoces uridiques
de la vie
quotidienne.
armi 177 documents nre-
gistréspar
le notaireBernât
Llorenç,
ď
Alzira,
entre e 29
décembre
1368
et le 24
décembre
1369,
79
(45,1
)
impliquent
es
femmes,
oit
accompagnant
eur mari soit
en
solitaire Cette
mportanceuridique,
bien
que largement
ttestée,
e doit
pas
nous
tromper.
dile Redon
a
averti rèsraisonnablemente la distinctionntre a
propriété
t la
ges-
tion et elle a
remarqué
e fait
que,
si les femmes
pouvaient
n effet
posséder,
lles n'avaient
pas,
en
revanche,
e
pouvoir
de
gérer,
même
2. Arxiu e ProtocolseiPatriarcae Valência
APPV),
rotocolse Francese
Trilles21.752.
3. On
peut
rouveres ommes
ineures,
ommees
12
ivres,
nrobe e
in
t
de
aine,
ccordées
arMiquel
ebolla,
e 28 février
558,
son nciennesclave oire
Caterina,
our
on
mariage
vec e libert
ebastià lives
Arxiu
unicipal
e Sueca
(AMS),
rotocolse
Miquel lagària
.
Et
galement
es ommes
mportantes,ui
rri-
vent cent tmême troisentsivres
armi
esfamillese aboureurses
plus
isées
(comme
elle eJoan
rigola,
e
Sueca,
onta femmevait
pporté
ne ot e275 ivres.
AMS,
rotocolse Francese
enet,
septembre
450).
a dot tait ussi
lus
levée
chez
es
veuves
ui pouvaientpporter
leur econd u troisième
ariage
es biens
héritéses
précédentes
nions.
n
1470, leonor,
euve e Lluis
'Eixea, Albalat,
collocando e
psam
n
matrimonium,
e volúntate
ea t
aliquorum
arentorum
t
afinitumeorumvecBerengueracià, ePardines,ui ffrit00 ivres e dot 20 n
raupis,ochalibus
c ornamentisomust
amere140
eprésentant
roisitrese
crédit,
80
pour
6vachest 0
pour
eux
ièces
eterre
APPV,
rotocolseFranceserilles
21.752).
4.
Ibidem.
5.
AMA,
rotocolsotariais
040/2.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 31/165
26 A.
FURIÒ
leurs
propres
biens6,
ce
qui
était réservé
eulement u mari.
Selon le
droit
valencien,
es biens dotaux ne
pouvaient
tre
vendus
ni
obligés
par
le mari
sans le
consentement e la femme mais
c'était lui
qui
devait les
avoir,
es
gérer
et même
bénéficier
e
leurs
fruits,
car il
soutient es
charges
du
mariage
7. On
peut
voir aussi
comment,
près
la mortde leur
mari,
beaucoup
de veuves
préféraient
endreou
louer
leurs
possessions
-
et investir es
profits
ans le crédit au
lieu de les
gérer
directement.n
fait,
es veuves
sont
toujours
nombreuses ur es
listes des créanciers
u crédit
privé8.
Pourtant,
es cas dans
esquels
es femmes ssument ussi
la
gestion
de l'exploitation amiliale, n la partageant vec leur mari ou même
individuellement,
e sont
pas
rares.En
1369,
Jaume
Jolià,
aboureur
Pranxet,
t sa
femme,
amona,
reconnaissent evoir300 sous à Eiximèn
López
de Pomar
qui
les leur a
prêtés
d
opus
Iaborandi hereditatem
quem
vous,
López
de
Pomar)
habetis n territorium
ancii Bernardi9.
C'est le maître
ui prête
son
couple
de
métayers
e
capital
nitial
our
engager
'exploitation.
n
1477,
Guillem
Ferrer,
itoyen
de
Valence,
afferme Pere
Martí,
aboureur
Alfafar,
t à sa femme
Francesca,
pour
16
livres
nnuelles,
ne
propriété
ans ce
village,
comprenant
ne
maison
et un
ardin,
une
vigne
de
0,75
ha,
un
champ
de
3,5
ha et
1,5
ha
de terre nculte10. ans
les deux
cas,
les femmes
partagent
vec leur
époux la responsabilitéuridiquede la dette t du fermage t,trèspro-
bablement
ussi,
e travail e
l'exploitation.
n
peut
encoremieuxvoir
cette
participation
e la femme u travail
gricole
t même la direction
de
ce travaildans la
déposition
d'un
témoin
ors d'un
procès
daté de
1502. Le
témoin,
un
manœuvre,
éclara
qu'il
avait
trouvé e notaire
Francese de Veta et sa femme
dans leur
propriété
e
mûriers,
faisant
cueillir es feuilles
n. Le notaire
irigeait
n effet es travaux es
eu-
nes hommes lloués
tandis
ue
son
épouse
surveillait eux des
femmes,
occupés
es
uns et es autres la
récolte es feuilles ervant
e nourriture
aux
vers à soie. D'autre
part,
nombreuses ont
es veuves
qui gèrent
elles-mêmes
eurs
propriétés
vec
l'aide de
garçons
ou de
manœuvres
et
qui
arriventncore à
prendre
n bail des
lopins
de terre
pour
les
travailler12.
ême les Furs codes
légaux
valenciens,
ffrent
la femme
6. O.
Redon,
ntervention
la table onde e a XXI
Settimanai Studi i
Prato,
éditéeans a
donna eir
conomia,
ecc.XIII
XVIII,
d. .
Cavaciocchi,
lorence,990,
pp.
02-704.
7. P.
J.
araçona,
nstitucionsels
ursprivilegis
el
egne
eValência.
alence,
1580,
.
117.
8. A.
Furiò,
.
V.
Garcia
Marsilla,
A.
J.
Mira,
.
Vercher,
.
Viciano,
Endeu-
tament
morositatn una
omunitatural.
l
censal Sueca finals
el
egle
XV
»,
Actes e
la
V
AssembleaHistoria
e la Ribera.
lmussafes,993,
p.
119-165;
A.
Furiò,
Créditoendeudamientoel
censal n a sociedadural alenciana
siglos
XIV-XV),Señorío eudalismon apenínsulabéricass.XIIXIX),aragosse,993,
pp.
01-534.
9.
AMA,
rotocols
otariais040/2.
10.
APPV,
rotocolse Francese rilles
21.758.
11.
AMS,
onsAntic
9.
12. Pour e
premier
as,
n
peut
iter
es nombreux
arçons
mbauchés
ar
es
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 32/165
ENTRE A COMPLÉMENTARITÉT LA DÉPENDANCE 27
mariée e droitde
gérer
es biens si le mari devient
pauvre
ou
perd
a
raison ou s'il n'administre
as
convenablemente
patrimoine,
mais à
la
condition e nourrir
sa
charge
son mari
et
ses enfants13.
Outre
on caractère
'entrepriseconomique,
ondée ur es
apports
respectifs
t
complémentaires
es deux
conjoints,
e
mariage
tait ussi
une société de
travail,
asée
sur a
spécialisation
t la
complémentarité
productive
es
époux.
Dès l'instant
ue
l'unité fondamentale
e
pro-
duction et de consommation tait le
groupe domestique paysan,
la
contribution
ctive
de la femmene
s'exerçait
généralement
u'à
l'inté-
rieurmême de la famille t de la propre xploitation gricole 4.On a
dit
que,
tandis
que
l'économie externe
c'est-à-dire,
e travail aux
champs
et la
pâture
du bétail
-
revenait
u
mari,
a femme ssurait e
fonctionnemente l'économie
interne,
e
l'aménagement
e
la maison
et la
préparation
e la nourriture la
procréation
t à l'éducation des
enfants Elle travaillait ien sûr à la maison une
maison
petite,
e
deux ou trois
pièces
avec
une cour et un mobilier
ommaire,
omme e
rapportent
es inventaires e biens. Elle
apportait
'eau des
puits
ou
des
fontaines,
réparait
es
repas, s'occupait
des animaux
domestiques
t
du
ardin.
A ces
activités
urement
ménagères u'on peut
nscrire ans
le travailroutinier e la
maison,
l faut n
ajouter
d'autres
qui appor-taientdes revenus omplémentaires ceux du mari, ommesurtoute
filage.
Les femmes ilaient eules chez elles ou en
groupe,
dans la
rue,
à la
porte
de leur
maison,
comme nous
l'apprennent
e nombreuses
sources
udiciaires
recueillant e momentde sociabilité.
Une
grande
part
de la
production
urale de
draps,
et même
la
première
hase
de
l'élaborationde la
soie,
le
filage,reposaient
ur
e travaildes femmes.
En
1432,
es autorités e
Sogorb s'opposaient
la
prétention
es musul-
mans locaux d'exercer
le métier de
cardeur,
parce que
ce dernier
«
requiert
ne communication ontinue vec
les
femmes,
ant
eunes
filles
que
veuves ou mariées et
parce qu'«
il
arrive
u'ils
vexent es
filles et les femmes ui vontà la morería fin de chercher e la laine
pour
filer»16.
L'important
dans cette
anecdote,
sans doute
exagérée
veuves
ui
ontttestés
anses
registres
e
ustice,
ccusés
'endommager
es
propriétés
voisines,
urtoutvec
e
bétail
u'ils
mènent
pâturer
AMS,
Actes el
Justicia
«
Clams
,
passim).
t
pour
e
second,
a
quittance
btenuee son ailleur
ar
a
veuve
de
Domingo
ou
pour
e
fermage
e a terret
de
a
vigne,
e a
paie
de a dernière
année
(Exempleris
ans
.
Guinot,
.
Furiò,
Un
xemple
'economiaomèstica
de
principis
el XV. L' administrado'una utela.ueca
1412-1427
,
Quaderns
e
Sueca
I
(1980),
p.
11-46).
13.
P. J.
araçona,
p.
cit.,
.
221.
14. B. A. Hana
Walt,
Peasant omen'sontribution
o heHome
conomy
n
LateMedieval
ngland
,
in Women
nd
workn
preindustrialuropeBloomington,
Indiananiversityress,986. f. ussi l trabajoe asmujeresn a EdadMedia
Hispana
éd.
A.
Muñiz,
. Segura.
Madrid,
988
Donne lavoro ell'Italia
edievale
éd.
M.
G.
Muzzarelli,
.
Galetti,
. Andreolli.
urin,
991.
15. A.
Gyeysztor,
Prolusione» La donna ell'economia
op.
cit.,
p.
19-28.
Etaussi
. A.H n w
lt,
op.
cit.
16. Arxiu el
Regne
e Valência
ARV),
ancelleria
eial, 25,
mà
3,
f°
3v°.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 33/165
28
A. FURIÒ
pour
des raisons
socio-politiques,
st
cette« communicationontinue
avec des femmes
que requiert
e
tissage
des
draps,
t la
spécialisation
féminine ans
le
filage.
Néanmoins,
e travailde
la femme
paysanne
ne se
circonscrivait
pas
à la maison.
En
1479,
Bernât
Bonet,
un
paysan
de
Massarrojos,
dénonçait
n voleur
qui
étaitrentré
hez lui
profitant
u fait
u'il
était
«
horsde
sa
maison,
insi
que
sa femme
t ses
compagnes,
ar ils
sont
paysans
et des
personnes
ui
doivent ller
travailler
ehors
17.
C'était
tout e
groupe
domestique
le
père,
a mère
et les enfants
qui parti-
cipait
ensemble
u travail
de
l'exploitation
gricole
familiale,
u
point
de laisser a maison désertependant a journée.Le travail ux champs
commençait
ôt
pour
es femmes encore
nfants,
lles
gardaient
e
petit
bétail,
ramassaient
a
paille,
cueillaient
es fruits
t des
plantes
ou ras-
semblaient
du bois.
En
1466,
un
jeune berger
de
Castello,
Guillem
Gomar,
ccusé
d'avoir
violé deux
eunes
filles à la
campagne
pendant
qu'elles
étaient
n trainde
travailler,
éclara
que,
tandis
qu'il
gardait
les
uments
e son
oncle,
l
avaittrouvé
a servante
e Bartomeu
enyar-
roja
«
qui
ramassait
es armoises
t des liserons
ans un
champ
d'épeau-
tre
,
où
il
la
força.
Un
autre
our,
il
agit
de
même avec la
fille de
Nicolau
Miró
qui
gardait
es
porcs
de son
père18.
es actes
du
usticia
-
l'officier
hargé
de l'administration
e la
justice
au
village
-
sont
remplis e plaintes ontre es femmes t des enfants ui ontété surpris
alors
qu'ils glanaient
llégalement19.
Les
champs
n'étaientdonc
pas
étrangers
ux
femmes
paysannes
qui
y
allaient souvent
pour porter
manger
leur
père
et
à leur
mari,
en
prolongement
e leurs
obligations
t
capacités
domestiques.
Elles
étaient ussi
allouées en
même
temps que
les
manœuvres,
our
leur
préparer
e
repas
aux
champs20.
lles étaient
même
engagées
comme
salariées
agricoles,
u même
titre
ue
les
hommes.
Mais
pas
pour
es
mêmes tâches
ni
pour
le même salaire.
En
1412,
cinq
femmes
ont
embauchées à Sueca
pour
vendanger
a
vigne
d'un
laboureur.
Elles
perçoivent
n sou
chacune,
tandis
que
les trois
hommesrecrutés
ussi
- l'un
pour
porter
es
charges
tdeux
pour
foulera
vendange gagnent
deux sous
chacun. Douze
ans
après,
e
même aboureur
mploie quatre
femmes
our
récolter
on
froment,
ayées
chacuneun sou
et
demi,
lors
17.
ARV,
usticiariminal
45,
f°17.
18. Arxiu
unicipal
e Castello
AMC),
ori
elJusticia
28 mars
466.
19.
Le 28 mars
508,
n
porte
lainte
ontrea femme
eRamon
istero,
aysan
à
Sueca,
parce u'elle
cueillia feuille
d'un oisin
le 18
mai,
ere aldovi
ccusait
la servantee
a veuve lades 'avoir
ueilliescerises
le 8
uin,
a femmee Jeroni
Sans st
urprise
ueillantes
petitsois
d'un utre
aysan.
MS,
Actes elJusticia
1508.
20. En1496,neeune ille eSogorbst ttaquéelorsu'elle evenaite a terre
de on
ère,
lui
orter
e
déjeuner
(Arxiu
unicipal
e
Sogorb,
libres
'assignacions
i manamentsel
usticia
128).
Et
à
Sueca,
u début
u XVe
iècle,
es femmes
ont
embauchées
lusieurs
ois n même
empsue
es manœuvres
our
eur
préparer
a
nourriture.lles
agnaient
n ou
par
our,
oit e tiers
e eurs
ollègues
asculins
pris
dans
.
Guinot,
.
Furiò,
p.
cit.).
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 34/165
ENTRE A
COMPLÉMENTARITÉT LA
DÉPENDANCE
29
que
les hommes
qui
mettente blé en
gerbes
et le battent btiennent
deux
sous et demi et trois
ous et demi
respectivement21.
Mais le travail alarié des
femmesne demeurait
u'exceptionnel,
circonscrit des
époques
déterminées e
l'année,
surtout
u
temps
de la
moissonet de la
vendange ui exigeaient
e
concours
de
main-d'œuvre
supplémentaire.
ommes et femmes
ravaillaient lors ensemble
pen-
dant
quelques jours
dans des
exploitations
oisines
qui,
le reste de
l'année,
étaient
utosuffisantes.
n
effet,
e travail
paysan
s'effectuait
surtout
ans la
propre ossession
familiale,
ù l'on
essayait
de trouver
l'équilibre
entre a dimensionde
l'exploitation
t la force
familiale
de
travail. es journaliers ontdoncraresdans ce monderural alenciende
la
fin
du
Moyen Âge
et ce sont es
petits aysans,
insi
que
leurs fem-
mes,
qui
s'embauchent omme salariés
temporaires
hez leurs voisins
plus
aisés ou chez les
gros
aboureurs. ien
qu'attesté,
e
travail alarié
des
femmes tait ainsi
peu
courant t l'essentiel de leur
contribution
productive
e réalisait u sein de
l'entreprise
amiliale,
n
complémen-
tarité vec le travail e
l'homme et sous la
dépendance
de celui-ci.
Ce
rapport
e
complémentarité
t de
dépendance
du travail
éminin
s'écroulait
évidemment la mortdu
mari. La veuve
prenait
lors la
place
de
celui-ci t e
remplaçait
ommetitulaire u
patrimoine
amilial.
En
effet,
ien
que
les femmes
n'eussentdroit
u'au
retour e leur
dot,
dans a plupart es testamentsalenciensduxive txvesiècles les maris
leur
laissaient 'usufruit t la
gestion
des biens familiaux
usqu'à
la
majorité
de leurs
enfants22. n faisait
cette cession
-
qui comportait
aussi la tutelledes enfants à
condition
u'elles
vivent
chastement
et sans
mari 23. Une
obligation mposée pour
éviter
ue
la
gestion
de
l'héritage asse
à un
étranger.
ela
explique peut-être
e
grand
nombre
de veuves
qui
ne se sont
pas
remariées t
qui apparaissent
omme
titu-
laires d'une
exploitation
ans
les dénombrementsiscaux.Elles
repré-
sentent
ntre
14
et 18 des feux
recensés à Sueca et à
Alzira,
au
xve
siècle24.Nous les trouvons
n tête des
exploitations
amiliales,
n
21.
Ibidem.
22. V.
Pons
Alos,
Testamentos
alencianosn os
iglos
III-XVI.
estamentos,
familia
mentalidadesnValencia
fínales
e a EdadMedia
Universität
e
Valência,
thèse
octorale
nédite,
987.
23. En
1450,
ar xemple,
ere
oll,
aboureur
Sueca,
aissaita
femme,
ran-
cesca,
usufruitièret
possédante
e tousmes
biens,
e toute
a
vie,
elle-ci estant
chastet sansmari... e a
laisse ussi utricee notreils...
Mais,
i ellene
veut
as
accepter
e dit sufruitt i
elle
rend
ari,
ans e
cas,
e
laissemamèreutrice
e
mon
fils
(AMS,
rotocolse
Francese
enetz
7
août
450).
n
peut
rouveres
mêmes
termes
ent ns
près.
n
1535,
ntonialau
aisse tutricees
personnes
tbiens e
mes nfants
tusufruitièree mes its
iens,
outea
vie,
estanthastet ansmari t
non 'une utre
anière,
a
ditesabelMartítde
Palau,
ma emmerès
ien
imée,
ue
je prie ans 'administratione a dite ure ttutelle,e secomporterien tdiligem-
ment
(AMS,
rotocolsotariais
.
24.
A.
Furiò,
amperols
elPaísValencià.
ueca,
na omunitatural la tardor
deVedat
mitjana.
alence,
982 El
camperolat
alenciàn 'edat
mitjana.
emografia
i
economiauraln a Ribera
segles
III-XVI
,
Universitäte
Valência,
hèse edoctorat
inédite,
986.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 35/165
30
A.
FURIO
traind'acheterou de vendredes
morceauxde
terrain,
e concéder
ou
de
demander es
prêts,
'affermer u
de
prendre
n bail
des
parcelles,
et surtout
e
gérer
a
propriété
vec l'aide de
garçons
lloués. La
femme
paysanne,
estée
veuve
pour
conserver
'administrationes
biens fami-
liaux,
acquérait
insi une
plus grande
mportance
conomique,
econnue
et
acceptée
socialement.C'était
pourtant
ne
situation
provisoire
t
fugace,
ransitoirentre a mort
du mari et la
majorité
des enfants.
Le
travail des enfants
On
peut
trouver es mêmes
caractèresde
complémentarité
t de
dépendance,
ncore
plus
accusés,
dans le travaildes
enfants.
l
y
avait,
d'un
côté,
les
enfants
biologiques
qui
aidaient eur
père
dès la
plus
tendre nfance.
D'abord dans des
activités
imples,
comme ramasser
du
bois ou
soigner
es
petits
nimaux,
t
plus
tard
garder
e
gros
bétail,
voire abourer es
champs.
Mais il
y
avait aussi les
valets,
es
garçons
de
ferme lloués
pour
assister eur
maître ans les travaux
gricoles.
ls
semblent
voir été assez
nombreux ans le monde
ruralvalenciende la
findu
Moyen Âge.
À
Sueca,
un
petit
bourg
d'environdeux
cents
feux,
on
recense au moins
120
garçons
de
ferme ntre1501 et
1519,
tandis
que le nombre 'employeurs voisinait es 6025.Un pourcentage levé,
autour
e 25
,
comparable
celui de
l'Angleterre
ù la
proportion
e
familles
paysannes
vec un ou
plusieursdomestiques
scillaitentre 0
et
40
On
pourrait
enser ue
la
plupart
e ces
serviteurs
gricoles
taient
de la
même
communauté,
ils des
paysans
es
plus pauvres
et
excéden-
taires n forcede
travail,
lors
que
les
maîtres taient es
laboureurs es
plus
aisés,
titulaires
es
exploitations
es
plus grandes,
t
ayant
pour
cette
raison besoin d'un
concoursde main-d'œuvre
upplémentaire.
l
s'établirait insi
une sorte
d'équilibre
et
de
complémentarité,
l'inté-
rieurde la
communauté
aysanne,
ntre es familles
plus
modestes n
terres t combléesd'enfants t celles
possédant
des
exploitations lus
grandes
mais
sans bras suffisants
our
es travailler. a
servitude omes-
tique,par
ailleurs
ransitoire,
imitée ux
années de l'adolescence et de
la
jeunesse,
aurait ussi de
cette
façon
une
fonction
égulatrice,
om-
25. A.
Furiò,
.
J.
Mira,
.
Viciano,
L'
entradan a vida els
oves
n l
mon
ruralalenciàfinals
e 'edat
mitjana
,
Revistahistoria edieval
5,
1995. e nombre
des uns
t des autres
ourrait
tre
ien
upérieur,
ar
es
chiffres
roviennent
'une
recherche
xhaustiveans es ctes
udiciaires
ui
recensent
eulementeux
ui
ont té
accusés e
quelque
élit u contravention.
26. Z.Razi,Life,Marriagend Death n a Medieval arish Halesown,
1270-1400.
ambridge,
980 R.M.
Smith,
Some ssues
oncerning
amiliesnd heir
property
n
rural
ngland,
250-1800
, Land,
inship
nd
ife-Cycle
Cambridge,
984.
SelonA.
Kussmaul,
5 des
domestiques
vaient
ntre 5et
24
ans
t,
n
fait,
0
des
eunes
ecettelasse
'âge
taientalets
gricoles
Servants
n
Husbandry
n
Early
Modern
ngland
Cambridge,
981).
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 36/165
ENTRE A
COMPLÉMENTARITÉT
LA
DÉPENDANCE
3
1
pensatrice
du
point
de vue
socio-démographique
ntre es
différents
niveaux
de la
hiérarchie
aysanne.
Mais
cette
nterprétation
ndogène,
démographiste,
e
semble
pas
suffisante.
es
maîtres,
ien
qu'on
en
trouve
parfois
dans
les
strates
moyennes
e
la
paysannerie,
ppartenaient
e
préférence
ux
couches
plus
hautes et
aisées
de la
communauté
illageoise.
En
fait,
ndépen-
dammentdu
nombre
d'enfants,
t
donc de la
plus
ou
moins
grande
disponibilité
e
forcede
travail
amiliale,
'est
la
disponibilité
e terres
et
l'étendue de
l'exploitation
ui
déterminente
recours une main-
d'œuvre
auxiliaire.
Ce sont donc
moins des
raisons
démographiques,
les nécessitésde remplires videsprovoquésparla mortalité u parla
faible
fécondité,
ue
des
raisons
ocio-économiques,
iées
à la
grandeur
des
patrimoines,
ui
déterminente
recrutemente
garçons
et de
per-
sonnel
dépendant.
'autre
part,
es
derniers e
provenaient
as toujours
du même
village,
mais ils
étaient e
plus
souvent
'origine
xtra-locale.
Dans le
cas de
Sueca,
au moins un
tiers
des
jeunes
embauchés
omme
serviteurs
gricoles
venaient
e
l'extérieur u
royaume
de
Valence,
de
l'
Aragon,
de la
Castille et
surtout e la
Gascogne.
L'image
d'une
communauté
urale
qui
s'auto-régulegrâce
à la
complémentarité
émographique
ntre amilles
déficitaires t excéden-
taires
d'enfants le
nombre
d'enfants tant
n
rapport
nverse vec
la
quantité e terre ossédée- n'est doncpas suffisanteourrendreompte
de la
forte
résence
de
garçons
t de
domestiques
ans le
monde rural.
Il
faudrait hercher
a motivation
lutôt
ans a
structureociale
agraire,
dans la
hiérarchisation
nterne u
monde
paysan
et,
d'une
façon
plus
concrète,
ans
a
position
conomique
t a
dimension es
exploitations,
car
ce sont
surtout es
grandes
propriétés
ui
s'approvisionnent
la
forcede
travail
uxiliaire,
ndépendamment
e la
disponibilité
amiliale
propre
t,
aussi,
de
l'offre ocale.
Beaucoup
de
valets,
urtout
es
plus
âgés,
s'embauchaient
our
un
temps
ourt,
n
ou deux
ans. Mais
d'autres
étaient
ecrutés,
omme es
apprentis e l'artisanat rbain, ès leurenfance.En fait, es clauses du
contrat
'engagement afermament)
es
jeunes
agriculteurs
ont très
semblables
à celles
qu'on
peut
trouver
ans
l'apprentissage
rtisanal.
En
1460,
Joan
d'Alvir,
fils
orphelin
'un
paysan
de
Burjassot,
gé
de
9
ans,
est
engagé
par
son tuteur
u service
du laboureur
Marc
Castrel-
lenes,
pour
6 ans. Il
devra e servir
n
toutes hoses
licites t honnêtes
le maître
devra
pourvoir
tous
ses
besoins,
même
d'habillement,
ui
montrert
apprendre
e
métier
'agriculteur
hostendere
ictum
estrum
oficium
griculture)
t lui
payer
une
rétribution
e 10 livres
la
fin
des
6 ans. En
1458,
Lluc
Bono,
âgé
de
1
1
ans,
est
embauché
par
son tuteur
et
curateur
our
Pere Ci
vinar,
aboureur
Valence,
afinde le servir
n
toutes hoses icites thonnêtes tapprendrertem estramgriculture.
La
même
année,
Pere
Adam,
épicier
à
Valence,
met son fils
Onofre,
âgé
de
12
ans,
avec le
marchand
Joan de
Montblanc,
n
mancipium
vestrumn
officium
griculture
pour
une
durée de
4
ans
et une rému-
nération inale
de 9 livres
18 sous.
Enfin,
n
1459,
Gil
Garcia,
paysan
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 37/165
32
A.
FURIÒ
à
Valence,
enrôle son
fils
Joan,
de
10
ans,
au service
de la
veuve de
Guillem
Llorenç,
aboureur
Benimaclet,
d servendum
obis n
eodem
officio gricultoris
pour
6
ans et
99 sous
de solde27.
A
la lumière
e ces
clauses,
l
n'est
pas toujours
acile
de
distinguer
entre n
contrat
'apprentissage,
n
contrat e
travail u un
contrat
e
servitude. n
ne sait
pas
si le
mineur st
engagé
par
son
père
ou son
tuteur
omme
pprenti
u
comme
domestique.
n
fait,
e
sontdes
condi-
tions
nséparables.
es contrats
mploient
ne
terminologie
ropre
la
servitude
omestique famulum,
mancipium),
côté de
celle
qui
est
spécifique
l'apprentissagediscipulum)
t
nsistent ur
ce
caractère e
dépendance tde servitude ad servendumobis ad servitudinemobis
et
domui
vestre,
d
faciendum
mnia
mandata
vestra
icita et
honesta.
Il
est
pourtant
rai
que
les
clauses
incorporent
outde
suite a
formule
in dicto
ve tro
officio griculture
t
que
le
maître
'oblige
à
instruire
l'apprenti
ans
le métier
docere
ei
artem
griculture).
Néanmoins,
a
frontière
ntre
'apprentissage
t la
servitude 'était
pas toujours
laire,
et
les maîtres
'hesitaient
as
à
faire
valoir eur
supériorité
our
abuser
de
leurs
ubordonnés,
n
les
destinant
toute orte
de tâches28
t
même
en
les
maltraitant
hysiquement.
Il
n'est
donc
pas
rare
que
beaucoup
de ces
adolescents,
nrôlés
comme
apprentis,
mais
traités
t
maltraités
omme des
serviteurs
ons
à toutfaire, chappent leursmaîtres. es actes udiciairesabondent
en
réclamations
ontre es
apprentis
uyards,
t
même dans les
contrats
d'apprentissage
n
prévoit
a fuite
t
l'obligation
des
parents
u des
tuteurs e
rétablir es
fugitifs
ans
leur ancienne
servitude
restituere
in
vestra
Servitutein v
tram
ris
inam
ervitutem
educere).
Les
contrats
afermament,
n
l'a
déjà
vu,
stipulaient
ussi l'obli-
gation
du
maître e
pourvoir
l'entretien es
jeunes
embauchés
pro-
videre ei
de comescu
potu,
vestitu t
calciatu et de
leur verser
une
somme n
argent
la fin
de
l'engagement.
Mais le
montant
e ce
pécule
était
très
variable et
arbitraire.
inq
livres
pour
six ans
dans un
cas,
50 livrespourcinq ans dans un autre,10 livrespour quatreans dansun troisième as, 10 livres
pour
six ans dans un dernier as. Pour les
femmes,
a
solde était
aussi
irrégulière
18
livres
pour
6
ans,
20
livres
pour
11
ans,
50 livres
pour
6
ans)
et
comprenait arfois
une
partie
n
argent
t une
partie
en
linge
ou
biens
meubles.
La
rétribution
inale
obéissait donc
moins au
nombre
d'années de
service
qu'à
l'intention
de
distribueru
eune
un
petit
apital
vec
lequel
commencer
on avenir
27.
APPV,
rotocols
e
Bartomeu
atalla
11.430 Bartomeu
atoses
25.339
Antoni
errando
23.724
Antoni
lopis
menor
22.180,
ités
ar
R.
Sixto,
a contrata-
ción aboral n a Valencia edievalaprendizajeserviciooméstico1458-1462,
Universitäte
Valência,
esi
e
icenciatura,
993.
28.
En
1434,
aumete
Luna,
pprenti
u
tisserandere
ancho,
vait ui
on
maître
arce ue
commel
e
déclaraitla cour
celui-ciui
faisaitinera
vigne
t
qu'il
vait
té
ngagé
our pprendre
e
métiere
tisserand,RV,
usticia
e300 ous
36,
mà
,
s.f.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 38/165
ENTRE A
COMPLÉMENTARITÉ
T LA DÉPENDANCE 33
en solitaire.
Cela était
particulièrement
alable
pour
es
femmes,
ont
le
pécule
devenait
ouvent
a dot
qu'elles apporteraient
leur union.
Le
mariage,
t avec lui la formation
'une nouvelle cellule
écono-
mique
et a constitution
'une nouvelle
petite xploitation
gricole,
tait
en effete destin es
eunes
hommes t femmes
ngagés
comme
ppren-
tis ou comme
domestiques,
u
les deux à la fois. On
ne
conçoit pas
d'autre forme
de
travail,
dans ce monde rural
valencien de la
fin du
Moyen Âge, que
celle réalisée
à l'intérieur 'un
groupe
domestique,
a
véritable nitéde travail
aysanne,
ue
ce
groupe
oit celui
du
père,
du
maître
u,
plus
tard,
e sien
propre.
Hors de ce
cadre,
e travail
alarié,
bien que présent, taitdonc assez rare,pour les hommes et pour les
femmes,
t circonscrit
ux
exigences
du
cycle agricole.
En
revanche,
e
travail
dépendant,
ssuré
par
des
garçons
lloués ou
par
des serviteurs
domestiques,
tait
beaucoup plus
répandu,
finde
subvenir ux besoins
de main-d'œuvre
upplémentaire,
urtout ans
es
exploitations
es
gros
laboureurs,
t
il
se tenait
oujours
dans le cadre
de l'unité
domestique,
où l'adolescent
s'intégrait
omme
un membre e
plus.
Ce n'était
pour-
tant
u'un passage
transitoire,
ne voie
parcourue
urtout
ar
des
orphe-
lins
et
par
des enfants
és de
familles iches n
progéniture
t
pauvres
en
terres,
vant
qu'ils
n'acquièrent
eur
majorité
t avec
elle n'accèdent
au
mariage
t
à la
gestion
de leur
propre ntreprise
amiliale.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 39/165
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 40/165
Médiévales0, rintemps996,p. 5-44
Alessandro
STELLA
TRAVAIL,
FAMILLE
ET
MAISON :
FORMES
ET
RAISONS
DU
PLACEMENT
DANS LES
SOCIÉTÉS
TRADITIONNELLES
Maison
En
1527,
Jean
Gormant,
marinier
t
charpentier
e
bateaux à
Auxerre,
rend
n
apprentissage,
e son
tuteur
t
curateur,
ierron
aus-
sone, ui aussi ď Auxerre. endant es cinq ans prévusparle contrat,l
devra
pourvoir
tous
les
besoins du
garçon,
y
compris
'habillement,
mais
pendant
ans,
l
pourra
xploiter
n
quartier
e
vigne
appartenant
à
Pierron.
En
1495,
es
tuteurs
t
curateurs
'Étienne
12
ans)
et
Jeanne
has-
seigne
(14
ans),
enfants
mineursde
Pierre
Chasseigne,
vigneron
Auxerre,
t
de
«
feue
Anne
Bruant
,
signent
e bail
à
nourriture
ui
confie
es
enfants
leur
père.
Celui-ci
devra
garder
on fils
6 ans
et sa
fille4
ans
;
ils
devront e
servir
n
toutes
hoses
licites
et
honnêtes il
devra
pourvoir
tous
leurs
besoins.
«
Et
aussi
sera
tenu
[le
père]
de
faire
voir
coronne uditEstienne, ui faire prandre a créance et luimonstrert
aprandre
e mestier es
vignes.
Et
quant
à ladite
Jehanne,
il
sera
tenu
de la
tenir
ung
an à
cousture
pour
lui
faire
apprendre
e
mestier
de
cousture.Et
avec
ce
sera tenu
icelui
Chasseigne
paier
et
bailler à
ses
dits
enfans
à
chascun
deulx
par
chascun
an
durant
es
années
dudit
louage,
la
somme
trente
olz
tournois
durant
esquelles
années
dudit
alouage
et
moyennant
celui,
ledit
Chasseigne
oyra
et
prandra
es
fruits t
revenuesd'un
arpent
e
vigne
appartenant
usdits
enfans .
En
1496,
Étienne
Malines,
tonnellier
t
vigneron
Auxerre,
rend
à son
service
pour
2
ans
Huguenin
Breiny,
de
Courson,
pour
e
servir
en toutes hoses licites et convenables, tant u mestier e tonnelerie
que
des
vignes,
t
aussi
aller à
Paris,
à
Rouan et
ailleurs,
à où il
plaira
audit
Malines
de
l'envoyer.
Et
moyennant
e,
ledit
Malines
sera tenu
et a
promis
de
nourrir,
ouverner
t
alimenter
edit
Breiny,
ui
montrer
et
apprendre
e mestier
e
tonnellerie,
e
fournir
e
chaussures
de sou-
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 41/165
36
A.
STELLA
liers,
ui bailler
ung
serpelis,
ne
chemise,
nsemble t avec la somme
de 6 livrestournois 1.
Voilà
trois xtraits e contrats
assés
devant
notaire,
Auxerre,
la fin
du
Moyen Âge.
Des
actes notariés
ourants,
omme on en
trouve
partout
ans
les fonds
d'archives de toute
'Europe
occidentale,
la
même
époque
et dans les siècles
suivants.Si leur nombre
dépend
de
l'état de conservation
e la
documentation t de la diffusion
es offi-
cines
notariales,
a
diffusion e la
pratique
ne fait aucun
doute. Ne
serait-ce
que
dans les
cinq
volumes,
publiés par
Henri
Forestier,
d'extraits
nalytiques
des minutes
déposées
aux Archives
de l'Yonne
paruncertain ombre e notaires e l'Auxerrois, nrencontreuelques
milliersde
contrats e ce
type.
Le
premier xemple
donné i-dessus
st
enregistré
omme
«
contrat
d'apprentissage
,
le
deuxième comme
«
bail à
nourriture
,
et le troi-
sième comme
«
louage
d'ouvrier . Ils
présentent,
'un
par rapport
ux
autres,
es
différences,
ais ils
ont tous un
dénominateurommun ils
associent
travail,
amille t maison.
Traditionnellement,
'historiographie analysé
éparément
es
gen-
res de
contrats,
onnant a
priorité
ux contrats
'apprentissage
n vue
de
comprendre
omment
'opérait
a transmission
es savoirsde métier
dans
les sociétés
traditionnelles. 'ai
essayé, pour
ma
part,
de réunir
dans un mêmefichier ne sériede contrats e ce type, our es comparer
entre ux. À
cette
fin,
'ai
relevé
226 contrats
assés
devantnotaire
Auxerre,
ntre
1474
et 16002. Le
décomptepar type
de
contrats st le
suivant 147 contrats
'apprentissage,
6
baux à
nourriture,
3
louages
de
travail. es individus
oncernés ontdans leur
écrasante
majorité
e
sexe masculin 216 hommes
t 10 femmes.
Comme dans tout
ontrat
otarial,
l
y
a deux
parties
n
présence
dans notre
as,
nous
pouvons appeler
ceux
qui
mettent ne
personne
chez une
autre es
«
donneurs
,
et ceux
qui
la
reçoivent
es
«
pre-
neurs .
Voyons
tout
d'abord
qui
sont es
«
donneurs
;
leur
qualité
est
indiquée
dans
119
cas
(voir
tableau
ci-contre).Dans quelquescas (adultesou mineursmancipés), 'est l'individu
lui-même
ui
conclut
un contrat
'apprentissage,
mais
généralement
es
donneurs ontdes adultesde
sexe masculin
yant
utorité ur
e
mineur,
normalemente
père
ou le tuteur.
Dans les baux à
nourriture,
'est
presque toujours
e
tuteur
ui
formalise e transfertu mineur
alors
1
Ces troisontratsont
ubliésar
.
Druot,
Recueil e documentsirés
es
anciennesinutes
enotaires
éposées
ux
Archivese 'Yonne
,
Bulletine a
Société
des ciences
istoriques
tnaturellese 'Yonne
1900,
p.
23-450.
2. J'ai iré escontratse apublication,itée, 'Eugèneruottdedeux ubli-cations'H.
Forestier,
épertoires
t nventairese
fonds éposésar
esnotairese
l'Yonne.tudes e
Me
Rolland
ampic
tde
Me
ouis
ouvin
Archivesu
Département
de
'Yonne, uxerre,
942,
p.
15-236,
76-289,
98-304
Id.,
xtraits
nalytiques
es
minutes
éposées
uxArchivese 'Yonne
ar
Me
André
uimard
Archives
u
Dépar-
temente
'Yonne, uxerre,954,
p.
1-12,
3-47, 29-144,80-184,
13-323,
35-346.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 42/165
TRAVAIL,
AMILLE T
MAISON 37
Tableau 1 : Les donneurs e
personne
ous contrat Auxerre
d'apprentissage
Baux nourriture
Allouage
Mère
1
3
Père 16-2
Oncle 3
1 1
Frère
1
-
-
Tuteur
18
18
1
Alloué 5-49
que
dans
es contrats
ď
allouage
»
c'est l'individu ui-même
a
fortiori
adulte)
qui
stipule
'acte.
Tous ces
contrats
révoient
e transfert'une
personne
hez une
autre
pendant
n certainnombred'années :
Tableau 2 :
Durée
en années)
des contrats
'apprentissage,
e nourriture
et ď
allouage
Minimum
Maximum
Moyenne
Contrat'apprentissage 1 14 3
Bail à nourriture
1
10 5
Allouage
16
1
Sauf cas
d'espèce,
les
«
allouages
»
sont
de
courte
urée,
t conclus
généralementour
une seule année.Les
«
apprentissages
et es
«
nour-
ritures sont en revanche
plus longs,
et
significativement
'est le
bail
à nourriture
ui
est conclu
pour
a
plus longue
durée.
En
accueillant demeure
uelqu'un
chez
lui,
le
preneur
'engage
envers e donneur une
série,variable,
'obligations.
Celles-ci
peuvent
être egroupées insi a = nourrir,oger, pprendree métier b = nour-
rir,
oger,
habiller,
hausser,
pprendre
e
métier
c
=
nourrir,
oger,
habiller, hausser,
pprendre
e
métier,
onnerdes outils à la
fin du
contrat d
=
nourrir,
oger,
habiller,
hausser,
pprendre
e
métier,
met-
tre l'école
pour
une
période
déterminée
e
=
entretenir,
ettre l'école
pour
une
période
déterminée
f
=
entretenir,
oter
g
=
entretenir
sans
clause
d'apprentisage)
h
=
entretenir,
alarier
la tâche.
Tous les contrats
mpliquent'obligation
e l'entretien
loger,
nour-
rir)
de l'individu transféré. et entretien
minimum
eut
être
élargi
à
une
paire
de
chaussures,
des habits
neufs,
u à
quelques
outils à
la
fin
du contrat. ous les contrats
'apprentissage omportent
'obligation
du maître enseignere métier l'apprenti mais la moitiédes baux à
nourritureont ssortis ussi de cette
bligation,
t même
un
petit
nom-
bre
-
mais
significatif
des baux
d'allouage.
Enfin 'école est rarement
prévue,
t
quelques eunes
filles
uront
roit une dot à
l'expiration
u
contrat.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 43/165
38
A. STELLA
Tableau 3 :
Obligations
u
preneur
nvers
'apprenti,
e nourri t 'alloué
Contrat
Baux
nourriture
Allouage
apprentissage
a:
61
7
3
b :
43
5
3
c :
28
-
1
d :
3
-
-
e:
-
5
-
f:
-
3
-
g : - 4 40h: - - 2
Total
135
24 49
Inconnus
12
2
4
Mais
pourquoi
quelqu'un
accueille-t-il hez
lui un
enfant,
n
eune
hommeou un
adulte,
ui
administrant
toutes es
nécessités
orporel-
les
»,
comme
e récitent
es formulaires
otariaux
Que
recevait-il
n
échange
?
Du
travail,
ous
toutes es formes.
La formule
rdinaire
tipule ue l'apprenti
u
l'alloué servira
on
maître-nourricierdans sonmestier t danstoutes hoseslicites thon-
nestes
. D'autres actes
précisent
ue
tel
apprenti
servira on
maistre
comme
bon serviteur
t
apprentis
oit
faire
,
que
tel alloué
s'engage
«
comme charretier
t autres services
qui
lui seront
ommandés
,
et
que
tel autre
promet
'obéir
«
tant n ce
qui
concerne
'état de
maçon
qu'en
toutes ffaires
omestiques
aisonnables
3. Ce
qui
indique pré-
cisément
ue
le
logé-nourri,
ant
eune
qu'adulte,
est embauché
avec
une double
fonction
auxiliaire
du maître ans
son travail
t domesti-
que.
Serviteur
on
à tout
faire,
n effet.
el
engagé
auprès
d'un tonne-
lier-vigneron,ar
exemple,
fera
es
façons
des
vignes
dans la
propriété
du maître, ussi bienque la menuiserie ans son atelier u la livraison
des
produits,
oire a
moisson,
i le
patron
ossède
un
champ,
t autres
menus services.
Les différences
ondamentales
ntre les
trois
types
de contrat
(apprentissage,
ourriture,
llouage)
sont
liées à
l'âge
de
l'individu,
donc
à sa
capacité
à rembourser
ar
le travail 'entretien
ourni.
La
grande
majorité
es alloués
sont des adultes
ou des
adolescents
man-
cipés
(cf.
Tableau
1)
;
l'âge
des
apprentis
18
indications)
varie entre
six et
dix-huit
ns,
la
moyenne
tantde treize
ans et
demi
quant
à
ceux
qui
sont
placés
par
bail à
nourriture,
out
porte
à
croire
durée
moyenne
u contrat
lus
longue,
ge moyen gal
à dix
ans)
qu'il
s'agit
d'enfants,même en bas âge, et de jeunes adolescents.
Ces
informations
xpliquentpour
quelles
raisons
une
partie
des
3.
Exempleris
ans .
Druot,
p.
it.,
p.
35,
50
H.
Forestier,
p.
it.,
954,
p.
182.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 44/165
TRAVAIL,
AMILLE
T MAISON
39
contrats st
assortiede clauses
monétaires. ans
presque
a
moitié
58
sur
147)
des contrats
'apprentissage,
e donneur oit aussi
verserune
somme en
argent
pour
la
«
pension
. Une
autre
partie
des
apprentis
(21
% de
l'ensemble)
reçoit
en revancheun
pécule,
normalement la
fin
du contrat.
n
remarque
ussi
que
«
pension
et
pécule
s'excluent
mutuellement
quand l'apprenti eçoit
une somme
d'argent,
'est
que
les
parties
stiment
ue
l'entretien
'équivaut pas
au travail
fourni,
t
dans
le cas du versement
'une
«
pension
c'est l'inverse.
Ceci est
évident
i
l'on observe es contrats
allouage
: ici les
proportions
ont
inversées,
t seulementun alloué sur
cinq
ne
perçoit
pas
de
pécule.
Quantaux « nourris , on devait considérer u plus bas leurapport n
travail,
ar la
pension
était a
plus
chère à noter
ue
comme
pour
es
apprentis,
ertains
5 cas)
touchent
n
pécule.
Mais ce
qui distingue
e
bail à nourriturees
autrescontrats
xaminés,
est
qu'ici,
dans la très
grande majorité
des
cas,
celui
qui prend
e
«
nourri
reçoit
aussi la
jouissance
des
héritages
une
parcelle
de
vigne,
n
champ,
n
pré) appar-
tenant u
mineur
il
est aussi
prévu,
mais
rarement,
e versement
ar
le
donneur 'une certaine
uantité
e denrés limentaires
blé,
orge).
Famille
Résumons.Par tousces contrats
crits,
u'ils
soient
ppelés
contrat
d'apprentissage,
ail à nourritureu
allouage
d'ouvrier
et
il
faudrait
ajouter
es contrats
e mise en servicedes femmes t
eunes
filles,
non
analysés
dans le
corpus
ci-dessus),
on
procède
au
placement, temps
déterminé,
'une
personne
ans un
ménage qui s'engage
à l'entretenir.
Ce
ménagepeut
n'avoir aucun
ien de
parenté
vec la
personne
ccueil-
lie,
ou au
contraireui être
pparenté,
omme c'est
normalemente cas
pour
les
«
nourris . Dans tous les
cas de
figure,
l
s'agit
d'enfants,
jeunes gens
ou adultes euls
qui
vont
ntrer ans un
ou
un
autre)
foyer.
Même si les
sourcesne
l'indiquent as,
il
est
raisonnable
e
croire
ueles
jeunes gens
et les adultes
qui
signent
n contrat
'apprentissage
u
ď
allouage
sont des
célibataires,
u des veufs sans
enfants,
n
tout
as
des
personnes
ivant eules
et
qui
choisissent 'aller vivredans un
foyer
constitué.
uant
aux
apprentis
t aux
«
nourris
,
ceux
qui
sont oncer-
nés sontdans une
grande
proportion
es
orphelins.
ela est nhérentu
bail
à
nourriture4,
t concerne à
l'époque
moderne es enfantsd'un
couple
surneufdans ' Auxerrois
omme dans 'Orléanais5.Mais
c'était
bien
le cas aussi de nombre
d'apprentis
à Orléans au
xve
siècle,
les
orphelins
e
père
ou
de mère constituaient 0 % des enfants t
eunes
4. J.-P.
esaive,
Le bail nourrituret e statute 'enfant
ous 'Ancien
égime
en basse
Bourgogne
,
Bulletin
e
a
Société esSciences
istoriques
t
naturellese
l'Yonne
1986,
p.
11-21.
5.
Id,
bid.,
.
3
M.
Couturier,
Entreamillet ervice.a mise
ux nchères
des
personnes
,
Bulletine a Société
rchéologique
'Eureet-
oire, 984,
.
253.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 45/165
40
A.
STELLA
gens
mis en
apprentissage,
t à
Gênes,
à la même
époque,
les
orphelins
de
père
représentaient
0 %
des
apprentis6.
Bon
nombre e
fillettes t
eunes
filles
mises en
service vaient e
même
handicap
familial e
départ
c'est
ce
que
constate
aulino
radiel
Murugarren
our
a
Valence du Bas
Moyen
Âge,
où 30 %
des
jeunes
servantes
ngagées
sous
contrat
taient données
»
par
les
procureurs
des
orphelins
de cette ville7.
La
relation étroite
entre a
condition
d'orphelin
et la
«
mise-en-famille/mise-au-travail
apparaît
en
effet
commeune
constante ans
les
sociétés
traditionnelles
uropéennes.
es
organismes
haritables es
derniers
iècles du
Moyen
Âge
et de
l'épo-
que moderne e ferontn effet u'institutionnalisernepratique ociale
largement
épandue
et
les
grandes
manufactures u
xixe
siècle,
qui
puiseront
bondamment ans
ce
réservoir e
main-d'œuvre
nfantine,
ne feront
ue
perpétuer
ette
ancienne
coutume8.
Quelle
était
a
position
e
tous ces
«
nourris-logés
dans eur
foyer
d'accueil ?
Autrement it où
et sur
quoi
couchaient-ils,
ù et
que
man-
geaient-ils
Faisaient-ils
artie
de la
famille,
u
plutôt
es
famuli
des
serviteurs
Parfois,
ans des
contrats
'apprentissage,
n
trouve
a for-
mule
que
le
maître
'engage
à traiter
'apprenti
comme si
c'était son
propre
ils
9. Sans
préjuger
e la
bienveillance t des
bonnes
ntentions
de certains
maîtres-pères,
ous
devons
nous demander
omment
ouvait
se concilier, arexemple,uncomportementaternel vec le « droitde
fuite .
Dans le
corpus
uxerrois
xaminé
i-dessus,
8 des 147
contrats
d'apprentissage révoyaient
ue
le
donneur
'apprenti
tait
enude ver-
ser au
preneur
ne
somme
d'argent
mportante
correspondant
arfois
au
prix
otalde la
pension
onvenue)
en
cas de fuite
e
l'apprenti.
ette
coutume,
u'on
retrouve n
France au
moins du
xive
au
xviif
siècle10,
nous
apprend
d'une
part
que
les
apprentis
vaient
tendance
fuir eur
foyer
d'accueil
et,
d'autre
part,
qu'une
telle
contrainte
angeait
es
apprentis
ans une
dépendance
ara-servile.
es
«
logés-nourris
subis-
saient n
réalité rois
ormes e
dépendance
onjuguées
l'une
vis-à-vis
6. F.
Michaud-Fréjaville,
Bons t
oyaux
ervices
les ontrats
'apprentissage
en
Orléanais
1380-1480)
,
dans es
entrées
ans a vie. nitiations
t
pprentissages
Nancy,
982,
.
188 G.
Casarino,
I
giovani
l'apprendistato.
niziazioneaddestra-
mento
,
Maestri
garzoni
ella
ocietà
enovese
ra
XV XVI
ecolo
V,
Quaderni
el
CSST du
CNR,Gênes, 982,
.
106.
7. P. radiel
Murugarren,
Familia
función
conomicae a
mujer
n
ctivi-
dades o
agrarias
,
dans
a Condicion
e a
mujer
n a Edad
Media
Madrid,986,
p.
248.
8. A.
Stella,
«
Pour nehistoire
e 'enfant
xploité
,
Actes
u
colloque
nter-
national
enfantxploité.
ise u
travailt
rolétarisation
Paris,
ovembre
994
sous
presse).
9. Cf.P.
Bernardi,
Apprentissage
t
ransmissionu
avoir ans es
métiersu
bâtimentAix-en-Provencela fin uMoyen ge 1400-1550), Les CahiersuC.R.I.S.I.M.An°
1, 1993,
.
71 P.
Didier,
Le
contrat
'apprentissage
n
Bourgogne
aux
xive
txve
iècles.
Revue
istorique
e droit
rançais
t
tranger
1976
1),p.
43.
10. G.
Fagniez,
tudes
ur 'industrie
t a classe
ndustrielle
Paris uxxur
t
XIV
iècles
Paris, 877,
.
73
H.
Forestier,
Rupture
e contrat
'apprentissage
t
droit e
fuiteu xviir
iècle
,
Annales
e
Bourgogne
1938,
p.
01-303.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 46/165
TRAVAIL,
AMILLE T MAISON
41
du maître
n tant
u'auxiliaires
dans le
travail,
'autre
à la
maison
dans
laquelle
ils
occupaient
a
place
de
serviteurs,
t enfin a
dépendance
sournoise onférée
ar
le
statut
'étrangers
la communauté
e
sang.
Travail
Le
travailest au cœur des
relations ntre es
individusdans les
sociétés
traditionnelles.'est
autour
du
travail
ue
les
groupes
ociaux
se forment le
groupe
telier
amilial,
e
groupe
usine,
e
groupe
ferme
(ou villa) agricole.Mais d'abord le groupeménagefamilial, out im-
plement.
On
ne saurait
expliquer
autrement
ue
dans la Toscane du
xve iècle c'est dans e
groupe
des
métayers u'on
compte
e
plus grand
nombrede
ménages
rurauxde
plus
de 6
personnes,
t
qu'en
ville les
ouvriers u
textile nt un
ménage composé
en
moyenne
e moins de
4
personnes
t les serviteurs e
moins de 211. Dans une
situation bien
des
égards comparable,
Schio
(province
de
Vicence),
en
1789,
on
compte
1
1,3
bouches
par
feuchez
les lavoranti i
campagna
et
3,6
bou-
ches chez les lavoranti
de la manufactureainière
2
.
Mais
qu'est-ce qu'on
entend
ar
travail,
u
juste,
dans
les sociétés
traditionnelles,
t
comment,
ar quoi,
est-ilrémunéré
J'emprunte
ci
aux anthropologuesa formule e sociététraditionnelle,vec le vague
et
'imprécis ui
la définissent
ar rapport
une société
dite ndustrielle
ou
marchande. 'entends
ar
à,
en
effet,
ne
société
qui
est fondamen-
talement
urale
et
rurale
n'est
pas synonyme
'agricole),
où les échan-
ges
sont
pour
a
plupart
ocaux,
où l'unité
domestique
st le moteur
e
l'activité
conomique
de
la
majorité
e la
population.
Une société
dans
laquelle
l'industrie
pensons
à
l'industrieminière t
métallurgique, ar
exemple)
est
intimement
mbriquée
dans
les activités
gricoles,
et où
même
des villes de
grande
dimension ontdes
agro-villes.
Une société
aussi,
dans le cas
qui
nous
intéresse
ci,
dans
laquelle
on meurt
ouvent
tôt, ù le veuvagetient ieu du divorcedans les
sociétés
d'aujourd'hui,et où les
personnes
ans famille ont
égion.
Dans cette
société,
point
capital, 'argent
d'un salarié
passait
sur-
tout
ou
entièrement,
ans les
conjonctures
ifficiles)
n nourriture.n
travailleur
ourri tait donc
un travailleur
ayé.
Dans le
placement
d'enfants
comme
d'adultes,
on faisait des calculs.
Essayons
de
les
refaire.Un
journalier igneron
'Auxerrois
gagnait
1
à
2 sous
par
our
entre 450
et
1550,
5 à
10 sous de 1550 à 1600
(les
variations
ominales
sont
dues à
l'inflation)
3
; disons,
out fait
héoriquement
en
comptant
250
jours
de travail
par
an),
qu'il pouvait
gagner
ntre
12
et 25
livres
1 D. HerlihytCh.Klapisch-Zuber,es Toscanst eursamilles.ne tude
du
Catasto
lorentin
e
1427
Paris, 978,
p.
76-479.
12.
W.
Panciera, lanifici
ell'alto icentino
elXVIII
ecolo
Vicence, 988,
p.
154.
13.
M.
Delafosse,
Notes 'histoireociale. es
vignerons
'Auxerrois
xive-xvr
siècles)
,
Annalese
Bourgogne
77,
1948,
p.
-41.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 47/165
42
A. STELLA
par
an avant
1550,
de 60
à
120 livres
près.
Dans les mêmes
périodes,
les
apprentis
e notre
orpus, orsqu'ils
touchaient n
salaire,
ecevaient
en
moyenne
2
livres
par
an
pendant
a
première ériode,
et 10 livres
pour
a deuxième les
alloués,
qui
étaient onsidérés omme
plus pro-
ductifs,
ouchaient
0
puis
14
livres.
En
revanche,
a
pension
versée
par
le
donneur
our
'entretien
e
l'apprenti
tait
toujours
n
moyenne,
t
avec le même
découpage temporel)
e 6
puis
de 20 livres
par
an.
Ce
qui
était nhérent la conditiondes travailleurs
omestiques,
être
rémunérés ssentiellement
ar
le
gîte
et le couvert t secondaire-
ment
ar
du
numéraire,
'appliquait
ussi à nombre 'autres ravailleurs
qui vivaient leurcompte.Les proportionsntre a partiede la rému-
nération n nature t la
partie
n
argent
taient
ependant
différentes.
On
rédigeait
ombre e contrats e travail
emporaire
sans
doute
nfi-
nimentmoins
que
les contrats
erbaux,
ontnous n'avons
pas
de
trace)
prévoyant
n salaire
plus
la nourritureu
le
vin.
Ce
dernier,
urtout,
peut
être onsidéré omme une
partie ntégrante
e la rémunérationes
travailleurs ans les sociétés
occidentales,
ussi bien
pour
es
ouvriers
des
champs que pour
ceux des manufactures dans les ateliersde la
laine
de Florence au
xive
siècle,
comme dans ceux de Schio
au
xviir,
les ouvriers ont
payés
aussi en vin.
C'est d'un
cycle
de transferts
u'il s'agit
entre e
travail,
a
nour-
riture t le numéraire. ue signifie, ans les baux à nourriture,ette
jouissance temporaire
'héritages
inon,
à
aussi,
une rémunération
n
nourrituren même
temps
ue
du travail ourni
Il en
coûtait
eaucoup
de
temps,
de
sueur,
de
soins,
de mal aux
reins
pour
mettre n culture
un
arpent
e
terre,
t ce n'était
pas,
à
proprementarler,
u travailmort.
Un
arpent
e
vigne
à Auxerre e louait en 1581 6
livres
par
an14
ces
références n numéraire
aisaient
ertainement
artie
des
préoccupa-
tionsdans
les
échanges
de
personnes.
Conclusions
Une double
trilogie
e
dégage.
Une
première,
ravail-famille-mai-
son,
nous rend
compte
des motivations t des formes
rises par
la cir-
culation es
personnes,
nfants t
eunes gens
en
particulier.
es raisons
de déstabilisation amiliale
la
mort
es
parents,
'abandon,
a
solitude)
figurent
la source
du
placement15.
ne
des
formes
risespar
celui-ci,
le
contrat
'apprentissage,
evient
plus
claire
dans
ses finalités
dans
quelle
mesure
'objectif
tait-il
e faire
pprendre
n métier une
eune
personne
Sans
compter
a
pratique
ffective e
l'utilisation
e
la main-
d'œuvre
l'apprenti mployépour
toutes ortes
de corvées d'atelier et
14. H.
Forestier,
p.
it., 954,
.
26.
15. Je ois ire
mon
tonnemente
onstater,
ans'étude
e
Suzanne
allemand
{La
circulationes
enfants
n
sociétéraditionnelle.
rêt, on,
change
Paris,
993),
portant
ur
lusieurs
ociétésfricainest
siatiques,
'absenceu ravailans
'analyse
des
changes.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 48/165
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 49/165
44 A.
STELLA
Dans ce cadre s'inscrit a situation es
domestiques, ris
dans le
sens ancien
d'appartenant
la
maison.
Servantes,
arçons
de
ferme u
de
boutique, pprentis
t autres lloués fournissent
u
travail,
uotidien
et sans
horaires,
n
échange
de l'entretien
t,
e cas
échéant,
'un
petit
quelque
chose de
plus.
Libres
uridiquement,
ls
ne
sont
pas pour
autant
affranchis 'une
dépendancepersonnelle
nvers e maître ans l'atelier
ou aux
champs,
t envers
ui et sa famille l'intérieur u
foyer.
t le
faitd'être mineur
allonge
a chaîne des
dépendances.
Alessandro Stella, CNRS, UMR 9967, 18, quai Claude-Ber-
nard,
F-69635
Lyon
Cédex
07
Travail,
famille et maison : formes et
raisons du
placement
dans les sociétés traditionnelles.
Le
placement
es
personnes,
es enfants t
eunes
gens
en
parti-
culier,
tait
une
pratique
rès
épandue
ans les sociétéstradition-
nelles en
Europe.
L'auteur
prend
ci comme
terrain 'observation
la
Bourgogne
u Nord à la
fin
du
Moyen Age.
Par-delà
a diversité
des formes t des contrats
assés
entre
preneurs
t donneurs e
personnes,
l
ressort
ue
c'est le travailfourni u
à fournir
ui
modèle les relations t qui est à la source des dépendances.
Placement
orphelins
travail
ménage
-
dépendances
Work,
the
Family
and the Household : Hired
Workers
n
Tra-
ditional Societies
The custom of
placing
persons, specially
children
nd adoles-
cents,
nto
servicewas
widespread
n
traditional
uropean
socie-
ties. This
study
ocuseson Northern
urgundy
n
the ater
Middle
Ages. From the various kinds of servicesand contracts ormali-
zing
the transfer f individualsfrom ne household to another,
the nference
may
be drawn hat t was
primarily
he
work
patterns
which
shaped relationships
etween he hirers nd the
hired,
nd
that he atterwere often onsidered nd treated
s
dependents.
Hiring
work
family
household
wages
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 50/165
Médiévales0, rintemps996,p. 5-54
Cécile
BÉGHIN
ENTRE
OMBRE
ET LUMIÈRE
:
QUELQUES ASPECTS DU TRAVAIL DES FEMMES
À MONTPELLIER
(1293-1408)
Les sources
de la
findu
Moyen
Âge présentent
arement
a femme
hors de
son contexte
domestique
épouse
ou
mère,
elle
n'est
guère
perçue
comme
exerçant
une
activité
professionnelle.
l en est ainsi
à
Montpellier,
ù
les
femmes
pparaissent
vant
tout omme
éducatrices
et
nourricières,
ais où leur
possible
rôle
de
productrice
e constitue
jamais un élémentdéterminante leurpersonnalité. insi entre1293
et
1408,
es sources
tablissent
u'un
travailleur
urdix
est
une
femme1,
alors
même
que
la ville
atteint
'apogée
de
sa
prospérité
n 1348
avant
d'entamer
n
lentdéclin2
la
main-d'œuvre
éminine
emble
ndispen-
sable
à l'activité
économique
urbaine,
t
disponible
du fait
du statut
privilégié
es
femmes,
ui
s'appuient
ur
es Coutumes
de
la ville
pour
contrebalancer
a
rigidité
u droit
romain t
obtenir
n
supplément
e
liberté3.
La
plus
grande
partie
du
travail
féminin
reste donc
dans
l'ombre.
Son existence
ne
peut
être
remise
n
question,
mais
il
pose
un
problème
d'évaluation
et de connaissance.
De
façon générale,
es sources
notariées
ne
permettentuère
une
bonne
appréciation
e cetteactivité éminine,malgré 'abondancedes
registres
xistant
our
a
période
tudiée4.
armi
es actes
notariés,
ous
avons
en
priorité
tilisé
es contrats
'apprentissage
t les
louages
de
1.
Il
s'agit
e
la différence
ntrees
hommest
es femmes
oncernés
ar
une
activité
rofessionnelle
ntre293
t 1408
'après
es ctes
otariés
tilisés.
2. Ph.
Wolff,
istoire
u
Languedoc
Toulouse,990,
t
J.
ombes,
Montpellier
et e
Languedoc
u
Moyen ge
,
Mémoirese a Société
rchéologique
e
Montpellier
2e
érie,
.
20,
1990.
3.
LesCoutumes
e
1208,
maintenant
insi
es raditions
e a
ville,
onte
1 uto-
risationu
maria seule
imite la
capacité
e
'épouse.
a femme
stdonc
rotégée
par
es
Coutumes,
n ontradiction
vec
'esprit
udroit
omain.f.
J.
Hilaire,
e
régimedesbiensntrepouxansarégioneMontpellierdéb. nr-finvr iècles,Aix, 956,
lre
artie
le
régime
otal.
4. Archives
e
la Ville e
Montpellier.
nventaires
t Documents.
nventaire
u
Grand
hartrier
édigéar
Pierre
ouvetn1662-1663
Montpellier,
896,
.
1,
Armoi-
resA à
F
etSérie
B Notairesu Consulat
,
BB1 à BB5
xive-xve
iècles).
rchives
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 51/165
46
C. BÉGHIN
servicesmentionnantesfemmes5. tablisentre n maître tun
apprenti
ou
un
valet,
es contrats
embauche,
passés
devant
notaire,
evaient
préciser
es modalités
du travail
accomplir
t codifier
es
obligations
réciproques
e chacun des
contractants.
ependant,
a liberté
ontrac-
tuelle tant
rès
tendue,
'établissement
'un contrat
'avait riend'obli-
gatoire
t
de nombreux
pprentis,
aletsou
servantes taient
mbauchés
sans conditions
crites.Les
contrats embauche
ne constituent
onc
pas
une source
suffisante,
t nous
les avons
complétéspar
les Statuts
et les Charités
de certains
métiers6,
insi
que par
l'inventaire es
pre-
miers
Compoix
de
Montpellier,
ui
associent
chaque personne
mpo-
sée,homme u femme, onactivité rofessionnelle7.nfin, ivers ctes
notariés
testaments,
chats,
reconnaissances
e
dette)
font
galement
état d'une
possible
activité éminine. et
ensemble
de sources
hétéro-
clites
mais
complémentaires
ous a
permis
e lever
e voile surcertains
aspects
du
travail es femmes
Montpellier
u
xive
iècle,
d'en montrer
les mécanismes
t de
comprendre
'origine
même
de leurs silences.
Métiers de femmes
L'inventaire
es métiers ans
lesquels
une
présence
féminine
eut
êtrenotée e caractérise arsa cohérence, ndépitde la grande iversité
des
tâches relevées
en
effet,
es
femmes xercent
our
a
plupart
es
métiers
raditionnellement
éminins,
épartis
ans
trois
hamps
d'acti-
vité
principaux
le travail
domestique,
'alimentation
t
le textile8.
Le travail
domestique,
ar
l'intermédiaire
es esclaves
et surtout
des
servantes,
st en
grande
majorité
éminin.
e recours ux esclaves
semble avoir
été de
plus
en
plus
important
ans
les dernières
écennies
du
xivc
iècle,
en
partie
ous
l'influence es
riches
mmigrants
taliens,
et rendu
ossible
par
es
rapports
ommerciaux
ntretenus
vec les
mar-
chands
aragonais
et
provençaux.
Ces
esclaves,
pour
la
plupart eunes
fillesblanches
d'origine
artare u
turque,
chetées
à
Barcelone,Perpi-
départementales
e
'Hérault,
érieIE95
notairese
Montpellier,
IE95-368 IE95-434
(1324-1408).
5.
En
tout 75
ctes
embauche,
ont
9
apprentissages
asculins,
0
féminins,
51
ouages
e services
asculins
t 15
féminins,
lus
ix
ctes oncernant
es sclaves.
Actes
masculinstféminins
nt té
omparés
fin 'obtenir
nemeilleure
erspective
sur
a
spécificité
u
ravailéminin.
6.
A.
Germain,
istoiree
a
Commune
e
Montpellier
epuis
es
riginesusqu
à
son
ncorporation
éfinitive
la Monarchie
rançaise
t.
2,
Montpellier,
851
tArchives
de la
Ville e
Montpellier.
nventairest documents.
nventaire
nalytique
érie
B
(Notaires
t
greffiers
u
Consulat,
293-1387
,
t.
13,
Montpellier,
984
BB7et
BB8.
7. Archivese a ville e
Montpellier,
nventaires
tDocuments.
rchivesu
Greffe
de a Maisononsulaire,rmoiresetB t.6, rmoire:Compoixaint-Firmin1404),
Compoixaint-Jacques
e a Palissade
1372-1384),
ompoix
ainte-Croix
1380-1387),
Compoix
aint-Mathieu
1404),
ompoix
ainte-Croix
1404-1412).
8.
E.
Boulding,
The historicaloots
f
occupational
egregation.
amilial
constraints
n women's
ork oles
,
Signs
,
1976,
p.
5-117
tD.
Herlihy,
pera
Muliebra
Womennd
WorknMedieval
urope
New
York,
aint-Louis,
990.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 52/165
ENTRE MBRE
T LUMIÈRE
47
gnan
ou
Marseille,
onstituent
n luxe
pour
es
familles
ui
les
acquiè-
rent,
uisqu'elles
sont vendues
entre
50
et
100 livres
tournois9,
mais
elles
présentent
'avantage
de constituer
ne main-d'œuvre
ermanente
et malléable
pour
l'exercice des travaux
domestiques
de la maison.
Cependant,
eur
relative
areté
Montpellier
t l'absence de
législation
les concernant
eur ont
permis
de subir un
sort moins
rude
que
les
esclaves des cités
voisines,
eurs conditions
de travail e
rapprochant
de
celles des
domestiques
ibres.
Les
servantes,
ibreset
rémunérées,
ont
plus
nombreuses
ue
les
esclaves,
embauchées
court
erme
les
contrats ont
tablis
pourquel-
ques mois ou unan) et aisément emplaçables. ettemobilité 'accom-
pagne
d'une
précarité
u
travail,
iée à l'absence
de contrats
embau-
che ou
à leur
manque
de
précision orsqu'ils
existent10.
n
effet,
es
contrats
éfinissent
mal les tâches
des
domestiques
l'intérieur
e la
maisonnée
elles sont
placées
sous
l'autorité e la
maîtresse e
maison,
dont elles
complètent
es
travaux,
t
s'engagent
à
«
faire ce
qui
leur
sera demandé
n.
Le secteur limentaire
mbauche volontiers
es
femmes,
n
parti-
culier dans
la
boulangerie
et la
pâtisserie,
puisque
tous les contrats
d'apprentissage
éminins
etrouvés
ans
l'alimentation oncernent
e
métier12. ar
ailleurs,
es
femmes ontcitées
dans la Charité
des Four-
niers 27 mai 1365)13et dansles compoix,qui relèvent espestoressas
et des
forniherias
4.
La femme
peut
exercerce
métier
eule,
mais la
plupart
du
temps,
a
boulangère
st surtout
'associée de
son mari et
son
travail st
indispensable
u bon fonctionnement
u commerce.
es
femmes
peuvent
galement
tre
ardinières,
omme
en
témoignent
a
Charité
des
Jardiniers
4
juin
1365)
15
et les
compoix,
marchandes
e
volaille
polieyras)
ou encore
vendeusesde denrées
gricoles
grains
t
raisin)
sur es marchés
6.On les trouve
ccasionnellement
ans
la bou-
9. Les
prix
e essent
'augmenter
ucours
uxiveiècle
de50francs-or
n1378
(IIE95-394/f°4-55),120 lorins'or 'Aragonn1402IIE95-183/f°),poureeunes
esclaves
lanches.
10.
Nousn'avons
rouvé
ue
8
embauchese servantes
our
ensemblee
la
période
tudiée,
lors
ue
touteses
famillesisées
e la ville
nt neou
plusieurs
domestiques,
omme
n
émoignent
es
egs
estamentaires.
1
Montpellier
résente
ci
esmêmes
aractéristiquesue
Manosque,
u
maîtresse
et servanteivent
n
«
étroiteollaboration
: cf.A.
Courtemanche,
a richesse
es
femmes.
atrimoine
t
gestion Manosque
u xiv siècle
Paris, rin,
993,
hap.
,
d.
157.
12. Nous rouvons
apprenties
oulangères
tune
pprentieâtissière,
ontreeu-
lementn
pprenti
oulanger
t
2
louages
e
servicese fourniers.
13.
Archivese a
ville e
Montpellier,
p.
cit.,
.
13,BB7,
7v
14.
«
Boulangères
et fournières
enoccitan.
15.Archivese aville eMontpellier,p. it., .13,BB8, ° 7.
16. Si 'on
eréfèreux
multiples
ctes
'achatst
deventesedenrées
e e
type
effectués
ar
es
femmes,
f.K.
L.
Reyerson,
Women
nbusiness
nmedieval ont-
pellier»,
Women
ndWork
n
preindustrial
uropeBloomington,
986,
p.
117-144.
Cependant,
l nous
embleifficile
e
distinguer
es
ventes
onctuelles,
solées,
e
'exer-
cice
égulier
'un
métier.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 53/165
48
C. BÉGHIN
cherie,
où elles
prennent
olontiers n
compagnon pour
les
aider,
à
l'abattoir t
à la vente17.
Mais c'est dans
le
secteur
extile
ue
le
travailféminin
st le
plus
manifeste t e
plus
diversifié.
ur 15
métiers
ratiqués ar
des
femmes,
9 se font
dans le
textile.
Les
références e
trouvent
urtout
ans
les
contrats
'apprentissage,
es
louages
de
services t les
compoix,
tandis
que
les
Statutsrestent
rès
allusifs.
Les femmes
pratiquent
lutôt
de
petits
métiers
ans
lesquels
les
qualités
considérées
omme
proprement
féminines
ont
nécessaires
délicatesse,
précision...)
t le
profit
elati-
vement
modéré,
a
couture,
a
broderie,
e
travail
de la
soie et
de l'or
(à des stades ntermédiairese la production),e travaildes peaux, la
mercerie,
a
friperie.
u
contraire,
eur
présence
st
plus
faible
dans les
métiers
majeurs,
omme a
draperie,
e
tissage,
e
grand
ommerce es
toiles,
t dans
l'industrie
u
luxe
comme
e
commercedes
épices
et
de
la soie18.
Les
Statuts e
ces
métiers
gnorent
es
femmes t
les
contrats
d'embauche
ne
s'y
réfèrent
as.
Pourtant,
n
testament
mentionne
l'existence
d'une
veuve
qui
se
présente
omme
tisserande t
lègue
ses
navettes
son
neveu19,
t
certains
chats
et
reconnaissances
e
dettes
nous
laissent
percevoir
ne
activité
éminine ans
la
draperie,
on
seu-
lement
travers
'investissement
e
capitaux,
mais
aussi
par
'exercice
quotidien
d'un
travail u
sein d'un
atelier,
ouvent n
association
vec
unpartenairemasculin20. a draperie st l'un des métier es plus pres-
tigieux
e la
ville et l
semble
que
les
femmes
ui
atteignaient
e
niveau
de
fortune
t de
responsabilité
emeuraient
olontiers
ans
l'ombre.
En
dehors
du
secteur
extile,
a
main-d'œuvre
éminine st
abon-
damment
tilisée
dans le
travail
des
métaux
précieux
nous
trouvons
7
embauches
chez des
argentiers
t des
doreurs)21,
ans la
peinture
t
la
sculpture22,
t
plus
généralement
ans des
productions
faible
valeur
ajoutée
les
compoix
mentionnent
es
chandelières e
cire,
avandières,
brocanteuses.
Mais ces
mentions
e
remettent
as
en cause
la
prépon-
dérance du
secteur
extile t
de la
boulangerie
dans les
embauches
de
femmes.
17.
Onne rouve
as
de
bouchère
ssociée son
mari,
ais
ne euve e
boucher,
Guillèmette,
mbauchen
eune
omme
our
ravaillervec
lle e 18
septembre
406
(IIE95-405/f°3v°-74).
18. K.
L.
Reyerson,p.
cit.
19.
l
s'agit
e
Jeanne,
euve e
Pierre
ilacuelh,
n
1398 elle
mentionnenave-
tas
meas
pectantes
d misterium
ive
fficium
extoris
IIE95-382/f°
14-115).
20.
Sur 0
ctes,
ous
rouvons
veuves,
femmes
ariéest
1
célibataireelles
travaillenteules2 cas), ssociéesleurmari3 cas), eur ils1 cas), u autre4 cas).
21.
L'orfèvrerie
st 'un es
remiers
ecteurs
'embauche
éminine
usqu'en
348,
cf.K. L.
Reyerson,
p.
cit.
22. À
noter
a faible
uantité
e
contrats
'apprentissage
ans es
métiersrtisti-
ques,
uel
ue
oit e
sexe un
pprenti
eintre-imagier
n
1347
2E95-377/f°
11),
ne
apprentie
eintre
onnée une
euve n
1347
2E95-377/f°
27v°).
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 54/165
ENTRE
OMBRE
T
LUMIÈRE 49
Un
statut
de
dépendance
Au sein de ces
métiers,
es situations éminines ont
très
variables,
mais elles s'inscrivent
resque
toujours
dans
un
rapport
e subordina-
tion.Au bas de
l'échelle,
nous situons es
esclaves,
considérées omme
des
objets
et
corvéables
merci,
mais
aussi les
ouvrières,
ui
se
louent,
l'espace
de
quelques
mois,
pour
effectuer
ne
tâche
limitée dans un
atelier. eurs embauches
peuvent
e faire vec
contrat,
mais les
louages
de services demeurent ares
usqu'en
1348
;
ils sont
plus
nombreux
après
1370,
mais certainementnférieursu
grand
nombre
embauches
de femmes ui se faisaient ans contrat23.es contrats e mentionnent
pas
la tâche effectuée
ar
l'ouvrière,
mais ils
précisent
a durée de
l'embauche,
e
salaire,
es modalités e
paiement
t
es
obligations
éci-
proques
des
parties.
Le travail effectuéne semble
pas
nécessiterde
qualification
t
il est
toujours
moins
bien
rétribué,
travail
gal, que
celui d'un homme24.
nfin,
'imprécision
des contrats
eut
aisément
engendrer
es
abus,
puisque
ni
le lieu
ni
le
temps
de
travailne sont
limités,
t
que
la
plupart
e ces embauchesconcernent es femmes n
difficulté.
Les servantes ous semblent
ubirun sortmoins
aléatoire,
de
par
l'importance
e leurs
gages, supérieurs
n
moyenne
ceux des ouvriè-
res,pouvant ejoindre eux des travailleursmasculins25,t leur ntégra-
tion la cellule
familiale,
ngendrant arfois
es
rapports
'ordre ffec-
tif.Mais leurs conditionsde travailne sont
guère plus garanties ue
celles des ouvrières
si les
gages promis
sont
mportants,
ls ne sont
pas toujours ayés
et c'est la
justice qui
doit trancheres
litiges
nés de
telles situations26.
Du
fait des
efforts e
réglementation
e
l'apprentissagepar
les
métiers t de sa surveillance
par
les
probi
homines
1
,
le statutdes
apprenties
emblemieuxdéfini t eur ituationmoins
précaire ue
celle
des ouvrières.Leurs conditionsde travailet de vie sont
précisément
décrites ans le contrat,bligeant e maître prendreoin de son élèveet
l'apprentie
être sérieuse et utile au sein de ce nouveau
foyer.
La
familledu
maître
evient
pour
elle une famillede
substitution,
u'elle
23. Nous vons etrouvé5
ouages
e services
éminins,
ont
avant
348
t 13
après
370
4
métiersont oncernés
ar
es
actes,
ont dans e textile.n
compte
51
ouages
asculins,
ont
0
vant
348
t41
après.
24. La
moyenne
es alairesémininsscille ntre
livresournois
avant
348)
et8 livres
après
370).
elle
es alaires asculinsst
omprise
ntre 0 ivresvant
1348
t
15 ivres
près
370.
25. La
moyenne
es
gages
e servantee situe utoure 10
ivres,
vec nmaxi-
mum 19
livres
t 10
sous ournois
our
a servante'un
ergent
oyal
n 1402
(IIE95-402/f°3v°,e 23avril).
26.
Par
xemple
e 4 mars
407,
'Officiai
e
Maguelonneblige
lanquette
e a
Porte
payer
es
gages
us sa servanteeannette
elèse,
oit
livrest8 sous ournois
(2E95-419/f°
4
°).
27. Les
probi
ominessontes hefsemétiers.ls ont
ésignésar
es onsuls
majeurs
t ervente
ien ntre'autorité
ublique
t es rtisans.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 55/165
50
C.
BÉGHIN
dédommage
des
fraisde
son éducation
par
son travail28. hacunedes
parties
doit donc
trouver
n intérêt
ans cet
échange29.
a durée
de
l'apprentissage
st
longue,
a
moyenne
e
situant
ntre
et 5
ans,
et
il
commence
utour
e
12 ans dans
le meilleur
es
cas,
mais
parfois
ien
avant30.
Toutes
ces
travailleuses,
uelle que
soit
eur
situation,
pparaissent
donc comme
étant
très
vulnérables
t
exposées
au
risque
de se
faire
exploiter.
Mais
ce
risque d'exploitation
oncerne
ussi
et avant
tout
es
membres
u
groupe
familial,
nfants t
épouse
de maître.
Garçons
et
filles
ont
usceptibles,
'après
les
Statuts
,
d'être
es
apprentis
e leur
père, es fillesservant insi de main-d'œuvre on marchédont a for-
mation
favorisera
n
mariage
dans la
même activité
professionnelle32.
Quant
aux femmes
e
maîtres,
eurforte
résence
dans
les contrats
d'apprentissage
éminins
onfirme
eur
capacité
à exercer
e
métier e
leur
mari t à
l'enseigner33.
ourtant,
ette
apacité
ne leur
donne
ucune
responsabilité
ant
u'elles
ne
sont
pas
veuves.
Ainsi 26
des
contrats
d'apprentissage
ssignent
'instruction
e
l'apprentie
l'épouse
du
maî-
tre,
mais sous
la
responsabilité
u
mari,
seul
nommé dans
le
contrat.
La
femme xerce
donc
un travail
uotidien,
mais informel t
non
rému-
néré
elle
apprend
ux
filles les tâches
qui
leur sont
dévolues,
dans
l'ombre,
ans
reconnaissance
i
considération,
ans
que
la
compétence
devienneresponsabilité. lle transmet l'apprentie a maîtrise e son
art,
mais aussi
son caractère
ecret.
Elle
perpétue
insi
la
coupure
xis-
tant
ntre
ravail
masculin
t
féminin,
ant
ans
'apprentissage
ue
dans
la vie
quotidienne
u
couple.
Pourtant,
ertaines
emmes
chappent
cettefatalité
e
la subor-
dination.
En
effet,
es actes
laissent
apparaître
'existence
de femmes
«
maîtres
,
c'est-à-dire
xerçant
n
métier
e
façon
autonome,
ossé-
dant atelier
et
outils,
nstruisant
es
apprentis34,
esponsables
de
leur
ouvrage,
t
ce,
surtout
ans les
métiers u
textile t
de la
boulangerie.
La
moitié d'entre
elles sont
des
veuves
qui poursuivent
e
métier
de
leurmari,parcequ'elles
en
ont e besoin
ou l'occasion.
Elles
peuvent
28.
Le
dédommagement
our
'instruction
'une
ille
ar
es
parents
st
are,
e
l'ordree
1 sur
,
contre
sur
pour
n
garçon.
29.
Pour
arantir
es ntérêts
utuels,
'apprenti
oit
urer
idélité
u
maître,
ui
paye
ne edevance
our haque
pprenti
la charité
e sa
corporation
ex
40
sous
tournois
our
n
pprenti
einturier
'après
esStatuts
u
métier,
7
uin
340,
nv.Grd.
Chartrier
Armoire
,
Cassette
).
30.
Ainsi
ne
etite
ille e
4
ans,
sabelle,
st onnée
n
pprentissage
un
edier
pour
2 ns e 28 décembre
397
IIE95-382/f°
v°).
l
semble
ue
beaucoup
e
contrats
concernent
esfilles
mineures,
onc
yant
oins e
12 ns.
31.
Par
xemple,
e Statut
esMerciers
13
avril
324),
ispense
e
paiement
es
droits
'entrée
n
pprentissage
ilius
el
ilia,rater
el
oror,
onsanguineus
el onsan-
guinealicujus erceriiB.N.F., artulaireeMontpellier,in, on oté).
32.
On
remarque
ne
orteendance
1
endogamie
rofessionnelle
ntre
es
ramil-
les
montpelliéraines,
f.
C.
Béghin,
e statut
es
emmes
on-nobles
Montpellier
ans
la
première
oitiéu
xiv ièclemémoire
.E.A.,
.H.E.S.S,
994.
33.
Voir ableau
n nnexe.
34.
Voir ableau
n
nnexe.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 56/165
ENTRE MBRE
T
LUMIÈRE
5
1
alors s'associer avec
un
homme35, ils,
frère u
ami,
ou exercer
eules,
sans
pour
autant
btenir e titre e maître e leur
mari,
bien
qu'elles
en
aient es attributions.
Mais un
quart
de ces
femmes sont les veuves d'hommes
ayant
exercé
un métier ifférentu leur et un
quart
ne sont
pas
veuves elles
exercent ans leur
propre
telier,
cquis
ou
reçu par héritage,
n métier
différente celui de leurmari
vivant.Dans les contrats
'apprentissage,
elles
apparaissent
omme
pratiquant
ne activité
dans la
couture,
e
travailde l'or
et la
peinture.
eurs maris sont
hôteliers,
hangeurs
u
bouchers. Elles ont alors
la
pleine responsabilité
e l'instruction
e
l'apprenti.
Absentes des
Statuts,
es femmes
payentpourtant
eur cotisation
au
bayle.
Elles accèdent une
certaine
econnaissance
on achète
eur
production,
n leur confiedes
apprentis
mais
toujoursplus
volontiers
des
filles),
lles récoltent
es fruits e leur abeur.
Pourtant,
lles ne sont
toujourspas désignées
comme
le sont les hommes
par
leur activité
professionnelle.
our les notaires t la
société,
elles restent vant tout
les filles t les
épouses
d'hommes
ayant
un métier.
Ainsi,
pour
appren-
dre a
couture,
ne
eune
fille est
confiée
l'épouse
d'un
boucher,
non
à une couturière. e travail
féminin,
même
orsqu'il
est
accepté par
la
communauté
rbaine,
ose
donc
un
problème
de reconnaissance
t
de
valeur sociale qui touche au cœur des mentalitésmédiévales.
Une
situation difficile
Cettevaleur
ccordée au travail e la femme st
iée à la motivation
de ce travail la société
médiévale ne valorise
pas
le travail d'une
femme.
l
est e
signe
d'une nécessité.
Les
contrats
'embauche,
qui
se
multiplientprès
1370,
laissent
percevoir
a situation
ifficile es fem-
mes
qui
louent
eurs services.
En
effet,
e demi-siècle
ui
suit a Peste
noire voit les fléaux se succéder
sans
relâche.
Les mauvaises récoltes
favorisenta diffusion es
pandémies,
es
Compagnies
ravagent
a
région
t
s'attaquent Montpellier plusieurs
eprises,
e
roi ne cesse
de réclamerdes subsides
de
guerre.
La
population,
onsidérablement
réduite
près
a
Peste
noire,
'appauvrit
mesure
que
l'activité cono-
mique
et commerciale
e la ville se ralentit36.
Entre1370
et
1408,
plus
de la moitiédes ouvrières
ontdes femmes
mariées37,
oussées par
leur
époux
à louer leur
ouvrage
et
parfois
n
35. C'est e cas
de
Bernarde,
euve u
drapierugues
ascal,
ui
'associe vec
ledrapierlémentelissiert e ance anses ffaires.on emariageuelquesnnées
plus
ard
'empêcheas
a
poursuite
e ses ctivités
IIE95-381
t
391,
ctes e 1379 t
1397).
36. Petit
halamus
Chronique
onsulaire),
ontpellier,
ociété
rchéologique
de
Montpellier,
840.
37. Sur 5
ouages 'ouvrages,
concernentesfemmes
ariées,
oit
0
.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 57/165
52
C. BÉGHIN
même
temps
celui
de leurs enfants38. e travail
mplique
toujours
des
conditions e vie
plus
difficiles,
ne
séparation,
mais
l
est
ndispensable
à la survie de la cellule familiale.
Une fois
sur
deux,
les ouvrières t
les servantes
ont
étrangères
la ville et ont
parcouru
entre 30 et
100 kilomètres
our
chercher n travail
émunéré
Montpellier39.
lles
se louent
pour
un délai courtet
requièrent
olontiers ne avance sur
leurs
gages.
Il
leur arrivemême
d'emprunter
leur maître40. e travail
rémunéré e
l'épouse
ou de la fille
permet
onc d'éviter a misère.
La situation es
apprenties
emble moins
critique,
mais leur
pla-
cement
orrespond galement
un besoin. Leur
origine
ociale est sou-
vent modeste leurs pères sont cultivateurs u petitsartisans41,t
l'apprentissage
éel de leur
fille,
arement
édommagé42,
ompte
moins
que
sa
sortie
du
groupe
familial,
qui
elle coûte
cher,
usqu'à
son
mariage.
Par
ailleurs,
a
présence
ors du
contrat
e la mère ou
d'un
frère st e
signe
d'un éclatement e
la
famille
onsécutif
la mort
'un
des deux
parents
ui
rend e
placement
écessaire.La
périoded'appren-
tissage
d'une fille
correspond
onc moins à
l'acquisition
d'un savoir-
faire
qu'à
son entretien
ar
une autrefamille
qu'elle
dédommagepar
son travail. L'instruction
elle-même
reçoit
peu
de
considération.
L'apprentie
constitueune main-d'œuvre tile à son maître vant de
l'être à son mari et
l'apprentissage orrespond
ien à un
momentde
transitionntre 'enfance et l'âge adulte43.
Qu'elles
soient
ouvrières,
ervantes u
apprenties,
e
travailde
ces
femmes raduiteur
pauvreté,
eur
malheur,
eurbesoin
y compris
elui
de se constituer ne
dot),
eur
dépendance.
Elles
s'opposent
à
l'image
épanouie
de
l'épouse, plébiscitée
ar
a communauté
rbaine,
ue
toute
servante,
oute
pprentie,
herchebientôt incarner.
Une fois la femme
mariée,
son
travail
n'apparaîtplus
comme le
signe
extérieur
'un besoin. Les
époux
doivent tre
partenaires
ans le
travail omme ls le sontdans eurvie
privée
c'est là un
comportement
naturel ux
yeux
de la société.
L'apprentissage
end ette ollaboration
38. Par
xemple,
e
3 octobre
402, étronille,
pouse
e Jean e
Crémieux
oue
son ravailtcelui e sa fille
Marguerite
u
drapier
ean
ourgeoisour
n n.Leur
salaire 'élèvera 8 livres
ournois,
ont livres t 16 sous d'avance.
IIE95-
383/^113-114).
39.
K. L.
Reyerson,
Patternsf
population
ttractionnd
mobility
the ase f
Montpellier,
293-1348
,
ViatorMedievalnd
Renaissancetudies
vol.
0,
1979,
pp.
57-281.
40.
Le 2 mars
328,
ean
spanhol,
archand
'huile,
mprunte
0 sous Ermes-
sende,
pouse
u
doreur ean
mbromest,
aîtresse
e sa femme
érengère
elle e
rembourseraur e travaile
BérengèreIIE95-368/f°
31v°).
41. Sur 0
apprentissages,
0
métiers
onnus,
ont
agriculteurs,poissonnier,
1
cordonnier,
fripier,
messager
t eulement
argentier.pères
u moinsont
morts,
7 dans ne ituationnconnue.
42.
Cf.note 8.
43.
K. L.
Reyerson,
Theadolescent
pprentice/worker
n
Medieval
ontpel-
lier»,
Journal
fFamily istory
vol.
17,
n°4,
1992,
p.
53-370.
ais
l
nous emble
quepour
ne
ille,
ettedolescenceécue
endant'apprentissage
stmoins n rite
de
passage qu'une
ttenteu
mariage.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 58/165
ENTRE
OMBRE T
LUMIÈRE
53
fructueuse,
'autant
plus
qu'elle
ne coûte
guère
au
mari.L'étendue de
ce
partenariat
ui, pour
a
femme,
ient
'ajouter
son rôle
domestique,
est difficile
évaluer,
mais l'aide de
l'épouse apparaît
rèsutile dans
certainsmétiers
extiles,
ans
le travaildes métaux
précieux
et indis-
pensable
dans
la
boulangerie.
Cependant,
a femmen'exerce
pas,
au
sein
du
métier,
es mêmes âches
que
son
époux
: elle reste
ubordonnée,
confinée des tâches
ntermédiaires,
e
pouvant
elles
seules constituer
un art. Ne
maîtrisant
as l'intégralité
e
la
production
'un
ouvrage,
les
femmes e maître e
peuvent
tre ssimilées
u métier e leurmari.
Elles restent onc dans
l'ombre,
au fond des ateliers
leur labeur ne
constitue as un métier.
Dans cette
perspective,
'existence
de femmesétant eur
propre
maître 'est
pas
une
anomalie aucune oi
n'interditux femmes 'exer-
cice d'un
métierdans la mesure où elles en
ont la
compétence
t où
elles
obéissent ses
règles.
Or,
les
veuves et les anciennes
pprenties,
possédant
outils et
atelier,
ont
dans cette situation. eur travail
est
motivé
ar
une réelle
volonté t non
par
une
sombrenécessité.
Pourtant,
cette
caractéristique
e leur
permet as
de se
distinguer
es autres ra-
vailleuses dans es
documents. lles cachent ouvent eur
ndépendance
derrière a
figure
d'un mari ou
d'un
procureur,
arce que
la
société
montpelliéraine
u xive
siècle n'accorde aucune valeur à leur
activité
son travailne définit as une femme, l ne l'identifie as.
Ainsi,
pour
l'historien,
es femmes u
travail,
uelles que
soient
leur situation t leurs
motivations,
estent ans
l'ombre. Confinées n
apparence
à
l'espace domestique,
a référencemasculine est la
seule
qu'elles
possèdent,
n
particulier
ans
les actes
notariés,
t en cela la
réalitéde leur
existence
uotidienne
ous
est cachée.
La
participation
es femmes la
vie
économique
de la ville au
xive
siècle nous semble
donc bien
supérieure
ce
que
le
simple
décompte
des
actes
nous
ndiquait,
u fait
d'abord du caractère nformel t discret
de ce
travail,
l'ombre des
hommes,
des stades ntermédiairese la
production,mal ou nonrémunéré,arementéglementé ensuiteparce
que
la tâche ainsi
accomplie
n'est
pas
un critère tilisé
pour désigner
une femme aux
yeux
de la
société. Sa seule référence st la
sphère
familiale
ui
fait 'elle l'instrumente
transmissione la vie. La femme
est ainsi
confirmée ans son rôle de
nourricière t
d'éducatrice,
andis
que
son rôle
économique
est
marginalisé.
a
grave dépression
démo-
graphique
t e fléchissemente
l'activité ommerciale e la ville
après
1348 n'ontfait
u'accentuer
e
phénomène
la main-d'œuvre
éminine,
toujours
ndispensable,
vu se
renforcer on
rapport
e
dépendance
vis-à-vis
des
hommes,
a
fermeture
rogressive
es métiers u courant
du xve
siècle rendant 'accession des
femmes la maîtrise e
plus
en
plus difficile44.
La valeur ociale
accordée u travail éminin u sein de cette ociété
44.
A.
Gouron,
a
Réglementation
esmétiersn
Languedoc
Thèse niv. roit
de
Montpellier,
inard,
aris, 958,
hap.
II,
ect.
.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 59/165
54
C. BÉGHIN
s'affaiblit
onc à mesure
que
l'on
progresse
ans le xivc
siècle et elle
explique
la modestie
des sources
qui
le mentionnent. n
ce
sens,
la
réelle
participation
es femmes
l'activité
conomique
de la ville
entre
1293
et
1408 restedifficile
apprécier.
Annexe
Répartition
ar
sexe
de l'instructiones
apprentis
1293-1408)
Appr. arçons
Appr.
illes Total
Inst. ommes* 76 8 84Inst. ouples** 18 9
Inst. emmes 2
14
16
(dont euves)
(1) (11)
Total
79 30
109
dont emmes
3 22
25
sources
contrats
'apprentissage.
*
hommeseulement.
**
attention,
ne
pprentieeut
tre
onnée
un
ouple,
e mari tant
esponsable
e
l'apprentissage,
ais n
préciseue
'est
a femme
ui
fera
'instruction.
Cécile
Béghin,
17,
rue
Dupont-de-l'Eure,
5020
Paris
Entre
ombre et lumière
quelques aspects
du travail
des fem-
mes à
Montpellier
1293-1408)
Entre
1293
et
1408,
un
ensemble de
sources
montpelliéraines
confirme
'existenced'une activité
rofessionnelle
émininendis-
pensable
au
dynamisme
conomique
de la
ville,
en
particulier
dans les secteurs
limentaire t textile
t dans le travaildomesti-
que.
Mais ces
travailleuses,
uel que
soit eur
tatut
rofessionnel,
voient
eur abeur ous-estimé
t,
ubordonnées,ilencieuses,
lles
demeurent jamais victimesdu regardporté urelles.
Femmes
-
travail
productrice précarité
subordination
Between Shadow and
Light
: some
Aspects
of Women's Work
in
Montpellier
1293-1408)
Between
1293 and
1408,
sources from
Montpellier
s a whole
confirm he
existenceof a
feminine
rofessional
ctivity
ndis-
pensable
for
he
city's
economic
vitality, articularly
n
domestic
work
and
in
trades
dealing
with
food and textiles.But wathevertheir
professional
tatus,women's labour is underestimateds
subordinate.
loaked
in
silence,
women
at work re ever victims
of the
perception ociety
had of
them nd of their
oles.
Women
-
work
producer precariousness
subordination
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 60/165
Médiévales0, rintemps996,p. 5-68
Philippe
BERNARDI
RELATIONS FAMILIALES
ET
RAPPORTS
PROFESSIONNELS CHEZ LES
ARTISANS
DU
BÂTIMENT
EN
PROVENCE
À LA FIN
DU MOYEN ÂGE*
Voulant observer
un
groupe professionnel
ans
ses relations la
société
de la
fin
du
Moyen Âge, j'ai
été amené à
m'
nterroger
ur e
rôle de la famille ans
es métiers u bâtiment n Provence.
l
paraissait
possible
d'appréhender
e
fonctionnementes
petites
nitésde
produc-
tionformante quotidiende la constructiontparlà de
voir
si,malgrédes
cycles
«
beaucoup plus
courts t individuels
ue
ceux des
pay-
sans
»'
la famillede
l'artisan
prêté
on cadre à
l'entreprise,
laçant
ainsi
certains
ndividusdans
une double
dépendance,
la fois
profes-
sionnelle t familiale.Centrée
ur es
rapports
ntre
a
sphère
du
privé
et celle du
travail,
etteétude
se limite u
groupe
formé
ar
«
les
per-
sonnes d'un même
sang
»2.
Les
prix-faits résentent
a
formule
imple
d'un homme3
'enga-
geant
effectuer
n
ouvrage
donné
comptes
t conventions embau-
che attestenta
présence,
ux côtés de ces
maîtres,
'employés plus
ou
moins
eunes,
dontdes
femmes. 'artisanatnous
apparaît
lors comme
un ensemblede destins ndividuels risdansun réseau de dépendances
relativement
omplexe,
basé sur
e mercantilismet
le salariat.
Sans mettre
n
doute
la réalité de ce
point
de
vue,
on
peut
se
demander
i son
adoption
exclusive n'est
pas
excessivement
implifi-
catrice,
éductrice. 'alternative
ravail alarié/travail
omestique qu'il
*
Je
iens remercier
lessandro
tella
our
a
relecture
ttentive
t
es
emarques
amicales.
1.
Ch.
Klapisch t
M.
Demonet,
A uno
pane
uno
vino a familleurale
toscaneudébut
u
xve
iècle
,
Annales.S.C.
1972,
ase.
-5,
.
882.J. hiffoleau
st
arrivé
uxmêmesonclusions
our
e Comtat
enaissin
La
comptabilité
e 'au-delà
Rome,980, .201).2. Les communautésà caractèreamilial
(confrérie,
ssociation
raternelle...)
ne ont onc
as
prises
n
compte.
ur a
«
familleonfraternelle
voir .
hiffoleau,
op.
cit.,
p.
67
q.
sur es
affrèrements,
oir .
Aubenas,
Le contrat'affrairement
dans e droit
rovençal
u
Moyen ge
,
Revue 'histoire
udroit
1933,
p.
78
t
q.
3. Sur a
présence
es
femmes,
f.
nfra
note .
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 61/165
56
Ph.BERNARDI
induit
paraît
mal
adaptée
au foisonnemente solutions
que
laisse
entrevoir ne lecture
lus
attentive
es textes.
Ainsi,
a distinction
ntre
domaines
du travail t de la famille e
heurte u
recours,
ans certains
statuts e métier
u contrats
'apprentissage,
des notions elles
que
celles de
filsou femme e maître
ui
introduisent
u sein de
l'entreprise
des valeurs d'ordre
familial.
Il
convient,
our
'historien omme
pour
'économisteou le socio-
logue,
«
d'abandonner
e
regarddichotomique,
e refuser 'enferme-
ment
dans ces binômes contradictoires
4,
afin
de
pouvoir
saisir les
signes
d'éventuelles nterrelations
ui
restent
explorer.
Ces signessont rares la vie de la famille 'expose peu dans des
actes
publics
et
e
dépouillement,
ans es archives
rovençales,
e
mil-
liers d'actes
relatifs l'industrie u
bâtiment,
ntre e
xme
iècle et
le
milieu du xvie
siècle,
n'a
permis
de réunir
ue quelques
dizaines de
mentions
usceptibles
d'éclairer notre
propos.
Ces
investigations
nt
fournia toile de fond
de la
présente
tude,
u
plutôt
on
point
de
départ
car
il a fallu
parfois
hercher es informations
omplémentaires
ors
de ses limites
hronologiques
t
géographiques.
La documentation assembléen'a
pas l'homogénéité
t l'étendue
d'un véritable
orpus
elle se révèle rès
ragmentaire,
onstituée
u'elle
est de mentions
lus
ou moins
fortuites,
e notations
econdaires,
'allu-
sions... On nepeuttoutefoisa réfuterources raisons ans se condam-
nerà
ne
amais
aller au-delà de la lettre es textes.
l
faut,
n
revanche,
reconnaître
ue,
dans ces
conditions,
ucune
évaluation,
ucune
quan-
tification es
phénomènes
bservés n'est
possible.
Qu'est-ce,
du
reste,
ue
le bâtiment n Provence
la
fin
du
Moyen
Âge
?
Une
industrie
mportante
ont es effectifs
'avèrentdifficiles
chiffrer. armi ces constructeurs
ombien avaient des
intérêts u sein
d'une
entreprise
amiliale Sans doute
beaucoup
si l'on
en
juge
aux
multiples
unités
de
production ndépendantes
ui passèrent
des
prix-
faits.
Nous avons là une
partie
ndéterminée
'un
groupeprofessionnel
qui,
lui-même^
eprésente
ne fraction on évaluable de la
population
d'une
région.
A
ce niveau de
l'enquête,
e
propos
ne
peut
êtrede décrire
une réalité
par
e
menu,
ussi nous attacherons-nous
dégager
des
pos-
sibles,
à
pointer
es faits
ui
dénoncent ertains
ostulats
t ouvrent e
nouveaux
champs d'investigation.
La
réputation
e virilité es métiers e la construction
t eur arac-
tèrerésolument on
domestique
n faisaient
n bastion du cloisonne-
ment5,
prouver
'existence d'interrelations
ntredomaine
familial t
4. M.-C.
arrère-Maurissont
lii,
e sexe
utravail
Grenoble,984,
.
142.
5. G.Fagniez,ans on tudeur afemmet asociétérançaiseans apremiere
moitiéuxvir iècle
Paris, 929,
otait
p.
02)
ue
«
Dans e sentiment
uiprévaut
alors u
sujet
utravail
éminin,
n
n'aperçoitu'une
hose la tradition
e 'autorité
virile
ui,
e a famille
aturelle,
oit
asser
ans a famille
rofessionnelle.
'est
our
cela
ue,
même ans
es
corporations
éminines,
pparaît,
oit
ar
a
composition
e a
jurande,
oit
ar
e nommême
ui
es
désigne,
a
préoccupation
e mettre
n
évidence
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 62/165
RELATIONS
AMILIALES
T
RAPPORTSROFESSIONNELS
57
professionnel
onférait,
notre
ens,
plus
de
poids
à une démonstration
qui
ne
pouvait
être
que
limitée.
Ces relations
nt été
envisagées
sous trois
ngles.
Il
sera,
en
pre-
mier
ieu,
question
de la nature
uridique
et
économique
de
l'entreprise
puis
du fonctionnement
uotidien
de
celle-ci,
enfin
de la carrièrede
l'artisan.
L'entreprise,
un bien
familial ?
L'entreprise tait-elle conomiquementt uridiquementndépen-
dante de
la famille Sous cet
angle,
le
rapport
ntre
domestique
et
professionnel
araît
elativement
omplexe
en raisonde
l'hétérogénéité
de
l'ensemblede
biens,
de
droits,
e dettes t de ressources
ui
constitue
l'entreprise.
Nous avons choisi de
le
décomposer,
dans un
premier
temps,
finde
mieux érier es
problèmes.
e bilan
comptable
roposait,
pour
cela,
une
grille
d'analyse
fort
ommode
qui
a été
adoptée
biens
et droits
y
forment'actif alors
que
dettes t ressources
eprésentent
e
passif.
L'actif
immobilisé,
tilisédans
plusieurs ycles
de
production,
st
de deux ordres
corporel
ou
incorporel,
elon
qu'il s'agit
de valeurs
reposanturdes biensmatériels u non.Les immobilisationsorporelles
comprennent
ntre utre
'outillage éger
et les installations
echniques
(carrières,
teliers,
cies
hydrauliques...).
Toutes ces
choses s'achetaient t se vendaient
n dehorsdu cadre
familial
mais,
à la mortde
l'artisan,
lles se fondaient
ans son
patri-
moine
et,
à ce
titre,
taient
ransmises des héritiers
ui
n'en avaient
pas toujours
'utilité.Diverses
personnes
e trouvaientinsi
en
posses-
sion de structurese
production
omplètes u'elles
n'exploitaient as,
de manière
directe
ni
indirecte.
Tel fut e cas d'Honorate
Cogorde,
veuve du
fustier
ean
Valentin,
ui,
au
nom de sa fille
mineure,
éda
en 1517 l'atelieret les outilsde son défuntmari un autre harpentier,contreun
loyer
annuelfixe6.
La valeur
propre
de ces biens
pouvait
aussi
l'emporter,
u vivant
l'élément
asculin,
e
masquer
ne
éalité
ui
donne l'autree
premier
ôle. C'est
probablement
un
phénomène
e cetordre
u'il
faut attachere fait
ue,
malgré
a
présence
ttestéee femmes
ur es chantiersédiévauxet
pasuniquement
omme
cantinières
cf.
.
Opitz,
Lesfemmest e travail
,
dans
. Duby t
M.Perrot
dir.),
Histoirees
emmes,
.
2,Paris,
986,
p.
05^319
t
Ph.
Bernardi,
Pour ne
tude u
rôle
esfemmesans e bâtimentu
Moyen ge
,
Provence
istorique
fascicule
73,
1993,
p.
67-278.)
,
les
métiersubâtimentnt onservé
ne
eprésentation
ssentiel-
lement asculine.
n
nombreertainement
oins
mportantue
dans 'alimentation
u
l'habillement,
es ravailleuses'ont
aissé
uepeu
etracesvidentes
ans os ources
peut-êtreaut-iles herchererrièreertainsommesucertainsualificatifsasculins,
commeette ehannea
Flamenguevoquée ar
h.Braunstein
«
Jehanne
a
flamengue,
tant
our
ui
que
pour
es
compagnes
,
Mélanges
fferts
Henri ubois
Paris, 993,
pp.
41-345).
6.
Archives
épartementales
es
Bouches-du-Rhône,
épôt
'Aix-en-Pro
ence
[abrégé
nAD13
Aix)],
09
E
576,
°
94.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 63/165
58
Ph.BERNARDI
même de
l'artisan,
sur leur caractère
professionnel,
e
qui
explique
qu'en
1511 un
lapicide
de Cavaillon
donne en
dot à sa fille a moitié
de
sa carrière7. es
immobilisations
orporelles
représentaient,
n le
voit,
une masse
pécuniaire
dont
a transmission
'effectuait,
u moins
en
partie,
u sein de la
famille.
On
peut
classer dans
les immobilisations
ncorporelles
ertains
droits éservés
ux filsde
maîtres.
l
peut s'agir
de la
simpleexemption
des
fraisd'entréedans
le
métier,
uivant
une
pratique
ttestée hez
les
menuisiers e
Dijon
au
xve
siècle8,
mais à
laquelle
les
rares statuts
médiévaux
etrouvés
our
a Provence
ne font
as
allusion.
Différences
régionalesou lacunes documentaires F. Desportesnotepoursa part
qu'en
matière
d'accession
à la
maîtrise,
ans
la France du Nord
des
xiir-xve
iècles,
«
nulle
part
l
n'apparaît que
l'hérédité soit
déjà
un
atout
primordial
9. Rien ne
permet
de
juger
de
l'évolution
qu'a pu
connaître
a condition
e filsde maître
ans notre
égion
vant
'époque
moderne
mais,
dès la
fin
du
xvie
siècle au
moins,
es Comtadins
ont
adopté
des
positions
proches
de celles de leurs
collègues dijonnais.
En
1595,
les
plâtriers
'Avignon
-
reprenant
eut-être
n cela
des
dispositions
ntérieures
accordèrent
n
effet,
ux
filsde maître t aux
ouvriers
mariés vec
la filhe
d'ung
maistre
10,
ne réduction
e
moi-
tié des droits
d'accès à
leur art. Un siècle
plus
tard,
es
statuts es
métiers u bois de Carpentras1690) accusaient a différencen réser-
vant,
n
plus,
aux seuls
filsde maître es
postes
nfluentst
lucratifs e
premier
baile et de
premier
onseiller-
résorier e
la confrérie11.
a
confrérie,
nstrument
e mainmise
des maîtres ur
un
métier,
nstituait
par
de tels articles
e véritables
rivilèges
amiliaux,
onnant ux
liens
de
sang
la
place
dévolue a
priori
aux seuls critères
e
compétence.
Tous les
avantages
de cet ordre
ne faisaient
pas
nécessairement
l'objet
d'un
règlement
crit.La
notoriété
rofessionnelle
'un
artisan
rejaillissait
ans
doute ur eux
de ses enfants
ui
embrassaienta
même
carrière,
t
qu'il
formait.
Venise,
selon
F.
C.
Lane,
les filsdes contre-
maîtres e
l'arsenal
profitaient
insi de
la
réputation
e
leurs
pères
et
«avaient touteschances de leur succéder» è Pour d'autres, l a pu
s'agir
de
reprendre
modestement ne
clientèle
ocale ou bien
encorede
perpétuer
n savoir-faire
are,
oire
unique.
Nous entrons
vec ces
ques-
tionsde
réputation
ans
le domainede
l'oralité,
de la
rumeur,
ui
nous
échappe
en
grandepartie
mais dont 'incidence
sur es carrières
araît
indéniable.
7. Archives
épartementales
uVaucluse
abrégé
n
AD84),
E
32/113,
104.
8.
Chapuis,
Les anciennes
orporations
ijonnaises
,
Mémoires
e la Société
bourguignonne
e
géographie
td'histoire
t.
XXII, 906,
.
460.
9. F.Desportes,Droitconomiquetpolice es métiersn France uNord
(milieu
uxnr-débutuXVe
iècle)
,
RevueuNordt.
LXIII,
n°
249, 981,
.
334.
10.
Bibliothèquenguimbertine
e
Carpentras
abrégée
n
BIC),
ms.
85,
°1.
.11.
BIC,
ms.
1379,
° 84v°.
12.
F.C.
Lane,
Navires
tconstructeurs
Venise
endant
a
Renaissance
Paris,
1965,
.
52.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 64/165
RELATIONS
AMILIALES
T
RAPPORTSROFESSIONNELS
59
Le
stock,
es créances t es
disponibilités
ont
ranger
ans 'actif
circulant. tock
et créances
étaient,
omme es immobilisations
orpo-
relles,
intégrés
u
patrimoine
e l'artisan
quand
ce derniervenait à
mourir. n en
prendra
ourpreuve
es nombreuses
ièces
de
bois inven-
toriées ors de la
succession du fustier ixois
Vital
Blanditi13,
n
1492,
ou
les
multiples uittancespassées
par
des veuves
pour paiement
de
travaux
xécutés
par
leurs
défuntsmaris.
Un contrat
'association de 1449
conclu entre eux Grassois
pour
l'exploitation
'un four
révoyait
ue l'argentgagné
serait
éposé
dans
un coffremuni de
deux
serrures,
haque partenaire
isposant
d'une
clé 14. orsque a sociétéportaitur 'ensembledes activités es artisans,
ce
qui
ne semble
pas
le cas en
1449,
ou
quand
il
n'y
avait
qu'un
seul
chef
d'entreprise,
l
paraît
ependant eu probable ue
les
disponibilités
aient
été enfermées ans
une caisse
particulière,
istincte e celle
des
fonds
du
ménage,
urtout
i l'on
songe
à la
fréquence
es
paiements
n
nature.
Les unités e
production
e
présentaient
ous
la forme
'entreprises
individuelles
où l'artisan
étaità la fois
propriétaire,
irigeant
t tra-
vailleur
ou de sociétésde
personnes
n nom collectif
identiques
ux
précédentes
mais
créées
par
un
groupe
d'associés.
Dans les deux
cas,
le
ou les
propriétaires
taient
esponsables
ur eursbiens
propres
t es
notairesne manquaient as de rappeler ue le constructeur'engageait
cum
obligatione
omnium onorum
uorum
...)
pro
se
suisque
succès
soribus. Cette
garantie
onstituait,
e
fait,
une
part
difficilement
va-
luable du
capital
de
l'affaire,
'est-à-dire
de son
passif.
La référence
aux héritiersonfère
ux
capitaux
omme
aux dettes e
l'entreprise
ne
dimension amiliale
vidente t
les
biens
propres
du chef
d'entreprise
sont
difficilementissociables de
ceux du chef
de famille.
La
garantie ouvait
aussi venirde
parents
ui
se
portaient
aution
sur eurs fonds
propres
t
gonflaient
lors
ponctuellement
e
capital
de
la société. Au
premier
ang
de ces
fidéjusseurs
e trouvaient
es
épou-
ses15mais elles n'étaientpas les seules à intervenir. e rôle étaittenuaussi
par
des
personnes
moins
proches.
En
1382,
HenriSoudan etHenri
de
Bruxelles,
maçons
chargés
de la confection
u
ubé
de la cathédrale
de
Troyes,
firent
ppel, pour
e
dépôt
des 400
francs emandés
par
les
chanoines,
«
Marguerite,adis
femme e
feu
Jehan
e
Huy
(...)
mere
de la femme oudit
Henry
oudan,
comme
plesge principale,
enderesse
et
paieresse,
e deffaute voit
oudit
ouvraige
.
En
dépit
de sa
rapidité,
e bilan révèle
l'existence
de trois
types
13.
AD
13
Aix),
08
E
691,
°
0.
14. Texte ité
ar
.-L.
Malaussena,
a vie n
Provencerientale
uxxiv t
xv
sièclesParis, 969, .201.La mêmeispositione retrouveans n cte e tutellee
1223
cf.M.-L.
arlin,
a
pénétration
udroit
omainans
esactes e a
pratique
provençale
xr-xnr
iècle
,
Paris,
967,
.
294.
15. Cf. ntreutres
D13
Aix)
09
E
576,
°
94
AD843
E
36/106,
° 00.
16. Texte
ublié ar
.
Murray,
uildingroyes
athedral
Bloomington-India-
napolis,
ééd.
986,
.
130.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 65/165
60 Ph.BERNARDI
de liens
économiques
ou
juridiques
entre amille t
entreprise.
es
pre-
miers,
t les
plus
nets,
ontceux
qui
établissent n
rapport
irect ntre
certains roits
professionnels
t l'ascendance.
Les seconds tiennent u
caractère
écuniaire
es biens
de
l'entreprise
t,
par
à,
à
lçur
dimension
patrimoniale.
es
derniers elèventd'une
confusion
pparente,
dans
divers ctes de la
pratique,
ntre a
comptabilité
e
l'entreprise
t celle
du
ménage.
On
ne
peut,
u terme e ce
qui
reste
un
survol,
dresser n
panorama précis
tant a
diversitédes solutions est
évidente,
mais
il
apparaît
lairement
ue, par
certains
spects, 'entreprise
e
présentait
parfois
omme un bien
familial.
La
participation
des membres de
la
famille
à
l'entreprise
La
famille n'était
pas uniquement,
pour
l'artisan,
une
sorte
d'arrière-plan,
e cadre
figé,
lle
prenait galement
ne
part
ctive
aux
affaires. es
associationsentre
frères,
oire
entre
père
et
fils,
en sont
un
exemple
aisément
repérable
mais
l'incarnation e
l'entreprise ar
son ou ses chefs
au
moins
dans nos
sources)
a
contribué
rejeter
ans
l'ombre es autres
ntervenants,
commencer
ar
es
proches
du maître.
Quelques
mentions u
dispositionsparticulières
clairentnéanmoins
certains spectsde cetteparticipatione la parenté. e rôle des épouses
y
est un
peu
mieux
documenté,
e
qui
nous
a
engagé
à le traiter
part.
Les associations
familiales
Les constructeurs
ouvaient
'associer,
mettant n commun
le
temps
d'un
chantier u
pour
une durée
quelconque
-
moyens,profits
et
pertes.
Le nom d'affrairement
onné
parfois
ux contrats
ui
liaient
alors les maîtres
aisse entendre
u'il s'agissait
de reconstituerrtifi-
ciellement n
groupement
u
type
de ceux
qui
étaient
formés
par
les
membres
'une même famille.
Faut-il en conclure qu'à l'époque considérée l'association de
parentspour
l'exercice d'un métier tait chose
courante
À
en
juger
par
nos
sources,
ela
ne
semble
pas
le cas dans le
bâtiment. ntre1401
et
1550,
environ 8 % des
prix-faits
ixois ont été
passés
par
des
asso-
ciations
qui,
dans
près
d'un cas
sur
cinq,
réunissaient es
parents
en
majorité
des
frères,
uelquefois
un
père
et son
fils,
plus
rarement
n
beau-père
t
son
gendre
u deux cousins
germains.
es
groupements
caractèrefamilial
n'occupaient
-
on le voit
-
qu'une
faible
part
du
marché.
L'exemple
des frères ermond
montre,
n
outre,
ue
la colla-
boration ntre
arents
'avait riende
systématique uisque
ces
maçons,
souvent
ssociés,
traitèrent
égulièrement
éparément
seuls ou alliés à
des tiers17.
Force est de constater
ue
les
liens de
sang
n'influaient
ue
modes-
17.
Étienne
actif
ntre483 t
1517)
st
lusieurs
ois ssocié Michel
actif
ntre
1493
t
1509)
e
1493 1504
AD13(Aix),
09
E
525,
°
3 309
E
273,
°
69)
mais
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 66/165
RELATIONS
AMILIALEST RAPPORTSROFESSIONNELS 61
tement ur les
regroupementsrofessionnels
t
encore,
plutôt
dans le
cadre d'une
parenté
troite. e termed'affrairement
araît,
la findu
Moyen Âge,
renvoyer
une réalitédésuète ou à une
pratique
dont e
champ d'application
ne
comprendpas
nécessairement
'exercice du
métier.
Le métier e
femme
d'artisan
«
Majoritairement
ans existence
économique
et
juridique,
les
conjointes
d'artisanscollaborant
l'entreprise
ont
gnorées
ou sous-
estimées
dans les
statistiques
18.
Cette
constatation,
aite u
sujet
des
enquêtes ur a situation e l'artisanat n France dans les années 1980,
pourrait 'appliquer
aux études
historiques
ur
'industrie u bâtiment.
La femme
pparaîtpeu
dans les actes
professionnels
mais elle ne
s'en trouve
pas
totalement xclue. L'un des
aspects
les mieux
docu-
mentés de son activité est son intervention ans la
comptabilité
e
l'entreprise.
fficiellement andatées
ar
une
procuration
ans
aquelle
leurmari es
autorise,
elon es termes 'un contrat
e
1529
passé
entre
un
gipier d'Apt
et
sa
femme d
petendum
levandum,
xhigendum
t
recuperandum
mnia debita
sua
ubicumque
xistenta
9,
ertaines
pou-
ses de maîtres
assaientquittance
vec des
clients20,
ayaient
es asso-
ciés21.
On
peut maginer ue
ce rôle de
représentante,
'intermédiaire,
e
s'est
pas
limité u seul domaine
comptable
t
que quelques
femmes nt
secondé eur maridans d'autres
types
de
tractations.
es
comptes
de la
cathédralede
Troyes
nous en offrent n
exemple,
extérieur
notre
région. Lorsqu'en
1514-1515
un
émissaire fut
envoyé pour quérir
à
Beauvais le maîtreď œuvre Martin
Chambiges,
ce
dernier ne sceut
venir
...)
a cause d'un fondement
u'il
avoit commancé et
envoya
à
sa
place
sa femme
ui, après
4
jours passés
à
Troyes,
retourna
uprès
de lui
«
affin
u'elle
estée retournéeud. Beauvaix
elle sollicitede venir
led.
Me
Martin
our
ce
que grande
nécessité st
qui
vienne
par deçà
»22.
Combiend'artisansprovençaux, ccupés ou récalcitrants,ntpu
ainsi
dépêcher
eur
épouse auprès
d'un clientou d'un fournisseur
res-
aussi Jérôme
actif
ntre483
t
1504),
ntre483
t
1490
AD13 Aix),
09
E
253,
f° 06
309
E
260,
°
13),
oireux
deux,
n
1494
AD13 Aix),
09
E
525,
°
29v°),
ce
qui
ne
'empêcheas
de travailler
eul,
n 1488
AD13 Aix),
09
E
258,
°
87v°).
Michel,
uant
lui,
ravaillevecJérômentre494 t 1504
AD
3
Aix),
09
E
525,
f°
29v° 309E
273,
°
75),
eul,
ar xemple,
n 1500
AD
3
Aix),
06E
426a,
°
53)
et
prend
n
pprenti
n ommunvec e
maçon
laude
ipard,
n1508
AD
3
Aix),
309
E
542,
e 21
décembre).
nfin,érôme,
llié uccessivement
u
conjointement
ses
deux
rères,
ravaille
vec on ousin
ermain,
ean,
n 1498
AD
3
Aix),
07
E
316,
f°
1).
18. M.Auvolat,J.-C.avigne, .Mayere, 'artisanatn France, éflexion
générale
t
prospective
Paris, 985,
.
208.
19.
AD84,
E
36/179,
°
15v°.
20. AD13
Aix),
07
E
211,
e 27 avril
469.
21.
AD13
Aix),
09
E
683,
° 0v°.
22. Texte
ublié ar
.
Murray,
p.
cit.,
p.
186-187.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 67/165
62
Ph.BERNARDI
sant
pourqu'elle négocie,
fasse
patienter
u rende
implement
ompte
Nos archives
font
rop
peu
de cas de ces démarches
miables,
officieu-
ses,
pour
négliger
et
aspect
sur a seule foi de leur mutisme.
Une
autrefacette e l'activitédes femmes
st
évoquée par
es tex-
tes,
celui de l'encadrement
es
jeunes employés.
Nourris
t
logés,
les
apprentis
evaient
e trouver ous l'autorité
omestique
u maître t
de
la maîtressede maison.
Il faut
cependant
e méfierde l'association
féminin-domestiqueui,
en
l'occurence,
est
trompeuse.
Un
contrat
cucuronnais e 1507
précise
en
effet,
omme
plusieurs
utres ctes de
ce
type, ue
Jacobi
Bruni teneatur t debeat dicto
magistro
Honorato
Boneti lapiscide eiusque uxori ac familiedicto temporedurantepro
apprehendissio
servire]
n dicta arte
latomarie t aliis rebus
et causis
licitis et honestiset
dietam artem
tangentibus23
Le rôle exact de
la
femmenous
échappe
mais sa connotation
rofessionnelle
été claire-
ment
xprimée.
e notaire aisait-il
llusion à la
charge
administrative
assumée
par
a femme
À
son autorité e
substitutionn cas d'absence
du maître u au fait
qu'elle pouvait
accomplir
u
diriger
e travail
Sur
es milliers e
prix-faits
onsultés,
eux
qui
sont
passés
conjoin-
tement
par
le fustierJean
Terrier t son
épouse
Marie font
figure
d'exceptions.
Arrêtons-nous
n
peu
sur ce cas
particulier ui
illustre
bien les limites
de notredocumentation
t,
partant,
e notre
onnais-
sance.
L'intervention e
Marie
Terrier e
semble
pas
devoirêtre
mputée
au fait
qu'elle
se
portait
aution
de son
époux
car
cette
disposition
annexe e traduisait
énéralementar
une
simple
lause
en
fin
de contrat
et
n'impliquait
ucunement
ue,
comme cette
dernière,
e
fidéjusseur
promette
'accomplir uelque
travail
ue
ce soit.Jean
Terrier,
harpen-
tier rès
ctif,
tait
ertes mené à se
déplacer
régulièrementour
ivrer
et monter es
tonneaux,
t l'on
peut penserque
sa femme ssurait
une
sortede
permanence.
a
mobilité,
rès
répandue
hez ces
artisans,
e
saurait outefois
ustifier
elle
seule le
parti-pris
riginal
des Terrier.
Les
époux semblent, premièrevue,
associés
mais,
d'une
part,Marie
n'agissait que
cum icencia et auctoritate ietimaģistri erreni
eius
viri bidem
resentís
4
et,
d'autre
part,
ans
le
corps
des textes
ui
détaillent es
étapes
du
travail,
l n'est
plus
questionque
de
Jean
pour
assembler es
ouvrages
commandés.
Soumise à l'autorité
de son
mari
et manifestement
cartée de la
phase
finale de la
production,
Marie
Terrierne se
présentait
as
comme
un
partenaire rofessionnel
part
entière.
Cette
femme été
placée
au même
rang que
son
époux,
comme
co-administratrice
t
co-responsable, our
des raisons
qui
demeurent
obscures,
t es éléments
ous
manquent our
appréhender
out la fois
cettepositionparticulièretla singularité e la situation. on interven-
tion directedétonne
elle futnéanmoins
dmise et
eut un cadre
légal.
23.
AD84,
E
36/104,
°147v°.
24.
AD84,
E
36/267,
°
31.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 68/165
RELATIONS
AMILIALES
T
RAPPORTS
ROFESSIONNELS
63
Pourquoi
est-ellerestée
exceptionnelle
Seule une étude
approfondie
de la
place
des
femmesdans
le travail
permettra
eut-être
e
proposer
un
our
des
réponses.
Les données rassemblées
montrent,
n
résumé,
que
les
épouses
pouvaient
prendre
n
charge
une
partie
de la fonction
ertiaire,
otam-
ment
a
comptabilité.
lles
n'assumaient
manifestement
as
une
réelle
co-direction
u faitde
leur subordination
leur
époux.
Leur
participa-
tion
l'activité e
production
'avère
moins isée
à établir.
e
minimum
de
formation
echnique
nécessaire
l'accomplissement
e certaines
e
leurs ctivités
encadrement
es
apprentis,
isite
de
chantier...)
n
faisait
des ouvriers otentiels,t 'on s'expliqueraitmalque les femmes 'arti-
sans aient
été tenues
l'écart
des travaux
roprement
its
alors
que
de
multiples xemples
ttestent
e recours
la main-d'œuvre
éminine ans
la construction
édiévale et
moderne.
Ne serait-ce
ue
ponctuellement,
a
participation
es
épouses
à
la
production
st
plus
que
vraisemblable.
robablement
xclues,
comme
Marie
Terrier,
es dernières
tapes
du
travail,
lles ont
pu
intervenir
dans
toutes es autres
pérations,
t
pas
seulement
n tant
ue
manœu-
vres.
Il faut se
garder
ci de
confondre
ravail
des femmes
et
travail
féminin.Manifestement
xclues
de certaines
onctions,
es
épouses
ne
paraissent as avoireu de domaine trictementéservé. e critèreexuel
jouait
un rôle
dans la division
du travail
u sein
de
l'entreprise,
ans
toutefois boutir
une
séparation
ette
ntre,
'une
part,
ne
production
masculine
t,
d'autre
part,
une fonction
ertiaire
éminine.
En termes
de
hiérarchie,
e
rapports
ociaux,
l'épouse
du maître
occupait
une
place
intermédiaire,
ans la
dépendance
de ce dernier
t
dirigeait
u moins
une
partie
des
employés
les
apprentis.
a situation
a,
bien
sûr,
dû
varier,
otamment
n fonction
e
l'âge
de
l'épouse,
mais
les notaires
nt été
insensibles
ces
changements,
ous
interdisant
ar
là de
les
analyser.
Parents
et
employés
Élargissons
à
présent
notre
enquête
à la
familia
qui
entourait
e
chef
d'entreprise
t sa femme.
es
contrats
'apprentissage
rovençaux
font
arement
mention e
liens familiaux
ntre es
parties.
ur 350 actes
ď embauche
réunis
pour
Aix-en-Pro
ence,
seuls 5
furent
ssurément
passés
entre
parents
1 entrebeau-fils
t
beau-père
2 entre ousins
2
entre
neveu et
oncle,
paternel
t maternel.
es
notaires
ne
portaient
vraisemblablement
as toujours
e
type
de
précision
ans
eursconven-
tions
mais le
rapprochement
es
patronymes
e
permet
e relever
en
plus des cas déjà évoqués) qu'une homonymientre ontractants,ans
doute ors du
recrutement
'un cousin
ou d'un
neveu.
Nous
n'avons,
par
ailleurs,
etrouvé ucun
exemple
de
maître
nga-
geant
officiellement
on
fils.
Pourtant,
ans cette
ville
d'Aix,
près
d'un
constructeur
ur
trois
exerçait
e même
métier
ue
son
père.
Certains
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 69/165
64 Ph.
BERNARDI
ont
pu l'apprendre
hez
une tierce
personne25
mais
il
est
peu
vraisem-
blable
que
cela ait été le cas de tous
car on retrouve ans la
capitale
de
la Provence
comme ailleurs
'obligation
faite à de nombreuxmaîtres
d'instruireeur lève ac
si esset
eiusfilius
6
,
l'éducation
professionnelle
du fils
par
le
père
tenantmanifestementieu
de référence.On
peut
supposer u'un
certain ombre
'artisans,
vantde travailler
our
eux-
mêmes ont œuvré sans contrat
ans
l'entreprise
aternelle,
ù ils se
sont
formés.
L'établissement d'un contratď
embauche entre
parents
semble
avoir été chose
peu
courante t
pratiquée niquement
orsde la cellule
conjugale.Le ou les fils, uelquefoisun cousinou unneveu,pouvaient
travailler vec
l'artisan t sa femme.C'est sans doutedès l'enfance
que
ces
garçons
participaient,
omme
apprentis,
la vie
de
l'entreprise.
Nous
ignoronsusqu'à
quel
âge
ils
restaient
uprès
de leurs
parents
la
situation tait
probablement
rès
variable,
omme eur rôle sur e chan-
tier.
Leur carrière voluait
peut-être
lus
vite
que
celle
des
simples
salariés
mais,
du manœuvre
l'associé,
les
étapes
devaient être es
mêmes
pour
tous.
Lorsqu'en
1472
le
maçon
Pierre
Vilani,
chargé
de l'édification
d'une ferme ans la
campagne
aixoise,
promit
son
client
ue
son
fils
de
14-15
ans
«
se deu
affanar ant menar rena o venir n
Ays
an los
mules o una bestiaperaportar an o vinio autrasvitoalhas 2 , rienne
permet
e dire
que
cet adolescent
tait lors en
apprentissage
t
qu'il
a
continuédans le métier.
Certains
parents
nt
pu,
en
effet,
'apporter
qu'un
concours
momentané,
e fournir
u'une simple
force
d'appoint,
tant la
communauté familiale
apparaît
«
liée à l'idée de main-
d'œuvre »28. Le cadre familial
présentait
ssurément oute a
souplesse
requise pour
ce
typed'arrangements
u ď embauches
ponctuelles.
Frère
ssocié,
épouse
collaboratrice, ils,
ousin ou neveu
employé,
on ne
peut prétendre
imiter ces
quelques figures
a
participation
es
proches
l'entreprise
mais,
à travers
es
exemples,
'est
avec l'artisan
l'implicationde toutun groupe qui se dessine. Un groupe hétérogèneoù des critères els
que l'âge
ou le sexe établissaient hacun dans un
rapport
iérarchique
éterminé,
ominé
par
e maître.
pouse
et
parents
y
tenaient ieu d'ouvriers
ualifiéspour
certains,
t de
simples
manœu-
vres
pour
d'autres. La
position professionnelle
es individus emble
25.
À
Aix-en-Pro
ence,
ur 03 ontrats
'apprentissageui ndiquent
e métier
du
père
e a
eune
ecrue,
euls
0
ont té
assés
vec es
ils
e
collègue,
es
ollègues
se trouvantécédés ans
4
cas sur 0. La différencentre3% de maîtrest 20 %
d'apprentis
e
paraîtas
fiable
our
valuera
part
esfils ormés
ar
eur
ère our
u
moinsrois aisons.out
'abord,
e métieru
père
enous st onnu
ue
dans
3,5
%
des aschez esmaîtresontre
9,5
% chez es
pprentis.
nsuite,
es
pprentis
edeve-
naientans outeas ousmaîtres.nfin, algréaterminologie,npeut outerue e
métier
ratiqué
ans ne ille omme
ix
it
oujours
té
dentique
celui xercé
ar
e
père
e certains
pprentis
ans n
petit illageuelconque
e a
région.
26. AD13
Aix),
08
E
768,
°
95.
27. AD13
Aix),
08E
568,
°
3.
28. P.-L.
Malaussena,
p.
cit.,
.
336.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 70/165
RELATIONS
AMILIALES
T RAPPORTSROFESSIONNELS
65
alors se
confondre vec
leur
place
dans la
famille,
ntroduisantu sein
de
la maisonnéeune
relativediversité ociale.
Le
métier,
un
projet
familial
Pour clore ce
rapide
survol des
interrelationsntre
métier t vie
familiale,
ous nous
pencherons
ur e rôle de
la familledans la
trajec-
toire
professionnelle
es artisans29.
ommençonspar
l'apprentissage,
projet
professionnel
'il en
est. La
jeunesse
de
nombrede candidats
laisse entendre ue leurentrée hez un maître elevaitd'une décision
parentale.
De manière
plus prosaïque,
l'engagement
devait être
approuvépar
le
père
ou,
à
défaut,
e tuteur
u mineur.
Plus
que
de
décision,
l
faut
ans doute
parler
ci de
volonté,
ar
apprendre
n
métiern'avait
rien
de
systématique.
ous en
prendrons
pour preuve
un
testament,
até du
2
août
1464,
dans
lequel
un char-
pentier
'Orgon
fit
préciser
volo et ordino
quod
Gaspardus
bastardus
dicti
Rostagnifìlius
limentatur
e victu estitu
t calsiatu ac aliis eidem
Gaspardo
necessariis
umptibus
omunibus ictorum
eredummeorum
donec
fuerit
nstruētus
n
aliqua
arte et erit etatis
egitime
e
regendi
et lucrandi
limenta ua30.
La crainte e
ce
grand-père
ttentionné
ace
au désintérêtventuel e ses filsethéritiers,ertrandtRostaing, our
le bâtard
de ce dernier
résente
'apprentissage
'un
«
art comme un
plus
donné
au
jeune,
un
plus
qui impliquait
ertains acrifices
e la
part
des
parents
ici
le
père
et l'oncle de
Gaspard).
l ne
s'agissait
manifes-
tement
as
alors de
se débarasser
d'une bouche
à nourrir.
Le contrat
'apprentissage
iait
ussi,
divers ravaux
'ont
montré31,
la famillede
l'apprenti.
C'est
cette dernière
ui présentait
e
jeune
et
rassurait
e maître n
se
portant
aution. Dans
bien des
cas,
elle
avait
également
verser
uelque
argent,
égulièrement,
urant oute
a durée
du
stage,pour
'entretien
e l'élève.
Quelquefois, l'intervention aternelle
emble décelable
dans le
choixdu métier. n 152632,
ar
exemple,quand
unfustier e Cucuron
loua son
filschez un
menuisier-ébéniste
'Aix-en-Pro
ence
profession
alors
en
plein
essor),
l
se
peutqu'il
ait
simplement
oulu assurer
'ave-
nirde son enfant
mais n'a-t-il
pas pensé
que
cette
ompétence articu-
lière
profiterait,
u bout
des 5 années de
stage,
l'entreprise
amiliale
La
responsabilité
e chacun
dans le choix
reste difficile
apprécier
29. Faute
'éléments,
l ne era
as
fait
tat e 'éventuelle
rajectoire
rofession-
nelle esfemmes
ans e bâtiment.
30.AD84, E 32/18,°149.
31.
Cf. .
Michaud-Fréjaville,
Bons t
oyaux
ervicesles
contrats
'appren-
tissage
n Orléanais
1380-1480)
,
Annales
e l'Est
1982,
°
1
et
2,
pp.
194-196
P.
Didier,
Le contrat
'apprentissage
n
Bourgogne
ux
xive t
xve iècles
,
Revue
historique
e
droit
rançais
t
tranger
1976,
°
1,
p.
37.
32.
AD84,
E
36/120,
°106.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 71/165
66
Ph.BERNARDI
elle a dû varier n fonction es
personnalités
n
présence
t des occa-
sions.
L'apprentissage
e
s'effectuait
as toujours
horsdu cadre familial.
La
formule,
éjà
relevée,
qui engageait
e maître instruirea recrue
ac si esset
eiusfilius
aisse
entendre
ue
le
rapport ère-fils
tait
perçu
comme
privilégié.
Ce
système
de formation
st oblitéré
par
la
sphère
du
privé
mais
le fait
qu'on
le
prenne
en
exemple
dénonce,
outre
sa
fréquence,
ne forme e relation
ntrevie
professionnelle
t
paternité.
Contrairement ce
qui
a
pu
êtreobservé
ailleurs33,
es
pratiques ater-
nelles ne
semblent
as,
à la
fin du
Moyen Âge
avoir été circonscrites
au tempsdu non-travail. uantau clivageéventuel ntre ôles maternel
et
paternel,
ous
manquons
d'éléments
pour 'apprécier.
La
formation e l'artisan
était,
on le
voit,
prise
en
charge
selon
plusieurs
modes
par
la famille.Elle
apparaît
n cela comme un
projet
familialdans la mesure
ù,
d'une
part
lle
impliquait
ne
volonté t
un
suivi des
proches
et
où,
d'autre
part,
lle
pouvait
s'inscriredans une
stratégie rofessionnelle
e
pérennité,
oire de reconversion e l'entre-
prise paternelle.
Pour certains
eunes,
e débutdu
parcours
e
faisait
ans le
secours
des
parents,
mais
pas
sans celui
d'une famille.Nous
en
avons trouvé
un
exemple
dans le contrat e
mariage
d'un Marseillais
qui,
en
135434,
reçut 'assurancede sonbeau-père, ailleursartor),de le garder ans
à ses côtés
pour
lui
apprendre
e métier.
l
est vraisemblable
ue
de
telles
pratiques
ont eu cours aussi chez les
bâtisseurs,
ien
que
nous
n'en
ayons
pas
trouvé
d'exemple.
Si l'on examine à
présent
e cas de l'artisan
dulte,
l
faut
recon-
naître
ue
«
l'acte constitutif
e
la
famille,
e
mariage,
st
un
acte décisif
pour 'entreprise
35.
L'épouse pouvait pporter
u
célibataire,
utre a
collaboration,
es
garanties
inancières*
n accès facilité la maîtrise.
Mais,
en
amont,
uelle
influence vaientde tels
arguments
ur
a
déci-
sion
?
Quelle
place
le
projet rofessionnel
la
raison
?)
tenait-il ans cet
engagement
C'est là une
questionqui dépasse largement
e cadre de
notre tudecar
chaque
cas serait considérer ndividuellement.e fait
que
certains istoriens u droit
résentent
e
mariage
omme un
«
com-
promis
entre es liens affectifs t les nécessités
économiques
sous-
jacentes
»36
nous
engage
toutefois ne
pas négliger, omantiquement,
la
part
de carriérisme
ui
intervenait ans le choix d'une
compagne.
Soulignonsque
ces calculs
pouvaient
tre e faitdu maricomme celui
du
beau-père ui, par
à,
s'attachait n ouvrier u un associé à sa conve-
nance.
33.
M.
Ferrand,
Paternitétvie
professionnelle
,
dans e sexe u ravailGre-
noble, 984, p.136-137.
34. Archives
épartementales
es
Bouches-du-Rhône,
81
E
80,
f°
2v°.
35.
H.
Bresc,
L'Europe
es villes
t des
campagnes
xnr-xveiècle)
,
dans
A.
Burguière,
h.
Klapisch-Zuber,
.Segalen tF. Zonabend
dir.),
istoiree a
famille
t.
2, Paris, 986,
.
206.
36.
P.-L.
Malaussena,
p.
cit.,
.
340.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 72/165
RELATIONS AMILIALES
T
RAPPORTSROFESSIONNELS
67
Si le faitd'avoir des fils
nous
ne savons riendes
filles)
formés u
métier
résentait
es
avantages
certains,
l
est
plus
délicat
d'envisager
la
paternité
omme faisant
artie
'une
stratégie rofessionnelle.
'une
part,
l
faut
compter
vec
plusieurs mpondérables
stérilité,
mortalité
infantile,
aissance
exclusive de
filles).
Ensuite,
es enfants
eprésen-
taient,
es
premières
nnées,
une
charge
financière
ont nous
ignorons
si elle
s'équilibrait,
ur
a
durée,
vec les bénéfices
ultérieurs.
nfin,
e
calcul aurait
té à relativement
ong
terme
15-20
ans
?).
Si
stratégie
l
y
eut,
il
paraît plus
raisonnablede
penser qu'elle
s'attachait
plutôt
composer
vec les événements
naissances,
morts,
éparts)
u'à plani-
fier x nihilosur e longterme.Nous retombons lors sur es questions
de formation
voquées plus
haut.
Projet
d'une
famille,
outenu
par
les
parents
ou
impliquant
ne
stratégie
matrimoniale,
a carrière e
certains
tait,
inon
déterminée,
du
moins nfléchie
ar 'appui reçu
du
groupe
familial.
Cette
aide,
sans
doute
capitale
en
matièrede
formation,
'avère toutefois 'une
portée
plus
difficile
apprécier our
'adulte.
Si l'on
reprend, our
conclure,
es troisniveaux
de relation ntre
famille
et
entreprise ui
viennentd'être
analysés,
il
apparaît
que
la
distinction
ntre es biens du
ménage
et
ceux de la société n'était
pas
toujours
nette
que
la cellule
conjugale
fournissaitu
maître ne main-
d'œuvrequi, professionnellement,ccupaitune position omparable
celle
qu'elle
avait
dans le
groupe
familial
que
la famille
d'origine
ou
d'adoption)
ouait,
à
plus
d'un
titre,
n
rôle déterminantans a
carrière
des artisans.
Les filtres
ui
s'interposent
ntre e vécu et
l'écriture37 ont
ue
notrerecherche ute sur
des lacunes
documentaires
mportantes.
n
amont
d'une définition es
interrelationsntre
parenté
t travail
qui
paraît
encore hors
de
portée
-,
il
est
toutefois
ossible
d'établir
que,
chez nos
constructeurs,
a
sphère
du
domestique
et celle du travail
s'imbriquaient rofondément,roduisant
ans la cellule
conjugale
une
certaine onfusion ntre elations
amiliales t
rapports rofessionnels.Sous ses deux
casquettes
de chef
d'entreprise/chef
e famille, e
maître e
présente
lors
comme a
partie
isible, minente,
'un
groupe
qu'il dirige,
la maison comme
sur le
chantier. ans son
ombre,
es
proches apparaissent
omme
une
main-d'œuvre
hiérarchisée,
arfois
spécialisée,
dont
'intervention 'a
pas
nécessairementté discontinue.
Au terme
e cette
étude,
plusieurs
directions e recherche
e
des-
sinent
ui permettraient
e
pousser
'enquête plus
avant.
l
paraîtpos-
sible,
notamment,
e
développer
ur
quelques points
documentés
posi-
tion
du filsde
maître,
nterventiones
épouses...)
une véritable
nalyse
comparative
mettantn
évidence es différences
ventuelles ntre
ério-
des,régions, rofessions,oire entre ille etcampagne, finde pouvoir
37. Sur
ette otion e filtre
cf.
h.
Braunstein,
La
communicationans e
mondeu ravailla fin u
Moyen ge
,
Kommunikation
nd
lltag
n
pätmittelalter
und
rüher
euzeit
Vienne,
992,
p.
5-95,
qui
nous
'empruntons.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 73/165
68 Ph.
BERNARDI
croisernos données avec
celles,
entre
utre,
des
démographes.
'atta-
cher,
par
ailleurs,
à restituer n
ensemble assez vaste de
biographies
offrirait,
utredes
exemples précis
et
concrets,
a
possibilité
de suivre
l'évolution
de la situation u cours
d'une
vie,
et
d'apprécier
'incidence
des
préoccupations
'ordre
professionnel
ur e
comportement
e
quel-
ques
individus.
Philippe
Bernardi,
17,
avenue
Gabriel-Péri,
-
13160 Château-
renard
Relations familiales et rapports
professionnels
hez les arti-
sans du
bâtiment,
n
Provence,
à la
fin
du
Moyen Âge
L'étude de l'industriedu
bâtiment n Provence nous
permet
d'aborder a
question
des interrelationsntrefamille t
travail
la findu
Moyen Âge. L'analyse
de
la nature
uridique
et écono-
mique
de
l'entreprise,
e son
fonctionnement
uotidien
t de la
carrière es artisans
montre
ue
toutes es relations
profession-
nelles
n'étaient
as régiespar
e mercantilismet le
salariat.Elle
souligne 'implication,
ans l'ombre
du
maître,
u
groupe
qu'il
dirige,
la maison comme sur
e
chantier.
Famille
-
entreprise
travail
Family
and Professional Relations
in
the
Building Industry
n
Provence
in
the
Late Middle
Ages
The
study
f the
building ndustry
n Provence
helps
to
gain
new
insight
ntothe
way
the
family
nd workwere nterrelated
n
the
late Middle
Ages.
The
analysis
of the
uridical
and economic
nature f the
entreprise,
f the
way
it functioned n a
daily
basis
and of craftsmen's areers,suggeststhatprofessional elation-
ships
were not
solely
determined
y
mercantilism nd
wages.
Brought
o
light
s the
important
ole
played
in
the
background
by
the master nd head of the
working arty,
n the
house and
in
the builder's
yard.
Family
-
entreprise
work
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 74/165
Médiévales0, rintemps996,p. 9-82
Franco
FRANCESCHI
LES
ENFANTS AU TRAVAIL DANS L'INDUSTRIE TEXTILE
FLORENTINE DES XIVe
ET
XVe
SIÈCLES
Les
pages qui
suivent
roposent
n
premier perçu
d'un monde
-
celui du travaildes enfants
qui,
dans
l'historiographie
lorentine e
la
fin
du
Moyen Âge
n'a
pas
encore fait
'objet
d'une réflexion
part
entière,
ni
même de
remarquesmarginales.
L'observatoirechoisi est
celui du
textile,
n domaine d'études
pourtant
ien connu des
spécia-
listes de l'histoirede Florence.Le
recoupement
e ces
champs
rendra,
je l'espère,plusconcrète 'approched'un thèmedifficile circonscrire.
Dans le
grand
aboratoire es
rapports conomiques
t
sociaux
que
représente
our
'historien a cité
toscane,
e travaildes
enfants st une
réalité
ue
les
sources attestent e manière
pisodique,
confuse
t
sans
doute involontaire.Cela est
encore
plus
vrai si le
sujet
central de
l'enquête, désigné
en
français
ar
le terme
mbigu
d'enfant1
st,
plus
précisément,
elui
qui,
conformémentux
distinctionsntroduites
ar
Isidore de Séville et admises
par
ses
successeurs,
e trouve à
l'âge
intermédiairentre
nfantia
t
adulescentia c'est-à-dire ntre
ept
et
quatorze
ans2.
Or,
dans les
sources
que
nous utilisons essentiellement
egistrescomptablesdes entreprisesextiles, èglementst actes udiciairesdes
organisations
e métiers
,
les seuls
termes
ui désignent
es
plus eunes
travailleurs ont
puer
en latinet son
équivalent
talien
fanciullo
,
ce
dernier
mot ouvrant
ependant
ne tranche
'âge
légèrement lus
éten-
due
qui,
selon Luca
Landucci,
va
«
de
cinq
à
six
usqu'à
seize ans
»3.
Mais la
réalitédu travail es enfants
eut
être ussi
dissimulée,
omme
1. Ph.
Ariès,
'enfant
t a vie
amiliale
ousVAncien
égime
Paris, 960,
ééd.
1973.
2. O.Niccoli,l seme ellaviolenzaPutti,anciullimammoliell'Italiara
Cinque
Seicento
Rome-Bari,
995,
p.
-7.
3. L.
Landucci,
iario
iorentino
al
1450
l
1516,
ontinuatoa un nonimo
fino
l 1542
Préface .
Lanza, lorence,985,
.
125 cf. ussi h.
Klapisch-Zuber,
«
Childhoodn
Tuscany
t
he
eginning
f he ifteenth
entury
,
dans
ad,
Women,
Family
ndRitualnRenaissance
taly
Chicago-Londres,
985,
p.
4-116
p.
96.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 75/165
70
F. FRANCESCHI
on le
verra,
ous des
appellationsplus
strictement
rofessionnelles
u
apparemment
nodines.
Grâce à sa
solide tradition e
production
ainière,
enforcée
epuis
le débutdu xve siècle
par
le
dynamisme
e la manufacture
e
draps
de
soie,
Florence
tait,
la
findu
Moyen Âge,
l'un
des
principaux
entres
textiles
e
l'Europe
occidentale.
lle
comptait
u
xve
iècle
des dizaines
d'ateliers
«
botteghe
)
de laine et de
soie,
auxquels
on doit
ajouter
es
ateliersdes batteurs
'or
(«
battiloro
)
qui produisaient
e
précieux
fil
destiné
la fabrication es
draps
d'or,
tous concentrés
u cœur de la
ville et dans le
quartier
de Santo
Spirito.
Gérés
par
des marchands-
entrepreneurs,es ateliers onstituaientutantde pôles d'organisation
et de direction
'un
système
e
production
omplexe,qui,
à toutes es
phases
du travail
extile,
mpliquait
n nombre onsidérable
d'artisans
et d'ouvriershabitant
ans la
ville,
des
milliers e travailleurs
domi-
cile
dispersés
n
ville ou hors es
murs,
t
même es membres e
com-
munautés
eligieuses4.
ans le contexte e cette
grande
ndustrie dis-
séminée
,
la
présence
des
enfants,
ans doute
courante5,
'a
pas
encore
fait
'objet
de recherches
récises.
En
effet,
ucun
document
fficiel,
parmi
es sources
onnues,
ne fournit e
témoignages
e
portée énérale
ou d'évaluation
numérique
ce
sujet
avant
l'époque
moderne.C'est
seulement
n 1604
qu'une
enquête approfondie
ur l'industriede la
lainerépartites travailleursarsexe,etrappelle ue dans es opérations
préparatoires
e la laine
brute,
elles
que
le
battage,
e
nettoyage
t
la
mise sur
quenouille,
es
«
fanciulli
représentaient
u total
à
peu
près
30 % de la main-d'œuvre6
et il faut ttendre
663
pour apprendre
ue
dans le secteur
de la
soie,
43 % de la
main-d'œuvre tait
composée
d'enfants e moins
de
quinze
ans,
employés
urtout ans les
opérations
de
teinture,
obinage,
moulinage
t
tissage7.
Sous l'aile des
marchands-entrepreneurs
Dans sa
déposition
orsd'un
procèsqui
mettait n cause deuxfrères
travaillant
hez un
entrepreneur
ainier
«
lanaiolo
»),
le chef
d'équipe
4. F.
Franceschi,
ltre
l
«
Tumulto.
I
lavoratori
iorentini
ell'Arte
ella ana
fra
Tre
Quattrocento
Florence,
993,
p.
35-353
Id.,
«
Florence
ndSilk
n
the
Fifteenth
entury
the
Origins
f
a
Long
nd
Felicitousnion
,
Italian
istory
nd
Culture
(1995),
p.
-22. ur
esbatteurs
'or f.
.
Dini,
Una
manifatturai
battiloro
nel
Quattrocento
,
dans
ecnica
società ell'Italia
ei ecoli
XII-XVI,
istoia,
987,
pp.
3-111.
5. Cf.
esobservations
'A.
Stella,
La révolte
es
Ciompl.
es
hommes,
es
ieux,
le travail
Paris, 993,
p.
116-117.
6. M.Carmona,La Toscaneace la crise e 'industrieainièretechniquest
mentalités
conomiques
ux
vr t vir iècles
,
dans
roduzione,
ommercio
consumo
dei
panni
di lana
(nei
secoli
XII
XVIII),
M.
Spallanzani
d.,
Florence, 976,
pp.
151-169:
p.
157-159.
7. P.
Malanima,
a
decadenza
i un'economia
ittadina.
'industria
i
Firenze
nei
ecoli
VI-XVIII,
ologne,
982,
.
85.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 76/165
LES
ENFANTS U TRAVAIL
7 1
(«
fattore
)
des
fileurs,
Antoniodi
Bartolo,
déclare
en 1407
les avoir
vus
«
dans a
position
'apprentis discipuli)
portant
es toileset
faisant
tout ce
que
font es enfants
pue
ri)
de
leur
âge
»
;
un
autre
témoin,
Giuliano di Bene di ser
Bonamico,
dit
qu'
«
ils
portaient
es
toiles,
es
laines et l'étaim
et faisaient
outce
que
font
généralement
es
enfants
(pueri)
dans les ateliers»8.
Près
d'un siècle
plus
tôt,
e
plus
ancien
Statutde l'Art
de la laine de
Florence
interdisait ux
entrepreneurs
textiles '«
aller ou
envoyer
leur
place,
ou
pour
e
compte
d'un
tiers,
un
apprenti
u un
enfant
suum
discipulum
vel
pue
rum)
réserver u
prendre
n
emplacement
our
étendre es laines
avant
que
la
cloche ne
sonne e début de la journéede travail 9.
Ces
témoignages,
e nature
diverse,
ont
égalementprécieux
car
ils montrent
ue
la
présence
des
enfants st habituelle
ans les
ateliers
des
lainiers,
t
parce que,
rapprochant
t
superposant
es
mots
discipuli
et
pueri
ils vont
droit u
principal
bjet
de notre
nquête,
e
rapport
ambigu
entre
pprentissage
t
travail out
ourt.
J'ai
pu
mettre n
évidence,
par
une recherche
'ensemble sur
es
travailleurs
e l'Art de la
laine à
Florence dans la
seconde moitié du
xive
t au début
du
xve
siècle,
es
traits ouveaux
que
présente
e
profil
de
l'apprentipar
rapport
u modèle
«
traditionnel
,
connu
pour
Flo-
rence
au
xiip
siècle,
et
pour^
'autres villes et
régions
d'Italie,
voire
d'Europe,à la finduMoyen Âge. C'est ainsique, dans la catégorie es
discipuli
étaient
angés
non
seulement
es enfants t les
adolescents
qui
représentaient
a
majorité
,
mais
aussi tous ceux
qui
étaient
lacés
chez un
maître
our
apprendre
on
métier,
uel
que
fût eur
âge
et leur
parcoursprofessionnel
ces
derniers vaient en
outre
droit,
u moins
pour
es
activités
xercéesdans
l'atelier,
une
rémunérationn
argent
ils
étaient,
our
reprendre
ne
expression
ourante ans es
délibérations
des
conseils et des
tribunaux es
Arts,
iscipuli
d salarium
apprentis
salariés)
10.On
trouve ne situation
omparable
dans la
manufacturee
la
soie,
organisée
pour
'essentiel ur
e modèle de
l'entreprise
ainière,
son aînée :
dans les
ateliers des
soyeux («
Setaioli
), les apprentisétaient ssimilés,
pour
ce
qui
est de la rétribution,ux facteurs t aux
travailleurs on
qualifiés
«
lavoranti
)
n. L'évolutiondes
rapports
co-
nomiques,
iée
au
développement
'une
production
extile à
grande
échelle,
vait fini
par rapprocher
pprentissage
t travail
alarié,
usqu'à
confondre es
profils
professionnels
es uns et
des autres.
Ce
phéno-
mène en vint
aussi à se
traduire ans les
modalités des
contrats,
e
8.
Archivioi Stato i
Firenze
ASF),
Arte
ella ana
417,
°
7v°-38r°
1407).
9. Statuto
ell'Arteella ana i
Firenze
1317-1319
,
A.M.
Enriques
gnoletti
éd.,
lorence,940,
b.
I,
rubr.
I,
p.
146.
10. F.
Franceschi,
ltre
l
«
Tumulto
,
op.
cit.,
p.
163-164.
11.Statutiell'Artei PorSantaMaria eltempoellaRepubblicaU. Dorini
éd.,
Florence,934,
éformee
1429,
ubr.
VI,
p.
505
«
Che fattorii
discepoli
stiano
ontentil
salariooro
ssegnato
gni
nno a' maestri
;
réformee
1454,
rubr.
II,
p.
582
«
Delmodo i
farea fede i ver
ervitoarte
er
ttenerel
beneficio
di
pagare
a
minoromma
er
a
matricola.
Cf.
ussiV.
Rutenburg,
opolo
movi-
menti
opolari
ell'Italiael 300
'400,
rad,
t.,
ologne,
971,
p.
0-41.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 77/165
72
F.
FRANCESCHI
traitement
conomique,
a définition es rôles
assignés
aux
petits
ra-
vailleurs.
Les livres
omptables
es
entreprises
extiles
ui
ont été conservés
permettent
e confirmer
ette évolution.
Remarquons
d'abord
que
le
mot
qui
en toscan
désignait 'apprenti
t servait
même à
désigner
'un
des
registres
e la
comptabilité
marchande t industrielle
le
Quaderno
Discepoli
tend
disparaître
u cours du
xve
siècle
du vocabulaire
uo-
tidiende
l'entreprise.
n
parle
de
discepoli
dans le livredes recettes t
dépenses
(Entrata
e
Uscita)
des lainiers
Niccolò di Nofri Strozzi et
Giovannidi Credi Guineldi
1386-1389),
mais ls sontmoinsnombreux
que lesfanciulli12. es deuxdésignationse retrouventt sontpeut-être
utilisées omme
synonymes
ans e livredes
dépenses
d'un
petit
telier
de
draps
ouvert
par
Francesco Datini à Florence
(1392-1393)
13.
En
revanche,
ans les écritures
omptables
e Lorenzo
di Bartolodi
Segna
et de Zanobi di
Michele,
soyeux
détaillants
«
Setaioli l minuto
),
dans
les années
1436-1441,
et dans celles du lainier
Lorenzo d'Antonio
Ridolfi
1463-1464)
n'apparaissent
ue
les termes fanciulli et
«
gar-
zoni
»
14,
e second
correspondant
une
plus grande xpérience rofes-
sionnelle15,
ans toutefois
ndiquer
une tranche
'âge précise16.
nfin,
dans
un livre
des
recettes t
dépenses
de Lorenzo Dietisalvi
Neroniet
de ses associés batteurs 'or
(1457-1459),
ainsi
que
dans le
registre
es
dettes et créances (Debitori e Creditori des lainiers Guanti
(1483-1490),
on
emploie
un mot très évocateurd'une
fonction ans
l'entreprise,
fattorino
17,
diminutif
e
«
fattore
,
dérivant u verbe
latin
cere,
qui,
dans
l'italien
actuel,
désigne
celui
qui,
dans une entre-
12. A.
Stella,
«
La
bottega
i lavoranti
approche
es onditionse travailes
Ciompi
,
AnnalesSC
XLIV, 989,
p.
29-551
tab.
,
p.
533. e
ivre e
compte
st
conservé
l'ASF,
Carte
trozziane
série
II,
278.
13. Archivio
atini e
Prato,20,
ns.
,
f° r°
«
Antonio
i Bartolo ostroan-
ciulo
;
f° 2r
«
A
Antonioì
Bartolo ardelli ostro
isciepoloer
mesi nodì 10
istetteho'noi
...]
1.
UI
s.
XI
».
14. Archivio
ell'Ospedaleegli
nnocentii
Firenze
AOIF),
érie XLIV Estra-
nei,respectivement589Richordanze), ° 2v°-13v°,5v°,1v° et 56Richordanze
Al f°
100v°-101v°.
15. Dans esdeux
ivres
ités,
e salaire
ayé
ux
garzoni
est ensiblement
lus
élevé
ue
elui
ayé
ux fanciulli
;
cf.
nfra
etnotes 5 et37.
16.
M.
Mitterauer,
Servants
ndYouth
,
Continuity
nd
Change
5,
1990,
pp.
11-38,
.
13,
e résumeien
«
Whats
worthy
fattentions above
ll
the
wide
range
f
meaning
f
garçon
or
oy,
ad,
youth,oung
an,ervant,ssistant,
ttendant,
porter,
table-lad,
hop
ssistant,
rrand
oy,
aiternd
lso or
achelor,
ingle
an nd
confirmedachelor.t s the amewith he
quivalents
nother omance
anguages
the talian
arzone,
he
panisharzón,
he
ortuguesearzao
as
garçon
erivesrom
a Middle atin
oot,
ichmeanservant.ere oo he
evelopment
f heword erived
fromhe
ob
of ervantndnot rom
description
f
particular
ge-group
. Sur lo-
rencef.Giordano
a
Pisa,
Quaresimale
iorentino
305-1306C.
Delcorno
d.,
lo-
rence, 974,ermonX,p.105 «E però garzonii dodicinni dimeno,uando
muoiono,
uttiannol ninferno
;
G.
Cambi,
storie
iorentine
dans ldefonso
i
San
Luigi,
elizie
egli
ruditioscani
Florence,770-1789,
.
XX,
.
137
«
Uomini,
har-
zoni fanciulli
.
17.
ASF,
Manoscritti
90,
f°
5r*' 8f°, 9f°, 6f°,
1r°
ASF,
Corporazioni
eli-
giose
oppresse
al
governorancese
79.209,
° 4
°, 5r°,
01r°.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
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LES ENFANTS
U
TRAVAIL
73
prise
publique
ou
privée,
st
chargé
de rendre e menus
services,
par-
ticulièremente livrer t
rapporter
es marchandises18.
Que
la tranche
'âge
des
«
fattorini soit assimilable à celle des
«
fanciulli est d'ailleurs
prouvépar
e bas niveau de leur
salaire
et
par
l'allusion,
au moins
dans un
cas,
au contrat
assé
entre e
père
de l'ado-
lescent t
l'employeur19.
ettedernière
récision pour
notre
émons-
tration ne valeur
particulière
l'analyse
d'un échantillon
ignificatif
de contrats embauche
rédigés
dans
le
secteur
de la laine confirme
contrario 'absence
presque
totaledes
pères,
parents
u tuteurs ans
le
cas des
jeunes gens ayantdépassé
seize
ans .
Ainsi avertisnouspouvonsnous aventurerà où le vocabulairede
l'enfance
est
absentet
reconnaître ans ce
Federigo
di
Giovanni,
dont
la
modeste émunération
été fixée
par
es
employeurs
en
accord
avec
son
père
Giovanni
,
un
«
fanciullo i
bottega
,
ainsi
que
les trois utres
explicitement
nregistrés
omme tels dans la
même
comptabilité21.
a
même
remarque
vaut
pour
Maffeo di Gherardino
Gherardini,
u
nom
duquel
son oncle
négocie
avec le
soyeux
Piero di Geremia
e
paiement
du
salaire22,
t
pour
deux
dépendants
e
la
société
de batteurs 'or de
Tommaso di
Luigi
Ridolfi
«
Aujourd'hui
6
septembre
1447,
nous
engageonsmoyennant
alaire
Biagio
di Giovanni vec l'autorisation
e
Giovanni on
père
»
;
et encore
«
Aujourd'hui
2
septembre
447 nous
18.
l
s'agit
'un
xempleypique
e
boy
aborsitué u niveaue
plus
as de
l'échelle es
emplois
cf.
M.
Mitterauer,
giovani
n
Europa
al Medioevo
oggi
trad,
t.,
Rome-Bari,991,
.
156.
19.
AOIF,
érie
XLIV
Estranei),
56,
°
101r°
«
Tomaxo
i Giovannihaval-
chantiostroatoree'
avere dì XIIIdi settenbre484 ire rentotto
. X
piccoli
ono
per
uo alario i
più empo
è]
stattoho'noi nfino
questo
ì detto 'achordoho'
lui cho' uo
padre.
...]
Tornò
bottegha
dì 15di novembre484
er
.
[al]
mese.
E a dì XXVIdi marzo 487 ire entitre
. VI si li famo uoni
er
uo ervito
i
più
tempo er
attorino
altro. Le fait
ue
Tommasooit
éfiniussi fattore
,
terme
normalementttribuédes
dultes,
'est
as
tonnanton
rencontre,
n
ffet,
es fat-
tori embauchés
our
eux
ns,
vec 'accord u
père,
t
payés
uelques
lorins,
ans
les
Richordanze,
ebitoriCreditorie
Filippo
iAntonio
ichi
AOIF,
érie
XLIV,Estranei617, ° 4ť°, 9v°, 5v°, 9v°,nnées467-1470).n utreémoignagetile
notre
ropos
st ontenuans e dossier
'adoption
'un
nfante
'Ospedale
es nno-
centi
AOIF,
érie
II,
Richordanze
2,
f°
187r,
nnée
486),
onfié Bartolomeo
i
Niccolaio
«
Di
poi
Bartolomeo]
on
olle ssere
hontentoenerlo
er
uo
figliuolo
ma enello
er
attorino.
20.
Il
n'y
que
8 cas
ur 02 ans
esquels
a
présence
e
pères,arents
ututeurs
accompagne
n
ge
déclaré
e
plus
e 16 ns. 'échantillon
été onstruit
partir
'un
plus
aste nsembleecontrats
355),
ruitu
dépouillement
es
egistres
ePartitiAtti
e
Sentenze
u ribunale 'Art e a laine
our
a
période
380-1430
ASF,
Arte
ella
lana 77-160.
21.
AOIF,
ér.CXLIV
Estranei),
89,
f°
13r°
pour
es autres
Giovanni
i
Ridolfo,
iero el
odo,
rancesco
i
Filippo
cf.
espectivement
es
f°
12v°, 3v°,
5v°
(1437-1438).
n
peut
galement
ire ans e contratoncernant
rancescoi
Filippo
l'expressiond'achordohon ilippouopadre.
22.
AOIF,
ér.
XLIV
Estranei),
18,
°
5
°
«
MaffeoiGherardinoherardini
[che]
stato honnoi
e' avere dì X d'ottobre453 ire
rentacinque
.
VI
piccoli,
sono
er
uo alario
i
più empo
stato ho
nnoi,
perché
o lo
sapiamo punto
n
tuttoetto
empo
iamo
imasi'achordoetto ì chon
lesandroi Mafeo a Barbe-
rino
;
f°
5r°
«
[...]
d'achordohon lesandroa
Barberinouo io .
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 79/165
74
F. FRANCESCHI
avons
engagé
moyennant
alaireCosimo di Cristofano ati à la demande
de son
père
Cristofano
23.
Annotations
aconiques,
mais
qui expriment
bien l'absence d'autonomie
des enfants
nvoyés
à
l'atelier,
t dans le
même
temps
leur statutde travailleurs alariés
en herbe
plutôt
que
d'apprentis.
Une
expressionqui apparaît
à maintes
reprisesquelques
années
plus
tarddans la documentation es mêmes batteurs
'or
-
«
sta con
noi
per
fanciullo
-
semble
signaler
des tâches normalement
ffectées
aux enfants u
sein de
l'entreprise24.
lusieurs
sources concernant e
monde du travail
de la laine fontréférence la nature
de ces tâches.
Les descriptions es quatre« fanciulli embauchésdans le courant e
l'année
1464
par
un autre
Ridolfi,
Lorenzo
d'Antonio,
présentent,ar
exemple,
une
analogie remarquable
vec les
dépositions,
éjà
citées,
u
procès
de 1407
: ainsi
Jacopo
est-il
chargé
de
«
porter
a laine dans le
contado
,
alors
que
Bartolomeo
oit
«
porter
es écheveaux t es
toiles,
aller
chez les teinturiers
,
mais
également
faire outechose concer-
nant 'atelier 25.Avec de tels
préalables
l
n'est
pas surprenant
ue
les
enfants e voient
confier es commissions es
plus
diverses
par
le
per-
sonnelde l'atelier26 u soient
ffectés
ux
travaux econdaires t
répé-
titifs27
plus
étrange
st de les
voir
-
comme
c'est le cas dans l'entre-
prise
Strozzi-Guineldi
jouer
le rôle de surveillants
es ouvriers28u
d'employésde caisse29.
Sur les livresde
paye
des
lainiers,
n
revanche,
'apparaissent as
ces
enfants
ue
les
plus
humbles ravailleurs e
la manufacture
ainière,
les
«
ciompi
»,
engageaient
omme
assistants on ne relève
eur exis-
tence,
ncore une
fois,
que grâce
aux contrats
assés
en leur nom
par
23.
ASF,
Carte
trozziane
sér.
V, 1744,
°144v°.
24.
ASF,
Carte
trozziane
sér.
V,
1745
Giornale
),
f°
250v°, 51v°,
56v°
(1453-1454).
25.
AOIF,
ér. XLIV
Estranei),
56
«
Barttolomeoanciullo
er ottega
enne
al stare dì
primo
i febraio
honeso
oi
per ortare
alzi
sic ]
e
ttele,
ndarella
tinta,arengnihosa'aparttieneer ottegasui sic ]dibuono anciullo(f° 00v°)
«
Jacopo
iBardo
rescobaldiene starehonessooi dì25
d'aprile
464
er ortare
la ana n hontadofare
gni
ltrahosa
aparti
ne
per
a
bottegha
uso
per
u[o]no
fanciullo (f°101ť°).
26. Cf.
ASF,
Arte ellaLana
417,
f°
51i®
1407)
où il estdit
ue
e cardeur
Jacopo
isit ultotiens
...]
puerum
ervientemaboratoresiete
pothece
ro ane
t
vino t liisnecessariisd victum
uumd
domum
abitationisicti rancisci
tPieri
patris
ui.
27. Ibidemf°133ť°
1410)
dans a
déposition
evant
e tribunale 'Arte ella
Lana,
e cardeurartoloiBertoffirme
ue
e
puer
...]
qui
ncidebat
n
dieta
potheca
[...]
ab eisdiscesserat.i son
émoignage
e
permet
as
d'identifiervec
xactitudee
type
e tâche onfié
l'enfant,
l n'en
pporte
as
moins ndétail
récieux
orsqu'il
spécifieue
a rétributionrdinairest e troisous
ar
rap,
e
qui, ompte
enu e a
productivitéoyennennuellees ntrepriseslorentines,eprésentene émunération
extrêmementasse.
28.
A.
Stella,
«
La
bottega
i lavoranti
,
loc.
it.,
.
534.
29. A.
Doren,
tudien
usder lorentiner
irtschaftsgeschichte,
,
Die Florenti-
nerWollentuchindustrie
om 4.bis
um
6.
Jahrhundert.
in
Beitrag
ur
Geschichte
desmodernen
apitalismus,
tuttgart,
901,
.
217.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 80/165
LES ENFANTS U
TRAVAIL
75
leur
père
ou leurstuteurs evant e tribunal e l'Art de la laine30. ans
quelques
cas les clauses
précisent quoi
ils serviront ainsi
pour
Anto-
nio,
âgé
de 10
ans,
placé auprès
du
peigneurGiorgio
di Piero
«
pour
apprendre
t travailler vec
lui,
et le servir ans le
métier u
peignage,
à savoir en mettanta laine sur es
peignes
»31.
Dans les ateliers
des
entrepreneurs
u
textile,
a formehabituelle
du recrutemente la main-d'œuvremineure tait e contrat
nnuel,
ou
au maximum
bi-annuel,
vec
paiement
d'un salaire en
numéraire
ui
variait elon la
capacité
ndividuelle,
'âge
et la
conjoncture.
n obser-
vateur
digne
de
foi,
appelé
à estimer n 1413 le
prix
du travail
d'un
enfant e 12 à 14 ans dans l'atelier d'un lainier,répondit qu'il est
difficile e
uger
autrement
ue par 'expérience,
ar les salaires
dépen-
dent
du
zèle de
l'ouvrier,
t
qu'à
son avis ledit
Jacopo
taitbien
disposé
au travail
t
pouvait
mériter nze ou douze florins
ar
an »32.
À
titre
de
comparaison,
n
peut
noter
u'au
tournant u
Trecento t du
Quat-
trocento
es
ravailleursdultesde l'atelier
parvenaient gagner
nviron
trente
lorins,
lors
que
les
«
fattori arrivaient
quarante
florins33.
Ces chiffres ont confirmés
ar
les
données
provenant
es livres de
compte,réparties
ur
plus
d'un
siècle,
bien
que
nous
soyons
ici
plus
près
des valeurs maximales
que
des valeurs
minimales.Les salaires
versés aux
«
fanciulli
oscillaient n effet ntre
,6
et 16 florins ans
l'entreprise trozzi 1388)34,entre et 8 florins ans celle de Lorenzo
di Bartolodi
Segna
(1437-1439)35,
ntre et
12
dans celle
de Tommaso
di
Luigi
Ridolfiet
compagnie
1453-1454)36,
respectivement
ntre
,5
et 12 et entre et
7,8
dans les ateliersde Lorenzo di Antonio
Ridolfi
(1463-1464)37
et des frèresGuanti
1483-
1484)
38.
Si
on limite 'examen aux enfants
épendant
es
«
Ciompi
»,
en
repérant
eux
pour esquels
le
niveau de
rétribution
eut
être
rapporté
à
l'âge,
on
obtient
es indications
lus
précises.
Au-delà d'une
certaine
dispersion
des
valeurs,
comprises
entre
5,5
et 17 florins
nnuels,
on
n'enregistre
ne
variation
ensible
du montant u salaire
moyen u'entre
les enfants e 10 à 13 ans (8-9 florins) t ceux de 14à 16 ans (12-13 flo-
rins).
Plus forte st la corrélation ntre e niveau du salaire et
l'expé-
30. Ces
ctes ontux ussi
artie
e 'ensemble
lus
aste
écritans a note 0.
Pour ne tude
lus énérale
ur es
«
ciompi
comme
employeurs
,
F.
Franceschi,
Oltrel
«
Tumulto
...,
op.
cit.,
p.
22-223.
31.
ASF,
Arte ella ana
124,
°
0r°
1408).
32.
ASF,
Arte ella
ana,
18,
°
3
°.
33. F.
Franceschi,
ltrel
«
Tumulto
,
op.
cit.,
p.
51-255.
34.
A.
Stella,
«
La
bottega
i
lavoranti
,
loc.
it.,
ableau
,
p.
533.
35.
AOIF,
ér.
XLIV
Estranei),
89,
°
2v°, 3v°,
5v°.
'unique gharzone
i
bottega
mentionné
eçoit
u contrairen alaire
lobal
e 35 florins
our
eux nnées
(ivi,
° 1
°).
36.ASF,Cartetrozziane,ér.V,1745Giornale),f° 50v°,51v°,56v°.
37.
AOIF,
ér. XLIV
Estranei),
56,
°
00v°-101v°.
a même
poque,
esdeux
«
garzoni
mentionnésans a
comptabilitéerçoivent
espectivement
4 et 16 florins
par
n.
38.
ASF,
Corporazionieligioseoppresse
al
governorancese,
9.209,
°
4v°,
75ť°,
Oli".
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 81/165
76
F.
FRANCESCHI
rience du travail les contrats i-annuels
prévoient
resque
toujours,
pour
a
seconde
année,
une
augmentation
e la
rétributione
l'ordre
de
20 à
40 %39.
Cependant,
ette
progression
u
salaire est
contrebalancée
par
le
fait
que, parfois,
es
clauses
tendent
protéger
es
maîtres,
n
leur
permettant
e
ne
pas
payer
e
salaire
de leurs
dépendants
endant
les
périodes
où
l'activité st
réduite40,
u bien
de
placer
ceux-ci
provi-
soirement
hez
d'autres
maîtres41.
Ce
type
de
limitations
'apparaîtpas
dans les
contrats
mpliquant
directement
es
entrepreneurs
extiles si
l'on en
juge
par
ce
qui
est
écrit
dans
leurs
registres
omptables,
mais
aussi
par
les
actes
dressés
devant le notaire de l'Art de la laine, il était même rare que les
employeurs
ssument des
obligations
particulières.
nexistantes,
u
presque,
étaient
es
allusions à
la
formation
echnique
t
intellectuelle
des
«
fanciulli
42,
et
même la
rupture
nticipée
du
contrat e
semble
pas
avoir
créé
de
problèmes,
soit
qu'elle
ait été
sous-entendue
u
moment u
contrat,
oit
qu'elle
ait
été
explicitement
révue43.
n
effet,
au-delà
du
termefixé
par
les
contractants,
l
pouvait
arriver
ue
les
enfants
e
restent ans
les
ateliers
ue pendant
uelques
mois
,
mais
le
retour e
ceux
qui
étaient
artis
n'était
pas
exclu,
suivant ans
doute
la
volontéde
leurs
parents45.
ette
mobilité,
iée aux
faibles
possibilités
d'acquérir
une
spécialisation
t,
par
conséquent,
n
rôle
«
d'adulte
»
au
39. Afin e
présenter
es
données
omogènes,
e
n'aiutilisé
ue
es
ontrats
nre-
gistrés
uprès
u
tribunale
'Arte
ella ana
duranta
décennie
399-1408,
ériode
pendant
aquelle
e
type
'actes st
particulièrement
ien
eprésenté.
l
en
résulten
échantillon
e 34
contrats.
40.
Cf.
ASF,
Arte ella
ana
1
4,
°
0ť°
1404)
il
s'agit,
ans e
cas,
'un
nfant
de dix
ns
ui
st
nvoyé
d
standumum
acobo
rancisci
ectinatore
d
discendum
ministerium
ectinandi
le
contrat
bi-annuel
prévoit
n
alairee7
florinsa
première
année t
de 10 a
seconde.
41.
ASF,
Arte
ella ana
103,
°
8ť°
1399)
un
nfant
gé
de
douze
ns,
Gui-
duccio,
lacé
our
eux ns
uprès
u
peigneur
lessandro
artoli,
ecevran
alaire
initial
e 8
florins,
estiné
augmenter
usqu'à
,5
florinsa
seconde
nnée
mais i
l'ouvrier'a
pas
suffisammente
travail,
l
pourraonereGuiduccium]
um
lio ad
ipsius lexandřitilitatem.
42.
Une
xception
ependant
ans e
contrat
'apprentissage,assé
ntree
drapier
Giovanni
a Pino
t e
cardeurofri
u nom
e sonfils
uca.
Pendant
uatre
ns,
e
«
maître
assure
'entretien
son
disciple
et
s'engage
docere
um
rout
idem
possibile
uerit
ainsi
u'à
facere
um
ocere
d
egendum
t
cribendum
ASF,
Arte
della
ana,
7,
f°
19r°
1380).
Un
as
analogue,
oncernantn
nfante
douze
ns,
e
trouveans
ASF,
Arte ella
ana,
18,
°
1v°
1405).
43.
Cf.,
ar
xemple,
OIF,
ér. XLIV
Estranei),
89,
°
12v°
1437)
ainsies
soyeux
artoloi
Segna
t
Zanobi i
Michele
crivent,
propos
e
'embauchee
Fede-
rigo
i
Giovanni
«[...]
e
siamo
'achordohe
gni
olta
h'el etto
ederigho
i volessi
partire
a
nnoi
er gni
olta
ia
icenziato
ogni
uo
piacimento
nnoi o
dobiamo
paghare
nteramente
el
tenpo
arà
tato
honesso
oi
ragione
i f.
otton
du' anni
[...]
.
44. Les ivresecompteesdrapiersidolfitGuanti,eux es oyeuxartolodi
Segna
t
Zanobi i
Michele,
t
eux u
batteur
'or
ommasoidolfi
onttat
'une
présence
omprise
ntrenmois
t ix
mois tdemi
mais
ntrouve
ussi es
durées
plus ongues,
usqu'à
eux
ns tneuf
mois).
45.
ASF,
Carte
trozziane,
ér.
V,
1745 Giornale
des
batteurs'or
Tommaso
di
Luigi
idolfit
ompagnie),
°
50v°
«
[...]
Gieremiai
Bartolomeota
onnoi
er
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 82/165
LES ENFANTS U TRAVAIL
77
sein de la
fabrique46,
tait
peut-être
'indice d'un malaise
dans
lequel
se
mêlaient es
inquiétudes
de la
première
dolescence,
e désir d'un
salaire
plus
élevé,
e
poids
de la
discipline
u travail autant
'éléments
qui
se retrouvent
ans
l'histoire
de
Niccolò,
fils du tailleur
Masino,
quittant
'atelierdes batteurs 'or Tommaso Ridolfi t
compagnie
près
seulement ne semaine
«
parce qu'il
se
sentaitmal
disposé
»47.
Ce
fut
u contrairea maladie
qui interrompit
a relation
ntre
ran-
cesco di
Filippo
et les
soyeux
qui
l'avaient
embauché48,
t cela doit
nous amener à
constater
ue, d'après
les diverses sources
que
nous
avons
utilisées,
ucune
règle
n'était
prévuepourgarantir'intégrité hy-
sique des enfants ur es lieux de travail.Dans ces conditions, 'est la
sensibilité
ersonnelle
'un certain ainier
ui, après
'accident
qui
avait
frappé
un de ses deux
pueri
(tombé
d'une échelle dans un
atelier
d'apprêt
de
draps),
e conduisit
transférer'enfant ans le milieu
plus
paisible
d'un de ses
magasins
de venteau détail49.
Autres
liéux,
autres
patrons
D'après
le
«
Traitéde l'art de la laine
»
de Florence
xve s.),
dans
les ateliersdes teinturiers
l
y
avait un enfant
«
fanciullo
)
à
chaque
civière, ttelé démêler es nœuds et à étirer a laine50.Bien qu'en des
termesmoins
xplicites
t
suggestifs,
es contrats onclus
par
es
parents
montrent es enfantsde
huit, neuf, onze,
quatorze
et
quinze
ans
employés
hez des
tondeurs e
draps,
des
foulons,
es
raccommodeurs,
ou des
fabricants 'outils
pour
l'industrie extile.La
typologie
de
ces
embauches
paraît
moins
univoqueque
celle rencontrée
uprès
des
entre-
preneurs.
a duréedes contrats
ariait,
n
effet,
ntre n
an
et
cinq
ans,
les
formules tilisées
pour
en
désigner
a nature taient
différentes
ad
standumad
discendum,
d discendum t
aborandum,
d
laborandum),
et
diverses
taient
ussi les modalités ontractuelles. i la
rémunération
monétaire, ériodique
ou à
échéance du
contrat,
tait a convention
a
plus pratiquée51,
'autres contrats
révoyaient ue
les
pueri
vivraient
fanciullo
...].
Partissidì
XI
di
maggio
454.
Ritornòdì 16di
maggio
454 stare
connoi
per
ioriniieci 'anno acordoon
Bartolomeouo
padre
.
46. Une
note
ur e
sujet
ans .
Dini,
Unamanifatturaibattiloro...
,
oc.
it.,
p.
103.
47.
ASF,
Carte
trozziane,
ér.
V,
1745 Giornale desbatteurs
'orTommaso
di
Luigi
idolfit
ompagnie),
°
56v°
1454).
48.
AOIF,
ér.
XLIV
.
stranei
,
589,
°
5v°
«
Partisiranceschodì dì
sic ]
27 di
magio uando
malo
(1439).
49.
ASF,
Arte ella
ana,
17,
°
37v0-38r°
1407)
Quia
dietus
uer
ecidite
scalis uiusdam
urgi
t
ecit
ibi
malum,
ietus arcusd minoremaborem
osuit
um
adfundacum.
50.
«
Trattatoell'Arteella ana
,
dansA.
Doren,
tudien...,,
Die Florentiner
Wollentuchindustrie
op.
cit.,
p.
84-493
p.
489,
Eta ciaschuna
arellata no an-
ciullo
scharmigliare
etta
ana,
ioè
prono
nodi
ella ana
i
son
atti,
distendono
e ravolti.
51.
ASF,
Arte ella ana
83,
°
9r°
1389)
90,
° v°
1391)
92,
°
8v°
1392)
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 83/165
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 84/165
LES ENFANTS
U
TRAVAIL
79
rands
taient
ussi
employés
des tâches
plus spécifiques.
a réalisation
des
précieux
issusde soie à
motifs,
ar
exemple,exigeait
un métier
tisser
particulier
t
imposait
a
présence,
côté du
tisserand,
'un aide
qui
tirait es
fils commandante dessin de la
figure
ésirée
«
opera
»).
C'était là
une fonction
ui
demandait la fois
la
compréhension
u
mécanisme t
une
agilitéphysique
oublée de la
légèreté
écessaire
our
pouvoir
ester
ongtemps erché
ur
e hautdu métier tisser58. n traité
florentine l'art de la soie attribue la
négligence
e ces
enfants
ertai-
nes
imperfections
encontrées
arfois
ans
es dessins59.
Un cas bien documenté
par
de nombreux
ontrats st celui des
enfantsmployés hez des tisserands e laine. Il s'agit,saufexception,
de
fillettes
gées
de
sept
à douze ans.
Dans 60
%
des
cas,
elles sont
originaires
e différentes
égions
e l'État
florentin,
t sont mbauchées
par
des tisserands e Florence
pour
des
périodes
ssez
longues
de
qua-
tre
cinq
ans en
moyenne).
Outre
'apprentissage
u
métier,
lles
rece-
vaient e
gîte
et le couvert à
l'expiration
du
contrat,
lles
pouvaient
recevoir
ventuellement es
habits,
des
chaussures,
u un
petitpécule
qui,
dans le
premier uart
du xvc
siècle,
s'élevait à environ ne dizaine
de florins60. vec cette
maigre
dot,
nférieure celle
que
les familles
de la
bourgeoisie
florentine onnaient leurs
servantes61,
es
jeunes
tisserandes evaient ffrontere
mariage.
Conclusions
L'analyse
développée usqu'ici, malgré
es
lacunes, a,
me semble-
t-
l,
suffisamment
is en évidence
que
les enfants taient
résents
ans
toutes es
phases
du travail extile Florence.
Ce n'était
pas,
loin s'en
faut,
un
phénomènequantitativement arginal.
Rappelons quelques
chiffres sur
dix-huit
épendants
ixes de
l'entreprise
ainière
Strozzi-
Guineldi,
en
1388,
on
comptait
cinq
«fanciulli» et deux «disce-
poli
»62
surhuit ravailleurs ans l'atelierdu batteur 'or Tommaso di
Luigi
Ridolfi,
n
1453-54,
deux au moinsétaient es « fanciulli 63.En
portó
l suo attorino
(f°
81r°
1492)
au folio
35v°,
artolomeost
ésigné
omme
tisserand.
58.
L.
Monnas,
TheArtistsnd heWeaversthe
esign
fWovenilksn
taly,
1350-1550»,
pollo
CXXXV, 987,
pp.
16-424
p.
417 F.Edler de
Roover,
«
Andrea anchi
etaioloiorentinoel
Quattrocento
,
Archiviotoricotaliano
CL,
1992,
p.
77-963
p.
909.Unebrève llusion la
présence
e ces
petits
ravailleurs
chez es tisserands
ucquois
ansM.E.
Bratchel,
The ilk
ndustry
fLucca
n
the
Fifteenth
entury
,
dans ecnica società ell'Italia
op.
cit.,
p.
173-190
p.
187.
59. L'Arteella eta n
irenze.
rattato
el ecolo
V,
.Gargiolli
d., lorence,
1868,
hap.
IV
«
Dell'opera
),
pp.
7-88.
60. Conclusionsiréese 'analysee 78contratsréférencennote 0).
61.
Ch.
Klapisch-Zuber,
Women ervants
n
Florence
XlVth-XVth
entu-
ries)
,
dansWomenndWorkn reindustrial
urope
B. Hanawalt
d.,
loomingtoon,
Indiana
niversity
ress, 986,
p.
6-80.
62. A.
Stella,
«
La
bottega
i lavoranti
,
loc.
it.,
ableau
,
p.
533.
63.
ASF,
Carte
trozziane
série
,
1745
«
Giornale
»),
f°
50v°,
51v°,
56v°.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 85/165
80 F.
FRANCESCHI
1392,
les foulons
Filippo
di Giovanniet Lorenzo di Francesco embau-
chaient e même
our
deux
pueri
64
et
-
comme nous l'avons vu
plus
haut
-
une seule bobineuse de
soie,
en
1452,
pouvait employer
rois
«
fanciulle
à la fois.
Dans
une société urbaine
ù les
enfants
taient
nombreux65,
t où
le travail n
atelier,
uivant es idées
pédagogiques
raditionnelles,
epré-
sentait ne
étape
essentiellede la
formation e
l'individu66,
e nombre
élevé des
enfants irculant ntre es
fabriques
t les
maisons de
pro-
duction e
tissus,
ne doit
pas
nous
étonner.
lus
surprenantes,
n revan-
che,
sont es conditions
'emploi
de cettemain-d'œuvre.
auf
quelques
exceptionsnotammentans le tissagede la laine), la notiond'appren-
tissage
est
apparue
fondamentalement
mpropre our
définir
a
réalité
des
prestations
ournies
ar
les
enfants. a fonction
lobale
de forma-
tion
attribuée u
rapport
maître-apprenti
tait
en effet
emiseen cause
par
a
disparition
e la
cohabitation t
par
a
pratique
e la rémunération
monétaire. 'autre
part,
a
grande
diversité t a
polyvalence
des tâches
confiéesaux
enfants,
u au
contraire 'extrême
parcellisation
e leurs
fonctions,
nlevaient
l'apprentissage
on sens
de
transmission 'un
savoir
echnique pécifique
. Les enfants
ui portaient
es sacs
de laine
chez les
fileuses,
eux
qui
tiraient
es cordes des métiers
our
faire es
tissus à
motifs,
eux
qui
défaisaient es nœuds de la laine dans les
ateliers e teinturerie,u encore euxqui faisaient onction e coursiers
(«
fattorini
)
des batteurs
'or,
étaientde véritables ravailleurs ala-
riés. Leur utilisation
la
place
de travailleurs dultes convenait la
nature de certaines
opérations
ou
plus simplement
la volonté de
l'employeur
'abaisser les
coûts de la main-d'œuvre.
«
Puer
-
proclamait
u débutdu
xive
iècle Giordanode
Pise,
dans
ses sermons
lorentins
signifie
on seulement n
âge,
mais aussi une
condition e servitude on
appelle
puer
celui
qui
est serviteur autrui
et
qui
n'est
pas
maîtrede soi »68. Bien
que
située dans un contexte
religieux,
ette définition
'applique parfaitement
notre
propos.
Elle
nous fait réfléchir ur la
dépendance
à l'intérieur e la familleavant
même la
dépendance
dans l'atelier.C'étaient les
parents ui
faisaient
les choix
et,
sans
compter
es
principespédagogiques,
e travaildes
enfants
onstituait
our
es
ménages
pauvres
un
apport
conomique
non
négligeable.
i
les
enfants ourris t
ogés
chez un artisan ontribuaient
à
alléger
les
dépenses
familiales
notamment
our
les
paysans),
les
64.
ASF,
Arte ella ana
93,
f° 4r°.
65. D. Herlihy
tCh.
Klapisch-Zuber,
es Toscanst eurs
amilles.
ne
tude
du
Catasto
lorentin
e 1427
Paris,
978,
p.
86-387.
66. L.
Marcello,
Andare
bottega.
dolescenza
apprendistato
elle rti
Secc.
XVI-XVII),dansnfanzie.unzionii ungruppoiminoleal mondolassicoll'Età
moderna,
. Niccoli
d., lorence,993,
p.
31-251
p.
232.
67. Pour ne
omparaison
vec 'autres
ituations^
f.
h.
Braunstein,
La com-
municationans e
monde
u
ravailla
fin
u
Moyen ge
,
dans ommunikationnd
Alltag
n
Spätmittelalter
nd
rüher
euzeit
Vienne,992,
p.
5-95
pp.
8-79.
68. Giordanoa
Pisa,
Quaresimale
iorentino,
p.
it.,
ermon
II,
p.
10.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 86/165
LES
ENFANTS U
TRAVAIL
8
1
enfants-travailleurses ateliers
textiles,
quoique
chichement
payés,
contribuaient
augmenter
es
revenus
familiaux69.
Un
exemple significatif,
ans
sa
brutale
vidence,
st celui
du
pei-
gneur
Domenico di
Giovanni
endettéenvers un
drapier,
l
décide
d'acquitter
a
dette
u
moyen
du
travail
de
son fils
Simone,
equel
se
retrouve
pprenti
hez le
drapier
pour
une durée de deux ans. Conclu
en octobre
1381,
le contrat
révoit
même
que l'obligation
era
prolon-
gée
d'autant i le
discipulum
'a
pas pu
à un moment onné
accomplir
son
travail
pour
cause de maladie
ou
autre
raison70.Ainsi en va-t-il
pour qui
n'est
pas
«
maître e soi »...
Si nousdéplaçonsnotre ttentionur a nature u rapportntre es
enfants t leurs
employeurs,
ous
remarquons ue
le verbe servire
et
ses
dérivés),
tilisédans es différentes
ources,
ndique
un
état ommun
de
dépendance
des enfants
ngagés
dans les activités
es
plus
diverses.
Qui
dit servir it
obéissance,
patience,
disponibilité
ux tâches
ngrates
et
parfois
u transfert
emporaire
hez
d'autres
patrons.
e verbe
«
ser-
vir
»
paraît
ussi rimer vec
«
souffrir
,
comme
'exprime
'humaniste
MatteoPalmieri
«
Sije
raisonnais es enfants
nadaptés
ux meilleures
dispositions,
t orientés ers des arts
mécaniques
et
serviles,
e
dirais
peut-être ue parfois
l
faudrait es battre 71.
Certes,
l
existait ifférents
egrés
de
dépendance,
uivant
'âge
et
la provenancedes enfants,a durée du contrat t le typede contrat t
de relationde travail.La
journée
de travaild'une fillette e onze ou
douze
ans,
venue de
la
montagne
oscane travailler ans une famillede
tisserands,
t
obligée
-
comme Maddalena fille de Zachero da Portico
-
à travailler vec eux au métier t à rester
«
leur service
72,
devait
être sensiblement
lus
dure
que
celle du
«
fanciullodi
bottega qui
rentraithez ses
parents
Florencetous es
soirs.
Sans
compter ue
le
milieu des
ateliers,
ù se rencontraiente nombreux nfants t
eunes
gens,
était
plus
ouvert,
ynamique,
t favorable la sociabilité.
Les
«
lavoranti-fanciulli
restaient inalement es enfants
prêts,
lorsque
'occasion se
présentait,
mêler e
jeu
au travail.Comme
ces
enfants
rotagonistes
'une nouvelle de Franco Sacchetti
quittant
n
moment es tables des
banquiers
chez
qui
ils
travaillaient,
ls avaient
libéréune souris ur a
place
du Mercato
Nuovo,
semant a
pagaille parmi
les marchands t es
gentilshommesui
devisaient érieusement73.
69. Outre
es nformations
éjà xposées,
oici n
xempleui
montre
ue
e fils
pouvaitapporter
la maison
'équivalent
utiers u alaire e son
ère
Meo,
gé
de
quatorze
ns,
ils eAntonioiBartolomeolanino
,
reçoit
n alairennuele
14
flo-
rins,
ontrees40 touchés
ar
on
ère
ASF,
Catasto
67,
f°
165r°,
nnée
427).
70.
ASF,
Arte ella ana
80,
f°
5v°
1381).
71.
«
Se io
ragionassi
e' fanciulli
on
tti
eccellenteirtù a he
eguissero
artimeccanicheservili,orseo direihe lle volte isognasseicchiarli,Matteo
Palmieri,
a vita ivile
G.
Belloni
d., lorence,982,
b.
,
p.
35.
72.
Sur
e casde
Maddalena,
encontréans ndocument
'origine
udiciaire,
f.
F.
Franceschi,
ltrel
«
Tumulto
,
op.
cit.,
.
177.
73. Franco
acchetti,
l
trecentonovelle
A.Lanza
éd.,Florence,984,
ouv.
LXXVI,
.
148.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 87/165
82
F.
FRANCESCHI
Franco
Franceschi,
Università i
Siena,
Dipartimento
i
Storia,
1-53100 Siena
Les enfants au travail dans
l'industrie textile florentinedes
xive-xve iècles
Les enfants u travaildans les
manufacturesextiles une
inven-
tiondes
temps
modernes Dans
les ateliers t
es
maisons
où l'on
effectuaite travailde la laine et de la
soie,
à
Florence,
u cours
des derniers
iècles
du
Moyen Âge,
les enfants t les adolescents
sont
présents
n
grand
nombre.
eur travailn'est souventmême
pas masqué paruneprétendue ormation ce sontdes travailleurs
en herbe.
Travailleurs-enfants textiles Florence
-
tâches d'enfants
salaires
Children
at Work in
the Florentine Textile
Industry
n the
14th and 15th Centuries
Child labor
in
the textile ndustries an invention f modern
times
In
the
workshops
nd homes where
people
workedwith
wool andsilk, hildren nd adolescentswerepresentn argenum-
bers. There was oftenno effortmade to even
disguise
their abor
as
training they
were
simply
he futureworkers
n
the bud.
Child
workers textiles
Florence
-
children's asks
-
salaries
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 88/165
Médiévales0, rintemps996,p. 3-96
Francine
MICHAUD
EXPLOITÉS OU
PROFITEURS ?
LES
APPRENTIS
MARSEILLAIS AVANT LA
PESTE
NOIRE
Par une
après-midi
e
novembre,
uguet
Blanchi,
un
eune
homme
de 18
ans,
orphelin
de
père
et sans
curateur
fficiel,
eçut
e notaire
Guillaume
Faraudi dans la
maison de sa mère
Bartholomée,
une
citoyenne
e Marseille
courtière n
grains.
Fort
des conseils
maternels,
il
s'apprêta
à
négocier
un contrat
'apprentissage
vec le
marchand
d'origine vignonnaise
ierrede Nonis.
Suivant es termes e
l'entente,
le eunehomme 'engagea à passersous le toit,a protectiont 'autorité
de
l'homme d'affaires
endant
une
période
de
deux ans. Ce
faisant,
l
lui
promit
idélité t obéissance afin
que
lui soientrévélés
es
mystères
de
l'art du
négoce
tel
qu'il
se
pratique
n
mer comme sur terre.
Mais
il lui fallut ussi
acquitter
es frais
d'instruction. e maître
xigea
en
effet
our
ses
services 8 livres
tournois,
ayables
en deux
versements
seulement1 le
premier,
ous forme
'une avance immédiate
e
4
livres,
le
second,
avant a finde
l'année suivante. n
guise
de bonne
volonté,
Bartholomée onsentit se
porter idéjusseur
our
son filset à débour-
ser les 4
livresréclamées.
Cela se
passait
le 12
novembre13242.
Au début du
printemps
e
1346,
Johannette e Saint-Honorat e
présenta hez l'éminentnégociantPierre Austria e Vieux3 afind'y
placer
en
apprentissage
ntoinet,
on fils de 14 ans.
Le sieur Austria
reçut
promptement
'enfant
ans sa
boutique
en
lui assurant e
gîte,
e
couvert,
e vêtement
t la chaussure
pendant
uatre
ans en
échange
de
son
labeur
ndéfectible
ppliqué
aux affaires u
négoce
comme à son
service
personnel,
ntra t extra
muros.Or si la mère et le
fils
s'enga-
gèrent
respecter
es conditions
omme toute
conventionnelles,
l
ne
1.
Contrairement
la coutume
arseillaise
voir
nfra
n.
31.
2.
Archivesommunales
e a ville
e Marseille
ci-dessous
brégé
A.C.],
ms.
II 8,f°102r°-v°.3. Eminent,ar
romu
ourgeois
uroi eFrance
burgensis
egis
rancienote
ajoutée
ans
n ontrat
e ocatione
services,
rchives
épartementales
es
Bouches-
du-Rhône
Marseille
ci-dessous
brégé
A.D.],
ms.
91
E
9,
f°
141i*-v°.
ais 'est
vers
a fin es
années
330
ue
Pierre
rit
'habitude
'accoler sonnom
'épithète
senior
15
anvier
339,
.D.,
ms. 91E
12,
°
4v°-85ť°.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 89/165
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http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 90/165
EXPLOITÉS U
PROFITEURS
85
croit es
premières
ources sériellesconcernant
es
rapports
maîtres-
élèves.
Marseille
recèle un
trésor
'archives de
la
fin
du
Moyen
Âge qui
comptent
armi
es
plus
anciennes
t les
plus
richesdu
territoire
ran-
çais
l.
Notre
enquête
débute avec
les
séries
notarialesen
1277
12
et
s'achève avec
l'épidémie
pesteuse
de
1348.
Il
existe
pour
la
période
plus
de 200
registres
otariés,
ans
esquels
figurent
rès
d'une
centaine
de
contrats
'apprentissage13.
et
échantillon,
ui
se
répartit
lus
har-
monieusement
partir
u
début du xive
siècle,
est
appréciable
pour
e
temps, uisque,
illeurs,
a
majorité
es
études ur
e travail
es
eunes
14
s'appuient urdes donnéesplustardives, ostérieures la grande atas-
trophe
e
1348.
Or,
dans
ce
port
de
mer
qui
abrite
pproximativement
5
000 habi-
tants
l'aube du xive
iècle15,
es
témoignages ui
subsistent
'éclairent
qu'un
éventail
restreint e
métiers,
oit
environune
trentaine. n
y
distingue
urtout
es
vocations
iées au
négoce,
au
textile,
l'épicerie,
au
cuir,
aux
métaux,
la mer
et au
bâtiment.
Mais à
l'examen
plus
attentif
e la
documentation,
orceest
de
constater
u'avec
les
années
les
représentants
es
arts
manuels
espacent
eur
visite chez
le
notaire.
De
fait,
malgré
'accroissement
égulier
u
nombre
es contrats
e for-
mation
dans
les
écritures
otariales,
ertaines
ctivités
'y
retrouvent
progressivementous-représentées,n particulierelles qui dérivent e
la
tranformation
es métaux
t des
cuirs,
insi
que plusieurs
métiers u
textile
ui
emploient
majoritairement
ne
main-d'œuvre
éminine
6,
el-
les
les
fileuses t
les
tisserandes.
Même
certaines
ocations
caractère
plus
prestigieux,
omme
l'orfèvrerie,
e
raréfient ans
les actes
après
1320.
En
revanche,
u cours
de la
même
période,
es
accords
entre
maîtres
t
disciples
se
multiplient
ans
les
arrières-boutiques
es
gens
d'affaires
t,
dans une
moindre
mesure,
parmi
es
marins
de la cité
portuaire.
1
. Se
reporter
u
répertoire
tabli
ar
R.-H.
autier
tJ.
ornay,
es ourcese
l'histoireconomiquet ociale uMoyenge. rovence,omtatenaissin,auphiné,
États e a
maisone
Savoiet.
I,
Paris, 971, p.
1213 t
q.
12.
Elles
ont
ntreposées
ux
Archives
épartementales
es
Bouches-du-Rhône
Marseille,
insi
u'aux
Archives
ommunales
e a ville.
a
Bibliothèque
ationalee
France
Paris
onserve
galement
ne
ollectione
documents
édiévaux
arseillais
provenant
ufonds
ortreuil
ui
onsiste,
utre
uelquesièces riginales,
nun
ssem-
blage
e
transcriptions
anuscrites.
13. Nous
vons
epéré
7
contrats
'apprentissage,
ne
uittance
e
contrat
t,
titree
comparaison,
4 contrats
e
ouage
e bras.
14.
Si l'on
xcepte
'exemple
talien.
ncoreaut-il
econnaître
ue
es ravaux
e
rapportant
u
Trecentoe
concentrent
lus énéralement
ur a
problématique
u ravail
salarié.
tephen
pstein
n fait e
parcours
istoriographique
ans
on
uvrage
age
Labor
ndGuilds
n
Medieval
uropeChapel
ill/Londres,
991.
15. É.Baratier, a démographierovençaleu xiir iècle u xvr iècleParis,
1961,
.
66.
16.
Cinq
es ix
ontrats
elatifsla
formation
éminine
roviennent
es teliers
d'artisansu
extilet ont
ous ntérieurs
1320.
e sixième
ontratoncerne
es er-
vices t
'instruction
'une
nfant
peine gée
e
10
ns,
Guillemette
illosa,
lacée
n
1340 hez a
corailleuse
dalaciette
assina
BNF,
ms.n.
a. lat.
321,
.
226.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 91/165
86
F.
MICHAUD
Cette
évolution st à
rapprocher
'un
autre
phénomène
celui de
l'apprentissage
alarié17.
n
effet,
u moment ù tendent
diminueres
conventions
tipulant
es coûts d'instruction
défrayer,
es ententes
conclues entre es artisans t leurs élèves
qui
font tat d'un salaire à
verser,
non
plus
au
maître,
mais bien au
disciple,
augmentent,
otam-
mentà
partir
es années
1320,
au même
rythme
ue
les contrats e
louage
de bras.
l
faut
par conséquent omprendre ue
cette
volution,
plus marquée
dans les secteurs-clés de l'économie
marseillaise18,
exprime
une demande accrue
pour
une main-d'œuvre
ualifiée
et sur-
tout
semi-professionnelle.
es
marchands19,
es
changeurs20
t les
marins21marseillais ttirent e la sorte es travailleursn quêted'une
formation
plus poussée
ou
simplement
d'une
meilleure sécurité
d'emploi, quitte
à
troquer
e statutde
professionnel our
celui de
l'apprenti.
On
ne saurait s'étonnerde
voir les maîtresrétribueres recrues
dont les mérites t
l'expertise
s'étoffent u cours de
longues
années
d'apprentissage.
Notons
qu'il
est
des métiers ù le
stage
de formation
s'étire n effet ur
plus
d'une
décennie,
nécessité
ui,
au
premier
bord,
semble caractériseres
arts manuels le savetierPierre
Gayeti
devait
dispenser
on savoir au fils du
pêcheur
PierreRoberti
pendant
douze
ans22,
lors
que
l'orfèvre
Hugues
Fulconis
prit
ous sa
gouverne
ierrot,
fils du calfatMartinde Galbert,pourune périodede dix ans23.Mais
avant
de
porter
ruit,
es
professions
ibérales,
dont 'art des affaires t
de la
santé,
demandent
galement
un certainmûrissement
u terme
d'une
instructionittéraire t
arithmétique
udimentaire24.
icolas de
Cadrò,
qui
était en
apprentissage
hez
le
négociant
Pierre Austria à
17. Pour ne iscussion
lus pprofondie,
e
reporter
mon rticle
«
Apprentis-
sage
t
alariat
Marseillevanta
peste
oire
,
Revue
istorique
291,
994,
p.
-36.
18. Mais
pas
uniquementuisque
es
arrangementsécuniaires
rofitables
l'apprenti
e rencontrentussi hez es
drapiers
t
es
couteliers.
éjà
rompu
l'art e
la coutellerietdésirant
'y
vouer
endant
ne
ériode
edeux
ns,
Guillaume
e
Saint-
Pierreeprésentae 28 août 346 ncompagniee sa mère aynaldahez emaîtrecouteliereanigolod standumum o et ius erviciumaciendum...)et d addicen-
dumministeriumulterie
en
change,
ean
romit
e ui
nculquer
on
rt
iligemment,
mais ussi e ui verser
our
e
louage
e ses bras
loquerio
60 sous
oyauxro
quolibet
nno
A.D.,
ms.381
E
44,
f° 121ť°-122ť°.u nombrees
quatre
ontrats
d'apprentissage
assés
ans esouvroirse
drapiers,
es
plus
nciens,
atés
espective-
mente 1302 t
1317,
ppartiennent
la
catégorie
e a formation
ayante,
lors
ue
es
plus
écents,
tablisn1320 t
1334,
révoient
ne
orme
erétribution
our
es ervices
de 'élève.
19. Des
14
contrats
ui
n
témoignent,
n eul st ntérieur1330.
20.
Aucours e 'année
332,
euxmaîtres
ambistes,
acques
onifacetPierre
Baussan,
nt
espectivement
ffertleurs
icipuli
n salaire
nnuel e 6 et 5
livres
royales
A.D.,
ms. 81E
6,
f°
7v° t
f°124ť'
21. Tous es ctesssus e cette
atégorierofessionnelleeposent
ur e
principe
de 'apprentissageétribué.
22. 21
uin
1302, .D.,
ms.
81
E
4,
f°111*.
23.
21 mars
310, .D.,
ms.
81
E
25,
f°
9r°.
24.
Lescontratse
taisent
énéralement
ur ette
uestion
la seule éférenceela-
tive
la
préparation
ntellectuelle
réalable
es
pprentis
ous
ient e 'accord
assé
entre urand
tiennet e marchandharlese Rabesio ù est
voquée
a tenue 'un
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http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 92/165
EXPLOITÉS U
PROFITEURS
87
l'automnede 134125
,
reporta
on contrat
uelques
années
suivantes,
oit
le
7 mars
134626,
pour
une durée
supplémentaire
e
deux ans et
ce,
toujours
titre
'apprenti.
Or,
les deux contrats
voquent
e versement
de
gages,
ce
qui indique
que
le
temps
otal
de formation
hez ce futur
marchand
épasse
selon
toute vraisemblance
es
sept
années
que
ces
ententes
uggèrent.
ans
l'intervalle,
'expérience
roissante
u
disciple
acquit
de la
valeur,
puisque
son salaire
annuel
passa
de 12 à 20
florins
d'or
fin
de
Florence.
Le savoir-fairet le
talent nt aussi
oué
un rôle déterminant
ans
la
promotion
e
l'apprenti
drapier
Raymond
de
Nantes,
originaire
u
villagede Trets.Le 15 novembre1320, le jeune hommereconduit e
son
propre
hef e contrat
e liant à Bernard
de
Favas, satisfait,
llé-
gua-t-il,
e l'instruction
ue
le maître
ui avait
prodiguée
endant
eux
ans27.Ses
gages
furent
stimés à
11
livres
pour
les trois
années
que
devait
durer e
second
stage, appointement
elativement
modeste2
si
l'on considère
qu'en
1302,
Guillaume
Figieri
obtint titre
d'engagé
chez le
drapier
Guillaume
Egeseri
la
rondelette omme
de 30 livres
royales,
galement our
trois
nnées de service29.
Mais avec
le
temps,
semble-t-il,
e
développe
un climat
propice
à l'embauche
et au
traite-
mentdes
apprentis
intermédiaires
dont
e labeurest
apprécié,
voire
jugé indispensable
u fonctionnement
e
l'entreprise.
l'automne de
1334,Pierrede Carmis,originaire e Salon-de-Provence,oua sa force
de travail
out n
espérant oursuivre
on
apprentissage
ans l'art
de la
draperie
hez Simon
ď
Apt pour
es deux années
que l'impétrant
evait
passer
à son
service,
e maître
'engagea
à lui
régler
12 livres
royales30,
payables
en trois
versements
nnuels suivant
a coutume
du
pays31.
Contrairement
ux
usages
toutefois,
'apprenti
ccepta
de
pourvoir
ses
propres
besoins32.
Cette restriction
'explique
cependant u'en
partie
l'importance
es
gages
consentis.Car à
l'intérieur 'un
même
métier,
le traitement
romis
à
l'apprenti
comme à
l'engagé
est
fonction e
plusieurs
acteurs le
sexe,
l'âge,
la
formation,
'aptitude,
'expérience,
la durée du stage
ainsi
que
les
circonstances
ersonnelles
t
conjonc-
livre e
omptes
eidem
arolo
ecidere
t esîituere
tque
uis ub ero
t
egali
omputo
rationis26 août
348,
.D.,
ms. 81
E
77,
f°
5i*.
25.
A.D.,
ms. 91
E
15,
°
9v°-80r°.
26.
A.D.,
ms.
91
E
9,
f°
137v°-138ť'
27.
A.D.,
ms. 81
E
31,
f°
0r°-v°.
28. Si
Ton ient
ompte
ussi
escourants'altération
t d'inflation
onétaires
qui
affectent'économie
arseillaiseu tournant
u
xive iècle. our n
perçu
e a
situation,
e
reporter
F.
Michaud,
n
igne
es
emps.
ccroissement
es rises
ami-
liales utour
u
patrimoine
Marseille la
fin
u
xur iècle
Toronto,
994,
.
117 t
n. 3.
29.
A.D.,
ms. 81
E
46,
f° 1r°.
30. Videlicetro uolibetnnoibras ex A.D.,ms. 91E 5,f° 3v°-94r°.
31.
Etdietus
ymonis
...)
promisit
ieto
etroolvereictum
olarium
dem
er
tres olutiones
nno
uolibetuxta
onsuetudinemiete erre
ibid.
32.
A.D.,
ms. 91
E
5,
f°
3v°-94r°.
auf
xception,
t
e cas
présent
nest
une,
les ontrats
'apprentissage
t
de
ouage
ebras
Marseilleontiennent
a clause
'entre-
tien
u
ravailleur,
l'exclusion
rès ouventes
haussures.
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http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 93/165
88
F.
MICHAUD
turelles.Au-delà de ces
variables,
netendance
ourtant
e dessineavec
une
certaine
précision près
1320
: la hausse
progressive
es
salaires
alloués aux
disciples,
eux
qui
notammente
spécialisent
ans les arts
de
la mer et du
négoce.
Le 5
septembre
312,
un
jouvenceau
de
19
ans,
Jean de Saint-
Maxime,
ura
sur
es
Évangiles
de se dévouer
pendant
uatre
nnées
au
servicedu marinGiraud
Atanulphi
insi
qu'à
son
art33. our son labeur
et sa
loyauté,
Giraud
s'engagea
à lui
enseigner
es
rouages
du
métier,
mais aussi à lui remettre
haque
année 20 sous
en monnaie
rébuchante,
tout
en lui assurantun vestiaire
ugé indispensable
une
tunique
de
qualité, u prixde dix sous (la moitiéde ses appointementsnnuels ),
une
chemise,
une
famoralia
(sorte
de
sarrau ncilaire
)
et
des chaus-
sures. Trente-deux
ns
plus
tard,
n
eune
hommede
Béziers,
Bernard
Sanadelli,
trouva
ne occasion de formationt
ď embauchedans
e
port
marseillais.
Le marinG. Arnaudi
e
prit
titre e
dicipulo,
clientelo
servitore t scolari
Bernard evait lors recevoir
00 sous
royaux our
une année de travail
n sus des nécessités
de la vie et de la
promesse
rassurante
e ne
point
trevictime 'enlèvement34
Est-ce
à dire
qu'en
sa
qualité
d'étranger,
e
garçon
se sentît
lus
vulnérable
ux indélica-
tesses,
voire aux malfaisances
oujourspossibles
d'un
maître
Quoi
qu'il
en
soit,
en
1347,
deux de ses
collègues
réussirent obtenir
de
meilleures onditions alariales, galement ommeserviteurstappren-
tis,
respectivement
uprès
des marinsmarseillais
Aymé
Gamelli35 t
Aymé
Marini36.
L'amélioration
des salaires dont bénéficièrent
es
jeunes
travail-
leurs dans les années
précédant
'arrivéede la
peste
à
Marseille,
ne se
limite
pas
à l'univers marin.
Elle s'observe avec
plus
d'acuité encore
parmi
es
marchands,
rands
onsommateurs 'une
main-d'œuvre emi-
qualifiée.
C'est dans ce
milieu,
appelons-le, ue
les contrats
avorisant
l'apprentissage
étribué e rencontrent
e
plus
souvent
14
des 23
actes
notariés nstrumentés
our
e
compte
de
gens
d'affaires t de leurs
futurs
élèves
s'y rapportent.
e 6 décembre
306,
e laboureur
aymond
Chris-
tianiplaça sonfilsBertrandethez le sieurEtienneMartin d addicen-
33.
A.C.,
ms.
I
33,
f°
0ť'
34. Et versa
ice,
ietus
.
promisit
icto ernardo
resenti
olvere
t tradere
eidemmnia
upra
tdictum
ernardůmon vellere
A.D.,
ms. 81E
43,
f°
8v°.
35.
Il
est
rai
ue
on lève e
spécialisait
ans
a
pêche
récieuse
u orail
A.D.,
ms.381
E
75,
f°
13v°.
r,
es
gages
fferts
Gratien,
savoir
nflorin'orversé
mensuellement
our
ne
ériode
e sixmois en usd'une emi-livre
u mois
our
e
travailxécuténmers
trangères
,
sont ettement
upérieurs
ceux
ue
es
engagés
spécialisés
ans ette écolte
arinellaientecevoirans
e dernier
uart
u
xive
iècle,
c'est-à-dire,
ntre 5 et 30
florins'or
par
nnée
estimationtablie
ar
C.
Maurel,
«
Grands archandst
petites
t
moyennes
ndustries"
Marseilleu Bas
Moyen
ge
(1350-1480),dans e marchanduMoyen ge. IXe ongrèse a S.H.M.E.S.Reims,
juin
988),
aris, 992,
.
107
tn.7. Les
pprentis
ux,
evaient,
elon oute
pparence,
se contentere nettementoins
pro
rimo
nno num
acatumualibet
ie
ua ope-
rabit eenonliter
contrat
assé ar
e marin icolas
rasfortn
1371,
ité
ar
C.
Maurel,
oc.
it.,
.
107,
.
8).
36.
A.D.,
ms.
81
E
75,
f°
2v°.
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EXPLOITÉS U
PROFITEURS
89
dum totam rtemmercandie le
stage
de formation evait durer rois
années,
chacune devant
rapporter
l'enfant30 sous37.
l
faut
ensuite
attendre
rès
de 30 ans
pour
voir
réapparaître
n contrat
'apprentissage
aux modalités
similaires,
uivi de
plusieurs
autres
qui
s'échelonnent
avec une belle
régularité
usqu'à
la fin
de notre
période.
Ce
qui
importe
surtoutde
souligner
ci,
c'est
l'accroissement
continu es
gages promis
ux élèves
des hommes t des femmes
'affai-
res
marseillais.Prenonsd'abord les
cas où
il
est clairement
uestion
d'adolescents,
oujours
oumis à l'autorité
arentale
u moment e
pas-
ser
contrat. aurence
Lhautauda,
pouse
de
chaufaudier,
ouhaitait aire
de son filsJacquotun négociant.Le 7 octobre1334, elle confía donc
son enfant e
15 ans à
Huguette
ausoneria
pour
un
stage
de formation
de trois ns
;
alors
que
la
mère
accepta
de couvrir a
dépense
du ves-
tiaire,
a maîtresse
'engagea,
d'une
part,
pourvoir
u
couvert insi
qu'à
la
chaussure,
u moins
orsque
a naturede son travail
bligerait
le
garçon
se
déplacer
au-delà des mursde la
cité38
t,
d'autre
part,
lui verser n
salaire annuelde 40 sous39.
On
se
souviendra,
ar
ailleurs,
qu'en
1341,
Pierre Austria e Vieux
prit
dans sa
boutique
le fils de
Bertrand e Cadrò et lui
offrit
n
gages,
pour
chacune des deux
années
de
travail
à
son
service,
12
florinsd'or fin40
cinq
ans
plus
tard,
e
garçon
devait recevoirdu même maître n
salaire de 20 florins41.
Les revenus 'améliorent ussi parmiceux des apprentis ui visi-
blement
ouissent
d'une
plus grande
expérience
de
travail.Leur statut
dans
l'échoppe
du marchand e situe
à un échelon intermédiairentre
l'apprenti
alarié
de
première
eure et le
compagnon,
erme
ui
reste
d'ailleurs nconnudes notaires
rovençaux
u
xive
iècle42.
'exemple
offert
ar
Nicolas de Cadrò illustre e
passage
du
premier
u second
état. Ces
travailleurs,
ui
font
eur
apparition
ans les sources à
partir
de
1337,
gagnent
n effet n salaire
qui
oscille en
moyenne
ntre 0 et
25
florins.
e 31
janvier
1337,
Foulques
Girona,
originaire
e
Béziers,
réussit obtenir u marchand
Améric
Vayrati
5 florins 'or
pour
une
année ď embauche43, émunération ien comparableà celle des mar-chands à
l'emploi
de confrères e
plein
titre . En certains
as,
elle la
dépasse
nettement. insi en
1345,
Pierre
Gau,
un Narbonais
s'identi-
37.
A.D.,
ms. 81E
48,
f°
5 °.
38. tem
uit
ctum
uod uando
bit n
viagio
xtra illāmietus ohannes
pro-
curatoromine
omine
uguete)
rovidebit
icto acobon alciamentis
A.D.,
ms.
91
E
5,
f°
8v°-79r°.
39. Le marchandean eAuto
git
ci
titree
procurateurHuguette
ausoneria
ibid.
40.
A.D.,
ms.
91
E
15,
°
9v°-80r°.
41.
A.D.,
ms.
91
E
9,
f°
137v°-138r°.
42.
Il
faut
ttendree
xve
iècle
our
n
voir fficiellement
'usage
N.
Coulet,
«Les onfrérieses isserandseMarseille,Provenceistorique155, 989,.12.Voir
également
h.
Bernardi,
étiersu bâtimentt
techniques
e constructionAix-en-
Provencela
fin
eV
poque othique
1400-1550
,
thèse
e
doctorat,
niversité
'Aix-
en-Pro
ence, 990,
.
31.
43.
A.D.,
ms.
91
E
10,
°
169v°-170r°.
44.
Le traitementnnuelumarchandean etri
mployé
ePierre ustria
st,
n
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 95/165
90
F.
MICHAUD
fiantcomme mercator entra au service de PierreAustria
pour
une
période
de deux
ans
;
celui-ci
'accueillitcomme
un élève
(dicipulum)45
mais
le rémunéra omme
un associé
en lui offrant 0
florins 'or
en
gages
annuels46.
es émoluments
ue
touchent
es
travailleurs-apprentis
ne sont
pas
le
seul indice d'une
demande accrue
en main-d'œuvre.
e
prix
attaché
l'instruction
es élèves en est
un autre
out ussi évoca-
teur.
Entre 1303
et
1348,
on constate
hez les
apothicaires
marseillais
un affaissement
rogressif
es
coûts de formation
u cours
des années
20
;
inversement,
a
durée de
l'apprentissage
end
au même
moment
se prolonger, e manièreà compenser e manque à gagner.Prenons
l'exemple
de
l'apothicaire
Guillaume
Arnaudi
ui,
à la
fin
d'avril
1318,
promit
Jean
Burgondionis
'instruire
on
eune
frère
acques
dans
son
art
usqu'aux
prochaines
festivités
ascales,
mais contre
e débourse-
mentde 7 livres
t 5 sous47.
n
1324,
ce
fut u tour
d'un
eune
homme
de 15
ans,
Jean
Cavalerii,
de s'installer
hez Guillaume
qui
allait,
pen-
dant
une
période
de
trois
ns,
lui
prodiguer
a
science
et
pour
aquelle
Béatrice,
a
mère du
garçon,
dut
s'engager
à débourser
nnuellement
3
livres,
6 sous
et 8 deniers48.
r,
dans
les années
qui
suivirent,
es
confrères
e
l'apothicaire
Arnaudi
résentèrent
leursrecrues es
coûts
d'instruction
e
plus
en
plus
avantageux.
e
27
septembre
338,
Béran-
gèreBonaventure, oulangèrede profession, 'accorda avec Pierrede
Sarda
pour qu'il
prenne
on
fils Bartholomé
demeure
pendant
une
période
de
quatre
ns,
contre
a
promesse
de lui
verser,
our
son ensei-
gnement,
n traitement
nnuel
de
2
livres
et
5
sous49.
A
la mi-août
de
1348,
au
moment ù
l'épidémie
de
peste
venait
d'embraser
a
cité50,
Gantelme
Bermundi,
n
garçon
de 15
ans,
trouva
refuge
hez
maître
Pierre
haupardi
ui
allait
'initier
son art
pendant
eux
ans,
ainsi
que
lui assurer e
vivre,
e couvert
t,
chose
peu
commune,
a chaussure
1336,
e 25
florinscelui e
son onfrèreierre
nnesati
'élève ix ns
plus
ard 30
florins
A.D.,
ms. 91
E
10,
°
149r°tms. 91
E
9,
f°Mli^-v0.
45. Il estprobableuecetteormuleeléguéela fin e 'acte issimule'esprit
paternaliste
ePierre
ustrianversous
es
mployés,
e
'apprenti
ébutantu
salarié
d'expériencepeut-être
ussi
'emploie-t-illus
volontiers,
ar
mesuree
protection,
enverses recrues
'originetrangère.
n a retrouve
n effet
ans nacte ntérieur
établi
n
1339
nfaveur'un
vignonnais,
enaud
e
Cavaillon,
ui
e
voit
ratifié
'un
salairennuele
20 florins'or
in
endantuatre
nnées e
service
A.D.,
ms.
91
E
12,
°
4v°-85r°.'est
galement
n es ermes
ue
e
pâtissier
ierreeSalino
ccueillit
sous on oit n
ollègue
enu es
Flandres
our
'assister
ans
on
rt,
ierre
e Saint-
Thomas
PetruseSancto
homeeFlandris
asticerius
sic) ...)
e
posuit
t ollocavit
et
operas
uas um
icto etro e Salino
astesserio
rodicipulo
t ervitore
uo d
faciendum
ius
erviciumnmisterio
astisserie
7
août
320, .C.,
ms.
I
9,
f°
1r°-v°).
46.
A.D.,
ms.
91
E
17,
°
4v°-35r°.
47.
A.D.,
ms. 81
E
29,
f°14v°.
48.A.C.,ms. I 8,f° 4v°-45ť'
49.
A.D.,
ms.
91
E
12,
° i"-v°t
f°
4v°-55r°.
50. La
maladie,
ui
tteintes
roportionspidémiques
u out ébut
u
printemps,
commença
e se résorber
vec es
premières
haleurs
e
uin,
voir ansmon rticle
paraître
ans e
Moyen ge
«
La
peste,
a
peur
t
'espoir.
e
pèlerinage
ubilaire
e
romieri arseillais
n 1350
.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
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EXPLOITÉS U PROFITEURS
91
par
ailleurs,
'il fut
uestion
de frais e
scolarité,
es
parties
u le notaire
passèrent
a chose
sous silence51.
Les marchands inrent
réagir
ussi à ce
qui pourrait
ien êtreun
mouvement
énéral
d'altération es frais
'instruction. ous avons
déjà
présenté
n
début de cette étude es
témoignages
ontrastés
'Huguet
Blanchi,
d'une
part,
ui entreprit
n
1324
un
premier tage
de formation
au coût de
4
livres
par
an52,
t d'Antoinede
Saint-Honorat,
'autre
part,
qui profita
du sien
gratuitement
n 1346. Demandons-nous si le
constraste ient de ce
mouvement.L'examen minutieuxdes
neuf
contrats
'apprentissage épartis
ntre1324 et
1346,
permet
e confir-
mer un fléchissementerceptible, uoique tardif, es salairesque les
maîtres-négociants
btiennent
e
leursélèves. Le cas
d'Huguet Mayni,
fils de
notaire,
ffre n
témoignage loquent.
Le 8 avril
1334,
Pierre
Mayni
et
son
épouse
Rixende
établirent
eur
fils,
alors
âgé
de 15
ans,
chez Marc
Scrinavi,
marchandde la cité. Celui-ci
promit
d'instruire
l'enfant ans les arts
de la marchandisemais aussi du
change
pour
une
période
de
quatre
ans,
au coût annuel de 8 livres
royales
,
soit
deux
fois la
somme demandée
par
le maître
d'Huguet
Blanchi dix années
auparavant
our
une
durée
d'apprentissage
eux fois moins
ongue.
Or,
pour
des raisons
ui
nous
échappent,
'entente 'arriva
oint
son terme
car,
au bout de deux
ans,
le notaire
Mayni rappella
son confrère aul
Giraudipourqu'il enregistre e nouvellesconventions cellant e sort
de son fils remis à un autre
homme
d'affaires,
Hugues
de Affuvello.
Cette
fois,
es frais 'instructionurent
ixés 6
livres
par
an
;
le
notaire
réalisa ainsi
une économie d'environ
4
livres54.
Là
où la main-d'œuvre intà se
raréfier,
la
veille
du retour e
la
peste,
même des enfants
mpubères
éussirent toucher alaire. Le
22
août
1344,
en sa
capacité
de
représentantégal
(vicerius)
du
jeune
Pierrot
ogerii gé
de
1 1
ans,
e Vénitien éonardo Cristolini e mit u
servicedu marin
piriello
de
Pava
pour
un
stage
de formation e
sept
ans dans les mersde
Provence.Le marin ssura à l'enfant n entretien
complet,
insi
que
des
gages
totalisant 0 sous de
royaux
marseillais.
Toutefois,
piriello rompit
vec la tradition il
ignora
a coutumedu
règlement
alarial tri-annuel n
payant ur-le-champ
n
premier
erse-
mentde
10
sous,
le restede la somme
promise
devant
par
la suiteêtre
51.
A.D.,
ms. 81
E
77,
f°
5v°-86ť'
52. La
même
nnée,
'homme'affaires
ugues
ohanniséussit
acquitter
a
moitiée etteomme
our
'instructione on ilsMarcelansa
boutique
'un
onfrère,
le
négociant
tiennearle est-ceà e fruitu alent
'Hugues
mener'habiles
égo-
ciationsu d'une aveurmbue
'espritorporatisteu'Étienne
ui ccorda
A.C.,
ms.
1
I
8,
f°
8r°.
53.A.D.,ms. 91E7,f 1 r°.
54.
A.D.,
ms.
91
E
10,
°
108r°-v°.a tendanceréduirees frais 'instruction
au sein u
négoce
arseillaise
poursuivit.
a
fin
e 'hiver
338,
e cordonnierixois
Pierree
Reynacho
it
n
pprentissage
on ils ierrothez
ugues
ielli mais elui-ci
ne
put xigerue
livrest
10
ous
our
hacuneesdeux
remières
nnées eforma-
tion,
adernièrennée
evanttre
ispenséeratuitement
A.D.,
ms.
91
12,
°
3i*-v°.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 97/165
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 98/165
EXPLOITÉS U PROFITEURS
93
propres,
t mêmede
l'obliger
à faire
emps
double59.À la lumièrede
cette
clause,
on
comprend
'insistancede Bernard
Sanadelli à obtenir
de son
maître
'engagement
ormel
e ne
amais
chercher
l'enlever60.
Or,
même
parvenu
icitement
u termedu
contrat,
n
élève ne
s'affranchit
as
forcément
e l'autoritédu maître. e
28 février
306,
le coutelier Richard
Concellerii
acquittait
son
neveu Richardet du
contrat
'apprentissage ui
les liait
depuis
neuf ns
;
il
lui
interditou-
tefoisde
pratiquer
'art de la
coutellerie ans l'enceintede la cité
pour
le
compte
ď autrui ans
son
expressepermission,
out n le laissant ibre
d'ouvrir sa
propreéchoppe61.
l
est
difficile
'imaginer
comment
e
jeune hommeputamasser un capital suffisant ourtenirboutiqueau
sortir
e ses années
d'apprentissage,
i ce n'est en offrantes
services,
pour
un
temps
ndéterminé62,
u seul
employeur
marseillais
usceptible
de
mettre
profit
es talents
son oncle Richard.
La
vitalité t l'ouverture u
secteur
professionnel uquel
son
art
appartient,
insi
que
les
conditions
générales
du marchéde
l'emploi,
décident
ussi du sortde
l'apprenti.
C'est dans le monde des
affaires,
amalgame
d'individus aux
origines
omme aux horizons
divers,
qu'il
faut
hercher es
signes émancipateurs
e
1'«
aventure
apitaliste
.
Si
les maîtres
'appliquentprudemment
instaurer n climatde
confiance
propice
au travail t aux
affaires,
'est
qu'ils
sont aussi conscients
de
l'investissement rofessionnel plus ou moinslong terme ue repré-
sententeurs
lèves,
voiremême
ceux des autres. ien
que
la
fidéjussion
qu'exigent
ouvent es
patrons
elève normalement e la
responsabilité
des
familles,
Jean
Romei,
négociant
actif dans le
port
marseillais,
n'hésita
pas
à se
porter
aution
pour
un
eune étranger, rphelin
'un
laboureur e
Béziers,
entré
n
apprentissage
hez le
marchand e
poivre
Jean Manneti63.
ar
les liens
de clientélisme e tissent ôt
et s'entre-
tiennenta vie durant u
sein des
gens
d'affaires,
ont e métier
onsti-
tue la roue
d'engrenage
maîtresse ans la chaîne de
production
erti-
cale
;
le
marchand ert insi de relais
entre e
drapier
t le
sartre,
ntre
le
nourriguier,
e
boucher t e
cuiratier,
ntre
'épicier
et
'apothicaire64.Les gestesde solidarité
pparente
e
posent
ussi en fonction 'une
autre réalité la liberté
dont
ouissent
les
apprentis
e
passer
contrat
59.
A.D.,
ms. 81E
31,
f°
4v°-35ť'
60.
Voir
upra
.34.
61.
Quod
redictus
icardetuson udeaî
perare
e arte ultellariencivitate
Massilieine olúntate
ieti icardi isi arnenevaret
peratoriumer
e solus
pera-
retur
A.D.,
ms. 81E
371,
° 2i°-v°.
62. L'acte
nsinue,
ans a
révéler,
a durée
emporaire
e cette estriction
infra
tempus
ontentumndicta ota
cripta
anu icti ohannise Cavallonootariiibid.
63. 21
novembre
320, .D.,
ms.
81
E
65,
f°
6v°.
64.Defait,ln'est asrare evoir igurerournisseurst lientsans'entourage
du
négociant
ui 'apprête
mourir.
e
drapieraymond
eBatistast
ésigné
xecutor
de la succession
u marchanduberte
Sevegneriijuin
1300,A.D.,
ms.
381
E
4,
fD5v0-7r°),
lors
ue
a veuve e
Bartholoméalli 'entouree
cinq rapiers
t
quatre
sartresu momentecoucheres
derniersœux
ar
crit
extrait
estamentaire,
3
avril
1310, .D.,
ms. 3
H
2).
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 99/165
94
F.
MICHAUD
avec le maîtrede leur choix. A cet
égard,
es
exemples précités
de
Nicolas de Cadrò65
t
Raymond
de
Nantes66,
espectivementmployés
d'un
marchand t d'un
drapier,
emeurent
es
témoignages
uggestifs.
Dans
le contexte 'une demandecroissante
n
main-d'œuvre,
l
est de
toute
évidence de
l'avantage
du maîtrede
retenir e
plus longtemps
possible
les services de son
protégé
n
encourageant
ne
atmosphère
de
concorde,
de stabilité
t de continuité ans sa
boutique.
Grâce aux
conditions e
travail
usceptibles
e stimuler n sentiment
e
loyauté,
l'esprit coopératif
de bonnes chances de se
poursuivre
u-delà de
l'apprentissage.
Telle fut assurément
'expérience
vécue
par
Antoine
Bonifilii, orsqu'en 1336 il entra u servicede PierreAustria e Vieux
pour
une
période
de
quatre
ns67 ar
l
y
demeura
pparemment
endant
de nombreuses
nnées
depuis
a résidence u
maître,
ù
il
se
distingua
commefidèle
ollaborateur e
l'entreprise
amiliale,
l
contrôla iverses
opérations
ommerciales68.
L'attribution e
responsabilitésmportantes
urvint
même au stade
de
l'apprentissage
intermédiaire
;
c'est dire
l'urgence qu'éprouvè-
rent
plusieurs
mployeurs
'être
secondés dans leurs tâches.
En
1348,
Charles de Rabesio confia
à son
disciple
Durand
Étienne a direction
de son ouvroir
operatoriumpsius
regendi
,
avec
l'obligation
d'y
main-
tenir
a
paix
en évitant es occasions de
dispute
dans le trafic es
mar-
chandiseset de tenir n cahier de comptabilitén bonne et due forme
(
egali
computo
ationis)
l'entente ut cellée
par
e
truchement'une
avance salariale
opieuse
de 12 florins 'or
fin69.
uelques
années
aupa-
ravant,
e
drapier
imon
d'Apt
s'était vraisemblablement
rouvé
dans
le même besoin
en faisantde son nouvel
apprenti
ierre de
Carmis,
originaire
de
Salon,
son
procurator specialis
et
generalis
dans la
conduitede ses affaires
udiciaires
et
commerciales,
otammentelles
se
rapportant
u
négoce
des
draps70.
a dévolution
de
pouvoirs
direc-
tionnels des
apprentis
raîchement
mbauchés,
emi-spécialisés,
t
qui
plus
est
étrangers71,
insi
que
l'amélioration e
leurs
salaires,
et
ce à
65.
Voir
upra
n. 25-26.
66.
Voir
upra
n.27.
67.
A.D.,
ms.
91
E
10,
°
130i*-v°.
68. L'informationst
irée 'un
rocès
u
sujet
'une
etteestée
mpayeeue
ui
intentèrentn 1368 eshéritierse
Pierre ustria
unior
décédé
n
1361)
C.
Maurel,
loc.
it
,
pp.
107-108. ais n
gnorequel
momentntoineut
hargé
e
cesfonctions
de
gérance.
69.
Confessusuit
urantusabuisset
recepisse
dicto arolo
e
predicto
ala-
rio
XVII
lorinorum
XII
lorenos
uri
ini
A.D.,
ms. 81
E
77,
f°
4v°-95ť°.
70.
Et ncontinenti
...)
Symonis
onstituit
redictum
etrum
rocuratorempecia-
lem t
generálem
d omnes
ictas ausas eu ites t d
petendum
xigendum
mnia
t
singula
ebitauaetdebenda
t d emendumomineuo t
pro
o a
quocumque
er-
catorieeumercatoribusannost liosmerses11novembre334, .D.,ms. 91E
5,
f°
3 v°-94r°.
71. Les
paramètres
e
a
présente
tude enous utorisent
as
à abordere
pro-
blème es ravailleurs
mmigrants.
u'il
uffise
e
soulignerue
es
trangers
e distin-
guent emarquablementarmi
es
apprentis
alariésils
composent
6
% de l'effectif
général,
t
détail on
égligeable,
ous
l'exception
'un eul
pparaissent
ans a docu-
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 100/165
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 101/165
96
F.
MICHAUD
Francine
Michaud,
Université e
Calgary,Département
'His-
toire,
500
University
rive
N.W.,
Calgary,
Alberta,
T2N
1N4,
Canada
Exploités
ou
profiteurs
Les
apprentis
marseillais
avant la
Peste noire
À
la
veille de la Peste
noire,
es conditions
e travailfaites
ux
apprentis
marseillais ntconnu
une amélioration
ensible,
malgré
la
conjoncture
u
temps.
La
crise
démographique ui
affecte a
cité
depuis
e débutdu
siècle
pourrait
voir stimulé a hausse
des
salaires, insi qu'une participationlus activedans l'échoppe du
maître.Mais
pas
uniquement,
ar ces
conditions
'emploi
favo-
rables semblent
rofiter
urtout ux
eunes
travailleurs n forma-
tiondans
les artsdu
négoce
et
de la
mer,
ctivités
ui
connaissent
alors une brève
reprise.
Apprentissage
travail
Marseille
-
négoce
-
peste
noire
Exploited
or
Profiteers The
apprentices
of Marseille
before
the Black Death
In thewake of theBlackDeath,theworking onditions fappren-
tices
may
have
improved
n
Marseilles,
n
spite
of the economic
straights
f
the
period.Wage
increases,
nd a more active
parti-
cipation
n
themaster's
business,
were not the
mereresults f the
ongoing
emographic
ecline.These features f work
ife
profited
mostly
he
young
workers
raining
n
the rafts hat
equired
mari-
time
and commercial skills.
This
semi-specialized
abour was
needed
perhaps
or he duration f a
short-livedommercial evi-
val in the
city-port.
Apprenticeship
work Marseille
-
trade black death
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 102/165
Médiévales0, rintemps996,p. 7-107
Katharina IMON-MUSCHEID
INDISPENSABLE
ET
CACHÉ.
LE
TRAVAIL
QUOTIDIEN
DES
ENFANTS
AU BAS
MOYEN-ÂGE
ET À LA
RENAISSANCE
Isidore de
Séville dans son
encyclopédie
écrite au
début du
vif
siècle,
tout comme les auteurs
des traités
didactiques
du
bas
Moyen
Âge,
faisait a distinctionntre
nfantia
t
pueritia.
Le
premier ycle
de
la
vie,
Y
nfantia,
va de la
naissance à
l'âge
de
sept
ans,
suivi
du
deuxièmesepténaire,a pueritia . Ce découpage théoriquen'est passansretentissementur a vie
quotidienne
e l'enfant. n
effet,
ès
sept
ans,
certains nfants
uittaient
eur
famille
pour
aller à l'école ou
pour
êtremis en service.
En milieu
rural,
n
garçon
de
sept
ans devait
déjà
être
capable
de
gagner
sa vie.
D'après
les coutumes allemandes
Weistümer)
du
xve
siècle le
prieur
tait
obligé
d'assurer 'éducation des
orphelins
e
ses
sujets usqu'à l'âge
de
sept
ans et
une
partie
de
l'héritage
de l'enfant
lui
étaitconfiée.Les enfants
auvres qui
ne
possédaient
rien
devaient
êtreélevés aux fraisdu couvent2.
Dès
sept
ns,
filles t
garçons
taient
mis
à
l'ouvrage,
n
particulier
à la campagne.Dans cettepériodeentreY nfantia t la maturité iolo-
gique
de
l'adolescence,
on les
croyait
ssez
développés physiquement
pour
travailler.
Dès
lors,
théoriquement,
ls étaient censés faire les
mêmes travaux
ue
les
adultes.
En
ville
comme à la
campagne
a vie des enfants
hangeait
d'une
manière
plus
ou
moins radicale vers
sept
ans. Les
orphelins
levés à
l'hôpital
ou dans les
hospices
des
enfants
bandonnés,
taientalors
placés.
Mais,
comme nous le
montreun
exemple
bâlois,
cette
règle
1. Isidoři
hispalensis
piscopi,
tymologicarum
ive
originum
ibri XX
W.
M.Lindsay
d.,Oxford,
911,
ib.
XI,
2 K.
Arnold,
Kindheit
m
uropäischen
Mittelalter, dansJ.Martin t A. Nitschked.,ZurSozialgeschichteerKindheit
vol.
,
Fribourg
.B.
Munich,986,
p.
43-467,
46-448
B. A.Hana
w
lt,
«
Historical
Descriptions
nd
rescriptions
or
dolescence
,
Journal
f
amily istory
7, , 1992,
pp.
41-351.
2. K.
Arnold,
ind nd
Gesellschaft
nMittelalternd enaissance.
eiträge
nd
Texte
ur
GeschichteerKindheitPaderborn
980,
.
20.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 103/165
98 K.
SIMON-MUSCHEID
n'était
pas
stricte. ers
le milieudu
xvr
siècle,
un
cuisinier e
l'hôpital
bâlois futcondamné
et mis au ban
parce qu'il
avait violé une fillette
de moins
de douze ans : celle-ci
avait été élevée à
l'hôpital grâce
à
l'aumône commune vant d'être
mise en servicedans une
famille3.
Chez les artisans
t les
commerçants,
es enfants
uittaient
eurs
familles
plus
tard
pour
entrer n
apprentissage.
'après
des contrats
anglais,
allemands et
français,
'âge
des
apprentis
ariait
entre 10 et
15
ans
voire
plus
au
xvr
siècle
selon le métier t la
conjoncture,
es
conditions
conomiques
t e sexe de
l'apprenti.
Au
xive
iècle la
plupart
des
apprentis
masculinsne
s'engageait qu'à
partir
e
14
ans4.
Mais
il
y en avaitde plus eunes. À Londrespar exemple,des lois défendaient
aux
artisans
'employer
des
apprentis ui
n'avaient
pas
encore atteint
sept
ans.
Mais
que
se
passait-il
avant l'entrée en
apprentissage,
vant de
signer
es contrats t avant de
confier es enfants ux
étrangers our
qu'ils apprennent
n métier
Il
est certain
ue
les
garçons
t
les filles
contribuaient
l'économie familialebien
plus
tôt.
En
ville
comme
à la
campagne
es enfants taient
ntégrés
e bonne heuredans le mondedu
travail
oit dans leur famille oit dans une autre.
Pour
le
chercheur a
tâche
est
rude comment
epérer
es traces de ces
garçons
et de ces
filles ravaillantu
foyer
amilial,
hez des
étrangers
u au
serviced'un
tiers En arrachant es petits outsd'informationsuxdifférentesour-
ces,
en
confrontantes documents ormatifs
ux discours ur e
travail,
aux
autobiographies
t aux contrats
otariés,
ux archives
udiciaires
t
aux livres
de
comptes,
aux
ordonnances t aux lettres
privées
sans
oublier les sources
iconographiques
alors,
les différents
spects
de
l'enfance
e dévoilent. es documents
iversnous
permettent
e recons-
truire
es
types
de travail onfiés ux enfants n fonction
e leurmilieu
social. De
plus,
es
contrats
'apprentissage,
ar
exemple,
t les
témoi-
gnages
relevés lors d'un
procès
entre e
patron
t
l'apprenti,
ffrent
deux
aspects
de
la même situation. ls nous
informent,
'une
part
sur
les conditionsde travail au niveau normatift, d'autrepart, ur lesconflits oncrets ntre es
partenaires.
Pour démentir es théoriesde
Philippe
Ariès,
les
spécialistes
de
l'histoire
de l'enfance au
Moyen
Âge
et
à la
Renaissance,
mettent
l'accent sur a recherche
es sentimentsmaternels t
paternels.
t c'est
pour
cetteraison
qu'ils négligent
ouvent es
aspects économiques
du
travail
des enfants.
3.
Staatsarchiv
asel-Stadt,
rfehden
II,
Ratsbücher
,
f°
6,
1544.
4. F.
Michaud-Fréjaville,
Bons t
oyaux
ervicesles ontrats
'apprentissage
en
Orléanais
1380-1480)
,
Annalese 'Est
numéro
pécial
Les
entréesans a vie
initiationst pprentissages5e érie,4e nnée,°1-2, 982,p.183-208K. L. Reyer-
son,
TheAdolescent
pprentice/Worker
n
Medieval
ontpellier
,
Journal
f
amily
History
17, , 1992,
p.
53-370
K.
Wesoly,
ehrlinge
nd
Handwerksgesellen
m
Mittelrhein.hre
oziale
age
und hre
rganisation
om 4. bis ns17.
Jahrhundert
Francfort
/M.,
985 B. A.
Hanawalt,
Growingp
nMedieval
ondon. he
xpe-
rience
f
Childhoodn
History
Oxford/Nework
993,
oir
pécialementp.
129-171.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 104/165
INDISPENSABLE
T
CACHÉ 99
Indispensable
ans
'économie familiale t artisanale insi
que
dans
les manufactureses
grands
entres
extiles,
e travaildes enfants été
négligé rop ongtemps ar
es
historiens,
lus
soucieuxdu
travail
qua-
lifié et
«
rémunéré . De
même,
le travail des
enfants idant leur
famille este
préciser
ar âge
et
par
sexe.
De
plus,
l fautbien distin-
guer
entre es différents
ypes
de travail
d'enfant,
ntre
es enfants
contribuant l'économie
familiale t les enfants
lacés,
entre e travail
rémunéré 'une manière
u d'une autre t
l'apprentissage ayé
par
es
parents
u
par
le tuteur u futur
pprenti.
Limiter a recherche
u
travail
alarié aurait
pour conséquence
de
négliger ne grandepartiedes enfants ravaillant ans d'autrescondi-
tions.Mais
reproduire
'idée
selon
laquelle
les enfants aidaient
eurs
familles elon leurs facultés
n'est
pas
satisfaisant on
plus.
Mettons
plutôt
n évidence
toute a
gamme
des travaux
ccomplis
par
des
fil-
lettes t des
garçons, u'il
s'agisse
d'enfants
ontribuant l'économie
familiale,
'enfants
lacés, d'apprentis
u de
filles mises en service.
Pour déterminer
a valeur déale et la valeur
concrète ttribuées u
travaildes
enfants,
'ai
commencé
ma
recherche
n étudiant es traités
pédagogiques
et des ordonnances
ustigeant
es mendiants. es textes
du bas
Moyen Âge
et du
xvie
iècle,
destinés
instruirea
bourgeoisie,
nous transmettent
'image
de
l'enfant élever. ls
proclament
es
vertus
chrétiennes t morales à inculquer, out en respectanta divisionpar
sexe : les
garçons
feront es
études,
es
filless'adonneront ux travaux
manuels. Dans l'éducation des filles
de
tous
les milieux sociaux
par
exemple,
es travaux
extiles
ouent
un rôle crucial.Les auteurs
onseil-
lent de faire ravailler es filles
pendant
oute a
journée, pour
e
salut
de leur âme
:
prier,
oudre,
filer,
isser,
roder
pas
de
littérature,
ui
pourrait
roubler
es
esprits
modestes t es âmes
pures
des futures em-
mes
En
outre
l
fallait troitement
urveilleres fillesafind'éviter
es
dangers
iés à l'oisiveté féminine5.
En même
temps,
es
principes
noncés dans les
traités
édagogi-
ques et destinés disciplineres filles avaientune grandeutilité ansla vie de tous es
ours.
Car ils rendaientes filles
apables
de contribuer
à l'économie
familiale,
n les faisant ommencer
ar
des travaux
ex-
tiles
uxiliaires,
a
préparation
e la laine et du cotonet
e
filage.
Certes,
une fille
ayant ppris
coudre,
filer
t
à raccommoder es vêtements
gagnait
insi
une
«
dot
spirituelle
,
mais
il
faut ussi se
rendre
ompte
de la valeurde cettemain-d'œuvre
our
es ateliers
t es manufactures.
Abstraction aite
de tous es
problèmes
iés à l'évaluation
des salai-
res et à
l'interprétation
es
chiffres,
n constate
que
les salaires des
enfants,
aissés
par
les documents
médiévaux,
taient ncore
plus
bas
5. K.Arnold,Mentalitätnd rziehungGeschlechtsspezifischerbeitsteilung
und
eschlechtersphären
ls
Gegenstand
er
ozialisation
mMittelalter
,
dans
.
Graus
(éd.),
MentalitätenmMittelalter.ethodischend nhaltliche
robleme
Vorträge
nd
Forschungen
XXV),
igmaringen,
987,
p.
57-288
D.
Thoss,
Frauenerziehung
m
späten
ittelalter
,
Frau nd
pätmittelalterlicher
lltag
Veröffentlichungen
es nsti-
tuts ür
mittelalterliche
ealienkundesterreichs
, Vienne,986,
p.
01-323.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 105/165
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 106/165
INDISPENSABLE
T
CACHÉ
1 1
tres-artisans
loquèrent
'initiative es réformateursestinéeà réinté-
grer
des enfants-mendiants
ar
le travail.
Pour mieux
apprécier
a valeur des enfants omme
main-d'œuvre,
il faut e faireune idée de cette
ociété,
rurale t
citadine,
auvrepour
la
plus grandepartie,
insi
que
du
système conomique
fragile,
oumis
à la moindrefluctuation e la
conjoncture.
Aussitôt
que possible
les
adultes
déléguaient
outes ortes e travaux ux
enfants t aux servantes.
En aidant les adultes ils contribuaient l'économie familiale.
Des
enfants taientutilisés
pour
travailler
la maison et dans les
ateliers,
dans
les
champs
et les
vignes.
«
Quand
'étais gosse,
ma marraine
ou
ma mère)m'emmenait ravailler ans les vignes», se rappellent es
vieilles femmes ors d'une
enquête
ur
es
rapports
e
possession
d'une
vigne.
Selon des
comptes,
des fillettes t des
garçons
ramassaient
es
pierres9.
Nourris hez le
patron,
es enfants
lacés soulageaient
eur
famille,
dont es
dépenses
étaient insi réduites.
À
partir
e
l'âge
de
sept
à dix
ans les enfants taient tilisés elon leur
âge
et leurs
capacités
comme
main-d'œuvre, uvriers, ourriers,
ervantes t fileuses.
Prenons
par exemple
es devoirs
que
l'on demandait
une fillede
huità dix ans. Dans
une
lettre,
rancesco di Marco
Datini,
marchand
de
Prato,
priait
on
partenaire
e lui
procurer
ne
eune
esclave
pour
des travauxdomestiques
«
Achetez-moi,
crit-il,
ne
esclave,
jeune,
robusteet de bonne
qualité
...)
forte t
capable
de travailler
ur,
pourque je puisse
'élever
à ma
façon.
...)
Elle
apprendra
mieux et
plus
vite et elle
me
servira
mieux. Je ne lui demanderai
ue
de faire a vaisselle et
d'apporter
e
bois
et le
pain
au
four,
t
d'accomplir
des tâches de cette sorte...
10.
Dans
cette
ettre,
l
s'agit
d'une
esclave,
bien
sûr,
mais les tâches
demandées ne
se
distinguaient as
de celles d'une fille
orpheline
née
libre t mise en
service.
On
demandait ux enfants e faire a
vaisselle,
d'allumer et de surveiller e
feu,
d'apporter
de l'eau et
du
bois,
de
nettoyera cuisine et de
faire
des
commissions.
Commel'a
déjà
montré arbaraHanawalt, es archives
udiciaires
s'avèrent des sources très informatives
ur la vie
quotidienne
des
enfants.
En
analysant
es accidents mortelsdes enfants
d'après
des
«
coronersrolls
»
anglais
du
xive
siècle,
elle arrive reconstruirees
situations
ypiques
t es lieux
des
accidents
iés au travail. lle constate
que
la
divisiondu travail
par
sexe se faisait rès ôten ce milieu rural.
D'après
ses
résultats,
es
enfants,
l'âge
de deux et trois ans
déjà,
commençaient
s'identifier u travailde leur
père
ou
de leur mère.
9.
D.
Rippmann,
Le travailalariét escorvées
ans a sociétéuraleunord-
ouest e a Suisse travailéminin,ravail asculinlafin eMoyen ge tau xvr
siècle
,
Bulletinu
Département
'histoire
conomique
e
'Université
e Genève
23,
1992-1993,
p.
5-38 E.
Ennen,
ie Frau nder
pätmittelalterlichen
tadt
Stuttgart,
1988,
voir
pécialement.
154.
10. .
Origo,
The omestic
nnemy
The asternlavesn
Tuscany
n
he our-
teenthnd
ifteenthenturies
,
Speculum
XXX,
,
1955,
p.
21-366,
29.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 107/165
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 108/165
INDISPENSABLE
T CACHÉ 103
étaient
onfiées
pendant
eux
années,
taient
menaçéespar
toutes ortes
de
dangers
éels et
imaginaires.
ans
son
autobiographie,
l
se
rappelle
la
neige profonde,
es rochers t les
abîmes,
es chutesde
pierres
t
les
torrents.
raignant
es oiseaux de
proie,qui
étaient ensés enlever
non
seulement es chèvresmais aussi
des
petits
nfants,
homas et es autres
gardiens
u
village
es chassaient
ar
des armesmatérielles
t
spirituel-
les,
par
leurs
bâtons de
gardien
t
par
des bénédictions.
Plus d'une
fois,
selon son
autobiographie,
l
faillit
perdre
a
vie,
comme
es enfants ontB. Hanawalt a
analysé
a mort.
ar un faux
pas
les chèvres et
leur
gardien pouvaient
glisser
et tomber
du
haut des
rochersdans des abîmes.Entre utres,Thomas Platter écrit n détail
une situation
ypique
de la
vie d'un enfant
lacé
: au lieu
de
garder
leurs
roupeaux,
homas
et sa
petite opine ouèrent rès
d'une
«
bisse
»
(long
canal
d'irrigation
n
Suisse)
à
irriguer
es
prés.
Mais
pendant
e
temps
es chèvres 'étaient
chappées
vers a
montagne.
a
copine,
fille
du
paysan qui possédait
es
chèvres,
entra
la maison comme à son
habitude,
ans
s'inquiéter
u
troupeau,
andis
ue
Thomas,
enfant
lacé
comme
gardien,
e mit à la recherche es bêtes.
N'osant
pas
rentrer
sans
les
chèvres
ui
lui avaient té
confiées,
l
s'égara
dans a
montagne
et
passa
la nuitcouché
sous un arbre.Le matinvenu
il
s'aperçut que
les
racines
de l'arbre e
penchaient
urun abîme
profond.
out e monde
le croyait éjà mort arce qu'il n'étaitpas rentréa veille au soir.Quant
aux
chèvres,
lles étaient evenues outes eules
au
village.
Cette aven-
ture,
raumatisante,
taitfixée dans sa mémoire
le vieillardne l'avait
pas
oublié14.
D'autres
dangers
étaient iés
aux travaux
domestiques lpins.
De
grands
haudrons estinés
chauffere lait étaient onfiés
ux enfants.
Ceux-ci étaient
hargés
de les
garder
n
empêchant
e feu de s'éteindre
et le lait de se sauver.
Par accident e
petit
Thomas tombadedans et fut
brûlé
par
le lait chaud.
De cet autre ccident ié au travail
l ne
gardait
pas
seulement e souvenirmais
il
porta
ussi toute
a vie les
marques
des brûlures.
Quant
au salaire, es enfants
lacés
commePlatterne recevaient
pas d'argent.
D'habitude
ils étaient
ogés
et nourris
ar
leur
maître,
n
été couchés dans le
foin,
n hiver ur un sac
plein
de
vermine. latter
ne semble
pas
avoir
reçu
de
vêtements.
l
décrit es siens
comme
pauvres
et
usés,
il
parle
du veston
égaré
lors de
l'épisode
de
la recherche es
chèvres,
es
pieds
nus
et
des sabots
perdus
dans la
neige profonde.
n
revanche,
es
repas
étaient
imples
mais suffisants.
'après
son témoi-
gnage,
es
gardiens uittaient
a
maison
trèstôt e matin n
emportant
du
pain
de
seigle
et du
fromage
ans
un sac à dos. Le soir on
mangeait
une
soupe
de lait et de
fromage
ondu
«
Käsmilch
»),
que
l'on faisait
bouillirdans les grands haudrons ont nous avons déjà parlé.
Platternous fournit es informations
récises
et
détaillées sur es
conditionsde travaildes
gardiens.
Dans le
passage
que
nous
venons
14.
bid.,
p.
9-35.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 109/165
104 K.
SIMON-MUSCHEID
d'étudier 'auteur
présente
a vie d'enfant
lacé
et le travaildu
groupe
de
gardiens
u même
âge
dont
l
faisait
artie.
l
se
rappelle
es
copains
qui
l'aidaient et
le
pleuraient
orsqu'ils
e
croyaient
mort,
l
se
rappelle
le
plus
fort 'entre
ux
(qui
le
protégeait),
es
eux
et es
repas
communs
à la
montagne
t,
ce
qui
est
important,
a
solidarité ntre es
petits
gardiens.
Quittons
e
monde
alpin pour
continuer otre
recherche ans les
boutiques
t
es ateliers es
artisans,
n suivant es
témoignages
u
père
et du fils
Platter. homas
Platter,
'ancien
gardien
de
chèvres,
près
de
longues
années d'études
étaitdevenu
mprimeur
ans la
ville de Bâle.
Se séparant e ses deux compagnons,l avait couru e grandrisquede
fairedes dettes n
achetant ne
maison
pour
devenir
ropriétaire
'une
imprimerie.
ans les
autobiographies,
e
père
et le
fils,
Félix,
futur
médecin,
e
souviennent u
temps
difficile,
ù toute a
famille ut bli-
gée
de
travailler ans
son
imprimerie.
homas Platter t son
fils décri-
vent es
travaux
ccomplis
à
l'intérieur e
l'imprimerie
t,
ce
qui
me
semble
particulièrement
ntéressant,
a
division
par
sexe et
par âge.
Tho-
mas
Platter,
e
patron, mprimait
es livres sur
commande l'aide des
compagnons
mprimeurs
andis
que
sa
femme onfectionnait
es bal-
lons
d'encre destinés
noircir es lettres.
es
petits
nfants u
couple
à leur tour
issaient e
papier
avec
les
mains,
«
les
doigts sanglants
d'après le souvenirdu père,Thomas,et du fils Félix15.
Pour survivre
ans ce métier la
fois
prestigieux
mais
soumis à
de
fréquentes
aillites,
a femme
t les enfants urent
mployés pour
fairedes travaux
ndispensables
mais
non
qualifiés.
De cette
manière
le
couple
pouvait
réduire es
dépenses
de salaire.
En
même
temps, our
payer
es
dettes,
'épouse
de Thomas avait
accepté
une
vingtaine
'étu-
diants omme
pensionnaires
«
Tischgänger
).
La
mémoiredes vieillards
crivant eur
autobiographie
st sélec-
tive.
Mais chacune
relate des
épisodes
mettant n scène le travail
d'enfants.
Ce
ne
sont
que
des
petites
cènes
évoquées
à la
manièrede
«
flash
,
et
pourtant
lles ont une valeur
spéciale
comme
document,d'unepart our a vie individuelle e l'auteur t d'autre
part our
recons-
truire 'enfance de
différents
roupes
sociaux.
Revenons
aux deux
générations
latter. es deux enfants
taient
obligés
de
travaillermais les
conditions t le statut
vaient
changé,
de
l'enfant
auvreplacé gardant
es chèvresď autrui u fils
du
propriétaire
d'une
imprimerie
idant son
père. Platter-père
vait
pour compagnons
tout
un
groupe
de
garçons
et de
filles,
enfants
placés
comme lui et
enfants e
paysans.
Platter-fils
n revanchenous décrit
es
dépendances
à
l'intérieur
'une
imprimerie
du
patron
ndetté ux
compagnons
t
aux travaux
uxiliaires
ue
faisaient
a femme t les enfants.
15.
bid.,
pp.
118-129;
elix
Platter,
Tagebuch.
Lebensbeschreibung
,
par
V.
Lötscher
d.,
âle/Stuttgart,
976,
.
97 voir .
Darnton,
he
Great at
Massacre,
Harmondsworth,
985 N.
Davis,
es
culturesu
peuple.
ituels,
avoirst
résistances
au
xvr
iècle,
aris
979,
oir
pécialement
es
chapitres
Grève t salut
Lyon»,
pp.
15-39 t
L'imprimé
t e
peuple
,
pp.
08-365.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 110/165
INDISPENSABLE
T
CACHÉ 105
Pour
comparer
es deux
situations,
renons
deux
autresautobio-
graphies.
crivant ans la deuxièmemoitiédu
xvie
siècle,
Konrad von
Weinsberg
e
Cologne
se
rappelle
es
jeux,
les
maladies,
'école et les
travaux
accomplis
au
sein de la famille. Le
petit
Konrad aidait ses
parents, ui
tenaient n débit de boisson.
Lorsqu'il
rentrait e
l'école,
il
descendaitdans la cave
pour
aller chercher e vin
que
ses
parents
offraientux clients.
l
dit
qu'il
détestait e travail
quotidien
d'autant
que
les voisins et d'autres
clients 'amusaient
taquiner
e
petit
garçon
en le
faisantdescendre
et monter ans cesse. Le même auteurnous
donne un
exemple
de la division du travail
par
sexe dans
sa famille.
Pour 'empêcherde jouer dans la rue comme es autresgarçonsde son
âge
-
il
avait alors dix ans
-
sa mère ui faisaitdévider
e
fil
tandis
ue
ses filles et les servantes
ilaient
du
matin
au soir.
La tâche la
plus
importante
ui fut onfiée
l'âge
de
douze ans
lorsque,
pour
a
première
fois,
on
père 'envoya
seul chez son
associé,
un marchand
e vin.
Après
un
voyage
en bateau de neuf
ours,
Konrad transmit
es lettres son
hôte 6.
Terminons e
parcours ntrepris
ur a recherche
u travail 'enfant
chez les
artisans.
'après
les contrats otariés
t
ceux
qui
étaient
assés
dans la
corporation,
es conditions
'apprentissage
t la somme due au
maître ariaient elon
l'âge
de
l'apprenti
t le métier. ans une édition
des contrats otariés e la ville de Fribourgn Suisse,publiée parHek-
tar
Ammann,
armi
es
90
contrats
assés
entremaître-artisant com-
pagnon
de
métier u entre
maître t
apprentis,
ne
petite
minorité
e
quatre
contrats eulementmentionne n
filius mpúber11
Ces contrats
ui
définissaientes conditions e
l'apprentissage
ous
révèlent
e réseau social
du futur
pprenti.
Mais
pour
reconstruirea vie
quotidienne
t
les relations ntre
patron
t
apprenti,
l
faut chercher
ailleurs.Les
autobiographies
omme celle du futur
moine
Johann
utz-
bach18
crite
vers le début du
xvr
siècle
par
exemple,
confirmentes
reproches
téréotypés
ormulés,
u
xive
u
xviif
siècles,
par
es
appren-
tis à l'égard de leur maître.Apprenti ailleur vers l'âge de 15 ans) ilse
plaint
du travailde nuit« inhumain dû à la
conjoncture
u métier
où la
morte-saison st
suivie
d'activité
ntense
uste
avant es
jours
de
16. Das BuchWeinsberg.usdem eben ines ölner atsherrnJ.J.
Hässlein
éd.,Munich,962,
e
d.,
p.
5-66.
17. H.
Ammann,
ittelalterliche
irtschaft
m
Alltag.
uellen
ur
Geschichte
on
Gewerbe,
ndustriend andel es14.und 5.
Jahrhunderts
us
Notariatsregistern
on
Freiburg
m
Üchtland
Bd.l,Aarau,
942, 945,
.
471. Johanneslan
romittit
ro-
curare,
uod
Claudius
ilius
uus
mpúber
ervireietro
eckler,
ercerio
n
rte
ua
mercerie
er
annosn
.penthecostes
ncohandos
ro
2 b.dieto etro
er
Johannem
persolvendis
cilicet
n
.
beati etrid vincula lib. t lias6 lib. n
principio
ecundi
anni. etrusebet icto laudio ictumtmensámare, routecet...etrusromittit
Claudium
redictam
rtem ercerieocere t nstruere
mniaque
n ademrte
erti-
nentiat
que
ndieta rte
equiruntur
ocere t uo
posse
monstraret
b
ipso
non e
occultare
aciendo
olores. estes....
18. Johannes
utzbach,
deporicon.
weisprachige
usgabe,inleitung,
ber-
setzung
ndKommentaronA.
Beriger, einheim,991,
p.
61-262.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 111/165
106 K.
SIMON-MUSCHEID
fêtes. l se
rappelle
es
coups
du
maître,
e la maîtresse t même des
serviteurs,
utre eitmotiv
es
plaintes
des
apprentis.
yant
bandonné
le monde
pour
entrer u
couvent,
l s'en
prend
la vanité t
par
consé-
quent
aux tailleurs.
Mais ses tendances
hostiles u métier es
tailleurs
ne
l'empêchent
as
de
dépeindre
a
condition e
l'apprenti
ituéen
bas
de la hiérarchie. ar en se
plaignant
es tâches
qu'on l'obligeait
à faire
au lieu
de
lui
apprendre
e métier
de
tailleur,
l
dresse une
liste des
travauxréfutés
ar
les
compagnons
aller
chercher e
l'eau,
nettoyer
la
maison,
llumer e
feu,
faire outes
ortesde
commissions,
ecouvrer
des dettes
our
e
patron
t,
e
pire,
volerdans les
églises
la cire fondue
des chandeliers.
Les défautsmentionnés
ar
Butzbach t d'autres ont
onfirmés
ar
d'autres
émoignages.
i la
brutalité u maître u de la
maîtresse
épas-
sait
es limites u châtiment
outumier,
es
parents
u le tuteur
e l'enfant
poursuivaient
es
malfaiteurs.t ce sont es
plaignants
u les témoins
ui
nous fontvoir
e reversde la médaille d'un
contrat. ans ce
genre
de
conflit
'apprenti
t
ses
parents
herchaient
annuler e contrat u à
légaliser
a
rupture
u
contrat,
our
ontinuer
'
apprentissage
illeurs.
es
patrons,
n
revanche,
énonçaient
égulièrement
a
paresse
de
l'apprenti
ou l'accusaientde tout
asser,
de
voler,
e ne
pas
travailler
9.
Très souvent
nexistantes ans les contrats
otariés t es listesdes
apprentis es métiers,es fillesapparaissent ans ce typede sources.
Car les contrats
ressés ntre es
parents
'une
filleet un maître u une
maîtresse 'ont
pas
le même
caractère fficiel.Moins
publics,
ouvent
oraux,
ces
arrangements
estent
achés
usqu'à
ce
qu'un
conflit clate
entre
es
partenaires.
t c'est dans
ces cas seulement
ue
nous
appre-
nons 'existenced'un contrat
ui réglait
es conditions
'apprentissage
d'une fille en
dehorsd'une
corporation.
Ainsi,
d'après
e
témoignage
'une
voisine,
es
parents
vaientmis
leur fille en
service chez un
couple pour
qu'elle apprenne
filer u
rouet,
la
main,
et à coudre. Dans
ce contrat e maître t la
maîtresse
avaient
promis
de ne
pas
la
frapper
la tête.
Mais la femme
émoignaavoir vu souvent a maîtresse a
frapper
la têteavec le
poing
et lui
arracher e
fuseau. Tombée à
genoux
devant sa
maîtresse,
a fille
l'implorait
e la
garder
t
d'attendre e retour e son
père
avant de la
mettre la
porte,
mais selon e
témoignage
e la
voisineelle fut hassée.
Cette nformationur la situation
es filles mises en service
nous est
transmise ans une série de
témoignages
âlois20.
19.
K.
Wesoly,
ehrlinge
nd
Handwerksgesellen
m
Mittelrhein.hre
oziale
Lage
und hre
Organisation
om
4. bis ns17.
Jahrhundert
Francfort
/M.,
985,
pp.
2-84 A.
Griessinger,
.
Reith,
Lehrlinge
m eutschen
andwerkes
usgehen-
den 8.Jahrhunderts.rbeitsorganisation,ozialbeziehungenndlltäglicheonflikte,
Zeitschrift
ür
istorische
orschung
3, , 1986,
p.
149-199.
20. K.
Simon-Muscheid,
Frauenarbeitnd
Delinquenz
m
pätmittelalterlichen
Basler
extilgewerbe
,
dans ine
tadt er
rauen.
uellen
nd
tudien
ur
Geschichte
derBaslerinnen
m
päten
ittelalternd
u
Beginn
er
Neuzeit
13.-17.
ahrhundert
>
H. Wunder
d.,
Bâle/Francfort
/M., 995,
p.
2-98.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 112/165
INDISPENSABLET
CACHÉ 107
Comme nous l'avons
constaté,
e travail es
enfants tait
ndispen-
sable en milieurural insi
qu'en
milieu citadin.
Mais,
en même
temps,
le
travail
des enfants ontribuant l'économie
familiale,
t celui des
enfants
lacés,
ont aissé
peu
de traces.Le travail
uotidien
n'est men-
tionné
que
dans des circonstances
xtraordinaires,
ors d'un accident
par exemple.
Quant
aux
autobiographies ue
nous
venons
d'analyser,
elles révèlentdes
aspects
de la vie
privée
et,
dans
ce
contexte,
es
conditions e travail.Les archives
udiciaires,
n
revanche,
nous
four-
nissent
es informationsiches ur
«
la violence au
quotidien
entre e
patron
t
l'apprenti
les conflits clatent
cause du mauvais traitement
des apprentis, u travail t du salaire. De plus,les archivesudiciaires
nous
aident découvrir
e travail
es filles
placées
ou mises en
service,
encore
plus
difficile découvrir
ue
celui des
garçons.
Katharina
Simon-Muscheid,
Historisches
eminar
Universität
Basel,
Baslerstrasse
35,
CH
4123,
Bâle,
Suisse
Indispensable
et caché. Le travail
quotidien
des enfants u bas
Moyen Âge
et à la
Renaissance
4
Au bas
Moyen Âge
et à la
Renaissance,
e
travail es enfants tait
commun t ndispensable. rèstôt, es filles t les garçons ontri-
buaient l'économie familialed'une
manière u d'autre.Mais ce
travail
uotidien,
on
payé,
a
laissé
peu
de
traces,
ouvent
l
n'est
mentionné
ue
dans des circonstances
xtraordinaires
omme,
par
exemple,
des accidents t des conflits.
Enfance
-
travaildes enfants économie familiale
apprentis-
sage
(garçon,
fille)
-
enfants
lacés
-
servantes
Indispensable
and hidden. The
daily
labour of children
In the Late Middle
Ages
and theRenaissancechild labourwas
common and indeed
ndispensable.
rom
an
early age,
girls
and
boys
contributed
o their
amilies' ncome n various
ways.
Des-
pite
its
common
occurence,
hild
labour,
often
unpaid,
s docu-
mented
n the
ources
only
n
the ontext f
special
circumstances
such
as,
for
example,
accidents nd conflicts.
Childhood child abour
-
household
conomy
apprenticeship
(male, female)
-
fostering
f
children servants
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 113/165
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 114/165
110
R.PARIS
qui peigne
ou carde a
laine,
cardeur
«
battilana
, soit,
tymologique-
ment,
atteur e
laine]
».
Second
point
cquis,
a
datation u terme
ui
semble avoir fait on
apparition
ans le
parler
florentin
l'époque
de la dictature u
duc
d'Athènes,
Gautier
e
Brienne,
equel,
chassé
par
e
soulèvement u 26
juillet
1343,
y
aurait
aissé,
outrede mauvais
souvenirs,
'héritage
'un
mot
«
compaire
ou
«
compar
,
compère,
dont aurait
procédé
notre
«
ciompo
».
Il
y
a
là,
toutefois,
ne
assimilation
inguistique
difficile,
inon
impossible
le
passage
du
k
au č ne
se faisant
pas,
en
toscan,
devant
les voyellespostérieuresa, o, u), on voit mal comment uk de « com-
paire
»
ou
«
compar
les Florentins
uraient
u
tirer
e
č
(ou tch)
de
«
ciompo
». Il
n'est
pas
inutile,
n
revanche,
e
souligner
ès mainte-
nant
que
Marchionne i
Coppo
Stefani,
nventeur e
cette
étymologie
qui
a fait
florès,
nous
présente,
ans sa
Cronaca
fiorentina
le mot
français
dans deux
contextesdifférents soit
que
Gautier
harangue
démagogiquement
a
«
plèbe
»
en lui donnant e
«
titre ienveillant
de
«
compaire
,
soit
que
les soldats
français
raternisent
vec le
petit
peuple
en l'invitant u
cabaret
«
Compar,
llois à boire »3.
Ce dernier
contexte,
lus
convivial,
nous
sera,
en
effet,
'un
grand
ecours.
Ma
première
ypothèse
m'a été
suggéréepar
le
Dizionario
della
lingua taliana de G. Devoto et G. C. Oli qui donne du mot« ciompo»
la
définition t
l'
étymologie
ue
voici,
traduites e l'italien
«
Ciompo,
.
m.,
1.
Salarié,
mployépécialisé
e l'Art e la
Lainedans
la Florence u xive
iècle.2.
fig.
Homme e la
plèbe
croisement
'un
onomatopéique
ci...n
"sautillant"vec
«
zompo
(cf.)]
4.
N'insistons
pas
sur la
faiblesse
heuristique
e cet
«
onomatopéi-
que
»
pour
nous
reporter
ussitôt la
définition e
«
zompo
»
(qui pro-
cède
d'évidence de la même
origine
ue l'anglais «jump
»)
:
« Zompo, . m.,dialecte omain.aut nattenduténergique5.
Le
passage
du z
de
«
zompo
»
au
"ci" de
«
ciompo
»
que suggère
Devoto
pourrait
e
pas
faire
problème.
l
est
amplement
ttesté,
ar
exemple,
dans le
Dizionario
del
dialetto
veneziano
de
Giuseppe
Boerio
auquel 'emprunte
es
correspondances
uivantes u toscan u vénitien
«
Ciabatta
Savate]
Zavata
Ciabatteria
Chose
de
peu
de
prix]
Zavatae
,
et,
bien entendu
3.
Cf.,
espectivement,
.
Vivanti,
La storia
olitica
sociale,
all'avventoelle
signorie
ll'Italia
pagnola
,
dansR.
Romano,
.
Vivanti,
ir.,
toria
'Italia
vol.
I,
t.
1,
Turin,
974,
.
280 tn.3 A.
Stella,
op.
it.,
p.
9-62.
4.
G.
Devoto,
. C.
Oli,
Dizionario
ella
ingua
taliana
Florence
1971,
.
487.
5.
G.
Devoto,
.
C.
Oli,
op.
cit.,
.
2
709.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 115/165
LES
«
CIOMPI :
CARDEURS,
OULONS,
ÂTARDS 111
«
Ciomperia
opera
malfatta)Zavatada cosa sciocca o
scipita)
, où
l'on
peut
bserver n
égerglissement
e sensd'«
œuvremal faite
à
«
chose
tupide
u
insipide
6.
Ce
qui
peut
faire
problème,
'est
l'emprunt,
e
passage
en
toscan
d'un
terme,
zompo
»,
qui
appartient
u dialecte romain.
On écartera
donc cette
étymologie.
Mais un
autre
dictionnaire,
elui de
Candido
Ghiotti,
a nous offrirci
une solution
pparemment
lus
satisfaisante
avec le verbe
«
zombare
qui,
lui,
appartient
u
toscan
«
Zombare,
. tr.
toscan)
battre,
rapper,
osser
7.
Jouant es
correspondances
t
des
glissements
e sens du
Dizio-
nario
de
Boerio,
nous
pouvons
enrichir
otredéfinition
«
Zombare,
tose.)
Bastonàr, rzàr,
Pestàr
Bâtonner,
attre,
iéti-
ner]
8,
et retrouver
ême,
ar
e détour u
verbe Orsar
Tasser
vec
une
hie,
'est-à-dire
amer]
9,
es
gestes
'un
métier.
L'on
peut
dès lors se demander
i ceux
que
nous
avons commo-
dément
ésignés
du nom
de
«
cardeurs
ne seraient
as plutôt
es
«
fou-
lons ».
Plusieurs
motifsmilitent n ce sens.
Et
d'abord,
comme e
rap-
pelle AlfredFranklindans son précieuxDictionnairehistoriquedes
arts
métiers t
professions
la
confusion,
ongtemps
ntretenue,
ntre
les deux
métiers
«
Il est
probable
u'ils
[les cardeurs]
estèrent
endant
fort
ongtemps
nis aux
foulons,
t l'on ne saurait
dire à
quelle
date ls
commencèrent
former ne
communauté
ndépendante
.
Si,
à
Paris,
les foulons e
constituentn
corporation
ès
1257
n,
il
faut e
reporter
à une
Liste
générale
et
rôles de tous es arts
et métiers
...]
distingués
en
cinq
rangsf
elon la bonté t a
valeur ďiceux
pour
trouver n
1586 :
«
4e
rang,qui
sont es métiers
'entre es médiocres
t les
petits
[...]
Foulons
-
aplanyeur
e
drap
[...].
5e
rang,qui
sont es
petits
métiers
[...]
cardeur n. Mais
joue
aussi
l'analogie
entre es
techniques
si
les
cardeursdémêlent a laine avec des cardes,c'est-à-diredes peignesà
dentsde
fer,
es
foulons,
omme
on va le
voir,
utilisent es
chardons,
-
ces
mêmes hardons
u ces cardes
uxquels
nous renvoie
'
étymologie
de
«
cardeur . Et
pèsent
urtoutes
images,que
l'on
pourrait uperpo-
ser,
des hommes leur
travail.
Voici les
«
ciompi
»
tels
que
les
peint
dans sa
Cronaca Alamanno
6. Cf. Indice
taliano-venetodans
.
Boerio,
izionario
el
dialetto
eneziano
Venise,
856,
éimpr.
lorence,
983,
p.
7-28,
insi
ue
«Zavatada», izionario...,
op.
cit.,
.
808.
7. C.
Ghiotti,
l Novissimo
hiottied. urataa
G.
Cumino,urin,961, .
1255.
8. « Indicetaliano-eneto,od.cit., .152.9. « Orsar
,
G.
Boerio,
izionario...,
p.
cit.,
.
455.
10. A.
Franklin,
ictionnaire
istorique
es
rts,
métierst
professions
xercés
dans
aris
epuis
e
Treizième
iècle
Paris-Leipzig,
905,
.
126.
11.
d,
bid.,
.
337.
12.
d,
bid.,
p.
11-213.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 116/165
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
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LES
«
CIOMPI
:
CARDEURS,OULONS,
ÂTARDS 113
-
mépris
ffectueux,
i l'on veut... Je
pose
donc
que
mon informateur
a
pu
mal
entendre
t
'imagine
cette autre
phrase
«
Champi,
allois
à
boire
».
Certes,
e
vois bien
l'objection que
me feraun familier e
George
Sand
:
vous
imputez
aux hommes de Gautier de
Brienne,
dont vous
ignorez 'origine,
un terme errichon Mais si
«
champi
a été effec-
tivement emis la
mode,
dans un contexte
errichon,
ar François
le
Champi
1850),
il
s'agit
à,
comme e
rappelle
Littré,
qui 'emprunterai
certainsde mes
exemples,
d'un terme
ncien17,
'une extension
plus
large,
dont
'usage
est attestédu
xive
au
xvr
siècle
et
que paraissent
ignorer, u fait ans doute de sa connotationnjurieuse, ant e Thrésor
de la
languefrancoise
tant ncienne
que
moderne
e Jean
Nicot
1621)
que
le Dictionnaire
de Furetière
1685),
voire e Dictionnaire
tymolo-
gique
de
F.
Noël et
L.
J.
Carpentier,
ontemporain ourtant
u roman
de
George
Sand18.
Il
n'est
pas
sûr,
du
reste,
que
«
champi
ait
désigné
en
priorité,
comme e
suggèreGeorge
Sand,
'enfant
rouvé abandonné erait
lus
juste
-
au bord de
quelque champ.
L'un des
premiers émoignages
u
terme,
até de 1390
(A.N.,
JJ
139,
pièce
75),
verrait n effet ans
le
champ
non tant e lieu de la découverte
ou
de
l'abandon),
que
celui
de la
conception,
e
qui soulignerait
e caractère
llégitime,
a bâtardise
du « champiz , « (enfant onçudans es champs)bâtard 19. t si,dans
les
exemples rapportés ar
Du
Cange, l'expression
«
fils de moine
»
(ou
«
fils de
prêtre
)
attestebien l'anticléricalisme
opulaire
de ces
siècles
chrétiens20,
lle n'en confirme insi
que
mieux cette
llégitimité
et son caractère nfâmant.
Ainsi,
pour
e
xive
siècle
:
«
Le
quel
Dousset
respondit njurieuse-
ment u ditRemea
qu'il
avoit
faussement
menti ommemauvaischam-
pis
filz
de moine
»
et,
surenchère ans
l'injure
«
Jehan
ppela
le dit
Jordanet ilsde
champisse
; et,
pour
e xve iècle :
«
Lesquels
vindrent
contre es
fils et varletsdu
suppliant,
n les
appelant champilz
et,
derechef, Champis qui
vaut autant dire
que
filz de
prestre
u d'un
hommeet femmenon mariez 21.
llégitimité
ont a
marque perdure,
sous la
plume
ď
Agrippad'Aubigné,
témoin
inguistique
ardif u
xvr
siècle,
dans cette évocation
d'une ascension
sociale,
de l'état d'exclu
17. É.
Littré,
ictionnairee a
langue
rançaise
Paris, 963,
ome
,
p.
105.
18.
F.
Noël,
L.
J.
arpentier,
ictionnaire
tymologique,ritique
historique
anecdotique
t ittérairecontenant
n
hoix
'archaïsmes,
e
néologismes,'euphémis-
mes...
our
ervir l'histoiree la
Langue
rançaise
Paris,
857
où
'on aurait
u
espérer
rouver
champiparmi
es
«
archaïsmes
).
19. Trésore a languerançaise,.V,Paris, 977, .491, uirenvoieu vol.
de
F.
Godefroy,
ictionnairee
'ancienne
angue
rançaise
tdetous
es
dialectes,
u
ixe u XV iècle
Paris,
881-1902,
0vol.
20. Cf.J.
Le
Goff,
a civilisatione
'Occident
édiéval
Paris,
967.
21.
Littré,
p.
it.,
es
xemples
ont
mpruntés
u
exicographe
harles
ufresne
Du
Cange
1610-1688).
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 118/165
1
14
R.
PARIS
du
«
champis
à la
dignité
a
plus
haute «
Qu'eust-il
dit de voir son
fils de
champis
capitaine,
de
capitaineprince
ouverain
»22.
«
Champi
»,
ou bien
bâtard
l'hypothèse
d'un
emprunt
rançais
(«
ciompi
»
<
«
champi
)
est
«
autorisée
ici
par
cette
remarque
de
Gerhard
ohlfs
«
Les formes
iambellano
italien
amarlingo
,
cialday
cera
(ciera)
< chière
<
cara
vieil italien
ciausire, ciambra,
dérivent
toutes
du
français
23.
l n'est
plus
dès lors
que
d'imaginer,
e
se sou-
venirde
certains
sages
détournés
e
l'insulte,
producteurs
e
compli-
cité,
e
«
bastard
de
Shakespeare
ou
de certains
westerns),
our
com-
prendre
omment,
e
l'hommede
troupe
l'homme
de
rien,
ettedéno-
mination e « champi pouvait treprésente,t mêmes'imposer,dans
un
contexte
e convivialité
ondescendante.
Post-scriptum
Le texte
ui précède
était
déjà
écrit
orsque
Alessandro
Stella
m'a
gentiment
ignalé
un
passage
des
«
Aggiunte
nonime
alla
cronaca
di
A.
Acciaioli
»
qui
vient onforter
a
thèse
développée
ci-dessus
«
Ce
fut
gent
sans
scrupule,
oncussionnaires,
oleurs,
cardeurs
[battilana],
emeurs
de
mal et
gent
dissolue
et de
toute
sorte,
de
méchante ondition ...] ; tous gens de hasard,eux-mêmes, orsqu'on
leur
demandait,
e
savaient
d'où ils
étaient
enus,
ni
de
quel
pays
[...],
et l'on
vit ensuite
lairement
leurs
procès
qu'il n'y
en
avait aucun
de
famille
ni aucun
citoyen
de bonne
souche
»
4.
Je serais
tenté
mon
tour
de verser
ne nouvelle
pièce
à ce dossier
en
évoquant
-
avec
Antonio
Gramsci25
cette
fresque
du
xr siècle
qu'on peut
voir en
l'église
San Clemente
de
Rome.
La
scène,
que
contemple
aint
Clément,
eprésente
es serfs
irant
ne colonne
tandis
qu'un
contremaître
es
encouragepar
ces
mots
«
Fils
de
putes,
irez
.
Le
travail,
marque
ou
stigmate
e
la bâtardise
22. A.
d'AuBiGNÉ,
onfession
e
Sancy
dansJournal
'Henri
/,
.
I,
lre
artie,
Cologne,720,ité ar ittré,bid.
23.
G.
Rohlfs,
rammatica
torica
ella
ingua
taliana
dei
uoi ialetti.one-
ticatrad,
i S.
Persichino,
urin,966,
.
200,
n.2.
24. C'est
moi
ui
raduit.
25. Cf.
A.
Gramsci,
ahier
(IX),
123,
ahiers
e
prison,
ahiers
à
5,
Paris,
1996,
.
483
tn.
2.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 119/165
LES
«
CIOMPI :
CARDEURS,OULONS,
ÂTARDS
115
Robert
Paris,
É.H.É.S.S.,
54,
boulevard
Raspail,
F-75270 Paris
Cédex 07
Les
«
Ciompi
»
:
cardeurs,
foulons,
bâtards ?
Les
tumultes lorentins e 1378 ont
pour
protagonistes
es tra-
vailleurs de la
laine connus sous
l'appellation
péjorative
de
«
ciompi
». Daté de 1'«
occupationfrançaise
de
1342-1343,
ce
terme rticule n
groupe
de métiers t un état ocial.
Après
avoir
discuté es
étymologies
vancées
usqu'ici,
on
propose
une nou-
velle
hypothèse
«
ciompi
»
procéderait
u
français
champi
,
la bâtardise onnotant'obscuritéde ces petitesgenset le mépris
où on les tient.
Bâtardise
Ciompi
-
Florence
laine
-
tumulte travail
The
«
Ciompi
»
:
Carders, Fullers,
Bastards
?
The main
protagonists
f the Florentine
prisings
f 1378 were
thewoolen
workers,
erogatorily
amed
ciompl.Dating
from he
«
French
ccupation
of
1342-1343,
this
erm
esignates group
of crafts s well as a social
status.After
having
discussed the
possible etymologies, he authorproposes a new hypothesis
ciompi may
derive from he Frenchterm
hampi,meaning
bas-
tardy
nd so
connoting
he obscureness f these
humblefolk nd
the
contempt
withwhich
they
were
regarded.
Bastardy Ciompi
-
Florence wool
-
tumult work
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 120/165
Médiévales0, rintemps996,p. 17-137
Peter
VON MOOS
OCCULTA CORDIS.
CONTRÔLE
DE
SOI
ET CONFESSION AU MOYEN ÂGE
(
suite
*
II. Formes de la
confession
Le
concept
des occulta cordis
-
l'invisibilitédu Moi intérieur
comme
donnée ou comme
exigence
-
constituait,
u
Moyen
Âge,
un
modèle
de
comportementui prônait
vanttout
e silence et le contrôle
de soi. Comment e mettre nrapportvec unautre déal,apparemment
contraire,
elui de la
confessio
de
l'expression
adicalement incère es
propresexpériences
subjectives
On
peut
d'abord constater
ue
les
deux visions ont au moins un
point
commun le
«
secretdu
cœur
y
est
négativement
onnoté.Ce
qu'il
faut,
oit
garder
our
oi,
soitconfes-
ser,
ce sont es
faiblesses,
ouffrances t
péchés
intimes et
puisqu'il
n'y
a
que
Dieu
pour
les
voir,
pour
entendre es
paroles
de
plainte
ou
d'aveu,
la
dissimulation evant es hommes t la
franchise evantDieu
fontbon
ménage.
Beaucoup
de
récits
historiques, agiographiques
t
autobiographiques
u
Moyen Âge,
en
particulier uand
ils traitent u
deuil des
défunts,
montrent n
modèle de
comportementue
saint
Augustin, e premier, décrit de façon
exemplaire
en
évoquant
ses
sentiments
près
a mort
e sa mère
Confessions
IX,
12).
Ce
modèle
consiste dans un
mouvement llant d'une radicale maîtrise e
soi
en
public
à
l'effusion ans réservedes
sentiments
ans la
solitude
J'adoucissaisne orture
ue
vous
onnaissez,
ais
u'eux
ne
soupçon-
naient
as
... ils
s'imaginaientue e
n'avais
pas
de
chagrin.
ais
moi,
près
e votre
reille,
à où nul
d'entre ux ne
pouvait
ntendre,
e gour-
mandaismon
œur 'être
i
faible,
'essayais
de
contenir
e
flot e
ma
douleur,
e
réussissais le
refouler
eu
à
peu
mais
l
reprenait
onélan
sans
ue
cela
allât outefois
usqu'au
aillissement
es
armes,
i à
l'alté-
ration e monvisage.Jesavais,moi, out e que e comprimaisans
moncœur... uis ce fut 'enterrement.
'y
allai
j'en
revins ans une
*
Première
artie
ansMédiévales
°29,
Automne
995,
p.
131-140.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 121/165
118
P.
VONMOOS
larme...
as
même u momentes
prièrese
ne
pleurai.
Mais
pendant
toute
a
ournée
e
sentais
ans e secret e moi-même'accablement
e
ma tristesse... ais
quand
'étais
seul au lit...
e
sentis a douceur
e
pleurer,
n votre
résence,
urma mère t
pour
lle,
urmoi t
pour
moi.
Je
donnai
ibre ours ux
larmes
ue
e
contenais,
e
les
laissaicouler
tant
u'elles
voulurent.
Outre
a
motivation
e saint
Augustin
respecter
n tant
ue prêtre
la foi des ouailles
-,
il
y
avait bien d'autres raisons
de refouler es
sentiments
;
je
n'en
voudrais elever
ue
la
plus
saillante,
elle connue
sous le nom de
«
joie
de cour
».
Cet idéal altruiste 'harmonie t de sérénité ommunautaire 'est
pourtant oint
réservé la
seule cour. Un des
plus
beaux
exemples
de
cet
déal
se
trouve,
u
XIe
iècle,
dans
le
poème
germano-latin
u Ruod-
lieb.
Une
scène située
ustement
ans le monde
précourtois,
lutôt
ural
et
domestique,
montre
e
départ
du
jeune
héros,
pour
'aventure
ui
le
mènera
plus
tard à
la cour du
«
grand
roi
». Toute la
familia
mais
surtouta mèrede
Ruodlieb,
ouffre e cette
éparation.
renant
ongé
de son
fils,
elle
reste
cependant
d'une
contenance
proprement
irile.
Réprimant
a douleur
profonde,
lle
va,
sans une
larme,
éconforter
es
domestiques
ui
accourent
our
a consoler
I,
58-59)
:
Quae simulandoperrtpremitltum ordedolorem,
Consolaturos dum
male e černit abere.
Les notions e
«
simulation et de
«
dissimulation
,
que
l'on ren-
contre rès ouvent
dans de semblables
contextes,
'ont rien
de mora-
lement
répréhensible.
lles
indiquent
de
façon stéréotypée
e
même
constant
apport
u
public
au
privé,
de la
sauvegarde
du
decorum ivi-
lisé
(ou
politesse)
à la violence
d'une émotion
ui s'épanche
dans
les
coulisses.
Lorsque
Dante,
dans
sa Vita nuova
(31,
v.
52
sq.), évoque
la
perte
de
sa
bien-aimée,
l
utilise
a même
dialectique
sociale en
l'inté-
riorisant,
n la
remplaçant ar
les deux
pôles subjectifs
e la honte t
de la plainte
...
E
si
fatto
ivento
Che dalle
genti
ergogna
mi
parte.
Poscia
piangendo,
ol nel mio amento.
La
«
vergogne
le
sépare
du monde social
;
les
larmes e rendent
solitaire.
L'intimité,
ui
permet
'effusion u
sentiment,
e
se
confinait
our-
tant
pas toujours
ux
quatre
mursd'une cellule.
Souvent,
dans les des-
criptions
e scènes de
deuil,
les
affligés
ont
montrés n
compagnie
d'amis ou de confidents. ernard e Clairvaux e laissa aller à déplorer
la
perte
de son frère
arce qu'il
étaitentouré
e ses moines
familiers,
1 Je es ai énumérées
ansmathèse ur e deuil t
a consolationConsolatio
4
vol.,Munich,ink,
971-72.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 122/165
OCCULTA
ORDIS
11
et
cela,
au milieu d'un sermon ur le
Cantique
des
Cantiques
dont l
semble
perdre
e
fil, ombant,
omme
l
dit,
dans une
«
confession ra-
ternelle du
chagrin ui l'oppresse.
l
transforme
insi en oraisonfunè-
bre ce
qui
auraitdû être une homélie sur
la
joie mystique2.
ierre e
Vénérablede
Cluny,
dans le récit
u'il
faitde
la vie de sa
mère,
aconte
la scène suivante durant 'enterrement
e son
mari,
lle resta mmobile
au milieu des lamentations
énérales,pratiquant
ne
«
dissimulation
exemplaire.
Mais,
la nuit
uivante,
lle retourna landestinementu lieu
de
sépulture,
ommeNicodème
quand
il
s'est rendu hez
le
Christ.
lle
étaitseulement
ccompagnée
d'un moine
prêtre,
vicaire du Christ
.
Arrivée u tombeau, lle se eta dessus enpleurantt confessa espéchés
communs ommisdurant e
mariage.
Pierre
e Vénérable e livreà des
métaphores
xubérantes
ui évoquent
a
pluie
et l'inondation3
O
inaudita evotio
sepulcrumoniugis
diit t
clam
universis
resente
tantumam dictomonacho
e
supra
llud
roiecit
t lacrimarum
onte
laxato,
argis
llud
mbribusnundavit.
Ce n'étaient
cependant
pas
seulement es
affects,
ue
l'homme
médiéval
devait cacher devant utrui t
ne
pouvait
montrer
u'à
Dieu
seul :
dialectique,qui
harmonisait
isémentcode social et code reli-
gieux.Une toutautre ogique, inquiétante t mêmeterrifiante,égnaitsur es secrets u
péché,
urtout u
péché
mêléà 1' ffect. n ce
domaine,
l'alternative ommode
ntre
'intérieur
t
'extérieur,
e
paraître
t
'être,
n'avait
pas
prise.
Au
contraire,
epuis
e
motde
l'apôtre
«
Confessez-
vous l'un à l'autre vos
péchés
»
(Epître
de
Jacques
5,
16),
ce secret
du
cœurn'était
plus
entièrementffaire
rivée
t réservée l'œil de Dieu.
Il
n'empêche que
la connaissancevéritable t
intégrale
es
péchés
de
chacun demeurait
n
monopole
divin.
L'obligation
consistait dire ses
propres échés,
t non
pas
à scruter eux
ď
autrui,
même si la différence
nous semblemince.
Dans l'histoire e la
confession,
n
constate n ent
et constant
processus
de
privatisation.
e
premierparadigme
en
fut,
comme on sait, a correptio ublica la « pénitence ublique», la révé-
lation olennelle t
unique
du secret e la
culpabilité ersonnelle
evant
la communauté
éunie,
cte de
grande
humilité,
e
plus
souventremis
aux dernières nnées ou
même aux derniersmoments
e la vie.
Puis,
e monachisme
nstaurae
colloquium
raternum,
'aveu
confi-
dentiel t
régulier
evant 'abbé ou devant
des frères lus.
Il
devait
voir
lieu au moins
«
avant e coucherdu soleil
»
du
our
où le moine
péchait.
Ce modèle
s'est
peu
à
peu
répandu
n dehorsdes
couvents.
À
partir
u
IXe
iècle au
plus
tard,
'institutionnalisa
à des
rythmes
ifférents
elon
les
régions
la
confession
rivée,
de bouche
à
oreille,
u
prêtre
enant
de Dieu le
pouvoir
d'absoudre. Mais
il
faut
souligner u'au-delà
du
2. Ibid. ol.
,
pp.
78-330..
Bernardi
pera,
ol.
,
Sermones
uper
antica
Canticorum,
.
eclercq
et
l.)
éd.,Rome, 957,
°26,
p.
169-181.
3. Consolatio
op.
it.,
ol.
,
pp.
24-259.
he etters
f
eter he
Venerable,
ol.
I,
G.
Constable
d.,
Harvard
P.,1967,
p.
53,
p.
160.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 123/165
120
P.
VONMOOS
caractère fficiellementacramentel e cette
pénitence,
'un des
prin-
cipaux objectifs
de l'institution tait d'atteindre ne humiliation oute
spécifique.
L'homme
médiéval,ou,
pour
être
plus précis,
'aristocrate
médiéval,
tait vant touthabitué sauver es
apparences, s'appuyer
sur
'honneur
'une
lignée
et à
jouer
en société un rôle altier
ui
l'obli-
geait
u contrôle e la
langue,
la
dissimulation
t au
«
secret u cœur
»,
comme nous l'avons dit.
Or,
dans la
confession,
et homme e trouvait
contraint 'inverser on code moral
il
devait,
sans
réserve,
e mettre
à nu en
disant 'indicible social. Cela
pouvait
être une
exigence
terri-
fiante,
emandant n ascétisme
xtrême,
uisqu'il
fallait
xceptionnel-
lement xprimere qu'on taisaithabituellement.lus la hontepublique
est
crainte,
lus
la mise à nu du Moi est une souffrance. a confession
privée
vait
par conséquent
a fonction
'alléger
a
peur
de l'humiliation
publique
demeurant n
secret ntredeux
êtres,
lle
facilitait
a
sincé-
rité de
plus,
si les
pécheurs
taient es
personnages
aut
placés
comme
des
évêques
ou des
cardinaux,
lle
préservait
a société ou
l'Église
du
scandale. Le mode
privé
de la confession fut donc à
l'origine
une
concession à la faiblessehumaine.Ce ne sera
cependant as toujours,
comme
nous
le
verrons,
on
caractère e
plus frappant.
Il
seraitévidemment éméraire e vouloir résumer
ci,
ne fût-ce
qu'en
ébauche,
'histoire
de la
confession travers
es siècles4. Mais
nouspouvonsessayerd'en illustrere développement énéral, n oppo-
sant
quelques
moments
marquants
u
début t de
la fin
du
Moyen Age
;
car cette
évolution
e divise
grosso
modo
en
deux
longues périodes,
entre
esquelles
la
frontière,
oire a
rupture,
st constituée
ar
un évé-
nement nstitutionnel
récis l'obligation
pour chaque
chrétien,
ous
peine
d'excommunication,
e se confesser
Pâques
ou au moins une
fois
par
an
(paragraphe
1 du ive
concile du
Latran
de
1215).
On
a
souvent,
t à
juste
titre,
elevé e fait
qu'il
n'y
a
guère
eu en
Occident
de mesure
plus
ncisive,
lus
influenteur a
psychologie
ollective
ue
ce
simple
acte de
législation,
t
qu'aucune
autre
religion
n'a,
depuis,
attribué ne telle valeur à la confession
étaillée
et
répétée
de tous es
péchés,réussissant insi à transformer
rofondément
es consciences t
à stabiliser
a
propre
nstitution. 'est
pourquoi
l
n'est
pas
inutile
de
comparer
e
que
la confession
été avant t
après
ce
tournant
istorique
de 1215.
À
l'origine
de cettehistoire
ipartite,
ous
voyons urgir
e
grands
directeurs e conscience
Jean
Cassien,
commemaître u
monachisme,
et
Grégoire
e
Grand,
omme maître e
l'activité
pastorale.
Ce sontdes
4.
Cf.
ar
xemple
.
Delumeau,
'
aveu t e
pardon
Les
difficultés
e a
confes-
sion,
IIIexvuriècle
Paris,
ayard,
990
Id.,
Le
péché
t a
peur
La
culpabilisation
en Occidentiir-xvnrièclesParis, ayard,983,h. I,6 P.J. ayer, ex nd he
Penitentials,
he
Developmentf
Sexual ode.
00-1150
Toronto/Londres,
984
P.
Michaud-Quantin,
ommese
casuistique
tmanuelse
confession
u
Moyen ge
(xir-xvr
iècles
,
Louvain/Lille/Montréal,
962
C.
Vogel,
Pécheurt
pénitence
ans
l'Église
ncienne
Paris,
erf,
966,
e
pécheur
t a
pénitence
u
Moyen ge
Paris,
Cerf,
969.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 124/165
OCCULTA
ORDIS
121
génies
de
l'introspection,
ue
l'on
pourrait,
insi
que
cela a été
fait,
considérer
um
grano
salis
comme des
précurseurs
ointains e
la
psy-
chanalyse.
Freud,
ependant,
istinguaitxpressément
on invention e
la
confession,
n affirmant
ue
cette
dernière e dévoilait
ue
des fautes
conscientes
t
que
la
psychanalyse,
eule,
s'occupait
des tares ncons-
cientes.Je
ne suis
pas
sûr
qu'il
aurait outenu
ettedistinction
'il avait
lu ces
deux auteurs
patristiques5.
l
est curieux
à cet
égard
de
citer e
motde Cassiodore
sur 'art
socratique
e JeanCassien6
«
D'une
façon
si
géniale
il
fait deviner...
es mouvements
nocifs
de
l'âme,
qu'il
contraint'homme
à voir
clairement t à éviter
es fautes
u'il ignorait
auparavant, ans la confusion e son brouillard ntérieur. Cassien et
Grégoire
e
sont
profondément
ngagés
à trouver
ne méthode
pte
à
décharger
'âme,
à l'affranchir
'elle-même,
fin
de la mettre l'aise
dans
l'approche
du sacré. Leur
principale
préoccupation
st,
au
fond,
de combattre
e
que
Freud
appellera
es mécanismes
de
défense,
t en
premier
ieu le refoulement.
assien
parle
du feu
qui
continue brûler
à l'intérieur
omme une braise
cachée,
pour
désigner
a
maligna
taci
turnitas
le mutisme
rrogant
u le
silence
hypocrite ardé
ur
une haine
profondément
nracinée.
Grégoire,
e son
côté,
se
sertde
l'image
du
hérisson,
uand
il
décrit
'âme
«
qui
se
réfugie
n elle-même
,
accu-
mulant es sentiments
ous une
carapace
mpénétrable
t sans
ouverture,
envenimanta vie en société7. L'un et l'autre s'attaquent l'ascèse
purement
xtérieure,
ui
ne
s'accompagne pas
d'une
mutation nté-
rieure,
t
ls
proposent
es
techniques
xtrêmement
ubtiles
our
détec-
ter es
vices cachés derrière
es vertus
pparentes
t affichées.
'objec-
tifde leur
thérapie
st essentiellement
eligieux.
l
s'agit pour
eux bien
plus
de libérer
'âme des contraintes
u
mal,
grâce
à
l'intelligence
uto-
analytique, ue
d'établir
un rituel
d'expiation
et de
pénitence.
Cassien destine
es
Conférences
t ses Institutions
énobitiques
5. Jean
assien,
ollationes,
SEL
13,
886
Institutiones,
SEL
17,
888 Gré-
goire
e
Grand, egula astoralis,L,
77 S.
Freud,
ie
psychoanalytische
echnik
(dans brisser sychoanalyse,940),ischertudienausgabe,rgänzungsbandSchrif-
ten
ur
Behandlungstechnik
Francfort,
975,
p.
12-424. oncernant
'empirisme
hé-
rapeutique
e
Grégoire
f.C.
Dagens,
aint
régoire
e
Grand,
ulture
t
expérience
chrétiennes
Paris,
977.
e
mets n umière
'aspect 'introspection
t
d'intériorisation,
typique
our
'évolutione a
patristique
tdu
xir
iècle,
our
mieux
e
distinguer
e
l'institutionnalismeltérieur.
ansune utre
erspective
out
ussi
égitime,
lusieurs
travaux
'A.Hahnmettentnrelief
'impact
e toute
'histoiree a
confessionur
e
développement
e
'
uto-analyse
nOccident
«
Zur
oziologie
er eichte
nd nderer
Formennstitutionalisierter
ekenntnisse
Selbstthematisierung
nd
Zivilisationspro-
zess
,
Kölner
eitschriftür
oziologie
.
Sozialpsychologie
34, 1982,
p.
08-434
«
La
sévéritéaisonnableLa doctrine
e a confession
hezBourdaloue
,
Biblio,
7,
1984,
p.
19-43
«
Identität
nd
elbstthematisierung
,
dans
elbstthematisierung
nd
Selbstzeugnis
éd.
A. Hahn t V.
Kapp,
rancfort,
tw.
43,
1987,
p.
-24
«
Beichte
und herapiels Formener inngebung,dans ieSeele,hreGeschichtemAben-
dlandéd.G.Jüttemann
t l
, Weinheim,
991.
6. De instit.iv.
it.
9,
PL
70,
ol. 1144 ... his
vitiis)
oxios
otusnimae
ta
competenter
nsinuât,
t
xcessusuoshominem
aene
idere
aciat
t
vitare
ompellat,
quos
ntea
onfusione
aliginisgnorabat.
1.
Collationes,
p
cit.,
6.18
Regula astoralis,p
cit.,
.
11.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 125/165
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 126/165
OCCULTA ORDIS
123
Moyen
Âge.
Mais,
pour
ne
pas s'y tromper,
l
convient
d'ajouter
que
les
leçons
qu'on
en a tiréesne sont
pas
nécessairement
elles,
essen-
tiellement
hérapeutiques,ue
leurs
auteurs nt voulu
enseigner.
l
faut
souligner
ci
que
l'influencede la
méthodologie régorienne
été sur-
toutdécisive
pour
e droit
anon,
qui s'appropria
ette
echnique
ation-
nelle
d'analyse
de
chaque
cas
particulier
t de ses
circonstances,
our
en faire a base d'un
système
e taxation t de
classification,
ui,
comme
on
sait,
devint e
plus
en
plus compliqué usqu'à
aboutir une véritable
discipline cientifique, pécialisée
dans la
casuistique
des
péchés
et de
leurs
peines respectives.Déjà
dans les
«
comptabilités
de ce
qu'on
appellele « système arifé , on voit es objectifs orrectionnelse rap-
procher
des
considérations
énitentielles,
e
juge
se mettre la
place
du
père spirituel.
a
pénitencey
devient matière
uridique
et même
arithmétique.
On a
pris
'habitude
de
décrire
e
développement
e
la
pénitence
médiévale
uniquement
ommeun
processus
d'intériorisationla confes-
sion
tarifée
u haut
Moyen Âge, qu'on
a tendance considérer omme
rudimentairet
primitive, epose
en effet ur l'aveu d'actes
visibles,
jugés
et
expiés
selon le
degré
de leur
gravité
xtérieure t sociale. Ce
n'est
pas
l'aveu,
mais
l'expiation,
visible elle
aussi,
-
la
satisfactio
qui
est au centredu sacrement.
n
revanche,
u
xne
siècle le
conceptde péché se déplace du fait ui-même la seule intention. u lieu de
la
«
satisfaction
,
c'est le refus onscient u
mal,
e
repentir,ui
décide
du
pardon.
Je suis loin de nier ce
changement
ien connu et
évident,
dont
dépend
si
fondamentalement'histoirede la
subjectivité,
mais
e
voudrais
déplacer 'optique
en
partant
e
l'opposition,
non seulement
des actes et des
sentiments,
mais
surtout u
secret et de
l'aveu,
de
l'intérioritéachée et de l'intériorité isible.
Sous cet
angle,
on constate ntre es
fondateurs
atristiques
t les
théologiens
du
Moyen Âge classique,
une
période
de
pénitence
xté-
riorisée t même matérialisée.Mais cela ne
prouve
pas qu'en
dehors
de l'administration énitentielle, 'introspection t l'auto-accusation
devant Dieu aient
amais
cessé de
rester
un
idéal,
du moins monas-
tique.
C'est
précisément arce
que
cette
pratique
faisait
partie
des
impondérables
e la dévotion
privée,
des occulta cordis
que
la confes-
sion tarifée e s'en
préoccupait
as,
se limitant trictementux
aspects
perceptibles
aux
péchés
évidents
et
aux
expiations
manifestes.
on
caractère xtériorisé
enait des soucis
pratiques
il fallait dministrer
les
peines
ou taxes
pénitentielles
e
façon équitable
et cohérente.
a
substance
théologique
n'en
était
pas
atteinte
jusqu'à
la
fin
du
xne
siècle,
e
critère écisifd'une
pénitence
fficacen'était
pas
encore elui
de la confessiondans l'oreille du
prêtre
t de l'absolution le seul
critère u pardondemeurait ien celui de la « contrition, c'est-à-dire
du
repentir
incère
devant
Dieu,
témoin
unique
de cet acte
purement
intérieur,
ont
personne
'autrene savait
ni
ne
pouvait
avoir e secret
et cettedouleur tait lle-même ne
grâce,
celle
«
du don des larmes
.
En
sus,
la
pénitence,
u sens d'une
peine imposée après
a
confession,
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 127/165
124
P.
VON
MOOS
n'était
qu'un
moyen d'expiation
parmi
d'autres,
comme
l'aumône ou
le
jeûne11.
Pour
ne citer
qu'un
exemple
l'œuvre
de Pierre
Abélard,
ppelée
Éthique
ou,
selon son
titre
ocratique,
Connais-toi
oi-même
(
Scito
te
ipsum
,
a été condamnée
comme
hérétique,
l
est
vrai,
à cause des
conséquences
xtrêmes e
sa
«
moralede
l'intention
;
mais e
chapitre
sur a
confession
ui
nous
intéresse ci résume
clairement ne
opinion
qui,
avant e IVe
concile du
Latran,
tait
ncore,
pour
ne
pas
dire entiè-
rement
ommune,
u moins
argement
épandue
t
parfaitement
rtho-
doxe.
Nous
y
lisons ceci : au
moment ù le
pécheur, yant
considéré
sonpéché,« pousseuncride douleur incère devantDieu, il est mmé-
diatement
élivrédu mal.
L'aveu ultérieur
evant
un
homme,
n
revan-
che,
n'est
point
ndispensable
tout u
plus peut-il jouter
la
pénitence
un
mérite
scétique supplémentaire,
elui
d'un acte
d'auto-humiliation.
Abélard
nvoque
'autorité e saint
Pierre
ui,
au cri
du
coq, après
avoir
trois
fois renié
e
Christ,
leura
amèrement out eul sa
trahison,
mais
n'alla
pas
montrer a honte
autrui car la
prudence
ui
conseillaitde
garder
pour
lui
un secret
qui
eût
«fait
rougir
'Église»12.
Pourtant,
l'ordre
uridique
de
l'Église,
autant
pénal que pénitentiel,
'est
point
mis
en cause
par
ce
monopole
divin
d'accepter
a
contritionout nté-
rieure t individuelle
e l'âme. Abélard
en déduitmême un
argument
pour ustifiera rigueur u droit anonparson caractère ocial : préci-
sément
arce
que
les hommesne
peuvent
ni
uger
ni
punir
'autresfaits
que
les actes
visibles,
et
qu'ils
doivent 'abstenirde
scruter es inten-
tions
ecrètes,
onnuesde Dieu
seul,
es sanctions
nstitutionnellesont
nécessaires elles doivent
prévenir
es
dommagespublics
»
en défi-
nissant es
moyensd'expiation
t de dissuasionutiles
à la société ou à
l'Église.
La
mère
qui,
dans
l'exemple
classique
de la
casuistique
des
«
livres
de
pénitence
,
étouffe
on enfant n
voulant e
réchauffer,
ette
mère,
selon
Abélard13,
st
innocente t
pardonnée
par
Dieu,
quoique
punissable
par
les
hommes
«
afin
que
les autresfemmes
rennent lus
de
précautions.À la même
époque,
au xne iècle, es
péchés
ontété classés de
plus
en
plus systématiquement
t
complètement,
uisqu'ils
incluaientnon
seulement es
actes,
mais
également
es
pensées.
Néanmoins,
oute ette
activité
uasi
bureaucratique
'avait
pas
encore réussi
à abolir e
prin-
cipe
sous-jacent
dont nous
sommes
partis
le
secret du cœur et les
manifestationsociales de
l'individu,
nvisibilia cordis et hominibus
manifesta
restaient
rigoureusement
istincts le Moi
profond,
a
conscience
lle-même,
e
dérobait
oujours
u
contrôle umain t
restait
11. M.-D.
henu,
'éveil e la
conscienceans a civilisation
édiévale,
on-
tréal/Paris,969,t upran.4.
12. Peter
Abelarďs Ethics
,
D. E.
Luscombe,d.,
Oxford
edieval
exts,
Oxford,
971,
p.
8-112.
13.
bid.,
.
38 cf.
.
Mauro,
Tra
ublica
amna communis
tilitas
L'aspetto
socialedella morale i
Abelardo i
libri
aenitentiales
,
Medioevo
13, 1987,
pp.
03-122.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 128/165
OCCULTA
ORDIS
125
soumiseau seul
regard
de Dieu. En
1140,
il est
vrai,
Bernard e Clair-
vaux fit
condamnerAbélard
pour
l'hérésie
qui
consistait
mettre n
cause le
«
pouvoir
des clefs
»,
le
monopole
de
l'Église
pour
«
lier et
délier .
Pourtant,
e même
Bernard st le
digne
successeurdu
psycho-
logue
Jean
Cassien,
lorsqu'il
écrit dans
son livre Sur les
degrés
de
l'humilité
ne satire
perspicace
et
foudroyante
es
moines
hypocrites
qui
s'accusent eux-mêmes
de leurs
péchés
pour
se vanter t
paraître
plus
humbles
evant es hommes
les
confesseurs),
u lieu
de se
repentir
silencieusement
evant 'œil de Dieu.
Comme
Abélard,
l
insiste ur
e
caractère
ndélébile de la
contrition
ubjective,
eule
conditiond'une
pénitence alable,et met u secondrang a « satisfaction extérieure4.
Cette
conception
ntériorisante
este
également
valable
dans les
grands
extes
ur e droit anon et
la
théologie
moraledu
xir
siècle,
de
Gratien Pierre
Lombard,
t
même,
près
1215,
chez Thomas
d'Aquin
et chez
d'autres
représentants
e la haute
théologie scientifique
du
XIIIe
iècle.
Partout,
n
peut
lire
que
le
pardon
vient
uniquement
e
«
l'instant es larmes
versées
ecrètement,
t
non
pas
de
l'aveu devant
un
prêtre
5.
nnocent
II
lui-même,
ui présida
au
fatidique
oncile de
Latran de
1215,
avait une idée si
libérale de l'intériorité
ndividuelle
qu'il
statuadans une de ses
décrétales16
ue
le chrétien
evait
plutôt
être
prêt
accepter
'excommunication
u'à agir
contre a
conscience,
fût-elle rronée.
Dans la
pratique
éelleet
quotidienne
e la
pénitence,
'année
1215
marque
une véritable
nversion e
l'ancienne
conception
de l'aveu et
du
pardon que
nous
venons
d'évoquer.
Dans son livre
critique,
oire
polémique,
L'amour du
censeur Pierre
Legendre17,
istorien u droit
formé l'école
de la
psychanalyse,
stime
que
la
législation
e
Latran
IV
sur la
confession
privée obligatoire
st,
dans l'histoire
mondiale,
l'unique
cas d'«
exploitation
u sentiment
oupable»
consolidant e
pouvoir
politique
d'une institution.
'Église,
selon
ui,
s'est alors
empa-
rée du contrôle
bsolu des
fidèles,
grâce
à
un
jugement
ymbolique,
dramatisé
dessein,
sur
le
péché mortel,
t surtout ur
celui le
plusdifficilementvitable, eluide la chair.Elle
prétendait
assurer,n sau-
vant les âmes
des affres e l'Enfer
à la
condition,
ependant,
u'un
aveu détaillé et
complet
des
péchés
ait
précédé
a sentence alvatrice.
Sous
l'angle
de la
psychologie
sociale,
toujours
selon
Legendre,
es
conséquences
n furent
atastrophiques
infantilisation
énérale
es laï-
ques
face aux
pasteurs,
ntériorisationuccessive d'un
discours auto-
accusatoire
préfabriqué,
insi
que
soumission volontaire et même
ardemment ésirée des ouailles à
la
puissance
paternelle.
On
peut
ans doutevoir
es choses un
peu
différemment.
eanDelu-
14.De gradibusumilitatis,. Bernardiperavol. I, Rome, 963, p. 1-52
M. D.
Chenu,
p.
it.
note 1)
pp.
3-40.
15. M.-D.
henu,
p.
cit.
note
1),
p.
3-30.
16. A.
Friedberg,
ol.
I, 1882,
.
287.
17. P.
Legendre,
'amouru enseur.ssai ur
'ordre
ogmatique,
aris,
euil,
1978,
.
152.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 129/165
126
P.
VON
MOOS
meau,
qui
a décrit e
développement
e
l'angoisse
et de la
culpabilisa-
tion en Occident
à
partir
u
xmc
iècle
dans
deux
volumineux
uvra-
ges18,
'est
servide
termes
moins
psychanalytiques
u'historiques,
our
arriver
ourtant
des conclusions
ubstantiellement
ssez
semblables.
En
1990
cependant,
l
a
ajouté
à ses
grands
travaux
un
petit
ivre
L'aveu
et le
pardon.
Les
difficultés
e la
confession
9,
ans
lequel
il
essaie
de
«
dédramatiser
,
de neutraliser
e
phénomène,
priori
sus-
ceptible
d'interprétations
pposées
puisqu'il
englobe
la
«
confidence
volontaire»
et
l'«aveu
autoritairement
écrété».
Le
procédé
en
est
simple
Delumeau
adopte
e
point
de
vue des
confesseurs
ux-mêmes,
comme s'il fallait, près tantd'intérêt ccordé aux pauvrespécheurs
exploités
ar
'Église,
changer
e
point
de vue
et
«
entendre
ussi
l'autre
partie
pour
atteindre
l'objectivité.
Or,
ces
confesseurs
taient
xtrê-
mement
urmenés
par
la
nouvelle
exigence
pastorale,
à
laquelle
ils
n'étaient
as préparés.
Ceci
nous fait
voir
e revers
e la
médaille
car,
même
en admettant
ue
la confession
rivée
obligatoire
oit née d'une
volonté érieuse
d'évangéliser
e
peuple
entier,
'établir
une
méthode
efficace
d'acculturation
eligieuse
,
l'effet vident
n
a été
l'accrois-
sement
nédit
du
pouvoir
ecclésiastique
et,
par
là,
la
mise en
cause de
l'objectif
spirituel
atteindre.
elumeau
le concède
discrètement
ui-
même20
«
en
prenant
es décisions
ourdes
d'avenir,
'Église
romaine
ne mesurait ans doutepas dansquel engrenage lle mettaite doigt.
Peu
importe
donc
d'interpréter
n
bien
ou en mal
les
intentions
u
concile
du
Latran,
i l'on
est d'accord
sur
eurs
conséquences
histori-
ques.
Dans
notre
ontexte,
l faut
relever
ue
la
sémantique
même
du
«
secret
ntérieur
en
a été
profondément
ltérée.
'il est
vrai
que
depuis
longtemps
es
théologiens
ébattaient
e la
question
pécifique
e
l'har-
monisation
u
«
pouvoir
des
clés
»
et du
privilège
ivin
de
«
scruter
es
reins
,
ce
problème
hangea
de nature
uand
il devint
une
préoccupa-
tion
pastorale
pplicable
à la foule
de tous
les chrétiens
par
un souci
d'objectivité
ormelle
u
juridique,
l fut ésolu
par
la
simple
abolition
des occulta
cordis
concepttrop
flou et
laissant
trop
de
place
au
sub-
jectivisme
personnel.
Du
Moyen
Âge
tardif l'époque moderne, e
secret
du cœur
est
devenu
visible
pour
l'homme,
du
moins
pour
le
prêtre,
icaire
de Dieu
dans
le confessionnal
et tout
un
chacun,
même
le
paysan
nculte
t
incapable
de
s'exprimer,
tait,
pour
e
meilleur
t
pour
e
pire,
obligé
de le révéler.
Comment
e
paragraphe
1
du
Concile
Latran
V a-t-il té
appliqué
dans a
pratique
astorale
es
xiir
et
xive iècles
? Les ordres
mendiants
étaient
es
principaux
romoteurs
t
protagonistes
e
l'évangélisation
interne
t de
la confession
uriculaire
régulière.
ans
eux,
le
clergé
18.
La
peur
n
Occident
xiv-xvur
iècles,
aris,
ayard,
981
Le
péché
t
a
peur...,p.
cit.
note
).
19.
Cf.
upra
note .
20. L'aveu
t e
pardon...,
p.
cit.,
.
12.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 130/165
OCCULTA
ORDIS
127
séculier t
régulier
'aurait
guère
réussi
assurer
a
diffusion 'un
pro-
gramme
i radical et
universel.
De toute
açon,
es curés
ocaux,
auxquels
e concile
croyait
ncore
pouvoir
réserver ette
âche,
ne
suffisaient
oint
la
remplir.
es frères
mendiants
ux-mêmes,
pécialistes
de
la
prédication,
vaient au début
beaucoup
de
peine
à
inculquer
a
nouvelle
obligation
t à
rompre
es
réticences
prévisibles
contre ce
qui pouvait
apparaître
omme une
atteinte la
«
propriété rivée
du
psychisme.
Pour mieux
persuader
les fidèles de
l'utilité salutairede la
confession,
ls
eurentrecours à
plusieurs
stratégies
e
propagande.
Comme
Jacques
Berlioz l'a bien
montré, ne grandepartiede ces anecdotes, ppelées exempla dont ls
truffaienteurs
sermons,
taient
récisément
estinées
promouvoir
a
nécessitéde l'aveu
pénitentiel21.
J'aimerais
eprendre
ne
historiette
ypique,
ont l
existe
plusieurs
variantes
arratives un
grandpécheur,
ssassin,
voleur,
ornicateuru
adepte
d'autres
vices,
fut ccusé devant n
tribunal t soumis l'ordalie.
Ce
jugement
de Dieu
par
e
feu,
e fer
rouge
ou
d'autres
épreuves
tait
une
méthode
epuis
ongtemps
ésuètedans la
réalité
udiciaire
du xnr
siècle,
mais
toujours
ittérairement
pte
à
souligner
e
caractère
ublic
et théâtral e la
justice
séculière.
Or,
avant
la
scène de
l'ordalie,
le
coupable
eut a chance de
pouvoir,
ous le sceau du
silence,
onfier on
péché mortel un confesseur puis,devant e tribunal,l passa mira-
culeusement
'épreuve,
ommes'il n'avait
pas
commisde
crime,
t s'en
alla
disculpé,
on
intégritéyant
té
officiellementeconnue. a
leçon
de l'histoire st
claire la confession
ecrète vaincu la
logique
de la
justice
humaine.Le
«
for ntérieur
du
procès pénitentiel
la
force
quasi magique
d'abolir les effets u
«
for
extérieur
.
Le
public
était
venu en
grand
nombrevoir e
spectacle
de
l'épreuve,
et,
s'
attendant
la
confusion t à l'exécutiondu
pécheur
notoire,
l
se
vit,
la
fin,
rompé
dans ses
pronostics.
Le
prédicateur
ouvait
en
tirer
'enseignement
voulu
il
valait a
peine
de surmonter
a honted'un
aveu,
qui,
devant
un tribunalpublic, aurait provoqué une condamnation mmédiatel'aveu clandestin evant e tribunal
rivé
du
prêtre
t de
Dieu,
tout u
contraire,
btenait omme
récompense
e
rétablissement iraculeux e
l'innocence.
l
était
donc
incomparablement
lus
facile de souffler es
péchés
secrets
l'oreille du confesseur
ue
de
risquer
d'être contraint
à les avouer
dans l'embarras xtrême
'une scène
publique.
En
outre,
es
métaphores
u
procès
et,
tout
particulièrement,
elle
de
l'ordalie du
feu,
endent
évoquer
e
Jugement
ernier t
es flammes
du
supplice
éternel,
hèmes
majeurs
de la
prédication epuis
le xnr
siècle,
qui,
devant e
grand
peuple, s'appuyait
ur une
rhétorique
e la
peur.
De même
que,
dans notre x
mplum,
es
spectateurs
e la scène
judiciaireont étédéçus, e diable, e jour de l'ouverture u grand ivre
21. «Les
ordalies ans es
exempla
e
la confession
xir-xiveiècles)»,
ans
L'aveu.
ntiquité
t
Moyenge,
ctes e a table
onde...,984,
ome, 986,
p.
15-340
(Collection
e 'École
rançaise
e Rome
8).
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 131/165
128 P.
VON
MOOS
qui
contient
ous es
péchés
du
monde,
n'obtiendra
as
ce
qu'il
a
attendu.
Il suffit
u'au
bon
moment,
u
plus
tard
vant
«
l'heure
incertaine e
la mort
ertaine
,
le cœur
peccamineux
e soit
épanché
devant n
repré-
sentant u
pouvoir
des
clefs,
capable
«
de lier et de délier sur
a terre
comme
au ciel ». Avant e xiip
siècle,
une doctrine
loue,
adaptée
aux
besoins
spirituels
'une
minorité
monastique
ou
cléricale,
enseignait
que
Dieu
seul détient es secrets
du
pécheur
et
pardonne
e
repentant
sincère
puis
l'administration
énérale
du sacrement e
Pénitence
y
remédia
vec une clarté
uridique
sans faille. C'est
dorénavant
'aveu,
suivi
de
l'absolution,
ui
constitue e
sacrement,
n
vertudu
principe
ex opere operato qui valide ces deux actesobjectifs, t nonpoint uel-
que
disposition ubjective
omplexe
et insaisissable.
Un critère
imple
et
formel l'aveu
complet
et
véridique
du
pécheurqui
se
soumetau
jugement
u
prêtre
vient
insi
remplacer
'ancienne
exigence
première
de la contritionntérieure.
otre
anecdote,
par
ses connotations
uridi-
ques, souligne
a
simplicité
de cet
acte,
autant
que
les
conséquences
incommensurables
u'il engendre.
La confession
fface e
danger
de
l'ordalie,
de
même
qu'elle
a le
pouvoir
de neutralisera
rigueur
du
Jugement
ernier,
ont e
prêtre,
nion
personnelle
u
père
et du
uge,
anticipe
t abolit à
la fois les
terreurs,
ar,
en tant
ue
représentant
u
Juge
céleste,
l
est
à même
d'épargner
a
condamnation ternelle u
coupable qui avoue aujourd'hui es péchés.
En
introduisant a
confession
privée régulière
et
obligatoire,
l'Eglise,
par
le
détourde sa
fonction
médiatrice,
'est
substituée u
«
scrutateur es reins . Ce
résultat st
dû,
pour
ainsi
dire,
à
une ruse
de l'histoire le
grand
modèle de
l'intériorisationu
xiie
iècle,
«
l'éveil
de
la conscience
,
qui
se nourrissait
ssentiellement e la
«
moralede
l'intention
d'Abélard,
a
produit
u
xiip
siècle
des effets
ontraires,
nullement
révisibles. 'impératif
e la
contritionincèredevant e seul
regard
de
Dieu,
qui
faisait e tourment
e
beaucoup
de
religieux
t
de
religieuses
à
commencer
par
Héloïse,
incapable
de se
repentir
'un
amourqu'elle désirait oujours), et impératif evenaittropsubtil et
trop ague
à la
fois,
pour
être
ransposé
e
l'Église
des élites
pirituelles
et des
«
virtuoses
eligieux
à
l'Eglise
du
peuple
entier.Le
repentir
restait
ne
condition,
mais
l'exigence
en était tténuée ce
n'était
plus
la
contrition,
mais
«
1'
ttrition ou le
repentirmparfait
u
minimal,
inspiré ar
a
peur
de
l'Enfer,
ui
suffisait
valider a confession.
Grâce
à l'ancien
paradigme
de
l'introspection
t de la
contrition,
es
évangé-
lisateursdes foules avaient
néanmoins
ppris
à
distinguer
es
péchés
cogitatione,
erbo
et
opere.
Or,
connaissant ien la
logique systémati-
que
des anciens
«
livres de
pénitence
,
qui
traitaient
ourtant lutôt
des actions
objectives
comme
l'homicide et
l'adultère,
ue
des inten-
tions ubjectives,ls se mirentgalement appliquer eur ogiquetaxi-
nomique
aux recoins es
plus
secretsde la conscienceet à
inventer es
classifications e
plus
en
plus
raffinées,
apables
d'englober
e
spectre
entier es
péchés.
Il
faut
appeler
ci
«
la
questiondisputée
des
primi
motus
concernant es
passions
(
Médiévales n°
29,
p.
138)
: les
«pre-
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 132/165
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 133/165
130
P. VON
MOOS
ou
de
l'ermite,
n'avait
pas
le loisir
de se
préoccuper
ncessamment e
son salut il
passait
nécessairement
lus
de
temps
dans le
monde des
tentationst
des
péchés
qu'en prière.
e constat
ourrait
embler
anal,
si l'on
ne
voyait pas
apparaître,
u
Moyen Âge
tardif,
t sur toute
l'échelle
sociale,
la
même
préoccupation
fébrile de
vivre
près
des
confesseurs. es
pauvres
t es
simples
aïques fréquentaient
ssidûment
le
«
prêtre
ocal
»,
lui
laissantdu
répit uand
périodiquement
es
frères
mendiants mbulants
venaient
prêcher
t entendre a
confession.Les
personnes
haut
placées
et riches e
payaient
e luxe
d'être continuelle-
ment
ccompagnées
d'un directeur
e conscience
privé24,
ouci de sécu-
rité, omparable celui de beaucoup de nos contemporainse ne pas
trop 'éloigner
des bienfaits
e
la
santé
publique
médecins,
mbulan-
ces,
hôpitaux
tc.
l
serait
d'ailleurs erroné
e croire
ue
le
phénomène
n'appartenait
u'à
la
piété
populaire
t aux milieux
ncultes.Même un
prince
e
l'esprit,
e
protohumaniste
étrarque,
tait
profondément
anté
par
la
peur
de
gaspiller
on
temps
en
occupations
tériles
ui
auraient
pu
le
détourner u seul
«
souci de soi
»,
compris
comme
examen de
consciencecontinuel
t méditation
ur a mort
mminente,
e
qui
lui fit
préférer
a solitude
la vie
active,
et admirer
ar-dessus
out e mona-
chisme des
Chartreux25.
Dès le
XIIIe
iècle,
e
foisonnemente la littérature
énitentielle
e
répondaitpas seulementà la « demande des confesseurset des
pécheurs,
mais il
correspondait
lus
encore à une
nouvelle
conception
du
péché
même,
qui
faisaitde
plus
en
plus
figure
e
puits
sans fond.
L'inventivité
héologique
t
l'observation
astorale
de
la
réalité
uoti-
dienne
faisaient 'accroître e
nombre t la
complexité
es
péchés,
à tel
point que
le besoin de clarté et
d'orientation
ystématique
n devint
primordial.
our ne citer
qu'un exemple
du IXe u xne
siècle,
l'ona-
nismene
fut
uère
considéré
omme un
péché
gravepar
es livres
péni-
tentiels,
ui,
de toute
façon,
ne
prévoyaient ue
des
peines
assez modé-
rées
pour
ce
genre
de
pratiques
exuelles. Au xive
siècle,
en
revanche,
celles-ci furent oigneusement écrites,et classées parmi les pires
péchés
mortels
uxquels
seul
l'évêque
avait
pouvoir
de donner 'abso-
lution. elon
Jean-Louis
landrin,
ettevalorisation
égative
'intensi-
fie
après
le
Moyen Âge,
au furet à
mesure de
l'étrangeprogression
communede la
répression
t de
l'érotisme26. a sévérité
pénitentielle
s'explique par
le fait
que
l'onanisme solitaireest le
plus
secret des
péchés
de la
chair,
e
qui,
sous un
autre
spect,
celui de
l'effet
ocial,
aurait
pu
le faire
bénéficier e circonstances
tténuantes.Mais c'est
précisément
on
caractère
ubreptice ui
le rend
ondamnable.On
peut
24.
Cf.
Delumeau,
e
péché
t a
peur...,p.
it
(note ),
pp.
22-
35 J.
hif-
foleau, La religionlamboyante,Histoiree la France eligieuseJ. e Goff t
R.
Rémond
d.,
ol.
,
Paris, euil, 988,
p.
103
q.
25. P. von
Moos,
Les solitudese
Pétrarque,
iberté
ntellectuellet ctivisme
urbainans a crise
u
xive
iècle
,
à
paraître
ans
Rassegna
nternazionale
i ettere
italiane
1996.
26. J.-L.
landrin,
e sexe t
'Occident
Paris,
euil, 981,
p.
96
q.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 134/165
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132
P.
VON
MOOS
ce Peccavi
superficiel, ui
n'est
que
sur le bord des lèvres et
qui
ne
part pas
du cœur
je
ne
parle pas
de ce Peccavi contraint t forcé...
réprouvé ar
Dieu. Je
parle
de ce Peccavi sincère t douloureux
ui
est
le
symbole
de la confession es
Justes.
Et à
propos
de ceux
qui
refu-
sent e directeur
ersonnel our
ui
préférer
e
premier
onfesseur
enu,
il
remarque
«
Ils
veulent, isent-ils,
es
confesseurs,
t non des direc-
teurs
comme
i l'un
pouvait
tre
éparé
de
l'autre,
t
que
le
confesseur,
pour
s'acquitter
e son devoiret
pour
assurer
'ouvrage
de la
grâce,
ne
fût
pas obligé
d'entrer ans le même
détail
que
le directeur.
De la
confession,
n
chemindirectmène à la Sainte
nquisition,
cetinterrogatoireui ne s'attachepas aux péchés pardonnables,mais à
ceux,
impardonnables,
ommis
«
contre e Saint
Esprit
,
à
l'apostasie,
à
l'hérésie,
au
blasphème
et à la sorcellerie.
Occasionnellement
n
y
rangeait
ussi
l'homosexualité,
onsidérée omme
péché
contre
nature,
donc contre e
Créateur.)
i cette
nstitution
e fut nstallée
u'au Moyen
Âge
tardif,
e fut ans doute en raisonde la relative
homogénéité
déo-
logique
de la société
antérieure,
ans
laquelle
la
dissidence
pouvait
longtemps asser inaperçue,
vant de
créer,
partir
u
xir
siècle,
un
véritable candale et de
provoquer
e besoin
impérieux
'inventer es
instruments
fficaces 'éradication.
C'est
encoredu secret
u'il s'agit
car le
pire
des
péchés
en
pensée,
e
plus
secret, 'hérésie,
futdécouvert
à un moment ù il s'étaitdéjà répanduparmi e peuple,et risquaitde
compromettre
es institutions. a
conséquence
en
fut,
pour
les élites
établies,
a terreur e ce virus nvisibledont e diable aurait ontaminé
le
peuple.
Cette
panique
était
aggravée par
le
comportement
es héré-
tiques, qui,
accusés,
ne confessaient
ue
rarementeur hétérodoxie t
protestaient
u contraire
e leur
puretéparfaitement
rthodoxe,
e
qui
les rendait 'autant
lus suspects
ue
toutes
eursdéclarations
ouvaient
apparaître
ommedes
subterfuges.
fin
de
détecter,
malgré
et
obstacle,
le secret
diabolique,
les
frèresmendiants nventèrent ne méthode
d'interrogationu'on peut uger plus
diabolique
encore.Comme on
sait,
l'efficacité e cette méthode enait n substance son
caractère adi-
calement secret et à une stricte ialectiquede déductionqui menait
logiquement
l'aveu.
Le
procès,
mené
par
un
inquisiteur ui
unissait
en sa
personne
es trois onctions
'accusateur,
éjugé
et de
confesseur,
aboutissait écessairement
l'alternative,
oitdu
bûcher,
oitde la
péni-
tence
et
de
la
réclusion
perpétuelle
ans les cas
plus
raresoù les cou-
pables
se convertissaient.
'authenticité 'une telle conversionétait
d'ailleurs mesurée l'aune du nombrede dénonciations
e
complices
que
le
supposé
converti
tait
prêt
faire31.
C'est
précisément
e caractère
purement pirituel,
aché,
et sour-
noisement
ontagieux
u crime
qui inspirait
e
procédé.
On le
justifiait
parle raisonnementogique que la ruse nvisibledu Diable ne pouvait
31. J.
hiffoleau,
ire
'indicible...,
oc. it.
note 3)
N.
Cohn,
émonolâtrie
et orcellerieu
Moyen
ge
Paris,
982
P. Segl
éd.,
Die
Anfänge
er
nquisition
m
Mittelalter,
it inem usblick
uf
as20.
Jh...,
ologne
Weimar/Vienne,
öhlau,
993.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 136/165
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http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 137/165
134 P.
VONMOOS
dentielle la
portée
d'autres
nquisiteurs, ui pouvaient
insi
profiter
du savoir
secretde leur
grand
ollègue34.
L'invention
de
l'interrogatoirenquisitorial,
ue j'ai
voulu
présen-
tercomme
une lutte
ystématique
t institutionnaliséeontre
e
secret,
a
eu des
conséquences
de
longue
durée. Au
xivc
siècle
déjà,
mais ce
n'est
à
que
le débutd'un
développement
ulminant
u
xvir,
a
pression
des
enquêtes
conduisait à
l'aveu de
plus
en
plus
détaillé de
péchés
inexistants t
imaginaires35.
n des
plus répandus
est le
coït avec le
diable,
dont
'aveu,
grâce
à la
curiosité es
inquisiteurs,
'accompagne
souvent
e
descriptions
oncrètes,
ar
exemple
ur a
couleur t e
degré
de chaleurdu sperme, a formedu pénis sataniqueetc... Que s'est-il
donc
passé
de nouveau
depuis
e xiir
siècle,
pourque
de telles
vésanies
soient
devenuesdes
croyances énérales
Le
paragraphe
1 du
Concile
de Latran
V
s'est
imposé
d'une
manière nattendue. 'aveu en tant
qu'aveu
a
développé
sa loi
propre,
épassant
de loin son
premier bjec-
tif
de révélation e fautes
ommises
grâce
à la fantaisie
nventive es
confesseurs t des
inquisiteurs,
l
est devenu
une machine
produisant
des
péchés.
De
nouveaux méfaits nouïs
commencèrent voir le
jour
et à se
multiplier,
antdans
l'imaginaire
ue
dans la
réalité.
La sorcellerien'en est
que
la
conséquence
la
plus spectaculaire.
Sans entrer
ans ce
sujet, aujourd'hui
étrangement
opulaire, e
n'en
voudraisque releverun aspect ié à mon thèmeprincipal une fois de
plus
ce sont
des
porteurs
e
secrets,
'invisibles ennemis
onjurés
des
institutions
tablies,
qui
sont
soupçonnés
t
persécutés.
Grand
nombre
de sorcières
brûlées
étaient,
omme on
sait,
des femmes
xerçant
des
métiers de
l'ombre,
comme ceux
d'entremetteuse,
e
devineresse,
d'avorteuse ou de
sage-femme.
Comme Danielle
Jacquart
t Claude
Thomasset 'ont bien mis en
lumière,
n
comptait
jarmi
lles les
pra-
ticiens
gynécologues
es
plus
recherchés u
Moyen Âge, parce qu'elles
jouissaient
d'une confiance
ue
les femmes ouffrantes
'avaient
point
envers es
médecins,
devant
esquels
elles
craignaient, ar pudeur,
de
montrer
eurs secrets
hysiques
.
Le secret
personnel
occulta
corpo-ris cettefois,etnon occulta cordis- découle ici de la différencentre
les sexes. Le
pouvoir
de
l'Église,
allié à celui de la
science
masculine,
l'a
combattu
ar
es
moyens prouvés
du dévoilement
landestin. ans
ce
domaine
surtout,
a
contrainte e l'aveu
produisait
ne abondance
de diableriesoccultes
qui
ne dissimulaient
ue
le
simple
fait
que
les
sages-femmes
xerçaient
ne activité
ociale
indispensable,
mais offi-
cieuse.
La chasse aux sorcières st
une autreforme e la lutte ontre e
secret,
ontreun savoir
populaire
utile,
chappant
u contrôle u
pou-
voir
officiel37.
L'Inquisition
a
produit
ussi des effetsmoins
spectaculaires,
mais
34. Bernard
ui,
Manuel e
'Inquisiteur
éd./trad..
Mollat,
2
vol.,
HF
MA,
8-9,
aris,
es Belles
ettres,
964.
35.
D.
Jacquart
tCl.
Thomasset,
p
cit.
note 7),
pp.
02
q.
36.
bid.,
p.
167-179.
37. J.
Chiffoleau,
La
religionlamboyante
,
oc. it.
note
4)
pp.
127,
63.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 138/165
OCCULTA
ORDIS
1
35
peut-être lus profonds
ans la «
longue
durée» : de nos
ours
encore,
l'interrogatoire
e
l'agent
de
police
ou du
uge
d'instructionn 'absence
d'avocat est restéun
sujet
de
débats
politiques.
Or,
il
est démontré
ue
la
justice inquisitoriale
e
l'Église
était d'une telle
efficacité,
u'elle
attirait 'intérêt e la
ustice
pénale
séculière,
aquelle commençait
l'imiter sa
façon38.
cet
égard
es
retentissants
rocès
des
Templiers
et de Jeanned'Arc
représentent
es
précédents,
uisque, pour
la
pre-
mière
fois,
e
pouvoir temporel
ut
y
mettre
profit
a
technique
de
l'interrogatoirecclésiastique.
À
partir
u
xvc
siècle au
plus
tard,
l
s'en
servitdans son
propre
ntérêt,
e fût-ce
ue pour
arrêter
e
petits
bri-
gands.On ne saitplus guère que l'Inquisition été le modèle indirect
de la
juridiction
moderne n matière
pénale.
Pourtant,
es
états abso-
lutistes ux totalitarismesu XXe
iècle,
et même
usqu'à quelques
démo-
craties
actuelles,
elle a laissé des traces dans
l'instruction
riminelle,
tant
u
premier egré,
devant e
juge
d'instruction,
u'au
second
degré,
devant es tribunaux.
De manière
globale,
on
peut
dire
que l'Inquisition
e situe ainsi à
la charnière
e la
théocratie
médiévale
t des
états
éculiers
modernes39,
mais ce
qui
mérite
plus
d'attention ans notre
ontexte,
'est
qu'elle
continue
ur
e
terrain dministratift
uridique
un
processus
d'éclair-
cissement
énéral, irigé
ontre es obscurités e
l'âme,
qui
commence
au xir siècle par l'éthiquede l'intention t qui se poursuit u xnrdans
la
casuistique
onfessionnelle.
'est
un
progrès
ans
la
rationalisation,
bien
qu'il
ait eu les suites es
plus
irrationnelles. u
point
de
vue
de
l'histoire u
droit,
'Inquisition
aboli l'ancienne
procédure
ccusatoire
qui
se fondait ur a
logique
du
«
suffisamment
robable
,
en évaluant
les
témoins t
en
explorant
e
pour
et
le contrede
la
cause
dans un
débat
dialectique
u
rhétorique,
ondé urdes
arguments
e
persuasion,
non
de démonstration40.la même
époque
où la
logique
démonstrative
scolastique
et aristotélicienne
epoussait
de
plus
en
plus
les
argumen-
tations
opiques
ou
probables
par
ses
prétentions
cientifiques,
a
juris-
prudence
ut aisie d'une semblable obsession d'atteindre a certitude.
Le droit
énal
se donna alors
pour
but de détecter a vérité
nivoque
et
complète
du
mal.
Le
procédé nquisitoire
e définit
omme
recherche
positive
de la
vérité,
u-delà et au-dessus des méthodes
loues,
nduc-
tives de Yinventio
rhétorique,
u
prudent
xamen des
témoins,
de
l'équité
des
jugements
de Salomon
»
et des
acquittements
léments
au
bénéfice u doute.
La
nouvelle
technique
tait
igoureuse
t
péremp-
toire combinant
'expérience sychologique
u confesseur vec la
logi-
38.
Id.,
DireV
ndicible,
oc cit.
note 3)
cf.
ussi La
religionlamboyante
,
loc. it.
note 4)
pp.
7
sq.
39.B.Schimmelpfennig,Des Grossen ruders rossmutter.ie christliche
Inquisition
lsVorläuferinesmodernenotalitārismus
,
Die
Anfänge
er
nquisition...,
op.
cit.
note 1),
pp.
85- 96.
40. P. von
Moos,
Introductionunehistoiree
Y
ndoxon
,
dans ieux om-
muns,
opoi,
lichésActes u
olloque
nternationale
Lyon
992,
.
Plantin
d.,
yon,
Kimé, 994,
p.
1-16.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 139/165
136
P.
VON
MOOS
que
des
questions
serréeset
suggestives
du
dialecticien,
lle amenait
inévitablement
'aveu des
crimes,
ût-ce
e crimes
mpossibles
com-
mettre.
Nul secret
ne
pouvait
glisser
à travers
es mailles
étroites
ue
ce
filet
ui tendait.
l
est
difficile
e
comprendre
ujourd'hui
qu'une
méthode
ussi
sophistique
e
soit
targué
e sa
logique
scientifique.
ais
ce n'est
là
qu'un
aspect
de
l'esprit
scolastique
dont
on
a souvent
dit
qu'il
excelle,
selon
une
syllogistique
mpeccable,
déduire
e
prémisses
incertaines
es conclusions
certaines.
Ceci
implique
qu'en
tendant
l'inculpé
des
pièges
subtils
our
'empêtrer
ogiquement
ans
des auto-
contradictions,
'Inquisition
ccomplissait
une
tâche
rationnelle
en
le
convainquant e son crime, lle ne manifestaite plus souvent ue la
pétition
e
principe,
elon
laquelle
un
ugement
e déduit
d'un
préjugé.
Avec ces
observations,
nous
atteignons
l'automne
du
Moyen
Âge
»,
mais
frôlons
galement
e
«
printemps
des
temps
modernes,
i
cette
métaphore
onvient
our
désigner
'accomplissement
es structu-
res
rationalistes,
ormalistes
t
bureaucratiques ui
ont
continué
t
per-
fectionné
'ancienne
exorcisation
des occulta
cordis.
Les formes
de
manipulation
u
secret
personnel,
héritées
du
Moyen
Âge,
survivent
encore
aujourd'hui.
On
peut
penser
u droit
pénal
de
plusieurs
ays
du
monde,
ur
esquels
«
Amnesty
nternational
ne cesse
de nous
fournir
des
rapports
nquiétants.
On
peut évoquer
un
sujet
plus
délicat
la
culture ccidentalede « la haine de soi » qui nourrit os psychothéra-
peutes,
t
que
Delumeau
relie
en
ligne
directe
la
«
névrose
ollective
de
culpabilité
produite
par
une éducation
pénitentielle
éculaire41
«
Aujourd'hui
ncore,
dit-il n
parlant
e la confession
médiévale,
nous
restons
marquéspar
cette
formidable
ontribution
la
connaissance
de
soi
».
Historiquement
arlant,
'essentiel
me semble
cependant
e
fait
que,
malgré
a tendance
nhérente
tout
pouvoir
de vouloir
'implanter
dans
l'intériorité
es
sujets,
cette
tentative
'a
encore
amais
été cou-
ronnée
d'un succès
durable,
ni dans les
tyrannies
nciennes,
i dans
les
totalitarismes
modernes42.
cet
égard
peut-être,
a seule
réussite
de
longueduréea été
celle de
l'Église, depuis
1215.
41. Le
péché
t a
peur,
p.
cit.
note
)
pp.
31
q.
cf. ussi
K.
Deschner,
as
Kreuz
it er
Kirche,
ine
exualgeschichte
esChristentums
Düsseldorf/Vienne,
974,
p.
383
ura haine
e
oi,
ultivée
ans
echristianisme
lus
ue
dans
outeutre
eligion.
42. B.
Schimmelpfennig,
p.
cit.
note 9),
tG.
Bechtel,
a
chair,
e diable
t
le
confesseur
Paris,
ion,
994.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 140/165
OCCULTA ORDIS 137
Peter von
Moos,
27,
rue
Charles-de
Gaulle,
F-77760 Marlanval
Occulta cordis Contrôle de soi et confession u
Moyen
Âge
Au
Moyen Âge,
l
existait eux formes e
silence,
elle de l'ascèse
monastique
t
celle de la
prudence ristocratique.
errière e dou-
ble silence se cache
le
secret ndividuel u
cœur,
éservé la seule
scrutinatio e Dieu.
À
l'herméneutique
e
«
l'homme extérieur
répondait
n art
parallèle
du contrôle e soi
empêchant
oute
pon-
tanéité ommunicative.
Cette
structurelémentaire u
comportement
ocial se
complique
sous la pression 'un autrempératifeligieux le devoirde s'exa-
miner oi-même t de se confesser Dieu en
parfaite
incérité.
Le
tournant
istorique
u concile de Latran V
(1215),
instituant
la confession uriculaire
bligatoire,
mit 'accent sur
'aveu,
sur
la
révélation
es occulta cordis dont
dépendait
e salut éternel.
La recherche es
péchés
clandestins
e
la
pensée
nduisait,
omme
corollaire
ogique
à la
confession,
'Inquisition ui,
à
l'image
du
regard
entral e
Dieu,
se
proposait
d'ouvrir
de force es secrets
du cœur.La
transparence
bsolue,
autrefois
rivilège
xclusif
de
Dieu,
devint
e butde cette
nstitution
la fois sacrée et
politique,
qui
se disait son
représentant
ur terre.
Silence
-
confession contrôlede soi
-
péché
-
inquisition
secret
Occulta
cordis.
Self-control
nd Confession
n
the Middle
Ages
Two forms f silence existed n the Middle
Ages
: the silence of
monastic sceticism
nd thatof aristocratic
rudence.
This dual
silence concealed the most ntimate ecrets f the
heart,
ntended
forthe scrutinatio f God
alone.
A
resulting
arallel
artof self-
control,
indering
ll
spontaneous
ommunication,
orresponded
to thehermeneuticsf the exteriorman ». Thiselementarytruc-
ture f social behaviourwas renderedmore
complexby
the
pres-
sureof another
eligious mperative
the
duty
f self-examination
and of confession o God to
perfect
incerity.
he historical ur-
ning
point
ame with he nstitutionf
obligatory
uricular onfes-
sion
by
theFourth ateranCouncil
1215),
stressing
ot so much
introspection
s
avowal,
as disclosureof the occulta cordis
on
which
depended
eternal ate.
Stemming
rom he search
forhid-
den
sins of
thought
was the
logical corollary
o
confession,
he
Inquisition,
hich,
ike God's central
aze,
was intended o
pierce
the secretsof the heart.Absolutetransparency,hich had beenthe exclusive
prerogative
f
God,
became the main
purpose
of
this institution
oth sacred and
potilical,
which claimed to
be
God's
representative
n earth.
Silence
-
confession
self-control sin
-
inquisition
secret
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 141/165
Médiévales0, rintemps996,p. 39-155
NOTES
DE
LECTURE
Sandro
arocci,
Baroni i Roma.
ominazioni
ignorili
lignaggi
ristocratici
nelDuecento nelprimo recentoRome, 993 collectione Ecolefrançaise
de
Rome,
81),
496
p.,
tables, artes,
ndex.
Cette
mportante
echerche,
ondée ur e
dépouillement
e nombreuses
sources
archives
rivées
t
ecclésiastiques,iplômes
esrois
ngevins
t
regis-
tres
ontificaux)
inscrit ans
a
lignée
éconde es études taliennesur a
constitutionesclasses
dirigeantes
l époque
ommunale
présentant
es
gran-
des
ignes roblématiques
e cette
istoriographie
n
ntroduction,
auteuritue
son
objet
de recherchesà cheval ntre Italiedes communest le Mezzo-
giorno
monarchique
t féodal
(p.
8)
-
et a
remarque
e vaut
pas
seulement
sur
e
plangéographique.
est donc
grandes njambées ue
Sandro arocci
nous
mmène,
es
campagnes
atíales t
au-delà,
traverses
possessions
ei-
gneurialesespuissantsignagese ces barones rbisui, ntreafin uxir iè-
cle et les
premières
écennies u xnr
iècle,
nt u
s imposer
u faîte e la
noblesse omaine.
L histoire e a montéen
puissance
e cette oblesse elativementécente
(celle
des
Annibaldi, aetani, olonna, onti,Orsini,
avelli...
n tout reize
lignages
ont auteur econstituea
généalogie
t
cartographie
e
patrimoine
la fin e
son
ouvrage)
st ntimementiée à celle de la
papauté.
ontinuateurs
de la
politique
Adrien
V,
les
grands
apes
romains u second
xir
iècle
(Clément
II,
Célestin
II et nnocent
II)
imposent
eur
pouvoir
l ensemble
du Latium. our
mener bien eur
politique
e
centralisation,
ls ontbesoin
d alliés sûrsdans a noblesse
omaine,
t les trouventansces familles ou-
velles
ui peuplent
e sénat t a curie. e
népotisme,
n
somme,
stun mode
degouvernementont espapesnepeuventepasser our ffermireur utorité.
La mort e
Grégoire
X
en
1241,
ui
clôt a
longue
érie es
pontifes origine
romaineu atíale
elle
ne
reprendrau en
1277 vec élection e Nicolas
II),
libère es forces ntibaronialese la commune omaine
notamment
irigées
par
Brancaleone
egli
Andalò,
ui
met bas
140tours
atriciennes)
mais oin
de
sonner
e
glas
de la
puissance
es barones rbis cette
ériode
stcelle de
l enracinement
eigneurial
es
ignages
ans a
campagne
omaine. elui-ci e
maintientntact
usqu aux
xive
iècle,
orsque
e
pontificat
e Boniface
III,
a
montée n
puissance
e la commune
omaine
partir
e 1313
et,finalement,
l éloignement
e
la
curie
bligent
es familles aroniales un ridimensiona-
mento e
leurs mbitions
olitiques.
C est à l étudede ces
patrimoines
aroniaux ans a
campagne
omaine
que s attelle andro arocci. ousle pontificateNicolas II, oncompte ne
centaine e castra atiaux enus
ar
es
barons,
ui parviennent
maintenir
concentréest
compactes
eurs
ossessions
e
long
des
grands
xes de
commu-
nications. et incastellamentouecentesco
qui
se caractérise
ar
l emprise
baronialeur e
territoire,
e
provoque as
-
à l inverse e son înéde
époque
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 142/165
140 NOTES
DE
LECTURE
féodale un
remodelage
adical e
espace graire.
l semble ien
ue
e facteur
militaireoit
éterminant,
t efficacitée ces réseaux
astraux,
ont
es milites
castri ssurent
a
défense,
e
vérifie
mplement
orsdes
guerres
u début u
xive
iècle.
Jusqu à
ette
ériode
e troubles
olitiques,
es
patrimoines
emeu-
rent e
plus
souvent ans eur
ntégrité.érogeant
la
pratique
ommune es
aristocraties
taliennes,
es barons omains éserventn effet u fils îné une
partmajeure
e la succession.
e
principe
e
primogénitureeut
tre
amené,
comme
e
suggère
auteur,
une double nfluence
«
par
e bas
»,
celle des
militesastri oumis uxbarons
ui
se devaient e
garantirintégrité
u
eudum
et
«
par
e haut
,
celle de l aristocratieormandeu
angevine ui
introduit
dans es
usages
de succession u Latium e modèle
rançais.
On lira galementvec ungrandntérêtes pagesoù l auteur éfinites
conditions
uridiques
e
la
mainmisearonialeurunebonne
artie
e la cam-
pagne
omaine.
e
mouvementst ansdoute
nclenché,
ès a fin
u
xip
iècle,
par
ne
vague
e concessions
ontificales
mais e ce
point
e
vue,
e
pontificat
d Innocent
II
apparaît
ien omme le chant u
cygne
u féodalisme
ontifi-
cal
»
(p.
94).
Car ces fiefs endentvidemmentdevenir es
propriétés
llo-
diales etderrièrees
«
locations dè castra
ar
des ordres
eligieux
e cachent
souvent es ventes
éguisées.
inalement,
es barons
cquièrent
es castra n
pleine ropriété, mposant
out aturellementans a
campagne
omaine
ar
l énormitées
moyens olitiques
t
économiques
ont
ouvaient isposer
es
familles e cardinauxt de
puissants
obles
ui
avaient ié leur ort l État
pontifical.
andro arocci onne ne
description
aisissante e la violence e
cet ccaparement.e cas deNinfa,u suddeSegni, strévélateurunedyna-
mique mplacable.
n
1293,
Agapito
frère
u cardinal ietro
olonna)
st
nommé
odestat
e cette
etite
ommune.
l origine
une elle
ntrusion,
ans
doute,
es dissensionsnternes
ui
menacenta
paix
du Castrumt mettentn
péril
es institutions.our
chapper
ux
Colonna,
e
parlamentům
e la com-
munevend tous ses droits PetroCaetanien
1298,
pour
a sommede
200 000 ivres.
En
moinsd une
décennie,
ne commune alleutiersibres
tombe insidans es rêts e
la
seigneurie
aroniale
t devient n
Castrum
e
vas ali
privés
e tout roit ur
a
terre.
Les barones rbis
arviennent
onc
imposer
ans es
campagnes
omai-
nes une
seigneurieomplète,
est-à-direanale t foncière
pour eprendre
une
terminologierançaiseui
s accorde ouventmal au cas italien. ntre es
mains u baron e concentreessentiel e la propriétéu sol- au détriment
des
citadins,
es ordres
cclésiastiques
t des
paysans
lleutiers.es
usages
communauxésistent al à la
pression eigneuriale
t
à
l importance
e la
réserve.
uant
u
pouvoir
ur es
hommes,
l
s exercede manière rutale t
absolue. oumis u
pouvoir
aronial,
es hommesont
its,
niformément,
as-
sariiou
vassalli
preuve
e la
prégnance
e la
«
féodalité
ustique
dans es
campagnes
omainest de la
capacité
e la structure
eigneuriale homogé-
néiseres conditionses
dépendants.
es barons étiennente merumtmixtum
impérium
t ucune tructureommunautaire
e
vientimitereur utorité.
insi
le
lecteurst-il onvié
la
description
es
banalités
t
droits
eigneuriaux
des
droits
e
ustice
u ius
patronatus
es
églises) ui
encadrent
ous es
moments
de la vie
familiale,
ocialeet
économique
es
«
vassaux .
Système loquéNonpas, ar est ansdoute a mobilitéesdépendantsuimet e huile ans
les
rouages
Sandro
Carroci
e
trouve ucunemention
e
«
servitude
e
la
glèbe
ni
d obligation
e résidence ans
es castra
dominés
ar
es barons.
D ailleurs,
e
système
graire
u ius serendi e
permet as
de
développer
es
rapports
tables ntrees hommes t a terre.
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http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 143/165
NOTES
DE
LECTURE
1 1
Onmesure, la lecture u ivre e Sandro
arocci,
a
puissance
olitique
et
économique
es
ignages
e cardinauxomains
u xine
iècle.Rienne semble
pouvoir
ésister leur
ppétit
e
pouvoir.
e
qui
dominait
u
Latium t en
Sabine la
fin
u
xir
iècle,
était a
grande
ariété es structures
eigneuria-
les
l importance
e a
propriété
lleutièret e
dynamisme
unmarché oncier
ouvert ux
étrangers,
e
développementolitique
es communautésastrales
(universitātes
astri
,
la
prédominance
es consorterie
eigneurialesui, par
nature,
bligent
es maîtres u sol à
composer
vec une société urale n voie
de différenciationociale tout ontribuaitentretenira
complexité
u
paysage
social dans es
campagnes
omaines. ous
l emprise
rutale es
lignages
es
barones
urbis les contrastes
écrêtent,
es situations uniformisent
t,
à
l échelle unpatrimoinet d unterritoire,e manifestentes forces olitiquesnouvelles
uxquelles
es barons oiventeur ortunecellesde État
ontifical.
Patrick oucheron
JoleAgrimi t
Chiara
Crisciani,
es Consilia
médicaux
Turnhout,
repols,
1994
Typologie
es Sources
u
MoyenAge
occidental,
ase.
9).
Ce
livre
un
premier
érite,
elui
de combler
uelque eu
notre
manque
d information,
u moins n
angue
rançaise,
ur a littératureédicalemédié-
vale.Après voirconsacré n précédentuvrage l enseignementédical
(
EdocereMedicos Medicina colasticanei secoli
XIII-XV,
Naples,
1988),
J.
Agrimi
t
C. Crisciani
nt
hoisi,
n étudiantes
Consilia
d abordera méde-
cine
par
son
anglepratique. l origine,
es
prescriptions
édicales ont
n
règle énérale
e résultat
crit
une
visite
ffectuée
ar
e
praticienuprès
un
patient.
es écrits onstituentoncune source ssentielle
our appréhension
de la
pratique
médicale t se
placent
la confluencee la consultationt de
l acte d écriture.ls
empruntent
ailleurs u
vocabulaire
rofessionnel
eur
dénomination
ropre,
onsilium/consulere.es
premiers
émoins
pparaissent
en talie uNord ans a secondemoitié uxnr iècle. une des
figures
mblé-
matiques
e ce
genre
ouveau st e
médecin
t
universitaire
olonais,
addeo
Alderotti.
J.Agrimit C. Crisciani e sont fforcéese rendreompte e la com-
plexité
e cette ittérature.
enonçant
ci à une
analyse
ociologique ui
reste
à faire
étude
es
récipiendaires,u ils
soient
atients
u
médecins),
lles
pro-
posent
nedéfinitionu
genre
t
analysent
évolution es
textes.
e l examen
de ces sources e
dégage
un schéma
ripartiteui
se retrouveansun
grand
nombre e Consilia. n
premier
nsemble end
ompte
e l examen u
patient
et
analyse
e cas
observé
il
s agit
u
casus Dans es conseils es
plus
détaillés,
le
praticien
apporte
neobservation
ingulière
il fournites
renseignements
personnels
ur e malade
nom,
exe,
ge,
condition
ociale,
rigine
éographi-
que...),
ur affectionont
l
souffret
propose
on
diagnostic.
es seconde t
troisième
arties
elèvent
e
la
thérapie
le médecin
rescrit
out abord n
régime iététique,
ondé urunensemble e
facteursxternes
u
corps
umain
(où l air et alimentationouent nrôleessentiel)t censés pportere pre-
mières méliorations.
n
dernier
ieu,
l
fournites
prescriptions
édicales,
propose
es recettest éventuellement
uelques
nterventions
caractèreech-
nique saignée,
autérisation,
oire
umigations).
our
utant,
es Consilia e
constituant
as
un
genre
ixe,
ombreuxont
eux
qui,parexemple,
e com-
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 144/165
142
NOTES
DE
LECTURE
portentasdecasus.La présentetude, ui s efforce être a plus arge os-
sible,
e
propose
onc
d analyser
a constitutionun nouveau
enre
ittéraire,
depuis
es
débuts
usqu à
a
fin
u
xve
iècle. es auteurs
égagent
eux
phases
dans e
processus
du xme u milieu
u
xive
iècle,
ne
période ui
se carac-
térise
ar
a fixation
rogressive
u
genre
du milieu u xive la fin u
siècle
s établit nedistanciationntre actemédical t a
composition
un onsilium.
L analyse
u cas
apparaît lus
héorique
t a rédactionert
otammentensei-
gner
a
pratique
édicale
ce
dont end
ompte
ussi a
compilation
e conseils
à l intérieure
recueils).
u xve
iècle,
e retour
e la
scolastique arque
éta-
blissementu consilium
agistral.
outefois,
es modalités écrituret eurs
transformationsont
présentées
e
façonparfois
onfuse.l est difficile la
premièreecture e remarqueroutesesnuances esglissementspistémolo-
giques
t a
langue arfois
nutilement
omplexe
enfacilite
as
entendement.
Cette
tude
ne
propose
nfin
u une
vision
artielle
es
conseils,
imitenhé-
rente la collection ans
aquelle
lle
paraît.
a
brièveté
es
fascicules
blige
à des choix
ui
occultente nombreusesacettes
es Consilia. es auteurs nt
dû
privilégier
a structureu détriment
une
nalyse lus
ine u
contenu ême
des
ouvrages.
ertains
spects
e trouvent
raités
n
un
rapide hapitre,
els a
nosologie
t a
thérapie
u encore
analyse ociologique
e a
profession
édi-
cale et du
public
es
patients.
ans ce
domaine,
eul
ouvrage
ue
D. P. Lock-
wood consacré ux
Consilia
e
Ugo
Benzi
omble
os
acunes. e
même,
n
peut
regretter
n examen
rop
ref es
genres roches,
omme es
regimina
sanitatisdont
apparition,uasicontemporaine
e celledes Consilia
complète
le champ réventife la médecineratique.e plus, out nsoulignante lienintime
ui
unit etteittératuret a
profession
édicale du moins ux
origines
du
genre
,
les auteurs ont
as
tenté e renverseres
points
e vue.Le consi-
lium
st urtout
erçu
t
analysé
ous
angle
de l auteur la
réception
e cette
littérature,
ans e monde es
professionnels
e la médecine
otamment,
st
trop apidement
bordée.
nfin,
ette ourcemédicale rès iche t encore
eu
étudiée intéresse
as
la seulehistoiree la médecine elle offre e
multiples
renseignements
l historien,
u il
se
préoccupe
e l alimentationu encore e
la
médicalisatione la sociétémédiévale.
Marilyn
icoud
Comprendre
t maîtrisera nature u
MoyenÂge, Mélanges
ď histoire es
sciences
fferts
Guy
Beaujouan
Genève, roz, 1994,
31
p.
Ces
mélanges
n
hommage GuyBeaujouan
ont n substantielecueil
sur ndomaine ncore
eu fréquentéar
es
historiens
u
MoyenAge.
Le
titre
donné u
recueil
oit
être
précisé
si de trèsnombreuxrticles bordente
thème e a
compréhension
e a
nature,
a maîtrisee
celle-ci
st
plus
arement
abordée.
l
n est
pas question
ci de
techniques
e maîtriseu
sol,
de
l eau,
de
l énergieélevage,rrigation,écanique...
estde maîtrisentellectuelle
u on
parle resque niquement.éditeurregroupéescontributionsntrois nsem-
bles
celles
ui
étudienturtoute contenuesconnaissances
«
concepts,
ision
du
monde
-
onze
textes),
ellesoù
l emporte
a mise n
pratique
«
pratiques
et
croyances
-
neuf
rticles)
t celles
qui parlent
ssentiellemente la trans-
mission
es
savoirs,
u nombre e onze.Danielle
Jacquartexplique
n ntro-
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 145/165
NOTES
DE
LECTURE 143
ductionur e
plan
qu elle ustifie,
t,
même i la distinction
emeure,
mon
sens,
n
peu
arbitraire,
lle a
le
mérite ordonnern ensemble
rès iversifié.
On ne saurait
voquer haque
rticlemême i l intérête chacun e méri-
terait.
ependant
omme l
s agit
d un
recueil crit
ar
ceux
qui
ontété es
élèvesde l un de nos
grands pécialistes
histoire es
sciences,
observation
du contenu es articlesstunbonreflet e l état
e
la
recherchen ces domai-
nes.
l
y
a là unvéritableableau es
questions
ui
font
objet
e intérêt
ctuel
des
historiens,
t
c est sous
cet
angleque e
présenterai
e
volume,
e
façon
donc rès
ubjective.
Une
premièreemarque
oncernees
périodes
tudiées les articles ont
chronologiquement
oncentrés.
Antiquité
st
représentéear
deux études
(introductionyriaqueuxétudes e ogique commentaireesaphorismesip-
pocratiques),
e Haut
MoyenÂge
est,
quelques
llusions
rès, ratiquement
absent t
c est
sur es
xiie-xvr
iècles
ue
porte
essentiel es articles. ans a
mesure ù ces travaux ont urtoutondés
urdes sources crites
arratives,
cette
hronologie
e
surprenduère
elle
correspond
ux
périodes
ù
ce
type
de sources
xiste n
quantité
uffisante.
Une
part
on
négligeable
es contributionsontienta
publication
e cer-
taines ources ncore nédites u la
uxtaposition
e
textes ifficiles
puiser
t
qui
sont ci
heureusement
approchés.
ela contribue donner u recueil ne
dimension iscrète t bienvenue e
publication
e
textes
ù
l historienura
beaucoup
puiser
l astronomie
atine u xiiie iècle
d après
es tables e
Tou-
louse l habitabilitée la terre elon Dominicus e Clavasio l histoire u
diamante Pline BarthélémyAnglaisjun nédit Alberte Grand recettes
et couleurs
e
l Antiquité
t du
MoyenAge
[ce
texte st
complété
un fort
utile ommentairees termes
mployés
our arler
es
couleurs]
Petrus
el-
lerario,
un
disciple
Arnaud e Villeneuve l exercice
hysique
u saut
l alchimie e
Théophile
les
voyages
une
allégorie lchimique).
Un axe de travail
araît eaucoup
ntéresseros
chercheurs,
est
celui
de
la réflexion
pistémologique,
ême i l on
n emploie as
le terme
quelle
connaissance,
ans
uel
but,
ondée ur
uelles
méthodes,
mployantuel
an-
gage,
tc. Dans certainsas c est
d épistémologie
édiévale
u il s agit,
ans
d autres e la
nôtre
nature
t
clergie
hez Gossuin e Metz la
perception
u
mouvement
elonNicoleOresme les
«
sciences ntermédiairesà la Renais-
sance Alberte
Grand
gronome
introduction
yriaque
ux
tudes e
ogique
la formatione la langue our esmathématiques).
Une autre oie estcelle des
moyens
action ur a nature.l estcaracté-
ristique
u aucun
rticle aborde es
techniques écaniques
u de
navigation
et
que,
si l on étudie e
mouvement,
est dans a définition
hilosophique
la
perception
u mouvementelonNicole
Oresme).
ar contre n cerne ivers
aspects
e la médecine t de l artvétérinaire
les
passions
e l âme dans a
psychologie
édicale les voies du
sourd-muetl extractiones
corps
tran-
gers
ntroduitsans oreille la
pratique
e
hippiatrie),
autres e l alchimie
(l alchimie
e
Roger
acon
voyages
une
llégorielchimique)
u encore e
l astrologie
une
consultation
strologique
rincière
la
quadrature
u cercle
magique
les
«
jours
de
Tycho
Brahé).
L enquête historique
oncerne
ussi les
procédésd investigation
t
d acquisitiones connaissancessavoirshéoriqueschambreoire t sextants
monumentauxe
Ravy
t
Samarkand,
ntémoin e astronomieu
xnr
iècle
les tablesde
Toulouse),
avoirs
ratiques
les
mesures n
pierre), echniques
intellectuellesomme a traduction...
Magister
ohannes
ispanus
l identité
d un traducteur
olédan).
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 146/165
144
NOTES
DE
LECTURE
Enfin,
a transmissionestextes tdes
mages, upports
e
connaissances,
fait
objet
de
plusieurs
rticles
ui
abordentes
questions
une transmission
différenciéeu non des
images,
u
texte,
t des
connaissances
oiseaux
de
chasse manuscrits
nluminés u Moamin
atin bestiaires
nglais
des xir-
xme
iècles la
place
de Nicolas lamel
ans histoirees sciences
l alchimie
de
Théophile
l identité
un raducteur
olédan les animaux ans a
porcelaine
de
Sèvres).
es
images
e sont
eureusement
as
absentes
uisque
rois extes
concernantes animauxeur
ont
onsacrés,
ais
lles iennentne
place
ncore
limitée t
par
ailleurs n
n aborde
ratiquementas
les
questions
e la trans-
mission
rale u du moins on
crite.
Il
apparaît
ertain
u un
ntérêt
ajeur
st
actuellement
orté
u chemi-
nementesconnaissancesans eurmode acquisitionomme ans eur rans-
mission.Ainsi on retiendra
e
que
C. Connochie
onstate hez Gossuinde
Metz nature t
clergie
ont
nséparables
t la
nature st a raison être u
savant.
lle est ussi l âme du
monde .
Celui-ci,
réé
par
Dieu,
est
présenté
comme
ationnelt dès lors e
comprendre
et ur e chemin u
salut.Cette
perception
e Gossuin été
celle d un
temps
imité l intérieur êmedu
Moyen
Age
mais lle
est alors uvertureers e
décryptage,
a
découverte,
t
contientn
germe
ne ertaine
ncitationla nouveauté.ette imension
déo-
logique nglobe
t
explique
e
cheminementes connaissancesur a
nature.
Dans
e monde u
savoir,
es
domaines,
es
disciplines,euvent
aître
es
uns des
autres,
evenir utonomes e
façonparfois
ubtile. est ce
que
J.-L.Gaulinmontre
propos
Alberte Grand
uand, artant
u
plan
et de
l architectureême uDe vegetabilibusil montreommentneagronomie
naîtde la
botanique,
lors
que pendant
ort
ongtemps
est la
thérapeutique
qui
en fut a
compagne rivilégiée
«
[Albert
e
Grand]
st
passé
du savoir
médico-botaniqueui privilégie
a
description orphologique
t a reconnais-
sancedes vertus
es
plantes,
u savoir
gricole,ui
cherche stimulera crois-
sance es
végétaux
tiles l homme . Le
savoir e transformeans a structure
même
l occasion e sa transmission.
Celle-ci
asse
par
des
cheminementsrès ivers. i l on
repère
es voies
de la
traduction,
l en est
d autres
lus
discrètes. .
Opsomer
t R.
Halleux
e
montrent
ien
propos
unerecette
lchimique,
ellede
«
l or
espagnol qui
contient
ntre utres e la
poudre
e basilic. our
epérer
es traces énues e
ces
transmissions,
l convient e
suivre es
déplacements
es hommes t on
sesurprendconstaterue arecetteeThéophilest undespremiersémoins
de
alchimienOccidentomme e
ouverturentellectuellee a BasseLotha-
ringie
t
de
l abbaye
e Stavelot.
L ouvrage
e termineurune
excellentedée des éditeursun ndex es
noms
ropres
et
ls sont
ombreux)
ui porte lobalement
ur ous es articles
du recueil
c est très tile.
On aurabien
ompris,espère, u il
s agit
à d unrecueil
mportant,
ant
par
es
contenus
ue par
e
témoignage
ndirect
u il
livre ur es
questionne-
ments es historiensu
MoyenAge
envers es connaissances édiévalesur
le monde
ui
es entourait
certains
arleraient
es
problématiques).
e recueil
se
situe iendans a solide radition
u a
ouverte
uyBeaujouan.
Georges omet
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 147/165
NOTES
DE
LECTURE
145
MichelFixot,Elisabeth adora-Riodir., environnementes
églises
t la
topographieeligieuse
es
campagnes
médiévalesactesdu
IIe
congrès
nter-
national
archéologie
édiévaleAix-en-Provence
sept.
989,
aris,
d. de a
Maisondes
Sciences e
l Homme, 994,
180
p.,
li.,
abi.,
artes.
Documents
d archéologie
rançaise,
6).
Il
faut aluer a sortie e
cet
ouvrage,
ernier olet un
triptyqueublié
à l occasion
u
Congrès
nternational
archéologie
médiévaleenu n
1987
Aix-en-Provence1.
onçu
omme nrecueil
articles
ndépendants
es uns
des
autres,
l
offre
ourtant
ne
remarquable
ohérenceutour u thème
énéral
défini ans e
titre.
Avantout,l sedistinguear a mise npratique une nterdisciplinarité
réelle,
ont n
peut spéreru elle
fera cole.De nombreuxrticles
omportent
une
ntroduction
éthodologique
ienvenue,
t e croisementes sources
ori-
gines
diverses st effectif.
alliance
presque ystématique
ntre onnées ex-
tuelles t
résultats
rchéologiques
st
omplétéear
e recours
ux
prospections
de
terrain,
ar
a lecture
ritique
es cadastres
nciens,
t
par
analyse
es
photographies
ériennes,
ont
uelques xemples
emarquables
ont
publiés
(pp.
90-91).
Cette
archéologie
ouce dont
arle
B.
Cúrsente
p.
129)
repré-
sente n
apport
ssentiel,
ui
ouvre e nombreuses
erspectives
e recherche.
Malgré
uelques
rreurs
impression,
ue
e ecteurura ôt
ait e rétablir
(en
particulier,
nversiones
égendes
es
fig.
et
8,
pp.
114-115),
t
même i
l on
peut
éplorerour
ertainsrticles
absence une arte
énérale
es sites
étudiés,ensemble es articles st très iendocumenté.n revanche npeut
regretter
ue, malgré
e
caractère
pécifique
e
l ouvrage,
a collection ocu-
ments
archéologie
rançaise
ait
pas dérogé
sa
règle
e
«
normalisation
des
références
ibliographiques
si
celle-ci st maintenant
doptée
dans
le
milieu
rchéologique,
lle
manque ingulièrement
e
souplesse our
es réfé-
rences e textes
istoriques
outre e fait
u elle mélange
ources t études
dans
unemême iste
lphabétique,
lle
nterditoute itation ouble
traduction
accompagnée
u texte
riginal)
t restreint
e nombre es notes
ritiques.
Le choix
chronologique
nnoncé
ans e titre st
arge,
mais
ouvrage
traitessentiellementes xe-xir
iècles,
vec
quelques
ares
ncursionsans e
Haut
u le Bas
MoyenÂge.
La
prédominance
es études
méridionales
Abruz-
zes,
Provence,
anguedoc,
assinde
l Aude,
Gascogne, atalogne)
e
masque
pasl effort ouvertureersdesrégions lus eptentrionalesSuisseorientale,
Anjou,
oissonnais, ormandie,
rlande).
e choix end rès
videnteses dis-
parités égionales,
ant u
point
e vue de l évolution
istorique
t
de
la docu-
mentation
isponibleuç
sur e
plan
de la recherche
ctuelle,
t devra
nciter
le
lecteur se méfier
e toute
xtrapolation
âtive.
ouvrage
st
d ailleurs
ponctué
e mises
n
garde
t
d appels
à la
prudence,ui
sont
plus que
de
simples
ormules
hétoriques.
La
première
uestion
bordée st elledu
egs
de
Antiquité,
e ses
formes
et de ses
modalités
continuité
u
rupture,
ermanence
u
réutilisation).
n
Normandie,
.
Le
Maho a
répertorié
rès
d une
quarantaine
e
sites
gallo-
romains
montrantne
occupation
unéraireu Haut
MoyenAge. L argumen-
tation st claire t e
catalogue
es sites
tudiés,
rès vocateur
l ensemble
toutpourconvaincreue la réoccupationes sites ntiques ésulte on du
1.
L Église
t on
nvironnement,
rchéologie
édiévalen
Provence
exposition
Aix-en-Provence,
usée
ranet,
ept.-déc.
989
tM.
Fixot,
.
Zadora-Rio,
Église,
le terroir
Paris, NRS,
989
Monographie
u
CRA,
).
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 148/165
146
NOTESDE
LECTURE
hasard,maisbiend un hoix élibéré, ême i esmotivationsestentifficiles
à
déterminer.
n
peut
ependant
egretter
e ne
pouvoir
mesurer
a
représen-
tativitée
ces cas face
l ensemble
es sites u Haut
Moyen
Âge
actuellement
connus,
autant
u elle
pose
dès e
débute
problème
e a
christianisation
es
campagnes,
hème
ue
l on
retrouve ans
a suitede
l ouvrage.
n
Suisse,
Ch. Bonnet
ainsimis
en évidence
origine
ncienne e
nombreuses
glises
paroissiales,
ont es
structuresn bois
ont aissé de
fugitives
races ous es
reprisesostérieures.
otons
ue
de
telles tructures
iennent être écouvertes
en
France
par
xemple Portejoie,
ur
a
commune e
Tournedos,
ure),
ur
des sites
ierges
e toute
ccupation
ntique
elles
pourront
ans
doute ontri-
buer
compléter
e
tableau u
paysage
eligieux
ural u Haut
Moyen
Âge
ci
présenté.eul exemple étude ur e longterme,a Provence ait igure emodèle la documentationcrite assemblée
ar
P.-A.Févriermontren
qua-
drillage
cclésiastiquerécoce,
ue
l étude e
M. Fixot
ermet
e suivre u fil
du
temps,
e la mise n
ordre
arolingienne
la
nouvelle
rganisation
astrale
du
territoire,
vec
parfois
a
désaffection
es sites nciens.
Ce
dernierrticle
ntraîne
éjà
e lecteuru
cœur u second
hème,
onsa-
créaux
relationsntree
lieu de culte
t es formes
e l habitat. is
à
part
e
cas très
riginal
e l Irlande
L.
Swan),
outeses études
oulignent
e
caractère
particulier
e
l espace
itué
utour e
église,
ont
immunitést
renforcéeu
XIe
iècle
par
e
mouvemente
la Paix de
Dieu. Dans la
zone
catalane,
es
fameuses
acreres tudiées
ar
M. Riu et
P.
Valdepeñas
n
sontune
bonne
illustration.
space protégé,
a
sacrarla
reçoit
abitations,
ilos et
greniers
proximitémmédiateessépultures.. Bonnassiensiste ailleurs ur a situa-
tion
exceptionui
caractériseet
space
aint,
auf t mmunisteau
moment
où se
développe
a
violence
rivée,
ne
nouvelle orme
implantation
umaine,
spontanée l origine,
eut
lors e
cristalliserntre
es limites
héoriques
u
réelles.C est V
nsagrerament,
ui
connaît
uatre hases
bien
distinctesla
«
préhistoire
(fin
e-début
Ie),
a
sacrarla-
efuge
vers
020- ers
035),
ins-
titutionnalisation
vers
1030- ers
1060),
t
enfin a dénaturation
vec
reprise
enmain
ar
es
seigneurs
e ces
espaces ourtant
onçus l origine
our chap-
per
leur
mprise.
es structures
irculaires
imilaires,
tudiées
ar
D.
Baudreu
et J.-P.
azes,
précèdent
galement
es
agglomérations
astrales ans e bassin
de l Aude.
En
bas
Languedoc
M.
Bourin
t A.
Durand),
e
village dopte
ntree Xe
et e xir iècleuneformepécifiquementéditerranéennele Castrumvillage
groupé
t
fortifié).
l naît
d unedouble
olarité,
âtimentcclésial une
part,
fortification
aïque
d autre
art.
omme
ans e
Languedoc
riental
A. Parodi)
et en
Gascogne
B.
Cúrsente),
e rôle
structurante
l église
pparaît
vident,
mais e Castrum
st finalement
ainqueur
ans e
processus
e
regroupement.
Pour
Anjou,
. Zadora-Rio
remarqué
e rôledes comtes
ès a fin u
Xe
iè-
cle,
tandis
u à partir
e la seconde
moitié u
XIe,
a
fondatione
bourgs
évèle
le rôle roissant
oué par
Église,
n relation
vec a réforme
régorienne.
L article E.
Crubézy
ur es
cimetières
aroissiaux ourrait
araître,
première
ecture,
n
peu
en
marge
e tous es
problèmes.
ais e
rapport
troit
qui
existe ntremonde
es mortst
monde es vivantsst
ssentiel ans
orga-
nisation u
paysage
médiéval
l auteur
ffrelors ci une
valuationes
poten-tialités une rchéologieunéairentelligente,uine fait u ajouter l intérêt
de
l ouvrage.
La troisième
artie,
ui
aborde e
problème
u
patrimoine
cclésiastique,
est
beaucoup
moins
éveloppée.
étudede L.
Feller ur e
patrimoine
onas-
tique
des Abruzzes
u Haut
MoyenÂge
traduit
ien a
résistance es
petits
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 149/165
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http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 150/165
148
NOTESDE
LECTURE
d'importants
olloques2. epuis,
'élan semblait
etombé,
u moins hez es
médiévistes.a
publicationoup
ur
oup
de deux
uvrages
ousmontre
u'il
n'en était ien.
outerrainement,
uelques
hercheursnt
ontinué
explorer
des
pistes
ui
n'avaient
té
qu'esquissées
à
l'époque
des
grandes
ypothèses
a succédé
elle du travail ur es
sources t
l
n'estdonc
pas
étonnant
ue
les
volontairese
soient oudainementaits
eaucoup
lus
rares. ar
es livres e
Frédérique
udoin-Rouzeaut de
Jacques
Voisenet 'ont
pas
seulementn
communeur
bjet
ils
partagent
ussi un
esprit qui
consiste
prendre
u
sérieux ne
documentation
isparate,
acunaire t délicate ainsi
qu'un
ton,
celuide
la modestie.
De
la
modestie,
l en fallait
Frédérique
udoin-Rouzeau
our,
u lieu
d'une ynthèseuieût téforcémentrématurée,ous roposercomme'indi-
que
e sous-titree son
ouvrage
un
corpus
e
données. es données n
ques-
tion ont vant out
rchéologiques,
t
plusprécisément
stéologiques,pécialité
d'un
auteur
éjà
connu
our
es
remarquables
ravaux ur es fouilles e La
Charité-sur-Loire.our ous
es sites tudiés et
ls sont
égion
Frédérique
Audouin-Rouzeauournitn effet
ne foule
d'informationsirées e
l'obser-
vation es ossements
nombre e restes
éterminés
t,
orsque
'est
possible,
nombre
minimum'individus e
chaque
spèce
nimale,
aractéristiqueshy-
siques
hauteur
u
garrot)
t enfin e
qu'elle appelle analyse
rchéozoologi-
que
»,
c'est-à-direes
données oncernantussi
bien
'âge
ou a
pathologieue
les
traces e
découpe
u
d'utilisationrtisanale.
e sont es centainese
publi-
cations,
lassées
ar
nom 'auteur t
représentant
44 sites
rchéologiques,
ui
sont insidisséquées,es donnéesollectées tantccompagnéese commen-
taires estinés en faciliter
'interprétation.
ravail
'autant
lusprécieux
ue
les
rapports
e fouille
lorsqu'ils
xistent
-
ont ouvent ait
'objet
de
publi-
cations
onfidentielles,
ue
Frédérique
udoin ous
dispense
insi e
chercher,
parfois
ainement.as moins e
6 index
ccupant rès
e 100
pages
permettent
d'utiliser
vec efficacitét
rapidité
et
énormematériel. ar
'extension
éo-
graphique
t
chronologique
e
l'enquête
qui
s'étend
ur 000 ans et 26
pays
européens
autoriseous es
questionnements
t touteses curiosités
ceux
qui
prétendront
ésormais aire 'histoire
e telle
espèce
animale,
éfléchir sa
diffusion
u même
'interroger
ur
es
rapports
ntre 'homme
t
l'animal,
devront
artir
e
cet
ouvrage
t
Frédérique
udoin d'ailleursmontrélle-
même,
ansdesarticles
écents,
oute
parti u'onpouvait
irernces domaines
ducorpus u'ellea rassemblé3.
Ainsi e trouve
empli'objectif
vouéde 'auteur
sortire eur
plendide
isolement
es études
rchéozoologiques,
u'il s'agit
de
rendreccessibles ux
non-spécialistes
fin
u'elles
puissent
participer
la
progression
t au renou-
vellement
e
l'enquête istorique
.
Mais,
à
l'inverse,
rédérique
udouin
voulu
ussi
ffrir
ses
collègues
rchéologues
a substance'articlest
d'ouvra-
ges historiques,nalysés
elon
es mêmes
rincipes.
'est ncontestablemente
point
aible e son travail même i
elle
revendique
ans son
ntroductiona
vertu
e
l'hétérogénéité,
l est
bien lair
ue
la
grille
e lecture laborée
our
2. R.
Delort,
es nimauxnt ne
istoire
Paris,
984
Le
mondenimalt es
représentations
u
Moyenge
xr-xv
iècles),
oulouse,
985 Histoiret nimal
2
vol.,
Toulouse,989. ans ublierien ûr escolloquesrganisésar 'associationnterdis-
ciplinaire
L'Homme
t 'Animal.
3. F.
Audoin-Rouzeau,
Bêtesmédiévalest
familiaritéanimauxamilierse
l'esprit,
nimauxamilierse a vie
,
Anthropozoologica
n°20,
994,
p.
11-40
t n
collaboration
vecJ.-D.
igne,
La
colonisatione
'Europear
e rat oir
Rattus
at-
tus)
,
Revue
e
Paléobiologie
vol.
3,
n°
1,
mars
994,
p.
125-145.
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 151/165
NOTES
DE
LECTURE
149
des
rapports
e fouille
eut
ifficilement
'appliquer
dessources ussidiffé-
rentes
ue
des ivres
e
cuisine,
es bestiairesu
des articles rudits.
'autre
part,
es sources
historiques
sont n nombreortimité t
eur hoix
pparaît
pour
e moins
rbitraire,
ais
Frédérique
udoin
prévoit
e
compléter
on
enquête.
es réserves
e diminuentn rien
'intérêt'un
répertoire
ui
servira
aussibien
l'historiene l'alimentation
u de
l'agricultureu'à
l'archéologue
ou au
zoologue.
Nombreux
ont
galement
eux à
pouvoir
irer
rofit
u ivre e
Jacques
Voisenet,
ui
se
place
résolument,
uant
lui,
ur e terraines textes.
t
pas
n'importeesquels, uisque
epuis
e nombreuses
nnées,
ethistorien
atient
traque
es animaux
ans es œuvres u
Haut
Moyen
Âge,
notamment
ans
l'épais aillis esviesde saints. hoix uipeut araîtreurieux,oireuicidaire,
aux
yeux
e ceux
ui
croientncore es siècles
oués u ressassement
erpétuel
des
modèles t des motifs érités
e
l'Antiquité aïenne
u chrétienne.
ais
précisément,
'est durant
es siècles
apitaux ue
s'effectue
e travail onsidé-
rablede
sélection,
e
recomposition
t
d'interprétation
'où
sortiraa vision
«
médiévale des animaux.
La
première
âche,
t
Jacques
oisenet'a
bien
ompris,
stdonc
e recen-
ser es
héritages.
our
ela,
l
entreprend
n étourdissant
tour es
sources
,
dont
'impressionnante
ibliographie
onne nefaible
dée et
qui
mène e
lec-
teur e la Bible et des
Pèresde
l'Eglise usqu'à
la
Perse,
n
passant ar
es
poètes
aïens
e
'Antiquité,
es
égendes
rlandaisest
es
mythes
ermaniques.
Mais 'auteur e
perd
amais
e
fil
de son
propos, ui
estde
comprendre
om-
mente construisirentt se transmirentotifs,opoï tfantasmes,n un mot
cette
imagerie
nimale
qui
donne
on sous-titre
l'ouvrage.
Ce
qui
n'aurait
u
être u fond
u'un
nventairela Prévert
e mue n
un
récit es
origines,
ttentif
en détecteres
facteursssentiels
t à en
dégager
des
eçons
e méthode.renons
ar
xemple
e
passage,
n ne
peut lus
banal
en
apparence,
e la Vie
de sainte
Brigide
où l'abbesse
se voitentourée e
paisibles
anards
auvages ui
«
lui obéissaient
la voixet volaient
ers lle
sans ucune rainte
au
point
u'elle
«
les
caressa e la
main t es embrassa
un
petit
moment
uis
eur
ermit
e
repartir
.
Dans ce tableau
mpreint
'une
grâceprintanière,
acques
Voisenet étecte e
troublesiens
vec le folklore
celtique ré-chrétien.
iseaux
migrateurs,
os nnocents
anards nnoncent
e
changement
es
saisons t sont
ssociés ux fées
rnithomorphes
yant
e
pou-
voir evieetde mort aureste,a fête e sainte rigide,ont enom appelle
celuide
a
déesse
eltique
e a
féconditét
qui,
out
omme
elle-ci,
st
éputée
protéger
es femmesn
couches,
e célébrait
récisément
e
1er
évrier,
'est-
à-dire
e
jour
mêmede
l'Imbolc,
ête e la fertilité
ignalée
ar 'apparition
d'un animal
faiseur e
printemps
.
Et l'auteur e
rappeler
u'aux
xne t
XIIIe
iècles,
n vit
apparaître
es saintes
nsériformes,
issimulant
ous eur
robeune
patte
'oie.
Tant 'érudition
onfond,
'autant
u'à
l'imagination
ufolkloriste
pres-
que
aussi
multiforme
ue
celle d'un
Gaignebet
s'ajoutent
ci la
précision
u
philologue
t a
prudence
e 'historien.
ésormais,
n
ne
pourra lus
prétendre
parler
es animaux
u
MoyenAge
sans avoir onsulté
'ouvrage
e
Jacques
Voisenet,ui
d'ailleurs
e s'arrête
as
en si bon chemin.
près
voir
évoilé
lestraditionsiversesuiontÄnforméa vision u monde nimal artagéear
les auteurs u
Haut
MoyenÂge,
l
entreprend
n effet e
montrer
ue, pour
héritée
u'elle
soit,
lle
n'en
accueillit
as
moins
es nouveautés.
omparant
les différentesersions
e a notice
u
Physiologus
onsacrée
u
singe,
l
signale
ainsi
ue
s'est
accentuéea tendance
ui
en faisait
e
symbole
u diable.
i ce
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 152/165
150
NOTESDE
LECTURE
symbolisme,
onstitutif
'unevision
hrétiennee
'animal,
endait déréaliser
celui-ci n e
réduisantun
téréotype,
l
n'empêcha
i
'observation,
i
'amour
des bêtes. our
hacune 'entre
lles,
'est
unehistoire
articulière
ui peut
t
qui
doit
'écrire,
même
i
elle s'inscrit
ansun
système
e
valeurs
lobalement
chrétien.e
programmeue
s'assigneJacques
Voisenet ans
sa conclusion
n'est
rienmoins
ue
de
rendre
ompte, spècepar
espèce,
e
cette iversité
second
olume
u'on
attendvec
mpatience
t
qu'on
souhaite
ussiréussi
ue
celui-ci.
Bruno aurioux
Martin
Aurell,
Les
noces du
comte,
mariage
et
pouvoir
n
Catalogne
(785-1213),
aris,
ublicationse la
Sorbonne, 995,
23
p.
Pour
'aristocratie
atalane tudiée
ar
Martin
urell,
e
785 à
1213,
e
mariage
st une
arme
olitique
out
ussi
efficace ans 'ascension
ociale t
la
recherchee
pouvoir
t de
prestigeue
la force
es armes.
l
a
joué
un
rôle
de toute
remièremportance
ans a
créatione a
Catalogne.
e modèlematri-
monial
régorienui repose
ur e
consensualisme,
'indissolubilité,
a mono-
gamie
t
l'exogamie,
ontrecarreonc
es ambitionse la
noblesse atalane.
Les
«
nocesdu comte
deviennentn
poste
'observation
rremplaçable
our
l'étude e l'oppositionntre morale esprêtreset« morale esguerriers
(titre
u
chapitre
I de
Georges uby,
e
chevalier,
a
femme
t
e
prêtre
Paris,
Hachette,
981).
Le
plan adopté
par
MartinAurell st
rigoureusement
hronologique.
Jusqu'au
ébut u Xe
iècle,
es
premiers
omtes,
aisant
i
des nterdits
cclé-
siastiques,
ont es
adeptes
es alliances
onsanguinesui permettent
ne
plus
grande
olidarité
ntre ousins. e
mariage
epose
lors urtrois
rincipes
endogamie,sogamie
t
proximité,
e
qui
entraînen fort
étrécissement
oli-
tique,
es
Pyrénées
evenantne
barrière
atrimoniale.
Puis,
ntre
30
et
1080,
e modèle
ndogamique
ombe n
désuétudeles
comtes atalans
e marient
lus
volontiersvec des
étrangères
riginaires
u
Languedoc,'Auvergne,
e
Provence,
oire e
Bourgogne.
es
raisons
rofon-desde ce changemente politique emeurentbscures.Martin urell sans
doute
aison
'y
voir
a volonté e a
noblesse e utter
lus
fficacementontre
les
musulmans.n
auraità un bel
exemple,
vant a réforme
régorienne,
e
modificatione la
stratégie
atrimonialees
comtes,
ictée
ar
une morale
chrétienne.ais la
conscience e
plus
en
plus
forte
'appartenir
la commu-
nauté
hrétienne
'empêche
ullement
es comtesde
pratiquer arfois
es
unions vec des
musulmans,
omme e
fontes
grands
e Navarre u du Léon
au xr
siècle.
'élargissement
rogressif
u
champ
matrimonial
es
princes
bé-
riques orrespond,
partir
u milieu u Xe
iècle,
la
mise n
place
de meil-
leures
elationsvec a
Papauté.
ette
volution ers
'exogamie
st
ccompa-
gnée,
our
es
fils,
'uneforte
endance
l'hypergamie.
a dot
prend
lorsde
plus
n
plusd'importance
ux
dépens
u
douaire,
e mari
'ayantas obligationdedonnereaucoup uneprincesseéjàtrès ortunée.
Comme
e montre
arfaitement
artin
urell,
n utilisant
ntelligemment
des sources ussi
variées
ue
e
fameux anuel
e
Dhuoda,
es
testaments,
es
nécrologes,
es
généalogies
u la
littérature,
e
type
e
mariage
évèle a cen-
tralitéu
père
tde l'aînesse
ans e cercle
amilial.
arallèlement,
es
prénoms
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 153/165
NOTES
DE
LECTURE
1 1
desfils înésdes comtes ontde
plus
en
plus
choisis ans e stock
aternel,
alors
ue
e cadet érite
lus
volontiers
une
nthroponymie
ssuede a branche
maternelle.est
d ailleurse renforcement
u
patrilignage
ui
ncite chercher
femme
illeurs.
est
aussi e
triomphe
u
principe
e la
primogénitureui
grignote
a dotdes
femmes
sœurs)
t des cadets.
Cependant,
es veuves es
comtes,
l image
e la
célèbre
rmessende
e
Carcassonne
morte
n
1058,
près uarante
ns
de
veuvage)
u Lucia de
la
Marche
morte
n
1090),
onserventn
arge
pouvoir,
ne
grande
ichesse t
une utonomienviable.
lus
généralement,
es
princesses
atalanes ont
reuve
d une
grande
évotion.
ierges
u
veuves,
lles
occupent
ouvent e hautes
fonctionsl intérieures
monastères,
el
elui,
énédictin,
e
SantJoan e les
Abadesses ù presque outes es abbesses, e la findu IXe iècleau début u
XIe
iècle,
ont ssuesde
la famille omtale
épouses,
rès ôt
xie iècle),
lles
ont
cœur e
pratiquer
ssistance
t charité.
Ce
passage
rogressif,
u cours u
Xe
iècle,
e
endogamie
l exogamie,
de
l isogamie
l hypergamie
t de la
proximité
l éloignement,
raduitévo-
lution e
la manière ont a famille
omtale st
organisée
non
plus
selon
un
modèle
matrilinéaireais elon
nehiérarchietricteous
a directione
aîné,
qui
traduit ne
«
individuation
e
lignées
omtales dans
e territoiree la
marche,
aisant
pparaître
urtout
entité
oussillon-Empuries
t a
Catalogne-
Besalu.
Chaquedynastie
aissante,
our
hercher se
différenciere la
lignée
voisine,
st souvent
ntrée n conflit vec
celle-ci,
omme lle a cherché
élargir
on
champ
alliances,
n
quête
e
princesses
trangèresépositaires
t
vectricese prestige« la hainepour e voisin st a facecachéede l amour
pour
étrangère(p.
199).
A
partir
e
la fin u
xr
siècle,
n
entre ansune
grande hase
d offensive
ecclésiastique
our mposer
nmodèle hrétiene
mariage, oyen,
elon
Mar-
tin
Aureli,
e renouer
vec e contenu e
l Evangile.
e
durcissemente l atti-
tude e
l Église
se
perçoit,
n
particulier,
traversextension
e l interdiction
de l inceste
u
septième
egré
e
la
computationermanique,
ertainesisso-
lutions e
mariages
es comtes
celui
de Ramon
Berenguer
er t Almodis e
la
Marche,
arexemple),
es formules
eligieusesue
les clercs nsèrent
ans
les chartes e
mariage
u les actesde
constitutione
douaires,
insi
ue
dans
la cléricalisationu
rituel u
mariage
décrit
ar
auteur vec une
très
rande
précision,
ssentiellement
partir
u sacramentaire
e
Vie,
datant e
1038).
Enfin,u xir iècle, l apogée ulturelt territoriale la Catalogne,ntre
les
mains es
comtes,
e
mariage
evient
lus
un nstrument
e
conquête u un
fournisseur
alliances t
de clientèlesla
femme,
ourtant
duléedans
a
fin
amorde la même
poque,
ésormais un
rang
nférieur
celuide son
époux,
estexcluedes affaires
olitiques.
on
douaire,
ui
était
ux siècles
précédents
le
gage
de son
pouvoir,
amoindrit
jusqu à disparaître
u
xiiie
iècle)
u
profit
de la dot
qui prend
lorsune
ampleur
onsidérable,
ouant
omme e
prix
u
mariage ayé par
a femme u mari.
es malheurs e Maria
de
Montpellier
illustrentien ce
déclindu rôle de la
femme mariée t veuve
douze ans
(1192),
convolant
n secondes oces
dix-sept
ns
1197),
répudiée
n
1201,
et
mariée nouveau vec
Père er
1204)
qui
a
trompe
uvertement,
afoue
es
droits
atrimoniaux
t exclut
e
l héritage aternel.
insi,
même ncore
la
fin u xnc iècle, es comtesontinuentpratiquera polygynie,épudiantes
épouses, renant
es
concubines,
u nez d un
épiscopat
e
plus
n
plus
oumis
aux
pouvoirs
rinciers.
Au début u
xiir
iècle,
des
quatre
iliers
u
mariage
hrétien,est,
on
le
voit,
e consensualisme
ui
est e moins ien
ccepté ar
es comtes.
ans
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 154/165
152 NOTES
DE
LECTURE
unesociété
ui
s estfortement
hristianisée,
i la
greffe
e la
monogamie,
e
l exogamie,
oire e
indissolubilité,
rend,
elledu consentemente
l épouse
estdifficilear aristocratie
accepte as que
es ntérêtse individu
surtout
ceuxde la
femme)
assent
vant euxde la
«
maison .
On
louera,
hez Martin
ureli,
e
souci onstant
e
critiquer
es sources.
Tous es
documents,
ême eux
qui
semblentes
plus
connus,
ont oumis
une tude tà
une
ritiqueoujours
rès ines. our hacune e ses
conclusions,
l auteur,
tilisanta
bibliographie
a
plus
récenteur e
sujet, ompare
vec ce
qui
se déroule
illeurs,
ermettant
e mettre
arfaitement
n évidence
es
spé-
cificités e la
politique
matrimonialees comtes atalans
t
d indiquer
es
tendancesssez
générales
l ensemble e la chrétienté.auteur ait
reuve
d une mmenserudition,articulièrementn ce qui concerneespacemédi-
terranéen.l sait ussi donner ie à son
argumentation
n
décryptant
es stra-
tégies
matrimonialest
e
statut e la
femme,
u travers
exemples récis
t
concrets,
e destins ouvent
oignants
e
princesses
Ermessende
e Carcas-
sonne,
lmodis t Lucia de la Marche u Mariade
Montpellier).
S
appuyant
ur es
critiques
rès
précieuses
aites
ar
Anita
Guerreau-
Jalabert
«
La
parenté
ans
Europe
médiévale t moderne à
propos
une
synthèse
écente
,
L homme
n°
110,
vril-juin
989,
p.
69-93),
Martin
ureli
critique
vec forcee radicalismees thèses outenues
ar
Jack
Goody
L évo-
lution e la
famille
t
du
mariage
n
Europe
Paris,
A.
Colin,
1985)
qui,
on e
sait,
penseque
l offensivee
l Église pourréguler
t contrôleres
pratiques
sociales
particulièrementpartir
e a
fin
u
xie
iècle)
procède
ssentiellement
d intérêtsconomiques. ttentionependant ne pas tomber ans l excès
inverse t à ne voirdans a
politique
matrimonialee la noblesse
ue
des
mobiles
tratégiques
n niant e
qui,
dans es choix
cclésiastiques,
est
pas
de ordre e a morale. lire ette omme e
travail,
nressent
arfoisimpres-
sion
que
amais,
u coursdes
cinq
siècles
tudiés,
Église
n a
agi
autrement
que par éthique
hrétienne
,
cherchant
protéger
a
femme,
viter adultère
et faire
égner
ordremoral u
château,
rocédant
une orte e
«
civilisation
des mœurs.
Cette éserve tant
aite,
es thèses outenues
ar
Martin ureli ont ou-
jours pertinentes
t
permettent,partir
e l étudedes
systèmes
alliances,
d enrichironsidérablementotre onnaissance e l histoire u
pouvoir
insi
que
celle de la
perception
e la femme ans es milieux
ristocratiques.
Didier
ett
Jacques
erlioz
(éd.),
Moines t
religieux
u
Moyen ge
Paris,
euil
«
points
histoire
,
185),
1994,
46
p.,
ndex
lieux
t
personnes).
Ce recueil st
composé
articlesnitialement
arus
ansL Histoire
ntre
1980
et
1993
il
convient e le
préciser
ar éditeur onne es numéros
e la
revue t non es datesdes
articles)
récédés
une
préface
e
J.
Berlioz.
y
ajoutent
n
précieuxndex,
ne
présentation
es
auteurs,
es
«
repères
hrono-
logiques et unebibliographieénérale. omme ans arevue,haque rticle
est
pourvu
e notes uccinctest d une
petite ibliographiepar
contre,
es
illustrations
ont ien
videmment
as
été
reproduites,
de rares
xceptions
près
à
ce
propos
n
peut egretter
absence
e
cartes,
ui,
même
lémentaires,
auraient
u
faciliter
a lecture
t
a
compréhension
es articles e X. Barrai
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 155/165
152 NOTES
DE
LECTURE
unesociété
ui
s estfortement
hristianisée,
i la
greffe
e la
monogamie,
e
l exogamie,
oire e
indissolubilité,
rend,
elledu consentemente
l épouse
estdifficilear aristocratie
accepte as que
es ntérêtse individu
surtout
ceuxde la
femme)
assent
vant euxde la
«
maison .
On
louera,
hez Martin
ureli,
e
souci onstant
e
critiquer
es sources.
Tous es
documents,
ême eux
qui
semblentes
plus
connus,
ont oumis
une tude tà
une
ritiqueoujours
rès ines. our hacune e ses
conclusions,
l auteur,
tilisanta
bibliographie
a
plus
récenteur e
sujet, ompare
vec ce
qui
se déroule
illeurs,
ermettant
e mettre
arfaitement
n évidence
es
spé-
cificités e la
politique
matrimonialees comtes atalans
t
d indiquer
es
tendancesssez
générales
l ensemble e la chrétienté.auteur ait
reuve
d une mmenserudition,articulièrementn ce qui concerneespacemédi-
terranéen.l sait ussi donner ie à son
argumentation
n
décryptant
es stra-
tégies
matrimonialest
e
statut e la
femme,
u travers
exemples récis
t
concrets,
e destins ouvent
oignants
e
princesses
Ermessende
e Carcas-
sonne,
lmodis t Lucia de la Marche u Mariade
Montpellier).
S
appuyant
ur es
critiques
rès
précieuses
aites
ar
Anita
Guerreau-
Jalabert
«
La
parenté
ans
Europe
médiévale t moderne à
propos
une
synthèse
écente
,
L homme
n°
110,
vril-juin
989,
p.
69-93),
Martin
ureli
critique
vec forcee radicalismees thèses outenues
ar
Jack
Goody
L évo-
lution e la
famille
t
du
mariage
n
Europe
Paris,
A.
Colin,
1985)
qui,
on e
sait,
penseque
l offensivee
l Église pourréguler
t contrôleres
pratiques
sociales
particulièrementpartir
e a
fin
u
xie
iècle)
procède
ssentiellement
d intérêtsconomiques. ttentionependant ne pas tomber ans l excès
inverse t à ne voirdans a
politique
matrimonialee la noblesse
ue
des
mobiles
tratégiques
n niant e
qui,
dans es choix
cclésiastiques,
est
pas
de ordre e a morale. lire ette omme e
travail,
nressent
arfoisimpres-
sion
que
amais,
u coursdes
cinq
siècles
tudiés,
Église
n a
agi
autrement
que par éthique
hrétienne
,
cherchant
protéger
a
femme,
viter adultère
et faire
égner
ordremoral u
château,
rocédant
une orte e
«
civilisation
des mœurs.
Cette éserve tant
aite,
es thèses outenues
ar
Martin ureli ont ou-
jours pertinentes
t
permettent,partir
e l étudedes
systèmes
alliances,
d enrichironsidérablementotre onnaissance e l histoire u
pouvoir
insi
que
celle de la
perception
e la femme ans es milieux
ristocratiques.
Didier
ett
Jacques
erlioz
(éd.),
Moines t
religieux
u
Moyen ge
Paris,
euil
«
points
histoire
,
185),
1994,
46
p.,
ndex
lieux
t
personnes).
Ce recueil st
composé
articlesnitialement
arus
ansL Histoire
ntre
1980
et
1993
il
convient e le
préciser
ar éditeur onne es numéros
e la
revue t non es datesdes
articles)
récédés
une
préface
e
J.
Berlioz.
y
ajoutent
n
précieuxndex,
ne
présentation
es
auteurs,
es
«
repères
hrono-
logiques et unebibliographieénérale. omme ans arevue,haque rticle
est
pourvu
e notes uccinctest d une
petite ibliographiepar
contre,
es
illustrations
ont ien
videmment
as
été
reproduites,
de rares
xceptions
près
à
ce
propos
n
peut egretter
absence
e
cartes,
ui,
même
lémentaires,
auraient
u
faciliter
a lecture
t
a
compréhension
es articles e X. Barrai
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NOTESDE
LECTURE 153
Altet
Le
paysage
monumentale l An
mil)
et de CarolHeitz
Les
bâtisseurs
de
Cluny).
ar
contre
es
passionnants
rticles e M. ZimmermannurLes
abbayes
de
Catalogne
t
de M.-F.
Auzépy
Guillaume e Rubrouck
hez
es
Mongols
en sontheureusement
ourvus.
Les
articles ont
egroupés
n
quatre
hèmes
-
Fondationt renouveaux
avec es articles
A.
Vauchez,
aintBenoît
t
la révolutiones monatères
1980),
de
J.
Dalarun,
obert Arbrissel
t e salut
des
femmes
1985),
de
J.
Berlioz,
aint
Bernard,
e soldat
de
Dieu
(1990),
de
J.
Verger,
bélard. es écoles u
cloître
1986),
et
de
Ph.
Dollinger,
es che-
valiers
eutoniques
moines-soldatsu
germanisme
1982).
Ces
cinq
articles
sont es mises u
point
rudites ais
laires
ur es courants
ajeurs
u mona-
chismemédiéval.-
De la deuxième
artie,
space
et vie
monastiques
au milieu autres
articles e bonne enue
C.
Heitz,
J.-F.
eroux-Dhuys,
.
Parisse),
n retiendra
surtout
article e M. Zimmerman
ui
fait écouvrirux ecteursintensecti-
vité
monastique
e la
Catalogne
médiévale
article
e
1986)
et les
quelques
pages
de J.Berlioz
propos
u
ivre
e J.-C.
chmitt,
a raison es
gestes
ans
l Occidentmédiéval
Paris,
Gallimard,
990).
-
On s intéresseraout
articulièrement
ux
femmes
e Dieu
que,
dans a
troisième
artie,
es
quatre
rticles e P.-L.
Gatier
Les
femmes
u désert
1992),
M. Parisse
Les
nonnes
1978),
P.
Lhermite-Leclercq
La
vie
quotidienne
es
recluses
1989)
et M. Lauwers
Saintes
t
anorexiques
1993)
ont
u montrer
dans eur
pécificité.
-Enfin,ans a quatrièmeartie,esPrêcheurstMineursbénéficiente
toute
ne
séried articles
ui permettent
avoirune vue d ensemble ur es
ordres
mendiants,
oit u travers e leurs ondateurs
par
A.
Vauchez,
982
et
1984)
ou de leurs
ctivités,
ans es villes
J.
Le^Goff,
980),
dans Université
(Thomas
Aquin,
n universitaire
u
MoyenAge
par
J.
Verger,
990),
dans
l Inquisition
Etienne
e
Bourbon,
inquisiteurxemplairepar
J.
Berlioz,
1989),
pour
erminervec étonnant
écit
u
périple
u
Franciscain uillaume
de Rubroukhez es
Mongols
M.-F.
Auzépy,
987).
C est
donc,
ans
ensemble,
n recueil articles e
qualité ui
estmis
la
disposition
un
public
urieux histoire édiévale souhaitons
u il puisse
aussi veillera curiositét intérêtes étudiants
our
n domaine
ui
eur
st
souvent ifficile accès.
MichèleGaillard
VictorMortet etPaul Deschamps
d.,
Recueil e textes
elatifs
l histoire e
l architecturet à la conditiones architectesn France
u
Moyen
Age,
XIe-
xur
iècles rééditionvecune
préface
e
LéonPressouyre
tune
bibliographie
des sources
Olivier
Guyotjeannin,aris,
omité
es Travaux
istoriques
t
scientifique,
ollection Format
, 15, 1995,
1
100
p.
Voici une
réédition,
n formate
poche,
ort tile
pour
étude t
pourl enseignemente l archéologieu MoyenÂge» - si l on reprende titre e
la collection ans
aquelle
inscrivit
ette
ntreprise
onumentaleu début u
siècle.C est en effetn
1911
ue
VictorMortet
1855-1914),
istoriene Mau-
ricede
Sully
t bibliothécairela
Sorbonne,
it
araître
e
corpus
e
textes,
pour
a
pupart éjà
édités,
mais
provenant
es sources
es
plus
diverses t es
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154
NOTESDE
LECTURE
plus
dispersées,
t concernantous histoire
rchitecturale,
ans a
plus arge
acception
des cathédralesux fortifications
rbaines,
t
de
la
«
conception
intellectuellees édifices ux conditions atériellese leurmise en œuvre.
L enquête renait our
horizon
espace français
celui de la
«
plus grande
France
,
sans
qu il
soit isé de
démêler,
ans
es intentions
e
l auteur,
e
qui
ressort un nationalisme
xpansif
e ce
qui s inspire
une
histoire
e l art
qui,
la recherche
es
«
influences
,
ne connaît
as
de frontières.
uant
l arc
chronologique,
l
s étendaite l an
mil
u
premier
iers u
xir
iècle,
e Raoul
le
Glabre
Suger.
e cette
ntreprise,
aul
Deschamps
1888-1974),
rofesseur
à l École des
Chartes,
e voulut e
continuateur,
aisant
araître
n
1929
un
secondvolume ouvrant ensemble es
xir
et xnr iècles.La structuree
l ouvrageestaitnchangéeune opieusentroduction,édition,ar rdre hro-
nologique,
e
textes u de
fragments
e textes
récédés
une
nalyse
t clairés
d un abondant
ppareil ritique,
n ndex es
noms,
es lieux t des matières
ainsi
u un glossaire
es termes
echniques
t
des notions bordées. ans ces
conditions,
a réédition
n un seulvolume e
ces deux ecueils
imposait
elle
rendra
es services
autant
lusprécieuxu Olivier uyotjeanninpris rand
soin,
la
fin
e
l ouvrage,
indiquer
ystématiquement,orsqu il
avait ieu
de le
faire,
es référenceses nouvelles ditions
cientifiques
es textes
qu avaient
hoisisVictorMortett Paul
Deschamps.
Le
«
Mortet-Deschamps
demeure
ujourd hui
ne référenceans
équi-
valent n
langue
rançaise our
histoiremédiévale e la construction.es
index
ermettent
e
repérer
apidement
es référencesux ieux t aux
person-
nes,maisaussi aux matériauxla brique t le bois n étant as négligés) tà
leurs onditionse
transport,l organisation
u travailur es chantiers
t,
ela
va de
soi,
aux différents
léments
rchitecturauxes
édifices omans t
gothi-
ques.
l
faute
rappeler
les auteurs
e ce
recueil nt ait
reuve
une
uverture
d esprit
rare n leur
emps pour
ne
pas
limitereur
nquête
l histoire
architecturalees
grandes
athédrales.
ue
l on
consultees
entrées
u
mot
«
pont
et on
disposera
un
corpus
xtrêmement
uggestif
ur es conditions
spirituelles
t matériellese a constructione ces
équipements
infrastructure
essentielsu
MoyenAge
que
on
prenne
a
peine
e fairee relevé es
emplois
des mots voûte et
«
rotonde et a
grammaire
es formes e l architecture
romane en trouveraclaircie.Mais l on
peut galement
hoisir e
voyager
dans e recueil
partir
u terme
reliques
,
et c est e lien ntrees mutations
liturgiquest es transformationsrchitecturalesui apparaîtlors. t celui ui
s attardeur e mot serf
part
la rencontree ce dénommé
oulque, ue
Girard,
bbé de Saint-
ubin,
ffranchitla
fin
u
xie
iècle
ou,
plus
précisé-
ment,
ccueille omme rère on
ers)
pour écompenser
es talents ans art
de la
peinture
urale
texte
XXXVII,
pp.
350-351).
Utile
pour
histoire e
l architecture,
a
réédition
e ce recueil est
éga-
lement
our
histoire e cette istoire. oncernante
xr
siècle,
VictorMortet
a rassemblé n
corpus ui
demeure
ncore
ujourd hui uasiment
xhaustif,
traquant
es traces es
plus
ténues ans es Vies de
saints,
es
chroniques,
es
correspondances.
our es siècles uivantn
revanche,
e recueil e
peut
ffrir
qu un
hoix e textes
impossible,
videmment,
e
reproduire
outeses chartes
de fondation
rbaine
u xiir iècle.C est alors
ue
les
partis ris
des auteurs
serévèlentvecplusde relief. eu decomptese constructionsur a question
du financementes constructions
cclésiastiques,
n est
prié
e se contenteru
«
zèle enthousiastees
populations
enant econdere zèle des abbésrebâtis-
seurs
église
(introduction
e V.
Mortet,
.
XL).
La
préface
e Léon Pres-
souyre, résentant
n
croquishistoriographique
ommode
ur
es évolutions
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NOTES
DE
LECTURE 1
55
récentes e l histoiree la
construction,
ermet
e mesurere
qui sépare
es
préoccupations
es
historiensctuelsde
celles de Victor
Mortet t de Paul
Deschamps.
e
premier
tilise nevaste
nquête,
onduite
partir
e 1842
par
le
Comité esarts t
monuments,
ui
visait
identifieres artisterst es
ouvriers
ayant
ravailléu
Moyen
Âge
-
il
s inscrit oncdans e
courant
ntellectuel,
ié
en
partie
u
romantisme,
ui
conduitu
revival
othique
u
premier
ixe
iècle.
Le second ut
artisan e la rénovation
u Muséede la
sculpture
omparée
qu il rebaptise
uséedes Monuments
rançais
orsque
elui-ci st
nstallé,
la
faveur e
l Exposition
e
1937,
u
Trocadéro. 842 t
1937 deux
alons
dans
l histoire
e
a
valorisationu
patrimoine
édiéval,
tdans a redéfinition
oli-
tique
et
culturelle u
concept
monumental.
Nous
sommes,
ujourd hui
encore,es héritiersritiquese cette istoire.
Que
l on
songe, ar xemple,
la
question
e la
«
conditiones
architec-
tes . Si
VictorMortet
intègre
ans e sous-titree son
recueil,
est sans
doute comme
écrit éon
Pressouyre
pour
cibler ne
clientèle
oten-
tielle
,
celle des
architectes
ui
dominentlors
e
champ
e l histoire e
l art.
Mais ce
faisant,
l
rencontrene
question
entrale ans
l historiographie
actuelle
celle de
l émergence
u
«
sujet
architecte,
e
dégageant
entement
de la
gangue
es métiers
écaniques
ans
aquelle
n e tenait
risonnier.
ue
le
lecteur
aujourd hui
n
fasse
expérience
partir
e l indexdu
«
Mortet-
Deschamps
:
on
suit,
ur rois
iècles,
évolution es
désignations
émanti-
ques
de l architecte
du
cementarius
u
lathomusu
magister
n
pasant ar
Y
rt
f
x,
t
usqu aux
rchitectus,
rchitectoru architectarius
,
ces
mutations
lexicales ccompagnant,arfoisvecretard,arfoisnl anticipant,élabora-
tion u rôlede
l architecteur e
chantier,
e détachant
rogressivement
e la
fonction
e maître œuvre. n
1243,
es statutse la ville
d Avignon
ixente
prix
esconsultationses
«
maîtrese
pierre
chargés
étudier
emplacement
des forteresses
texte
CXXVI,
pp.
901-905).
Ce rôle
d expertise
ehausse
a
dignité
ociale
de l architectedès
1261,
l
fait
es
frais es sarcasmes u
pré-
dicateur icolas
e
Biard,
aillantes
personnages
autainst
gantés
ui,
rmés
de leur
bâton
radué, èglent
e
ballet es chantierse
construction,
omman-
dant ceux
dont ls se sentent ésormaisi
éloignés
les travailleurs
texte
CXXXVII,
p.
927).
Patrick
oucheron
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LIVRES
REÇUS
157
Giovanni
Ciappelli,
Una
famiglia
e le sue
Ricordanze.
Castellini
di
Firenze
nel
Tre-Quattrocento
Florence
Olschki,
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Ricor-
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Etudes sur l art littéraire u
MoyenÂge offer-
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158
LIVRES
REÇUS
Penine
Mane,
Françoise
Piponnier,
Se vêtir au
Moyen
Âge
Paris
Adam
Biro,
1995.
Faustino
Menendez
Pidal de
Navascues,
Mikel
Ramos
Aguirre,
Esperanza
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de
Olza
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Sellos
medievales de
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8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
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NOTRE-DAME
DE
CHARTRES
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d'uneumineuse
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bâtisseurs
et
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128
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8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
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8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
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MÉDIÉVALES
Langue
Textes
Histoire
Abonnements
Université
aris
VIII
-
PUV Médiévales
2,
ruede
la Liberté
93526 Saint-Denis edex 02
Tél. 33-1-49
0 67 88
-
Fax
33-1-49
0
67
53
Distribution
CID
-131,
boulevard aint-Michel
75005
Paris
Tél. 33-1-43 4
47
15
-
Fax 33-1-43 4 80
73
Diffusion
AFPU-Diffusion PUL - BP 199 - 59654
Villeneuve-d'Ascq
edex -
Tél. et Fax 33-20 91 03 95
Numéros
parus
1
Mass-mediaet
Moyen
Âge
(1982).
Épuisé
2 Gautierde
Coinci le texte
du Miracle
1982).
Épuisé
3
Trajectoires
u sens
/1983)
4
Ordres t désordres.
tudes
édiées
Jacques
e Goff
1983).
Épuisé
5
Nourritures
1983).
Épuisé
y
6 Au pays^d'Arthur1984). Épuisé
7
MoyenÂge,
mode
d'emploi
1984).
Épuisé
8 Le souci du
corps
1985).
Épuisé
9
LanguesJ1985).
Épuisé
10
Moyen Âge
et histoire
politique.
Mots,
modes,
ymboles,
truc-
tures.
Avant-propos
e
GeorgesDuby
1986).
Épuisé
11 À l'école de la lettre
1986)
12
Tous les chemins mènent
Byzance.
Études
dédiées
à
Michel
Mollai
1987)
13
Apprendre
e
Moyen
Âge
aujourd'hui
1987).
Épuisé
14 La culture ur le marché
1988)
15 Le premierMoyenÂge (1988)
16/17
lantes,
mets t
mots
dialogues
vec
A.-G. Haudricourt
1989)
18
Espaces
du
Moyen
Âge
(1990)
19 Liens de
famille.Vivre et
choisir a
parenté
1990)
20
Sagas
et
chroniques
du Nord
1991)
21
L'an mil
rythmes
t acteurs
d'une
croissance
1991)
22/23Pour
l'image
1992)
24 La
renommée
1993)
25 La voix et l'écriture
1993)
26
Savoirs d'anciens
1994)
27
Du
bon
usage
de
la souffrance
1994)
28
Le choix
de
la solitude
1995)29 L'étoffe t le revêtement1996)
8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 165/165