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8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996 http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 1/165 T^'T T7 langue I I II textes %4 JL^/JL JLi histoire VALES I N° 30 - PRINTEMPS 1996 A LES DÉPENDANCES f F AU TRAVAIL M) I F AU "Q TRAVAIL I M) § duCentre evue National ubliée du vec Livre econcours etduC.N.R.S. llf duCentreationaluLivretduC.N.R.S.

Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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T^'T T7

langue

I

I II textes

%4

JL^/JL

JLi

histoire

VALES

I

N° 30

-

PRINTEMPS 1996

A LES

DÉPENDANCES

f F

AU TRAVAIL

M)

I

F

AU

"Q

TRAVAIL

I

M)

§

duCentre

evue

Nationalubliéedu

vec

Livre

e

concours

etduC.N.R.S. llfduCentreationaluLivretduC.N.R.S.

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MÉDIÉVALES

Langue

Textes Histoire

Revue semestrielle

publiéepar

es

PressesUniversitairese

Vincennes-ParisIII

avec le

concours

u CentreNational u

Livre

et du

Centre e la

Recherche

cientifique

fondée

ar

François-J.

eaussart,

ernard

erquiglini,

rlando e

Rudder,

François

Jacquesson,

laude

Jean,

dile

Redon

Directeure la publicationOdile REDON

Comité

de

rédaction

Simonne

ABRAHAM-THISSE

Patrick

OUCHERON

Alain

BOUREAU

Monique

BOURIN

Geneviève

ÜHRER-THIERRY

Lada

HORDYNSKY-CAILLAT

Bruno

AURIOUX

DidierLETT

LaurenceMOULINIER

Danièle

SANSY

Conseil

scientifique

Jérôme

aschet,

Chiara

Frugoni,

Allen

J.

Grieco,

Christine

apostolle,

Michel

Pastoureau,

Danielle

Régnier-Bohler,

ernard

Rosenberger,

Barbara

Rosenwein,

imone

Roux,

Françoise

Sabban,

Thomas

Szabó,

Elisabeth

adora-Rio

© PUV, Saint-Denis, 996

Couverture dessinde

MichelPastoureau

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MÉDIÉVALES 30 PRINTEMPS 1996

LES

DÉPENDANCES

AU TRAVAIL

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CONSIGNES AUX AUTEURS

A

-

Articles

Les

textes serontremis

dactylographiés

u

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n double

interligne,

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800

signes

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lignes

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surformat

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cm. Le

texte et les notes seront

présentés éparément,

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continu la

suite de l'article. Les articles

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comprises)

ne

dépasseront as

45 000

signes (y compris

es

blancs),

sauf

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spécifiques

du

responsable

du numéro.

Les

disquettes

seront ournies ans un secondtemps.

Normes de

présentation

Les

mots et les citations n latin

seront

présentés

n

italiques

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Les

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hors

e

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figureront

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es

illustrations eront

présentées

part,

en cliché

positif

noir

et

blanc,

numérotées t avec une

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dactylographiée.

e

nombredes illus-

trations

ar

article ne

dépassera pas

5. Les dessins au

trait ont les

bienvenus.

Notes

Dans les noteset

les références

ibliographiques,

n

respectera

es

normes uivantes initiale

du

prénom

de l'auteuren

capitales,

uivi du

nom

de l'auteur en

petites

apitales

sauf

l'initiale en

capitale)

titre

d'ouvrage

en

italiques

tomeou volume lieu

et date d'édition

pages.

Pour es

articles e revue titre e

l'articleentre

uillemets,

irec-

tement

uivi,

près

une

virgule

sans

dans

ni

in),

du titre e la revueen

italiquesou souligné tome ou volume année pages.Pour les articles nclusdans des

ouvrages

collectifs

actes

de col-

loques,

mélanges...),

même

présentation

mais le

titrede l'article est

suivi du mot

dans,

puis

du nom

de l'éditeur

scientifique

en

petites

capitales)

suivi de éd.

ou

dir.,

et du titre e

l'ouvrage

(en

italiques).

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médiévaux,

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t

le nom de

l'auteur eront n

petites apitales

sauf

initiales,

n

capitales)

le titre

du texte

en

italiques)

sera suivi du

prénom

et

du

nom

de l'éditeur

scientifique

en

petites apitales)

suivi de éd. ou dir.

B

-

Notes

de lecture

On indiquera ans l'ordre l'auteur, e titre n italiques y compris

l'intégralité

es

sous-titres),

e lieu

d'édition,

a maison

d'édition,

a

date de

publication,

e

nombrede

pages,

le nombrede

planches

et la

nature

es index.

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SOMMAIRE

N° 30

PRINTEMPS

1996

LES DÉPENDANCES

AU TRAVAIL

Les

dépendances

u travail

AlessandroSTELLA

5

La

peine

des hommesest-elle

objet

d'histoire

Philippe

BRAUNSTEIN

9

Arachné

igotée

la fileusedu

Moyen Âge

face au

drapier

Dominique

CARDON

13

Entre a

complémentarité

t la

dépendance

rôle

économique

et

travaildes

femmes t des enfants ans le

monde ruralvalencien

au

bas

Moyen Âge

AntoniFURIÒ

23

Travail, famille,

maison formes

t raisons du

placement

dans

les sociétés traditionnellesAlessandroSTELLA 35

Entre

mbre t lumière

quelques

aspects

du travail es femmes

à

Montpellier

1293-1408)

Cécile

BÉGHIN

45

Relationsfamiliales

t

rapports rofessionnels

hez

les artisans

du bâtiment

n Provence à la findu

Moyen Âge

Philippe

BERNARDI

55

Les enfants u travaildans l'industrie extile lorentinees xivc

et xve

iècles

Franco FRANCESCHI

69

Exploités

ou

profiteurs

Les

apprentis

marseillais vant a Peste

noire

Francine

MICHAUD

83

Indispensable

t caché.

Le travail

quotidien

des

enfants u bas

Moyen Âge

et à la

Renaissance

Katharina IMON-MUSCHEID

97

Les

«

Ciompi

»

:

cardeurs,

oulons,

âtards

Robert

PARIS

109

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4 SOMMAIRE

ESSAIS ET RECHERCHES

Occulta cordis. Contrôle

e soi et confession u

Moyen Âge

(II)

PeterVON MOOS

117

Notes

de lecture

139

Sandro

Carocci,

Baroni di Roma.

Dominazioni

ignorili

e

lignaggi

aristocraticinel Duecento

e nel

primo

Tre-

cento

P.

Boucheron)

;

Jole

Agrimi t Chiara

Crisciani,

Les Consilia médicaux (M. Nicoud) ; Comprendre t

maîtriser

a nature u

Moyen Âge Mélanges

ď histoire

des sciences

offerts Guy Beaujouan

(G.

Comet)

;

Michel

Fixot,

Elisabeth Zadora-Rio

dir.,

L'environne-

ment es

églises

et la

topographie

eligieuse

des

campa-

gnes

médiévales

(C.

Treffort)

;

Frédérique

Audoin-

Rouzeau,

Hommes

et animaux en

Europe

de V

poque

antique

ux

temps

modernes.

orpus

de données

rchéo-

zoologiques

et

historiques Jacques

Voisenet,

Bestiaire

chrétien.

'imagerie

animale des

auteursdu Haut

Moyen

Âge

(ve-xie

iècle) (B. Laurioux)

;

Martin

Aurell,

Les

noces du comte mariage et pouvoir en Catalogne

(785-1213) (D.

Lett)

;

Jacques

Berlioz

(éd.),

Moines et

religieux

u

Moyen

Âge

(M.

Gaillard)

;

VictorMortet

et Paul

Deschamps

éd.,

Recueil

de textes

elatifs

l'his-

toire de l' architecture

t à la condition

des architectes

en France au

MoyenÂge

xie-xmeiècles rééd.

P.

Bou-

cheron).

Livres

reçus

156

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Médiévales0, rintemps996,p. -7

Alessandro

STELLA

LES

DÉPENDANCES AU TRAVAIL

Le

premier

historien,

érodote,

disait

que

chez les

Athéniens e

travail

domestique,

vant d être

assuré

par

des

esclaves,

avait été la

tâche

des femmes

t des enfants

Les

historiens es

xixe-xxe

iècles ont

bâti un

cadre

conceptuel

t

mené des

études ur e

travail,

ans

lesquel-

les les

protagonistes

resque

exclusifs

étaient es hommes

adultes.

Jusqu à

une date

récente,

ux

femmesn était

accordée

qu une place

secondaire,

ans

l ombre des

hommes ur e chemin

de

l émancipation.

Mais alors

que

les

anthropologues

t es

sociologues

dressent,

u

travail

dans les pays pauvres,un tableauoù non seulement es femmesmais

aussi les enfants

ouent

un rôle

central,

es

historiens

ardent ouvrir

cettefenêtre.

ans le

meilleur es

cas,

les manuels

d histoire ont tat

des

enfants u travail

dans les

usines de la

révolution

ndustrielle ces

connaissances,

ailleurs,

nous

viennent on

pas

de recherches

istori-

ques,

mais

de

rapports

e

médecins

et de

parlementaires

es années

1830-18502.

C est

que, parmi

es

réductions

implificatricesui

ont

emprisonné

l analyse,

celle

qui

s est focalisée sur

e travail alarié a

pesé

lourd.

S il

est

relativementisé de

saisir

exploitation

e l homme

par

l homme,

les

repères

deviennent

mouvantsdès

qu on introduite sexe, l âge, larémunérationutre

que

le salairemonétaire. omment e construisent

les

rôles et les relations

nterpersonnelles

ans un atelier ù

travaillent

coude à

coude le

patron,

a

femme,

on

fils,

un

ouvrier t un

apprenti

Quelle

est a

nature es

dépendances

ans une

ferme amiliale ù vivent

et

travaillentnsemble

rois

générations

individus

C est cette om-

plexité

des

rapports

e

travail

que

le

présent

numérode

Médiévales

veut aborder.

1. J-P.

ernant t P.

Vidal-Naquet,

ravail t

esclavage

n

Grèce ncienne

Paris,

988,

.

104.

2. L-R.

Villermé,ableau e étathysiquetmoral es uvriersmployésanslesmanufacturese oton,e aine t e oieParis 840,ééd.aris,DI,1989E. Duc-

PETIAUX,

e la

condition

hysique

t

moralees

eunes

uvrierstdes

moyens

e

amé-

liorer

2

vol.,

Bruxelles

843,

ééd.

aris,

DHIS,

1979 Ch.

Dupin,

u travail es

enfantsu employ

nt

es

teliers,

es

usines,

es

manufactures,

onsidéréans es ntérêts

mutuels

e a

société,

es

amilles

tde industrie

Paris,

840-1847.

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8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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6

A.

STELLA

S

agissant

du

Moyen Âge

(mais

on

pourrait

ussi bien

parler

insi

des

sociétés

traditionnelles),

tudier es

rapports

e

dépendance

u

sein

des

exploitations gricoles

et dans les

ateliers artisanaux

quivaut

à

aborder

e

gros

du

travail

ui

se

faisait cette

époque,

connu dans le

lexique

courant ous

le nom d économie

domestique.

Or,

en

laissant

volontairement

e côté es

grands

ystèmes

t es théories

conomiques,

ce

qui

nous intéresse ci est

précisément

e

comprendre

a

naturedes

liens

qui

unissent es

personnes

ans l unité de travail

domestique.

l

y

a

quelques

années,

Médiévales

consacraitun numéro aux

«

liens de

famille

3

;

celui-ci aurait

pu

aussi

s intituler liens de

travail

.

Les

liens de sanget es liensde travail,ntimementnterdépendants,omme

le

souligne

vec force

Antoni

Furiò,

e

retrouvent la base de

l agglo-

mération

umaine.Et ce n est ni

pour

fairede la

peine

à

Malthus,

ni

pour

exaucer es vœux de

l Église que

les

couples

paysans

faisaient es

enfants

ôt et en

nombre,

mais

plus simplement

ous la

contrainte u

travail

accomplir.

Philippe

Braunstein,

n ouverture es

contributions

résentées

ci,

nous

rappelle ustement

ette

monstruosité ffichée

par

les

nazis à

l entrée

des

camps

«

le travail

end ibre . L histoirenous

montre

ue

c est,

au

contraire,

ar

le

biais du travail

que

l asservissement e

plus

inhumain omme a

dépendance

a

plus

sournoise

e

formentt se défor-

ment.Mais il n est pas bon pour ordre social de laisser voir a dure

réalitédu

travail,

t sa

représentation

souvent

oué

la fonction exu-

toire e la

plaie

humaine est-ceun

hasard,

nous dit

Dominique

Cardon,

si

l iconographie

de la fileuse met

en scène les

Parques

ou

la

Vierge

Marie dans des

paradis

bucoliques,

tandis

qu elle gomme

es

images

réelles du

plus grand

nombrede femmes

iées

quotidiennement

leur

quenouille

utant

u à

leurs

donneurs e travail

Quand

elles n ont

pas

été

reléguées

sous

l escalier,

comme la

fileuse

peinte par

Giotto,

es

femmes

u travailn ont

pas

laissé

beaucoup

de tracesdans les

registres

notariaux t dans es livres

omptables.

a difficulté

este ncore

grande

en effet, t l article de Cécile Béghin le confirme ne fois de plus,

d appréhender

es activités

conomiques

des femmes n dehorsde leur

espace

«

naturel

qu est

la maison. l

ne fait ucun

doute,

au demeu-

rant,

ue

du meix l atelier

familial es femmesn étaient

pas

des

figu-

rantes,

compris

dans des métiers

omme ceux de la

construction,

us

a

fortiori

ommevirils.

hilippe

Bernardi,

ur a base

de milliers actes

notariaux,

montre

ue

la

présence

féminine,

même au

plus

hautniveau

de

l entreprise

rtisanale,

st loin

d être

négligeable,

lors

que

le rôle

des

femmes,

auf en cas de

veuvage,

n est

pas

reconnu ur e marché

du travail

salarié solidement enu

par

les

hommes. Le travail salarié

appartiendrait-il

un autre

registre

u travail

domestique

Qui

saurait

en fixer es frontièresans le cas d une entrepriseamiliale

La

plupart

es historiens

ollicités

pour

collaborer ce numéro e

Médiévales ont choisi délibérément

e mettre accent sur les

grands

3. Médiévalesn°

19,

utomne990.

Page 13: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 13/165

LES

DÉPENDANCES

U

TRAVAIL

7

oubliés de

l histoire

u travail

les enfants t les adolescents.Avec ces

apports

nous ne

ferons

ue

commencer

remplir

e trou

noir et subs-

tituer des

images

à

la Zola ou

à l étude

de

la

transmission

es

savoirs

une

approche

des conditions

e

vie et de

travaildes

jeunes,

sans

pour

autant

n faireun

genre

historiographique

ouveau,

séparé

non seule-

ment

par

choix

méthodologique,

mais

parce

qu il

nous

paraît

mpensa-

ble d aborder

a

mise au travail

des

enfants

ors du contexte

amilial,

ou

pour

mieux dire

domestique,

ui

le

sous-tend.

Franco

Franceschi

remet

es

pendules

à

l heure la

présence

des

enfants ans

es manufactures

extiles

e date

pas

du

xixe

iècle.

Ils sont

déjà nombreux ans l industrie lorentinee la laine et de la soie aux

derniers

iècles

du

Moyen

Âge.

Katharina

Simon-Muscheid,

après

des récits

utobiographiques,

ous montre

e

quoi

étaient aits

es

pre-

miers

pas

des

enfants,

ugés

capables

à

l âge

de

six ou

sept

ns

d appor-

terun

soutien,

n

soulagement

ux tâches

variées

de l économie

domes-

tique.

Elle attire

insi

notre

attention,

ans

pouvoir

faire

a

part

de

l exploitation

t celle

de la

formation,

ur

a mise au

travail n

bas

âge,

correspondant

une initiation

la dureté

de la

vie autant

qu à

une

distribution

es tâches

à l ensemble

des

membres

du

groupe.

On

ne

saurait

nvisager,

n

effet,

e

rendre

conomiquement

entables

sauf

dans des

tâches

particulières)

es

travailleurs

vant

un certain

ge.

Ce

seuil se situegrossomodo autourde l âge de la puberté dès lors, e

grand

nfant u

le

eune

homme

fait

on entrée

fficielle

ans

e monde

du

travail,

mais

dans une

position

de subordination

ictée

avant tout

par

âge.

À la suitedu

père

ou de la

mère,

du maître

u

du

compagnon,

le

jeune

travailleur

st soumis

à un

large

éventail

de

dépendances

qui

peuvent

éanmoins

ui devenir

lus

favorables

comme

e montre

ran-

cine

Michaud

-

lorsqu ils

savent

profiter

une

conjoncture

émogra-

phique

ou

économique,

l instar

des travailleurs

dultes.

De l étude des

contrats

e mise

au travail

d enfants

t de

jeunes

gens,

se

dégage

-

et

c est au

cœur de

ma contribution

ersonnelle

une catégorieparticulière

individus

les

orphelins.

ls constituent

es

gros

bataillons

apprentis

t autres

nourris-logés

,

pour

ui le contrat

de

travail

ignifie

n

même

temps

a

reconstitution

e

liens de

ménage

rompus.

Dépourvus

d une

protection

arentale,

ls étaient

lus

exposés

à devenir

des ouvriers

ans

qualifications,

es

«

Ciompi

».

Nous

avons

voulu conclure

e recueil d articles

par

la

publication

de la

découverte

aite

par

Robert

aris sur

origine

du mot

«

Ciompi

».

Ce

n est

pas

une

petite

rouvaille

depuis

des siècles

beaucoup

s étaient

interrogés

ans

apporter

ne

réponse plausible.

Celle

de Robert

Paris

paraît

out

fait atisfaisante

ur

e

plan

exicographique

t contextuel

de

plus,

elle

nous

rappelle

origine

du

mépris

voué à

ces

dépendants

par leurscontemporains« enfants es champs , « bâtards .

Page 14: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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Médiévales0, rintemps996,p. -12

Philippe

BRAUNSTEIN

LA PEINE

DES HOMMES EST-ELLE

OBJET

D HISTOIRE

?

Le

tourisme

istorique

aventure

arfois

n des lieux

désertés,

ù

il

n y

a

plus

rien à voir.

Ainsi,

cette

prison

de

transit,

ue

l on

visite

à

Gorée et où s entassèrent es

milliersde

captifs

fricains

promis

au

travail

u,

par

défaut,

la mort dans le silence du lieu

surgissent

es

images

de

souffrance,

ue

la

«

compréhension historique

a rendues

présentables,

inon

supportables.

Il

est vrai

que depuis

a traite

es Noirs des formes

ystématiques

d inhumanité nt fait

urgir

e nouvelles

mages,

devenues

épouvanta-blement anales,sous l enseignedu « travail ui rend ibre : des sque-

lettesambulants

poussant

vers des

foursdes

«

palettes

de

cadavres

secs ou faisant

glisser

dans des fosses des amas de

corps souples

et

grotesques,

n

Jugement

ernier

ous un ciel vide.

Ni

les commentaires

des

historiens,

i

les souvenirs ollicités

des survivants e

permettent

de combler e hiatus ntre es

images

de déréliction

t celles

des lieux

ordinaires,

estinés l exterminationu à

l épuisement

rogrammé,

ue

l on visiteen

groupes

t où

les oiseaux sautillent

nouveau sur un

sol

gras.

Entre e

départ

des

uns et

la destruction es

autres,

l

n y

pas

de

proportion,mais un lien,celui du travailforcé,rentabledans un cas,

prétexte

nutiledans

l autre,

qui

réduit être à des muscles et à des

tendons. ravail de

masse,

souvent

nalysé,parfois

écrit,

amais

mon-

tré2.

Aborder a réalité

historique

u travail

par

les

portiques

ontem-

porains

de l humiliation t de la

mort,

est s inscrire élibérément ans

une tradition

ui

décrit e malheur es hommes

ui

ne sont

ni

ceux

qui

combattent

i

ceux

qui

prient

comme

le dit Adalbéronde

Laon,

«

il

1. La nécessité

conomique

une

bondante

ain-d œuvre

par xemple

.

Cas-

telo-Branco,

Escravatura

pretenso

acismoo

Portugueses

,

Anais

19, 970,

.

252.

La référencest mpruntéeun rticleparaîtree A. Stella.2. Quelqueseintrese sontisquésreprésenterefforteshommestdesfem-

mes u

travail

pas

eulementes

gestes,

ais es

déformations,

a

sueur,

accablement.

Les

photographiesui

ont assemblées

groupes

ouvrierstd ouvrièresur eur ieu

du ravaile sont ien

ardé

efixeres ltérationse a

fatigue

l effortst

égradant,

le hérosst

aisible.

Page 15: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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10

Ph.BRAUNSTEIN

n y

a

pas

de fin la

plainte

t aux larmesdes serfs 3. On aura

compris

que

le travaildont

il

est

question

ci n est

pas

celui de

l artisan,

de

l artiste,

u notaire

u de la mère

de famille

c est le labeur

qui

fait

vivre une société dans

les

champs,

ur es chantiers

t dans

les entre-

prises

industrielles.

ous le terme

aujourd hui

affaibli

de

«

travail

coexistent

es

réalités rès

différentes,

ar

uniformisation

es

pratiques

sociales a étendu

image

et le statut u

salariat,

utrefois

ndigne

et

contraignant,

un

large

spectred occupations

professionnelles4.

ette

situation

cculte

le brutal ouvenir

des

rapports

e

dépendance

dans

lesquels

vécut

a

plus grande

partie

de la

population

Europe pendant

des siècles : précarité hysique tmentale, onton n a pas finid inven-

torier es

signes.

Une

histoire e la

sujétion,

une

«

chronique

du sala-

riat»

ne

peuvent

s écrire

à

partir

des

seules

représentations

u une

société se donne

d elle-même

il faut

aussi

s efforcer

e

retrouver t

de rassembler

es traces

du travail vécu

»,

que

le discoursnormatif

t

les

données chiffrées

e

prennent as

en

compte.

Or,

es intéressés

ont aissé

que

de

maigres

onfidences

ur eurs

conditions

de

travail5,

ue

la

conservation u

la restitution

es

lieux

permet

exceptionnellement

appréhender

des

édifices

déserts,

es

cathédrales

uinées

de la

grande

ndustrie,

xposent parfois

outils

et

machines,

mais

ils ont

perdu

eurs mes

mortes t aucune

«

animation

ne peutressuscitera peine des travailleurs isparus quantaux gens

de

plume

et

d ordinateur,

ls

ont bien rarement

expérience

du

labeur

in sudore

vultis6.

Il

est des

lieux de mémoire

ui

ne sont

pas

théâtres

e commémo-

ration. a vie

qui

s y

déroulait

tait ans

histoire,

arce

que

des histoires

de vie les

ontabandonnés

our

toujours.

e sont

es

carrières,

es fosses

et les

galeries

de

mine,

es

puits

de

salines,

durement

reusés,

taillés,

foncés,

ccès aux

œuvres

vives,

décor obscur

t

menaçant,

adre

ntem-

porel

et

durable,

ù des

hommes

ont consommé

eurs forces

ce sont

aussi

les chantiers

e construction

t de

radoub,

es

verreries,

es

forges

et

affineries,

vec leurs

retenues,

hutes et

dérivations,

es moulins

à

fouler, cierieset

papeteries

il en restetoujoursquelque chose, ne

serait-ce

ue

des

plans

d eau

démesurés

par

rapport

ux

vestiges

du

3.

Poème u

roiRobertCl.Carozzi

d.

Les

lassiques

e histoire

e France

32),

Paris,

979,

.

23.

4. C est

objet

u ivre e

R.

Castel,

Les

métamorphoses

e a

question

ociale.

Une

hronique

u

alariat

Paris,

955.

5.

Ph.

Braunstein,

La communication

ansemonde

u ravail

la fin u

Moyen

Âge

,

Kommunikation

nd

lltag

m

pätmittelalter

nd

rüher

euzeit

Österreichische

Akademie

er

WissenschaftenPhilosophisch-historische

lasse,

itzungsberichte

596,

Vienne,

992,

.

95

«

dans e

champ

e histoire

u

ravail,

a

parole

st estée

ceux

qui ont rise ar crit,est-à-direunenfimeractione apopulationaborieuse.

6. Cité

ar

ebastian

ünster,

osmographia.

as ist

eschreibung

er

antzen

Welt

..,Bále, 628,

ac-similé

indau,984, ,

09

un

xpert

osgien,

ans

aubensack,

s étonnant

ue

histoire

énérale

it

orté

i

peu

attention

activitéinière

n

Europe,

apporte

ui-même

explication,

n

onstatant

«

personne

est

nmesureécrire

érieu-

sement

ur es hoses

u il

n a

pas

vues u mises n

pratique

.

Page 16: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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LAPEINE ES HOMMES ST-ELLE BJET HISTOIRE

11

bâti ce sont

enfin,

certaines

tapes

du

travaildans les filières e la

transformation,

es

espaces

clos,

parfois

rès vastes

-

les

tenderies,

la dimensiondes

pièces

de

drap

-

qui

ont aissé

leur

marque

dans les

cadastres u la

toponymie,

même si les murs nt

disparu.L enquête

de

terrain estitue es

lieux,

les

textes es

évoquent parfois,

bruyants

t

malodorants Jeande Garlande nstalle es

peigneresses

n un lieu nau-

séabond7 une ordonnance

minière saxonne

déplore

qu en

nombre

d exploitations,

les mineurs oient

placés

dans des lieux

à

risque,

dans

des

conditions

aérages

détestables

t sous le

danger ermanent

inon-

dation...

8

;

Biringuccio, ui

a visité à Milan une fonderie e

laiton,

où toutes es phasesde la productione déroulent ans la mêmehalle,

déclare

que

«

voyant

ravailler

utantde

personnes

ans le même

ieu,

tout

visiteur

ourrait,

omme

moi,

se croire n enfer...

9

Dans cet

enfer

es

premières

nnées du

xvr

siècle

-

rappelons ue

les conditionsde travail dans

le

bruit,

a

poussière,

a chaleur et la

promiscuité

e

portent as

nécessairement

estampille

de la

«

société

industrielle

-

les ouvriers t

es maîtres

métallurgistes

appartiennent

pas

à la mêmehumanité

ue

ceux

qui

écrivent

our

des administrateurs

et des lecteurs ultivés.

Ainsi,

pour

Filarète,

ui

se renddans

entreprise

sidérurgique

e

Ferriere,

ans le Val Nure

Placentin),

es fondeurs

u

teint

âle,

empoisonnés

par

les

vapeurs

sulfureuses,

essemblent ces

gaillardsqui, dans les demeuresde Pluton, ourmententes damnés 0.

Oui,

il

fautune condition

hysique

t mentale

xceptionnelle our

résister ux

épreuves uxquelles

est soumis e

corps

des travailleurs u

métal.

Biringuccio

ait de

quoi

il

parle,

car

il

a été maîtrede

forge.

Écoutons-le

«

Jevoudrais ire

u un

homme e noble ondition

t,

de

surcroît,

oté

d une

ntelligence

écanicienne

ngenium)

u d un

penchantour

esarts

du

feu,

e devrait

as

et ne

pourra as

exercere métieransmouiller

a

chemiset

upporter

ien es

désagréments,

insi, été,

jouter

la chaleur

ambiantea chaleurxtrêmet ontinueesénormes

eux écessairesla

production,t, hiver,ndurerhumidité,es eauxglacées,efroidnsou-

tenable.

n

outre,

n ne

peut

tre e

complexion

élicate

il

faut

tre

ort,

jeune,puissant,apable

de

manipulerresque

out

e

temps

es choses

pesantes

t

ue

e

poids

end ien

ncommodes,

ommee sontes

bronzes,

les

fers,

e

bois, eau,

la

terre,

es

tonneaux,

es

briques

t des choses

semblables.

nfin,

l

n y pas

de doute

ue s engager

ans e

métier,

est

accepter

e

vivre

ans a

saleté,

arce ue

ceux

qui y

vivent essemblent

communémentdes

ramoneurs,

ouleur echarbontdefumée e

uie,

es

vêtements

oussiéreux,

moitié oussis

ar

e

feu,

es mains t e

visage

barbouillése terre

étrempée.

cela

s ajoute

e fait

ue

es

forces

hysi-

ques

sont ontinuellementtviolemment

ollicitées,

e

qui

finit

ar

nfli-

7. Dictionnarius.h.Wrightd.,AVolumefVocabularies,, 1873, .128.

8. Premièrerdonnanceinièree

Schneeberg

1492),

itée

ar

H.

Ermisch,

as

sächsische

ergrecht

esMittelalters

Leipzig,

887,

.

109,

VI/20.

9.

V.

Biringuccio,

e la

Pirotechnia,

.Carugo

d.,Milan, 977,

.

20.

10.

A. Averlino etto l

Filarete,

Trattatoi ArchitetturaA.

M.Finoli t

L. Grassi

d.,Milan, 972,I,

p.

477.

Page 17: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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Médiévales0, rintemps996,p. 3-22

Dominique

CARDON

ARACHNÉ

LIGOTÉE :

LA

FILEUSE DU MOYEN ÂGE FACE AU

DRAPIER

De tous les travailleurs e

la

grande

ndustrie

u'était

la

draperie

en

Europe

occidentale au

Moyen Age,

la fileuse futà la fois la

plus

mythifiée

t

a

plus mystifiée,

a

plus

mise en scène

-

par 'iconographie

contemporaine

et a

plus

escamotée

par

a

réglementationechnique.

C'est en

scrutant,

ans

les bribes de textes

que

l'on

peut

rassembler

concernant

on

travail,

es modalités

echniques

elon

esquelles

s'effec-

tuecelui-ci, ue l'on peutfaire pparaître,u-delà de l'image mythique

de la

fileuse,

un

portrait lus

réalistede sa condition.

Propriétaire

e ses outilsde

travail,

ont ertains e

perfectionnent

et se standardisent

u cours du

Moyen Âge,

tandis

que

d'autres

appa-

raissent

u XIIIe

iècle,

telle a roue à filer

ui marque

un

gain mportant

de

productivité1

détentrice 'un savoir-faire

ui

se

perd

dans la nuit

des

temps2

travaillant son

rythme,

oit chez

elle,

soit aux

champs

n

gardant

es

troupeaux,

i elle habite a

campagne,

u encoredans

la rue

en

compagnie

de ses

voisines,

uand

elle est

citadine3,

a fileuse ibre4

pourrait

araître

n

position

e

forcevis-à-visdu

drapier.

ela,

d'autant

plus que son interventionorrespond u premier tade irréversible u

1.

Discussionur

esoutils u

filage

ans .

Cardon,

echnologie

e a

draperie

médiévale,

ue u

Languedoc

tdes

pays

e a

Couronne

'Aragon

à

paraître).

2. Pour

xemple,

a

régularité

t a finesse

3

à

6/ 0e

e

mm)

dmirableses en-

taines 'échantillonse

fils etors

ui

onstituenta

majorité

es

vestiges

extilesu ite

néolithique

e

Charavines,

acde Paladru

Isère).

ublication

n ours

ar

. Cardon.

3. Les assembléese

fileusesla

roue

filer ans es ruellestroitesesvilles

médiévalesausentu ouci

ux utorités

unicipalesui,

Palma e

Majorque

omme

à

Pamiers,

u

xive

iècle,

rennent

esarrêtés

our ue

es fileusesient tournera

pointe

e a brocheucôté es

maisons,

tnon

ers es

passants

«

que

toute emme

filantla roue

filer ans a rue ie à tenira dite oue t a brochee tellemanière

qu'elle

e

puisse as

faire al

quiconque,

'est-à-direournéeerse mur

,

A.

Pons,

Libre elMostassafeMallorcaPalma eMajorque,949, .56 §21 même hose

dans es

Statuti

els anassierse

Pamiers,

rchives

unicipales,

B 1 f°

8v°

4.

4. Même i c'estd'elle

u'il s'agit

ci,

l

ne faut

as

oublier

a

présence,

hez

quantité

'habitantses

villes e

l'Occident

éditerranéen,

e

nombreuses

sclaves

domestiques

onte

filage

onstitue'une esmanières

entables,

our

eurs

maîtres,

e

les

occuper.

Page 19: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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14

D.

CARDON

processus

de

production

on

peut

retrier,elaver,

epeigner

u recarder

de la

laine,

mais

l

est

mpossible

de faireun beau

drap

fin

vec un

gros

fil

rrégulier.

On va voir

cependant

omment

e

drapier 'arrangepour

a

«

bri-

der

»,

comme le

dit

très

ustement

t

cyniquement

n texte

du

xnr

siècle5,

pour confisquer

son

propre

profit

es

gains

de

productivité

réalisés au stade du

filage,

t

pour

nsérer a

fileuse,

ans les

conditions

qui

lui

conviennent

lui,

dans la vaste toile

d'araignée que

constitue e

système

e

production

e la

draperie

médiévale.

La

fileuse,

e

mythe

t

la morale

Le

jour

sous

lequel

est montrée

filage

dans

l'iconographie

médié-

vale

est,

bien

entendu,

ignificatif pour

quelques

images

de fileuses

ordinaires,

uenouille

enrubannée

passée

dans la

ceinture,

ilant u

fuseautout n

gardant

eurs

moutons,

eursbébés ou les deux à la fois

ou bien

debout côté de leurroue à

filer,

éhanchéesdans

des

postures

aussi

gracieuses

à

regarder ue pénibles

à

garder

durant

des heures

d'affilée

ou

encore,

plus

rarement,

assises au coin

du

feu,

dévidant

et filant au

rouet,

ombien de

représentationsymboliques

des trois

Parquesfilant, évidant t coupant mplacablemente fildes destinées

humaines,

'Arachné

piégée

dans un duel

inégal

avec

Athéna, u,

dans

le

registre

iblique

et

chrétien,

'évocations

d'Ève,

de la

Vierge

Marie

ou de telle ou

telle

sainte,

venantdonner e bon

exemple

du

filage6

C'est

qu'en

effet,

même es

«

femmes llustres

,

toutes

atégories

confondues,

ont censées

pratiquer

et art. Et

cela,

parce que,

depuis

les sociétés

néolithiques,

es

besoins de la

production

extile

mposent

que

tous les membresd'une

communauténon

occupés

à des tâches

dangereuses

u demandant

eaucoup

de force

physique

c'est-à-dire,

en

gros,

urtout

es/emmes

passent

u

moins

une

partie

e leur

temps

à filer.Au Moyen Âge,pour limenter n filés 'industrie e la draperie,il faut

compter

nvironune trentaine e fileuses

par

métier tisser

battant7

t,

à

des

lieues à la ronde ux alentours e

chaque grand

entre

textile,

es centaines e femmes e la

campagne

filent

our

es

drapiers

5.

«

Orfaut

..traoul,

ote

coter,

t

peson our

mieux riderelle

ui

fille

,

Dit

des utils e 'hôtelMs.

Chantilly

578,

°

05.

6. Le thèmee a

Vierge

ilantst

videmmentié celui 'Ève ondamnéefiler

après

a Faute

riginelle.

e thèmest

lus

are

ans

'art ccidentalu

Moyen ge ue

dans es hrétientésrientalest

d'après

.

Réau

Iconographie

e 'Art hrétien

Paris,

1955,

.

179),

l

dénoteraitne nfluence

yzantine.

7. Tout

épend

videmmentu

tempsuotidienue

chacune

eut

onsacreru

filage,ans a mesureù elle umuleetravailufilagevec es travauxgricolest

domestiques.

n

exemple,ris

ans a

Compagnia

'Arte ella anadu célèbre ar-

chand-drapier

ePrato

rancesco

atini

en

1396-97,

our

a fabrication'une

ièce

e

drap

n

aine

nglaise,

9

fileuses

articipent

u

filage

e a

chaîne,

4

autresu

filage

de a trame

F.

Melis,

ocumenti

er

a

Storiaconomicaei ecoli

III-XVI,

lorence,

1972,

.

108

t

Aspetti

ellaVita conomica edievale

Sienne,962,

p.

65-66).

Page 20: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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AR

ACHNÉ IGOTÉE

1

5

de la ville8. Rien

d'étonnant,

ar conséquent,

ce

que

le

filage

soit

alors

présenté,

travers es

images

ou au détour

es textes

de

sermons,

comme e

symbole

mêmedu travail éminin t e recours

ar

excellence

de la femmevertueuse ontre

'oisiveté,

mère de tous les vices9.

Pourtant,

même

sainement

occupée

à ce travail

exemplaire,

a

fileuse uscite

oujours

a

méfiance,

u

point ue

ce

que

l'on va trouver

principalement

ans es textes e

règlements,

propos

du

filage,

e sont

des

exigences

d'ordre

moral,

bien

plus que technique

être

propre

t

soigneuse

et

garder

a laine

dans une

corbeille

pour qu'elle

ne traîne

pas par

terre t

ne

prennepas

la

poussière

et les salissures

0

;

ne

pas

mettre ans une bobine de filde chaîne un fild'autre aine que celle

de la chaîne en cours de

filage11

ne

pas mélanger

es lots de laine

confiés

t,

d'une manière

énérale,

endre

bien et

oyalement

,

«

légi-

timement

,

ou

«

diligemment

à chacun sa

laine,

rien

que

sa laine et

toute a

laine

12. a

suspicionexpriméepar

la

réglementation,

aturel-

lement laborée dans 'intérêt es

drapiers,

st donc

principalement

iée

à leur craintede se fairevoler ou

gâcher par

les fileuses une matière

première récieuse, uisque

son

prix

d'achat

peut

représenter

8 à 52 %

du

prix

de revient

'un

drap13

8. ToujoursouracompagnierapièreatinienneePrato,n onstateadisper-sion esfileusese aine echaîneu de trameans n

rayon

e 35km ux lentours

de a ville

Ibid.).

Même hose

Cuenca,

n

Castille,

u milieu u

xvr

iècle la laine

destinée

alimenter

a

draperie

ocale st istribuéefileranses

villages

es

lentours,

jusque

ans n

ayon

e 10 12

ieues,

'est-à-dire0

km,

e a

ville,

.

radiel

Muru-

garren,

volucione a Industriaextilastellanan os

iglos

III-XVI,

alamanque,

1974,

.

193.

9.

Exempleconographique

ien onnula fileuseu fuseau e a

«

VieActive

au Portail

ord e a Cathédrale

e

Chartres.

ans e domaine

ittéraire,

on

xemple

aussi hez e

prédicateur

t

polémiste

ranciscaine

Valence,

rancese

iximenis

(av.1327-1409),

egiment

e a Cosa

publica

P.

Daniel

de Molins

e Rei

d.,

Barce-

lone, 927,

.

129.

10. Ordonnancearcelonaise

ur a

draperie,

u

21

nov.

438,

.

de

Capmany

d.,

Memorias

istóricasobre

a

marina,

omercioartes e a

Antigua

iudad eBarce-

lona rééd. arcelone,962, .470.

11.

Perpignan,èglement

u 8 août

311,

.-B.

lart,

Documentsur

a

angue

catalanees nciens

omtése Roussillontde

Cerdagne

1311-1390)

,

R.L.R.

XV,

1866,

.

54.

12. Barcelone

Ord.

u

4

nov.

1387,

.,

M. et F. de

Bofarull,

Coleccion

e

DocumentosnéditoselArchivoenerale a Corona e

Aragon

=

Codoin),

arce-

lone, 876-1910,L,

p.

296

Perpignan

Ordonament

e a lana

ue

hom e

deja er

draps er

vestirJ.-B.

lart

éd.,

Documents

,

R.L.R.

V, 1874,

.

97

et

règlement

u

28

août

311,bid., V,1866,

.

54.ValenceEstabliments

eyts

tordenatsobreos

draps rims

n ixere

1371,

.

Sevillano

olom,

alenciarbana travesel

ficio

de

Mustaçaf

alence,957,

.

217.

Toulouse,

tatuts

es isserandst

pareurs

e 1227

etde

1279,

.M.Mulholland

d.,

Statutesn

loth-making

Toulouse,

227

,

dans

J.

H.

Mundy,

.

W.

Emery,

. N.

Nelson,

ssays

n medieval

ife

nd

thought

New

York, 955, .173 tEarly ildRecordsfToulouse,ewYork, 941, .5.

13. Le

premier

hiffre

orrespond

u

pourcentage

oyen

alculé

our

es

prix

d'achat e

toutes

es

qualités

e ainesmises n

œuvre,

u cours e son

xistence,

ans

la

compagnie

'Arte ellaLana de

Datini,

.

Melis,

Documenti

op.

cit.,

.

115

le

deuxième

eprésente

a

part

u

prix

'achat e a laine

anglaise)

ans

a

production

e

5 brunettes

'Ypres

J.H.

Munro,

TheMedieval

carlet

nd he conomicsf artorial

Page 21: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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16

D.

CARDON

Cettecrainte

'est certes

pas

dénuée

de fondements.

out

d'abord,

parce

que

la laine est

une

matière rès

hydrophile, ui

peut

absorber

jusqu'à

30 %

de son

poids

d'eau sans

paraître

humide au

toucher

il

peut

donc être

entant

our

une fileuse

malhonnête,

u

simplement

ous-

sée

par

un

pressant

esoin

d'argent,

e

prendre

e

risque

de

garder

ne

partie

de

la laine

qui

lui a été

confiéeet de

la vendre son

profit,

out

en

essayant

de

dissimuler on larcin

n

chargeant

es écheveaux

rendus

d'eau,

de

poussière,

de

poudre

de craie

ou autre

mixture rauduleuse.

À

première

ue,

ce

genre

de

ruse aurait

uelque

chance de

réussir

uis-

que,

dans toutes es

grandes

égions

extiles,

'est à un

poids

fixe,

égle-

menté, u'est confiée a laine à filer t contrôlée a quantité e filren-

due.

De

plus,

e

grand

nombre t a

dispersion

éographique

es fileuses

ne

facilitent

videmment

as

le

contrôlede

la

production

e chacune

d'entre

lles. On va

voir en

outre,

par

des

exemples

tirésdes

pays

de

la

Couronne

d'Aragon,

ue

les

drapiers

herchent onstamment

main-

tenir

u

minimum,

inon à

diminuer utant

ue possible

le

salaire des

fileuses,

poussant

ainsi

certaines

d'entre elles à tenter

e se

rattraper

sur a

laine.

En

réalité,

ependant,

e

système

igoureux

e

titrage

es fils

qui

s'est

imposé

dans la

draperie

médiévale a

permis

u

drapier,

on

seu-

lement

de

disposer

d'une

gamme

de fils

de

grosseurs

tandard,

orres-

pondant chacune des qualitésde lainagesfabriquées,mais du même

coup

-

et c'est

ce

qui

nous

importe

ci

-

de réduire

resque

à

néant es

possibilités

de

fraude

aissées aux

fileuses,

tout

simplement

n leur

imposant

e

respect

'un

paramètre

echnique

upplémentaire.

ar

il

ne

s'agit pas

seulement

our

elles

de rendre n

certain

oids

de

laine,

mais

il

faut

de

plus

qu'à

ce

poids

correspondent

es

longueurs

e

fils déter-

minées.

Titrage

de la laine

par

le

système

du

poids

«

fixe

»

:

modalités techniques, mplicationséconomiques et sociales

Le

titrage

'un

fil

étant a

grosseur

xprimée

ous forme e

relation

entre a

longueur

t son

poids,

pour

un

poids

donné,

plus

un fil

est

fin,

plus

la

longueur

de fil

est

grande

et

pour

une

longueur

donnée,

plus

un

fil

est

fin,

moins

l

pèse.

C'est la

base des deux

systèmes

e

titrage

en

usage

de

nos

ours

: le

poids

fixe,

généralement

tilisé

pour

es fils

discontinus

'origine

naturelle,

rtificielle

t

synthétique,

t a

longueur

fixe,

utilisée

pour

la

soie naturelle

t les fils

continus

d'origine

artifi-

cielle.

Dans le

premier ystème,

n

exprime

a

grosseur

es

fils

-

leur

titrage

en nombrede

kilomètres

ar kilogramme.

Pour a laine,typemêmede filformé e fibres iscontinues,ssem-

blées

par

torsion,

'est ce

système

u

poids

fixe

qui

a

prévalu,

e toute

Splendour

,

dans

N.

Harte

et K.B.

Ponting

d.,

Cloth nd

Clothing

n

Mediaeval

Europe

Londres,

983,

ableau.12

p.

52).

Page 22: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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ARACHNÉIGOTÉE

17

antiquité.

e

plus

ancien

poids qui

subsiste u monde est d'ailleurs un

poids

à

peser

la laine c'est un

poids

sumérien,

n

pierre14.

n

Crète

et

à

Mycènes,

l

existe

également

ne unitéde

poids

fixe

pour

a laine

et,

sur touteune série de

tablettes,

n

trouve

différents

ultiples

e ce

poids,

mis en relation vec différentsoms de

tissus,

e

qui

dénote

déjà

une diversificationt une standardisation e la

production

n

partie

basées sur différents

itrages

e fils à

partir

u

système

u

poids

fixe15.

Ce

système

rès ancien se retrouve

nchangé

en

Europe,

dans

la

draperie

médiévale.

À

Toulouse,

par exemple,

au débutdu

xme

iècle,

le

poids

fixe

pour

a laine est

toujours

a

pierre,

etra peyra

16,

ontun

exemplaire en pierre, ien sûr était onservé u Musée Paul Dupuy

jusqu'au

débutde ce siècle

17. a

pierre

st

aussi

usitée

Lodève

(peieral

de 8

livres)

et dans

la

draperie

de

Catalogne pyrénéenne

les consuls

de

Baga

en font aireune en

1399

pour

a somme de 5 sous18.

Le cas de la

«

livre

de

filage

»

dans

les

pays

de la Couronne

d'Aragon

Mais,

à côté de ces

gros poids, toujours

utilisés

pour

a laine des-

tinée au

filage

de la

trame,

n

constate,

ans

beaucoup

de centres ex-

tiles du Moyen Âge, l'existence d'un poids plus petit,utilisépourle

titrage

e la chaîne c'est la

«

livrede

filage

»,

comme

par

hasardtou-

jours supérieure

la livre

poids

de table. L'abondance et la

précision

des textesde

réglementation

ur la

draperie

des

pays

de la Couronne

d'Aragon permettent

n outre

de

s'apercevoir

que

cette liura

filanera

ou

filadora

manifesteune certaine tendance à l'inflation.

Fixée à

13 onces

(384

g)

au lieu de

12

(comme

dans la livre

poids

de

table)

à

Alzira,

près

de

Valence,

par

une ordonnance e 1372

,

elle est

égale-

ment

de 13

onces

(429

g)

à Torroellade

Montgri, rès

de

Gérone,

en

14. Conservél'Ashmolean

useum,

Oxford

il est

ravé

'une

nscriptionui

a

permis

e e datere2500 v.J.-C

nvironW.

Hustwick,

Wool

weights

,

Journal

of

he

radford

extile

ociety

1957-58,

p.

3-39.

15. J. .

Killen,

TheWool

ndustry

fCrete

nthe ateBronze

ge

,

Annals

of

he ritishchool

fArchaeologyf

Athens,9, 1964,

p.

1-15.

16. Statutse

1227,

.A.

Mulholland,

Statutes

,

oc.

it.,

.

173

Quod

mneš

hominest mine uius ille holoseam rbis

uam

uburbii

ui

vel

ue

anam

re-

bebuntd

filandum,uod rebeant

llamd

pondusetre

endendee

VI

ibris

tmedia

de ah t s.

17.

Cat.

Rachou,912,

°

04

A.

Machabey,

oids tMesuresu

Languedoc

t

desProvincesoisines

Toulouse,953,

.

123.

18. J. ablón,ManufactureesDraps Lodèvethèse ourediplôme'archi-

viste-paléographe,ontpellier,

vril

949,

.

56. J. erra

Vilaro,

aroniese

Pinos

i

Mataplana

rééd.

aga,

989,I,

p.

470

«

Donam

n

P.Traper,er

na

edra ue

féu

del

pes

dels

raps,

ss.

19.

Ord. u 19

uillet

372,

. M.

Alzira,

ol. 7

9

cit. ansR.

Chabas,

El

Libro e as

Ordenanzas

unicipales

eAleira

,

El

Archivo,II,Valencia,893,

.

316.

Page 23: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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18 D.

CARDON

141920.Mais à

Baga,

dans les

Pyrénées,

i le

gros poids

utilisé

pour

a

laine de

trame,

e corto

correspond oujours,

la

fin

du

xive

siècle,

à

un

multiple

'une ancienne ivrede

filage

de 13

onces,

a lliura

iladora

utilisée

pour

a

chaîne, lle,

est

déjà passée

à 17 onces

-

en

l'occurrence,

634

g21.

Et si elle se maintient

18 onces

(605

g)

à Barcelone durant

le

xive

et le

xve

siècles22, Sabadell,

où le

systèmemétrologique

st

pourtant

e même

qu'à

Barcelone,

la lliureta

filanera

sera

passée

à

19

onces à la findu xvp

siècle23.

L'emploi

de

cette livrede

filage

traditionnelle,

chappant ppa-

remment

l'étalonnage

officiel,

eut

à l'occasion être ourcede conflit

entre nseigneur t es représentantses drapiers c'est le cas, en mars

1360,

à

Baga

où les consuls font

ppel

aux

conseils

d'un

juriste

de

Berga

contre ne tentative

aite

par

a

Marquise

de Pinos

pour

contrôler

des lliures

iladores

de

plus

en

plus

ourdes.

En

l'occurrence,

l

ne

s'agit

probablement as,

de sa

part

ou du

moins,

pas principalement

d'une

manifestatione sollicitude u de solidarité éminine nvers es

fileuses,

mais

d'affirmere contrôle

eigneurial

ur tous les

poids

et mesures

locaux.

Quoi

qu'il

en

soit,

'arbitrage

st

rendu n

faveur e la tradition

et des

usages

des habitants e

Baga...

c'est-à-dire

ue

«

ceux

qui

don-

nent a laine à filer un

poids supérieur

au

poids

habituel)

ne doivent

pas

être

punis,

comme s'ils avaientfait

usage

d'un

poids

faux

»24

En dehorsdes questionsd'ordretechnique osées par l'augmenta-

tion

d'un

poids

censé être fixe

les

fileuses doivent-elles endre

our

ces

nouveaux

poids

la même

longueur

de

fil

qu'auparavant

et dans

ce

cas,

le

fil

era un

peu plus gros

ou

une

ongueur

n

peu plus grande,

de manière conserver e même

titrage

),

une chose semble

sûre,

'est

que

les

fileuses sont

perdantes

ans l'affaire.Car c'est aussi

d'après

.

cette liura

filanera

qu'est

calculé leur salaire.

Or,

dans

aucune

grande région

de

draperie,

ucun des textesde

réglementation

édiévale entérinant ne

augmentation

'un

poids

uti-

lisé

pour

e

titrage

es fils ne fait

mention 'une

quelconque

modifica-

tion

oncomitante

e

la rétributiones fileuses25. u

contraire,

l

semble

20. Ord novellesu28 nov.

419,

rchivoe a

Corona

e

Aragon eg.

.591,

f° 6 °

25.

21.

J. erra

Vilaro,

aronies

op.

cit.,I,

pp.

72,

66.

22.

«

Bo e

just es

xicom s acostumat: Archivoistoricoe a Ciudad e

Barcelona,

rd. u27 nov. 416

72.

23. J.

egura,

Historia

Igualada,

arcelone,908, I,

p.

124 il

s'agit

e la

réponse

es onsulseSabadell ceux

Igualada,

propos

u onflit

ur e

blocage

u

salaire es

fileuses,

n

1598

«

ara e

acostume

e

pagar...

o filar raho e dos

ous

y

mig

a liuretailanerae děnou nses .

24.

J. erra

Vilaro,

aronies

op.

cit.,I,

p.

469.

25.

On trouve

ans

peine

es

exemples

u même

ype

ans outeses

grandes

régionsedraperiecf., our'Angleterre,'inflatione a«pierreepeignage(com-

bing

tone)

e 5 à

7

livres /2 ans

ugmentation

u

alaire es

peigneuses

L.

F. Salz-

man,

nglish

ndustries

f

heMiddle

ges

Oxford,923,

.

215)

t

des

documentse

1463-1465 ontrantes

drapiers

raudantur e

poids

es aines onfiées

A.

R.

Brid-

bury,

edieval

nglishlothmaking,

n conomic

urvey

Londres,982,

.

77et

p.

84

n.

25).

Page 24: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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ARACHNÉIGOTÉE

19

qu'il

y

ait

eu,

en

Catalogne,

une tentative

our

unifieres tarifs u

filage

de la laine destinée

à la chaîne et à la tramedes

draps

en

fixant n

salaire

unique

maximum e 8

deniers

par

ivrede laine

c'est dans une

ordonnance ur

«

les

draps

faits

de

laines

étrangères

,

promulguée

e

19

mars 1470 à

La

Pobla

de Lillet26

u'on

trouve a

première

racede

cettemesure mais

en

1598

encore,

Igualada, près

de

Barcelone,

es

fileuses viennent e

plaindre auprès

des consuls

de la

ville

que

leur

salaire soit

toujours

ixé

à

8

deniers

par

livre de laine

filée,

conformé-

ment

une ancienneordonnance

our

es

pareurs.

On ne s'étonnedonc

pas

de les voir se

décrire,

ans eur

upplique,

comme une « gent pauvre et misérable , qui « pâtitde trèsgrande

manière,

e moultes

t innombrables

ouffrances,

t tant

ue

dans cer-

taines

maisons,

on est

obligé

de subsister t de

vivre avec

1

sou,

qu'à

force

d'un

grand

t continuel

abeur,

n se

levant l'aube et en travail-

lant

tard dans la

nuit,

parvient

gagner

une

personne

experte

au

filage

27. Car

la fileuse est véritablement

iégée,

dans

la mesure où

elle ne

peut

même

pas essayer

de

gagner plus

en

filant

plus gros,

et

donc

plus

vite,

puisqu'

lors

elle n'aura

pas

assez de

longueur

de

fil

pour

réaliser e nombre

d'écheveaux

qu'elle

doit rendre

our

e

poids

confié.

Poids fixe et

longueur

variable en fonction

de la finesse des

fils

importance

de

l'aspe

et des échets standardisés

Pour

«

toute

ivrede laine

qui

se donne

à filer ou

pour

tout utre

poids

fixe de laine

reçu

en

dépôt,

a fileuse doit en

effet endreune

longueur

déterminée

e fils de

chaîne ou de

trame,

uivant e

type

du

tissu

auquel

ils

sont destinés.Plus

les fils doivent tre

fins,

plus

cette

longueur

st donc

grande

t,

pour

a

mesurer,

outefileuse

a chez elle

l'instrument

tandard e mesure

qui

lui

permet

e

vérifier,

u

fur t à

26.

Ordinacions

obre

es

obratges

els

draps

aedors

e lianes

trangeres,

mars

470,

d.J. erra

Vilaro,

aronies,

p.

it.,I,

p.

392.

27. «... la dita

obra

miserable

ent ateix

n

grandissima

anera

olts innu-

merables

reballs,

tants,

ue

n

lgunes

ases an e

passarse

viure eun

ou

ue

b

continuo

gran

reball,

atinejantvesprejantot uanyar

na

ersona

ractica

e

filar,

per

ausa

e

dita rdinacio

an

njusta

en

peijudici

edita

obra

miserable

ent

eta...

Per

o

naHieronima

onjons,

a

Çorrives,

a

Font,

idua,

a

Velada

mullereGuillem

Velada,

a

Vidalamulleren

Miquel

idal,

a Hieronima

atheva ulleren

Joan

Matheu,

aPaula

rancolina,idua,

a

Mongota

ulleren

ere

Mingot

lanquer

sa

filia,

a Guillona

ullerenPau

Guillo,

a

Cotiques,

a

Batxellina uller

en

Joan

Batxelli

na

Busquera

ulleren oan

usquer,ersones

obres

miserables,

upliquen

a Vs.

ms. ien ervitsom

pares ui

onde a

republica...

anar

evocaren millor

commutara dita rdinacio...ar s contraley e caritattota aho considéranta

Sterilitätel

temps

los

preux

ant

xcessius el manteniment

v

mplorant

er

dit

effecte...J.

egura,

istoria

'Igualada,

p.

cit.,

I,

pp.

122-123.

Venise,

n

1383,

les

règlements

ur e

filage ualifient

ussi es fileusese

«

povera ente

: N.

Fano,

«

Ricercheull'Arte

ella ana Venezia

elXIIIe

XIV

secolo

,

Archivioeneto5e

sér., enise,

936,

.

86.

Page 25: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 25/165

20

D. CARDON

mesure de son

travail,

ue

son

fil

correspond

u

titrage

oulu28.Cet

instrument,

'est

l'aspe,

sur

equel

elle dévide

son

fil

chaque

fois

que

son fuseau est

plein.

Or tous es

systèmes

e

titrage

ifférents

ui

existent

ncore ctuel-

lement en

Grande-Bretagne,ar exemple

-

sontbasés à

l'origine

sur

les dimensions

de

l'aspe

sur

lequel

le

fil

était

mis en écheveau dans

chaque région.

«

La circonférence

e

l'aspe

donnait a

longueur

d'un

tourde

fil,

t le nombre

e tours

ue

l'on

pouvait

faire enir ur

'aspe

sans

que

la laine

commence à s'ébouler donnait a

longueur

otale du

plus petit

cheveau

pris

comme unité.La méthode

ui s'imposaitpour

comparer a grosseur es fils étaitd'énoncercombien allaientd'éche-

veaux

dans une livre

29.

C'est

exactement e

système ue

décrit,

ar

exemple,

a

réglementation

édiévale

oulousaine,

uisqu'un

article

es

Statutaministeriorum

anasseriorum t

pentheneriorum

e Toulouse

du

18

uillet

1448

interdit la fileused'être

«

assez audacieuse

ou hardie

pour

faire 'une livre

de trame

lus

de deux échets

t d'une livred'étaim

plus

de troiséchets

30. Dès

1279, d'ailleurs,

e

Statutum

aratorum,

textorum

t tinctureriorumnterdisait

de vendre ucun

filé de laine

teinte u

non teinte utrement

u'en

échets

nisi

in

escautis)

»31,

'est-

à-dire sous

la formede ces écheveaux

standardisés,

ont

e nombre

la

livre

ndique

automatiquement

e

titrage

es

fils.

Du point de vue du drapier,ce systèmeest excellentcomme

méthode

de

contrôle,

ar on

peut

facilement t

rapidement

ompter

e

nombre otald'écheveaux

rendus,

eser

e

poids

total t s'assurer

insi

globalement

u

respect

u

titrage our

e lot entier on

peut

également

vérifier

apidement,

ur

quelques

écheveaux

pris

u

hasard,

ue

le nom-

bre de tours et le

poids

nécessaires

y

sont aussi.

Théoriquement,

e

système

mpêche

donc

toute

fraude,

out n

obligeant

es fileuses

se

tenir u

titrage

emandé

apeson

et traoul

c'est

le nom de

l'aspe

en

langue

d'oc)

lui ont bel

et

bien

permis

de les

«

brider .

28. Si

ellen'en

pas,

l

luifaut n acheter

n

pour ouvoir

ravailler

our

n

drapier.

'est

insi

u'en

écembre

396,

a

compagnie

'Arteella

ana eDatini

end

un

aspe,

nnaspatolo

à unedes ses

fileuses,

our

sous

F.

Melis,

Aspettiop.

cit.,

p.

466).

La

rémunérationesfileusesariant

e 1 sou57

pic.

par

ivre

our

es aines

italiennes,

5 sous 0

pic. ar

ivre e aine

nglaise,

etteomme

eprésente

e salaire

d'un u de

plusieursours

e travail

plein emps.

29.

J.

owey,

he

echniquef

Weaving,

ondres,

965,

.

76.

30.

«

Item rdenen

uedeguna

ilandiera

e

deguna

utra

ersona

o ia... i usans

ho usaxda e far e

hunaiura etramatra

oas scautastde

hunaiura estamres

escautas

qui

fara

o contrari

agara

er ena erusticiaer

ascuna

iura reze eniers

tolosas

plicadors

om esús

,

Archives

unicipales

e

Toulouse,

A

57

6-87.

e

tirea traductionescautaar échet deDuhameleMonceau,'Art e aDraperie

Paris, 765,

p.

8-39

«

quand

esfileuses

nt ilé ne ertaine

uantité

e

fusées,

n

les

dévideur ndévidoir

ommé

spe

t 'on n

formees

cheveaux,

u'on

nomme

Echets

.

31.

M.A.

Mulholland,

Early

ildRecords

,

oc.

it.,

.

11.

Le mot estmal

transcrit

estancis).

Page 26: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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ARACHNÉ

IGOTÉE

21

Conclusion en

forme de fabliau

:

dérisoires essais de

vengeance

des fîleuses

sur les

drapiers

Il

ne reste n

fait la fileuse

u'un moyen

pour

échapper

u

carcan

où l'enferme

a double

contrainte u

poids

de laine

et des

longueurs

e

fil

à rendre u

drapier

il

s'agit

d'ailleurs

plutôt

d'une

ruse,

à la fois

très

stucieuseet

stupide

comme a

plupart

es

fraudes

raquéespar

la

réglementation

echnique,

ui

nous

plongent

n

pleine

ambiancedes

fabliaux t

contes du

Moyen

Age.

Celle-ci est

décritedans

l'article 20

des

Statuta

ministeriorum

anasseriorum t

pentheneriorum

e Tou-

louse du 18 juillet 1448, évidemment ous couleur de l'interdire

«

Qu'aucune

fileuseou

aucune autre

personne

ne soit

assez hardie

pour

mettre

ur

aspe

(traolhar)

aucun

échet

(

escauta avec deux

fuseaux,

mais

qu'elle

le fasse

seulement vec

un fuseau»32.

Mais on la

rencontre

également,

uasiment

ans les mêmes

termes,

ans les

réglementations

florentinest

pisanes

des xive-xve

iècles33.

À

Florence,

es

représen-

tants

de

Y

Arte

della Lana

vont même

usqu'à

demander

l'évêque

d'ordonner tous es

prêtres

u

diocèse

d'inclure ette

nterdictionans

leur

prêche

ux

quatre

grandes

êtes

olennelles

t de menacer

es fileu-

ses

d'excommunication ès la

quatrième

écidive

Quelle

importance

i

extraordinaire se

demandera-t-on

peutdoncbien avoirpour e drapiere fait ue la fileusene forme n éche-

veau

qu'avec

le

fil

contenu

ur un seul

fuseau

plutôt ue

sur deux ? Et

quelles

raisons

peut

bien

avoir a fileuse

pour agir

autrement

C'est ce

qu'on

ne

peut

comprendre u'à

la lumière e ce

qui

a été

expliqué^

récédemment

ur les

méthodesde

titrage

n

vigueur

dès le

Moyen Âge.

Car les

contraintes e ce

système

ont elles

qu'il

ne laisse

effectivement

u'un moyen

la fileuse

de

gagner

un

peu

de

temps

et

donc,

un

peu plus d'argent

tout n

livrant e

nombre 'écheveaux

du

nombre

de tours t du

poids requis

c'est de

déviderdeux fuseaux

en

même

temps

sur

l'aspe.

Elle économise

ainsi la moitié

du

temps

de

dévidage, telle doitespérer u'avec unpeu de chance, e ou les éche-

veau(x)

frauduleux e fondront ans la masse de fil livrésans

qu'on

puisse

identifiera

coupable

du méfait. e

sel de

l'histoire,

'est

que

l'écheveau ainsi réalisé

est

quasiment

ndévidable,

t donc

inutilisable,

sinon au

prix

d'heures de

patience...

d'où la

rage

des

drapiers.

Mais on

voit aussi

qu'il

ne

peut s'agir que

d'un

exutoire ccasion-

nel

pour

a

rancœur es

fileuses es

plus

furieuses

u

les

plus

désespé-

rées. Ce

mauvais tour

qu'elles

ont trouvé

lui

jouer

ne

changeait

n

rien,

fondamentalement,

eur

dépendance

nvers e

drapier.

32.

«

Item rdenen

uedeguna

ilandiera

e

deguna

utra

ersona

o ia iausaxda

de traolharegunana scauta e filh mdosfuzes ino mhun us ,A.M.T.AA57

6.

33.

Florence,

remiers

tatutse

Y

Arte

ellaLana de 1317 t

Statute

1428,

signalés

ansA.

Doren,

ie

Florentiner

ollentuchindustrieom

ierzehnten

is

um

sechzehnten

ährhundert

Stuttgart,

901,

p.

53-54

pour

ise,

f.

tatutineditiella

città i Pisa F.

Bonaini,d.,

lorence,854-57,

II,

p.

739.

Page 27: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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22

D.

CARDON

Dominique

Cardon,

CNRS,

UMR

9967, 18,

quai

Claude-Ber-

nard,

F-69365

Lyon

Cédex 07

Arachné

ligotée

la fileuse du

Moyen Âge

face au

drapier

De tous es

travailleurs e

la

grande

ndustrie

u'était

a

draperie

en

Europe

occidentale u

Moyen

Âge,

la fileuse

fut la fois la

plus mythifiée

t la

plus

mystifiée,

a

plus

mise

en scène

-

par

l'iconographie

contemporaine...

t

la

plus

escamotée...

par

la

réglementation

echnique. ropriétaire

e ses outils

de

travail,

ra-

vaillant son

rythme,

a fileuse ibre

pouvaitparaître

n

position

de forcevis-à-visdu drapier.Cet articlemontre e quelle façon,

en

imposant

un

système

de

titrage

e

la laine

d'après

un

poids

fixe t

d'échets

standardisés,

elui-ci a néanmoins

éussi insérer

la

fileuse,

dans

les conditions

ui

lui convenaient

lui,

dans la

vaste toile

d'araignée

que

constitue e

système

de

production

e

la

draperie

médiévale.

Tâche féminine

technologie

e la

draperie

systèmes

e

titrage

filage

Bound Árachne : theSpinnerand the Cloth-maker n the Mid-

dle

Ages

Of

all the workers

mployed

n the

rapidly

panding

west

Euro-

pean

clothmaking

ndustry

n the Middle

Ages,

the

spinner

s at

the ame

time hemost

mythicized

nd themostfooled

themost

frequently epresented

n

iconographie

ources

-

and the

least

often onsidered

by

technical tatutes nd

regulations.

Working

withher own tools

and at her own

pace,

the

ndépendant pinner

would

appear

to have

been in a

position

of

strength

n

regard

o

the loth

maker. he article

emonstrates ow the

atter,

y mpo-

sing a system f countring ased

on the standardization

f the

weights

f wool and

lengths

f hanks

managed,

however, ocatch

the

spinner,

n the

way

best suited to his own

profit,

nto the

weblike

ystem

f

production

revailing

n themediaevalwoollen

cloth

ndustry

tandardization

f the

weights

of wool

managed,

however,

o

ntegrate

he

pinner,

nder

onditionsmostfavorable

to

himself,

nto hevast weblike

ystem

hemedieval

wollencloth

manufacturing

ndustry.

Women's Work

textile

echnology

standardization

spinning

Page 28: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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Médiévales0, rintemps996,p. 3-34

AntoniFURIO

ENTRE

LA

COMPLÉMENTARITÉ

ET LA DÉPENDANCE

:

RÔLE

ÉCONOMIQUE

ET TRAVAIL DES

FEMMES

ET DES ENFANTS

DANS

LE

MONDE

RURAL

VALENCIEN

AU BAS

MOYEN ÂGE

Le

silence des sources

sur la

participation

es femmes

u travail

agricole,

de même

que

les inerties

istoriographiques,

nt contribué

renforcer

'image topique

qui

confine

e rôle

économique

des

femmes t

leurtâcheproductive l'intérieur e la maison,dans 'espace plusstric-

tement

omestique.

D'autre

part, arce

que

le monderural

st

trop

ou-

vent

erçu

ommeun

monde

mmobile,

etardé

t ancrédans

a

tradition,

on tend à

minimiser a

qualification

du travail

paysan

et

à réduire

l'apprentissage

es

eunes

campagnards

contrairement

celui des arti-

sans,

beaucoup plus technique

t

spécialisé

à une transmission

lémen-

taire

et

routinière,

naturelle

,

de

pères

en fils.

Pourtant,

n

peut,

à

partir

es

multiples

ndices

que

nous

fournissent

es sources

d'archives,

notammentes

actes notariés

t es

registresudiciaires,

uivre

es traces

des

paysannes

n

dehorsde la

maison,

dans les

champs

de blé et

dans

les

vignobles

et l'on

peut

surtout

emarquer

eur

mportance

conomi-

que,

leurcontribution

ndispensable

l'entrepriseamiliale, ès l'apport

du

capital

initial

-

avec

la dot

-,

de

la

propriété

artagée

des

biens

familiaux

usqu'à

la

gestion

ommune

ou même

en solitaire

dans

le

cas des veuves

-

de ces

biens.

Complémentaire

e

l'apport

et de

la

participation

u

mari

l'entreprise

omestique,

e rôle

économique

des

femmes

peut

être aussi

analysé

en

termesde

dépendance.

La même

relation,

ntre a

complémentarité

t la

dépendance, eut

servir

ussi

à

caractérisere travail

t la fonction

conomique

des

jeunes,

surtout e

ceux

qui

se sont

mis,

omme

pprentis

u comme

garçons

e

ferme,

ous

l'autorité

'un maître.

Complémentarité,

arce

que

les

garçons

lloués

- fournis ardes familles xcédentairesnfils tdéficitairesn terres

servent

couvrir

e déficit e

fils

ou

les nécessités

upplémentaires

e

main-d'œuvre

es familles

paysannes

plus

aisées.

Dépendance,

parce

que

l'apprenti

u l'alloué

s'engage

aussi

comme

domestique,

omme

serviteur tout

faire,

ous

les ordresdu

maître-père

ui

l'accueille.

Page 29: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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ENTRE A

COMPLÉMENTARITÉ

T LA

DÉPENDANCE

25

linge, oyaux

et ornements e la maison

-,

ratione

servicii

quod ego

sibi

feci

et 24 lui

appartenant

e

l'héritage

de son

père

(15

pour

la

moitiéd'un morceaude terre t 9 en biens

meubles)2.

Qu'il

fût en

numéraire,

n

linge,

en terre u même en titres e

créditou rentes onstituées

censáis),

le montant e la

dot,

toujours

estiméen

argent,

scillait entre 0 et

50 livres chez les

paysannes3.

l

venait comme

complément

e

la contribution u

mari

qui apportait

généralement

es

terreset

les

immeubles. Un dernier

exemple

le

18 octobre

1470, Joana,

fille

orpheline

de

Joan

Roig,

collocando me

ipsam

n

matrimonium,

e volúntatematrismei et

parentum

t amico-

rummeorum vec BernâtTorra, aboureur Albalat,apporta25 livres

de dot

dix

en

argent

t

quinze

en

oyaux, parement

t

inge

de

maison),

de

quitus

vivamus

prout

asuetum est intervirum t uxorem.De son

côté,

'époux apporta

une

maison,

une

vigne,

rois

parcelles

de terre e

'

plus

de deux

hectares,

t une mule de

poil

roux,

e toutdonné

par

son

père4.

La nouvelle

entreprise

amiliale

naissait

ainsi avec les

apports

complémentaires

es deux

conjoints

le

capital

mmobilier

pporté ar

le mari et le

capital

mobilier

provenant

e la femme.

Les deux

conjoints

taient itulaires e cette

ntreprise omestique.

La femme

pparaît

oujours

côté de son mari au moment 'acheter

ou de vendre

quelque propriété,

e louer un

champ,

de

prendre

ne

domestique,de s'obliger à un prêt.Une présenceactive amplement

certifiée

ar

les actes notariés

qui

rendent

ompte

de tous les

petits

négoces uridiques

de la vie

quotidienne.

armi 177 documents nre-

gistréspar

le notaireBernât

Llorenç,

ď

Alzira,

entre e 29

décembre

1368

et le 24

décembre

1369,

79

(45,1

)

impliquent

es

femmes,

oit

accompagnant

eur mari soit

en

solitaire Cette

mportanceuridique,

bien

que largement

ttestée,

e doit

pas

nous

tromper.

dile Redon

a

averti rèsraisonnablemente la distinctionntre a

propriété

t la

ges-

tion et elle a

remarqué

e fait

que,

si les femmes

pouvaient

n effet

posséder,

lles n'avaient

pas,

en

revanche,

e

pouvoir

de

gérer,

même

2. Arxiu e ProtocolseiPatriarcae Valência

APPV),

rotocolse Francese

Trilles21.752.

3. On

peut

rouveres ommes

ineures,

ommees

12

ivres,

nrobe e

in

t

de

aine,

ccordées

arMiquel

ebolla,

e 28 février

558,

son nciennesclave oire

Caterina,

our

on

mariage

vec e libert

ebastià lives

Arxiu

unicipal

e Sueca

(AMS),

rotocolse

Miquel lagària

.

Et

galement

es ommes

mportantes,ui

rri-

vent cent tmême troisentsivres

armi

esfamillese aboureurses

plus

isées

(comme

elle eJoan

rigola,

e

Sueca,

onta femmevait

pporté

ne ot e275 ivres.

AMS,

rotocolse Francese

enet,

septembre

450).

a dot tait ussi

lus

levée

chez

es

veuves

ui pouvaientpporter

leur econd u troisième

ariage

es biens

héritéses

précédentes

nions.

n

1470, leonor,

euve e Lluis

'Eixea, Albalat,

collocando e

psam

n

matrimonium,

e volúntate

ea t

aliquorum

arentorum

t

afinitumeorumvecBerengueracià, ePardines,ui ffrit00 ivres e dot 20 n

raupis,ochalibus

c ornamentisomust

amere140

eprésentant

roisitrese

crédit,

80

pour

6vachest 0

pour

eux

ièces

eterre

APPV,

rotocolseFranceserilles

21.752).

4.

Ibidem.

5.

AMA,

rotocolsotariais

040/2.

Page 31: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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26 A.

FURIÒ

leurs

propres

biens6,

ce

qui

était réservé

eulement u mari.

Selon le

droit

valencien,

es biens dotaux ne

pouvaient

tre

vendus

ni

obligés

par

le mari

sans le

consentement e la femme mais

c'était lui

qui

devait les

avoir,

es

gérer

et même

bénéficier

e

leurs

fruits,

car il

soutient es

charges

du

mariage

7. On

peut

voir aussi

comment,

près

la mortde leur

mari,

beaucoup

de veuves

préféraient

endreou

louer

leurs

possessions

-

et investir es

profits

ans le crédit au

lieu de les

gérer

directement.n

fait,

es veuves

sont

toujours

nombreuses ur es

listes des créanciers

u crédit

privé8.

Pourtant,

es cas dans

esquels

es femmes ssument ussi

la

gestion

de l'exploitation amiliale, n la partageant vec leur mari ou même

individuellement,

e sont

pas

rares.En

1369,

Jaume

Jolià,

aboureur

Pranxet,

t sa

femme,

amona,

reconnaissent evoir300 sous à Eiximèn

López

de Pomar

qui

les leur a

prêtés

d

opus

Iaborandi hereditatem

quem

vous,

López

de

Pomar)

habetis n territorium

ancii Bernardi9.

C'est le maître

ui prête

son

couple

de

métayers

e

capital

nitial

our

engager

'exploitation.

n

1477,

Guillem

Ferrer,

itoyen

de

Valence,

afferme Pere

Martí,

aboureur

Alfafar,

t à sa femme

Francesca,

pour

16

livres

nnuelles,

ne

propriété

ans ce

village,

comprenant

ne

maison

et un

ardin,

une

vigne

de

0,75

ha,

un

champ

de

3,5

ha et

1,5

ha

de terre nculte10. ans

les deux

cas,

les femmes

partagent

vec leur

époux la responsabilitéuridiquede la dette t du fermage t,trèspro-

bablement

ussi,

e travail e

l'exploitation.

n

peut

encoremieuxvoir

cette

participation

e la femme u travail

gricole

t même la direction

de

ce travaildans la

déposition

d'un

témoin

ors d'un

procès

daté de

1502. Le

témoin,

un

manœuvre,

éclara

qu'il

avait

trouvé e notaire

Francese de Veta et sa femme

dans leur

propriété

e

mûriers,

faisant

cueillir es feuilles

n. Le notaire

irigeait

n effet es travaux es

eu-

nes hommes lloués

tandis

ue

son

épouse

surveillait eux des

femmes,

occupés

es

uns et es autres la

récolte es feuilles ervant

e nourriture

aux

vers à soie. D'autre

part,

nombreuses ont

es veuves

qui gèrent

elles-mêmes

eurs

propriétés

vec

l'aide de

garçons

ou de

manœuvres

et

qui

arriventncore à

prendre

n bail des

lopins

de terre

pour

les

travailler12.

ême les Furs codes

légaux

valenciens,

ffrent

la femme

6. O.

Redon,

ntervention

la table onde e a XXI

Settimanai Studi i

Prato,

éditéeans a

donna eir

conomia,

ecc.XIII

XVIII,

d. .

Cavaciocchi,

lorence,990,

pp.

02-704.

7. P.

J.

araçona,

nstitucionsels

ursprivilegis

el

egne

eValência.

alence,

1580,

.

117.

8. A.

Furiò,

.

V.

Garcia

Marsilla,

A.

J.

Mira,

.

Vercher,

.

Viciano,

Endeu-

tament

morositatn una

omunitatural.

l

censal Sueca finals

el

egle

XV

»,

Actes e

la

V

AssembleaHistoria

e la Ribera.

lmussafes,993,

p.

119-165;

A.

Furiò,

Créditoendeudamientoel

censal n a sociedadural alenciana

siglos

XIV-XV),Señorío eudalismon apenínsulabéricass.XIIXIX),aragosse,993,

pp.

01-534.

9.

AMA,

rotocols

otariais040/2.

10.

APPV,

rotocolse Francese rilles

21.758.

11.

AMS,

onsAntic

9.

12. Pour e

premier

as,

n

peut

iter

es nombreux

arçons

mbauchés

ar

es

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ENTRE A COMPLÉMENTARITÉT LA DÉPENDANCE 27

mariée e droitde

gérer

es biens si le mari devient

pauvre

ou

perd

a

raison ou s'il n'administre

as

convenablemente

patrimoine,

mais à

la

condition e nourrir

sa

charge

son mari

et

ses enfants13.

Outre

on caractère

'entrepriseconomique,

ondée ur es

apports

respectifs

t

complémentaires

es deux

conjoints,

e

mariage

tait ussi

une société de

travail,

asée

sur a

spécialisation

t la

complémentarité

productive

es

époux.

Dès l'instant

ue

l'unité fondamentale

e

pro-

duction et de consommation tait le

groupe domestique paysan,

la

contribution

ctive

de la femmene

s'exerçait

généralement

u'à

l'inté-

rieurmême de la famille t de la propre xploitation gricole 4.On a

dit

que,

tandis

que

l'économie externe

c'est-à-dire,

e travail aux

champs

et la

pâture

du bétail

-

revenait

u

mari,

a femme ssurait e

fonctionnemente l'économie

interne,

e

l'aménagement

e

la maison

et la

préparation

e la nourriture la

procréation

t à l'éducation des

enfants Elle travaillait ien sûr à la maison une

maison

petite,

e

deux ou trois

pièces

avec

une cour et un mobilier

ommaire,

omme e

rapportent

es inventaires e biens. Elle

apportait

'eau des

puits

ou

des

fontaines,

réparait

es

repas, s'occupait

des animaux

domestiques

t

du

ardin.

A ces

activités

urement

ménagères u'on peut

nscrire ans

le travailroutinier e la

maison,

l faut n

ajouter

d'autres

qui appor-taientdes revenus omplémentaires ceux du mari, ommesurtoute

filage.

Les femmes ilaient eules chez elles ou en

groupe,

dans la

rue,

à la

porte

de leur

maison,

comme nous

l'apprennent

e nombreuses

sources

udiciaires

recueillant e momentde sociabilité.

Une

grande

part

de la

production

urale de

draps,

et même

la

première

hase

de

l'élaborationde la

soie,

le

filage,reposaient

ur

e travaildes femmes.

En

1432,

es autorités e

Sogorb s'opposaient

la

prétention

es musul-

mans locaux d'exercer

le métier de

cardeur,

parce que

ce dernier

«

requiert

ne communication ontinue vec

les

femmes,

ant

eunes

filles

que

veuves ou mariées et

parce qu'«

il

arrive

u'ils

vexent es

filles et les femmes ui vontà la morería fin de chercher e la laine

pour

filer»16.

L'important

dans cette

anecdote,

sans doute

exagérée

veuves

ui

ontttestés

anses

registres

e

ustice,

ccusés

'endommager

es

propriétés

voisines,

urtoutvec

e

bétail

u'ils

mènent

pâturer

AMS,

Actes el

Justicia

«

Clams

,

passim).

t

pour

e

second,

a

quittance

btenuee son ailleur

ar

a

veuve

de

Domingo

ou

pour

e

fermage

e a terret

de

a

vigne,

e a

paie

de a dernière

année

(Exempleris

ans

.

Guinot,

.

Furiò,

Un

xemple

'economiaomèstica

de

principis

el XV. L' administrado'una utela.ueca

1412-1427

,

Quaderns

e

Sueca

I

(1980),

p.

11-46).

13.

P. J.

araçona,

p.

cit.,

.

221.

14. B. A. Hana

Walt,

Peasant omen'sontribution

o heHome

conomy

n

LateMedieval

ngland

,

in Women

nd

workn

preindustrialuropeBloomington,

Indiananiversityress,986. f. ussi l trabajoe asmujeresn a EdadMedia

Hispana

éd.

A.

Muñiz,

. Segura.

Madrid,

988

Donne lavoro ell'Italia

edievale

éd.

M.

G.

Muzzarelli,

.

Galetti,

. Andreolli.

urin,

991.

15. A.

Gyeysztor,

Prolusione» La donna ell'economia

op.

cit.,

p.

19-28.

Etaussi

. A.H n w

lt,

op.

cit.

16. Arxiu el

Regne

e Valência

ARV),

ancelleria

eial, 25,

3,

3v°.

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28

A. FURIÒ

pour

des raisons

socio-politiques,

st

cette« communicationontinue

avec des femmes

que requiert

e

tissage

des

draps,

t la

spécialisation

féminine ans

le

filage.

Néanmoins,

e travailde

la femme

paysanne

ne se

circonscrivait

pas

à la maison.

En

1479,

Bernât

Bonet,

un

paysan

de

Massarrojos,

dénonçait

n voleur

qui

étaitrentré

hez lui

profitant

u fait

u'il

était

«

horsde

sa

maison,

insi

que

sa femme

t ses

compagnes,

ar ils

sont

paysans

et des

personnes

ui

doivent ller

travailler

ehors

17.

C'était

tout e

groupe

domestique

le

père,

a mère

et les enfants

qui parti-

cipait

ensemble

u travail

de

l'exploitation

gricole

familiale,

u

point

de laisser a maison désertependant a journée.Le travail ux champs

commençait

ôt

pour

es femmes encore

nfants,

lles

gardaient

e

petit

bétail,

ramassaient

a

paille,

cueillaient

es fruits

t des

plantes

ou ras-

semblaient

du bois.

En

1466,

un

jeune berger

de

Castello,

Guillem

Gomar,

ccusé

d'avoir

violé deux

eunes

filles à la

campagne

pendant

qu'elles

étaient

n trainde

travailler,

éclara

que,

tandis

qu'il

gardait

les

uments

e son

oncle,

l

avaittrouvé

a servante

e Bartomeu

enyar-

roja

«

qui

ramassait

es armoises

t des liserons

ans un

champ

d'épeau-

tre

,

il

la

força.

Un

autre

our,

il

agit

de

même avec la

fille de

Nicolau

Miró

qui

gardait

es

porcs

de son

père18.

es actes

du

usticia

-

l'officier

hargé

de l'administration

e la

justice

au

village

-

sont

remplis e plaintes ontre es femmes t des enfants ui ontété surpris

alors

qu'ils glanaient

llégalement19.

Les

champs

n'étaientdonc

pas

étrangers

ux

femmes

paysannes

qui

y

allaient souvent

pour porter

manger

leur

père

et

à leur

mari,

en

prolongement

e leurs

obligations

t

capacités

domestiques.

Elles

étaient ussi

allouées en

même

temps que

les

manœuvres,

our

leur

préparer

e

repas

aux

champs20.

lles étaient

même

engagées

comme

salariées

agricoles,

u même

titre

ue

les

hommes.

Mais

pas

pour

es

mêmes tâches

ni

pour

le même salaire.

En

1412,

cinq

femmes

ont

embauchées à Sueca

pour

vendanger

a

vigne

d'un

laboureur.

Elles

perçoivent

n sou

chacune,

tandis

que

les trois

hommesrecrutés

ussi

- l'un

pour

porter

es

charges

tdeux

pour

foulera

vendange gagnent

deux sous

chacun. Douze

ans

après,

e

même aboureur

mploie quatre

femmes

our

récolter

on

froment,

ayées

chacuneun sou

et

demi,

lors

17.

ARV,

usticiariminal

45,

f°17.

18. Arxiu

unicipal

e Castello

AMC),

ori

elJusticia

28 mars

466.

19.

Le 28 mars

508,

n

porte

lainte

ontrea femme

eRamon

istero,

aysan

à

Sueca,

parce u'elle

cueillia feuille

d'un oisin

le 18

mai,

ere aldovi

ccusait

la servantee

a veuve lades 'avoir

ueilliescerises

le 8

uin,

a femmee Jeroni

Sans st

urprise

ueillantes

petitsois

d'un utre

aysan.

MS,

Actes elJusticia

1508.

20. En1496,neeune ille eSogorbst ttaquéelorsu'elle evenaite a terre

de on

ère,

lui

orter

e

déjeuner

(Arxiu

unicipal

e

Sogorb,

libres

'assignacions

i manamentsel

usticia

128).

Et

à

Sueca,

u début

u XVe

iècle,

es femmes

ont

embauchées

lusieurs

ois n même

empsue

es manœuvres

our

eur

préparer

a

nourriture.lles

agnaient

n ou

par

our,

oit e tiers

e eurs

ollègues

asculins

pris

dans

.

Guinot,

.

Furiò,

p.

cit.).

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ENTRE A

COMPLÉMENTARITÉT LA

DÉPENDANCE

29

que

les hommes

qui

mettente blé en

gerbes

et le battent btiennent

deux

sous et demi et trois

ous et demi

respectivement21.

Mais le travail alarié des

femmesne demeurait

u'exceptionnel,

circonscrit des

époques

déterminées e

l'année,

surtout

u

temps

de la

moissonet de la

vendange ui exigeaient

e

concours

de

main-d'œuvre

supplémentaire.

ommes et femmes

ravaillaient lors ensemble

pen-

dant

quelques jours

dans des

exploitations

oisines

qui,

le reste de

l'année,

étaient

utosuffisantes.

n

effet,

e travail

paysan

s'effectuait

surtout

ans la

propre ossession

familiale,

ù l'on

essayait

de trouver

l'équilibre

entre a dimensionde

l'exploitation

t la force

familiale

de

travail. es journaliers ontdoncraresdans ce monderural alenciende

la

fin

du

Moyen Âge

et ce sont es

petits aysans,

insi

que

leurs fem-

mes,

qui

s'embauchent omme salariés

temporaires

hez leurs voisins

plus

aisés ou chez les

gros

aboureurs. ien

qu'attesté,

e

travail alarié

des

femmes tait ainsi

peu

courant t l'essentiel de leur

contribution

productive

e réalisait u sein de

l'entreprise

amiliale,

n

complémen-

tarité vec le travail e

l'homme et sous la

dépendance

de celui-ci.

Ce

rapport

e

complémentarité

t de

dépendance

du travail

éminin

s'écroulait

évidemment la mortdu

mari. La veuve

prenait

lors la

place

de

celui-ci t e

remplaçait

ommetitulaire u

patrimoine

amilial.

En

effet,

ien

que

les femmes

n'eussentdroit

u'au

retour e leur

dot,

dans a plupart es testamentsalenciensduxive txvesiècles les maris

leur

laissaient 'usufruit t la

gestion

des biens familiaux

usqu'à

la

majorité

de leurs

enfants22. n faisait

cette cession

-

qui comportait

aussi la tutelledes enfants à

condition

u'elles

vivent

chastement

et sans

mari 23. Une

obligation mposée pour

éviter

ue

la

gestion

de

l'héritage asse

à un

étranger.

ela

explique peut-être

e

grand

nombre

de veuves

qui

ne se sont

pas

remariées t

qui apparaissent

omme

titu-

laires d'une

exploitation

ans

les dénombrementsiscaux.Elles

repré-

sentent

ntre

14

et 18 des feux

recensés à Sueca et à

Alzira,

au

xve

siècle24.Nous les trouvons

n tête des

exploitations

amiliales,

n

21.

Ibidem.

22. V.

Pons

Alos,

Testamentos

alencianosn os

iglos

III-XVI.

estamentos,

familia

mentalidadesnValencia

fínales

e a EdadMedia

Universität

e

Valência,

thèse

octorale

nédite,

987.

23. En

1450,

ar xemple,

ere

oll,

aboureur

Sueca,

aissaita

femme,

ran-

cesca,

usufruitièret

possédante

e tousmes

biens,

e toute

a

vie,

elle-ci estant

chastet sansmari... e a

laisse ussi utricee notreils...

Mais,

i ellene

veut

as

accepter

e dit sufruitt i

elle

rend

ari,

ans e

cas,

e

laissemamèreutrice

e

mon

fils

(AMS,

rotocolse

Francese

enetz

7

août

450).

n

peut

rouveres

mêmes

termes

ent ns

près.

n

1535,

ntonialau

aisse tutricees

personnes

tbiens e

mes nfants

tusufruitièree mes its

iens,

outea

vie,

estanthastet ansmari t

non 'une utre

anière,

a

ditesabelMartítde

Palau,

ma emmerès

ien

imée,

ue

je prie ans 'administratione a dite ure ttutelle,e secomporterien tdiligem-

ment

(AMS,

rotocolsotariais

.

24.

A.

Furiò,

amperols

elPaísValencià.

ueca,

na omunitatural la tardor

deVedat

mitjana.

alence,

982 El

camperolat

alenciàn 'edat

mitjana.

emografia

i

economiauraln a Ribera

segles

III-XVI

,

Universitäte

Valência,

hèse edoctorat

inédite,

986.

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8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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30

A.

FURIO

traind'acheterou de vendredes

morceauxde

terrain,

e concéder

ou

de

demander es

prêts,

'affermer u

de

prendre

n bail

des

parcelles,

et surtout

e

gérer

a

propriété

vec l'aide de

garçons

lloués. La

femme

paysanne,

estée

veuve

pour

conserver

'administrationes

biens fami-

liaux,

acquérait

insi une

plus grande

mportance

conomique,

econnue

et

acceptée

socialement.C'était

pourtant

ne

situation

provisoire

t

fugace,

ransitoirentre a mort

du mari et la

majorité

des enfants.

Le

travail des enfants

On

peut

trouver es mêmes

caractèresde

complémentarité

t de

dépendance,

ncore

plus

accusés,

dans le travaildes

enfants.

l

y

avait,

d'un

côté,

les

enfants

biologiques

qui

aidaient eur

père

dès la

plus

tendre nfance.

D'abord dans des

activités

imples,

comme ramasser

du

bois ou

soigner

es

petits

nimaux,

t

plus

tard

garder

e

gros

bétail,

voire abourer es

champs.

Mais il

y

avait aussi les

valets,

es

garçons

de

ferme lloués

pour

assister eur

maître ans les travaux

gricoles.

ls

semblent

voir été assez

nombreux ans le monde

ruralvalenciende la

findu

Moyen Âge.

À

Sueca,

un

petit

bourg

d'environdeux

cents

feux,

on

recense au moins

120

garçons

de

ferme ntre1501 et

1519,

tandis

que le nombre 'employeurs voisinait es 6025.Un pourcentage levé,

autour

e 25

,

comparable

celui de

l'Angleterre

ù la

proportion

e

familles

paysannes

vec un ou

plusieursdomestiques

scillaitentre 0

et

40

On

pourrait

enser ue

la

plupart

e ces

serviteurs

gricoles

taient

de la

même

communauté,

ils des

paysans

es

plus pauvres

et

excéden-

taires n forcede

travail,

lors

que

les

maîtres taient es

laboureurs es

plus

aisés,

titulaires

es

exploitations

es

plus grandes,

t

ayant

pour

cette

raison besoin d'un

concoursde main-d'œuvre

upplémentaire.

l

s'établirait insi

une sorte

d'équilibre

et

de

complémentarité,

l'inté-

rieurde la

communauté

aysanne,

ntre es familles

plus

modestes n

terres t combléesd'enfants t celles

possédant

des

exploitations lus

grandes

mais

sans bras suffisants

our

es travailler. a

servitude omes-

tique,par

ailleurs

ransitoire,

imitée ux

années de l'adolescence et de

la

jeunesse,

aurait ussi de

cette

façon

une

fonction

égulatrice,

om-

25. A.

Furiò,

.

J.

Mira,

.

Viciano,

L'

entradan a vida els

oves

n l

mon

ruralalenciàfinals

e 'edat

mitjana

,

Revistahistoria edieval

5,

1995. e nombre

des uns

t des autres

ourrait

tre

ien

upérieur,

ar

es

chiffres

roviennent

'une

recherche

xhaustiveans es ctes

udiciaires

ui

recensent

eulementeux

ui

ont té

accusés e

quelque

élit u contravention.

26. Z.Razi,Life,Marriagend Death n a Medieval arish Halesown,

1270-1400.

ambridge,

980 R.M.

Smith,

Some ssues

oncerning

amiliesnd heir

property

n

rural

ngland,

250-1800

, Land,

inship

nd

ife-Cycle

Cambridge,

984.

SelonA.

Kussmaul,

5 des

domestiques

vaient

ntre 5et

24

ans

t,

n

fait,

0

des

eunes

ecettelasse

'âge

taientalets

gricoles

Servants

n

Husbandry

n

Early

Modern

ngland

Cambridge,

981).

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8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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ENTRE A

COMPLÉMENTARITÉT

LA

DÉPENDANCE

3

1

pensatrice

du

point

de vue

socio-démographique

ntre es

différents

niveaux

de la

hiérarchie

aysanne.

Mais

cette

nterprétation

ndogène,

démographiste,

e

semble

pas

suffisante.

es

maîtres,

ien

qu'on

en

trouve

parfois

dans

les

strates

moyennes

e

la

paysannerie,

ppartenaient

e

préférence

ux

couches

plus

hautes et

aisées

de la

communauté

illageoise.

En

fait,

ndépen-

dammentdu

nombre

d'enfants,

t

donc de la

plus

ou

moins

grande

disponibilité

e

forcede

travail

amiliale,

'est

la

disponibilité

e terres

et

l'étendue de

l'exploitation

ui

déterminente

recours une main-

d'œuvre

auxiliaire.

Ce sont donc

moins des

raisons

démographiques,

les nécessitésde remplires videsprovoquésparla mortalité u parla

faible

fécondité,

ue

des

raisons

ocio-économiques,

iées

à la

grandeur

des

patrimoines,

ui

déterminente

recrutemente

garçons

et de

per-

sonnel

dépendant.

'autre

part,

es

derniers e

provenaient

as toujours

du même

village,

mais ils

étaient e

plus

souvent

'origine

xtra-locale.

Dans le

cas de

Sueca,

au moins un

tiers

des

jeunes

embauchés

omme

serviteurs

gricoles

venaient

e

l'extérieur u

royaume

de

Valence,

de

l'

Aragon,

de la

Castille et

surtout e la

Gascogne.

L'image

d'une

communauté

urale

qui

s'auto-régulegrâce

à la

complémentarité

émographique

ntre amilles

déficitaires t excéden-

taires

d'enfants le

nombre

d'enfants tant

n

rapport

nverse vec

la

quantité e terre ossédée- n'est doncpas suffisanteourrendreompte

de la

forte

résence

de

garçons

t de

domestiques

ans le

monde rural.

Il

faudrait hercher

a motivation

lutôt

ans a

structureociale

agraire,

dans la

hiérarchisation

nterne u

monde

paysan

et,

d'une

façon

plus

concrète,

ans

a

position

conomique

t a

dimension es

exploitations,

car

ce sont

surtout es

grandes

propriétés

ui

s'approvisionnent

la

forcede

travail

uxiliaire,

ndépendamment

e la

disponibilité

amiliale

propre

t,

aussi,

de

l'offre ocale.

Beaucoup

de

valets,

urtout

es

plus

âgés,

s'embauchaient

our

un

temps

ourt,

n

ou deux

ans. Mais

d'autres

étaient

ecrutés,

omme es

apprentis e l'artisanat rbain, ès leurenfance.En fait, es clauses du

contrat

'engagement afermament)

es

jeunes

agriculteurs

ont très

semblables

à celles

qu'on

peut

trouver

ans

l'apprentissage

rtisanal.

En

1460,

Joan

d'Alvir,

fils

orphelin

'un

paysan

de

Burjassot,

de

9

ans,

est

engagé

par

son tuteur

u service

du laboureur

Marc

Castrel-

lenes,

pour

6 ans. Il

devra e servir

n

toutes hoses

licites t honnêtes

le maître

devra

pourvoir

tous

ses

besoins,

même

d'habillement,

ui

montrert

apprendre

e

métier

'agriculteur

hostendere

ictum

estrum

oficium

griculture)

t lui

payer

une

rétribution

e 10 livres

la

fin

des

6 ans. En

1458,

Lluc

Bono,

âgé

de

1

1

ans,

est

embauché

par

son tuteur

et

curateur

our

Pere Ci

vinar,

aboureur

Valence,

afinde le servir

n

toutes hoses icites thonnêtes tapprendrertem estramgriculture.

La

même

année,

Pere

Adam,

épicier

à

Valence,

met son fils

Onofre,

âgé

de

12

ans,

avec le

marchand

Joan de

Montblanc,

n

mancipium

vestrumn

officium

griculture

pour

une

durée de

4

ans

et une rému-

nération inale

de 9 livres

18 sous.

Enfin,

n

1459,

Gil

Garcia,

paysan

Page 37: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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32

A.

FURIÒ

à

Valence,

enrôle son

fils

Joan,

de

10

ans,

au service

de la

veuve de

Guillem

Llorenç,

aboureur

Benimaclet,

d servendum

obis n

eodem

officio gricultoris

pour

6

ans et

99 sous

de solde27.

A

la lumière

e ces

clauses,

l

n'est

pas toujours

acile

de

distinguer

entre n

contrat

'apprentissage,

n

contrat e

travail u un

contrat

e

servitude. n

ne sait

pas

si le

mineur st

engagé

par

son

père

ou son

tuteur

omme

pprenti

u

comme

domestique.

n

fait,

e

sontdes

condi-

tions

nséparables.

es contrats

mploient

ne

terminologie

ropre

la

servitude

omestique famulum,

mancipium),

côté de

celle

qui

est

spécifique

l'apprentissagediscipulum)

t

nsistent ur

ce

caractère e

dépendance tde servitude ad servendumobis ad servitudinemobis

et

domui

vestre,

d

faciendum

mnia

mandata

vestra

icita et

honesta.

Il

est

pourtant

rai

que

les

clauses

incorporent

outde

suite a

formule

in dicto

ve tro

officio griculture

t

que

le

maître

'oblige

à

instruire

l'apprenti

ans

le métier

docere

ei

artem

griculture).

Néanmoins,

a

frontière

ntre

'apprentissage

t la

servitude 'était

pas toujours

laire,

et

les maîtres

'hesitaient

as

à

faire

valoir eur

supériorité

our

abuser

de

leurs

ubordonnés,

n

les

destinant

toute orte

de tâches28

t

même

en

les

maltraitant

hysiquement.

Il

n'est

donc

pas

rare

que

beaucoup

de ces

adolescents,

nrôlés

comme

apprentis,

mais

traités

t

maltraités

omme des

serviteurs

ons

à toutfaire, chappent leursmaîtres. es actes udiciairesabondent

en

réclamations

ontre es

apprentis

uyards,

t

même dans les

contrats

d'apprentissage

n

prévoit

a fuite

t

l'obligation

des

parents

u des

tuteurs e

rétablir es

fugitifs

ans

leur ancienne

servitude

restituere

in

vestra

Servitutein v

tram

ris

inam

ervitutem

educere).

Les

contrats

afermament,

n

l'a

déjà

vu,

stipulaient

ussi l'obli-

gation

du

maître e

pourvoir

l'entretien es

jeunes

embauchés

pro-

videre ei

de comescu

potu,

vestitu t

calciatu et de

leur verser

une

somme n

argent

la fin

de

l'engagement.

Mais le

montant

e ce

pécule

était

très

variable et

arbitraire.

inq

livres

pour

six ans

dans un

cas,

50 livrespourcinq ans dans un autre,10 livrespour quatreans dansun troisième as, 10 livres

pour

six ans dans un dernier as. Pour les

femmes,

a

solde était

aussi

irrégulière

18

livres

pour

6

ans,

20

livres

pour

11

ans,

50 livres

pour

6

ans)

et

comprenait arfois

une

partie

n

argent

t une

partie

en

linge

ou

biens

meubles.

La

rétribution

inale

obéissait donc

moins au

nombre

d'années de

service

qu'à

l'intention

de

distribueru

eune

un

petit

apital

vec

lequel

commencer

on avenir

27.

APPV,

rotocols

e

Bartomeu

atalla

11.430 Bartomeu

atoses

25.339

Antoni

errando

23.724

Antoni

lopis

menor

22.180,

ités

ar

R.

Sixto,

a contrata-

ción aboral n a Valencia edievalaprendizajeserviciooméstico1458-1462,

Universitäte

Valência,

esi

e

icenciatura,

993.

28.

En

1434,

aumete

Luna,

pprenti

u

tisserandere

ancho,

vait ui

on

maître

arce ue

commel

e

déclaraitla cour

celui-ciui

faisaitinera

vigne

t

qu'il

vait

ngagé

our pprendre

e

métiere

tisserand,RV,

usticia

e300 ous

36,

,

s.f.

Page 38: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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ENTRE A

COMPLÉMENTARITÉ

T LA DÉPENDANCE 33

en solitaire.

Cela était

particulièrement

alable

pour

es

femmes,

ont

le

pécule

devenait

ouvent

a dot

qu'elles apporteraient

leur union.

Le

mariage,

t avec lui la formation

'une nouvelle cellule

écono-

mique

et a constitution

'une nouvelle

petite xploitation

gricole,

tait

en effete destin es

eunes

hommes t femmes

ngagés

comme

ppren-

tis ou comme

domestiques,

u

les deux à la fois. On

ne

conçoit pas

d'autre forme

de

travail,

dans ce monde rural

valencien de la

fin du

Moyen Âge, que

celle réalisée

à l'intérieur 'un

groupe

domestique,

a

véritable nitéde travail

aysanne,

ue

ce

groupe

oit celui

du

père,

du

maître

u,

plus

tard,

e sien

propre.

Hors de ce

cadre,

e travail

alarié,

bien que présent, taitdonc assez rare,pour les hommes et pour les

femmes,

t circonscrit

ux

exigences

du

cycle agricole.

En

revanche,

e

travail

dépendant,

ssuré

par

des

garçons

lloués ou

par

des serviteurs

domestiques,

tait

beaucoup plus

répandu,

finde

subvenir ux besoins

de main-d'œuvre

upplémentaire,

urtout ans

es

exploitations

es

gros

laboureurs,

t

il

se tenait

oujours

dans le cadre

de l'unité

domestique,

où l'adolescent

s'intégrait

omme

un membre e

plus.

Ce n'était

pour-

tant

u'un passage

transitoire,

ne voie

parcourue

urtout

ar

des

orphe-

lins

et

par

des enfants

és de

familles iches n

progéniture

t

pauvres

en

terres,

vant

qu'ils

n'acquièrent

eur

majorité

t avec

elle n'accèdent

au

mariage

t

à la

gestion

de leur

propre ntreprise

amiliale.

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8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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Médiévales0, rintemps996,p. 5-44

Alessandro

STELLA

TRAVAIL,

FAMILLE

ET

MAISON :

FORMES

ET

RAISONS

DU

PLACEMENT

DANS LES

SOCIÉTÉS

TRADITIONNELLES

Maison

En

1527,

Jean

Gormant,

marinier

t

charpentier

e

bateaux à

Auxerre,

rend

n

apprentissage,

e son

tuteur

t

curateur,

ierron

aus-

sone, ui aussi ď Auxerre. endant es cinq ans prévusparle contrat,l

devra

pourvoir

tous

les

besoins du

garçon,

y

compris

'habillement,

mais

pendant

ans,

l

pourra

xploiter

n

quartier

e

vigne

appartenant

à

Pierron.

En

1495,

es

tuteurs

t

curateurs

'Étienne

12

ans)

et

Jeanne

has-

seigne

(14

ans),

enfants

mineursde

Pierre

Chasseigne,

vigneron

Auxerre,

t

de

«

feue

Anne

Bruant

,

signent

e bail

à

nourriture

ui

confie

es

enfants

leur

père.

Celui-ci

devra

garder

on fils

6 ans

et sa

fille4

ans

;

ils

devront e

servir

n

toutes

hoses

licites

et

honnêtes il

devra

pourvoir

tous

leurs

besoins.

«

Et

aussi

sera

tenu

[le

père]

de

faire

voir

coronne uditEstienne, ui faire prandre a créance et luimonstrert

aprandre

e mestier es

vignes.

Et

quant

à ladite

Jehanne,

il

sera

tenu

de la

tenir

ung

an à

cousture

pour

lui

faire

apprendre

e

mestier

de

cousture.Et

avec

ce

sera tenu

icelui

Chasseigne

paier

et

bailler à

ses

dits

enfans

à

chascun

deulx

par

chascun

an

durant

es

années

dudit

louage,

la

somme

trente

olz

tournois

durant

esquelles

années

dudit

alouage

et

moyennant

celui,

ledit

Chasseigne

oyra

et

prandra

es

fruits t

revenuesd'un

arpent

e

vigne

appartenant

usdits

enfans .

En

1496,

Étienne

Malines,

tonnellier

t

vigneron

Auxerre,

rend

à son

service

pour

2

ans

Huguenin

Breiny,

de

Courson,

pour

e

servir

en toutes hoses licites et convenables, tant u mestier e tonnelerie

que

des

vignes,

t

aussi

aller à

Paris,

à

Rouan et

ailleurs,

à où il

plaira

audit

Malines

de

l'envoyer.

Et

moyennant

e,

ledit

Malines

sera tenu

et a

promis

de

nourrir,

ouverner

t

alimenter

edit

Breiny,

ui

montrer

et

apprendre

e mestier

e

tonnellerie,

e

fournir

e

chaussures

de sou-

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8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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36

A.

STELLA

liers,

ui bailler

ung

serpelis,

ne

chemise,

nsemble t avec la somme

de 6 livrestournois 1.

Voilà

trois xtraits e contrats

assés

devant

notaire,

Auxerre,

la fin

du

Moyen Âge.

Des

actes notariés

ourants,

omme on en

trouve

partout

ans

les fonds

d'archives de toute

'Europe

occidentale,

la

même

époque

et dans les siècles

suivants.Si leur nombre

dépend

de

l'état de conservation

e la

documentation t de la diffusion

es offi-

cines

notariales,

a

diffusion e la

pratique

ne fait aucun

doute. Ne

serait-ce

que

dans les

cinq

volumes,

publiés par

Henri

Forestier,

d'extraits

nalytiques

des minutes

déposées

aux Archives

de l'Yonne

paruncertain ombre e notaires e l'Auxerrois, nrencontreuelques

milliersde

contrats e ce

type.

Le

premier xemple

donné i-dessus

st

enregistré

omme

«

contrat

d'apprentissage

,

le

deuxième comme

«

bail à

nourriture

,

et le troi-

sième comme

«

louage

d'ouvrier . Ils

présentent,

'un

par rapport

ux

autres,

es

différences,

ais ils

ont tous un

dénominateurommun ils

associent

travail,

amille t maison.

Traditionnellement,

'historiographie analysé

éparément

es

gen-

res de

contrats,

onnant a

priorité

ux contrats

'apprentissage

n vue

de

comprendre

omment

'opérait

a transmission

es savoirsde métier

dans

les sociétés

traditionnelles. 'ai

essayé, pour

ma

part,

de réunir

dans un mêmefichier ne sériede contrats e ce type, our es comparer

entre ux. À

cette

fin,

'ai

relevé

226 contrats

assés

devantnotaire

Auxerre,

ntre

1474

et 16002. Le

décomptepar type

de

contrats st le

suivant 147 contrats

'apprentissage,

6

baux à

nourriture,

3

louages

de

travail. es individus

oncernés ontdans leur

écrasante

majorité

e

sexe masculin 216 hommes

t 10 femmes.

Comme dans tout

ontrat

otarial,

l

y

a deux

parties

n

présence

dans notre

as,

nous

pouvons appeler

ceux

qui

mettent ne

personne

chez une

autre es

«

donneurs

,

et ceux

qui

la

reçoivent

es

«

pre-

neurs .

Voyons

tout

d'abord

qui

sont es

«

donneurs

;

leur

qualité

est

indiquée

dans

119

cas

(voir

tableau

ci-contre).Dans quelquescas (adultesou mineursmancipés), 'est l'individu

lui-même

ui

conclut

un contrat

'apprentissage,

mais

généralement

es

donneurs ontdes adultesde

sexe masculin

yant

utorité ur

e

mineur,

normalemente

père

ou le tuteur.

Dans les baux à

nourriture,

'est

presque toujours

e

tuteur

ui

formalise e transfertu mineur

alors

1

Ces troisontratsont

ubliésar

.

Druot,

Recueil e documentsirés

es

anciennesinutes

enotaires

éposées

ux

Archivese 'Yonne

,

Bulletine a

Société

des ciences

istoriques

tnaturellese 'Yonne

1900,

p.

23-450.

2. J'ai iré escontratse apublication,itée, 'Eugèneruottdedeux ubli-cations'H.

Forestier,

épertoires

t nventairese

fonds éposésar

esnotairese

l'Yonne.tudes e

Me

Rolland

ampic

tde

Me

ouis

ouvin

Archivesu

Département

de

'Yonne, uxerre,

942,

p.

15-236,

76-289,

98-304

Id.,

xtraits

nalytiques

es

minutes

éposées

uxArchivese 'Yonne

ar

Me

André

uimard

Archives

u

Dépar-

temente

'Yonne, uxerre,954,

p.

1-12,

3-47, 29-144,80-184,

13-323,

35-346.

Page 42: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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TRAVAIL,

AMILLE T

MAISON 37

Tableau 1 : Les donneurs e

personne

ous contrat Auxerre

d'apprentissage

Baux nourriture

Allouage

Mère

1

3

Père 16-2

Oncle 3

1 1

Frère

1

-

-

Tuteur

18

18

1

Alloué 5-49

que

dans

es contrats

ď

allouage

»

c'est l'individu ui-même

a

fortiori

adulte)

qui

stipule

'acte.

Tous ces

contrats

révoient

e transfert'une

personne

hez une

autre

pendant

n certainnombred'années :

Tableau 2 :

Durée

en années)

des contrats

'apprentissage,

e nourriture

et ď

allouage

Minimum

Maximum

Moyenne

Contrat'apprentissage 1 14 3

Bail à nourriture

1

10 5

Allouage

16

1

Sauf cas

d'espèce,

les

«

allouages

»

sont

de

courte

urée,

t conclus

généralementour

une seule année.Les

«

apprentissages

et es

«

nour-

ritures sont en revanche

plus longs,

et

significativement

'est le

bail

à nourriture

ui

est conclu

pour

a

plus longue

durée.

En

accueillant demeure

uelqu'un

chez

lui,

le

preneur

'engage

envers e donneur une

série,variable,

'obligations.

Celles-ci

peuvent

être egroupées insi a = nourrir,oger, pprendree métier b = nour-

rir,

oger,

habiller,

hausser,

pprendre

e

métier

c

=

nourrir,

oger,

habiller, hausser,

pprendre

e

métier,

onnerdes outils à la

fin du

contrat d

=

nourrir,

oger,

habiller,

hausser,

pprendre

e

métier,

met-

tre l'école

pour

une

période

déterminée

e

=

entretenir,

ettre l'école

pour

une

période

déterminée

f

=

entretenir,

oter

g

=

entretenir

sans

clause

d'apprentisage)

h

=

entretenir,

alarier

la tâche.

Tous les contrats

mpliquent'obligation

e l'entretien

loger,

nour-

rir)

de l'individu transféré. et entretien

minimum

eut

être

élargi

à

une

paire

de

chaussures,

des habits

neufs,

u à

quelques

outils à

la

fin

du contrat. ous les contrats

'apprentissage omportent

'obligation

du maître enseignere métier l'apprenti mais la moitiédes baux à

nourritureont ssortis ussi de cette

bligation,

t même

un

petit

nom-

bre

-

mais

significatif

des baux

d'allouage.

Enfin 'école est rarement

prévue,

t

quelques eunes

filles

uront

roit une dot à

l'expiration

u

contrat.

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8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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38

A. STELLA

Tableau 3 :

Obligations

u

preneur

nvers

'apprenti,

e nourri t 'alloué

Contrat

Baux

nourriture

Allouage

apprentissage

a:

61

7

3

b :

43

5

3

c :

28

-

1

d :

3

-

-

e:

-

5

-

f:

-

3

-

g : - 4 40h: - - 2

Total

135

24 49

Inconnus

12

2

4

Mais

pourquoi

quelqu'un

accueille-t-il hez

lui un

enfant,

n

eune

hommeou un

adulte,

ui

administrant

toutes es

nécessités

orporel-

les

»,

comme

e récitent

es formulaires

otariaux

Que

recevait-il

n

échange

?

Du

travail,

ous

toutes es formes.

La formule

rdinaire

tipule ue l'apprenti

u

l'alloué servira

on

maître-nourricierdans sonmestier t danstoutes hoseslicites thon-

nestes

. D'autres actes

précisent

ue

tel

apprenti

servira on

maistre

comme

bon serviteur

t

apprentis

oit

faire

,

que

tel alloué

s'engage

«

comme charretier

t autres services

qui

lui seront

ommandés

,

et

que

tel autre

promet

'obéir

«

tant n ce

qui

concerne

'état de

maçon

qu'en

toutes ffaires

omestiques

aisonnables

3. Ce

qui

indique pré-

cisément

ue

le

logé-nourri,

ant

eune

qu'adulte,

est embauché

avec

une double

fonction

auxiliaire

du maître ans

son travail

t domesti-

que.

Serviteur

on

à tout

faire,

n effet.

el

engagé

auprès

d'un tonne-

lier-vigneron,ar

exemple,

fera

es

façons

des

vignes

dans la

propriété

du maître, ussi bienque la menuiserie ans son atelier u la livraison

des

produits,

oire a

moisson,

i le

patron

ossède

un

champ,

t autres

menus services.

Les différences

ondamentales

ntre les

trois

types

de contrat

(apprentissage,

ourriture,

llouage)

sont

liées à

l'âge

de

l'individu,

donc

à sa

capacité

à rembourser

ar

le travail 'entretien

ourni.

La

grande

majorité

es alloués

sont des adultes

ou des

adolescents

man-

cipés

(cf.

Tableau

1)

;

l'âge

des

apprentis

18

indications)

varie entre

six et

dix-huit

ns,

la

moyenne

tantde treize

ans et

demi

quant

à

ceux

qui

sont

placés

par

bail à

nourriture,

out

porte

à

croire

durée

moyenne

u contrat

lus

longue,

ge moyen gal

à dix

ans)

qu'il

s'agit

d'enfants,même en bas âge, et de jeunes adolescents.

Ces

informations

xpliquentpour

quelles

raisons

une

partie

des

3.

Exempleris

ans .

Druot,

p.

it.,

p.

35,

50

H.

Forestier,

p.

it.,

954,

p.

182.

Page 44: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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TRAVAIL,

AMILLE

T MAISON

39

contrats st

assortiede clauses

monétaires. ans

presque

a

moitié

58

sur

147)

des contrats

'apprentissage,

e donneur oit aussi

verserune

somme en

argent

pour

la

«

pension

. Une

autre

partie

des

apprentis

(21

% de

l'ensemble)

reçoit

en revancheun

pécule,

normalement la

fin

du contrat.

n

remarque

ussi

que

«

pension

et

pécule

s'excluent

mutuellement

quand l'apprenti eçoit

une somme

d'argent,

'est

que

les

parties

stiment

ue

l'entretien

'équivaut pas

au travail

fourni,

t

dans

le cas du versement

'une

«

pension

c'est l'inverse.

Ceci est

évident

i

l'on observe es contrats

allouage

: ici les

proportions

ont

inversées,

t seulementun alloué sur

cinq

ne

perçoit

pas

de

pécule.

Quantaux « nourris , on devait considérer u plus bas leurapport n

travail,

ar la

pension

était a

plus

chère à noter

ue

comme

pour

es

apprentis,

ertains

5 cas)

touchent

n

pécule.

Mais ce

qui distingue

e

bail à nourriturees

autrescontrats

xaminés,

est

qu'ici,

dans la très

grande majorité

des

cas,

celui

qui prend

e

«

nourri

reçoit

aussi la

jouissance

des

héritages

une

parcelle

de

vigne,

n

champ,

n

pré) appar-

tenant u

mineur

il

est aussi

prévu,

mais

rarement,

e versement

ar

le

donneur 'une certaine

uantité

e denrés limentaires

blé,

orge).

Famille

Résumons.Par tousces contrats

crits,

u'ils

soient

ppelés

contrat

d'apprentissage,

ail à nourritureu

allouage

d'ouvrier

et

il

faudrait

ajouter

es contrats

e mise en servicedes femmes t

eunes

filles,

non

analysés

dans le

corpus

ci-dessus),

on

procède

au

placement, temps

déterminé,

'une

personne

ans un

ménage qui s'engage

à l'entretenir.

Ce

ménagepeut

n'avoir aucun

ien de

parenté

vec la

personne

ccueil-

lie,

ou au

contraireui être

pparenté,

omme c'est

normalemente cas

pour

les

«

nourris . Dans tous les

cas de

figure,

l

s'agit

d'enfants,

jeunes gens

ou adultes euls

qui

vont

ntrer ans un

ou

un

autre)

foyer.

Même si les

sourcesne

l'indiquent as,

il

est

raisonnable

e

croire

ueles

jeunes gens

et les adultes

qui

signent

n contrat

'apprentissage

u

ď

allouage

sont des

célibataires,

u des veufs sans

enfants,

n

tout

as

des

personnes

ivant eules

et

qui

choisissent 'aller vivredans un

foyer

constitué.

uant

aux

apprentis

t aux

«

nourris

,

ceux

qui

sont oncer-

nés sontdans une

grande

proportion

es

orphelins.

ela est nhérentu

bail

à

nourriture4,

t concerne à

l'époque

moderne es enfantsd'un

couple

surneufdans ' Auxerrois

omme dans 'Orléanais5.Mais

c'était

bien

le cas aussi de nombre

d'apprentis

à Orléans au

xve

siècle,

les

orphelins

e

père

ou

de mère constituaient 0 % des enfants t

eunes

4. J.-P.

esaive,

Le bail nourrituret e statute 'enfant

ous 'Ancien

égime

en basse

Bourgogne

,

Bulletin

e

a

Société esSciences

istoriques

t

naturellese

l'Yonne

1986,

p.

11-21.

5.

Id,

bid.,

.

3

M.

Couturier,

Entreamillet ervice.a mise

ux nchères

des

personnes

,

Bulletine a Société

rchéologique

'Eureet-

oire, 984,

.

253.

Page 45: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 45/165

40

A.

STELLA

gens

mis en

apprentissage,

t à

Gênes,

à la même

époque,

les

orphelins

de

père

représentaient

0 %

des

apprentis6.

Bon

nombre e

fillettes t

eunes

filles

mises en

service vaient e

même

handicap

familial e

départ

c'est

ce

que

constate

aulino

radiel

Murugarren

our

a

Valence du Bas

Moyen

Âge,

où 30 %

des

jeunes

servantes

ngagées

sous

contrat

taient données

»

par

les

procureurs

des

orphelins

de cette ville7.

La

relation étroite

entre a

condition

d'orphelin

et la

«

mise-en-famille/mise-au-travail

apparaît

en

effet

commeune

constante ans

les

sociétés

traditionnelles

uropéennes.

es

organismes

haritables es

derniers

iècles du

Moyen

Âge

et de

l'épo-

que moderne e ferontn effet u'institutionnalisernepratique ociale

largement

épandue

et

les

grandes

manufactures u

xixe

siècle,

qui

puiseront

bondamment ans

ce

réservoir e

main-d'œuvre

nfantine,

ne feront

ue

perpétuer

ette

ancienne

coutume8.

Quelle

était

a

position

e

tous ces

«

nourris-logés

dans eur

foyer

d'accueil ?

Autrement it où

et sur

quoi

couchaient-ils,

ù et

que

man-

geaient-ils

Faisaient-ils

artie

de la

famille,

u

plutôt

es

famuli

des

serviteurs

Parfois,

ans des

contrats

'apprentissage,

n

trouve

a for-

mule

que

le

maître

'engage

à traiter

'apprenti

comme si

c'était son

propre

ils

9. Sans

préjuger

e la

bienveillance t des

bonnes

ntentions

de certains

maîtres-pères,

ous

devons

nous demander

omment

ouvait

se concilier, arexemple,uncomportementaternel vec le « droitde

fuite .

Dans le

corpus

uxerrois

xaminé

i-dessus,

8 des 147

contrats

d'apprentissage révoyaient

ue

le

donneur

'apprenti

tait

enude ver-

ser au

preneur

ne

somme

d'argent

mportante

correspondant

arfois

au

prix

otalde la

pension

onvenue)

en

cas de fuite

e

l'apprenti.

ette

coutume,

u'on

retrouve n

France au

moins du

xive

au

xviif

siècle10,

nous

apprend

d'une

part

que

les

apprentis

vaient

tendance

fuir eur

foyer

d'accueil

et,

d'autre

part,

qu'une

telle

contrainte

angeait

es

apprentis

ans une

dépendance

ara-servile.

es

«

logés-nourris

subis-

saient n

réalité rois

ormes e

dépendance

onjuguées

l'une

vis-à-vis

6. F.

Michaud-Fréjaville,

Bons t

oyaux

ervices

les ontrats

'apprentissage

en

Orléanais

1380-1480)

,

dans es

entrées

ans a vie. nitiations

t

pprentissages

Nancy,

982,

.

188 G.

Casarino,

I

giovani

l'apprendistato.

niziazioneaddestra-

mento

,

Maestri

garzoni

ella

ocietà

enovese

ra

XV XVI

ecolo

V,

Quaderni

el

CSST du

CNR,Gênes, 982,

.

106.

7. P. radiel

Murugarren,

Familia

función

conomicae a

mujer

n

ctivi-

dades o

agrarias

,

dans

a Condicion

e a

mujer

n a Edad

Media

Madrid,986,

p.

248.

8. A.

Stella,

«

Pour nehistoire

e 'enfant

xploité

,

Actes

u

colloque

nter-

national

enfantxploité.

ise u

travailt

rolétarisation

Paris,

ovembre

994

sous

presse).

9. Cf.P.

Bernardi,

Apprentissage

t

ransmissionu

avoir ans es

métiersu

bâtimentAix-en-Provencela fin uMoyen ge 1400-1550), Les CahiersuC.R.I.S.I.M.An°

1, 1993,

.

71 P.

Didier,

Le

contrat

'apprentissage

n

Bourgogne

aux

xive

txve

iècles.

Revue

istorique

e droit

rançais

t

tranger

1976

1),p.

43.

10. G.

Fagniez,

tudes

ur 'industrie

t a classe

ndustrielle

Paris uxxur

t

XIV

iècles

Paris, 877,

.

73

H.

Forestier,

Rupture

e contrat

'apprentissage

t

droit e

fuiteu xviir

iècle

,

Annales

e

Bourgogne

1938,

p.

01-303.

Page 46: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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TRAVAIL,

AMILLE T MAISON

41

du maître

n tant

u'auxiliaires

dans le

travail,

'autre

à la

maison

dans

laquelle

ils

occupaient

a

place

de

serviteurs,

t enfin a

dépendance

sournoise onférée

ar

le

statut

'étrangers

la communauté

e

sang.

Travail

Le

travailest au cœur des

relations ntre es

individusdans les

sociétés

traditionnelles.'est

autour

du

travail

ue

les

groupes

ociaux

se forment le

groupe

telier

amilial,

e

groupe

usine,

e

groupe

ferme

(ou villa) agricole.Mais d'abord le groupeménagefamilial, out im-

plement.

On

ne saurait

expliquer

autrement

ue

dans la Toscane du

xve iècle c'est dans e

groupe

des

métayers u'on

compte

e

plus grand

nombrede

ménages

rurauxde

plus

de 6

personnes,

t

qu'en

ville les

ouvriers u

textile nt un

ménage composé

en

moyenne

e moins de

4

personnes

t les serviteurs e

moins de 211. Dans une

situation bien

des

égards comparable,

Schio

(province

de

Vicence),

en

1789,

on

compte

1

1,3

bouches

par

feuchez

les lavoranti i

campagna

et

3,6

bou-

ches chez les lavoranti

de la manufactureainière

2

.

Mais

qu'est-ce qu'on

entend

ar

travail,

u

juste,

dans

les sociétés

traditionnelles,

t

comment,

ar quoi,

est-ilrémunéré

J'emprunte

ci

aux anthropologuesa formule e sociététraditionnelle,vec le vague

et

'imprécis ui

la définissent

ar rapport

une société

dite ndustrielle

ou

marchande. 'entends

ar

à,

en

effet,

ne

société

qui

est fondamen-

talement

urale

et

rurale

n'est

pas synonyme

'agricole),

où les échan-

ges

sont

pour

a

plupart

ocaux,

où l'unité

domestique

st le moteur

e

l'activité

conomique

de

la

majorité

e la

population.

Une société

dans

laquelle

l'industrie

pensons

à

l'industrieminière t

métallurgique, ar

exemple)

est

intimement

mbriquée

dans

les activités

gricoles,

et où

même

des villes de

grande

dimension ontdes

agro-villes.

Une société

aussi,

dans le cas

qui

nous

intéresse

ci,

dans

laquelle

on meurt

ouvent

tôt, ù le veuvagetient ieu du divorcedans les

sociétés

d'aujourd'hui,et où les

personnes

ans famille ont

égion.

Dans cette

société,

point

capital, 'argent

d'un salarié

passait

sur-

tout

ou

entièrement,

ans les

conjonctures

ifficiles)

n nourriture.n

travailleur

ourri tait donc

un travailleur

ayé.

Dans le

placement

d'enfants

comme

d'adultes,

on faisait des calculs.

Essayons

de

les

refaire.Un

journalier igneron

'Auxerrois

gagnait

1

à

2 sous

par

our

entre 450

et

1550,

5 à

10 sous de 1550 à 1600

(les

variations

ominales

sont

dues à

l'inflation)

3

; disons,

out fait

héoriquement

en

comptant

250

jours

de travail

par

an),

qu'il pouvait

gagner

ntre

12

et 25

livres

1 D. HerlihytCh.Klapisch-Zuber,es Toscanst eursamilles.ne tude

du

Catasto

lorentin

e

1427

Paris, 978,

p.

76-479.

12.

W.

Panciera, lanifici

ell'alto icentino

elXVIII

ecolo

Vicence, 988,

p.

154.

13.

M.

Delafosse,

Notes 'histoireociale. es

vignerons

'Auxerrois

xive-xvr

siècles)

,

Annalese

Bourgogne

77,

1948,

p.

-41.

Page 47: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 47/165

42

A. STELLA

par

an avant

1550,

de 60

à

120 livres

près.

Dans les mêmes

périodes,

les

apprentis

e notre

orpus, orsqu'ils

touchaient n

salaire,

ecevaient

en

moyenne

2

livres

par

an

pendant

a

première ériode,

et 10 livres

pour

a deuxième les

alloués,

qui

étaient onsidérés omme

plus pro-

ductifs,

ouchaient

0

puis

14

livres.

En

revanche,

a

pension

versée

par

le

donneur

our

'entretien

e

l'apprenti

tait

toujours

n

moyenne,

t

avec le même

découpage temporel)

e 6

puis

de 20 livres

par

an.

Ce

qui

était nhérent la conditiondes travailleurs

omestiques,

être

rémunérés ssentiellement

ar

le

gîte

et le couvert t secondaire-

ment

ar

du

numéraire,

'appliquait

ussi à nombre 'autres ravailleurs

qui vivaient leurcompte.Les proportionsntre a partiede la rému-

nération n nature t la

partie

n

argent

taient

ependant

différentes.

On

rédigeait

ombre e contrats e travail

emporaire

sans

doute

nfi-

nimentmoins

que

les contrats

erbaux,

ontnous n'avons

pas

de

trace)

prévoyant

n salaire

plus

la nourritureu

le

vin.

Ce

dernier,

urtout,

peut

être onsidéré omme une

partie ntégrante

e la rémunérationes

travailleurs ans les sociétés

occidentales,

ussi bien

pour

es

ouvriers

des

champs que pour

ceux des manufactures dans les ateliersde la

laine

de Florence au

xive

siècle,

comme dans ceux de Schio

au

xviir,

les ouvriers ont

payés

aussi en vin.

C'est d'un

cycle

de transferts

u'il s'agit

entre e

travail,

a

nour-

riture t le numéraire. ue signifie, ans les baux à nourriture,ette

jouissance temporaire

'héritages

inon,

à

aussi,

une rémunération

n

nourrituren même

temps

ue

du travail ourni

Il en

coûtait

eaucoup

de

temps,

de

sueur,

de

soins,

de mal aux

reins

pour

mettre n culture

un

arpent

e

terre,

t ce n'était

pas,

à

proprementarler,

u travailmort.

Un

arpent

e

vigne

à Auxerre e louait en 1581 6

livres

par

an14

ces

références n numéraire

aisaient

ertainement

artie

des

préoccupa-

tionsdans

les

échanges

de

personnes.

Conclusions

Une double

trilogie

e

dégage.

Une

première,

ravail-famille-mai-

son,

nous rend

compte

des motivations t des formes

rises par

la cir-

culation es

personnes,

nfants t

eunes gens

en

particulier.

es raisons

de déstabilisation amiliale

la

mort

es

parents,

'abandon,

a

solitude)

figurent

la source

du

placement15.

ne

des

formes

risespar

celui-ci,

le

contrat

'apprentissage,

evient

plus

claire

dans

ses finalités

dans

quelle

mesure

'objectif

tait-il

e faire

pprendre

n métier une

eune

personne

Sans

compter

a

pratique

ffective e

l'utilisation

e

la main-

d'œuvre

l'apprenti mployépour

toutes ortes

de corvées d'atelier et

14. H.

Forestier,

p.

it., 954,

.

26.

15. Je ois ire

mon

tonnemente

onstater,

ans'étude

e

Suzanne

allemand

{La

circulationes

enfants

n

sociétéraditionnelle.

rêt, on,

change

Paris,

993),

portant

ur

lusieurs

ociétésfricainest

siatiques,

'absenceu ravailans

'analyse

des

changes.

Page 48: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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44 A.

STELLA

Dans ce cadre s'inscrit a situation es

domestiques, ris

dans le

sens ancien

d'appartenant

la

maison.

Servantes,

arçons

de

ferme u

de

boutique, pprentis

t autres lloués fournissent

u

travail,

uotidien

et sans

horaires,

n

échange

de l'entretien

t,

e cas

échéant,

'un

petit

quelque

chose de

plus.

Libres

uridiquement,

ls

ne

sont

pas pour

autant

affranchis 'une

dépendancepersonnelle

nvers e maître ans l'atelier

ou aux

champs,

t envers

ui et sa famille l'intérieur u

foyer.

t le

faitd'être mineur

allonge

a chaîne des

dépendances.

Alessandro Stella, CNRS, UMR 9967, 18, quai Claude-Ber-

nard,

F-69635

Lyon

Cédex

07

Travail,

famille et maison : formes et

raisons du

placement

dans les sociétés traditionnelles.

Le

placement

es

personnes,

es enfants t

eunes

gens

en

parti-

culier,

tait

une

pratique

rès

épandue

ans les sociétéstradition-

nelles en

Europe.

L'auteur

prend

ci comme

terrain 'observation

la

Bourgogne

u Nord à la

fin

du

Moyen Age.

Par-delà

a diversité

des formes t des contrats

assés

entre

preneurs

t donneurs e

personnes,

l

ressort

ue

c'est le travailfourni u

à fournir

ui

modèle les relations t qui est à la source des dépendances.

Placement

orphelins

travail

ménage

-

dépendances

Work,

the

Family

and the Household : Hired

Workers

n

Tra-

ditional Societies

The custom of

placing

persons, specially

children

nd adoles-

cents,

nto

servicewas

widespread

n

traditional

uropean

socie-

ties. This

study

ocuseson Northern

urgundy

n

the ater

Middle

Ages. From the various kinds of servicesand contracts ormali-

zing

the transfer f individualsfrom ne household to another,

the nference

may

be drawn hat t was

primarily

he

work

patterns

which

shaped relationships

etween he hirers nd the

hired,

nd

that he atterwere often onsidered nd treated

s

dependents.

Hiring

work

family

household

wages

Page 50: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 50/165

Médiévales0, rintemps996,p. 5-54

Cécile

BÉGHIN

ENTRE

OMBRE

ET LUMIÈRE

:

QUELQUES ASPECTS DU TRAVAIL DES FEMMES

À MONTPELLIER

(1293-1408)

Les sources

de la

findu

Moyen

Âge présentent

arement

a femme

hors de

son contexte

domestique

épouse

ou

mère,

elle

n'est

guère

perçue

comme

exerçant

une

activité

professionnelle.

l en est ainsi

à

Montpellier,

ù

les

femmes

pparaissent

vant

tout omme

éducatrices

et

nourricières,

ais où leur

possible

rôle

de

productrice

e constitue

jamais un élémentdéterminante leurpersonnalité. insi entre1293

et

1408,

es sources

tablissent

u'un

travailleur

urdix

est

une

femme1,

alors

même

que

la ville

atteint

'apogée

de

sa

prospérité

n 1348

avant

d'entamer

n

lentdéclin2

la

main-d'œuvre

éminine

emble

ndispen-

sable

à l'activité

économique

urbaine,

t

disponible

du fait

du statut

privilégié

es

femmes,

ui

s'appuient

ur

es Coutumes

de

la ville

pour

contrebalancer

a

rigidité

u droit

romain t

obtenir

n

supplément

e

liberté3.

La

plus

grande

partie

du

travail

féminin

reste donc

dans

l'ombre.

Son existence

ne

peut

être

remise

n

question,

mais

il

pose

un

problème

d'évaluation

et de connaissance.

De

façon générale,

es sources

notariées

ne

permettentuère

une

bonne

appréciation

e cetteactivité éminine,malgré 'abondancedes

registres

xistant

our

a

période

tudiée4.

armi

es actes

notariés,

ous

avons

en

priorité

tilisé

es contrats

'apprentissage

t les

louages

de

1.

Il

s'agit

e

la différence

ntrees

hommest

es femmes

oncernés

ar

une

activité

rofessionnelle

ntre293

t 1408

'après

es ctes

otariés

tilisés.

2. Ph.

Wolff,

istoire

u

Languedoc

Toulouse,990,

t

J.

ombes,

Montpellier

et e

Languedoc

u

Moyen ge

,

Mémoirese a Société

rchéologique

e

Montpellier

2e

érie,

.

20,

1990.

3.

LesCoutumes

e

1208,

maintenant

insi

es raditions

e a

ville,

onte

1 uto-

risationu

maria seule

imite la

capacité

e

'épouse.

a femme

stdonc

rotégée

par

es

Coutumes,

n ontradiction

vec

'esprit

udroit

omain.f.

J.

Hilaire,

e

régimedesbiensntrepouxansarégioneMontpellierdéb. nr-finvr iècles,Aix, 956,

lre

artie

le

régime

otal.

4. Archives

e

la Ville e

Montpellier.

nventaires

t Documents.

nventaire

u

Grand

hartrier

édigéar

Pierre

ouvetn1662-1663

Montpellier,

896,

.

1,

Armoi-

resA à

F

etSérie

B Notairesu Consulat

,

BB1 à BB5

xive-xve

iècles).

rchives

Page 51: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 51/165

46

C. BÉGHIN

servicesmentionnantesfemmes5. tablisentre n maître tun

apprenti

ou

un

valet,

es contrats

embauche,

passés

devant

notaire,

evaient

préciser

es modalités

du travail

accomplir

t codifier

es

obligations

réciproques

e chacun des

contractants.

ependant,

a liberté

ontrac-

tuelle tant

rès

tendue,

'établissement

'un contrat

'avait riend'obli-

gatoire

t

de nombreux

pprentis,

aletsou

servantes taient

mbauchés

sans conditions

crites.Les

contrats embauche

ne constituent

onc

pas

une source

suffisante,

t nous

les avons

complétéspar

les Statuts

et les Charités

de certains

métiers6,

insi

que par

l'inventaire es

pre-

miers

Compoix

de

Montpellier,

ui

associent

chaque personne

mpo-

sée,homme u femme, onactivité rofessionnelle7.nfin, ivers ctes

notariés

testaments,

chats,

reconnaissances

e

dette)

font

galement

état d'une

possible

activité éminine. et

ensemble

de sources

hétéro-

clites

mais

complémentaires

ous a

permis

e lever

e voile surcertains

aspects

du

travail es femmes

Montpellier

u

xive

iècle,

d'en montrer

les mécanismes

t de

comprendre

'origine

même

de leurs silences.

Métiers de femmes

L'inventaire

es métiers ans

lesquels

une

présence

féminine

eut

êtrenotée e caractérise arsa cohérence, ndépitde la grande iversité

des

tâches relevées

en

effet,

es

femmes xercent

our

a

plupart

es

métiers

raditionnellement

éminins,

épartis

ans

trois

hamps

d'acti-

vité

principaux

le travail

domestique,

'alimentation

t

le textile8.

Le travail

domestique,

ar

l'intermédiaire

es esclaves

et surtout

des

servantes,

st en

grande

majorité

éminin.

e recours ux esclaves

semble avoir

été de

plus

en

plus

important

ans

les dernières

écennies

du

xivc

iècle,

en

partie

ous

l'influence es

riches

mmigrants

taliens,

et rendu

ossible

par

es

rapports

ommerciaux

ntretenus

vec les

mar-

chands

aragonais

et

provençaux.

Ces

esclaves,

pour

la

plupart eunes

fillesblanches

d'origine

artare u

turque,

chetées

à

Barcelone,Perpi-

départementales

e

'Hérault,

érieIE95

notairese

Montpellier,

IE95-368 IE95-434

(1324-1408).

5.

En

tout 75

ctes

embauche,

ont

9

apprentissages

asculins,

0

féminins,

51

ouages

e services

asculins

t 15

féminins,

lus

ix

ctes oncernant

es sclaves.

Actes

masculinstféminins

nt té

omparés

fin 'obtenir

nemeilleure

erspective

sur

a

spécificité

u

ravailéminin.

6.

A.

Germain,

istoiree

a

Commune

e

Montpellier

epuis

es

riginesusqu

à

son

ncorporation

éfinitive

la Monarchie

rançaise

t.

2,

Montpellier,

851

tArchives

de la

Ville e

Montpellier.

nventairest documents.

nventaire

nalytique

érie

B

(Notaires

t

greffiers

u

Consulat,

293-1387

,

t.

13,

Montpellier,

984

BB7et

BB8.

7. Archivese a ville e

Montpellier,

nventaires

tDocuments.

rchivesu

Greffe

de a Maisononsulaire,rmoiresetB t.6, rmoire:Compoixaint-Firmin1404),

Compoixaint-Jacques

e a Palissade

1372-1384),

ompoix

ainte-Croix

1380-1387),

Compoix

aint-Mathieu

1404),

ompoix

ainte-Croix

1404-1412).

8.

E.

Boulding,

The historicaloots

f

occupational

egregation.

amilial

constraints

n women's

ork oles

,

Signs

,

1976,

p.

5-117

tD.

Herlihy,

pera

Muliebra

Womennd

WorknMedieval

urope

New

York,

aint-Louis,

990.

Page 52: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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ENTRE MBRE

T LUMIÈRE

47

gnan

ou

Marseille,

onstituent

n luxe

pour

es

familles

ui

les

acquiè-

rent,

uisqu'elles

sont vendues

entre

50

et

100 livres

tournois9,

mais

elles

présentent

'avantage

de constituer

ne main-d'œuvre

ermanente

et malléable

pour

l'exercice des travaux

domestiques

de la maison.

Cependant,

eur

relative

areté

Montpellier

t l'absence de

législation

les concernant

eur ont

permis

de subir un

sort moins

rude

que

les

esclaves des cités

voisines,

eurs conditions

de travail e

rapprochant

de

celles des

domestiques

ibres.

Les

servantes,

ibreset

rémunérées,

ont

plus

nombreuses

ue

les

esclaves,

embauchées

court

erme

les

contrats ont

tablis

pourquel-

ques mois ou unan) et aisément emplaçables. ettemobilité 'accom-

pagne

d'une

précarité

u

travail,

iée à l'absence

de contrats

embau-

che ou

à leur

manque

de

précision orsqu'ils

existent10.

n

effet,

es

contrats

éfinissent

mal les tâches

des

domestiques

l'intérieur

e la

maisonnée

elles sont

placées

sous

l'autorité e la

maîtresse e

maison,

dont elles

complètent

es

travaux,

t

s'engagent

à

«

faire ce

qui

leur

sera demandé

n.

Le secteur limentaire

mbauche volontiers

es

femmes,

n

parti-

culier dans

la

boulangerie

et la

pâtisserie,

puisque

tous les contrats

d'apprentissage

éminins

etrouvés

ans

l'alimentation oncernent

e

métier12. ar

ailleurs,

es

femmes ontcitées

dans la Charité

des Four-

niers 27 mai 1365)13et dansles compoix,qui relèvent espestoressas

et des

forniherias

4.

La femme

peut

exercerce

métier

eule,

mais la

plupart

du

temps,

a

boulangère

st surtout

'associée de

son mari et

son

travail st

indispensable

u bon fonctionnement

u commerce.

es

femmes

peuvent

galement

tre

ardinières,

omme

en

témoignent

a

Charité

des

Jardiniers

4

juin

1365)

15

et les

compoix,

marchandes

e

volaille

polieyras)

ou encore

vendeusesde denrées

gricoles

grains

t

raisin)

sur es marchés

6.On les trouve

ccasionnellement

ans

la bou-

9. Les

prix

e essent

'augmenter

ucours

uxiveiècle

de50francs-or

n1378

(IIE95-394/f°4-55),120 lorins'or 'Aragonn1402IIE95-183/f°),poureeunes

esclaves

lanches.

10.

Nousn'avons

rouvé

ue

8

embauchese servantes

our

ensemblee

la

période

tudiée,

lors

ue

touteses

famillesisées

e la ville

nt neou

plusieurs

domestiques,

omme

n

émoignent

es

egs

estamentaires.

1

Montpellier

résente

ci

esmêmes

aractéristiquesue

Manosque,

u

maîtresse

et servanteivent

n

«

étroiteollaboration

: cf.A.

Courtemanche,

a richesse

es

femmes.

atrimoine

t

gestion Manosque

u xiv siècle

Paris, rin,

993,

hap.

,

d.

157.

12. Nous rouvons

apprenties

oulangères

tune

pprentieâtissière,

ontreeu-

lementn

pprenti

oulanger

t

2

louages

e

servicese fourniers.

13.

Archivese a

ville e

Montpellier,

p.

cit.,

.

13,BB7,

7v

14.

«

Boulangères

et fournières

enoccitan.

15.Archivese aville eMontpellier,p. it., .13,BB8, ° 7.

16. Si 'on

eréfèreux

multiples

ctes

'achatst

deventesedenrées

e e

type

effectués

ar

es

femmes,

f.K.

L.

Reyerson,

Women

nbusiness

nmedieval ont-

pellier»,

Women

ndWork

n

preindustrial

uropeBloomington,

986,

p.

117-144.

Cependant,

l nous

embleifficile

e

distinguer

es

ventes

onctuelles,

solées,

e

'exer-

cice

égulier

'un

métier.

Page 53: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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48

C. BÉGHIN

cherie,

où elles

prennent

olontiers n

compagnon pour

les

aider,

à

l'abattoir t

à la vente17.

Mais c'est dans

le

secteur

extile

ue

le

travailféminin

st le

plus

manifeste t e

plus

diversifié.

ur 15

métiers

ratiqués ar

des

femmes,

9 se font

dans le

textile.

Les

références e

trouvent

urtout

ans

les

contrats

'apprentissage,

es

louages

de

services t les

compoix,

tandis

que

les

Statutsrestent

rès

allusifs.

Les femmes

pratiquent

lutôt

de

petits

métiers

ans

lesquels

les

qualités

considérées

omme

proprement

féminines

ont

nécessaires

délicatesse,

précision...)

t le

profit

elati-

vement

modéré,

a

couture,

a

broderie,

e

travail

de la

soie et

de l'or

(à des stades ntermédiairese la production),e travaildes peaux, la

mercerie,

a

friperie.

u

contraire,

eur

présence

st

plus

faible

dans les

métiers

majeurs,

omme a

draperie,

e

tissage,

e

grand

ommerce es

toiles,

t dans

l'industrie

u

luxe

comme

e

commercedes

épices

et

de

la soie18.

Les

Statuts e

ces

métiers

gnorent

es

femmes t

les

contrats

d'embauche

ne

s'y

réfèrent

as.

Pourtant,

n

testament

mentionne

l'existence

d'une

veuve

qui

se

présente

omme

tisserande t

lègue

ses

navettes

son

neveu19,

t

certains

chats

et

reconnaissances

e

dettes

nous

laissent

percevoir

ne

activité

éminine ans

la

draperie,

on

seu-

lement

travers

'investissement

e

capitaux,

mais

aussi

par

'exercice

quotidien

d'un

travail u

sein d'un

atelier,

ouvent n

association

vec

unpartenairemasculin20. a draperie st l'un des métier es plus pres-

tigieux

e la

ville et l

semble

que

les

femmes

ui

atteignaient

e

niveau

de

fortune

t de

responsabilité

emeuraient

olontiers

ans

l'ombre.

En

dehors

du

secteur

extile,

a

main-d'œuvre

éminine st

abon-

damment

tilisée

dans le

travail

des

métaux

précieux

nous

trouvons

7

embauches

chez des

argentiers

t des

doreurs)21,

ans la

peinture

t

la

sculpture22,

t

plus

généralement

ans des

productions

faible

valeur

ajoutée

les

compoix

mentionnent

es

chandelières e

cire,

avandières,

brocanteuses.

Mais ces

mentions

e

remettent

as

en cause

la

prépon-

dérance du

secteur

extile t

de la

boulangerie

dans les

embauches

de

femmes.

17.

Onne rouve

as

de

bouchère

ssociée son

mari,

ais

ne euve e

boucher,

Guillèmette,

mbauchen

eune

omme

our

ravaillervec

lle e 18

septembre

406

(IIE95-405/f°3v°-74).

18. K.

L.

Reyerson,p.

cit.

19.

l

s'agit

e

Jeanne,

euve e

Pierre

ilacuelh,

n

1398 elle

mentionnenave-

tas

meas

pectantes

d misterium

ive

fficium

extoris

IIE95-382/f°

14-115).

20.

Sur 0

ctes,

ous

rouvons

veuves,

femmes

ariéest

1

célibataireelles

travaillenteules2 cas), ssociéesleurmari3 cas), eur ils1 cas), u autre4 cas).

21.

L'orfèvrerie

st 'un es

remiers

ecteurs

'embauche

éminine

usqu'en

348,

cf.K. L.

Reyerson,

p.

cit.

22. À

noter

a faible

uantité

e

contrats

'apprentissage

ans es

métiersrtisti-

ques,

uel

ue

oit e

sexe un

pprenti

eintre-imagier

n

1347

2E95-377/f°

11),

ne

apprentie

eintre

onnée une

euve n

1347

2E95-377/f°

27v°).

Page 54: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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ENTRE

OMBRE

T

LUMIÈRE 49

Un

statut

de

dépendance

Au sein de ces

métiers,

es situations éminines ont

très

variables,

mais elles s'inscrivent

resque

toujours

dans

un

rapport

e subordina-

tion.Au bas de

l'échelle,

nous situons es

esclaves,

considérées omme

des

objets

et

corvéables

merci,

mais

aussi les

ouvrières,

ui

se

louent,

l'espace

de

quelques

mois,

pour

effectuer

ne

tâche

limitée dans un

atelier. eurs embauches

peuvent

e faire vec

contrat,

mais les

louages

de services demeurent ares

usqu'en

1348

;

ils sont

plus

nombreux

après

1370,

mais certainementnférieursu

grand

nombre

embauches

de femmes ui se faisaient ans contrat23.es contrats e mentionnent

pas

la tâche effectuée

ar

l'ouvrière,

mais ils

précisent

a durée de

l'embauche,

e

salaire,

es modalités e

paiement

t

es

obligations

éci-

proques

des

parties.

Le travail effectuéne semble

pas

nécessiterde

qualification

t

il est

toujours

moins

bien

rétribué,

travail

gal, que

celui d'un homme24.

nfin,

'imprécision

des contrats

eut

aisément

engendrer

es

abus,

puisque

ni

le lieu

ni

le

temps

de

travailne sont

limités,

t

que

la

plupart

e ces embauchesconcernent es femmes n

difficulté.

Les servantes ous semblent

ubirun sortmoins

aléatoire,

de

par

l'importance

e leurs

gages, supérieurs

n

moyenne

ceux des ouvriè-

res,pouvant ejoindre eux des travailleursmasculins25,t leur ntégra-

tion la cellule

familiale,

ngendrant arfois

es

rapports

'ordre ffec-

tif.Mais leurs conditionsde travailne sont

guère plus garanties ue

celles des ouvrières

si les

gages promis

sont

mportants,

ls ne sont

pas toujours ayés

et c'est la

justice qui

doit trancheres

litiges

nés de

telles situations26.

Du

fait des

efforts e

réglementation

e

l'apprentissagepar

les

métiers t de sa surveillance

par

les

probi

homines

1

,

le statutdes

apprenties

emblemieuxdéfini t eur ituationmoins

précaire ue

celle

des ouvrières.Leurs conditionsde travailet de vie sont

précisément

décrites ans le contrat,bligeant e maître prendreoin de son élèveet

l'apprentie

être sérieuse et utile au sein de ce nouveau

foyer.

La

familledu

maître

evient

pour

elle une famillede

substitution,

u'elle

23. Nous vons etrouvé5

ouages

e services

éminins,

ont

avant

348

t 13

après

370

4

métiersont oncernés

ar

es

actes,

ont dans e textile.n

compte

51

ouages

asculins,

ont

0

vant

348

t41

après.

24. La

moyenne

es alairesémininsscille ntre

livresournois

avant

348)

et8 livres

après

370).

elle

es alaires asculinsst

omprise

ntre 0 ivresvant

1348

t

15 ivres

près

370.

25. La

moyenne

es

gages

e servantee situe utoure 10

ivres,

vec nmaxi-

mum 19

livres

t 10

sous ournois

our

a servante'un

ergent

oyal

n 1402

(IIE95-402/f°3v°,e 23avril).

26.

Par

xemple

e 4 mars

407,

'Officiai

e

Maguelonneblige

lanquette

e a

Porte

payer

es

gages

us sa servanteeannette

elèse,

oit

livrest8 sous ournois

(2E95-419/f°

4

°).

27. Les

probi

ominessontes hefsemétiers.ls ont

ésignésar

es onsuls

majeurs

t ervente

ien ntre'autorité

ublique

t es rtisans.

Page 55: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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50

C.

BÉGHIN

dédommage

des

fraisde

son éducation

par

son travail28. hacunedes

parties

doit donc

trouver

n intérêt

ans cet

échange29.

a durée

de

l'apprentissage

st

longue,

a

moyenne

e

situant

ntre

et 5

ans,

et

il

commence

utour

e

12 ans dans

le meilleur

es

cas,

mais

parfois

ien

avant30.

Toutes

ces

travailleuses,

uelle que

soit

eur

situation,

pparaissent

donc comme

étant

très

vulnérables

t

exposées

au

risque

de se

faire

exploiter.

Mais

ce

risque d'exploitation

oncerne

ussi

et avant

tout

es

membres

u

groupe

familial,

nfants t

épouse

de maître.

Garçons

et

filles

ont

usceptibles,

'après

les

Statuts

,

d'être

es

apprentis

e leur

père, es fillesservant insi de main-d'œuvre on marchédont a for-

mation

favorisera

n

mariage

dans la

même activité

professionnelle32.

Quant

aux femmes

e

maîtres,

eurforte

résence

dans

les contrats

d'apprentissage

éminins

onfirme

eur

capacité

à exercer

e

métier e

leur

mari t à

l'enseigner33.

ourtant,

ette

apacité

ne leur

donne

ucune

responsabilité

ant

u'elles

ne

sont

pas

veuves.

Ainsi 26

des

contrats

d'apprentissage

ssignent

'instruction

e

l'apprentie

l'épouse

du

maî-

tre,

mais sous

la

responsabilité

u

mari,

seul

nommé dans

le

contrat.

La

femme xerce

donc

un travail

uotidien,

mais informel t

non

rému-

néré

elle

apprend

ux

filles les tâches

qui

leur sont

dévolues,

dans

l'ombre,

ans

reconnaissance

i

considération,

ans

que

la

compétence

devienneresponsabilité. lle transmet l'apprentie a maîtrise e son

art,

mais aussi

son caractère

ecret.

Elle

perpétue

insi

la

coupure

xis-

tant

ntre

ravail

masculin

t

féminin,

ant

ans

'apprentissage

ue

dans

la vie

quotidienne

u

couple.

Pourtant,

ertaines

emmes

chappent

cettefatalité

e

la subor-

dination.

En

effet,

es actes

laissent

apparaître

'existence

de femmes

«

maîtres

,

c'est-à-dire

xerçant

n

métier

e

façon

autonome,

ossé-

dant atelier

et

outils,

nstruisant

es

apprentis34,

esponsables

de

leur

ouvrage,

t

ce,

surtout

ans les

métiers u

textile t

de la

boulangerie.

La

moitié d'entre

elles sont

des

veuves

qui poursuivent

e

métier

de

leurmari,parcequ'elles

en

ont e besoin

ou l'occasion.

Elles

peuvent

28.

Le

dédommagement

our

'instruction

'une

ille

ar

es

parents

st

are,

e

l'ordree

1 sur

,

contre

sur

pour

n

garçon.

29.

Pour

arantir

es ntérêts

utuels,

'apprenti

oit

urer

idélité

u

maître,

ui

paye

ne edevance

our haque

pprenti

la charité

e sa

corporation

ex

40

sous

tournois

our

n

pprenti

einturier

'après

esStatuts

u

métier,

7

uin

340,

nv.Grd.

Chartrier

Armoire

,

Cassette

).

30.

Ainsi

ne

etite

ille e

4

ans,

sabelle,

st onnée

n

pprentissage

un

edier

pour

2 ns e 28 décembre

397

IIE95-382/f°

v°).

l

semble

ue

beaucoup

e

contrats

concernent

esfilles

mineures,

onc

yant

oins e

12 ns.

31.

Par

xemple,

e Statut

esMerciers

13

avril

324),

ispense

e

paiement

es

droits

'entrée

n

pprentissage

ilius

el

ilia,rater

el

oror,

onsanguineus

el onsan-

guinealicujus erceriiB.N.F., artulaireeMontpellier,in, on oté).

32.

On

remarque

ne

orteendance

1

endogamie

rofessionnelle

ntre

es

ramil-

les

montpelliéraines,

f.

C.

Béghin,

e statut

es

emmes

on-nobles

Montpellier

ans

la

première

oitiéu

xiv ièclemémoire

.E.A.,

.H.E.S.S,

994.

33.

Voir ableau

n nnexe.

34.

Voir ableau

n

nnexe.

Page 56: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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ENTRE MBRE

T

LUMIÈRE

5

1

alors s'associer avec

un

homme35, ils,

frère u

ami,

ou exercer

eules,

sans

pour

autant

btenir e titre e maître e leur

mari,

bien

qu'elles

en

aient es attributions.

Mais un

quart

de ces

femmes sont les veuves d'hommes

ayant

exercé

un métier ifférentu leur et un

quart

ne sont

pas

veuves elles

exercent ans leur

propre

telier,

cquis

ou

reçu par héritage,

n métier

différente celui de leurmari

vivant.Dans les contrats

'apprentissage,

elles

apparaissent

omme

pratiquant

ne activité

dans la

couture,

e

travailde l'or

et la

peinture.

eurs maris sont

hôteliers,

hangeurs

u

bouchers. Elles ont alors

la

pleine responsabilité

e l'instruction

e

l'apprenti.

Absentes des

Statuts,

es femmes

payentpourtant

eur cotisation

au

bayle.

Elles accèdent une

certaine

econnaissance

on achète

eur

production,

n leur confiedes

apprentis

mais

toujoursplus

volontiers

des

filles),

lles récoltent

es fruits e leur abeur.

Pourtant,

lles ne sont

toujourspas désignées

comme

le sont les hommes

par

leur activité

professionnelle.

our les notaires t la

société,

elles restent vant tout

les filles t les

épouses

d'hommes

ayant

un métier.

Ainsi,

pour

appren-

dre a

couture,

ne

eune

fille est

confiée

l'épouse

d'un

boucher,

non

à une couturière. e travail

féminin,

même

orsqu'il

est

accepté par

la

communauté

rbaine,

ose

donc

un

problème

de reconnaissance

t

de

valeur sociale qui touche au cœur des mentalitésmédiévales.

Une

situation difficile

Cettevaleur

ccordée au travail e la femme st

iée à la motivation

de ce travail la société

médiévale ne valorise

pas

le travail d'une

femme.

l

est e

signe

d'une nécessité.

Les

contrats

'embauche,

qui

se

multiplientprès

1370,

laissent

percevoir

a situation

ifficile es fem-

mes

qui

louent

eurs services.

En

effet,

e demi-siècle

ui

suit a Peste

noire voit les fléaux se succéder

sans

relâche.

Les mauvaises récoltes

favorisenta diffusion es

pandémies,

es

Compagnies

ravagent

a

région

t

s'attaquent Montpellier plusieurs

eprises,

e

roi ne cesse

de réclamerdes subsides

de

guerre.

La

population,

onsidérablement

réduite

près

a

Peste

noire,

'appauvrit

mesure

que

l'activité cono-

mique

et commerciale

e la ville se ralentit36.

Entre1370

et

1408,

plus

de la moitiédes ouvrières

ontdes femmes

mariées37,

oussées par

leur

époux

à louer leur

ouvrage

et

parfois

n

35. C'est e cas

de

Bernarde,

euve u

drapierugues

ascal,

ui

'associe vec

ledrapierlémentelissiert e ance anses ffaires.on emariageuelquesnnées

plus

ard

'empêcheas

a

poursuite

e ses ctivités

IIE95-381

t

391,

ctes e 1379 t

1397).

36. Petit

halamus

Chronique

onsulaire),

ontpellier,

ociété

rchéologique

de

Montpellier,

840.

37. Sur 5

ouages 'ouvrages,

concernentesfemmes

ariées,

oit

0

.

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52

C. BÉGHIN

même

temps

celui

de leurs enfants38. e travail

mplique

toujours

des

conditions e vie

plus

difficiles,

ne

séparation,

mais

l

est

ndispensable

à la survie de la cellule familiale.

Une fois

sur

deux,

les ouvrières t

les servantes

ont

étrangères

la ville et ont

parcouru

entre 30 et

100 kilomètres

our

chercher n travail

émunéré

Montpellier39.

lles

se louent

pour

un délai courtet

requièrent

olontiers ne avance sur

leurs

gages.

Il

leur arrivemême

d'emprunter

leur maître40. e travail

rémunéré e

l'épouse

ou de la fille

permet

onc d'éviter a misère.

La situation es

apprenties

emble moins

critique,

mais leur

pla-

cement

orrespond galement

un besoin. Leur

origine

ociale est sou-

vent modeste leurs pères sont cultivateurs u petitsartisans41,t

l'apprentissage

éel de leur

fille,

arement

édommagé42,

ompte

moins

que

sa

sortie

du

groupe

familial,

qui

elle coûte

cher,

usqu'à

son

mariage.

Par

ailleurs,

a

présence

ors du

contrat

e la mère ou

d'un

frère st e

signe

d'un éclatement e

la

famille

onsécutif

la mort

'un

des deux

parents

ui

rend e

placement

écessaire.La

périoded'appren-

tissage

d'une fille

correspond

onc moins à

l'acquisition

d'un savoir-

faire

qu'à

son entretien

ar

une autrefamille

qu'elle

dédommagepar

son travail. L'instruction

elle-même

reçoit

peu

de

considération.

L'apprentie

constitueune main-d'œuvre tile à son maître vant de

l'être à son mari et

l'apprentissage orrespond

ien à un

momentde

transitionntre 'enfance et l'âge adulte43.

Qu'elles

soient

ouvrières,

ervantes u

apprenties,

e

travailde

ces

femmes raduiteur

pauvreté,

eur

malheur,

eurbesoin

y compris

elui

de se constituer ne

dot),

eur

dépendance.

Elles

s'opposent

à

l'image

épanouie

de

l'épouse, plébiscitée

ar

a communauté

rbaine,

ue

toute

servante,

oute

pprentie,

herchebientôt incarner.

Une fois la femme

mariée,

son

travail

n'apparaîtplus

comme le

signe

extérieur

'un besoin. Les

époux

doivent tre

partenaires

ans le

travail omme ls le sontdans eurvie

privée

c'est là un

comportement

naturel ux

yeux

de la société.

L'apprentissage

end ette ollaboration

38. Par

xemple,

e

3 octobre

402, étronille,

pouse

e Jean e

Crémieux

oue

son ravailtcelui e sa fille

Marguerite

u

drapier

ean

ourgeoisour

n n.Leur

salaire 'élèvera 8 livres

ournois,

ont livres t 16 sous d'avance.

IIE95-

383/^113-114).

39.

K. L.

Reyerson,

Patternsf

population

ttractionnd

mobility

the ase f

Montpellier,

293-1348

,

ViatorMedievalnd

Renaissancetudies

vol.

0,

1979,

pp.

57-281.

40.

Le 2 mars

328,

ean

spanhol,

archand

'huile,

mprunte

0 sous Ermes-

sende,

pouse

u

doreur ean

mbromest,

aîtresse

e sa femme

érengère

elle e

rembourseraur e travaile

BérengèreIIE95-368/f°

31v°).

41. Sur 0

apprentissages,

0

métiers

onnus,

ont

agriculteurs,poissonnier,

1

cordonnier,

fripier,

messager

t eulement

argentier.pères

u moinsont

morts,

7 dans ne ituationnconnue.

42.

Cf.note 8.

43.

K. L.

Reyerson,

Theadolescent

pprentice/worker

n

Medieval

ontpel-

lier»,

Journal

fFamily istory

vol.

17,

n°4,

1992,

p.

53-370.

ais

l

nous emble

quepour

ne

ille,

ettedolescenceécue

endant'apprentissage

stmoins n rite

de

passage qu'une

ttenteu

mariage.

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ENTRE

OMBRE T

LUMIÈRE

53

fructueuse,

'autant

plus

qu'elle

ne coûte

guère

au

mari.L'étendue de

ce

partenariat

ui, pour

a

femme,

ient

'ajouter

son rôle

domestique,

est difficile

évaluer,

mais l'aide de

l'épouse apparaît

rèsutile dans

certainsmétiers

extiles,

ans

le travaildes métaux

précieux

et indis-

pensable

dans

la

boulangerie.

Cependant,

a femmen'exerce

pas,

au

sein

du

métier,

es mêmes âches

que

son

époux

: elle reste

ubordonnée,

confinée des tâches

ntermédiaires,

e

pouvant

elles

seules constituer

un art. Ne

maîtrisant

as l'intégralité

e

la

production

'un

ouvrage,

les

femmes e maître e

peuvent

tre ssimilées

u métier e leurmari.

Elles restent onc dans

l'ombre,

au fond des ateliers

leur labeur ne

constitue as un métier.

Dans cette

perspective,

'existence

de femmesétant eur

propre

maître 'est

pas

une

anomalie aucune oi

n'interditux femmes 'exer-

cice d'un

métierdans la mesure où elles en

ont la

compétence

t où

elles

obéissent ses

règles.

Or,

les

veuves et les anciennes

pprenties,

possédant

outils et

atelier,

ont

dans cette situation. eur travail

est

motivé

ar

une réelle

volonté t non

par

une

sombrenécessité.

Pourtant,

cette

caractéristique

e leur

permet as

de se

distinguer

es autres ra-

vailleuses dans es

documents. lles cachent ouvent eur

ndépendance

derrière a

figure

d'un mari ou

d'un

procureur,

arce que

la

société

montpelliéraine

u xive

siècle n'accorde aucune valeur à leur

activité

son travailne définit as une femme, l ne l'identifie as.

Ainsi,

pour

l'historien,

es femmes u

travail,

uelles que

soient

leur situation t leurs

motivations,

estent ans

l'ombre. Confinées n

apparence

à

l'espace domestique,

a référencemasculine est la

seule

qu'elles

possèdent,

n

particulier

ans

les actes

notariés,

t en cela la

réalitéde leur

existence

uotidienne

ous

est cachée.

La

participation

es femmes la

vie

économique

de la ville au

xive

siècle nous semble

donc bien

supérieure

ce

que

le

simple

décompte

des

actes

nous

ndiquait,

u fait

d'abord du caractère nformel t discret

de ce

travail,

l'ombre des

hommes,

des stades ntermédiairese la

production,mal ou nonrémunéré,arementéglementé ensuiteparce

que

la tâche ainsi

accomplie

n'est

pas

un critère tilisé

pour désigner

une femme aux

yeux

de la

société. Sa seule référence st la

sphère

familiale

ui

fait 'elle l'instrumente

transmissione la vie. La femme

est ainsi

confirmée ans son rôle de

nourricière t

d'éducatrice,

andis

que

son rôle

économique

est

marginalisé.

a

grave dépression

démo-

graphique

t e fléchissemente

l'activité ommerciale e la ville

après

1348 n'ontfait

u'accentuer

e

phénomène

la main-d'œuvre

éminine,

toujours

ndispensable,

vu se

renforcer on

rapport

e

dépendance

vis-à-vis

des

hommes,

a

fermeture

rogressive

es métiers u courant

du xve

siècle rendant 'accession des

femmes la maîtrise e

plus

en

plus difficile44.

La valeur ociale

accordée u travail éminin u sein de cette ociété

44.

A.

Gouron,

a

Réglementation

esmétiersn

Languedoc

Thèse niv. roit

de

Montpellier,

inard,

aris, 958,

hap.

II,

ect.

.

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54

C. BÉGHIN

s'affaiblit

onc à mesure

que

l'on

progresse

ans le xivc

siècle et elle

explique

la modestie

des sources

qui

le mentionnent. n

ce

sens,

la

réelle

participation

es femmes

l'activité

conomique

de la ville

entre

1293

et

1408 restedifficile

apprécier.

Annexe

Répartition

ar

sexe

de l'instructiones

apprentis

1293-1408)

Appr. arçons

Appr.

illes Total

Inst. ommes* 76 8 84Inst. ouples** 18 9

Inst. emmes 2

14

16

(dont euves)

(1) (11)

Total

79 30

109

dont emmes

3 22

25

sources

contrats

'apprentissage.

*

hommeseulement.

**

attention,

ne

pprentieeut

tre

onnée

un

ouple,

e mari tant

esponsable

e

l'apprentissage,

ais n

préciseue

'est

a femme

ui

fera

'instruction.

Cécile

Béghin,

17,

rue

Dupont-de-l'Eure,

5020

Paris

Entre

ombre et lumière

quelques aspects

du travail

des fem-

mes à

Montpellier

1293-1408)

Entre

1293

et

1408,

un

ensemble de

sources

montpelliéraines

confirme

'existenced'une activité

rofessionnelle

émininendis-

pensable

au

dynamisme

conomique

de la

ville,

en

particulier

dans les secteurs

limentaire t textile

t dans le travaildomesti-

que.

Mais ces

travailleuses,

uel que

soit eur

tatut

rofessionnel,

voient

eur abeur ous-estimé

t,

ubordonnées,ilencieuses,

lles

demeurent jamais victimesdu regardporté urelles.

Femmes

-

travail

productrice précarité

subordination

Between Shadow and

Light

: some

Aspects

of Women's Work

in

Montpellier

1293-1408)

Between

1293 and

1408,

sources from

Montpellier

s a whole

confirm he

existenceof a

feminine

rofessional

ctivity

ndis-

pensable

for

he

city's

economic

vitality, articularly

n

domestic

work

and

in

trades

dealing

with

food and textiles.But wathevertheir

professional

tatus,women's labour is underestimateds

subordinate.

loaked

in

silence,

women

at work re ever victims

of the

perception ociety

had of

them nd of their

oles.

Women

-

work

producer precariousness

subordination

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Médiévales0, rintemps996,p. 5-68

Philippe

BERNARDI

RELATIONS FAMILIALES

ET

RAPPORTS

PROFESSIONNELS CHEZ LES

ARTISANS

DU

BÂTIMENT

EN

PROVENCE

À LA FIN

DU MOYEN ÂGE*

Voulant observer

un

groupe professionnel

ans

ses relations la

société

de la

fin

du

Moyen Âge, j'ai

été amené à

m'

nterroger

ur e

rôle de la famille ans

es métiers u bâtiment n Provence.

l

paraissait

possible

d'appréhender

e

fonctionnementes

petites

nitésde

produc-

tionformante quotidiende la constructiontparlà de

voir

si,malgrédes

cycles

«

beaucoup plus

courts t individuels

ue

ceux des

pay-

sans

»'

la famillede

l'artisan

prêté

on cadre à

l'entreprise,

laçant

ainsi

certains

ndividusdans

une double

dépendance,

la fois

profes-

sionnelle t familiale.Centrée

ur es

rapports

ntre

a

sphère

du

privé

et celle du

travail,

etteétude

se limite u

groupe

formé

ar

«

les

per-

sonnes d'un même

sang

»2.

Les

prix-faits résentent

a

formule

imple

d'un homme3

'enga-

geant

effectuer

n

ouvrage

donné

comptes

t conventions embau-

che attestenta

présence,

ux côtés de ces

maîtres,

'employés plus

ou

moins

eunes,

dontdes

femmes. 'artisanatnous

apparaît

lors comme

un ensemblede destins ndividuels risdansun réseau de dépendances

relativement

omplexe,

basé sur

e mercantilismet

le salariat.

Sans mettre

n

doute

la réalité de ce

point

de

vue,

on

peut

se

demander

i son

adoption

exclusive n'est

pas

excessivement

implifi-

catrice,

éductrice. 'alternative

ravail alarié/travail

omestique qu'il

*

Je

iens remercier

lessandro

tella

our

a

relecture

ttentive

t

es

emarques

amicales.

1.

Ch.

Klapisch t

M.

Demonet,

A uno

pane

uno

vino a familleurale

toscaneudébut

u

xve

iècle

,

Annales.S.C.

1972,

ase.

-5,

.

882.J. hiffoleau

st

arrivé

uxmêmesonclusions

our

e Comtat

enaissin

La

comptabilité

e 'au-delà

Rome,980, .201).2. Les communautésà caractèreamilial

(confrérie,

ssociation

raternelle...)

ne ont onc

as

prises

n

compte.

ur a

«

familleonfraternelle

voir .

hiffoleau,

op.

cit.,

p.

67

q.

sur es

affrèrements,

oir .

Aubenas,

Le contrat'affrairement

dans e droit

rovençal

u

Moyen ge

,

Revue 'histoire

udroit

1933,

p.

78

t

q.

3. Sur a

présence

es

femmes,

f.

nfra

note .

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8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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56

Ph.BERNARDI

induit

paraît

mal

adaptée

au foisonnemente solutions

que

laisse

entrevoir ne lecture

lus

attentive

es textes.

Ainsi,

a distinction

ntre

domaines

du travail t de la famille e

heurte u

recours,

ans certains

statuts e métier

u contrats

'apprentissage,

des notions elles

que

celles de

filsou femme e maître

ui

introduisent

u sein de

l'entreprise

des valeurs d'ordre

familial.

Il

convient,

our

'historien omme

pour

'économisteou le socio-

logue,

«

d'abandonner

e

regarddichotomique,

e refuser 'enferme-

ment

dans ces binômes contradictoires

4,

afin

de

pouvoir

saisir les

signes

d'éventuelles nterrelations

ui

restent

explorer.

Ces signessont rares la vie de la famille 'expose peu dans des

actes

publics

et

e

dépouillement,

ans es archives

rovençales,

e

mil-

liers d'actes

relatifs l'industrie u

bâtiment,

ntre e

xme

iècle et

le

milieu du xvie

siècle,

n'a

permis

de réunir

ue quelques

dizaines de

mentions

usceptibles

d'éclairer notre

propos.

Ces

investigations

nt

fournia toile de fond

de la

présente

tude,

u

plutôt

on

point

de

départ

car

il a fallu

parfois

hercher es informations

omplémentaires

ors

de ses limites

hronologiques

t

géographiques.

La documentation assembléen'a

pas l'homogénéité

t l'étendue

d'un véritable

orpus

elle se révèle rès

ragmentaire,

onstituée

u'elle

est de mentions

lus

ou moins

fortuites,

e notations

econdaires,

'allu-

sions... On nepeuttoutefoisa réfuterources raisons ans se condam-

nerà

ne

amais

aller au-delà de la lettre es textes.

l

faut,

n

revanche,

reconnaître

ue,

dans ces

conditions,

ucune

évaluation,

ucune

quan-

tification es

phénomènes

bservés n'est

possible.

Qu'est-ce,

du

reste,

ue

le bâtiment n Provence

la

fin

du

Moyen

Âge

?

Une

industrie

mportante

ont es effectifs

'avèrentdifficiles

chiffrer. armi ces constructeurs

ombien avaient des

intérêts u sein

d'une

entreprise

amiliale Sans doute

beaucoup

si l'on

en

juge

aux

multiples

unités

de

production ndépendantes

ui passèrent

des

prix-

faits.

Nous avons là une

partie

ndéterminée

'un

groupeprofessionnel

qui,

lui-même^

eprésente

ne fraction on évaluable de la

population

d'une

région.

A

ce niveau de

l'enquête,

e

propos

ne

peut

êtrede décrire

une réalité

par

e

menu,

ussi nous attacherons-nous

dégager

des

pos-

sibles,

à

pointer

es faits

ui

dénoncent ertains

ostulats

t ouvrent e

nouveaux

champs d'investigation.

La

réputation

e virilité es métiers e la construction

t eur arac-

tèrerésolument on

domestique

n faisaient

n bastion du cloisonne-

ment5,

prouver

'existence d'interrelations

ntredomaine

familial t

4. M.-C.

arrère-Maurissont

lii,

e sexe

utravail

Grenoble,984,

.

142.

5. G.Fagniez,ans on tudeur afemmet asociétérançaiseans apremiere

moitiéuxvir iècle

Paris, 929,

otait

p.

02)

ue

«

Dans e sentiment

uiprévaut

alors u

sujet

utravail

éminin,

n

n'aperçoitu'une

hose la tradition

e 'autorité

virile

ui,

e a famille

aturelle,

oit

asser

ans a famille

rofessionnelle.

'est

our

cela

ue,

même ans

es

corporations

éminines,

pparaît,

oit

ar

a

composition

e a

jurande,

oit

ar

e nommême

ui

es

désigne,

a

préoccupation

e mettre

n

évidence

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8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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RELATIONS

AMILIALES

T

RAPPORTSROFESSIONNELS

57

professionnel

onférait,

notre

ens,

plus

de

poids

à une démonstration

qui

ne

pouvait

être

que

limitée.

Ces relations

nt été

envisagées

sous trois

ngles.

Il

sera,

en

pre-

mier

ieu,

question

de la nature

uridique

et

économique

de

l'entreprise

puis

du fonctionnement

uotidien

de

celle-ci,

enfin

de la carrièrede

l'artisan.

L'entreprise,

un bien

familial ?

L'entreprise tait-elle conomiquementt uridiquementndépen-

dante de

la famille Sous cet

angle,

le

rapport

ntre

domestique

et

professionnel

araît

elativement

omplexe

en raisonde

l'hétérogénéité

de

l'ensemblede

biens,

de

droits,

e dettes t de ressources

ui

constitue

l'entreprise.

Nous avons choisi de

le

décomposer,

dans un

premier

temps,

finde

mieux érier es

problèmes.

e bilan

comptable

roposait,

pour

cela,

une

grille

d'analyse

fort

ommode

qui

a été

adoptée

biens

et droits

y

forment'actif alors

que

dettes t ressources

eprésentent

e

passif.

L'actif

immobilisé,

tilisédans

plusieurs ycles

de

production,

st

de deux ordres

corporel

ou

incorporel,

elon

qu'il s'agit

de valeurs

reposanturdes biensmatériels u non.Les immobilisationsorporelles

comprennent

ntre utre

'outillage éger

et les installations

echniques

(carrières,

teliers,

cies

hydrauliques...).

Toutes ces

choses s'achetaient t se vendaient

n dehorsdu cadre

familial

mais,

à la mortde

l'artisan,

lles se fondaient

ans son

patri-

moine

et,

à ce

titre,

taient

ransmises des héritiers

ui

n'en avaient

pas toujours

'utilité.Diverses

personnes

e trouvaientinsi

en

posses-

sion de structurese

production

omplètes u'elles

n'exploitaient as,

de manière

directe

ni

indirecte.

Tel fut e cas d'Honorate

Cogorde,

veuve du

fustier

ean

Valentin,

ui,

au

nom de sa fille

mineure,

éda

en 1517 l'atelieret les outilsde son défuntmari un autre harpentier,contreun

loyer

annuelfixe6.

La valeur

propre

de ces biens

pouvait

aussi

l'emporter,

u vivant

l'élément

asculin,

e

masquer

ne

éalité

ui

donne l'autree

premier

ôle. C'est

probablement

un

phénomène

e cetordre

u'il

faut attachere fait

ue,

malgré

a

présence

ttestéee femmes

ur es chantiersédiévauxet

pasuniquement

omme

cantinières

cf.

.

Opitz,

Lesfemmest e travail

,

dans

. Duby t

M.Perrot

dir.),

Histoirees

emmes,

.

2,Paris,

986,

p.

05^319

t

Ph.

Bernardi,

Pour ne

tude u

rôle

esfemmesans e bâtimentu

Moyen ge

,

Provence

istorique

fascicule

73,

1993,

p.

67-278.)

,

les

métiersubâtimentnt onservé

ne

eprésentation

ssentiel-

lement asculine.

n

nombreertainement

oins

mportantue

dans 'alimentation

u

l'habillement,

es ravailleuses'ont

aissé

uepeu

etracesvidentes

ans os ources

peut-êtreaut-iles herchererrièreertainsommesucertainsualificatifsasculins,

commeette ehannea

Flamenguevoquée ar

h.Braunstein

«

Jehanne

a

flamengue,

tant

our

ui

que

pour

es

compagnes

,

Mélanges

fferts

Henri ubois

Paris, 993,

pp.

41-345).

6.

Archives

épartementales

es

Bouches-du-Rhône,

épôt

'Aix-en-Pro

ence

[abrégé

nAD13

Aix)],

09

E

576,

°

94.

Page 63: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 63/165

58

Ph.BERNARDI

même de

l'artisan,

sur leur caractère

professionnel,

e

qui

explique

qu'en

1511 un

lapicide

de Cavaillon

donne en

dot à sa fille a moitié

de

sa carrière7. es

immobilisations

orporelles

représentaient,

n le

voit,

une masse

pécuniaire

dont

a transmission

'effectuait,

u moins

en

partie,

u sein de la

famille.

On

peut

classer dans

les immobilisations

ncorporelles

ertains

droits éservés

ux filsde

maîtres.

l

peut s'agir

de la

simpleexemption

des

fraisd'entréedans

le

métier,

uivant

une

pratique

ttestée hez

les

menuisiers e

Dijon

au

xve

siècle8,

mais à

laquelle

les

rares statuts

médiévaux

etrouvés

our

a Provence

ne font

as

allusion.

Différences

régionalesou lacunes documentaires F. Desportesnotepoursa part

qu'en

matière

d'accession

à la

maîtrise,

ans

la France du Nord

des

xiir-xve

iècles,

«

nulle

part

l

n'apparaît que

l'hérédité soit

déjà

un

atout

primordial

9. Rien ne

permet

de

juger

de

l'évolution

qu'a pu

connaître

a condition

e filsde maître

ans notre

égion

vant

'époque

moderne

mais,

dès la

fin

du

xvie

siècle au

moins,

es Comtadins

ont

adopté

des

positions

proches

de celles de leurs

collègues dijonnais.

En

1595,

les

plâtriers

'Avignon

-

reprenant

eut-être

n cela

des

dispositions

ntérieures

accordèrent

n

effet,

ux

filsde maître t aux

ouvriers

mariés vec

la filhe

d'ung

maistre

10,

ne réduction

e

moi-

tié des droits

d'accès à

leur art. Un siècle

plus

tard,

es

statuts es

métiers u bois de Carpentras1690) accusaient a différencen réser-

vant,

n

plus,

aux seuls

filsde maître es

postes

nfluentst

lucratifs e

premier

baile et de

premier

onseiller-

résorier e

la confrérie11.

a

confrérie,

nstrument

e mainmise

des maîtres ur

un

métier,

nstituait

par

de tels articles

e véritables

rivilèges

amiliaux,

onnant ux

liens

de

sang

la

place

dévolue a

priori

aux seuls critères

e

compétence.

Tous les

avantages

de cet ordre

ne faisaient

pas

nécessairement

l'objet

d'un

règlement

crit.La

notoriété

rofessionnelle

'un

artisan

rejaillissait

ans

doute ur eux

de ses enfants

ui

embrassaienta

même

carrière,

t

qu'il

formait.

Venise,

selon

F.

C.

Lane,

les filsdes contre-

maîtres e

l'arsenal

profitaient

insi de

la

réputation

e

leurs

pères

et

«avaient touteschances de leur succéder» è Pour d'autres, l a pu

s'agir

de

reprendre

modestement ne

clientèle

ocale ou bien

encorede

perpétuer

n savoir-faire

are,

oire

unique.

Nous entrons

vec ces

ques-

tionsde

réputation

ans

le domainede

l'oralité,

de la

rumeur,

ui

nous

échappe

en

grandepartie

mais dont 'incidence

sur es carrières

araît

indéniable.

7. Archives

épartementales

uVaucluse

abrégé

n

AD84),

E

32/113,

104.

8.

Chapuis,

Les anciennes

orporations

ijonnaises

,

Mémoires

e la Société

bourguignonne

e

géographie

td'histoire

t.

XXII, 906,

.

460.

9. F.Desportes,Droitconomiquetpolice es métiersn France uNord

(milieu

uxnr-débutuXVe

iècle)

,

RevueuNordt.

LXIII,

249, 981,

.

334.

10.

Bibliothèquenguimbertine

e

Carpentras

abrégée

n

BIC),

ms.

85,

°1.

.11.

BIC,

ms.

1379,

° 84v°.

12.

F.C.

Lane,

Navires

tconstructeurs

Venise

endant

a

Renaissance

Paris,

1965,

.

52.

Page 64: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 64/165

RELATIONS

AMILIALES

T

RAPPORTSROFESSIONNELS

59

Le

stock,

es créances t es

disponibilités

ont

ranger

ans 'actif

circulant. tock

et créances

étaient,

omme es immobilisations

orpo-

relles,

intégrés

u

patrimoine

e l'artisan

quand

ce derniervenait à

mourir. n en

prendra

ourpreuve

es nombreuses

ièces

de

bois inven-

toriées ors de la

succession du fustier ixois

Vital

Blanditi13,

n

1492,

ou

les

multiples uittancespassées

par

des veuves

pour paiement

de

travaux

xécutés

par

leurs

défuntsmaris.

Un contrat

'association de 1449

conclu entre eux Grassois

pour

l'exploitation

'un four

révoyait

ue l'argentgagné

serait

éposé

dans

un coffremuni de

deux

serrures,

haque partenaire

isposant

d'une

clé 14. orsque a sociétéportaitur 'ensembledes activités es artisans,

ce

qui

ne semble

pas

le cas en

1449,

ou

quand

il

n'y

avait

qu'un

seul

chef

d'entreprise,

l

paraît

ependant eu probable ue

les

disponibilités

aient

été enfermées ans

une caisse

particulière,

istincte e celle

des

fonds

du

ménage,

urtout

i l'on

songe

à la

fréquence

es

paiements

n

nature.

Les unités e

production

e

présentaient

ous

la forme

'entreprises

individuelles

où l'artisan

étaità la fois

propriétaire,

irigeant

t tra-

vailleur

ou de sociétésde

personnes

n nom collectif

identiques

ux

précédentes

mais

créées

par

un

groupe

d'associés.

Dans les deux

cas,

le

ou les

propriétaires

taient

esponsables

ur eursbiens

propres

t es

notairesne manquaient as de rappeler ue le constructeur'engageait

cum

obligatione

omnium onorum

uorum

...)

pro

se

suisque

succès

soribus. Cette

garantie

onstituait,

e

fait,

une

part

difficilement

va-

luable du

capital

de

l'affaire,

'est-à-dire

de son

passif.

La référence

aux héritiersonfère

ux

capitaux

omme

aux dettes e

l'entreprise

ne

dimension amiliale

vidente t

les

biens

propres

du chef

d'entreprise

sont

difficilementissociables de

ceux du chef

de famille.

La

garantie ouvait

aussi venirde

parents

ui

se

portaient

aution

sur eurs fonds

propres

t

gonflaient

lors

ponctuellement

e

capital

de

la société. Au

premier

ang

de ces

fidéjusseurs

e trouvaient

es

épou-

ses15mais elles n'étaientpas les seules à intervenir. e rôle étaittenuaussi

par

des

personnes

moins

proches.

En

1382,

HenriSoudan etHenri

de

Bruxelles,

maçons

chargés

de la confection

u

ubé

de la cathédrale

de

Troyes,

firent

ppel, pour

e

dépôt

des 400

francs emandés

par

les

chanoines,

«

Marguerite,adis

femme e

feu

Jehan

e

Huy

(...)

mere

de la femme oudit

Henry

oudan,

comme

plesge principale,

enderesse

et

paieresse,

e deffaute voit

oudit

ouvraige

.

En

dépit

de sa

rapidité,

e bilan révèle

l'existence

de trois

types

13.

AD

13

Aix),

08

E

691,

°

0.

14. Texte ité

ar

.-L.

Malaussena,

a vie n

Provencerientale

uxxiv t

xv

sièclesParis, 969, .201.La mêmeispositione retrouveans n cte e tutellee

1223

cf.M.-L.

arlin,

a

pénétration

udroit

omainans

esactes e a

pratique

provençale

xr-xnr

iècle

,

Paris,

967,

.

294.

15. Cf. ntreutres

D13

Aix)

09

E

576,

°

94

AD843

E

36/106,

° 00.

16. Texte

ublié ar

.

Murray,

uildingroyes

athedral

Bloomington-India-

napolis,

ééd.

986,

.

130.

Page 65: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 65/165

60 Ph.BERNARDI

de liens

économiques

ou

juridiques

entre amille t

entreprise.

es

pre-

miers,

t les

plus

nets,

ontceux

qui

établissent n

rapport

irect ntre

certains roits

professionnels

t l'ascendance.

Les seconds tiennent u

caractère

écuniaire

es biens

de

l'entreprise

t,

par

à,

à

lçur

dimension

patrimoniale.

es

derniers elèventd'une

confusion

pparente,

dans

divers ctes de la

pratique,

ntre a

comptabilité

e

l'entreprise

t celle

du

ménage.

On

ne

peut,

u terme e ce

qui

reste

un

survol,

dresser n

panorama précis

tant a

diversitédes solutions est

évidente,

mais

il

apparaît

lairement

ue, par

certains

spects, 'entreprise

e

présentait

parfois

omme un bien

familial.

La

participation

des membres de

la

famille

à

l'entreprise

La

famille n'était

pas uniquement,

pour

l'artisan,

une

sorte

d'arrière-plan,

e cadre

figé,

lle

prenait galement

ne

part

ctive

aux

affaires. es

associationsentre

frères,

oire

entre

père

et

fils,

en sont

un

exemple

aisément

repérable

mais

l'incarnation e

l'entreprise ar

son ou ses chefs

au

moins

dans nos

sources)

a

contribué

rejeter

ans

l'ombre es autres

ntervenants,

commencer

ar

es

proches

du maître.

Quelques

mentions u

dispositionsparticulières

clairentnéanmoins

certains spectsde cetteparticipatione la parenté. e rôle des épouses

y

est un

peu

mieux

documenté,

e

qui

nous

a

engagé

à le traiter

part.

Les associations

familiales

Les constructeurs

ouvaient

'associer,

mettant n commun

le

temps

d'un

chantier u

pour

une durée

quelconque

-

moyens,profits

et

pertes.

Le nom d'affrairement

onné

parfois

ux contrats

ui

liaient

alors les maîtres

aisse entendre

u'il s'agissait

de reconstituerrtifi-

ciellement n

groupement

u

type

de ceux

qui

étaient

formés

par

les

membres

'une même famille.

Faut-il en conclure qu'à l'époque considérée l'association de

parentspour

l'exercice d'un métier tait chose

courante

À

en

juger

par

nos

sources,

ela

ne

semble

pas

le cas dans le

bâtiment. ntre1401

et

1550,

environ 8 % des

prix-faits

ixois ont été

passés

par

des

asso-

ciations

qui,

dans

près

d'un cas

sur

cinq,

réunissaient es

parents

en

majorité

des

frères,

uelquefois

un

père

et son

fils,

plus

rarement

n

beau-père

t

son

gendre

u deux cousins

germains.

es

groupements

caractèrefamilial

n'occupaient

-

on le voit

-

qu'une

faible

part

du

marché.

L'exemple

des frères ermond

montre,

n

outre,

ue

la colla-

boration ntre

arents

'avait riende

systématique uisque

ces

maçons,

souvent

ssociés,

traitèrent

égulièrement

éparément

seuls ou alliés à

des tiers17.

Force est de constater

ue

les

liens de

sang

n'influaient

ue

modes-

17.

Étienne

actif

ntre483 t

1517)

st

lusieurs

ois ssocié Michel

actif

ntre

1493

t

1509)

e

1493 1504

AD13(Aix),

09

E

525,

°

3 309

E

273,

°

69)

mais

Page 66: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 66/165

RELATIONS

AMILIALEST RAPPORTSROFESSIONNELS 61

tement ur les

regroupementsrofessionnels

t

encore,

plutôt

dans le

cadre d'une

parenté

troite. e termed'affrairement

araît,

la findu

Moyen Âge,

renvoyer

une réalitédésuète ou à une

pratique

dont e

champ d'application

ne

comprendpas

nécessairement

'exercice du

métier.

Le métier e

femme

d'artisan

«

Majoritairement

ans existence

économique

et

juridique,

les

conjointes

d'artisanscollaborant

l'entreprise

ont

gnorées

ou sous-

estimées

dans les

statistiques

18.

Cette

constatation,

aite u

sujet

des

enquêtes ur a situation e l'artisanat n France dans les années 1980,

pourrait 'appliquer

aux études

historiques

ur

'industrie u bâtiment.

La femme

pparaîtpeu

dans les actes

professionnels

mais elle ne

s'en trouve

pas

totalement xclue. L'un des

aspects

les mieux

docu-

mentés de son activité est son intervention ans la

comptabilité

e

l'entreprise.

fficiellement andatées

ar

une

procuration

ans

aquelle

leurmari es

autorise,

elon es termes 'un contrat

e

1529

passé

entre

un

gipier d'Apt

et

sa

femme d

petendum

levandum,

xhigendum

t

recuperandum

mnia debita

sua

ubicumque

xistenta

9,

ertaines

pou-

ses de maîtres

assaientquittance

vec des

clients20,

ayaient

es asso-

ciés21.

On

peut maginer ue

ce rôle de

représentante,

'intermédiaire,

e

s'est

pas

limité u seul domaine

comptable

t

que quelques

femmes nt

secondé eur maridans d'autres

types

de

tractations.

es

comptes

de la

cathédralede

Troyes

nous en offrent n

exemple,

extérieur

notre

région. Lorsqu'en

1514-1515

un

émissaire fut

envoyé pour quérir

à

Beauvais le maîtreď œuvre Martin

Chambiges,

ce

dernier ne sceut

venir

...)

a cause d'un fondement

u'il

avoit commancé et

envoya

à

sa

place

sa femme

ui, après

4

jours passés

à

Troyes,

retourna

uprès

de lui

«

affin

u'elle

estée retournéeud. Beauvaix

elle sollicitede venir

led.

Me

Martin

our

ce

que grande

nécessité st

qui

vienne

par deçà

»22.

Combiend'artisansprovençaux, ccupés ou récalcitrants,ntpu

ainsi

dépêcher

eur

épouse auprès

d'un clientou d'un fournisseur

res-

aussi Jérôme

actif

ntre483

t

1504),

ntre483

t

1490

AD13 Aix),

09

E

253,

f° 06

309

E

260,

°

13),

oireux

deux,

n

1494

AD13 Aix),

09

E

525,

°

29v°),

ce

qui

ne

'empêcheas

de travailler

eul,

n 1488

AD13 Aix),

09

E

258,

°

87v°).

Michel,

uant

lui,

ravaillevecJérômentre494 t 1504

AD

3

Aix),

09

E

525,

29v° 309E

273,

°

75),

eul,

ar xemple,

n 1500

AD

3

Aix),

06E

426a,

°

53)

et

prend

n

pprenti

n ommunvec e

maçon

laude

ipard,

n1508

AD

3

Aix),

309

E

542,

e 21

décembre).

nfin,érôme,

llié uccessivement

u

conjointement

ses

deux

rères,

ravaille

vec on ousin

ermain,

ean,

n 1498

AD

3

Aix),

07

E

316,

1).

18. M.Auvolat,J.-C.avigne, .Mayere, 'artisanatn France, éflexion

générale

t

prospective

Paris, 985,

.

208.

19.

AD84,

E

36/179,

°

15v°.

20. AD13

Aix),

07

E

211,

e 27 avril

469.

21.

AD13

Aix),

09

E

683,

° 0v°.

22. Texte

ublié ar

.

Murray,

p.

cit.,

p.

186-187.

Page 67: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 67/165

62

Ph.BERNARDI

sant

pourqu'elle négocie,

fasse

patienter

u rende

implement

ompte

Nos archives

font

rop

peu

de cas de ces démarches

miables,

officieu-

ses,

pour

négliger

et

aspect

sur a seule foi de leur mutisme.

Une

autrefacette e l'activitédes femmes

st

évoquée par

es tex-

tes,

celui de l'encadrement

es

jeunes employés.

Nourris

t

logés,

les

apprentis

evaient

e trouver ous l'autorité

omestique

u maître t

de

la maîtressede maison.

Il faut

cependant

e méfierde l'association

féminin-domestiqueui,

en

l'occurence,

est

trompeuse.

Un

contrat

cucuronnais e 1507

précise

en

effet,

omme

plusieurs

utres ctes de

ce

type, ue

Jacobi

Bruni teneatur t debeat dicto

magistro

Honorato

Boneti lapiscide eiusque uxori ac familiedicto temporedurantepro

apprehendissio

servire]

n dicta arte

latomarie t aliis rebus

et causis

licitis et honestiset

dietam artem

tangentibus23

Le rôle exact de

la

femmenous

échappe

mais sa connotation

rofessionnelle

été claire-

ment

xprimée.

e notaire aisait-il

llusion à la

charge

administrative

assumée

par

a femme

À

son autorité e

substitutionn cas d'absence

du maître u au fait

qu'elle pouvait

accomplir

u

diriger

e travail

Sur

es milliers e

prix-faits

onsultés,

eux

qui

sont

passés

conjoin-

tement

par

le fustierJean

Terrier t son

épouse

Marie font

figure

d'exceptions.

Arrêtons-nous

n

peu

sur ce cas

particulier ui

illustre

bien les limites

de notredocumentation

t,

partant,

e notre

onnais-

sance.

L'intervention e

Marie

Terrier e

semble

pas

devoirêtre

mputée

au fait

qu'elle

se

portait

aution

de son

époux

car

cette

disposition

annexe e traduisait

énéralementar

une

simple

lause

en

fin

de contrat

et

n'impliquait

ucunement

ue,

comme cette

dernière,

e

fidéjusseur

promette

'accomplir uelque

travail

ue

ce soit.Jean

Terrier,

harpen-

tier rès

ctif,

tait

ertes mené à se

déplacer

régulièrementour

ivrer

et monter es

tonneaux,

t l'on

peut penserque

sa femme ssurait

une

sortede

permanence.

a

mobilité,

rès

répandue

hez ces

artisans,

e

saurait outefois

ustifier

elle

seule le

parti-pris

riginal

des Terrier.

Les

époux semblent, premièrevue,

associés

mais,

d'une

part,Marie

n'agissait que

cum icencia et auctoritate ietimaģistri erreni

eius

viri bidem

resentís

4

et,

d'autre

part,

ans

le

corps

des textes

ui

détaillent es

étapes

du

travail,

l n'est

plus

questionque

de

Jean

pour

assembler es

ouvrages

commandés.

Soumise à l'autorité

de son

mari

et manifestement

cartée de la

phase

finale de la

production,

Marie

Terrierne se

présentait

as

comme

un

partenaire rofessionnel

part

entière.

Cette

femme été

placée

au même

rang que

son

époux,

comme

co-administratrice

t

co-responsable, our

des raisons

qui

demeurent

obscures,

t es éléments

ous

manquent our

appréhender

out la fois

cettepositionparticulièretla singularité e la situation. on interven-

tion directedétonne

elle futnéanmoins

dmise et

eut un cadre

légal.

23.

AD84,

E

36/104,

°147v°.

24.

AD84,

E

36/267,

°

31.

Page 68: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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RELATIONS

AMILIALES

T

RAPPORTS

ROFESSIONNELS

63

Pourquoi

est-ellerestée

exceptionnelle

Seule une étude

approfondie

de la

place

des

femmesdans

le travail

permettra

eut-être

e

proposer

un

our

des

réponses.

Les données rassemblées

montrent,

n

résumé,

que

les

épouses

pouvaient

prendre

n

charge

une

partie

de la fonction

ertiaire,

otam-

ment

a

comptabilité.

lles

n'assumaient

manifestement

as

une

réelle

co-direction

u faitde

leur subordination

leur

époux.

Leur

participa-

tion

l'activité e

production

'avère

moins isée

à établir.

e

minimum

de

formation

echnique

nécessaire

l'accomplissement

e certaines

e

leurs ctivités

encadrement

es

apprentis,

isite

de

chantier...)

n

faisait

des ouvriers otentiels,t 'on s'expliqueraitmalque les femmes 'arti-

sans aient

été tenues

l'écart

des travaux

roprement

its

alors

que

de

multiples xemples

ttestent

e recours

la main-d'œuvre

éminine ans

la construction

édiévale et

moderne.

Ne serait-ce

ue

ponctuellement,

a

participation

es

épouses

à

la

production

st

plus

que

vraisemblable.

robablement

xclues,

comme

Marie

Terrier,

es dernières

tapes

du

travail,

lles ont

pu

intervenir

dans

toutes es autres

pérations,

t

pas

seulement

n tant

ue

manœu-

vres.

Il faut se

garder

ci de

confondre

ravail

des femmes

et

travail

féminin.Manifestement

xclues

de certaines

onctions,

es

épouses

ne

paraissent as avoireu de domaine trictementéservé. e critèreexuel

jouait

un rôle

dans la division

du travail

u sein

de

l'entreprise,

ans

toutefois boutir

une

séparation

ette

ntre,

'une

part,

ne

production

masculine

t,

d'autre

part,

une fonction

ertiaire

éminine.

En termes

de

hiérarchie,

e

rapports

ociaux,

l'épouse

du maître

occupait

une

place

intermédiaire,

ans la

dépendance

de ce dernier

t

dirigeait

u moins

une

partie

des

employés

les

apprentis.

a situation

a,

bien

sûr,

varier,

otamment

n fonction

e

l'âge

de

l'épouse,

mais

les notaires

nt été

insensibles

ces

changements,

ous

interdisant

ar

là de

les

analyser.

Parents

et

employés

Élargissons

à

présent

notre

enquête

à la

familia

qui

entourait

e

chef

d'entreprise

t sa femme.

es

contrats

'apprentissage

rovençaux

font

arement

mention e

liens familiaux

ntre es

parties.

ur 350 actes

ď embauche

réunis

pour

Aix-en-Pro

ence,

seuls 5

furent

ssurément

passés

entre

parents

1 entrebeau-fils

t

beau-père

2 entre ousins

2

entre

neveu et

oncle,

paternel

t maternel.

es

notaires

ne

portaient

vraisemblablement

as toujours

e

type

de

précision

ans

eursconven-

tions

mais le

rapprochement

es

patronymes

e

permet

e relever

en

plus des cas déjà évoqués) qu'une homonymientre ontractants,ans

doute ors du

recrutement

'un cousin

ou d'un

neveu.

Nous

n'avons,

par

ailleurs,

etrouvé ucun

exemple

de

maître

nga-

geant

officiellement

on

fils.

Pourtant,

ans cette

ville

d'Aix,

près

d'un

constructeur

ur

trois

exerçait

e même

métier

ue

son

père.

Certains

Page 69: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 69/165

64 Ph.

BERNARDI

ont

pu l'apprendre

hez

une tierce

personne25

mais

il

est

peu

vraisem-

blable

que

cela ait été le cas de tous

car on retrouve ans la

capitale

de

la Provence

comme ailleurs

'obligation

faite à de nombreuxmaîtres

d'instruireeur lève ac

si esset

eiusfilius

6

,

l'éducation

professionnelle

du fils

par

le

père

tenantmanifestementieu

de référence.On

peut

supposer u'un

certain ombre

'artisans,

vantde travailler

our

eux-

mêmes ont œuvré sans contrat

ans

l'entreprise

aternelle,

ù ils se

sont

formés.

L'établissement d'un contratď

embauche entre

parents

semble

avoir été chose

peu

courante t

pratiquée niquement

orsde la cellule

conjugale.Le ou les fils, uelquefoisun cousinou unneveu,pouvaient

travailler vec

l'artisan t sa femme.C'est sans doutedès l'enfance

que

ces

garçons

participaient,

omme

apprentis,

la vie

de

l'entreprise.

Nous

ignoronsusqu'à

quel

âge

ils

restaient

uprès

de leurs

parents

la

situation tait

probablement

rès

variable,

omme eur rôle sur e chan-

tier.

Leur carrière voluait

peut-être

lus

vite

que

celle

des

simples

salariés

mais,

du manœuvre

l'associé,

les

étapes

devaient être es

mêmes

pour

tous.

Lorsqu'en

1472

le

maçon

Pierre

Vilani,

chargé

de l'édification

d'une ferme ans la

campagne

aixoise,

promit

son

client

ue

son

fils

de

14-15

ans

«

se deu

affanar ant menar rena o venir n

Ays

an los

mules o una bestiaperaportar an o vinio autrasvitoalhas 2 , rienne

permet

e dire

que

cet adolescent

tait lors en

apprentissage

t

qu'il

a

continuédans le métier.

Certains

parents

nt

pu,

en

effet,

'apporter

qu'un

concours

momentané,

e fournir

u'une simple

force

d'appoint,

tant la

communauté familiale

apparaît

«

liée à l'idée de main-

d'œuvre »28. Le cadre familial

présentait

ssurément oute a

souplesse

requise pour

ce

typed'arrangements

u ď embauches

ponctuelles.

Frère

ssocié,

épouse

collaboratrice, ils,

ousin ou neveu

employé,

on ne

peut prétendre

imiter ces

quelques figures

a

participation

es

proches

l'entreprise

mais,

à travers

es

exemples,

'est

avec l'artisan

l'implicationde toutun groupe qui se dessine. Un groupe hétérogèneoù des critères els

que l'âge

ou le sexe établissaient hacun dans un

rapport

iérarchique

éterminé,

ominé

par

e maître.

pouse

et

parents

y

tenaient ieu d'ouvriers

ualifiéspour

certains,

t de

simples

manœu-

vres

pour

d'autres. La

position professionnelle

es individus emble

25.

À

Aix-en-Pro

ence,

ur 03 ontrats

'apprentissageui ndiquent

e métier

du

père

e a

eune

ecrue,

euls

0

ont té

assés

vec es

ils

e

collègue,

es

ollègues

se trouvantécédés ans

4

cas sur 0. La différencentre3% de maîtrest 20 %

d'apprentis

e

paraîtas

fiable

our

valuera

part

esfils ormés

ar

eur

ère our

u

moinsrois aisons.out

'abord,

e métieru

père

enous st onnu

ue

dans

3,5

%

des aschez esmaîtresontre

9,5

% chez es

pprentis.

nsuite,

es

pprentis

edeve-

naientans outeas ousmaîtres.nfin, algréaterminologie,npeut outerue e

métier

ratiqué

ans ne ille omme

ix

it

oujours

dentique

celui xercé

ar

e

père

e certains

pprentis

ans n

petit illageuelconque

e a

région.

26. AD13

Aix),

08

E

768,

°

95.

27. AD13

Aix),

08E

568,

°

3.

28. P.-L.

Malaussena,

p.

cit.,

.

336.

Page 70: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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RELATIONS

AMILIALES

T RAPPORTSROFESSIONNELS

65

alors se

confondre vec

leur

place

dans la

famille,

ntroduisantu sein

de

la maisonnéeune

relativediversité ociale.

Le

métier,

un

projet

familial

Pour clore ce

rapide

survol des

interrelationsntre

métier t vie

familiale,

ous nous

pencherons

ur e rôle de

la familledans la

trajec-

toire

professionnelle

es artisans29.

ommençonspar

l'apprentissage,

projet

professionnel

'il en

est. La

jeunesse

de

nombrede candidats

laisse entendre ue leurentrée hez un maître elevaitd'une décision

parentale.

De manière

plus prosaïque,

l'engagement

devait être

approuvépar

le

père

ou,

à

défaut,

e tuteur

u mineur.

Plus

que

de

décision,

l

faut

ans doute

parler

ci de

volonté,

ar

apprendre

n

métiern'avait

rien

de

systématique.

ous en

prendrons

pour preuve

un

testament,

até du

2

août

1464,

dans

lequel

un char-

pentier

'Orgon

fit

préciser

volo et ordino

quod

Gaspardus

bastardus

dicti

Rostagnifìlius

limentatur

e victu estitu

t calsiatu ac aliis eidem

Gaspardo

necessariis

umptibus

omunibus ictorum

eredummeorum

donec

fuerit

nstruētus

n

aliqua

arte et erit etatis

egitime

e

regendi

et lucrandi

limenta ua30.

La crainte e

ce

grand-père

ttentionné

ace

au désintérêtventuel e ses filsethéritiers,ertrandtRostaing, our

le bâtard

de ce dernier

résente

'apprentissage

'un

«

art comme un

plus

donné

au

jeune,

un

plus

qui impliquait

ertains acrifices

e la

part

des

parents

ici

le

père

et l'oncle de

Gaspard).

l ne

s'agissait

manifes-

tement

as

alors de

se débarasser

d'une bouche

à nourrir.

Le contrat

'apprentissage

iait

ussi,

divers ravaux

'ont

montré31,

la famillede

l'apprenti.

C'est

cette dernière

ui présentait

e

jeune

et

rassurait

e maître n

se

portant

aution. Dans

bien des

cas,

elle

avait

également

verser

uelque

argent,

égulièrement,

urant oute

a durée

du

stage,pour

'entretien

e l'élève.

Quelquefois, l'intervention aternelle

emble décelable

dans le

choixdu métier. n 152632,

ar

exemple,quand

unfustier e Cucuron

loua son

filschez un

menuisier-ébéniste

'Aix-en-Pro

ence

profession

alors

en

plein

essor),

l

se

peutqu'il

ait

simplement

oulu assurer

'ave-

nirde son enfant

mais n'a-t-il

pas pensé

que

cette

ompétence articu-

lière

profiterait,

u bout

des 5 années de

stage,

l'entreprise

amiliale

La

responsabilité

e chacun

dans le choix

reste difficile

apprécier

29. Faute

'éléments,

l ne era

as

fait

tat e 'éventuelle

rajectoire

rofession-

nelle esfemmes

ans e bâtiment.

30.AD84, E 32/18,°149.

31.

Cf. .

Michaud-Fréjaville,

Bons t

oyaux

ervicesles

contrats

'appren-

tissage

n Orléanais

1380-1480)

,

Annales

e l'Est

1982,

°

1

et

2,

pp.

194-196

P.

Didier,

Le contrat

'apprentissage

n

Bourgogne

ux

xive t

xve iècles

,

Revue

historique

e

droit

rançais

t

tranger

1976,

°

1,

p.

37.

32.

AD84,

E

36/120,

°106.

Page 71: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 71/165

66

Ph.BERNARDI

elle a dû varier n fonction es

personnalités

n

présence

t des occa-

sions.

L'apprentissage

e

s'effectuait

as toujours

horsdu cadre familial.

La

formule,

éjà

relevée,

qui engageait

e maître instruirea recrue

ac si esset

eiusfilius

aisse

entendre

ue

le

rapport ère-fils

tait

perçu

comme

privilégié.

Ce

système

de formation

st oblitéré

par

la

sphère

du

privé

mais

le fait

qu'on

le

prenne

en

exemple

dénonce,

outre

sa

fréquence,

ne forme e relation

ntrevie

professionnelle

t

paternité.

Contrairement ce

qui

a

pu

êtreobservé

ailleurs33,

es

pratiques ater-

nelles ne

semblent

as,

à la

fin du

Moyen Âge

avoir été circonscrites

au tempsdu non-travail. uantau clivageéventuel ntre ôles maternel

et

paternel,

ous

manquons

d'éléments

pour 'apprécier.

La

formation e l'artisan

était,

on le

voit,

prise

en

charge

selon

plusieurs

modes

par

la famille.Elle

apparaît

n cela comme un

projet

familialdans la mesure

ù,

d'une

part

lle

impliquait

ne

volonté t

un

suivi des

proches

et

où,

d'autre

part,

lle

pouvait

s'inscriredans une

stratégie rofessionnelle

e

pérennité,

oire de reconversion e l'entre-

prise paternelle.

Pour certains

eunes,

e débutdu

parcours

e

faisait

ans le

secours

des

parents,

mais

pas

sans celui

d'une famille.Nous

en

avons trouvé

un

exemple

dans le contrat e

mariage

d'un Marseillais

qui,

en

135434,

reçut 'assurancede sonbeau-père, ailleursartor),de le garder ans

à ses côtés

pour

lui

apprendre

e métier.

l

est vraisemblable

ue

de

telles

pratiques

ont eu cours aussi chez les

bâtisseurs,

ien

que

nous

n'en

ayons

pas

trouvé

d'exemple.

Si l'on examine à

présent

e cas de l'artisan

dulte,

l

faut

recon-

naître

ue

«

l'acte constitutif

e

la

famille,

e

mariage,

st

un

acte décisif

pour 'entreprise

35.

L'épouse pouvait pporter

u

célibataire,

utre a

collaboration,

es

garanties

inancières*

n accès facilité la maîtrise.

Mais,

en

amont,

uelle

influence vaientde tels

arguments

ur

a

déci-

sion

?

Quelle

place

le

projet rofessionnel

la

raison

?)

tenait-il ans cet

engagement

C'est là une

questionqui dépasse largement

e cadre de

notre tudecar

chaque

cas serait considérer ndividuellement.e fait

que

certains istoriens u droit

résentent

e

mariage

omme un

«

com-

promis

entre es liens affectifs t les nécessités

économiques

sous-

jacentes

»36

nous

engage

toutefois ne

pas négliger, omantiquement,

la

part

de carriérisme

ui

intervenait ans le choix d'une

compagne.

Soulignonsque

ces calculs

pouvaient

tre e faitdu maricomme celui

du

beau-père ui, par

à,

s'attachait n ouvrier u un associé à sa conve-

nance.

33.

M.

Ferrand,

Paternitétvie

professionnelle

,

dans e sexe u ravailGre-

noble, 984, p.136-137.

34. Archives

épartementales

es

Bouches-du-Rhône,

81

E

80,

2v°.

35.

H.

Bresc,

L'Europe

es villes

t des

campagnes

xnr-xveiècle)

,

dans

A.

Burguière,

h.

Klapisch-Zuber,

.Segalen tF. Zonabend

dir.),

istoiree a

famille

t.

2, Paris, 986,

.

206.

36.

P.-L.

Malaussena,

p.

cit.,

.

340.

Page 72: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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RELATIONS AMILIALES

T

RAPPORTSROFESSIONNELS

67

Si le faitd'avoir des fils

nous

ne savons riendes

filles)

formés u

métier

résentait

es

avantages

certains,

l

est

plus

délicat

d'envisager

la

paternité

omme faisant

artie

'une

stratégie rofessionnelle.

'une

part,

l

faut

compter

vec

plusieurs mpondérables

stérilité,

mortalité

infantile,

aissance

exclusive de

filles).

Ensuite,

es enfants

eprésen-

taient,

es

premières

nnées,

une

charge

financière

ont nous

ignorons

si elle

s'équilibrait,

ur

a

durée,

vec les bénéfices

ultérieurs.

nfin,

e

calcul aurait

té à relativement

ong

terme

15-20

ans

?).

Si

stratégie

l

y

eut,

il

paraît plus

raisonnablede

penser qu'elle

s'attachait

plutôt

composer

vec les événements

naissances,

morts,

éparts)

u'à plani-

fier x nihilosur e longterme.Nous retombons lors sur es questions

de formation

voquées plus

haut.

Projet

d'une

famille,

outenu

par

les

parents

ou

impliquant

ne

stratégie

matrimoniale,

a carrière e

certains

tait,

inon

déterminée,

du

moins nfléchie

ar 'appui reçu

du

groupe

familial.

Cette

aide,

sans

doute

capitale

en

matièrede

formation,

'avère toutefois 'une

portée

plus

difficile

apprécier our

'adulte.

Si l'on

reprend, our

conclure,

es troisniveaux

de relation ntre

famille

et

entreprise ui

viennentd'être

analysés,

il

apparaît

que

la

distinction

ntre es biens du

ménage

et

ceux de la société n'était

pas

toujours

nette

que

la cellule

conjugale

fournissaitu

maître ne main-

d'œuvrequi, professionnellement,ccupaitune position omparable

celle

qu'elle

avait

dans le

groupe

familial

que

la famille

d'origine

ou

d'adoption)

ouait,

à

plus

d'un

titre,

n

rôle déterminantans a

carrière

des artisans.

Les filtres

ui

s'interposent

ntre e vécu et

l'écriture37 ont

ue

notrerecherche ute sur

des lacunes

documentaires

mportantes.

n

amont

d'une définition es

interrelationsntre

parenté

t travail

qui

paraît

encore hors

de

portée

-,

il

est

toutefois

ossible

d'établir

que,

chez nos

constructeurs,

a

sphère

du

domestique

et celle du travail

s'imbriquaient rofondément,roduisant

ans la cellule

conjugale

une

certaine onfusion ntre elations

amiliales t

rapports rofessionnels.Sous ses deux

casquettes

de chef

d'entreprise/chef

e famille, e

maître e

présente

lors

comme a

partie

isible, minente,

'un

groupe

qu'il dirige,

la maison comme

sur le

chantier. ans son

ombre,

es

proches apparaissent

omme

une

main-d'œuvre

hiérarchisée,

arfois

spécialisée,

dont

'intervention 'a

pas

nécessairementté discontinue.

Au terme

e cette

étude,

plusieurs

directions e recherche

e

des-

sinent

ui permettraient

e

pousser

'enquête plus

avant.

l

paraîtpos-

sible,

notamment,

e

développer

ur

quelques points

documentés

posi-

tion

du filsde

maître,

nterventiones

épouses...)

une véritable

nalyse

comparative

mettantn

évidence es différences

ventuelles ntre

ério-

des,régions, rofessions,oire entre ille etcampagne, finde pouvoir

37. Sur

ette otion e filtre

cf.

h.

Braunstein,

La

communicationans e

mondeu ravailla fin u

Moyen ge

,

Kommunikation

nd

lltag

n

pätmittelalter

und

rüher

euzeit

Vienne,

992,

p.

5-95,

qui

nous

'empruntons.

Page 73: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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68 Ph.

BERNARDI

croisernos données avec

celles,

entre

utre,

des

démographes.

'atta-

cher,

par

ailleurs,

à restituer n

ensemble assez vaste de

biographies

offrirait,

utredes

exemples précis

et

concrets,

a

possibilité

de suivre

l'évolution

de la situation u cours

d'une

vie,

et

d'apprécier

'incidence

des

préoccupations

'ordre

professionnel

ur e

comportement

e

quel-

ques

individus.

Philippe

Bernardi,

17,

avenue

Gabriel-Péri,

-

13160 Château-

renard

Relations familiales et rapports

professionnels

hez les arti-

sans du

bâtiment,

n

Provence,

à la

fin

du

Moyen Âge

L'étude de l'industriedu

bâtiment n Provence nous

permet

d'aborder a

question

des interrelationsntrefamille t

travail

la findu

Moyen Âge. L'analyse

de

la nature

uridique

et écono-

mique

de

l'entreprise,

e son

fonctionnement

uotidien

t de la

carrière es artisans

montre

ue

toutes es relations

profession-

nelles

n'étaient

as régiespar

e mercantilismet le

salariat.Elle

souligne 'implication,

ans l'ombre

du

maître,

u

groupe

qu'il

dirige,

la maison comme sur

e

chantier.

Famille

-

entreprise

travail

Family

and Professional Relations

in

the

Building Industry

n

Provence

in

the

Late Middle

Ages

The

study

f the

building ndustry

n Provence

helps

to

gain

new

insight

ntothe

way

the

family

nd workwere nterrelated

n

the

late Middle

Ages.

The

analysis

of the

uridical

and economic

nature f the

entreprise,

f the

way

it functioned n a

daily

basis

and of craftsmen's areers,suggeststhatprofessional elation-

ships

were not

solely

determined

y

mercantilism nd

wages.

Brought

o

light

s the

important

ole

played

in

the

background

by

the master nd head of the

working arty,

n the

house and

in

the builder's

yard.

Family

-

entreprise

work

Page 74: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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Médiévales0, rintemps996,p. 9-82

Franco

FRANCESCHI

LES

ENFANTS AU TRAVAIL DANS L'INDUSTRIE TEXTILE

FLORENTINE DES XIVe

ET

XVe

SIÈCLES

Les

pages qui

suivent

roposent

n

premier perçu

d'un monde

-

celui du travaildes enfants

qui,

dans

l'historiographie

lorentine e

la

fin

du

Moyen Âge

n'a

pas

encore fait

'objet

d'une réflexion

part

entière,

ni

même de

remarquesmarginales.

L'observatoirechoisi est

celui du

textile,

n domaine d'études

pourtant

ien connu des

spécia-

listes de l'histoirede Florence.Le

recoupement

e ces

champs

rendra,

je l'espère,plusconcrète 'approched'un thèmedifficile circonscrire.

Dans le

grand

aboratoire es

rapports conomiques

t

sociaux

que

représente

our

'historien a cité

toscane,

e travaildes

enfants st une

réalité

ue

les

sources attestent e manière

pisodique,

confuse

t

sans

doute involontaire.Cela est

encore

plus

vrai si le

sujet

central de

l'enquête, désigné

en

français

ar

le terme

mbigu

d'enfant1

st,

plus

précisément,

elui

qui,

conformémentux

distinctionsntroduites

ar

Isidore de Séville et admises

par

ses

successeurs,

e trouve à

l'âge

intermédiairentre

nfantia

t

adulescentia c'est-à-dire ntre

ept

et

quatorze

ans2.

Or,

dans les

sources

que

nous utilisons essentiellement

egistrescomptablesdes entreprisesextiles, èglementst actes udiciairesdes

organisations

e métiers

,

les seuls

termes

ui désignent

es

plus eunes

travailleurs ont

puer

en latinet son

équivalent

talien

fanciullo

,

ce

dernier

mot ouvrant

ependant

ne tranche

'âge

légèrement lus

éten-

due

qui,

selon Luca

Landucci,

va

«

de

cinq

à

six

usqu'à

seize ans

»3.

Mais la

réalitédu travail es enfants

eut

être ussi

dissimulée,

omme

1. Ph.

Ariès,

'enfant

t a vie

amiliale

ousVAncien

égime

Paris, 960,

ééd.

1973.

2. O.Niccoli,l seme ellaviolenzaPutti,anciullimammoliell'Italiara

Cinque

Seicento

Rome-Bari,

995,

p.

-7.

3. L.

Landucci,

iario

iorentino

al

1450

l

1516,

ontinuatoa un nonimo

fino

l 1542

Préface .

Lanza, lorence,985,

.

125 cf. ussi h.

Klapisch-Zuber,

«

Childhoodn

Tuscany

t

he

eginning

f he ifteenth

entury

,

dans

ad,

Women,

Family

ndRitualnRenaissance

taly

Chicago-Londres,

985,

p.

4-116

p.

96.

Page 75: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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70

F. FRANCESCHI

on le

verra,

ous des

appellationsplus

strictement

rofessionnelles

u

apparemment

nodines.

Grâce à sa

solide tradition e

production

ainière,

enforcée

epuis

le débutdu xve siècle

par

le

dynamisme

e la manufacture

e

draps

de

soie,

Florence

tait,

la

findu

Moyen Âge,

l'un

des

principaux

entres

textiles

e

l'Europe

occidentale.

lle

comptait

u

xve

iècle

des dizaines

d'ateliers

«

botteghe

)

de laine et de

soie,

auxquels

on doit

ajouter

es

ateliersdes batteurs

'or

battiloro

)

qui produisaient

e

précieux

fil

destiné

la fabrication es

draps

d'or,

tous concentrés

u cœur de la

ville et dans le

quartier

de Santo

Spirito.

Gérés

par

des marchands-

entrepreneurs,es ateliers onstituaientutantde pôles d'organisation

et de direction

'un

système

e

production

omplexe,qui,

à toutes es

phases

du travail

extile,

mpliquait

n nombre onsidérable

d'artisans

et d'ouvriershabitant

ans la

ville,

des

milliers e travailleurs

domi-

cile

dispersés

n

ville ou hors es

murs,

t

même es membres e

com-

munautés

eligieuses4.

ans le contexte e cette

grande

ndustrie dis-

séminée

,

la

présence

des

enfants,

ans doute

courante5,

'a

pas

encore

fait

'objet

de recherches

récises.

En

effet,

ucun

document

fficiel,

parmi

es sources

onnues,

ne fournit e

témoignages

e

portée énérale

ou d'évaluation

numérique

ce

sujet

avant

l'époque

moderne.C'est

seulement

n 1604

qu'une

enquête approfondie

ur l'industriede la

lainerépartites travailleursarsexe,etrappelle ue dans es opérations

préparatoires

e la laine

brute,

elles

que

le

battage,

e

nettoyage

t

la

mise sur

quenouille,

es

«

fanciulli

représentaient

u total

à

peu

près

30 % de la main-d'œuvre6

et il faut ttendre

663

pour apprendre

ue

dans le secteur

de la

soie,

43 % de la

main-d'œuvre tait

composée

d'enfants e moins

de

quinze

ans,

employés

urtout ans les

opérations

de

teinture,

obinage,

moulinage

t

tissage7.

Sous l'aile des

marchands-entrepreneurs

Dans sa

déposition

orsd'un

procèsqui

mettait n cause deuxfrères

travaillant

hez un

entrepreneur

ainier

«

lanaiolo

»),

le chef

d'équipe

4. F.

Franceschi,

ltre

l

«

Tumulto.

I

lavoratori

iorentini

ell'Arte

ella ana

fra

Tre

Quattrocento

Florence,

993,

p.

35-353

Id.,

«

Florence

ndSilk

n

the

Fifteenth

entury

the

Origins

f

a

Long

nd

Felicitousnion

,

Italian

istory

nd

Culture

(1995),

p.

-22. ur

esbatteurs

'or f.

.

Dini,

Una

manifatturai

battiloro

nel

Quattrocento

,

dans

ecnica

società ell'Italia

ei ecoli

XII-XVI,

istoia,

987,

pp.

3-111.

5. Cf.

esobservations

'A.

Stella,

La révolte

es

Ciompl.

es

hommes,

es

ieux,

le travail

Paris, 993,

p.

116-117.

6. M.Carmona,La Toscaneace la crise e 'industrieainièretechniquest

mentalités

conomiques

ux

vr t vir iècles

,

dans

roduzione,

ommercio

consumo

dei

panni

di lana

(nei

secoli

XII

XVIII),

M.

Spallanzani

d.,

Florence, 976,

pp.

151-169:

p.

157-159.

7. P.

Malanima,

a

decadenza

i un'economia

ittadina.

'industria

i

Firenze

nei

ecoli

VI-XVIII,

ologne,

982,

.

85.

Page 76: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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LES

ENFANTS U TRAVAIL

7 1

fattore

)

des

fileurs,

Antoniodi

Bartolo,

déclare

en 1407

les avoir

vus

«

dans a

position

'apprentis discipuli)

portant

es toileset

faisant

tout ce

que

font es enfants

pue

ri)

de

leur

âge

»

;

un

autre

témoin,

Giuliano di Bene di ser

Bonamico,

dit

qu'

«

ils

portaient

es

toiles,

es

laines et l'étaim

et faisaient

outce

que

font

généralement

es

enfants

(pueri)

dans les ateliers»8.

Près

d'un siècle

plus

tôt,

e

plus

ancien

Statutde l'Art

de la laine de

Florence

interdisait ux

entrepreneurs

textiles '«

aller ou

envoyer

leur

place,

ou

pour

e

compte

d'un

tiers,

un

apprenti

u un

enfant

suum

discipulum

vel

pue

rum)

réserver u

prendre

n

emplacement

our

étendre es laines

avant

que

la

cloche ne

sonne e début de la journéede travail 9.

Ces

témoignages,

e nature

diverse,

ont

égalementprécieux

car

ils montrent

ue

la

présence

des

enfants st habituelle

ans les

ateliers

des

lainiers,

t

parce que,

rapprochant

t

superposant

es

mots

discipuli

et

pueri

ils vont

droit u

principal

bjet

de notre

nquête,

e

rapport

ambigu

entre

pprentissage

t

travail out

ourt.

J'ai

pu

mettre n

évidence,

par

une recherche

'ensemble sur

es

travailleurs

e l'Art de la

laine à

Florence dans la

seconde moitié du

xive

t au début

du

xve

siècle,

es

traits ouveaux

que

présente

e

profil

de

l'apprentipar

rapport

u modèle

«

traditionnel

,

connu

pour

Flo-

rence

au

xiip

siècle,

et

pour^

'autres villes et

régions

d'Italie,

voire

d'Europe,à la finduMoyen Âge. C'est ainsique, dans la catégorie es

discipuli

étaient

angés

non

seulement

es enfants t les

adolescents

qui

représentaient

a

majorité

,

mais

aussi tous ceux

qui

étaient

lacés

chez un

maître

our

apprendre

on

métier,

uel

que

fût eur

âge

et leur

parcoursprofessionnel

ces

derniers vaient en

outre

droit,

u moins

pour

es

activités

xercéesdans

l'atelier,

une

rémunérationn

argent

ils

étaient,

our

reprendre

ne

expression

ourante ans es

délibérations

des

conseils et des

tribunaux es

Arts,

iscipuli

d salarium

apprentis

salariés)

10.On

trouve ne situation

omparable

dans la

manufacturee

la

soie,

organisée

pour

'essentiel ur

e modèle de

l'entreprise

ainière,

son aînée :

dans les

ateliers des

soyeux («

Setaioli

), les apprentisétaient ssimilés,

pour

ce

qui

est de la rétribution,ux facteurs t aux

travailleurs on

qualifiés

«

lavoranti

)

n. L'évolutiondes

rapports

co-

nomiques,

iée

au

développement

'une

production

extile à

grande

échelle,

vait fini

par rapprocher

pprentissage

t travail

alarié,

usqu'à

confondre es

profils

professionnels

es uns et

des autres.

Ce

phéno-

mène en vint

aussi à se

traduire ans les

modalités des

contrats,

e

8.

Archivioi Stato i

Firenze

ASF),

Arte

ella ana

417,

°

7v°-38r°

1407).

9. Statuto

ell'Arteella ana i

Firenze

1317-1319

,

A.M.

Enriques

gnoletti

éd.,

lorence,940,

b.

I,

rubr.

I,

p.

146.

10. F.

Franceschi,

ltre

l

«

Tumulto

,

op.

cit.,

p.

163-164.

11.Statutiell'Artei PorSantaMaria eltempoellaRepubblicaU. Dorini

éd.,

Florence,934,

éformee

1429,

ubr.

VI,

p.

505

«

Che fattorii

discepoli

stiano

ontentil

salariooro

ssegnato

gni

nno a' maestri

;

réformee

1454,

rubr.

II,

p.

582

«

Delmodo i

farea fede i ver

ervitoarte

er

ttenerel

beneficio

di

pagare

a

minoromma

er

a

matricola.

Cf.

ussiV.

Rutenburg,

opolo

movi-

menti

opolari

ell'Italiael 300

'400,

rad,

t.,

ologne,

971,

p.

0-41.

Page 77: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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72

F.

FRANCESCHI

traitement

conomique,

a définition es rôles

assignés

aux

petits

ra-

vailleurs.

Les livres

omptables

es

entreprises

extiles

ui

ont été conservés

permettent

e confirmer

ette évolution.

Remarquons

d'abord

que

le

mot

qui

en toscan

désignait 'apprenti

t servait

même à

désigner

'un

des

registres

e la

comptabilité

marchande t industrielle

le

Quaderno

Discepoli

tend

disparaître

u cours du

xve

siècle

du vocabulaire

uo-

tidiende

l'entreprise.

n

parle

de

discepoli

dans le livredes recettes t

dépenses

(Entrata

e

Uscita)

des lainiers

Niccolò di Nofri Strozzi et

Giovannidi Credi Guineldi

1386-1389),

mais ls sontmoinsnombreux

que lesfanciulli12. es deuxdésignationse retrouventt sontpeut-être

utilisées omme

synonymes

ans e livredes

dépenses

d'un

petit

telier

de

draps

ouvert

par

Francesco Datini à Florence

(1392-1393)

13.

En

revanche,

ans les écritures

omptables

e Lorenzo

di Bartolodi

Segna

et de Zanobi di

Michele,

soyeux

détaillants

«

Setaioli l minuto

),

dans

les années

1436-1441,

et dans celles du lainier

Lorenzo d'Antonio

Ridolfi

1463-1464)

n'apparaissent

ue

les termes fanciulli et

«

gar-

zoni

»

14,

e second

correspondant

une

plus grande xpérience rofes-

sionnelle15,

ans toutefois

ndiquer

une tranche

'âge précise16.

nfin,

dans

un livre

des

recettes t

dépenses

de Lorenzo Dietisalvi

Neroniet

de ses associés batteurs 'or

(1457-1459),

ainsi

que

dans le

registre

es

dettes et créances (Debitori e Creditori des lainiers Guanti

(1483-1490),

on

emploie

un mot très évocateurd'une

fonction ans

l'entreprise,

fattorino

17,

diminutif

e

«

fattore

,

dérivant u verbe

latin

cere,

qui,

dans

l'italien

actuel,

désigne

celui

qui,

dans une entre-

12. A.

Stella,

«

La

bottega

i lavoranti

approche

es onditionse travailes

Ciompi

,

AnnalesSC

XLIV, 989,

p.

29-551

tab.

,

p.

533. e

ivre e

compte

st

conservé

l'ASF,

Carte

trozziane

série

II,

278.

13. Archivio

atini e

Prato,20,

ns.

,

f° r°

«

Antonio

i Bartolo ostroan-

ciulo

;

f° 2r

«

A

Antonioì

Bartolo ardelli ostro

isciepoloer

mesi nodì 10

istetteho'noi

...]

1.

UI

s.

XI

».

14. Archivio

ell'Ospedaleegli

nnocentii

Firenze

AOIF),

érie XLIV Estra-

nei,respectivement589Richordanze), ° 2v°-13v°,5v°,1v° et 56Richordanze

Al f°

100v°-101v°.

15. Dans esdeux

ivres

ités,

e salaire

ayé

ux

garzoni

est ensiblement

lus

élevé

ue

elui

ayé

ux fanciulli

;

cf.

nfra

etnotes 5 et37.

16.

M.

Mitterauer,

Servants

ndYouth

,

Continuity

nd

Change

5,

1990,

pp.

11-38,

.

13,

e résumeien

«

Whats

worthy

fattentions above

ll

the

wide

range

f

meaning

f

garçon

or

oy,

ad,

youth,oung

an,ervant,ssistant,

ttendant,

porter,

table-lad,

hop

ssistant,

rrand

oy,

aiternd

lso or

achelor,

ingle

an nd

confirmedachelor.t s the amewith he

quivalents

nother omance

anguages

the talian

arzone,

he

panisharzón,

he

ortuguesearzao

as

garçon

erivesrom

a Middle atin

oot,

ichmeanservant.ere oo he

evelopment

f heword erived

fromhe

ob

of ervantndnot rom

description

f

particular

ge-group

. Sur lo-

rencef.Giordano

a

Pisa,

Quaresimale

iorentino

305-1306C.

Delcorno

d.,

lo-

rence, 974,ermonX,p.105 «E però garzonii dodicinni dimeno,uando

muoiono,

uttiannol ninferno

;

G.

Cambi,

storie

iorentine

dans ldefonso

i

San

Luigi,

elizie

egli

ruditioscani

Florence,770-1789,

.

XX,

.

137

«

Uomini,

har-

zoni fanciulli

.

17.

ASF,

Manoscritti

90,

5r*' 8f°, 9f°, 6f°,

1r°

ASF,

Corporazioni

eli-

giose

oppresse

al

governorancese

79.209,

° 4

°, 5r°,

01r°.

Page 78: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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LES ENFANTS

U

TRAVAIL

73

prise

publique

ou

privée,

st

chargé

de rendre e menus

services,

par-

ticulièremente livrer t

rapporter

es marchandises18.

Que

la tranche

'âge

des

«

fattorini soit assimilable à celle des

«

fanciulli est d'ailleurs

prouvépar

e bas niveau de leur

salaire

et

par

l'allusion,

au moins

dans un

cas,

au contrat

assé

entre e

père

de l'ado-

lescent t

l'employeur19.

ettedernière

récision pour

notre

émons-

tration ne valeur

particulière

l'analyse

d'un échantillon

ignificatif

de contrats embauche

rédigés

dans

le

secteur

de la laine confirme

contrario 'absence

presque

totaledes

pères,

parents

u tuteurs ans

le

cas des

jeunes gens ayantdépassé

seize

ans .

Ainsi avertisnouspouvonsnous aventurerà où le vocabulairede

l'enfance

est

absentet

reconnaître ans ce

Federigo

di

Giovanni,

dont

la

modeste émunération

été fixée

par

es

employeurs

en

accord

avec

son

père

Giovanni

,

un

«

fanciullo i

bottega

,

ainsi

que

les trois utres

explicitement

nregistrés

omme tels dans la

même

comptabilité21.

a

même

remarque

vaut

pour

Maffeo di Gherardino

Gherardini,

u

nom

duquel

son oncle

négocie

avec le

soyeux

Piero di Geremia

e

paiement

du

salaire22,

t

pour

deux

dépendants

e

la

société

de batteurs 'or de

Tommaso di

Luigi

Ridolfi

«

Aujourd'hui

6

septembre

1447,

nous

engageonsmoyennant

alaire

Biagio

di Giovanni vec l'autorisation

e

Giovanni on

père

»

;

et encore

«

Aujourd'hui

2

septembre

447 nous

18.

l

s'agit

'un

xempleypique

e

boy

aborsitué u niveaue

plus

as de

l'échelle es

emplois

cf.

M.

Mitterauer,

giovani

n

Europa

al Medioevo

oggi

trad,

t.,

Rome-Bari,991,

.

156.

19.

AOIF,

érie

XLIV

Estranei),

56,

°

101r°

«

Tomaxo

i Giovannihaval-

chantiostroatoree'

avere dì XIIIdi settenbre484 ire rentotto

. X

piccoli

ono

per

uo alario i

più empo

è]

stattoho'noi nfino

questo

ì detto 'achordoho'

lui cho' uo

padre.

...]

Tornò

bottegha

dì 15di novembre484

er

.

[al]

mese.

E a dì XXVIdi marzo 487 ire entitre

. VI si li famo uoni

er

uo ervito

i

più

tempo er

attorino

altro. Le fait

ue

Tommasooit

éfiniussi fattore

,

terme

normalementttribuédes

dultes,

'est

as

tonnanton

rencontre,

n

ffet,

es fat-

tori embauchés

our

eux

ns,

vec 'accord u

père,

t

payés

uelques

lorins,

ans

les

Richordanze,

ebitoriCreditorie

Filippo

iAntonio

ichi

AOIF,

érie

XLIV,Estranei617, ° 4ť°, 9v°, 5v°, 9v°,nnées467-1470).n utreémoignagetile

notre

ropos

st ontenuans e dossier

'adoption

'un

nfante

'Ospedale

es nno-

centi

AOIF,

érie

II,

Richordanze

2,

187r,

nnée

486),

onfié Bartolomeo

i

Niccolaio

«

Di

poi

Bartolomeo]

on

olle ssere

hontentoenerlo

er

uo

figliuolo

ma enello

er

attorino.

20.

Il

n'y

que

8 cas

ur 02 ans

esquels

a

présence

e

pères,arents

ututeurs

accompagne

n

ge

déclaré

e

plus

e 16 ns. 'échantillon

été onstruit

partir

'un

plus

aste nsembleecontrats

355),

ruitu

dépouillement

es

egistres

ePartitiAtti

e

Sentenze

u ribunale 'Art e a laine

our

a

période

380-1430

ASF,

Arte

ella

lana 77-160.

21.

AOIF,

ér.CXLIV

Estranei),

89,

13r°

pour

es autres

Giovanni

i

Ridolfo,

iero el

odo,

rancesco

i

Filippo

cf.

espectivement

es

12v°, 3v°,

5v°

(1437-1438).

n

peut

galement

ire ans e contratoncernant

rancescoi

Filippo

l'expressiond'achordohon ilippouopadre.

22.

AOIF,

ér.

XLIV

Estranei),

18,

°

5

°

«

MaffeoiGherardinoherardini

[che]

stato honnoi

e' avere dì X d'ottobre453 ire

rentacinque

.

VI

piccoli,

sono

er

uo alario

i

più empo

stato ho

nnoi,

perché

o lo

sapiamo punto

n

tuttoetto

empo

iamo

imasi'achordoetto ì chon

lesandroi Mafeo a Barbe-

rino

;

5r°

«

[...]

d'achordohon lesandroa

Barberinouo io .

Page 79: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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74

F. FRANCESCHI

avons

engagé

moyennant

alaireCosimo di Cristofano ati à la demande

de son

père

Cristofano

23.

Annotations

aconiques,

mais

qui expriment

bien l'absence d'autonomie

des enfants

nvoyés

à

l'atelier,

t dans le

même

temps

leur statutde travailleurs alariés

en herbe

plutôt

que

d'apprentis.

Une

expressionqui apparaît

à maintes

reprisesquelques

années

plus

tarddans la documentation es mêmes batteurs

'or

-

«

sta con

noi

per

fanciullo

-

semble

signaler

des tâches normalement

ffectées

aux enfants u

sein de

l'entreprise24.

lusieurs

sources concernant e

monde du travail

de la laine fontréférence la nature

de ces tâches.

Les descriptions es quatre« fanciulli embauchésdans le courant e

l'année

1464

par

un autre

Ridolfi,

Lorenzo

d'Antonio,

présentent,ar

exemple,

une

analogie remarquable

vec les

dépositions,

éjà

citées,

u

procès

de 1407

: ainsi

Jacopo

est-il

chargé

de

«

porter

a laine dans le

contado

,

alors

que

Bartolomeo

oit

«

porter

es écheveaux t es

toiles,

aller

chez les teinturiers

,

mais

également

faire outechose concer-

nant 'atelier 25.Avec de tels

préalables

l

n'est

pas surprenant

ue

les

enfants e voient

confier es commissions es

plus

diverses

par

le

per-

sonnelde l'atelier26 u soient

ffectés

ux

travaux econdaires t

répé-

titifs27

plus

étrange

st de les

voir

-

comme

c'est le cas dans l'entre-

prise

Strozzi-Guineldi

jouer

le rôle de surveillants

es ouvriers28u

d'employésde caisse29.

Sur les livresde

paye

des

lainiers,

n

revanche,

'apparaissent as

ces

enfants

ue

les

plus

humbles ravailleurs e

la manufacture

ainière,

les

«

ciompi

»,

engageaient

omme

assistants on ne relève

eur exis-

tence,

ncore une

fois,

que grâce

aux contrats

assés

en leur nom

par

23.

ASF,

Carte

trozziane

sér.

V, 1744,

°144v°.

24.

ASF,

Carte

trozziane

sér.

V,

1745

Giornale

),

250v°, 51v°,

56v°

(1453-1454).

25.

AOIF,

ér. XLIV

Estranei),

56

«

Barttolomeoanciullo

er ottega

enne

al stare dì

primo

i febraio

honeso

oi

per ortare

alzi

sic ]

e

ttele,

ndarella

tinta,arengnihosa'aparttieneer ottegasui sic ]dibuono anciullo(f° 00v°)

«

Jacopo

iBardo

rescobaldiene starehonessooi dì25

d'aprile

464

er ortare

la ana n hontadofare

gni

ltrahosa

aparti

ne

per

a

bottegha

uso

per

u[o]no

fanciullo (f°101ť°).

26. Cf.

ASF,

Arte ellaLana

417,

51i®

1407)

où il estdit

ue

e cardeur

Jacopo

isit ultotiens

...]

puerum

ervientemaboratoresiete

pothece

ro ane

t

vino t liisnecessariisd victum

uumd

domum

abitationisicti rancisci

tPieri

patris

ui.

27. Ibidemf°133ť°

1410)

dans a

déposition

evant

e tribunale 'Arte ella

Lana,

e cardeurartoloiBertoffirme

ue

e

puer

...]

qui

ncidebat

n

dieta

potheca

[...]

ab eisdiscesserat.i son

émoignage

e

permet

as

d'identifiervec

xactitudee

type

e tâche onfié

l'enfant,

l n'en

pporte

as

moins ndétail

récieux

orsqu'il

spécifieue

a rétributionrdinairest e troisous

ar

rap,

e

qui, ompte

enu e a

productivitéoyennennuellees ntrepriseslorentines,eprésentene émunération

extrêmementasse.

28.

A.

Stella,

«

La

bottega

i lavoranti

,

loc.

it.,

.

534.

29. A.

Doren,

tudien

usder lorentiner

irtschaftsgeschichte,

,

Die Florenti-

nerWollentuchindustrie

om 4.bis

um

6.

Jahrhundert.

in

Beitrag

ur

Geschichte

desmodernen

apitalismus,

tuttgart,

901,

.

217.

Page 80: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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LES ENFANTS U

TRAVAIL

75

leur

père

ou leurstuteurs evant e tribunal e l'Art de la laine30. ans

quelques

cas les clauses

précisent quoi

ils serviront ainsi

pour

Anto-

nio,

âgé

de 10

ans,

placé auprès

du

peigneurGiorgio

di Piero

«

pour

apprendre

t travailler vec

lui,

et le servir ans le

métier u

peignage,

à savoir en mettanta laine sur es

peignes

»31.

Dans les ateliers

des

entrepreneurs

u

textile,

a formehabituelle

du recrutemente la main-d'œuvremineure tait e contrat

nnuel,

ou

au maximum

bi-annuel,

vec

paiement

d'un salaire en

numéraire

ui

variait elon la

capacité

ndividuelle,

'âge

et la

conjoncture.

n obser-

vateur

digne

de

foi,

appelé

à estimer n 1413 le

prix

du travail

d'un

enfant e 12 à 14 ans dans l'atelier d'un lainier,répondit qu'il est

difficile e

uger

autrement

ue par 'expérience,

ar les salaires

dépen-

dent

du

zèle de

l'ouvrier,

t

qu'à

son avis ledit

Jacopo

taitbien

disposé

au travail

t

pouvait

mériter nze ou douze florins

ar

an »32.

À

titre

de

comparaison,

n

peut

noter

u'au

tournant u

Trecento t du

Quat-

trocento

es

ravailleursdultesde l'atelier

parvenaient gagner

nviron

trente

lorins,

lors

que

les

«

fattori arrivaient

quarante

florins33.

Ces chiffres ont confirmés

ar

les

données

provenant

es livres de

compte,réparties

ur

plus

d'un

siècle,

bien

que

nous

soyons

ici

plus

près

des valeurs maximales

que

des valeurs

minimales.Les salaires

versés aux

«

fanciulli

oscillaient n effet ntre

,6

et 16 florins ans

l'entreprise trozzi 1388)34,entre et 8 florins ans celle de Lorenzo

di Bartolodi

Segna

(1437-1439)35,

ntre et

12

dans celle

de Tommaso

di

Luigi

Ridolfiet

compagnie

1453-1454)36,

respectivement

ntre

,5

et 12 et entre et

7,8

dans les ateliersde Lorenzo di Antonio

Ridolfi

(1463-1464)37

et des frèresGuanti

1483-

1484)

38.

Si

on limite 'examen aux enfants

épendant

es

«

Ciompi

»,

en

repérant

eux

pour esquels

le

niveau de

rétribution

eut

être

rapporté

à

l'âge,

on

obtient

es indications

lus

précises.

Au-delà d'une

certaine

dispersion

des

valeurs,

comprises

entre

5,5

et 17 florins

nnuels,

on

n'enregistre

ne

variation

ensible

du montant u salaire

moyen u'entre

les enfants e 10 à 13 ans (8-9 florins) t ceux de 14à 16 ans (12-13 flo-

rins).

Plus forte st la corrélation ntre e niveau du salaire et

l'expé-

30. Ces

ctes ontux ussi

artie

e 'ensemble

lus

aste

écritans a note 0.

Pour ne tude

lus énérale

ur es

«

ciompi

comme

employeurs

,

F.

Franceschi,

Oltrel

«

Tumulto

...,

op.

cit.,

p.

22-223.

31.

ASF,

Arte ella ana

124,

°

0r°

1408).

32.

ASF,

Arte ella

ana,

18,

°

3

°.

33. F.

Franceschi,

ltrel

«

Tumulto

,

op.

cit.,

p.

51-255.

34.

A.

Stella,

«

La

bottega

i

lavoranti

,

loc.

it.,

ableau

,

p.

533.

35.

AOIF,

ér.

XLIV

Estranei),

89,

°

2v°, 3v°,

5v°.

'unique gharzone

i

bottega

mentionné

eçoit

u contrairen alaire

lobal

e 35 florins

our

eux nnées

(ivi,

° 1

°).

36.ASF,Cartetrozziane,ér.V,1745Giornale),f° 50v°,51v°,56v°.

37.

AOIF,

ér. XLIV

Estranei),

56,

°

00v°-101v°.

a même

poque,

esdeux

«

garzoni

mentionnésans a

comptabilitéerçoivent

espectivement

4 et 16 florins

par

n.

38.

ASF,

Corporazionieligioseoppresse

al

governorancese,

9.209,

°

4v°,

75ť°,

Oli".

Page 81: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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76

F.

FRANCESCHI

rience du travail les contrats i-annuels

prévoient

resque

toujours,

pour

a

seconde

année,

une

augmentation

e la

rétributione

l'ordre

de

20 à

40 %39.

Cependant,

ette

progression

u

salaire est

contrebalancée

par

le

fait

que, parfois,

es

clauses

tendent

protéger

es

maîtres,

n

leur

permettant

e

ne

pas

payer

e

salaire

de leurs

dépendants

endant

les

périodes

l'activité st

réduite40,

u bien

de

placer

ceux-ci

provi-

soirement

hez

d'autres

maîtres41.

Ce

type

de

limitations

'apparaîtpas

dans les

contrats

mpliquant

directement

es

entrepreneurs

extiles si

l'on en

juge

par

ce

qui

est

écrit

dans

leurs

registres

omptables,

mais

aussi

par

les

actes

dressés

devant le notaire de l'Art de la laine, il était même rare que les

employeurs

ssument des

obligations

particulières.

nexistantes,

u

presque,

étaient

es

allusions à

la

formation

echnique

t

intellectuelle

des

«

fanciulli

42,

et

même la

rupture

nticipée

du

contrat e

semble

pas

avoir

créé

de

problèmes,

soit

qu'elle

ait été

sous-entendue

u

moment u

contrat,

oit

qu'elle

ait

été

explicitement

révue43.

n

effet,

au-delà

du

termefixé

par

les

contractants,

l

pouvait

arriver

ue

les

enfants

e

restent ans

les

ateliers

ue pendant

uelques

mois

,

mais

le

retour e

ceux

qui

étaient

artis

n'était

pas

exclu,

suivant ans

doute

la

volontéde

leurs

parents45.

ette

mobilité,

iée aux

faibles

possibilités

d'acquérir

une

spécialisation

t,

par

conséquent,

n

rôle

«

d'adulte

»

au

39. Afin e

présenter

es

données

omogènes,

e

n'aiutilisé

ue

es

ontrats

nre-

gistrés

uprès

u

tribunale

'Arte

ella ana

duranta

décennie

399-1408,

ériode

pendant

aquelle

e

type

'actes st

particulièrement

ien

eprésenté.

l

en

résulten

échantillon

e 34

contrats.

40.

Cf.

ASF,

Arte ella

ana

1

4,

°

0ť°

1404)

il

s'agit,

ans e

cas,

'un

nfant

de dix

ns

ui

st

nvoyé

d

standumum

acobo

rancisci

ectinatore

d

discendum

ministerium

ectinandi

le

contrat

bi-annuel

prévoit

n

alairee7

florinsa

première

année t

de 10 a

seconde.

41.

ASF,

Arte

ella ana

103,

°

8ť°

1399)

un

nfant

de

douze

ns,

Gui-

duccio,

lacé

our

eux ns

uprès

u

peigneur

lessandro

artoli,

ecevran

alaire

initial

e 8

florins,

estiné

augmenter

usqu'à

,5

florinsa

seconde

nnée

mais i

l'ouvrier'a

pas

suffisammente

travail,

l

pourraonereGuiduccium]

um

lio ad

ipsius lexandřitilitatem.

42.

Une

xception

ependant

ans e

contrat

'apprentissage,assé

ntree

drapier

Giovanni

a Pino

t e

cardeurofri

u nom

e sonfils

uca.

Pendant

uatre

ns,

e

«

maître

assure

'entretien

son

disciple

et

s'engage

docere

um

rout

idem

possibile

uerit

ainsi

u'à

facere

um

ocere

d

egendum

t

cribendum

ASF,

Arte

della

ana,

7,

19r°

1380).

Un

as

analogue,

oncernantn

nfante

douze

ns,

e

trouveans

ASF,

Arte ella

ana,

18,

°

1v°

1405).

43.

Cf.,

ar

xemple,

OIF,

ér. XLIV

Estranei),

89,

°

12v°

1437)

ainsies

soyeux

artoloi

Segna

t

Zanobi i

Michele

crivent,

propos

e

'embauchee

Fede-

rigo

i

Giovanni

«[...]

e

siamo

'achordohe

gni

olta

h'el etto

ederigho

i volessi

partire

a

nnoi

er gni

olta

ia

icenziato

ogni

uo

piacimento

nnoi o

dobiamo

paghare

nteramente

el

tenpo

arà

tato

honesso

oi

ragione

i f.

otton

du' anni

[...]

.

44. Les ivresecompteesdrapiersidolfitGuanti,eux es oyeuxartolodi

Segna

t

Zanobi i

Michele,

t

eux u

batteur

'or

ommasoidolfi

onttat

'une

présence

omprise

ntrenmois

t ix

mois tdemi

mais

ntrouve

ussi es

durées

plus ongues,

usqu'à

eux

ns tneuf

mois).

45.

ASF,

Carte

trozziane,

ér.

V,

1745 Giornale

des

batteurs'or

Tommaso

di

Luigi

idolfit

ompagnie),

°

50v°

«

[...]

Gieremiai

Bartolomeota

onnoi

er

Page 82: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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LES ENFANTS U TRAVAIL

77

sein de la

fabrique46,

tait

peut-être

'indice d'un malaise

dans

lequel

se

mêlaient es

inquiétudes

de la

première

dolescence,

e désir d'un

salaire

plus

élevé,

e

poids

de la

discipline

u travail autant

'éléments

qui

se retrouvent

ans

l'histoire

de

Niccolò,

fils du tailleur

Masino,

quittant

'atelierdes batteurs 'or Tommaso Ridolfi t

compagnie

près

seulement ne semaine

«

parce qu'il

se

sentaitmal

disposé

»47.

Ce

fut

u contrairea maladie

qui interrompit

a relation

ntre

ran-

cesco di

Filippo

et les

soyeux

qui

l'avaient

embauché48,

t cela doit

nous amener à

constater

ue, d'après

les diverses sources

que

nous

avons

utilisées,

ucune

règle

n'était

prévuepourgarantir'intégrité hy-

sique des enfants ur es lieux de travail.Dans ces conditions, 'est la

sensibilité

ersonnelle

'un certain ainier

ui, après

'accident

qui

avait

frappé

un de ses deux

pueri

(tombé

d'une échelle dans un

atelier

d'apprêt

de

draps),

e conduisit

transférer'enfant ans le milieu

plus

paisible

d'un de ses

magasins

de venteau détail49.

Autres

liéux,

autres

patrons

D'après

le

«

Traitéde l'art de la laine

»

de Florence

xve s.),

dans

les ateliersdes teinturiers

l

y

avait un enfant

«

fanciullo

)

à

chaque

civière, ttelé démêler es nœuds et à étirer a laine50.Bien qu'en des

termesmoins

xplicites

t

suggestifs,

es contrats onclus

par

es

parents

montrent es enfantsde

huit, neuf, onze,

quatorze

et

quinze

ans

employés

hez des

tondeurs e

draps,

des

foulons,

es

raccommodeurs,

ou des

fabricants 'outils

pour

l'industrie extile.La

typologie

de

ces

embauches

paraît

moins

univoqueque

celle rencontrée

uprès

des

entre-

preneurs.

a duréedes contrats

ariait,

n

effet,

ntre n

an

et

cinq

ans,

les

formules tilisées

pour

en

désigner

a nature taient

différentes

ad

standumad

discendum,

d discendum t

aborandum,

d

laborandum),

et

diverses

taient

ussi les modalités ontractuelles. i la

rémunération

monétaire, ériodique

ou à

échéance du

contrat,

tait a convention

a

plus pratiquée51,

'autres contrats

révoyaient ue

les

pueri

vivraient

fanciullo

...].

Partissidì

XI

di

maggio

454.

Ritornòdì 16di

maggio

454 stare

connoi

per

ioriniieci 'anno acordoon

Bartolomeouo

padre

.

46. Une

note

ur e

sujet

ans .

Dini,

Unamanifatturaibattiloro...

,

oc.

it.,

p.

103.

47.

ASF,

Carte

trozziane,

ér.

V,

1745 Giornale desbatteurs

'orTommaso

di

Luigi

idolfit

ompagnie),

°

56v°

1454).

48.

AOIF,

ér.

XLIV

.

stranei

,

589,

°

5v°

«

Partisiranceschodì dì

sic ]

27 di

magio uando

malo

(1439).

49.

ASF,

Arte ella

ana,

17,

°

37v0-38r°

1407)

Quia

dietus

uer

ecidite

scalis uiusdam

urgi

t

ecit

ibi

malum,

ietus arcusd minoremaborem

osuit

um

adfundacum.

50.

«

Trattatoell'Arteella ana

,

dansA.

Doren,

tudien...,,

Die Florentiner

Wollentuchindustrie

op.

cit.,

p.

84-493

p.

489,

Eta ciaschuna

arellata no an-

ciullo

scharmigliare

etta

ana,

ioè

prono

nodi

ella ana

i

son

atti,

distendono

e ravolti.

51.

ASF,

Arte ella ana

83,

°

9r°

1389)

90,

° v°

1391)

92,

°

8v°

1392)

Page 83: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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LES ENFANTS

U

TRAVAIL

79

rands

taient

ussi

employés

des tâches

plus spécifiques.

a réalisation

des

précieux

issusde soie à

motifs,

ar

exemple,exigeait

un métier

tisser

particulier

t

imposait

a

présence,

côté du

tisserand,

'un aide

qui

tirait es

fils commandante dessin de la

figure

ésirée

«

opera

»).

C'était là

une fonction

ui

demandait la fois

la

compréhension

u

mécanisme t

une

agilitéphysique

oublée de la

légèreté

écessaire

our

pouvoir

ester

ongtemps erché

ur

e hautdu métier tisser58. n traité

florentine l'art de la soie attribue la

négligence

e ces

enfants

ertai-

nes

imperfections

encontrées

arfois

ans

es dessins59.

Un cas bien documenté

par

de nombreux

ontrats st celui des

enfantsmployés hez des tisserands e laine. Il s'agit,saufexception,

de

fillettes

gées

de

sept

à douze ans.

Dans 60

%

des

cas,

elles sont

originaires

e différentes

égions

e l'État

florentin,

t sont mbauchées

par

des tisserands e Florence

pour

des

périodes

ssez

longues

de

qua-

tre

cinq

ans en

moyenne).

Outre

'apprentissage

u

métier,

lles

rece-

vaient e

gîte

et le couvert à

l'expiration

du

contrat,

lles

pouvaient

recevoir

ventuellement es

habits,

des

chaussures,

u un

petitpécule

qui,

dans le

premier uart

du xvc

siècle,

s'élevait à environ ne dizaine

de florins60. vec cette

maigre

dot,

nférieure celle

que

les familles

de la

bourgeoisie

florentine onnaient leurs

servantes61,

es

jeunes

tisserandes evaient ffrontere

mariage.

Conclusions

L'analyse

développée usqu'ici, malgré

es

lacunes, a,

me semble-

t-

l,

suffisamment

is en évidence

que

les enfants taient

résents

ans

toutes es

phases

du travail extile Florence.

Ce n'était

pas,

loin s'en

faut,

un

phénomènequantitativement arginal.

Rappelons quelques

chiffres sur

dix-huit

épendants

ixes de

l'entreprise

ainière

Strozzi-

Guineldi,

en

1388,

on

comptait

cinq

«fanciulli» et deux «disce-

poli

»62

surhuit ravailleurs ans l'atelierdu batteur 'or Tommaso di

Luigi

Ridolfi,

n

1453-54,

deux au moinsétaient es « fanciulli 63.En

portó

l suo attorino

(f°

81r°

1492)

au folio

35v°,

artolomeost

ésigné

omme

tisserand.

58.

L.

Monnas,

TheArtistsnd heWeaversthe

esign

fWovenilksn

taly,

1350-1550»,

pollo

CXXXV, 987,

pp.

16-424

p.

417 F.Edler de

Roover,

«

Andrea anchi

etaioloiorentinoel

Quattrocento

,

Archiviotoricotaliano

CL,

1992,

p.

77-963

p.

909.Unebrève llusion la

présence

e ces

petits

ravailleurs

chez es tisserands

ucquois

ansM.E.

Bratchel,

The ilk

ndustry

fLucca

n

the

Fifteenth

entury

,

dans ecnica società ell'Italia

op.

cit.,

p.

173-190

p.

187.

59. L'Arteella eta n

irenze.

rattato

el ecolo

V,

.Gargiolli

d., lorence,

1868,

hap.

IV

«

Dell'opera

),

pp.

7-88.

60. Conclusionsiréese 'analysee 78contratsréférencennote 0).

61.

Ch.

Klapisch-Zuber,

Women ervants

n

Florence

XlVth-XVth

entu-

ries)

,

dansWomenndWorkn reindustrial

urope

B. Hanawalt

d.,

loomingtoon,

Indiana

niversity

ress, 986,

p.

6-80.

62. A.

Stella,

«

La

bottega

i lavoranti

,

loc.

it.,

ableau

,

p.

533.

63.

ASF,

Carte

trozziane

série

,

1745

«

Giornale

»),

50v°,

51v°,

56v°.

Page 85: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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80 F.

FRANCESCHI

1392,

les foulons

Filippo

di Giovanniet Lorenzo di Francesco embau-

chaient e même

our

deux

pueri

64

et

-

comme nous l'avons vu

plus

haut

-

une seule bobineuse de

soie,

en

1452,

pouvait employer

rois

«

fanciulle

à la fois.

Dans

une société urbaine

ù les

enfants

taient

nombreux65,

t où

le travail n

atelier,

uivant es idées

pédagogiques

raditionnelles,

epré-

sentait ne

étape

essentiellede la

formation e

l'individu66,

e nombre

élevé des

enfants irculant ntre es

fabriques

t les

maisons de

pro-

duction e

tissus,

ne doit

pas

nous

étonner.

lus

surprenantes,

n revan-

che,

sont es conditions

'emploi

de cettemain-d'œuvre.

auf

quelques

exceptionsnotammentans le tissagede la laine), la notiond'appren-

tissage

est

apparue

fondamentalement

mpropre our

définir

a

réalité

des

prestations

ournies

ar

les

enfants. a fonction

lobale

de forma-

tion

attribuée u

rapport

maître-apprenti

tait

en effet

emiseen cause

par

a

disparition

e la

cohabitation t

par

a

pratique

e la rémunération

monétaire. 'autre

part,

a

grande

diversité t a

polyvalence

des tâches

confiéesaux

enfants,

u au

contraire 'extrême

parcellisation

e leurs

fonctions,

nlevaient

l'apprentissage

on sens

de

transmission 'un

savoir

echnique pécifique

. Les enfants

ui portaient

es sacs

de laine

chez les

fileuses,

eux

qui

tiraient

es cordes des métiers

our

faire es

tissus à

motifs,

eux

qui

défaisaient es nœuds de la laine dans les

ateliers e teinturerie,u encore euxqui faisaient onction e coursiers

fattorini

)

des batteurs

'or,

étaientde véritables ravailleurs ala-

riés. Leur utilisation

la

place

de travailleurs dultes convenait la

nature de certaines

opérations

ou

plus simplement

la volonté de

l'employeur

'abaisser les

coûts de la main-d'œuvre.

«

Puer

-

proclamait

u débutdu

xive

iècle Giordanode

Pise,

dans

ses sermons

lorentins

signifie

on seulement n

âge,

mais aussi une

condition e servitude on

appelle

puer

celui

qui

est serviteur autrui

et

qui

n'est

pas

maîtrede soi »68. Bien

que

située dans un contexte

religieux,

ette définition

'applique parfaitement

notre

propos.

Elle

nous fait réfléchir ur la

dépendance

à l'intérieur e la familleavant

même la

dépendance

dans l'atelier.C'étaient les

parents ui

faisaient

les choix

et,

sans

compter

es

principespédagogiques,

e travaildes

enfants

onstituait

our

es

ménages

pauvres

un

apport

conomique

non

négligeable.

i

les

enfants ourris t

ogés

chez un artisan ontribuaient

à

alléger

les

dépenses

familiales

notamment

our

les

paysans),

les

64.

ASF,

Arte ella ana

93,

f° 4r°.

65. D. Herlihy

tCh.

Klapisch-Zuber,

es Toscanst eurs

amilles.

ne

tude

du

Catasto

lorentin

e 1427

Paris,

978,

p.

86-387.

66. L.

Marcello,

Andare

bottega.

dolescenza

apprendistato

elle rti

Secc.

XVI-XVII),dansnfanzie.unzionii ungruppoiminoleal mondolassicoll'Età

moderna,

. Niccoli

d., lorence,993,

p.

31-251

p.

232.

67. Pour ne

omparaison

vec 'autres

ituations^

f.

h.

Braunstein,

La com-

municationans e

monde

u

ravailla

fin

u

Moyen ge

,

dans ommunikationnd

Alltag

n

Spätmittelalter

nd

rüher

euzeit

Vienne,992,

p.

5-95

pp.

8-79.

68. Giordanoa

Pisa,

Quaresimale

iorentino,

p.

it.,

ermon

II,

p.

10.

Page 86: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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LES

ENFANTS U

TRAVAIL

8

1

enfants-travailleurses ateliers

textiles,

quoique

chichement

payés,

contribuaient

augmenter

es

revenus

familiaux69.

Un

exemple significatif,

ans

sa

brutale

vidence,

st celui

du

pei-

gneur

Domenico di

Giovanni

endettéenvers un

drapier,

l

décide

d'acquitter

a

dette

u

moyen

du

travail

de

son fils

Simone,

equel

se

retrouve

pprenti

hez le

drapier

pour

une durée de deux ans. Conclu

en octobre

1381,

le contrat

révoit

même

que l'obligation

era

prolon-

gée

d'autant i le

discipulum

'a

pas pu

à un moment onné

accomplir

son

travail

pour

cause de maladie

ou

autre

raison70.Ainsi en va-t-il

pour qui

n'est

pas

«

maître e soi »...

Si nousdéplaçonsnotre ttentionur a nature u rapportntre es

enfants t leurs

employeurs,

ous

remarquons ue

le verbe servire

et

ses

dérivés),

tilisédans es différentes

ources,

ndique

un

état ommun

de

dépendance

des enfants

ngagés

dans les activités

es

plus

diverses.

Qui

dit servir it

obéissance,

patience,

disponibilité

ux tâches

ngrates

et

parfois

u transfert

emporaire

hez

d'autres

patrons.

e verbe

«

ser-

vir

»

paraît

ussi rimer vec

«

souffrir

,

comme

'exprime

'humaniste

MatteoPalmieri

«

Sije

raisonnais es enfants

nadaptés

ux meilleures

dispositions,

t orientés ers des arts

mécaniques

et

serviles,

e

dirais

peut-être ue parfois

l

faudrait es battre 71.

Certes,

l

existait ifférents

egrés

de

dépendance,

uivant

'âge

et

la provenancedes enfants,a durée du contrat t le typede contrat t

de relationde travail.La

journée

de travaild'une fillette e onze ou

douze

ans,

venue de

la

montagne

oscane travailler ans une famillede

tisserands,

t

obligée

-

comme Maddalena fille de Zachero da Portico

-

à travailler vec eux au métier t à rester

«

leur service

72,

devait

être sensiblement

lus

dure

que

celle du

«

fanciullodi

bottega qui

rentraithez ses

parents

Florencetous es

soirs.

Sans

compter ue

le

milieu des

ateliers,

ù se rencontraiente nombreux nfants t

eunes

gens,

était

plus

ouvert,

ynamique,

t favorable la sociabilité.

Les

«

lavoranti-fanciulli

restaient inalement es enfants

prêts,

lorsque

'occasion se

présentait,

mêler e

jeu

au travail.Comme

ces

enfants

rotagonistes

'une nouvelle de Franco Sacchetti

quittant

n

moment es tables des

banquiers

chez

qui

ils

travaillaient,

ls avaient

libéréune souris ur a

place

du Mercato

Nuovo,

semant a

pagaille parmi

les marchands t es

gentilshommesui

devisaient érieusement73.

69. Outre

es nformations

éjà xposées,

oici n

xempleui

montre

ue

e fils

pouvaitapporter

la maison

'équivalent

utiers u alaire e son

ère

Meo,

de

quatorze

ns,

ils eAntonioiBartolomeolanino

,

reçoit

n alairennuele

14

flo-

rins,

ontrees40 touchés

ar

on

ère

ASF,

Catasto

67,

165r°,

nnée

427).

70.

ASF,

Arte ella ana

80,

5v°

1381).

71.

«

Se io

ragionassi

e' fanciulli

on

tti

eccellenteirtù a he

eguissero

artimeccanicheservili,orseo direihe lle volte isognasseicchiarli,Matteo

Palmieri,

a vita ivile

G.

Belloni

d., lorence,982,

b.

,

p.

35.

72.

Sur

e casde

Maddalena,

encontréans ndocument

'origine

udiciaire,

f.

F.

Franceschi,

ltrel

«

Tumulto

,

op.

cit.,

.

177.

73. Franco

acchetti,

l

trecentonovelle

A.Lanza

éd.,Florence,984,

ouv.

LXXVI,

.

148.

Page 87: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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82

F.

FRANCESCHI

Franco

Franceschi,

Università i

Siena,

Dipartimento

i

Storia,

1-53100 Siena

Les enfants au travail dans

l'industrie textile florentinedes

xive-xve iècles

Les enfants u travaildans les

manufacturesextiles une

inven-

tiondes

temps

modernes Dans

les ateliers t

es

maisons

où l'on

effectuaite travailde la laine et de la

soie,

à

Florence,

u cours

des derniers

iècles

du

Moyen Âge,

les enfants t les adolescents

sont

présents

n

grand

nombre.

eur travailn'est souventmême

pas masqué paruneprétendue ormation ce sontdes travailleurs

en herbe.

Travailleurs-enfants textiles Florence

-

tâches d'enfants

salaires

Children

at Work in

the Florentine Textile

Industry

n the

14th and 15th Centuries

Child labor

in

the textile ndustries an invention f modern

times

In

the

workshops

nd homes where

people

workedwith

wool andsilk, hildren nd adolescentswerepresentn argenum-

bers. There was oftenno effortmade to even

disguise

their abor

as

training they

were

simply

he futureworkers

n

the bud.

Child

workers textiles

Florence

-

children's asks

-

salaries

Page 88: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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Médiévales0, rintemps996,p. 3-96

Francine

MICHAUD

EXPLOITÉS OU

PROFITEURS ?

LES

APPRENTIS

MARSEILLAIS AVANT LA

PESTE

NOIRE

Par une

après-midi

e

novembre,

uguet

Blanchi,

un

eune

homme

de 18

ans,

orphelin

de

père

et sans

curateur

fficiel,

eçut

e notaire

Guillaume

Faraudi dans la

maison de sa mère

Bartholomée,

une

citoyenne

e Marseille

courtière n

grains.

Fort

des conseils

maternels,

il

s'apprêta

à

négocier

un contrat

'apprentissage

vec le

marchand

d'origine vignonnaise

ierrede Nonis.

Suivant es termes e

l'entente,

le eunehomme 'engagea à passersous le toit,a protectiont 'autorité

de

l'homme d'affaires

endant

une

période

de

deux ans. Ce

faisant,

l

lui

promit

idélité t obéissance afin

que

lui soientrévélés

es

mystères

de

l'art du

négoce

tel

qu'il

se

pratique

n

mer comme sur terre.

Mais

il lui fallut ussi

acquitter

es frais

d'instruction. e maître

xigea

en

effet

our

ses

services 8 livres

tournois,

ayables

en deux

versements

seulement1 le

premier,

ous forme

'une avance immédiate

e

4

livres,

le

second,

avant a finde

l'année suivante. n

guise

de bonne

volonté,

Bartholomée onsentit se

porter idéjusseur

our

son filset à débour-

ser les 4

livresréclamées.

Cela se

passait

le 12

novembre13242.

Au début du

printemps

e

1346,

Johannette e Saint-Honorat e

présenta hez l'éminentnégociantPierre Austria e Vieux3 afind'y

placer

en

apprentissage

ntoinet,

on fils de 14 ans.

Le sieur Austria

reçut

promptement

'enfant

ans sa

boutique

en

lui assurant e

gîte,

e

couvert,

e vêtement

t la chaussure

pendant

uatre

ans en

échange

de

son

labeur

ndéfectible

ppliqué

aux affaires u

négoce

comme à son

service

personnel,

ntra t extra

muros.Or si la mère et le

fils

s'enga-

gèrent

respecter

es conditions

omme toute

conventionnelles,

l

ne

1.

Contrairement

la coutume

arseillaise

voir

nfra

n.

31.

2.

Archivesommunales

e a ville

e Marseille

ci-dessous

brégé

A.C.],

ms.

II 8,f°102r°-v°.3. Eminent,ar

romu

ourgeois

uroi eFrance

burgensis

egis

rancienote

ajoutée

ans

n ontrat

e ocatione

services,

rchives

épartementales

es

Bouches-

du-Rhône

Marseille

ci-dessous

brégé

A.D.],

ms.

91

E

9,

141i*-v°.

ais 'est

vers

a fin es

années

330

ue

Pierre

rit

'habitude

'accoler sonnom

'épithète

senior

15

anvier

339,

.D.,

ms. 91E

12,

°

4v°-85ť°.

Page 89: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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EXPLOITÉS U

PROFITEURS

85

croit es

premières

ources sériellesconcernant

es

rapports

maîtres-

élèves.

Marseille

recèle un

trésor

'archives de

la

fin

du

Moyen

Âge qui

comptent

armi

es

plus

anciennes

t les

plus

richesdu

territoire

ran-

çais

l.

Notre

enquête

débute avec

les

séries

notarialesen

1277

12

et

s'achève avec

l'épidémie

pesteuse

de

1348.

Il

existe

pour

la

période

plus

de 200

registres

otariés,

ans

esquels

figurent

rès

d'une

centaine

de

contrats

'apprentissage13.

et

échantillon,

ui

se

répartit

lus

har-

monieusement

partir

u

début du xive

siècle,

est

appréciable

pour

e

temps, uisque,

illeurs,

a

majorité

es

études ur

e travail

es

eunes

14

s'appuient urdes donnéesplustardives, ostérieures la grande atas-

trophe

e

1348.

Or,

dans

ce

port

de

mer

qui

abrite

pproximativement

5

000 habi-

tants

l'aube du xive

iècle15,

es

témoignages ui

subsistent

'éclairent

qu'un

éventail

restreint e

métiers,

oit

environune

trentaine. n

y

distingue

urtout

es

vocations

iées au

négoce,

au

textile,

l'épicerie,

au

cuir,

aux

métaux,

la mer

et au

bâtiment.

Mais à

l'examen

plus

attentif

e la

documentation,

orceest

de

constater

u'avec

les

années

les

représentants

es

arts

manuels

espacent

eur

visite chez

le

notaire.

De

fait,

malgré

'accroissement

égulier

u

nombre

es contrats

e for-

mation

dans

les

écritures

otariales,

ertaines

ctivités

'y

retrouvent

progressivementous-représentées,n particulierelles qui dérivent e

la

tranformation

es métaux

t des

cuirs,

insi

que plusieurs

métiers u

textile

ui

emploient

majoritairement

ne

main-d'œuvre

éminine

6,

el-

les

les

fileuses t

les

tisserandes.

Même

certaines

ocations

caractère

plus

prestigieux,

omme

l'orfèvrerie,

e

raréfient ans

les actes

après

1320.

En

revanche,

u cours

de la

même

période,

es

accords

entre

maîtres

t

disciples

se

multiplient

ans

les

arrières-boutiques

es

gens

d'affaires

t,

dans une

moindre

mesure,

parmi

es

marins

de la cité

portuaire.

1

. Se

reporter

u

répertoire

tabli

ar

R.-H.

autier

tJ.

ornay,

es ourcese

l'histoireconomiquet ociale uMoyenge. rovence,omtatenaissin,auphiné,

États e a

maisone

Savoiet.

I,

Paris, 971, p.

1213 t

q.

12.

Elles

ont

ntreposées

ux

Archives

épartementales

es

Bouches-du-Rhône

Marseille,

insi

u'aux

Archives

ommunales

e a ville.

a

Bibliothèque

ationalee

France

Paris

onserve

galement

ne

ollectione

documents

édiévaux

arseillais

provenant

ufonds

ortreuil

ui

onsiste,

utre

uelquesièces riginales,

nun

ssem-

blage

e

transcriptions

anuscrites.

13. Nous

vons

epéré

7

contrats

'apprentissage,

ne

uittance

e

contrat

t,

titree

comparaison,

4 contrats

e

ouage

e bras.

14.

Si l'on

xcepte

'exemple

talien.

ncoreaut-il

econnaître

ue

es ravaux

e

rapportant

u

Trecentoe

concentrent

lus énéralement

ur a

problématique

u ravail

salarié.

tephen

pstein

n fait e

parcours

istoriographique

ans

on

uvrage

age

Labor

ndGuilds

n

Medieval

uropeChapel

ill/Londres,

991.

15. É.Baratier, a démographierovençaleu xiir iècle u xvr iècleParis,

1961,

.

66.

16.

Cinq

es ix

ontrats

elatifsla

formation

éminine

roviennent

es teliers

d'artisansu

extilet ont

ous ntérieurs

1320.

e sixième

ontratoncerne

es er-

vices t

'instruction

'une

nfant

peine gée

e

10

ns,

Guillemette

illosa,

lacée

n

1340 hez a

corailleuse

dalaciette

assina

BNF,

ms.n.

a. lat.

321,

.

226.

Page 91: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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86

F.

MICHAUD

Cette

évolution st à

rapprocher

'un

autre

phénomène

celui de

l'apprentissage

alarié17.

n

effet,

u moment ù tendent

diminueres

conventions

tipulant

es coûts d'instruction

défrayer,

es ententes

conclues entre es artisans t leurs élèves

qui

font tat d'un salaire à

verser,

non

plus

au

maître,

mais bien au

disciple,

augmentent,

otam-

mentà

partir

es années

1320,

au même

rythme

ue

les contrats e

louage

de bras.

l

faut

par conséquent omprendre ue

cette

volution,

plus marquée

dans les secteurs-clés de l'économie

marseillaise18,

exprime

une demande accrue

pour

une main-d'œuvre

ualifiée

et sur-

tout

semi-professionnelle.

es

marchands19,

es

changeurs20

t les

marins21marseillais ttirent e la sorte es travailleursn quêted'une

formation

plus poussée

ou

simplement

d'une

meilleure sécurité

d'emploi, quitte

à

troquer

e statutde

professionnel our

celui de

l'apprenti.

On

ne saurait s'étonnerde

voir les maîtresrétribueres recrues

dont les mérites t

l'expertise

s'étoffent u cours de

longues

années

d'apprentissage.

Notons

qu'il

est

des métiers ù le

stage

de formation

s'étire n effet ur

plus

d'une

décennie,

nécessité

ui,

au

premier

bord,

semble caractériseres

arts manuels le savetierPierre

Gayeti

devait

dispenser

on savoir au fils du

pêcheur

PierreRoberti

pendant

douze

ans22,

lors

que

l'orfèvre

Hugues

Fulconis

prit

ous sa

gouverne

ierrot,

fils du calfatMartinde Galbert,pourune périodede dix ans23.Mais

avant

de

porter

ruit,

es

professions

ibérales,

dont 'art des affaires t

de la

santé,

demandent

galement

un certainmûrissement

u terme

d'une

instructionittéraire t

arithmétique

udimentaire24.

icolas de

Cadrò,

qui

était en

apprentissage

hez

le

négociant

Pierre Austria à

17. Pour ne iscussion

lus pprofondie,

e

reporter

mon rticle

«

Apprentis-

sage

t

alariat

Marseillevanta

peste

oire

,

Revue

istorique

291,

994,

p.

-36.

18. Mais

pas

uniquementuisque

es

arrangementsécuniaires

rofitables

l'apprenti

e rencontrentussi hez es

drapiers

t

es

couteliers.

éjà

rompu

l'art e

la coutellerietdésirant

'y

vouer

endant

ne

ériode

edeux

ns,

Guillaume

e

Saint-

Pierreeprésentae 28 août 346 ncompagniee sa mère aynaldahez emaîtrecouteliereanigolod standumum o et ius erviciumaciendum...)et d addicen-

dumministeriumulterie

en

change,

ean

romit

e ui

nculquer

on

rt

iligemment,

mais ussi e ui verser

our

e

louage

e ses bras

loquerio

60 sous

oyauxro

quolibet

nno

A.D.,

ms.381

E

44,

f° 121ť°-122ť°.u nombrees

quatre

ontrats

d'apprentissage

assés

ans esouvroirse

drapiers,

es

plus

nciens,

atés

espective-

mente 1302 t

1317,

ppartiennent

la

catégorie

e a formation

ayante,

lors

ue

es

plus

écents,

tablisn1320 t

1334,

révoient

ne

orme

erétribution

our

es ervices

de 'élève.

19. Des

14

contrats

ui

n

témoignent,

n eul st ntérieur1330.

20.

Aucours e 'année

332,

euxmaîtres

ambistes,

acques

onifacetPierre

Baussan,

nt

espectivement

ffertleurs

icipuli

n salaire

nnuel e 6 et 5

livres

royales

A.D.,

ms. 81E

6,

7v° t

f°124ť'

21. Tous es ctesssus e cette

atégorierofessionnelleeposent

ur e

principe

de 'apprentissageétribué.

22. 21

uin

1302, .D.,

ms.

81

E

4,

f°111*.

23.

21 mars

310, .D.,

ms.

81

E

25,

9r°.

24.

Lescontratse

taisent

énéralement

ur ette

uestion

la seule éférenceela-

tive

la

préparation

ntellectuelle

réalable

es

pprentis

ous

ient e 'accord

assé

entre urand

tiennet e marchandharlese Rabesio ù est

voquée

a tenue 'un

Page 92: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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EXPLOITÉS U

PROFITEURS

87

l'automnede 134125

,

reporta

on contrat

uelques

années

suivantes,

oit

le

7 mars

134626,

pour

une durée

supplémentaire

e

deux ans et

ce,

toujours

titre

'apprenti.

Or,

les deux contrats

voquent

e versement

de

gages,

ce

qui indique

que

le

temps

otal

de formation

hez ce futur

marchand

épasse

selon

toute vraisemblance

es

sept

années

que

ces

ententes

uggèrent.

ans

l'intervalle,

'expérience

roissante

u

disciple

acquit

de la

valeur,

puisque

son salaire

annuel

passa

de 12 à 20

florins

d'or

fin

de

Florence.

Le savoir-fairet le

talent nt aussi

oué

un rôle déterminant

ans

la

promotion

e

l'apprenti

drapier

Raymond

de

Nantes,

originaire

u

villagede Trets.Le 15 novembre1320, le jeune hommereconduit e

son

propre

hef e contrat

e liant à Bernard

de

Favas, satisfait,

llé-

gua-t-il,

e l'instruction

ue

le maître

ui avait

prodiguée

endant

eux

ans27.Ses

gages

furent

stimés à

11

livres

pour

les trois

années

que

devait

durer e

second

stage, appointement

elativement

modeste2

si

l'on considère

qu'en

1302,

Guillaume

Figieri

obtint titre

d'engagé

chez le

drapier

Guillaume

Egeseri

la

rondelette omme

de 30 livres

royales,

galement our

trois

nnées de service29.

Mais avec

le

temps,

semble-t-il,

e

développe

un climat

propice

à l'embauche

et au

traite-

mentdes

apprentis

intermédiaires

dont

e labeurest

apprécié,

voire

jugé indispensable

u fonctionnement

e

l'entreprise.

l'automne de

1334,Pierrede Carmis,originaire e Salon-de-Provence,oua sa force

de travail

out n

espérant oursuivre

on

apprentissage

ans l'art

de la

draperie

hez Simon

ď

Apt pour

es deux années

que l'impétrant

evait

passer

à son

service,

e maître

'engagea

à lui

régler

12 livres

royales30,

payables

en trois

versements

nnuels suivant

a coutume

du

pays31.

Contrairement

ux

usages

toutefois,

'apprenti

ccepta

de

pourvoir

ses

propres

besoins32.

Cette restriction

'explique

cependant u'en

partie

l'importance

es

gages

consentis.Car à

l'intérieur 'un

même

métier,

le traitement

romis

à

l'apprenti

comme à

l'engagé

est

fonction e

plusieurs

acteurs le

sexe,

l'âge,

la

formation,

'aptitude,

'expérience,

la durée du stage

ainsi

que

les

circonstances

ersonnelles

t

conjonc-

livre e

omptes

eidem

arolo

ecidere

t esîituere

tque

uis ub ero

t

egali

omputo

rationis26 août

348,

.D.,

ms. 81

E

77,

5i*.

25.

A.D.,

ms. 91

E

15,

°

9v°-80r°.

26.

A.D.,

ms.

91

E

9,

137v°-138ť'

27.

A.D.,

ms. 81

E

31,

0r°-v°.

28. Si

Ton ient

ompte

ussi

escourants'altération

t d'inflation

onétaires

qui

affectent'économie

arseillaiseu tournant

u

xive iècle. our n

perçu

e a

situation,

e

reporter

F.

Michaud,

n

igne

es

emps.

ccroissement

es rises

ami-

liales utour

u

patrimoine

Marseille la

fin

u

xur iècle

Toronto,

994,

.

117 t

n. 3.

29.

A.D.,

ms. 81

E

46,

f° 1r°.

30. Videlicetro uolibetnnoibras ex A.D.,ms. 91E 5,f° 3v°-94r°.

31.

Etdietus

ymonis

...)

promisit

ieto

etroolvereictum

olarium

dem

er

tres olutiones

nno

uolibetuxta

onsuetudinemiete erre

ibid.

32.

A.D.,

ms. 91

E

5,

3v°-94r°.

auf

xception,

t

e cas

présent

nest

une,

les ontrats

'apprentissage

t

de

ouage

ebras

Marseilleontiennent

a clause

'entre-

tien

u

ravailleur,

l'exclusion

rès ouventes

haussures.

Page 93: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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88

F.

MICHAUD

turelles.Au-delà de ces

variables,

netendance

ourtant

e dessineavec

une

certaine

précision près

1320

: la hausse

progressive

es

salaires

alloués aux

disciples,

eux

qui

notammente

spécialisent

ans les arts

de

la mer et du

négoce.

Le 5

septembre

312,

un

jouvenceau

de

19

ans,

Jean de Saint-

Maxime,

ura

sur

es

Évangiles

de se dévouer

pendant

uatre

nnées

au

servicedu marinGiraud

Atanulphi

insi

qu'à

son

art33. our son labeur

et sa

loyauté,

Giraud

s'engagea

à lui

enseigner

es

rouages

du

métier,

mais aussi à lui remettre

haque

année 20 sous

en monnaie

rébuchante,

tout

en lui assurantun vestiaire

ugé indispensable

une

tunique

de

qualité, u prixde dix sous (la moitiéde ses appointementsnnuels ),

une

chemise,

une

famoralia

(sorte

de

sarrau ncilaire

)

et

des chaus-

sures. Trente-deux

ns

plus

tard,

n

eune

hommede

Béziers,

Bernard

Sanadelli,

trouva

ne occasion de formationt

ď embauchedans

e

port

marseillais.

Le marinG. Arnaudi

e

prit

titre e

dicipulo,

clientelo

servitore t scolari

Bernard evait lors recevoir

00 sous

royaux our

une année de travail

n sus des nécessités

de la vie et de la

promesse

rassurante

e ne

point

trevictime 'enlèvement34

Est-ce

à dire

qu'en

sa

qualité

d'étranger,

e

garçon

se sentît

lus

vulnérable

ux indélica-

tesses,

voire aux malfaisances

oujourspossibles

d'un

maître

Quoi

qu'il

en

soit,

en

1347,

deux de ses

collègues

réussirent obtenir

de

meilleures onditions alariales, galement ommeserviteurstappren-

tis,

respectivement

uprès

des marinsmarseillais

Aymé

Gamelli35 t

Aymé

Marini36.

L'amélioration

des salaires dont bénéficièrent

es

jeunes

travail-

leurs dans les années

précédant

'arrivéede la

peste

à

Marseille,

ne se

limite

pas

à l'univers marin.

Elle s'observe avec

plus

d'acuité encore

parmi

es

marchands,

rands

onsommateurs 'une

main-d'œuvre emi-

qualifiée.

C'est dans ce

milieu,

appelons-le, ue

les contrats

avorisant

l'apprentissage

étribué e rencontrent

e

plus

souvent

14

des 23

actes

notariés nstrumentés

our

e

compte

de

gens

d'affaires t de leurs

futurs

élèves

s'y rapportent.

e 6 décembre

306,

e laboureur

aymond

Chris-

tianiplaça sonfilsBertrandethez le sieurEtienneMartin d addicen-

33.

A.C.,

ms.

I

33,

0ť'

34. Et versa

ice,

ietus

.

promisit

icto ernardo

resenti

olvere

t tradere

eidemmnia

upra

tdictum

ernardůmon vellere

A.D.,

ms. 81E

43,

8v°.

35.

Il

est

rai

ue

on lève e

spécialisait

ans

a

pêche

récieuse

u orail

A.D.,

ms.381

E

75,

13v°.

r,

es

gages

fferts

Gratien,

savoir

nflorin'orversé

mensuellement

our

ne

ériode

e sixmois en usd'une emi-livre

u mois

our

e

travailxécuténmers

trangères

,

sont ettement

upérieurs

ceux

ue

es

engagés

spécialisés

ans ette écolte

arinellaientecevoirans

e dernier

uart

u

xive

iècle,

c'est-à-dire,

ntre 5 et 30

florins'or

par

nnée

estimationtablie

ar

C.

Maurel,

«

Grands archandst

petites

t

moyennes

ndustries"

Marseilleu Bas

Moyen

ge

(1350-1480),dans e marchanduMoyen ge. IXe ongrèse a S.H.M.E.S.Reims,

juin

988),

aris, 992,

.

107

tn.7. Les

pprentis

ux,

evaient,

elon oute

pparence,

se contentere nettementoins

pro

rimo

nno num

acatumualibet

ie

ua ope-

rabit eenonliter

contrat

assé ar

e marin icolas

rasfortn

1371,

ité

ar

C.

Maurel,

oc.

it.,

.

107,

.

8).

36.

A.D.,

ms.

81

E

75,

2v°.

Page 94: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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EXPLOITÉS U

PROFITEURS

89

dum totam rtemmercandie le

stage

de formation evait durer rois

années,

chacune devant

rapporter

l'enfant30 sous37.

l

faut

ensuite

attendre

rès

de 30 ans

pour

voir

réapparaître

n contrat

'apprentissage

aux modalités

similaires,

uivi de

plusieurs

autres

qui

s'échelonnent

avec une belle

régularité

usqu'à

la fin

de notre

période.

Ce

qui

importe

surtoutde

souligner

ci,

c'est

l'accroissement

continu es

gages promis

ux élèves

des hommes t des femmes

'affai-

res

marseillais.Prenonsd'abord les

cas où

il

est clairement

uestion

d'adolescents,

oujours

oumis à l'autorité

arentale

u moment e

pas-

ser

contrat. aurence

Lhautauda,

pouse

de

chaufaudier,

ouhaitait aire

de son filsJacquotun négociant.Le 7 octobre1334, elle confía donc

son enfant e

15 ans à

Huguette

ausoneria

pour

un

stage

de formation

de trois ns

;

alors

que

la

mère

accepta

de couvrir a

dépense

du ves-

tiaire,

a maîtresse

'engagea,

d'une

part,

pourvoir

u

couvert insi

qu'à

la

chaussure,

u moins

orsque

a naturede son travail

bligerait

le

garçon

se

déplacer

au-delà des mursde la

cité38

t,

d'autre

part,

lui verser n

salaire annuelde 40 sous39.

On

se

souviendra,

ar

ailleurs,

qu'en

1341,

Pierre Austria e Vieux

prit

dans sa

boutique

le fils de

Bertrand e Cadrò et lui

offrit

n

gages,

pour

chacune des deux

années

de

travail

à

son

service,

12

florinsd'or fin40

cinq

ans

plus

tard,

e

garçon

devait recevoirdu même maître n

salaire de 20 florins41.

Les revenus 'améliorent ussi parmiceux des apprentis ui visi-

blement

ouissent

d'une

plus grande

expérience

de

travail.Leur statut

dans

l'échoppe

du marchand e situe

à un échelon intermédiairentre

l'apprenti

alarié

de

première

eure et le

compagnon,

erme

ui

reste

d'ailleurs nconnudes notaires

rovençaux

u

xive

iècle42.

'exemple

offert

ar

Nicolas de Cadrò illustre e

passage

du

premier

u second

état. Ces

travailleurs,

ui

font

eur

apparition

ans les sources à

partir

de

1337,

gagnent

n effet n salaire

qui

oscille en

moyenne

ntre 0 et

25

florins.

e 31

janvier

1337,

Foulques

Girona,

originaire

e

Béziers,

réussit obtenir u marchand

Améric

Vayrati

5 florins 'or

pour

une

année ď embauche43, émunération ien comparableà celle des mar-chands à

l'emploi

de confrères e

plein

titre . En certains

as,

elle la

dépasse

nettement. insi en

1345,

Pierre

Gau,

un Narbonais

s'identi-

37.

A.D.,

ms. 81E

48,

5 °.

38. tem

uit

ctum

uod uando

bit n

viagio

xtra illāmietus ohannes

pro-

curatoromine

omine

uguete)

rovidebit

icto acobon alciamentis

A.D.,

ms.

91

E

5,

8v°-79r°.

39. Le marchandean eAuto

git

ci

titree

procurateurHuguette

ausoneria

ibid.

40.

A.D.,

ms.

91

E

15,

°

9v°-80r°.

41.

A.D.,

ms.

91

E

9,

137v°-138r°.

42.

Il

faut

ttendree

xve

iècle

our

n

voir fficiellement

'usage

N.

Coulet,

«Les onfrérieses isserandseMarseille,Provenceistorique155, 989,.12.Voir

également

h.

Bernardi,

étiersu bâtimentt

techniques

e constructionAix-en-

Provencela

fin

eV

poque othique

1400-1550

,

thèse

e

doctorat,

niversité

'Aix-

en-Pro

ence, 990,

.

31.

43.

A.D.,

ms.

91

E

10,

°

169v°-170r°.

44.

Le traitementnnuelumarchandean etri

mployé

ePierre ustria

st,

n

Page 95: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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90

F.

MICHAUD

fiantcomme mercator entra au service de PierreAustria

pour

une

période

de deux

ans

;

celui-ci

'accueillitcomme

un élève

(dicipulum)45

mais

le rémunéra omme

un associé

en lui offrant 0

florins 'or

en

gages

annuels46.

es émoluments

ue

touchent

es

travailleurs-apprentis

ne sont

pas

le

seul indice d'une

demande accrue

en main-d'œuvre.

e

prix

attaché

l'instruction

es élèves en est

un autre

out ussi évoca-

teur.

Entre 1303

et

1348,

on constate

hez les

apothicaires

marseillais

un affaissement

rogressif

es

coûts de formation

u cours

des années

20

;

inversement,

a

durée de

l'apprentissage

end

au même

moment

se prolonger, e manièreà compenser e manque à gagner.Prenons

l'exemple

de

l'apothicaire

Guillaume

Arnaudi

ui,

à la

fin

d'avril

1318,

promit

Jean

Burgondionis

'instruire

on

eune

frère

acques

dans

son

art

usqu'aux

prochaines

festivités

ascales,

mais contre

e débourse-

mentde 7 livres

t 5 sous47.

n

1324,

ce

fut u tour

d'un

eune

homme

de 15

ans,

Jean

Cavalerii,

de s'installer

hez Guillaume

qui

allait,

pen-

dant

une

période

de

trois

ns,

lui

prodiguer

a

science

et

pour

aquelle

Béatrice,

a

mère du

garçon,

dut

s'engager

à débourser

nnuellement

3

livres,

6 sous

et 8 deniers48.

r,

dans

les années

qui

suivirent,

es

confrères

e

l'apothicaire

Arnaudi

résentèrent

leursrecrues es

coûts

d'instruction

e

plus

en

plus

avantageux.

e

27

septembre

338,

Béran-

gèreBonaventure, oulangèrede profession, 'accorda avec Pierrede

Sarda

pour qu'il

prenne

on

fils Bartholomé

demeure

pendant

une

période

de

quatre

ns,

contre

a

promesse

de lui

verser,

our

son ensei-

gnement,

n traitement

nnuel

de

2

livres

et

5

sous49.

A

la mi-août

de

1348,

au

moment ù

l'épidémie

de

peste

venait

d'embraser

a

cité50,

Gantelme

Bermundi,

n

garçon

de 15

ans,

trouva

refuge

hez

maître

Pierre

haupardi

ui

allait

'initier

son art

pendant

eux

ans,

ainsi

que

lui assurer e

vivre,

e couvert

t,

chose

peu

commune,

a chaussure

1336,

e 25

florinscelui e

son onfrèreierre

nnesati

'élève ix ns

plus

ard 30

florins

A.D.,

ms. 91

E

10,

°

149r°tms. 91

E

9,

f°Mli^-v0.

45. Il estprobableuecetteormuleeléguéela fin e 'acte issimule'esprit

paternaliste

ePierre

ustrianversous

es

mployés,

e

'apprenti

ébutantu

salarié

d'expériencepeut-être

ussi

'emploie-t-illus

volontiers,

ar

mesuree

protection,

enverses recrues

'originetrangère.

n a retrouve

n effet

ans nacte ntérieur

établi

n

1339

nfaveur'un

vignonnais,

enaud

e

Cavaillon,

ui

e

voit

ratifié

'un

salairennuele

20 florins'or

in

endantuatre

nnées e

service

A.D.,

ms.

91

E

12,

°

4v°-85r°.'est

galement

n es ermes

ue

e

pâtissier

ierreeSalino

ccueillit

sous on oit n

ollègue

enu es

Flandres

our

'assister

ans

on

rt,

ierre

e Saint-

Thomas

PetruseSancto

homeeFlandris

asticerius

sic) ...)

e

posuit

t ollocavit

et

operas

uas um

icto etro e Salino

astesserio

rodicipulo

t ervitore

uo d

faciendum

ius

erviciumnmisterio

astisserie

7

août

320, .C.,

ms.

I

9,

1r°-v°).

46.

A.D.,

ms.

91

E

17,

°

4v°-35r°.

47.

A.D.,

ms. 81

E

29,

f°14v°.

48.A.C.,ms. I 8,f° 4v°-45ť'

49.

A.D.,

ms.

91

E

12,

° i"-v°t

4v°-55r°.

50. La

maladie,

ui

tteintes

roportionspidémiques

u out ébut

u

printemps,

commença

e se résorber

vec es

premières

haleurs

e

uin,

voir ansmon rticle

paraître

ans e

Moyen ge

«

La

peste,

a

peur

t

'espoir.

e

pèlerinage

ubilaire

e

romieri arseillais

n 1350

.

Page 96: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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EXPLOITÉS U PROFITEURS

91

par

ailleurs,

'il fut

uestion

de frais e

scolarité,

es

parties

u le notaire

passèrent

a chose

sous silence51.

Les marchands inrent

réagir

ussi à ce

qui pourrait

ien êtreun

mouvement

énéral

d'altération es frais

'instruction. ous avons

déjà

présenté

n

début de cette étude es

témoignages

ontrastés

'Huguet

Blanchi,

d'une

part,

ui entreprit

n

1324

un

premier tage

de formation

au coût de

4

livres

par

an52,

t d'Antoinede

Saint-Honorat,

'autre

part,

qui profita

du sien

gratuitement

n 1346. Demandons-nous si le

constraste ient de ce

mouvement.L'examen minutieuxdes

neuf

contrats

'apprentissage épartis

ntre1324 et

1346,

permet

e confir-

mer un fléchissementerceptible, uoique tardif, es salairesque les

maîtres-négociants

btiennent

e

leursélèves. Le cas

d'Huguet Mayni,

fils de

notaire,

ffre n

témoignage loquent.

Le 8 avril

1334,

Pierre

Mayni

et

son

épouse

Rixende

établirent

eur

fils,

alors

âgé

de 15

ans,

chez Marc

Scrinavi,

marchandde la cité. Celui-ci

promit

d'instruire

l'enfant ans les arts

de la marchandisemais aussi du

change

pour

une

période

de

quatre

ans,

au coût annuel de 8 livres

royales

,

soit

deux

fois la

somme demandée

par

le maître

d'Huguet

Blanchi dix années

auparavant

our

une

durée

d'apprentissage

eux fois moins

ongue.

Or,

pour

des raisons

ui

nous

échappent,

'entente 'arriva

oint

son terme

car,

au bout de deux

ans,

le notaire

Mayni rappella

son confrère aul

Giraudipourqu'il enregistre e nouvellesconventions cellant e sort

de son fils remis à un autre

homme

d'affaires,

Hugues

de Affuvello.

Cette

fois,

es frais 'instructionurent

ixés 6

livres

par

an

;

le

notaire

réalisa ainsi

une économie d'environ

4

livres54.

où la main-d'œuvre intà se

raréfier,

la

veille

du retour e

la

peste,

même des enfants

mpubères

éussirent toucher alaire. Le

22

août

1344,

en sa

capacité

de

représentantégal

(vicerius)

du

jeune

Pierrot

ogerii gé

de

1 1

ans,

e Vénitien éonardo Cristolini e mit u

servicedu marin

piriello

de

Pava

pour

un

stage

de formation e

sept

ans dans les mersde

Provence.Le marin ssura à l'enfant n entretien

complet,

insi

que

des

gages

totalisant 0 sous de

royaux

marseillais.

Toutefois,

piriello rompit

vec la tradition il

ignora

a coutumedu

règlement

alarial tri-annuel n

payant ur-le-champ

n

premier

erse-

mentde

10

sous,

le restede la somme

promise

devant

par

la suiteêtre

51.

A.D.,

ms. 81

E

77,

5v°-86ť'

52. La

même

nnée,

'homme'affaires

ugues

ohanniséussit

acquitter

a

moitiée etteomme

our

'instructione on ilsMarcelansa

boutique

'un

onfrère,

le

négociant

tiennearle est-ceà e fruitu alent

'Hugues

mener'habiles

égo-

ciationsu d'une aveurmbue

'espritorporatisteu'Étienne

ui ccorda

A.C.,

ms.

1

I

8,

8r°.

53.A.D.,ms. 91E7,f 1 r°.

54.

A.D.,

ms.

91

E

10,

°

108r°-v°.a tendanceréduirees frais 'instruction

au sein u

négoce

arseillaise

poursuivit.

a

fin

e 'hiver

338,

e cordonnierixois

Pierree

Reynacho

it

n

pprentissage

on ils ierrothez

ugues

ielli mais elui-ci

ne

put xigerue

livrest

10

ous

our

hacuneesdeux

remières

nnées eforma-

tion,

adernièrennée

evanttre

ispenséeratuitement

A.D.,

ms.

91

12,

°

3i*-v°.

Page 97: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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EXPLOITÉS U PROFITEURS

93

propres,

t mêmede

l'obliger

à faire

emps

double59.À la lumièrede

cette

clause,

on

comprend

'insistancede Bernard

Sanadelli à obtenir

de son

maître

'engagement

ormel

e ne

amais

chercher

l'enlever60.

Or,

même

parvenu

icitement

u termedu

contrat,

n

élève ne

s'affranchit

as

forcément

e l'autoritédu maître. e

28 février

306,

le coutelier Richard

Concellerii

acquittait

son

neveu Richardet du

contrat

'apprentissage ui

les liait

depuis

neuf ns

;

il

lui

interditou-

tefoisde

pratiquer

'art de la

coutellerie ans l'enceintede la cité

pour

le

compte

ď autrui ans

son

expressepermission,

out n le laissant ibre

d'ouvrir sa

propreéchoppe61.

l

est

difficile

'imaginer

comment

e

jeune hommeputamasser un capital suffisant ourtenirboutiqueau

sortir

e ses années

d'apprentissage,

i ce n'est en offrantes

services,

pour

un

temps

ndéterminé62,

u seul

employeur

marseillais

usceptible

de

mettre

profit

es talents

son oncle Richard.

La

vitalité t l'ouverture u

secteur

professionnel uquel

son

art

appartient,

insi

que

les

conditions

générales

du marchéde

l'emploi,

décident

ussi du sortde

l'apprenti.

C'est dans le monde des

affaires,

amalgame

d'individus aux

origines

omme aux horizons

divers,

qu'il

faut

hercher es

signes émancipateurs

e

1'«

aventure

apitaliste

.

Si

les maîtres

'appliquentprudemment

instaurer n climatde

confiance

propice

au travail t aux

affaires,

'est

qu'ils

sont aussi conscients

de

l'investissement rofessionnel plus ou moinslong terme ue repré-

sententeurs

lèves,

voiremême

ceux des autres. ien

que

la

fidéjussion

qu'exigent

ouvent es

patrons

elève normalement e la

responsabilité

des

familles,

Jean

Romei,

négociant

actif dans le

port

marseillais,

n'hésita

pas

à se

porter

aution

pour

un

eune étranger, rphelin

'un

laboureur e

Béziers,

entré

n

apprentissage

hez le

marchand e

poivre

Jean Manneti63.

ar

les liens

de clientélisme e tissent ôt

et s'entre-

tiennenta vie durant u

sein des

gens

d'affaires,

ont e métier

onsti-

tue la roue

d'engrenage

maîtresse ans la chaîne de

production

erti-

cale

;

le

marchand ert insi de relais

entre e

drapier

t le

sartre,

ntre

le

nourriguier,

e

boucher t e

cuiratier,

ntre

'épicier

et

'apothicaire64.Les gestesde solidarité

pparente

e

posent

ussi en fonction 'une

autre réalité la liberté

dont

ouissent

les

apprentis

e

passer

contrat

59.

A.D.,

ms. 81E

31,

4v°-35ť'

60.

Voir

upra

.34.

61.

Quod

redictus

icardetuson udeaî

perare

e arte ultellariencivitate

Massilieine olúntate

ieti icardi isi arnenevaret

peratoriumer

e solus

pera-

retur

A.D.,

ms. 81E

371,

° 2i°-v°.

62. L'acte

nsinue,

ans a

révéler,

a durée

emporaire

e cette estriction

infra

tempus

ontentumndicta ota

cripta

anu icti ohannise Cavallonootariiibid.

63. 21

novembre

320, .D.,

ms.

81

E

65,

6v°.

64.Defait,ln'est asrare evoir igurerournisseurst lientsans'entourage

du

négociant

ui 'apprête

mourir.

e

drapieraymond

eBatistast

ésigné

xecutor

de la succession

u marchanduberte

Sevegneriijuin

1300,A.D.,

ms.

381

E

4,

fD5v0-7r°),

lors

ue

a veuve e

Bartholoméalli 'entouree

cinq rapiers

t

quatre

sartresu momentecoucheres

derniersœux

ar

crit

extrait

estamentaire,

3

avril

1310, .D.,

ms. 3

H

2).

Page 99: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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94

F.

MICHAUD

avec le maîtrede leur choix. A cet

égard,

es

exemples précités

de

Nicolas de Cadrò65

t

Raymond

de

Nantes66,

espectivementmployés

d'un

marchand t d'un

drapier,

emeurent

es

témoignages

uggestifs.

Dans

le contexte 'une demandecroissante

n

main-d'œuvre,

l

est de

toute

évidence de

l'avantage

du maîtrede

retenir e

plus longtemps

possible

les services de son

protégé

n

encourageant

ne

atmosphère

de

concorde,

de stabilité

t de continuité ans sa

boutique.

Grâce aux

conditions e

travail

usceptibles

e stimuler n sentiment

e

loyauté,

l'esprit coopératif

de bonnes chances de se

poursuivre

u-delà de

l'apprentissage.

Telle fut assurément

'expérience

vécue

par

Antoine

Bonifilii, orsqu'en 1336 il entra u servicede PierreAustria e Vieux

pour

une

période

de

quatre

ns67 ar

l

y

demeura

pparemment

endant

de nombreuses

nnées

depuis

a résidence u

maître,

ù

il

se

distingua

commefidèle

ollaborateur e

l'entreprise

amiliale,

l

contrôla iverses

opérations

ommerciales68.

L'attribution e

responsabilitésmportantes

urvint

même au stade

de

l'apprentissage

intermédiaire

;

c'est dire

l'urgence qu'éprouvè-

rent

plusieurs

mployeurs

'être

secondés dans leurs tâches.

En

1348,

Charles de Rabesio confia

à son

disciple

Durand

Étienne a direction

de son ouvroir

operatoriumpsius

regendi

,

avec

l'obligation

d'y

main-

tenir

a

paix

en évitant es occasions de

dispute

dans le trafic es

mar-

chandiseset de tenir n cahier de comptabilitén bonne et due forme

(

egali

computo

ationis)

l'entente ut cellée

par

e

truchement'une

avance salariale

opieuse

de 12 florins 'or

fin69.

uelques

années

aupa-

ravant,

e

drapier

imon

d'Apt

s'était vraisemblablement

rouvé

dans

le même besoin

en faisantde son nouvel

apprenti

ierre de

Carmis,

originaire

de

Salon,

son

procurator specialis

et

generalis

dans la

conduitede ses affaires

udiciaires

et

commerciales,

otammentelles

se

rapportant

u

négoce

des

draps70.

a dévolution

de

pouvoirs

direc-

tionnels des

apprentis

raîchement

mbauchés,

emi-spécialisés,

t

qui

plus

est

étrangers71,

insi

que

l'amélioration e

leurs

salaires,

et

ce à

65.

Voir

upra

n. 25-26.

66.

Voir

upra

n.27.

67.

A.D.,

ms.

91

E

10,

°

130i*-v°.

68. L'informationst

irée 'un

rocès

u

sujet

'une

etteestée

mpayeeue

ui

intentèrentn 1368 eshéritierse

Pierre ustria

unior

décédé

n

1361)

C.

Maurel,

loc.

it

,

pp.

107-108. ais n

gnorequel

momentntoineut

hargé

e

cesfonctions

de

gérance.

69.

Confessusuit

urantusabuisset

recepisse

dicto arolo

e

predicto

ala-

rio

XVII

lorinorum

XII

lorenos

uri

ini

A.D.,

ms. 81

E

77,

4v°-95ť°.

70.

Et ncontinenti

...)

Symonis

onstituit

redictum

etrum

rocuratorempecia-

lem t

generálem

d omnes

ictas ausas eu ites t d

petendum

xigendum

mnia

t

singula

ebitauaetdebenda

t d emendumomineuo t

pro

o a

quocumque

er-

catorieeumercatoribusannost liosmerses11novembre334, .D.,ms. 91E

5,

3 v°-94r°.

71. Les

paramètres

e

a

présente

tude enous utorisent

as

à abordere

pro-

blème es ravailleurs

mmigrants.

u'il

uffise

e

soulignerue

es

trangers

e distin-

guent emarquablementarmi

es

apprentis

alariésils

composent

6

% de l'effectif

général,

t

détail on

égligeable,

ous

l'exception

'un eul

pparaissent

ans a docu-

Page 100: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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96

F.

MICHAUD

Francine

Michaud,

Université e

Calgary,Département

'His-

toire,

500

University

rive

N.W.,

Calgary,

Alberta,

T2N

1N4,

Canada

Exploités

ou

profiteurs

Les

apprentis

marseillais

avant la

Peste noire

À

la

veille de la Peste

noire,

es conditions

e travailfaites

ux

apprentis

marseillais ntconnu

une amélioration

ensible,

malgré

la

conjoncture

u

temps.

La

crise

démographique ui

affecte a

cité

depuis

e débutdu

siècle

pourrait

voir stimulé a hausse

des

salaires, insi qu'une participationlus activedans l'échoppe du

maître.Mais

pas

uniquement,

ar ces

conditions

'emploi

favo-

rables semblent

rofiter

urtout ux

eunes

travailleurs n forma-

tiondans

les artsdu

négoce

et

de la

mer,

ctivités

ui

connaissent

alors une brève

reprise.

Apprentissage

travail

Marseille

-

négoce

-

peste

noire

Exploited

or

Profiteers The

apprentices

of Marseille

before

the Black Death

In thewake of theBlackDeath,theworking onditions fappren-

tices

may

have

improved

n

Marseilles,

n

spite

of the economic

straights

f

the

period.Wage

increases,

nd a more active

parti-

cipation

n

themaster's

business,

were not the

mereresults f the

ongoing

emographic

ecline.These features f work

ife

profited

mostly

he

young

workers

raining

n

the rafts hat

equired

mari-

time

and commercial skills.

This

semi-specialized

abour was

needed

perhaps

or he duration f a

short-livedommercial evi-

val in the

city-port.

Apprenticeship

work Marseille

-

trade black death

Page 102: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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Médiévales0, rintemps996,p. 7-107

Katharina IMON-MUSCHEID

INDISPENSABLE

ET

CACHÉ.

LE

TRAVAIL

QUOTIDIEN

DES

ENFANTS

AU BAS

MOYEN-ÂGE

ET À LA

RENAISSANCE

Isidore de

Séville dans son

encyclopédie

écrite au

début du

vif

siècle,

tout comme les auteurs

des traités

didactiques

du

bas

Moyen

Âge,

faisait a distinctionntre

nfantia

t

pueritia.

Le

premier ycle

de

la

vie,

Y

nfantia,

va de la

naissance à

l'âge

de

sept

ans,

suivi

du

deuxièmesepténaire,a pueritia . Ce découpage théoriquen'est passansretentissementur a vie

quotidienne

e l'enfant. n

effet,

ès

sept

ans,

certains nfants

uittaient

eur

famille

pour

aller à l'école ou

pour

êtremis en service.

En milieu

rural,

n

garçon

de

sept

ans devait

déjà

être

capable

de

gagner

sa vie.

D'après

les coutumes allemandes

Weistümer)

du

xve

siècle le

prieur

tait

obligé

d'assurer 'éducation des

orphelins

e

ses

sujets usqu'à l'âge

de

sept

ans et

une

partie

de

l'héritage

de l'enfant

lui

étaitconfiée.Les enfants

auvres qui

ne

possédaient

rien

devaient

êtreélevés aux fraisdu couvent2.

Dès

sept

ns,

filles t

garçons

taient

mis

à

l'ouvrage,

n

particulier

à la campagne.Dans cettepériodeentreY nfantia t la maturité iolo-

gique

de

l'adolescence,

on les

croyait

ssez

développés physiquement

pour

travailler.

Dès

lors,

théoriquement,

ls étaient censés faire les

mêmes travaux

ue

les

adultes.

En

ville

comme à la

campagne

a vie des enfants

hangeait

d'une

manière

plus

ou

moins radicale vers

sept

ans. Les

orphelins

levés à

l'hôpital

ou dans les

hospices

des

enfants

bandonnés,

taientalors

placés.

Mais,

comme nous le

montreun

exemple

bâlois,

cette

règle

1. Isidoři

hispalensis

piscopi,

tymologicarum

ive

originum

ibri XX

W.

M.Lindsay

d.,Oxford,

911,

ib.

XI,

2 K.

Arnold,

Kindheit

m

uropäischen

Mittelalter, dansJ.Martin t A. Nitschked.,ZurSozialgeschichteerKindheit

vol.

,

Fribourg

.B.

Munich,986,

p.

43-467,

46-448

B. A.Hana

w

lt,

«

Historical

Descriptions

nd

rescriptions

or

dolescence

,

Journal

f

amily istory

7, , 1992,

pp.

41-351.

2. K.

Arnold,

ind nd

Gesellschaft

nMittelalternd enaissance.

eiträge

nd

Texte

ur

GeschichteerKindheitPaderborn

980,

.

20.

Page 103: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 103/165

98 K.

SIMON-MUSCHEID

n'était

pas

stricte. ers

le milieudu

xvr

siècle,

un

cuisinier e

l'hôpital

bâlois futcondamné

et mis au ban

parce qu'il

avait violé une fillette

de moins

de douze ans : celle-ci

avait été élevée à

l'hôpital grâce

à

l'aumône commune vant d'être

mise en servicedans une

famille3.

Chez les artisans

t les

commerçants,

es enfants

uittaient

eurs

familles

plus

tard

pour

entrer n

apprentissage.

'après

des contrats

anglais,

allemands et

français,

'âge

des

apprentis

ariait

entre 10 et

15

ans

voire

plus

au

xvr

siècle

selon le métier t la

conjoncture,

es

conditions

conomiques

t e sexe de

l'apprenti.

Au

xive

iècle la

plupart

des

apprentis

masculinsne

s'engageait qu'à

partir

e

14

ans4.

Mais

il

y en avaitde plus eunes. À Londrespar exemple,des lois défendaient

aux

artisans

'employer

des

apprentis ui

n'avaient

pas

encore atteint

sept

ans.

Mais

que

se

passait-il

avant l'entrée en

apprentissage,

vant de

signer

es contrats t avant de

confier es enfants ux

étrangers our

qu'ils apprennent

n métier

Il

est certain

ue

les

garçons

t

les filles

contribuaient

l'économie familialebien

plus

tôt.

En

ville

comme

à la

campagne

es enfants taient

ntégrés

e bonne heuredans le mondedu

travail

oit dans leur famille oit dans une autre.

Pour

le

chercheur a

tâche

est

rude comment

epérer

es traces de ces

garçons

et de ces

filles ravaillantu

foyer

amilial,

hez des

étrangers

u au

serviced'un

tiers En arrachant es petits outsd'informationsuxdifférentesour-

ces,

en

confrontantes documents ormatifs

ux discours ur e

travail,

aux

autobiographies

t aux contrats

otariés,

ux archives

udiciaires

t

aux livres

de

comptes,

aux

ordonnances t aux lettres

privées

sans

oublier les sources

iconographiques

alors,

les différents

spects

de

l'enfance

e dévoilent. es documents

iversnous

permettent

e recons-

truire

es

types

de travail onfiés ux enfants n fonction

e leurmilieu

social. De

plus,

es

contrats

'apprentissage,

ar

exemple,

t les

témoi-

gnages

relevés lors d'un

procès

entre e

patron

t

l'apprenti,

ffrent

deux

aspects

de

la même situation. ls nous

informent,

'une

part

sur

les conditionsde travail au niveau normatift, d'autrepart, ur lesconflits oncrets ntre es

partenaires.

Pour démentir es théoriesde

Philippe

Ariès,

les

spécialistes

de

l'histoire

de l'enfance au

Moyen

Âge

et

à la

Renaissance,

mettent

l'accent sur a recherche

es sentimentsmaternels t

paternels.

t c'est

pour

cetteraison

qu'ils négligent

ouvent es

aspects économiques

du

travail

des enfants.

3.

Staatsarchiv

asel-Stadt,

rfehden

II,

Ratsbücher

,

6,

1544.

4. F.

Michaud-Fréjaville,

Bons t

oyaux

ervicesles ontrats

'apprentissage

en

Orléanais

1380-1480)

,

Annalese 'Est

numéro

pécial

Les

entréesans a vie

initiationst pprentissages5e érie,4e nnée,°1-2, 982,p.183-208K. L. Reyer-

son,

TheAdolescent

pprentice/Worker

n

Medieval

ontpellier

,

Journal

f

amily

History

17, , 1992,

p.

53-370

K.

Wesoly,

ehrlinge

nd

Handwerksgesellen

m

Mittelrhein.hre

oziale

age

und hre

rganisation

om 4. bis ns17.

Jahrhundert

Francfort

/M.,

985 B. A.

Hanawalt,

Growingp

nMedieval

ondon. he

xpe-

rience

f

Childhoodn

History

Oxford/Nework

993,

oir

pécialementp.

129-171.

Page 104: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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INDISPENSABLE

T

CACHÉ 99

Indispensable

ans

'économie familiale t artisanale insi

que

dans

les manufactureses

grands

entres

extiles,

e travaildes enfants été

négligé rop ongtemps ar

es

historiens,

lus

soucieuxdu

travail

qua-

lifié et

«

rémunéré . De

même,

le travail des

enfants idant leur

famille este

préciser

ar âge

et

par

sexe.

De

plus,

l fautbien distin-

guer

entre es différents

ypes

de travail

d'enfant,

ntre

es enfants

contribuant l'économie

familiale t les enfants

lacés,

entre e travail

rémunéré 'une manière

u d'une autre t

l'apprentissage ayé

par

es

parents

u

par

le tuteur u futur

pprenti.

Limiter a recherche

u

travail

alarié aurait

pour conséquence

de

négliger ne grandepartiedes enfants ravaillant ans d'autrescondi-

tions.Mais

reproduire

'idée

selon

laquelle

les enfants aidaient

eurs

familles elon leurs facultés

n'est

pas

satisfaisant on

plus.

Mettons

plutôt

n évidence

toute a

gamme

des travaux

ccomplis

par

des

fil-

lettes t des

garçons, u'il

s'agisse

d'enfants

ontribuant l'économie

familiale,

'enfants

lacés, d'apprentis

u de

filles mises en service.

Pour déterminer

a valeur déale et la valeur

concrète ttribuées u

travaildes

enfants,

'ai

commencé

ma

recherche

n étudiant es traités

pédagogiques

et des ordonnances

ustigeant

es mendiants. es textes

du bas

Moyen Âge

et du

xvie

iècle,

destinés

instruirea

bourgeoisie,

nous transmettent

'image

de

l'enfant élever. ls

proclament

es

vertus

chrétiennes t morales à inculquer, out en respectanta divisionpar

sexe : les

garçons

feront es

études,

es

filless'adonneront ux travaux

manuels. Dans l'éducation des filles

de

tous

les milieux sociaux

par

exemple,

es travaux

extiles

ouent

un rôle crucial.Les auteurs

onseil-

lent de faire ravailler es filles

pendant

oute a

journée, pour

e

salut

de leur âme

:

prier,

oudre,

filer,

isser,

roder

pas

de

littérature,

ui

pourrait

roubler

es

esprits

modestes t es âmes

pures

des futures em-

mes

En

outre

l

fallait troitement

urveilleres fillesafind'éviter

es

dangers

iés à l'oisiveté féminine5.

En même

temps,

es

principes

noncés dans les

traités

édagogi-

ques et destinés disciplineres filles avaientune grandeutilité ansla vie de tous es

ours.

Car ils rendaientes filles

apables

de contribuer

à l'économie

familiale,

n les faisant ommencer

ar

des travaux

ex-

tiles

uxiliaires,

a

préparation

e la laine et du cotonet

e

filage.

Certes,

une fille

ayant ppris

coudre,

filer

t

à raccommoder es vêtements

gagnait

insi

une

«

dot

spirituelle

,

mais

il

faut ussi se

rendre

ompte

de la valeurde cettemain-d'œuvre

our

es ateliers

t es manufactures.

Abstraction aite

de tous es

problèmes

iés à l'évaluation

des salai-

res et à

l'interprétation

es

chiffres,

n constate

que

les salaires des

enfants,

aissés

par

les documents

médiévaux,

taient ncore

plus

bas

5. K.Arnold,Mentalitätnd rziehungGeschlechtsspezifischerbeitsteilung

und

eschlechtersphären

ls

Gegenstand

er

ozialisation

mMittelalter

,

dans

.

Graus

(éd.),

MentalitätenmMittelalter.ethodischend nhaltliche

robleme

Vorträge

nd

Forschungen

XXV),

igmaringen,

987,

p.

57-288

D.

Thoss,

Frauenerziehung

m

späten

ittelalter

,

Frau nd

pätmittelalterlicher

lltag

Veröffentlichungen

es nsti-

tuts ür

mittelalterliche

ealienkundesterreichs

, Vienne,986,

p.

01-323.

Page 105: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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INDISPENSABLE

T

CACHÉ

1 1

tres-artisans

loquèrent

'initiative es réformateursestinéeà réinté-

grer

des enfants-mendiants

ar

le travail.

Pour mieux

apprécier

a valeur des enfants omme

main-d'œuvre,

il faut e faireune idée de cette

ociété,

rurale t

citadine,

auvrepour

la

plus grandepartie,

insi

que

du

système conomique

fragile,

oumis

à la moindrefluctuation e la

conjoncture.

Aussitôt

que possible

les

adultes

déléguaient

outes ortes e travaux ux

enfants t aux servantes.

En aidant les adultes ils contribuaient l'économie familiale.

Des

enfants taientutilisés

pour

travailler

la maison et dans les

ateliers,

dans

les

champs

et les

vignes.

«

Quand

'étais gosse,

ma marraine

ou

ma mère)m'emmenait ravailler ans les vignes», se rappellent es

vieilles femmes ors d'une

enquête

ur

es

rapports

e

possession

d'une

vigne.

Selon des

comptes,

des fillettes t des

garçons

ramassaient

es

pierres9.

Nourris hez le

patron,

es enfants

lacés soulageaient

eur

famille,

dont es

dépenses

étaient insi réduites.

À

partir

e

l'âge

de

sept

à dix

ans les enfants taient tilisés elon leur

âge

et leurs

capacités

comme

main-d'œuvre, uvriers, ourriers,

ervantes t fileuses.

Prenons

par exemple

es devoirs

que

l'on demandait

une fillede

huità dix ans. Dans

une

lettre,

rancesco di Marco

Datini,

marchand

de

Prato,

priait

on

partenaire

e lui

procurer

ne

eune

esclave

pour

des travauxdomestiques

«

Achetez-moi,

crit-il,

ne

esclave,

jeune,

robusteet de bonne

qualité

...)

forte t

capable

de travailler

ur,

pourque je puisse

'élever

à ma

façon.

...)

Elle

apprendra

mieux et

plus

vite et elle

me

servira

mieux. Je ne lui demanderai

ue

de faire a vaisselle et

d'apporter

e

bois

et le

pain

au

four,

t

d'accomplir

des tâches de cette sorte...

10.

Dans

cette

ettre,

l

s'agit

d'une

esclave,

bien

sûr,

mais les tâches

demandées ne

se

distinguaient as

de celles d'une fille

orpheline

née

libre t mise en

service.

On

demandait ux enfants e faire a

vaisselle,

d'allumer et de surveiller e

feu,

d'apporter

de l'eau et

du

bois,

de

nettoyera cuisine et de

faire

des

commissions.

Commel'a

déjà

montré arbaraHanawalt, es archives

udiciaires

s'avèrent des sources très informatives

ur la vie

quotidienne

des

enfants.

En

analysant

es accidents mortelsdes enfants

d'après

des

«

coronersrolls

»

anglais

du

xive

siècle,

elle arrive reconstruirees

situations

ypiques

t es lieux

des

accidents

iés au travail. lle constate

que

la

divisiondu travail

par

sexe se faisait rès ôten ce milieu rural.

D'après

ses

résultats,

es

enfants,

l'âge

de deux et trois ans

déjà,

commençaient

s'identifier u travailde leur

père

ou

de leur mère.

9.

D.

Rippmann,

Le travailalariét escorvées

ans a sociétéuraleunord-

ouest e a Suisse travailéminin,ravail asculinlafin eMoyen ge tau xvr

siècle

,

Bulletinu

Département

'histoire

conomique

e

'Université

e Genève

23,

1992-1993,

p.

5-38 E.

Ennen,

ie Frau nder

pätmittelalterlichen

tadt

Stuttgart,

1988,

voir

pécialement.

154.

10. .

Origo,

The omestic

nnemy

The asternlavesn

Tuscany

n

he our-

teenthnd

ifteenthenturies

,

Speculum

XXX,

,

1955,

p.

21-366,

29.

Page 107: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 107/165

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8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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INDISPENSABLE

T CACHÉ 103

étaient

onfiées

pendant

eux

années,

taient

menaçéespar

toutes ortes

de

dangers

éels et

imaginaires.

ans

son

autobiographie,

l

se

rappelle

la

neige profonde,

es rochers t les

abîmes,

es chutesde

pierres

t

les

torrents.

raignant

es oiseaux de

proie,qui

étaient ensés enlever

non

seulement es chèvresmais aussi

des

petits

nfants,

homas et es autres

gardiens

u

village

es chassaient

ar

des armesmatérielles

t

spirituel-

les,

par

leurs

bâtons de

gardien

t

par

des bénédictions.

Plus d'une

fois,

selon son

autobiographie,

l

faillit

perdre

a

vie,

comme

es enfants ontB. Hanawalt a

analysé

a mort.

ar un faux

pas

les chèvres et

leur

gardien pouvaient

glisser

et tomber

du

haut des

rochersdans des abîmes.Entre utres,Thomas Platter écrit n détail

une situation

ypique

de la

vie d'un enfant

lacé

: au lieu

de

garder

leurs

roupeaux,

homas

et sa

petite opine ouèrent rès

d'une

«

bisse

»

(long

canal

d'irrigation

n

Suisse)

à

irriguer

es

prés.

Mais

pendant

e

temps

es chèvres 'étaient

chappées

vers a

montagne.

a

copine,

fille

du

paysan qui possédait

es

chèvres,

entra

la maison comme à son

habitude,

ans

s'inquiéter

u

troupeau,

andis

ue

Thomas,

enfant

lacé

comme

gardien,

e mit à la recherche es bêtes.

N'osant

pas

rentrer

sans

les

chèvres

ui

lui avaient té

confiées,

l

s'égara

dans a

montagne

et

passa

la nuitcouché

sous un arbre.Le matinvenu

il

s'aperçut que

les

racines

de l'arbre e

penchaient

urun abîme

profond.

out e monde

le croyait éjà mort arce qu'il n'étaitpas rentréa veille au soir.Quant

aux

chèvres,

lles étaient evenues outes eules

au

village.

Cette aven-

ture,

raumatisante,

taitfixée dans sa mémoire

le vieillardne l'avait

pas

oublié14.

D'autres

dangers

étaient iés

aux travaux

domestiques lpins.

De

grands

haudrons estinés

chauffere lait étaient onfiés

ux enfants.

Ceux-ci étaient

hargés

de les

garder

n

empêchant

e feu de s'éteindre

et le lait de se sauver.

Par accident e

petit

Thomas tombadedans et fut

brûlé

par

le lait chaud.

De cet autre ccident ié au travail

l ne

gardait

pas

seulement e souvenirmais

il

porta

ussi toute

a vie les

marques

des brûlures.

Quant

au salaire, es enfants

lacés

commePlatterne recevaient

pas d'argent.

D'habitude

ils étaient

ogés

et nourris

ar

leur

maître,

n

été couchés dans le

foin,

n hiver ur un sac

plein

de

vermine. latter

ne semble

pas

avoir

reçu

de

vêtements.

l

décrit es siens

comme

pauvres

et

usés,

il

parle

du veston

égaré

lors de

l'épisode

de

la recherche es

chèvres,

es

pieds

nus

et

des sabots

perdus

dans la

neige profonde.

n

revanche,

es

repas

étaient

imples

mais suffisants.

'après

son témoi-

gnage,

es

gardiens uittaient

a

maison

trèstôt e matin n

emportant

du

pain

de

seigle

et du

fromage

ans

un sac à dos. Le soir on

mangeait

une

soupe

de lait et de

fromage

ondu

«

Käsmilch

»),

que

l'on faisait

bouillirdans les grands haudrons ont nous avons déjà parlé.

Platternous fournit es informations

récises

et

détaillées sur es

conditionsde travaildes

gardiens.

Dans le

passage

que

nous

venons

14.

bid.,

p.

9-35.

Page 109: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 109/165

104 K.

SIMON-MUSCHEID

d'étudier 'auteur

présente

a vie d'enfant

lacé

et le travaildu

groupe

de

gardiens

u même

âge

dont

l

faisait

artie.

l

se

rappelle

es

copains

qui

l'aidaient et

le

pleuraient

orsqu'ils

e

croyaient

mort,

l

se

rappelle

le

plus

fort 'entre

ux

(qui

le

protégeait),

es

eux

et es

repas

communs

à la

montagne

t,

ce

qui

est

important,

a

solidarité ntre es

petits

gardiens.

Quittons

e

monde

alpin pour

continuer otre

recherche ans les

boutiques

t

es ateliers es

artisans,

n suivant es

témoignages

u

père

et du fils

Platter. homas

Platter,

'ancien

gardien

de

chèvres,

près

de

longues

années d'études

étaitdevenu

mprimeur

ans la

ville de Bâle.

Se séparant e ses deux compagnons,l avait couru e grandrisquede

fairedes dettes n

achetant ne

maison

pour

devenir

ropriétaire

'une

imprimerie.

ans les

autobiographies,

e

père

et le

fils,

Félix,

futur

médecin,

e

souviennent u

temps

difficile,

ù toute a

famille ut bli-

gée

de

travailler ans

son

imprimerie.

homas Platter t son

fils décri-

vent es

travaux

ccomplis

à

l'intérieur e

l'imprimerie

t,

ce

qui

me

semble

particulièrement

ntéressant,

a

division

par

sexe et

par âge.

Tho-

mas

Platter,

e

patron, mprimait

es livres sur

commande l'aide des

compagnons

mprimeurs

andis

que

sa

femme onfectionnait

es bal-

lons

d'encre destinés

noircir es lettres.

es

petits

nfants u

couple

à leur tour

issaient e

papier

avec

les

mains,

«

les

doigts sanglants

d'après le souvenirdu père,Thomas,et du fils Félix15.

Pour survivre

ans ce métier la

fois

prestigieux

mais

soumis à

de

fréquentes

aillites,

a femme

t les enfants urent

mployés pour

fairedes travaux

ndispensables

mais

non

qualifiés.

De cette

manière

le

couple

pouvait

réduire es

dépenses

de salaire.

En

même

temps, our

payer

es

dettes,

'épouse

de Thomas avait

accepté

une

vingtaine

'étu-

diants omme

pensionnaires

«

Tischgänger

).

La

mémoiredes vieillards

crivant eur

autobiographie

st sélec-

tive.

Mais chacune

relate des

épisodes

mettant n scène le travail

d'enfants.

Ce

ne

sont

que

des

petites

cènes

évoquées

à la

manièrede

«

flash

,

et

pourtant

lles ont une valeur

spéciale

comme

document,d'unepart our a vie individuelle e l'auteur t d'autre

part our

recons-

truire 'enfance de

différents

roupes

sociaux.

Revenons

aux deux

générations

latter. es deux enfants

taient

obligés

de

travaillermais les

conditions t le statut

vaient

changé,

de

l'enfant

auvreplacé gardant

es chèvresď autrui u fils

du

propriétaire

d'une

imprimerie

idant son

père. Platter-père

vait

pour compagnons

tout

un

groupe

de

garçons

et de

filles,

enfants

placés

comme lui et

enfants e

paysans.

Platter-fils

n revanchenous décrit

es

dépendances

à

l'intérieur

'une

imprimerie

du

patron

ndetté ux

compagnons

t

aux travaux

uxiliaires

ue

faisaient

a femme t les enfants.

15.

bid.,

pp.

118-129;

elix

Platter,

Tagebuch.

Lebensbeschreibung

,

par

V.

Lötscher

d.,

âle/Stuttgart,

976,

.

97 voir .

Darnton,

he

Great at

Massacre,

Harmondsworth,

985 N.

Davis,

es

culturesu

peuple.

ituels,

avoirst

résistances

au

xvr

iècle,

aris

979,

oir

pécialement

es

chapitres

Grève t salut

Lyon»,

pp.

15-39 t

L'imprimé

t e

peuple

,

pp.

08-365.

Page 110: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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INDISPENSABLE

T

CACHÉ 105

Pour

comparer

es deux

situations,

renons

deux

autresautobio-

graphies.

crivant ans la deuxièmemoitiédu

xvie

siècle,

Konrad von

Weinsberg

e

Cologne

se

rappelle

es

jeux,

les

maladies,

'école et les

travaux

accomplis

au

sein de la famille. Le

petit

Konrad aidait ses

parents, ui

tenaient n débit de boisson.

Lorsqu'il

rentrait e

l'école,

il

descendaitdans la cave

pour

aller chercher e vin

que

ses

parents

offraientux clients.

l

dit

qu'il

détestait e travail

quotidien

d'autant

que

les voisins et d'autres

clients 'amusaient

taquiner

e

petit

garçon

en le

faisantdescendre

et monter ans cesse. Le même auteurnous

donne un

exemple

de la division du travail

par

sexe dans

sa famille.

Pour 'empêcherde jouer dans la rue comme es autresgarçonsde son

âge

-

il

avait alors dix ans

-

sa mère ui faisaitdévider

e

fil

tandis

ue

ses filles et les servantes

ilaient

du

matin

au soir.

La tâche la

plus

importante

ui fut onfiée

l'âge

de

douze ans

lorsque,

pour

a

première

fois,

on

père 'envoya

seul chez son

associé,

un marchand

e vin.

Après

un

voyage

en bateau de neuf

ours,

Konrad transmit

es lettres son

hôte 6.

Terminons e

parcours ntrepris

ur a recherche

u travail 'enfant

chez les

artisans.

'après

les contrats otariés

t

ceux

qui

étaient

assés

dans la

corporation,

es conditions

'apprentissage

t la somme due au

maître ariaient elon

l'âge

de

l'apprenti

t le métier. ans une édition

des contrats otariés e la ville de Fribourgn Suisse,publiée parHek-

tar

Ammann,

armi

es

90

contrats

assés

entremaître-artisant com-

pagnon

de

métier u entre

maître t

apprentis,

ne

petite

minorité

e

quatre

contrats eulementmentionne n

filius mpúber11

Ces contrats

ui

définissaientes conditions e

l'apprentissage

ous

révèlent

e réseau social

du futur

pprenti.

Mais

pour

reconstruirea vie

quotidienne

t

les relations ntre

patron

t

apprenti,

l

faut chercher

ailleurs.Les

autobiographies

omme celle du futur

moine

Johann

utz-

bach18

crite

vers le début du

xvr

siècle

par

exemple,

confirmentes

reproches

téréotypés

ormulés,

u

xive

u

xviif

siècles,

par

es

appren-

tis à l'égard de leur maître.Apprenti ailleur vers l'âge de 15 ans) ilse

plaint

du travailde nuit« inhumain dû à la

conjoncture

u métier

où la

morte-saison st

suivie

d'activité

ntense

uste

avant es

jours

de

16. Das BuchWeinsberg.usdem eben ines ölner atsherrnJ.J.

Hässlein

éd.,Munich,962,

e

d.,

p.

5-66.

17. H.

Ammann,

ittelalterliche

irtschaft

m

Alltag.

uellen

ur

Geschichte

on

Gewerbe,

ndustriend andel es14.und 5.

Jahrhunderts

us

Notariatsregistern

on

Freiburg

m

Üchtland

Bd.l,Aarau,

942, 945,

.

471. Johanneslan

romittit

ro-

curare,

uod

Claudius

ilius

uus

mpúber

ervireietro

eckler,

ercerio

n

rte

ua

mercerie

er

annosn

.penthecostes

ncohandos

ro

2 b.dieto etro

er

Johannem

persolvendis

cilicet

n

.

beati etrid vincula lib. t lias6 lib. n

principio

ecundi

anni. etrusebet icto laudio ictumtmensámare, routecet...etrusromittit

Claudium

redictam

rtem ercerieocere t nstruere

mniaque

n ademrte

erti-

nentiat

que

ndieta rte

equiruntur

ocere t uo

posse

monstraret

b

ipso

non e

occultare

aciendo

olores. estes....

18. Johannes

utzbach,

deporicon.

weisprachige

usgabe,inleitung,

ber-

setzung

ndKommentaronA.

Beriger, einheim,991,

p.

61-262.

Page 111: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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106 K.

SIMON-MUSCHEID

fêtes. l se

rappelle

es

coups

du

maître,

e la maîtresse t même des

serviteurs,

utre eitmotiv

es

plaintes

des

apprentis.

yant

bandonné

le monde

pour

entrer u

couvent,

l s'en

prend

la vanité t

par

consé-

quent

aux tailleurs.

Mais ses tendances

hostiles u métier es

tailleurs

ne

l'empêchent

as

de

dépeindre

a

condition e

l'apprenti

ituéen

bas

de la hiérarchie. ar en se

plaignant

es tâches

qu'on l'obligeait

à faire

au lieu

de

lui

apprendre

e métier

de

tailleur,

l

dresse une

liste des

travauxréfutés

ar

les

compagnons

aller

chercher e

l'eau,

nettoyer

la

maison,

llumer e

feu,

faire outes

ortesde

commissions,

ecouvrer

des dettes

our

e

patron

t,

e

pire,

volerdans les

églises

la cire fondue

des chandeliers.

Les défautsmentionnés

ar

Butzbach t d'autres ont

onfirmés

ar

d'autres

émoignages.

i la

brutalité u maître u de la

maîtresse

épas-

sait

es limites u châtiment

outumier,

es

parents

u le tuteur

e l'enfant

poursuivaient

es

malfaiteurs.t ce sont es

plaignants

u les témoins

ui

nous fontvoir

e reversde la médaille d'un

contrat. ans ce

genre

de

conflit

'apprenti

t

ses

parents

herchaient

annuler e contrat u à

légaliser

a

rupture

u

contrat,

our

ontinuer

'

apprentissage

illeurs.

es

patrons,

n

revanche,

énonçaient

égulièrement

a

paresse

de

l'apprenti

ou l'accusaientde tout

asser,

de

voler,

e ne

pas

travailler

9.

Très souvent

nexistantes ans les contrats

otariés t es listesdes

apprentis es métiers,es fillesapparaissent ans ce typede sources.

Car les contrats

ressés ntre es

parents

'une

filleet un maître u une

maîtresse 'ont

pas

le même

caractère fficiel.Moins

publics,

ouvent

oraux,

ces

arrangements

estent

achés

usqu'à

ce

qu'un

conflit clate

entre

es

partenaires.

t c'est dans

ces cas seulement

ue

nous

appre-

nons 'existenced'un contrat

ui réglait

es conditions

'apprentissage

d'une fille en

dehorsd'une

corporation.

Ainsi,

d'après

e

témoignage

'une

voisine,

es

parents

vaientmis

leur fille en

service chez un

couple pour

qu'elle apprenne

filer u

rouet,

la

main,

et à coudre. Dans

ce contrat e maître t la

maîtresse

avaient

promis

de ne

pas

la

frapper

la tête.

Mais la femme

émoignaavoir vu souvent a maîtresse a

frapper

la têteavec le

poing

et lui

arracher e

fuseau. Tombée à

genoux

devant sa

maîtresse,

a fille

l'implorait

e la

garder

t

d'attendre e retour e son

père

avant de la

mettre la

porte,

mais selon e

témoignage

e la

voisineelle fut hassée.

Cette nformationur la situation

es filles mises en service

nous est

transmise ans une série de

témoignages

âlois20.

19.

K.

Wesoly,

ehrlinge

nd

Handwerksgesellen

m

Mittelrhein.hre

oziale

Lage

und hre

Organisation

om

4. bis ns17.

Jahrhundert

Francfort

/M.,

985,

pp.

2-84 A.

Griessinger,

.

Reith,

Lehrlinge

m eutschen

andwerkes

usgehen-

den 8.Jahrhunderts.rbeitsorganisation,ozialbeziehungenndlltäglicheonflikte,

Zeitschrift

ür

istorische

orschung

3, , 1986,

p.

149-199.

20. K.

Simon-Muscheid,

Frauenarbeitnd

Delinquenz

m

pätmittelalterlichen

Basler

extilgewerbe

,

dans ine

tadt er

rauen.

uellen

nd

tudien

ur

Geschichte

derBaslerinnen

m

päten

ittelalternd

u

Beginn

er

Neuzeit

13.-17.

ahrhundert

>

H. Wunder

d.,

Bâle/Francfort

/M., 995,

p.

2-98.

Page 112: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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INDISPENSABLET

CACHÉ 107

Comme nous l'avons

constaté,

e travail es

enfants tait

ndispen-

sable en milieurural insi

qu'en

milieu citadin.

Mais,

en même

temps,

le

travail

des enfants ontribuant l'économie

familiale,

t celui des

enfants

lacés,

ont aissé

peu

de traces.Le travail

uotidien

n'est men-

tionné

que

dans des circonstances

xtraordinaires,

ors d'un accident

par exemple.

Quant

aux

autobiographies ue

nous

venons

d'analyser,

elles révèlentdes

aspects

de la vie

privée

et,

dans

ce

contexte,

es

conditions e travail.Les archives

udiciaires,

n

revanche,

nous

four-

nissent

es informationsiches ur

«

la violence au

quotidien

entre e

patron

t

l'apprenti

les conflits clatent

cause du mauvais traitement

des apprentis, u travail t du salaire. De plus,les archivesudiciaires

nous

aident découvrir

e travail

es filles

placées

ou mises en

service,

encore

plus

difficile découvrir

ue

celui des

garçons.

Katharina

Simon-Muscheid,

Historisches

eminar

Universität

Basel,

Baslerstrasse

35,

CH

4123,

Bâle,

Suisse

Indispensable

et caché. Le travail

quotidien

des enfants u bas

Moyen Âge

et à la

Renaissance

4

Au bas

Moyen Âge

et à la

Renaissance,

e

travail es enfants tait

commun t ndispensable. rèstôt, es filles t les garçons ontri-

buaient l'économie familialed'une

manière u d'autre.Mais ce

travail

uotidien,

on

payé,

a

laissé

peu

de

traces,

ouvent

l

n'est

mentionné

ue

dans des circonstances

xtraordinaires

omme,

par

exemple,

des accidents t des conflits.

Enfance

-

travaildes enfants économie familiale

apprentis-

sage

(garçon,

fille)

-

enfants

lacés

-

servantes

Indispensable

and hidden. The

daily

labour of children

In the Late Middle

Ages

and theRenaissancechild labourwas

common and indeed

ndispensable.

rom

an

early age,

girls

and

boys

contributed

o their

amilies' ncome n various

ways.

Des-

pite

its

common

occurence,

hild

labour,

often

unpaid,

s docu-

mented

n the

ources

only

n

the ontext f

special

circumstances

such

as,

for

example,

accidents nd conflicts.

Childhood child abour

-

household

conomy

apprenticeship

(male, female)

-

fostering

f

children servants

Page 113: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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110

R.PARIS

qui peigne

ou carde a

laine,

cardeur

«

battilana

, soit,

tymologique-

ment,

atteur e

laine]

».

Second

point

cquis,

a

datation u terme

ui

semble avoir fait on

apparition

ans le

parler

florentin

l'époque

de la dictature u

duc

d'Athènes,

Gautier

e

Brienne,

equel,

chassé

par

e

soulèvement u 26

juillet

1343,

y

aurait

aissé,

outrede mauvais

souvenirs,

'héritage

'un

mot

«

compaire

ou

«

compar

,

compère,

dont aurait

procédé

notre

«

ciompo

».

Il

y

a

là,

toutefois,

ne

assimilation

inguistique

difficile,

inon

impossible

le

passage

du

k

au č ne

se faisant

pas,

en

toscan,

devant

les voyellespostérieuresa, o, u), on voit mal comment uk de « com-

paire

»

ou

«

compar

les Florentins

uraient

u

tirer

e

č

(ou tch)

de

«

ciompo

». Il

n'est

pas

inutile,

n

revanche,

e

souligner

ès mainte-

nant

que

Marchionne i

Coppo

Stefani,

nventeur e

cette

étymologie

qui

a fait

florès,

nous

présente,

ans sa

Cronaca

fiorentina

le mot

français

dans deux

contextesdifférents soit

que

Gautier

harangue

démagogiquement

a

«

plèbe

»

en lui donnant e

«

titre ienveillant

de

«

compaire

,

soit

que

les soldats

français

raternisent

vec le

petit

peuple

en l'invitant u

cabaret

«

Compar,

llois à boire »3.

Ce dernier

contexte,

lus

convivial,

nous

sera,

en

effet,

'un

grand

ecours.

Ma

première

ypothèse

m'a été

suggéréepar

le

Dizionario

della

lingua taliana de G. Devoto et G. C. Oli qui donne du mot« ciompo»

la

définition t

l'

étymologie

ue

voici,

traduites e l'italien

«

Ciompo,

.

m.,

1.

Salarié,

mployépécialisé

e l'Art e la

Lainedans

la Florence u xive

iècle.2.

fig.

Homme e la

plèbe

croisement

'un

onomatopéique

ci...n

"sautillant"vec

«

zompo

(cf.)]

4.

N'insistons

pas

sur la

faiblesse

heuristique

e cet

«

onomatopéi-

que

»

pour

nous

reporter

ussitôt la

définition e

«

zompo

»

(qui pro-

cède

d'évidence de la même

origine

ue l'anglais «jump

»)

:

« Zompo, . m.,dialecte omain.aut nattenduténergique5.

Le

passage

du z

de

«

zompo

»

au

"ci" de

«

ciompo

»

que suggère

Devoto

pourrait

e

pas

faire

problème.

l

est

amplement

ttesté,

ar

exemple,

dans le

Dizionario

del

dialetto

veneziano

de

Giuseppe

Boerio

auquel 'emprunte

es

correspondances

uivantes u toscan u vénitien

«

Ciabatta

Savate]

Zavata

Ciabatteria

Chose

de

peu

de

prix]

Zavatae

,

et,

bien entendu

3.

Cf.,

espectivement,

.

Vivanti,

La storia

olitica

sociale,

all'avventoelle

signorie

ll'Italia

pagnola

,

dansR.

Romano,

.

Vivanti,

ir.,

toria

'Italia

vol.

I,

t.

1,

Turin,

974,

.

280 tn.3 A.

Stella,

op.

it.,

p.

9-62.

4.

G.

Devoto,

. C.

Oli,

Dizionario

ella

ingua

taliana

Florence

1971,

.

487.

5.

G.

Devoto,

.

C.

Oli,

op.

cit.,

.

2

709.

Page 115: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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LES

«

CIOMPI :

CARDEURS,

OULONS,

ÂTARDS 111

«

Ciomperia

opera

malfatta)Zavatada cosa sciocca o

scipita)

, où

l'on

peut

bserver n

égerglissement

e sensd'«

œuvremal faite

à

«

chose

tupide

u

insipide

6.

Ce

qui

peut

faire

problème,

'est

l'emprunt,

e

passage

en

toscan

d'un

terme,

zompo

»,

qui

appartient

u dialecte romain.

On écartera

donc cette

étymologie.

Mais un

autre

dictionnaire,

elui de

Candido

Ghiotti,

a nous offrirci

une solution

pparemment

lus

satisfaisante

avec le verbe

«

zombare

qui,

lui,

appartient

u

toscan

«

Zombare,

. tr.

toscan)

battre,

rapper,

osser

7.

Jouant es

correspondances

t

des

glissements

e sens du

Dizio-

nario

de

Boerio,

nous

pouvons

enrichir

otredéfinition

«

Zombare,

tose.)

Bastonàr, rzàr,

Pestàr

Bâtonner,

attre,

iéti-

ner]

8,

et retrouver

ême,

ar

e détour u

verbe Orsar

Tasser

vec

une

hie,

'est-à-dire

amer]

9,

es

gestes

'un

métier.

L'on

peut

dès lors se demander

i ceux

que

nous

avons commo-

dément

ésignés

du nom

de

«

cardeurs

ne seraient

as plutôt

es

«

fou-

lons ».

Plusieurs

motifsmilitent n ce sens.

Et

d'abord,

comme e

rap-

pelle AlfredFranklindans son précieuxDictionnairehistoriquedes

arts

métiers t

professions

la

confusion,

ongtemps

ntretenue,

ntre

les deux

métiers

«

Il est

probable

u'ils

[les cardeurs]

estèrent

endant

fort

ongtemps

nis aux

foulons,

t l'on ne saurait

dire à

quelle

date ls

commencèrent

former ne

communauté

ndépendante

.

Si,

à

Paris,

les foulons e

constituentn

corporation

ès

1257

n,

il

faut e

reporter

à une

Liste

générale

et

rôles de tous es arts

et métiers

...]

distingués

en

cinq

rangsf

elon la bonté t a

valeur ďiceux

pour

trouver n

1586 :

«

4e

rang,qui

sont es métiers

'entre es médiocres

t les

petits

[...]

Foulons

-

aplanyeur

e

drap

[...].

5e

rang,qui

sont es

petits

métiers

[...]

cardeur n. Mais

joue

aussi

l'analogie

entre es

techniques

si

les

cardeursdémêlent a laine avec des cardes,c'est-à-diredes peignesà

dentsde

fer,

es

foulons,

omme

on va le

voir,

utilisent es

chardons,

-

ces

mêmes hardons

u ces cardes

uxquels

nous renvoie

'

étymologie

de

«

cardeur . Et

pèsent

urtoutes

images,que

l'on

pourrait uperpo-

ser,

des hommes leur

travail.

Voici les

«

ciompi

»

tels

que

les

peint

dans sa

Cronaca Alamanno

6. Cf. Indice

taliano-venetodans

.

Boerio,

izionario

el

dialetto

eneziano

Venise,

856,

éimpr.

lorence,

983,

p.

7-28,

insi

ue

«Zavatada», izionario...,

op.

cit.,

.

808.

7. C.

Ghiotti,

l Novissimo

hiottied. urataa

G.

Cumino,urin,961, .

1255.

8. « Indicetaliano-eneto,od.cit., .152.9. « Orsar

,

G.

Boerio,

izionario...,

p.

cit.,

.

455.

10. A.

Franklin,

ictionnaire

istorique

es

rts,

métierst

professions

xercés

dans

aris

epuis

e

Treizième

iècle

Paris-Leipzig,

905,

.

126.

11.

d,

bid.,

.

337.

12.

d,

bid.,

p.

11-213.

Page 116: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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LES

«

CIOMPI

:

CARDEURS,OULONS,

ÂTARDS 113

-

mépris

ffectueux,

i l'on veut... Je

pose

donc

que

mon informateur

a

pu

mal

entendre

t

'imagine

cette autre

phrase

«

Champi,

allois

à

boire

».

Certes,

e

vois bien

l'objection que

me feraun familier e

George

Sand

:

vous

imputez

aux hommes de Gautier de

Brienne,

dont vous

ignorez 'origine,

un terme errichon Mais si

«

champi

a été effec-

tivement emis la

mode,

dans un contexte

errichon,

ar François

le

Champi

1850),

il

s'agit

à,

comme e

rappelle

Littré,

qui 'emprunterai

certainsde mes

exemples,

d'un terme

ncien17,

'une extension

plus

large,

dont

'usage

est attestédu

xive

au

xvr

siècle

et

que paraissent

ignorer, u fait ans doute de sa connotationnjurieuse, ant e Thrésor

de la

languefrancoise

tant ncienne

que

moderne

e Jean

Nicot

1621)

que

le Dictionnaire

de Furetière

1685),

voire e Dictionnaire

tymolo-

gique

de

F.

Noël et

L.

J.

Carpentier,

ontemporain ourtant

u roman

de

George

Sand18.

Il

n'est

pas

sûr,

du

reste,

que

«

champi

ait

désigné

en

priorité,

comme e

suggèreGeorge

Sand,

'enfant

rouvé abandonné erait

lus

juste

-

au bord de

quelque champ.

L'un des

premiers émoignages

u

terme,

até de 1390

(A.N.,

JJ

139,

pièce

75),

verrait n effet ans

le

champ

non tant e lieu de la découverte

ou

de

l'abandon),

que

celui

de la

conception,

e

qui soulignerait

e caractère

llégitime,

a bâtardise

du « champiz , « (enfant onçudans es champs)bâtard 19. t si,dans

les

exemples rapportés ar

Du

Cange, l'expression

«

fils de moine

»

(ou

«

fils de

prêtre

)

attestebien l'anticléricalisme

opulaire

de ces

siècles

chrétiens20,

lle n'en confirme insi

que

mieux cette

llégitimité

et son caractère nfâmant.

Ainsi,

pour

e

xive

siècle

:

«

Le

quel

Dousset

respondit njurieuse-

ment u ditRemea

qu'il

avoit

faussement

menti ommemauvaischam-

pis

filz

de moine

»

et,

surenchère ans

l'injure

«

Jehan

ppela

le dit

Jordanet ilsde

champisse

; et,

pour

e xve iècle :

«

Lesquels

vindrent

contre es

fils et varletsdu

suppliant,

n les

appelant champilz

et,

derechef, Champis qui

vaut autant dire

que

filz de

prestre

u d'un

hommeet femmenon mariez 21.

llégitimité

ont a

marque perdure,

sous la

plume

ď

Agrippad'Aubigné,

témoin

inguistique

ardif u

xvr

siècle,

dans cette évocation

d'une ascension

sociale,

de l'état d'exclu

17. É.

Littré,

ictionnairee a

langue

rançaise

Paris, 963,

ome

,

p.

105.

18.

F.

Noël,

L.

J.

arpentier,

ictionnaire

tymologique,ritique

historique

anecdotique

t ittérairecontenant

n

hoix

'archaïsmes,

e

néologismes,'euphémis-

mes...

our

ervir l'histoiree la

Langue

rançaise

Paris,

857

'on aurait

u

espérer

rouver

champiparmi

es

«

archaïsmes

).

19. Trésore a languerançaise,.V,Paris, 977, .491, uirenvoieu vol.

de

F.

Godefroy,

ictionnairee

'ancienne

angue

rançaise

tdetous

es

dialectes,

u

ixe u XV iècle

Paris,

881-1902,

0vol.

20. Cf.J.

Le

Goff,

a civilisatione

'Occident

édiéval

Paris,

967.

21.

Littré,

p.

it.,

es

xemples

ont

mpruntés

u

exicographe

harles

ufresne

Du

Cange

1610-1688).

Page 118: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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1

14

R.

PARIS

du

«

champis

à la

dignité

a

plus

haute «

Qu'eust-il

dit de voir son

fils de

champis

capitaine,

de

capitaineprince

ouverain

»22.

«

Champi

»,

ou bien

bâtard

l'hypothèse

d'un

emprunt

rançais

ciompi

»

<

«

champi

)

est

«

autorisée

ici

par

cette

remarque

de

Gerhard

ohlfs

«

Les formes

iambellano

italien

amarlingo

,

cialday

cera

(ciera)

< chière

<

cara

vieil italien

ciausire, ciambra,

dérivent

toutes

du

français

23.

l n'est

plus

dès lors

que

d'imaginer,

e

se sou-

venirde

certains

sages

détournés

e

l'insulte,

producteurs

e

compli-

cité,

e

«

bastard

de

Shakespeare

ou

de certains

westerns),

our

com-

prendre

omment,

e

l'hommede

troupe

l'homme

de

rien,

ettedéno-

mination e « champi pouvait treprésente,t mêmes'imposer,dans

un

contexte

e convivialité

ondescendante.

Post-scriptum

Le texte

ui précède

était

déjà

écrit

orsque

Alessandro

Stella

m'a

gentiment

ignalé

un

passage

des

«

Aggiunte

nonime

alla

cronaca

di

A.

Acciaioli

»

qui

vient onforter

a

thèse

développée

ci-dessus

«

Ce

fut

gent

sans

scrupule,

oncussionnaires,

oleurs,

cardeurs

[battilana],

emeurs

de

mal et

gent

dissolue

et de

toute

sorte,

de

méchante ondition ...] ; tous gens de hasard,eux-mêmes, orsqu'on

leur

demandait,

e

savaient

d'où ils

étaient

enus,

ni

de

quel

pays

[...],

et l'on

vit ensuite

lairement

leurs

procès

qu'il n'y

en

avait aucun

de

famille

ni aucun

citoyen

de bonne

souche

»

4.

Je serais

tenté

mon

tour

de verser

ne nouvelle

pièce

à ce dossier

en

évoquant

-

avec

Antonio

Gramsci25

cette

fresque

du

xr siècle

qu'on peut

voir en

l'église

San Clemente

de

Rome.

La

scène,

que

contemple

aint

Clément,

eprésente

es serfs

irant

ne colonne

tandis

qu'un

contremaître

es

encouragepar

ces

mots

«

Fils

de

putes,

irez

.

Le

travail,

marque

ou

stigmate

e

la bâtardise

22. A.

d'AuBiGNÉ,

onfession

e

Sancy

dansJournal

'Henri

/,

.

I,

lre

artie,

Cologne,720,ité ar ittré,bid.

23.

G.

Rohlfs,

rammatica

torica

ella

ingua

taliana

dei

uoi ialetti.one-

ticatrad,

i S.

Persichino,

urin,966,

.

200,

n.2.

24. C'est

moi

ui

raduit.

25. Cf.

A.

Gramsci,

ahier

(IX),

123,

ahiers

e

prison,

ahiers

à

5,

Paris,

1996,

.

483

tn.

2.

Page 119: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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LES

«

CIOMPI :

CARDEURS,OULONS,

ÂTARDS

115

Robert

Paris,

É.H.É.S.S.,

54,

boulevard

Raspail,

F-75270 Paris

Cédex 07

Les

«

Ciompi

»

:

cardeurs,

foulons,

bâtards ?

Les

tumultes lorentins e 1378 ont

pour

protagonistes

es tra-

vailleurs de la

laine connus sous

l'appellation

péjorative

de

«

ciompi

». Daté de 1'«

occupationfrançaise

de

1342-1343,

ce

terme rticule n

groupe

de métiers t un état ocial.

Après

avoir

discuté es

étymologies

vancées

usqu'ici,

on

propose

une nou-

velle

hypothèse

«

ciompi

»

procéderait

u

français

champi

,

la bâtardise onnotant'obscuritéde ces petitesgenset le mépris

où on les tient.

Bâtardise

Ciompi

-

Florence

laine

-

tumulte travail

The

«

Ciompi

»

:

Carders, Fullers,

Bastards

?

The main

protagonists

f the Florentine

prisings

f 1378 were

thewoolen

workers,

erogatorily

amed

ciompl.Dating

from he

«

French

ccupation

of

1342-1343,

this

erm

esignates group

of crafts s well as a social

status.After

having

discussed the

possible etymologies, he authorproposes a new hypothesis

ciompi may

derive from he Frenchterm

hampi,meaning

bas-

tardy

nd so

connoting

he obscureness f these

humblefolk nd

the

contempt

withwhich

they

were

regarded.

Bastardy Ciompi

-

Florence wool

-

tumult work

Page 120: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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Médiévales0, rintemps996,p. 17-137

Peter

VON MOOS

OCCULTA CORDIS.

CONTRÔLE

DE

SOI

ET CONFESSION AU MOYEN ÂGE

(

suite

*

II. Formes de la

confession

Le

concept

des occulta cordis

-

l'invisibilitédu Moi intérieur

comme

donnée ou comme

exigence

-

constituait,

u

Moyen

Âge,

un

modèle

de

comportementui prônait

vanttout

e silence et le contrôle

de soi. Comment e mettre nrapportvec unautre déal,apparemment

contraire,

elui de la

confessio

de

l'expression

adicalement incère es

propresexpériences

subjectives

On

peut

d'abord constater

ue

les

deux visions ont au moins un

point

commun le

«

secretdu

cœur

y

est

négativement

onnoté.Ce

qu'il

faut,

oit

garder

our

oi,

soitconfes-

ser,

ce sont es

faiblesses,

ouffrances t

péchés

intimes et

puisqu'il

n'y

a

que

Dieu

pour

les

voir,

pour

entendre es

paroles

de

plainte

ou

d'aveu,

la

dissimulation evant es hommes t la

franchise evantDieu

fontbon

ménage.

Beaucoup

de

récits

historiques, agiographiques

t

autobiographiques

u

Moyen Âge,

en

particulier uand

ils traitent u

deuil des

défunts,

montrent n

modèle de

comportementue

saint

Augustin, e premier, décrit de façon

exemplaire

en

évoquant

ses

sentiments

près

a mort

e sa mère

Confessions

IX,

12).

Ce

modèle

consiste dans un

mouvement llant d'une radicale maîtrise e

soi

en

public

à

l'effusion ans réservedes

sentiments

ans la

solitude

J'adoucissaisne orture

ue

vous

onnaissez,

ais

u'eux

ne

soupçon-

naient

as

... ils

s'imaginaientue e

n'avais

pas

de

chagrin.

ais

moi,

près

e votre

reille,

à où nul

d'entre ux ne

pouvait

ntendre,

e gour-

mandaismon

œur 'être

i

faible,

'essayais

de

contenir

e

flot e

ma

douleur,

e

réussissais le

refouler

eu

à

peu

mais

l

reprenait

onélan

sans

ue

cela

allât outefois

usqu'au

aillissement

es

armes,

i à

l'alté-

ration e monvisage.Jesavais,moi, out e que e comprimaisans

moncœur... uis ce fut 'enterrement.

'y

allai

j'en

revins ans une

*

Première

artie

ansMédiévales

°29,

Automne

995,

p.

131-140.

Page 121: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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118

P.

VONMOOS

larme...

as

même u momentes

prièrese

ne

pleurai.

Mais

pendant

toute

a

ournée

e

sentais

ans e secret e moi-même'accablement

e

ma tristesse... ais

quand

'étais

seul au lit...

e

sentis a douceur

e

pleurer,

n votre

résence,

urma mère t

pour

lle,

urmoi t

pour

moi.

Je

donnai

ibre ours ux

larmes

ue

e

contenais,

e

les

laissaicouler

tant

u'elles

voulurent.

Outre

a

motivation

e saint

Augustin

respecter

n tant

ue prêtre

la foi des ouailles

-,

il

y

avait bien d'autres raisons

de refouler es

sentiments

;

je

n'en

voudrais elever

ue

la

plus

saillante,

elle connue

sous le nom de

«

joie

de cour

».

Cet idéal altruiste 'harmonie t de sérénité ommunautaire 'est

pourtant oint

réservé la

seule cour. Un des

plus

beaux

exemples

de

cet

déal

se

trouve,

u

XIe

iècle,

dans

le

poème

germano-latin

u Ruod-

lieb.

Une

scène située

ustement

ans le monde

précourtois,

lutôt

ural

et

domestique,

montre

e

départ

du

jeune

héros,

pour

'aventure

ui

le

mènera

plus

tard à

la cour du

«

grand

roi

». Toute la

familia

mais

surtouta mèrede

Ruodlieb,

ouffre e cette

éparation.

renant

ongé

de son

fils,

elle

reste

cependant

d'une

contenance

proprement

irile.

Réprimant

a douleur

profonde,

lle

va,

sans une

larme,

éconforter

es

domestiques

ui

accourent

our

a consoler

I,

58-59)

:

Quae simulandoperrtpremitltum ordedolorem,

Consolaturos dum

male e černit abere.

Les notions e

«

simulation et de

«

dissimulation

,

que

l'on ren-

contre rès ouvent

dans de semblables

contextes,

'ont rien

de mora-

lement

répréhensible.

lles

indiquent

de

façon stéréotypée

e

même

constant

apport

u

public

au

privé,

de la

sauvegarde

du

decorum ivi-

lisé

(ou

politesse)

à la violence

d'une émotion

ui s'épanche

dans

les

coulisses.

Lorsque

Dante,

dans

sa Vita nuova

(31,

v.

52

sq.), évoque

la

perte

de

sa

bien-aimée,

l

utilise

a même

dialectique

sociale en

l'inté-

riorisant,

n la

remplaçant ar

les deux

pôles subjectifs

e la honte t

de la plainte

...

E

si

fatto

ivento

Che dalle

genti

ergogna

mi

parte.

Poscia

piangendo,

ol nel mio amento.

La

«

vergogne

le

sépare

du monde social

;

les

larmes e rendent

solitaire.

L'intimité,

ui

permet

'effusion u

sentiment,

e

se

confinait

our-

tant

pas toujours

ux

quatre

mursd'une cellule.

Souvent,

dans les des-

criptions

e scènes de

deuil,

les

affligés

ont

montrés n

compagnie

d'amis ou de confidents. ernard e Clairvaux e laissa aller à déplorer

la

perte

de son frère

arce qu'il

étaitentouré

e ses moines

familiers,

1 Je es ai énumérées

ansmathèse ur e deuil t

a consolationConsolatio

4

vol.,Munich,ink,

971-72.

Page 122: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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OCCULTA

ORDIS

11

et

cela,

au milieu d'un sermon ur le

Cantique

des

Cantiques

dont l

semble

perdre

e

fil, ombant,

omme

l

dit,

dans une

«

confession ra-

ternelle du

chagrin ui l'oppresse.

l

transforme

insi en oraisonfunè-

bre ce

qui

auraitdû être une homélie sur

la

joie mystique2.

ierre e

Vénérablede

Cluny,

dans le récit

u'il

faitde

la vie de sa

mère,

aconte

la scène suivante durant 'enterrement

e son

mari,

lle resta mmobile

au milieu des lamentations

énérales,pratiquant

ne

«

dissimulation

exemplaire.

Mais,

la nuit

uivante,

lle retourna landestinementu lieu

de

sépulture,

ommeNicodème

quand

il

s'est rendu hez

le

Christ.

lle

étaitseulement

ccompagnée

d'un moine

prêtre,

vicaire du Christ

.

Arrivée u tombeau, lle se eta dessus enpleurantt confessa espéchés

communs ommisdurant e

mariage.

Pierre

e Vénérable e livreà des

métaphores

xubérantes

ui évoquent

a

pluie

et l'inondation3

O

inaudita evotio

sepulcrumoniugis

diit t

clam

universis

resente

tantumam dictomonacho

e

supra

llud

roiecit

t lacrimarum

onte

laxato,

argis

llud

mbribusnundavit.

Ce n'étaient

cependant

pas

seulement es

affects,

ue

l'homme

médiéval

devait cacher devant utrui t

ne

pouvait

montrer

u'à

Dieu

seul :

dialectique,qui

harmonisait

isémentcode social et code reli-

gieux.Une toutautre ogique, inquiétante t mêmeterrifiante,égnaitsur es secrets u

péché,

urtout u

péché

mêléà 1' ffect. n ce

domaine,

l'alternative ommode

ntre

'intérieur

t

'extérieur,

e

paraître

t

'être,

n'avait

pas

prise.

Au

contraire,

epuis

e

motde

l'apôtre

«

Confessez-

vous l'un à l'autre vos

péchés

»

(Epître

de

Jacques

5,

16),

ce secret

du

cœurn'était

plus

entièrementffaire

rivée

t réservée l'œil de Dieu.

Il

n'empêche que

la connaissancevéritable t

intégrale

es

péchés

de

chacun demeurait

n

monopole

divin.

L'obligation

consistait dire ses

propres échés,

t non

pas

à scruter eux

ď

autrui,

même si la différence

nous semblemince.

Dans l'histoire e la

confession,

n

constate n ent

et constant

processus

de

privatisation.

e

premierparadigme

en

fut,

comme on sait, a correptio ublica la « pénitence ublique», la révé-

lation olennelle t

unique

du secret e la

culpabilité ersonnelle

evant

la communauté

éunie,

cte de

grande

humilité,

e

plus

souventremis

aux dernières nnées ou

même aux derniersmoments

e la vie.

Puis,

e monachisme

nstaurae

colloquium

raternum,

'aveu

confi-

dentiel t

régulier

evant 'abbé ou devant

des frères lus.

Il

devait

voir

lieu au moins

«

avant e coucherdu soleil

»

du

our

où le moine

péchait.

Ce modèle

s'est

peu

à

peu

répandu

n dehorsdes

couvents.

À

partir

u

IXe

iècle au

plus

tard,

'institutionnalisa

à des

rythmes

ifférents

elon

les

régions

la

confession

rivée,

de bouche

à

oreille,

u

prêtre

enant

de Dieu le

pouvoir

d'absoudre. Mais

il

faut

souligner u'au-delà

du

2. Ibid. ol.

,

pp.

78-330..

Bernardi

pera,

ol.

,

Sermones

uper

antica

Canticorum,

.

eclercq

et

l.)

éd.,Rome, 957,

°26,

p.

169-181.

3. Consolatio

op.

it.,

ol.

,

pp.

24-259.

he etters

f

eter he

Venerable,

ol.

I,

G.

Constable

d.,

Harvard

P.,1967,

p.

53,

p.

160.

Page 123: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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120

P.

VONMOOS

caractère fficiellementacramentel e cette

pénitence,

'un des

prin-

cipaux objectifs

de l'institution tait d'atteindre ne humiliation oute

spécifique.

L'homme

médiéval,ou,

pour

être

plus précis,

'aristocrate

médiéval,

tait vant touthabitué sauver es

apparences, s'appuyer

sur

'honneur

'une

lignée

et à

jouer

en société un rôle altier

ui

l'obli-

geait

u contrôle e la

langue,

la

dissimulation

t au

«

secret u cœur

»,

comme nous l'avons dit.

Or,

dans la

confession,

et homme e trouvait

contraint 'inverser on code moral

il

devait,

sans

réserve,

e mettre

à nu en

disant 'indicible social. Cela

pouvait

être une

exigence

terri-

fiante,

emandant n ascétisme

xtrême,

uisqu'il

fallait

xceptionnel-

lement xprimere qu'on taisaithabituellement.lus la hontepublique

est

crainte,

lus

la mise à nu du Moi est une souffrance. a confession

privée

vait

par conséquent

a fonction

'alléger

a

peur

de l'humiliation

publique

demeurant n

secret ntredeux

êtres,

lle

facilitait

a

sincé-

rité de

plus,

si les

pécheurs

taient es

personnages

aut

placés

comme

des

évêques

ou des

cardinaux,

lle

préservait

a société ou

l'Église

du

scandale. Le mode

privé

de la confession fut donc à

l'origine

une

concession à la faiblessehumaine.Ce ne sera

cependant as toujours,

comme

nous

le

verrons,

on

caractère e

plus frappant.

Il

seraitévidemment éméraire e vouloir résumer

ci,

ne fût-ce

qu'en

ébauche,

'histoire

de la

confession travers

es siècles4. Mais

nouspouvonsessayerd'en illustrere développement énéral, n oppo-

sant

quelques

moments

marquants

u

début t de

la fin

du

Moyen Age

;

car cette

évolution

e divise

grosso

modo

en

deux

longues périodes,

entre

esquelles

la

frontière,

oire a

rupture,

st constituée

ar

un évé-

nement nstitutionnel

récis l'obligation

pour chaque

chrétien,

ous

peine

d'excommunication,

e se confesser

Pâques

ou au moins une

fois

par

an

(paragraphe

1 du ive

concile du

Latran

de

1215).

On

a

souvent,

t à

juste

titre,

elevé e fait

qu'il

n'y

a

guère

eu en

Occident

de mesure

plus

ncisive,

lus

influenteur a

psychologie

ollective

ue

ce

simple

acte de

législation,

t

qu'aucune

autre

religion

n'a,

depuis,

attribué ne telle valeur à la confession

étaillée

et

répétée

de tous es

péchés,réussissant insi à transformer

rofondément

es consciences t

à stabiliser

a

propre

nstitution. 'est

pourquoi

l

n'est

pas

inutile

de

comparer

e

que

la confession

été avant t

après

ce

tournant

istorique

de 1215.

À

l'origine

de cettehistoire

ipartite,

ous

voyons urgir

e

grands

directeurs e conscience

Jean

Cassien,

commemaître u

monachisme,

et

Grégoire

e

Grand,

omme maître e

l'activité

pastorale.

Ce sontdes

4.

Cf.

ar

xemple

.

Delumeau,

'

aveu t e

pardon

Les

difficultés

e a

confes-

sion,

IIIexvuriècle

Paris,

ayard,

990

Id.,

Le

péché

t a

peur

La

culpabilisation

en Occidentiir-xvnrièclesParis, ayard,983,h. I,6 P.J. ayer, ex nd he

Penitentials,

he

Developmentf

Sexual ode.

00-1150

Toronto/Londres,

984

P.

Michaud-Quantin,

ommese

casuistique

tmanuelse

confession

u

Moyen ge

(xir-xvr

iècles

,

Louvain/Lille/Montréal,

962

C.

Vogel,

Pécheurt

pénitence

ans

l'Église

ncienne

Paris,

erf,

966,

e

pécheur

t a

pénitence

u

Moyen ge

Paris,

Cerf,

969.

Page 124: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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OCCULTA

ORDIS

121

génies

de

l'introspection,

ue

l'on

pourrait,

insi

que

cela a été

fait,

considérer

um

grano

salis

comme des

précurseurs

ointains e

la

psy-

chanalyse.

Freud,

ependant,

istinguaitxpressément

on invention e

la

confession,

n affirmant

ue

cette

dernière e dévoilait

ue

des fautes

conscientes

t

que

la

psychanalyse,

eule,

s'occupait

des tares ncons-

cientes.Je

ne suis

pas

sûr

qu'il

aurait outenu

ettedistinction

'il avait

lu ces

deux auteurs

patristiques5.

l

est curieux

à cet

égard

de

citer e

motde Cassiodore

sur 'art

socratique

e JeanCassien6

«

D'une

façon

si

géniale

il

fait deviner...

es mouvements

nocifs

de

l'âme,

qu'il

contraint'homme

à voir

clairement t à éviter

es fautes

u'il ignorait

auparavant, ans la confusion e son brouillard ntérieur. Cassien et

Grégoire

e

sont

profondément

ngagés

à trouver

ne méthode

pte

à

décharger

'âme,

à l'affranchir

'elle-même,

fin

de la mettre l'aise

dans

l'approche

du sacré. Leur

principale

préoccupation

st,

au

fond,

de combattre

e

que

Freud

appellera

es mécanismes

de

défense,

t en

premier

ieu le refoulement.

assien

parle

du feu

qui

continue brûler

à l'intérieur

omme une braise

cachée,

pour

désigner

a

maligna

taci

turnitas

le mutisme

rrogant

u le

silence

hypocrite ardé

ur

une haine

profondément

nracinée.

Grégoire,

e son

côté,

se

sertde

l'image

du

hérisson,

uand

il

décrit

'âme

«

qui

se

réfugie

n elle-même

,

accu-

mulant es sentiments

ous une

carapace

mpénétrable

t sans

ouverture,

envenimanta vie en société7. L'un et l'autre s'attaquent l'ascèse

purement

xtérieure,

ui

ne

s'accompagne pas

d'une

mutation nté-

rieure,

t

ls

proposent

es

techniques

xtrêmement

ubtiles

our

détec-

ter es

vices cachés derrière

es vertus

pparentes

t affichées.

'objec-

tifde leur

thérapie

st essentiellement

eligieux.

l

s'agit pour

eux bien

plus

de libérer

'âme des contraintes

u

mal,

grâce

à

l'intelligence

uto-

analytique, ue

d'établir

un rituel

d'expiation

et de

pénitence.

Cassien destine

es

Conférences

t ses Institutions

énobitiques

5. Jean

assien,

ollationes,

SEL

13,

886

Institutiones,

SEL

17,

888 Gré-

goire

e

Grand, egula astoralis,L,

77 S.

Freud,

ie

psychoanalytische

echnik

(dans brisser sychoanalyse,940),ischertudienausgabe,rgänzungsbandSchrif-

ten

ur

Behandlungstechnik

Francfort,

975,

p.

12-424. oncernant

'empirisme

hé-

rapeutique

e

Grégoire

f.C.

Dagens,

aint

régoire

e

Grand,

ulture

t

expérience

chrétiennes

Paris,

977.

e

mets n umière

'aspect 'introspection

t

d'intériorisation,

typique

our

'évolutione a

patristique

tdu

xir

iècle,

our

mieux

e

distinguer

e

l'institutionnalismeltérieur.

ansune utre

erspective

out

ussi

égitime,

lusieurs

travaux

'A.Hahnmettentnrelief

'impact

e toute

'histoiree a

confessionur

e

développement

e

'

uto-analyse

nOccident

«

Zur

oziologie

er eichte

nd nderer

Formennstitutionalisierter

ekenntnisse

Selbstthematisierung

nd

Zivilisationspro-

zess

,

Kölner

eitschriftür

oziologie

.

Sozialpsychologie

34, 1982,

p.

08-434

«

La

sévéritéaisonnableLa doctrine

e a confession

hezBourdaloue

,

Biblio,

7,

1984,

p.

19-43

«

Identität

nd

elbstthematisierung

,

dans

elbstthematisierung

nd

Selbstzeugnis

éd.

A. Hahn t V.

Kapp,

rancfort,

tw.

43,

1987,

p.

-24

«

Beichte

und herapiels Formener inngebung,dans ieSeele,hreGeschichtemAben-

dlandéd.G.Jüttemann

t l

, Weinheim,

991.

6. De instit.iv.

it.

9,

PL

70,

ol. 1144 ... his

vitiis)

oxios

otusnimae

ta

competenter

nsinuât,

t

xcessusuoshominem

aene

idere

aciat

t

vitare

ompellat,

quos

ntea

onfusione

aliginisgnorabat.

1.

Collationes,

p

cit.,

6.18

Regula astoralis,p

cit.,

.

11.

Page 125: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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OCCULTA ORDIS

123

Moyen

Âge.

Mais,

pour

ne

pas s'y tromper,

l

convient

d'ajouter

que

les

leçons

qu'on

en a tiréesne sont

pas

nécessairement

elles,

essen-

tiellement

hérapeutiques,ue

leurs

auteurs nt voulu

enseigner.

l

faut

souligner

ci

que

l'influencede la

méthodologie régorienne

été sur-

toutdécisive

pour

e droit

anon,

qui s'appropria

ette

echnique

ation-

nelle

d'analyse

de

chaque

cas

particulier

t de ses

circonstances,

our

en faire a base d'un

système

e taxation t de

classification,

ui,

comme

on

sait,

devint e

plus

en

plus compliqué usqu'à

aboutir une véritable

discipline cientifique, pécialisée

dans la

casuistique

des

péchés

et de

leurs

peines respectives.Déjà

dans les

«

comptabilités

de ce

qu'on

appellele « système arifé , on voit es objectifs orrectionnelse rap-

procher

des

considérations

énitentielles,

e

juge

se mettre la

place

du

père spirituel.

a

pénitencey

devient matière

uridique

et même

arithmétique.

On a

pris

'habitude

de

décrire

e

développement

e

la

pénitence

médiévale

uniquement

ommeun

processus

d'intériorisationla confes-

sion

tarifée

u haut

Moyen Âge, qu'on

a tendance considérer omme

rudimentairet

primitive, epose

en effet ur l'aveu d'actes

visibles,

jugés

et

expiés

selon le

degré

de leur

gravité

xtérieure t sociale. Ce

n'est

pas

l'aveu,

mais

l'expiation,

visible elle

aussi,

-

la

satisfactio

qui

est au centredu sacrement.

n

revanche,

u

xne

siècle le

conceptde péché se déplace du fait ui-même la seule intention. u lieu de

la

«

satisfaction

,

c'est le refus onscient u

mal,

e

repentir,ui

décide

du

pardon.

Je suis loin de nier ce

changement

ien connu et

évident,

dont

dépend

si

fondamentalement'histoirede la

subjectivité,

mais

e

voudrais

déplacer 'optique

en

partant

e

l'opposition,

non seulement

des actes et des

sentiments,

mais

surtout u

secret et de

l'aveu,

de

l'intérioritéachée et de l'intériorité isible.

Sous cet

angle,

on constate ntre es

fondateurs

atristiques

t les

théologiens

du

Moyen Âge classique,

une

période

de

pénitence

xté-

riorisée t même matérialisée.Mais cela ne

prouve

pas qu'en

dehors

de l'administration énitentielle, 'introspection t l'auto-accusation

devant Dieu aient

amais

cessé de

rester

un

idéal,

du moins monas-

tique.

C'est

précisément arce

que

cette

pratique

faisait

partie

des

impondérables

e la dévotion

privée,

des occulta cordis

que

la confes-

sion tarifée e s'en

préoccupait

as,

se limitant trictementux

aspects

perceptibles

aux

péchés

évidents

et

aux

expiations

manifestes.

on

caractère xtériorisé

enait des soucis

pratiques

il fallait dministrer

les

peines

ou taxes

pénitentielles

e

façon équitable

et cohérente.

a

substance

théologique

n'en

était

pas

atteinte

jusqu'à

la

fin

du

xne

siècle,

e

critère écisifd'une

pénitence

fficacen'était

pas

encore elui

de la confessiondans l'oreille du

prêtre

t de l'absolution le seul

critère u pardondemeurait ien celui de la « contrition, c'est-à-dire

du

repentir

incère

devant

Dieu,

témoin

unique

de cet acte

purement

intérieur,

ont

personne

'autrene savait

ni

ne

pouvait

avoir e secret

et cettedouleur tait lle-même ne

grâce,

celle

«

du don des larmes

.

En

sus,

la

pénitence,

u sens d'une

peine imposée après

a

confession,

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124

P.

VON

MOOS

n'était

qu'un

moyen d'expiation

parmi

d'autres,

comme

l'aumône ou

le

jeûne11.

Pour

ne citer

qu'un

exemple

l'œuvre

de Pierre

Abélard,

ppelée

Éthique

ou,

selon son

titre

ocratique,

Connais-toi

oi-même

(

Scito

te

ipsum

,

a été condamnée

comme

hérétique,

l

est

vrai,

à cause des

conséquences

xtrêmes e

sa

«

moralede

l'intention

;

mais e

chapitre

sur a

confession

ui

nous

intéresse ci résume

clairement ne

opinion

qui,

avant e IVe

concile du

Latran,

tait

ncore,

pour

ne

pas

dire entiè-

rement

ommune,

u moins

argement

épandue

t

parfaitement

rtho-

doxe.

Nous

y

lisons ceci : au

moment ù le

pécheur, yant

considéré

sonpéché,« pousseuncride douleur incère devantDieu, il est mmé-

diatement

élivrédu mal.

L'aveu ultérieur

evant

un

homme,

n

revan-

che,

n'est

point

ndispensable

tout u

plus peut-il jouter

la

pénitence

un

mérite

scétique supplémentaire,

elui

d'un acte

d'auto-humiliation.

Abélard

nvoque

'autorité e saint

Pierre

ui,

au cri

du

coq, après

avoir

trois

fois renié

e

Christ,

leura

amèrement out eul sa

trahison,

mais

n'alla

pas

montrer a honte

autrui car la

prudence

ui

conseillaitde

garder

pour

lui

un secret

qui

eût

«fait

rougir

'Église»12.

Pourtant,

l'ordre

uridique

de

l'Église,

autant

pénal que pénitentiel,

'est

point

mis

en cause

par

ce

monopole

divin

d'accepter

a

contritionout nté-

rieure t individuelle

e l'âme. Abélard

en déduitmême un

argument

pour ustifiera rigueur u droit anonparson caractère ocial : préci-

sément

arce

que

les hommesne

peuvent

ni

uger

ni

punir

'autresfaits

que

les actes

visibles,

et

qu'ils

doivent 'abstenirde

scruter es inten-

tions

ecrètes,

onnuesde Dieu

seul,

es sanctions

nstitutionnellesont

nécessaires elles doivent

prévenir

es

dommagespublics

»

en défi-

nissant es

moyensd'expiation

t de dissuasionutiles

à la société ou à

l'Église.

La

mère

qui,

dans

l'exemple

classique

de la

casuistique

des

«

livres

de

pénitence

,

étouffe

on enfant n

voulant e

réchauffer,

ette

mère,

selon

Abélard13,

st

innocente t

pardonnée

par

Dieu,

quoique

punissable

par

les

hommes

«

afin

que

les autresfemmes

rennent lus

de

précautions.À la même

époque,

au xne iècle, es

péchés

ontété classés de

plus

en

plus systématiquement

t

complètement,

uisqu'ils

incluaientnon

seulement es

actes,

mais

également

es

pensées.

Néanmoins,

oute ette

activité

uasi

bureaucratique

'avait

pas

encore réussi

à abolir e

prin-

cipe

sous-jacent

dont nous

sommes

partis

le

secret du cœur et les

manifestationsociales de

l'individu,

nvisibilia cordis et hominibus

manifesta

restaient

rigoureusement

istincts le Moi

profond,

a

conscience

lle-même,

e

dérobait

oujours

u

contrôle umain t

restait

11. M.-D.

henu,

'éveil e la

conscienceans a civilisation

édiévale,

on-

tréal/Paris,969,t upran.4.

12. Peter

Abelarďs Ethics

,

D. E.

Luscombe,d.,

Oxford

edieval

exts,

Oxford,

971,

p.

8-112.

13.

bid.,

.

38 cf.

.

Mauro,

Tra

ublica

amna communis

tilitas

L'aspetto

socialedella morale i

Abelardo i

libri

aenitentiales

,

Medioevo

13, 1987,

pp.

03-122.

Page 128: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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OCCULTA

ORDIS

125

soumiseau seul

regard

de Dieu. En

1140,

il est

vrai,

Bernard e Clair-

vaux fit

condamnerAbélard

pour

l'hérésie

qui

consistait

mettre n

cause le

«

pouvoir

des clefs

»,

le

monopole

de

l'Église

pour

«

lier et

délier .

Pourtant,

e même

Bernard st le

digne

successeurdu

psycho-

logue

Jean

Cassien,

lorsqu'il

écrit dans

son livre Sur les

degrés

de

l'humilité

ne satire

perspicace

et

foudroyante

es

moines

hypocrites

qui

s'accusent eux-mêmes

de leurs

péchés

pour

se vanter t

paraître

plus

humbles

evant es hommes

les

confesseurs),

u lieu

de se

repentir

silencieusement

evant 'œil de Dieu.

Comme

Abélard,

l

insiste ur

e

caractère

ndélébile de la

contrition

ubjective,

eule

conditiond'une

pénitence alable,et met u secondrang a « satisfaction extérieure4.

Cette

conception

ntériorisante

este

également

valable

dans les

grands

extes

ur e droit anon et

la

théologie

moraledu

xir

siècle,

de

Gratien Pierre

Lombard,

t

même,

près

1215,

chez Thomas

d'Aquin

et chez

d'autres

représentants

e la haute

théologie scientifique

du

XIIIe

iècle.

Partout,

n

peut

lire

que

le

pardon

vient

uniquement

e

«

l'instant es larmes

versées

ecrètement,

t

non

pas

de

l'aveu devant

un

prêtre

5.

nnocent

II

lui-même,

ui présida

au

fatidique

oncile de

Latran de

1215,

avait une idée si

libérale de l'intériorité

ndividuelle

qu'il

statuadans une de ses

décrétales16

ue

le chrétien

evait

plutôt

être

prêt

accepter

'excommunication

u'à agir

contre a

conscience,

fût-elle rronée.

Dans la

pratique

éelleet

quotidienne

e la

pénitence,

'année

1215

marque

une véritable

nversion e

l'ancienne

conception

de l'aveu et

du

pardon que

nous

venons

d'évoquer.

Dans son livre

critique,

oire

polémique,

L'amour du

censeur Pierre

Legendre17,

istorien u droit

formé l'école

de la

psychanalyse,

stime

que

la

législation

e

Latran

IV

sur la

confession

privée obligatoire

st,

dans l'histoire

mondiale,

l'unique

cas d'«

exploitation

u sentiment

oupable»

consolidant e

pouvoir

politique

d'une institution.

'Église,

selon

ui,

s'est alors

empa-

rée du contrôle

bsolu des

fidèles,

grâce

à

un

jugement

ymbolique,

dramatisé

dessein,

sur

le

péché mortel,

t surtout ur

celui le

plusdifficilementvitable, eluide la chair.Elle

prétendait

assurer,n sau-

vant les âmes

des affres e l'Enfer

à la

condition,

ependant,

u'un

aveu détaillé et

complet

des

péchés

ait

précédé

a sentence alvatrice.

Sous

l'angle

de la

psychologie

sociale,

toujours

selon

Legendre,

es

conséquences

n furent

atastrophiques

infantilisation

énérale

es laï-

ques

face aux

pasteurs,

ntériorisationuccessive d'un

discours auto-

accusatoire

préfabriqué,

insi

que

soumission volontaire et même

ardemment ésirée des ouailles à

la

puissance

paternelle.

On

peut

ans doutevoir

es choses un

peu

différemment.

eanDelu-

14.De gradibusumilitatis,. Bernardiperavol. I, Rome, 963, p. 1-52

M. D.

Chenu,

p.

it.

note 1)

pp.

3-40.

15. M.-D.

henu,

p.

cit.

note

1),

p.

3-30.

16. A.

Friedberg,

ol.

I, 1882,

.

287.

17. P.

Legendre,

'amouru enseur.ssai ur

'ordre

ogmatique,

aris,

euil,

1978,

.

152.

Page 129: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-30-printemps-1996 129/165

126

P.

VON

MOOS

meau,

qui

a décrit e

développement

e

l'angoisse

et de la

culpabilisa-

tion en Occident

à

partir

u

xmc

iècle

dans

deux

volumineux

uvra-

ges18,

'est

servide

termes

moins

psychanalytiques

u'historiques,

our

arriver

ourtant

des conclusions

ubstantiellement

ssez

semblables.

En

1990

cependant,

l

a

ajouté

à ses

grands

travaux

un

petit

ivre

L'aveu

et le

pardon.

Les

difficultés

e la

confession

9,

ans

lequel

il

essaie

de

«

dédramatiser

,

de neutraliser

e

phénomène,

priori

sus-

ceptible

d'interprétations

pposées

puisqu'il

englobe

la

«

confidence

volontaire»

et

l'«aveu

autoritairement

écrété».

Le

procédé

en

est

simple

Delumeau

adopte

e

point

de

vue des

confesseurs

ux-mêmes,

comme s'il fallait, près tantd'intérêt ccordé aux pauvrespécheurs

exploités

ar

'Église,

changer

e

point

de vue

et

«

entendre

ussi

l'autre

partie

pour

atteindre

l'objectivité.

Or,

ces

confesseurs

taient

xtrê-

mement

urmenés

par

la

nouvelle

exigence

pastorale,

à

laquelle

ils

n'étaient

as préparés.

Ceci

nous fait

voir

e revers

e la

médaille

car,

même

en admettant

ue

la confession

rivée

obligatoire

oit née d'une

volonté érieuse

d'évangéliser

e

peuple

entier,

'établir

une

méthode

efficace

d'acculturation

eligieuse

,

l'effet vident

n

a été

l'accrois-

sement

nédit

du

pouvoir

ecclésiastique

et,

par

là,

la

mise en

cause de

l'objectif

spirituel

atteindre.

elumeau

le concède

discrètement

ui-

même20

«

en

prenant

es décisions

ourdes

d'avenir,

'Église

romaine

ne mesurait ans doutepas dansquel engrenage lle mettaite doigt.

Peu

importe

donc

d'interpréter

n

bien

ou en mal

les

intentions

u

concile

du

Latran,

i l'on

est d'accord

sur

eurs

conséquences

histori-

ques.

Dans

notre

ontexte,

l faut

relever

ue

la

sémantique

même

du

«

secret

ntérieur

en

a été

profondément

ltérée.

'il est

vrai

que

depuis

longtemps

es

théologiens

ébattaient

e la

question

pécifique

e

l'har-

monisation

u

«

pouvoir

des

clés

»

et du

privilège

ivin

de

«

scruter

es

reins

,

ce

problème

hangea

de nature

uand

il devint

une

préoccupa-

tion

pastorale

pplicable

à la foule

de tous

les chrétiens

par

un souci

d'objectivité

ormelle

u

juridique,

l fut ésolu

par

la

simple

abolition

des occulta

cordis

concepttrop

flou et

laissant

trop

de

place

au

sub-

jectivisme

personnel.

Du

Moyen

Âge

tardif l'époque moderne, e

secret

du cœur

est

devenu

visible

pour

l'homme,

du

moins

pour

le

prêtre,

icaire

de Dieu

dans

le confessionnal

et tout

un

chacun,

même

le

paysan

nculte

t

incapable

de

s'exprimer,

tait,

pour

e

meilleur

t

pour

e

pire,

obligé

de le révéler.

Comment

e

paragraphe

1

du

Concile

Latran

V a-t-il té

appliqué

dans a

pratique

astorale

es

xiir

et

xive iècles

? Les ordres

mendiants

étaient

es

principaux

romoteurs

t

protagonistes

e

l'évangélisation

interne

t de

la confession

uriculaire

régulière.

ans

eux,

le

clergé

18.

La

peur

n

Occident

xiv-xvur

iècles,

aris,

ayard,

981

Le

péché

t

a

peur...,p.

cit.

note

).

19.

Cf.

upra

note .

20. L'aveu

t e

pardon...,

p.

cit.,

.

12.

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OCCULTA

ORDIS

127

séculier t

régulier

'aurait

guère

réussi

assurer

a

diffusion 'un

pro-

gramme

i radical et

universel.

De toute

açon,

es curés

ocaux,

auxquels

e concile

croyait

ncore

pouvoir

réserver ette

âche,

ne

suffisaient

oint

la

remplir.

es frères

mendiants

ux-mêmes,

pécialistes

de

la

prédication,

vaient au début

beaucoup

de

peine

à

inculquer

a

nouvelle

obligation

t à

rompre

es

réticences

prévisibles

contre ce

qui pouvait

apparaître

omme une

atteinte la

«

propriété rivée

du

psychisme.

Pour mieux

persuader

les fidèles de

l'utilité salutairede la

confession,

ls

eurentrecours à

plusieurs

stratégies

e

propagande.

Comme

Jacques

Berlioz l'a bien

montré, ne grandepartiede ces anecdotes, ppelées exempla dont ls

truffaienteurs

sermons,

taient

récisément

estinées

promouvoir

a

nécessitéde l'aveu

pénitentiel21.

J'aimerais

eprendre

ne

historiette

ypique,

ont l

existe

plusieurs

variantes

arratives un

grandpécheur,

ssassin,

voleur,

ornicateuru

adepte

d'autres

vices,

fut ccusé devant n

tribunal t soumis l'ordalie.

Ce

jugement

de Dieu

par

e

feu,

e fer

rouge

ou

d'autres

épreuves

tait

une

méthode

epuis

ongtemps

ésuètedans la

réalité

udiciaire

du xnr

siècle,

mais

toujours

ittérairement

pte

à

souligner

e

caractère

ublic

et théâtral e la

justice

séculière.

Or,

avant

la

scène de

l'ordalie,

le

coupable

eut a chance de

pouvoir,

ous le sceau du

silence,

onfier on

péché mortel un confesseur puis,devant e tribunal,l passa mira-

culeusement

'épreuve,

ommes'il n'avait

pas

commisde

crime,

t s'en

alla

disculpé,

on

intégritéyant

officiellementeconnue. a

leçon

de l'histoire st

claire la confession

ecrète vaincu la

logique

de la

justice

humaine.Le

«

for ntérieur

du

procès pénitentiel

la

force

quasi magique

d'abolir les effets u

«

for

extérieur

.

Le

public

était

venu en

grand

nombrevoir e

spectacle

de

l'épreuve,

et,

s'

attendant

la

confusion t à l'exécutiondu

pécheur

notoire,

l

se

vit,

la

fin,

rompé

dans ses

pronostics.

Le

prédicateur

ouvait

en

tirer

'enseignement

voulu

il

valait a

peine

de surmonter

a honted'un

aveu,

qui,

devant

un tribunalpublic, aurait provoqué une condamnation mmédiatel'aveu clandestin evant e tribunal

rivé

du

prêtre

t de

Dieu,

tout u

contraire,

btenait omme

récompense

e

rétablissement iraculeux e

l'innocence.

l

était

donc

incomparablement

lus

facile de souffler es

péchés

secrets

l'oreille du confesseur

ue

de

risquer

d'être contraint

à les avouer

dans l'embarras xtrême

'une scène

publique.

En

outre,

es

métaphores

u

procès

et,

tout

particulièrement,

elle

de

l'ordalie du

feu,

endent

évoquer

e

Jugement

ernier t

es flammes

du

supplice

éternel,

hèmes

majeurs

de la

prédication epuis

le xnr

siècle,

qui,

devant e

grand

peuple, s'appuyait

ur une

rhétorique

e la

peur.

De même

que,

dans notre x

mplum,

es

spectateurs

e la scène

judiciaireont étédéçus, e diable, e jour de l'ouverture u grand ivre

21. «Les

ordalies ans es

exempla

e

la confession

xir-xiveiècles)»,

ans

L'aveu.

ntiquité

t

Moyenge,

ctes e a table

onde...,984,

ome, 986,

p.

15-340

(Collection

e 'École

rançaise

e Rome

8).

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128 P.

VON

MOOS

qui

contient

ous es

péchés

du

monde,

n'obtiendra

as

ce

qu'il

a

attendu.

Il suffit

u'au

bon

moment,

u

plus

tard

vant

«

l'heure

incertaine e

la mort

ertaine

,

le cœur

peccamineux

e soit

épanché

devant n

repré-

sentant u

pouvoir

des

clefs,

capable

«

de lier et de délier sur

a terre

comme

au ciel ». Avant e xiip

siècle,

une doctrine

loue,

adaptée

aux

besoins

spirituels

'une

minorité

monastique

ou

cléricale,

enseignait

que

Dieu

seul détient es secrets

du

pécheur

et

pardonne

e

repentant

sincère

puis

l'administration

énérale

du sacrement e

Pénitence

y

remédia

vec une clarté

uridique

sans faille. C'est

dorénavant

'aveu,

suivi

de

l'absolution,

ui

constitue e

sacrement,

n

vertudu

principe

ex opere operato qui valide ces deux actesobjectifs, t nonpoint uel-

que

disposition ubjective

omplexe

et insaisissable.

Un critère

imple

et

formel l'aveu

complet

et

véridique

du

pécheurqui

se

soumetau

jugement

u

prêtre

vient

insi

remplacer

'ancienne

exigence

première

de la contritionntérieure.

otre

anecdote,

par

ses connotations

uridi-

ques, souligne

a

simplicité

de cet

acte,

autant

que

les

conséquences

incommensurables

u'il engendre.

La confession

fface e

danger

de

l'ordalie,

de

même

qu'elle

a le

pouvoir

de neutralisera

rigueur

du

Jugement

ernier,

ont e

prêtre,

nion

personnelle

u

père

et du

uge,

anticipe

t abolit à

la fois les

terreurs,

ar,

en tant

ue

représentant

u

Juge

céleste,

l

est

à même

d'épargner

a

condamnation ternelle u

coupable qui avoue aujourd'hui es péchés.

En

introduisant a

confession

privée régulière

et

obligatoire,

l'Eglise,

par

le

détourde sa

fonction

médiatrice,

'est

substituée u

«

scrutateur es reins . Ce

résultat st

dû,

pour

ainsi

dire,

à

une ruse

de l'histoire le

grand

modèle de

l'intériorisationu

xiie

iècle,

«

l'éveil

de

la conscience

,

qui

se nourrissait

ssentiellement e la

«

moralede

l'intention

d'Abélard,

a

produit

u

xiip

siècle

des effets

ontraires,

nullement

révisibles. 'impératif

e la

contritionincèredevant e seul

regard

de

Dieu,

qui

faisait e tourment

e

beaucoup

de

religieux

t

de

religieuses

à

commencer

par

Héloïse,

incapable

de se

repentir

'un

amourqu'elle désirait oujours), et impératif evenaittropsubtil et

trop ague

à la

fois,

pour

être

ransposé

e

l'Église

des élites

pirituelles

et des

«

virtuoses

eligieux

à

l'Eglise

du

peuple

entier.Le

repentir

restait

ne

condition,

mais

l'exigence

en était tténuée ce

n'était

plus

la

contrition,

mais

«

1'

ttrition ou le

repentirmparfait

u

minimal,

inspiré ar

a

peur

de

l'Enfer,

ui

suffisait

valider a confession.

Grâce

à l'ancien

paradigme

de

l'introspection

t de la

contrition,

es

évangé-

lisateursdes foules avaient

néanmoins

ppris

à

distinguer

es

péchés

cogitatione,

erbo

et

opere.

Or,

connaissant ien la

logique systémati-

que

des anciens

«

livres de

pénitence

,

qui

traitaient

ourtant lutôt

des actions

objectives

comme

l'homicide et

l'adultère,

ue

des inten-

tions ubjectives,ls se mirentgalement appliquer eur ogiquetaxi-

nomique

aux recoins es

plus

secretsde la conscienceet à

inventer es

classifications e

plus

en

plus

raffinées,

apables

d'englober

e

spectre

entier es

péchés.

Il

faut

appeler

ci

«

la

questiondisputée

des

primi

motus

concernant es

passions

(

Médiévales n°

29,

p.

138)

: les

«pre-

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130

P. VON

MOOS

ou

de

l'ermite,

n'avait

pas

le loisir

de se

préoccuper

ncessamment e

son salut il

passait

nécessairement

lus

de

temps

dans le

monde des

tentationst

des

péchés

qu'en prière.

e constat

ourrait

embler

anal,

si l'on

ne

voyait pas

apparaître,

u

Moyen Âge

tardif,

t sur toute

l'échelle

sociale,

la

même

préoccupation

fébrile de

vivre

près

des

confesseurs. es

pauvres

t es

simples

aïques fréquentaient

ssidûment

le

«

prêtre

ocal

»,

lui

laissantdu

répit uand

périodiquement

es

frères

mendiants mbulants

venaient

prêcher

t entendre a

confession.Les

personnes

haut

placées

et riches e

payaient

e luxe

d'être continuelle-

ment

ccompagnées

d'un directeur

e conscience

privé24,

ouci de sécu-

rité, omparable celui de beaucoup de nos contemporainse ne pas

trop 'éloigner

des bienfaits

e

la

santé

publique

médecins,

mbulan-

ces,

hôpitaux

tc.

l

serait

d'ailleurs erroné

e croire

ue

le

phénomène

n'appartenait

u'à

la

piété

populaire

t aux milieux

ncultes.Même un

prince

e

l'esprit,

e

protohumaniste

étrarque,

tait

profondément

anté

par

la

peur

de

gaspiller

on

temps

en

occupations

tériles

ui

auraient

pu

le

détourner u seul

«

souci de soi

»,

compris

comme

examen de

consciencecontinuel

t méditation

ur a mort

mminente,

e

qui

lui fit

préférer

a solitude

la vie

active,

et admirer

ar-dessus

out e mona-

chisme des

Chartreux25.

Dès le

XIIIe

iècle,

e

foisonnemente la littérature

énitentielle

e

répondaitpas seulementà la « demande des confesseurset des

pécheurs,

mais il

correspondait

lus

encore à une

nouvelle

conception

du

péché

même,

qui

faisaitde

plus

en

plus

figure

e

puits

sans fond.

L'inventivité

héologique

t

l'observation

astorale

de

la

réalité

uoti-

dienne

faisaient 'accroître e

nombre t la

complexité

es

péchés,

à tel

point que

le besoin de clarté et

d'orientation

ystématique

n devint

primordial.

our ne citer

qu'un exemple

du IXe u xne

siècle,

l'ona-

nismene

fut

uère

considéré

omme un

péché

gravepar

es livres

péni-

tentiels,

ui,

de toute

façon,

ne

prévoyaient ue

des

peines

assez modé-

rées

pour

ce

genre

de

pratiques

exuelles. Au xive

siècle,

en

revanche,

celles-ci furent oigneusement écrites,et classées parmi les pires

péchés

mortels

uxquels

seul

l'évêque

avait

pouvoir

de donner 'abso-

lution. elon

Jean-Louis

landrin,

ettevalorisation

égative

'intensi-

fie

après

le

Moyen Âge,

au furet à

mesure de

l'étrangeprogression

communede la

répression

t de

l'érotisme26. a sévérité

pénitentielle

s'explique par

le fait

que

l'onanisme solitaireest le

plus

secret des

péchés

de la

chair,

e

qui,

sous un

autre

spect,

celui de

l'effet

ocial,

aurait

pu

le faire

bénéficier e circonstances

tténuantes.Mais c'est

précisément

on

caractère

ubreptice ui

le rend

ondamnable.On

peut

24.

Cf.

Delumeau,

e

péché

t a

peur...,p.

it

(note ),

pp.

22-

35 J.

hif-

foleau, La religionlamboyante,Histoiree la France eligieuseJ. e Goff t

R.

Rémond

d.,

ol.

,

Paris, euil, 988,

p.

103

q.

25. P. von

Moos,

Les solitudese

Pétrarque,

iberté

ntellectuellet ctivisme

urbainans a crise

u

xive

iècle

,

à

paraître

ans

Rassegna

nternazionale

i ettere

italiane

1996.

26. J.-L.

landrin,

e sexe t

'Occident

Paris,

euil, 981,

p.

96

q.

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132

P.

VON

MOOS

ce Peccavi

superficiel, ui

n'est

que

sur le bord des lèvres et

qui

ne

part pas

du cœur

je

ne

parle pas

de ce Peccavi contraint t forcé...

réprouvé ar

Dieu. Je

parle

de ce Peccavi sincère t douloureux

ui

est

le

symbole

de la confession es

Justes.

Et à

propos

de ceux

qui

refu-

sent e directeur

ersonnel our

ui

préférer

e

premier

onfesseur

enu,

il

remarque

«

Ils

veulent, isent-ils,

es

confesseurs,

t non des direc-

teurs

comme

i l'un

pouvait

tre

éparé

de

l'autre,

t

que

le

confesseur,

pour

s'acquitter

e son devoiret

pour

assurer

'ouvrage

de la

grâce,

ne

fût

pas obligé

d'entrer ans le même

détail

que

le directeur.

De la

confession,

n

chemindirectmène à la Sainte

nquisition,

cetinterrogatoireui ne s'attachepas aux péchés pardonnables,mais à

ceux,

impardonnables,

ommis

«

contre e Saint

Esprit

,

à

l'apostasie,

à

l'hérésie,

au

blasphème

et à la sorcellerie.

Occasionnellement

n

y

rangeait

ussi

l'homosexualité,

onsidérée omme

péché

contre

nature,

donc contre e

Créateur.)

i cette

nstitution

e fut nstallée

u'au Moyen

Âge

tardif,

e fut ans doute en raisonde la relative

homogénéité

déo-

logique

de la société

antérieure,

ans

laquelle

la

dissidence

pouvait

longtemps asser inaperçue,

vant de

créer,

partir

u

xir

siècle,

un

véritable candale et de

provoquer

e besoin

impérieux

'inventer es

instruments

fficaces 'éradication.

C'est

encoredu secret

u'il s'agit

car le

pire

des

péchés

en

pensée,

e

plus

secret, 'hérésie,

futdécouvert

à un moment ù il s'étaitdéjà répanduparmi e peuple,et risquaitde

compromettre

es institutions. a

conséquence

en

fut,

pour

les élites

établies,

a terreur e ce virus nvisibledont e diable aurait ontaminé

le

peuple.

Cette

panique

était

aggravée par

le

comportement

es héré-

tiques, qui,

accusés,

ne confessaient

ue

rarementeur hétérodoxie t

protestaient

u contraire

e leur

puretéparfaitement

rthodoxe,

e

qui

les rendait 'autant

lus suspects

ue

toutes

eursdéclarations

ouvaient

apparaître

ommedes

subterfuges.

fin

de

détecter,

malgré

et

obstacle,

le secret

diabolique,

les

frèresmendiants nventèrent ne méthode

d'interrogationu'on peut uger plus

diabolique

encore.Comme on

sait,

l'efficacité e cette méthode enait n substance son

caractère adi-

calement secret et à une stricte ialectiquede déductionqui menait

logiquement

l'aveu.

Le

procès,

mené

par

un

inquisiteur ui

unissait

en sa

personne

es trois onctions

'accusateur,

éjugé

et de

confesseur,

aboutissait écessairement

l'alternative,

oitdu

bûcher,

oitde la

péni-

tence

et

de

la

réclusion

perpétuelle

ans les cas

plus

raresoù les cou-

pables

se convertissaient.

'authenticité 'une telle conversionétait

d'ailleurs mesurée l'aune du nombrede dénonciations

e

complices

que

le

supposé

converti

tait

prêt

faire31.

C'est

précisément

e caractère

purement pirituel,

aché,

et sour-

noisement

ontagieux

u crime

qui inspirait

e

procédé.

On le

justifiait

parle raisonnementogique que la ruse nvisibledu Diable ne pouvait

31. J.

hiffoleau,

ire

'indicible...,

oc. it.

note 3)

N.

Cohn,

émonolâtrie

et orcellerieu

Moyen

ge

Paris,

982

P. Segl

éd.,

Die

Anfänge

er

nquisition

m

Mittelalter,

it inem usblick

uf

as20.

Jh...,

ologne

Weimar/Vienne,

öhlau,

993.

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134 P.

VONMOOS

dentielle la

portée

d'autres

nquisiteurs, ui pouvaient

insi

profiter

du savoir

secretde leur

grand

ollègue34.

L'invention

de

l'interrogatoirenquisitorial,

ue j'ai

voulu

présen-

tercomme

une lutte

ystématique

t institutionnaliséeontre

e

secret,

a

eu des

conséquences

de

longue

durée. Au

xivc

siècle

déjà,

mais ce

n'est

à

que

le débutd'un

développement

ulminant

u

xvir,

a

pression

des

enquêtes

conduisait à

l'aveu de

plus

en

plus

détaillé de

péchés

inexistants t

imaginaires35.

n des

plus répandus

est le

coït avec le

diable,

dont

'aveu,

grâce

à la

curiosité es

inquisiteurs,

'accompagne

souvent

e

descriptions

oncrètes,

ar

exemple

ur a

couleur t e

degré

de chaleurdu sperme, a formedu pénis sataniqueetc... Que s'est-il

donc

passé

de nouveau

depuis

e xiir

siècle,

pourque

de telles

vésanies

soient

devenuesdes

croyances énérales

Le

paragraphe

1 du

Concile

de Latran

V

s'est

imposé

d'une

manière nattendue. 'aveu en tant

qu'aveu

a

développé

sa loi

propre,

épassant

de loin son

premier bjec-

tif

de révélation e fautes

ommises

grâce

à la fantaisie

nventive es

confesseurs t des

inquisiteurs,

l

est devenu

une machine

produisant

des

péchés.

De

nouveaux méfaits nouïs

commencèrent voir le

jour

et à se

multiplier,

antdans

l'imaginaire

ue

dans la

réalité.

La sorcellerien'en est

que

la

conséquence

la

plus spectaculaire.

Sans entrer

ans ce

sujet, aujourd'hui

étrangement

opulaire, e

n'en

voudraisque releverun aspect ié à mon thèmeprincipal une fois de

plus

ce sont

des

porteurs

e

secrets,

'invisibles ennemis

onjurés

des

institutions

tablies,

qui

sont

soupçonnés

t

persécutés.

Grand

nombre

de sorcières

brûlées

étaient,

omme on

sait,

des femmes

xerçant

des

métiers de

l'ombre,

comme ceux

d'entremetteuse,

e

devineresse,

d'avorteuse ou de

sage-femme.

Comme Danielle

Jacquart

t Claude

Thomasset 'ont bien mis en

lumière,

n

comptait

jarmi

lles les

pra-

ticiens

gynécologues

es

plus

recherchés u

Moyen Âge, parce qu'elles

jouissaient

d'une confiance

ue

les femmes ouffrantes

'avaient

point

envers es

médecins,

devant

esquels

elles

craignaient, ar pudeur,

de

montrer

eurs secrets

hysiques

.

Le secret

personnel

occulta

corpo-ris cettefois,etnon occulta cordis- découle ici de la différencentre

les sexes. Le

pouvoir

de

l'Église,

allié à celui de la

science

masculine,

l'a

combattu

ar

es

moyens prouvés

du dévoilement

landestin. ans

ce

domaine

surtout,

a

contrainte e l'aveu

produisait

ne abondance

de diableriesoccultes

qui

ne dissimulaient

ue

le

simple

fait

que

les

sages-femmes

xerçaient

ne activité

ociale

indispensable,

mais offi-

cieuse.

La chasse aux sorcières st

une autreforme e la lutte ontre e

secret,

ontreun savoir

populaire

utile,

chappant

u contrôle u

pou-

voir

officiel37.

L'Inquisition

a

produit

ussi des effetsmoins

spectaculaires,

mais

34. Bernard

ui,

Manuel e

'Inquisiteur

éd./trad..

Mollat,

2

vol.,

HF

MA,

8-9,

aris,

es Belles

ettres,

964.

35.

D.

Jacquart

tCl.

Thomasset,

p

cit.

note 7),

pp.

02

q.

36.

bid.,

p.

167-179.

37. J.

Chiffoleau,

La

religionlamboyante

,

oc. it.

note

4)

pp.

127,

63.

Page 138: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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OCCULTA

ORDIS

1

35

peut-être lus profonds

ans la «

longue

durée» : de nos

ours

encore,

l'interrogatoire

e

l'agent

de

police

ou du

uge

d'instructionn 'absence

d'avocat est restéun

sujet

de

débats

politiques.

Or,

il

est démontré

ue

la

justice inquisitoriale

e

l'Église

était d'une telle

efficacité,

u'elle

attirait 'intérêt e la

ustice

pénale

séculière,

aquelle commençait

l'imiter sa

façon38.

cet

égard

es

retentissants

rocès

des

Templiers

et de Jeanned'Arc

représentent

es

précédents,

uisque, pour

la

pre-

mière

fois,

e

pouvoir temporel

ut

y

mettre

profit

a

technique

de

l'interrogatoirecclésiastique.

À

partir

u

xvc

siècle au

plus

tard,

l

s'en

servitdans son

propre

ntérêt,

e fût-ce

ue pour

arrêter

e

petits

bri-

gands.On ne saitplus guère que l'Inquisition été le modèle indirect

de la

juridiction

moderne n matière

pénale.

Pourtant,

es

états abso-

lutistes ux totalitarismesu XXe

iècle,

et même

usqu'à quelques

démo-

craties

actuelles,

elle a laissé des traces dans

l'instruction

riminelle,

tant

u

premier egré,

devant e

juge

d'instruction,

u'au

second

degré,

devant es tribunaux.

De manière

globale,

on

peut

dire

que l'Inquisition

e situe ainsi à

la charnière

e la

théocratie

médiévale

t des

états

éculiers

modernes39,

mais ce

qui

mérite

plus

d'attention ans notre

ontexte,

'est

qu'elle

continue

ur

e

terrain dministratift

uridique

un

processus

d'éclair-

cissement

énéral, irigé

ontre es obscurités e

l'âme,

qui

commence

au xir siècle par l'éthiquede l'intention t qui se poursuit u xnrdans

la

casuistique

onfessionnelle.

'est

un

progrès

ans

la

rationalisation,

bien

qu'il

ait eu les suites es

plus

irrationnelles. u

point

de

vue

de

l'histoire u

droit,

'Inquisition

aboli l'ancienne

procédure

ccusatoire

qui

se fondait ur a

logique

du

«

suffisamment

robable

,

en évaluant

les

témoins t

en

explorant

e

pour

et

le contrede

la

cause

dans un

débat

dialectique

u

rhétorique,

ondé urdes

arguments

e

persuasion,

non

de démonstration40.la même

époque

où la

logique

démonstrative

scolastique

et aristotélicienne

epoussait

de

plus

en

plus

les

argumen-

tations

opiques

ou

probables

par

ses

prétentions

cientifiques,

a

juris-

prudence

ut aisie d'une semblable obsession d'atteindre a certitude.

Le droit

énal

se donna alors

pour

but de détecter a vérité

nivoque

et

complète

du

mal.

Le

procédé nquisitoire

e définit

omme

recherche

positive

de la

vérité,

u-delà et au-dessus des méthodes

loues,

nduc-

tives de Yinventio

rhétorique,

u

prudent

xamen des

témoins,

de

l'équité

des

jugements

de Salomon

»

et des

acquittements

léments

au

bénéfice u doute.

La

nouvelle

technique

tait

igoureuse

t

péremp-

toire combinant

'expérience sychologique

u confesseur vec la

logi-

38.

Id.,

DireV

ndicible,

oc cit.

note 3)

cf.

ussi La

religionlamboyante

,

loc. it.

note 4)

pp.

7

sq.

39.B.Schimmelpfennig,Des Grossen ruders rossmutter.ie christliche

Inquisition

lsVorläuferinesmodernenotalitārismus

,

Die

Anfänge

er

nquisition...,

op.

cit.

note 1),

pp.

85- 96.

40. P. von

Moos,

Introductionunehistoiree

Y

ndoxon

,

dans ieux om-

muns,

opoi,

lichésActes u

olloque

nternationale

Lyon

992,

.

Plantin

d.,

yon,

Kimé, 994,

p.

1-16.

Page 139: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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136

P.

VON

MOOS

que

des

questions

serréeset

suggestives

du

dialecticien,

lle amenait

inévitablement

'aveu des

crimes,

ût-ce

e crimes

mpossibles

com-

mettre.

Nul secret

ne

pouvait

glisser

à travers

es mailles

étroites

ue

ce

filet

ui tendait.

l

est

difficile

e

comprendre

ujourd'hui

qu'une

méthode

ussi

sophistique

e

soit

targué

e sa

logique

scientifique.

ais

ce n'est

qu'un

aspect

de

l'esprit

scolastique

dont

on

a souvent

dit

qu'il

excelle,

selon

une

syllogistique

mpeccable,

déduire

e

prémisses

incertaines

es conclusions

certaines.

Ceci

implique

qu'en

tendant

l'inculpé

des

pièges

subtils

our

'empêtrer

ogiquement

ans

des auto-

contradictions,

'Inquisition

ccomplissait

une

tâche

rationnelle

en

le

convainquant e son crime, lle ne manifestaite plus souvent ue la

pétition

e

principe,

elon

laquelle

un

ugement

e déduit

d'un

préjugé.

Avec ces

observations,

nous

atteignons

l'automne

du

Moyen

Âge

»,

mais

frôlons

galement

e

«

printemps

des

temps

modernes,

i

cette

métaphore

onvient

our

désigner

'accomplissement

es structu-

res

rationalistes,

ormalistes

t

bureaucratiques ui

ont

continué

t

per-

fectionné

'ancienne

exorcisation

des occulta

cordis.

Les formes

de

manipulation

u

secret

personnel,

héritées

du

Moyen

Âge,

survivent

encore

aujourd'hui.

On

peut

penser

u droit

pénal

de

plusieurs

ays

du

monde,

ur

esquels

«

Amnesty

nternational

ne cesse

de nous

fournir

des

rapports

nquiétants.

On

peut évoquer

un

sujet

plus

délicat

la

culture ccidentalede « la haine de soi » qui nourrit os psychothéra-

peutes,

t

que

Delumeau

relie

en

ligne

directe

la

«

névrose

ollective

de

culpabilité

produite

par

une éducation

pénitentielle

éculaire41

«

Aujourd'hui

ncore,

dit-il n

parlant

e la confession

médiévale,

nous

restons

marquéspar

cette

formidable

ontribution

la

connaissance

de

soi

».

Historiquement

arlant,

'essentiel

me semble

cependant

e

fait

que,

malgré

a tendance

nhérente

tout

pouvoir

de vouloir

'implanter

dans

l'intériorité

es

sujets,

cette

tentative

'a

encore

amais

été cou-

ronnée

d'un succès

durable,

ni dans les

tyrannies

nciennes,

i dans

les

totalitarismes

modernes42.

cet

égard

peut-être,

a seule

réussite

de

longueduréea été

celle de

l'Église, depuis

1215.

41. Le

péché

t a

peur,

p.

cit.

note

)

pp.

31

q.

cf. ussi

K.

Deschner,

as

Kreuz

it er

Kirche,

ine

exualgeschichte

esChristentums

Düsseldorf/Vienne,

974,

p.

383

ura haine

e

oi,

ultivée

ans

echristianisme

lus

ue

dans

outeutre

eligion.

42. B.

Schimmelpfennig,

p.

cit.

note 9),

tG.

Bechtel,

a

chair,

e diable

t

le

confesseur

Paris,

ion,

994.

Page 140: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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OCCULTA ORDIS 137

Peter von

Moos,

27,

rue

Charles-de

Gaulle,

F-77760 Marlanval

Occulta cordis Contrôle de soi et confession u

Moyen

Âge

Au

Moyen Âge,

l

existait eux formes e

silence,

elle de l'ascèse

monastique

t

celle de la

prudence ristocratique.

errière e dou-

ble silence se cache

le

secret ndividuel u

cœur,

éservé la seule

scrutinatio e Dieu.

À

l'herméneutique

e

«

l'homme extérieur

répondait

n art

parallèle

du contrôle e soi

empêchant

oute

pon-

tanéité ommunicative.

Cette

structurelémentaire u

comportement

ocial se

complique

sous la pression 'un autrempératifeligieux le devoirde s'exa-

miner oi-même t de se confesser Dieu en

parfaite

incérité.

Le

tournant

istorique

u concile de Latran V

(1215),

instituant

la confession uriculaire

bligatoire,

mit 'accent sur

'aveu,

sur

la

révélation

es occulta cordis dont

dépendait

e salut éternel.

La recherche es

péchés

clandestins

e

la

pensée

nduisait,

omme

corollaire

ogique

à la

confession,

'Inquisition ui,

à

l'image

du

regard

entral e

Dieu,

se

proposait

d'ouvrir

de force es secrets

du cœur.La

transparence

bsolue,

autrefois

rivilège

xclusif

de

Dieu,

devint

e butde cette

nstitution

la fois sacrée et

politique,

qui

se disait son

représentant

ur terre.

Silence

-

confession contrôlede soi

-

péché

-

inquisition

secret

Occulta

cordis.

Self-control

nd Confession

n

the Middle

Ages

Two forms f silence existed n the Middle

Ages

: the silence of

monastic sceticism

nd thatof aristocratic

rudence.

This dual

silence concealed the most ntimate ecrets f the

heart,

ntended

forthe scrutinatio f God

alone.

A

resulting

arallel

artof self-

control,

indering

ll

spontaneous

ommunication,

orresponded

to thehermeneuticsf the exteriorman ». Thiselementarytruc-

ture f social behaviourwas renderedmore

complexby

the

pres-

sureof another

eligious mperative

the

duty

f self-examination

and of confession o God to

perfect

incerity.

he historical ur-

ning

point

ame with he nstitutionf

obligatory

uricular onfes-

sion

by

theFourth ateranCouncil

1215),

stressing

ot so much

introspection

s

avowal,

as disclosureof the occulta cordis

on

which

depended

eternal ate.

Stemming

rom he search

forhid-

den

sins of

thought

was the

logical corollary

o

confession,

he

Inquisition,

hich,

ike God's central

aze,

was intended o

pierce

the secretsof the heart.Absolutetransparency,hich had beenthe exclusive

prerogative

f

God,

became the main

purpose

of

this institution

oth sacred and

potilical,

which claimed to

be

God's

representative

n earth.

Silence

-

confession

self-control sin

-

inquisition

secret

Page 141: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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Médiévales0, rintemps996,p. 39-155

NOTES

DE

LECTURE

Sandro

arocci,

Baroni i Roma.

ominazioni

ignorili

lignaggi

ristocratici

nelDuecento nelprimo recentoRome, 993 collectione Ecolefrançaise

de

Rome,

81),

496

p.,

tables, artes,

ndex.

Cette

mportante

echerche,

ondée ur e

dépouillement

e nombreuses

sources

archives

rivées

t

ecclésiastiques,iplômes

esrois

ngevins

t

regis-

tres

ontificaux)

inscrit ans

a

lignée

éconde es études taliennesur a

constitutionesclasses

dirigeantes

l époque

ommunale

présentant

es

gran-

des

ignes roblématiques

e cette

istoriographie

n

ntroduction,

auteuritue

son

objet

de recherchesà cheval ntre Italiedes communest le Mezzo-

giorno

monarchique

t féodal

(p.

8)

-

et a

remarque

e vaut

pas

seulement

sur

e

plangéographique.

est donc

grandes njambées ue

Sandro arocci

nous

mmène,

es

campagnes

atíales t

au-delà,

traverses

possessions

ei-

gneurialesespuissantsignagese ces barones rbisui, ntreafin uxir iè-

cle et les

premières

écennies u xnr

iècle,

nt u

s imposer

u faîte e la

noblesse omaine.

L histoire e a montéen

puissance

e cette oblesse elativementécente

(celle

des

Annibaldi, aetani, olonna, onti,Orsini,

avelli...

n tout reize

lignages

ont auteur econstituea

généalogie

t

cartographie

e

patrimoine

la fin e

son

ouvrage)

st ntimementiée à celle de la

papauté.

ontinuateurs

de la

politique

Adrien

V,

les

grands

apes

romains u second

xir

iècle

(Clément

II,

Célestin

II et nnocent

II)

imposent

eur

pouvoir

l ensemble

du Latium. our

mener bien eur

politique

e

centralisation,

ls ontbesoin

d alliés sûrsdans a noblesse

omaine,

t les trouventansces familles ou-

velles

ui peuplent

e sénat t a curie. e

népotisme,

n

somme,

stun mode

degouvernementont espapesnepeuventepasser our ffermireur utorité.

La mort e

Grégoire

X

en

1241,

ui

clôt a

longue

érie es

pontifes origine

romaineu atíale

elle

ne

reprendrau en

1277 vec élection e Nicolas

II),

libère es forces ntibaronialese la commune omaine

notamment

irigées

par

Brancaleone

egli

Andalò,

ui

met bas

140tours

atriciennes)

mais oin

de

sonner

e

glas

de la

puissance

es barones rbis cette

ériode

stcelle de

l enracinement

eigneurial

es

ignages

ans a

campagne

omaine. elui-ci e

maintientntact

usqu aux

xive

iècle,

orsque

e

pontificat

e Boniface

III,

a

montée n

puissance

e la commune

omaine

partir

e 1313

et,finalement,

l éloignement

e

la

curie

bligent

es familles aroniales un ridimensiona-

mento e

leurs mbitions

olitiques.

C est à l étudede ces

patrimoines

aroniaux ans a

campagne

omaine

que s attelle andro arocci. ousle pontificateNicolas II, oncompte ne

centaine e castra atiaux enus

ar

es

barons,

ui parviennent

maintenir

concentréest

compactes

eurs

ossessions

e

long

des

grands

xes de

commu-

nications. et incastellamentouecentesco

qui

se caractérise

ar

l emprise

baronialeur e

territoire,

e

provoque as

-

à l inverse e son înéde

époque

Page 142: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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140 NOTES

DE

LECTURE

féodale un

remodelage

adical e

espace graire.

l semble ien

ue

e facteur

militaireoit

éterminant,

t efficacitée ces réseaux

astraux,

ont

es milites

castri ssurent

a

défense,

e

vérifie

mplement

orsdes

guerres

u début u

xive

iècle.

Jusqu à

ette

ériode

e troubles

olitiques,

es

patrimoines

emeu-

rent e

plus

souvent ans eur

ntégrité.érogeant

la

pratique

ommune es

aristocraties

taliennes,

es barons omains éserventn effet u fils îné une

partmajeure

e la succession.

e

principe

e

primogénitureeut

tre

amené,

comme

e

suggère

auteur,

une double nfluence

«

par

e bas

»,

celle des

militesastri oumis uxbarons

ui

se devaient e

garantirintégrité

u

eudum

et

«

par

e haut

,

celle de l aristocratieormandeu

angevine ui

introduit

dans es

usages

de succession u Latium e modèle

rançais.

On lira galementvec ungrandntérêtes pagesoù l auteur éfinites

conditions

uridiques

e

la

mainmisearonialeurunebonne

artie

e la cam-

pagne

omaine.

e

mouvementst ansdoute

nclenché,

ès a fin

u

xip

iècle,

par

ne

vague

e concessions

ontificales

mais e ce

point

e

vue,

e

pontificat

d Innocent

II

apparaît

ien omme le chant u

cygne

u féodalisme

ontifi-

cal

»

(p.

94).

Car ces fiefs endentvidemmentdevenir es

propriétés

llo-

diales etderrièrees

«

locations dè castra

ar

des ordres

eligieux

e cachent

souvent es ventes

éguisées.

inalement,

es barons

cquièrent

es castra n

pleine ropriété, mposant

out aturellementans a

campagne

omaine

ar

l énormitées

moyens olitiques

t

économiques

ont

ouvaient isposer

es

familles e cardinauxt de

puissants

obles

ui

avaient ié leur ort l État

pontifical.

andro arocci onne ne

description

aisissante e la violence e

cet ccaparement.e cas deNinfa,u suddeSegni, strévélateurunedyna-

mique mplacable.

n

1293,

Agapito

frère

u cardinal ietro

olonna)

st

nommé

odestat

e cette

etite

ommune.

l origine

une elle

ntrusion,

ans

doute,

es dissensionsnternes

ui

menacenta

paix

du Castrumt mettentn

péril

es institutions.our

chapper

ux

Colonna,

e

parlamentům

e la com-

munevend tous ses droits PetroCaetanien

1298,

pour

a sommede

200 000 ivres.

En

moinsd une

décennie,

ne commune alleutiersibres

tombe insidans es rêts e

la

seigneurie

aroniale

t devient n

Castrum

e

vas ali

privés

e tout roit ur

a

terre.

Les barones rbis

arviennent

onc

imposer

ans es

campagnes

omai-

nes une

seigneurieomplète,

est-à-direanale t foncière

pour eprendre

une

terminologierançaiseui

s accorde ouventmal au cas italien. ntre es

mains u baron e concentreessentiel e la propriétéu sol- au détriment

des

citadins,

es ordres

cclésiastiques

t des

paysans

lleutiers.es

usages

communauxésistent al à la

pression eigneuriale

t

à

l importance

e la

réserve.

uant

u

pouvoir

ur es

hommes,

l

s exercede manière rutale t

absolue. oumis u

pouvoir

aronial,

es hommesont

its,

niformément,

as-

sariiou

vassalli

preuve

e la

prégnance

e la

«

féodalité

ustique

dans es

campagnes

omainest de la

capacité

e la structure

eigneuriale homogé-

néiseres conditionses

dépendants.

es barons étiennente merumtmixtum

impérium

t ucune tructureommunautaire

e

vientimitereur utorité.

insi

le

lecteurst-il onvié

la

description

es

banalités

t

droits

eigneuriaux

des

droits

e

ustice

u ius

patronatus

es

églises) ui

encadrent

ous es

moments

de la vie

familiale,

ocialeet

économique

es

«

vassaux .

Système loquéNonpas, ar est ansdoute a mobilitéesdépendantsuimet e huile ans

les

rouages

Sandro

Carroci

e

trouve ucunemention

e

«

servitude

e

la

glèbe

ni

d obligation

e résidence ans

es castra

dominés

ar

es barons.

D ailleurs,

e

système

graire

u ius serendi e

permet as

de

développer

es

rapports

tables ntrees hommes t a terre.

Page 143: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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NOTES

DE

LECTURE

1 1

Onmesure, la lecture u ivre e Sandro

arocci,

a

puissance

olitique

et

économique

es

ignages

e cardinauxomains

u xine

iècle.Rienne semble

pouvoir

ésister leur

ppétit

e

pouvoir.

e

qui

dominait

u

Latium t en

Sabine la

fin

u

xir

iècle,

était a

grande

ariété es structures

eigneuria-

les

l importance

e a

propriété

lleutièret e

dynamisme

unmarché oncier

ouvert ux

étrangers,

e

développementolitique

es communautésastrales

(universitātes

astri

,

la

prédominance

es consorterie

eigneurialesui, par

nature,

bligent

es maîtres u sol à

composer

vec une société urale n voie

de différenciationociale tout ontribuaitentretenira

complexité

u

paysage

social dans es

campagnes

omaines. ous

l emprise

rutale es

lignages

es

barones

urbis les contrastes

écrêtent,

es situations uniformisent

t,

à

l échelle unpatrimoinet d unterritoire,e manifestentes forces olitiquesnouvelles

uxquelles

es barons oiventeur ortunecellesde État

ontifical.

Patrick oucheron

JoleAgrimi t

Chiara

Crisciani,

es Consilia

médicaux

Turnhout,

repols,

1994

Typologie

es Sources

u

MoyenAge

occidental,

ase.

9).

Ce

livre

un

premier

érite,

elui

de combler

uelque eu

notre

manque

d information,

u moins n

angue

rançaise,

ur a littératureédicalemédié-

vale.Après voirconsacré n précédentuvrage l enseignementédical

(

EdocereMedicos Medicina colasticanei secoli

XIII-XV,

Naples,

1988),

J.

Agrimi

t

C. Crisciani

nt

hoisi,

n étudiantes

Consilia

d abordera méde-

cine

par

son

anglepratique. l origine,

es

prescriptions

édicales ont

n

règle énérale

e résultat

crit

une

visite

ffectuée

ar

e

praticienuprès

un

patient.

es écrits onstituentoncune source ssentielle

our appréhension

de la

pratique

médicale t se

placent

la confluencee la consultationt de

l acte d écriture.ls

empruntent

ailleurs u

vocabulaire

rofessionnel

eur

dénomination

ropre,

onsilium/consulere.es

premiers

émoins

pparaissent

en talie uNord ans a secondemoitié uxnr iècle. une des

figures

mblé-

matiques

e ce

genre

ouveau st e

médecin

t

universitaire

olonais,

addeo

Alderotti.

J.Agrimit C. Crisciani e sont fforcéese rendreompte e la com-

plexité

e cette ittérature.

enonçant

ci à une

analyse

ociologique ui

reste

à faire

étude

es

récipiendaires,u ils

soient

atients

u

médecins),

lles

pro-

posent

nedéfinitionu

genre

t

analysent

évolution es

textes.

e l examen

de ces sources e

dégage

un schéma

ripartiteui

se retrouveansun

grand

nombre e Consilia. n

premier

nsemble end

ompte

e l examen u

patient

et

analyse

e cas

observé

il

s agit

u

casus Dans es conseils es

plus

détaillés,

le

praticien

apporte

neobservation

ingulière

il fournites

renseignements

personnels

ur e malade

nom,

exe,

ge,

condition

ociale,

rigine

éographi-

que...),

ur affectionont

l

souffret

propose

on

diagnostic.

es seconde t

troisième

arties

elèvent

e

la

thérapie

le médecin

rescrit

out abord n

régime iététique,

ondé urunensemble e

facteursxternes

u

corps

umain

(où l air et alimentationouent nrôleessentiel)t censés pportere pre-

mières méliorations.

n

dernier

ieu,

l

fournites

prescriptions

édicales,

propose

es recettest éventuellement

uelques

nterventions

caractèreech-

nique saignée,

autérisation,

oire

umigations).

our

utant,

es Consilia e

constituant

as

un

genre

ixe,

ombreuxont

eux

qui,parexemple,

e com-

Page 144: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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142

NOTES

DE

LECTURE

portentasdecasus.La présentetude, ui s efforce être a plus arge os-

sible,

e

propose

onc

d analyser

a constitutionun nouveau

enre

ittéraire,

depuis

es

débuts

usqu à

a

fin

u

xve

iècle. es auteurs

égagent

eux

phases

dans e

processus

du xme u milieu

u

xive

iècle,

ne

période ui

se carac-

térise

ar

a fixation

rogressive

u

genre

du milieu u xive la fin u

siècle

s établit nedistanciationntre actemédical t a

composition

un onsilium.

L analyse

u cas

apparaît lus

héorique

t a rédactionert

otammentensei-

gner

a

pratique

édicale

ce

dont end

ompte

ussi a

compilation

e conseils

à l intérieure

recueils).

u xve

iècle,

e retour

e la

scolastique arque

éta-

blissementu consilium

agistral.

outefois,

es modalités écrituret eurs

transformationsont

présentées

e

façonparfois

onfuse.l est difficile la

premièreecture e remarqueroutesesnuances esglissementspistémolo-

giques

t a

langue arfois

nutilement

omplexe

enfacilite

as

entendement.

Cette

tude

ne

propose

nfin

u une

vision

artielle

es

conseils,

imitenhé-

rente la collection ans

aquelle

lle

paraît.

a

brièveté

es

fascicules

blige

à des choix

ui

occultente nombreusesacettes

es Consilia. es auteurs nt

privilégier

a structureu détriment

une

nalyse lus

ine u

contenu ême

des

ouvrages.

ertains

spects

e trouvent

raités

n

un

rapide hapitre,

els a

nosologie

t a

thérapie

u encore

analyse ociologique

e a

profession

édi-

cale et du

public

es

patients.

ans ce

domaine,

eul

ouvrage

ue

D. P. Lock-

wood consacré ux

Consilia

e

Ugo

Benzi

omble

os

acunes. e

même,

n

peut

regretter

n examen

rop

ref es

genres roches,

omme es

regimina

sanitatisdont

apparition,uasicontemporaine

e celledes Consilia

complète

le champ réventife la médecineratique.e plus, out nsoulignante lienintime

ui

unit etteittératuret a

profession

édicale du moins ux

origines

du

genre

,

les auteurs ont

as

tenté e renverseres

points

e vue.Le consi-

lium

st urtout

erçu

t

analysé

ous

angle

de l auteur la

réception

e cette

littérature,

ans e monde es

professionnels

e la médecine

otamment,

st

trop apidement

bordée.

nfin,

ette ourcemédicale rès iche t encore

eu

étudiée intéresse

as

la seulehistoiree la médecine elle offre e

multiples

renseignements

l historien,

u il

se

préoccupe

e l alimentationu encore e

la

médicalisatione la sociétémédiévale.

Marilyn

icoud

Comprendre

t maîtrisera nature u

MoyenÂge, Mélanges

ď histoire es

sciences

fferts

Guy

Beaujouan

Genève, roz, 1994,

31

p.

Ces

mélanges

n

hommage GuyBeaujouan

ont n substantielecueil

sur ndomaine ncore

eu fréquentéar

es

historiens

u

MoyenAge.

Le

titre

donné u

recueil

oit

être

précisé

si de trèsnombreuxrticles bordente

thème e a

compréhension

e a

nature,

a maîtrisee

celle-ci

st

plus

arement

abordée.

l

n est

pas question

ci de

techniques

e maîtriseu

sol,

de

l eau,

de

l énergieélevage,rrigation,écanique...

estde maîtrisentellectuelle

u on

parle resque niquement.éditeurregroupéescontributionsntrois nsem-

bles

celles

ui

étudienturtoute contenuesconnaissances

«

concepts,

ision

du

monde

-

onze

textes),

ellesoù

l emporte

a mise n

pratique

«

pratiques

et

croyances

-

neuf

rticles)

t celles

qui parlent

ssentiellemente la trans-

mission

es

savoirs,

u nombre e onze.Danielle

Jacquartexplique

n ntro-

Page 145: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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NOTES

DE

LECTURE 143

ductionur e

plan

qu elle ustifie,

t,

même i la distinction

emeure,

mon

sens,

n

peu

arbitraire,

lle a

le

mérite ordonnern ensemble

rès iversifié.

On ne saurait

voquer haque

rticlemême i l intérête chacun e méri-

terait.

ependant

omme l

s agit

d un

recueil crit

ar

ceux

qui

ontété es

élèvesde l un de nos

grands pécialistes

histoire es

sciences,

observation

du contenu es articlesstunbonreflet e l état

e

la

recherchen ces domai-

nes.

l

y

a là unvéritableableau es

questions

ui

font

objet

e intérêt

ctuel

des

historiens,

t

c est sous

cet

angleque e

présenterai

e

volume,

e

façon

donc rès

ubjective.

Une

premièreemarque

oncernees

périodes

tudiées les articles ont

chronologiquement

oncentrés.

Antiquité

st

représentéear

deux études

(introductionyriaqueuxétudes e ogique commentaireesaphorismesip-

pocratiques),

e Haut

MoyenÂge

est,

quelques

llusions

rès, ratiquement

absent t

c est

sur es

xiie-xvr

iècles

ue

porte

essentiel es articles. ans a

mesure ù ces travaux ont urtoutondés

urdes sources crites

arratives,

cette

hronologie

e

surprenduère

elle

correspond

ux

périodes

ù

ce

type

de sources

xiste n

quantité

uffisante.

Une

part

on

négligeable

es contributionsontienta

publication

e cer-

taines ources ncore nédites u la

uxtaposition

e

textes ifficiles

puiser

t

qui

sont ci

heureusement

approchés.

ela contribue donner u recueil ne

dimension iscrète t bienvenue e

publication

e

textes

ù

l historienura

beaucoup

puiser

l astronomie

atine u xiiie iècle

d après

es tables e

Tou-

louse l habitabilitée la terre elon Dominicus e Clavasio l histoire u

diamante Pline BarthélémyAnglaisjun nédit Alberte Grand recettes

et couleurs

e

l Antiquité

t du

MoyenAge

[ce

texte st

complété

un fort

utile ommentairees termes

mployés

our arler

es

couleurs]

Petrus

el-

lerario,

un

disciple

Arnaud e Villeneuve l exercice

hysique

u saut

l alchimie e

Théophile

les

voyages

une

allégorie lchimique).

Un axe de travail

araît eaucoup

ntéresseros

chercheurs,

est

celui

de

la réflexion

pistémologique,

ême i l on

n emploie as

le terme

quelle

connaissance,

ans

uel

but,

ondée ur

uelles

méthodes,

mployantuel

an-

gage,

tc. Dans certainsas c est

d épistémologie

édiévale

u il s agit,

ans

d autres e la

nôtre

nature

t

clergie

hez Gossuin e Metz la

perception

u

mouvement

elonNicoleOresme les

«

sciences ntermédiairesà la Renais-

sance Alberte

Grand

gronome

introduction

yriaque

ux

tudes e

ogique

la formatione la langue our esmathématiques).

Une autre oie estcelle des

moyens

action ur a nature.l estcaracté-

ristique

u aucun

rticle aborde es

techniques écaniques

u de

navigation

et

que,

si l on étudie e

mouvement,

est dans a définition

hilosophique

la

perception

u mouvementelonNicole

Oresme).

ar contre n cerne ivers

aspects

e la médecine t de l artvétérinaire

les

passions

e l âme dans a

psychologie

édicale les voies du

sourd-muetl extractiones

corps

tran-

gers

ntroduitsans oreille la

pratique

e

hippiatrie),

autres e l alchimie

(l alchimie

e

Roger

acon

voyages

une

llégorielchimique)

u encore e

l astrologie

une

consultation

strologique

rincière

la

quadrature

u cercle

magique

les

«

jours

de

Tycho

Brahé).

L enquête historique

oncerne

ussi les

procédésd investigation

t

d acquisitiones connaissancessavoirshéoriqueschambreoire t sextants

monumentauxe

Ravy

t

Samarkand,

ntémoin e astronomieu

xnr

iècle

les tablesde

Toulouse),

avoirs

ratiques

les

mesures n

pierre), echniques

intellectuellesomme a traduction...

Magister

ohannes

ispanus

l identité

d un traducteur

olédan).

Page 146: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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144

NOTES

DE

LECTURE

Enfin,

a transmissionestextes tdes

mages, upports

e

connaissances,

fait

objet

de

plusieurs

rticles

ui

abordentes

questions

une transmission

différenciéeu non des

images,

u

texte,

t des

connaissances

oiseaux

de

chasse manuscrits

nluminés u Moamin

atin bestiaires

nglais

des xir-

xme

iècles la

place

de Nicolas lamel

ans histoirees sciences

l alchimie

de

Théophile

l identité

un raducteur

olédan les animaux ans a

porcelaine

de

Sèvres).

es

images

e sont

eureusement

as

absentes

uisque

rois extes

concernantes animauxeur

ont

onsacrés,

ais

lles iennentne

place

ncore

limitée t

par

ailleurs n

n aborde

ratiquementas

les

questions

e la trans-

mission

rale u du moins on

crite.

Il

apparaît

ertain

u un

ntérêt

ajeur

st

actuellement

orté

u chemi-

nementesconnaissancesans eurmode acquisitionomme ans eur rans-

mission.Ainsi on retiendra

e

que

C. Connochie

onstate hez Gossuinde

Metz nature t

clergie

ont

nséparables

t la

nature st a raison être u

savant.

lle est ussi l âme du

monde .

Celui-ci,

réé

par

Dieu,

est

présenté

comme

ationnelt dès lors e

comprendre

et ur e chemin u

salut.Cette

perception

e Gossuin été

celle d un

temps

imité l intérieur êmedu

Moyen

Age

mais lle

est alors uvertureers e

décryptage,

a

découverte,

t

contientn

germe

ne ertaine

ncitationla nouveauté.ette imension

déo-

logique nglobe

t

explique

e

cheminementes connaissancesur a

nature.

Dans

e monde u

savoir,

es

domaines,

es

disciplines,euvent

aître

es

uns des

autres,

evenir utonomes e

façonparfois

ubtile. est ce

que

J.-L.Gaulinmontre

propos

Alberte Grand

uand, artant

u

plan

et de

l architectureême uDe vegetabilibusil montreommentneagronomie

naîtde la

botanique,

lors

que pendant

ort

ongtemps

est la

thérapeutique

qui

en fut a

compagne rivilégiée

«

[Albert

e

Grand]

st

passé

du savoir

médico-botaniqueui privilégie

a

description orphologique

t a reconnais-

sancedes vertus

es

plantes,

u savoir

gricole,ui

cherche stimulera crois-

sance es

végétaux

tiles l homme . Le

savoir e transformeans a structure

même

l occasion e sa transmission.

Celle-ci

asse

par

des

cheminementsrès ivers. i l on

repère

es voies

de la

traduction,

l en est

d autres

lus

discrètes. .

Opsomer

t R.

Halleux

e

montrent

ien

propos

unerecette

lchimique,

ellede

«

l or

espagnol qui

contient

ntre utres e la

poudre

e basilic. our

epérer

es traces énues e

ces

transmissions,

l convient e

suivre es

déplacements

es hommes t on

sesurprendconstaterue arecetteeThéophilest undespremiersémoins

de

alchimienOccidentomme e

ouverturentellectuellee a BasseLotha-

ringie

t

de

l abbaye

e Stavelot.

L ouvrage

e termineurune

excellentedée des éditeursun ndex es

noms

ropres

et

ls sont

ombreux)

ui porte lobalement

ur ous es articles

du recueil

c est très tile.

On aurabien

ompris,espère, u il

s agit

à d unrecueil

mportant,

ant

par

es

contenus

ue par

e

témoignage

ndirect

u il

livre ur es

questionne-

ments es historiensu

MoyenAge

envers es connaissances édiévalesur

le monde

ui

es entourait

certains

arleraient

es

problématiques).

e recueil

se

situe iendans a solide radition

u a

ouverte

uyBeaujouan.

Georges omet

Page 147: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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NOTES

DE

LECTURE

145

MichelFixot,Elisabeth adora-Riodir., environnementes

églises

t la

topographieeligieuse

es

campagnes

médiévalesactesdu

IIe

congrès

nter-

national

archéologie

édiévaleAix-en-Provence

sept.

989,

aris,

d. de a

Maisondes

Sciences e

l Homme, 994,

180

p.,

li.,

abi.,

artes.

Documents

d archéologie

rançaise,

6).

Il

faut aluer a sortie e

cet

ouvrage,

ernier olet un

triptyqueublié

à l occasion

u

Congrès

nternational

archéologie

médiévaleenu n

1987

Aix-en-Provence1.

onçu

omme nrecueil

articles

ndépendants

es uns

des

autres,

l

offre

ourtant

ne

remarquable

ohérenceutour u thème

énéral

défini ans e

titre.

Avantout,l sedistinguear a mise npratique une nterdisciplinarité

réelle,

ont n

peut spéreru elle

fera cole.De nombreuxrticles

omportent

une

ntroduction

éthodologique

ienvenue,

t e croisementes sources

ori-

gines

diverses st effectif.

alliance

presque ystématique

ntre onnées ex-

tuelles t

résultats

rchéologiques

st

omplétéear

e recours

ux

prospections

de

terrain,

ar

a lecture

ritique

es cadastres

nciens,

t

par

analyse

es

photographies

ériennes,

ont

uelques xemples

emarquables

ont

publiés

(pp.

90-91).

Cette

archéologie

ouce dont

arle

B.

Cúrsente

p.

129)

repré-

sente n

apport

ssentiel,

ui

ouvre e nombreuses

erspectives

e recherche.

Malgré

uelques

rreurs

impression,

ue

e ecteurura ôt

ait e rétablir

(en

particulier,

nversiones

égendes

es

fig.

et

8,

pp.

114-115),

t

même i

l on

peut

éplorerour

ertainsrticles

absence une arte

énérale

es sites

étudiés,ensemble es articles st très iendocumenté.n revanche npeut

regretter

ue, malgré

e

caractère

pécifique

e

l ouvrage,

a collection ocu-

ments

archéologie

rançaise

ait

pas dérogé

sa

règle

e

«

normalisation

des

références

ibliographiques

si

celle-ci st maintenant

doptée

dans

le

milieu

rchéologique,

lle

manque ingulièrement

e

souplesse our

es réfé-

rences e textes

istoriques

outre e fait

u elle mélange

ources t études

dans

unemême iste

lphabétique,

lle

nterditoute itation ouble

traduction

accompagnée

u texte

riginal)

t restreint

e nombre es notes

ritiques.

Le choix

chronologique

nnoncé

ans e titre st

arge,

mais

ouvrage

traitessentiellementes xe-xir

iècles,

vec

quelques

ares

ncursionsans e

Haut

u le Bas

MoyenÂge.

La

prédominance

es études

méridionales

Abruz-

zes,

Provence,

anguedoc,

assinde

l Aude,

Gascogne, atalogne)

e

masque

pasl effort ouvertureersdesrégions lus eptentrionalesSuisseorientale,

Anjou,

oissonnais, ormandie,

rlande).

e choix end rès

videnteses dis-

parités égionales,

ant u

point

e vue de l évolution

istorique

t

de

la docu-

mentation

isponibleuç

sur e

plan

de la recherche

ctuelle,

t devra

nciter

le

lecteur se méfier

e toute

xtrapolation

âtive.

ouvrage

st

d ailleurs

ponctué

e mises

n

garde

t

d appels

à la

prudence,ui

sont

plus que

de

simples

ormules

hétoriques.

La

première

uestion

bordée st elledu

egs

de

Antiquité,

e ses

formes

et de ses

modalités

continuité

u

rupture,

ermanence

u

réutilisation).

n

Normandie,

.

Le

Maho a

répertorié

rès

d une

quarantaine

e

sites

gallo-

romains

montrantne

occupation

unéraireu Haut

MoyenAge. L argumen-

tation st claire t e

catalogue

es sites

tudiés,

rès vocateur

l ensemble

toutpourconvaincreue la réoccupationes sites ntiques ésulte on du

1.

L Église

t on

nvironnement,

rchéologie

édiévalen

Provence

exposition

Aix-en-Provence,

usée

ranet,

ept.-déc.

989

tM.

Fixot,

.

Zadora-Rio,

Église,

le terroir

Paris, NRS,

989

Monographie

u

CRA,

).

Page 148: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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146

NOTESDE

LECTURE

hasard,maisbiend un hoix élibéré, ême i esmotivationsestentifficiles

à

déterminer.

n

peut

ependant

egretter

e ne

pouvoir

mesurer

a

représen-

tativitée

ces cas face

l ensemble

es sites u Haut

Moyen

Âge

actuellement

connus,

autant

u elle

pose

dès e

débute

problème

e a

christianisation

es

campagnes,

hème

ue

l on

retrouve ans

a suitede

l ouvrage.

n

Suisse,

Ch. Bonnet

ainsimis

en évidence

origine

ncienne e

nombreuses

glises

paroissiales,

ont es

structuresn bois

ont aissé de

fugitives

races ous es

reprisesostérieures.

otons

ue

de

telles tructures

iennent être écouvertes

en

France

par

xemple Portejoie,

ur

a

commune e

Tournedos,

ure),

ur

des sites

ierges

e toute

ccupation

ntique

elles

pourront

ans

doute ontri-

buer

compléter

e

tableau u

paysage

eligieux

ural u Haut

Moyen

Âge

ci

présenté.eul exemple étude ur e longterme,a Provence ait igure emodèle la documentationcrite assemblée

ar

P.-A.Févriermontren

qua-

drillage

cclésiastiquerécoce,

ue

l étude e

M. Fixot

ermet

e suivre u fil

du

temps,

e la mise n

ordre

arolingienne

la

nouvelle

rganisation

astrale

du

territoire,

vec

parfois

a

désaffection

es sites nciens.

Ce

dernierrticle

ntraîne

éjà

e lecteuru

cœur u second

hème,

onsa-

créaux

relationsntree

lieu de culte

t es formes

e l habitat. is

à

part

e

cas très

riginal

e l Irlande

L.

Swan),

outeses études

oulignent

e

caractère

particulier

e

l espace

itué

utour e

église,

ont

immunitést

renforcéeu

XIe

iècle

par

e

mouvemente

la Paix de

Dieu. Dans la

zone

catalane,

es

fameuses

acreres tudiées

ar

M. Riu et

P.

Valdepeñas

n

sontune

bonne

illustration.

space protégé,

a

sacrarla

reçoit

abitations,

ilos et

greniers

proximitémmédiateessépultures.. Bonnassiensiste ailleurs ur a situa-

tion

exceptionui

caractériseet

space

aint,

auf t mmunisteau

moment

où se

développe

a

violence

rivée,

ne

nouvelle orme

implantation

umaine,

spontanée l origine,

eut

lors e

cristalliserntre

es limites

héoriques

u

réelles.C est V

nsagrerament,

ui

connaît

uatre hases

bien

distinctesla

«

préhistoire

(fin

e-début

Ie),

a

sacrarla-

efuge

vers

020- ers

035),

ins-

titutionnalisation

vers

1030- ers

1060),

t

enfin a dénaturation

vec

reprise

enmain

ar

es

seigneurs

e ces

espaces ourtant

onçus l origine

our chap-

per

leur

mprise.

es structures

irculaires

imilaires,

tudiées

ar

D.

Baudreu

et J.-P.

azes,

précèdent

galement

es

agglomérations

astrales ans e bassin

de l Aude.

En

bas

Languedoc

M.

Bourin

t A.

Durand),

e

village dopte

ntree Xe

et e xir iècleuneformepécifiquementéditerranéennele Castrumvillage

groupé

t

fortifié).

l naît

d unedouble

olarité,

âtimentcclésial une

part,

fortification

aïque

d autre

art.

omme

ans e

Languedoc

riental

A. Parodi)

et en

Gascogne

B.

Cúrsente),

e rôle

structurante

l église

pparaît

vident,

mais e Castrum

st finalement

ainqueur

ans e

processus

e

regroupement.

Pour

Anjou,

. Zadora-Rio

remarqué

e rôledes comtes

ès a fin u

Xe

iè-

cle,

tandis

u à partir

e la seconde

moitié u

XIe,

a

fondatione

bourgs

évèle

le rôle roissant

oué par

Église,

n relation

vec a réforme

régorienne.

L article E.

Crubézy

ur es

cimetières

aroissiaux ourrait

araître,

première

ecture,

n

peu

en

marge

e tous es

problèmes.

ais e

rapport

troit

qui

existe ntremonde

es mortst

monde es vivantsst

ssentiel ans

orga-

nisation u

paysage

médiéval

l auteur

ffrelors ci une

valuationes

poten-tialités une rchéologieunéairentelligente,uine fait u ajouter l intérêt

de

l ouvrage.

La troisième

artie,

ui

aborde e

problème

u

patrimoine

cclésiastique,

est

beaucoup

moins

éveloppée.

étudede L.

Feller ur e

patrimoine

onas-

tique

des Abruzzes

u Haut

MoyenÂge

traduit

ien a

résistance es

petits

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148

NOTESDE

LECTURE

d'importants

olloques2. epuis,

'élan semblait

etombé,

u moins hez es

médiévistes.a

publicationoup

ur

oup

de deux

uvrages

ousmontre

u'il

n'en était ien.

outerrainement,

uelques

hercheursnt

ontinué

explorer

des

pistes

ui

n'avaient

qu'esquissées

à

l'époque

des

grandes

ypothèses

a succédé

elle du travail ur es

sources t

l

n'estdonc

pas

étonnant

ue

les

volontairese

soient oudainementaits

eaucoup

lus

rares. ar

es livres e

Frédérique

udoin-Rouzeaut de

Jacques

Voisenet 'ont

pas

seulementn

communeur

bjet

ils

partagent

ussi un

esprit qui

consiste

prendre

u

sérieux ne

documentation

isparate,

acunaire t délicate ainsi

qu'un

ton,

celuide

la modestie.

De

la

modestie,

l en fallait

Frédérique

udoin-Rouzeau

our,

u lieu

d'une ynthèseuieût téforcémentrématurée,ous roposercomme'indi-

que

e sous-titree son

ouvrage

un

corpus

e

données. es données n

ques-

tion ont vant out

rchéologiques,

t

plusprécisément

stéologiques,pécialité

d'un

auteur

éjà

connu

our

es

remarquables

ravaux ur es fouilles e La

Charité-sur-Loire.our ous

es sites tudiés et

ls sont

égion

Frédérique

Audouin-Rouzeauournitn effet

ne foule

d'informationsirées e

l'obser-

vation es ossements

nombre e restes

éterminés

t,

orsque

'est

possible,

nombre

minimum'individus e

chaque

spèce

nimale,

aractéristiqueshy-

siques

hauteur

u

garrot)

t enfin e

qu'elle appelle analyse

rchéozoologi-

que

»,

c'est-à-direes

données oncernantussi

bien

'âge

ou a

pathologieue

les

traces e

découpe

u

d'utilisationrtisanale.

e sont es centainese

publi-

cations,

lassées

ar

nom 'auteur t

représentant

44 sites

rchéologiques,

ui

sont insidisséquées,es donnéesollectées tantccompagnéese commen-

taires estinés en faciliter

'interprétation.

ravail

'autant

lusprécieux

ue

les

rapports

e fouille

lorsqu'ils

xistent

-

ont ouvent ait

'objet

de

publi-

cations

onfidentielles,

ue

Frédérique

udoin ous

dispense

insi e

chercher,

parfois

ainement.as moins e

6 index

ccupant rès

e 100

pages

permettent

d'utiliser

vec efficacitét

rapidité

et

énormematériel. ar

'extension

éo-

graphique

t

chronologique

e

l'enquête

qui

s'étend

ur 000 ans et 26

pays

européens

autoriseous es

questionnements

t touteses curiosités

ceux

qui

prétendront

ésormais aire 'histoire

e telle

espèce

animale,

éfléchir sa

diffusion

u même

'interroger

ur

es

rapports

ntre 'homme

t

l'animal,

devront

artir

e

cet

ouvrage

t

Frédérique

udoin d'ailleursmontrélle-

même,

ansdesarticles

écents,

oute

parti u'onpouvait

irernces domaines

ducorpus u'ellea rassemblé3.

Ainsi e trouve

empli'objectif

vouéde 'auteur

sortire eur

plendide

isolement

es études

rchéozoologiques,

u'il s'agit

de

rendreccessibles ux

non-spécialistes

fin

u'elles

puissent

participer

la

progression

t au renou-

vellement

e

l'enquête istorique

.

Mais,

à

l'inverse,

rédérique

udouin

voulu

ussi

ffrir

ses

collègues

rchéologues

a substance'articlest

d'ouvra-

ges historiques,nalysés

elon

es mêmes

rincipes.

'est ncontestablemente

point

aible e son travail même i

elle

revendique

ans son

ntroductiona

vertu

e

l'hétérogénéité,

l est

bien lair

ue

la

grille

e lecture laborée

our

2. R.

Delort,

es nimauxnt ne

istoire

Paris,

984

Le

mondenimalt es

représentations

u

Moyenge

xr-xv

iècles),

oulouse,

985 Histoiret nimal

2

vol.,

Toulouse,989. ans ublierien ûr escolloquesrganisésar 'associationnterdis-

ciplinaire

L'Homme

t 'Animal.

3. F.

Audoin-Rouzeau,

Bêtesmédiévalest

familiaritéanimauxamilierse

l'esprit,

nimauxamilierse a vie

,

Anthropozoologica

n°20,

994,

p.

11-40

t n

collaboration

vecJ.-D.

igne,

La

colonisatione

'Europear

e rat oir

Rattus

at-

tus)

,

Revue

e

Paléobiologie

vol.

3,

1,

mars

994,

p.

125-145.

Page 151: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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NOTES

DE

LECTURE

149

des

rapports

e fouille

eut

ifficilement

'appliquer

dessources ussidiffé-

rentes

ue

des ivres

e

cuisine,

es bestiairesu

des articles rudits.

'autre

part,

es sources

historiques

sont n nombreortimité t

eur hoix

pparaît

pour

e moins

rbitraire,

ais

Frédérique

udoin

prévoit

e

compléter

on

enquête.

es réserves

e diminuentn rien

'intérêt'un

répertoire

ui

servira

aussibien

l'historiene l'alimentation

u de

l'agricultureu'à

l'archéologue

ou au

zoologue.

Nombreux

ont

galement

eux à

pouvoir

irer

rofit

u ivre e

Jacques

Voisenet,

ui

se

place

résolument,

uant

lui,

ur e terraines textes.

t

pas

n'importeesquels, uisque

epuis

e nombreuses

nnées,

ethistorien

atient

traque

es animaux

ans es œuvres u

Haut

Moyen

Âge,

notamment

ans

l'épais aillis esviesde saints. hoix uipeut araîtreurieux,oireuicidaire,

aux

yeux

e ceux

ui

croientncore es siècles

oués u ressassement

erpétuel

des

modèles t des motifs érités

e

l'Antiquité aïenne

u chrétienne.

ais

précisément,

'est durant

es siècles

apitaux ue

s'effectue

e travail onsidé-

rablede

sélection,

e

recomposition

t

d'interprétation

'où

sortiraa vision

«

médiévale des animaux.

La

première

âche,

t

Jacques

oisenet'a

bien

ompris,

stdonc

e recen-

ser es

héritages.

our

ela,

l

entreprend

n étourdissant

tour es

sources

,

dont

'impressionnante

ibliographie

onne nefaible

dée et

qui

mène e

lec-

teur e la Bible et des

Pèresde

l'Eglise usqu'à

la

Perse,

n

passant ar

es

poètes

aïens

e

'Antiquité,

es

égendes

rlandaisest

es

mythes

ermaniques.

Mais 'auteur e

perd

amais

e

fil

de son

propos, ui

estde

comprendre

om-

mente construisirentt se transmirentotifs,opoï tfantasmes,n un mot

cette

imagerie

nimale

qui

donne

on sous-titre

l'ouvrage.

Ce

qui

n'aurait

u

être u fond

u'un

nventairela Prévert

e mue n

un

récit es

origines,

ttentif

en détecteres

facteursssentiels

t à en

dégager

des

eçons

e méthode.renons

ar

xemple

e

passage,

n ne

peut lus

banal

en

apparence,

e la Vie

de sainte

Brigide

où l'abbesse

se voitentourée e

paisibles

anards

auvages ui

«

lui obéissaient

la voixet volaient

ers lle

sans ucune rainte

au

point

u'elle

«

les

caressa e la

main t es embrassa

un

petit

moment

uis

eur

ermit

e

repartir

.

Dans ce tableau

mpreint

'une

grâceprintanière,

acques

Voisenet étecte e

troublesiens

vec le folklore

celtique ré-chrétien.

iseaux

migrateurs,

os nnocents

anards nnoncent

e

changement

es

saisons t sont

ssociés ux fées

rnithomorphes

yant

e

pou-

voir evieetde mort aureste,a fête e sainte rigide,ont enom appelle

celuide

a

déesse

eltique

e a

féconditét

qui,

out

omme

elle-ci,

st

éputée

protéger

es femmesn

couches,

e célébrait

récisément

e

1er

évrier,

'est-

à-dire

e

jour

mêmede

l'Imbolc,

ête e la fertilité

ignalée

ar 'apparition

d'un animal

faiseur e

printemps

.

Et l'auteur e

rappeler

u'aux

xne t

XIIIe

iècles,

n vit

apparaître

es saintes

nsériformes,

issimulant

ous eur

robeune

patte

'oie.

Tant 'érudition

onfond,

'autant

u'à

l'imagination

ufolkloriste

pres-

que

aussi

multiforme

ue

celle d'un

Gaignebet

s'ajoutent

ci la

précision

u

philologue

t a

prudence

e 'historien.

ésormais,

n

ne

pourra lus

prétendre

parler

es animaux

u

MoyenAge

sans avoir onsulté

'ouvrage

e

Jacques

Voisenet,ui

d'ailleurs

e s'arrête

as

en si bon chemin.

près

voir

évoilé

lestraditionsiversesuiontÄnforméa vision u monde nimal artagéear

les auteurs u

Haut

MoyenÂge,

l

entreprend

n effet e

montrer

ue, pour

héritée

u'elle

soit,

lle

n'en

accueillit

as

moins

es nouveautés.

omparant

les différentesersions

e a notice

u

Physiologus

onsacrée

u

singe,

l

signale

ainsi

ue

s'est

accentuéea tendance

ui

en faisait

e

symbole

u diable.

i ce

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150

NOTESDE

LECTURE

symbolisme,

onstitutif

'unevision

hrétiennee

'animal,

endait déréaliser

celui-ci n e

réduisantun

téréotype,

l

n'empêcha

i

'observation,

i

'amour

des bêtes. our

hacune 'entre

lles,

'est

unehistoire

articulière

ui peut

t

qui

doit

'écrire,

même

i

elle s'inscrit

ansun

système

e

valeurs

lobalement

chrétien.e

programmeue

s'assigneJacques

Voisenet ans

sa conclusion

n'est

rienmoins

ue

de

rendre

ompte, spècepar

espèce,

e

cette iversité

second

olume

u'on

attendvec

mpatience

t

qu'on

souhaite

ussiréussi

ue

celui-ci.

Bruno aurioux

Martin

Aurell,

Les

noces du

comte,

mariage

et

pouvoir

n

Catalogne

(785-1213),

aris,

ublicationse la

Sorbonne, 995,

23

p.

Pour

'aristocratie

atalane tudiée

ar

Martin

urell,

e

785 à

1213,

e

mariage

st une

arme

olitique

out

ussi

efficace ans 'ascension

ociale t

la

recherchee

pouvoir

t de

prestigeue

la force

es armes.

l

a

joué

un

rôle

de toute

remièremportance

ans a

créatione a

Catalogne.

e modèlematri-

monial

régorienui repose

ur e

consensualisme,

'indissolubilité,

a mono-

gamie

t

l'exogamie,

ontrecarreonc

es ambitionse la

noblesse atalane.

Les

«

nocesdu comte

deviennentn

poste

'observation

rremplaçable

our

l'étude e l'oppositionntre morale esprêtreset« morale esguerriers

(titre

u

chapitre

I de

Georges uby,

e

chevalier,

a

femme

t

e

prêtre

Paris,

Hachette,

981).

Le

plan adopté

par

MartinAurell st

rigoureusement

hronologique.

Jusqu'au

ébut u Xe

iècle,

es

premiers

omtes,

aisant

i

des nterdits

cclé-

siastiques,

ont es

adeptes

es alliances

onsanguinesui permettent

ne

plus

grande

olidarité

ntre ousins. e

mariage

epose

lors urtrois

rincipes

endogamie,sogamie

t

proximité,

e

qui

entraînen fort

étrécissement

oli-

tique,

es

Pyrénées

evenantne

barrière

atrimoniale.

Puis,

ntre

30

et

1080,

e modèle

ndogamique

ombe n

désuétudeles

comtes atalans

e marient

lus

volontiersvec des

étrangères

riginaires

u

Languedoc,'Auvergne,

e

Provence,

oire e

Bourgogne.

es

raisons

rofon-desde ce changemente politique emeurentbscures.Martin urell sans

doute

aison

'y

voir

a volonté e a

noblesse e utter

lus

fficacementontre

les

musulmans.n

auraità un bel

exemple,

vant a réforme

régorienne,

e

modificatione la

stratégie

atrimonialees

comtes,

ictée

ar

une morale

chrétienne.ais la

conscience e

plus

en

plus

forte

'appartenir

la commu-

nauté

hrétienne

'empêche

ullement

es comtesde

pratiquer arfois

es

unions vec des

musulmans,

omme e

fontes

grands

e Navarre u du Léon

au xr

siècle.

'élargissement

rogressif

u

champ

matrimonial

es

princes

bé-

riques orrespond,

partir

u milieu u Xe

iècle,

la

mise n

place

de meil-

leures

elationsvec a

Papauté.

ette

volution ers

'exogamie

st

ccompa-

gnée,

our

es

fils,

'uneforte

endance

l'hypergamie.

a dot

prend

lorsde

plus

n

plusd'importance

ux

dépens

u

douaire,

e mari

'ayantas obligationdedonnereaucoup uneprincesseéjàtrès ortunée.

Comme

e montre

arfaitement

artin

urell,

n utilisant

ntelligemment

des sources ussi

variées

ue

e

fameux anuel

e

Dhuoda,

es

testaments,

es

nécrologes,

es

généalogies

u la

littérature,

e

type

e

mariage

évèle a cen-

tralitéu

père

tde l'aînesse

ans e cercle

amilial.

arallèlement,

es

prénoms

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NOTES

DE

LECTURE

1 1

desfils înésdes comtes ontde

plus

en

plus

choisis ans e stock

aternel,

alors

ue

e cadet érite

lus

volontiers

une

nthroponymie

ssuede a branche

maternelle.est

d ailleurse renforcement

u

patrilignage

ui

ncite chercher

femme

illeurs.

est

aussi e

triomphe

u

principe

e la

primogénitureui

grignote

a dotdes

femmes

sœurs)

t des cadets.

Cependant,

es veuves es

comtes,

l image

e la

célèbre

rmessende

e

Carcassonne

morte

n

1058,

près uarante

ns

de

veuvage)

u Lucia de

la

Marche

morte

n

1090),

onserventn

arge

pouvoir,

ne

grande

ichesse t

une utonomienviable.

lus

généralement,

es

princesses

atalanes ont

reuve

d une

grande

évotion.

ierges

u

veuves,

lles

occupent

ouvent e hautes

fonctionsl intérieures

monastères,

el

elui,

énédictin,

e

SantJoan e les

Abadesses ù presque outes es abbesses, e la findu IXe iècleau début u

XIe

iècle,

ont ssuesde

la famille omtale

épouses,

rès ôt

xie iècle),

lles

ont

cœur e

pratiquer

ssistance

t charité.

Ce

passage

rogressif,

u cours u

Xe

iècle,

e

endogamie

l exogamie,

de

l isogamie

l hypergamie

t de la

proximité

l éloignement,

raduitévo-

lution e

la manière ont a famille

omtale st

organisée

non

plus

selon

un

modèle

matrilinéaireais elon

nehiérarchietricteous

a directione

aîné,

qui

traduit ne

«

individuation

e

lignées

omtales dans

e territoiree la

marche,

aisant

pparaître

urtout

entité

oussillon-Empuries

t a

Catalogne-

Besalu.

Chaquedynastie

aissante,

our

hercher se

différenciere la

lignée

voisine,

st souvent

ntrée n conflit vec

celle-ci,

omme lle a cherché

élargir

on

champ

alliances,

n

quête

e

princesses

trangèresépositaires

t

vectricese prestige« la hainepour e voisin st a facecachéede l amour

pour

étrangère(p.

199).

A

partir

e

la fin u

xr

siècle,

n

entre ansune

grande hase

d offensive

ecclésiastique

our mposer

nmodèle hrétiene

mariage, oyen,

elon

Mar-

tin

Aureli,

e renouer

vec e contenu e

l Evangile.

e

durcissemente l atti-

tude e

l Église

se

perçoit,

n

particulier,

traversextension

e l interdiction

de l inceste

u

septième

egré

e

la

computationermanique,

ertainesisso-

lutions e

mariages

es comtes

celui

de Ramon

Berenguer

er t Almodis e

la

Marche,

arexemple),

es formules

eligieusesue

les clercs nsèrent

ans

les chartes e

mariage

u les actesde

constitutione

douaires,

insi

ue

dans

la cléricalisationu

rituel u

mariage

décrit

ar

auteur vec une

très

rande

précision,

ssentiellement

partir

u sacramentaire

e

Vie,

datant e

1038).

Enfin,u xir iècle, l apogée ulturelt territoriale la Catalogne,ntre

les

mains es

comtes,

e

mariage

evient

lus

un nstrument

e

conquête u un

fournisseur

alliances t

de clientèlesla

femme,

ourtant

duléedans

a

fin

amorde la même

poque,

ésormais un

rang

nférieur

celuide son

époux,

estexcluedes affaires

olitiques.

on

douaire,

ui

était

ux siècles

précédents

le

gage

de son

pouvoir,

amoindrit

jusqu à disparaître

u

xiiie

iècle)

u

profit

de la dot

qui prend

lorsune

ampleur

onsidérable,

ouant

omme e

prix

u

mariage ayé par

a femme u mari.

es malheurs e Maria

de

Montpellier

illustrentien ce

déclindu rôle de la

femme mariée t veuve

douze ans

(1192),

convolant

n secondes oces

dix-sept

ns

1197),

répudiée

n

1201,

et

mariée nouveau vec

Père er

1204)

qui

a

trompe

uvertement,

afoue

es

droits

atrimoniaux

t exclut

e

l héritage aternel.

insi,

même ncore

la

fin u xnc iècle, es comtesontinuentpratiquera polygynie,épudiantes

épouses, renant

es

concubines,

u nez d un

épiscopat

e

plus

n

plus

oumis

aux

pouvoirs

rinciers.

Au début u

xiir

iècle,

des

quatre

iliers

u

mariage

hrétien,est,

on

le

voit,

e consensualisme

ui

est e moins ien

ccepté ar

es comtes.

ans

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8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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152 NOTES

DE

LECTURE

unesociété

ui

s estfortement

hristianisée,

i la

greffe

e la

monogamie,

e

l exogamie,

oire e

indissolubilité,

rend,

elledu consentemente

l épouse

estdifficilear aristocratie

accepte as que

es ntérêtse individu

surtout

ceuxde la

femme)

assent

vant euxde la

«

maison .

On

louera,

hez Martin

ureli,

e

souci onstant

e

critiquer

es sources.

Tous es

documents,

ême eux

qui

semblentes

plus

connus,

ont oumis

une tude tà

une

ritiqueoujours

rès ines. our hacune e ses

conclusions,

l auteur,

tilisanta

bibliographie

a

plus

récenteur e

sujet, ompare

vec ce

qui

se déroule

illeurs,

ermettant

e mettre

arfaitement

n évidence

es

spé-

cificités e la

politique

matrimonialees comtes atalans

t

d indiquer

es

tendancesssez

générales

l ensemble e la chrétienté.auteur ait

reuve

d une mmenserudition,articulièrementn ce qui concerneespacemédi-

terranéen.l sait ussi donner ie à son

argumentation

n

décryptant

es stra-

tégies

matrimonialest

e

statut e la

femme,

u travers

exemples récis

t

concrets,

e destins ouvent

oignants

e

princesses

Ermessende

e Carcas-

sonne,

lmodis t Lucia de la Marche u Mariade

Montpellier).

S

appuyant

ur es

critiques

rès

précieuses

aites

ar

Anita

Guerreau-

Jalabert

«

La

parenté

ans

Europe

médiévale t moderne à

propos

une

synthèse

écente

,

L homme

110,

vril-juin

989,

p.

69-93),

Martin

ureli

critique

vec forcee radicalismees thèses outenues

ar

Jack

Goody

L évo-

lution e la

famille

t

du

mariage

n

Europe

Paris,

A.

Colin,

1985)

qui,

on e

sait,

penseque

l offensivee

l Église pourréguler

t contrôleres

pratiques

sociales

particulièrementpartir

e a

fin

u

xie

iècle)

procède

ssentiellement

d intérêtsconomiques. ttentionependant ne pas tomber ans l excès

inverse t à ne voirdans a

politique

matrimonialee la noblesse

ue

des

mobiles

tratégiques

n niant e

qui,

dans es choix

cclésiastiques,

est

pas

de ordre e a morale. lire ette omme e

travail,

nressent

arfoisimpres-

sion

que

amais,

u coursdes

cinq

siècles

tudiés,

Église

n a

agi

autrement

que par éthique

hrétienne

,

cherchant

protéger

a

femme,

viter adultère

et faire

égner

ordremoral u

château,

rocédant

une orte e

«

civilisation

des mœurs.

Cette éserve tant

aite,

es thèses outenues

ar

Martin ureli ont ou-

jours pertinentes

t

permettent,partir

e l étudedes

systèmes

alliances,

d enrichironsidérablementotre onnaissance e l histoire u

pouvoir

insi

que

celle de la

perception

e la femme ans es milieux

ristocratiques.

Didier

ett

Jacques

erlioz

(éd.),

Moines t

religieux

u

Moyen ge

Paris,

euil

«

points

histoire

,

185),

1994,

46

p.,

ndex

lieux

t

personnes).

Ce recueil st

composé

articlesnitialement

arus

ansL Histoire

ntre

1980

et

1993

il

convient e le

préciser

ar éditeur onne es numéros

e la

revue t non es datesdes

articles)

récédés

une

préface

e

J.

Berlioz.

y

ajoutent

n

précieuxndex,

ne

présentation

es

auteurs,

es

«

repères

hrono-

logiques et unebibliographieénérale. omme ans arevue,haque rticle

est

pourvu

e notes uccinctest d une

petite ibliographiepar

contre,

es

illustrations

ont ien

videmment

as

été

reproduites,

de rares

xceptions

près

à

ce

propos

n

peut egretter

absence

e

cartes,

ui,

même

lémentaires,

auraient

u

faciliter

a lecture

t

a

compréhension

es articles e X. Barrai

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152 NOTES

DE

LECTURE

unesociété

ui

s estfortement

hristianisée,

i la

greffe

e la

monogamie,

e

l exogamie,

oire e

indissolubilité,

rend,

elledu consentemente

l épouse

estdifficilear aristocratie

accepte as que

es ntérêtse individu

surtout

ceuxde la

femme)

assent

vant euxde la

«

maison .

On

louera,

hez Martin

ureli,

e

souci onstant

e

critiquer

es sources.

Tous es

documents,

ême eux

qui

semblentes

plus

connus,

ont oumis

une tude tà

une

ritiqueoujours

rès ines. our hacune e ses

conclusions,

l auteur,

tilisanta

bibliographie

a

plus

récenteur e

sujet, ompare

vec ce

qui

se déroule

illeurs,

ermettant

e mettre

arfaitement

n évidence

es

spé-

cificités e la

politique

matrimonialees comtes atalans

t

d indiquer

es

tendancesssez

générales

l ensemble e la chrétienté.auteur ait

reuve

d une mmenserudition,articulièrementn ce qui concerneespacemédi-

terranéen.l sait ussi donner ie à son

argumentation

n

décryptant

es stra-

tégies

matrimonialest

e

statut e la

femme,

u travers

exemples récis

t

concrets,

e destins ouvent

oignants

e

princesses

Ermessende

e Carcas-

sonne,

lmodis t Lucia de la Marche u Mariade

Montpellier).

S

appuyant

ur es

critiques

rès

précieuses

aites

ar

Anita

Guerreau-

Jalabert

«

La

parenté

ans

Europe

médiévale t moderne à

propos

une

synthèse

écente

,

L homme

110,

vril-juin

989,

p.

69-93),

Martin

ureli

critique

vec forcee radicalismees thèses outenues

ar

Jack

Goody

L évo-

lution e la

famille

t

du

mariage

n

Europe

Paris,

A.

Colin,

1985)

qui,

on e

sait,

penseque

l offensivee

l Église pourréguler

t contrôleres

pratiques

sociales

particulièrementpartir

e a

fin

u

xie

iècle)

procède

ssentiellement

d intérêtsconomiques. ttentionependant ne pas tomber ans l excès

inverse t à ne voirdans a

politique

matrimonialee la noblesse

ue

des

mobiles

tratégiques

n niant e

qui,

dans es choix

cclésiastiques,

est

pas

de ordre e a morale. lire ette omme e

travail,

nressent

arfoisimpres-

sion

que

amais,

u coursdes

cinq

siècles

tudiés,

Église

n a

agi

autrement

que par éthique

hrétienne

,

cherchant

protéger

a

femme,

viter adultère

et faire

égner

ordremoral u

château,

rocédant

une orte e

«

civilisation

des mœurs.

Cette éserve tant

aite,

es thèses outenues

ar

Martin ureli ont ou-

jours pertinentes

t

permettent,partir

e l étudedes

systèmes

alliances,

d enrichironsidérablementotre onnaissance e l histoire u

pouvoir

insi

que

celle de la

perception

e la femme ans es milieux

ristocratiques.

Didier

ett

Jacques

erlioz

(éd.),

Moines t

religieux

u

Moyen ge

Paris,

euil

«

points

histoire

,

185),

1994,

46

p.,

ndex

lieux

t

personnes).

Ce recueil st

composé

articlesnitialement

arus

ansL Histoire

ntre

1980

et

1993

il

convient e le

préciser

ar éditeur onne es numéros

e la

revue t non es datesdes

articles)

récédés

une

préface

e

J.

Berlioz.

y

ajoutent

n

précieuxndex,

ne

présentation

es

auteurs,

es

«

repères

hrono-

logiques et unebibliographieénérale. omme ans arevue,haque rticle

est

pourvu

e notes uccinctest d une

petite ibliographiepar

contre,

es

illustrations

ont ien

videmment

as

été

reproduites,

de rares

xceptions

près

à

ce

propos

n

peut egretter

absence

e

cartes,

ui,

même

lémentaires,

auraient

u

faciliter

a lecture

t

a

compréhension

es articles e X. Barrai

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NOTESDE

LECTURE 153

Altet

Le

paysage

monumentale l An

mil)

et de CarolHeitz

Les

bâtisseurs

de

Cluny).

ar

contre

es

passionnants

rticles e M. ZimmermannurLes

abbayes

de

Catalogne

t

de M.-F.

Auzépy

Guillaume e Rubrouck

hez

es

Mongols

en sontheureusement

ourvus.

Les

articles ont

egroupés

n

quatre

hèmes

-

Fondationt renouveaux

avec es articles

A.

Vauchez,

aintBenoît

t

la révolutiones monatères

1980),

de

J.

Dalarun,

obert Arbrissel

t e salut

des

femmes

1985),

de

J.

Berlioz,

aint

Bernard,

e soldat

de

Dieu

(1990),

de

J.

Verger,

bélard. es écoles u

cloître

1986),

et

de

Ph.

Dollinger,

es che-

valiers

eutoniques

moines-soldatsu

germanisme

1982).

Ces

cinq

articles

sont es mises u

point

rudites ais

laires

ur es courants

ajeurs

u mona-

chismemédiéval.-

De la deuxième

artie,

space

et vie

monastiques

au milieu autres

articles e bonne enue

C.

Heitz,

J.-F.

eroux-Dhuys,

.

Parisse),

n retiendra

surtout

article e M. Zimmerman

ui

fait écouvrirux ecteursintensecti-

vité

monastique

e la

Catalogne

médiévale

article

e

1986)

et les

quelques

pages

de J.Berlioz

propos

u

ivre

e J.-C.

chmitt,

a raison es

gestes

ans

l Occidentmédiéval

Paris,

Gallimard,

990).

-

On s intéresseraout

articulièrement

ux

femmes

e Dieu

que,

dans a

troisième

artie,

es

quatre

rticles e P.-L.

Gatier

Les

femmes

u désert

1992),

M. Parisse

Les

nonnes

1978),

P.

Lhermite-Leclercq

La

vie

quotidienne

es

recluses

1989)

et M. Lauwers

Saintes

t

anorexiques

1993)

ont

u montrer

dans eur

pécificité.

-Enfin,ans a quatrièmeartie,esPrêcheurstMineursbénéficiente

toute

ne

séried articles

ui permettent

avoirune vue d ensemble ur es

ordres

mendiants,

oit u travers e leurs ondateurs

par

A.

Vauchez,

982

et

1984)

ou de leurs

ctivités,

ans es villes

J.

Le^Goff,

980),

dans Université

(Thomas

Aquin,

n universitaire

u

MoyenAge

par

J.

Verger,

990),

dans

l Inquisition

Etienne

e

Bourbon,

inquisiteurxemplairepar

J.

Berlioz,

1989),

pour

erminervec étonnant

écit

u

périple

u

Franciscain uillaume

de Rubroukhez es

Mongols

M.-F.

Auzépy,

987).

C est

donc,

ans

ensemble,

n recueil articles e

qualité ui

estmis

la

disposition

un

public

urieux histoire édiévale souhaitons

u il puisse

aussi veillera curiositét intérêtes étudiants

our

n domaine

ui

eur

st

souvent ifficile accès.

MichèleGaillard

VictorMortet etPaul Deschamps

d.,

Recueil e textes

elatifs

l histoire e

l architecturet à la conditiones architectesn France

u

Moyen

Age,

XIe-

xur

iècles rééditionvecune

préface

e

LéonPressouyre

tune

bibliographie

des sources

Olivier

Guyotjeannin,aris,

omité

es Travaux

istoriques

t

scientifique,

ollection Format

, 15, 1995,

1

100

p.

Voici une

réédition,

n formate

poche,

ort tile

pour

étude t

pourl enseignemente l archéologieu MoyenÂge» - si l on reprende titre e

la collection ans

aquelle

inscrivit

ette

ntreprise

onumentaleu début u

siècle.C est en effetn

1911

ue

VictorMortet

1855-1914),

istoriene Mau-

ricede

Sully

t bibliothécairela

Sorbonne,

it

araître

e

corpus

e

textes,

pour

a

pupart éjà

édités,

mais

provenant

es sources

es

plus

diverses t es

Page 157: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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154

NOTESDE

LECTURE

plus

dispersées,

t concernantous histoire

rchitecturale,

ans a

plus arge

acception

des cathédralesux fortifications

rbaines,

t

de

la

«

conception

intellectuellees édifices ux conditions atériellese leurmise en œuvre.

L enquête renait our

horizon

espace français

celui de la

«

plus grande

France

,

sans

qu il

soit isé de

démêler,

ans

es intentions

e

l auteur,

e

qui

ressort un nationalisme

xpansif

e ce

qui s inspire

une

histoire

e l art

qui,

la recherche

es

«

influences

,

ne connaît

as

de frontières.

uant

l arc

chronologique,

l

s étendaite l an

mil

u

premier

iers u

xir

iècle,

e Raoul

le

Glabre

Suger.

e cette

ntreprise,

aul

Deschamps

1888-1974),

rofesseur

à l École des

Chartes,

e voulut e

continuateur,

aisant

araître

n

1929

un

secondvolume ouvrant ensemble es

xir

et xnr iècles.La structuree

l ouvrageestaitnchangéeune opieusentroduction,édition,ar rdre hro-

nologique,

e

textes u de

fragments

e textes

récédés

une

nalyse

t clairés

d un abondant

ppareil ritique,

n ndex es

noms,

es lieux t des matières

ainsi

u un glossaire

es termes

echniques

t

des notions bordées. ans ces

conditions,

a réédition

n un seulvolume e

ces deux ecueils

imposait

elle

rendra

es services

autant

lusprécieuxu Olivier uyotjeanninpris rand

soin,

la

fin

e

l ouvrage,

indiquer

ystématiquement,orsqu il

avait ieu

de le

faire,

es référenceses nouvelles ditions

cientifiques

es textes

qu avaient

hoisisVictorMortett Paul

Deschamps.

Le

«

Mortet-Deschamps

demeure

ujourd hui

ne référenceans

équi-

valent n

langue

rançaise our

histoiremédiévale e la construction.es

index

ermettent

e

repérer

apidement

es référencesux ieux t aux

person-

nes,maisaussi aux matériauxla brique t le bois n étant as négligés) tà

leurs onditionse

transport,l organisation

u travailur es chantiers

t,

ela

va de

soi,

aux différents

léments

rchitecturauxes

édifices omans t

gothi-

ques.

l

faute

rappeler

les auteurs

e ce

recueil nt ait

reuve

une

uverture

d esprit

rare n leur

emps pour

ne

pas

limitereur

nquête

l histoire

architecturalees

grandes

athédrales.

ue

l on

consultees

entrées

u

mot

«

pont

et on

disposera

un

corpus

xtrêmement

uggestif

ur es conditions

spirituelles

t matériellese a constructione ces

équipements

infrastructure

essentielsu

MoyenAge

que

on

prenne

a

peine

e fairee relevé es

emplois

des mots voûte et

«

rotonde et a

grammaire

es formes e l architecture

romane en trouveraclaircie.Mais l on

peut galement

hoisir e

voyager

dans e recueil

partir

u terme

reliques

,

et c est e lien ntrees mutations

liturgiquest es transformationsrchitecturalesui apparaîtlors. t celui ui

s attardeur e mot serf

part

la rencontree ce dénommé

oulque, ue

Girard,

bbé de Saint-

ubin,

ffranchitla

fin

u

xie

iècle

ou,

plus

précisé-

ment,

ccueille omme rère on

ers)

pour écompenser

es talents ans art

de la

peinture

urale

texte

XXXVII,

pp.

350-351).

Utile

pour

histoire e

l architecture,

a

réédition

e ce recueil est

éga-

lement

our

histoire e cette istoire. oncernante

xr

siècle,

VictorMortet

a rassemblé n

corpus ui

demeure

ncore

ujourd hui uasiment

xhaustif,

traquant

es traces es

plus

ténues ans es Vies de

saints,

es

chroniques,

es

correspondances.

our es siècles uivantn

revanche,

e recueil e

peut

ffrir

qu un

hoix e textes

impossible,

videmment,

e

reproduire

outeses chartes

de fondation

rbaine

u xiir iècle.C est alors

ue

les

partis ris

des auteurs

serévèlentvecplusde relief. eu decomptese constructionsur a question

du financementes constructions

cclésiastiques,

n est

prié

e se contenteru

«

zèle enthousiastees

populations

enant econdere zèle des abbésrebâtis-

seurs

église

(introduction

e V.

Mortet,

.

XL).

La

préface

e Léon Pres-

souyre, résentant

n

croquishistoriographique

ommode

ur

es évolutions

Page 158: Medievales - Num 30 - Printemps 1996

8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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NOTES

DE

LECTURE 1

55

récentes e l histoiree la

construction,

ermet

e mesurere

qui sépare

es

préoccupations

es

historiensctuelsde

celles de Victor

Mortet t de Paul

Deschamps.

e

premier

tilise nevaste

nquête,

onduite

partir

e 1842

par

le

Comité esarts t

monuments,

ui

visait

identifieres artisterst es

ouvriers

ayant

ravailléu

Moyen

Âge

-

il

s inscrit oncdans e

courant

ntellectuel,

en

partie

u

romantisme,

ui

conduitu

revival

othique

u

premier

ixe

iècle.

Le second ut

artisan e la rénovation

u Muséede la

sculpture

omparée

qu il rebaptise

uséedes Monuments

rançais

orsque

elui-ci st

nstallé,

la

faveur e

l Exposition

e

1937,

u

Trocadéro. 842 t

1937 deux

alons

dans

l histoire

e

a

valorisationu

patrimoine

édiéval,

tdans a redéfinition

oli-

tique

et

culturelle u

concept

monumental.

Nous

sommes,

ujourd hui

encore,es héritiersritiquese cette istoire.

Que

l on

songe, ar xemple,

la

question

e la

«

conditiones

architec-

tes . Si

VictorMortet

intègre

ans e sous-titree son

recueil,

est sans

doute comme

écrit éon

Pressouyre

pour

cibler ne

clientèle

oten-

tielle

,

celle des

architectes

ui

dominentlors

e

champ

e l histoire e

l art.

Mais ce

faisant,

l

rencontrene

question

entrale ans

l historiographie

actuelle

celle de

l émergence

u

«

sujet

architecte,

e

dégageant

entement

de la

gangue

es métiers

écaniques

ans

aquelle

n e tenait

risonnier.

ue

le

lecteur

aujourd hui

n

fasse

expérience

partir

e l indexdu

«

Mortet-

Deschamps

:

on

suit,

ur rois

iècles,

évolution es

désignations

émanti-

ques

de l architecte

du

cementarius

u

lathomusu

magister

n

pasant ar

Y

rt

f

x,

t

usqu aux

rchitectus,

rchitectoru architectarius

,

ces

mutations

lexicales ccompagnant,arfoisvecretard,arfoisnl anticipant,élabora-

tion u rôlede

l architecteur e

chantier,

e détachant

rogressivement

e la

fonction

e maître œuvre. n

1243,

es statutse la ville

d Avignon

ixente

prix

esconsultationses

«

maîtrese

pierre

chargés

étudier

emplacement

des forteresses

texte

CXXVI,

pp.

901-905).

Ce rôle

d expertise

ehausse

a

dignité

ociale

de l architectedès

1261,

l

fait

es

frais es sarcasmes u

pré-

dicateur icolas

e

Biard,

aillantes

personnages

autainst

gantés

ui,

rmés

de leur

bâton

radué, èglent

e

ballet es chantierse

construction,

omman-

dant ceux

dont ls se sentent ésormaisi

éloignés

les travailleurs

texte

CXXXVII,

p.

927).

Patrick

oucheron

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8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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8/9/2019 Medievales - Num 30 - Printemps 1996

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LIVRES

REÇUS

157

Giovanni

Ciappelli,

Una

famiglia

e le sue

Ricordanze.

Castellini

di

Firenze

nel

Tre-Quattrocento

Florence

Olschki,

1995

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Qua-

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Giovanni Ciappelli

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Francesco

Di

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Ricor-

danze

IL

Quaternuccio

Giornale

B

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nale di Studi sul

Rinascimento,

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Conformité

t

déviances

au

Moyen Age

Actes du

deuxième

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UniversitéPaul-

Valéry

(25-27

no-

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Three

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chevalerie

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Que

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Vitadi

un

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moderne

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italien,

numéro

06-2

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des

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de l École

française

de Rome.

MoyenÂge,

avant-propos

e

Monique

Bourin,

conclusionde Jean-

Marie

Martin

et

François

Menant.

PierreGuichard et Danièle Alexandre-Bidon

(dir.),

Comprendre

e

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1995.

Anne-Marie

Helvetius,

Abbayes

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Une

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pouvoir

n Hainaut au

MoyenÂge (

vn-xr

iècle

,

Bruxelles Crédit

Communalde

Belgique,

1995 (coll. Histoire,n°92, 1994).

L hostelleriede

pensée

Etudes sur l art littéraire u

MoyenÂge offer-

tes Daniel Poirion

par

ses anciens

élèves,

extes éunis

ar

Michel

Zink

et Danielle

Bohler,

Éric

Hicks et Manuela

Python

éd.,

Paris Presses de l Universitéde

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995

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et civilisationsmédiévales

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Régine

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Famille et

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158

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Penine

Mane,

Françoise

Piponnier,

Se vêtir au

Moyen

Âge

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Faustino

Menendez

Pidal de

Navascues,

Mikel

Ramos

Aguirre,

Esperanza

Ochoa

de

Olza

Eguiraun,

Sellos

medievales de

Navarra

Pampelune,

1995.

M. Milagros

Cárcel

Orti,

La

lengua vulgar

n la administración

pis-

copal

valentina

siglos

xiv

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xv),

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Sociedad

castellonense e

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Adalbert

Mischlewski,

Un ordre

hospitaliser

u

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renoble Presses

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Martine

Ostorero,

«

Folâtrer

vec les démons . Sabbat et chasse aux

sorciers

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Lausanne

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1995

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La

politique

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des Ducs

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Viaggio

in Italia

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viaggio

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actes du

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l Institut his-

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Jagellone

de Cracovie

(19-20

octobre

1992),

à

l occasion du 500e

anniversaire e la découverte e

l Amérique,

Cracovie Université

agellone,

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préface

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In

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Origine

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Adam

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Petite vie

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Grand

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NOTRE-DAME

DE

CHARTRES

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E LAJERUSALEM

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Anne PRACHE

Collection

Patrimoineu

présent"

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Au

IIe

iècle,

'écolee

hartresassemblaitesmeilleurs

héologiens.

Notre-Dame,

a

athédrale,

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par

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et

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l'attrait

intact.

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19,5

24

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MÉDIÉVALES

Langue

Textes

Histoire

Abonnements

Université

aris

VIII

-

PUV Médiévales

2,

ruede

la Liberté

93526 Saint-Denis edex 02

Tél. 33-1-49

0 67 88

-

Fax

33-1-49

0

67

53

Distribution

CID

-131,

boulevard aint-Michel

75005

Paris

Tél. 33-1-43 4

47

15

-

Fax 33-1-43 4 80

73

Diffusion

AFPU-Diffusion PUL - BP 199 - 59654

Villeneuve-d'Ascq

edex -

Tél. et Fax 33-20 91 03 95

Numéros

parus

1

Mass-mediaet

Moyen

Âge

(1982).

Épuisé

2 Gautierde

Coinci le texte

du Miracle

1982).

Épuisé

3

Trajectoires

u sens

/1983)

4

Ordres t désordres.

tudes

édiées

Jacques

e Goff

1983).

Épuisé

5

Nourritures

1983).

Épuisé

y

6 Au pays^d'Arthur1984). Épuisé

7

MoyenÂge,

mode

d'emploi

1984).

Épuisé

8 Le souci du

corps

1985).

Épuisé

9

LanguesJ1985).

Épuisé

10

Moyen Âge

et histoire

politique.

Mots,

modes,

ymboles,

truc-

tures.

Avant-propos

e

GeorgesDuby

1986).

Épuisé

11 À l'école de la lettre

1986)

12

Tous les chemins mènent

Byzance.

Études

dédiées

à

Michel

Mollai

1987)

13

Apprendre

e

Moyen

Âge

aujourd'hui

1987).

Épuisé

14 La culture ur le marché

1988)

15 Le premierMoyenÂge (1988)

16/17

lantes,

mets t

mots

dialogues

vec

A.-G. Haudricourt

1989)

18

Espaces

du

Moyen

Âge

(1990)

19 Liens de

famille.Vivre et

choisir a

parenté

1990)

20

Sagas

et

chroniques

du Nord

1991)

21

L'an mil

rythmes

t acteurs

d'une

croissance

1991)

22/23Pour

l'image

1992)

24 La

renommée

1993)

25 La voix et l'écriture

1993)

26

Savoirs d'anciens

1994)

27

Du

bon

usage

de

la souffrance

1994)

28

Le choix

de

la solitude

1995)29 L'étoffe t le revêtement1996)

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