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BOÎTE NOIRE DES IMAGINAIRES
REVUE LITTÉRAIRE ET ARTISTIQUE
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NANCY HUSTON HAKAN GÜNDAY CHRISTIANE TAUBIRA SERGE PEY
JORGE LUIS BORGES (TEXTE INÉDIT) CAROLE ZALBERG MARTINE FIDÈLE
MAKENZY ORCEL BÉO AIMÉ CÉSAIRE SILEX MARAM AL MASRI
LOUISE DUPRÉ GUY OBERSON JORGE PINEDA PAOLO WOODS
MICHEL ONFRAY RENÉ DEPESTRE SAUL WILLIAMS BEI LING
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intranQu’îllités
C’est toujours la même transe, la même contrebande : minces chaos du dedans, pour vastes échos dehors.
JAMES NOËL
Revue de haute tension créatrice avec des pages qui vibrent et évoluent dans l’union libre des genres. Nous travaillons avec des poètes, des romanciers, des photographes, des philosophes, des musiciens, des peintres, des réalisateurs, pour constituer une poétique, façon boîte noire pour capter les vibrations et les imaginaires du monde, par le prisme de la beauté. Née par la force des choses au lendemain du séisme de 2010, IntranQu’îllités est conçue par ses fondateurs, James Noël et Pascale Monnin, comme une revue de grande magnitude à partir de la faille même, pour contrarier les certitudes et les idées reçues, et ainsi donner libre cours à tous les vents et les tremblements de l’esprit. Un rêve, un mouvement à partir d’Haïti, pays qui ne sera pas un centre, mais auquel un certain rôle d’épicentre sera intimement lié. Ne vous fiez pas à l’île, qui saute aux yeux comme une proposition de soleil, de clichés de sables fins. On est souvent conduit à percevoir l’île comme un territoire replié sur ses bornes, où il suffirait de pivoter sur un pied pour en faire le tour. Le préfixe In dans IntranQu’îllités pourrait même renvoyer à la négation de l’insularité. Ce titre est une manière, une astuce pour apostropher tous les imaginaires, pour pénétrer les interstices et naviguer dans l’air/ère d’une île-monde. Pour voguer, nous voguons, pour naviguer, nous naviguons, perméables dans les nuances et les méandres en crue de la complexité. Nous assumons pleinement notre enragement, — une forme d’engagement suprême — à plein temps dans l’utopie et dans l’action.
Maître d’œuvre : James NoëlDirection artistique : Pascale Monnin et Barbara Cardone Graphisme, typographie : Laure Schaufelberger 4e de couverture et couleurs : Fanette Mellier Choix des exergues : Dominique Gillerot Tous les vents du monde : Valérie Marin La Meslée Pile ou Face : Anne Bocandé Communication: James Noël, Dominique Gillerot, Julien Delmaire, Béonard Monteau Éditions Passagers des Vents
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Voix de l’ombre 143Claudine Bertrand locomotion 144José Carlos Becerra Non lieu 146Rym Khene Papa 2004 150Küçük İskender Juke Box 152Hugo Fontaine Je devais être jeune encore… 154Maurice Carême Chance 155Lou Garion Conversation à cœur ouvert avec un sage 158Bei Ling Black-out 160Éliphen Jean Lettre d’octobre 163Georges Castera Qui hache le temps ? 164Jean Joubert Les mandarines 167François-Xavier Maigre Voici le temps… 168Jean-Pierre Siméon 10 169Serge Pey 17 secondes 171Marie-Josée Desvignes Nous serons de ceux qui dansent 172Sara Bourre Sous la pluie noire 175Michel Thion Promenade-Poème 176Chloé Sainte-Marie Easë i la 180Paul Wamo Et Dieu créa la poule 183Éric Kups L’hors-sujet 184Méchac Adjaho Soif 185Louise Dupré Fuir ou mourir 187Carole Zalberg
Ton odeur, c’est la pluie 189Julien Delmaire Dans l’attente l’instant 192Jean Billy Mondésir Paris Métèque 194Gaël Faye Nantes 196Cathie Barreau Sons de l’univers 197Démosthènes Davvetas Nous étions plusieurs dans la même maison 201Angeliki Dimouli Libation 202Androniki Dimitriadou
tous lesventsdumondeIntroduction 207Valérie Marin La Meslée Quinze printemps 208Marc Alexandre Oho Bambe Courageuse 210Lieve Joris J’aurais voulu être une valise 211Pia Petersen Petits remèdes contre l’envahissement du bagage 212Pascale Kramer Rouge voyage 213Emmelie Prophète Les dessous 215Arnaud Robert Pour tout bagage 216Tiphaine Samoyault
déclicPropos d’outre-tombe 220Jorge Luis Borges Un être terrifiant 231Hakan Günday L’exil 233Josselin Ménage
Le Léopard solitaire 237Jacques Stephen Alexis Le temps et l’espace 238Arthur H Ma place est ici 239Céline Nannini L’exil 2 245Yahia Belaskri Temps de Lisbonne 246Eduardo Lourenço Les deux adversaires étaient résolus 248Alain Mabanckou La cabine jaune 250Syto Cavé Réponse à la question que posent les ailes 253Saul Williams Rondo pour arrêter le temps 256Pedro Tena
galerie desportraitsNemo Perier Stefanovitch 259Voix diverses 276Nancy Huston
Remerciements 278Table des illustrations 279
Pour un nouveau monde 016James Noël
manifeste pourunnouveaumondeManifeste à mon fils 021Mbougar Sarr Vers les comètes 023Martine Fidèle Manifeste pour un nouveau monde 025Sara Bourre Lettre ouverte aux femmes du monde 027FEMEN Kuei 029Natasha Kanapé FontaineL’émotion Manifeste 031Néhémy Pierre-Dahomey Manifeste des fragments 034Anne-Camille Charliat Le destructeur de mondes 036Léa Cassagnau SMS 038Béo Monteau On veut des insoumissions infinies 040Louis Hautefort Désobéir 042Jean Damérique Dissociation 043Silex Lettres aux hommes vieux 044Jacques Stephen Alexis Amnésie harmonieuse 047Lou Garion
lemondedeslettres…Lasta letero al mia frateto bankisto 052Hubert Haddad
Lettre à l’ouvrier du sous-traitant chinois d’Apple 055Adeline Baldacchino Se faire le poète de sa propre existence 057Michel Onfray Lettre à un regard 058Rodney Saint-Éloi Au front 059Élie Guillou À mon fils 062Ta-Nehesi Coates Lettre à l’enfant du désert 066Bruno Doucey Aux enfants de la veuve 069David Bongard Lettre à Eylan 070Ananda Devi Chers Cadavres 072Makenzy Orcel Lettre aux édentés du monde entier 073Evains Wêche Adresse à la nouvelle génération 075René Depestre Petites leçons d’altruisme 077Abdourahman Waberi Hygiène du jeune auteur 080James Noël Murmures à la jeunesse 081Christiane Taubira Mère à sa fille 088Nancy Huston Père à son fils 089Nancy Huston
pileoufaceIntroduction 097Anne BocandéEt la vie aggravée 098Nancy HustonRe/naissance 099Corinne Royer
Le soleil allé avec la mer 102Ivan RobillardAppartenir 103Karim MiskéLe temps est un artiste 107Hemley BoumLa force des choses 108James NoëlLampedusa Beach 110Lina ProsaMassacre à la frontière 111Christelle EvitaL’enfance verte 116Aminata AidaraChroma-traumatologie 117GauzL’Acte de respirer 120Sony Labou TansiY a-t-il une vie avant la mort ? 121Tanella Boni, Célia Elamé, Denis Pourawa, Yvon Le Men, Rohan Houssein, Marc Alexandre Oho BambeLe siècle du peuple vaincu 124Luís Filipe SarmentoNe m’appelle pas étranger 125Gary KlangL’écho 128Aimé CésairePetits monstres 129Basile Despland
delapoésie avanttoute choseColis suspect 132Laura Vazquez Lettre à mon chien 135Coutechève Lavoie Aupont L’exode 1 139Maram Al Masri Ceux du large 140Ananda Devi
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016IntranQu’îllités
017IntranQu’îllités
Pour un nouveau mondeJAMESNOËL::
Vouloir se dépasser est un pari fou, c’est comme se quitter, mais c’est peut-être le plus court chemin pour arriver à soi. Pour atteindre hapax entier, voir son dedans, flancher en son for intérieur, faire résonner son être en assô-tor dans le cosmos, et déployer sa magie neuve dans le réel. S’outrepasser. Qui mieux que les jeunes – mot de plus en plus bateau, charriant les naufragés d’un temps qui cache mal ses rides — peut encore aspirer à faire sauter les verrous, à fouler debout la tectonique des cauchemars, jouer cœur sur table, par ces temps de portes lourdes de fers et de fermetures rouillées, ver-rouillées solidement sur leurs gonds ?
Tandis que se révèlent vérifiables d’un bout à l’autre des hémisphères ces mots de Char : « Notre héritage n’est précédé d’aucun tes-tament », s’échappent des voix nouvelles de notre boîte noire transversale des transes, pour trancher l’Histoire, agiter le puzzle de l’imagi-naire et rebattre autrement les cartes. Ces voix respirent une belle conscience de condamnés à… vivre. Elles disent avec hauteur que « nos ailes sont faites pour naviguer vers les comètes et les plus belles galaxies », toujours rebelles, elles se dressent en pourvoyeuses de futurs dans la déroute, « contre l’obéissance aveugle, nous aiguisons nos langues afin qu’un jour, fatigués d’être si raisonnables, nos corps traversent les miroirs. » Elles ont des noms qui tranchent : Silex, Béo, Lou, Fidèle, Damérique, Sarr, Dahomey, Hautefort…
Nous ne les avons pas vues venir, ces voix qui nous parlent au tournant d’un siècle qui semble
allergique à la vie, à l’amour, au dialogue et à l’événement/avènement de l’autre. Elles sont d’ici, d’ailleurs, d’Haïti, de France, d’Ukraine, du Sénégal, du Canada, d’Allemagne. Nous ne les avons pas vues venir derrière la mer, mais nous les cherchions, les désirions comme une oasis dans la savane désolée.
Dany Laferrière, souffleur immortel, nous a suggéré dans un train de réunir les énergies du monde entier, celles qui n’ont pas encore trente ans. Notre ami et allié, Julien Delmaire a proposé de prendre comme boussole le verdict de Jerry Rubin : « Ne faites jamais confiance aux plus de trente ans. » L’histoire du rêve était alors en marche, dans ce train du livre, au retour du festival Étonnants Voyageurs (Saint-Malo/Paris), un oxygène nouveau gon-flait le temps dehors contre les vents mauvais.
Ces voix nouvelles déroulent feuilles de route, bousculent l’espace, s’ouvrent en mani-feste, pour écrire, peindre, jouer, jouir, faire jaillir un nouveau monde, loin de tout caté-chisme, des dogmes et de la raison cartésienne. Elles ont répondu en passant outre le cadre de l’espace et du temps, pour porter loin le rêve de l’outre-monde en activant tous les chakras de l’émotion et de l’instinct sauvage.
Enfin un numéro d’IntranQu’îllités qui cogne sur la table des nations, non pour demander et chercher secours dans leurs sacrés paradis, mais pour commander, procéder au grand déverrouillage, au vaste désenvoûtement de la voûte céleste sur la Terre, renouer avec l’idée caduque d’un bonheur et d’une poétique
d’un vivre ensemble des peuples sur la Planète bleue.
Le monde est là qui demeure en toutes lettres, avec des voix porteuses de mondes, de langages, de paroles qui ont souvent une dimension… testamentaire. Nancy Huston, René Depestre, Michel Onfray, Ananda Devi, Abdourahman Waberi, Christiane Taubira, Rodney Saint-Éloi, et tant d’autres, nous gué-rissent, comme lecteurs, du sentiment tragique d’être des déshérités complets.
Toute la revue est tissée comme une toile d’araignée, une œuvre d’art avec des points de fuite tentaculaires. Beaucoup de commandes personnalisées ont décidé du schéma déraisonnable dans l’imbri-cation/imbroglio des rubriques, qui sont plus en phase désormais avec notre quête de nous retrouver au hasard du voyage.
Jamais orgie des images, peuplée de visages en groupe d’îles, n’accomplissait un tel miracle dans l’harmonie avec les mots. Ne vous pri-vez surtout pas de la littérature sous-jacente qui évolue en marge des visuels. Un nouveau chapitre dans la vie de la revue qui procède par secousses et déménagements intérieurs des rubriques. Elles ont le don de disparaître pour réapparaître d’un numéro à l’autre. Faut que les pages tournent. De la poésie avant toute chose, Pile ou face, Tous les vents du monde, Déclic, la Galerie des portraits, autant de rubriques tres-sées, portant chacune une couronne pleine de pépites et d’étoiles bipolaires.
Toute parure dehors, nous avançons debout, comme si l’on était au bord… de la fin… du monde. Pour que naisse un monde, autre. Manifestement. Nous cassons et brûlons nos thermomètres dans l’attente d’un nouveau temps de fièvre. éd
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