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Mali - Perspectives économiques en Afrique · Cette baisse n’est pas liée au capital fixe, qui a augmenté de 7 %, mais à la variation négative des stocks résultant de la

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Mali2012

MaliLa croissance réelle de l’économie malienne a fortement ralenti à 1.1 % en 2011 en raison de la chute de laproduction agricole et de la conjonction de chocs extérieurs : crise postélectorale en Côte d’Ivoire, guerreen Libye, renchérissement des prix des hydrocarbures et des produits alimentaires. En dépit du coup d’Étatde mars 2012, la croissance devrait se situer à 6.9 % en 2012 et 5.2 % en 2013, dans l’hypothèse debonnes conditions de campagne agricole, d’une augmentation des cours de l’or et du coton et durenforcement des échanges avec la Côte d’Ivoire.

La forte pression démographique et l’instabilité politique pourraient toutefois influer négativement sur lesindicateurs socioéconomiques du pays.

Les résultats de la politique nationale de l’emploi et des initiatives telles que le Programme emploi-jeunes(PEJ) sont en deçà des attentes. Le chômage touche beaucoup plus les jeunes, avec un taux atteignant15.4 % pour la tranche d’âge 15-39 ans. 81.5 % des chômeurs sont des jeunes à la recherche d’un emploi.

Vue d'ensemble

Le Mali a connu en 2011 une forte baisse de sa production agricole due à l’irrégularité des pluies et à leurmauvaise répartition dans le temps et l’espace. Est venue s’ajouter la conjonction de chocs externes,notamment la crise post électorale en Côte d’Ivoire, la guerre en Libye et le renchérissement des prix deshydrocarbures et des produits alimentaires. La croissance réelle du produit intérieur brut (PIB) s’est établie à1.1 % en 2011. Cette contre-performance résulte principalement de la baisse de la production vivrière (‑16 %),qui représente presque un quart du PIB, en particulier de la production de riz (‑25 %). La croissance devraitatteindre 6.9 % en 2012 et 5.2 % en 2013, à condition que la campagne agricole se passe dans de bonnesconditions, que les cours de l’or et du coton augmentent et que les échanges avec la Côte d’Ivoire serenforcent. Mais les incertitudes pesant sur les prévisions pour 2012‑13 relèvent surtout de l’évolution de lasituation politique consécutive au coup d’État et aux violences ayant marqué les premiers mois de 2012.

En 2011, la croissance du PIB a été soutenue, d’abord, par la production de coton et le commerce, ensuite, parles industries textiles et agroalimentaires, les transports, les télécommunications et l’élevage. Du côté de lademande, la consommation et les exportations de coton et d’or ont tiré la croissance.

Le chômage des jeunes est un problème crucial au Mali. Le taux de chômage en 2011 était de 9.6 % mais ilatteignait 15.4 % pour la tranche d’âge 15‑39 ans. L’ampleur du phénomène s’explique par la conjonction d’unemultitude de facteurs, les plus importants étant : la faible croissance économique, la forte pousséedémographique (3.6 % par an), la jeunesse de la population, l’inadéquation entre formations et emplois, l’exoderural et la faible capacité d’absorption du secteur formel.

Les autorités maliennes ont adopté en 1998 une politique qui fait de l’emploi un élément essentiel dudéveloppement humain et un facteur efficace de lutte contre la pauvreté. Cette politique est mise en œuvre àtravers plusieurs projets et programmes dont le Programme emploi-jeunes (PEJ) et le Programme décennal dedéveloppement de la formation professionnelle pour l’emploi (PRODEFPE). En dépit de ces initiatives, lesrésultats atteints en matière de création d’emplois sont en deçà des attentes. Pour résorber de façon durable lacrise de l’emploi, les pouvoirs publics devraient s’attaquer aux causes structurelles du chômage en mettant enœuvre des politiques volontaristes tendant à augmenter notablement le taux de croissance de l’économie, àdiminuer fortement la croissance démographique et à former les jeunes dans des filières répondant aux besoinsde l’économie.

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http://dx.doi.org/10.1787/888932624010

http://dx.doi.org/10.1787/888932605428

Figure 1 : Taux de croissance du PIB réel (Occidentale)

2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions.

Tableau 1 : Indicateurs macro-économiques

2010 2011 2012 2013

Taux de croissance du PIB réel 5.8 2.7 3.5 5.1

Taux de croissance du PIB réel par habitant 2.8 -0.3 0.5 2.1

Inflation IPC 1.4 3 3.8 2.2

Balance budgétaire % PIB -2.7 -1 -3.5 -3.4

Balance courante % PIB -7.5 -5.4 -3.1 -4.7

2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions.

Taux de croissance du PIB réel (%) Afrique de l'Ouest - Taux de croissance du PIB réel (%) Afrique - Taux de croissance du PIB réel (%)

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 20130%

2%

4%

6%

8%

10%

Croi

ssan

ce r

éelle

du

PIB

(%)

Perspectives économiques en Afrique 2012 3 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA

http://dx.doi.org/10.1787/888932625986

Développements récents et perspectives

Tableau 2 : PIB par Secteur (en pourcentage du PIB)

2006 2011

Agriculture, foresterie, pêche et chasse 36.7 41.1

Agriculture, élevage, sylviculture et pêche - -

dont agriculture - -

Mines et extraction 8.3 7.6

dont pétrole - -

Industries manufacturières 9 5.4

Electricité, gaz et eau 2.1 2.2

Electricité, eau et assainissement - -

Construction 5 5.7

Vente en gros et de détail, hôtels et restaurants 14.5 15.6

dont hôtels et restaurants - -

Transports, entreposages et communications 5.4 5.9

Transport et stockage, information et communication - -

Finance, immobilier et services aux entreprises 0.4 0.3

Intermédiation financière, services immobiliers, services aux entreprises et autres services - -

Services des administrations publiques 11.2 9.2

Administration publique et défense, sécurité sociale, éducation, santé et travaux sociaux - -

Administration publique, éducation, santé - -

Administration publique, éducation, santé et autres services sociaux et personnels - -

Autres services communautaires, sociaux et personnels - -

Autres services 7.4 7.1

Produit intérieur brut aux prix de base / au coût des facteurs 100 100

Vente en gros et de détail, hôtels et restaurants - -

2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions.

Le taux de croissance réelle du PIB était estimé à 1.1 %. en 2011, soutenu principalement par la progression dusecteur secondaire (8.3 %) et du tertiaire (3.8 %), tandis que le secteur primaire a enregistré une croissancenégative (‑5.8 %). Les prévisions tablent sur une croissance de 6.9 % en 2012 et de 5.2 % en 2013 en prenantpour hypothèses une bonne campagne agricole et une augmentation des cours de l’or et du coton. Mais pèsentsur ces prévisions les incertitudes quant à l’évolution politique du pays à la suite des événements du début del’année 2012.

La croissance négative en 2011 du secteur primaire a résulté de la forte baisse de la production agricole(‑11.6 %), en particulier celle du riz (‑25 %). Toutefois, la bonne tenue de la production cotonnière, en haussede plus de 66 %, a permis d’atténuer le recul. La campagne agropastorale 2011/12 a été caractérisée par des

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pluies tardives qui se sont arrêtées de manière précoce, affectant les cultures vivrières et provoquant une crisealimentaire à partir de décembre 2011. L’élevage (9.0 % du PIB), pratiqué par 30 % de la population active, aaugmenté de 4.0 % en 2011. En 2012-13 est attendue une stabilisation de la production de coton, après la forteaugmentation de 2011, et une reprise de la production vivrière qui devrait augmenter de 20 % en 2012. Si bienque la croissance du secteur primaire devrait se situer autour de 12 % en 2012/13 et celle de la seuleproduction agricole autour de 18 %.

Le secteur secondaire a progressé de 8.3 % en 2011 grâce à la croissance de la production des industriestextiles (31 %) et du secteur agroalimentaire (18.6 %). Compte tenu de la tendance à la hausse du cours de l’orsur le marché mondial et de la mise en production durant le deuxième semestre 2011 de nouvelles mines d’or,notamment les mines de Kodiéran et de Tabakoroni, les perspectives de croissance sont bonnes pour 2012/13,avec un taux de 10 % pour les industries extractives et de 8 % pour l’ensemble du secteur secondaire.

La croissance de 3.8 % enregistrée en 2011 dans le secteur tertiaire a reposé principalement sur le commerce,l’un des plus importants sous-secteurs de l’économie avec 15 % du PIB, et les transports et télécommunications.Le dynamisme de ces secteurs a été favorisé par l’augmentation de la consommation privée des ménages mais,en sens inverse, a été affecté par les mouvements sociaux dans le corridor routier Bamako-Abidjan. En 2012/13,la croissance du commerce devrait atteindre 6.5 % et celle des transports et télécommunications se maintenir à7 % compte tenu du renforcement attendu des échanges avec la Côte d’Ivoire.

Du côté de la demande, la consommation est la composante principale de la croissance, devant les exportations.Stimulée par la consommation privée des ménages, elle a progressé de 2.8 % en 2011 en raison, notamment,de la revalorisation des salaires des fonctionnaires et des recrutements opérés dans les secteurs de l’éducation,de la santé, de l’armée et de la sécurité. Cependant la consommation privée a été moins dynamiquequ’initialement prévu à cause de la baisse des transferts des Maliens de l’extérieur, source importante derevenus des ménages. Les investissements bruts ont connu une baisse de 6.2 % en 2011 pour s’établir à 21.1 %du PIB. Cette baisse n’est pas liée au capital fixe, qui a augmenté de 7 %, mais à la variation négative des stocksrésultant de la baisse de la production. Les infrastructures ont occupé la première place en 2011, avec 33 % desfinancements, destinés aux importants projets routiers visant au désenclavement extérieur et intérieur du pays,aux secteurs des ressources humaines (éducation, santé, emploi), à l’eau, à l’énergie et à l’économie rurale.

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Politiques macroéconomiques

Politique budgétaireLe gouvernement malien a adopté en décembre 2011 un nouveau Cadre stratégique pour la croissance et laréduction de la pauvreté pour la période 2012‑17. Le but visé à moyen et long termes est de « faire du Mali unpays émergent et une puissance agricole dotée d’une bonne qualité de vie pour les populations, hommes etfemmes ».1 Par ailleurs, la mise en œuvre de la politique macroéconomique a été globalement satisfaisante en2011. Le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a achevé en décembre 2011 laseptième revue du programme du Mali appuyé par la Facilité élargie de crédit (FEC), sanctionnée par undécaissement de 6 millions de droits de tirages spéciaux (DTS) et l’adoption d’un nouvel accord triennal au titrede la FEC. Dans le cadre de la politique de convergence économique de l’Union économique et monétaireouest-africaine (UEMOA) le Mali a respecté en 2011 quatre critères de convergence sur huit, dont trois critèresde premier rang : le taux d’inflation annuel moyen ; l’encours de la dette publique rapporté au PIB ; la variationdes arriérés de paiement intérieur et extérieur ; les investissements financés par des ressources internesrapportés aux recettes fiscale.

La loi de finances 2011 a été exécutée dans un contexte macroéconomique difficile, marqué par une conjonctionde chocs externes contraignant le gouvernement a adopté une loi de finances rectificative. Les objectifsbudgétaires ont été globalement atteints. Le solde budgétaire de base sous-jacent (hors dépenses sur lesressources de la Société des télécommunications du Mali [SOTELMA]) a enregistré un déficit de 0.3 % du PIB en2011 alors qu’un déficit de 1.4 % avait été programmé dans la loi de finances rectificative. Le déficit budgétaires’est amélioré en 2011 à 1.0 % du PIB grâce aux bonnes rentrées fiscales, à la maîtrise des dépenses salarialeset à la sous-exécution des autres dépenses courantes et des dépenses en capital sur financement intérieur. Unedégradation du déficit est attendue en 2012 en raison des coûts liés aux élections et à la gestion de la crise aunord du pays. Il se situerait à 3.7 % du PIB en 2012 et 3.5 % en 2013. Toutefois, le taux de pression fiscale(14.8 % du PIB en 2011) n’a progressé que de 0.2 point de pourcentage et demeure en dessous du seuilcommunautaire de l’UEMOA fixé à 17%. Le montant des appuis budgétaires généraux décaissés par lespartenaires techniques et financiers (PTF) était de 86.9 milliards XOF (Franc CFA BCEAO) en 2011.

Les dépenses totales et prêts nets ont augmenté de 11.1 % passant à 1 424 milliards XOF en 2011. Cetteaugmentation s’explique essentiellement par l’accroissement des dépenses courantes qui ont augmenté de 1,7point de pourcentage du PIB sous l’effet de transferts supplémentaires à la société Énergie du Mali, desdépenses pour faciliter le retour et l’accueil des migrants de Côte d’Ivoire et de Libye, d’une augmentation descrédits à l’agriculture, ainsi que des dépenses pour la préparation des élections de 2012. Les dépenses dessecteurs sociaux (en particulier l’éducation et la santé), qui demeurent des secteurs prioritaires, représentent32.4 % dans le budget global en 2011 et 33.5 % dans la loi des finances 2012. Les dépenses en capital, dont53 % sont couvertes par le financement extérieur, ont représenté 7.0 % du PIB en 2011 et devraient se situer à6.8 % en 2012 et 7.2 % en 2013. La structure actuelle des dépenses ne favorise pas suffisamment la croissanceéconomique et leur efficacité dans les secteurs sociaux paraît faible au vu des résultats obtenus.

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Tableau 3 : Opérations financières de l'Etat (en pourcentage du PIB)

2003 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Recettes totales (avec dons) 20.2 54.4 19.5 19 21.7 20.2 22.2 19.4 19.5

Recettes fiscales 14.2 14.7 14.2 13.3 14.7 14.6 14.5 14 14.1

Recettes pétrolières - - - - - - - - -

Dons 4.6 38.9 4.6 3.4 4.6 2.9 5 2.8 2.8

Dépenses totales (et prêts nets) (a) 22.5 24.0 24.7 21.2 25.9 22.9 23.1 22.9 23

Dépenses courantes 14.4 13.9 14.5 13.4 14.7 14.6 16.3 16.6 16.1

Sans les intérêts 13.7 13.4 14.1 13.1 14.3 14.2 15.8 16 15.6

Salaires 4.3 4.6 4.8 4.8 5 5 5.3 5.7 5.7

Intérêts 0.8 0.5 0.4 0.4 0.4 0.4 0.5 0.6 0.5

Solde primaire -1.5 30.8 -4.8 -1.9 -3.9 -2.3 -0.5 -2.9 -2.9

Solde global -2.2 30.4 -5.2 -2.2 -4.2 -2.7 -1 -3.5 -3.4

2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions.

Politique monétaireEmanation de l’UEMOA, dont le Mali est membre, la Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest (BCEAO)conduit, au plan régional, une politique monétaire prudente en vue de maîtriser les tensions inflationnistes, destabiliser le taux de change réel du franc CFA avec l’euro et de maintenir la compétitivité des exportations. Lamasse monétaire a augmenté de 11 % en 2011, sous l’impulsion des crédits à l’économie et à l’État. En outre, legouvernement continue de réduire le recours aux prêts auprès des banques commerciales qui se situait à 1.3 %du PIB en 2011, tandis que les crédits au secteur privé ont augmenté au niveau de 8.5 % du PIB en 2011. Lestaux d’intérêt débiteurs se sont maintenus à un niveau relativement élevé ces dernières années, ayant atteint9.58 % en 2010 contre une moyenne de 8.11 % dans l’UEMOA. Quant aux taux créditeurs, ils sont restésquasiment stables depuis 2008 passant de 5 % en 2008 à 4.86 % en 2010 contre une moyenne de l’UEMOA de5.12 %. Par ailleurs, le taux d’inflation a augmenté en 2011 (3 %) en raison de la hausse des prix des produitscéréaliers occasionnée par la baisse de la production agricole, l’augmentation des coûts des transportsimputables à la crise ivoirienne et la hausse des cours des produits pétroliers. Ce taux devrait se maintenir à desniveaux proches de 3 % en 2012.

Coopération économique, intégration régionale et commerceLes exportations maliennes ont augmenté de 19.7 % en 2011 grâce à la hausse de 113.3 % des ventes de coton-fibre et de 16.5 % de celles de l’or. La hausse des exportations d’or est consécutive à l’accroissement de laproduction dans plusieurs mines existantes et au démarrage de la production de nouvelles mines, ainsi qu’à uneévolution favorable des cours. Les importations de biens se sont accrues de 15.3 % en 2011 en raison de lahausse des prix des importations de produits pétroliers et de produits alimentaires. Les transferts des Maliens del’extérieur ont légèrement baissé en 2011 à cause des crises ayant affecté les pays d’émigration (paysdéveloppés, Libye, etc.). Le déficit du compte courant (dons inclus) était estimé à 5.2 % du PIB en 2011. Il a étéfinancé par des entrées nettes de capitaux, principalement sous la forme d’aide extérieure et d’investissementsdirects étrangers. Il devrait ressortir à 4.0 % en 2012 et 5.7 % en 2013.

Au titre du compte d’opérations financières, les flux nets ont enregistré une baisse en 2011 pour s’établir à198.2 milliards XOF à cause de la faible hausse des capitaux publics. Les flux créditeurs d’investissements directsnets ont augmenté à 232.3 milliards XOF en 2011 à la suite des investissements prévus (cimenterie DiamondCement, sucrerie Sukala et projets Millennium Challenge Account [MCA]). Le solde du compte de capital etd’opérations financières s’est légèrement redressé en 2011, de 11.53 %, et devrait atteindre467.7 milliards XOF en 2012 et 492.1 milliards XOF en 2013. Au total, le solde global de la balance des

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paiements a enregistré un déficit de 1 % du PIB en 2011.

Le Mali participe aux initiatives d’intégration régionale au niveau de la Communauté économique des États del’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et de l’UEMOA. Il a signé et ratifié pratiquement tous les accords et protocolesd’organisation, d’intégration et de coopération régionales. Il est partie prenante dans les négociations del’Organisation mondiale du commerce (OMC) dans le cadre du cycle de Doha pour le développement. Lesrevendications du Mali à ce niveau demeurent en particulier : i) la suppression des subventions du coton par lespays développés dans le cadre de l’Initiative coton (groupe C4) ; ii) l’accès aux marchés des pays développés ;iii) le traitement spécial et différencié pour les pays les moins avancés, et iv) l’aide au commerce.

Les négociations en vue de la conclusion d’un Accord de partenariat économique (APE) avec l’Union européenne(UE) sont menées par la Cédéao avec le concours de la Commission de l’UEMOA. Les autorités maliennessoutiennent la position régionale selon laquelle des mesures d’accompagnement, y compris une aide financière,visant à compenser les effets de la libéralisation imputables à l’APE, devraient être mises en place avant lasignature d’un accord. Concernant l’aide publique au développement (APD), des progrès ont été accomplis dansla mise en œuvre de la déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide en 2011. Cependant, aucune avancée n’aété enregistrée pour la coordination et l’harmonisation avec les pays donateurs « non traditionnels », enparticulier la Chine, l’Inde et le Brésil, dont les relations de coopération ne cessent de se renforcer avec le Mali.

Tableau 4 : Comptes courants (en pourcentage du PIB)

2003 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Balance commerciale -1.4 1.2 -4.1 -7.3 -2.4 -3.3 0.2 3 2.2

Exportations de biens (f.o.b.) 22 25.3 21.8 24 19.8 20.8 24.7 26.7 25.8

Importations de biens (f.o.b.) 23.4 24.1 25.8 31.3 22.2 24.2 24.5 23.6 23.7

Services -6.1 -5.9 -5.6 -6.5 -5.3 -5.3 -5.6 -5.4 -5.7

Revenu des facteurs -3.8 -4.2 -4.1 -3.6 -5.1 -3.7 -4.3 -4.9 -5.1

Transferts courants 4.9 2.6 3.9 5.2 5.4 4.9 4.3 4.1 3.9

Solde des comptes courants -6.4 -6.3 -9.8 -12.2 -7.3 -7.5 -5.4 -3.1 -4.8

2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions.

Politique de la detteLe stock de la dette publique a augmenté de 26.8 % du PIB en 2010 à 27.5% et devrait passer à 28.1 % en2012. Il était constitué de la dette extérieure à hauteur de 86.5% en 2011. Quant au ratio du service de la detteextérieure rapporté aux exportations de biens et services, il s’est dégradé en 2011 en s’établissant à 4.5 %.Pour maintenir la viabilité de la dette, une politique budgétaire prudente devrait être poursuivie et lesfinancements extérieurs continueront d’être sous forme de dons et de prêts avec un taux de concessionnalités’élevant au minimum à 35 %. Cependant, le gouvernement entend profiter de l’occasion de la prochaineanalyse de la viabilité de la dette pour déterminer l’enveloppe de prêts non concessionnels pour desinvestissements en infrastructures qui serait compatible avec la viabilité de la dette. Il a effectué en 2011l’inventaire de toutes les conventions d’endettement intérieur et de garantie d’engagement de dette intérieurepris par l’État afin d’inclure leurs échéanciers dans les données de la dette publique et les lois de finances. Cettedémarche a déjà permis d’identifier des engagements directs et indirects de l’État vis-à-vis du secteur bancairede 183 milliards XOF (3.6 % du PIB) dont 41 milliards (0.8 % du PIB) de montants échus et impayés. Un montantde 2.3 milliards XOF a été payé en 2011 et 7.5 milliards ont été inscrits dans le projet de loi de finances 2012.

Perspectives économiques en Afrique 2012 8 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA

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Figure 2 : Part de l’encours de la dette extérieure dans le PIB et ratio du service de la dette sur lesexportations (en pourcentage)

2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions.

Dette/PIB Service de la dette/Exportations

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 20130%

25%

50%

75%

100%

125%

Pour

cent

age

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Gouvernance économique et politique

Secteur privéLa plupart des activités économiques au Mali sont orientées vers l’auto emploi et ne dépassent pas le niveau desubsistance. Elles s’appuient sur les relations sociales et les réseaux informels. Les entreprises privées sont depetite taille, avec peu d’employés permanents et des flux de trésorerie très fluctuants. Elles font face à diversobstacles, parmi lesquels un accès limité au financement, des produits ne répondant pas aux normesinternationales, une fiscalité contraignante, la corruption, la faiblesse du dialogue public-privé-PTF, des coûts detransactions élevés et des infrastructures de base très insuffisantes. Le Mali est classé 146e sur 183 pays dans lerapport Doing Business 2012 de la Banque mondiale. S’agissant de la législation du marché du travail, il setrouve en 82e position sur 139 pays sur l’indice de rigidité de l’emploi et en 100e sur l’indice de flexibilité de ladétermination du salaire du Forum économique mondial. Ce classement reflète les difficultés rencontrées et lecoût élevé des embauches et des licenciements. La propriété foncière privée est autorisée avec très peu derestrictions, mais la relative liberté d’accès à la terre est limitée par les insuffisances liées à la gestion ducadastre et à la procédure d’enregistrement de la propriété foncière.

Des améliorations ont été cependant été enregistrées en 2011. Doing Business classe le Mali comme le plusréformateur des pays de la zone UEMOA en matière d’amélioration du climat des affaires. En ce qui concerne lalégislation des opérations commerciales et industrielles, son classement s’est fortement amélioré selon le mêmerapport, notamment pour l’obtention de prêts, passant de la 152e à la 126e place. Une autre amélioration a traitau nombre de procédures et aux délais nécessaires pour créer une entreprise (quatre procédures et huit jours),qui restent cependant élevés comparés par exemple à ceux du Sénégal (trois procédures et cinq jours).

Le gouvernement a adopté en 2011 un nouveau code des investissements qui devrait permettre d’assurer laviabilité du secteur privé et sa capacité à contribuer davantage à la croissance économique. Pour pallier audéficit d’informations, les PTF qui appuient le secteur financier au Mali, et dont la Banque africaine dedéveloppement (BAD) est le chef de file en 2012, prévoient de mener une étude sur le profil du secteur privé.

Secteur financierLa stabilité financière est confortée par la surveillance prudentielle de la Commission bancaire de l’UEMOA, quieffectue régulièrement des contrôles sur pièces et sur place des établissements financiers. Le Mali a un régimede changes commun à tous les pays membres de l’UEMOA, qui n’impose pas de restrictions aux paiements ettransferts afférents aux transactions internationales courantes. Les banques maliennes respectent les directivesde l’UEMOA concernant l’augmentation du capital minimum requis pour les banques et autres institutionsfinancières (10 milliards XOF au 31 décembre 2012). Le système financier est suffisamment liquide, mais lesressources des banques locales sont généralement à court terme, ce qui ne facilite pas la mobilisation desfinancements à long terme en faveur des gros projets. Les crédits à l’économie se situent à environ 13 % duPIB, tandis que les dépôts ont atteint 21 % du PIB. Les taux d’intérêts débiteurs sont en baisse ces dernièresannées mais se situent légèrement au-dessus de la moyenne de la zone UEMOA (8 %). La qualité du portefeuilledes banques s’est améliorée tout en demeurant peu satisfaisante, avec des créances douteuses représentantenviron 10 % de l’encours des crédits, et qui ne sont provisionnées qu’à hauteur de 52 %.

L’accès aux services financiers est encore limité, 90 % des entreprises maliennes n’ayant pas obtenu un créditpour financer leurs activités. La faiblesse de l’accès au crédit est en grande partie justifiée par l’insuffisance degaranties aux yeux des banques, la complexité du processus, l’absence de besoin de financement réel desentreprises, et le coût élevé du financement. Face à cette situation, le gouvernement a approuvé en mai 2011les études de faisabilité pour la création d’un Fonds de garantie en faveur du secteur privé (FGSP) et d’uneSociété d’investissements en capital-risque (SICR). Le FGSP a pour objectif de garantir les banques pour descrédits à moyen et long terme (2 à 7 ans) octroyés aux petites et moyennes entreprises (PME) tandis que laSICR vise à prendre des participations dans le capital social d’entreprises. En outre, la Banque africaine dedéveloppement (BAD) a approuvé en 2011 une ligne de crédits en faveur de la Banque malienne de solidarité(BMS) en vue de contribuer à la promotion des PME et des petites et moyennes industries (PMI). Enfin, legouvernement a lancé en 2011 un appel d’offres pour le recrutement d’un conseil composé d’une banqued’affaires et d’un cabinet d’avocats destiné à mener à bien le processus de privatisation de la Banque del’habitat du Mali (BHM) en 2012.

Gestion du secteur public, institutions et réformesLa mise en œuvre des politiques de réformes pour la modernisation de l’administration, la décentralisation et lagestion des finances publiques s’est poursuivie en 2011, avec notamment le Programme de développementinstitutionnel (PDI), la Politique nationale de décentralisation, et le Plan d’action gouvernemental pourl’amélioration et la modernisation de la gestion des finances publiques (PAGAM/GFP).

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La mise en œuvre du PDI s’est traduite par une amélioration progressive de l’efficacité des services publicsgrâce à la mise en place de méthodes et procédures modernes de gestion, au renforcement de lacommunication et des relations entre usagers et administration. Cependant, le processus de préparation et devalidation de la politique nationale de gestion axée sur les résultats a accusé du retard en 2011. S’agissant de laconcurrence et des processus de privatisation, hormis la restructuration de la BHM, il convient de noter larestructuration de la Compagnie de transport ferroviaire, de la Compagnie malienne pour le développement destextiles (CMDT) et l’attribution de la troisième licence de téléphonie mobile.

Pour ce qui est de l’exploitation du chemin de fer le pourcentage du fret sur l’axe Bamako‑Dakar acheminé parrail a baissé à moins de 20 % en 2011. Le plan de redressement judiciaire élaboré par les gouvernements duMali et du Sénégal à la suite du dépôt de bilan du concessionnaire (Transrail) en 2009 a été approuvé endécembre 2011. Ce plan prévoit un contrat d’affermage et la création d’une société de patrimoine binationale.La mise en œuvre rapide de ce plan en 2012 permettra d’éviter l’interruption du trafic ferroviaire et definancer des infrastructures ferroviaires. Pour ce qui est de la filière coton, le processus de restructuration de laCompagnie malienne pour le developpement des textiles (CMDT) n’a pas enregistré d’avancée significative en2011 et l’option de privatisation semble être remise en cause. S’agissant de la téléphonie mobile, legouvernement a attribué une troisième licence au consortium des sociétés Planor et Monaco Telecom pour unmontant de 84 millions d’euros (EUR).

La déconcentration/décentralisation a été renforcée en 2011 avec l’élaboration et la mise en œuvre des planstriennaux de transferts de ressources et de compétences, ainsi que la mise en place des cellules d’appui à ladécentralisation/déconcentration dans plusieurs départements ministériels. Par ailleurs, la répartition desrecettes et des dépenses est clairement définie entre l’État et les collectivités territoriales. La loi du15 juillet 2011 détermine les règles de répartition des ressources fiscales des communes, des cercles et desrégions. Toutefois, le taux de déconcentration des crédits budgétaires (part du budget de l’État exécutée par lesadministrations déconcentrées des régions) demeure encore faible (environ 14 % en 2011), et seulement deuxministères (éducation et santé) ont entamé les transferts vers les collectivités territoriales.

Le gouvernement poursuit la mise en œuvre du plan d’action triennal de la stratégie de réforme fiscale adoptéeen décembre 2010 et visant à moderniser et simplifier la législation fiscale et à l’aligner sur les directives del’UEMOA. Cependant, les progrès dans la mise en œuvre du Programme national de transition fiscale (PNTF)semblent insuffisants. Avec un taux de pression fiscale d’environ 14.3 % en 2011 et une progression de 0.5 pointde pourcentage par an projetée par le FMI, l’objectif d’un taux de pression fiscale de 17 % fixé par l’UEMOA nesera pas atteint à l’horizon 2013.

Des progrès ont été réalisés dans le domaine de l’interconnexion de la chaîne des services de dépenses auniveau central et déconcentré, permettant ainsi de faciliter la circulation de l’information et de la rendre plusfiable, de réduire la durée de traitement des dossiers, d’améliorer la qualité de production et de présentationdes documents budgétaires en temps voulu et de connaître en temps réel la situation d’exécution globale dubudget de l’Etat. De même, les efforts ont été poursuivis pour la généralisation des Cadres de dépenses àmoyen terme (CDMT) dans tous les départements ministériels pour traduire en termes budgétaires lesstratégies sectorielles à moyen terme cohérentes avec le Cadre stratégique pour la croissance et la réduction dela pauvreté (CSCRP). De fait, le nombre de CDMT en 2011 était de 28 contre 24 en 2010.

S’agissant du contrôle interne, le contrôle financier a priori de la dépense publique s’est amélioré et a atteint96 % en 2011 tandis que le contrôle d’effectivité de la prestation a commencé à s’appliquer depuis avril 2011,avec la participation de la Direction nationale du contrôle financier, aux différentes commissions de réception.Par ailleurs, une Stratégie nationale de contrôle interne a été élaborée et validée par le gouvernement en2011. Concernant le contrôle externe, la loi de validation des comptes publics des exercices de 1960 à 1991 aété adoptée par le gouvernement en 2011, et les travaux sont en cours pour l’apurement juridictionnel accélérédes comptes de l’État de 1992 à 2008. Par ailleurs, le gouvernement a renforcé au cours de l’année 2011 leseffectifs de la section des comptes de la Cour suprême en attendant la création d’une Cour des comptes.

Gestion des ressources naturelles et environnementDe nombreux défis environnementaux continuent de se poser au Mali, notamment la désertification, ladégradation du couvert végétal et des terres, l’ensablement du fleuve Niger, le déficit de pluviométrie, la pertede la biodiversité et la détérioration du cadre de vie. Ces défis seront aggravés dans les années à venir par leschangements climatiques et la pression anthropique exercée par la population qui s’accroît au rythme de 3.6 %l’an. Des efforts ont été réalisés en 2011 dans la gestion des questions environnementales et climatiques et lasituation devrait s’améliorer sensiblement en 2012/13 grâce aux financements internationaux mobilisés pour lalutte contre les changements climatiques. Avec l’appui des PTF, et notamment la Banque africaine dedéveloppement (BAD), le gouvernement a élaboré en 2011 un Programme de valorisation à grande échelle desénergies renouvelables (SREP) ainsi que son plan d’investissement, en phase avec la Stratégie nationale desénergies renouvelables.

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Dans le cadre de la préparation du nouveau CSCRP 2012‑17, les problématiques environnementales etclimatiques ont été intégrées transversalement pour une meilleure prise en compte. Le ministère del’Environnement et de l’Assainissement a préparé une politique et une stratégie nationales pour leschangements climatiques assorties d’un plan d’action. Une Agence pour l’environnement et le développementdurable a été créée en 2011 pour appuyer la mise en œuvre des politiques et programmes nationaux. Undécret a également été pris pour rendre obligatoires les évaluations environnementales stratégiques pour lesnouveaux programmes sectoriels. Pour la gestion et la surveillance de l’utilisation des ressources naturelles,plusieurs programmes et projets sont prévus en 2012 en collaboration avec des partenaires comme la Suède etla Banque mondiale. Par ailleurs, la Norvège et l’Allemagne ont mis en place un projet d’assistance technique en2011 pour appuyer le Mali dans la définition d’un portefeuille de projets éligibles au Mécanisme pour undéveloppement propre (MDP).

Contexte politiqueAprès dix ans de pouvoir du Président Amadou Toumani Touré et à quelques mois de la fin de son derniermandat, une junte militaire a tenté un coup d’État le 22 mars 2012. Alors que la situation interne en 2011 avaitété marquée par la préparation du référendum sur la réforme constitutionnelle et les élections présidentielles etlégislatives prévues à partir d’avril 2012, le Mali s’est retrouvé en situation d’instabilité politique. L’objectifdéclaré de la junte était de mettre fin à « l’incompétence » du régime dans la lutte contre la rébellion et lesgroupes islamistes armés qui sévissent dans le nord du pays. La situation sécuritaire dans la région est devenueen effet encore plus préoccupante en 2011 avec le retour d’anciens combattants de l’armée libyenne d’originemalienne, et la présence de groupes terroristes affiliés au mouvement Al-Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI).

Une recrudescence de l’insécurité a été notée en janvier 2012, avec des attaques armées contre les camps del’armée malienne qui se sont soldées par de lourdes pertes en vies humaines, le déplacement des populationslocales et des manifestations dans les grandes villes du pays contre les populations d’origine Touareg. Plus de126 000 personnes se seraient réfugiées à l’étranger. Cependant, l’armée ne semble pas disposer desuffisamment de moyens et de capacités, compte tenu de l’étendue du territoire et de la mobilité des rebelles.Le maintien de la stabilité politique du pays dépendra de l’évolution de la situation sécuritaire au nord du pays,de la transition politique et de l’organisation de nouvelles élections présidentielles.

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Contexte social et développement humain

Développement des ressources humainesLa forte pression démographique à laquelle le Mali est confronté constitue l’un des principaux défis sociaux dupays. Le taux de croissance annuel moyen est de 3.6 %, le taux de fécondité de 6.6 enfants par femme, et lapopulation est jeune : 3 Maliens sur 5 sont âgés de moins de 25 ans. Le taux de prévalence contraceptive (6.2 %en 2006) est le plus bas de l’Afrique de l’ouest. Cette situation pourrait rendre insupportables pour l’État, àmoyen et long termes, les dépenses sociales. Le Mali devrait donc entamer sa transition démographique par ladiminution de la fécondité et prendre en compte les questions de population dans les politiques et programmesde développement.

Le pays se trouve en bonne voie pour atteindre l’Objectif du Millénaire pour le développement (OMD) pour lascolarisation dans le primaire à l’horizon 2015. Le taux brut de scolarisation (TBS) au premier cycle est de 80.4% en 2011 (soit 87.8 % pour les garçons et 73.2 % pour les filles). Le taux brut d’admission est estimé à 69.5 %en 2011 (74.9 % pour les garçons, 64.3 % pour les filles). Le taux brut d’achèvement (TA) au premier cycle estestimé à 57.1 % en 2011 (63.8 % pour les garçons, 50.4 % pour les filles). Les disparités régionales restentnéanmoins très importantes. La proportion de personnes alphabétisées est beaucoup plus élevée en milieuurbain (53.2 %) qu’en milieu rural (21.6 %). En termes de charges, 35.61 % du budget 2011 a été consacré àl’éducation.

Le Mali pourrait également atteindre l’OMD de lutte contre le VIH/SIDA à l’horizon 2015 mais les autres objectifsdans le domaine de la santé paraissent hors de portée malgré les améliorations notables enregistrées. L’accèsaux soins a progressé avec en particulier l’augmentation du nombre de patients bénéficiant de traitementsantirétroviraux, passé de 9 750 en 2007 à 31 000 en 2010 (soit 87 % de l’objectif fixé). Concernant l’OMDrelatif à la mortalité infantile et post infantile, de 2001 à 2006 le taux de couverture vaccinale des enfants de 12à 23 mois est passé de 61.9 % à 72 %, le taux de mortalité infantile de 113.4 pour mille à 95.8 pour mille, letaux de mortalité infanto-juvénile de 229.1 pour mille à 190 pour mille. Enfin, durant la même période, le tauxde mortalité maternelle a baissé de 582 à 464 pour 100 000 naissances vivantes. Le budget 2011 a consacré12.03 % de ses crédits à la santé.

Réduction de la pauvreté, protection sociale et travailUne enquête auprès des ménages (ELIM) menée en 2010 a permis une meilleure connaissance des pauvres, deleurs caractéristiques socioéconomiques ainsi que de l’accès aux services. Elle a procuré des données utiles pourla définition et le suivi des progrès réalisés pour atteindre les OMD et proposé des objectifs aux stratégies etprogrammes nationaux tels que le PRODESS et le PRODEC. Le Cadre stratégique pour la croissance et laréduction de la pauvreté (CSCRP 2012‑17) adopté en décembre 2011 prévoit des interventions bien définies enfaveur des pauvres et des groupes vulnérables.

Malgré les bonnes performances économiques la pauvreté perdure, notamment en milieu rural. L’incidence dela pauvreté monétaire a reculé de 47.4 % en 2006 à 43.6 % en 2010 sur la base d’un seuil de pauvreté entermes réels de 165 431 XOF en 2010, mais reste élevée en milieu rural (51 %). Dans ce contexte atteindrel’OMD visant à réduire de moitié la pauvreté à l’horizon 2015 paraît peu probable. L’analyse de l’incidence de lapauvreté monétaire par groupe socioéconomique montre que les agriculteurs (62 % de la population en 2010)sont les plus défavorisés, avec un taux de pauvreté de 57 %. Les autres catégories socioprofessionnelles les pluspauvres sont les ménages sans emploi, les indépendants et les salariés du secteur privé, avec des incidencesrespectives de 29 %, 23 % et 19 %.

Égalité hommes-femmesLes inégalités et discriminations entre les sexes sont encore fortement présentes au Mali. Dans les instances deprise de décision, les femmes demeurent très sous-représentées. Elles ne constituent que 10 % des membres del’Assemblée nationale et, sur 49 préfets, il n y’a qu’une seule femme. Au total, seules 8.66 % des élus sont desfemmes et six communes seulement sur 703 sont dirigées par des maires femmes. Le taux d’alphabétisationévolue aussi en fonction du sexe et du niveau de vie du ménage. Ainsi, est-il plus de deux fois plus élevé chezles hommes (41,6%) que chez les femmes (18,8%).

Le Mali s’est engagé depuis de nombreuses années dans l’élaboration d’un Code des personnes et de la famille.Un premier document avait été adopté par l’Assemblée nationale en août 2009 mais à la suite de l’opposition duHaut Conseil islamique et de l’Association des jeunes musulmans, le Président de la République a renvoyé ledocument devant les députés pour une seconde lecture. Des consultations ont été engagées avec toutes lescouches de la population dont les chefs religieux, les organisations de la société civile, les groupementsféminins, des représentants de l’Assemblée nationale et le gouvernement. Après deux années de discussions, unnouveau document a été soumis aux députés et adopté en décembre 2011.

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Le nouveau code ouvre des possibilités pour assurer une meilleure protection de la femme et de l’enfant :élévation de l’âge du mariage de 15 à 16 ans pour les filles et ouverture à des recours en cas de dispense del’âge ; meilleure protection de la femme dans certains cas où le mari ne remplit pas ses devoirs, ce qui peut leconduire à perdre son statut de chef de famille ; protection renforcée des femmes à la campagne avec lareconnaissance du mariage religieux, et l’interdiction de porter atteinte à l’intégrité physique de la personne,même s’il s’agit d’un acte d’ordre religieux ou coûtumier, comme l’excision, dès lors qu’il est néfaste à la santé.Cependant, le texte adopté fin 2011 est en recul par rapport à la version qu’avait votée en août 2009l’Assemblée nationale. Bien que n’ayant jamais été appliquée elle accroissait la protection de la femme etréduisait un nombre important d’inégalités entre les sexes.

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Analyse thématique : Promouvoir l’emploi des jeunes

Le chômage des jeunes est un problème crucial au Mali. Chaque année, près de 300 000 jeunes arrivent sur lemarché du travail. Selon les estimations des services techniques, le chômage touche 9.6 % de la populationglobale. Cependant, ce taux cache des disparités selon l’âge, le sexe et le lieu de résidence. Le chômage frappedavantage les 15‑39 ans (taux variant de 7.6 % à 15.4 %) que les 40‑64 ans (taux variant de 1.7 % à 6.9 %). Ilfrappe plus les femmes (58.8 %) que les hommes. Il sévit davantage à Bamako (27.3 %) que dans les villessecondaires (14 %) et qu’en milieu rural (6.6 %). Le monde rural connaît surtout un problème de sous-emploidurant la saison sèche de l’année. La durée moyenne du chômage est de cinq ans et la grande majorité deschômeurs (81.5 %) sont des jeunes à la recherche d’un premier emploi.

L’ampleur du phénomène s’explique par la conjonction de nombreux facteurs. Les plus importants sont lessuivants :

la faible croissance économique : avec une croissance moyenne de 5 % entre 2005 et 2011, l’économiemalienne crée très peu d’emplois annuellement ;la forte poussée démographique : le taux de croissance annuel moyen de la population est l’un des plusélevés au monde. Cette croissance se traduit par une augmentation constante de la population active;la structure de la population : la population est très jeune, avec 49 % d’entre elle ayant moins de 15 ans et30 % entre 15 et 35 ans ;l’inadéquation entre la formation et l’emploi : le système éducatif déverse sur le marché un surplus dediplômés dans certaines filières où les offres d’emploi sont limitées, voire inexistantes (secrétariat dedirection, comptabilité, gestion, droit, etc.), mais ne forme pas en quantité et en qualité suffisantes dansd’autres filières où les possibilités d’emploi ou d’auto-emploi sont plus importantes (le secteur agricole etforestier, l’industrie et l’agro-industrie, les mines, les métiers de base du bâtiment et des travaux publics(BTP), les technologies de l’information et de la communication, etc.);l’exode rural : un grand nombre de jeunes ruraux s’établissent dans les centres urbains, de façontemporaire ou définitive, et grossissent les effectifs de demandeurs d’emploi ;la faible capacité d’absorption du secteur formel : les entreprises privées et l’administration publiquen’emploient que 5 % de la population active. Son immense majorité travaille donc dans le secteur agricoleet le secteur informel non agricole qui occupent une part prépondérante dans l’économie nationale. Lesecteur informel urbain offre le plus grand nombre d’emplois, mais ces emplois sont le plus souventprécaires et peu rémunérés.

Les pouvoirs publics ont élaboré, avec l’appui du Bureau international du travail (BIT), une politique nationalede l’emploi qui a été adoptée en 1998. Cette politique considère l’emploi comme un élément essentiel dudéveloppement humain et un moyen efficace de lutte contre la pauvreté, et met l’accent prioritairement surl’insertion professionnelle des jeunes. Les objectifs visés sont les suivants : (i) réduire le chômage et le sous-emploi par l’intensification des activités (notamment à haute intensité de main d’œuvre) ; (ii) améliorer l’offrede main d’œuvre par une meilleure adaptation des formations aux besoins ; (iii) accroître la demande de travaildans les milieux urbain et rural grâce au développement du secteur privé ; et (iv) promouvoir l’emploi auniveau local en tenant compte des spécificités régionales.

La politique nationale de l’emploi opte pour une approche globale qui ne se contente pas des seules retombéesde la croissance économique pour promouvoir l’emploi, mais envisage un train de mesures innovantes destinéesà faciliter l’insertion des jeunes dans le circuit de la production. Au nombre de ces initiatives, figurent:

Le Programme emploi jeune (PEJ) : financé par l’État il bénéficie d’une assistance technique du BIT. Ilprévoit deux phases (2004‑08 et 2011‑16) et a permis d’offrir des stages de qualification professionnelle etd’apprentissage à 4 000 jeunes diplômés entre mai 2005 et octobre 2009.Le Programme national d’action pour l’emploi en vue de réduire la pauvreté (PNA/ERP) : également financépar l’État et soutenu par le BIT, il a démarré en 2003 pour une durée de sept ans et a permis la formationde 300 aide-ménagères et de 91 jeunes dans 21 ateliers.Le Programme emploi jeunes à haute intensité de main d’œuvre (PEJHIMO) : ce projet est financé par lesressources de l’initiative PPTE de l’État et le Grand-Duché du Luxembourg et bénéficie d’une assistancetechnique du BIT. Il vise l’insertion des jeunes dans la vie professionnelle par les investissements à hauteintensité de main d’œuvre en milieu rural. Lancé en 2005 il a créé environ 33 000 journées de travail surses différents chantiers avec des PME locales, ainsi que 150 nouveaux emplois permanents.Le Programme d’appui à la promotion de l’emploi dans le secteur privé au Mali (PAPESPRIM) : financé parl’État et le Danemark, ce programme a démarré en 2008 pour une durée de cinq ans. Il a permis le

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financement de 14 études réalisées par des bureaux nationaux et l’octroi de 50 bourses de formationprofessionnelle.Le Projet d’appui aux jeunes entrepreneurs (PAJE‑Nièta) : il est financé par l’État et l’Agence américainepour le développement international (USAID). Il a démarré en 2010 pour une durée de cinq ans et vise à laformation de 12 000 jeunes entrepreneurs.Le Programme décennal de développement de la formation professionnelle pour l’emploi (PRODEFPE) :élaboré en 2011 il couvre la période 2012‑21. Son coût est estimé à 1 660 milliards XOF. Il prévoit lerenforcement de la capacité institutionnelle de pilotage et de gestion de la formation professionnelle ; lacréation et la mise en œuvre d’une capacité nationale d’ingénierie ; le développement d’une offre deformation dans les filières porteuses ; la formation des ressources humaines dans les filières porteuses ; lafacilitation de l’insertion socioéconomique des jeunes et des femmes.

En dépit de ces initiatives, les résultats atteints en matière d’emploi des jeunes sont en deçà des attentes. Pourrésorber de façon durable la crise de l’emploi, les pouvoirs publics doivent s’attaquer aux causes structurelles duchômage. Il faut aller au-delà des mesures palliatives et mettre en œuvre des politiques volontaristes tendant àaugmenter le taux de croissance de l’économie, à diminuer de manière importante la croissance de lapopulation et à établir une adéquation entre les formations et les besoins de l’économie nationale.

Notes1Cadre stratégique pour la croissance et la réduction de la pauvreté, CSCRP 2012-2017, 28 Décembre 2011.http://www.mali-apd.org/IMG/file/pdf/DOCUMENTS_CLES/1_CSCRP/2012_MALI_CSCRP_2012_2017_VF.pdf

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