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mag sacem N° 84 LE MAGAZINE DES SOCIÉTAIRES SACEM MAI-AOÛT 2012 10 > DéCRYPTAGE Programmateurs de festivals Inventer l’affiche 14 > PORTRAIT Ludovic Bource Le hold-up malgré lui Écrire et composer pour le jeune public PAGE > 05

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magsacemn° 84Le magazinedes sociétairessacemmai-août2012

10 > DécryptageProgrammateurs de festivalsInventer l’affiche

14 > pOrtraItLudovic BourceLe hold-up malgré lui

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magsacem # 84

magsacem | | Le magazine des sociétaires Sacem | Directeur de la publication : Bernard Miyet | Directrice de la rédaction : Catherine Boissière | Comité de rédaction : Michel Allain, Olivier Bernard, Laurence Bony, Olivia Brillaud, Claude Gaillard, Catherine Kerr-Vignale, Claude Lemesle, Karine Mauris, Alejandra Norambuena-Skira, Laurent Petitgirard, David Séchan, Arlette Tabart et Jean-Luc Vialla | Rédactrice en chef : Diane Hérissé | Signatures : Yvan Amar, Gilles Avisse, Philippe Barbot, Thomas Blondeau, Bertrand Dicale et Sophie Loubière | Ont collaboré à ce numéro : Bernadette Bombardieri, Emmanuel Bourcet, Éric de Bondy, Louis Diringer, Claire Giraudin, Olivier Le Covec, Chantal Romanet, Sophie Schemoul et Arnaud Valenza | Direction artistique : Jessica Couty et Sophie Nguyen | Maquette et mise en pages : Agence 21 x 29,7 | Impression : Corlet Roto – BP 46 – 14110 Condé-sur-Noireau | Magazine imprimé sur du papier recyclé | Le magazine des sociétaires Sacem est publié tous les quatre mois | No ISSN 2108-8802 | Sacem – Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique | Société civile à capital variable immatriculée au registre du commerce et des sociétés de Nanterre sous le numéro D 775 675 739 | Siège social : Sacem – Département relations professionnelles et communication – 225, avenue Charles-de-Gaulle – 92528 Neuilly-sur-Seine Cedex | Tél. : 01 47 15 47 15 | | Couverture : © ZoneCreative, Pepifoto/iStockphoto | © J

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À l’heure où j’écris ces mots, nous ne connaissons pas en-core la composition du gou-

vernement du nouveau président de la République, ni bien sûr le nom du ou de la ministre de la Culture qui aura été nommé.

Rien de ce qui s’est dit dans cette campagne n’est en passe de nous rassurer, à commencer par l’absence du mot culture lors du long débat entre les deux candidats. Les menaces sur la copie privée, le danger d’un laxisme com-plaisant vis-à-vis du téléchargement illégal, trop souvent affublé du charmant vocable « d’échanges non marchands », là où il n’y a en fait que spoliation des créateurs, les incertitudes sur le cadre, le financement et le fonctionnement du CNM, toutes ces questions appellent des réponses claires.Nous espérons que les semaines qui viennent seront l’occasion d’un dialogue constructif ouvrant la voie à des décisions rapides qui prouveront l’attachement de nos responsables politiques au respect de la propriété intellectuelle et à la défense du maillon essentiel de la musique, les créateurs. •Laurent Petitgirard, compositeur, président du Conseil d’administration, membre de l’Institut

L ’ ÉDITO

Vigilance et espérance

PRIx David Guetta et Frédéric Riesterer à l’honneurLe 18 avril dernier, la Société américaine des auteurs, composi-teurs et éditeurs (Ascap) a organisé la 29e cérémonie des Ascap Pop Music Awards.David Guetta et Frédéric Riesterer, compositeurs, ont été récom-pensés pour Without You, dans la catégorie « titre le plus diffusé ». La Sacem se réjouit de cette nouvelle distinction décernée à ces deux compositeurs, dont le talent est de plus en plus reconnu à l’international. •

NOuVEAuTÉ

Téléchargez votre catalogue !Les sociétaires disposant d’un accès à l’espace sécurisé sur sacem.fr peuvent désormais télécharger le catalogue de leurs œuvres dans « Mes applications > Télécharger mon catalogue » au format PDF ou CSV (Excel). Pour les éditeurs, compte tenu du volume des catalogues concer-nés, deux formats supplémentaires sont proposés : HRF2 et CAT (fichiers « .txt »). Ces formats présentent l’avantage de pouvoir être intégrés directement dans les systèmes d’information des socié-tés d’édition.Les demandes sont traitées chaque soir et mises à disposition dès le lendemain dans « Mes applications > Télécharger mon catalogue ». Un courriel de notification est envoyé pour informer le sociétaire de la disponibilité du ou des fichiers. •

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE SACEM

Votez !Mardi 19 juin 2012 •\ InFoRmaTIons uTILes en PaGes 13 eT 20 eT suR sacem.FR

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FESTIVAL DE CANNES La musique fait son cinémaLa Sacem s’engage pour la valorisation des compositeurs et de la musique à l’image, aux côtés de ses partenaires : la Quinzaine des réalisateurs, la Semaine de la critique, l’Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), la SRF (Société des réalisateurs de films) et l’Adami pour l’opération « Talents Cannes ». Elle est présente pendant toute la durée du festival sur le Pavillon Cannes Soundtrack (Pantiero), un espace 100 % dédié aux musiques de films qui ac-cueille des rendez-vous professionnels, des rencontres avec les compositeurs des films en sélection en partenariat avec Cinezik (chaque jour à 17 h 30). À noter : un hommage à Théo Angelopoulos, en présence de sa compositrice Eléni Karaindrou, le 20 mai (Pavillon Cannes Soundtrack), ainsi que l’annonce des films sélectionnés pour le Prix France Musique Sacem 2012 le 21 mai (Majestic). •\ ReTRouVez suR sacem.FR Tous Les TemPs FoRTs : VIDéos, PhoTos, InTeRVIews…

MAGSACEM Plus qu’un magazine… La Sacem s’engage dans une démarche de déve-loppement durable et vous invite à consulter en ligne Magsacem et ses bonus. Feuilleter, zoomer, télé-charger, regarder une vidéo… Sur sacem.fr, vous pouvez tout faire avec Magsacem. Même le lire. •\ sI Vous souhaITez Le ReceVoIR au FoRmaT PaPIeR, meRcI D’en FaIRe La DemanDe exPResse PaR couRRIeR en InDIquanT VoTRe coaD eT Vos cooRDonnées PosTaLes à : sacem – maGsacem – 225, aVenue chaRLes-De-GauLLe – 92528 neuILLy-suR-seIne ceDex

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RACL évolution du taux des cotisations de 5 à 6,5 %Le Conseil d’administration du RACL a décidé d’augmenter le taux d’appel des cotisations sur les droits d’auteur bruts en le faisant passer de 5 à 6,5 % (tout en maintenant la valeur du point servi).À l’origine de cette décision se trouve la nécessité de faire face à un rapport actifs/retraités moins favorable et à l’allongement de la durée de la vie.un décret du 30 décembre 2011 a validé cette décision et l’a rendue effective au 1er janvier 2012.Compte tenu de la publication tardive du décret, cette mesure a été appliquée à compter de la répartition d’avril (avec une régularisation de la répartition de janvier 2012 sur les répartitions d’avril et juillet 2012). •

GOuVERNANCE SACEM

modification des statutsLe ministère de la Culture et de la Communica-tion a été informé du projet de modification des statuts et du règlement général de la Sacem, qui sera soumis à l’approbation de l’assemblée géné-rale extraordinaire le 19 juin. Le ministère prend acte des modifications inscrites à l’ordre du jour, en particulier celles ayant pour objet de supprimer le directoire pour revenir à la formule tradition-nelle d’une direction générale, dont les attributions demeurent inchangées, composée d’un directeur général assisté d’un comité de direction. Quant à la proposition que les rémunérations du directeur général et des membres du comité de direction soient déterminées avec le concours d’un Comité des rémunérations, le ministère indique qu’il ne peut « qu’approuver cette proposition qui [lui]semble aller dans le sens des préoccupations de la commission de contrôle figurant dans son rapport d’avril 2010 ». •

+ 23 %C’est la progression sur un an des inscriptions à l’espace réservé du site sacem.fr. Certaines informations ne sont accessibles que sur cet espace. Pour obtenir votre identifiant et votre code confidentiel par courriel, cliquez sur l’onglet « Pas de code » sur sacem.fr (coin supérieur droit du site). •

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HOMMAGES Jean-Pierre spièro et maurice andréC’est avec une immense tristesse que nous avons appris la disparition de Jean-Pierre Spièro, auquel la Sacem avait décerné le Grand prix de l’auteur-réalisateur de l’audiovisuel en 2008. Réalisateur animé d’une immense passion pour le petit écran, il était un véritable « enfant de la télé »… Très impliqué dans la vie de la Sacem, Jean-Pierre Spièro a été administrateur puis vice-président du Conseil d’administration, membre de la commission des Variétés, président de la commission des Auteurs-réalisateurs.Le trompettiste virtuose Maurice André, également disparu, avait œuvré magnifiquement pour le rayonnement du répertoire de la trompette et redonner tout son lustre à un instrument à la fois très populaire et parfois aussi mal aimé. Mondialement reconnu, distingué par ses pairs comme « le plus grand trompettiste du xxe siècle », il avait joué avec les plus prestigieux chefs d’orchestre : Michel Plasson, Ricardo Muti, Karl Böhm, Herbert Von Karajan, Leonard Bernstein. •\ ReTRouVez Les hommaGes RenDus aux socIéTaIRes DIsPaRus ces DeRnIeRs moIs : sacem.FR > cRéaTeuRs

éDITeuRs > InFoRmez-Vous > acTuaLITé.

ACCORD

Le 9 janvier dernier, la Sacem et Creative Commons ont annoncé la signature du premier accord avec une société d’auteurs en France pour les diffusions non commerciales. •\ sacem.FR > cReaTeuRs eDITeuRs

> cReaTIVe commons

TRÉSORERIE SACEM

Bilan 2011Les résultats de la gestion de la trésorerie sont en légère baisse pour l’année 2011, mais restent très satisfaisants au regard du climat qui a régné sur les marchés financiers tout au long de l’exercice. Ainsi, malgré des taux d’intérêt à des niveaux très bas, les rendements obtenus pour les emplois sur le court et le long terme sont supérieurs à leurs taux de référence.Les ressources dégagées se sont élevées à 27 500 k€ contre 27 855 k€ en 2010, soit une diminution de 1,28 %. Le rendement des fonds placés s’est élevé à 3,48 % contre 3,64 % en 2010, et les fonds moyens placés ont augmenté de 3,24 %, pour atteindre la somme de 790 849 k€. •

Formation des artistes auteursLa formation professionnelle continue des artistes auteurs devient une réalité. Le code du travail modifié vient en effet d’instaurer le principe du financement de ce dispositif qui prend effet le 1er juillet 2012.Trois sources de financement se conjugueront :– celle des artistes auteurs sur la base de 0,35 % des droits d’auteur (le recouvrement par

les organismes Agessa et Maison des artistes repose sur la même assiette que les coti-sations et contributions au régime de Sécurité sociale). Le premier prélèvement aura lieu dès la répartition du 5 juillet ;

– celle des diffuseurs grâce à une cotisation additionnelle de 0,1 % à leur contribution ac-tuelle de 1 % ;

– celle des sociétés d’auteurs, grâce à un pourcentage prélevé sur le quart copie privée.L’objectif est la mise en place d’un fonds de formation autonome adossé à l’Afdas avant la fin de l’année 2012. Selon l’estimation des ministères de tutelle, les sommes ainsi collectées devraient permettre d’envisager la formation de plus de 5 000 artistes auteurs chaque année.Les travaux de mise en place du dispositif se poursuivent ; l’ensemble des dispositions se-ront communiquées plus en détail dès que celles-ci auront été précisément définies. •\ PLus D’InFoRmaTIons à VenIR suR sacem.FR

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Écrire et composer pour le jeune public

La musique destinée aux enfants est, depuis quelques années, un secteur en perpétuelle (r)évolution, dans lequel la Sacem joue un rôle actif.

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Longtemps, les enfants furent oubliés des créateurs de musique, n’ayant à écouter et à chanter qu’un répertoire riche mais venu de temps anciens : des berceuses transmises par les mères et les nourrices, aux comptines ou chansons traditionnelles apprises

dans les écoles.Ce n’est qu’à la fin du xixe siècle que Saint-Saëns créa son fameux Carnaval des animaux, plus dans le but de casser son image de compositeur sérieux que pour un public enfantin, tandis que dans le même temps, Tchaïkovsky concevait son Album pour la jeu-nesse Op.39 1, un recueil de vingt-quatre pièces simples pour piano.

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Il fallut attendre la première moitié du xxe siècle pour que les compositeurs s’intéressent à ce public, avec le Children’s corner de Debussy (1908), L’enfant et les sortilèges de Ravel, sur un livret de Colette écrit pour sa fille (1925), et surtout Pierre et le loup de Prokofiev, en Russie (1936), puis A Young Person’s Guide to the Orchestra de Britten, en Angleterre (1946). La même année, Poulenc dédia son Histoire de Babar, le petit éléphant (d’après l’album de Jean de Brunhoff) aux onze enfants qui l’avaient inspiré.Dix ans plus tard, André Popp concevait pour les petites oreilles son fameux Piccolo, Saxo et Compagnie qui, dès sa sortie, connut le succès grâce à son ton neuf, sa fantaisie et son exigence (voir focus).Donna-t-il l’impulsion, dans les années 70, à toute une génération d’auteurs-compositeurs-interprètes comme Anne Sylvestre, Henri Dès ou Steve Waring ? Toujours est-il que, même si Steve Waring déclare : « Je n’ai jamais écrit en pensant uniquement au jeune public. Mes vraies références sont liées à la chanson traditionnelle américaine comme The Cat Came Back, que j’ai adapté en français », la chanson pour enfants était née !

Des plumes pour les enfantsLa place de l’enfant dans notre société a changé et on assiste, depuis une quinzaine d’années, en France, à une véritable explosion de CD, livres-CD et spectacles pour le « jeune public », avec des projets musicaux de tous styles – chanson, électro, rock ou jazz – sans oublier les musiques contemporaine et classique. Une telle production, un tel éclectisme ne se ren-

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> Focus Rencontre avec andré Popp,compositeur de Piccolo, Saxo et CompagnieCompositeur visionnaire et arrangeur aux inventions brillantes, dont la finesse et l’humour sont au cœur de la création – réécoutez la délicieuse et éclectique compilation Popp Musique (Tricatel) réunissant une vingtaine d’instrumentaux et de chansons ou encore le loufoque Delirium in hi-fi –, André Popp est l’heureux et inoubliable créateur de Piccolo, Saxo et Compagnie, une suite musicale en cinq volets qui a marqué plusieurs générations d’enfants. un classique !

Comment est né Piccolo, Saxo ?C’est une idée de Jacques Canetti, à l’époque directeur des disques Philips. Il voulait faire un disque pour les enfants autour des instruments de musique. Avec Jean Broussolle, l’auteur de Piccolo, Saxo, nous avons compulsé un traité d’orchestration avec toutes les familles d’instruments,

ce qui, pour lui, a été un véritable déclic : il a écrit une merveilleuse histoire dont je n’ai pas eu une virgule à changer. J’ai composé la musique dans l’enthousiasme, en un mois.

Quel a été l’accueil du public à sa sortie ?Le disque a tout de suite bénéficié d’un grand succès populaire et a même reçu, une semaine après sa sortie, le Grand prix du disque.

Piccolo, Saxo a-t-il été joué sur scène ?Beaucoup plus tard, car la maison de disque ne l’a pas beaucoup soutenu ! Mais dans les années 80, j’ai reçu un coup de fil des JMF me proposant de faire Piccolo, Saxo en concert, salle Pleyel, avec Jacques Martin dans le rôle du récitant (remplaçant François Périer sur les enregistrements). Ça a

été un grand succès : ils ont refusé 10 000 enfants !

Ce n’est pas votre unique création pour le jeune public ?Non, j’ai également fait des musiques pour un feuilleton radio autour de Tintin et celle du premier Babar à la télévision. Mon Piccolo, Saxo demeure l’aboutissement de ma carrière car il m’a permis d’écrire pour un orchestre symphonique et j’ai donné, je crois, beaucoup de plaisir aux enfants.

Faites-vous une différence entre composer pour les enfants ou pour les adultes ?Je ne me suis jamais posé la question !

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contrent nulle part ailleurs. Une exception française, donc (et belge dans une moindre mesure), même si, hors de nos frontières, quelques compositeurs œuvrent pour le jeune public, comme Tim Rescala 2, au Brésil, avec son Orchestre des rêves. Certains jeunes artistes y consacrent leur talent, comme c’est le cas d’Abel, qui a commencé à écrire parce qu’il était « animateur musical, avec un besoin de refrains pour éveiller les petits à la musique » ou du duo Amipagaille, qui se voit en « habilleur de mots ». En bref, l’écriture pour le jeune public s’est diversifiée.« Dans le passé, certains artistes ont cru qu’il fallait parler un langage “enfants” pour s’adresser à eux. Ce n’est plus le cas aujourd’hui : on ose le décalage, la dérision et le jeu avec les émotions », constate Anne Torrent, directrice artistique des Jeunesses musicales de France (JMF).De plus en plus, « nombre d’artistes confirmés comme François Hadji-Lazaro ou Michèle Bernard, qui à l’origine ne chantaient pas pour les enfants, mènent une réflexion

de fond sur le jeune public. Cela devient un acte citoyen », témoigne Lilian Goldstein, responsable des musiques actuelles à la Division culturelle de la Sacem.Ce que confirme Anne Bustarret, musicologue et spécialiste de l’enfance : « Les musiciens sont meilleurs qu’auparavant, leurs arrangements plus riches, même si leurs chansons sont souvent plus difficiles à chanter ».La chanteuse et musicienne Hélène Bohy ne fait donc « aucune différence dans le fait de composer une chanson pour les adultes ou le jeune public. J’y mets la même musicalité et la même complexité. Sauf si elle est destinée à être chantée par des enfants ». Avis partagé par la compositrice Isabelle Aboulker : « Je ne compose pas la même chose pour une soprano léger ou pour un chœur d’enfants, mais mon exigence est la même : je travaille sur des textes qui ont cette capacité d’ouvrir l’esprit ».

« c’était cool de voir qu’on a aidé Lionel à créer avec nos textes. »Billy, collégien de 12 ans ayant participé à la création Slam & Cage, de Lionel Ginoux et Dissylez, avec l’Orchestre Avignon Provence, une opération du Fonds d’action Sacem.

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• • • Catherine Vaniscotte, auteur-compositeur, abonde également dans ce sens : « Je veux que ma musique soit riche, et les enfants y sont sensibles ».Louis Dunoyer de Segonzac, qui a composé, entre autres, Les vents – Tim et Tom dans la collection de livres-CD Mes premières découvertes de la musique (Gallimard jeunesse), initiée et soutenue par le Fonds d’action Sacem, confie se remettre « sans cesse en ques-tion, car chaque nouveau projet a sa vérité propre. Chaque fois, on repart de zéro. C’est le travail du créateur ».C’est pourquoi la Sacem a particulièrement à cœur de soutenir cette création : chaque année, l’action culturelle attribue des bourses d’écriture à des sociétaires ayant des projets jeune public. Des aides à l’autoproduction sont également dispensées, précieuse initiative dans un secteur où les labels de disques sont peu nombreux et subissent de plein fouet la crise de l’industrie pho-nographique. Ainsi, Solen Imbeaud et Benjamin Ramon ont reçu ce soutien en 2011, pour leur album Bons cailloux de Crocassie.

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uLe ministère de l’Éducation nationale et l’association Tous pour la musique (qui regroupe des professionnels de la musique dont la Sacem) mettent les bouchées doubles pour faire découvrir la musique aux écoliers du premier degré.D’abord, en donnant la possibilité aux enseignants de télécharger, pour une écoute en classe, quatre-vingt-dix œuvres musicales représentatives de toutes les époques

de l’histoire de la musique, ainsi que des fiches pédagogiques liées à ces œuvres, sur lesquelles est également proposé un accès aux offres légales de musique en ligne disponibles en France. Une astucieuse façon de faire entrer la musique dans toutes les écoles, mais aussi d’attirer l’attention des enfants sur les enjeux du téléchargement.Ensuite, afin de diffuser largement un répertoire de chants et de favoriser le travail vocal, un double CD édité par le Centre national de documentation pédagogique sera distribué dans toutes les écoles maternelles et primaires. Les partitions seront disponibles sur le site. Ce premier volume regroupera des réalisations aux styles variés, puisées dans les répertoires vocaux académiques ou départementaux. De quoi chanter de tout son c(h)œur !

Les enfants vont au spectacleEn jeune public, on ne peut dissocier le disque de la scène, une manière directe de faire vivre aux enfants la musique.Peu de médias relayant les créations de ce secteur ; le spectacle vivant permet d’en découvrir la diversité et la richesse. En famille. D’autant que les spec- tacles ont beaucoup évolué, et le public aussi. « Les parents sont plus motivés qu’avant pour accompa-gner les enfants au spectacle ou pour leur acheter un disque. À condition que cela leur plaise ! », remarque Anne Bustarret. Et, souvent, les artistes venus du répertoire adulte font le lien entre les générations. On les retrouve dans les programmations des théâtres – même s’il n’est pas toujours facile pour la musique jeune public de s’y faire une place – et des festivals, plus nombreux à s’intéresser à ce domaine. « La Sacem est partenaire de plusieurs manifestations qui développent un secteur jeune public, comme Petits et Grands, à Nantes, Mômes en Zique, à Montauban, ou les Francofolies de La Rochelle, avec lesquelles nous avons créé les Francos Juniors, il y a sept ans », explique Lilian Goldstein. « Dès qu’un artiste y est programmé, il béné-ficie de la vitrine des Francofolies, mais aussi d’une aide à la production dispensée par la Sacem en complément de ce que nous donnons. Ensemble, nous avons aussi créé le Grin, un moment de rencontre entre professionnels permettant aux artistes d’avoir des retours immédiats sur leur création, mais aussi de constituer un réseau professionnel », ajoute Delphine Lagache, program-matrice des Francos Juniors. De plus, la Sacem finance également une compilation présentant deux titres de chaque artiste, remise aux programmateurs. « Dès le départ, elle a été pensée comme une collection, avec l’idée de travailler pour le public de demain », continue Delphine Lagache.L’action culturelle de la Sacem soutient également des producteurs de spectacles spécialisés dans le jeune public tels que W2, mais aussi une institution comme les JMF pour une dizaine de nouvelles créa-tions de spectacles et dans l’organisation des tournées. « La Sacem a toujours été un soutien infaillible des JMF, nous permettant de passer des commandes d’œuvres

Carton Park, Francos Juniors 2010.

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contemporaines avec des compositeurs tels que Graciane Finzi ou Pierre Charvet. De plus, le travail sur la diffu-sion culturelle que nous menons avec Lilian Goldstein a participé à notre ouverture aux musiques actuelles », témoigne Anne Torrent, directrice artistique. Les enfants font le spectacleDepuis quelques années, on assiste également à l’émer-gence de chœurs d’enfants de haut vol avec, à leur tête, de vrais professionnels aux projets pédagogiques forts, comme l’ensemble Sotto Voce ou le Crea d’Aulnay-sous-Bois 3, qui crée chaque année sur scène des œuvres contemporaines d’Isabelle Aboulker, Coralie Fayolle ou Louis Dunoyer de Segonzac.D’autres structures, telles que Tamèrantong ! ou les Serruriers Magiques, font également participer les enfants à toutes les phases de création d’un spectacle, de l’écriture à la mise en scène. Pionnier dans les opérations de sensibilisation du jeune public à la création, le Fonds d’action Sacem (Fas) est à l’origine de nombreux projets en ce sens depuis 1994. « Nous avons commencé avec l’Orchestre de Paris, puis l’Orchestre de Lille et celui de Lyon où, pendant deux ans, les enfants des classes de collège apprennent, avec un compositeur contemporain, l’acte de créer. Chaque aven-ture est un vrai travail d’orfèvre, d’expertise et d’expérience requérant passion et engagement », souligne Alejandra Norambuena-Skira, secrétaire générale du Fonds d’action Sacem.Ainsi, en 2011-2012, le Fas est impliqué dans des aventures aussi diverses que riches : des ateliers d’écri-ture pour une comédie musicale à Aix-en-Provence, une œuvre musicale itinérante reliant des enfants du pourtour méditerranéen autour de la contrebasse voyageuse de Thierry Petit, des ateliers de la création avec l’Orchestre de Lille et le compositeur Jan Krejcik,

un hommage à John Cage avec l’Orchestre d’Avignon, le compositeur Lionel Ginoux et le slameur Dizzylez, et l’opération De chœur en orchestre avec le compositeur Karol Beffa et l’Orchestre de Paris.Une liste non exhaustive qui montre la richesse de ces rencontres où se croisent non seulement enfants et adultes, mais également différentes formes d’art.

Les enfants changent le monde !Dans ce paysage dynamique se constitue un nouveau répertoire familial, imaginé par des artistes de tous horizons, qui gomment les frontières entre les propo-sitions artistiques destinées aux enfants ou aux adultes.Mais, si tout bouge plus rapidement depuis quelques années, et notamment grâce à l’action de la Sacem, ce secteur manque encore de reconnaissance et de visibilité. À quand, par exemple, une Victoire de la musique jeune public ?C’est pourtant un domaine qui fait bouger les lignes… et les esprits, comme le confie l’auteur-compositeur David Sire : « Écrire pour les enfants m’a conduit à épurer mon discours et à clarifier mes inten-tions, pour être au plus proche de l’émotion ». Et c’est bien là l’essentiel. •1 Il faut également citer l’Album pour la jeunesse Op. 68 de Robert

Schumann.2 Écrit en 1995, et commandé par Rio Arte, L’Orchestre des rêves

a été le premier opéra pour enfants enregistré au Brésil. Tim

Rescala a également composé un second opéra pour enfants,

Papagueno, sorti en 1997. Entre 1997 et 2000, il a présenté une

série de concerts pour le jeune public au Théâtre Carlos Gomes,

de Rio.3 Le Fonds d’action Sacem soutient l’ensemble Sotto Voce et le

Crea d’Aulnay-sous-Bois depuis leurs débuts.

Lady Godiva, opéra composé

par Coralie Fayolle.

Créé en avril 2011, interprété

par les Créa’tures (18-25 ans)

du Crea d’Aulnay-sous-Bois et

soutenu par le Fonds d’action

Sacem.

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Programmateurs de festivals

Têtes chercheuses perpétuellement en alerte, garants de la qualité artistique des festivals, les programmateurs sont le cœur vibrant de ces événements. Focus sur une profession resserrée autour d’une seule problématique : comment rester créatifdans un environnement aux contraintes croissantes ?

Depuis 2000, le nombre des festivals français ne cesse d’augmenter. Sur le territoire hexagonal, le

site infoconcert.com recense près de 1 600 événements pour la seule pé-riode estivale. Initiatives institution-nelles, velléités artistiques privées ou mélange des deux, la multiplication du nombre d’affiches ne va pas sans poser de problèmes. Au festivalier, d’abord, sommé de choisir parmi des milliers d’événements, mais aussi aux programmateurs, entre lesquels se développe une concurrence qui se joue désormais au niveau euro-péen, voire mondial. une logique qui se traduit au quotidien par une ré-flexion sur la cohérence de la pro-grammation, des remises en cause et des négociations âpres au service d’options artistiques variées. Sans compter quelques coups durs…

Penser la programmation« C’est comme un puzzle : nous agen-çons des morceaux qui doivent former un tout. Mais parfois, un bout du puzzle disparaît et dézingue la cohé-rence globale, ce qui nous oblige à repenser l’ensemble. » Cette métaphore de Denis Le Bas, programmateur du festival Jazz sous les pommiers, résume parfaitement les problématiques de son métier. Cœur artistique de l’évé-nement, le programmateur est le garant de la qualité d’une affiche, celui qui recherche les artistes, pense et organise le festival en fonction de contraintes artistiques, logistiques, budgétaires. un métier de tête cher-cheuse perpétuellement en alerte : « C’est un travail de fouineur, détaille

Inventer l’affiche

Kevin Douvillez , programmateur des Francofolies de La Rochelle. J’écoute les disques qui sortent, je me tiens au courant de l’actualité, je surfe sur le Web, je reste en alerte sur mon réseau de journalistes, de directeurs artis-tiques, de tourneurs… Et surtout, je circule : je vois entre trois et cinq concerts par soir, je prends des notes, je repère ». Même son de cloche aux Eurockéennes : « C’est un boulot qui ne s’arrête jamais, une veille perma-nente, détaille Jean-Paul Roland, directeur du festival. Dès la fin de l’été, nous partons dans d’autres festivals, nous faisons le tour des agences. C’est de cette manière que nous avons, appris l’an dernier, que A$ap Rocky ou les Alabama Shakes allaient faire du bruit ». Du côté des artistes, il s’agit donc d’occuper le terrain, de se faire remarquer en étant présent là où les programmateurs laissent traîner leurs oreilles : dans les clubs et les cafés-concerts, dans la presse et sur le Web, ainsi que dans une poignée de festivals et de forums où les pro-fessionnels se retrouvent en masse, à l’instar du South by Southwest (Austin, Texas) ou du Printemps de Bourges.Pour autant, programmer un festival ne saurait se résumer à empiler des noms plus ou moins connus. La clé de voûte demeure la cohérence globale du projet, l’équilibre entre nouveauté et renom, goûts du public et désir de découverte, quantité et qualité. « Il s’agit de proposer un regard, de ra-conter une histoire autour d’un artiste ou d’un mou vement, détaille Pierre-Marie Ouillon, programmateur des Nuits sonores (Lyon). Chez nous, cela

se traduit, par exemple, par la présen-tation d’un artiste phare, autour duquel nous allons inviter ceux qui l’ont influencé, puis ceux qu’il a influencés à son tour, afin d’explorer une tendance, un univers ou un mo-ment de l’histoire de la musique. » Aux Nuits sonores, une soirée est ainsi consacrée aux déviations électro du hip-hop américain, à travers un plateau où se croisent MF Doom et Flying Lotus.

Art vs argentMais une telle activité n’évolue pas sans freins. Passionnés de musique guidés par l’envie de faire découvrir leurs coups de cœur, les programma-teurs doivent composer avec des contraintes financières. « C’est le nerf de la guerre, analyse Denis Le Bas. Une fois que nous avons repéré nos artistes, il faut jongler. L’affiche finale sera un mélange subtil entre la mu-sique et l’argent, nos envies et nos moyens. Notre rêve artistique peut être parfois abîmé par des considéra-tions financières ». une équation d’autant plus ardue que le monde du spectacle doit désormais composer avec la crise du disque, qui a poussé les artistes à reporter leurs ambitions financières sur le live en provoquant une inflation des cachets : « Depuis 2005, nous avons vu les cachets exploser, confirme Jean-Paul Roland. C’est d’autant plus violent en ce qui concerne les Eurockéennes, qui se tiennent le premier week-end de juillet , une période très chargée en termes de festivals. Les négociations sont difficiles, les artistes vont souvent au plus offrant ». Et la problématique

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l’équation : « Il y a quelques années, la plupart des tournées se limitaient à la Belgique, la France et l’Angleterre. Aujourd’hui, avec ces festivals situés à des milliers de kilomètres, une autre question se pose, commente Jean-Paul Roland. En raison de l’éloigne-ment, il est impossible, pour un artiste qui joue à Sziget le vendredi, de jouer à Belfort le lendemain ».

s’est encore complexifiée depuis quelques années : désormais, les fes-tivals français doivent faire face à la concurrence des gigantesques évé-nements d’Europe de l’Est, dont les organisateurs, des marques d’alcool ou de soda, captent à coup de cachets colossaux les artistes les plus impor-tants. Au-delà des finances, c’est aussi la géographie qui entre dans

Inventer l’alternative Pour autant, les professionnels tentent de développer une alternative. À cet égard, certains détails comme l’accueil des artistes, l’accès au festival, la programmation ou la notoriété de l’événement peuvent faire la diffé-rence. C’est la bonne surprise qu’ont

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magsacem # 84

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eue les programmateurs des Franco-folies lorsque, coup sur coup, David Guetta et Mika ont accepté leur invi-tation, alors qu’ils figurent parmi les artistes dont les cachets sont les plus élevés. « Je crois qu’ils voulaient vraiment jouer aux Francofolies, ex-plique Kevin Douvillez . C’était impor-tant pour eux, en raison des artistes qui y sont passés, de la renommée de l’événement… »S’ils ne bénéficient pas toujours d’une aura comparable, de nombreux festi-vals cherchent leur salut à travers une mise en scène de leur programma-tion : « On peut réagir de manière alter-native, explique Pierre-Marie Ouillon. Il s’agit de radicaliser sa programma-tion, de ne pas jouer le jeu de l’inflation des cachets pour préférer des artistes abordables mais que l’on va agencer

Martin Solveig,

Francofolies 2011.

de manière à insuffler du sens ». C’est de cette manière que les Francofolies ont imaginé, pour leur édition 2012, une complémentarité entre les pla-teaux. Le 11 juillet, le festival invite sur une même scène Brigitte, Julien Doré et Bénabar, tout en proposant, en face, Dominique A, Daniel Darc ou Mansfield Tya : « C’est une manière de présenter au public des univers cohé-rents. Si l’on aime Dominique A, il y a de fortes chances que la “découverte” de Daniel Darc soit une belle sur-prise ». L’intérêt peut aussi résider dans des associations improbables entre des artistes aussi divers que Zebda, 1995 et Birdy Nam Nam. « Ils ne font pas la même musique, mais ont un fond de culture commune qui trouvera un écho chez leur public », appuie Kevin Douvillez.

Créations alternativesL’autre tendance qui se dégage est celle de la création, et de la mise en place de spectacles uniques. Certains festivals comme les Détours de Babel en ont même fait le cœur de leur pro-grammation. une éthique transdisci-plinaire qui privilégie l’inédit au détri-ment de simples concerts. « Nous avons moins de problèmes de concurrence que certains festivals puisque les créations que nous présentons sont uniques », détaille Benoît Thiebergien, directeur et programmateur des Détours de Babel , nés de la fusion de deux événements (Grenoble Jazz Festival et 38es Rugissants). La construction de l’événement passe alors par une logique de commande et requiert des moyens financiers conséquents mais évacue du même coup la problématique de l’exclusivité : « Nous programmons des artistes en les imaginant autour d’un thème, pour-suit le programmateur. Cela passe par l’organisation de résidences et par un travail de production, voire de copro-duction, ce qui permet ensuite aux spectacles de poursuivre leur exis-tence artistique sur d’autres scènes ». Aux Détours de Babel, la musique contemporaine croise ainsi sur la même scène le jazz et les musiques du monde, le funk, le spoken word et une certaine idée du rock. « Défendre des territoires limités a de moins en moins d’intérêt, remarque Benoît Thiebergien. Et puis les dynamiques de création sont souvent à la croisée des genres. » une logique de surprise artistique qui se développe sur le terrain, y compris dans les festivals généralistes. Cette année, les Franco-folies mettent ainsi en place, en par-tenariat avec la Sacem, le spectacle Crouners, qui invite des artistes français à reprendre un répertoire allant de Sinatra à Dean Martin en passant par Gilbert Bécaud ou Aznavour. « Créa-tions ou concerts, l’important est que les scènes se répondent, résonnent ou s’opposent, mais qu’il y ait un sens, une forme d’éditorialisation. Le festival doit être tout sauf un garage à tournées. Ce doit être un événement original, non un simple concert », résume Denis Le Bas. •

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techno

élections sacemAG annuelle 2012

L’assemblée générale annuelle de la Sacem aura lieu le mardi 19 juin 2012, à 14 h 30, au siège de la Sacem, 225 avenue Charles-de-Gaulle, à Neuilly-sur-Seine.Pour élire un tiers des membres du Conseil d’administration, de la commission des comptes et de surveillance, de la commission des programmes, et de la commission prévue à l’article R. 321-6-3 du code de la propriété intellectuelle, choisissez l’un des trois modes de vote suivants :1. Par voie électronique sur sacem.fr du 22 mai (9 h 00) au 18 juin (12 h 00) depuis votre accès réservé (voir page 3 pour les sociétaires ne disposant pas encore d’un code d’accès). Vous y trouverez la présentation des candidats, le contenu des assemblées généraleset les modalités de vote.2. Par courrier postal pour les sociétaires professionnels et définitifs, avant le 18 juin à 12 h 00 (voir les modalités indiquées dans la convocation).3. sur place le 19 juin (les bureaux de vote seront ouverts de 13 h 00 à 16 h 00).\ Pour toute information complémentaire sur le sujet : 01 47 15 48 48 ou sacem.fr.

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Jeudi 5 avril 2012, 82,8 M€ ont été réglés aux sociétaires, soit une augmentation de 9,48 % par rapport à avril 2011. • Les droits en provenance de l’étranger (51 % du montant total) sont en progression de 23,16 %. Les droits d’exé-cution publique progressent fortement (+32 %), tandis que les droits de reproduction baissent de 8 %. • La forte augmentation des droits provenant de l’exploitation vidéographique (+ 36,27 %) s’explique essentiellement par des régularisations de producteurs importants, mais le contexte reste toutefois à la baisse. • La copie privée enregistre une baisse globale de 15,98 % tant pour la partie sonore (-18,10 %) que pour la partie audiovisuelle

(– 9,05 %). • Les droits phonographiques continuent de baisser (– 9,94 %) avec toutefois une forte progression (+ 23,73 %) des droits provenant des contrats types de producteurs indépendants, due principalement à des régularisations. • Les droits en prove-nance de téléchargements payants de fichiers musicaux baissent de 32,41 % par rapport à avril 2011. Cela trouve son origine dans le fait que iTunes, le principal opérateur de ce secteur, régularise le solde des années 2009 et 2010. • Le recul du secteur de l’écoute de fichiers musicaux (– 30,57 %) est dû au fait qu’en avril 2011, il avait été procédé à la régularisation de la période 2006-2009 pour les droits en provenance de YouTube et Dailymotion.\ Plus d’informations en accès réservé : sacem.fr > Mon espace > Mon actualité > Actualités.\\ Prochaines répartitions : jeudi 5 juillet 2012, vendredi 5 octobre 2012.

répartItIOnD’avrIL 2012

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« aLLer à fOnD, s’écOuter, DéveLOpper ce que L’On a en sOI en tOute humILIté et sImpLIcIté. »

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portrait

2012La musique de The Artist est récompensée par les prix les plus prestigieux du cinéma.

1999Compose la musique de Mes amis, le premier long-métrage de Michel Hazanavicius.

2002Travaille sur l’album L’imprudence, d’Alain Bashung.

abasourdi par le succès du film The Artist, récompensé par les prix les plus prestigieux du ciné-ma (Oscar, Golden Globe, Bafta, César de la meilleure musique

de film), Ludovic Bource n’en demandait pas tant. Portrait d’un compositeur qui ne s’atten-dait pas à recevoir un ciel d’étoiles sur la tête.

Premier « en-vol »C’est une belle journée ensoleillée à Loudéac (Côtes-d’Armor). Dans un lotissement, le son de l’accordéon attire parents et enfants. Deux gamins offrent au public un concert improvisé. À l’écart, un petit garçon triste. La jalousie lui fend le cœur. Personne ne fait jamais attention à lui. La magie de l’accordéon pourrait-elle chan-ger cela ? Il a 8 ans. Il lui manque cet objet ronflant sur le torse pour le cacher et le montrer à la fois. Ainsi débute l’histoire du petit accor-déoniste, entre tendresse et mélancolie.« Je suivais une nouvelle méthode à la mode dans les années 80, celle d’André Astier et Joss Baselli 1. Cela m’a permis d’explorer un répertoire plus large et riche musicalement, intégrant le jazz, le swing… » Avec son image de bal populaire, l’accordéon souffre de préjugés. Mais l’enfant s’accroche, sans savoir encore qu’il se prépare un avenir radieux. On conseille à sa maman d’acheter un piano. Le jeune garçon fait son entrée à l’école de musique de Saint-Brieuc et son professeur, Anne Magadur, forge son caractère. « Je faisais à ma fantaisie. J’étais toujours en train de dé-tourner les pièces de Schubert, Bach ou Mozart ! Mon professeur m’a dit “C’est très intéressant, Ludovic, mais tu dois respecter ce qui est écrit.” »À 13 ans, il compose un morceau pour une fille

LudoVic Bource

Bio

dont il est amoureux. Finalement, il propose The end of flight (La fin du vol) à un groupe breton dans lequel il joue, les Nobody’s Perfect. « J’ignorais qu’il s’agissait d’une réplique tirée du film de Billy Wilder Certains l’aiment chaud. Enfant, je n’avais pas le droit d’aller au cinéma. J’ai découvert les films à la télévision. » Sergio Leone et les partitions d’Ennio Morricone le fascinent. « En entendant ces grandes plages expec-tatives ponctuées de petits sons de guimbarde, d’ocarina ou de sifflements, je me suis rendu compte qu’il y avait de la musique sur les images. »

Le fond des chosesDans les années 90, Ludovic Bource s’adonne à différents genres musicaux. En 2001, Alain Bashung recherche un clavier pour son album L’imprudence. « Bashung était très délicat dans ses relations, attentif, d’une grande générosité avec les autres. Je lui ai proposé de retravailler quelques morceaux. Une semaine après, il écoutait au casque : des expressions incroyables passaient sur sa figure. Puis il est sorti. J’ai cru qu’il y avait un malaise. En fait, je l’avais bouleversé. » Ludovic Bource est présent sur cinq titres de l’album, jouant de différents instruments, dont l’accor-déon. « Cette expérience a confirmé ce que j’avais au plus profond de moi-même : la conviction de ces artistes et musiciens ; cette façon d’aller à fond, de s’écouter, de développer ce que l’on a en soi en toute humilité et simplicité, je la comprenais. »Sa première relation avec l’image, Ludovic Bource la connaît avec Michel Hazanavicius, que lui présente l’éditeur Fabrice Benoît (EMI). Ensemble, ils feront quatre films. Charge à Ludovic Bource de suivre les orientations stylistiques du réalisateur. « Si Michel a envie

de mettre une musique à l’image, il a la gentillesse de me proposer d’essayer aussi quelque chose. Mais c’est peine perdue. Quand un morceau est plaqué sur une scène, on est condamné au plagiat ou à s’en approcher au plus près, ce qui réduit la créativité à zéro. Pour OSS 117, les partitions étaient typées, référencées, mais les compositions totalement libres. »Pour la partition de The Artist, Ludovic Bource doit inventer une nouvelle manière d’appréhen-der l’image. « Il fallait me plonger en amont dans l’univers du film, bien avant le tournage. Je passais voir Michel lorsqu’il écrivait le scénario, j’espionnais ses post-it au mur ! » Ils visionnent ensemble les classiques du cinéma muet, mais le compositeur sèche. « Avant le tournage, Michel avait impéra-tivement besoin de musique. (…) Pour trouver le thème principal, je me suis inspiré d’un lieder de Brahms. J’ai finalement enregistré cinq morceaux joués au piano, des mouvements simples sans arran-gements. » Le thème principal est diffusé sur le plateau dès les premières journées du tournage. La mayonnaise prend. « Jean Dujardin l’écoutait sur certaines scènes pour galvaniser son jeu. »

And the winner is…L’Oscar ? « Personne ne nous attendait là-bas. On est un peu les escrocs qui font un casse à Hollywood, raflent tous les prix dans les catégories majeures. Georges Clooney n’en pouvait plus de nous voir à chaque cérémonie ! » Bouleversé par cette avalanche de prix, marqué par une expé-rience éprouvante, Ludovic Bource a demandé à Michel Hazanavicius de prendre un autre compositeur pour son prochain film. Il a re-fusé. « C’est très plaisant de sa part, mais il a une technique contraignante pour un compositeur. Toujours adapter sa musique à un montage, c’est épuisant. » Conscient de la place que lui a don-née Hollywood au panthéon des compositeurs français, il rêve de nouvelles collaborations. « On pense que je suis surbooké et cher : c’est faux. Une vraie rencontre compte plus que l’argent. »L’enfant de Loudéac aura fini par attirer l’atten-tion, comme par enchantement. •1 Joss Baselli a écrit des morceaux pour Barbara et

travaillé pour Caussimon, Reggiani, Bourvil…

2006-2009Bande originale des deux films OSS 117 et du documentaire Nous resterons sur Terre.

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\ Retrouvez l’interview vidéo de Ludovic Bource par Sophie Loubière sur

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magsacem # 84

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— L’article 23 des statuts de la Sacem définit ainsi les commissions de la Sacem : « Elles ont pour mission d’étudier les questions relevant de leur compétence ainsi que celles qui leur sont soumises et de proposer au Conseil d’administration les solutions appropriées ». Mais pour mieux comprendre leur travail, il faut se pencher spécifiquement sur chacune d’entre elles, et sur la teneur de leurs séances régulières.

Les commissions statutairesÉlus pour trois ans lors de l’assemblée géné-rale, les membres de ces commissions ont pour mission d’étudier les questions relevant de leur compétence et de faire des propositions au Conseil d’administration.> La commission des comptes et de surveillance : constituée de deux auteurs, deux compositeurs et deux éditeurs, elle véri-fie les dépenses et les recettes de fonc tion-nement de la Sacem. Toutes les pièces comp-tables sont étudiées. Différents services des départements sont régulièrement interrogés

(comptabilité, informatique, administration, ressources humaines…). > La commission des Programmes contrôle les programmes, tableaux et documents de répartition, ainsi que les comptes rendus d’inspection dans tous les établissements ou lieux divers où s’interprètent pu bli-quement les œuvres des membres de la Sacem. Composée de trois auteurs, trois compositeurs et trois éditeurs, cette com-mission est renouvelable par tiers et par catégorie. Grâce à un logiciel développé spé-cifiquement pour la Sacem, ses membres sont en mesure d’accéder aux programmes de plusieurs dizaines de chaînes de radio ou télévision, et de contrôler et comparer, sur une période donnée, le contenu musical

Commissions de la Sacem. Le 19 juin prochain, un tiers des membres des commissions

statutaires et l’intégralité des membres de la commission prévue à l’article R. 321-6-3 du code de la

propriété intellectuelle seront renouvelés. Focus sur le travail de ces commissions et des commissions

dites « réglementaires ».

La boussole et le microscope

diffusé avec les déclarations fournies par les chaînes. Elle est habilitée à fournir son avis au Conseil d’administration.

La commission prévue à l’article R. 321-6-3 du code de la propriété intellectuelleComposée de deux auteurs, deux composi-teurs et deux éditeurs, élus pour un an par l’assemblée générale annuelle, cette commis-sion peut être saisie pour avis par un associé qui, ayant demandé à prendre connaissance d’un document dans les conditions fixées aux articles R. 321-6 à R. 321-6-2 du code de la propriété intellectuelle, se verrait opposer un refus de communication.

« CeS CommiSSionS Sont deS CeLLuLeS

de veiLLe et deS CreuSetS de réfLexion. »

— arLette taBart, SeCrétaire généraLe du ConSeiL d’adminiStration

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coulisses

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nels à des films (soit gravés sous forme de bonus, soit diffusés séparément). Le bordereau qui en résulte demande explicitement aux éditeurs vidéo la liste des programmes courts et de leurs ayants droit.> La commission de la musique sympho-nique : composée de huit compositeurs et de quatre éditeurs, cette commission suit toutes les questions et les actualités relatives à la musique symphonique, mais également à la musique contemporaine et électroacoustique. Régulièrement, des responsables politiques, des directeurs de conservatoire et des profes-sionnels de la musique sont invités aux séances de cette commission afin de faire le point ensemble sur une situation ou une évolution. > La commission des Variétés : les cinq auteurs, cinq compositeurs et cinq éditeurs qui la composent mènent des réflexions autour des musiques actuelles et proposent des pistes d’action concrète. Cette commission est, par exemple, à l’origine de l’initiative « Parcours croisés », qui offre depuis 2009 aux sociétaires de se rencontrer et d’échanger sur leurs mé-

tiers et leurs projets respectifs sur le modèle du speed dating. Cette commission eut é ga-lement l’idée des « Petits déjeuners d’informa-tion » (devenus désormais « Matinées d’infor-mation »), qui permettent aux sociétaires de découvrir les outils utilisés par la Direction des relations sociétaires pour gérer leurs droits, et de poser des questions concernant l’avenir ou le fonctionnement de leur société.> La commission des auteurs-réalisateurs (huit membres) étudie toutes les questions relevant du domaine des réalisations télévi-suelles et audiovisuelles. Elle propose no-tamment au Conseil d’administration une évaluation du degré de création intellectuelle pour chaque œuvre examinée, de l’intervention réduite de l’auteur-réalisateur (coef. 0,08) à la maîtrise totale des éléments de réalisation (coef. 2), afin que les auteurs-réalisateurs de la Sacem soient le plus justement rémunérés. •

La boussole et le microscope

250dossiers par exercice sont étudiés

en moyenne par la commission des Comptes

et de Surveillance, représentant l’intégralité

de l’activité comptable de l’année.

650sociétaires ont pu se rencontrer et échanger

au terme des six éditions de « Parcours croisés »

depuis le lancement de ce rendez-vous, en 2009,

par la commission des Variétés.

287Pour l’exercice 2011-2012, la commission des

Programmes a visualisé plus de 259 émissions

TV différentes et écouté 28 émissions de radio

en effectuant ainsi 287 analyses comparatives.

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Les commissions réglementairesAu nombre de quatre, ces commissions voient leurs membres nommés chaque année par le Conseil d’administration. Leur composition et leurs attributions sont définies dans le Règlement général. > La commission de l’audiovisuel, qui comprend trois auteurs, quatre compositeurs, deux éditeurs et un auteur-réalisateur, examine la validité des musiques de film, mais aussi des doublages et sous-titrages déposés à la Sacem. À chacune de ses réunions, ses membres étudient et entérinent ou pas la recevabilité de tous les documents nécessaires à la mise en répartition des œuvres. Cette commission se penche également sur les éventuels litiges ou difficultés rencontrées et informe le Conseil d’administration de ses constatations et suggestions. Ainsi vient-elle d’achever un long chantier de propositions pour la déclaration des programmes addition-

De gauche à droite : des membres de la commission

des Programmes et de la commission des Auteurs-

réalisateurs.

\ Pour retrouver les statuts et le Règlement général de la Sacem

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aIDes cuLtureLLes >

Le programme autoproductionDepuis 2004, la Sacem propose un programme d’aide aux auteurs et compositeurs adhérents de la Sacem pour l’autoproduction de leur premier ou deuxième album. Outre ce soutien de 4 500 euros, les bénéficiaires se voient proposer un partenariat avec Francophonie Diffusion, struc-ture assurant la promotion radio internationale de la production musicale française, et notamment d’un titre de chaque album aidé. Le magazine Keyboard participe également à la promotion de ces artistes en intégrant chaque mois deux cri-tiques d’albums retenus par la commission ainsi qu’une compilation comprenant deux titres choi-sis dans les autoproductions de la Sacem.Après avoir accompagné ces artistes sur scène (les Autres Prods, les Scènes Sacem Jazz et Chanson), la Sacem leur propose de soutenir l’habillage vidéo de leurs clips et leur diffusion, leur permettant ainsi de bénéficier de tous les outils nécessaires à leur promotion.Avec une soixantaine de dossiers retenus sur plus de 500 reçus chaque année, ce programme soutient indifféremment tous les répertoires : chanson, rock, musiques du monde, jazz, hip-hop, etc. Il continuera de s’adapter aux évolutions du secteur et des besoins des auteurs-compositeurs, comme il le fait depuis sa création.

De gauche à droite et de haut en bas : Ladylike Dragons, La Canaille, Liz Cherhal, Superbravo, Vendeurs d’Enclumes.

Compositeurs confirmés et jeunes talents en classe d’écriture se partageront l’affiche : outre Les Oiseaux exotiques par l’Orchestre des Lauréats du Conservatoire au concert d’ouverture, la programmation propose un hommage à Gérard Grisey, des créations de Philippe Manoury, Guillaume Connesson, Francisco Alvarado et une série de concerts interprétés par des étudiants du 3e cycle, autour des œuvres des anciens élèves du maître.La Grave, 14-22 juillet, festival-messiaen.com

renDez-vOus>Baptiste Trotignon> Jazz sous les pommiersCoutances, 18 mai

L’homme à tête de chou> EuropavoxClermont-Ferrand, 25-26 mai

Jaojoby> Musiques métissesAngoulême, 25 mai

JF Gang, Toguna, christine salemscène sacem internationale> IommaSaint-Pierre (La Réunion), 30 mai

Journée contemporaine> Festival de violoncelle de Beauvais3 juin

Vieux Farka Touré, c2c, Frànçois and the atlas mountains> Nuits de FourvièreLyon, 5 juin-30 juillet

yves Jamait, Vendeurs d’enclumesscène sacem internationale> Francofolies de Montréal13 et 14 juin

crouners !scène sacem création> Francofolies de La Rochelle13 juillet

académie européenne de musique> Festival d’Aix-en-Provence14 juillet

Projection de films sur la musique>Festival Radio France et Montpellier Languedoc-Roussillon16-21 juillet

nOuveauté>événement \mani-Feste

L’Ircam initie cette année un nouvel événement associant Festival (ex-Agora) et Académie de création (ex-Acanthes). Le Festival rendra un hommage particulier à Philippe Manoury à l’occasion de son 60e anniversaire. « acanthes@ircam » propose des ateliers de formation et de création autour de la transmission et l’expérimentation d’œuvres de jeunes compositeurs. « acanthes@ircam » est partenaire du nouveau réseau européen ulysses, auquel la Sacem est associée. Elle soutient notamment les ateliers de composition, qui permettent aux jeunes compositeurs de bénéficier des conseils d’interprètes de premier plan et de compositeurs référents : Philippe Manoury, Luca Francesconi et Thierry de Mey pour 2012.Paris, 16 juin-1er juillet, acanthes.com ©

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festIvaLs>musique de film \La Rochelle

Le Festival international du film de La Rochelle fête ses 40 ans cette année : 40 ans d’images d’hier et d’aujourd’hui, de découvertes, redécouvertes et d’accompagnement musical. Parallèlement aux hommages rendus à Anouk Aimée et à Francis Lai (leçon de musique, projection de films dont il a composé la musique, concert de musiques de film avec Jean-Michel Bernard en quintet), la Sacem soutient le cycle de ciné-concerts quotidiens « Les rétrospectives muettes », autour de Benjamin Christensen, accompagné par Jacques Cambra, le ciné-concert jeune public et l’atelier de ciné-concert. Elle sera également partenaire de la première partie de la soirée du 40e anniversaire, avec la programmation de musiques de film ayant marqué le festival, illustrées par des images extraites de cette sélection.La Rochelle, 29 juin-8 juillet, festival-larochelle.org

hommage \messiaen au pays de la meijeCette 15e édition du festival commémore les 20 ans de la disparition du compositeur avec, notamment, une belle initiative mettant à l’honneur ses anciens élèves du CNSMDP de Paris, où il enseigna plus de trente ans.

JF Gang.

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Les manifestations culturelles soutenues par la Sacem sont réalisées, notamment, grâce au financement issu des ressources de la copie privée. Consultez toutes les informations dans l’espace Actions culturelles sur

musIque De fILm>hommage à Gabriel yared

Depuis quelques années, le Fonds d’action Sacem et la Cinémathèque française mettent à l’honneur le métier de compositeur pour le cinéma. Après Antoine Duhamel, Michel Legrand et Bruno Coulais, l’année 2012 saluera le talent de Gabriel Yared. Extrait.Magsacem – Vous êtes un grand inventeur de mélodies. Mais les mélodies sont-elles néces-saires dans toutes les scènes d’un film ? Gabriel Yared – Je ne sais pas faire de musique abstraite. Il y a toujours une direction mélodique ou une harmonie repérable. Et c’est bien difficile, parfois, que la musique ne soit pas redondante. La musique de suspense a souvent cet avantage, de se tenir coite derrière l’action, mais je ne suis pas à l’aise pour faire ça. Par exemple, dans Le Talentueux Mr. Ripley, la scène qui suit le meurtre appelait vraiment ce style. Eh bien, j’ai écrit une cellule rythmique assez intéres-sante jouée par les contrebasses et violoncelles, avec un thème par-dessus, et il me semble que ça fonc-tionne : ça n’encombre pas l’image et ça a du sens.J’ai toujours peur que l’inspiration me quitte. Dieu merci, j’ai reçu un don de mélodiste… Je chante toujours intérieurement. La musique vient, comme une pluie qui tombe du ciel ! Et ça, je ne l’ai jamais vraiment appris, c’est « reçu ».> La Cinémathèque française (Paris), 30 mai-10 juin > Découvrez l’intégralité de l’interview de Gabriel Yared par Yvan Amar sur sacem.fr

chansOn>Paris en chansonsLes commissaires de l’exposition Paris en chansons ont cessé leur inventaire après avoir compté plus de 2 800 chansons !

Paris est plus célébrée qu’aucune autre ville au monde et, avec le sou-tien du Fonds d’action Sacem, la Médiathèque musicale de Paris et la Bibliothèque historique de la Ville de Paris ont conçu une exposition dont la marraine n’est autre que Juliette Gréco.Autour de quelques thèmes forts (les plai-sirs, la Seine, les Parisiens, Montmartre, Pigalle, Saint-Germain-des-Prés…), l’expo-sition présente des centaines de docu-ments. Sur les points d’écoute, on traverse époques, styles et genres : Charles Trenet, Yves Montand, Joséphine Baker, Léo Ferré, Juliette Gréco, Édith Piaf, Maurice Chevalier, Jacques Dutronc, Serge Gains-bourg, Mireille Mathieu, Alain Souchon, Mano Solo, Louise Attaque, les Ogres de Barback, Benjamin Biolay, Alex Beaupain – « Même si la chanson de Paris n’a pas les mêmes hiérarchies qu’une histoire de la chanson française, on a l’impres-sion qu’il s’agit depuis plus d’un siècle d’un passage obligé pour tous les ar-tistes », remarque Emmanuelle Toulet, commissaire de l’exposition.> Galerie des bibliothèques (Paris), jusqu’au 29 juillet> Retrouvez l’interview d’Emmanuelle Toulet par Bertrand Dicale sur sacem.fr

jeune pubLIc>cinémusique : des écrans mélomanesFaire découvrir à des collégiens de banlieue le jazz et la musique classique… C’est le pari, pas si fou, tenté par l’association Chro-ma et le Fonds d’action Sacem, sous l’intitulé évocateur de « Cinémusique ». Des films éclectiques et différents sont proposés à quatre classes de collège d’Aulnay-sous-Bois. Au cinéma Jacques-Prévert leur ont déjà été projetés les films : Gilles Appap, l’inconnu de Santa Barbara en présence de son réalisateur Bruno Monsaingeon, Latcho Drom en présence de Tony Gatlif et Michel Petrucciani de Michael Radford en présence d’Aldo Romano, grand batteur et ami de Michel Petruc-ciani. Après Zebrock au bahut, ce projet complète de façon originale le travail entrepris depuis plusieurs années en Seine-Saint-Denis, pour conjuguer éducation artistique et réussite scolaire. Comme le dit Alejandra Norambuena-Skira, une des initiatrices du projet : « Ce ne sont que des grains de sable… Avec le temps, cela finit par faire une jolie plage… » Prochainement, les collégiens pourront assister à la projection du film Yehudi Menuhin, le violon du siècle, de Bruno Monsaingeon. > Retrouvez sur sacem.fr l’interview par Philippe Barbot d’Alejandra Norambuena-Skira, secrétaire générale du Fonds d’action Sacem, et d’Edgard Garcia, directeur de l’association Chroma, initiateurs du projet Cinémusique.

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Pour en savoir plus

Certaines élections ne font pas autant de bruit que les autres.

Elles n’en sont pas moins importantes…

L’assemblée générale annuelle de la Sacem a lieu le mardi 19 juin 2012 à 14 h 30 au siège de la Sacem, 225 avenue Charles-de-Gaulle, à Neuilly-sur-Seine.

Plus d’infos sur les trois modes de votes en page 13.

Rubrique mon espace > assemblée générale

> Vote en ligne du 22 mai au 18 juin

> Ordre du jour : notamment modifications prévues aux statuts et au Règlement général.

> Notice de présentation des candidats

vOtez !

assemblée générale de la sacem – 19 juin 2012