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Carême de partage Bâtir un monde de justice

Magazine Carême de partage 2011

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Cette édition spéciale de 32 pages présente le travail réalisé avec des partenaires en Asie, en Amérique latine, en Afrique et au Moyen-Orient

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Carêmede partage

Bâtir unmonde de justice

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Bâtir un monde plus juste

Telle est la vision qui anime Développement et Paix depuis plus de 40 ans. Afin d’y être fidèle, Développement et Paix a accompagné étroitement ses partenaires dans les pays du Sud dans leur travail pour éliminer la pauvreté et l’injustice

systémique, dans des contextes souvent très difficiles.Il y a beaucoup d’histoires à raconter au sujet des partenaires de Développement et Paix en Afrique, en Asie, en Amérique latine et au Moyen-Orient. Cette revue en contient quelques-unes. Il y a l’histoire de la Commission épiscopale Justice et Paix du Burundi, qui a formé plus de 2000 observateurs pour suivre les élections présidentielles de juin 2010. On y décrit aussi le travail d’INSAN en Irak, qui aide les personnes

déplacées à cause des conflits et participe à la reconstruction sociale et éco-nomique du pays après la guerre. Il y a aussi plusieurs exemples qui montrent comment le Centre des droits humains Miguel Agustin Pro Juárez au Mexique accomplit sa mission, qui consiste à défendre, promouvoir et faire respecter les droits humains, particulièrement ceux des personnes les plus marginalisées et les plus vulnérables.

Développement et Paix, qui est aussi Caritas Canada, est capable de recueillir des fonds afin de fournir une aide immédiate aux victimes de catas-trophes naturelles. Deux des pires catastrophes survenues cette année, le trem-blement de terre en Haïti et les inondations au Pakistan, ont suscité une grande générosité de la part des catholiques canadiens.

Développement et Paix a reçu 20 millions de dollars en dons après le trem-blement de terre en Haïti. Il utilise ces fonds pour appuyer les efforts mis en œuvre par ses partenaires, dont Caritas Haïti, pour se relever et rebâtir leurs communautés de manière durable.

À travers Caritas Pakistan, Développement et Paix a rapidement pu fournir de la nourriture, des abris, de l’eau potable et des soins médicaux aux victimes des inondations qui ont frappé le Pakistan en juillet et en août. Développe-ment et Paix a aussi participé à un programme de l’Agence canadienne de dé-veloppement international visant à fournir une aide d’urgence à 6800 familles d’agriculteurs. Grâce à cette aide, ces familles, qui dépendent entièrement de

l’agriculture, ne se sont pas retrouvées en situation de pénurie alimentaire.

Jésus-Christ nous a donné le meilleur exemple de ce qu’est l’amour, la charité, la compassion et la justice. En novembre 2010, le pape Benoît XVI a dit que les laïques, en tant que « citoyens libres et responsables », sont investis d’une « tâche urgente, celle d’édifier un ordre social juste ».

Pendant ce carême, je vous invite à prendre à cœur l’exemple donné par Jésus-Christ ainsi que les paroles du pape Benoît XVI en contribuant généreusement au Carême de partage. Nous vous invitons chaleureu-sement à joindre vos efforts à ceux des membres de Développement et Paix et de ses partenaires en Afrique, en Asie, en Amérique latine et au Moyen-Orient afin de bâtir un monde plus juste, un monde où nous pourrons tous mener une vie digne et vivre dans la paix. ❖

Table des matières

† Mgr Pierre Morissette,président, Conférence des évêques catholiques du Canada

La campagne Carême de partage est maintenant sur les médias sociaux !Pour la campagne Carême de partage 2011, Développement et Paix a mis sur pied un blogue interactif. Découvrez-y le travail accompli par les partenaires de l’organisme au Sud en lisant les témoignages publiés par les membres.

Visitez le blogue à l’adresse suivante http://careme.devp.org

n Allez voir les photos, les vidéos et les articles publiés quotidiennement et ajoutez vos commentaires.

n Invitez d’autres personnes à s’informer sur nos partenaires du Sud en faisant circuler l’adresse du blogue.

n Tenez-vous informés des visites des partenaires du Sud pendant le carême. Ils ou elles pourraient passer près de chez vous!

chaque semaine, une nouvelle région du monde à la une!Participez à la collecte de fonds en ligneCette année, pour la première fois, vous pourrez participer à nos efforts de collecte de fonds en ligne pour le Carême de partage en créant une page personnelle. Offrez vos talents à ceux et celles qui en ont besoin (musique, jardinage, cuisine) et demandez, en échange, à votre entourage de donner à Développement et Paix. Suivez le lien suivant pour savoir comment procéder : http://careme.devp.org. Vous y trouverez d’excellentes idées d’activités à organiser pour recueillir des fonds pendant les 40 jours du carême. Vous pourrez également faire un don en ligne.

Création : Développement et paix

Conception et coordination : ryan Worms, François GloutnayPhotographies : Développement et paix, Panos Pictures, raisa mirza, Dick mynenGraphisme : Turcotte DesignImpression : aGL graphique

Notre présence dans le monde 2

agriculture et accès aux terresL’agriculture, un levier pour le développement 4Brésil La voix des paysans 5Afghanistan Retrouver sa dignité – Le courage de Zeinab 6Sierra Leone Une radio essentielle – S’unir, produire, assurer son avenir – Nos droits sont enfin respectés 7

mettre l’accent sur la paixMoyen-Orient Retour de mission pour Mgr Richard Grecco, évêque de Charlottetown 8 Irak Opter pour la paix 9 Israël / Palestine Connaître l’autre 10Bande de Gaza Retrouver le sourire 11Liban Une Académie pour la paix 11

Promotion et défense des droitsMadagascar Le projet Taratra – Des mineurs défendus par l’Église 12Mexique Un partenaire aux côtés des plus pauvres – Entrevue avec trois femmes libres 13

Fenêtre sur le Timor Leste Le long chemin vers la démocratie 14Une nouvelle loi pour une nouvelle nation 15Offrir un nouvel avenir aux jeunes des gangs de rue 15

Développement au fémininDes femmes et des droits 16République démocratique du Congo En finir avec les violences sexuelles – Libérer la justice 16-17Bénin La nouvelle vie des femmes 18 - 19

Participation citoyenneParaguay Un nouveau droit 20Guatemala  Hommes et femmes unis contre la violence 20Honduras Faire la lumière sur un coup d’État 20Guinée Pour des élections pacifiques 21

Élections au BurundiVoter pour la première fois 22Bilan électoral 23Des observateurs au service de la démocratie 23

Secours d’urgenceUne année d’urgences 24 - 25Haïti Nous ne baisserons jamais les bras – Reconstruire ma maison 26Pakistan Jour fatidique – Le déluge de juillet 2010 27

ProposEntrevue avec le cardinal Jean-Claude Turcotte, archevêque de Montréal 28DéVELOPPEMENT ET PAIx en chiffres 29

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Afghanistan

Pakistan

IrakLiban

Territoires palestiniens

Bangladesh

Indonésie

Timor Leste

Sri Lanka

Cambodge

Philippines

Afrique du Sud

Madagascar

Zambie

Zimbabwe

NigeriaBénin

Togo

Sénégal

Guinée

Sierra Leone

Burundi

RwandaRépublique démocratiquedu Congo

Bolivie

Paraguay

El SalvadorGuatémala

Mexique

Honduras

Nicaragua

Haïti

Colombie

Équateur

Pérou

Brésil

Notre présence dans le monde

Nous sommes une seule et même famille

Nous qui fai-sons partie de la famille Caritas

Internationalis, comme Développement et Paix, sommes convain-cus que tous les systèmes sociaux et économiques doivent servir le bien commun, plutôt que les intérêts des élites. Nous croyons que l’intégrité morale d’une société doit être évaluée selon la manière dont elle traite ses membres les plus vul-nérables. Dans notre tra-vail humanitaire et nos campagnes de plaidoyer, nous sommes guidés par l’option préférentielle pour les pauvres, et donc nous accordons la prio-

rité aux personnes qui souffrent de la faim ou qui sont vulnérables, marginalisées et persé-cutées.

Lorsque derrière les grands problèmes mondiaux, nous sommes capables de voir les «personnes»

– le visage de chacune d’elles –, il est beaucoup plus facile de commencer à ressentir une véritable compassion pour ceux et celles qui souffrent.

Compassion signifie «souffrir avec »,  et va donc de pair avec cette valeur fondamentale qu’est la solidarité

– le fait de se sentir responsable des autres

car nous dépendons tous les uns des autres dans la même famille humaine. 

Lorsque nous ressentons au plus profond de nous-mêmes la souffrance des autres, nous devons nous demander quelles en sont les causes. Il n’est pas suffisant de soulager la souffrance

– nous devons nous attaquer à ses causes et faire tout notre possible pour empêcher de nouvelles souffrances.

Nous comprenons toutes les questions mondiales à travers les yeux des pauvres, et nous cherchons à transformer les

systèmes injustes qui perpétuent la pauvreté, qu’elle soit économique, politique ou culturelle. En appuyant Développement et Paix, vous aidez des populations que Caritas dessert dans le monde entier et qui sont parmi les plus pauvres de toutes, et tout comme Caritas, vous devenez un signe et un symbole de l’amour de Dieu pour toute l’humanité. ❖

 Lesley-Anne Knightsecrétaire générale,Caritas Internationalis

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aGricuLTure eT accèS aux TerreS

À partir de 2008, la crise financière mondiale, accompagnée d’une grave crise alimentaire, aura permis aux projets agricoles de retrou-ver leur place dans les stratégies de déve-

loppement. C’est ainsi que la sécurité alimentaire est devenue le troisième axe prioritaire de l’Agence cana-dienne de développement international.

Mais ce regain d’intérêt pour la production ali-mentaire et les terres agricoles n’est pas exclusif aux agences de développement international. Des grandes entreprises multinationales de l’agroalimen-taire, des fonds d’investissement ainsi que des pays riches y ont vu un marché en pleine expansion, une bonne occasion de faire des profits.

La compétition pour les terres est lancée. Elle sera féroce et rendra plus difficile la lutte que des parte-naires de Développement et Paix mènent afin qu’une juste réforme agraire soit mise en place dans leurs pays. Les batailles pour le contrôle des terres agricoles ont déjà commencé. Des populations sont déplacées, des chefs paysans sont assassinés et, c’est le cas en Colombie, nos partenaires risquent leur vie afin de protéger les paysans et faire respecter leurs droits.

L e Brésil est une nouvelle puissance mondiale. La taille du pays et ses richesses naturelles, en font un acteur incontournable en Amérique latine. Mais ce pays est aussi un de ceux où les inégali-tés sont les plus grandes, notamment dans les campagnes.

Le Brésil est le deuxième pays au monde pour la concentration des terres. Qu’on en juge : 2 % des propriétaires terriens possèdent 49 % des terres du pays, dont les deux tiers ne sont pas cultivées. On compte par ailleurs quatre millions de familles paysannes sans terre.

Ces familles viennent alors grossir les rangs de migrants qui se re-trouvent dans les favelas des grandes villes du pays.

Parler de justice sociale au Brésil, c’est obligatoirement aborder la question d’une juste réforme agraire. C’est ce combat que mène le Mou-vement des sans terre, un partenaire de Développement et Paix depuis vingt-cinq ans.

Grâce à l’action du MST, des centaines de milliers de familles ont obte-nu des terres à cultiver, ont reçu de la formation technique, sont devenues membres de coopératives agricoles. Elles peuvent ainsi sortir de la pau-vreté. Le MST est la voix des paysans brésiliens, une voix qui doit encore se faire entendre afin que les autorités du pays ne tournent pas le dos à leurs besoins. ❖

Bien qu’il se produise suffisamment de nourriture pour satisfaire les besoins de toute la population, un mil-liard de personnes souffrent toujours de la faim. Deux autres milliards de per-sonnes sont en situation de carence alimentaire. Garan-tir aux petits producteurs, aux travailleurs ruraux et

aux paysans sans terre un accès durable à l’usage et à la propriété de la terre est fondamental. Sans cela, il leur est impossible d’obtenir un revenu suffisant pour se nourrir et vivre dignement.

Lorsque les petits paysans ont accès aux terres, qu’ils s’unissent pour partager leurs outils et leurs connais-sances afin d’en assurer la meilleure rentabilité, la faim et la pauvreté reculent. Le travail réalisé et les résultats obtenus par les partenaires de Développement et Paix en matière de production agricole forgent cette conviction  : l’agriculture paysanne, durable et équi-table, est un formidable levier pour tracer le sillon du développement et de la paix. ❖

L’agriculture, un levier pour le développement BRéSIL

La voix des paysans

L’agriculture paysanne est essentielle au développement et à la paix.

Former des dirigeants, revendiquer leurs droits.

Avec le MST, les paysans brésiliens se font

entendre.

Au Brésil, quatre millions de familles paysannes n’ont

pas de terre à cultiver.

«

»

Je crois que la réforme agraire est l’une des nécessités les plus importantes du monde d’aujourd’hui. Mais, une juste réforme agraire aura un impact sur notre modèle agricole, nos modes de production et, finalement, la nourriture que nous consommons. Ce débat, nous devons le faire ensemble. Nous espérons que le nouveau gouvernement puisse nous aider en favorisant la création d’espaces de dialogue. C’est toute la société qui doit participer aux discussions et à la mise en place d’une véritable réforme agraire.Gilmar Mauro, coordonnateur du MST

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aGricuLTure eT accèS aux TerreS

Le couraGe De ZeinaBÀ 15 ans, Zeinab a été mariée à un homme âgé et toxicomane, incapable de subvenir aux besoins de base de sa femme et à ceux de leurs enfants. Sa situation s’est aggravée quand son mari a pris une seconde épouse et lui a refusé toute aide. Déterminée, Zeinab a pris activement part au programme Groupes d’entraide de DéVELOPPEMENT ET PAIx et de ses partenaires locaux à Kushk. Elle a participé activement aux formations en techniques agricoles de base (élevage de poulets), techniques de tissage et de gestion.

Aujourd’hui, elle peut vendre ses produits au marché, où les fermiers et les artisans traditionnels lui ont fait une place. Zeinab et ses enfants mangent désormais à leur faim. Ils ont regagné leur dignité et une place acceptable dans la communauté. Zeinab et ses consoeurs se réunissent aussi régulièrement pour débattre des enjeux sociaux qui les concernent, À travers ce programme, et grâce à leur courage, ces femmes contribuent progressivement à faire évoluer le statut de la femme, traditionnellement exclue dans les campagnes afghanes.

RéGION MINIèRE DE KONO

Nos droits sont enfin respectésUn programme de compensation pour les personnes expropriées par la mine dans la région de Kono, à l’est de la Sierra Leone, a été signé après des années de tension et de mobilisation populaire. Ce gain, on le doit au travail de plaidoyer fait par les populations affectées par l’exploitation minière en partenariat avec le NMJD, un allié de DéVELOPPEMENT ET PAIx. Près de cinquante maisons ont été construites et transférées aux personnes expropriées. La compagnie a aussi versé des sommes pour la construction du marché local. D’autres compensations sont promises et devraient être versées prochainement.

AfGHANISTAN

Retrouver sa dignité

«J’ai débuté comme chroniqueur sportif. Mon engagement à la radio et les formations reçues par la station Eastern Radio m’ont permis de devenir responsable de la programmation. Ces formations sont très importantes. Grâce à elles, la radio est devenue plus professionnelle et elle est reconnue aujourd’hui pour son indépendance et son objectivité. Les formations doivent se poursuivre, surtout en vue des élections présidentielles de 2012. ces élections seront cruciales pour le maintien de la paix en Sierra Leone, tout particulièrement dans l’est du pays, notre zone de diffusion. Les enjeux seront chauds et les journalistes, anciens comme nouveaux, doivent être bien préparés pour jouer correctement leur rôle d’information et favoriser des élections transparentes et sans violence.» Ismael, responsable de la programmation, Eastern Radio

Une radio essentielle

En Afghanistan, Développement et Paix travaille à renforcer l’éga-lité entre les hommes et les femmes et la coexistence pacifique entre les différents groupes ethniques et politiques. Nous soutenons notamment un programme destiné aux femmes démunies en milieu rural. Le pro-

gramme consiste à stimuler le développement agricole et économique dans les provinces du centre et de l’ouest du pays en créant des opportunités d’emploi pour les femmes et en augmentant le revenu familial des foyers les plus pauvres.

Ce programme origine de l’Inde, où il a fait ses preuves en augmentant les chances de participation des femmes à la vie économique, sociale et politique de la communauté. Il consiste à former des groupes d’entraide et de solidarité finan-cière entre les femmes. En Afghanistan, la mise en place d’un tel programme a permis à des centaines de femmes, comme Zeinab, de devenir chaque jour plus autonomes et entreprenantes. Et ainsi d’améliorer leur propre vie. ❖

SIERRA LEONE

S’unir, produire, assurer son avenir6000 familles de la Sierra Leone, réunies en associations paysannes, mangent mieux et participent au développement de leur village grâce au programme développé en partenariat avec le Réseau des mouvements pour la justice et le développement (NMJD) et la station Eastern Radio.

Dans plus de 125 villages, on a augmenté de 50% les superficies cultivées grâce aux semences, aux outils agricoles et à l’accompagnement offerts par ces deux partenaires de longue date de Développement et Paix. C’est un pas de géant pour ce pays dévasté par plus de dix années de guerre et qui affiche toujours l’un des plus hauts niveaux d’insécurité alimentaire dans le monde.

Ce qui rend unique cette initiative, c’est la participation des communautés dans toutes les étapes du projet . Près de trente associations ou coopératives paysannes ont été mises sur pied. Les activités d’éducation civique, les émissions de radio éducatives ainsi que les programmes d’alphabétisation des adultes ont permis aux femmes, aux jeunes et aux hommes de ces communautés de prendre en main leur avenir. Les femmes représentent la moitié des membres des associations paysannes. Un succès à noter: les fermes les plus rentables sont souvent dirigées par des femmes ayant bénéficié de l’appui de nos partenaires.

Il faut maintenant poursuivre les efforts pour que ces réalisations soient durables. Formation agricole, participation démocratique, connaissance et défense de ses droits font partie du programme en cours pour les chefs paysans. On veut ainsi renforcer leurs capacités à améliorer les conditions de vie des familles paysannes de leur région.

S’unir, produire, assurer son avenir. Voilà plus qu’un slogan scandé par nos partenaires de la Sierra Leone. C’est un véritable projet de société. ❖

Par la formation, les jeunes filles prennent un nouveau départ.

Enregistrement d’une émission à la station Eastern Radio.

Les femmes africaines sont souvent responsables de l’alimentation familiale.

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La plupart des gens mettent l’accent sur le « développement » mais il est clair que le titre et le mandat de Développement et Paix, membre de Caritas Internationalis, portent tout autant sur la « paix ». Ma visite au Liban et en Israël, l’an dernier, m’a donné l’occasion d’observer, avec beaucoup de joie et de fierté, les fruits des nombreux projets pour la paix que soutient Dévelop-pement et Paix au Moyen-Orient. Le nom de l’organisation s’incarne profondément dans des gestes concrets pour construire la paix.

Une action courageuse pour construire la paix

Des dizaines de milliers de Palestiniens vivent confi-nés depuis vingt ans dans des camps de réfugiés au Liban où ils sont sans travail. On imagine la frustra-tion, l’humiliation et la colère. La situation entre eux est explosive. Un partenaire de Développement et Paix, Fadi Abi Allam, du Mouvement pour une paix permanente au Liban, a le courage d’animer dans les camps des ateliers et des séminaires sur le règlement des différends.

Pareille initiative pourra sembler peu de choses dans l’océan de la misère humaine des camps, mais

c’est un pas concret dans le sens de la non-violence et de la dignité humaine. C’est une étincelle d’espérance, et l’espé-rance est ce à quoi aspirent les Palestiniens et le monde. Fadi espère construire une Académie pour la paix au Liban : on y formera des personnes capables d’animer des séminaires sur le règlement des différends.

Dialogue entre de futurs leaders

J’ai vu aussi le travail du Village de l’Amitié, centre israélo-palestinien qui réunit des jeunes arabes chrétiens ou mu-sulmans et des jeunes juifs pour les faire vivre ensemble et dialoguer au sein de groupes de discussion. J’y ai rencontré Jonatan Peled et un groupe d’une vingtaine d’étudiants uni-versitaires israéliens et palestiniens, dont des membres de deux partis israéliens, le Kadima et le Likoud.

J’ai demandé à ces jeunes, garçons et filles, brillants et instruits, ce que cela représentait pour eux de se rencontrer et de se parler. Une jeune femme a tout de suite répondu :

« C’était bien de parler avec des Israéliens au lieu de parler d’eux. » Une autre a ajouté : «  Le seul fait de pouvoir m’ex-primer me donne le sentiment d’être gagnante. »

Mais tout n’était pas que nobles sentiments et courtoi-sie. Un jeune Palestinien a raconté avec fougue l’humilia-tion que représente le mur érigé à Jérusalem et l’ignominie d’avoir à traverser chaque jour les postes de contrôle dressés dans son quartier, simplement pour aller au travail ou pour visiter sa famille. À la fin de la rencontre, un Israélien est allé trouver ce jeune homme pour lui dire qu’il n’avait pas ima-giné la portée de l’humiliation.Sur le plan politique, Développement et Paix aide des étudiants universitaires palestiniens et israéliens à se rencon-trer et à partager ce qu’ils pensent et ce qu’ils ressentent. En-core là, il s’agit d’un effort limité mais c’est le genre de dialo-gue franc et ouvert qu’on ne voit guère pratiqué aujourd’hui par les chefs politiques. Ces futurs leaders seront, peut-être, mieux en mesure de guider leurs peuples vers la coexistence pacifique.

Un message pour le carême

Comme chrétiennes et chré-tiens, nous sommes appelés à porter au monde la paix de Dieu. Le Moyen-Orient est le lieu par excellence où célébrer la paix puisqu’il est le berceau du judaïsme et du christianisme et un centre de l’Islam. La paix au Moyen-Orient aurait des répercussions à l’échelle planétaire.

En célébrant l’Eucharistie à l’église du Saint Sépulcre à Jérusalem, j’ai été profondément ému par la force de la prière pour la paix et par celle du signe de la paix que nous échangeons avant la communion. Je pensais à Fadi et à Jona-tan. Développement et Paix travaille à construire la paix autant qu’à promouvoir le développement, en particulier au Moyen-Orient. ❖† Mgr Richard Grecco

MOYEN-ORIENT

Retour de mission pour Mgr Richard Grecco, évêque de Charlottetown

IRAK

Opter pour la paix

En Irak, la situation demeure instable et particulièrement violente pour les habi-tants de certaines régions. Ainsi en est-il de Kirkuk, au nord du pays, où les forces poli-

tiques en présence, liées à plusieurs communautés ethniques et religieuses, se disputent les richesses pétrolières du territoire.

Développement et Paix travaille depuis 2004 avec INSAN, un organisme de Kirkuk. Il appuie ses programmes d’aide d’urgence pour personnes dé-placées par la guerre et ses programmes de recons-truction sociale et économique.

Aujourd’hui, INSAN est une organisation bien établie et reconnue en Irak. Cette reconnaissance lui permet de faire valoir les besoins et les demandes des personnes déplacées auprès des autorités poli-tiques.

Par exemple, les comités de personnes déplacées de Kirkuk collaborent directement avec le gouver-nement sur des questions telles que le logement et l’accès à l’eau potable. INSAN plaide également pour que les autorités locales aient plus de moyens pour répondre aux besoins de la population des régions à haut risque.

Répondre aux besoins des plus pauvres est une priorité pour INSAN et la meilleure façon de pré-venir et de résoudre des conflits. ❖

«La paix au Moyen-Orient aurait des répercussions à l’échelle planétaire.»

Mgr Grecco et Paul Cliche, de Développement et Paix, visitent les projets de la région.

meTTre L’accenT Sur La Paix

INSAN est au service des personnes déplacées.

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ISRAËL/PALESTINE

Connaître l’autre

BANDE DE GAzA

Retrouver le sourire

Les enfants qui sont nés dans les Territoires palestiniens n’ont jamais connu la paix. En grandissant, ils ont vu la violence, la destruction de leur maison et, plus récemment, ils ont été les victimes innocentes d’une intervention militaire au coeur de

leur ville. De tels drames laissent des marques physiques mais aussi psycholo-

giques. Pour répondre à la détresse des enfants, Développement et Paix s’est associé avec Caritas Suisse et le Centre pour la promotion des jeunes (YEC) afin d’appuyer un programme d’aide psychologique dans la bande de Gaza. Deux centres ont été créés et offrent aux enfants la possibilité d’exprimer et de surmonter leurs traumatismes grâce à des activités comme le dessin, le théâtre et le sport.

L’objectif de ces centres est de permettre à quelque 4700 enfants de retrouver un état psychologique et émotionnel stable. Pour cela, des travailleurs spécialisés ont été formés. Ils viennent appuyer les familles, identifier les troubles des enfants et guider les parents pour qu’ils parti-cipent pleinement à la guérison de leurs jeunes. ❖

Les deux groupes opposés, les Palestiniens et les Israéliens, vivent depuis toujours avec le sentiment qu’ils n’ont personne avec qui parler dans l’autre camp. Je crois que ce programme, qui a réussi à transformer une réalité quotidienne

insoutenable en un dialogue honnête et ouvert, nous donne beaucoup d’espoir: la solution se trouve dans la reconnaissance

et le respect mutuels. On ne peut plus l’ignorer. Moi qui ai déjà participé à d’autres programmes sur l’identité, je

déclare que celui-ci est le meilleur. Itay Gomez, Parti Kadima, section des jeunes, activiste

J’aimerais vous remercier d’avoir été l’un des Palestiniens qui a participé à ce projet. J’ai été prisonnier pendant 25 ans,

j’ai participé à la première Intifada, mais après j’ai commencé à penser que nous pourrions défendre nos droits de manière

pacifique et en dialoguant avec la partie adverse. À la première réunion, je me trouvais dans une situation difficile au point de

vue psychologique. C’était très difficile pour moi, mais finalement cela m’a été très utile, beaucoup plus que je ne l’aurais cru. Je me

suis aperçu que j’avais changé, et que l’autre camp aussi avait changé car nous avions établi des relations sociales.

Ibrahem Mosalam, membre du Conseil du Fatah, ancien prisonnier

Développement et paix oeuvre au-près de Palestiniens et d’Israéliens. Son mandat, dans la région, est d’amener les groupes en conflit à établir des relations

basées sur la confiance et la compréhension mutuelle et ainsi, défendre les droits humains en Terre Sainte. Dans un climat d’ouverture à l’autre, de compréhen-sion et de reconnaissance des droits et des besoins de chacun, nos partenaires s’efforcent de transmettre les notions de solidarité et de respect.

Par exemple, les projets de l’ONG israélienne Vil-lage de l’Amitié sont axés sur l’éducation à la paix et au dialogue. Ils s’adressent aux étudiants, aux enseignants et aux activistes des organisations de jeunes, tant du côté israélien que palestinien.

Développement et Paix soutient notamment un dialogue interculturel et politique entre jeunes Israéliens et Palestiniens, qui s’adresse à 24 jeunes âgés de 20 à 35 ans en provenance d’horizons religieux et politiques divers. Une douzaine d’hommes et de femmes d’origine arabe et palestinienne ont ainsi l’oc-casion exceptionnelle de rencontrer et de dialoguer avec autant de jeunes Israéliens. Ensemble, en parta-geant librement émotions et réalités, ils recherchent des solutions qui construisent une paix durable.

Les témoignages des participants montrent que tous et toutes aspirent à reconnaître l’autre, à accep-ter ses différences, à respecter ses droits. Ces jeunes souhaitent mieux vivre ensemble. À la fin de ce pro-gramme d’échange, de dialogue et de formation, ils sont prêts à s’engager et à contribuer personnellement à l’instauration de la paix au sein de leurs communau-tés respectives. ❖

Le Liban est une terre riche d’his-toire, de peuples et de cultures appelés à coexister. Le travail de Développement et Paix dans

ce pays fait la promotion de la démocratie et d’une culture de dialogue et de respect des droits humains. Pour cela, un de nos partenaires, le Mouvement pour une paix durable (PPM), entreprend avec notre aide la création d’une Académie pour la paix.

Le PPM a vu le jour en 1986, au plus fort de la guerre civile. L’organisme a aidé à résoudre des conflits au moyen d’activités de sensibilisation, de sessions de médiation ou de témoignages d’anciens combattants. Il offre également des formations théma-tiques, notamment sur le contrôle des armes, le statut des enfants lors de conflits

armés, le rôle des femmes dans la résolution des conflits. L’organisme oeuvre aussi au rapprochement des jeunes et des cultures à travers les arts et des projets de solidarité qui démontrent que la popu-lation aspire à vivre de manière constructive et non violente.

L’Académie pour la paix est le fruit d’une longue réflexion au PPM. Cet institut à vocation ré-gionale s’adressera aux ci-toyens ordinaires comme aux membres des partis politiques. Il vise à doter la région d’un espace où apprendre comment prévenir et résoudre les conflits.

On souhaite aussi doter les organismes, les dirigeants politiques et les diplomates d’outils pour mieux gérer des situations

conflictuelles.Un mouvement d’appui

à l’Académie pour la paix s’est constitué depuis un an. Développement et Paix en fait partie. Son aide vise à cartographier l’ensemble des formations disponibles sur les enjeux de la construction de la paix. À partir de ces don-nées, l’Académie deviendra une référence pour tous ceux

et celles qui oeuvrent à la construction de la paix au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. ❖

LIBAN

Une académie pour la paix

Apprendre à vivre en paix, c’est le souhait des populations de la région.

meTTre L’accenT Sur La Paix

Par le dessin, les enfants se libèrent des images qui les hantent.

Autour d’un repas ou en pleine réunion,

être ensemble change notre vision

de l’autre.

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développement et paix | carême 2011 | 12

Un partenaire aux côtés des plus pauvres

MExIqUE

Développement et Paix soutient le projet Taratra avec la Conférence des évêques de Ma-dagascar. Un réseau de surveillance des activités liées à l’extraction minière dans le diocèse de Moramanga a été mis sur pied. Son attention se porte notamment sur une nouvelle mine de nickel gérée par des intérêts canadiens.

Le projet Taratra a facilité le dialogue entre les travailleurs locaux, la compagnie minière et l’inspecteur de travail. Les discussions ont por-té sur le non respect du repos hebdomadaire, le droit de congé, les frais de déplacement, l’attri-bution de tâches non conformes au contrat de travail, le non paiement des heures supplémen-taires, le licenciement abusif, la discrimination entre les employés locaux et étrangers (entre deux personnes exerçant la même fonction, l’écart salarial est considérable).

Mgr Gaetano Di Pierro, évêque de Mo-ramanga à Madagascar, ne met pas de temps à nommer les difficultés que les mineurs affrontent dans son pays.

Lui-même engagé dans le combat pour la promo-tion des droits des travailleurs des mines d’Amba-tovy, il dresse un portrait de la situation selon les doléances que la population concernée lui a adres-sées.

«Il y a un manque de transparence, les plaintes déposées par les ouvriers ne sont pas prises en compte. Un problème important concerne les com-pensations que doit verser l’entreprise minière aux personnes qui ont été expropriées de leur maison ou qui ont perdu leurs terres agricoles et leur gagne-pain. Enfin, nous sommes très préoccupés par les impacts sur l’environnement. La forêt primaire est détruite, les eaux fluviales sont polluées. Cela cause l’insatisfaction des villageois qui manquent d’eau potable et voient disparaître les poissons ainsi que d’autres ressources naturelles de leur habitat.»

Promotion du dialogue

«Nous avons mis en place, avec l’appui de Déve-loppement et Paix, le projet Taratra qui veut dire transparence pour une action de plaidoyer et de bonne gouvernance. Concrètement, cela signifie responsabi-

Des mineurs défendus par l’Église

MADAGASCAR

Le projet Taratra

liser les autorités locales et la société civile tout en collaborant avec elles. Notre action consiste à informer et à former la population en lui fai-sant connaître le code minier et en appuyant une gestion transparente des ressources provenant de l’extraction minière. Nous voulons multiplier les rencontres de dialogue entre l’entreprise et la po-pulation. Nous avons bien obtenu quelques résultats mais c’est loin d’être satisfaisant.»

Appel à la solidarité

« À vous, chrétiens, et à vous, hommes et femmes de bonne volonté du Canada, nous vous remercions et nous confions ce projet à votre engagement et à votre générosité. Nous demandons l’intercession de la Sainte Vierge, protectrice de Madagascar. En tra-vaillant ensemble, nous croyons que les entreprises minières étrangères présentes chez nous mèneront leurs opérations dans le respect des droits des mi-neurs et des populations locales, et qu’elles limite-ront leur impact sur l’intégrité de la création. » ❖

PromoTion eT DÉFenSe DeS DroiTS

Mgr Di Pierro,reçu par le pape Benoît XVI.

Que retenez-vous de cette expérience ?Teresa : J’ai appris à connaître mes droits car j’ai vécu l’injustice dans ma chair. Je me rends compte aujourd’hui qu’il y a beau-coup d’injustices dans notre pays. Tant de gens innocents sont encore en prison.Jacinta  : Avant, nous entendions parler d’injustices mais cela restait loin de nous. Aujourd’hui, face à l’injustice, je ne peux plus demeurer les bras croisés. alberta  : Cette longue absence m’a fait reconnaître l’impor-tance de ma famille. C’est ce que nous avons de plus important.

Quel a été l’apport du Centre Prodh ?alberta : En prison, nous n’avions per-sonne pour nous aider. Les institutions et  les avocats ne voulaient pas s’oc-cuper de notre dossier. C’est lorsque le Centre Prodh est arrivé pour nous appuyer que nous avons retrouvé l’es-poir.Teresa  : Tous les huit jours, un repré-sentant du Centre Prodh venait nous visiter. Se sentir accompagnées nous a donné du courage. Comme le Centre l’a fait pour nous, j’espère qu’il pourra en aider beaucoup d’autres.Jacinta : Je félicite le Centre Prodh car jamais il ne laisse tomber les dossiers

qu’il prend en charge. Je serai toujours reconnaissante. Pas seulement moi, toute ma famille aussi.

Entrevue avec trois femmes libres

Jacinta, lors d’une conférence de presse, insiste sur l’importance de faire triompher la justice.

Le Centre Miguel Agustín Pro Juárez (Prodh) a fait innocenter et obtenu la libération de trois femmes autochtones, Alberta, Teresa et Jacinta. Emprisonnées durant plus de

trois ans, elles avaient été condamnées à purger une peine de vingt ans pour avoir supposément séquestré six policiers. Ces accusations fantaisistes n’étaient que représailles pour avoir résisté aux tentatives d’intimidation et de chan-tage des forces de l’ordre.

Le Centre Prodh a dé-fendu les trois femmes et a démontré qu’elles avaient été victimes de violation de leurs droits fondamentaux et de plusieurs irrégularités judiciaires. Des éléments de preuve avaient même été inventés.

Ce cas est important pour nos partenaires car il illustre les injustices du système pénal mexicain dont sont victimes les populations marginalisées, c’est-à-dire les femmes, les pauvres et les autochtones. ❖

Pour fêter la libération des trois femmes, une messe a été célébrée, en présence des familles et de toute la communauté.

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Le long chemin vers la démocratie

Une nouvelle loi pour une nouvelle nation

«Plus que tout autre aspect de la vie moderne, nous avons ressenti l’ab-sence, au Timor Leste, d’un État de droit... N’importe qui dans les

forces armées, ou presque, pouvait en toute impu-nité commettre des exactions envers un civil... Nous voulons à tout prix instaurer un système de droit moderne basé sur le respect des droits humains.» Mgr Belo, archevêque de Dili, mars 2001.

Promulguer des lois est un des grands défis d’une nouvelle nation. Appuyées par Développement et Paix, des organisations féminines comme le Caucus des femmes et le regroupement FKSH* ont participé à l’élaboration d’une loi pour protéger les femmes et les enfants de la violence domestique.

Il est particulièrement important de protéger les droits des femmes au Timor Leste, car elles ont subi trop d’abus sous l’occupation indonésienne. «De nombreuses femmes sont devenues veuves à cause de cette violence. Elles ont vu leurs enfants être assassinés ou elles ont elles-mêmes été agressées sexuellement», dit Jess Agustin, chargé de pro-grammes à Développement et Paix.

Ce projet de loi a été discuté durant cinq ans avant d’être adopté. Des hommes politiques cé-lèbres, comme le premier ministre Xanana Gusmão et le président José Ramos-Horta, l’ont appuyé et sont apparus sur des affiches publicitaires coiffées du slogan Des hommes contre la violence à l’égard des femmes. La loi est si novatrice qu’elle inspire plu-sieurs pays de la région.

Sous l’impulsion de l’Église catholique, la loi porte aussi sur la réunification des familles et la pré-vention de la violence. «Les tribunaux suspendent les procédures pendant une période pouvant aller jusqu’à trois mois lorsque les personnes impliquées dans un cas de violence domestique acceptent de suivre une thérapie», dit Maria Paixão da Costa, vice-présidente du parlement du Timor Leste. Lorsque cela ne fonctionne pas, on offre une aide financière aux familles qui perdent leur soutien éco-nomique.

Le plus important est que la violence domestique soit désormais considérée comme un crime. Qui-conque en est témoin sait qu’il peut et doit agir. ❖

* Le sigle FKSH signifie Les femmes ont du pouvoir lorsqu’elles travaillent ensemble.

« Nous, le peuple majoritairement chrétien du Timor Leste, aimons envisager le chemin que nous avons emprunté vers la liberté comme le chemin de Jésus-Christ vers Pâques – vers la résurrection. C’est un chemin de croix, une expérience pascale dans son sens le plus profond : la vie à travers la mort, la consolation à travers la désolation, la liberté à travers l’oppression, la justice à travers l’impunité, la victoire à travers la défaite, l’espoir à travers le désespoir.»

Mgr Belo, Le chemin vers la liberté, 15 septembre 2000.

En 2002, après 500 ans de colonisation et d’occupation étrangère, d’abord par le Por-tugal puis par l’Indonésie, le Timor Leste a enfin obtenu son indépendance. L’Église

catholique protège depuis longtemps la culture timoraise et dénonce ouvertement les violations des droits humains. Dans les années 1990, avec l’appui d’alliés comme Développement et Paix, l’Église faisait déjà la promotion d’un développement axé sur les personnes.

Mgr Carlos ximenes Belo, premier évêque catholique à recevoir le prix Nobel de la Paix, a sévèrement condamné les violations des droits humains. Parce qu’il a eu le courage de prendre la parole, le monde entier a pu connaître la situation difficile des Timorais.

Pendant les années qui ont précédé le vote pour l’indépendance, tenu en 1999, Développement et Paix a appuyé le travail de Mgr Belo et de l’Égli-se catholique. C’est Développement et Paix qui a accueilli Mgr Belo au Canada en 1993 et qui l’a aidé à attirer l’attention de la communauté inter-nationale sur la situation de son pays.

Les premières initiatives de développement mises en œuvre par Développement et Paix au Timor Leste remontent à 1989. Deux de ces initia-tives, la Radio Timor Kmanek et la Commission dio-césaine Justice et Paix, sont encore des partenaires de Développement et Paix aujourd’hui.

Plus récemment, Développement et Paix a mis l’emphase sur le renfor-cement d’organisations féminines au Timor Leste afin d’aider les femmes qui ont été victimes d’oppression et d’exclusion tout au long de l’histoire de ce pays. En 2010, à l’occasion du premier voyage d’immersion fait par des membres de l’organisme au Timor Leste, Mgr Alberto Ricardo da Silva, évêque de Dili, a remis un certificat à Développement et Paix afin de le remercier de sa soli-darité et de son appui.

Le Timor Leste, une nouvelle nation remplie d’espoir, est aussi une société traditionnelle qui devra relever de nombreux défis à cause de son passé marqué par l’occupation, la violence et la colonisation. L’Église catholique timoraise joue un rôle très important dans l’édification d’une démocratie compatissante, selon l’expression de Mgr Belo. Grâce à Développement et Paix, les catho-liques canadiens ont la chance de pouvoir accompagner les Timorais «sur le nouveau chemin qui les conduira vers Pâques – vers la résurrection.»

«Nous avons subi de lourdes pertes sur le chemin de la liberté. Nous devons nous engager à lutter pour la vérité et la réconciliation, la justice et la paix. Nous devons cheminer dans l’espoir, en nous tournant vers l’avenir, afin de bâ-tir une démocratie compatissante. Tel sera notre chemin vers Pâques – vers la résurrection.» Mgr Belo ❖

«Aujourd’hui, grâce aux sessions de formation que nous avons suivies, j’ai un travail et tout va pour le mieux.» On sent les talents de leader de celui qui rend ce témoignage lorsqu’il nous parle des changements qui se sont produits dans sa vie

après qu’il ait participé au programme pour les jeunes de la Commission Justice et Paix ( JPC).

« Je connais mieux maintenant le rôle que je pourrais jouer dans la société. » Avant sa participation à ce programme du diocèse de Dili, l’enthousiasme qui anime ce jeune homme était canalisé vers la violence. Il était alors le chef d’un gang de jeunes impliqué dans les affrontements qui, en 2006, ont secoué le pays tout juste devenu indépendant.

Cette année-là, alors que les élections présidentielles s’organisaient, deux incidents distincts, en avril et en mai, ont provoqué une flambée de tensions entre les militaires et la police du Timor Leste. Le 28 avril, après quatre jour-nées de violences, cinq personnes ont été tuées, plus de 100 immeubles ont été détruits et 21 000 personnes ont fui Dili, la capitale. En mai, des gangs de jeunes rôdaient dans les rues, incendiant maisons et voitures.

Les jeunes du Timor Leste ont grandi dans un contexte où les lois étaient injustes ou mal appliquées et où il y avait peu de tribunaux. Sous la domination indonésienne, comme le soulignait Mgr Carlos Ximenes Belo, «n’importe qui dans les forces armées, ou presque, pouvait commettre en toute impunité des exactions envers un civil.»

Durant les vingt-quatre années de l’occupation indonésienne, la Commis-sion Justice et Paix, un partenaire de longue date de Développement et Paix, a répertorié de nombreux cas de violations des droits humains dont elle a défen-du les victimes. En 1999, après le vote pour l’indépendance, les milices armées ont détruit, par vengeance, les infrastructures du pays. La Commission a alors aidé Mgr Belo à promouvoir la paix entre les factions rivales.

Le travail de la Commission a servi de base à l’élaboration d’un programme innovateur de construction de la paix pour les seize gangs de jeunes qui ont participé aux violences de 2006. La Commission Justice et Paix a proposé des sessions de formation à ces jeunes sur la résolution pacifique des conflits et sur l’éducation civique. Aujourd’hui, les anciens membres de ces gangs rencontrent souvent la police et font tomber des barrières qui auparavant semblaient infranchissables. Un dialogue s’installe, un nouvel avenir apparaît possible. ❖

Mgr Ricardo da Silva du diocèse de Dili remet un certificat de reconnaissance à des membres de Développement et Paix alors en voyage d’immersion au Timor Leste.

Cet ancien chef de gang parle des changements qui se sont produits dans sa vie grâce au programme de la Commission Justice et Paix.

FenêTre Sur Le Timor LeSTe

Offrir un nouvel avenir aux jeunes des gangs de rue

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À l’origine des nombreuses tensions qui menacent la paix, il y a assurément les innombrables et injustes inégalités qui sont encore tragiquement présentes dans

le monde. Parmi elles, de manière particulièrement insidieuse, on trouve, d’une part, les inégalités dans l’accès aux biens essentiels, comme la nourriture, l’eau, un toit, la santé; d’autre part, les inégalités persistantes entre homme et femme dans l’exercice des droits humains fondamentaux .

Benoît XVI, Message pour la paix 2007

Par son appui à des groupes de paysans, à des coopé-ratives et à des syndicats dans les pays du Sud, Dé-veloppement et Paix doit bien reconnaître que les femmes sont les premières victimes de la misère et de l’injustice.

Trop souvent, les femmes sont réduites à lutter pour leur survie et se heurent à des rapports sociaux inégaux qui les excluent de toute participation. En temps de guerre ou de conflits, elles subissent une violence spécifique liée à leur sexe. Viols et mutila-tions sont devenus des armes de guerre.

On ne peut pas parler de démocratie sans la participation des femmes. Cette participation est conditionnelle au respect de leurs droits fonda-mentaux. C’est pourquoi Développement et Paix appuie des groupes qui s’emploient à amé-liorer les conditions de vie des femmes et à faire progresser leur autonomie. Elles deviennent ainsi moins vulnérables à la violence et peuvent prendre en main leur développement, celui de leur famille et de leur communauté. ❖

Libérer la justice

D’innombrables atrocités ont été commises lors des guerres successives que le Congo a vécues. Les pires ont été et demeurent l’utilisation de la violence sexuelle. Les femmes ont été massivement violées. Tous les groupes armés du Congo ont utilisé le viol comme arme de guerre.

Cela ne doit pas être tu et rester impuni, disent les femmes. Il faut que justice soit faite. C’est la lutte actuelle de la femme congolaise: que la vérité soit rétablie, que les coupables de ces crimes soient identifiés et punis.

Les femmes brisent le silence et lancent cet appel pressant à la solidarité afin que s’ouvre un procès sur le génocide silencieux des Congolaises. Il faut un Parlement des femmes, une enceinte où pourrait

se tenir le procès de la société congolaise. Les femmes veulent comprendre pourquoi leurs enfants ont été transfor-

més en monstres et sont devenus les bourreaux de leurs propres parents. Elles veulent comprendre pourquoi les hommes, leurs frères, leurs fils et leurs maris, ont été capables d’une telle cruauté. Mais elles veulent aussi clamer l’échec d’une société minée par la violence. Le Congo à reconstruire doit se dépouiller de ses vieux démons de l’impunité, de la corruption et de la violence. Tout ceci est question de justice. Les femmes de la République démocratique du Congo prennent l’initiative. Elles invitent l’humanité à se joindre à leur lutte.

Sœur Marie Bernard Alimasecrétaire générale, Commission Justice et Paix

Les femmes sont les premières victimes

de la misère et des injustices.

La République démocratique du Congo est dotée de richesses fabuleuses (eau, sols fertiles, forêt, hydroélectricité, or, diamants, cuivre, métaux utilisés dans les nouvelles technologies, etc.). Mais la majorité de la population ne tire aucun profit des richesses naturelles du pays.

Résultats: 71% de la population vit avec moins d’un dollar par jour, les jeunes gé-nérations sont moins scolarisées que les plus anciennes, des maladies autrefois contrô-lées réapparaissent, les militaires qui sont à peine payés volent les récoltes des paysans, les populations rurales manquent de produits de première nécessité.

Pire encore, les différents conflits pour le contrôle des ressources naturelles en-traînent un déchaînement de la violence envers les femmes. Différents rapports et enquêtes des Nations unies ont mis en évidence que le viol est devenu une arme de guerre. Ces crimes, barbares, sont commis non seulement par les groupes rebelles mais aussi par les forces armées congolaises, pourtant censées protéger le pays et ses citoyens.

Pour sortir de cette crise, il faut mettre fin à l’impunité des criminels. Il faut égale-ment inviter les populations victimes de violence à entrer dans un difficile processus de réconciliation.

Aussi, Développement et Paix appuie-t-il un projet de réconciliation par la re-construction et la relance des activités de production des communautés qui habitent au Sud-Kivu, une région meurtrie par des conflits sans fin. Ce projet vise, par des activités d’alphabétisation et de formation professionnelle, la réintégration dans leur milieu des femmes victimes de violence sexuelle et des jeunes combattants. Un pro-gramme de microcrédit et un autre pour la réparation des routes de campagne sont aussi mis en place. En même temps, Développement et Paix appuie des radios communautaires qui permettent aux communautés locales de prendre la parole, de discuter de leurs problèmes et de chercher ensemble des solutions. ❖

RéPUBLIqUE DéMOCRATIqUE DU CONGO

En finir avec les violences sexuelles

DÉveLoPPemenT au FÉminin

Des femmes et des droits

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DÉveLoPPemenT au FÉminin

À la fin des années 1990, la plupart des femmes regroupées par le Cercle d’autopromotion pour le développement durable (CADD) étaient anal-phabètes. Plusieurs subsistaient grâce aux maigres revenus que leur rapportaient leurs étalages aux abords de rues.

Elles ont décidé de mettre en commun et de faire fructifier leurs épargnes personnelles. La coopérative d’épargne et de crédit qu’elles ont bâtie gère au-jourd’hui des prêts de 300 000 $ chaque année. Le prêt moyen accordé pour les projets des femmes est de 200 $.

Cela fait plus de dix ans que Développement et Paix soutient au Bénin le CADD. L’organisme regroupe maintenant 3000 femmes réparties dans 68 groupes de base et 27 coopératives d’épargne et de crédit. Avec ses petits prêts, le CADD contribue directement aux conditions de vie de 25 000 personnes.

Ces femmes gèrent elles-mêmes leur crédit. Leur activité principale demeure le petit commerce mais on leur doit aussi la création de dizaines de micro- entreprises. Plusieurs ont pu réaliser des investissements importants comme l’achat de petits terrains, la construction de maisons, le branchement aux ser-vices d’eau et d’électricité, le paiement des frais de scolarité de leurs enfants ou l’obtention d’un taxi-moto.

Il faut aussi noter que la contribution des femmes aux revenus et dépenses des ménages augmente, ce qui stabilise le pouvoir d’achat des familles malgré le niveau relativement faible des salaires qu’obtiennent les maris.

«Nous n’attendons pas nos maris avant d’engager les dépenses de santé et d’éducation. Même aux yeux des enfants, leurs mères, devenues autonomes,

sont aujourd’hui une ressource avec qui trouver des solutions à leurs problèmes. C’est grâce au CADD que nos enfants vont à l’école. Nous sommes sûres qu’ils ne deviendront pas des délinquants», lance une res-ponsable.

«J’ai amélioré la situation de mon mari, je suis devenue plus indépen-dante qu’avant. Mon mari m’accorde plus de considération maintenant», dit une participante.

Les femmes membres du CADD ainsi que leurs familles ont adhéré à une mutuelle de santé et se soignent mieux que par le passé. Elles ont aussi mis en place un système de cotisations afin de se soutenir et de s’entraider lors d’événements heureux ou mal-heureux comme les décès, naissances, baptêmes, mariages et anniversaires. Aujourd’hui, plusieurs enfants des

membres du CADD accèdent sans difficultés aux études grâce à un service de distribution de fournitures scolaires.

Le CADD compte parmi ses membres plusieurs femmes qui ont été élues conseillères municipales. L’organisme propose des ateliers sur le rôle des élus et des mouvements dans la mise en œuvre de projets de développement pour les plus démunis. ❖

«J’ai amélioré la situation de mon mari, je suis devenue plus indépendante qu’avant. Mon mari m’accorde plus de considération maintenant.»

BéNIN

La nouvelle vie des femmes

Dix ans d’actions au Bénin ont changé la vie des femmes.

Le CADD contribue

directement à l’amélioration des conditions

de vie de 25 000 personnes.

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PARAGUAY

Un nouveau droit

En février 2010, le Congrès paraguayen a finalement adopté la Loi orga-nique municipale 3966, tant attendue par la société civile. Cette loi en remplace une autre qui datait du temps de la dictature et qui était bien mal adaptée à la vie démocratique que connaît le pays aujourd’hui.

La nouvelle loi municipale reconnaît officiellement l’existence des organi-sations communautaires et citoyennes. Elle prévoit des mécanismes de partici-pation et d’accès à l’information. Dès 2004, Decidamos (Décidons), un parte-naire de développement et paix, avait mené campagne pour que les élus du Congrès et du Sénat votent en faveur de cette loi.

Depuis son approbation, l’organisme en a distribué des milliers d’exem-plaires. Decidamos s’avoue même surpris par toutes les demandes de formation qu’il reçoit de partis politiques, de fonctionnaires municipaux, de comités de citoyens et d’organisations sociales.

Il est émouvant d’être témoin d’un tel engouement pour la démocratie et la participation citoyenne dans ce pays où la population a été si longtemps privée de sa liberté. ❖

HONDURAS

Faire la lumière sur un coup d’État

Au lendemain du coup d’État de juin 2009, le Honduras ne semble pas sorti de la crise. Une Commission de la vérité et de la réconciliation a bien été créée par le

gouvernement hondurien afin de faire la lumière sur cet événement mais aussi pour enquêter sur les agissements de l’ancien président Manuel Zelaya. Cette commission n’est pas reconnue par la société civile. Les groupes qui la composent, dont des partenaires de développement et paix, y voient une stratégie politique pour chercher à légitimer le coup d’État.

La Plateforme de la société civile pour les droits humains au Honduras a donc décidé de créer sa propre Commission de la vérité dont les travaux ont été inaugurés le 28 juin 2010. Cette commission est composée de dix experts internationaux en droits humains, dont Elsie Monge, directrice de la Com-mission œcuménique des droits humains d’Équateur. développement et paix a favorisé le démarrage des activités de cette commission.

Le rapport que cette commission populaire pro-duira cette année fera la lumière sur cette triste page de l’histoire du Honduras. Pour les 7,8 millions d’habitant du pays, la connaissance des faits est essentielle pour assurer l’avenir de leur démocratie et retrouver la confiance en leurs institutions poli-tiques. ❖

GUINéE

Pour des élections pacifiques

«Ne nous tuons pas entre nous», lancait Mgr Vincent Coulibaly, archevêque de Conakry, la ca-pitale de la Guinée.

Pour qu’un évêque lance une telle affirmation, c’est que l’heure était grave. Le pays vivait sa toute première élection présidentielle dite démocratique depuis l’indépendance en 1958. Aucun militaire n’était candidat. La tension était pourtant à son comble dans ce pays bloqué et appauvri par une tran-sition politique qui s’éternise depuis trois ans.

Les affrontements ethniques se polarisaient. Chacune des deux grandes ethnies du pays s’alignait derrière un des deux partis en lice. La guerre civile semblait imminente Mais des voix, dont celles des chefs religieux, se sont fait entendre. «Il est temps de nous ressaisir», avait lancé, dans un souffle pro-phétique, l’archevêque. «Reconnaissons en chaque Guinéen, dans la diversité des ethnies, des langues, des régions et des religions, une pierre vivante indis-pensable à la construction harmonieuse de la Gui-née.»

Un message semblable avait été envoyé aux fi-dèles musulmans, majoritaires dans le pays, et pro-testants. Évêques, pasteurs et imams ont pris part

au programme Chefs religieux de Guinée ensemble pour la paix, un projet interconfessionnel ap-puyé financièrement par déve-loppement et paix.

Une campagne médiatique, des journées de prière et des ap-pels aux fidèles faisaient partie des moyens retenus pour apaiser et recentrer cette période élec-torale devenue mouvementée et conflictuelle. Les élections ne

sont qu’une première étape vers la démocratisation du pays, insistaient les leaders religieux. «Puissions-nous comprendre que le système démocratique n’advient pas tout simplement par la création de nouvelles structures, mais bien par la recréation de la structure de notre mentalité, de tout notre être», rappellait Mgr Vincent Coulibaly.

Les appels des défenseurs de la paix et de la non violence ont été entendus en Guinée. Le premier président élu démocratiquement a pu prendre ses fonctions sans devoir affronter une nouvelle, et redoutée, guerre civile. ❖

« Reconnaissons en chaque Guinéen une pierre vivante indispensable à la construction harmonieuse du pays. »

ParTiciPaTion ciToyenne

Au Guatémala, la violence faite aux femmes et aux jeunes filles est sans

doute la violation des droits humains la plus répandue.

«Une véritable épidémie», disent les partenaires de Développement et Paix.

Le Service de formation technique et éducative (Sercate) est d’avis que l’on ne peut promouvoir le développement sans chercher à éradiquer la

violence faite aux femmes. C’est pourquoi son travail dans la région côtière au sud du pays est si important. L’organisme a donné de la formation à plus de mille femmes sur leurs droits, sur l’estime de soi et sur les recours à leur portée en cas de violence conjugale. Il a aussi organisé plusieurs émissions radiophoniques éducatives à ce sujet et a accompagné le travail de trente promoteurs de masculinité qui examinent la question de la violence familiale avec des hommes. Sercate a aussi formé des membres de comités municipaux, des professeurs et leurs élèves sur la violence faite aux femmes et aux enfants ainsi que sur les droits humains et les obligations légales qui en découlent. ❖

GUATéMALA

Hommes et femmes unis contre la violence

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Les élections tenues au Burundi revêtaient une importance particulière pour Développement et Paix et ses partenaires. Il s’agit du premier scrutin depuis la signature des accords de paix dans ce pays. Son bon déroulement était vital pour préserver la paix.

C’est dans une grande salle de Bujumbura, la capitale du Burundi, et devant un auditoire attentif que l’archevêque Évariste Ngoyagoye et le militant des droits humains Jean-Marie Vianney Kavumbagu ont présenté leurs observations sur les avancées et les bavures du processus électoral en cours dans ce petit pays d’Afrique. Les dirigeants de la Commission épiscopale Justice et Paix (CÉJP) et de la Coalition de la société civile pour le monitoring électoral (Cosome) sont des partenaires de Développement et Paix.

Le Burundi, qui compte huit millions d’habitants, émerge d’une longue guerre qui a duré quinze ans et qui a fait 300 000 morts. Les élections de l’été 2010 étaient particulièrement importantes pour le pays, ont toujours estimé la CÉJP et la Cosome. S’y préparant depuis longtemps, les deux organismes ont répété que si les élections se déroulaient pacifiquement, elles marqueraient la fin symbolique de la guerre et le refus de recourir aux armes dès que la situation politique est le moindrement tendue.

Aussi les deux organismes ont-ils veillé à déployer des observateurs dans cha-cun des 6969 bureaux de vote du pays. Leur travail: demeurer constamment sur place et noter tous les événements qui pourraient avoir des conséquences sur le bon déroulement du scrutin.

Au terme d’une longue journée de vote – les bureaux sont accessibles dès 6 h – et du comptage des bulletins, chacun des 6800 observateurs devaient soumettre un rapport détaillé. Pas étonnant que les rapports de la CÉJP et de la Cosome, deux partenaires de Développement et Paix, aient été attendus et écoutés avec attention.

En juin dernier, des bombes ont explosé devant des cafés et bars de la capitale, des opposants ont été arrêtés, des chefs politiques ont même invité les gens à ne pas sortir le jour des élections présidentielles.

Mais cela n’a pas empêché quelque 2,7 millions de Burun-dais – 77 % des inscrits – de se présenter derrière un isoloir. Ils ont exercé leur droit de vote, bien sûr, mais ils ont aussi in-diqué que le pays devait passer à une autre étape de son déve-loppement. Et que cela ne se ferait pas sans sa population. ❖

Voter pour la première foisAu Centre Jeunes Kamenge, on a organisé des ateliers pour les jeunes qui vont voter pour la toute première fois de leur vie. « Nous avons le droit et la possibilité de nous exprimer, de choisir le ou les candidats qui gèreront pour nous le pays dans les années à venir. Sortez de vos têtes les “ça ne sert à rien de voter”,

“il n’y a aucun candidat honnête”, “ces élections seront truquées”. Saisissez-vous de votre droit de vote pour orienter les chemins que prendra le Burundi dans les mois et années à venir », lance Claire, une animatrice du Centre.

On a aussi distribué un Petit manuel de l’électeur et L’ABC de la politique, question d’expliquer le fonctionnement d’une élection honnête, à quoi ressemble un bulletin de vote et un bureau de votation. On veille ensuite à ce que les jeunes se procurent la carte nationale d’identité, une pièce essentielle si l’on veut exercer son droit de vote. Malgré les menaces, la violence et la peur, beaucoup de jeunes Burundais ont fait entendre leurs voix durant l’été 2010.

Dans cette salle de classe du nord du Burundi, on s’affaire à compter les votes du premier scrutin présidentiel depuis la fin de la guerre.

Des citoyens ont supervisé tout le

processus électoral.

Bilan électoral«Nous estimons que les élections présidentielles de ce 28 juin 2010 se sont bien déroulées dans l’ensemble», a déclaré Mgr Évariste Ngoyagoye, l’archevêque de Bujumbura. Il a mentionné que le scrutin avait toutefois connu des ratés. Il a dénoncé notamment des cas de «distribution d’argent pour inciter la population à aller voter», ainsi que la présence, dans une province, de membres armés des forces de sécurité.

ÉLecTionS au BurunDi

Des observateurs au service de la démocratie

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SecourS D’urGence

Aucun répit. Durant cette dernière année, pas un mois ne s’est écoulé sans qu’une aide d’urgence ne soit demandée à Développement et Paix. Certaines catastrophes ou conflits ont certes marqué nos esprits. D’autres, moins visibles dans les médias, ont tout autant requis la mobilisation des organisations catholiques membres du réseau

Caritas Internationalis, dont Développement et Paix est le représentant canadien.Face aux tragédies humaines, Développement et Paix ne peut demeurer indifférent.

Aussi, l’organisme réserve-t-il chaque année 10% de la collecte Carême de partage aux urgences. Votre solidarité aura, cette année encore, sauvé bien des vies et assuré la reconstruction de

communautés brisées. Ci-dessous, une liste non exhaustive des appels à l’aide reçus.

Une année d’urgences

En 2009-2010, DéVELOPPEMENT ET PAIx a versé près de 9 millions de dollars pour des secours d’urgence. Cette somme comprend les 10 % réservés, en plus de l’aide reçue de la population pour des urgences spécifiques. Soixante-six secours et programmes spéciaux ont été appuyés.

AFGHANiSTAN Aide post-sécheresse et préparation pour l’hiver 50 000 $

CHiLiReconstruction après le tremblement de terre et le tsunami 125 000 $

GUATÉMALAAide aux communautés autochtones après la tempête tropicale Agathe50 000 $

HAïTi Aide d’urgence après le tremblement de terre voir page suivante

iNDEInondations dans les États de Karnataka et d’Andhra Pradesh50 000 $

RÉPUBLiqUE DÉMOCRATiqUE DU CONGO Aide aux victimes des violences au Sud-Kivu et dans la Province Orientale 700 000 $

iNDONÉSiE Tremblement de terre à Sumatra 150 000 $

TERRiTOiRES PALESTiNiENSAppui psychosocial pour les enfants de la bande de Gaza65 000 $

PAkiSTAN Inondations dans le nord du paysvoir page suivante

PHiLiPPiNESReconstruction après le passage du typhon Ketsana 350 000 $

ZiMBABwEAide alimentaire pour les ménages vulnérables 14 539 $

NiGERSecours aux populations victimes de l’insécurité alimentaire 100 000 $

EL SALVADORAide aux victimes des inondations50 000 $

ÉTHiOPiESécheresse et aide alimentaire50 000 $

SOMALiESécheresse au Somaliland50 000 $

TCHADAide aux réfugiés du Soudan et aux populations environnantes50 000 $

SOUDANAide en soins de santé et en nutrition dans les camps de personnes déplacées au Darfour 1 200 000 $

CAMBODGESecours aux victimes du typhon Ketsana 50 000 $

SRi LANkARetour des déplacés internes affectés par la guerre300 000 $Aide aux victimes des Inondations de mai30 000 $

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Depuis le terrible tremblement de terre qui a dévasté Haïti le 12 jan-vier 2010, d’autres drames, dont une épidémie de choléra et le pas-sage de l’ouragan Tomas, se sont abattus sur la population.

«Nous devons croire qu’un avenir meilleur est possible. Nous ne pouvons pas être défaitistes ou pessimistes, sinon personne ne voudra travailler pour une société meilleure, et la population baissera tout simplement les bras», dit Ridana Cornet, agente de communication et de coopération à Caritas Haïti.

L’expression «baisser les bras» ne fait pas partie du vocabulaire des par-tenaires de Développement et Paix en Haïti. Même si beaucoup d’entre eux ont aussi perdu des proches à cause du tremblement de terre, ils ont été les premiers à venir en aide aux victimes. Grâce au financement de Développe-ment et Paix, des organisations locales telles que Caritas Haïti et l’Institut de technologie et d’animation (ITECA) ont pu distribuer des produits de première nécessité.

Dès que cela fut possible, Développement et Paix et ses partenaires ont voulu mettre en marche la reconstruction. Mais en Haïti – le pays le plus pauvre des Amériques –, les discussions sur la reconstruction ont rapidement cédé la place à une réflexion sur l’avenir du pays. La reconstruction représente une bonne occasion de promouvoir le changement social et d’entreprendre un développement durable, afin que, des décombres, puisse émerger une société plus juste.

En Haïti, Développement et Paix travaille aux côtés de la population locale. Avec des partenaires tels que le Mouvement paysan Papaye, il distri-bue des semences aux paysans. Ces derniers ont généreusement accueilli des familles déplacées. Ils ont nourri ces sinistrés en sacrifiant leur maigre réserve de semences.

Le programme de reconstruction de Développement et Paix, doté d’un budget de 20 millions de dollars, durera au moins cinq ans. ❖

Reconstruire ma maison

Célina Tessier, 75 ans, est fièrement campée sur un petit lopin de terre rouge. Cette terre semble aride, mais Célina imagine déjà la nouvelle maison

de pierre qui y sera bientôt construite. Célina fait partie de la centaine de personnes du petit village isolé de Ti Boucan qui participent au projet pilote de construction de maisons mis en œuvre par ITECA et Développement et Paix.

Quatre modèles de maisons antisismiques ont été conçus par les membres de la communauté à partir de matériaux locaux. Avec l’aide des ingénieurs d’ITECA, les participants travaillent en groupes de dix et s’entraident pour bâtir leurs nouvelles maisons. Lorsque le projet pilote sera terminé, ITECA souhaite élargir ce projet aux 1700 membres de cette communauté.

Sans ce programme, Célina aurait probablement été oubliée dans la reconstruction d’Haïti. Il aurait été presque impossible pour elle de se faire construire une nouvelle maison. Grâce à ITECA, elle a déjà commencé à trouver les pierres qui serviront pour sa nouvelle résidence. L’entraide au sein de cette communauté est la meilleure garantie que Célina et des centaines d’autres personnes vulnérables ne resteront pas dans la rue. ❖

Deux caTaSTroPHeS meurTrièreS

HAÏTI

Nous ne baisserons jamais les bras

Les pluies du mois de juillet au Pakistan ne ressemblaient à aucune de celles que le pays avait connues depuis les 80 dernières années. Les eaux de l’Indus ont grossi très rapide-

ment. Elles ont inondé les berges. Des crues subites ont balayé des villages entiers, dépossédant les gens de tous leurs biens.

Cela a plongé le pays dans une crise humanitaire sans précédent. On estime qu’un cinquième du ter-ritoire pakistanais a été affecté par les inondations. De plus, 20 millions de personnes ont été déplacées à cause de cette catastrophe et près de deux millions de maisons ont été partiellement ou entièrement détruites.

Une fois de plus, Développement et Paix a pu compter sur la générosité des Canadiens, venus en aide aux plus vulnérables. Une somme de sept millions de dollars a rapidement été recueillie afin d’aider les victimes des inondations. Cette somme comprend deux millions de dollars fournis par l’Agence canadienne de développement interna-tional (ACDI) pour une aide agricole immédiate à 6800 familles (55 000 personnes) dans les provinces du Sindh et du Balouchistan. Une somme de 1,26 million de dollars, fournie par la Banque de céréales vivrières du Canada, a permis à 7142 familles du dis-trict de Malakand d’obtenir, durant trois mois, des denrées alimentaires.

Développement et Paix travaille avec Caritas Pakistan. Jusqu’à présent, les membres de Caritas Internationalis ont fourni une aide immé-diate à 500 000 Pakistanais, distribué des biens de première nécessité comme des tentes, des trousses d’hygiène, des matériaux de construction, des pa-niers alimentaires et prodigué des soins médicaux aux victimes. ❖

PAKISTAN

Le déluge de juillet 2010

Jour fatidique

Khursheed Bibi, 60 ans, se souvient du jour fatidique où sa vie a soudai-nement basculé. «Il a commencé à pleuvoir très fort. Nous sommes tous restés à la maison en pensant que nous étions en sécurité, mais en fait nous ne l’étions pas.» Sa maison de trois pièces, bâtie sur un

terrain argileux, s’est effondrée. Elle et son mari se sont retrouvés emprisonnés sous le toit et les murs qui s’étaient effondrés.

 «Je n’ai pas eu le temps de partir. Des briques sont tombées sur mon bras qui s’est cassé. Mais ce que j’ai perdu de plus précieux a été ma petite-fille âgée de 14 ans, Shama, qui est décédée des suites d’une blessure à la tête», raconte Khursheed.

Ce jour-là, elle est allée au camp de Caritas Pakistan pour demander des den-rées de base. Elle avait perdu presque tous ses biens. Elle a reçu un colis alimen-taire contenant de l’huile, de la farine de blé, du sucre, des légumes secs, du lait en poudre, du thé, des piments rouges, du sel, de l’eau en bouteille, du savon corporel et un grand seau avec un couvercle. Cette aide lui a permis d’utiliser son argent pour réparer sa maison. ❖

Les victimes des inondations ont pu trouver de l’aide dans les camps mis en place par Caritas Pakistan.

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Entrevue avec le cardinal Jean-Claude Turcotte, archevêque de Montréal

Q: Monsieur le Cardinal, la pauvreté est bien pré-sente ici au Canada. Selon vous, est-il toujours per-tinent de donner aux populations du Sud?

R: La pauvreté est un phénomène mondial. Bien sûr, nous avons des pauvres dans notre pays. Oui, nous côtoyons beaucoup de pauvreté localement. Mais cela ne doit pas nous empêcher de penser à ceux et celles qui sont au Sud.

Pensons à ceci. L’Amérique est le seul continent qui ait été colonisé uniquement par des nations chrétiennes. Et pourtant, nous avons donné nais-sance aux plus grandes disparités entre le Nord et le Sud. Cela me fait réfléchir énormément. Oui, il faut s’occuper de la pauvreté ici, mais aussi de la pauvreté au Sud, parce que nous habitons un seul et même continent.

Q: Aujourd’hui nous assistons à une lutte pour le contrôle des ressources naturelles, de l’eau ou des terres agricoles, alors qu’un million de personnes dans le monde n’a pas de quoi se nourrir. Com-ment lire cette situation au regard des Évangiles?

R: L’Évangile nous a parlé de la mondialisation avant tout le monde. Ce n’étaient pas les termes qu’on employait alors. Mais la présentation que le Christ nous a faite, la façon dont il nous expliquait que nous étions tous les enfants d’un même Père, que nous étions des frères et des sœurs en Jésus-Christ, c’était une invitation à reconnaître que les ressources de la terre ont été mises à la disposition, non pas d’un peuple particulier, mais de l’humani-té entière. La terre a été confiée à tous les humains.

Il y a des inégalités sur cette terre. Les climats sont différents, l’eau n’est pas répartie de la même façon, les richesses naturelles sont davantage pré-sentes chez certains que chez d’autres. Mais c’est toute la création qui doit être au service de l’hu-manité.

Un des grands péchés de notre monde, c’est l’égoïsme. Il y a l’égoïsme des nations et celui des puissants qui veulent s’emparer de toutes les ri-chesses. Ils mènent une vie de spectacle, de luxe, alors que tant des gens meurent de faim. Cela va à l’encontre de l’Évangile qui nous a appris à accorder une attention toute particulière aux plus pauvres, aux laissés pour compte, à tous ces gens qui ont de la misère à sortir de la misère.

Développement et Paix sait cela. Quand l’organisme a été fondé au lendemain du concile Vatican II, on a alors compris que la paix ne peut se faire sans le développement. Le développement, c’est le partage entre les nations des connaissances, des techniques et des richesses.

C’est pourquoi il faut encourager un mouvement comme Développement et Paix qui cherche avec les gens sur place quelles sont les meilleures solutions. Qui travaille avec eux pour résoudre leurs problèmes et non pas leur imposer nos solutions, nos techniques, nos systèmes économiques.

Q: Face à ces nombreuses injustices, quels sont les devoirs et les responsabilités de la famille chrétienne, tout particulièrement dans ce temps du carême?

R: On ne peut pas se dire chrétien si on n’a pas une attention toute privilégiée pour les plus délaissés, sinon c’est une fausse conception de la religion. Le christianisme nous a apporté cette vision, à la fois vers Dieu, mais aussi vers nos frères et nos soeurs.

J’aime bien employer l’image de la croix qui a deux branches. Une branche verticale, qui monte vers Dieu. Et une branche horizontale, qui va vers nos frères et sœurs. On ne peut pas se dire chrétien si on n’a pas le souci d’aider ceux et celles qui sont mal pris, qu’ils soient proches ou qu’ils soient loin de nous.

C’est quand même étonnant et questionnant de savoir que les pays les plus riches sont souvent ceux de vieille tradition chrétienne. Moi, cela me questionne énormément sur notre compréhension même du devoir évangélique.

Le carême est une grande période de réflexion où l’on doit se remettre en question, revérifier nos orientations et refaire le chemin pour voir si nous sommes vraiment dans la bonne direction. On ne peut pas accomplir cela sans penser à aider ceux et celles qui sont dans le besoin. C’est pourquoi j’ai personnellement toujours appuyé et j’encourage encore les gens à participer à la campagne Carême de partage. C’est une condition, essentielle selon moi, pour vivre véritablement la foi qui est la nôtre, manifester notre amour de Jésus et être témoin de l’esprit de l’Évangile. ❖

Propos recueillis par François Gloutnay et Ryan Worms.

«On ne peut pas se dire chrétien si on n’a pas le souci d’aider ceux et celles qui sont mal pris»

RÉPARTiTiON DES DÉPENSES 2009-2010

RÉPARTiTiON DE NOTRE APPUi AUx PARTENAiRES DU SUD

RÉPARTiTiON DES ACTiViTÉS APPUyÉES AU SUD

28 | développement et paix | carême 2011

Programmes internationaux, bilatéraux et secours d’urgence76 %

Amérique latine24 %

Secours d’urgence41 %

Asie9 %

International1 %

Gouvernance et administration 9 %

Secours d’urgence34 %

Renforcement des mouvements sociaux à la base 20 %

Autonomisation des femmes et des groupes de femmes 9 %

Environnement 2 %

Promotion de modèles alternatifs de développement11 %

Résolution de conflits et construction de la paix7 %

Démocratisation et participation citoyenne 17 %

Afrique18 %

Moyen-Orient7 %

Promotion 5 %

Éducation à la solidarité internationale

10%

ProPoS

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1 888 234-8533 www.devp.org

Donnez généreusementD

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