32
Le Magazine N°97 Décembre 2005 ——————————— www.aide-et-action.org >>Tsunami, 1 an après : les populations agissent pour leur avenir >>Situations de crises : les devoirs du monde associatif >>Tsunami, 1 an après : les populations agissent pour leur avenir >>Situations de crises : les devoirs du monde associatif >>> Dossier L’éducation et les crises >>> Dossier L’éducation et les crises

Magazine 97 · 2019. 4. 20. · Le Magazine N°97 Décembre 2005 ... Serge-Pascal Houndjahoue:Il s’agissait de formaliser le réseau, d’élaborer une charte des bénévoles et

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

  • Le Magazine N°97Décembre 2005———————————www.aide-et-action.org

    >> Tsunami, 1 an après :les populations agissent pour leur avenir

    >> Situations de crises :les devoirs du monde associatif

    >> Tsunami, 1 an après :les populations agissent pour leur avenir

    >> Situations de crises :les devoirs du monde associatif

    >>> DossierL’éducation et les crises>>> DossierL’éducation et les crises

  • SommaireEngagement citoyen 4-6

    Le mouvement pour l’éducationLa solidarité se décline

    >>> DossierImpact des crises sur l’éducation 8-10

    Situations d’urgence : nourrir, soigner… éduquer !

    Crises : les devoirs du monde associatif 11-14Obligation de moyens, de résultats : quels sont les devoirs du monde associatif ?

    Tsunami : 1 an après… 15-19Des ruines au développement : reconstruction des hommes

    Crises sanitaires 20-21Sida : l’éducation, vecteur indispensable de la prévention

    Crises alimentaires 22-24Niger, Burkina Faso : que peut l’éducation face à la crise alimentaire ?

    Catastrophe naturelle 25Haïti : le cyclone Jeanne, 1 an après

    Crises politiques et citoyenneté 26-2840 ans de conflits en Afrique : l’éducation oubliée

    Écho des médias 29Médias : « tsunamisation de l’information »

    Actus 30

    Courrier des lecteurs 31

    2

    Bientôt 25 ans au service de l’éducation !

    Créée en 1981 par Pierre-Bernard Le Bas, Aide

    et Action soufflera bientôt ses 25 bougies. L’he

    ure du bilan

    n’est pas encore venue.Plus d’un milliard d’exc

    lus d’une éducation dequalité, dont 104 million

    s d’enfants

    sans aucun accès à l’école primaire, nous rappe

    llent chaque jour l’ampleur de notre mission ! M

    ission discrète,

    souvent ingrate, loin des actualités brûlantes et

    du feu des médias, mais mission oh combien im

    portante,

    comme en témoignent votre soutien et votre en

    gagement à nos côtés.

    Un an après le tsunamien Asie du Sud, ce num

    éro est consacré aux crises et aux situations d’u

    rgence,

    auxquelles nos équipeset nos partenaires sont

    confrontés sur tous les continents !

    Les résolutions issues des États Généraux ont c

    onfirmé la légitimité d’intervention d’Aide et A

    ction

    dans ces contextes. Nous vous devions ce dossi

    er spécial. Mais nous n’oublions pas que c’est p

    ar sa constance

    et sa durée que votre appui compte le plus.

    La participation de tousest l’une des forces maj

    eures de l’association et 2006 sera pour les équ

    ipes

    d’Aide et Action l’occasion de venir vers vous p

    our dresser ensemble un bilan des dernières an

    nées

    et imaginer les années àvenir !

    Dans l’attente de ces rencontres, la rédaction d

    u magazine vous souhaite à tous d’excellentes f

    êtes

    et une très bonne année 2006 !

    Lettre ouverte

    Photo de couverture : A & A Rwanda.

    L’Afrique met l’éducation à l’honneurDu 1er au 5 décembres’est tenue en Guinée la quatrième édition du Forum social africain(FSA) sur le thème:«Afrique : berceau de l’humanité, avenir du monde».Des espaces d’échangeset de réflexions sur l’éducation ont été animés par Aide et Action.Nous revenons sur cet événement surwww.aide-et-action.org

    Que se passe-t-ilquand on apporte des graines de boisau bord du Mékong? La réponse estsûrement dans le livre Graines

    de bois, 25 ans avec les Cambodgiens (éditionsEditoo) de MagaliPetitmengin, fondatricede l’association SIPAR,partenaire d’Aide et Actionau Cambodge. Le récitd’un destin lié au peuplecambodgien.

  • 3

    Éditorial

    Pour en finir avec le débat entre ONGd’urgence et de développement.

    Établir ou rétablir, instaurer ou restaurer,instituer ou restituer, si peu de lettres de différence entre ces mots valent-ellesd’aussi grands débats sur les missionsrespectives des ONG d’urgence, de post-urgence et de développement?

    Qui pourrait, du reste, justifier que l’humanitaire ne repose que sur l’urgenceavec ses actions d’impact immédiat ou, à l’inverse, qui pourrait soutenir que les missions des ONG ne portent que surle développement avec des méthodes delong terme? C’est cloisonner doublementdes approches qui peuvent être complémentaires et non étanches : les actions urgentes à combattre la faim,par exemple, ne doivent-elles pas s’inscriredans le long terme et, réciproquement, n’y a-t-il pas première urgence à établirdes structures éducatives pour les enfantsdans les camps de réfugiés, à peine construits?

    Si les frontières se fondent et s’entremêlent,c’est parce que l’humanitaire est une«matière vivante» qui évolue jour aprèsjour, événement par événement, contexteaprès contexte. Aide et Action, en décidant

    de créer, depuis longtemps déjà, desréserves destinées à l’urgence, identifienon pas des nouveaux champs d’interventionmais des domaines d’application de son savoir-faire dans les situations de crise. Tout comme Médecins sans frontières qui a tenté de résoudre la crisealimentaire du Niger en l’anticipant par une sensibilisation bien en amont.

    Rien n’oppose l’une à l’autre, l’humanitaire doit répondre aux problèmesimmédiats comme à ceux de demain, les uns avec les autres et non pas les unsopposés aux autres.

    En revanche, le discours médiatiquegénéral voudrait nous opposer et force est de constater qu’il peut arriver à ses finssoit directement, soit par défaut.

    «Entre urgence et reconstruction, l’aidehumanitaire arrive au Sri Lanka en ordredispersé», écrit un grand quotidien national le 17 janvier 2005. La date, à elleseule, interpelle ; 22 jours après un séismede 300000 morts et disparus, la coordinationentre toutes les associations aurait dû êtreeffective et structurée, y compris avec les différents représentants de toutes les instances publiques et collectivitéslocales ou nationales.

    Pour les dommages collatéraux, alors que la reconstruction ne relève plusdu caractère d’urgence, les critiques tombent et fusent sur l’efficacité des associations à tsunami plus six mois. Au final, les organisations les plus touchéessont celles-là mêmes qui sont en traind’œuvrer durement sur le terrain pour rétablir une vie normale.

    Mais là encore nous devons nous poserles bonnes questions ; le terrain géographique n’est pas le seul endroit où nous devons nous concerter, le terrainmédiatique en est un autre où la cohésionest tout aussi fondamentale. Or nous manquons cruellement d’un endroit, d’unestructure où nous pourrions ensembledécliner nos complémentarités et nosvaleurs ajoutées respectives pour que le grand public comprenne immédiatementles missions de chacun. De facto, les débatsstériles entre l’(es) efficacité(s) des ONGd’urgence ou de développement cesseraient;au-delà de la collecte, c’est essentiel pourdévelopper, approfondir et faire croîtretous les liens de solidarité, quels qu’ilssoient, vivant en chacun de nous.

    Jean Jourdan

    Aide et Action, magazine trimestriel (décembre 2005 à février 2006) publié par l’association Aide et Action - 53, boulevard de Charonne - 75545 Paris Cedex 11 - Tél. : 01 55 25 70 00 - Internet : www.aide-et-action.org - E-mail : [email protected] - Représentant de l’association Aide et Action : Frédéric Naquet,président - Directrice de la publication : Claire Calosci, directrice générale - Rédactrice en chef : Nancy Barrett Saint-Laurent - Ont participé àla rédaction : Y. Altidor, S. Assouline, A. Aun, A. Bordallo, C. Barras, J. Bedos, S. Bernard-Srinivasan, I. Boustouler, M. Brémond, C. Calosci, A. Cassiot,B. David, B. Garnier, J. Geoffroy, A. Gizenga, C. Heuzé, R. Jannel, J. Jourdan, A. Kabore, R. Kane, S. Kumar, C. Leray, D. Martinez, Ph. Mobbs, F. Naquet,U. Seang, P. Soetard, Vijayalakshmi, L. Willerval, R. Yates - Commission paritaire : 0708G 83 404 - Prix au numéro par abonnement : 1 € - Abonnementde soutien : à partir de 16 € - Tirage : 70 000 ex. - ISSN : 1761-1024 - Dépôt légal : premier trimestre 2006 - Conception-réalisation : publishing. Tél. : 01 41 11 65 45 - Imprimeur : Imaye, boulevard Henri Becquerel, 53000 Laval. Aide et Action, première association française de parrainage pour le développement de l’éducation, est une association apolitique et non confessionnelle. Aide et Action est une association reconnue d’utilité publique. Elle est, ainsi, habilitée à recevoir des legs et des donations exempts de tous droits de mutation.Pour toute information complémentaire, n’hésitez pas à contacter Aide et Action France (voir adresse ci-dessus) - Tél. : 0155257000 et Aide et Action Suisse - 154, route de Malagnou, CH - 1224 Chêne-Bougeries, case postale 338 - Tél. : + 41 79 409 20 46.Les coûts de réalisation, d’impression et de diffusion du magazine, sans cesse optimisés, sont intégralement pris en charge dans l’abonnement des parrains et donateurs d’Aide et Action.En application de la loi du 06/01/1978, vous disposez d’un droit d’accès, de rectification ou de suppression aux informations vous concernant en vous adressant à notre association.

    Jean Jourdan,directeur France

  • 4

    Nous avons rencontré Serge-PascalHoundjahoue, bénévole béninois et Nadine Frouin, bénévole françaisedepuis de nombreuses années et récemment membre du conseild’administration, qui a fait le déplacement pour l’occasion.Entretien à deux voix…

    A&A: Quels étaient les objectifs de ce forum?Serge-Pascal Houndjahoue : Il s’agissaitde formaliser le réseau, d’élaborer unecharte des bénévoles et un règlementintérieur et enfin de mettre en place unplan d’action pour 2006.Nadine Frouin : Et n’oublions pas de sou-ligner que c’est la première fois que lesbénévoles béninois se retrouvent !S.-P.H. : Oui, c’est vrai… Jusqu’à présent,chaque ville menait des actions isolées,sans réelle coordination. Il y a quatre villesdans lesquelles un réseau de bénévolesexistait : Parakou, Cotonou, Ouidah et Zê.

    A&A : Quelles sont vos impressions sur ces deux jours de travail ?S.-P.H. : Les deux journées ont été parti-culièrement fructueuses. Cela nous [béné-voles] a permis de nous voir, de nousconnaître. C’est de la discussion que sur-git la vérité !N.F. : Les objectifs de rédaction de lacharte et du règlement intérieur ont étélargement remplis. D’autre part, la structurene comporte pas de protocole.S.-P.H. : Oui, chaque bénévole est impli-qué dans les actions que tous ont décidéde mener, mais il n’y a pas de bureau, deprésident, de secrétaire, etc. Il faut queça reste léger.N.F.: Les responsabilités sont totalementpartagées. Les travaux de groupe ont permisde créer une dynamique, d’échanger sur lespratiques de chacun. Et ils ont permis dedégager une vraie convergence de points devue sur les actions à mener dans le cadre del’Éducation pour tous ou dans celui de lachaîne de solidarité (voir magazines n°95 et 96).

    S.-P.H. : Il y avait quatre groupes de tra-vail dans lesquels toutes les régions dupays étaient bien sûr représentées.Toutes les voix ont été entendues : le pro-cessus était réellement démocratique. Onpeut noter également la volonté de for-mation de tous les bénévoles : ils veulentêtre mieux formés pour mieux informer.

    A &A : Quelles sont vos motivationsrespectives pour faire du bénévolat ?N. F. : Pour moi, il s’agit de faire partageret connaître aux Français des réalitésqu’ils ne connaissent peut-être pas. Qu’ilspuissent sortir de leur environnement,pour découvrir par exemple la réalité dumétier d’instituteur en Afrique, les diffé-rences entre le métier vécu ici et celuivécu en France.S.-P.H. : Je suis béninois, d’Afrique sub-saharienne : c’est un endroit du mondeoù de nombreux pays sont très pauvres.La solidarité, la générosité sont desvaleurs capitales sur lesquelles nous

    devons fonder notre société. Je me suisdemandé : «Que puis-je faire en tant quecitoyen?». Il y a un proverbe fon1 qui dit :«On ne bénéficie pas systématiquementde tout ce qu’on a fait ». À certainsmoments, on doit faire des choses quin’attendent rien en retour.

    A&A : Pourquoi avoir choisi Aide et Action pour faire du bénévolat ?S.-P.H. : L’éducation, c’est la porte quinous fera sortir du sous-développement.On dit souvent que l’enfant est le père del’homme: en éduquant les enfants, on estsûrs d’hériter d’une société meilleure. Etpour faire avancer les choses, on ne doitpas attendre qu’on nous paie !N. F. : Ma grand-mère n’est jamais allée àl’école. Mon père a dû la quitter à l’âgede 14 ans. Quant à moi, j’ai eu la chance debénéficier du système scolaire, en France,et j’aimerais par mon action faire en sorteque tout le monde puisse avoir accès àl’éducation. C’est l’objectif commun que

    Les objectifs du premier forum béninois: élaborer une charte, un règlement intérieur et un plan d’action pour l’année 2006.

    Pho

    to:A

    &A

    Bén

    in

    Engagement citoyen

    Le mouvement pour l’éducationLa cause de l’éducation rassemble de plus en plus de bénévoles dans le monde entier.

    Toutes ces énergies individuelles se concentrent et le phénomène de mobilisation collective fait son chemin. C’est à ce titre que le premier forum des bénévoles béninois s’est tenu les 13 et 14 octobre 2005 à Cotonou (Bénin).

    L’engagement trouve un sens nouveau dès lors qu’il est partagé.

  • 5

    nous avons entre tous les bénévoles, enFrance comme au Bénin : une meilleurerépartition des chances, par le biais del’Éducation pour tous.

    A&A : Serge-Pascal, que pensez-vous dela venue de Nadine à ce premier forum?S.-P. H. : « C’est au bout de l’anciennecorde qu’on tisse la nouvelle ». Nadinenous a dit pendant ce forum : « Vousdevez construire le bénévolat béninoisdans votre contexte, compte tenu desréalités sociologiques du pays ». Elle estvenue nous donner des exemples deréalisations en France. Avec ces exempleset notre contexte, nous avons construitnotre bénévolat.Nadine est européenne, nous sommesafricains. Quand elle quitte la France pourvenir parler du bénévolat au Bénin, c’estqu’elle y croit. Pour nous, c’est très positif,cela crée une motivation de plus. Peut-être que demain je partirai dans un coinreculé de l’Afrique pour parler à mon tour

    du bénévolat, de mon expérience et lachaîne continuera.N.F. : J’ajouterais que le contexte est évi-demment très différent entre la France etle Bénin… Quand on regarde la moyenned’âge des bénévoles béninois, c’est sur-prenant pour moi, c’est une majoritéd’étudiants. Leur implication consisteessentiellement à donner du temps et àpartager leurs jeunes compétences. Iln’est pas question pour eux de s’investirfinancièrement… Ce sont des données àprendre en compte lors de l’élaborationdu plan d’action.

    A&A: Justement, quelles sont les actionsprévues au Bénin pour 2006?N. F. : Ils sont arrivés à un consensus surplusieurs points : faire du soutien scolairependant les vacances, préparer la rentréescolaire, faire la promotion de la chaînede solidarité et animer des journées desensibilisation autour du VIH/Sida. 1 Langue parlée au sud du Bénin.

    «Bénévole pour l’éducation»:un engagement de plusen plus partagé

    Comme au Bénin (voir interview ci-contre) et ailleurs, ils sont chaque jourplus nombreux, de tous âges et de toushorizons, à s’engager activement pourla cause de l’éducation. Le chemin par-couru par Aide et Action ces vingt-cinqdernières années ne serait rien sansces milliers de citoyens qui, animés parla conviction que l’éducation peutchanger le monde, agissent, sensibili-sent, mobilisent et plaident pour quecette conviction soit partagée par tous.À l’échelle de sa commune, de sonpays et à l’échelle mondiale, c’estun foisonnement de mouvementscitoyens qui se développent pourfaire de l’éducation un engagementmondial. Toutes les régions du mondesont concernées, de l’Afrique à l’Asie,en passant par l’Europe ou, encore,les Caraïbes. C’est bien la preuve d’une convictionqui avance à grands pas et qui fait«bouger les gens» : celle que l’onpeut agir, chacun à son niveau et enfonction de ses moyens, pour unmonde de solidarité, grâce à l’édu-cation, levier du développementhumain. Mais le chemin sera longpour parvenir à cette «utopie réa-liste». Une chose est sûre : si chacuns’accorde sur le fait que l’éducationest un enjeu de société et que lasociété doit en faire une prioritéd’action, c’est que nous sommes surla bonne voie.

    Pierre Soëtard, directeur de l’actionbénévole France

    Nadine Frouin, bénévole depuis de nombreuses années et membre du conseil d’administration n’a pas hésité à se déplacer.

    Les bénévoles Béninois sont une majorité d’étudiants

    Pho

    to: A

    & A

    Bén

    inPh

    oto

    : A &

    A B

    énin

  • 6

    À la découverte d’Haïti…

    Une journée « découverte d’Haïti » a été organisée à laMulatière par l’équipe bénévole de Lyon (69). Au pro-gramme : expo photos, projection de films dont celui coréa-lisé par Thierry Desroses, parrain d’honneur du projet post-urgence cyclone Jeanne, conférence de René Valette, géo-graphe et économiste, sur l’importance de l’Éducation pourtous dans le développement d’Haïti et découverte de laculture et de l’artisanat du pays. Cette manifestation faitsuite à la mobilisation des salariés et bénévoles du centresocial de la Mulatière qui, en avril dernier, ont monté unegrande soirée de solidarité au profit des victimes de cata-strophes naturelles. Les 2 500 euros collectés ont été affec-tés au projet post-urgence en Haïti.

    Des artistes mobilisés au profitdes enfants d’Asie du Sud-Est

    Des artistes (membres de l’asso-ciation de La Poste et de FranceTélécom La Venise verte arts Poitou-Charentes) ont offert 24 œuvres,essentiellement peintures et sculptu-res, pour un tirage au sort au profitdes victimes du tsunami. Un principesimple : à chaque exposition organi-sée dans la région, les visiteurs peu-vent acheter le catalogue des œuvres (minimum 10 euros) etobtenir leur bon de participation au tirage au sort. Les bénévoles de la Vienne (86) et des Deux-Sèvres (79) sesont activement mobilisés pour accompagner cette action. Lesdons seront spécialement affectés au projet de rescolarisationdes enfants d’Asie du Sud, victimes du tsunami.

    L’année dernière, notre association, en Franceet dans nos pays d’intervention, s’est forte-ment mobilisée pour le droit à l’éducation desfilles et des femmes en rassemblant près de10000 signatures du «manifeste pour une édu-cation de qualité pour toutes». Forts de ce bilan,nous avons interpellé la présidence de laRépublique française dans le cadre de sa parti-

    cipation au G8 et à la 60e Assemblée générale des Nations unies. Cette mobilisation a porté ses fruits puisque les déclarations fina-les de ces deux sommets ont réaffirmé les engagements en faveurde l’éducation. Une partie significative des nouveaux fonds pro-mis par les pays riches et notamment ceux issus des annulations

    de la dette des pays pauvres seront affectés au développementde l’éducation de base. Mais la mobilisation doit se poursuivre.Pour l’année à venir, l’enseignant(e) sera au cœur de notre action,comme il/elle est au cœur des systèmes d’enseignement2.Nous en appellerons donc à nouveau à tous ceux qui sont per-suadés qu’un système éducatif ne peut fonctionner sans des per-sonnes motivées et compétentes pour transmettre les savoirs.Nous vous tiendrons informés dans notre prochain magazine desactions concrètes que nous allons engager et auxquelles vousserez invité(e)s à vous associer.

    2 Cette attention portée au corps enseignant n’est d’ailleurs pas récente, comme en témoignent les nom-breux articles parus dans notre magazine, tel, par exemple, le dossier spécial sur les femmes africainesdans l’enseignement du magazine de mars 2005.

    Campagne mondiale pour l’éducation 2006

    Crise alimentaire au Niger : l’équipe de Rennes se mobilise

    Àl’occasion de la tradi-tionnelle braderie duquartier Villeneuve SacrésCœurs, l’équipe bénévolede Rennes (35) s’est mobili-sée autour du projet de lutte contre la crise alimentaire au Niger. Très visibles cette annéegrâce à une grande bâche aux couleurs de l’association, les bénévoles ont pu sensibiliser lespassants à la cause de l’Éducation pour tous. L’argent collecté (250 euros) contribuera à finan-cer des actions du projet (voir rubrique « Actus » page 30).Deux bénévoles de Rennes ont par ailleurs pris part à une émission sur Radio Alpha consacréeà la famine au Sahel et plus particulièrement au Niger.

    Agenda des actions localesÀ Limoges (87) - «Aide et Action et la mondialisation»Du 31 janvier au 5 février 2006 au Pavillon du Verdurier. Contact : Cécile Paillier au 05 55 01 59 53.

    À Notre-Dame-de-Bondeville (76) - Festival des voyageurs à la mairie les 28 et 29 janvier 2006.Contact : Véronique Courouble au 08 73 68 77 85.

    À Chaville (92) - Projection du film de G. Oddos sur la reconstruction en Inde, suite au tsunami, suivie d’un débat et de danses. Le 20 janvier 2006 à 20 h dans la salle de la MJC, rue de Stalingrad.Contact : Michel Schoemacker au 01 47 50 81 17.

    À La Jarne (17) - Représentation théâtrale Le Bourgeoisgentilhomme par T2T au profit d’Aide et Action. Le 5 mars 2006 à 17 h à la salle Mélusine.Contact : Paule Bouchon au 05 46 56 19 88.

    À Saint-Étienne (42) - Festival Planète couleurs. Les 17, 18 et 19 mars 2006 au centre de congrès Fauriel.Contact : Estelle Walter Dizian au 04 77 94 96 24.

    À Saint-Maixent-l’École (79) - «L’Enfance en fête». Les 31 mars et 1er avril 2006.Vendredi 31 mars : projection du film Caméra kidsau cinéma l’Ermitage.Samedi 1er avril : petit déjeuner solidaire avec des produits du commerce équitable.Toute la journée : ateliers tissage, maquillage au henné, tresses africaines, spectacle de djembé, contes africains, arts plastiques. Soirée métissée et spectacle.Contact : Roselyne Mathieu au 05 49 24 98 11.

    La solidarité se déclineCollecte et sensibilisation pour les situations d’urgence, plaidoyer pour la cause… En toutes circonstances,

    l’éducation doit être soutenue et la solidarité de tous est nécessaire. Récits de mobilisations.

    Pho

    to: P

    . La

    Prai

    rie

  • Impact des crises sur l’éducation p8-10Situations d’urgence : nourrir, soigner… éduquer !Crises : les devoirs du monde associatif p11-14Obligation de moyens, de résultats : quels sont les devoirs du monde associatif ?Tsunami : 1 an après… p15-19Des ruines au développement : reconstruction des hommesCrises sanitaires p20-21Sida : l’éducation, vecteur indispensable de la préventionCrises alimentaires p22-24Niger, Burkina Faso : que peut l’éducation face à la crise alimentaire ?Catastrophe naturelle p25Haïti : le cyclone Jeanne, 1 an aprèsCrises politiques et citoyenneté p26-2840 ans de conflits en Afrique : l’éducation oubliée

    Situations d’urgence

    Situations d’urgence

    >>> Dossier

    L’éducation est un droit. Conflits armés, instabilité politique, catastrophes naturelles,VIH/Sida… bouleversent les systèmes éducatifs et empêchent souvent l’exercice de ce droit. L’éducation peut-elle être préservée lors des situations d’urgence ? Quel rôle joue-t-elle dans la reconstruction des pays ? Peut-elle prévenir de futures crises et maintenir une paix durable ?

    L’éducation est un droit. Conflits armés, instabilité politique, catastrophes naturelles,VIH/Sida… bouleversent les systèmes éducatifs et empêchent souvent l’exercice de ce droit. L’éducation peut-elle être préservée lors des situations d’urgence ? Quel rôle joue-t-elle dans la reconstruction des pays ? Peut-elle prévenir de futures crises et maintenir une paix durable ?

    L’éducation et les crises

    L’éducation et les crises

    Pho

    to: C

    . Cal

    osc

    i

  • SITUATIONS D’URGENCEImpact des crises

    sur l’éducation>>> Dossier

    8

    es situations d’urgence résultentde crises : conflits armés, cata-strophes naturelles, écologiques,

    sanitaires… Ces événements détruisent,blessent, tuent et provoquent des mouve-ments massifs de population. Darfour,Sri Lanka, Niger, Kosovo, Afghanistan…

    Depuis 1945, 150 conflits ont émergé surles 5 continents, tuant 20 millions de per-sonnes et blessant 60 millions d’autres.En 1945, les civils représentaient 5% desvictimes des conflits armés. Aujourd’hui,ce chiffre s’élève à plus de 80%, dont lamoitié sont des enfants1. Plus vulnérables,

    Situations d’urgence : nourrir, soigner… éduquer !

    Séisme au Gujarat (Inde) et au Pakistan, conflits armés au Darfour, famine au Niger… Des millions de personnesmeurent, sont mutilées ou sont contraintes de fuir chaque jour. Quel est l’impact de ces crises sur l’éducation ?

    Peut-elle être préservée ? Quel rôle peut-elle jouer dans les mécanismes de reconstruction ?

    Dans ces camps de réfugiés, l’urgence est aussi l’éducation.

    L Réfugiés ou peuples en déplacement – quelques chiffres(Unesco 2001)• 15,8 millions de réfugiés

    dans le monde• Environ 25 millions de personnes

    déplacées dans le monde (essentiellement à la suite de conflits ou de catastrophes naturelles ou écologiques).

    Pho

    to: A

    . Bo

    rdal

    lo

  • contraints de fuir leur région voire leurpays. Les infrastructures et le matérielpédagogique sont endommagés et inuti-lisables. En situation de crise tout vient àmanquer. Les ressources nationalesdisponibles pour l’éducation deviennentpratiquement inexistantes. Les États sontbien souvent désorganisés et les prioritésde reconstruction amputent le budget.L’Unesco rapporte que pour les pays encrise, le coût de la réalisation de la scola-risation primaire universelle demanderaitdes efforts financiers majeurs, avec desdépenses supplémentaires annuelles de25%. Mais les États ne sont pas les seulsà ne plus pouvoir répondre aux besoins

    9

    SITUATIONS D’URGENCEImpact des crises

    sur l’éducation>>> Dossier

    ils sont les premiers à être tués ou bles-sés. Les survivants, eux, sont souventorphelins. Isolés, fragiles, ils subissentdes violences physiques, psychiques,sont enrôlés dans les bandes armées, etc.Ces enfants exposés à tous les dangerssont alors privés de leurs droits fonda-mentaux et notamment d’éducation.

    Urgence éducativeLes crises engendrent des situationsd’urgence éducative. Catastrophes naturel-les, pandémies, conflits ou situations d’ins-tabilité, endommagent considérablementl’éducation des pays ou régions touchés.Que faire lorsque l’école ou le centre delecture a été détruit par un raz de marée?Qu’il n’y a plus de transport disponiblepour se rendre à la ville voisine? Que tousles enseignants ont été assassinés par des

    groupes armés? Que l’État ne paie plus lessalaires des survivants? Que les parentsont peur d’envoyer leurs filles à l’école?En 1998, le cyclone Mitch a détruit les éco-les du Honduras, laissant 250000 élèvesdu primaire et 30000 du secondaire sansaccès à l’enseignement. Au Rwanda, plusdes deux tiers des professeurs se sontenfuis ou ont été tués. Aujourd’hui, auBurkina Faso, ce sont près de 20000 enfantsqui sont infectés par le virus du VIH/Sida.Les chiffres s’alourdissent lorsque l’onévoque les 223000 autres enfants, nonporteurs du virus et pourtant exclus del’éducation car ils ont perdu un parent (oules deux) de la maladie et n’ont plus lesmoyens d’aller à l’école.

    ImpactsLes crises amputent la plupart des com-posantes des systèmes éducatifs. Lesenseignants manquent à l’appel : ilspeuvent être enrôlés dans les forcesarmées, victimes d’exactions ou bien

    Éducation dans les pays en crise – chiffres (Unesco, 2005)• Plus de la moitié des enfants non scolarisés vivent dans des pays touchés

    par des conflits• Plus de 27 millions d’enfants vivant dans des pays touchés par des conflits

    n’ont pas accès à l’éducation• Au Mozambique, 45% des écoles primaires ont été détruites durant la guerre

    civile (1977-1992)• Au Rwanda, plus de deux tiers des enseignants ont été assassinés

    ou ont fui le pays• La majorité des enfants réfugiés qui reçoivent une éducation sont inscrits

    au niveau primaire. Seuls 6% suivent une éducation de niveau secondaire.

    L’éducation de ces enfants ne peut attendre la fin de la crise.

    Pho

    to: L

    . Meu

    ret

    L’Éducation pour tous : programmeséducatifs des populations en criseLe droit à l’éducation est un droitfondamental, inscrit dans la Déclarationuniverselle des droits de l’homme(article 26). Dix ans après la conférencemondiale sur l’Éducation pour tousorganisée à Jomtien, en Thaïlande, le Forum mondial sur l’Éducationpour tous qui s’est tenu à Dakar en 2000 a intégré dans son cadred’action la nécessité de répondreaux besoins éducatifs des populationsen crise: «(…) Nous, gouvernements,organisations, institutions, groupes et associations représentés au Forum mondial sur l'éducation,nous engageons à : (...) répondre aux besoins des systèmes éducatifssubissant le contrecoup de situationsde conflit et d'instabilité et conduireles programmes d'éducation selon des méthodes qui soient de nature à promouvoir la paix, la compréhension mutuelle et la tolérance et à prévenir la violence et les conflits (…)»

    Extrait du Cadre d’action de Dakar - Éducation pour tous - Tenir nos engagements collectifs (Dakar, avril 2000).

  • SITUATIONS D’URGENCEImpact des crises

    sur l’éducation>>> Dossier

    10

    financiers de l’éducation. Les famillessont généralement saisies d’une baissede revenus et n’ont plus les moyensd’envoyer leurs enfants à l’école. ÀMadagascar, en septembre 2002, lors de lacrise politique, les écoles pourtant res-tées ouvertes, peinaient à recevoir des élè-ves. La paralysie politique et économiquedu pays ne permettait plus aux familles depayer les frais de scolarité. Les situationsd’urgence sont synonymes de grandeinsécurité. Dans ce contexte, les famillespréfèrent garder les enfants et plus parti-culièrement les filles à la maison. Les crises affectent profondément etdurablement les systèmes éducatifs sou-vent déstabilisés et désorganisés. Lesrégions ou pays touchés doivent être sou-tenus pendant et après la crise pour quel’éducation reprenne ses droits.

    L’éducation, c’est reconstruireL’éducation d’urgence est une « passe-relle» fondamentale vers la reconstruction.Pour des enfants ou des adolescentstraumatisés, fatigués, déplacés… l’édu-cation d’urgence aide à donner un senti-ment de normalité, de dignité et d’espoiren l’avenir. Il faut vite leur permettre derecevoir une éducation pour qu’ils

    n’abandonnent pas leur scolarité, qu’ilspuissent se bâtir un avenir et participer àla reconstruction de leur environnementéconomique et social.L’école, le centre deformation ou la tenteest un point sûr derassemblement. Unlieu de jeux, d’échan-ges, de discussions, d’écoute, de soutienpsychologique… et qui, souvent, permetl’apport de soins et de nourriture.Beverly Roberts, coordinatrice du réseauInter-Agences d’éducation d’urgence(INEE2) souligne le besoin d’éducation

    en situation d’urgence : « Il faut immé-diatement reconstruire l’éducation. Onne peut pas attendre que les trains

    roulent à nouveau ! Il faut sauver lesesprits, tout comme les corps (…)» �1 Chiffres et statistiques Unesco.2 L’INEE comprend plus de 500 Organisations non gouverne-

    mentales, des institutions éducatives, des chercheurs et d’autres

    agences bilatérales et multilatérales.

    Réaffirmer notre engagement pourune éducation de qualité pour tousLors de ses États Généraux de 2004,Aide et Action a décidé d’interveniren situation d’urgence et de renforcerainsi son travail pour la défense du droit à l’Éducation pour tous. Pour l’association, l’urgence est uneétape essentielle de la construction– ou reconstruction – des projetslocaux de développement.Parmi les actions d’éducation d’urgence menées en 2005 :• au Bénin, formation des animateurs

    éducatifs des camps de réfugiéstogolais (voir magazine de septembre 2005) ;

    • en Inde et au Sri Lanka : actions éducatives pour les enfantset jeunes des zones touchées par le tsunami (voir en pages 15-19et magazine mars 2005) ;

    • au Niger : formation de tuteursdans 5 régions particulièrementconcernées par la crise alimentaire.

    Ces actions visent à permettre aux enfants et aux jeunes, victimes descrises ou de catastrophes naturelles,de ne pas cesser leurs activités éducatives. Elles s’inscrivent dans la continuité des actions menées surles terrains depuis plusieurs années.

    Espérance

    Espérance a fui la République démocratique du Congoet le régime de Mobutu.

    Dans l’aéroport où elletravaillait, une bombe a explosé en mai 2000.Les autorités ont tout de suite soupçonné l’ensemble des travailleurs du lieu et Espérancea choisi la fuite devant la répression. Ce fut le Bénin et le camp de réfugiés de Kpomasséen raison de sa facilité d’accès.Un jour, une manifestation culturelle a lieu au collège du village de Kpomassé. Les enfantsréfugiés y participent et obtiennent de nombreuxprix à des jeux-concours. Consciente du potentiel des enfants, Espérance décide de prendre les choses en main. Sous

    sa responsabilité, elle en réunit certains et organise des activités : mise en place d’animations, jardinage, cours de couture, de maraîchage, spectacles… tout est bon. Elle confie : « Les parents ici ont des soucis. Et malgré eux ils les transmettent aux enfants ;l’angoisse est contagieuse. Si on arrive à détourner les enfants de ces problèmes, ils iront mieux. Et puis ça libère les parentspour qu’ils se consacrent à leur avenir ! ». Au début, ça n’a pas été facile car les parentsétaient inquiets : et si les enfants voulaient rester au Bénin ? Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui se sont rangés à l’avisd’Espérance et lui confient leurs enfants. 42 d’entre eux participent aux ateliersd’Espérance. Un beau prénom.

    « Avant, je ne connaissais pas la valeur de monprénom. Aujourd’hui j’ai compris. Il y a beaucoupde gens qui ont besoin d’espérance… »

    Les femmes et les enfants sont toujours les premières victimes des crises.

    Pho

    to: A

    . Bo

    rdal

    lo

    “L’éducation d’urgence est une ‘passerelle’ fondamentale vers la reconstruction”

  • 11

    SITUATIONS D’URGENCECrises : les devoirs

    du monde associatif>>> Dossier

    lus que dans tout autre contexte,en situation d’urgence, les associa-tions ambassadrices et mandatai-

    res de leurs donateurs ont la responsabi-lité de mener des interventions efficaces.Ces organisations, quels que soient leursmoyens, leur domaine d’intervention, leurdémarche ou leur conviction, doiventapporter une réponse adaptée aux besoinsdes victimes. Dans les situations d’urgence,leur premier devoir est l’assistance auxpopulations pour satisfaire les besoins de

    survie. Dans la phase de réhabilitation et,ensuite, de développement, chaque inter-vention doit respecter les aspirations despopulations concernées, susciter leur parti-cipation et même aller plus loin en lesmettant à l’initiative des projets.Dialogue, proximité, initiative et choixlaissés aux populations permettent defaire de leur engagement la garantie de laqualité de l’action. Cette démarche cons-truit une véritable collaboration avec ceshommes, ces femmes et ces enfants privés

    le plus souvent de leurs droits fondamen-taux comme des conditions nécessaires àune vie décente (voir tableau ci-contre).Mais ces principes d’action et d’éthique neconditionnent pas à eux seuls l’efficacité del’action des associations.Depuis quelques années maintenant, lesOrganisations de solidarité internatio-nale (OSI) mettent en place des poli-tiques de qualité. Avec des labels (MaxHavelaar), des normes ISO1 (Terre deshommes…) ou d’autres outils «qualité»développés en interne (Médecins dumonde, ActionAid…), l’heure est à larecherche de l’efficacité maximale. Aide et Action s’est toujours inscritedans cette recherche d’efficience. Maiscomment vérifier que les moyens mis enœuvre soient les plus pertinents et pro-ductifs pour la réalisation des missions ?Comment s’assurer qu’aucun risque neviendra empêcher la réalisation desobjectifs ?

    S’assurer d’atteindre ses objectifsPour répondre à ces questions, Aide etAction a décidé de se doter de deux cellu-les d’audit interne. Leurs missions (voirschéma p. 12) est de permettre à l’asso-ciation de s’engager dans la cause del’Éducation pour tous le plus efficace-ment possible. L’audit vise la parfaite maî-trise de chaque activité et le respect desprocédures dans tous les domaines :finances, ressources humaines, communi-cation, gestion du parrainage, interven-tions suite au tsunami, etc.Mais fixer des objectifs et ambitionner deles atteindre suppose d’être exposé àdes incertitudes, à des menaces. Quefaire si l’un de nos lieux d’interventionn’est plus accessible en raison de trou-bles politiques ? Comment préserver l’in-dépendance de l’association face à unrisque de récupération politique ?Comment éviter que l’un de nos parte-naires agisse en contradiction avec lesvaleurs de l’association ? Comment seprotéger face à des risques de fraude etde corruption ? L’ensemble de ces risques

    Obligation de moyens, de résultats :quels sont les devoirs du monde associatif? Les périodes de crise imposent de travailler dans des situations d’urgence. Les associations doivent intervenir vite et bien.

    Entre obligation de moyens et de résultats, quels sont les devoirs du monde associatif ?

    P

    • En termes formels- Les personnes affectées participent

    à la conception des programmes de reconstruction.

    - Les personnes affectées participent à la mise en place des programmes et acquièrent une expérience pour les répliquer dans le futur.

    • En termes structurels- Il y a un remaniement des relations

    de pouvoir entre les personnes affectéeset les autres acteurs, ce qui augmenteles espaces de concertation et les capacités d’autogestion.

    • Dans la vie quotidienne- Pendant l’urgence, les personnes

    affectées interviennent dans le contrôleet la distribution des biens.

    - Les personnes affectées participent et établissent des accords pour la mise en place des programmes de reconstruction.

    - Les personnes affectées organisent des espaces de participation liés auxrevendications concernant l’accès à l’emploi

    - Les personnes affectées gèrent et entretiennent les biens reconstruits.

    Effets des processus avec participation

    • En termes formels- Les personnes affectées sont

    destinataires de programmes définis par d’autres groupes.

    - Les personnes affectées n’interviennentpas dans la mise en place des programmeset ne peuvent pas les répliquer par la suite.

    • En termes structurels- Renforcement des relations

    de «subordination» et de la gestion centralisée des décisions.

    • Dans la vie quotidienne- La distribution de l’aide d’urgence

    est centralisée par des organisationsbénévoles et l’État.

    - Les personnes affectées reçoivent les maisons « finies».

    - Les personnes affectées sont destinataires à titre individuel des programmes de création d’emploi.

    - Les biens collectifs reconstruits se détériorent à moyen terme, faute d’entretien.

    Effets des processus sans participation

    Les enjeux de la participation et ses effets dans le renforcement des communautés

    Liens entre les critères de qualité et la question de la participation.Tableau extrait du guide édité par l’association Coordination Sud : «Synergie qualité : propositions pour des actions humanitaires de qualité »

    >>Devoir d’efficacité : la garantie de l’éthique et de la qualité

  • 12

    SITUATIONS D’URGENCECrises : les devoirs

    du monde associatif>>> Dossier

    Le monde associatif s’accorde à satisfairel’obligation majeure de « rendre descomptes». Pour ce faire, les associationsmettent à la disposition de leurs dona-teurs leur bilan financier et font bien sou-vent l’état des lieux de leurs actions viabulletins, newsletter, site internet etautres outils de communication externes.Mais les citoyens ont des attentes parti-culières lorsqu’il s’agit de leur générosité.À travers leur don, ils ont mandaté lesassociations pour intervenir efficacementauprès des victimes. Chaque donateurattend qu’on l’informe le plus clairementpossible des actions « terrain» comme dela destination des fonds. Pour accentuerce devoir de « redevabilité » et detransparence, les organisations se sou-mettent à des organismes de contrôle.

    Donner en toute confianceC’est l’ambition du Comité de la Chartequi réunit aujourd’hui plus de 50 associa-tions et fondations françaises. Leur credo :affirmer que « chaque donateur a le droitde savoir comment est dépensé sonargent et d’être assuré que chaque fonda-tion et association recueillant des donsfonctionne en toute transparence». C’estdans cet esprit que le Comité de la Charte,

    indépendant des pouvoirs publics,contrôle depuis 1989 des organisationsvolontairement membres sur la base dequatre grands principes : un fonctionne-ment collectif et intègre, la qualité de lacommunication et des actions de collectede fonds, la rigueur de la gestion et latransparence financière. L’État français estaussi garant du contrôle et de l’évaluationdes ONG (Organisations non gouverne-mentales). On citera les contrôles liés austatut «association loi 1901» qui donnelieu à la vérification, par le préfet, du bonrespect de la législation française. Leministère des Finances fait aussi respec-ter les règles spécifiques liées à la men-tion «but non lucratif» de ces organisa-tions. Les organisations reconnues d’uti-lité publique ou reconnues de bienfai-sance sont soumises à un contrôle accen-tué par l’État et notamment par la Courdes comptes, dont les rapports sont ren-dus publics (www.ccomptes.fr). La plupartdes ONG, et notamment celles qui ont uncertain niveau de subventions publiques,doivent faire contrôler et certifier leurscomptes par un commissaire aux comptesdont le rapport est communiqué dans lebilan annuel de l’ONG. L’ensemble deces outils de contrôle et d’évaluation

    sont des garanties supplémentaires pourles donateurs. Toutefois, aucun n’est uneréférence absolue. Comment alors s’yretrouver? Une ONG membre du Comitéde la Charte, reconnue d’utilité publiqueet qui fait certifier ses comptes a de fortechance d’être des plus sérieuses. En com-paraison, une organisation qui n’adhère àaucun collectif et qui n’a jamais étécontrôlée par un organisme externe estplus difficile à cerner. �

    liés à l’environnement externe ou internedoit absolument être anticipé.Les cellules d’audit ont ainsi élaboré unecartographie des risques qui permet deles répertorier et de les classer en fonc-tion de leur importance et de leur niveaude maîtrise.

    Prévoir les risquesJérôme Geoffroy, responsable de l’auditinterne, nous donne un exemple desrésultats de cette cartographie : «Nousavons identifié que le risque n°1 quiparalyse le plus nos activités sur le terrain

    et que nous maîtrisons le moins est celuilié aux catastrophes naturelles. Cette ana-lyse semble juste lorsque l’on regarde lesrépercussions sur les systèmes éducatifsdes cyclones en Haïti, à Madagascar oudu tsunami en Asie du Sud. Bien sûr, nousne pouvons pas empêcher les catastrophesnaturelles. Mais depuis ce travail, nousprenons systématiquement en comptecette menace dans nos activités sur leszones exposées : sensibilisation despopulations et des gouvernements à laprotection de l’environnement, élabora-tion de plan de secours, etc. L’éducation

    et la sensibilisation restentles meilleures armes de pré-vention». Cette cartographiepermet d’identifier, d’analy-ser et si possible de maîtriserrapidement chaque risque.Cette méthode garantit plusd’efficacité pour que partout,même en période de crise,le droit à l’éducation soit uneréalité. �1 Les normes ISO consistent à assurer de laqualité à tous les niveaux, par la mise enplace de procédures claires et contrôlées parun organisme de certification, pour toutes lesactivités de l’organisation.

    >>Devoir de transparence et d’informationL’audit interne vise un maximum d’efficacité. Ici, les équipes malgachestravaillent sur l’audit de la gestion du parrainage.

    Pho

    to: A

    &A

    Mad

    agas

    car

    Activités

    Chacun est responsable d’activitésqu’il doit maîtriser

    pour atteindre ses objectifs

    Risques

    Événements, incertitudes, menaces ou opportunités

    peuvent empêcher l’atteinte des objectifs

    Contrôle interne

    L’organisation, les systèmes et les procédures permettent

    d’anticiper les risques pour pouvoirmaîtriser les activités

    Objectifs

    Les objectifs sont atteints de façon efficace et efficiente

    Schéma du processus d’audit interne

    Aide et Action : l’histoire d’une transparence

    >>Date de création : 1981.>>Membre (depuis 1995) du Comité

    de la Charte de déontologie des organisations sociales faisantappel à la générosité du public.

    >>Audit des comptes (depuis 1981) :comptes audités par le groupe de commissaires aux comptes BarbierFrinault et Cie, membres du réseauinternational Ernst & Young.

    >>Prix Cristal 1990 et 1995 de la transparence de l’informationfinancière décerné par la Compagnienationale des commissaires aux comptes.

    >>Reconnue d’utilité publique pardécret en date du 1er août 2002.

    >>Création de l’audit interne : 2003.

  • 13

    SITUATIONS D’URGENCECrises : les devoirs

    du monde associatif>>> Dossier

    «En temps de crise, les organisations nedevraient pas être en concurrence mais colla-borer…», affirme Roger Yates, responsabledu bureau Urgences d’ActionAid et membredu Disasters Emergency Committee (DEC).Cette plate-forme d’associations britanni-ques a été créée pour lancer des appels defonds communs dans les situations d’urgence.«Les associations coopèrent aussi bien au

    Royaume-Uni que sur le «terrain». Au coursdes deux premières semaines, appelées«période d’action conjointe», toutes lesinitiatives médias et marketing des membressont sous l’auspice du DEC. Sur le terrain, lesorganisations collaborent plus particulière-ment sur les actions d’influence auprès desgouvernements. L’argent est réparti en fonc-tion des capacités des organisations. Cha-cune d’entre elles doit fournir une prévisiond’utilisation des fonds et des rapports deprogression réguliers. Une évaluation externedu travail est réalisée et disponible aupublic», nous explique Roger Yates.

    La solidarité entre associations :répondre plus efficacement à l’urgence !Cette expérience de collaboration«inter-associations » n’est pas uniqueen Europe. Suite au tsunami en Asie du

    Sud en 2004, le gouvernement françaisa lancé le collectif Asie enfants isolés.Sa mission consiste à récolter les fondset à les répartir auprès des associationsqui agissent sur le terrain en faveur del’enfance. « … Pour organiser et coor-donner notre solidarité pour lesenfants d’Asie, j’ai décidé de m’ap-puyer sur leurs compétences et leur

    expertise (ndlr : les principales asso-ciations françaises chargées de la pro-tection de l’enfance) en les regroupantsous forme d’un collectif… »2, a annon-cé Philippe Douste-Blazy, ministre desSolidarités, de la Santé et de laFamille. Aujourd’hui, 18 associations,dont Aide et Action (trésorier), font

    partie de ce collectif. Des projets auSri Lanka, en Indonésie, en Thaïlandeet en Inde ont reçu leur financement(environ 1 million d’euros) au bout deneuf mois de fonctionnement. Mais larapidité à lever des fonds n’est pas leseul avantage du collectif : le partagedu savoir-faire, des connaissances etde l’expérience du terrain de chaque

    association confère aux projets mis enœuvre un label reconnu.La coopération entre ONG est doncpossible. Dans les situations d’urgenceoù il faut agir vite, elle est même àrecommander. �

    2 Discours du 6 janvier 2005 pour le lancement du collectifAsie enfants isolés.

    >>Devoir de solidarité

    Les associations ont un devoir de « redevabilité » et de transparence envers leurs donateurs.

    Dialogue, proximité, initiative et choix laissés aux populations permettent de faire de leur engagement la garantie de la qualité de l’action.

    Pho

    to: L

    e La

    izan

    t

    Pho

    to: A

    &A

    Ind

    e

  • 14

    SITUATIONS D’URGENCECrises : les devoirs

    du monde associatif>>> Dossier

    1- Aide et Action a voté, en novembre 2004,un changement à l’article 2 de ses statutslui permettant d’intervenir dans les situations d’urgence et d’agir sur tousles facteurs ayant des incidences dans le domaine éducatif. Dans ce contexte,où souvent chaque minute compte,disposez-vous de réserves d’urgenceimmédiatement disponibles?Depuis longtemps déjà, Aide et Actiondispose d’une réserve d’urgence qui luipermet d’intervenir rapidement dans dessituations appropriées. L’utilisation de cetteréserve demande par définition une déci-sion rapide, décidée par le Conseil d’admi-nistration, représenté en l’occurrence par latrésorière et dont il est rendu compte àl’Assemblée générale, à l’occasion de saréunion annuelle.

    2- Une fois les réserves débloquées, comment l’association décide-t-elle des projets d’urgence qu’elle s’engage à financer? Les choses ne se déroulent pas dans cetordre! En effet, c’est à l’équipe présentedans la région où se situe l’urgence deconstater les besoins et de définir lesactions à mener. C’est donc cette équipequi décrit et chif-fre le ou les pro-jets d’urgence,toujours liés aucontexte éduca-tif. Ce dossier est rapidement transmis etexaminé par la direction et la trésorière.Cette dernière, après accord, autorise ledéblocage des fonds.

    3- Au-delà des réserves, l’associationlance des appels de fonds auprès de ses donateurs, parrains et marraines.Est-ce une obligation dans un contexted’urgence? Quelle gestion faites-vous de ces fonds supplémentaires et les affectez-vous immédiatement à la zone concernée?Il faut souligner que la réserve d’urgenceest un moyen de répondre rapidementaux besoins. Nous serions incapables d’ali-menter indéfiniment cette réserve si elledevait représenter notre seul recours. Il

    est donc indispensable de faire appel à lagénérosité du public. Les fonds recueillisne sont pas des fonds supplémentaires,c’est la véritable ressource qui témoignede la solidarité envers les défavorisés.

    La réserve d’ur-g e n c e , o u t r equ’elle permetd’aller vite, pour-rait seule être

    considérée comme un fonds supplémen-taire dans le cas où les fonds recueillisseraient insuffisants.

    4- Des frais de collecte, de pilotage de projet, de communication envers les donateurs, etc. sont à prendre en compte dans les opérations d’urgence. Aide et Action s’impose-t-elle des limites concernant ce type de dépenses?Dune façon générale, Aide et Action, pourses frais de gestion, s’impose des limitesdans l’utilisation des fonds issus de la géné-rosité du public. La moyenne que nous nousfixons est d’environ 15% des fonds recueillismais, bien entendu, les contextes étant trèsdifférents, il ne s’agit que d’une moyenne.

    5- Dans un article de Libération du 5 janvier 2005, Daniel Bruneau, directeur du Comité de la Charte expliquait qu’«il ne peut y avoir de réaffectation (…) de fonds dédiés à des programmes spécifiques, sans en informer le donateur». Cette normeaffiche une garantie d’affectation et finalement de transparence. CommentAide et Action assure-t-elle ce principede traçabilité auprès de ses donateurs?En effet, nous ne sommes pas autorisés àemployer les fonds issus d’un appel d’ur-gence à d’autres opérations, ce serait tromperles donateurs qui, eux, ont manifesté unélan de générosité pour une cause biendéterminée. Il faut donc se donner lesmoyens, d’une part, d’informer le donateurde l’utilisation des fonds, et d’autre part, encas de dépassement du besoin, de rem-bourser les donateurs qui ne désireraientpas que l’on utilise leur don pour un autreprojet. Pour cela, chaque don est enregistréavec les références du donateur, le projetconcerné et le montant du don. Une compta-bilité spécifique est d’ailleurs obligatoirepour ces fonds dédiés. La transparencereste l’une de nos valeurs fondamentales. �

    “Il faut se donner les moyens d’informer le donateur

    de l’utilisation des fonds”

    Monique Brémond est membre du conseil d’administration d’Aide et Action en tant que trésorière. Elle répond à nos questions sur la gestion des fonds en cas d’urgence.

    Les donateurs qui ont répondu à notre appel d’urgence « tsunami» restent informés de l’utilisation des fonds.

    Pho

    to: O

    . Bér

    on

    ie

    “La transparence reste l’une de nos valeurs fondamentales”

  • Côte de ChennaiZone couverte : 15 bidonvillesGroupe ciblé (familles) : 3 750

    KaraikalZone couverte : 10 villagesGroupe ciblé (familles) : 2 100

    NagapattinamZone couverte : 25 villagesGroupe ciblé (familles) : 10 500

    Îles Andaman et NicobarZone couverte : 25 villagesGroupe ciblé (familles) : 10 500

    15

    SITUATIONS D’URGENCETsunami :

    1 an après…>>> Dossier

    es vagues ont surgi avec furie cejour fatal du 26 décembre 2004.D’un seul coup toute l’évolution

    et le développement que l’on observaitdepuis des dizaines d’années a étédétruit. Les bâtiments sont rasés, latotalité des équipements de pêcheréduits en miettes, les terres agricolesdesséchées par le sel sont renduesinfertiles et les communautés, sans abri,se réfugient dans des camps de secours.Aide et Action Asie du Sud a immédiate-ment apporté son soutien auprès deceux qui se trouvaient dans les endroits

    les plus touchés de la région – les dis-tricts de Trincomallee et Galle au Sri Lanka,Karaikal dans le territoire de Pondi-chéry, le district de Nagapattinam auTamil Nadu, les îles Andaman et Nicobaret les bidonvilles au long de la côte àChennai en Inde.

    Au travers de partenariats avec des orga-nismes internationaux tels que la Com-mission européenne, le Départementpour le développement international duRoyaume-Uni (DFID), l’American IndiaFoundation (AIF) et des ONG partenaires –

    Prayas, AVVAI, SEVAI, la fondation Dr Reddy, WACCO et Siyath – l’associa-tion intervient dans les domaines lesplus touchés (agriculture, santé, écono-mie, etc.) et appuie les communautés,notamment celles qui ont toujours étémarginalisées et reléguées à l’arrière-plan – les enfants, les jeunes, les fem-mes, les dalits1, les paysans sans terre etles petits fermiers.

    1 Terme signifiant « opprimés » en sanscrit et désignant les indi-vidus considérés comme hors caste, communément appelés« intouchables ».

    Des ruines au développement : reconstruction des hommes

    Il y a un an, le terrible tsunami venait frapper l’Asie du Sud-Est. Aujourd’hui, les communautés, appuyées par l’association, prennent en main leur avenir. L’urgence a cédé la place à la reconstruction et au développement.

    État des lieux du travail accompli.

    L

    Principales actions menées en Inde

    INTERVENTIONS EN INDE

    Soutien psychosocial et activités éducatives en direction des enfants

    Permettre aux exclus – dalits, ouvriers agricoles, femmes… –

    de gagner leur vie de façon durable et de prendre en charge leur avenir

    Consolider les moyens de subsistanceexistants et créer des opportunités

    de revenus

    Reconstruction des villages avec les équipements

    communautaires nécessaires

    Mise en valeur des terres et des ressources en eau pour

    une utilisation sur du long terme

  • 16

    SITUATIONS D’URGENCETsunami :

    1 an après…>>> Dossier

    � Des centres qui accueillent tous les enfantsLes femmes et les enfants sont souventles premiers touchés lors de catastrophes(des études démontrent que plus de 50%des traumatisés sont des enfants). Il estvital pour la communauté et le développe-ment de la nation de s’assurer que lesenfants retrouvent une vie normale le plustôt possible. Parmi les moyens employés,des centres d’accueil et de soins sont misà leur disposition. À ce jour, ce sont 41 cen-tres qui offrent un soutien pédagogique,périscolaire et psychosocial aux enfantset adolescents.Les plus petits, de moins de 5 ans, ysont reçus comme à la maison pendant

    � Redonner confiance aux femmeset agir pour leur émancipation« Je m’appelle Rajini et j’ai 26 ans.J’habite dans le village de Perunthottamavec mon mari Ramesh et mes deux fillesde 6 et 3 ans. Ma fille aînée est en CE1et la plus jeune va au centre pourenfants. Nous ne possédons pas de terre.Nous avions deux chèvres qui sont mor-tes pendant le tsunami. Mon mari estchauffeur de tracteur et gagne 1 000 rou-pies (environ 20 euros) par mois. Moi, jegagne environ 500 roupies en travaillant,quand cela est possible, sur les terresdes autres, pour 40 roupies par jour.Il y a huit mois je me suis inscrite au grouped’entraide des femmes d’Agaramullai. Avec

    le capital de départ de 5000 roupies qui m’aété prêté et ma contribution de 1000 rou-pies, j’ai pu acheter une vache. Ma situa-tion financière s’est améliorée grâce aurevenu supplémentaire de 600 roupiespar mois que m’apporte la vente du lait.J’ai aussi suivi une formation sur diffé-rents sujets : comment faire des écono-mies, les comptes, rembourser les prêtset apprendre les méthodes pour aug-menter la production de lait de mavache. Cette formation était une trèsbonne expérience et m’a fait comprendredes aspects jusque-là inconnus pourmoi. Elle m’a donné confiance et assu-rance. J’ai maintenant beaucoup plus decourage pour affronter l’avenir. Je veux

    investir dans l’éducation de mes fillesafin qu’elles aient une vie meilleure.Quand le tsunami a frappé, l’avenirparaissait sombre. Nous ne pouvionsplus travailler comme ouvriers agricolescar les terres cultivables sont devenuesinfertiles à cause de la salinité. Main-tenant, ma situation financière s’estremarquablement améliorée grâce àl’aide des groupes d’entraide fémininsorganisés par Aide et Action et AVVAI. »

    � Des groupes d’entraide pour les femmesLes femmes et notamment celles vivantdans les régions rurales font partie des

    quelques heures lematin. Au programme :les soins nécessaires,de la nourriture et lapossibilité de s’amu-ser avec des jeux d’in-térieur et d’extérieur. Jouets, balançoireset toboggans sont pris d’assaut dès 7 h 30le matin. Les plus grands, de 6 à 18 ans,sont accueillis l’après-midi. Ils y trou-vent une écoute, pratiquent le yoga,poursuivent d’autres activités périsco-laires et continuent à progresser dansleur scolarité. Ces enfants, la pluparttraumatisés, trouvent un environne-ment chaleureux dans lequel ils se sen-tent en sécurité. Parents et grands-

    parents se montrent enthousiastes :« Mon petit-fils de 1 an et demi a com-mencé à parler comme il faut depuis qu’ilva au centre. Il a même appris des chan-sons et des comptines », se réjouit unegrand-mère.Une fois que les enfants n’auront plusbesoin de ces centres, ils seront réhabi-lités, avec la participation de la commu-nauté, en centres de ressources et d’in-formation pour les villageois.

    >>

    >>

    Soutien psychosocial et activitéséducatives en direction des enfants

    Activités entreprises

    >> Établissement de centres de soins pour enfants >> Amélioration des infrastructures scolaires>> Recrutement et formation d’instituteurs et institutrices>> Fourniture de matériels pédagogiques >> Aide à une bonne hygiène des adolescentes

    Activités entreprises

    >> Planning pour la reconstruction participative des villages>> Mise en place de centres d’information et de ressources dans les villages>> Base de données des pertes et des besoins des villageois >> Formation et consolidation des groupes d’entraide (Self Help Group)>> Conseil et appui pour l’accès aux programmes d’aide et de réhabilitation

    du gouvernement >> Formations pour les bénévoles et mobilisateurs de la communauté

    Émancipation des groupes marginalisés – dalits, sans terre, indigents et femmes

    Les enfants trouvent un environnement chaleureux dans les centres d’accueil.

    Grâce aux groupes d’entraide, Rajini a pu acheter une vache.

    Pho

    to: Y

    . Cis

    sePh

    oto

    : A &

    A In

    de

  • >>

    17

    SITUATIONS D’URGENCETsunami :

    1 an après…>>> Dossier

    �«Cette formation professionnellea changé le cours de ma vie»Kayalvizhi vivait dans un village tranquilleavant qu’il soit frappé par le tsunami. Sadécision de s’inscrire au programme deformation professionnelle a transformé savie. Elle nous raconte son histoire…«Je m’appelle Kayalvizhi et j’ai 20 ans.Mon père, M. Sambanthamoorthy, est unouvrier agricole et gagne 1000 roupies parmois. Ma mère est femme au foyer. J’ai étéà l’école jusqu’à la fin du cycle secondairemais je n’ai pas pu continuer mes étudesà cause des contraintes financières.J’occupais mon temps en aidant ma mèrepour les tâches ménagères et en regar-dant la télévision. Quand j’ai appris qu’il y avait un program-

    me de formationLABS (LivelihoodA d v a n c e m e n tBusiness School)à Sirkali, j’ai eu en-vie de m’inscrire.J’ai participé à laséance d’or ien-tation et j’ai étéadmise au coursITES (informatique).Au début mes pa-rents étaient réti-cents parce que jedevais faire tousles jours deux heu-res de voyage parautobus. Je n’avaisjamais travaillé sur

    un ordinateur maisj’ai pu facilementassimiler tout cequ’on m’a appris,comme l’utilisationde logiciels de trai-tement de textepar exemple.Maintenant, je tra-vaille à SattainatharCommunications.Je fais des enquê-tes sur le terrainainsi que des sai-sies de données.Ce travail m’a don-né une grande con-fiance en moi. J’ailoué une maison à Myiladuthurai avecquatre autres camarades de classe. Jegagne 2 000 roupies par mois et je suisfinancièrement indépendante. Je peuxmettre de l’argent de côté pour aiderma famille. Le programme de formationprofessionnelle a changé le cours de mavie. Je n’aurais jamais cru arriver à un telrésultat en si peu de temps. »

    � Des formations adaptées aux besoins locauxDans des situations d’urgence et decatastrophes, quand les systèmes de

    soutien ont complètement disparu, il estabsolument indispensable de créer despossibilités immédiates d’apprentissagepour les jeunes. Le programme unique de formationpour les jeunes, qui se déroule sur unedurée de quatre mois, développé par laFondation du Dr Reddy sous l’égided’Aide et Action et LABS, assure non seu-lement la sécurité de l’emploi grâce àune sûreté de placement mais donneaussi une formation aux métiers quiconviennent à la communauté et à l’éco-nomie locale.

    Créer des opportunités de revenus additionnels et dispenser des formations professionnelles

    individus les plus marginalisés. Leurprincipale préoccupation est bien sou-vent la survie quotidienne. Chômage,revenus insuffisants, environnementprécaire font qu’elles ont de plus en plusde difficultés à subvenir aux besoins deleur famille. Le tsunami n’a fait qu’aggra-ver cette situation. Comme Rajini, denombreuses femmes participent à desgroupes d’entraide et d’intérêt com-muns. Au travers de ces groupes, ellespeuvent recevoir la gestion d’un capitalpour le démarrage d’une activité lucra-tive et une formation professionnelle.L’objectif est bien sûr d’améliorer leurcondition de vie mais aussi de leurapprendre à s’organiser et leur donner lesens de l’influence pour qu’ensemble,elles s’unissent autour de la défensede leurs droits.

    Activités entreprises

    >> Soutien et aide financière aux groupes d’intérêt communs >> Formation professionnelle pour les jeunes

    Les groupes d’entraide permettent aux femmes de reprendre une activité lucrative ou de suivre une formation professionnelle.

    Test d’aptitude pour accéder aux formations professionnelles.

    Kayalvizhi.

    Pho

    to: Y

    . Cis

    sePh

    oto

    : A &

    A In

    de

    Pho

    to: A

    & A

    Ind

    e

  • 18

    SITUATIONS D’URGENCETsunami :

    1 an après…>>> Dossier

    GalleZone couverte : 10 villagesGroupe ciblé (familles) : 8 756

    TrincomalleeZone couverte : 7 villagesGroupe ciblé (familles) : 1 523

    SRI LANKA

    � Activités de reconstruction, une unique source d’emploipour les dalitsLe tsunami a considérablement contaminéles terres par l’eau de mer. Les sourcesd’eau de tous les villages côtiers ont éga-lement été infectées par l’intrusion d’eausalée. Cette paralysie des terres cultiva-bles a eu un effet immédiat sur la vie desdalits. Ces fermiers marginaux et ouvriersagricoles dépendent entièrement del’agriculture comme moyen d’existence. Le programme de travail « Rénover » seconcentre sur la remise en valeur desterres et de l’eau par le dessalage et ledragage des canaux d’approvisionne-ment. L’objectif est de fournir desopportunités d’emplois autour de cestravaux de réhabilitation: dessaler les

    étangs, renforcer les digues des rivières,rénover ou creuser les puits, labourer lesterres pour le dessalage, construire descanaux de distribution et d’approvision-nement. Des hommes aussi bien quedes femmes ont été employés poureffectuer ces activités et les salaires ontété versés selon la catégorie du travaileffectué. Pendant plusieurs mois aprèsle tsunami, les dalits n’ont eu que cetteseule opportunité d’emploi à proximitéde leur village, ce qui représente leurunique source de revenus.

    � Un redémarrage prometteurCe programme a eu des conséquencesconsidérables sur la promotion du dévelop-pement à tous les échelons. Le creusementdes canaux d’arrivée d’eau a assuré une

    distribution équitable pour tous les champs.Avec l’arrivée des pluies de la mousson(septembre et octobre), les canaux se sontremplis d’eau. Des terrains qui n’avaient pasété cultivés depuis quatre ans à cause dumanque d’eau sont devenus cultivables.Des semences et des plantations d’arbresfruitiers ont aussi commencé.

    Activités entreprises

    >> Reconstruction et réparation des bâtiments scolaires>> Approvisionnement en eau et installations sanitaires>> Création d’emplois liés aux activités de reconstruction des villages

    et réhabilitation des terres et des ressources en eau>> Plantation des zones côtières>> Dessalage des terres et des nappes phréatiques >> Restauration de l’eau des lagunes et des étangs>> Formation pour des pratiques de gestion durable des terres et de l’eau

    >>Reconstruction des villages et réhabilitation des terres et des ressources en eau

    Réhabilitation des canaux de distribution d’eau.

    INTERVENTIONS AU SRI LANKA

    Principales actions menées au Sri Lanka

    Soutien psychosocial et activités éducatives en direction des enfants

    et des adolescents

    Soutien psychosocial des groupesmarginalisés – minorités, femmes

    et enfants

    Mobilisation de la communauté par la formation de groupes d’entraide

    Soutien pour la reconstruction des villages et des équipements

    communautaires

    Soutien pour les moyens de subsistance

    Pho

    to: A

    & A

    Ind

    e

  • 19

    SITUATIONS D’URGENCETsunami :

    1 an après…>>> Dossier

    � Écouter, soutenir, éduquer…vers un retour à la vie normale Les communautés du Sri Lanka, un paysravagé par la guerre, ont toujours dû faireface à des situations difficiles. La pers-pective de vivre dans un environnementde paix et de développement commen-çait à se concrétiser quand le tsunami afrappé. La souffrance indescriptible despersonnes marginalisées, déjà affaibliespar la situation existante, a poussé Aideet Action à intervenir dans le pays. L’association apporte un soutien psycho-social aux groupes les plus touchés etparticulièrement les minorités, les fem-mes et les enfants. Des séances d’orien-tation ont été organisées dans les 7 centresde soins pour enfants et les 10 centresd’apprentissage. Des activités novatricescomme la thérapie par l’art, la musique,les danses folkloriques, le yoga, la médi-tation, le travail manuel du papier et lethéâtre de rue ont été proposées pour lesaider à affronter leurs peurs. Un travail quiporte ses fruits puisque les enfants et lesjeunes ont commencé à se sentir mieux etont amélioré leurs résultats scolaires.

    � Subvenir aux premières nécessités: reloger les populationsÀ Sethur, 75 familles touchées ont reçu400 m2 de terrain chacune dans le vil-lage de Madurankuda. Des constructions

    d’habitations sont prévues. La fabricationdes briques est en cours et le terrassementet le débroussaillage des terrains sont entre-pris par la communauté locale. Deux puitscommunautaires ont également été creusés.

    � Un foyer pour les enfants en détresseArumbukal Aravanaikkam est un centrede réhabilitation pour les enfants en

    détresse soutenu par Aide et Action et sonpartenaire local WACCO. Ce centre proposeun service de soins, de la nourriture, unhébergement, des équipements scolaireset des cours. À ce jour, 26 enfants sontaccueillis – 8 enfants qui avaient subides mauvais traitements, 17 enfants defamilles dissociées et un enfant travail-leur. Ils ont été identifiés par le tribunal,le ministère des Affaires sociales, la police,des ONG locales et le comité du districtpour la protection de l’enfant.

    � Un rôle décisif pour les femmesdans les initiatives locales La participation communautaire est l’un despoints fondamentaux de la démarche d’in-tervention d’Aide et Action. Chaque individudoit avoir les moyens de participer au déve-loppement de sa communauté. La formationdispensée aux femmes pour leur inculquerles qualités de «meneuses» a abouti à unaccroissement de leur participation aux acti-vités de reconstruction locale. Les groupesde femmes sont devenus plus actifs. Elles sesont engagées dans les programmes denutrition et ceux liés à la santé des enfantsdans les centres de soins. Ces interventionsont été doublées par un renforcement descapacités des communautés pour que cesdernières poursuivent non seulement lesprojets mais en assurent la pérennité.

    L’achat d’un rouet pour filer la noix de coco se concrétise avec l’appui du groupe d’entraide.

    Des femmes accompagnent les enfants au centre d’accueil et de soins.

    ”“La participation communautaire garantit la pérennité des projetsL’objectif principal des interventions d’Aide et Action en Asie du Sud ne s’arrête pas uniquement à la réhabilitation des communautés. Fidèle à sa démarche, l’association vise principalement le renforcement des capacités des communautés afin de leur donner les moyensd’entamer un processus de développement qu’elles ont choisi. Chaque activité, avant d’être mise en place, a été évaluée par les communautés selon son degré de réalisation et de pérennisation.

    La voie du développement est longue et difficile. Les communautés qui ont connu l’horreur, comme ceux d’entre nous qui se sont rendussur place les premiers jours, gardent un souvenir indélébile de cette tragédie. Mais la vie continue pour eux, aussi bien que pour nous.

    Nos actions à grande échelle nous ont permis d’intervenir auprès de milliers de personnes. C’est avec tous et notamment grâce à votre soutien durable que nous assurerons la consolidation de nos projets et leur pérennité.

    Pho

    to: Y

    . Cis

    se

    Pho

    to: Y

    . Cis

    se

  • SITUATIONS D’URGENCECrises

    sanitaires>>> Dossier

    20

    e rôle de l’éducation dans le com-bat contre le VIH/Sida2 n’est plusà prouver. Au niveau internatio-

    nal, l’attribution de crédits (et donc la col-lecte à grande échelle) à des programmesde sensibilisation nationaux ou issus de lasociété civile reste indispensable.Au niveau local, la lutte doit se mener enfonction des spécificités socioculturelles,ce qui n’est pas toujours facile. Hippolyte,animateur dans une ONG, a toujours refuséde parler du VIH/Sida dans sa classe.Pourtant, il le connaît ce virus, ses effets,ses modes de propagation. Mais il ne veutrien savoir. « Il n’est pas question que jeparle de rapports sexuels et du VIH/Sida àdes filles de 13 ans. Si je le fais, ça les inci-tera à en avoir.» Hippolyte n’est pas un casparticulier : il a fait des études supérieures

    (bac + 5), il est enseignant bénévole pourune association. Mais il n’est pas encoreprêt à sensibiliser ses élèves, le sujet esttrès difficile à aborder.

    Aller au-delà des tabousL’expérience montre que les enseignantssont souvent gênés au moment d’en par-ler. Ce qui conduit finalement à une occul-tation totale du problème au sein de laclasse ou alors, dans le meilleur des cas, àl’utilisation d’un langage très scientifique,sans référence au sexe. Pourtant, l’écolereste un lieu privilégié pour la sensibilisa-tion des jeunes adultes. Les parents lais-sent volontiers ce rôle aux professeurs careux-mêmes ont du mal à aborder le sujet.La formation des enseignants est doncde ce point de vue indispensable.

    Dans le système éducatifformel, la sensibilisationpermet aux élèves d’obte-nir davantage de préci-sions que par les seulsparents, dans un lieudédié à l’apprentissage.Mais cela ne suffit paspuisque de nombreusesvictimes du virus sontexclues de l’école classi-que: orphelins (d’un parentou deux), enfants sansinstituteur, exclusion desmalades. Il est donc essen-tiel d’agir aussi dans lenon-formel.

    Des clubs de jeunespour en parlerC’est ce que font deux asso-ciations partenaires d’Aideet Action, l’AJID (Asso-ciation des jeunes pourdes initiatives de déve-loppement) au BurkinaFaso et Friends interna-tional au Laos. Dans lesdeux cas, l’idée est sim-ple: sensibiliser en dehorsdes salles de classe et ciblerdes groupes particuliers,

    notamment les jeunes. «Nos parents sontcontents car nous leur donnons aussi desinformations sur le VIH/Sida», raconte unejeune fille de l’AJID. S’il est vrai que danscertains cas, les résistances parentalessont importantes, notamment à cause defreins socioculturels, ce n’est pas le cas àRéo (province du Sanguié, Burkina Faso). Ce village fait partie d’un groupe de cinqdans lesquels Aide et Action finance desclubs de jeunes. C'est-à-dire qu’elle four-nit du matériel (mannequins, vidéos desensibilisation, etc.) et qu’elle forme des« pairs éducateurs» qui vont pouvoir àleur tour former leurs amis et parents sur

    Sida : l’éducation, vecteur indispensable de la prévention

    L’impact du VIH/Sida sur les sociétés dans les pays les plus meurtris n’est plus à démontrer1. Les systèmes éducatifssont en première ligne. Et pourtant l’éducation, facteur clé de la lutte contre la pandémie,

    doit être préservée et s’adapter. Retours d’expériences.

    Des campagnes de sensibilisation au VIH/Sida sont indispensables.

    L Les 9 principes d’action de l’Unescopour lutter contre le VIH/Sida grâceà l’éducation (Unesco, rapport mondial de suivi de l’Éducation pour tous, 2002).

    >> Intégrer le problème du VIH/Sidadans l’ensemble du secteur de l’éducation.

    >> Continuer à faire fonctionner le secteur éducatif.

    >> Adopter la prévention, les soins et le soutien comme principes debase pour guider les interventionset les programmes du système et des établissements.

    >> Examiner constamment les programmes d’enseignementafin de s’assurer qu’ils sont pertinents au regard d’un mondeoù sévit le Sida.

    >> Veiller à répondre aux besoins des personnes les plus pauvres et des personnes en détresse.

    >> S’attaquer aux inégalités entreles sexes qui favorisent la propagation du VIH/Sida.

    >> Renforcer les capacités de gestionet de maîtrise de cette épidémie.

    >> Promouvoir la participation et le soutien de la communauté.

    >> Travailler dans une optique multisectorielle et avec un largeéventail de partenaires.

  • 21

    SITUATIONS D’URGENCECrises

    sanitaires>>> Dossier

    les questions relatives au Sida. Dans lapetite école où le club s’est retrouvéaujourd’hui, il n’y a plus de tabous. Âgésde 10 à 22 ans, les garçons et les fillesparlent du préservatif sans façon. Le man-nequin (le même que celui utilisé auLaos, sur la photo ci-contre) ne lesimpressionne plus. Ils parlent des diffé-rents cas de transmission du VIH : « Latransmission par voie sexuelle, la trans-mission par la voie sanguine ou la trans-mission mère-enfant »…

    Au Laos, l’association Friends internatio-nal a identifié un autre type de problème,dans un environnement différent. ÀVientiane, la capitale frontalière, les tra-fics en tout genre touchent énormémentd’enfants. Prostitution et drogue sont lelot quotidien de nombreux jeunes. Ici, lacollaboration avec Aide et Action a permis

    la mise en place du programme Puan Mit(«Ami cher»), spécifiquement dédié auxenfants des rues. Le volet VIH/Sida y a unegrande importance. Chacune des quatreéquipes du programme, en plus de sesactivités d’écoute, d’alphabétisation ou desoins, fournit des informations sur le virus.

    Besoin de perspectives d’avenirGrâce à l’utilisation de différents maté-riels éducatifs (photos, bandes dessinées,jeux), les animateurs répondent aux prin-cipales questions de façon ludique :Qu’est-ce que le VIH/Sida? Quels sont lesrisques? Quels sont les moyens de pro-tection?, etc. Tout au long de leur démar-che et de leur travail, ces équipes se sontrendu compte d’une chose : quel que soitle moyen de la sensibilisation, celle-cidoit être liée à des activités permettantun développement social. Il faut pouvoirproposer des choix de vie à long terme et

    cela passe par l’éducation. Hippolyte, quine voulait pas faire d’éducation sexuelle,s’est récemment rendu à l’évidence : dansl’une de ses classes, une apprentie estdésormais enceinte. Elle a 13 ans. Devantl’ampleur du problème, il admet qu’il doitpasser au-delà de ses appréhensions. �

    1 Voir rapport de l’Onusida 2005.2 VIH/Sida : Virus de l’immunodéficience humaine/Syndromede l’immunodéficience acquise.

    Les jeunes sont les premiers concernés par les programmes de prévention.

    Même si les mannequins n’impressionnent plus cette dame, dépasser les tabous est rarement chose facile.

    Exercice pratique pour tout le monde.

    Les trois programmes d’Aide et Action au Burkina Faso

    Trois expériences sont en coursconcernant le VIH/Sida. La premières’appelle «Métropole enfants» : l’association partenaire Métropoleintervient dans la province du Kadiogo depuis 2003 et a permisau programme conjoint Aide etAction/ActionAid de financer 15 clubsde mineurs dans les écoles de la zonepériurbaine de Ouagadougou.Avec l’appui de l’Université dumonde, un projet est en cours pourconstruire avec les enseignants dessupports pédagogiques à destinationdes écoles primaires, sur le paludisme,le Sida et la méningite. Commencé en 2002, ce projet permet en 2005,après corrections nécessaires, d’introduire des supports dans 9 écoles pilotes. Enfin, le troisièmeprojet consiste à financer un réseaude clubs de jeunes dans la communede Réo (Sanguié), avec causeries éducatives, projections vidéo et exploitation de petites activitésgénératrices de revenus.

    Pho

    to:A

    &A

    Bu

    rkin

    aFa

    so

    Pho

    to:A

    &A

    Lao

    s

    Pho

    to:A

    &A

    Lao

    s

  • SITUATIONS D’URGENCECrises

    alimentaires>>> Dossier

    22

    Les études prouvent aujourd’huique la malnutrition laisse desséquelles sur le développement

    intellectuel des enfants de moins de 5 ans,compromettant à jamais leurs chances deréussite scolaire.» Théophile Faho, respon-sable Aide et Action au Niger, connaît lesujet. Ses équipes sur le terrain ont main-tes fois fait ce constat. Il poursuit : «Nosdifférents programmes souffrent et sonthandicapés par les conséquences de l’insé-curité alimentaire. Il est donc indispensable

    pour nous d’agir si nous ne voulons pasvoir des années d’efforts tout simplementruinées. Notre intervention en tant quespécialistes de l’éducation est mise à malpar un phénomène, la famine, sur lequelnous pouvons avoir un impact».

    Consommation de plantestoxiques, exode rural… de lourdes conséquencesConcrètement, sur le terrain, la famine adiverses conséquences. Les enfants

    cueillent des feuilles et des racines,seule nourriture accessible en temps d’in-sécurité alimentaire. Karim Yamba, coor-dinateur de la zone de Loga (Niger) raconte:« On les voit monter sur les arbres pourfaire tomber les gousses de boscia senega-lensis ou les feuilles de macrua crassifolia,deux plantes arbustives de la zonesahélo-saharienne. Elles contiennenttoutes deux beaucoup de substancestoxiques et sont réputées pour leuramertume ». Au-delà de ce problème,

    Niger, Burkina Faso : que peut l’éducation face à la crise alimentaire ?

    La récente famine au Niger et au Burkina Faso a touché directement les systèmes éducatifs. Mais, à l’inverse, l’action éducative peut-elle aussi avoir un impact sur l’insécurité alimentaire ?

    Et influer à long terme sur les difficultés des populations touchées, c’est aussi favoriser le retour à l’école.

    L’insécurité alimentaire risque de handicaper gravement le développement intellectuel de ces enfants.

    «

    Pho

    to:A

    .Bo

    rdal

    lo

  • 23

    SITUATIONS D’URGENCECrises

    alimentaires>>> Dossier

    les abandons massifs des villages pourles centres urbains sont également pré-occupants car les enfants sont contraintsde quitter leur école. Même dans le casoù ils intègrent une nouvelle école enville, la difficulté d’adaptation au nou-veau contexte de vie est grande. Lesparents ne s’impliquent plus, ne vontplus chercher les bulletins de leursenfants, ne s’occupent plus des actesde naissance. Dans tous les cas, lesrésultats scolaires baissent.

    Les pluies ont été tardives et les criquets nombreuxSur les causes de l’insécurité alimentaire,rien n’est simple et les facteurs sont mul-tiples. Bien sûr la sécheresse, particuliè-rement dure en 2004, a joué un grandrôle. Les pluies ont été tardives et cour-tes, les criquets nombreux (voir encadréci-contre). Mais il y a aussi des raisonsstructurelles : Salifou Ouedraogo, du pro-gramme conjoint Aide et Action/ActionAid

    au Burkina Faso rappelle quelques don-nées: «C’est vrai qu’il y a aussi une mécon-naissance des techniques de production,une inexistence des revenus pour l’achatdes céréales à l’extérieur et très peu demoyens de conservation ou de transfor-mation des produits. Dès qu’ils récoltent,les paysans doivent vendre, quel que soitle prix : soit parce qu’ils ont besoin d’ar-gent, soit parce que la récolte se perdrade toutes façons. Et comme tout lemonde récolte en même temps, les prix

    du marché chutent. Leur production neleur rapporte pas assez pour vivre toutau long de l’année ».

    L’éducation, une priorité contre la famineLe volet éducatif de la lutte reste unepriorité. Au-delà de la distribution devivres pour parer au plus pressé, l’éduca-tion doit créer les conditions d’une plusgrande disponibilité de nourriture ; parmiles moyens employés : la formation et lasensibilisation des populations auxbesoins nutritionnels, aux techniquesagricoles et à la gestion des récoltes. Aide et Action, en partenariat avec leFNUAP (Fonds des Nations unies pour lapopulation), a lancé en octobre dernier surla commune de Loga un « projet d’assis-tance aux femmes enceintes et allaitan-tes». L’idée: en échange d’un «panier»(50 kilos de riz, 10 de haricots et 5 d’huile,un kit d’accouchement, une moustiquaire),les femmes doivent venir consulter au cen-

    tre de santé, lieu dela distribution, à diffé-rents stades de leurgrossesse. Pendantcette distribution, lesmédecins donnent des

    conseils sur la nutrition des enfants et desmères ou sur la planification familiale(exemple : laisser reposer le corps entredeux naissances). Les objectifs sont clairs :favoriser la fréquentation des services desanté, améliorer le suivi nutritionnel,contribuer à réduire la mortalité maternelleet encourager la planification familiale.Dans le cadre du soutien direct aux éco-liers, Aide et Action a également mis enplace le «projet tutorat» (voir magazineprécédent et rubrique «Actus » page 30).

    “L’éducation doit créer les conditions d’une plus grande

    disponibilité de nourriture”

    L’association a lancé un projet d’assistance aux femmes enceintes et allaitantes.

    Quelles sont les zones les plus gravementtouchées par le criquet au Burkina?Il s’agit principalement des zones sahéliennes, dans les provinces de Séno,Soum et Gnagna.

    Que s’est-il passé en 2004?En mai 2004, les criquets ont traversé le Burkina du sud vers l’est, pour aller au Niger. C’est très rare, ça arrive une foistous les cent ans ! L’essaim faisait 100 km2,ce qui correspond à des milliards d’individus.Il faut savoir que le criquet consomme son propre poids de nourriture par jour. Un criquet pèse 3 grammes: autrement dit,