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Livret des résumés V ème Congrès de la Société de Philosophie des Sciences « Métaphysique des Sciences » 25, 26 et 27 juin 2014 Lille, France Universités Lille 1 et Lille 3 UMR Savoirs, Textes, Langage

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Vème Congrès de la

Société de Philosophie des Sciences

« Métaphysique des Sciences »

25, 26 et 27 juin 2014

Lille, France

Universités Lille 1 et Lille 3 UMR Savoirs, Textes, Langage

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Comité de programme Anouk Barberousse (Université Lille 1, co-présidente) Francesca Merlin (IHPST, Paris, co-présidente) Minus van Baalen (CNRS/Université Pierre et Marie Curie, Paris) Denis Bonnay (Université Paris Ouest Nanterre La Défense) Mauro Dorato (Università Roma 3) John Dupré (University of Exeter) Paul Egré (Institut Jean Nicod, Paris) Michaël Esfeld (Université de Lausanne) Laura Felline (Université catholique de Louvain) Henri Galinon (Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand) Elodie Giroux (Université Jean-Moulin Lyon 3) Philippe Huneman (IHPST, Paris) Maël Lemoine (Université de Tours) Virginie Maris (CEFE, Montpellier) Hugo Mercier (Laboratoire Langage, Cerveau et Cognition, Lyon) Francesca Poggiolesi (CEPERC, Aix-Marseille) Shahid Rahman (Université Lille 3) Anne-Lise Rey (Université Lille 1) Carlo Rovelli (Centre de physique théorique de Luminy, Marseille) Stéphanie Ruphy (Université Pierre-Mendès-France, Grenoble) Howard Sankey (University of Melbourne) Tero Tulenheimo (Université Lille 3) Marion Vorms (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) Marcel Weber (Université de Genève) Jessica Wilson (University of Toronto) Comité d’organisation Shahid Rahman (Université Lille 3, président) Anouk Barberousse (Université Lille 1) Matthieu Gallais (Université Lille 3) Camille Prost (Université Lille 3)

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SOMMAIRE Conférences p. 7 Sessions p. 11 Symposiums p. 77

Au sein de chaque partie, les résumés sont classés par ordre alphabétique, selon le nom du premier auteur.

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Conférences

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Carl Hoefer (Rotman Institute of Philosophy, Western University, London Ontario, Canada) The metaphysics of objective chance: not propensity, maybe determinism Max Kistler (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, France) Débat plénier avec Emma Tobin Göran Sundholm (Universiteit Leiden, Nederland) Ontological Descriptivism Claudine Tiercelin (Collège de France, Paris, France) La métaphysique et les sciences: de nouveaux enjeux Emma Tobin (Université College London, United Kingdom) Natural Kinds in Scientific Practice - Débat plénier avec Max Kistler

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SESSIONS

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Sara Ambroggiani (Université Paris 8, France) Enjeux philosophiques du dispositif fictionnel dans la science : le cas de l'imitation game de Turing Nous nous intéresserons ici au rôle du dipositif fictionnel dans la science. Nous aimerions comprendre ce que viennent faire les élaborations qui relèvent de la fiction, du récit non véridique, contrefactuel au sein même d'un article scientifique ou d'un propos scientifique. Partant d'un exemple précis, celui de l'expérience de pensée que propose le mathématicien britannique Alan Turing dans son article « Computing Machinery and Intelligence » (1950), nous analyserons le contenu et la portée que donne le scientifique à cette histoire qu'il nous raconte, parce qu'il s'agit bien, nous le verrons, d'une histoire avec des personnages, un décor, une intrigue. Nous essaierons de montrer la puissance de la fiction qu'il élabore et de comprendre pourquoi cette fiction qui est là pour explorer ce qui peut résulter d'une expérience scientifique donnée si nous avions les moyens de la réaliser, pourquoi c'est cette fiction justement qui va nous permettre de mettre en place les moyens techniques qu'il nous manquait pour la réaliser. À partir de l'avènement de la cybernétique, se développent de nouveaux usages du langage : les scientifiques se mettront à parler d'intelligence concernant des machines, ils utiliseront la même notion de « traitement de l'information » pour les opérations qu'effectuent un cerveau ou un ordinateur. Un parallèle puissant va se mettre en place entre le cerveau et l'ordinateur. C'est ce déplacement, induit par un discours scientifique amnésique quant à ses origines fictionelles, que nous voudrions mettre en lumière à travers l'analyse de l'imitation game de Turing. Valia Allori (NIU, United States) Maxwell's Paradox: The Metaphysics of Classical Electrodynamics and its Time Reversal Invariance In this paper I argue that the recent discussion on the time-reversal invariance of classical electrodynamics rests on the fact that the theories compared are different theories. If so, the controversy will not be resolved

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until we have established which alternative is the most natural. It turns out that we have a paradox, namely that the following three claims are incompatible: the electromagnetic fields are real, classical electrodynamics is time reversal invariant, and the content of the state of affairs of the world does not depend on whether it belongs to a forward or a backward sequence of states of the world. Vincent Ardourel (Université Paris-Sorbonne SND, France) Un nouveau cas de sous-détermination de théories en physique : mécanique classique et mécanique discrète Selon la thèse de la sous-détermination des théories par les données empiriques, aucune théorie scientifique ne peut être considérée comme étant vraie car il existe en principe une théorie rivale qui lui est empiriquement équivalente. Un des arguments principaux en sa faveur est de type inductif. Il repose sur la connaissance d’exemples de théories rivales empiriquement équivalentes. Mais cet argument peut être considéré comme s’appuyant sur un nombre insuffisant de cas. De plus, on peut douter que les exemples canoniques de sous-détermination concernent des théories et non seulement des formulations d’une même théorie (Norton 2008). Mon but dans cet article est de réhabiliter cet argument inductif en apportant de nouveaux éléments en sa faveur. Pour cela, je propose de montrer qu’il existe un nouveau cas de sous-détermination en physique et qui peut être généralisé à d’autres théories physiques contemporaines. Dans une première partie, je commence par montrer l’existence d’une théorie rivale et empiriquement équivalente à la mécanique classique : la mécanique discrète. J’explicite en quel sens il s’agit d’une théorie à la fois rivale et empiriquement équivalente. Dans une deuxième partie, je défends que la mécanique discrète est bien une théorie et non seulement une formulation de la mécanique classique. Ensuite, je montre que ce nouveau cas de sous-détermination peut être généralisé à d’autres théories physiques. Je mets ainsi en évidence une nouvelle procédure pour construire de manière systématique des théories rivales empiriquement

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équivalentes. J’explicite alors les avantages de cette procédure par rapport à celles proposées jusqu’à présent. Elise Aurieres (Cetcopra - Université Paris 1, France) Les intuitions ontologiques d'Alexandre Koyré Dans la littérature contemporaine, Alexandre Koyré est souvent rattaché à la tradition épistémologique française. Les commentateurs de Koyré ont ainsi situé son œuvre par rapport à celle de ses devanciers et contemporains : elle est généralement présentée comme opposée au continuisme de Pierre Duhem, héritière de celle d’Émile Meyerson et alliée à celle de Gaston Bachelard. Le concept koyréen de révolution scientifique a connu une renommé internationale qui contraste avec le peu d'intérêt porté à l'explication de ses thèses philosophiques. Nous souhaiterions montrer que la singularité de la pensée koyréenne a été éclipsée, phagocytée par ce désir de rattacher Koyré à l'école française d'épistémologie. Évidemment, il ne s'agit pas de remettre en question l’importance de la discontinuité présente dans la conception koyréenne de l'histoire des sciences, mais de montrer que les études de Koyré sur la Renaissance suggèrent une autre lecture de son œuvre qui met l’accent sur l’unité de la pensée. Koyré refuse de considérer comme pertinente la distinction entre croyance, science et philosophie : il est à la recherche des convictions partagées qui tissent la pensée d’une époque. Il désire enraciner la pensée scientifique dans des choix philosophiques et prôner l'unité de la pensée contre toute démarcation entre science et non science, entre vérité et histoire. Prenant son point de départ dans une investigation des objets historiques, la pensée de Koyré demeure philosophique. Cette communication aura pour but d'interroger la philosophie d'Alexandre Koyré dans le but d'expliciter ses intuitions ontologiques.

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Giuliano Bacigalupo (University of Konstanz, Germany) Legal Fictions, Assumptions and Comparisons Pierre Olivier (1975) distinguishes between two radically different conceptions of legal fictions: on the one hand, the conception of legal fiction developed by the commentators of the Middle Ages, which culminates in Bartolus’ definition; on the other hand, the conception developed by the 19th Century German scholar Gustav Demelius (1858), who was followed, among others, by Joseph Esser (1940). The main difference between the two approaches is individuated by Olivier in the fact that, while the former consider legal fictions as essentially implying an actual fictional element, the latter deny this. In other words, according to Demelius and those who follow him, the term “legal fiction” is a misnomer. In my presentation, I first provide an example of a legal fiction. In the second and third part, I rely on this example to analyze and assess the two competing accounts. Finally, in the fourth part, I advance a syncretistic account of legal fictions, which should thus point to a possible middle ground between the two competing positions. As it is often the case, there is probably some truth in both accounts; the problem – I will argue – is that both theories tell only a part and not the whole of the story. More precisely, it will be argued that legal fictions essentially involve the structure of “as if”-statements, and that the one-sidedness of the two competing accounts derives from the fact that one focused too much on the “if”-component (the assumption), whereas the other focused too much on the “as”-component (the comparison). Marius Backmann (University of Konstanz, Germany) Pruning the branches - Open Future Humeanism and Tensed Laws Proponents of the view called Open Future Humeanism (OFH) claim that the laws supervene on the totality of non-modal occurrent facts, and hence also on future events. This implies that the laws are not fixed until the subvenient base is complete, which is only the case at the end of the universe. Thus, at any instant in time, it is problematic to establish which future courses of events are compatible with the laws and which are not,

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since the laws are not yet fixed at that instant. In my paper, I will develop a way in which OFH can solve this problem. This is achieved by adding a temporal operator to the laws. This way we obtain a set of tensed laws at any instant which are valid up to that very instant and which can be used to differentiate between future courses of events regarding their compatibility with these tensed laws. Cristina Barés Gómez (LLI USE / UMR CNRS STL, Spain) Matthieu Fontaine (IIF UNAM MEXICO, Mexico) Transmission de l'information dans les pratiques argumentatives - Evidentialité dans une sémantique dialogique L’objectif de cette communication est de proposer une analyse de l’évidentialité fondée sur les pratiques argumentatives dans le contexte de la logique dialogique. De par sa dimension pragmatique, en présentant la preuve sous forme d’une interaction dialectique organisée selon un enchaînement de questions et de réponses, la dialogique apporte une compréhension novatrice de l’évidentialité basée sur la prise en compte des différents niveaux grammaticaux que sont les niveaux phrastique, sub-phrastique et discursif. On fera le lien entre ces niveaux et les différents types de règles de la logique dialogique, à savoir les règles locales, structurelles, voire stratégiques. En effet, pour comprendre l’évidentialité, il convient de combiner subtilement les niveaux sémantique et pragmatique. On basera l’analyse sur une approche épistémique de l’évidentialité et mettra l’accent sur la transmission de l’information, de la source d’information et plus généralement de la connaissance. On définira les règles pertinentes pour implémenter l’évidentialité dans les dialogues et proposer une compréhension où les niveaux sémantique et pragmatique interagissent, saisissant ainsi dans une approche globale les différents niveaux de signification phrastique, sub-phrastique et discursif. Expliquant de ce fait comment attaquer ou défendre une évidentielle, on donnera un aperçu de la façon dont sont transmises l’information et la connaissance dans les processus argumentatifs. On verra aussi comment la logique dialogique permet de tenir compte de l’actualisation de la connaissance dans une conversation et surtout comment se transmet la connaissance entre agents.

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Marta Bertolaso (Institute of Philosophy of Scientific and Technological Practice, Faculty of Engineering, University Campus Bio-Medico of Rome, Italy) Silvia Caianiello (Institute for the History of Philosophy and Science in the Modern Age (ISPF), Italian National Research Council (C.N.R.), Naples, Italy) The multilevel phenomenology of cancer and the robustness of levels: a case for strong emergence The contribution tackles the philosophical foundations of emergence through an analysis of the peculiar behavior of biological systems covered by the notion of robustness. More specifically, we raise the question to what extent the property of robustness, understood as the property “that allows a system to maintain its function despite internal and external perturbations” (Kitano 2004) can support a strong notion of emergence and a reassessment of the functional autonomy of levels in a biological system. From this perspective, the problem becomes understanding how robustness of levels contribute to the robustness of the system, which implies hierarchical and top-down regulation and is paradigmatically compromised in cancer. The multilevel phenomenology of cancer -from the tissue organization of the body to the genetic structure of cells- is, in fact, particularly enlightening for tackling the issue of how levels of organization are maintained or lost. We will particularly examine 1. the role of emergent properties in establishing the autonomy of level-specific robust behaviors, and the ontological relevance of their downward effects; 2. their contribution to the capacity of living systems to robustly maintain functional states despite the instability triggered off by random disturbances at different levels during the neoplastic process.

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Thomas Boyer-Kassem (STL - UMR 8163: CNRS, Université Lille 1, Université Lille 3 et Archives Henri Poincaré - UMR 7117: CNRS, Université de Lorraine, France) Alexandre Guay (Université Catholique de Louvain, Belgium) La multiplicité des explications scientifiques La représentation et l'explication des phénomènes comptent parmi les buts les plus importants de la science. Différents types de représentations (théories, modèles, formalismes, etc.) et différents types d'explication (causale, structurale, ontique, etc.) ont par exemple été distingués. Si la multiplicité des représentations d'un même phénomène a fait l'objet de nombreuses analyses de la part des philosophes, la multiplicité des explications d'un même phénomène a été moins étudiée. Cette multiplicité d'explications peut être donnée par des théories différentes, mais aussi au sein d'une même théorie. Il peut arriver que les scientifiques s'accordent sur la théorie, mais proposent avec elle des explications différentes d'un même phénomène. C'est cette multiplicité des explications, au sein d'une même théorie scientifique, que nous prenons comme objet d'étude. Le problème que nous considérons est le suivant : étant donné une théorie, pourquoi plusieurs explications d'un phénomène sont-elles parfois proposées ? et cette multiplicité d'explications est-elle problématique ou légitime ? Autrement dit, nous voulons savoir d'où viennent les différences entre les explications, et comprendre pourquoi, si la théorie est acceptée, il n'y a pas unicité de l'explication, et si cela est une bonne chose ou non. Notre thèse consiste à proposer une classification, en distinguant différents types de multiplicités d'explications, qui existent pour des raisons différentes. Charles Braverman (Archives H. Poincaré UMR 7117, France) Ampère et Duhem : classification naturelle et engagement ontologique De nombreux savants ont été interpelés par la finalité de leur activité et ont alors remis en question la possibilité de la vérité comme adéquation entre une théorie et l’objet qu’elle est censée représenter. Parmi eux : André-Marie Ampère et Pierre Duhem. Un siècle les sépare mais nous souhaitons montrer qu’il y a entre ces deux savants une affinité qui réside dans une

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option philosophique - une forme particulière d’engagement ontologique - qui est celle de classification naturelle comme idéal de la science. L’enjeu de notre propos serait alors de décrire cette stratégie philosophique singulière telle qu’elle est présente chez ces deux savants. Cette stratégie consiste dans la thèse d’une correspondance entre les rapports décrits par une classification naturelle et les articulations présentes dans la réalité. Classer correspond à une mise en ordre grâce à un agencement rationnel de catégories. Ce serait alors à travers les rapports qu’elle exprime que la classification naturelle serait adéquate à la réalité. Cette adéquation constituerait donc un type particulier d’engagement ontologique pour le savant; l’espoir que la représentation théorique ne soit pas simplement une scission avec ce qui est re-présenté, mais puisse au contraire lui correspondre d’une certaine manière. Cependant, cet idéal de classification naturelle est considéré par Ampère et Duhem comme une croyance. Loin de toute démesure dogmatique, la classification naturelle serait une perspective ontologique humble associée à la croyance et à la probabilité. Enfin, il s’avèrerait même possible, voire nécessaire, de fonder cette perspective ontologique sur une croyance religieuse. Mariana De Almeida Campos (Université de Bourgogne, France / Universidade do Estado do Rio de Janeiro, Brazil) Définition et extension du concept de substance dans les Principes de la Philosophie de Descartes L’objectif de cette communication est d’analyser le concept cartésien de substance dans les Principes de la Philosophie. Dans ce texte, Descartes propose une définition de substance, à savoir, comme une chose dont l’existence n’a pas besoin d’aucune chose créée pour exister. D’après cette définition, le concept de substance est lié à une indépendance. Cependant, la notion d’indépendance dans ce contexte n’est pas claire. On peut penser que Descartes considère l'indépendance comme causale. Toutefois, quoique la notion d’indépendance comme causale soit utile pour montrer qu’elle n'est pas univoque lorsqu'elle est appliquée à la substance infinie et aux substances finies, elle n’est pas suffisante pour distinguer les substances

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finies de leurs modes. Une autre façon de comprendre cette notion est de la comprendre comme une indépendance d’inhérence. Selon cette compréhension, la substance en tant qu'entité indépendante serait ce qui n'est inhérent à aucune autre chose, dans la perspective où il s’agit d’une chose qui ne réside dans aucun autre sujet qui pourrait être considéré comme son sujet ultime d’inhérence. Ce sens d’indépendance, comme non inhérence, permet de montrer que si les substances finies possèdent une indépendance d’inhérence par rapport à toutes les autres choses, étant donné qu’elles sont sujets ultimes d’inhérence, les modes, quant à eux, perdent ce sens d’indépendance, car ils sont des entités qui n’existent que comme inhérentes à une substance. Dans le cadre de cette discussion, nous essayerons de déterminer quelle serait précisément l’extension du concept de substance présentée par Descartes dans les Principes. Sarah Carvallo (Ecole Centrale de Lyon, France) La circulation : concept scientifique et métaphysique à l’œuvre au dix-septième siècle La découverte de la circulation sanguine par Harvey en 1628 offre le cas d’une alliance réussie entre science et métaphysique, qui eut pour effet paradoxal de détruire la métaphysique sur laquelle cette découverte fut fondée. Or ce paradoxe se trouve justement déjà à l’œuvre dans la controverse que soulèvent Riolan et Descartes face à l’invention harveyenne. Le nœud de l’affaire s’articule autour de trois thèmes : Que veut dire réel ? Harvey et Riolan le conçoivent en termes d’échelle des êtres, et inscrivent l’explication de la vie dans une logique de la perfection. Descartes récuse cette ontologie et propose une explication de la vie en termes de cause efficiente. Qu’est ce que la nature ? L’analogie constitue-t-elle une juste méthode pour la connaître ? Harvey et Riolan pensent l’univers et le corps sous un mode analogique. Descartes substitue une pensée univoque de la matière et réduit donc la vie à l’étendu et au mouvement. Qu’est-ce que la philosophie naturelle ? Harvey et Riolan s’inscrivent dans le galénisme, conciliation des systèmes aristotélicien et galénique qui s’élabore progressivement dans les universités. Descartes le conteste et met en place une nouvelle philosophie naturelle qui subordonne la médecine à

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la physique, elle-même dépendant des principes de la métaphysique. Paradoxalement, la suite de l’histoire conserve la découverte de Harvey et en récuse la métaphysique, mais la controverse permet déjà d’interroger le lien entre métaphysique et science à travers leur objet et leur rationalité. Lorenzo Casini (MCMP – LMU, Germany) Holger Andreas (MCMP – LMU, Germany) A Ramsey-test counterfactual account of causation Lewis (1973) famously defined causation as (transitive) counterfactual dependence. In this paper we are concerned with an unintuitive feature of Lewis’ original account, namely the appeal to a metrics of similarity among possible worlds for the evaluation of the truth of counterfactuals. Lewis’ proposed criteria for a default metrics are vague, and his realist interpretation of the possible worlds is controversial. In order to overcome such limitations, we propose an alternative formulation of the counterfactual account of causation. In our version of the account, counterfactuals are evaluated in terms of a Ramsey-test semantics for conditionals, which draws on Stalnaker (1968)’s formulation of the Ramsey test and Brewka (1989, 1991)’s preferred subtheories system. Our proposal has also the additional advantage of doing justice to the context-sensitive nature of many causal relations, such as those involving double prevention (Hall, 2004) and disconnection (Schaffer, 2000). Contrary to Lewis (1986), who requires that causation be an intrinsic relation, our account allows that relata be absences, and causation hold in virtue of extrinsic conditions. Maria Cerezo (University of Murcia, Spain) Genes as Causal Powers Mumford and Anjum have recently developed a dispositional theory of causation in which effects are brought about by powers manifesting themselves. This causal dispositionalism is strong in a twofold sense: it is committed to the reality of powers and the identity conditions of powers

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depend on their manifestations. An important feature of the approach is that it distinguishes causal production from causal necessitation, allowing for causes not being sufficient conditions for their effects. This particular feature makes the approach suitable to account for biological processes, which are strongly context-sensitive and causally complex. In fact, Mumford and Anjum argue for a dispositional concept of genes, one in which genes seem to be conceived as powers or bundles of powers “coded” into the structural complexity of DNA strands, and they show how empirical data and contemporary research in Molecular Biology and Genetics square well with their dispositionalist account. In this paper, I intend to deploy a dialogue between such metaphysical conception and the traditional approaches to the problem of the ontology and definition of the gene in contemporary Philosophy of Biology. In particular, I will reassess whether a strong causal dispositionalist account of genes can handle traditional and well accepted difficulties raised in the postgenomic era which have led to eliminativist, processual or strongly contingent positions. In order to explore these difficulties I will pay attention to two particular biological phenomena: RNA alternative splicing and the role of morphogenetic fields in gene expression. Mathieu Charbonneau (Konrad Lorenz Institute for Evolution and Cognition Research, Austria) Technical constraints on the cultural genotype- phenotype distinction In this paper I argue that Cultural evolutionary theory (CET) has adopted a system of evolutionary models that are based on the specific assumption that spaces of cultural variation fit our phenomenological perception of gradual cultural change and that this assumption impedes on CET’s project of offering a broad theory of gradual cumulative cultural evolution. While CET recognizes the central importance of the processes through which socially transmitted ideational units produce cultural phenotypes, what they themselves construe as a cultural analog of the ’genotype-phenotype map’, the complexity and structure of this mapping is blackboxed, which leaves the superficial impression that cumulative culture is an affair of gradual quantitative change along some predefined metrical dimension. By

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recognizing that behavioral patterns and artifacts can only vary as far as the hierarchically structured techniques used to produce them can themselves vary, and that the variation of these structured traits will not fit an intuitive metrical space of variation, we are left with an unsatisfactorily limited construal of the evolutionary trajectories that cultures can take and the (as yet) unjustified claim that CET can explain cumulative cultural change as a gradual evolutionary process. I argue that the problem is not unsolvable and will indicate a few research avenues to start fleshing out the black box of techniques on which CET currently relies. Valeriya Chasova (Université catholique de Louvain, Belgium) Clarification de la distinction structures physiques / structures mathématiques par l'étude des symétries Notre communication vise à clarifier la distinction structures physiques / structures mathématiques, particulièrement importante dans le cadre de la défense du réalisme structurel selon lequel seules les structures physiques doivent être la base de l'ontologie d'une théorie. Les raisons pouvant fonder cette distinction sont tirées d'une analyse des types de symétries. Les symétries des deux types, externes et internes, semblent avoir un rapport différent les unes aux autres selon qu'on les compare du point de vue mathématique ou physique. Selon le mathématicien Alan Weinstein, les symétries internes et externes sont équivalentes. Selon le philosophe Michael Redhead, les symétries externes se distinguent par ce qu'elles nous signalent les cas de l'unification ontologique. D'ailleurs, dans les grandes théories des jauges unifiées l'unification ontologique, consistant en l'occurrence à reconnaître certains types de particules identiques, est suggérée par les symétries internes d'un groupe reliant les types de particules concernés. Cependant, M. Redhead et, par ailleurs, R. Weingard reconnaissent la réduction en nombre des types de particules à la base de cette structure uniquement si elle est liée, selon un principe ou un autre, à une structure caractérisée par des symétries externes parce que c'est cette dernière structure seule qui peut représenter, dans une théorie, l'espace physique. Ainsi, une incohérence se produit puisque des deux types de symétries mathématiquement équivalents un seul est supposé d'avoir une signification physique et d'engendrer des conséquences ontologiques. Les

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raisonnements menant à cette incohérence sont évalués pour déterminer si une frontière nette entre les deux sortes de structures est possible. João Luís Cordovil (CFCUL, Portugal) Relational Ontology and Contemporary Quantum Physics I will analyze the metaphysical premises and consequences of three recent approaches in Physics – Quantum Gravity, Nonlinear Quantum Physics, and Quantum Field Theory – from an ontological point of view, and in the light of the debate about realism. Through this analysis, I will defend that those three approaches are best viewed from the point of view of a relational ontology, against any atomistic or holistic perspective, according to which the ontological primacy is not to be given to individual entities, as self-sufficient elements with their own intrinsic and immutable identities, nor to structures, as self-imposed entities that come into existence in an unexplainable way, but to relations themselves. In this sense, structures are born as complex and mutable networks of relations, and the individuals are entities whose identities and behaviors are qualitatively transformed by their very relations. Finally, I will try to show how Quantum Gravity, Nonlinear Quantum Physics, and Quantum Field Theory, as well their ontological meanings, can be equated in the context of the debate about Structural Realism. Naoum Daher (FEMTO-ST institute, CNRS, France) Une épistémologie scientifique ? Les fondements de notre physique rationnelle souffrent d’une déficience intrinsèque : toute approche physique relève d'un point de vue particulier fourni par l'un des divers formalismes analytico-axiomatiques reflétant différentes facettes – ou projections – de la réalité physique. La dynamique, correspondant aux principes de relativité et de conservation, s’exprime par la formulation variationnelle, la méthode géométrique, l’approche par la

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théorie des groupes… Grâce à une démarche architectonique (baptisée ainsi par Leibniz, par opposition à analytique) fondée sur une mathématisation qualitative munie d’une logique inclusive, on peut rendre compte de l’objet physique lui-même avant qu’il ne révèle, par auto-organisation et projection, ses multiples facettes alliant ainsi le « comment » (propre à la méthode analytique exclusive avec son unique point de vue) au « pourquoi », jusqu’ici ne concernant pas la science elle-même, abandonné à l’épistémologie, devant réaliser une synthèse pour clarifier les concepts de base. Montrer l’existence d’une science capable d’explorer mais aussi d’expliquer, change la nature et le pouvoir de la démarche scientifique rendant obsolète la séparation usuelle entre une science qui explore localement grâce à sa puissance analytique et une philosophie qui explique globalement grâce à son potentiel synthétique. Cette approche scientifique-épistémologique revoit et corrige certains aspects majeurs associés tant à la physique – tels les mondes newtonien et einsteinien qui s’avèrent n’être que deux cas particuliers d’un cadre plus vaste – qu’à l’épistémologie – telles la rationalité et objectivité scientifiques dans leur rapport à l’esthétique (« simple-beau ») et à la liberté (« libre création de concept »). Silvia De Bianchi (École normale supérieure, France) Hermann Weyl on the constructive character of natural science In his Theory of Groups and Quantum Mechanics, Hermann Weyl pointed out that natural science has an intimate constructive character that is expressed through symbols. In his work from 1930s onward, he linked the notion of symbolic construction to metaphysical, ontological and epistemological questions. Which image of the world emerges from Weyl’s reflection applied to natural science? “The symbolical exhibition of the universe” is built up in several steps from the given and the transition from step to step is made necessary by the fact that objects given at one step reveal themselves as manifestations of a higher reality, the reality of the next step. In the first part of the paper, I shall clarify Weyl’s notion of symbolic construction. The second part of the presentation shows the role Weyl attributed to metaphysics in the foundations of natural science with

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emphasis on the question of whether and how mathematics and metaphysics can interact in the foundation of science. Conclusively, I shall expound the ontological, epistemological and metaphysical implication of Weyl’s notion of symbolic construction in Quantum Mechanics. Xavier De Donato-Rodriguez (Universidad de Santiago de Compostela, Spain) José L. Falguera (Universidad de Santiago de Compostela, Spain) Models, Fictions and Abstract Objects: Some Remarks on the Ontology of Science Recently some philosophical literature has faced the ontological problem of what a scientific model is. It is assumed that the answer to the ontological question of scientific models is relevant to understand questions such as ‘How do we learn about models?’ and ‘How do we use them to represent the world?’ In this sense, some philosophers of science have tried to answer the ontological question about scientific models accepting Cartwright’s dicto (1983) that “[a] model is a work of fiction”. From this idea they have defended that scientific models are fictional systems (see: Súarez 2004, 2009; Barberousse & Ludwig 2009, Frigg 2010a, 2010b, and Contessa 2010). In this contribution it is recognized the importance of the ontological question. Moreover, Cartwright’s dicto is also assumed. But it is not accepted that, because scientific models are works of fiction, they are fictional entities. The idea advocated in this contribution is that models are similar to novels, and in this sense they are works of fictions. But, like novels, they are not fictional entities. A consequence of this view is that it is not necessary to be committed to the Pretense Theory in order to understand scientific models.

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Marco Dell’Omodarme (University Paris 1 Panthéon Sorbonne, France) Quelle place pour la métaphysique dans l’épistémologie génétique ? Dans le projet d’épistémologie génétique que démarre Jean Piaget dans les années 1950 le philosophe essaie de pourvoir un volet empirique à l’épistémologie : c’est le sens de ses recherches en psychologie du développement. L’enquête qu’il conduit au sein du Centre d’Etudes en Epistémologie Génétique – un centre qui rassemble plusieurs spécialistes en différentes disciplines – vise à définir les conditions psychologiques pour l’émergence de la connaissance. Il dessine ainsi une genèse de la connaissance de l’individu, inaugurant une manière originale de concevoir l’étude des procédures de connaissance. Les recherches piagietiennes ouvrent ainsi sur plusieurs questionnements philosophiques et métaphysiques qu’il serait pertinent de poursuivre dans le prolongement du travail de l’auteur. Les recherches du psychologue décrivent une connaissance strictement dépendante des conditions biologiques et physiologiques humaines et de l’action que les individus entreprennent dans le monde. À ce titre le questionnement sur les causes – le principe de causalité lui-même – a fait l’objet d’une recherche spécifique (outre les ouvrages de Piaget La causalité physiques chez l’enfant et La construction du réel chez l’enfant, un numéro des Etudes y est consacré sous le titre Les théories de la causalité). Il y a lieu ainsi de soumettre le questionnement métaphysique à une analyse génétique – qui s’appuierait sur les recherches de Piaget – pour essayer de définir la place de l’enquête métaphysique à l’intérieur des enquêtes, questionnements et autres activités humaines et ses fondements psychologiques. Martin Dumont (Ecole normale supérieure, Paris, France) Urgence clinique et progrès scientifiques dans les greffes : entre stimulation de la recherche biologique, obstacles à la compréhension et apports de la perspective du soin La mise au point de la technique chirurgicale de l’anastomose (Carrel) en 1902 a rendu réelle la perspective de greffer un organe ou membre à un

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organisme défaillant, progrès majeur de la médecine du vingtième siècle. L’urgence de soigner a été un puissant stimulant pour la recherche scientifique en immunologie et en anatomie. Il a en effet fallu comprendre les mécanismes du conflit immunologique rapidement mis au jour pour mieux les contourner, et rechercher comment l’organisme pouvait intégrer à son fonctionnement une partie étrangère. Les greffes ont ainsi permis, dans une démarche conjointement clinique et biologique, des avancées fondamentales dans la compréhension du corps : découverte du système HLA, du fonctionnement du système immunitaire, rôle des organes et tissus. Elles ont révolutionné notre image du corps, en mettant au jour les marqueurs matériels profonds de l’identité biologique et une plasticité réelle, bien que limitée, de l’organisme. Mais elles ont aussi constitué un obstacle, par leur orientation exclusivement clinique, à une compréhension complète de ces phénomènes. La prise en compte attentive du soin et de la vie des patients greffés présente néanmoins l’intérêt de nuancer les enseignements qu’on serait tenté de tirer des greffes et des découvertes scientifiques qu’elles ont permis dans le sens d’une dimension seulement matérielle de l’individualité et d’une conception seulement mécaniste du corps. Richard-Emmanuel Eastes (Institut d'Histoire et de Philosophie des Sciences et des Techniques, France) "Comprendre" la nature, grâce aux sciences ? L'un des objectifs de l’enseignement des sciences est de fournir à l’élève une compréhension du monde. Pour ce faire, elle lui propose des concepts, des lois et des modèles issus des recherches menées par les savants des siècles passés. Dans les sciences expérimentales, ces savoirs scolaires sont généralement très formalisés, comme les théories dont ils découlent ; l’abstraction y est omniprésente. Les enseignants comme les chercheurs, rompus à cet exercice et habitués à manipuler les équations différentielles et les représentations graphiques, éprouvent au contact de ces divers éléments une impression de compréhension du monde, dont notre communication se propose d’interroger la nature.

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Suivre le déroulé d'une démonstration abstraite, du théorème aux conclusions, suffit-il à procurer une compréhension complète du phénomène qu’elle illustre ? Et qu’en est-il de l’analyse dimensionnelle, qui permet de construire des lois physiques et de rendre compte des phénomènes en raisonnant seulement sur les unités des grandeurs ? A l'inverse, peut-on admettre qu’il soit possible d’accéder à une certaine compréhension des phénomènes sans formalismes, voire même sans connaissances scientifiques abstraites ? Entre les approches qualitative et formelle pures, nous suivrons une voie que nous avons choisi de nommer « approche phénoménologique des sciences », qui semble enrichir les deux autres d’une forme de compréhension plus intuitive et « ressentie » des phénomènes. Nous explorerons ses avantages et ses limites, en termes de puissances aussi bien explicative et prédictive que communicationnelle et pédagogique. Nous l’utiliserons enfin pour proposer des pistes exploitables dans l’enseignement et la vulgarisation des sciences. Matthias Egg (University of Lausanne, Switzerland) Primitive Ontologies, the Quantum State, and the “Building Block” Metaphor Every approach to quantum mechanics postulating some kind of primitive ontology, whose behaviour is governed by its quantum state, faces the challenge of clarifying the ontological status of the quantum state. For Bohmian mechanics (the currently most prominent example of a quantum theory with a primitive ontology) this challenge has been addressed in recent papers by Belot (Eur. J. Phil. Sci. 2 (2012), 67-83) and Esfeld et al. (Brit. J. Phil. Sci. forthcoming, doi:10.1093/bjps/axt019). In the first part of my talk, I attempt to do the same for another primitive ontology approach to quantum mechanics, namely the matter-density version of the Ghirardi-Rimini-Weber theory (GRWm). Doing so brings out important similarities between Bohmian mechanics and GRWm. On that basis, the second part of my talk will be concerned with the explanatory power of primitive ontology

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approaches to quantum mechanics in general. The intuitive appeal of these approaches depends crucially on being able to interpret the primitive ontology as “the building blocks of everything else”, thereby accounting for the properties of macroscopic objects in the same way as it was done in classical theories. However, the characteristics of the quantum state discussed in the first part call into question the appropriateness of the “building block” metaphor, because they imply that the properties of what constitutes the primitive ontology (insofar as properties can be attributed to individual constituents at all) do not determine the behaviour of a composite system in an analogous way as in classical theories. Laura Felline (Université Catholique de Louvain, Belgium) Causation, Regularities and Counterfactuals in Fundamental Physics: a solution to the bottoming-out problem The new mechanistic philosophy promises a simple solution to old issues in the philosophy of science: causation, counterfactuals and regularities. Such approach, however, breaks down at the level of fundamental physics. This is the so-called bottoming-out problem. In this talk I consider the different aspects of the problem and put forward a proposal to save the mechanistic account. 1) Causality. Against Stuart Glennan, I defend the compatibility of the mechanistic account of causation with the claim that fundamental phenomena are non-causal. I argue that causation is an emergent feature of the world, appearing only within higher-level phenomena, where the behavior of complex systems can be explained in terms of the behavior of their components. 2) Counterfactuals. At the fundamental level, counterfactual claims are justified by the mathematical models displayed by the theory. Given that such models are also representations of the world, they allow us to perform surrogative reasoning, i.e. to translate the knowledge of the model into a knowledge of the world. 3) Regularities. I argue that the quest for an explanation of regularities should be rejected. That similar things behave similarly is an assumption that lies at the foundations of the enterprise of scientifically describing the world. Its explanation is alien not only from the scope of science, but also

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of what should be a legitimate metaphysics of science. Fabrice Flipo (Telecom Ecole de Management / LCSP Paris 7, France) L’écologie induit-elle un « changement de paradigme » ? L’écologie est une science étrange puisqu’elle se trouve revendiquée par un mouvement politique. C’est l’une des raisons pour laquelle ce mouvement a été accusé d’être « anti-humaniste » et « anti-moderne », par exemple par Luc Ferry (1992), au motif qu’il chercherait à réintroduire la science en politique, ce qui n’avait pas été fait depuis le marxisme. L’écologisme quant à lui se vit fréquemment comme porteur d’un « nouveau paradigme », ainsi Alain Lipietz dans son ouvrage de référence sur la question (1997). Le terme a été travaillé dans le champ plus étroit des sciences, on peut se demander quelles sont les implications d’un tel changement quand il s’agit non d’une science mais de la société. Nous chercherons à montrer dans cette communication qu’un « changement de paradigme » à l’échelle d’une société est un changement dans la définition de la nature, au sens de Hegel : le moment de l’essence. L’écologisme n’est « holiste » qu’à partir du moment où il provoque, comme c’est aussi le cas en sciences, une remontée du questionnement jusqu’aux principes fondateurs de la vie collective. L’écologisme est antimoderne ou antihumaniste à partir du moment où il remet en cause non pas l’Homme en soi mais l’homo economicus, que l’on appelle aussi « liberté des Modernes », pour lui substituer un homo ecologicus qui se trouve encore largement en débat. Matthieu Fontaine (IIF UNAM MEXICO, Mexico) Mathieu Beirlaen (IIF UNAM MEXICO, Mexico) Dialogues de Flamands sur l’E17 - Vers une logique dialogique adaptive Les logiques paraconsistantes sont des logiques qui ne supportent pas l’explosion. Ces logiques présentent un certain intérêt pour l’analyse du discours scientifique puisqu’il n’est pas rare de rencontrer des théories qui

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contiennent des contradictions, ce qui n’est pas une raison pour les abandonner, ni d’en inférer n’importe quoi. Comment est-il possible d’adapter le discours scientifique à l’apparition de contradictions ? Notre objectif consiste à proposer les fondements d’une approche novatrice fondée sur la logique dialogique L-D de Rahman & Carnielli et les logiques adaptives de Batens. Il s’agit plus précisément de s’inspirer des logiques adaptives pour donner une tournure véritablement dynamique et non monotone aux dialogues et permettre l’adaptation des règles en fonction des situations rencontrées par les joueurs. Etant donné que les logiques adaptives disposent déjà d’une théorie de la preuve dynamique, ce choix nous a semblé naturel. On pourra ainsi différencier le fait d’argumenter tout en admettant une contradiction et le fait d’argumenter tout en s’adaptant à une contradiction, en vue peut-être de la dissoudre par la suite. De tels dialogues adaptifs permettent de définir une théorie qui capture efficacement la dynamique inhérente aux dialogues défaisables et de proposer un formalisme qui capture une notion dialogique de non-monotonie, en faisant un outil véritablement pluraliste. Inversement, l’approche dialogique doit permettre d’éclaircir certains concepts des logiques adaptives et des logiques paraconsistantes en général. Maxence Gaillard (ENS Lyon, France) Le progrès des instruments d'imagerie et la question du réductionnisme Parmi les avancées des neurosciences qui nourrissent le débat sur les liens entre le mental et le biologique, l’imagerie cérébrale tient une place particulière : les nouvelles technologies donneraient accès à une nouvelle réalité – auparavant masquée par la boite crânienne – qui permettrait de trancher des débats infinis sur la structure de la psychologie humaine en ayant recours à un niveau plus fondamental, celui de l’implémentation neural. Permettant d’observer un niveau de réalité plus fondamental, le développement de l’imagerie est souvent tenu pour un des éléments majeurs en faveur d’un certain réductionnisme dans la pratique scientifique, mais peut-il avoir joué un rôle dans le reflux du « consensus antiréductionniste » (Tiercelin) en philosophie de l’esprit ? Nous analysons ici certains protocoles expérimentaux mobilisant l’imagerie cérébrale fonctionnelle pour en extraire une conception de la réduction interthéorique

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qui se rapproche de la dynamique de la science dans ce domaine. Par cela nous abordons une question (relativement peu explorée par rapport aux arguments métaphysiques sur les relations corps esprit ou aux démonstrations du succès ou de l’échec de telle ou telle explication biologique du mental) : comment se bâtissent concrètement par l’imagerie quelque chose comme des « lois-ponts » entre les théories psychologiques et la réalité cérébrale ? Alain Gallerand (Lycée International Jules Guesde Montpellier, France) Les fondements métaphysiques de la science selon Bolzano : une ontologie de la proposition Dans la Wissenschaftslehre, Bolzano développe une théorie de la science originale fondée sur le concept hautement métaphysique de "proposition en soi". Selon son acception traditionnelle, la science est à la recherche de la vérité. Or celle-ci existe sous la forme de propositions dont la structure logique canonique est, selon Bolzano, A a b (une substance a telle propriété). La science a dès lors pour but d'exposer dans des traités théoriques les vérités (propositions) que la raison a pu découvrir et de dégager les connexions logiques qui les relient les unes aux autres. Ces vérités ne sont donc pas construites par l'esprit humain (ou par quelque sujet transcendantal) mais saisies au cours de l'activité de connaissance et exprimées dans un langage. Elles existent indépendamment du sujet et antérieurement à toute investigation psychologique. A la différence des réalités effectives, elles ne sont pas localisables dans le temps et l'espace ; elles n'exercent et ne subissent aucune force. les lois mathématiques en sont une excellente illustration. La science reposerait donc sur ce principe métaphysique fondamental : il y a un ensemble infini de vérités (propositions) objectives dont nous ne connaissons qu'une partie et dont nous ne connaitrons jamais la totalité ; ces vérités ne sont pas de ce monde si l'on entend par là les réalités effectives susceptibles d'être perçues. Mais comment s'assurer de la légitimité d'un tel principe? Pourquoi les propositions en soi ne seraient-elles pas une hypothèse métaphysique improbable, voire une chimère ? Nous montrerons que l'existence de propositions en soi est non seulement admise, au moins implicitement, par la recherche scientifique mais qu'elle est également imposée par l'analyse

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logique de la proposition dont les constituants (représentations en soi) ne sont rien moins que subjectifs. M.J. Garcia-Encinas (University of Granada, Spain) On the Unnecessary relation between Science and Metaphysics I claim that Science and Metaphysics affect each other but only in the relaxing way of sometimes being, one for each other, a reliable source of new and inspiriting ideas. But, this I will argue, help is not always needed or even welcome, and Science and Metaphysics do not need each other for their proper tasks, or to defend their own results, in there independent fields. To show this, I will consider some categories that are the object of serious study, on equal terms, by Metaphysics and Science, and show that scientific theories are enlightening indifferent to different metaphysical proposals. My first case study is time, in particular, the metaphysical debate about B and A series; but I will also consider laws of nature and causation. I argue, not only that the relation between Science and Metaphysics is external and contingent but, most importantly, I will show why it must be so. Michel Ghins (Université Catholique de Louvain, Belgium) Propriétés catégoriques et propriétés dispositionnelles: une ontologie mixte des lois de la nature Si l’on demande qu’une théorie philosophique adéquate des lois de la nature doit être capable de résoudre le problème de l’identification et le problème de l’inférence (van Fraassen) et en outre de fonder la vérité de propositions contrefactuelles et d’expliquer l’existence de régularités dans la nature, il semble que seule une ontologie « mixte » qui fasse droit aussi bien à des propriétés catégoriques qu’à des propriétés dispositionnelles irréductibles soit satisfaisante. Je propose une brève argumentation en faveur d’une telle ontologie. Je réponds également à deux objections majeures des empiristes contre l’existence de propriétés dispositionnelles

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ou de pouvoirs causaux primitifs, l’objection de la régression à l’infini et l’objection de l’inobservabilité. Michele Ginammi (Scuola Normale Superiore, Pisa, Italy) Applicability and Indispensability In this talk I am going to discuss the relations between realism (both metaphysical and semantic) and the applicability problems. I will try to show not only that (A) traditional arguments in favour of mathematical realism do not help in any sense to clarify the problems raised by mathematical applicability; but also that (B) these arguments need a preliminary investigation on mathematical applicability in order to avoid some difficulties that might invalidate the arguments themselves. Since one of the most convincing argument for mathematical realism is the so called ``indispensability argument'', I will consider three different versions of it: [i.] Quine's indispensability argument for metaphysical realism in mathematics, [ii.] Putnam's argument for semantic realism in mathematics, and [iii.] the explanatory indispensability argument for semantic realism in mathematics. For each of them, I will show that the applicabiltiy of mathematics cannot be simply postulated as a brute fact, but it needs to be accounted in some way in order to make the argument sound. In this sense, the applicability problems in philosophy of mathematics seems to be more `fundamental' than ontological ones.

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Martin Grunfeld (University College Dublin, Ireland) The Construction of the Truth Teller in Early Scientific Writing: An Exploration of two issues of the journal Philosophical Transactions from 1665 In this paper, I shall explore the various author functions in the early issues of the Philosophical Transactions in order to investigate how the scientific author is constituted as a teller of truth. By investigating the scientific production characteristic of the early issues of the Philosophical Transactions, I hope to provide an insight into the practice of scientific journal writing as it emerged in the earliest journals. Particularly, the analysis of the author function will show how the truth teller is constructed. Thereby, I shall show how the creation of the truth teller implies the construction of an unequal distribution of knowledge between serious scientists and common people stripped from authority. The analysis of the author function shows how the power of the knowing subject is dispersed between two extremities: an authoritative author speaking in his own words and a subordinated contributor stripped from his own words and authority. The differentiation between the tellers of truth and the dubious observers is constituted by the editor controlling the presentation of contributors. But while some of the contributors are one-dimensionally dominated, in other cases the contributors are invested with the power to verify their own observations and produce knowledge. In the power relations between the editor and the contributors, we find a silent battle between restricting and enabling the production of knowledge. Thus, the construction and distribution of the knowing subject constitutes a domain of possibility from where truth effects can be produced with different levels of epistemic significance. Alexandre Guay (Université Catholique de Louvain, Belgium) Expertise scientifique et valuation Dans cet article je tenterai d’établir deux points : 1) que toute valuation, c’est-à-dire l’établissement d’une échelle de valeurs, devrait diminuer la

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crédibilité de l’expert scientifique au yeux du novice et 2) que les différentes techniques pour externaliser la valuation de manière à conserver l’objectivité de l’expertise scientifique rencontrent des difficultés importantes. Le premier point sera argumenté sur la base que la crédibilité scientifique de l’expertise repose en partie sur le fait que les scientifiques exhibent une attitude objectivante (au sens de van Fraassen 2002), c’est-à-dire qu’ils objectifient l’objet de leur étude, imposent une distance entre sujet-objet, etc. L’établissement d’une échelle de valeurs par les scientifiques eux-mêmes viole cette attitude objectivante. En conséquence, le novice peut y voir un indice d’intérêt et/ou de possible biais de la part de l’expert. Le second point sera soutenu par une analyse de techniques d’externalisation de la valuation qui sont décrites dans la littérature sociologique (Lamont 2012). Rafik Hiahemzizou (University Lille1, France) Les difficultés inhérentes aux concepts théoriques de la mécanique quantique ; plaidoyer en faveur du réalisme des entités La physique moderne (plus particulièrement la mécanique quantique des champs et le modèle standard) nous donne l'image d'un univers constitué de microparticules qui interagissent entre elles et avec des champs de force. Mais cette image comporte une importante lacune. Elle ne nous dit pas ce qu'est véritablement un photon et un quark. Par ailleurs, ces notions de particules et de champs n'ont rien à voir avec les notions classiques. Trois aspects doivent être soulignés concernant cette rupture entre les concepts quantiques et les concepts classiques, qui ont amené les physiciens et les philosophes à parler de "systèmes quantiques" plutôt que de "particules" : - Absence de localisation. - Absence de séparabilité. - Absence d’individualité. L'une des voies possibles pour sortir la physique de ces difficultés ontologiques est de faire appel au critère de manipulabilité de Ian Hacking. Au lieu de parler de particules ou de champs, des notions difficiles à saisir et à définir, je propose plutôt de parler de "manipulons", qui sont des entités grâce auxquelles il est possible de manipuler d'autres entités inobservables ou de produire de nouveaux phénomènes.

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La notion de manipulation permet de résoudre certaines difficultés ontologiques de la théorie de la mécanique quantique des champs et d'expliquer, en même temps, ses résultats empiriques largement satisfaisants. Steve Howard (CRMEP, Kingston University, United Kingdom) Mechanical or dynamical principles for physics in Kant's Metaphysical Foundations of Natural Science Kant's Metaphysical Foundations of Natural Science (1786), appearing in the middle of his Critical period, attends to the metaphysical foundations (or principles) underpinning physics. Despite the significance of the Metaphysical Foundations to Kant's philosophy of science, his Critical thought and his final, unfinished writings, the text has only relatively recently begun to receive sustained attention. This scholarship has tended to read the text as Kant's attempt to find and secure the principles underpinning Newtonian natural science, or, if not, as support for an opposing Leibnizian view. I will suggest instead that Kant's text transcends the confines of the Newton-Leibniz debate to present an original account of two opposing sets of principles, posited prior to the carrying-out of empirical, mathematised physics. The significance of the Metaphysical Foundations thus appears in the tension Kant depicts between the metaphysical-dynamical and mathematical-mechanical Erklärungsarten (modes of explanation). Through a reading of Kant's characterisation of these principles I will show that these cannot be reduced to the Leibnizian and Newtonian world-views, and that the text presents an unresolved and important drama between the opposing Erklärungsarten. Kant apparently, yet inconclusively, privileges the metaphysical-dynamical over the mathematical-mechanical, and I will argue that his uncertainties here open out into his final Opus postumum (c.1787-1803), conceived by Kant as 'the transition from the metaphysical foundations of natural science to physics'. Kant's attempt to think the contrasting Erklärungsarten in the Metaphysical Foundations raises issues regarding the metaphysical basis of

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mathematised science that, I will argue, retain their relevance today. Cyrille Imbert (Archives Poincaré, Nancy, France) Julie Jebeile (IHPST, Paris, France) La prise de décision démocratique à propos des technologies à haut risque et le problème des informations sensibles Comment intégrer au fonctionnement d’une démocratie l’idée plausible selon laquelle, relativement à certaines questions, certaines personnes en savent plus que les autres ? Et comment donc concilier l’égalité politique entre citoyens avec leur inégalité épistémique, surtout sur des sujets à propos desquels la prise en compte d’information technique ou scientifique complexe est indiscutablement nécessaire ? Kitcher (2011) propose de traiter ces questions sur la base d’une bonne division du travail épistémique et du pouvoir décisionnel, de la formation de certains citoyens et de l’amélioration des systèmes d’accès à l’information. Cela suppose néanmoins que l’information pertinente à la prise de décision puisse être publique. Or, cette possibilité n’existe pas toujours dans les activités impliquant les technologies à haut risque, à l’instar de l’industrie nucléaire. Dans de tels cas, le problème de la division du travail épistémique et du pouvoir décisionnel se double du problème de la publicité de l’information disponible. Nous souhaitons dans cet exposé défendre les trois points suivants. Premièrement, il existe un besoin à la fois général et spécifique de publicité de l’information lié aux organisations à haut risque, ce qui rend la tension entre transparence, sécurité et secret particulièrement aigu. Deuxièmement, les solutions traditionnelles envisagées en sciences politiques pour résoudre cette tension portent sur les informations sensibles relatives aux activités stratégiques et ne semblent pas satisfaisantes dans les cas considérés. Enfin, considérer que la prise de décision en matière de publicité de l’information sensible doit être le fait d’experts techniques ou scientifiques serait commettre un argument naturaliste fallacieux.

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Alex Kaiserman (University of Oxford, United Kingdom) Normative Causation Our causal judgements seem to be sensitive to normative features of cases. Philosophers of science have traditionally been reluctant to accept this data as evidence of the truth-conditions of causal claims, however, since it is alleged that a normative concept cannot play the role causation plays in science. I argue against this response, by showing how a normative account can capture features of actual scientific practice. I draw some novel consequences of this account for the metaphysics of science. François Kammerer (Université Paris-Sorbonne, France) Subjectivité ou normativité ? Pourquoi l’expérience consciente pose problème au naturalisme métaphysique Les philosophes contemporains s’accordent généralement à dire que, si l’existence d’expériences conscientes entre en conflit avec les conclusions d’une métaphysique naturaliste inspirée des sciences contemporaines, c’est dans la mesure à où les expériences conscientes sont conçues comme possédant une nature fondamentalement subjective. Mon but est de remettre en cause cette thèse. Selon moi, les difficultés métaphysiques posées par les expériences conscientes proviennent plutôt de leur aspect fondamentalement normatif. Nous concevons les expériences conscientes comme des devoirs épistémiques primitifs, c’est-à-dire comme des sortes d’obligations concernant des sujets épistémiques. C’est cette normativité des expériences, plus que leur subjectivité, qui empêche de trouver une place aux expériences conscientes dans l’image scientifique du monde. Je désire argumenter en faveur de cette thèse en trois étapes. Premièrement, il me faut montrer qu’il existe des aspects fondamentalement subjectifs de la réalité qui ne posent aucun problème à la métaphysique naturaliste. Deuxièmement, il me faut établir que les expériences conscientes sont nécessairement conçues comme des devoirs épistémiques. Troisièmement,

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je dois montrer que, pour cette raison, elles posent un problème à la métaphysique naturaliste. Si ma thèse est correcte, alors il devient possible de traiter le problème métaphysique posé par la conscience d’une manière similaire à celle dont on traite ordinairement les difficultés posées par l’existence d’éventuelles propriétés normatives, comme les propriétés morales. Des débats d’ordinaire séparés peuvent ainsi être mis en relation, ouvrant la porte à de nouveaux types de réponses au problème métaphysique de l’expérience consciente. Mateja Knezevic (Universite Claude Bernard, Lyon, France) Construction of mathematical objects Kant’s philosophy of mathematics was extremely ‘brave’ for the time where his predecessors and contemporaries Leibnitz, Wolff and Mendelssohn dominated the period with their rationalist foundations of mathematics. His answer was quite an opposite to their position. He considered that mathematics is product of mind, a mental construction. Instead of using conceptual analysis to reach mathematical truth, he thought that to reach the mathematical object we have to use conceptual synthesis, relying on a priori given intuitions of time and space. His position was later modified by L. E. J. Brouwer, who was radically opposed to the, at the time dominant, formalist school. He also put the subject in the center of mathematical thinking. He saw mathematics as languageless activity of mind, consisting of constructions based on natural numbers, choice sequences and sets. They both neglected platonic ‘eternal’ truth and the stand point that mathematical objects are external objects, but they took a standpoint that they are inherent to subject. Therefore, in this article we will try to give answer to a question ‘How are the basic mathematical concepts constructed?’, focusing on natural numbers and basic geometric figures. In this way we will be able to see some differences and common points in thoughts of Kant and his direct successor Brouwer.

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Raphaël Künstler (Université d'Aix-Marseille, France) L'argument du non miraculeux dans un monde feuilleté L'argument dit du non miraculeux (no miracle argument) (ANM) en faveur du réalisme scientifique peut être formulé l'argument ainsi : — Les théories actuelles ont permis de déduire des prédictions nouvelles de lois empiriques. — Si les théories actuelles sont vraies, ces prédictions sont facilement explicables. — Si les théories actuelles sont fausses, l'existence de ces prédictions est une fait inexplicable (un miracle). — Par conséquent, les théories actuelles sont vraies. Beaucoup d'aspects de cet argument peuvent être discutés. La question qui va m'intéresser ici est celle de savoir comment justifier la seconde prémisse de l'argument : la vérité d'une théorie peut-elle en expliquer la fécondité prédictive ? Plusieurs types de réponses ont été apportées à cette question : sémantique (Devitt, 1994), pluraliste (Barnes,2008). La thèse que j'aimerais défendre est celle suivant laquelle la justification de cette proposition est métaphysique. En particulier, l'exploration intensive, depuis une dizaine d'année (Machamer, Darden & Gleenan 2000), des implications de la notion d'explication mécanique fournit une base nouvelle pour justifier ANM. Trois thèses doivent être défendues pour rendre compte de la fécondité heuristique des théories : (a) Il est nécessaire d'attribuer des propriétés dispositionnelles aux entités non observables (Thèse du monde dispositionnel) (chakravartty, 2004} (b) Ces entités s'agencent dans des mécanismes ( thèse du monde articulé) (c) Ces mécanismes s'agencent en niveaux (thèse du monde feuilleté) (Glennan, 2009) Je terminerai en montrant que la défense mécaniste d'ANM risque de donner lieu à une nouvelle version de l'argument anti-réaliste de la sous-détermination de la théorie par l'expérience.

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Vincent Lam (Université de Lausanne, Switzerland) A la recherche d’une ontologie primitive pour la théorie quantique des champs L’approche de l’ontologie de la mécanique quantique, selon laquelle la théorie décrit en dernier recours des entités dans l’espace tridimensionnel et leur évolution temporelle, a récemment attiré beaucoup d’attention. Une telle ontologie postulant dès le départ de la matière localisée dans l’espace ou espace-temps physique ‘habituel’ – par opposition à un espace abstrait de haute dimension comme l’espace de configuration du réalisme de la fonction d’onde – est appelée ‘ontologie primitive’ dans la littérature récente et trouve ses origines dans la notion de ‘beables’ locaux introduite par John Bell. La motivation principale pour une ontologie primitive réside dans son pouvoir explicatif : l’ontologie primitive permet de rendre compte du comportement et des propriétés des objets macroscopiques familiers (en d’autres termes, elle permet d’établir un lien direct entre l’image scientifique et l’image manifeste du monde). Dans ce contexte, il est naturel de chercher une ontologie primitive pour la théorie quantique des champs (TQC). Cette contribution vise à examiner de manière critique cette démarche interprétative dans le cadre de la TQC, en prenant en compte la question fondamentale de l’existence de représentations unitairement inéquivalentes. Les différentes ontologies primitives suggérées pour la TQC reposent soit sur la représentation d’espace de Fock soit sur la représentation de fonctionnelles d’onde, qui ne sont définies à proprement parler que pour des systèmes sans interactions et dans un espace-temps minkowskien. En conséquence, cette contribution argumente que ces ontologies primitives ne sont que des ‘ontologies effectives’ et ne peuvent donc être satisfaisantes en tant qu’ontologie fondamentale pour la TQC. Erwan Lamy (Novancia, France) Comment dire l’existence des normes mertoniennes ? La notion de « science entrepreneuriale » porte l’idée que l’intrication des pratiques scientifiques et marchandes s’accompagne d’un affaissement des

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structures normatives de la science théorisée par Robert K. Merton. Il est cependant difficile d’admettre l’absence complète de ce genre de régulation. Mais comment parler de normes mertoniennes sans invoquer des « chimères métaphysiques » ? Nous suggérons d’en parler non plus comme d’entités existantes en soi, mais comme de l’expression des difficultés à produire de la connaissance scientifique en s’éloignant trop des pratiques qu’elles prescrivent. Il s’agirait alors d’engager le débat sur le plan empirique, en sorte d’engager un dialogue constructif avec les défenseurs de la science entrepreneuriale. L’objectif de cette communication est de discuter les termes d’un tel programme de recherche empirique. Comment, en particulier, envisager de déplacer le débat sur le terrain empirique sans renouer avec une forme de positivisme envisageant de substituer des « faits » aux « chimères métaphysiques »? Puisqu’il n’est pas possible de s’en débarrasser, nous suggérerons un moyen d’en contenir les effets en proposant l’idée de « régime de raisonnabilité ». Les débats se déroulent toujours dans un contexte où il est raisonnable de soulever certaines questions, et déraisonnable d’en soulever d’autres. En appelant à une explicitation de ce qui est raisonnable et de ce qui l’est moins, il est possible d’aborder l’idée de « difficultés à produire de la connaissance scientifique » de manière empirique sans être trop encombré des enjeux métaphysiques qu’elle soulève. Baptiste Le Bihan (University of Rennes 1, France) Les contingences dans l’espace-temps Le monde pourrait-il être foncièrement différent de ce qu'il est ? Cette question vise la détermination des limites de la nécessité et de la contingence, la localisation de la frontière entre le nécessairement ainsi et le possiblement autre. L'objet de ce travail est de montrer quelque chose d'étonnant. Il existe une pression qui devrait nous pousser à éliminer la plupart des contingences postulées dans les descriptions de la réalité. Cette pression émane d'un sous-domaine particulier de la métaphysique contemporaine, la métaphysique du temps. Selon la théorie de l'univers-

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bloc qui domine les débats, le changement n'est plus la variation de la réalité elle-même, mais une variation dans l'instanciation de propriétés par ses parties temporelles. L'entièreté du monde, la réalité prise comme un tout, ne varie pas. Cela implique que ce qui change, ce sont les parties propres de la réalité et non la réalité prise comme un tout. Je défendrai que nous avons de bonnes raisons de croire que s'il en va ainsi, alors la réalité n'aurait pas pu être fondamentalement différente de ce qu'elle est, avec les conséquences qui s'en suivent pour le débat à propos du statut modal des lois de la nature et du contingentisme métaphysique. Gauvain Leconte (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne & IHPST, France) Succès prédictif et vérité approximative dans les défenses du réalisme scientifique Dans cette intervention, j’examine un des arguments employés dans la plupart des défenses du réalisme scientifique, selon lequel les théories passées étaient approximativement vraies, et que seuls les éléments de ces théories qui ont engendré leur succès prédictif décrivent la réalité. Je présente deux objections à cet argument, en étudiant un cas paradigmatique : la prédiction, en 1819, de l’existence d’un point lumineux dans l’ombre d’un objet circulaire à partir de la théorie de l’optique de Fresnel. La première de ces objections est que de nombreuses hypothèses entrent dans la formulation d’une prédiction à partir des lois d’une théorie, et que certaines de ces hypothèses sont des idéalisations ou des suppositions que l’on considère aujourd’hui comme fausses. Les réalistes doivent donc proposer un critère pour distinguer les éléments centraux et les éléments auxiliaires dans la formulation d’une prédiction, ce qui ramène au problème de distinguer les aspects d’une théorie dignes d’être crus de ceux qui ne le sont pas. La seconde objection est que dans de nombreux cas de prédiction, dont celle du point lumineux, il existe différentes manières de prédire un même phénomène qui n’emploient pas les mêmes éléments théoriques. Il est donc souvent difficile de déterminer lesquels sont réellement indispensables au

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succès prédictif de la théorie. Je conclus l’intervention en suggérant une réponse à ces objections : c’est parce que certaines prédictions permettent de réaliser des dispositifs expérimentaux pour manipuler certaines entités et propriétés théoriques qu’elles nous poussent à croire en la réalité de ces entités et propriétés. Victor Lefèvre (Université Paris I, France) De l’organisation fonctionnelle des écosystèmes à leur individuation spatio-temporelle À la lecture de travaux théoriques en écologie, tel Likens (1992), le statut métaphysique des écosystèmes est incertain. Tantôt les écosystèmes sont présentés comme des abstractions, dont les frontières spatio-temporelles et les classifications sont conventionnellement fixées selon des considérations pratiques, tantôt comme des individus concrets ayant des frontières propres et se classant selon des espèces naturelles. Notre communication vise à argumenter en faveur de la seconde position en montrant que la détermination de l’organisation fonctionnelle d’un écosystème permet de lui assigner des frontières spatiales et temporelles et de le subsumer sous une certaine espèce naturelle. Plus précisément, nous défendons que les écosystèmes ont le même critère d’individuation que les organismes, c’est-à-dire que l’unité spatiale et temporelle de leurs parties est faite de la même manière. En effet, écosystèmes et organismes partagent la propriété commune d’être organisationnellement clos au sens défini par (Mossio et al. 2011). Cela signifie que les graphes fonctionnels des écosystèmes sont cycliques à différentes échelles temporelles, notamment l’échelle trophique (Lindeman, 1942) et l’échelle de la construction de niche (Odling-Smee et al 2003). Par conséquent, les écosystèmes sont classables selon le genre de cyclicité de leurs graphes fonctionnels, qui correspondent à autant de régimes d’auto-maintien. En outre, les limites spatiales du cycle fonctionnel d’un écosystème sont les limites spatiales de l’écosystème à l’échelle de temps considérée. Enfin, un écosystème perdure tant que se maintient la cyclicité de son graphe fonctionnel à l’échelle de temps la plus basse. Un écosystème disparaît quand il y a rupture de ce

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cycle. Il cède la place à un second écosystème de type différent, si apparaît ensuite un second cycle fonctionnel. Nous disposons ainsi de critères objectifs d'identité spatiale et temporelle des écosystèmes. Ils seront mis à l’épreuve de l’exemple d’un écosystème forestier tropical perdurant au travers de changements au cours de son développement climacique (Clements, 1916) et disparaissant au profit d’un écosystème semi-désertique s’il subit un déboisement intensif. Thomas Lepeltier (United Kingdom) De quoi le multivers est-il le nom ? Petite métaphysique des univers multiples A quoi les cosmologistes font-ils référence quand ils parlent de multivers ? Ce concept évoquant une multitude d’univers, aux paramètres plus ou moins différents les uns des autres, est de nos jours sujet à d’âpres débats épistémologiques chez les cosmologistes eux-mêmes. Étant donné qu’il est impossible d’observer ce qui est "au-delà" de notre univers, certains soutiennent que c’est un concept métaphysique qui n’a rien de scientifique et dont rien ne garantit qu’il fasse référence à une quelconque réalité matérielle. Mais, pour d’autres cosmologistes, ce concept est une conséquence de théories testables et, en tant que telle, relève bien de la science, de la même manière qu’une étoile située au-delà de notre horizon cosmologique est considérée comme un objet scientifique à part entière. Pour cette raison, ces cosmologistes voient dans le multivers un concept scientifique porteur d’une nouvelle vision du cosmos qui laisse entrapercevoir une réalité autre que celle relative à notre structure spatio-temporelle. En dépit de ces différences, aussi bien les contempteurs que les promoteurs du multivers reconnaissent donc l’importance de la notion de réfutation en science. Mais les usages qu’ils en font sont différents. Afin de comprendre les tenants et les aboutissants de ces débats autour du multivers, cette communication tentera justement d’analyser la façon dont les cosmologistes utilisent l’impératif de réfutabilité vis-à-vis de ce concept. Au final, il sera question de saisir l’image du multivers qui émerge de ces différentes positions.

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Fabrice Louis (ARCHIVES POINCARE - Université LORRAINE, France) Les coutures du monde dans la métaphysique de Ruyer: le cas de la théorie de l'information Il y deux manières d’être convaincu qu’on peut connaître le monde grâce à l’étude des sciences de la nature. Dans le premier cas, la conviction est liée à la croyance que les sciences décrivent l’univers, même quand il s’agit de comprendre ce qu’est un être humain. Le second cas correspond à la métaphysique de Ruyer qui défend la thèse suivante : en suivant pas à pas les enseignements des sciences, nous pouvons découvrir que la connaissance du monde est en partie en dehors du champ de compétence des sciences de la nature. En adoptant cette méthode, Ruyer a compris qu’on pouvait « retourner le matérialisme » pour produire un monisme qui place au centre de l’univers le finalisme des formes existant et non plus la matière. Cette métaphysique évite le dualisme des substances. Quelle est la méthode du philosophe et à quelle métaphysique peut-il prétendre ? Nous répondrons en deux temps. Le premier temps sera consacré à l’évolution de Ruyer. D’un mécanisme en 1930 fondé sur l’élimination de notions inutiles pour comprendre la vie et la conscience, à son Néo-finalisme (1952) où il défend un retour au finalisme, la méthode de Ruyer est pourtant restée la même car l’analyse « mot à mot de la science suffit à contredire « le scientisme hérité du XVIIIe siècle » (La gnose de Princeton, 1977, p 11). Dans un second temps, nous étudierons la méthode à travers la critique de la conception scientifique de l’information. Alex Manafu (IHPST Paris, France) On the (im)possibility of a unified science of multiply realized kinds Jaegwon Kim (1992, 2010) has argued that if the kinds that the special sciences talk about are realized by wildly disjunctive and nonnomic lower-level kinds, then they themselves must be equally heterogeneous and nonnomic. Kim’s argument uses a couple of principles, including the

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Principle of Causal Individuation of Kinds, which claims that “objects and events fall under a kind, or share in a property, insofar as they have similar causal powers” (Kim 1992, p. 17). If sound, Kim’s argument threatens not just the possibility of a unified science of psychology, but that of the other special sciences as well, including chemistry. Kim’s argument has been criticized by a number of philosophers, including Fodor (1997) and Shapiro (2005). But none of these critics takes issue with the principles on which Kim’s argument is based. In this paper, I challenge Kim’s argument by calling into question Kim’s interpretation of the Principle of Causal Individuation of Kinds. In the first part of the paper I argue that Kim’s formulation of the principle is equivocal; depending on how “similar causal powers” is to be interpreted, Kim’s formulation is compatible with two readings (a strong one and a weak one). I also argue that if the weak interpretation is favoured, Kim’s argument does not succeed. In the second part, I use a number of examples from chemistry to argue that the weak interpretation is more justified, and thus it should be preferred. Andrei Marasoiu (University of Virginia, United States) Representation and realism in animal models In this paper, I will explore the notion of representation used in animal models and suggest that realism about what animal models represent hinges on the satisfaction of a demanding set of causal requirements on the relation between animal models and their target human systems. While a realistic stance about animal models is rare, and endorsed with qualifications, realism still remains a norm in the sense that experimental researchers and clinicians alike agree that the animal models that fare best on overall model validity measures are those that allow for some degree of realist commitment, tracked by the degree of construct validity an animal model is said to have. What kind of realism is thereby envisaged is itself a challenge to articulate, as two major and seemingly opposed views - entity realism and realism vis-à-vis the theoretical background of scientific experimentation - actually turn out to need one another if animal models are to be approached in a realist vein.

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Vera Matarese (The University of Hong Kong, China) The New Conception of Order as Revealed by the Holographic Paradigm My claim is that among the various attempts at giving a metaphysical representation of the physical world, Bohm’s holographic paradigm is powerfully explanatory and deserves consideration. The central notion of this paradigm is the order as intrinsically related to any scientific theory. In particular, the order characterizing this new paradigm finds its exemplification in the hologram. The hologram, indeed, reveals interesting features: first of all, when suitably illuminated, it shows a construction of two different levels of order, an implicate one and an explicate one, which, however, give rise to a general whole unbroken order; moreover, each part of the hologram contains the information of all the other parts revealing again an unbroken wholeness. I will disclose this new concept of order, following Bohm’s suggestion, both from a metaphysical and a mathematical perspective. In particular, I will show that the passage between one kind of order to the other is accomplished by a holomovement that consists of continuous unfoldment and enfoldment and that is well represented by the Green function and some algebraic transformations. Afterwards I will explain why this hologram paradigm is explanatory, especially dealing with the problem of nonlocality due to quantum entanglement and the quantum-classical divide. Finally I will claim that even though this view has been regarded as superficial and detached from reality, its explanatory power and its mathematical description should not be overlooked. My conclusion will therefore state that the order developed by Bohm could be considered a good start to create a new theory able to rightly address and solve the challenging problems of the quantum world. Alessandra Melas (University of Sassari, Italy) Monod's Absolute Coincidences: an Ontic Notion of Hasard In philosophical tradition the word “chance”, as for the French “hasard”, is

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commonly used to indicate many different things. Sometimes it is employed to denote phenomena which are fortuitous in a fundamental way, sometimes to denote phenomena which are methodologically fortuitous. This enquiry considers only a restricted meaning of the word “chance”, taking into consideration chance intended as coincidences, where coincidences are events which come from the intersection between independent causal chains. More precisely, the core of the discussion will be Jacques Monod's notion of absolute coincidences. This conception of hasard seems to be very important, not only because it is closely related to the Principle of Causality, according to which whatever comes to exist has a cause, but also since it is the core of Monod's non-teleological evolutionist biological theory. The main attempt of this survey is to endorse the idea that Monod's notion of coincidences is ontic. In order to show that, I will firstly present Monod's definition of chance, trying to investigate its origins, especially in French literature. Then I will illustrate, not only that the independence between the intersecting causal lines is at the centre of this conception of hasard, but also that the typology of the independence plays an important role in providing a distinction between fundamental coincidences and methodological coincidences. I will also show that Monod's conception of chance, even though closely related to French literature, presents a kind of originality if compared to that tradition. Marta Mendonça (Universidade Nova de Lisboa, Portugal) Bioéthique et métaphysique – quel rapport ? À notre époque, la Bioéthique se trouve parmi les savoirs où les tensions et les équilibres à l’œuvre dans le rapport entre la métaphysique et les sciences sont les plus manifestes et les plus vives. Depuis sa naissance, elle a essayé de trouver des principes qu’on pouvait partager, quelles que soient nos convictions philosophiques sur l’homme. On comprend bien l’ensemble des raisons qui sont à la base de ce choix. Il suffit de penser que le nouveau savoir prétendait une universalité que l’anthropologie philosophique ne semblait pouvoir garantir. Néanmoins, et de façon jusqu’à un certain point paradoxale, cette prétendue neutralité s’est révélée la vraie

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source de nouvelles conceptions métaphysiques sur l’homme, conceptions qu’ont affecté le débat bioéthique lui-même. Dans la communication j’essais d’illustrer le parcours que je viens d’indiquer : comment est-on passé d’une Bioéthique sans métaphysique à une Bioéthique fondée sur des énoncés métaphysiques pris comme des énoncés scientifiques ? En partant de quelques textes fondateurs de la Bioéthique (notamment le « Belmont Report »), j’essais de suivre la progressive explicitation aussi bien des présupposés philosophiques qui sont à l’œuvre dans le débat bioéthique actuel que des stratégies adoptées pour les justifier. Je considère surtout les argumentations développées au sein de la bioéthique principiste (notamment à partir du texte de Beauchamp et Childress, Principles of Biomedical Ethics) et de la bioéthique conséquencialiste (surtout à partir de Practical Ethics de Singer). Maël Montévil (IHPST, France) Objet physique, objet biologique Les objets physiques sont définis théoriquement et mathématiquement comme des objets génériques. Ainsi, du point de vue de la gravitation newtonienne, une pomme ou une planète sont interchangeables, de même que le moment ou l'endroit où des phénomènes ont lieu. Un objet physique a une trajectoire spécifique, déterminée dans un espace de description stable. Au cœur de cette approche des phénomènes naturels se trouve la notion de symétrie théorique, qui justifie que des transformations (réelles ou virtuelles) ne changent pas les aspects pertinents d'un objet, en particulier et surtout la forme de sa détermination équationnelle. Les symétries justifient l'articulation des mathématiques avec le réel et permettent la dérivation mathématique des trajectoires. En biologie, nous proposons que les symétries théoriques sont instables. Ceci a de nombreuses conséquences puisque c'est la définition même des objets qui ne peut être opérée comme en physique. La première de ces conséquences est que l'objet doit être pensé comme spécifique, étant donné qu'il altère ses symétries au cours du temps (ontogénétique et phylogénétique). Ceci confère à l'objet biologique une nature fondamentalement historique. De plus, l'espace de description biologique

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est alors lui-même défini comme résultat d'une histoire. Enfin, les trajectoires biologiques ne peuvent alors pas être dérivées mathématiquement puisque ce sont les symétries déterminant ces trajectoires qui changent au cours du temps. Bertrand Nouailles (Université Blaise Pascal - PHIER, France) Une "révolution" scientifique est-elle aussi une "révolution" métaphysique ? L'intervention se propose d'examiner le rapport entre science et métaphysique en prenant pour fil conducteur l'exemple des cellules iPS. Il semble particulièrement pertinent pour s'interroger si la recherche biologique ne fournit pas ici une modification dans la nature des "objets" métaphysiques, en l'occurrence ici la durée. Sans préjuger la réponse à notre question, l'intervention passera par un moment bergsonien, d'une part parce que l'analyse de Bergson des relations entre science et métaphysique peut avoir aujourd'hui une certaine pertinence, d'autre part parce que la découverte des cellules iPS semble remettre en cause le concept bergsonien de durée. Nous défendrons l’idée suivante : loin que ce soit la métaphysique qui se trouve dans une position « méta-scientifique » et réfléchisse au sens et à la nature même de la science, c’est plutôt cette dernière (ou ces dernières si nous ne voulons pas préjuger d’emblée de l’unité de la science) qui pourra valoir comme « méta-métaphysique » en permettant d’interroger le sens et la nature de la métaphysique elle-même. Salomon Ofman (CNRS-IMJ-PRG, France) Une ‘métaphysique’ de l’irrationalité chez Platon ? Le résultat sans doute le plus important de la mathématique grecque classique concerne les irrationnels. Ses conséquences métaphysiques ont été considérables, même si cela nous est rapporté au travers d’un certain nombre de mythes, depuis un prétendu ébranlement de l’édifice entier de la doctrine pythagoricienne fondée sur les nombres (aritmoi), à son caractère

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quasiment miraculeux de proportionnalité géométrique présenté dans l’Epinomis, ouvrage censé faire suite aux Lois (Nomoi) de Platon. C’est dans le Théétète où Platon présente une mise en examen par Socrate de deux mathématiciens, que sont introduits simultanément le sujet des irrationnels mathématiques et celui de l’irrationalité philosophique. Nous tenterons ici de montrer le sens ‘métaphysique’ que recouvre cette surprenante double approche, mathématique et philosophique, de celui qu’on a surnommé le ‘père du rationalisme moderne’, ainsi que son articulation à la partie finale de l’ouvrage et sa conclusion doublement tragique. Car Platon y rappelle à la fois que Socrate va vers son destin, condamné à mort par ses propres concitoyens, en même temps que la recherche qu’il a initiée, la définition (logos) de la science, se heurte tout aussi inexorablement à l’irrationalité (alogon), et aboutir à une impasse. Cedric Paternotte (Munich Center for Mathematical Philosophy, LMU, Germany) Milena Ivanova (University of Sydney, Australia) Scientific virtues as catalysts Should scientific communities be rather uniform or diverse in order to be successful? What kind of uniformity and of diversity leads to scientific success? There is a tension between two literatures with respect to these questions. First, according to virtue epistemology, scientists can only reach knowledge if they share identical intellectual virtues. Second, according to recent works based on models and simulations of scientific activity, the diversity within scientific communities is by and large beneficial to their success. The latter claim is further motivated by normative reasons and historical examples of beneficial vices. The paper aims to determine which intuition is correct, and more precisely whether the uniformity that benefits science is located at the level of intellectual virtues. We argue that uniform virtues can play a specific role in science while being neither necessary nor sufficient for scientific success. We provide a list of relevant intellectual virtues as well as definitions of their roles in the context of theory choice. We then distinguish between the activities of theory creation, which requires diversification, and of theory refinement, which requires specialisation, and show that intellectual virtues are akin to catalysts: they

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improve the odds of scientific success in the presence of the right ingredients. We conclude that uniform virtues improve the odds that scientists converge on a successful theory, provided that promising enough theories have been discovered. Nicole Perret (ENS, France) Organisation et téléologie en biologie, une approche constructiviste La téléologie est une forme causale très pertinente en biologie, mais qui peut soulever un problème métaphysique car elle semble introduire un projet dans la nature. Dans le cadre de l'analyse fonctionnelle, les philosophes de la biologie se sont consacrés, de manière générale, à trouver des moyens théoriques permettant de rabattre l'explication téléologique sur le plan de la causalité efficiente. Cela afin d'en naturaliser le côté finaliste tout en gardant son pouvoir explicatif fécond. Or, les différentes solutions apportées présentent des faiblesses importantes. Ce travail aborde ce problème par une approche constructiviste. On propose de dissoudre le statut ambigu de la causalité téléologique en prenant en compte la nature de principe constructif de la causalité en général et donc aussi de la causalité efficiente en physique. Ici la téléologie est interprétée comme un principe qui permet la détermination d'un ordre spécifique pour la biologie. Cet ordre est identifié avec la structure spécifique du concept d'organisation. Ce concept présente nombreux avantages dans l 'analyse des fonctions. Nous prenons en compte certains cadres qui établissent des critères pour l'attribution des fonctions à partir des caractéristiques typiques de l'organisation biologique en tant que système d'auto-maintien, différentiés et clos. Dans ce contexte nous montrons que ces cadres ne naturalisent pas la téléologie, mais, bien au contraire, ils la supposent précisément au sens d'un principe constructif. En conclusion nous proposons d'expliciter la fécondité des cadres organisationnels précisément par l'emploi qu'ils font du concept d'organisation dérivé du principe téléologique.

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Raffaele Pisano (Université Lille 1, France) Paolo Bussotti (Alexander von Humboldt Foundation, Berlin, Germany) Johannes Kepler and His Astronomy: A Complex Itinerary between Metaphysics, Physics and Mathematics Even if Johannes Kepler (1570-1631) published the Tabulae Rudolphinae in 1627, whole his theoretical production is concentrated between 1596 and 1621. The former date is that in which he published the first edition of his Mysterium Cosmographicum, the latter the one in which the second annotated edition appeared. In 25 years all his masterpieces were published. In Mysterium (2 edn) Kepler claimed that all his contributions are specifications of problems he had already dealt with in Mysterium, even if, sometimes, in a naive and not perfect form. Therefore this little book represents the foundation of Kepler’s thought. The word foundation has to be interpreted in a strong manner: Kepler provideed the methaphysical structure of the universe. He was not interested only in discovering the kinematical-mathematical properties of the movements in the sky and to provide their physical laws, he wanted to discover the plan and the archetypes which stay behind the phenomena. In Mysterium he dealt with the plan is due to God and the archetypes are the geometrical figures according to which God structured the universe. These figures are the famous five regular convex polyhedron. In the Mysterium Kepler developed his theory of the regular polyhedron in which the planetary spheres (not to be interpreted as physical entities) are inscribed and circumscribed. In our talk we discuss to: 1) provide the fundamental elements of this theory; 2) to explain its aims and characteristics; 3) to evaluate how this theory influenced the successive Kepler’s theories and discoveries. Sébastien Poinat (Université Nice Sophia Antipolis, France) La mécanique quantique est-elle de la métaphysique expérimentale ? Le physicien Abner Shimony dit, à propos de la mécanique quantique,

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qu’elle est de « la métaphysique expérimentale ». L’expression est paradoxale, bien sûr, la métaphysique étant justement considérée comme la discipline qui s’occupe de ce qui se trouve « derrière » les phénomènes, de ce qui ne se donne pas à nous dans l’expérience, ou bien encore des grands principes que l’expérience seule ne permettrait pas de découvrir. Pourtant la mécanique quantique ne manque pas de nous amener à réfléchir aux questions les plus fondamentales sur l’être, et à trouver des éléments nouveaux de réflexion dans les résultats expérimentaux eux-mêmes. Pour réfléchir à cette question, nous prendrons appui sur un trait central de la mécanique quantique : l’intrication. Nous nous demanderons d’abord comment analyser, d’un point de vue logique, l’état d’intrication qui concerne deux systèmes initialement distincts et indépendants. Nous tâcherons de montrer que nous pouvons comprendre la relation qui s’établit entre les deux systèmes de trois manières, ces trois manières retrouvant trois perspectives métaphysiques différentes sur les relations : la théorie des relations internes (Leibniz), le principe des relations externes (Russell), et le monisme des relations (Bradley). Nous essaierons ensuite de proposer quelques éléments expérimentaux permettant d’avancer vers un choix rationnel et justifié entre ces trois options métaphysiques. En particulier, les expériences de Bell nous permettront d’avancer quelques réponses. Nous tâcherons également de montrer que la simple pratique du physique nous donne des arguments supplémentaires pour trancher cette discussion. Elena Popa (Central European University, Hungary) Scientific Explanation and the Metaphysics of Causation Work on causation and causal explanation has shown that causal concepts are of great importance for scientific knowledge. An important issue springing from this consideration is whether in order to explain the meaning causal claims in scientific context one needs to resort to metaphysical foundations. I will present an affirmative answer to this question. My argument will be based on the distinction causal influence, causal difference-making and frameworked difference-making employed

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by Michael Strevens. While philosophers working on causation and causal explanation have been focusing on one or more of these aspects, a unified perspective on causation should take all of them into account. Thus, if besides an account for high level causal claims one is endorsing a realist view on causal relations or what Wesley Salmon deems an ontic account on causal explanation, one has to refer to some fundamental structures that make up the causal structures in the world. Without making a commitment to a particular view on patterns of causal influence, I will show that this has consequences for how theories about causation are to be constructed. Furthermore, I believe that keeping the metaphysical issue in mind, along with the scientific uses of causal concepts one may gain a more complete picture on the world and the causal relations it incorporates. Alejandro Rosas (Universidad Nacional de Colombia, Colombia) Darwin and the synergy between the levels of selection In the explanation of social traits in biological entities, a process where group selection opposes and overrides individual selection has drawn considerable attention. In contrast, the possibility of synergy between selection at different levels in the evolution of cooperative traits is largely ignored or considered uninteresting. In this paper, I briefly argue that synergy between levels of selection occurs when collectives evolve as higher-level individuals or adaptive units, e.g., genomes and colonies of social insects. This brief argument is meant to motivate a new look at Darwin’s discussion of the evolution of human morality. In the standard reading, Darwin defended that morality evolved by a force of group selection overriding individual selection. I attempt to show that, quite to the contrary, Darwin is best read as implicitly invoking synergy between the levels of selection in the evolution of human morality. The clue to synergy is the suppression of the predictable tendency of low-level units of evolution to benefit at the expense of the higher-level units they attempt to build. Suppressor traits are fitter than the suppressed cheater traits; and groups formed by individuals with suppressor traits are fitter than groups without them. Suppression of biological selfishness facilitates the emergence of a functionally integrated higher-level individual. When this happens, selection at the lower and higher levels are not in opposition

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regarding cooperative traits: they select for the same traits. Etienne Roux (IHPST, France) Carl Hempel et la valeur heuristique de l’analyse fonctionnelle en physiologie Bien que la fonction soit un concept ambigu par sa dimension téléologique et par le finalisme qui lui est associé, cette notion est centrale dans la définition et la pratique de la physiologie contemporaine. La fonction semble donc importante et pertinente pour le physiologiste, malgré l’ambiguïté de sa définition scientifique. Dans un texte fameux de 1959, Carl Hempel a démontré la faiblesse explicative et prédictive de l’analyse fonctionnelle. Toutefois, son essai se terminait par une partie intitulée « la valeur heuristique de l’analyse fonctionnelle », où il opposait la pauvreté du fonctionnalisme comme doctrine explicative à sa richesse heuristique en tant que programme de recherche. Hempel a donc ainsi posé les bases d’une vision de l’analyse fonctionnelle qui permet de comprendre son usage récurrent en physiologie en dépit des problèmes soulevés par sa dimension téléologique. De fait, postuler la dimension téléologique des systèmes étudiés constitue une approche méthodologique fructueuse, qui se justifie méthologiquement en tant qu’analyse fonctionnelle de type rétroingéniérie. Cependant, le postulat téléologique n’intervient pas dans la valeur explicative de l’énoncé fonctionnel. Il n’y a pas donc de conflit entre dimension téléologique de l’objet étudié et explication causale classique de son fonctionnement. Ceci explique également pourquoi les physiologistes contemporains utilisent cette terminologie dans la définition de leur discipline, car la spécificité des différentes disciplines de la biologie se définit plus par des objets d’étude et/ou des programmes de recherche propres que par des principes explicatifs particuliers.

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Rosa Runhardt (London School of Economics, United Kingdom) The metaphysical assumptions underlying the use of case study research to corroborate general theories Social scientists have recently become more reliant on case study research to provide evidence for causal claims about the mechanisms connecting a putative cause and effect. Yet a common aim of these researchers is to use case study results to corroborate a causal theory that applies to a wider selection of target cases than the case study subject alone. I argue that if we examine the metaphysical assumptions underlying case study research, we find that the method can only establish singular causal claims, and that there is therefore a tension between the claims produced and the general causal claims one expects in theory construction. In this paper, I scrutinize this tension between methods and aims. I show what further metaphysical assumptions are necessary to link case study evidence with general theories, and whether these are defensible for the social sciences. I argue, based on Hitchcock’s probabilistic theory of causation, that to move from singular case studies to general theories social scientists need a ‘homogeneity assumption’: the assumption that in all cases the general theory is meant to apply to, the causal relevance of the cause for the effect is the same. However, I also show that in light of the ontology of the social sciences this homogeneity assumption is difficult, if not impossible to defend; causal mechanisms are only particular to certain contexts. Quentin Ruyant (Université de Rennes 1, France) Le réalisme structural ontique face au problème de la mesure Le réalisme structural est la position consistant à être réaliste vis-à-vis du contenu structural des théories scientifiques. S'apparentant d'abord à une thèse épistémique portant sur les limites de la connaissance, il peut être étendu à une thèse métaphysique postulant que la nature est essentiellement une structure relationnelle : on parle alors de réalisme structural ontique.

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Le réalisme structural ontique a été avancé initialement pour rendre compte de certains aspects de la physique moderne, en particulier l'indiscernabilité des particules en mécanique quantique, mais sans se préoccuper outre mesure d'un autre aspect pourtant indissociable qui est le problème de la mesure. L'objet de cette communication est d'examiner la façon dont différentes formes de réalisme structural se comportent vis-à-vis du problème de la mesure. Il sera montré que certaines critiques adressées au réalisme structural ontique, notamment le fait qu'il semble brouiller la distinction entre structure mathématique et physique et ne pas rendre compte de l'ancrage expérimental des théories, trouvent leur pendant dans certaines difficultés liées au problème de la mesure, et en particulier la question de l'interprétation des probabilités. Ces critiques sont donc sérieuses, et il se pourrait qu'une solution de compromis entre réalisme structural ontique et épistémique puisse permettre de mieux rendre compte des différents aspects de la mécanique quantique. Christian Sachse (University of Lausanne, Switzerland) Le réductionnisme conservatif – Conserver les sciences spéciales par réduction Cette contribution avance, en tant que résultat « positif » ou intention constructive, la possibilité d’un réductionnisme conservatif (non-éliminativiste) aux plans ontologique et épistémologique. Il vise d’un autre côté à réfuter, en tant que résultat « négatif » ou caractère dérangeant, la compatibilité largement admise entre anti-réductionnisme épistémologique et réductionnisme ontologique (identité des occurrences). L’analyse considère des cas biologiques, notamment de la génétique dans le contexte de la théorie de l’évolution. Toutefois, dans la mesure où les arguments discutés sont généraux, l’approche réductionniste proposée s’applique également aux autres sciences spéciales.

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Amet Samuel-Gaston (Université de Franche-Comté, France) À propos de quelques concepts au fondement des sciences selon le néocriticisme de Charles Renouvier Nous proposons de présenter et de discuter quelques problèmes ontologiques à la base des sciences en nous appuyant sur diverses notions qu’on peut considérer comme formant le socle de la « philosophie des sciences » de Charles Renouvier : les principes de relativité et de contradiction, les notions de phénomène, de loi et de catégorie, en particulier celles de relation et de personne, car toute chose est par le biais de représentations. La clé de voûte de la philosophie de Renouvier est que tout est relatif, que nos idées abstraites expriment toujours un rapport et que l’être même est relation. Ainsi toute science est fondée sur des abstractions, car on ne peut connaître une chose qu’en l’envisageant sous certains rapports. Le principe de contradiction est le second principe phare de sa philosophie, Renouvier l’estime indispensable à toute connaissance commune ou scientifique. À ces yeux l’objet des sciences est la recherche des lois qui ordonnent les relations entre les phénomènes. De là une nécessité logique ou matérielle qui est un caractère des lois. Parmi elles certaines sont complexes ou variables, Renouvier les nomme fonctions et il appelle catégories celles qui sont conditions de l’exercice de l’entendement. Ces dernières sont les fondements des sciences et leurs donnent leur cadre : notre représentation humaine. La relation et la personnalité sont selon lui deux catégories qui surplombent les autres, car il n’y a de connaissance que donnée dans une représentation, avec un représentatif et un représenté. Martin Schuele (IHPST, France) Nonlocality and Causation In quantum physics, the properties of two systems can exhibit long-range correlations although there is no causal connection between the systems and no common cause. The first thorough analysis of this phenomenon was given by John Bell. His work led to an inequality that allows to distinguish between the predictions of quantum theory and theories involving a local

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common cause. Subsequent experiments decided in favor of quantum theory, thus firmly establishing the “nonlocality” of the correlations. As we will see, Bell’s analysis, and generally an analysis of the phenomenon of “nonlocality”, involves a notion of causality. In this contribution, we will discuss Bell’s notion of causality and the various theories of causation proposed in the philosophical literature, such as the probabilistic, counterfactual and interventionistic account of causation, in relation to Bell’s analysis. We will then argue that Bell’s notion is unsatisfactory from a philosophical standpoint, but that certain philosophical theories of causation also fail to come to terms with the kind of nonlocal correlations seen in quantum physics. Understanding nonlocality in relation to philosophical theories of causation might thus limit the validity of theories of causation and provide a key point of contact between physics proper and these theories, stipulating more general, metaphysical frameworks needed to understand the strange workings of nature as manifested in quantum physics. Luigi Scorzato (INFN, Italy) A partial but useful model of scientific progress One of the main goals of scientific inquiry is to provide a description of the empirical data which is as accurate and comprehensive as possible, while relying on as few and simple assumptions as possible. In this paper, it is argued that a precise and general definition of this goal is possible, which captures, at the same time, many other classic goals of science. Furthermore, since this goal has been verifiably achieved many times in the history of science, it also enables the formulation of a partial but useful model for scientific progress. The need of simple assumptions is what ultimately demands the imtroduction of metaphysical concepts in science.

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Matthew Shields (Georgetown University, United States) Squaring the Incommensurable Circle: Developing an Account of Interaction for Longino’s Non-Eliminative Pluralism In her recently published Studying Human Behavior, Helen Longino argues for the methodological and ontological incommensurability of the dominant scientific approaches to human aggression and sexuality. And yet at certain points in SHB, Longino also defends the claim that these same approaches should interact. But if these scientific approaches are incommensurable in the non-eliminative way Longino takes them to be, then it is difficult to see how these approaches can be said to meaningfully interact. In this paper I defend Longino’s view from this criticism by developing one of its central insights. Zeroing in on the specific language Longino uses, I provide a preliminary view of what interaction across incommensurable approaches could look like. I argue that rather than centering on scientific praxis, interactions among incommensurable approaches are encounters where an individual approach is compelled to reassess its own self-understanding. Interactions should prompt an individual methodology to recognize the legitimacy of other scientific approaches to the phenomenon it investigates and to scale back its explanatory ambitions accordingly – to turn away from monism. At least one concrete measure that can encourage these sorts of interactions is an increase in opportunities for the exchange of knowledge among approaches. By examining the study Longino carries out in SHB and the work of Kenneth Kendler, I will suggest that increasing the visibility of different methodologies and the data they yield – increasing, that is, opportunities for different approaches to learn about one another – respects the incommensurability of approaches and allow them to meaningfully interact.

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Luca Tambolo (University of Trieste, Italy) Placebo Effect and the Justification of Methodological Rules In this paper, the role of empirical information in the justification of methodological rules is discussed, and the historicist account of the justification of methodological rules advocated by Laudan in “Beyond Positivism and Relativism” (1996) is criticized. Laudan claims that methodological rules are low-level factual hypotheses concerning the links between the use of cognitive means and the achievement of cognitive aims, to be assessed like any factual hypothesis: based on the available empirical information. In Laudan’s view, methodology is an empirical enterprise, within which history of science plays a key role: the past record of science provides us with a benchmark for assessing the performance of competing rules in promoting the achievement of cognitive aims. Against this account, we argue that what decides the fate of factual hypotheses is not an overview of the history of science but, rather, the weighing of the available empirical evidence, which is taken to provide us with first-hand information concerning how the world is. In other words, it is by means of our knowledge of facts concerning the structure of the world that we can explain the past record of science and justify, for instance, the abandonment of certain theories: history of science provides us, at most, with derivative information concerning such issues. The thrust of our argument is illustrated by the case of double-blind experiments, employed in RCTs to control for the placebo effect: their use is justified with reference not to history but, rather, to our knowledge of the placebo effect. Pierre Uzan (Université Paris-Diderot, France) L'intrication comme principe universel d'explication Le phénomène d’intrication ne s’observe pas seulement dans les expériences de physique quantique mais aussi dans des domaines très divers de la vie et de façon non exceptionnelle. En effet, les paradoxes de la théorie classique de la décision ou la question de la nature des corrélations psychosomatiques peuvent être résolus de façon féconde dans un cadre quantique généralisé implémentant les concepts-clés de complémentarité et

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d’intrication mais où toute référence a priori au monde matériel a été éliminée. Par son rôle explicatif universel le concept d’intrication pourrait être érigé au rang de principe métaphysique. Antonio Vassallo (University of Lausanne, Switzerland) Pui Ip (Heythrop College, University of London, United Kingdom) On the conceptual issues surrounding the notion of background independent Bohmian dynamics This paper investigates the possibility of implementing the requirement of background independence in a Bohmian theoretical framework as the very first step to be taken to construct a Bohmian theory of (canonical) quantum gravity. In the first part, a review of the ontological commitments in the Bohmian theoretical framework is given. Particular attention is paid on the meaning of a primitive ontology approach to the quantum formalism. The second part considers the conceptual issues surrounding the requirement of background independence. We treat background independent theories as theories whose dynamical laws do not require the support of spacetime structures. Using this notion, we show how different ontological commitments towards spatiotemporal structures will lead to different emphases on how background independence is to be interpreted and implemented. In this context, we argue that background independence and general covariance are closely related but not overlapping concepts. This conclusion is especially important for the Bohmian approach since it makes possible to argue that there is no a priori incompatibility between the notion of background independence and the form of the guiding equation in a Bohmian setting, while still acknowledging that the structure of Bohmian dynamics seems to be unavoidably at odds with general covariance intended in a physically "substantive" sense - as opposed to a mere "formal" one. The final part considers how much room for spatiotemporal structures should be left in the primitive ontology of a background independent Bohmian theory. Three proposals are considered and their relative merits are critically evaluated.

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Joseph Vidal-Rosset (Université de Lorraine, France) Intuitionnisme et métaphysique Par «philosophie intuitionniste de la connaissance» j'entends une théorie de la connaissance qui refuse à la fois la thèse dogmatique d'une transcendance de la vérité par rapport à la preuve et la dissolution sceptique de l'idée même de vérité. Je distingue dans cet article trois significations principales du terme «métaphysique». Dans le cadre de la théorie de la connaissance, seules les deux premières sont pertinentes. En termes kantiens, l'intuitionniste soutient que seule la théorie des conditions de possibilité de la connaissance en général fonde la vérité scientifique. On pose le problème suivant: la thèse intuitionniste est elle métaphysique? Les réponses possibles à ce problème général correspondent aux deux interprétations possibles du rapport spécial de la théorie kantienne de la connaissance avec la métaphysique: certains lecteurs affirment que celle-là redéfinit celle-ci, d'autres soutiennent qu'elle l'exclut. On montre dans un premier temps que cette querelle repose sur l'ambiguïté du terme «métaphysique», dans la "Critique de la raison pure" comme dans l'histoire de la philosophie. On soutient que la redéfinition kantienne de ce terme engendre des confusions et doit pour cette raison être abandonnée. Faire de l'intuitionnisme une métaphysique en un sens ancien de ce terme étant évidemment inacceptable, on conclut à l'exclusion de la métaphysique du domaine de la philosophie intuitionniste. On montre dans la seconde section qu'une telle exclusion est conforme à la critique intuitionniste de la logique classique. On achève ce propos de manière positive sur l'épistémologie naturelle de l'intuitionnisme. Jacques-Henri Vollet (University of Geneva, France) Attribution de connaissance, manoeuvre d'assertabilité garantie et maxime de pertinence Selon la conception traditionnelle de la connaissance, ce qui distingue une croyance vraie d'une connaissance dépend uniquement de facteurs vériconductifs (les données dont on dispose en faveur de la proposition en question, la fiabilité du processus de formation de croyance, etc.). De plus,

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il est généralement admis que les critères à satisfaire ne varient pas. Pourtant, nos attributions de connaissance semblent varier en fonction de facteurs pratiques (en particulier l'importance qu'il y a à ne pas se tromper, les possibilités d'erreur qui sont saillantes). Certains philosophes qui tiennent à cette conception traditionnelle rendent compte de cette variation par un changement dans les conditions d'assertabilité garantie. La manière principale de donner corps à cette idée est basée sur l'idée d'implicature conversationnelle générée par la maxime de relation de Grice : "sois pertinent !" (Rysiew 2001, 2005, Brown 2006). Mon but est de montrer que cette stratégie n'est pas prometteuse. La proposition qui est supposée être pragmatiquement communiquée dans de tels cas porte sur la question de savoir si le sujet est en position d'éliminer une alternative saillante qui ne détruit pas la connaissance. Je vais défendre l'idée que dans ce genre de contextes, cette considération n'est pas plus pertinente que la question de savoir si le sujet sait, même si les enjeux sont élevés. Anna Wilks (Acadia University, Canada) Locating "Experience" in Robotic Beings This paper examines the question of whether the behaviour of robotic beings amounts to, or serves as evidence of, experience. If it does, to what extent does this experience resemble the experience of human beings (Clark 2001)? Specifically, can humanoid robots be said to have experience of the same kinds of objects that human beings experience? If not, then do we need to introduce into our conceptual framework the existence of a new kind of object? I defend the view that the objects “experienced” by robotic beings do warrant classification as distinct kinds of objects from the objects of human experience. My general approach to this problem is guided by Immanuel Kant’s account of human experience (Kant 1787). I limit myself, however, to the use of Kant’s distinction between inner sense and outer sense, and the related distinction between the logical essence and real essence of their corresponding objects (Kant 1783). I argue that, because humanoids lack the capacity to distinguish, in a genuine way, between inner sense and outer sense, the kinds of objects they are able to “experience” are more akin to what human beings experience as

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mathematical objects rather than sensible objects. This raises important questions about the ontological status of objects of robotic experience that have significant implications for both metaphysics and roboethics, since the kind of objects that humanoids are capable of experiencing impacts the kind of interaction they may have with human beings. Andrew Winters (University of South Florida, United States) Moving Beyond Unification and Modeling: A Reconsideration of Radically Naturalized Metaphysics Ontic structural realists, such as Ladyman and Ross (2007), endorse the view that the only metaphysical tasks worth pursuing are to unify the sciences and model the objective structure of reality. This form of radically naturalized metaphysics, however, depends upon the principle of naturalistic closure. In this paper I argue that the principle of naturalistic closure is at odds with radically naturalized metaphysics and is itself a metaphysical principle, suggesting that radically naturalized metaphysics is not the only form of metaphysics worth doing. In particular, the principle of naturalistic closure requires that a metaphysical claim M at t be of service to some scientific hypothesis H. The principle, however, does not state when M must be of service to H. It is possible for a metaphysical claim at t to be of service to a scientific hypothesis at t+n. Furthermore, the principle of naturalistic closure is not a result of scientific inquiry. Yet, as I argue, the principle of naturalistic closure is a metaphysical claim. Thus, motivating the position that metaphysics is not restricted to the tasks of unifying the sciences and modeling the objective structure of reality, but more importantly that it shouldn’t be. Hidetaka Yakura (University of Paris Diderot, France) Should there be a place for metaphysics in science? Modern science has adopted a positivist position as its principal philosophy from the late 19th and the early 20th century. Because of this development,

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metaphysical elements were almost completely eliminated from scientific thinking and activities, and there is no place for metaphysics in science today. In turn, science has enjoyed an enormous success ever since. Consequently, most of the scientists pay little attention to what is going on in the field of philosophy of sciences or even mock philosophy. However, is this ideal situation for science? Should there be a role for metaphysics in science? While in science, I did not get the sense of revealing the whole picture from the experimental data, but later realized that may be due to the very nature of science. To understand the wholeness of the nature, one has to cross the boundary of science and to reflect upon what has been observed in science from diverse perspectives. Although there are many definitions of philosophy of sciences, this type of activities may correspond to metaphysics of nature. An ambition of such a posteriori activities is to propose a holistic vision of nature based on the scientific knowledge. Innovative ways of looking at nature and new knowledge derived from this type of reflections should complement the knowledge from science. I will present why science needs to incorporate metaphysical endeavors to reach a fuller understanding of nature by taking an example from the recent developments in the field of biology. Ignace Yapi (Université de Bouaké, Côte d'Ivoire) Théories résurgentes et concepts mutants: Esquisse d'une structure des contre-révolutions scientifiques Les révolutions scientifiques sont, en général, présentées comme l'abandon de théories scientifiques majeures et leur remplacement par d'autres théories reconnues comme étant plus aptes à rendre compte des phénomènes naturels. Saisie sur le moment, toute révolution se caractérise donc par la rupture de la science avec son passé immédiat, la disqualification et l'abandon de ses croyances déchues. Mais rapportées à une diachronie plus large, les révolutions les plus importantes de la science ont souvent pris des allures de contre-révolutions: elles n'ont consisté en effet qu'en la réhabilitation de présomptions "préscientifiques" vaincues et abandonnées à l'occasion de révolutions précédentes. Cette conservation du passé dans l'évolution des sciences n'est pas

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seulement perceptible dans la résurgence des théories déchues. Elle l'est aussi dans l'adoption et le recyclage par les sciences modernes de concepts issus d'intuitions "préscientifiques", notamment métaphysiques. C'est ainsi que la science qui n'abandonne jamais définitivement son passé, même "préscientifique", avec lequel elle conserve un lien généalogique fécond à travers les théories résurgentes et les concepts mutants (c'est-à-dire les concepts nés d'anticipations métaphysiques, voire magiques ou théologiques, et conservés jusque dans les sciences modernes au prix de réajustements et d'adaptations sémantiques), nous paraît porter un démenti au manichéisme des épistémologies de la démarcation. David Zarebski (Université Paris 1 - IHPST, France) Sciences cognitives et métaphysique : vers une réponse au problème du réalisme ontologique dans la métaphysique naturalisée d'Alvin Goldman Nous proposons de défendre le programme de naturalisation cognitiviste de la métaphysique initié par Alvin Goldman (Goldman 1987; Goldman 2007) sur l'un de ses points les plus problématiques : la question du réalisme ontologique. En effet, s'il apparaît défendable 1) que les assertions métaphysiques reposent sur des intuitions quand aux constituants les plus primitifs du monde et 2) que ces intuitions sont elles mêmes le produit de contraintes représentationnelle primitives dont l'étude revient au sciences cognitives, l'idée que la structure des représentations primitives ou ontologie du sens commun épouse la structure du monde au nom d'une adaptation de la première à la seconde apparaît une hypothèse plus coûteuse. La solvabilité de cette thèse dépend en grande partie de la question de savoir si la structure de notre cognition est ou non contingente. En d'autres termes, elle revient à la question, empiriquement ouverte, de la possibilité d'une entité intelligente dont le schème conceptuel différerait radicalement du nôtre – e.g. un martien qui admettrait comme des entités légitimes des sommes méréologiques d'objets disjoints (Chalmers 2009). Nous entendons présenter un argument en faveur de l'impossibilité d'une semblable entité basé sur les progrès récents de systèmes d'informations

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biomédicales tel que SNOMED CT. Plus précisément, nous entendons montrer la manière dont l'adoption d'ontologies formelles appliqués telle que la Basic Formal Ontology (Bittner & Smith 2004), atteste de la nécessaire distinction de type primitifs d'entités et ainsi que de leur indépendance vis-à-vis de l'entité intelligente qui les appréhende. Bittner, T. & Smith, B., 2004. Normalizing medical ontologies using basic formal ontology. Kooperative Versorgung, Vernetzte Forschung, Ubiquitäre Information (Proceedings of GMDS Innsbruck, 26-30 September 2004), Niebüll: Videel OHG, pp.199–201. Chalmers, D., 2009. Ontological Anti-Realism. In D. Chalmers, D. Manley, & R. Wasserman, eds. Metametaphysics: New Essays on the Foundations of Ontology. New York: Oxford University Press, pp. 77–129. Goldman, A., 2007. A Program for“ Naturalizing” Metaphysics, with Application to the Ontology of Events. The Monist, 90(3), pp.457–479. Goldman, A., 1987. Cognitive science and metaphysics. The Journal of Philosophy, 84(10), pp.537–544. Farid Zidani (Université Alger 2, Algeria) La séparation entre Essence et Existence et son influence sur la logique chez Ibn Al-nafīs (au moyen age) La séparation d’Avicenne entre Essence et Existence, a influencé la logique et les logiciens arabo-musulmans au moyen âge parmi eux Ibn Al-nafīs (12S). Sous cette influence il a contribué au développement de la logique et à l’élaboration d’une théorie du terme (universel). Parmi les conséquences de cette analyse: Il est devenu possible de concevoir à côté des concepts abstraits des concepts formels indépendants de toute réalité sensible, et de là une remise en cause des catégories (imprédicables) aristotéliciennes, c'est-à-dire la possibilité de concevoir, pour Ibn Al-nafīs comme pour Avicenne, des sujets et des prédicat qui ne sont pas nécessairement des termes exprimant ou appartenant à l’une des catégories Aristotéliciennes. L’analyse de la proposition universelle comme étant une proposition qui prend la forme d’une conditionnelle. L’élaboration d’autres formes de syllogismes telle que «Le syllogisme de

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l’égalité (qiyās al-mussāwāt). La distinction entre la prédication au sens aristotélicienne: L’Homme est mortel, et d’autre formes différentes d’elle, quelques une ne lui sont pas contraire, il donne l’exemple de: Zayd est le père de Cmr (relation), tandis que d’autre lui sont contraire et il cite comme exemple: quelques animaux sont des hommes (la quantification du prédicat). L’extension du champ de la logique et de l’analyse logique à des univers de discours que la théorie syllogistique aristotélicienne n’a pas pu englober, tels que la jurisprudence. Eduardo Zubia (University of the Basque Country UPV/EHU, Spain) Ontologie visuelle : épistémologie naturalisée des images dans les sciences physiques La nécessité d’appréhender les fondements ontologiques des sciences physiques est souvent exprimée par les physiciens, aussi bien que la difficulté d’y parvenir. La pensée épistémologique et métaphysique devrait intervenir dans ces discussions, cependant le dialogue se produit rarement, et les deux cultures mènent souvent des chemins parallèles, sinon divergents. Le but de ce travail est de proposer des outils conceptuels adaptés aux problèmes ontologiques, tells qu’ils se présentent dans les sciences naturelles, et d’utiliser l’épistémologie des images pour tenter d’élucider la contribution fondamentale des pratiques visuelles à ce domaine. Nous traiterons pour cela des exemples en astrophysique et en mécanique quantique. En astrophysique, on doit souvent se remettre exclusivement aux observations instrumentales pour essayer d’identifier la nature physique des objets astronomiques, tandis qu’en mécanique quantique, les modèles mathématiques décrivent le comportement mesurable des objets microscopiques avec une grande précision, et c’est l’interprétation que est ouverte à débat. Il est difficile de mener une réflexion philosophique sur les problèmes posés par la science contemporaine sans tenir compte de l’ensemble des pratiques théoriques et expérimentales impliquées. Dans ce contexte, nous

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proposons que l’intuition informée qui résulte de l’étude des images empiriques aide à identifier les phénomènes fondamentaux et à interpréter les théories abstraites de la physique, en produisant ce que nous appelons une ontologie visuelle ; autour de cette conception argumentée de la réalité peuvent se retrouver les sciences naturelles et la philosophie.

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Adrien Barton (Osaka University, ISIR, Japan) Arnaud Rosier (INSERM UMRS 872, France) Riichiro Mizoguchi (Research Center for Service Science, JAIST, Japan) Anita Burgun (INSERM UMRS 872, France) Régis Duvauferrier (INSERM u936, France) Biomedical applied ontologies The quantity of data produced and used worldwide has exploded in the last sixty years, in particular in the biomedical field. It is crucial that the information contained in scientific journals, textbooks and clinical trial reports can be used efficiently by medical doctors and researchers, for both research and therapeutic goals. However, medical professionals use different languages and terminologies to format their results, which makes difficult the communication, exchange and joint use of these heterogeneous data. A family of tools named “applied ontologies” has therefore been developed: they propose a formal representation of the biomedical reality in order to provide a common language to biomedical databases, enabling their interoperability. The “Web Ontology Language” (OWL), proposed by the World Wide Web Consortium, is currently the most frequently used computer language to author such ontologies (which are also used in the context of the Semantic Web project). Devising applied ontologies requires to formalize object categories, as well as the relations holding between them, and to determine which particular entities in the world fall under these categories. This task is therefore very similar to the practice of philosophical ontology, and it has become clear that the latter had an important role to play in devising such applied ontologies. Applied ontology has consequently became an interdisciplinary research field in which computer scientists, medical doctors and philosophers can collaborate. This symposium will give an overview of such an interdisciplinary endeavor, with contributions and collaborative works from specialists of these various disciplines.

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Sebastien Dutreuil (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, France) Manuel Blouin (Université Paris-Est Créteil Val de Marne, France) Matteo Mossio (IHPST, CNRS, France) Arnaud Pocheville (Center for philosophy of science, Pittsburgh, United States) L’individuation biologique: niveaux et frontières Ce symposium s’ancre dans deux littératures: l’une, en biologie théorique et philosophie de la biologie, centrée sur des questions d’individualité et d’organismalité, l’autre, en biologie évolutive, écologie et sciences de la Terre sur les relations entre les organismes et leur environnement. Il s’intéresse aux niveaux de la hiérarchie situés au-delà de l’organisme et vise à explorer certaines questions en chantier en confrontant les deux littératures. Ce symposium s’inscrit ainsi dans la thématique générale du congrès (métaphysique des sciences). Le contenu des contributions ainsi que le rapprochement de celles-ci au sein de ce symposium s’inscrivent dans une position qui défend l’existence d‘un lien serré entre des questions ontologiques et les questions des sciences de la nature, l’une ne pouvant se passer de l‘autre. En s’appuyant sur les travaux théoriques récents sur l’organisation biologique, la contribution 1 proposera d’associer la notion d’individu à celle de système autonome (défini comme un type particulier de système organisé fonctionnellement intégré, dont l’exemple paradigmatique sont les organismes) et s’interrogera sur la possibilité de considérer d’autres systèmes organisés (tels que les écosystèmes) comme des individus. La contribution 2 s’appuiera sur des travaux expérimentaux et de modélisation visant à tester l’hypothèse qu’une communauté peut être sélectionnée, en particulier les interactions entre différentes espèces de cette communauté. Les contributions 3 et 4 viseront à clarifier certaines des propositions en écologie, en biologie évolutive et en sciences de la Terre centrées sur les relations organisme/environnement (hypothèse Gaïa, construction de niche), propositions qui ont porté trop peu d’attention sur les individus en jeu.

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Peter Fazekas (University of Antwerp, Belgium) Balazs Gyenis (University of Illinois, United States) Gabor Hofer-Szabo (Hungarian Academy of Sciences, Hungary) Gergely Kertesz (Durham University, United Kingdom) A Dynamical Systems Approach to Causation In contemporary metaphysics and philosophy of science different theories of causation proliferate and pluralist views became increasingly popular. In this paper, our ambition is to turn this trend around by formulating a novel approach that can account for most of the platitudes of and intuitions about causation. The main focus of the paper is to invent a framework that is able to reconcile and respect the commitments of two seemingly incompatible clusters of theories: those that try to understand causation as an objective relation in the physical world, and those that aim to analyse our everyday concept of causation. To achieve this goal, we will develop a novel theory of physical causation that is built on the notion of a deterministic dynamical system, and show that it can handle basic cases of causation nicely. Then we will highlight the main advantages of the theory: that, in contrast to existing physical accounts, it can handle negative causation (where either the cause or the effect is an absence) in the same way as it handles positive causation; that it is able to solve the problem of selection (how to select ‘the’ cause of an effect) in a non-interest-relative way; that it offers a straightforward solution to the problem of overdetermination; and that it can account for the relation between higher level causation and causation at the fundamental level. This last virtue of our approach might be highly relevant for contemporary debates on the autonomy of special sciences.

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Françoise Longy (IHPST, France) Beatrice de Monteira (IHPST, France) Andrew McFarland (IHPST, France) Natural Kinds from today's perspective In the 70s, the semantic theory proposed by Kripke and Putnam for Natural Kind (NK) terms rehabilitated the ontological notion of NKs as classes carved up by Nature, and thereby a realist stance about NKs. Since then, however, the list of conceivable types of NK has grown: not only might there be microphysical NKs, but also HPC (Homeostatic Property Cluster) NKs, historical NKs, functional NKs, hybrid NKs, etc. A good reason to be liberal about NKs and allow 1) different types of NK, 2) cross-cutting NKs, and 3) NKs with vague borders, is science itself, since science supposes natural classification of various sorts: microstructural for chemical elements, historical or functional for biological species, etc. This creates a situation quite different from the one contemplated by Kripke and Putnam and their direct successors. The aim of this symposium is to discuss some new issues that arise from this situation. The first speaker investigates what our notion of biological species as NKs should be, once we take into account recent data about epigenetic transmission. And she asks whether it might make sense to speak of "flexible essentialism"? The second speaker discusses several notions of natural kind essentialism involved in recent criticisms of that doctrine, and argues that at least some of these are not to be entirely rejected from all classificatory practices. The third speaker argues that a broad notion of NK requires distinguishing between primary and secondary NKs, in order to separate what may have ontological significance from what does not.

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Livio Riboli-Sasco (Atelier des Jours à Venir, France) Gaëlle Pontarotti (IHPST / Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, France) Arnaud Pocheville (University of Pittsburgh, United States) Extended inheritance and its conceptual challenges Extended inheritance might be considered as the new frontier in biological sciences. Indeed, whereas the multiplication of data regarding non-genetic mechanisms of heredity encourages scientists to take into account the transmission of extra-genetic « information » across generations, pluralistic frameworks may have a significant impact on evolutionary theory, which has exclusively rested upon a genetic understanding of heredity since the Modern Synthesis of the 1920-1950’s. Finally, extended inheritance might constitute an exciting bridge between developmental and evolutionary biology. In this context of intellectual effervescence, the symposium is meant as a preliminary reflexion on the conceptual clarifications required by the emergence of extended models of heredity, including epigenetic, cultural or even symbiotic channels. We first question whether information is a relevant concept within the extended inheritance framework and propose possible alternatives to point at the objects that are actually inherited from one generation to the other. This proposal focuses as well on the mechanisms that handle these objects and lead to inheritance of these objects. The second contribution presents the holistic trap theoreticians working on extended inheritance may fall into and highlights the subsequent necessity to formulate a reformed account of the so-called like-begets-like phenomenon. It defends an organizational account of heredity and a further organizational characterization of inherited factors. The third contribution analyzes several models of genetic assimilation, and in particular of models making use of non-genetic inheritance mechanisms. We will show how (and in which sense) such mechanisms can impact the hypothesis of blind variation in selective explanations.

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Catherine Rioux (Université Laval, Canada) Cristian Saborido (UNED, Canada) Anne-Marie Gagné-Julien (Université de Montréal, Canada) Antoine Corriveau-Dussault (Université de Montréal, Canada) The organizational approach to functions: challenges and promises The concepts of function and malfunction have a peculiar status in the metaphysics of science, owing to their normative and teleological dimensions which make them difficult to render into naturalistic terms. The two classical approaches to functions, the etiological and systemic theories, both accommodate some strong intuitions involved by the notion of function, but fail to accommodate some others Besides those who advocate a pluralism about functions, some scholars have proposed to abandon the classical theories altogether and have developed some new frameworks. In this symposium, we will discuss a recently proposed theory of functions, namely, the organizational approach to functions as developed by Cristian Saborido, Matteo Mossio and Alváro Moreno (2009). More specifically, we will consider issues related to three different aspects: the research program on symbiosis, the concept of malfunction and the concept of health. The first contribution will question the compatibility of the organizational approach with the attribution of functions to symbiotic bacteria that play an essential role in maintaining many organisms alive. The second contribution will address the issue of defining the concept of malfunction according to the organizational framework. The last contribution will explore the implications and limits of definitions of health and disease grounded in that framework.

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