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Volume 3, numéro 4 / Automne 2003 / Société d’histoire de la Haute-Yamaska / Page 1 C haque automne, et ce depuis trente-cinq ans, la ville de Granby est l’hôte d’une manifestation culturelle dont la notoriété n’a cessé de croître avec le temps. Fondé en 1969, le Festival de la chanson de Granby se voulait au départ un concours s’adressant aux auteurs, compositeurs et interprètes de la musique populaire du Québec. Deux ans plus tard, il devenait national et invitait les francophones du Canada à concourir ; il s’internationalisait en 1989 en élargissant la compétition à toute la francophonie. Longtemps reconnue comme « la ville du zoo », Granby devenait ainsi, progressi- vement, « la ville du festival ». Mais com- ment Granby, nous demandera-t-on, en est-elle arrivée à mettre sur pied un événe- ment d’une telle envergure ? Où cette petite ville ouvrière, si longtemps dominée par quelques entrepreneurs anglophones, a- t-elle puisé les ressources de sa réussite ? La création du Festival de la chanson est- elle purement le fruit du hasard ou décou- le-t-elle de décisions informées ? En remontant le fil du temps, on arrive à rassembler des éléments de réponse. Rappe- lons d’abord que, depuis le milieu des années 1930, la région montérégienne s’est révélée un terre fertile pour la chanson d’expression française, peu importe les formes qu’elle a successivement empruntées. La Bonne chanson de l’abbé Gadbois, Félix Leclerc, Paul Brunel- le et Willie Lamothe, et même la musique yé- yé et rock des années 1960-1970, voilà ce que la Montérégie a su donner au Québec : quelques-uns de ses meilleurs auteurs et de ses plus belles chansons. À Granby, dans les années 1960, l’Escale, le centre culturel des Loisirs de la L’historien Volume 3, numéro 4 Automne 2003 régional Gratuit Sur la courte liste des précurseurs de la chanson d’expression française au Québec, l’auteur-compo- siteur Paul Brunelle (1923- 1994) occupe une pla- ce de choix. Car si la Bolduc et le soldat Lebrun ont traduit en chansons la période de la Crise et de la Deuxiè- me Guerre mondiale, il revient à Paul Brunelle le mérite d’avoir chanté l’es- poir, mais aussi les angois- ses, des années d’après- guerre. Connaissant ses premiers grands succès trois ans avant que n’émerge une autre figure légendaire du monde artistique québé- cois, Willie Lamothe, Bru- nelle, ce Granbyen de nais- sance et de cœur, ne porte-t-il pas le titre incontestable de premier chan- teur western francophone du Québec ? Paul Brunelle réalise le gros de sa car- rière entre 1944 et 1960, dans la foulée d’un Québec qui se modernise à grand pas. Il se fait alors chansonnier, c’est-à-dire qu’il se range résolument du côté de ceux qui ont quelque chose à dire. Au-delà du thème uni- versel de l’amour, les chansons de Paul Bru- nelle évoquent un attachement profond au monde rural et jettent un regard rassurant sur les valeurs du passé. Elles disent aussi les conditions de vie et de travail difficiles de plu- sieurs, reflet d’une société qui néglige d’appor- ter un soutien adéquat aux plus faibles et aux plus démunis de ses Paul Brunelle, un cow-boy de chez nous enfants, travailleurs des mines, orphelins ou vieillards. Doit-on s’étonner, dès lors, que le chanteur trouve son public parmi les gens de condition modeste, dont plus de 350 chansons originales évoquent à la fois la réalité, les rêves et les aspirations ? Si la radio s’avère le princi- pal instrument de sa conquête * , c’est avec la Troupe des soirées du bon vieux temps, dont il est le propriétaire et la principale attraction depuis le début des années 1950, que le grand cow-boy au chapeau blanc fait entendre ses airs dans les coins les plus reculés du Canada français, en ces lieux où, souvent, l’électricité ne fait pas encore partie des conditions de vie ; l’expérience de ces tournées dure une décen- nie, au rythme de 150 paroisses par année. On réalise mal aujourd’hui l’immense succès qu’ont connu les chansons de Paul Brunelle au cours des années 1940 et 1950. En lui rendant un dernier hommage, en dé- cembre 1994, le journal Échos-vedettes n’hésite pas à rappeler « la légende » selon laquelle Paul Brunelle « a été et demeure le plus grand ven- deurs de disques de tous les temps au Qué- bec ». Par exemple, Destin cruel (1945), qui fait écho au phénomène de la désertion des cam- pagnes en l’incarnant dans l’expérience d’une jeune fille qui laisse le foyer familial pour ga- gner la ville, se serait vendu à plus de 250 000 exemplaires. La plupart des grands succès de Brunelle – et ils sont nombreux – s’écoule- ront à plus de 100 000 copies. Mais au-delà des chiffres et des honneurs, c’est en s’adres- sant aux gens d’ici dans une langue qui les touchait droit au cœur que Paul Brunelle a laissé un héritage inestimable, aidant par son œuvre à mieux faire comprendre les condi- tions qui ont pavé la voie au grand boulever- sement des années 1960. * Durant trois hivers, de 1955 à 1957, on peut l’enten- dre quotidiennement sur les ondes de CKVL, où il anime Paul Brunelle et ses troubadours du Far-West. Mario Gendron Un festival international à Granby On peut se procurer le volume, au prix de 45 $, à la Société d’histoire de la Haute- Yamaska, au 135, rue Principale à Granby, par envoi postal et dans les librairies de Granby. Histoire de Granby, un volume de 512 pages agré- menté d’autant de photographies des lieux, des insti- tutions, des entreprises et surtout des hommes et des femmes qui ont fait Granby. Suite page 3

L’historien régional - SHHY

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Chaque automne, et ce depuistrente-cinq ans, la ville de Granbyest l’hôte d’une manifestation

culturelle dont la notoriété n’a cessé decroître avec le temps. Fondé en 1969, leFestival de la chanson de Granby se voulaitau départ un concours s’adressant auxauteurs, compositeurs et interprètes de lamusique populaire du Québec. Deux ansplus tard, il devenait national et invitait lesfrancophones du Canada à concourir ; ils’internationalisait en 1989 en élargissant lacompétition à toute la francophonie.

Longtemps reconnue comme « la villedu zoo », Granby devenait ainsi, progressi-vement, « la ville du festival ». Mais com-ment Granby, nous demandera-t-on, enest-elle arrivée à mettre sur pied un événe-ment d’une telle envergure ? Où cettepetite ville ouvrière, si longtemps dominéepar quelques entrepreneurs anglophones, a-t-elle puisé les ressources de sa réussite ?La création du Festival de la chanson est-elle purement le fruit du hasard ou décou-le-t-elle de décisions informées ?

En remontant le fil du temps, on arrive àrassembler des éléments de réponse. Rappe-lons d’abord que, depuis le milieu des années1930, la région montérégienne s’est révéléeun terre fertile pour la chanson d’expressionfrançaise, peu importe les formes qu’elle asuccessivement empruntées. La Bonne chansonde l’abbé Gadbois, Félix Leclerc, Paul Brunel-le et Willie Lamothe, et même la musique yé-yé et rock des années 1960-1970, voilà ce quela Montérégie a su donner au Québec :quelques-uns de ses meilleurs auteurs et deses plus belles chansons.

À Granby, dans les années 1960,l’Escale, le centre culturel des Loisirs de la

L’historienVolume 3, numéro 4 Automne 2003

régionalGratuit

Sur la courte liste desprécurseurs de la chansond’expression française auQuébec, l’auteur-compo-

siteur Paul Brunelle( 1 9 2 3 -1 9 9 4 )occupeune pla-

ce de choix. Car sila Bolduc et le soldatLebrun ont traduit enchansons la période dela Crise et de la Deuxiè-me Guerre mondiale, ilrevient à Paul Brunelle lemérite d’avoir chanté l’es-poir, mais aussi les angois-ses, des années d’après-guerre. Connaissant sespremiers grands succès troisans avant que n’émerge uneautre figure légendaire dumonde artistique québé-cois, Willie Lamothe, Bru-nelle, ce Granbyen de nais-

sance et de cœur, ne porte-t-ilpas le titre incontestable de premier chan-teur western francophone du Québec ?

Paul Brunelle réalise le gros de sa car-rière entre 1944 et 1960, dans la foulée d’unQuébec qui se modernise à grand pas. Il sefait alors chansonnier, c’est-à-dire qu’il serange résolument du côté de ceux qui ontquelque chose à dire. Au-delà du thème uni-versel de l’amour, les chansons de Paul Bru-nelle évoquent un attachement profond aumonde rural et jettent un regard rassurantsur les valeurs du passé. Elles disent aussi lesconditions de vie et de travail difficiles de plu-sieurs, reflet d’une société qui néglige d’appor-

ter un soutienadéquat aux plusfaibles et aux plusdémunis de ses

Paul Brunelle, un cow-boy de chez nous

enfants, travailleurs des mines, orphelins ouvieillards. Doit-on s’étonner, dès lors, que lechanteur trouve son public parmi les gens decondition modeste, dont plus de 350 chansonsoriginales évoquent à la fois la réalité, les rêveset les aspirations ? Si la radio s’avère le princi-pal instrument de sa conquête*, c’est avec laTroupe des soirées du bon vieux temps, dontil est le propriétaire et la principale attractiondepuis le début des années 1950, que le grandcow-boy au chapeau blanc fait entendre sesairs dans les coins les plus reculés du Canadafrançais, en ces lieux où, souvent, l’électriciténe fait pas encore partie des conditions de vie ;l’expérience de ces tournées dure une décen-nie, au rythme de 150 paroisses par année.

On réalise mal aujourd’hui l’immensesuccès qu’ont connu les chansons de PaulBrunelle au cours des années 1940 et 1950.En lui rendant un dernier hommage, en dé-cembre 1994, le journal Échos-vedettes n’hésitepas à rappeler « la légende » selon laquelle PaulBrunelle « a été et demeure le plus grand ven-deurs de disques de tous les temps au Qué-bec ». Par exemple, Destin cruel (1945), qui faitécho au phénomène de la désertion des cam-pagnes en l’incarnant dans l’expérience d’unejeune fille qui laisse le foyer familial pour ga-gner la ville, se serait vendu à plus de 250 000exemplaires. La plupart des grands succès deBrunelle – et ils sont nombreux – s’écoule-ront à plus de 100 000 copies. Mais au-delàdes chiffres et des honneurs, c’est en s’adres-sant aux gens d’ici dans une langue qui lestouchait droit au cœur que Paul Brunelle alaissé un héritage inestimable, aidant par sonœuvre à mieux faire comprendre les condi-tions qui ont pavé la voie au grand boulever-sement des années 1960.

* Durant trois hivers, de 1955 à 1957, on peut l’enten-dre quotidiennement sur les ondes de CKVL, où il animePaul Brunelle et ses troubadours du Far-West.

Mario Gendron

Un festival internationalà Granby

On peut se procurer le volume,au prix de 45 $, à la Société d’histoire de la Haute-Yamaska, au 135, rue Principale à Granby, par envoipostal et dans les librairies de Granby.

Histoire de Granby, un volume de 512 pages agré-menté d’autant de photographies des lieux, des insti-tutions, des entreprises et surtout des hommes et desfemmes qui ont fait Granby.

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(suite du vol. 3, no 3)Il incombait au gardien de prison et à

son épouse, surnommée la matrone, de voirà l’habillement et au bien-être des détenus, lepremier s’occupant des hommes, la secondedes femmes. Outre sa participation à la bonnemarche de la prison, la matrone avait égale-ment la responsabilité de tenir les livres, y con-signant le prix des rations distribuées à chacundes prisonniers. On apprend ainsi qu’au XIXe

siècle, selon les années, le prix d’une ration jour-nalière se chiffre entre 10 et 28 cents. Les dé-tenus malades, pour leur part, reçoivent uneration quotidienne d’environ 35 cents, et cepour toute la durée de leur maladie. De façonsurprenante, l’approvisionnement alimentairede la prison est assuré par le Sheriff du comté,qui a l’obligation d’acheter les provisions auxprix courants en vigueur dans la localité. Pourpréparer les repas et chauffer l’édifice, on uti-lise quelque 100 cordes de bois par année, dontle débitage est fait par les prisonniers dans lagrande cour, ces derniers ayant l’obligation dese rendre utiles durant la durée de leur empri-

sonnement.Les inspecteurs du gouvernement con-

sidèrent la prison de Sweetsburg commel’édifice pénitencier le moins bien entretenude la province. Ainsi, le mauvais état des ca-denas, des verrous et des serrures, le man-que de plomb pour souder les barreaux defer aux fenêtres, de même que la surveillan-ce relâchée du gardien de prison, sont desconditions qui auraient grandement facilitéla vie à de nombreux prisonniers en quête deliberté. Que ce soit en créant de toutes piè-ces une fausse clé, en simulant une silhouet-te sous les draps ou en sautant par-dessus le

mur d’enceinte, construit en 1869, tous lesmoyens sont bons pour prendre la poudred’escampette.

Le mauvais entretien de la prison deSweetsburg conduit aussi à des problèmesd’hygiène, comme le notent les inspecteurssuccessifs dans leurs rapports. Ces dernierssont unanimes à dénoncer le mauvais fonc-tionnement des latrines, ce « mal ordinairede nos prisons », qui, en plus d’être une sour-ce de mauvaises odeurs, constitue un risquepermanent de contamination de l’eau pota-ble ; dans ce cas, on se voit dans l’obligationde puiser de l’eau dans le ruisseau avoisinant,ce qui entraîne de fortes dépenses.

En 1961, après un siècle de loyaux ser-vices, la prison de Sweetsburg, depuis long-temps devenue désuète et inapte à répondreaux nouvelles conditions de détention, doitcéder la place à un édifice carcéral moderne.Ironiquement, ce dernier sera démoli en1996, alors que la vieille prison s’élève enco-re à l’ombre du palais de justice, témoin pri-vilégié d’une époque révolue.

Chantal Lefebvre

Pour qui demeure en région, la statuedu sergent Latimer, érigée au parc Victoriadepuis cent un ans, fait partie du paysage cou-tumier; si coutumier, en fait, que peu de genspourraient en dire la raison d’être. Ce tex-te, qui traite des événements entou-rant l’inauguration de ce monument,veut simplement rafraîchir les mé-moires sur un combattant oubliéde la guerre des Boers, et sur lesoppositions qui agitent franco-phones et anglophones dès qu’ilest question de prendre les ar-mes pour l’Empire britannique.

La découverte de gise-ments d’or dans le Transvaal, en1884, ravive l’intérêt de la Gran-de-Bretagne pour sa possessiond’Afrique du Sud et l’amène à dé-clarer la guerre, en 1899, aux pay-sans néerlandais, les Boers, qui serévoltent contre l’arrivée massived’immigrants anglais dans un paysqu’ils considèrent le leur. Pour mettrefin au soulèvement des Boers,l’Angleterre rassemble destroupes de divers pays duCommonwealth et, répondantà l’appel, le Canada envoie deuxcontingents de volontaires, parmi lesquels ontretrouve William Latimer et quatre autres mem-bres du 15th Shefford Field Battery, les soldatsPrice, Hill, Cornish et Philips.

Embarqué au mois de janvier 1900 pourl’Afrique du Sud, le sergent Latimer est tué le

30 mai suivant, lors des affrontements à FaberPutts, devenant ainsi le premier Canadien àmourir au combat dans ce conflit qui allait du-rer trois ans. Aussitôt la nouvelle annoncée à

la famille, un ancien résidant de Water-loo, George G. Foster, avocat de la

Couronne à Montréal, suggèred’ériger un monument à la mé-moire du soldat, près du quar-tier général du Shefford FieldBattery, à Granby. Afind’amasser les deux milles dol-lars nécessaires aux travaux,un comité formé de person-nalités de la région, avec le mai-re de Granby en tête, lance im-médiatement une campagnede levée de fonds.

Le 20 septembre 1902, unefoule évaluée à 1500 personnes

est rassemblée au parc Victoriapour assister au dévoilement de

l’œuvre de l’artiste montréalais Ro-bert Reid, un monument en granite

qui fait un peu plus de cinqmètres de hauteur, et pourentendre des orateurs van-ter l’esprit patriotique deceux qui ont donné leur vie

pour l’Empire britannique lors de la guerre desBoers. Tour à tour, Stephen Miner, Lord Ayl-mer, adjudant général des armées canadiennes,le juge Lynch, de Knowlton, Charles H. Par-melee, député de Shefford à Ottawa, et GeorgeFoster multiplient les déclarations d’allégeance

à la reine d’Angleterre et soulignent le couragedes jeunes Canadiens, morts au combat.

Il n’en fallait pas plus pour que certainsdes ténors du nationalisme canadien-françaispoussent des hauts cris. Dans l’édition du 25septembre suivant, l’éditeur du Journal de Wa-terloo et de Granby, Joseph Antoine Chagnon,se lance dans une charge contre l’impérialis-me manifeste des organisateurs de l’événe-ment en protestant, d’abord, contre le faitd’élever un monument à un soldat « mort, nonau service de Granby, ni même du Canada,mais bien de l’Angleterre », et en dénonçant,ensuite, les déclarations vantant les bonnesrelations entre le Canada et l’Angleterre.

Antoine Chagnon s’en prend avant toutau maire de Granby, car non seulement cedernier n’hésite-t-il pas à professer sa foi dansl’Empire britannique, mais il ose déplorer lepeu de connaissances qu’a la jeunesse cana-dienne des nouvelles ressources économiquesdu Dominion, une affirmation que Chagnoninterprète comme une critique envers le sys-tème d’éducation francophone. Piqué au vif,l’éditorialiste invitera même Stephen Miner àconstater par lui-même le haut niveau de con-naissance en géographie des élèves franco-phones de la région. Quant aux autres invi-tés, ils s’épargnent les foudres du Journal enrappelant, à plusieurs reprises, les liens quiunissent les deux principaux groupes ethni-ques du pays et l’apport de certains franco-phones au développement économique na-tional et régional.

Richard Racine

Latimer et l’impérialisme britannique

Le monument Latimer, au parc

Victoria, rue Dufferin, érigé en 1902.

(Fonds Roland Gagné, SHHY)

Le palais de justice du district de Bedford,

construit à Cowansville, en 1859.

Vivre en prison au XIXe siècle

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Bulletin de laSociété d’histoire de la Haute-Yamaska135, rue PrincipaleGranby (Québec) J2G 2V1Téléphone : (450) 372-4500Télécopieur : (450) 372-9904Site Internet : http://www.shhy.orgISBN 2-9807338-1-4ISSN 1708-7023© Société d’histoire de la Haute-Yamaska,2003

L’historien régional

En 1956, la célébration de la Saint-Jean-Baptiste laisse dans la mémoire des citoyensde Waterloo un sentiment de fierté. La pério-de de ralentissement économique que con-naît la municipalité depuis plusieurs décen-nies semble enfin révolue. Grâce à l’expan-sion de certaines industries, comme la cham-pignonnière Slack, et à l’implantation de nou-velles entreprises, Waterloo compte désor-mais une population de 4266 habitants, soit2000 de plus qu’en 1931, et ses 21 industriesdonnent de l’emploi à plus de 600 travailleurs.

C’est pour souligner ce redressementéconomique que la Jeune chambre de com-merce de Waterloo, appuyée par la municipa-lité et d’autres organismes de promotion com-merciale, décide d’installer une fontaine lu-mineuse à l’entrée de la ville. Lors de l’inau-guration, le 24 juin 1956, le député de Shef-ford de l’Union nationale, Armand Russell,affirme qu’ « [...] il faut considérer l’initiativedont la Jeune chambre de commerce a faitpreuve cette année comme le point de dé-part, après une longue période de quasi sta-gnation, d’une ère de progrès pour Waterloo. »Dans la foulée de l’allocution du député pro-

Waterloo et les champignonsvincial, c’est l’importance de l’esprit de coo-pération dans le développement économiquequi constitue le thème principal des proposdu député fédéral de Shefford, Marcel Boi-vin, du curé de la paroisse Saint-Ber-nardin, Mgr Hébert, de Tom Wil-kinson, président du club Kiwa-nis, et de Irving Slack, repré-sentant la compagnie SlackBrothers Ltd.

Installée à l’angle des ruesNord et Robinson, la nouvellefontaine représente deux en-fants, debout sur un énormechampignon, qui s’abritentsous une ombrelle, elle aussi enforme de champignon. Ce thè-me, à n’en pas douter, veut rappe-ler l’importance qu’a eue la cultureintensive du champignon dans la re-prise économique de Waterloo.

C’est au début du siècleque les frères Charles et FredSlack héritent de serres léguées par leur père,Thomas Slack, petit-fils d’Hezekiah Robin-son, un des fondateurs de Waterloo. Les ser-

res, situées sur la rue Western, sont alors prin-cipalement utilisées pour la culture de légumeset de plants de fleurs. L’œillet est la spécialitéde la famille Slack, une production destinée sur-

tout à l’ornementation des gares du Ca-nadien Pacifique. Les frères Slack

tentent leurs premières expérien-ces dans la culture du champignonen 1925, dans trois chambres enbois construites à cette intentionsur un terrain voisin ; l’initiativese révélant concluante, ils bâtis-sent trois autres hangars l’annéesuivante et commencent la pro-duction sur une vaste échelle.

Ralentie par la Deuxième Guer-re mondiale, la champignonnière

Slack reprend la production dès lafin du conflit et arrive à la faire quin-

tupler au cours des vingt années sui-vantes, devenant ainsi un desprincipaux artisans de la renais-sance économique d’une ville

qui fut, jadis, après Sherbrooke, la première enimportance des Cantons-de-l’Est.

Marie-Christine Bonneau

Roxton Pondet

la légendede

l’île du Diable

La légende de l’îledu Diable de RoxtonPond, que tous connaissent en région, a fran-chi les frontières de la Haute-Yamaska pour sefaire entendre à travers tout le Canada. En ef-fet, elle a été choisie pour la production d’undocumentaire sur les légendes canadiennes-françaises, du Nouveau-Brunswick au Mani-toba, documentaire qui sera présenté, en dé-cembre 2003, sur les ondes de ARTV et de laTélévision française ontarienne (TFO). C’estavec grand intérêt que l’équipe de réalisationde Vic Pelletier s’est penchée sur cette légen-de, immortalisée dans un récit de l’auteur Os-car Massé, en 1901. Après une visite de l’îlelégendaire, l’équipe de tournage a recueilli lestémoignages de citoyens de Roxton Pond, ain-si que les commentaires de la conteuse Évely-ne Ménard et de notre directeur général, Ri-chard Racine. La Société d’histoire a servi d’in-termédiaire entre les divers intervenants. Entemps voulu, une copie de l’émission sera dis-ponible à la SHHY.

J. R.

ville, se transforme une fois par semaine enboîte à chanson, accueillant les auteurs-compo-siteurs les plus connus du Québec. C’estlorsqu’il s’agit, en 1969, de mettre fin à l’expé-rience chansonnière de l’Escale, que YvesGagnon, le directeur des Loisirs de Granby, aidédans son entreprise par Marianne et YvesSteinmetz, prend l’audacieuse décision de créerun concours qui aurait comme objectif depromouvoir la chanson québécoise par ladécouverte de jeunes talents amateurs.

C’est donc l’expérience, le flair et l’aplombdes dirigeants des Loisirs de Granby qui, aupremier chef, auraient permis la naissance, il y atrente-cinq ans cet automne, d’un modesteprojet dédié à la chanson d’expression française.Pour jauger le succès de cette entreprise,posons une simple question : qui peut dire cequ’auraient été les carrières de Luc De Laro-chellière, de Marie-Denise Pelletier, de JeanLeloup, de France d’Amour, d’Isabelle Boulay,de Linda Lemay et de combien d’autres, sans lapoussée de départ que leur a donné le Festivalinternational de la chanson de Granby ?

René Beaudin

Heures d’ouverture :lundi, mardi, jeudi, vendredi de 9 h à 17 hmercredi de 9 h à 21 h.Carte de membre : 25 $Frais de recherche pour les non-membres : 5 $

Un festival international (suite )Vous désirez en savoir plussur votre Société d’histoire,ses divers services, la docu-mentation qu’on y trouve ?Visitez notre tout nouveausite Internet : www.shhy.org

La fontaine inaugurée

le 24 juin 1956.

Art public

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2Nos familles

N o u v e l l e s b r è v e s

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• Waterloo, l’ancien chef-lieu du comté deShefford, constitue la préoccupation majeu-re du professeur d’histoire Wolgang Helbich,et ce depuis plus de dix ans. Ce dernier, quinous rendait visite au mois d’août, enseigne àl’université de la Ruhr, à Bochum, en Allema-gne. Sa passion pour Waterloo, il la partagedepuis les débuts avec Elke Jahnke, une étu-diante au doctorat dont il dirige la thèse. Lesétudes des deux historiens portent sur la co-habitation francophone – anglophone dansune petite ville canadienne, pour la périodequi s’étend du milieu du XIXe siècle à la finde la Première Guerre mondiale. Et pourquoiWaterloo, professeur Helbich ? La réponse netarde pas à venir : « Parce que Waterloo ap-partient au petit groupe de villages et petites

villes bilingues au Québec dont la plupart dessources historiques sont préservées et dispo-nibles, mais surtout parce qu’elle est la seule àavoir soutenu un hebdomadaire anglophoneet en même temps un hebdomadaire franco-phone pendant une période de plus de qua-rante ans. » Les résultats de recherche de MmeJahnke ont été publiés récemment, tandis queceux du professeur Helbich ne seront dispo-nibles que l’an prochain. Avis à ceux qui lisentl’allemand. Cependant, certains articles du pro-fesseur Helbich, publiés dans des revues qué-bécoises, sont disponibles en français.• Une belle surprise ! Après nous avoir légué,dernièrement, tous ses plans d’architecte, quivont de plans d’édifices publics à ceux de bunga-lows, M. Paul O. Trépanier nous a fait don du

tableau de l’Immaculée Conception, peinte parAlfred Pellan, qui a servi à la réalisation de lamurale du cégep de Granby-Haute-Yamaska,anciennement l’école Immaculée-Conception…dont l’architecte était M. Trépanier. Une pièced’un grande valeur artistique et patrimoniale !• Si vous avez parcouru la rue Principale aucours de l’été, vous avez sûrement eu la chan-ce d’en apprendre un peu plus sur l’histoire duZoo de Granby. En effet, dix-neuf panneaux,réalisés par Marie-Christine Bonneau dans lecadre du cinquantième anniversaire de la So-ciété zoologique de Granby, étaient présentésdans les vitrines des magasins, relatant les mo-ments marquants de la vénérable institution.

Johanne Rochon

Debout : Odina, Donat, Arthur, Ovide, Armand, Dora, Paul.

Assis : Alice, Adélard, Ida, Bella. Photo prise le 18 juin 1949. (Coll. Dora Brunelle Robillard)

Adélard Brunelle, né et baptisé le 31 juillet1882 à Ste-Cécile-de-Milton, est le fils d’Onési-me et de Delvina Beauregard. Il passe son enfan-ce sur la terre familiale dans le 1er Rang de Milton.

Le 7 avril 1902, à Notre-Dame de Granby,il épouse Ida Patenaude, fille de David Patenau-de et de Célina Larrivée, née le 15 juin 1884 àHighgate dans le Vermont. Vers 1909, le couples’installe à Notre-Dame-du-Bon-Conseil puisémigre à Bad Axe, Michigan, où Brunelle est em-ployé sur une ferme expérimentale. En 1921, ilsreviennent vivre au Québec, d’abord à Granby,puis à Acton Vale, à Drummondville et de nou-veau à Granby où il entre à la Miner Rubber.

Adélard Brunelle décède à Granby le26 juillet 1961 et son épouse, le 11 août 1963.Dix-huit enfants sont nés de cette union, seu-lement neuf survivront.

Odina, née le 2 novembre 1906 à Notre-Dame-du-Bon-Conseil , épouse Henri Gau-thier, le 17 juin 1929, à Drummondville, decette union est née Denise. Odina décède, àGranby, le 10 février 1974.

Donat, né le 7 octobre 1908 à Notre-Dame-du-Bon-Conseil, épouse PhédoraGrandmont à Drummondville, le 31 octobre1928. Deux enfants sont nés de cette union.À la suite du décès de sa première épouse,Donat se marie en secondes noces à RachelParenteau de St-Lucien, le 29 juillet 1939. Lecouple donnera naissance à quatre enfants.Donat fut à l’emploi d’une fonderie de Drum-mondville et est décédé le 26 février 1986.

Arthur le 16 novembre 1910 à Bad Axe,Michigan. Il épouse, à Notre-Dame deGranby, Eugénie Meunier, le 25 août 1934 etils ont un enfant. D’un deuxième mariage,avec Doris Bonnette, neuf enfants voient lejour. Arthur travaille comme serveur à l’hôtelGranby et décéde à l’âge de 88 ans.

Ovide, né, lui-aussi, à Bad Axe, Michigan,le 7 mars 1912, épouse, à Sainte-Famille deGranby, Florence Landreville le 1er septembre

1931. Ils s’installent à Granby, Massachusetts,et ont trois enfants. Ovide est décédé en 1969.

Armand est né le 10 mai 1919 à Bad Axe,Michigan. Il épouse, le 20 août 1938, à Farn-ham, Rose Sabourin qui lui donne dix enfants.Armand, maintenant retraité, était un tra-vailleur de la Miner Rubber.

Dora, comme ses frères, est née à Bad Axe,Michigan, le 17 mars 1921. Elle a épousé Ar-mand Robillard le 2 août 1951, à Saint-Benoîtde Granby. En plus d’élever trois enfants, ellefut à l’emploi de la Miner Rubber, puis de l’hô-tel Le Castel. Elle est aujourd’hui retraitée.

Paul Brunelle est né le 10 juin 1923 àGranby, il a épousé, à Notre-Dame de Granby,le 26 juin 1944, Suzanne Choinière avec qui ilaura quatre enfants. Après une prolifique car-rière de chanteur western, il décède d’un can-cer de la gorge, le 24 novembre 1994, à Granby.

Bella, née le 31 mai 1926, à Acton Vale,épouse Justinien Langlois à Notre-Dame deGranby, le 28 juillet 1945. Cinq enfants sont nésde cette union. Après avoir été à l’emploi de la

Granby Elastic Web, Bella profite de sa retraite.Alice, la cadette, est née le 14 juillet 1928

à Drummondville, et a épousé Roger Paul, àSaint-Benoît de Granby, le 18 juin 1949. Ellea donné naissance à six enfants tout en tra-vaillant pour les compagnies Miner Rubberet Stark Ribbons, puis à l’hôtel Le Castel.Elle est aujourd’hui retraitée.

Il y a quatre souches non apparentées dupatronyme Brunelle qui ont fondé des familles,au début de la colonie. Le premier ancêtred’Adélard est Jacques Brunel. Né en 1645, ilest venu de Saint-Rémi de Dieppe, en Nor-mandie. Son père se nommait Jean et sa mère,Anne Maddry. C’est le 24 novembre 1677 qu’ilépouse, à Boucherville, Suzanne Bertaut fillede Jacques et de Gilette Bane et veuve de JeanLiesse. Jacques est sans doute venu en Nou-velle-France à la suite d’un contrat d’engage-ment et s’est installé sur une terre, au cap deVarennes. De son union avec S. Bartaut, dixenfants sont nés, dont des jumeaux.

Ida Patenaude etAdélard Brunelle

Josée Deslandes